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Louis Sarkozy: De Washington à Menton

Le fils de l’ancien président a officialisé sa candidature aux municipales sur les réseaux sociaux le 8 septembre. Présent à Washington lors de l’investiture de Donald Trump, chroniqueur à Paris chez Valeurs actuelles et LCI, saura-t-il séduire l’électorat de la Côte d’Azur? Ses opposants parviendront-ils à barrer la route à celui qu’ils présentent comme un «héritier» et un «kéké masculiniste» trop présent sur les réseaux sociaux? En attendant le scrutin du 15 mars, sa femme doit accoucher de son premier fils, Sylla, dans les prochains jours.


Fils de l’ancien président, Louis Sarkozy se lance en politique à Menton (06). À la bonne presse, il affirme qu’il part en croisade contre le RN – ses détracteurs disent de leur côté que c’est pour son égo. Entre virilité Instagram, héritage paternel et ambitions municipales, la droite française tient là son nouveau feuilleton.

Un candidat viral

Il fallait bien que cela arrive : après les influenceurs, les militants et les coachs de vie, voici le fils Sarkozy qui entre en politique. Louis, le plus discret de la fratrie, s’est donc choisi un destin électoral : il sera candidat aux municipales à Menton en 2026. Oui, Menton, la ville paisible où les retraités bronzent, les bougainvilliers prospèrent, et où le nom de Sarkozy résonne encore comme un vieux refrain plaisant…

Le jeune homme a officialisé sa candidature sur ses réseaux. La stratégie est claire : jouer la carte du « non-politicien », du garçon « authentique », barbu, tatoué, amateur de jujitsu et de chiens. Il se met en scène à la fois comme philosophe de bistrot et Spartiate du dimanche. Une esthétique très « post-droite américaine » : muscles, morale et muselière à la bien-pensance.

Paris Match, 11 septembre 2025

Pourquoi Menton ? Parce qu’il fallait bien un décor pour le feuilleton

Les mauvaises langues disent qu’il aurait pu choisir Neuilly (92), mais qu’il a préféré Menton pour l’exotisme électoral. En vérité, la ville frontalière est un terrain symbolique : bastion où le RN rôde, où la droite classique s’essouffle, et où un « Sarkozy junior » peut tenter la reconquête.

Ce choix n’a rien d’anodin. Menton, c’est une carte postale politique : le sud, la mer, le soleil, et une France qui vote plus qu’elle ne tweete.

En s’y implantant, Louis Sarkozy se donne un visage local, loin des paillettes de New York et du nom paternel omniprésent. Mais on ne se refait pas : derrière le coup de com’, les « barons » de la droite régionale veillent déjà. Une rumeur insistante évoque un parrainage discret de figures LR azuréennes, trop contentes d’avoir un « nom » à coller sur leurs tracts.

La mue idéologique : plus à droite que papa ?

Louis Sarkozy se revendique « libéral-conservateur », soit le mélange parfait pour séduire un électorat de droite désabusé : sécurité, ordre, liberté individuelle, mais sans toutes les compromissions du macronisme. Certains observateurs étrangers ont même osé le qualifier de « plus à droite que son père ». On imagine le dîner de famille.

Ses posts sur X et Instagram transpirent la virilité réflexive : citations sur l’honneur, le courage, le devoir, défense du port d’armes (américaines, évidemment), et mépris discret pour les « délicats ». On croirait lire un essai de Jordan Peterson adapté à la Riviera. Mais derrière cette esthétique du combat permanent, on peine encore à saisir le fond programmatique. Quelles propositions concrètes pour Menton ? Pour l’instant, silence radio.

Disons-le : Louis Sarkozy maîtrise son époque. Il ne fait pas campagne, il performe sa campagne. Chaque story est calibrée, chaque phrase est une punchline prête à être retweetée. Le résultat ? Des millions de vues, des débats enflammés, des commentaires oscillant entre admiration et moquerie. Il est devenu, en quelques semaines, le « Sarko 2.0 » : un mélange d’héritier et d’influenceur.

