Accueil Site Page 491

Dites-le avec des fleurs

Dans le 18ᵉ arrondissement, un massif floral délivre un important message.


On ne réside pas impunément dans la circonscription d’Aymeric Caron ! Votre serviteur en a encore fait l’expérience ces derniers jours. En baguenaudant dans les allées du square Serpollet (qui porte le nom de l’industriel, Léon Serpollet, 1858-1907, le père du tricycle et de l’automobile à vapeur), sis entre les rues des Cloÿs et Marcadet, son regard est attiré par un massif de fleurs plus soigné que les autres. Sur un cartel placé à côté, on peut lire : « Dans le massif de fleurs de couleurs rouge, orange et jaune se cache une symbolique puissante qui représente la colère de la Nature elle-même. Au centre un petit volcan couvert de plantes est apparu. Ces plantes aux floraisons et feuillages flamboyants évoquent les flammes ardentes et la lave incandescente. Autour de ce volcan, se dressent des mains réalisées en tronc d’arbre symbolisant la force et le pouvoir de cette colère. »

A lire aussi, du même auteur: Une « loi Gayssot » contre les climatosceptiques? Vivement demain!

Poétique ! Seulement voilà, même si les jardiniers qui ont réalisé ce massif dans le cadre d’un concours sont payés par la Ville, et que les socialistes Anne Hidalgo ou Éric Lejoindre n’ont vraiment rien en commun avec ces extrémistes de LFI, il semble que l’idéologie écologiste radicale ait quand même gagné quelques cerveaux. « Le massif incarne la couleur des émotions de la Nature, en particulier sa colère. Il nous invite à réfléchir sur nos actions et à adopter des comportements plus respectueux », conclut le panneau moralisateur, après avoir expliqué qu’évidemment les fleurs rouges « représentent […] la colère accumulée de la Nature face aux maltraitances qui lui sont infligées. C’est un rappel visuel frappant de la nécessité de prendre conscience de l’impact de nos actions sur l’environnement. »

Autour de moi, les enfants jouent sans y prêter grande attention, et le joli massif ne remporte malheureusement pas de prix. Plus d’un siècle après Serpollet, ses compatriotes médiocres ont élu un ancien journaliste chez Ruquier, peu porté sur la science, qui a créé un mouvement pour défendre la cause des moustiques avant de rejoindre les rangs du parti de Mélenchon. Notre ancêtre rit peut-être dans sa moustache, lui qui n’a pas connu l’abandon de la vapeur pour les automobiles avant sa mort.

À 95 ans, J-M Le Pen saute en parachute sur Gaza!

C’est peu ou prou ce que pourrait croire un citoyen français, mal informé, qui sentant que le monde qui l’entoure va mal, allume sa télé pour savoir ce qu’il en est vraiment. Et dans la foulée, il en apprend de bonnes sur les pratiques perverses des dirigeants français, européens, en matière de soumission, de complicité affairiste avec les pires crapules de la planète. Les initiés savaient, maintenant tout le monde sait. Pour le coup, une affaire de famille.


Nos Frères Musulmans. Du pogrom en Israël aux décombres de Gaza remontent des informations qui n’ont jamais été portées à la connaissance des citoyens, des électeurs. Les Frères Musulmans, tuteurs du Hamas, qui ont pignon sur rue à Paris depuis un bail, émettent sur tout le territoire leur bande FM prosélyte sur les fonds publics de l’État, de l’UE, de l’Iran, du Qatar… bref une liste longue comme une marche blanche après un des attentats commis par une de leurs nombreuses franchises. On apprend aussi que mon colonel Sissy, le grand romantique à la tête de l’Égypte, considère les FM suffisamment dangereux pour être inscrits parmi les organisations terroristes. Comme MBS, danseur étoile à l’Élysée mais boucher au pays, les juge dignes d’interdiction de territoire. Mais à Paris c’est open bar pour les beaux frères et leurs cousins.

Nos cousins qataris. Ah les cousins! Les réunions de famille seraient d’un ennui mortel sans eux. Quand le 7 octobre le Hamas commet l’innommable, tous les regards se tournent vers Doha, où dans l’un des palaces sont nourris, blanchis, logés les dirigeants du Hamas. Et évidemment grassement sponsorisés par nos généreux cousins. Et de Paris à Cannes on sait à quel point les cousins ne sont pas des pinces. Avec le dossier des otages, le Qatar devient l’interlocuteur au centre de toutes les négociations. C’est là où l’on peut penser que tout ce que l’on a cédé à ces crapules sur le sol français est un avantage pour récupérer les neuf malheureux détenus à Gaza. Pas du tout, nos diplomates prennent leurs tickets et patientent, comme tous les autres. Personne pour taper du poing sur la table de l’Emir, pour lui dire les otages ou la valise. Plus de vitrine diplomatique à Paris, réquisition de tous vos palaces et de tous vos avoirs… C’est peut-être de la diplomatie pour les nuls mais à un moment ça suffit. D’ici à ce que l’on apprenne qu’ils sont propriétaires, avec d’autres poètes, de la dette française…

Quel “rHamassis”. Malgré son sinistre bilan, la classe politique s’offre encore et toujours en spectacle. Toujours un peu plus lamentable, ils nous jouent la désunion nationale sur fond d’antisémitisme décomplexé, avec Jean-Marie Le Pen en vedette américaine. Ils exhument le best of de ses papinades pour se refaire une virginité politique à peu de frais. Papi est au centre de tous les débats. On l’aurait vu le 7 à la rave party, bande de Gaza. Problème, les témoignages divergent. Certains l’ont vu se déhancher sur le dance floor, d’autres l’ont vu rafaler le site via son ULM. Pauvre France…

Mais qui libérera LFI de Jean-Luc Mélenchon?

0

François Ruffin sort du bois avec une infinie prudence. Il a peur. Élus LFI : encore un effort… et vous serez libres !


Le citoyen, sur aucun plan, ne doit s’enfermer dans une case qui le rendrait sourd et aveugle à tout ce qui n’est pas lui et ses préoccupations immédiates et strictement personnelles. De la même manière, par exemple, que le combat contre l’antisémitisme ne concerne pas que les Français juifs et que le procès d’Eric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République devrait mobiliser bien au-delà de la magistrature, il me semble que, quoi qu’on pense sur le plan politique, ce qui se passe à gauche et à l’extrême gauche impose une curiosité, une inquiétude, voire une indignation de tous. Au point de faire oublier les propos ponctuels d’un Dominique de Villepin osant qualifier de « vengeance » la riposte nécessaire d’Israël et se présentant avec une impartialité toute relative puisque ses liens avec le Qatar – abritant les chefs du Hamas – sont avérés et ses intérêts bien connus. Il est clair que longtemps, la personnalité et l’intelligence tactique de Jean-Luc Mélenchon – et j’y inclus l’édification de la Nupes – ont été dominantes, incontestées, la rançon d’un caractère difficile étant de peu de poids par rapport à un actif considérable. Depuis quelques mois, le passif a pris largement le dessus à cause des déceptions politiques que Jean-Luc Mélenchon a subies, si loin de ses attentes et de ses espérances, de l’emprise de plus en plus forte de ses humeurs sur ses idées, d’une propension à la provocation prenant le pas sur la justesse de l’opinion, enfin de la constatation que l’inconditionnalité à son égard non seulement s’effritait mais se réduisait à un tout petit noyau dont, à l’exception de Manuel Bompard, la médiocre qualité était le point faible.

Le sadisme en politique

La Nupes est plus que fragilisée, tremblotante et on s’impatiente avec une sorte de sadisme pervers : qui lui portera le coup de grâce, qui aura le courage de tirer les conséquences irrémédiables de cette grave fracture partisane, des appréciations contradictoires sur le Hamas (terroriste ou résistant ?), de la barbarie du 7 octobre, de la légitime défense ou non d’Israël, des malheurs de Gaza et du mépris avec lequel M. Mélenchon traite la manifestation prévue le 12 novembre « pour la République et contre l’antisémitisme » ? Les craquements ont commencé bien en amont, presque d’emblée, avec Fabien Roussel dont l’intuition et l’empathie populaire avaient mesuré combien certaines attitudes et certains propos haineux (notamment contre la police) de Jean-Luc Mélenchon seraient préjudiciables à leur cause commune.

Les crimes de lèse-Mélenchon se multiplient

Pour tous ceux qui observent le délitement actuel de la Nupes, l’espoir tient dans la révolte d’une majorité au sein de LFI que la récente exclusion comme oratrice dans les débats parlementaires, durant quatre mois, de la députée Raquel Garrido[1] a mis pour le moins mal à l’aise.

La députée d’extrème gauche Raquel Garrido (LFI) à une manifestation pro palestinienne a Paris, 4 novembre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Elle a été notamment immédiatement soutenue par Clémentine Autain qui n’avait pas attendu cette dernière sanction pour à plusieurs reprises s’opposer à des orientations de LFI qu’elle jugeait mal avisées. Raquel Garrido a fait preuve, depuis quelques semaines, de ce qu’on peut appeler une intrépidité politique en s’en prenant sans fard à Jean-Luc Mélenchon ; au point de qualifier ses dernières interventions de nuisibles au mouvement. Crime de lèse-Mélenchon ! Quels qu’aient été, auparavant, le silence, l’abstention ou la connivence de Raquel Garrido et d’autres à propos d’épisodes choquants, il faut reconnaître son audace d’aujourd’hui. Ses réactions pugnaces et convaincantes à la suite de son exclusion l’ont confirmée. On ne peut que rendre hommage, au sein de LFI, à ces femmes députées qui font oublier Mathilde Panot et Danièle Obono… Un parti chassant les voix dissidentes se montre en position de faiblesse et l’ironie naît du contraste entre les grandes injonctions vertueuses de M. Mélenchon et la réalité si classiquement dominatrice de ses ripostes.

François Ruffin sort du bois avec une infinie prudence. Un pas en avant, un pas en arrière. Il s’affirme libre mais Jean-Luc Mélenchon, son ombre écrasante, son aura tempétueuse, lui font un peu peur. Il ne franchira pas encore le Rubicon. La meilleure preuve est qu’il n’a usé que d’ironie pour discuter l’ostracisme temporaire de Raquel Garrido. C’est peu et surtout il n’y a pas de risque.

Qui proclamera effectivement l’acte de décès de la Nupes ? Qui libérera LFI de Jean-Luc Mélenchon et saura ainsi permettre le retour d’une gauche et d’une extrême gauche nécessaires au paysage démocratique mais sans la haine ni la fureur de cette personnalité devenue étrangère à ce qu’elle avait pu avoir de remarquable, préférant le déluge avec elle à un futur serein et républicain sans elle ?


[1] https://www.causeur.fr/raquel-garrido-sanction-lfi-jean-luc-melenchon-269321

Le Hamas, fossoyeur de la Nupes?

Un crime contre l’humanité met la gauche au pied du mur. En étant incapable de dénoncer le terrorisme du Hamas, Jean-Luc Mélenchon place ses alliés dans une situation intenable: pour exister, le PS et le PC ont besoin de LFI, donc de ses électeurs, dont beaucoup applaudissent le discours du grand chef. LFI utilise comme prétexte la présence de Marine Le Pen, pour ne pas avoir à manifester contre l’antisémitisme dimanche.


Les principes sont toujours faciles à défendre quand ça ne coûte rien. Ainsi la gauche s’est-elle longtemps spécialisée dans la dénonciation d’un fascisme imaginaire où elle puisait sa bonne conscience. Elle était la gardienne de la promesse issue de la Seconde Guerre mondiale – plus jamais ça. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme était son ADN.

L’union en soins palliatifs

Le pogrom du 7 octobre a fait voler en éclats toute cette belle construction. Confrontée à des crimes contre l’humanité, la gauche a semblé incapable de prendre la mesure de ce qui s’était passé. Et quand elle l’a prise, elle a eu pour le moins du mal à en tirer les conséquences en termes d’alliances. Devant des massacres dignes des nazis, LFI par la voix de son leader a renvoyé dos à dos juifs martyrisés et Hamas meurtrier, déclenchant l’entrée en soins palliatifs de la Nupes. Quant aux autres forces, elles ont eu du mal à imposer un narratif clair, prises dans une tension entre soutien historique à la cause palestinienne et horreur face aux exactions des nazislamistes. Agacé par les tergiversations de la direction du PS, un opposant à Olivier Faure s’emporte : « À cause de Mélenchon, la gauche passe pour le camp des donneurs de leçons hypocrites qui font passer les vils calculs électoraux avant le massacre de civils. Le PS a hésité à rompre et quand il a semblé le faire, c’était avec des mots que personne ne comprend. Moratoire La dernière fois que les Français ont entendu parler de moratoire, c’est Tariq Ramadan qui le proposait au sujet de la lapidation des femmes. Si ça continue, on ne retirera rien de notre rupture. La faillite est totale. »

A lire aussi: Le silence des musulmans

Du côté de la majorité du PS, on déplore que le vote du conseil national choisissant de suspendre l’alliance n’ait pas été unanime et le communiqué trop timoré. Un soutien d’Olivier Faure réagit : « Alors qu’un enjeu civilisationnel dépasse les questions électorales, pourtant un vote unanime aurait été une réponse forte et lisible, mais les bisbilles internes l’ont emporté sur la responsabilité politique. »

Mauvais traitements

Côté PCF, la porte a claqué plus nettement et la sortie de la Nupes a été parfaitement assumée. « Je le fais pour eux, je ne voudrais pas qu’ils se compromettent en s’asseyant à côté d’un nazi », a ironisé Fabien Roussel, récemment assimilé à Doriot par la volcanique Sophia Chikirou, dite « la femme du chef » dans les cercles autorisés de LFI. Mais derrière cette boutade, il y a des années d’insultes et de mauvais traitements accumulés. Souvenez-vous du « vous êtes la mort et le néant », décoché dans un texto par Jean-Luc Mélenchon à Pierre Laurent alors secrétaire national du PCF, durant les législatives de 2017. Vous l’aviez oublié ? Pas eux. Plus sérieusement, l’incapacité de la direction de LFI à dénoncer des actes terroristes a choqué des militants qui ont un rapport fort à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, largement caviardée s’agissant de leur propre histoire d’ailleurs. Cependant, le pacte germano-soviétique ne saurait effacer le fait que nombre de militants communistes ont connu la déportation pour faits de résistance.

Chez Europe Écologie-Les Verts, le plus clair est Yannick Jadot : « Si on ne pose pas maintenant la question des valeurs à la direction des Insoumis sur un sujet aussi essentiel, alors nous ne le ferons jamais. » Finalement, la théorie des deux gauches irréconciliables de Manuel Valls se révèle plutôt pertinente. Que ce soit la question du crime contre l’humanité qui mette la gauche au pied du mur en dit long sur la nature et l’ampleur de la rupture. Pour autant, la situation est plus trouble qu’elle en a l’air.

D’abord, l’union à gauche est une mystique. Le mot fait rêver et n’a pas besoin d’être doté d’un contenu, comme l’observe, désabusé, un ancien élu socialiste : « C’est un positionnement à la Jean-Claude Dusse, en mode “sur un malentendu, ça peut marcher”, dans lequel on s’unit pour la victoire en espérant dépouiller son partenaire au coin du bois. À ce jeu, c’est le PS qui a plumé la volaille communiste. Il rêve de recommencer avec LFI. Il ne se rend pas compte que l’on a changé de monde et surtout que l’on n’a plus rien à dire au monde. LFI a choisi l’islamo-gauchisme, c’est triste mais au moins ils ont un discours et un public, nous on est paumés. »

Clientélisme communautaire

En conséquence, les ruptures sont tout sauf claires. EELV est dans le flou, le PS parle de moratoire, mais on voit bien que chacun dirige ses flèches sur Jean-Luc Mélenchon pour mieux épargner LFI. Le caractère violent, le goût de la conflictualisation, la parole brutale et l’absence de contrôle de soi du leader de la France insoumise deviennent la vraie cause du divorce. Au bout du compte, la question des principes est vite mise sous le tapis. Pour la bonne raison que, dépourvue de discours adapté aux classes moyennes et au monde du travail, la gauche est tributaire de la capacité de mobilisation des quartiers et du vote musulman. Or cet électorat est avant tout celui des Insoumis.

A lire aussi: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Cela explique les appels du pied d’une partie de la gauche aux historiques de LFI marginalisés par Mélenchon. Ceux-là ont trouvé les mots pour condamner clairement les crimes du Hamas. C’est le cas de François Ruffin, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Manon Aubry, Clémentine Autain…

Il faut dire que l’équation est complexe : elle doit en partie sa survie électorale et ses bons résultats aux élections présidentielle et législatives à l’alliance avec les islamistes et au clientélisme communautaire. Mais la ligne qui en découle – discours antipolice, soutien aux émeutiers, justification de la violence politique – choque les Français qui désormais, considèrent que LFI est plus dangereuse que le RN pour la démocratie.

Pour le PS ou le PC, la question des alliances est devenue existentielle – ils jouent leur survie. Mais même en éliminant Jean-Luc Mélenchon du jeu, il reste un problème de fond : la stratégie électorale de LFI repose sur la reprise des éléments de langage et mots d’ordre des islamistes. Un discours massivement rejeté par une France qui a reconnu dans les tueurs du Hamas ceux du Bataclan, de Charlie, de Nice, de l’école Ozar Hatorah, de Samuel Paty et de Dominique Bernard.

Photos d’identité

0

Le tranchant Thierry Marignac nous parle de sa bâtardise, dans une autobiographie âpre, sans concession, retraçant une jeunesse en marge. Elle sort aujourd’hui en librairie.


Ça secoue ! Les virages nous arrivent en pleine face ; on ressent les moindres soubresauts de l’existence, le route est fracassée, piégeuse, mal bitumée, parfois on atterrit dans un fossé glaiseux et, par miracle, le pilote, ici l’écrivain, s’en sort, il arrive à s’extraire de cette mélasse, de ce fatum mal fagoté, la combinaison en sueur et en sang, avec cette hargne de chien errant, perclus et étonnamment toujours vivant. J’aime la littérature radicale, jamais apaisée, qui refuse l’absolution, quand la lame du rasoir vient à bout touchant de la carotide, quand les mots cognent à l’estomac, quand le sans-grade met K.O le normalien, quand l’ex-camé joue avec les lignes, quand « mourir d’enfance » tient lieu de cap, d’horizon, d’orgueil et de stigmates. L’autobiographie est un genre casse-gueule par nature, soit elle se complait sous une vague victimaire et elle fait rire, soit elle mélancolise le passé et elle ment outrageusement.

Auteur de haute volée

Thierry Marignac a choisi une forme de vérité, de sincérité désarmante sans être larmoyante, d’uppercut sec, d’une sécheresse qui, au fil des pages, inonderait, abonderait et déploierait une cartographie de l’intime, avec ses plats et ses dénivelés, toutes les traces d’un chaos en marche. Elle s’étale là, devant nous, dans toute sa violence et ses manques, sans pudeur, ni volonté de choquer, juste décrire les mécanismes de la fuite. Il y a la mère, la tante, le faux-frère, les demi-sœurs, le père d’emprunt qu’on combat pour survivre et puis, cet homme au pardessus qui apparaît, empêtré et qui sait, peut-être heureux, sur une photographie en noir et blanc, portant un nouveau-né dans les bras, en contrebas d’un pont et d’un fleuve noir. Voilà, le géniteur anonyme ! Le bonheur, la rédemption, la componction, tout ce bric-à-brac foireux pour écrivains encartés ne font pas partie du vocabulaire d’un Marignac dissident, bagarreur, réfractaire à l’ordre bourgeois mais incroyablement clinique dans ses coups. À bonne hauteur. Ne se donnant jamais un rôle sur ou sous-dimensionné dans l’enchaînement des événements depuis cette année 1958. Avec ce punch très plaisant, qui, à défaut d’être salvateur pour l’auteur, donne un souffle et une tension à son récit. Une dramaturgie non feinte. Une aigreur qui suinte. Une exigence d’écrivain, en somme.

A lire aussi: Dominique Barbéris, merci pour ce roman

L’écriture de Marignac est portée par un staccato raide en apparence, tranchant sans aucun doute, il préfère la ligne droite aux circonvolutions et, cependant son autobiographie fourmille de détails, de dérivés, d’embardées littéraires ou politiques, de digressions essentielles qui nous mettent en présence d’un auteur de haute volée. On voit traverser dans ce paysage brumeux, les cortèges de gilets jaunes, la figure d’Edouard Limonov ou celle de Jérôme Leroy. Marignac tente de démêler les fils, de trouver un semblant d’explication dans les faits, les silences, les gestes qui ont précédé et succédé sa naissance, dans un fatras de non-dits et de meurtrissures. « Quand j’entendis parler pour la première fois de ma bâtardise à 18 ans, je ne savais pas faire pleurer dans les chaumières, il n’était déjà plus temps d’apprendre » écrit-il, dès les premières pages de Photos passées, son récit autobiographique qui paraît aujourd’hui à La Manufacture de Livres. Les fans du polardeux visionnaire et tempétueux, du traducteur délicat, du voyageur sans bagages, qui a un don certain pour les langues étrangères et les vérités cachées, doivent prendre la route avec lui. Le chemin n’est pas de tout repos.

Pas là pour nous instruire

À la fin, vous ne trouverez ni morale, ni génuflexion, encore moins d’accommodements mal taillés, vous aurez seulement navigué en littérature. Ce n’est pas si courant de nos jours, faire de sa vie, une œuvre ; de ses démons, non pas un exutoire pathétique plutôt un récit aux accents tantôt russes, tantôt new-yorkais, dans le Paris cramé des années 1980 et les coulisses de la presse écrite.

Chez Marignac, la quête d’identité n’a pas vocation à être didactique, à instruire le chaland, à lui donner des pistes, des raisons même infimes de continuer ou d’espérer, l’écrivain nous épargne les fadaises des résilients. J’en reviens à ma métaphore automobile du début, en fait, avec Marignac vous n’embarquez pas à bord d’un coupé Bentley suave et protecteur, vous grimpez plutôt dans une spartiate Lotus Super Seven au ras du sol, ferme et directe, celle-là même que conduisait Patrick McGoohan dans la série « Le Prisonnier », vous êtes le Numéro 6.  Et puis, vous absorbez les déboires et les succès d’un pigiste dans un monde jadis bipolaire et plus tard, les affres d’un écrivain dans une mondialisation sauvage. « J’ai toujours voulu écrire, même aux moments les plus glauques du nomadisme camé », avoue-t-il. En bouche, il vous reste le goût de ses saillies : « Notre dégoût, notre mépris de petits frères devant la morgue péremptoire des révolutionnaires d’hier, aujourd’hui dans le camp des nantis et des gestionnaires, était sans mesure », et cette photo sur la couverture du livre qui fige le temps.

Photos passées de Thierry Marignac – La Manufacture de Livres

Photos passées

Price: 17,00 €

12 used & new available from 10,27 €

Le grand remplacement n’est pas une fatalité

0

Pour le discours dominant, quelque précaution qu’il prenne pour le dire, l’immigration est à la fois inévitable et indispensable. Inévitable parce que d’énormes masses de populations affamées de mieux-vivre cernent la petite minorité des peuples prospères que nous sommes ; indispensable, parce que sans immigration, notre économie donc notre société sombreraient. Enfin et en conséquence, le grand remplacement est en même temps écarté comme un fantasme et accepté comme une fatalité.

Ces trois assertions sont partiellement ou franchement fausses :

L’immigration indispensable ?

Les employeurs semblent en effet de plus en plus favorables à l’immigration à mesure que l’opinion lui est plus hostile. La raison fondamentale tient à la faiblesse des gains de productivité – des progrès réels – de nos économies depuis trente ans. L’agriculture, l’industrie, l’aile marchande des services, où les gains de productivité sont possibles, emploient en effet une part toujours moindre de la main d’œuvre. Au contraire, les activités de tourisme et de loisirs, de maintenance ou de manutention, mais surtout les services publics (santé, éducation) et les services à la personne, les maisons de retraite, les aides à domicile, le soutien aux personnes dépendantes, mobilisent une part toujours croissante de nos ressources de travail. Or la notion même de ‘gain de productivité’ y est contestée – et contestable. On n’y considère en général le progrès que sous la forme d’un accroissement des effectifs (plus de professeur(e)s, plus d’infirmier(e)s et d’aide-soignant(e)s, plus de serveurs et de livreurs, etc…). En ce sens, il est vrai que l’immigration apporte un renfort indispensable. En outre, les immigrés, généralement jeunes, soutiennent activement nos économies largement fondées sur la consommation – même si ce soutien repose dans une large mesure sur la redistribution sociale à leur profit. Ce qu’on dit moins en revanche, c’est que leurs emplois sont nécessairement mal payés, puisque les gains de productivité y sont faibles. On fait rêver sur les ‘dizaines de milliers’ d’ingénieurs dont nos industries ont besoin, pour mieux faire passer les millions d’immigrés précarisés employés dans le nettoyage ou l’assistance aux personnes âgées partout en Europe. En outre, le coût très bas du travail immigré entrave la modernisation de ces métiers et la recherche de vrais gains de productivité, cruciaux dans un avenir où l’immigration aura disparu.