Mais la viralité a ses limites : trop d’image, pas assez de chair ; trop de posture, pas assez de vision ; et un risque permanent : devenir un mème politique, pas un maire crédible. À force de se filmer en train de parler de « valeurs », il risque de finir comme une valeur cotée à la Bourse du buzz — instable et spéculative.

Ce que les lecteurs conservateurs doivent en penser (et qu’ils penseront sans doute déjà)

Soyons sérieux : Causeur n’a jamais cru que des abdominaux bien dessinés suffisaient à gouverner. Alors, jugeons sur pièces.

1. Le projet local : Menton, ce n’est pas une story sur Instagram. C’est une ville, avec des trottoirs, des impôts locaux, et des pêcheurs qui votent. On attend donc encore le programme.
2. La stature politique : Fils de, certes. Mais sans ancrage partisan clair. Un pied dans LR, un œil vers Reconquête, un ton d’influenceur apolitique. Un cocktail instable…
3. La droite à reconstruire : S’il croit incarner le renouveau, qu’il commence par fédérer — pas par diviser entre « vieux ringards » et « nouveaux virils ».
4. L’épreuve du temps : Une élection municipale, ce n’est pas un sprint médiatique. C’est une guerre d’usure. La story de 24h ne suffit pas à tenir de longs mois…

Bref, les conservateurs avertis verront dans ce lancement un mélange de sincérité, d’opportunisme et de storytelling. Mais au moins, Louis Sarkozy tente-t-il quelque chose, ce que peu de fils d’ex-présidents ont osé faire autrement qu’en costume trois pièces sur les plateaux télé.

Le buzz ne fait pas un maire

La candidature Sarkozy fils révèle surtout un vide : celui de la droite en quête de récit. Tandis que le RN prospère sur la colère, que LR s’endort sur ses sigles, et que Reconquête se regarde dans le miroir, un jeune homme décide de réinvestir le symbole « Sarkozy » — cette marque politique qui continue d’agiter les esprits, quinze ans après.

Le pari est malin : surfer sur la nostalgie paternelle tout en se présentant comme la relève rebelle. Louis Sarkozy aura réussi une chose : se faire remarquer. En 2025, c’est déjà la moitié du chemin vers une carrière politique. Mais les Mentonnais ne voteront pas pour un profil viral. Ils voteront peut-être pour celui qui saura régler les problèmes de leur ville — et résister à la tentation de se regarder en selfie. S’il y parvient, on pourra dire que le fils Sarkozy n’a pas seulement hérité d’un nom, mais d’un vrai sens de l’action. Sinon, il rejoindra la longue liste des « héritiers » : beaux, éloquents, et parfaitement inutiles.

La position du démissionnaire

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C’est moche, la traîtrise… Alors que les Républicains ont le cul entre deux chaises, et que M. Lecornu a jusqu’à ce soir pour trouver une issue à la crise politique, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal affirmait lundi sur TF1 « ne plus comprendre les décisions du président de la République » et déplorait « une forme d’acharnement à vouloir garder la main ». De son côté, hier sur RTL, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe suggérait carrément au président d’organiser une élection présidentielle anticipée « une fois le budget adopté ». Le Rassemblement national, lui, se contenterait d’une dissolution. Emmanuel Macron est-il foutu ?


Bouge de là !

Il n’est plus temps d’être poli : Emmanuel Macron doit-il « se casser » ? Il est une plaie pour la France ; il est l’obstacle au renouveau d’un pays dépressif et encalminé. Le chef de l’État est à la source de la crise de régime qui ébranle la Ve République.
Ce séisme ne se résoudra qu’en laissant les Français s’exprimer à travers des élections. Or les réticences du chef de l’Etat à se tourner vers le peuple l’installe, dans la colère froide du narcisse incompris, en despote mal éclairé. Ce qu’il fait voir de son raidissement mental laisse apparaître ses failles présumées psychopathiques. Elles font craindre une fin de règne interminablement conflictuelle.
Emmanuel Macron devrait relire, dans Choses Vues, cette réflexion de Victor Hugo: « Je ne comprends pas qu’on ait peur du peuple souverain ; le peuple, c’est nous tous, c’est avoir peur de soi-même ». Dans l’immédiat, le spectacle de l’oligarchie claquemurée est navrant. « Il suffirait de peu pour que ça fonctionne », a expliqué lundi l’éphémère Premier ministre Sébastien Lecornu en rendant son tablier après 14 heures de gouvernement. Mais son ultime bricolage, tenté jusqu’à ce mercredi soir sur injonction élyséenne, est voué à l’échec. Il y aura sans doute des législatives anticipées. Cependant, derrière la pagaille gouvernementale, c’est également la fin d’un système qui s’accélère.

A ne pas manquer, les carnets d’Ivan Rioufol: Pourquoi Macron et Mélenchon se ressemblent

Macronisme : TOUT LE MONDE descend !

La chute de Macron, déjà renié bassement par certains de ses proches, est celle du macronisme, c’est-à-dire du progressisme social-démocrate. La révolution conservatrice a atteint la France. Les élites mondialistes, européistes et postnationales vont être, au-delà du président, les autres victimes du grand basculement populiste.
L’heure est à la rupture. Si, en 2022, Robert Ménard assurait (Le Figaro, 11 juillet 22): «Etre révolté, être punk aujourd’hui, c’est être modéré!», le maire de Béziers a rejoint opportunément ceux qui appellent depuis longtemps à «renverser la table». C’est ce besoin de radicalité que Bruno Retailleau, démissionnaire lundi matin, a mal analysé en proposant mardi matin, sur Europe 1, une ultime porte de sortie à la macronie en déroute, avec la nomination d’un « Premier ministre de cohabitation » qui serait choisi parmi la droite républicaine. Mais ces palinodies viennent brouiller la lucidité qui était la marque du ministre de l’Intérieur. Alors que David Lisnard demande la démission du président Macron, la prudence de M. Retailleau trahit une faiblesse de caractère. Si le président des LR entend concourir à la présidentielle, il doit rompre une fois pour toutes avec les notables de son parti qui restent attirés par le bloc central, par souci esthétique de ne pas se mélanger au vil bloc patriote.
Or ces réticences ne sont plus comprises de l’opinion, qui juge prioritaire (58%) de faire barrage à LFI. De surcroit, les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy plaçant le RN dans « l’arc républicain » sont venues s’ajouter à celles de Serge Klarsfeld. Le choix du sénateur LR Roger Karoutchi de voter RN «sans états d’âme» en cas de duel avec LFI (Europe 1, 30 septembre) a accéléré l’union des droites, rejetée par les plus irréductibles des LR. Le vieux monde s’écroule. Les LR vont-ils enfin comprendre qu’ils en font partie ?

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Socialisme et réarmement: le retour du Front populaire?

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Prochain gouvernement. Raphaël Glucksmann et Olivier Faure seront-ils prêts à faire passer le réarmement de la France avant la retraite à 62 ans? En son temps, Blum l’a fait!


Nous sommes aujourd’hui à un moment où une crise économique et politique se profile alors que la gauche est aux portes du gouvernement, et que le pays s’apprête à engager un effort sans précédent de réarmement. Cette conjoncture rappelle le contexte des années 1936, du Front populaire à la déclaration de guerre contre l’Allemagne. Si la comparaison n’est pas totalement pertinente, elle éclaire certains parallèles historiques utiles à l’analyse.

Le gouvernement du Front populaire, conduit par Léon Blum de juin 1936 à juin 1937, puis par des personnalités telles que Camille Chautemps et à nouveau Blum en 1938, engage la France dans une série de réformes sociales marquantes. Parmi celles-ci figurent la semaine de 40 heures (votée en juin 1936 et progressivement appliquée à partir de novembre) et les congés payés, qui entrent dans l’imaginaire social et politique français.