L’immigration est provisoire

Un avenir pas si lointain. C’est ici que le discours dominant devient franchement faux. Car, non, la ‘petite minorité’ des pays riches et vieux n’est pas encerclée par ‘l’immense majorité’ des pauvres prolifiques. Cette vision, héritée de l’explosion démographique du Tiers-Monde des années 1945-1980, est aujourd’hui totalement erronée. En 2021, selon les chiffres des Nations Unies, la fécondité des deux tiers des populations mondiales (67%) est inférieure au taux de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Le plus souvent, les naissances y sont encore supérieures aux décès – c’est le cas en France -, mais l’équilibre s’inversera dans moins d’une génération. Les décès sont déjà plus nombreux que les naissances pour 28% de la population globale, surtout en Asie (Chine, Japon, Corée, Taïwan, Thaïlande) et en Europe (Russie et Ukraine comprises). Les pays d’émigration ne regroupent pas plus d’un quart de l’humanité. Encore la nette majorité d’entre eux, dont la fécondité en baisse est comprise entre 2,5 et 4,5 enfants par femme, devraient-ils rejoindre le groupe déficitaire d’ici 15 à 40 ans – hors de l’Afrique subsaharienne, un seul pays au monde, l’Afghanistan, affiche plus de 4 enfants par femme. De l’avis général, la population mondiale devrait cesser de croître – et commencer aussitôt à décroître – entre 2065 et 2085 au plus tard.

En gros, l’immigration de masse devrait suivre la même courbe et disparaître un peu après le milieu du siècle. Entre-temps, l’affaiblissement de l’offre d’émigrants et le renforcement de la demande d’immigrants devrait diversifier et répartir les flux, multiplier les pays d’accueil, et donc généraliser le problème politique de l’immigration, comme on le voit déjà en Europe ou aux États-Unis bien sûr, mais aussi au Mexique, au Chili, en Argentine, en Tunisie, en Turquie, en Iran, dans l’Assam indien, en Côte d’Ivoire, etc…

Contrairement à ce qu’on croit souvent, la différence des niveaux de vie n’est plus toujours l’incitation première à migrer. La croissance économique des pays émergents, plus rapide que celle des pays développés depuis 30 à 40 ans, a réduit l’écart réel de revenu et atténué d’autant la pression migratoire. Bien que le revenu par tête du Mexique, en parité de pouvoir d’achat, soit encore trois fois inférieur à celui des USA (25 000 dollars contre 80 000), l’émigration mexicaine vers le nord est désormais surtout commandée par la menace de l’insécurité. Quatre pays (Cuba, Nicaragua, Venezuela, Haïti) dont la somme des populations n’atteint pas 60 millions d’habitants, et dont la fécondité s’étage de 1,44 à 2,81 enfants par femme, ont fourni cette année (2022-2023) près d’un million d’immigrants aux États-Unis.

Plus que l’aspiration à un ‘meilleur niveau de vie’, c’est l’effondrement de sociétés de classes moyennes sous le poids de régimes politiques et économiques, ou d’une criminalité, au sens propre insoutenables, qui sont en cause. Mais ces secousses brutales seront brèves : ces pays sont en train de se vider de ce qu’il leur reste de jeunesse. Les pays riches vampirisent, à leur corps défendant, les ultimes ressources démographiques de territoires politiquement faillis – tout en aspirant ainsi, nous le voyons ces dernières semaines, une part de l’insécurité qui chasse les migrants de chez eux.

Le Grand Remplacement n’est ni une fatalité, ni (tout à fait) un fantasme

Le grand remplacement n’est donc pas une fatalité. La durée de l’immigration de masse à venir – trente ans, quarante ans peut-être en France, dont certaines anciennes colonies africaines sont les pays les plus féconds du monde – est trop courte pour qu’on puisse imaginer la transfusion totale de peuplement que certains redoutent, et d’autres espèrent. Le grand remplacement n’est-il donc qu’une pure illusion ? Pourquoi ce thème apparaît-il aujourd’hui, alors que la fécondité mondiale baisse partout, plutôt qu’il y a cinquante ans, au sommet de l’explosion démographique ? Les Etats-Unis recevaient, ces dernières années, un peu plus d’un million d’immigrants par an, à peine plus qu’en 1900, quand leur population était trois fois moindre. Mais cette immigration est (encore) plus mal supportée que les arrivées bien plus massives du début du siècle dernier.

La réponse tient sans doute au rapport du croît naturel et de l’immigration. En 1900, l’excédent des naissances sur les décès aux USA forme les deux tiers de la croissance de la population, le double de l’immigration (2% par an contre 1% pour l’immigration). Aujourd’hui au contraire, l’immigration représente, selon les estimations, 60 à 80% de la faible croissance de la population américaine (0,4 à 0,6% par an pour l’immigration contre 0,15 % pour l’excédent des naissances sur les décès). Les proportions sont comparables, ou plus défavorables encore, en France. Le grand remplacement est certes mal nommé, mais il traduit ce que les chiffres disent aussi : une population est d’autant plus inquiète de son identité qu’elle se sait peu féconde. Le thème du grand remplacement incrimine moins la puissance démographique des arrivants que la faiblesse démographique de ceux qui les reçoivent. C’est pourquoi il s’étend avec la baisse presque généralisée de la fécondité mondiale. Il touche aujourd’hui en Méditerranée les premiers pays musulmans passés sous le seuil du renouvellement des générations – Tunisie ou Turquie – et tout laisse à croire que sa popularité va s’étendre.

En résumé, prétendre substituer aux naissances défaillantes une immigration massive ferait payer une assez brève amélioration du marché de l’emploi par un désastre politique, une fragilisation durable de la cohésion sociale, et une vampirisation, qualitative et quantitative, des ressources démographiques déclinantes des pays de départ, comme on l’observe déjà aujourd’hui dans les Caraïbes. Si on veut éviter ces évolutions négatives, il faut pour le moins que l’accroissement naturel équilibre les arrivées, grâce à une relance de la natalité. Avouons que la tâche ne s’annonce pas facile. Toujours salutaires, les rebonds des naissances observés dans les dernières décennies, en France (1995-2010), aux États-Unis (1990-2005), en Russie (2005-2015), en Hongrie (depuis 2015), ou même en Algérie et en Egypte sous l’impulsion de l’islamisation des sociétés (2005-2015), n’ont eu que des effets assez éphémères. Si on ne parvenait pas à rétablir l’équilibre entre croit naturel et immigration en relevant le premier, il faudrait abaisser la seconde, c’est-à-dire réduire drastiquement l’immigration, voire y renoncer totalement. Impossible ? C’est pourtant ce qui se passera naturellement d’ici une quarantaine d’années. Peut-être conviendrait-il, comme le font courageusement le Japon ou la Corée, de s’y préparer dès maintenant.

Le retour de l’uniforme à l’école réglait aussi le problème de l’abaya

0

6 Français sur 10 sont favorables au retour de l’uniforme scolaire, que Gabriel Attal promet d’expérimenter.


Apparu au début du XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon, l’uniforme scolaire disparaît un siècle et demi plus tard, au gré des revendications étudiantes de 1968. Dès 2003, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos suggère que l’adoption d’une tenue scolaire unique effacerait « les différences visibles de niveau social ou de fortune ».

Depuis, la droite française en a fait l’un de ses piliers en matière d’éducation. Il faut dire que la question du port de l’uniforme à l’école anime le débat public depuis des décennies. Le 12 janvier dernier, lors de sa niche parlementaire, le Rassemblement national a remis le sujet sur la table en inscrivant l’uniforme scolaire à la liste de ses propositions. Du parti à la flamme aux rangs macronistes, on voit à travers l’uniforme, un moyen de défendre la laïcité et de lutter contre le harcèlement scolaire. Interrogée à plusieurs reprises sur le sujet, Marine Le Pen affirme que l’uniforme serait la solution à deux difficultés : « la compétition des marques et la pression des islamistes sur les enfants qui vont à l’école ».

A-t-elle raison ? Tout porte à croire que oui. 

Il y a quelques semaines, la disposition prise par Gabriel Attal d’interdire le port de l’abaya et du qamis à l’école entrait en application dans l’ensemble des établissements du pays. Disposition largement plébiscitée par les Français, qui, selon une enquête réalisée par l’IFOP, attribuent massivement (70 %) un caractère religieux à ces vêtements. Malgré les recours déposés par La France Insoumise, l’association La Voix lycéenne, l’association Le Poing levé et le syndicat Sud-éducation contre la circulaire du nouveau ministre, le Conseil d’Etat en a maintenu l’interdiction (il rendra une décision « au fond » définitive « ultérieurement »). Si l’interdiction des vêtements religieux à l’école déchaîne les passions, au milieu des vociférations de Marine Tondelier et le vacarme vaniteux de Jean-Luc Mélenchon, une petite voix persiste : celle de l’uniforme. Il faut bien avouer que dans une société marquée par l’émergence d’un multiculturalisme à rebours de la tradition française, les établissements scolaires peinent à faire face à la recrudescence du voile, de l’abaya et du qamis. Pourtant, ces vêtements sont des symboles manifestes du fondamentalisme islamiste contre lesquels il convient de lutter bec et ongles. Le 20 septembre, au travers d’un vœu en faveur de l’uniforme présenté devant le Conseil Régional d’Ile-de-France, Pierre-Romain Thionnet (RN) alertait sur la lente agonie de la laïcité qui, selon lui, s’observe en premier lieu dans les lieux d’instruction. Une chose est sûre, l’uniforme permettrait à la fois de réaffirmer le principe de laïcité et d’éviter que l’école devienne le théâtre des communautarismes.

À lire aussi, Julien Odoul: «Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

À droite, chacun s’accorde à dire qu’une tenue uniforme obligatoire dans les écoles et les collèges publics pourrait permettre de pallier aux inégalités sociales et culturelles qui existent entre les enfants issus de familles aisées et leurs camarades issus de milieux populaires. Bien souvent, les professeurs pointent du doigt les distorsions créées par des écarts significatifs de valeur entre les vêtements des élèves. Certains précisent qu’ils peuvent être, dans certains cas, des motifs de harcèlement scolaire. Imposer une tenue unique dans les établissements serait une mesure forte portée par les pouvoirs publics pour lutter contre la compétition pour les marques et les dérives matérialistes. Plus encore, le port de l’uniforme aiderait l’élève à s’émanciper de son origine sociale et à s’affranchir des diktats de la mode.

D’autre part, il y a urgence à rétablir l’autorité du professeur, celui que Charles Péguy qualifiait d’hussard noir de la République. L’uniforme marque une frontière entre l’élève et le professeur, il donne un sentiment d’ordre et de discipline adapté à l’apprentissage du savoir. En d’autres termes, il impose un rapport de force qui permet à l’enseignant de réaliser sereinement sa mission première : transmettre le savoir. Enfin, l’uniforme offre à l’élève le moyen de s’identifier à son établissement et de renforcer son sentiment d’appartenance à l’institution.

En janvier dernier, selon un sondage de l’institut CSA pour CNews, près de six Français sur dix (59%) se sont dit favorables à un retour de l’uniforme à l’école. À supposer que les expérimentations de l’uniforme promises par le ministre de l’Éducation Nationale portent leurs fruits, pourraient-elles aboutir à sa généralisation dès 2024 ?

Les larmes d’une grande âme: quand Jakubowicz s’enfonce dans le déni

0

Islamisme. L’ancien président de la Licra refuse de reconnaître qu’il s’est trompé sur le compte de Georges Bensoussan


On n’arrive pas à distinguer ce qui de la bêtise ou de la vanité l’emporte chez l’ancien président de la LICRA quand il persiste et signe pour dénoncer Georges Bensoussan dans l’émission de Pascal Praud, sur CNews. La justice a donné raison à M. Bensoussan par trois fois, en première instance, en appel et en cassation dans les procès intentés contre lui, le disculpant de tout propos raciste. En première instance à l’initiative du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), la LICRA s’était jointe au MRAP, à la LDH pour attaquer Georges Bensoussan en justice. Faut-il rappeler que le CCIF a depuis été dissous pour son soutien à l’islamisme radical sous le masque de l’antiracisme ?

A lire aussi: L’oumma, non soluble dans la nation

Malgré cette décision de justice, M. Jakubowicz maintient aujourd’hui sa position initiale d’accusation de M. Bensoussan. Selon lui, les propos tenus au micro de l’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut attribuaient aux familles maghrébines un antisémitisme structurel. Cette essentialisation était insupportable au président de la LICRA. Après avoir reconnu qu’il s’était souvent trompé dans d’autres prises de position, il persiste dans cette dénonciation. L’affaire est-elle grave ou seulement ridicule ? En contestant une décision de justice, cet avocat risque de relancer une procédure à son encontre. Les faits, hélas aujourd’hui, donnent raison à Bensoussan et confortent son analyse pointant ce politiquement correct producteur de la nouvelle haine des juifs au nom de l’antiracisme inaugurée à Durban en aout 2001.

Vidéo ici à partir de 3mn 25s

La myopie de Jakubowicz devient aberrante quand son propos réhabilite ce qui ronge la capacité à comprendre le présent. Bensoussan aurait-il tort d’avoir eu raison trop tôt ? On paie au prix fort ce déni du réel. Pour la plus grande jubilation des supporters  « progressistes » du Hamas et des « Allahou akbar » antiracistes, l’idiot utile Jakubowicz est un allié de choix.

Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)

Price: 10,00 €

21 used & new available from 4,90 €


Signé par : Aude Weill-Raynal (avocate), Monette Vacquin (psychanalyste), Henri Vacquin (sociologue), Michèle Chabelski (enseignante), Muriel Pill (enseignante), Renée Fregosi (philosophe et politologue), Paulette Touzard (Ex-Pdte LiCRA Nord), Paul Germon (Expert-Comptable), Pierre-André Taguieff (politologue, dr recherches CNRS), Jacques Tarnero (documentariste), Sarah Cattan (journaliste), Richard Prasquier (ex Pdt du CRIF), Liliane Messika (essayiste), Charles Baccouche (avocat), Eliane Klein (journaliste), Georges Benayoun (réalisateur), Daniel Horowitz (essaiyiste), Alain Finkielkraut (philosophe), Michel Zaoui (avocat), Caroline Valentin (avocate), Mischa Wolkowicz (psychanalyste), Richard Rossin (ex Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières), Josiane Sberro (enseignante).

La France, cul par-dessus tête

0

De mémoire, on ne peut s’empêcher de penser à Chateaubriand.


La France est cul par-dessus tête. D’où qu’on regarde, les valeurs qui agrègent notre société ne sont pas seulement déliquescentes, elles sont aussi salement inversées. On aimerait bien pouvoir incriminer les tempêtes d’équinoxe Cairan ou Domingos, dévastatrices et majestueuses, impitoyables. Au moins, ça aurait un peu de gueule. Mais, si on en est là, hélas, le fatum n’y est pour rien. C’est la seule permissivité toxique dont on a collectivement fait preuve qui a corrodé notre monde. Dissimulée sous les oripeaux de la tolérance et de la bienveillance, celle-ci, qui n’est que lâcheté et compromission, a ouvert la porte à tous les débordements, autorisé et légitimé tous les comportements dévoyés, intégristes, racistes et conquérants : un loup déguisé en grand-mère.

Provocations musulmanes

Voici quelques nouvelles récentes du pays des Lumières ; c’est à pleurer. Vient de se tenir, dans l’aéroport de Roissy, une prière musulmane collective. Elle sonne comme une provocation ou témoigne, à tout le moins, alors que la guerre d’Israël contre le mouvement terroriste du Hamas exacerbe les tensions en France, d’une volonté évidente de marquer un territoire. Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP-Paris Aéroport, n’écoutant que son courage qui semble ne pas lui dire grand-chose, déclare qu’il n’est « pas nécessaire de monter cet épisode, inédit, en exergue, en ce moment» La loi sur l’immigration, censée permettre de mieux en assurer le contrôle, prévoit de régulariser les clandestins sans papiers travaillant dans les métiers dits « en tension ». Voilà qui sonne comme une invitation : « venez travailler comme vous êtes. »

Alors que les actes antisémites se multiplient, ce sont les musulmans qui veulent se défendre. Taha Bouhafs, qu’on avait oublié depuis sa candidature malheureuse à une députation briguée sous la bannière de LFI, appelle les musulmans à s’organiser en milice : « Puisque la sécurité des musulmans ne semble pas être la préoccupation de personne, ou si peu de monde, en tout cas clairement pas celle du gouvernement. Les musulmans vont devoir sérieusement organiser leur propre défense, politique, physique, médiatique. » Notre ministre de la Justice, est lui… devant la Justice. Accusé de prise illégale d’intérêts, le voici, premier membre d’un gouvernement -qui ne nous déçoit jamais- jugé dans l’exercice de ses fonctions, sous la Ve République !

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Les vacances de la diva décroissante

Anne Hidalgo, notre papesse de l’écologie, la femme qui fait pédaler Paris dans la choucroute, celle qui a réussi à mettre tout le monde au pas, à l’exception du surmulot véloce, rentre de vacances dont elle aurait sans doute préféré qu’on ne parlât point. Après avoir augmenté la taxe foncière des Parisiens à hauteur de 52%, notamment pour appliquer ses engagements sur le climat, et plus que doublé la dette de Paris depuis son arrivée, elle explose maintenant un bilan carbone déjà conséquent. La diva décroissante, de retour de Tahiti, destination la plus chère et la plus éloignée de Paris a déjà effectué 13 déplacements qu’on suppose être de la plus haute importance depuis le mois de janvier. Son séjour polynésien, au prétexte de visiter, sans s’y rendre pourtant, le site d’épreuves de surf des JO, aura duré pas moins de trois semaines.

Sophie Pommier et Jean-Luc Mélenchon n’iront pas manifester contre l’antisémitisme

On a aussi remarqué la dénommée Sophie Pommier, conseillère en formation sur le Proche-Orient au ministère des Affaires étrangère alors qu’elle arrachait des photos d’otages du Hamas, collées sur les murs dont, des enfants, des femmes, des bébés et huit Français. Tout ça en beuglant : « Israël assassin » ! Et voici, pour rester dans le registre du lamentable, l’une des dernières saillies de Jean-Luc Mélenchon. Une fois de plus, le pitoyable histrion s’illustre de la plus sordide des façons. En effet, à propos de la manifestation qui s’organise dimanche prochain contre l’antisémitisme, le sinistre barde, dont on est en droit se demander s’il n’est pas en pleine décompensation, twitte: « Dimanche manif « l’arc républicain » du RN à la macronie de Braun-Pivet. Et sous prétexte d’antisémitisme, ramène Israël-Palestine sans demander le cessez-le-feu. Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous. »

Ce dévoiement général du sens commun, ce déploiement de bêtise crasse et cette érosion de l’humanité qui gagne une France où on ne sait plus que s’invectiver et éructer, Chateaubriand nous en a déjà parlé ; ils n’augurent rien de bon. Dans Les Mémoires d’outre-tombe, on lit ce passage prophétique : « À cette époque, tout était dérangé dans les esprits et dans les mœurs, symptôme d’une révolution prochaine. Les magistrats rougissaient de porter la robe et tournaient en moquerie la gravité de leurs pères. Les Lamoignon, les Molé, les Séguier, les d’Aguesseau voulaient combattre et ne voulaient plus juger.  (…) Le prêtre, en chaire, évitait le nom de Jésus-Christ et ne parlait que du législateur des Chrétiens ; les ministres tombaient les uns sur les autres ; le pouvoir glissait de toutes les mains. Le suprême bon ton était d’être Américain à la ville, Anglais à la cour, Prussien à l’armée ; d’être tout, excepté Français. Ce que l’on faisait, ce que l’on disait, n’était qu’une suite d’inconséquences. » À méditer.

Mémoires d'outre-tombe, tome 1

Price: 35,50 €

16 used & new available from 25,00 €

Mémoires d'outre-tombe, tome 2

Price: 35,50 €

17 used & new available from 19,00 €

«L’électorat juif vote à droite»: un honneur et une responsabilité…

0

Quand le politologue respecté qu’est Jérôme Fourquet, dont la provocation gratuite n’est pas le fort, déclare que « ceux qui portent aujourd’hui le sceau de l’infamie, c’est La France insoumise »[1], on est bien obligé de l’écouter et de se demander comment un tel bouleversement démocratique a pu avoir lieu. Le politologue, auteur de La France d’après[2], nous donne d’ailleurs lui-même les clés de compréhension qui nous sont nécessaires : « L’électorat juif, abandonné par la gauche, vote à droite ». Allant même plus profondément dans l’analyse, il ne fustige pas un mouvement qu’il se contente de décrire, contrairement à Gérard Miller qui stigmatise « cette part croissante des citoyens juifs dans ce pays qui ont perdu leur boussole morale et politique puisqu’ils votent massivement pour l’extrême droite ».

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Gérard Miller, les Juifs et ma boussole morale

Jérôme Fourquet nous explique que « dans les manifestations contre Israël depuis plusieurs années, les drapeaux palestiniens, mais aussi parfois du Hamas et du Hezbollah, se mêlent à ceux du NPA, de la CGT et de LFI ». Alors que de son côté, Marine Le Pen, tout à sa stratégie de normalisation, martèle : « Il ne fait pas bon dans certains quartiers être femme, juif ou homosexuel ». C’est une lente tectonique sur vingt ans qui a chamboulé les repères. Il me semble évident que les terrifiants événements récents, d’abord la barbarie dont Israël a été victime le 7 octobre, n’ont pu qu’amplifier cette évolution conduisant une part importante de l’électorat juif à faire davantage confiance, comme bouclier, à l’extrême droite et à la droite qu’à l’attitude pour le moins équivoque de LFI. Il est ironique, si le sujet n’était pas tragique, de voir Mediapart s’étonner du fait qu’Éric Zemmour ait fait un triomphe en Israël en cultivant « ses obsessions identitaires ». Le contraire, en cette période, aurait été surprenant.

jerome fourquet maires elus
Jérôme Fourquet est le directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP (c) Photo : Hannah Assouline.

Une fois que cet indéniable déplacement de l’électorat juif a été relevé, je ne crois pas que la droite de gouvernement puisse s’en satisfaire en se disant que « c’est toujours bon à prendre ».

D’abord parce qu’il est clair que dans le climat actuel, ce bouleversement tectonique profite prioritairement à l’extrême droite susceptible de rassurer davantage la communauté juive par un discours plus manichéen, plus vigoureux. Elle n’était pas portée à donner naturellement du crédit à un programme qui avait plus peur de violer les interdits de la gauche que d’affirmer ses propres valeurs à la fois fermes et humanistes.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Ce devrait donc être le premier objectif des Républicains que de détourner cet électorat juif d’une adhésion qui malgré les apparences serait stérile pour un double motif : l’extrémisme du fond, la difficulté d’une incarnation présidentielle.

La seconde ambition de LR serait d’être à la hauteur de cet honneur octroyé, de cette responsabilité dévolue par l’électorat juif votant à droite. En aucun cas, appréhender cette opportunité seulement comme un coup tactique, une chance politicienne mais comme une avancée imposant un devoir de rigueur, de réflexion et de fidélité à ses engagements. Avec l’urgente mission d’apaiser l’angoisse, tellement justifiée aujourd’hui, de cet électorat et l’impératif de sortir le parti des sentiers battus de la pensée et du projet en matière de sécurité et de Justice. Un honneur, mais aussi une responsabilité.

Libres propos d'un inclassable

Price: 12,50 €

10 used & new available from 4,96 €

Le Mur des cons

Price: 18,90 €

47 used & new available from 2,61 €


[1] https://www.lejdd.fr/societe/jerome-fourquet-ceux-qui-portent-aujourdhui-le-sceau-de-linfamie-cest-la-france-insoumise-139408

[2] https://www.causeur.fr/la-france-d-apres-arrive-et-elle-n-est-pas-belle-a-voir-269005

Dites-le avec des fleurs

0
©Martin Pimentel

Dans le 18ᵉ arrondissement, un massif floral délivre un important message.