A lire aussi: La position du démissionnaire

Ces avancées sont imposées par les grèves massives du printemps 1936 et les accords de Matignon, signés dans la nuit du 7 au 8 juin. Elles visent à réduire le chômage en partageant le travail, à améliorer les conditions ouvrières et à stimuler la consommation, alors que la crise économique née de 1929 perdure. Ces arguments seront d’ailleurs repris à plusieurs reprises, notamment lors des débats sur la semaine de 35 heures.

Cependant, au moment même où survient la montée des menaces internationales (remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne en mars 1936, annexion de l’Autriche en mars 1938 et guerre civile espagnole dès juillet 1936), les impératifs du réarmement ont rapidement imposé des contraintes qui ont conduit à un assouplissement progressif, puis à un véritable retour en arrière sur cette réforme.

Il faut dire que dès son arrivée au pouvoir, Blum, malgré le slogan « Pain, paix, liberté », reconnaît la nécessité d’agir pour contrer l’expansionnisme nazi. En juin 1936, Blum assure au général Gamelin, chef d’État-major général, qu’il est conscient des dangers, marquant un virage par rapport à l’opposition antérieure à toute politique de réarmement (Là-dessus, lisez la récente biographie du malheureux général par Max Schiavon).

En août 1936, une loi place les industries d’armement et aéronautique sous la tutelle de l’État pour accélérer la production de masse. Édouard Daladier, ministre de la Défense nationale (et vice-président du Conseil), soutient cette politique, avec un budget dépassant les recommandations de l’État-major. Il s’agit notamment de la construction de 1 500 avions de combat et de milliers de chars.

Cependant, ces ambitions se heurtent à des obstacles : un manque de spécialistes et d’ouvriers hautement qualifiés dans les arsenaux, des machines obsolètes et une inflation galopante (25% en 1937), qui érode les budgets réels. De plus, la production reste freinée par les conflits sociaux hérités des grèves de 1936 et par la rigidité de la semaine de 40 heures, perçue comme un « carcan » limitant la flexibilité industrielle.

Dès l’été 1937, la crise économique s’aggrave avec la dévaluation du franc, le creusement du déficit budgétaire et enfin une « pause » dans les réformes, annoncée le 24 février 1937 par Blum, qui abandonne des projets comme les retraites. Sous le gouvernement Chautemps (juin 1937 – mars 1938), les réformes sociales ralentissent, mais c’est avec l’arrivée d’Édouard Daladier comme président du Conseil en avril 1938 que l’assouplissement se concrétise. Daladier, déterminé à « remettre la France au travail », abolit la « semaine des deux dimanches » (le système 5 × 8 heures avec deux jours de repos, ancêtre des RTT), ramenant la durée légale à 48 heures par semaine.

Cet assouplissement vise à baisser le coût du travail et à attirer les capitaux fuyant la France depuis 1936 (les investissements tombent de 36 milliards de francs en 1930 à 8 milliards en 1938). Des décrets-lois de mai–juin 1938, renforcés en novembre par Paul Reynaud (ministre des Finances), autorisent jusqu’à 50 heures de travail hebdomadaire avec simple préavis, rétablissent le salaire aux pièces, les primes au rendement et dérogent à la limitation du travail de nuit. Reynaud annonce explicitement le 14 novembre 1938 la fin de la « semaine des deux dimanches », libérant les prix et le crédit pour relancer l’économie capitaliste. Dans les secteurs stratégiques comme l’armement, les heures supplémentaires sont facilitées, menant à des semaines de 48 à 50 heures dès la fin des années 1930, et jusqu’à 60 heures en 1940 face à l’offensive allemande.