On ne réside pas impunément dans la circonscription d’Aymeric Caron ! Votre serviteur en a encore fait l’expérience ces derniers jours. En baguenaudant dans les allées du square Serpollet (qui porte le nom de l’industriel, Léon Serpollet, 1858-1907, le père du tricycle et de l’automobile à vapeur), sis entre les rues des Cloÿs et Marcadet, son regard est attiré par un massif de fleurs plus soigné que les autres. Sur un cartel placé à côté, on peut lire : « Dans le massif de fleurs de couleurs rouge, orange et jaune se cache une symbolique puissante qui représente la colère de la Nature elle-même. Au centre un petit volcan couvert de plantes est apparu. Ces plantes aux floraisons et feuillages flamboyants évoquent les flammes ardentes et la lave incandescente. Autour de ce volcan, se dressent des mains réalisées en tronc d’arbre symbolisant la force et le pouvoir de cette colère. »

A lire aussi, du même auteur: Une « loi Gayssot » contre les climatosceptiques? Vivement demain!

Poétique ! Seulement voilà, même si les jardiniers qui ont réalisé ce massif dans le cadre d’un concours sont payés par la Ville, et que les socialistes Anne Hidalgo ou Éric Lejoindre n’ont vraiment rien en commun avec ces extrémistes de LFI, il semble que l’idéologie écologiste radicale ait quand même gagné quelques cerveaux. « Le massif incarne la couleur des émotions de la Nature, en particulier sa colère. Il nous invite à réfléchir sur nos actions et à adopter des comportements plus respectueux », conclut le panneau moralisateur, après avoir expliqué qu’évidemment les fleurs rouges « représentent […] la colère accumulée de la Nature face aux maltraitances qui lui sont infligées. C’est un rappel visuel frappant de la nécessité de prendre conscience de l’impact de nos actions sur l’environnement. »

Autour de moi, les enfants jouent sans y prêter grande attention, et le joli massif ne remporte malheureusement pas de prix. Plus d’un siècle après Serpollet, ses compatriotes médiocres ont élu un ancien journaliste chez Ruquier, peu porté sur la science, qui a créé un mouvement pour défendre la cause des moustiques avant de rejoindre les rangs du parti de Mélenchon. Notre ancêtre rit peut-être dans sa moustache, lui qui n’a pas connu l’abandon de la vapeur pour les automobiles avant sa mort.

À 95 ans, J-M Le Pen saute en parachute sur Gaza!

0
Des Palestiniens fuient vers le sud de la bande de Gaza, 8 novembre 2023 © Hatem Moussa/AP/SIPA

C’est peu ou prou ce que pourrait croire un citoyen français, mal informé, qui sentant que le monde qui l’entoure va mal, allume sa télé pour savoir ce qu’il en est vraiment. Et dans la foulée, il en apprend de bonnes sur les pratiques perverses des dirigeants français, européens, en matière de soumission, de complicité affairiste avec les pires crapules de la planète. Les initiés savaient, maintenant tout le monde sait. Pour le coup, une affaire de famille.


Nos Frères Musulmans. Du pogrom en Israël aux décombres de Gaza remontent des informations qui n’ont jamais été portées à la connaissance des citoyens, des électeurs. Les Frères Musulmans, tuteurs du Hamas, qui ont pignon sur rue à Paris depuis un bail, émettent sur tout le territoire leur bande FM prosélyte sur les fonds publics de l’État, de l’UE, de l’Iran, du Qatar… bref une liste longue comme une marche blanche après un des attentats commis par une de leurs nombreuses franchises. On apprend aussi que mon colonel Sissy, le grand romantique à la tête de l’Égypte, considère les FM suffisamment dangereux pour être inscrits parmi les organisations terroristes. Comme MBS, danseur étoile à l’Élysée mais boucher au pays, les juge dignes d’interdiction de territoire. Mais à Paris c’est open bar pour les beaux frères et leurs cousins.

Nos cousins qataris. Ah les cousins! Les réunions de famille seraient d’un ennui mortel sans eux. Quand le 7 octobre le Hamas commet l’innommable, tous les regards se tournent vers Doha, où dans l’un des palaces sont nourris, blanchis, logés les dirigeants du Hamas. Et évidemment grassement sponsorisés par nos généreux cousins. Et de Paris à Cannes on sait à quel point les cousins ne sont pas des pinces. Avec le dossier des otages, le Qatar devient l’interlocuteur au centre de toutes les négociations. C’est là où l’on peut penser que tout ce que l’on a cédé à ces crapules sur le sol français est un avantage pour récupérer les neuf malheureux détenus à Gaza. Pas du tout, nos diplomates prennent leurs tickets et patientent, comme tous les autres. Personne pour taper du poing sur la table de l’Emir, pour lui dire les otages ou la valise. Plus de vitrine diplomatique à Paris, réquisition de tous vos palaces et de tous vos avoirs… C’est peut-être de la diplomatie pour les nuls mais à un moment ça suffit. D’ici à ce que l’on apprenne qu’ils sont propriétaires, avec d’autres poètes, de la dette française…

Quel “rHamassis”. Malgré son sinistre bilan, la classe politique s’offre encore et toujours en spectacle. Toujours un peu plus lamentable, ils nous jouent la désunion nationale sur fond d’antisémitisme décomplexé, avec Jean-Marie Le Pen en vedette américaine. Ils exhument le best of de ses papinades pour se refaire une virginité politique à peu de frais. Papi est au centre de tous les débats. On l’aurait vu le 7 à la rave party, bande de Gaza. Problème, les témoignages divergent. Certains l’ont vu se déhancher sur le dance floor, d’autres l’ont vu rafaler le site via son ULM. Pauvre France…

Mais qui libérera LFI de Jean-Luc Mélenchon?

0
Le 7 novembre sur la radio publique, la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain se dit "atterrée" par la mise en retrait pour quatre mois de Raquel Garrido du groupe parlementaire. "On ne règle pas des divergences politiques par des sanctions bureaucratiques" avance-t-elle. D.R.

François Ruffin sort du bois avec une infinie prudence. Il a peur. Élus LFI : encore un effort… et vous serez libres !


Le citoyen, sur aucun plan, ne doit s’enfermer dans une case qui le rendrait sourd et aveugle à tout ce qui n’est pas lui et ses préoccupations immédiates et strictement personnelles. De la même manière, par exemple, que le combat contre l’antisémitisme ne concerne pas que les Français juifs et que le procès d’Eric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République devrait mobiliser bien au-delà de la magistrature, il me semble que, quoi qu’on pense sur le plan politique, ce qui se passe à gauche et à l’extrême gauche impose une curiosité, une inquiétude, voire une indignation de tous. Au point de faire oublier les propos ponctuels d’un Dominique de Villepin osant qualifier de « vengeance » la riposte nécessaire d’Israël et se présentant avec une impartialité toute relative puisque ses liens avec le Qatar – abritant les chefs du Hamas – sont avérés et ses intérêts bien connus. Il est clair que longtemps, la personnalité et l’intelligence tactique de Jean-Luc Mélenchon – et j’y inclus l’édification de la Nupes – ont été dominantes, incontestées, la rançon d’un caractère difficile étant de peu de poids par rapport à un actif considérable. Depuis quelques mois, le passif a pris largement le dessus à cause des déceptions politiques que Jean-Luc Mélenchon a subies, si loin de ses attentes et de ses espérances, de l’emprise de plus en plus forte de ses humeurs sur ses idées, d’une propension à la provocation prenant le pas sur la justesse de l’opinion, enfin de la constatation que l’inconditionnalité à son égard non seulement s’effritait mais se réduisait à un tout petit noyau dont, à l’exception de Manuel Bompard, la médiocre qualité était le point faible.

Le sadisme en politique

La Nupes est plus que fragilisée, tremblotante et on s’impatiente avec une sorte de sadisme pervers : qui lui portera le coup de grâce, qui aura le courage de tirer les conséquences irrémédiables de cette grave fracture partisane, des appréciations contradictoires sur le Hamas (terroriste ou résistant ?), de la barbarie du 7 octobre, de la légitime défense ou non d’Israël, des malheurs de Gaza et du mépris avec lequel M. Mélenchon traite la manifestation prévue le 12 novembre « pour la République et contre l’antisémitisme » ? Les craquements ont commencé bien en amont, presque d’emblée, avec Fabien Roussel dont l’intuition et l’empathie populaire avaient mesuré combien certaines attitudes et certains propos haineux (notamment contre la police) de Jean-Luc Mélenchon seraient préjudiciables à leur cause commune.

Les crimes de lèse-Mélenchon se multiplient

Pour tous ceux qui observent le délitement actuel de la Nupes, l’espoir tient dans la révolte d’une majorité au sein de LFI que la récente exclusion comme oratrice dans les débats parlementaires, durant quatre mois, de la députée Raquel Garrido[1] a mis pour le moins mal à l’aise.

La députée d’extrème gauche Raquel Garrido (LFI) à une manifestation pro palestinienne a Paris, 4 novembre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Elle a été notamment immédiatement soutenue par Clémentine Autain qui n’avait pas attendu cette dernière sanction pour à plusieurs reprises s’opposer à des orientations de LFI qu’elle jugeait mal avisées. Raquel Garrido a fait preuve, depuis quelques semaines, de ce qu’on peut appeler une intrépidité politique en s’en prenant sans fard à Jean-Luc Mélenchon ; au point de qualifier ses dernières interventions de nuisibles au mouvement. Crime de lèse-Mélenchon ! Quels qu’aient été, auparavant, le silence, l’abstention ou la connivence de Raquel Garrido et d’autres à propos d’épisodes choquants, il faut reconnaître son audace d’aujourd’hui. Ses réactions pugnaces et convaincantes à la suite de son exclusion l’ont confirmée. On ne peut que rendre hommage, au sein de LFI, à ces femmes députées qui font oublier Mathilde Panot et Danièle Obono… Un parti chassant les voix dissidentes se montre en position de faiblesse et l’ironie naît du contraste entre les grandes injonctions vertueuses de M. Mélenchon et la réalité si classiquement dominatrice de ses ripostes.

François Ruffin sort du bois avec une infinie prudence. Un pas en avant, un pas en arrière. Il s’affirme libre mais Jean-Luc Mélenchon, son ombre écrasante, son aura tempétueuse, lui font un peu peur. Il ne franchira pas encore le Rubicon. La meilleure preuve est qu’il n’a usé que d’ironie pour discuter l’ostracisme temporaire de Raquel Garrido. C’est peu et surtout il n’y a pas de risque.

Qui proclamera effectivement l’acte de décès de la Nupes ? Qui libérera LFI de Jean-Luc Mélenchon et saura ainsi permettre le retour d’une gauche et d’une extrême gauche nécessaires au paysage démocratique mais sans la haine ni la fureur de cette personnalité devenue étrangère à ce qu’elle avait pu avoir de remarquable, préférant le déluge avec elle à un futur serein et républicain sans elle ?


[1] https://www.causeur.fr/raquel-garrido-sanction-lfi-jean-luc-melenchon-269321

Le Hamas, fossoyeur de la Nupes?

0
Photo de famille aux universités d’été de LFI à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme), 27 août 2023 © Alain ROBERT/SIPA

Un crime contre l’humanité met la gauche au pied du mur. En étant incapable de dénoncer le terrorisme du Hamas, Jean-Luc Mélenchon place ses alliés dans une situation intenable: pour exister, le PS et le PC ont besoin de LFI, donc de ses électeurs, dont beaucoup applaudissent le discours du grand chef. LFI utilise comme prétexte la présence de Marine Le Pen, pour ne pas avoir à manifester contre l’antisémitisme dimanche.


Les principes sont toujours faciles à défendre quand ça ne coûte rien. Ainsi la gauche s’est-elle longtemps spécialisée dans la dénonciation d’un fascisme imaginaire où elle puisait sa bonne conscience. Elle était la gardienne de la promesse issue de la Seconde Guerre mondiale – plus jamais ça. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme était son ADN.

L’union en soins palliatifs

Le pogrom du 7 octobre a fait voler en éclats toute cette belle construction. Confrontée à des crimes contre l’humanité, la gauche a semblé incapable de prendre la mesure de ce qui s’était passé. Et quand elle l’a prise, elle a eu pour le moins du mal à en tirer les conséquences en termes d’alliances. Devant des massacres dignes des nazis, LFI par la voix de son leader a renvoyé dos à dos juifs martyrisés et Hamas meurtrier, déclenchant l’entrée en soins palliatifs de la Nupes. Quant aux autres forces, elles ont eu du mal à imposer un narratif clair, prises dans une tension entre soutien historique à la cause palestinienne et horreur face aux exactions des nazislamistes. Agacé par les tergiversations de la direction du PS, un opposant à Olivier Faure s’emporte : « À cause de Mélenchon, la gauche passe pour le camp des donneurs de leçons hypocrites qui font passer les vils calculs électoraux avant le massacre de civils. Le PS a hésité à rompre et quand il a semblé le faire, c’était avec des mots que personne ne comprend. Moratoire La dernière fois que les Français ont entendu parler de moratoire, c’est Tariq Ramadan qui le proposait au sujet de la lapidation des femmes. Si ça continue, on ne retirera rien de notre rupture. La faillite est totale. »

A lire aussi: Le silence des musulmans

Du côté de la majorité du PS, on déplore que le vote du conseil national choisissant de suspendre l’alliance n’ait pas été unanime et le communiqué trop timoré. Un soutien d’Olivier Faure réagit : « Alors qu’un enjeu civilisationnel dépasse les questions électorales, pourtant un vote unanime aurait été une réponse forte et lisible, mais les bisbilles internes l’ont emporté sur la responsabilité politique. »

Mauvais traitements

Côté PCF, la porte a claqué plus nettement et la sortie de la Nupes a été parfaitement assumée. « Je le fais pour eux, je ne voudrais pas qu’ils se compromettent en s’asseyant à côté d’un nazi », a ironisé Fabien Roussel, récemment assimilé à Doriot par la volcanique Sophia Chikirou, dite « la femme du chef » dans les cercles autorisés de LFI. Mais derrière cette boutade, il y a des années d’insultes et de mauvais traitements accumulés. Souvenez-vous du « vous êtes la mort et le néant », décoché dans un texto par Jean-Luc Mélenchon à Pierre Laurent alors secrétaire national du PCF, durant les législatives de 2017. Vous l’aviez oublié ? Pas eux. Plus sérieusement, l’incapacité de la direction de LFI à dénoncer des actes terroristes a choqué des militants qui ont un rapport fort à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, largement caviardée s’agissant de leur propre histoire d’ailleurs. Cependant, le pacte germano-soviétique ne saurait effacer le fait que nombre de militants communistes ont connu la déportation pour faits de résistance.

Chez Europe Écologie-Les Verts, le plus clair est Yannick Jadot : « Si on ne pose pas maintenant la question des valeurs à la direction des Insoumis sur un sujet aussi essentiel, alors nous ne le ferons jamais. » Finalement, la théorie des deux gauches irréconciliables de Manuel Valls se révèle plutôt pertinente. Que ce soit la question du crime contre l’humanité qui mette la gauche au pied du mur en dit long sur la nature et l’ampleur de la rupture. Pour autant, la situation est plus trouble qu’elle en a l’air.

D’abord, l’union à gauche est une mystique. Le mot fait rêver et n’a pas besoin d’être doté d’un contenu, comme l’observe, désabusé, un ancien élu socialiste : « C’est un positionnement à la Jean-Claude Dusse, en mode “sur un malentendu, ça peut marcher”, dans lequel on s’unit pour la victoire en espérant dépouiller son partenaire au coin du bois. À ce jeu, c’est le PS qui a plumé la volaille communiste. Il rêve de recommencer avec LFI. Il ne se rend pas compte que l’on a changé de monde et surtout que l’on n’a plus rien à dire au monde. LFI a choisi l’islamo-gauchisme, c’est triste mais au moins ils ont un discours et un public, nous on est paumés. »

Clientélisme communautaire

En conséquence, les ruptures sont tout sauf claires. EELV est dans le flou, le PS parle de moratoire, mais on voit bien que chacun dirige ses flèches sur Jean-Luc Mélenchon pour mieux épargner LFI. Le caractère violent, le goût de la conflictualisation, la parole brutale et l’absence de contrôle de soi du leader de la France insoumise deviennent la vraie cause du divorce. Au bout du compte, la question des principes est vite mise sous le tapis. Pour la bonne raison que, dépourvue de discours adapté aux classes moyennes et au monde du travail, la gauche est tributaire de la capacité de mobilisation des quartiers et du vote musulman. Or cet électorat est avant tout celui des Insoumis.

A lire aussi: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Cela explique les appels du pied d’une partie de la gauche aux historiques de LFI marginalisés par Mélenchon. Ceux-là ont trouvé les mots pour condamner clairement les crimes du Hamas. C’est le cas de François Ruffin, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Manon Aubry, Clémentine Autain…

Il faut dire que l’équation est complexe : elle doit en partie sa survie électorale et ses bons résultats aux élections présidentielle et législatives à l’alliance avec les islamistes et au clientélisme communautaire. Mais la ligne qui en découle – discours antipolice, soutien aux émeutiers, justification de la violence politique – choque les Français qui désormais, considèrent que LFI est plus dangereuse que le RN pour la démocratie.

Pour le PS ou le PC, la question des alliances est devenue existentielle – ils jouent leur survie. Mais même en éliminant Jean-Luc Mélenchon du jeu, il reste un problème de fond : la stratégie électorale de LFI repose sur la reprise des éléments de langage et mots d’ordre des islamistes. Un discours massivement rejeté par une France qui a reconnu dans les tueurs du Hamas ceux du Bataclan, de Charlie, de Nice, de l’école Ozar Hatorah, de Samuel Paty et de Dominique Bernard.

Photos d’identité

0
Thierry Marignac © Hannah Assouline.

Le tranchant Thierry Marignac nous parle de sa bâtardise, dans une autobiographie âpre, sans concession, retraçant une jeunesse en marge. Elle sort aujourd’hui en librairie.


Ça secoue ! Les virages nous arrivent en pleine face ; on ressent les moindres soubresauts de l’existence, le route est fracassée, piégeuse, mal bitumée, parfois on atterrit dans un fossé glaiseux et, par miracle, le pilote, ici l’écrivain, s’en sort, il arrive à s’extraire de cette mélasse, de ce fatum mal fagoté, la combinaison en sueur et en sang, avec cette hargne de chien errant, perclus et étonnamment toujours vivant. J’aime la littérature radicale, jamais apaisée, qui refuse l’absolution, quand la lame du rasoir vient à bout touchant de la carotide, quand les mots cognent à l’estomac, quand le sans-grade met K.O le normalien, quand l’ex-camé joue avec les lignes, quand « mourir d’enfance » tient lieu de cap, d’horizon, d’orgueil et de stigmates. L’autobiographie est un genre casse-gueule par nature, soit elle se complait sous une vague victimaire et elle fait rire, soit elle mélancolise le passé et elle ment outrageusement.

Auteur de haute volée

Thierry Marignac a choisi une forme de vérité, de sincérité désarmante sans être larmoyante, d’uppercut sec, d’une sécheresse qui, au fil des pages, inonderait, abonderait et déploierait une cartographie de l’intime, avec ses plats et ses dénivelés, toutes les traces d’un chaos en marche. Elle s’étale là, devant nous, dans toute sa violence et ses manques, sans pudeur, ni volonté de choquer, juste décrire les mécanismes de la fuite. Il y a la mère, la tante, le faux-frère, les demi-sœurs, le père d’emprunt qu’on combat pour survivre et puis, cet homme au pardessus qui apparaît, empêtré et qui sait, peut-être heureux, sur une photographie en noir et blanc, portant un nouveau-né dans les bras, en contrebas d’un pont et d’un fleuve noir. Voilà, le géniteur anonyme ! Le bonheur, la rédemption, la componction, tout ce bric-à-brac foireux pour écrivains encartés ne font pas partie du vocabulaire d’un Marignac dissident, bagarreur, réfractaire à l’ordre bourgeois mais incroyablement clinique dans ses coups. À bonne hauteur. Ne se donnant jamais un rôle sur ou sous-dimensionné dans l’enchaînement des événements depuis cette année 1958. Avec ce punch très plaisant, qui, à défaut d’être salvateur pour l’auteur, donne un souffle et une tension à son récit. Une dramaturgie non feinte. Une aigreur qui suinte. Une exigence d’écrivain, en somme.

A lire aussi: Dominique Barbéris, merci pour ce roman

L’écriture de Marignac est portée par un staccato raide en apparence, tranchant sans aucun doute, il préfère la ligne droite aux circonvolutions et, cependant son autobiographie fourmille de détails, de dérivés, d’embardées littéraires ou politiques, de digressions essentielles qui nous mettent en présence d’un auteur de haute volée. On voit traverser dans ce paysage brumeux, les cortèges de gilets jaunes, la figure d’Edouard Limonov ou celle de Jérôme Leroy. Marignac tente de démêler les fils, de trouver un semblant d’explication dans les faits, les silences, les gestes qui ont précédé et succédé sa naissance, dans un fatras de non-dits et de meurtrissures. « Quand j’entendis parler pour la première fois de ma bâtardise à 18 ans, je ne savais pas faire pleurer dans les chaumières, il n’était déjà plus temps d’apprendre » écrit-il, dès les premières pages de Photos passées, son récit autobiographique qui paraît aujourd’hui à La Manufacture de Livres. Les fans du polardeux visionnaire et tempétueux, du traducteur délicat, du voyageur sans bagages, qui a un don certain pour les langues étrangères et les vérités cachées, doivent prendre la route avec lui. Le chemin n’est pas de tout repos.

Pas là pour nous instruire

À la fin, vous ne trouverez ni morale, ni génuflexion, encore moins d’accommodements mal taillés, vous aurez seulement navigué en littérature. Ce n’est pas si courant de nos jours, faire de sa vie, une œuvre ; de ses démons, non pas un exutoire pathétique plutôt un récit aux accents tantôt russes, tantôt new-yorkais, dans le Paris cramé des années 1980 et les coulisses de la presse écrite.

Chez Marignac, la quête d’identité n’a pas vocation à être didactique, à instruire le chaland, à lui donner des pistes, des raisons même infimes de continuer ou d’espérer, l’écrivain nous épargne les fadaises des résilients. J’en reviens à ma métaphore automobile du début, en fait, avec Marignac vous n’embarquez pas à bord d’un coupé Bentley suave et protecteur, vous grimpez plutôt dans une spartiate Lotus Super Seven au ras du sol, ferme et directe, celle-là même que conduisait Patrick McGoohan dans la série « Le Prisonnier », vous êtes le Numéro 6.  Et puis, vous absorbez les déboires et les succès d’un pigiste dans un monde jadis bipolaire et plus tard, les affres d’un écrivain dans une mondialisation sauvage. « J’ai toujours voulu écrire, même aux moments les plus glauques du nomadisme camé », avoue-t-il. En bouche, il vous reste le goût de ses saillies : « Notre dégoût, notre mépris de petits frères devant la morgue péremptoire des révolutionnaires d’hier, aujourd’hui dans le camp des nantis et des gestionnaires, était sans mesure », et cette photo sur la couverture du livre qui fige le temps.

Photos passées de Thierry Marignac – La Manufacture de Livres

Photos passées

Price: 17,00 €

12 used & new available from 10,27 €

Le grand remplacement n’est pas une fatalité

0
Gabriel Martinez-Gros est professeur d'histoire médiévale à l'université Paris Nanterre. © Photo : Hannah Assouline.

Pour le discours dominant, quelque précaution qu’il prenne pour le dire, l’immigration est à la fois inévitable et indispensable. Inévitable parce que d’énormes masses de populations affamées de mieux-vivre cernent la petite minorité des peuples prospères que nous sommes ; indispensable, parce que sans immigration, notre économie donc notre société sombreraient. Enfin et en conséquence, le grand remplacement est en même temps écarté comme un fantasme et accepté comme une fatalité.

Ces trois assertions sont partiellement ou franchement fausses :

L’immigration indispensable ?

Les employeurs semblent en effet de plus en plus favorables à l’immigration à mesure que l’opinion lui est plus hostile. La raison fondamentale tient à la faiblesse des gains de productivité – des progrès réels – de nos économies depuis trente ans. L’agriculture, l’industrie, l’aile marchande des services, où les gains de productivité sont possibles, emploient en effet une part toujours moindre de la main d’œuvre. Au contraire, les activités de tourisme et de loisirs, de maintenance ou de manutention, mais surtout les services publics (santé, éducation) et les services à la personne, les maisons de retraite, les aides à domicile, le soutien aux personnes dépendantes, mobilisent une part toujours croissante de nos ressources de travail. Or la notion même de ‘gain de productivité’ y est contestée – et contestable. On n’y considère en général le progrès que sous la forme d’un accroissement des effectifs (plus de professeur(e)s, plus d’infirmier(e)s et d’aide-soignant(e)s, plus de serveurs et de livreurs, etc…). En ce sens, il est vrai que l’immigration apporte un renfort indispensable. En outre, les immigrés, généralement jeunes, soutiennent activement nos économies largement fondées sur la consommation – même si ce soutien repose dans une large mesure sur la redistribution sociale à leur profit. Ce qu’on dit moins en revanche, c’est que leurs emplois sont nécessairement mal payés, puisque les gains de productivité y sont faibles. On fait rêver sur les ‘dizaines de milliers’ d’ingénieurs dont nos industries ont besoin, pour mieux faire passer les millions d’immigrés précarisés employés dans le nettoyage ou l’assistance aux personnes âgées partout en Europe. En outre, le coût très bas du travail immigré entrave la modernisation de ces métiers et la recherche de vrais gains de productivité, cruciaux dans un avenir où l’immigration aura disparu.

L’immigration est provisoire

Un avenir pas si lointain. C’est ici que le discours dominant devient franchement faux. Car, non, la ‘petite minorité’ des pays riches et vieux n’est pas encerclée par ‘l’immense majorité’ des pauvres prolifiques. Cette vision, héritée de l’explosion démographique du Tiers-Monde des années 1945-1980, est aujourd’hui totalement erronée. En 2021, selon les chiffres des Nations Unies, la fécondité des deux tiers des populations mondiales (67%) est inférieure au taux de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Le plus souvent, les naissances y sont encore supérieures aux décès – c’est le cas en France -, mais l’équilibre s’inversera dans moins d’une génération. Les décès sont déjà plus nombreux que les naissances pour 28% de la population globale, surtout en Asie (Chine, Japon, Corée, Taïwan, Thaïlande) et en Europe (Russie et Ukraine comprises). Les pays d’émigration ne regroupent pas plus d’un quart de l’humanité. Encore la nette majorité d’entre eux, dont la fécondité en baisse est comprise entre 2,5 et 4,5 enfants par femme, devraient-ils rejoindre le groupe déficitaire d’ici 15 à 40 ans – hors de l’Afrique subsaharienne, un seul pays au monde, l’Afghanistan, affiche plus de 4 enfants par femme. De l’avis général, la population mondiale devrait cesser de croître – et commencer aussitôt à décroître – entre 2065 et 2085 au plus tard.

En gros, l’immigration de masse devrait suivre la même courbe et disparaître un peu après le milieu du siècle. Entre-temps, l’affaiblissement de l’offre d’émigrants et le renforcement de la demande d’immigrants devrait diversifier et répartir les flux, multiplier les pays d’accueil, et donc généraliser le problème politique de l’immigration, comme on le voit déjà en Europe ou aux États-Unis bien sûr, mais aussi au Mexique, au Chili, en Argentine, en Tunisie, en Turquie, en Iran, dans l’Assam indien, en Côte d’Ivoire, etc…

Contrairement à ce qu’on croit souvent, la différence des niveaux de vie n’est plus toujours l’incitation première à migrer. La croissance économique des pays émergents, plus rapide que celle des pays développés depuis 30 à 40 ans, a réduit l’écart réel de revenu et atténué d’autant la pression migratoire. Bien que le revenu par tête du Mexique, en parité de pouvoir d’achat, soit encore trois fois inférieur à celui des USA (25 000 dollars contre 80 000), l’émigration mexicaine vers le nord est désormais surtout commandée par la menace de l’insécurité. Quatre pays (Cuba, Nicaragua, Venezuela, Haïti) dont la somme des populations n’atteint pas 60 millions d’habitants, et dont la fécondité s’étage de 1,44 à 2,81 enfants par femme, ont fourni cette année (2022-2023) près d’un million d’immigrants aux États-Unis.

Plus que l’aspiration à un ‘meilleur niveau de vie’, c’est l’effondrement de sociétés de classes moyennes sous le poids de régimes politiques et économiques, ou d’une criminalité, au sens propre insoutenables, qui sont en cause. Mais ces secousses brutales seront brèves : ces pays sont en train de se vider de ce qu’il leur reste de jeunesse. Les pays riches vampirisent, à leur corps défendant, les ultimes ressources démographiques de territoires politiquement faillis – tout en aspirant ainsi, nous le voyons ces dernières semaines, une part de l’insécurité qui chasse les migrants de chez eux.

Le Grand Remplacement n’est ni une fatalité, ni (tout à fait) un fantasme

Le grand remplacement n’est donc pas une fatalité. La durée de l’immigration de masse à venir – trente ans, quarante ans peut-être en France, dont certaines anciennes colonies africaines sont les pays les plus féconds du monde – est trop courte pour qu’on puisse imaginer la transfusion totale de peuplement que certains redoutent, et d’autres espèrent. Le grand remplacement n’est-il donc qu’une pure illusion ? Pourquoi ce thème apparaît-il aujourd’hui, alors que la fécondité mondiale baisse partout, plutôt qu’il y a cinquante ans, au sommet de l’explosion démographique ? Les Etats-Unis recevaient, ces dernières années, un peu plus d’un million d’immigrants par an, à peine plus qu’en 1900, quand leur population était trois fois moindre. Mais cette immigration est (encore) plus mal supportée que les arrivées bien plus massives du début du siècle dernier.

La réponse tient sans doute au rapport du croît naturel et de l’immigration. En 1900, l’excédent des naissances sur les décès aux USA forme les deux tiers de la croissance de la population, le double de l’immigration (2% par an contre 1% pour l’immigration). Aujourd’hui au contraire, l’immigration représente, selon les estimations, 60 à 80% de la faible croissance de la population américaine (0,4 à 0,6% par an pour l’immigration contre 0,15 % pour l’excédent des naissances sur les décès). Les proportions sont comparables, ou plus défavorables encore, en France. Le grand remplacement est certes mal nommé, mais il traduit ce que les chiffres disent aussi : une population est d’autant plus inquiète de son identité qu’elle se sait peu féconde. Le thème du grand remplacement incrimine moins la puissance démographique des arrivants que la faiblesse démographique de ceux qui les reçoivent. C’est pourquoi il s’étend avec la baisse presque généralisée de la fécondité mondiale. Il touche aujourd’hui en Méditerranée les premiers pays musulmans passés sous le seuil du renouvellement des générations – Tunisie ou Turquie – et tout laisse à croire que sa popularité va s’étendre.

En résumé, prétendre substituer aux naissances défaillantes une immigration massive ferait payer une assez brève amélioration du marché de l’emploi par un désastre politique, une fragilisation durable de la cohésion sociale, et une vampirisation, qualitative et quantitative, des ressources démographiques déclinantes des pays de départ, comme on l’observe déjà aujourd’hui dans les Caraïbes. Si on veut éviter ces évolutions négatives, il faut pour le moins que l’accroissement naturel équilibre les arrivées, grâce à une relance de la natalité. Avouons que la tâche ne s’annonce pas facile. Toujours salutaires, les rebonds des naissances observés dans les dernières décennies, en France (1995-2010), aux États-Unis (1990-2005), en Russie (2005-2015), en Hongrie (depuis 2015), ou même en Algérie et en Egypte sous l’impulsion de l’islamisation des sociétés (2005-2015), n’ont eu que des effets assez éphémères. Si on ne parvenait pas à rétablir l’équilibre entre croit naturel et immigration en relevant le premier, il faudrait abaisser la seconde, c’est-à-dire réduire drastiquement l’immigration, voire y renoncer totalement. Impossible ? C’est pourtant ce qui se passera naturellement d’ici une quarantaine d’années. Peut-être conviendrait-il, comme le font courageusement le Japon ou la Corée, de s’y préparer dès maintenant.

Le retour de l’uniforme à l’école réglait aussi le problème de l’abaya

0
D.R.

6 Français sur 10 sont favorables au retour de l’uniforme scolaire, que Gabriel Attal promet d’expérimenter.


Apparu au début du XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon, l’uniforme scolaire disparaît un siècle et demi plus tard, au gré des revendications étudiantes de 1968. Dès 2003, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos suggère que l’adoption d’une tenue scolaire unique effacerait « les différences visibles de niveau social ou de fortune ».

Depuis, la droite française en a fait l’un de ses piliers en matière d’éducation. Il faut dire que la question du port de l’uniforme à l’école anime le débat public depuis des décennies. Le 12 janvier dernier, lors de sa niche parlementaire, le Rassemblement national a remis le sujet sur la table en inscrivant l’uniforme scolaire à la liste de ses propositions. Du parti à la flamme aux rangs macronistes, on voit à travers l’uniforme, un moyen de défendre la laïcité et de lutter contre le harcèlement scolaire. Interrogée à plusieurs reprises sur le sujet, Marine Le Pen affirme que l’uniforme serait la solution à deux difficultés : « la compétition des marques et la pression des islamistes sur les enfants qui vont à l’école ».

A-t-elle raison ? Tout porte à croire que oui. 

Il y a quelques semaines, la disposition prise par Gabriel Attal d’interdire le port de l’abaya et du qamis à l’école entrait en application dans l’ensemble des établissements du pays. Disposition largement plébiscitée par les Français, qui, selon une enquête réalisée par l’IFOP, attribuent massivement (70 %) un caractère religieux à ces vêtements. Malgré les recours déposés par La France Insoumise, l’association La Voix lycéenne, l’association Le Poing levé et le syndicat Sud-éducation contre la circulaire du nouveau ministre, le Conseil d’Etat en a maintenu l’interdiction (il rendra une décision « au fond » définitive « ultérieurement »). Si l’interdiction des vêtements religieux à l’école déchaîne les passions, au milieu des vociférations de Marine Tondelier et le vacarme vaniteux de Jean-Luc Mélenchon, une petite voix persiste : celle de l’uniforme. Il faut bien avouer que dans une société marquée par l’émergence d’un multiculturalisme à rebours de la tradition française, les établissements scolaires peinent à faire face à la recrudescence du voile, de l’abaya et du qamis. Pourtant, ces vêtements sont des symboles manifestes du fondamentalisme islamiste contre lesquels il convient de lutter bec et ongles. Le 20 septembre, au travers d’un vœu en faveur de l’uniforme présenté devant le Conseil Régional d’Ile-de-France, Pierre-Romain Thionnet (RN) alertait sur la lente agonie de la laïcité qui, selon lui, s’observe en premier lieu dans les lieux d’instruction. Une chose est sûre, l’uniforme permettrait à la fois de réaffirmer le principe de laïcité et d’éviter que l’école devienne le théâtre des communautarismes.

À lire aussi, Julien Odoul: «Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

À droite, chacun s’accorde à dire qu’une tenue uniforme obligatoire dans les écoles et les collèges publics pourrait permettre de pallier aux inégalités sociales et culturelles qui existent entre les enfants issus de familles aisées et leurs camarades issus de milieux populaires. Bien souvent, les professeurs pointent du doigt les distorsions créées par des écarts significatifs de valeur entre les vêtements des élèves. Certains précisent qu’ils peuvent être, dans certains cas, des motifs de harcèlement scolaire. Imposer une tenue unique dans les établissements serait une mesure forte portée par les pouvoirs publics pour lutter contre la compétition pour les marques et les dérives matérialistes. Plus encore, le port de l’uniforme aiderait l’élève à s’émanciper de son origine sociale et à s’affranchir des diktats de la mode.

D’autre part, il y a urgence à rétablir l’autorité du professeur, celui que Charles Péguy qualifiait d’hussard noir de la République. L’uniforme marque une frontière entre l’élève et le professeur, il donne un sentiment d’ordre et de discipline adapté à l’apprentissage du savoir. En d’autres termes, il impose un rapport de force qui permet à l’enseignant de réaliser sereinement sa mission première : transmettre le savoir. Enfin, l’uniforme offre à l’élève le moyen de s’identifier à son établissement et de renforcer son sentiment d’appartenance à l’institution.

En janvier dernier, selon un sondage de l’institut CSA pour CNews, près de six Français sur dix (59%) se sont dit favorables à un retour de l’uniforme à l’école. À supposer que les expérimentations de l’uniforme promises par le ministre de l’Éducation Nationale portent leurs fruits, pourraient-elles aboutir à sa généralisation dès 2024 ?

Les larmes d’une grande âme: quand Jakubowicz s’enfonce dans le déni

0
Alain Jakubowicz, président de la LICRA, Lyon, janvier 2012 © Sipa

Islamisme. L’ancien président de la Licra refuse de reconnaître qu’il s’est trompé sur le compte de Georges Bensoussan


On n’arrive pas à distinguer ce qui de la bêtise ou de la vanité l’emporte chez l’ancien président de la LICRA quand il persiste et signe pour dénoncer Georges Bensoussan dans l’émission de Pascal Praud, sur CNews. La justice a donné raison à M. Bensoussan par trois fois, en première instance, en appel et en cassation dans les procès intentés contre lui, le disculpant de tout propos raciste. En première instance à l’initiative du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), la LICRA s’était jointe au MRAP, à la LDH pour attaquer Georges Bensoussan en justice. Faut-il rappeler que le CCIF a depuis été dissous pour son soutien à l’islamisme radical sous le masque de l’antiracisme ?

A lire aussi: L’oumma, non soluble dans la nation

Malgré cette décision de justice, M. Jakubowicz maintient aujourd’hui sa position initiale d’accusation de M. Bensoussan. Selon lui, les propos tenus au micro de l’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut attribuaient aux familles maghrébines un antisémitisme structurel. Cette essentialisation était insupportable au président de la LICRA. Après avoir reconnu qu’il s’était souvent trompé dans d’autres prises de position, il persiste dans cette dénonciation. L’affaire est-elle grave ou seulement ridicule ? En contestant une décision de justice, cet avocat risque de relancer une procédure à son encontre. Les faits, hélas aujourd’hui, donnent raison à Bensoussan et confortent son analyse pointant ce politiquement correct producteur de la nouvelle haine des juifs au nom de l’antiracisme inaugurée à Durban en aout 2001.

Vidéo ici à partir de 3mn 25s

La myopie de Jakubowicz devient aberrante quand son propos réhabilite ce qui ronge la capacité à comprendre le présent. Bensoussan aurait-il tort d’avoir eu raison trop tôt ? On paie au prix fort ce déni du réel. Pour la plus grande jubilation des supporters  « progressistes » du Hamas et des « Allahou akbar » antiracistes, l’idiot utile Jakubowicz est un allié de choix.

Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)

Price: 10,00 €

21 used & new available from 4,90 €


Signé par : Aude Weill-Raynal (avocate), Monette Vacquin (psychanalyste), Henri Vacquin (sociologue), Michèle Chabelski (enseignante), Muriel Pill (enseignante), Renée Fregosi (philosophe et politologue), Paulette Touzard (Ex-Pdte LiCRA Nord), Paul Germon (Expert-Comptable), Pierre-André Taguieff (politologue, dr recherches CNRS), Jacques Tarnero (documentariste), Sarah Cattan (journaliste), Richard Prasquier (ex Pdt du CRIF), Liliane Messika (essayiste), Charles Baccouche (avocat), Eliane Klein (journaliste), Georges Benayoun (réalisateur), Daniel Horowitz (essaiyiste), Alain Finkielkraut (philosophe), Michel Zaoui (avocat), Caroline Valentin (avocate), Mischa Wolkowicz (psychanalyste), Richard Rossin (ex Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières), Josiane Sberro (enseignante).

La France, cul par-dessus tête

0
D.R.

De mémoire, on ne peut s’empêcher de penser à Chateaubriand.


La France est cul par-dessus tête. D’où qu’on regarde, les valeurs qui agrègent notre société ne sont pas seulement déliquescentes, elles sont aussi salement inversées. On aimerait bien pouvoir incriminer les tempêtes d’équinoxe Cairan ou Domingos, dévastatrices et majestueuses, impitoyables. Au moins, ça aurait un peu de gueule. Mais, si on en est là, hélas, le fatum n’y est pour rien. C’est la seule permissivité toxique dont on a collectivement fait preuve qui a corrodé notre monde. Dissimulée sous les oripeaux de la tolérance et de la bienveillance, celle-ci, qui n’est que lâcheté et compromission, a ouvert la porte à tous les débordements, autorisé et légitimé tous les comportements dévoyés, intégristes, racistes et conquérants : un loup déguisé en grand-mère.

Provocations musulmanes

Voici quelques nouvelles récentes du pays des Lumières ; c’est à pleurer. Vient de se tenir, dans l’aéroport de Roissy, une prière musulmane collective. Elle sonne comme une provocation ou témoigne, à tout le moins, alors que la guerre d’Israël contre le mouvement terroriste du Hamas exacerbe les tensions en France, d’une volonté évidente de marquer un territoire. Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP-Paris Aéroport, n’écoutant que son courage qui semble ne pas lui dire grand-chose, déclare qu’il n’est « pas nécessaire de monter cet épisode, inédit, en exergue, en ce moment» La loi sur l’immigration, censée permettre de mieux en assurer le contrôle, prévoit de régulariser les clandestins sans papiers travaillant dans les métiers dits « en tension ». Voilà qui sonne comme une invitation : « venez travailler comme vous êtes. »

Alors que les actes antisémites se multiplient, ce sont les musulmans qui veulent se défendre. Taha Bouhafs, qu’on avait oublié depuis sa candidature malheureuse à une députation briguée sous la bannière de LFI, appelle les musulmans à s’organiser en milice : « Puisque la sécurité des musulmans ne semble pas être la préoccupation de personne, ou si peu de monde, en tout cas clairement pas celle du gouvernement. Les musulmans vont devoir sérieusement organiser leur propre défense, politique, physique, médiatique. » Notre ministre de la Justice, est lui… devant la Justice. Accusé de prise illégale d’intérêts, le voici, premier membre d’un gouvernement -qui ne nous déçoit jamais- jugé dans l’exercice de ses fonctions, sous la Ve République !

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Les vacances de la diva décroissante

Anne Hidalgo, notre papesse de l’écologie, la femme qui fait pédaler Paris dans la choucroute, celle qui a réussi à mettre tout le monde au pas, à l’exception du surmulot véloce, rentre de vacances dont elle aurait sans doute préféré qu’on ne parlât point. Après avoir augmenté la taxe foncière des Parisiens à hauteur de 52%, notamment pour appliquer ses engagements sur le climat, et plus que doublé la dette de Paris depuis son arrivée, elle explose maintenant un bilan carbone déjà conséquent. La diva décroissante, de retour de Tahiti, destination la plus chère et la plus éloignée de Paris a déjà effectué 13 déplacements qu’on suppose être de la plus haute importance depuis le mois de janvier. Son séjour polynésien, au prétexte de visiter, sans s’y rendre pourtant, le site d’épreuves de surf des JO, aura duré pas moins de trois semaines.

Sophie Pommier et Jean-Luc Mélenchon n’iront pas manifester contre l’antisémitisme

On a aussi remarqué la dénommée Sophie Pommier, conseillère en formation sur le Proche-Orient au ministère des Affaires étrangère alors qu’elle arrachait des photos d’otages du Hamas, collées sur les murs dont, des enfants, des femmes, des bébés et huit Français. Tout ça en beuglant : « Israël assassin » ! Et voici, pour rester dans le registre du lamentable, l’une des dernières saillies de Jean-Luc Mélenchon. Une fois de plus, le pitoyable histrion s’illustre de la plus sordide des façons. En effet, à propos de la manifestation qui s’organise dimanche prochain contre l’antisémitisme, le sinistre barde, dont on est en droit se demander s’il n’est pas en pleine décompensation, twitte: « Dimanche manif « l’arc républicain » du RN à la macronie de Braun-Pivet. Et sous prétexte d’antisémitisme, ramène Israël-Palestine sans demander le cessez-le-feu. Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous. »

Ce dévoiement général du sens commun, ce déploiement de bêtise crasse et cette érosion de l’humanité qui gagne une France où on ne sait plus que s’invectiver et éructer, Chateaubriand nous en a déjà parlé ; ils n’augurent rien de bon. Dans Les Mémoires d’outre-tombe, on lit ce passage prophétique : « À cette époque, tout était dérangé dans les esprits et dans les mœurs, symptôme d’une révolution prochaine. Les magistrats rougissaient de porter la robe et tournaient en moquerie la gravité de leurs pères. Les Lamoignon, les Molé, les Séguier, les d’Aguesseau voulaient combattre et ne voulaient plus juger.  (…) Le prêtre, en chaire, évitait le nom de Jésus-Christ et ne parlait que du législateur des Chrétiens ; les ministres tombaient les uns sur les autres ; le pouvoir glissait de toutes les mains. Le suprême bon ton était d’être Américain à la ville, Anglais à la cour, Prussien à l’armée ; d’être tout, excepté Français. Ce que l’on faisait, ce que l’on disait, n’était qu’une suite d’inconséquences. » À méditer.

Mémoires d'outre-tombe, tome 1

Price: 35,50 €

16 used & new available from 25,00 €

Mémoires d'outre-tombe, tome 2

Price: 35,50 €

17 used & new available from 19,00 €

«L’électorat juif vote à droite»: un honneur et une responsabilité…

0
Lyon, 15 mars 2020 © KONRAD K./SIPA

Quand le politologue respecté qu’est Jérôme Fourquet, dont la provocation gratuite n’est pas le fort, déclare que « ceux qui portent aujourd’hui le sceau de l’infamie, c’est La France insoumise »[1], on est bien obligé de l’écouter et de se demander comment un tel bouleversement démocratique a pu avoir lieu. Le politologue, auteur de La France d’après[2], nous donne d’ailleurs lui-même les clés de compréhension qui nous sont nécessaires : « L’électorat juif, abandonné par la gauche, vote à droite ». Allant même plus profondément dans l’analyse, il ne fustige pas un mouvement qu’il se contente de décrire, contrairement à Gérard Miller qui stigmatise « cette part croissante des citoyens juifs dans ce pays qui ont perdu leur boussole morale et politique puisqu’ils votent massivement pour l’extrême droite ».

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Gérard Miller, les Juifs et ma boussole morale

Jérôme Fourquet nous explique que « dans les manifestations contre Israël depuis plusieurs années, les drapeaux palestiniens, mais aussi parfois du Hamas et du Hezbollah, se mêlent à ceux du NPA, de la CGT et de LFI ». Alors que de son côté, Marine Le Pen, tout à sa stratégie de normalisation, martèle : « Il ne fait pas bon dans certains quartiers être femme, juif ou homosexuel ». C’est une lente tectonique sur vingt ans qui a chamboulé les repères. Il me semble évident que les terrifiants événements récents, d’abord la barbarie dont Israël a été victime le 7 octobre, n’ont pu qu’amplifier cette évolution conduisant une part importante de l’électorat juif à faire davantage confiance, comme bouclier, à l’extrême droite et à la droite qu’à l’attitude pour le moins équivoque de LFI. Il est ironique, si le sujet n’était pas tragique, de voir Mediapart s’étonner du fait qu’Éric Zemmour ait fait un triomphe en Israël en cultivant « ses obsessions identitaires ». Le contraire, en cette période, aurait été surprenant.

jerome fourquet maires elus
Jérôme Fourquet est le directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP (c) Photo : Hannah Assouline.

Une fois que cet indéniable déplacement de l’électorat juif a été relevé, je ne crois pas que la droite de gouvernement puisse s’en satisfaire en se disant que « c’est toujours bon à prendre ».

D’abord parce qu’il est clair que dans le climat actuel, ce bouleversement tectonique profite prioritairement à l’extrême droite susceptible de rassurer davantage la communauté juive par un discours plus manichéen, plus vigoureux. Elle n’était pas portée à donner naturellement du crédit à un programme qui avait plus peur de violer les interdits de la gauche que d’affirmer ses propres valeurs à la fois fermes et humanistes.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: LFI: des sans-cravates menés à la cravache

Ce devrait donc être le premier objectif des Républicains que de détourner cet électorat juif d’une adhésion qui malgré les apparences serait stérile pour un double motif : l’extrémisme du fond, la difficulté d’une incarnation présidentielle.

La seconde ambition de LR serait d’être à la hauteur de cet honneur octroyé, de cette responsabilité dévolue par l’électorat juif votant à droite. En aucun cas, appréhender cette opportunité seulement comme un coup tactique, une chance politicienne mais comme une avancée imposant un devoir de rigueur, de réflexion et de fidélité à ses engagements. Avec l’urgente mission d’apaiser l’angoisse, tellement justifiée aujourd’hui, de cet électorat et l’impératif de sortir le parti des sentiers battus de la pensée et du projet en matière de sécurité et de Justice. Un honneur, mais aussi une responsabilité.

Libres propos d'un inclassable

Price: 12,50 €

10 used & new available from 4,96 €

Le Mur des cons

Price: 18,90 €

47 used & new available from 2,61 €


[1] https://www.lejdd.fr/societe/jerome-fourquet-ceux-qui-portent-aujourdhui-le-sceau-de-linfamie-cest-la-france-insoumise-139408

[2] https://www.causeur.fr/la-france-d-apres-arrive-et-elle-n-est-pas-belle-a-voir-269005