A lire aussi, Eric Naulleau: F-O-U-T-U

Ces mesures suscitent une forte opposition ouvrière. La CGT appelle à une grève générale de 24 heures le 30 novembre 1938 pour abroger les décrets, mais elle échoue en raison d’une tactique modérée (sans occupation d’usines, délais de préavis) et d’une répression gouvernementale massive. Réquisitions de cheminots et de fonctionnaires, 1 000 suspensions, 3 000 licenciements et arrestations de militants. Cet épisode marque la rupture entre la CGT et le gouvernement Daladier. Ces tensions sociales sonnent la fin du Front populaire. Cependant, ce retour en arrière sur les « acquis » facilite le réarmement. Dès le lendemain des décrets de novembre 1938, les investissements affluent, accélérant la production industrielle et militaire. Malheureusement, comme on le sait, le réarmement a commencé trop tard.

Le retour en arrière sur la semaine de 40 heures, motivé par les contraintes du réarmement, révèle les limites du projet social du Front populaire. Le Front populaire aura ainsi incarné le dernier grand élan social avant la guerre, mais aussi la démonstration tragique de l’impossibilité d’une politique déconnectée des réalités économiques et géostratégiques.  

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Emmanuel Macron n’aime ni les juifs, ni les arabes, que ce soit en France, en Israël ou à Gaza


Depuis le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron a clairement montré qu’il n’aime pas les juifs, qu’ils vivent en Israël ou en France. Même si cela peut paraitre contrintuitif, il a aussi montré qu’il n’aime ni n’estime les arabes, qu’ils vivent à Gaza ou en France.

Rue arabe et rue juive

Pour ce qui concerne l’Etat d’Israël, son hostilité s’est renforcée au fil des mois, renvoyant dos-à-dos Israël et le Hamas, menant une campagne de dénigrement à l’égard de l’Etat hébreu, refusant même de récuser le terme absurde de « génocide » face à Gilles Bouleau sur le plateau de de TF1 pour aboutir à mener une campagne pour reconnaitre – et faire reconnaitre – le 22 septembre 2025 un Etat fantôme palestinien sous les applaudissements du Hamas, du Qatar et des djihadistes du monde entier.

A lire ensuite, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Les juifs de France n’ont pas été mieux traités puisqu’Emmanuel Macron a refusé de marcher contre l’antisémitisme le 12 novembre 2023. Il a aussi laissé dériver l’audiovisuel public français et l’AFP – à moins qu’il ne les y ait encouragé ? – qui diffusent tous les mensonges anti-israéliens et antisémites propagés par les relais du Hamas et du Qatar, Al Jazeera en tête ; chaîne qui malgré l’incitation quotidienne à la haine contre les juifs n’a jamais été interdite en France.
Pour mémoire, il n’avait fallu qu’un mois pour faire interdire les médias russes tels que RT France après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Certains attribuent l’absence d’Emmanuel Macron à « la marche pour la République et l’antisémitisme » aux recommandations de son ami et Yassine Bellatar ; ce dernier lui aurait alors expliqué que s’il se rendait à cette manifestation, il provoquerait des émeutes dans les banlieues. Cette façon d’essentialiser les arabes et musulmans de France au point de les associer aux barbares du Hamas montre qu’il ne les estime pas, pas plus qu’il ne les respecte.

Une politique internationale maladroite

Pour ce qui concerne les Gazaouis, Emmanuel Macron se fiche complètement de leur sort, ou même pire, il se sert de leurs souffrances pour ce qu’il croit être son propre intérêt. Ainsi, c’est lui qui le 24 juillet 2025 a fait capoter le plan américain de libération des otages israéliens et le cessez-le feu à Gaza qui était sur le point d’être signé. Ainsi que l’a révélé Marco Rubio, le ministre des Affaires étrangères américain, « les négociations avec le Hamas ont échoué le jour où Emmanuel Macron a pris la décision unilatérale de reconnaître l’État palestinien ».

De même, alors que le président Trump a lancé le 29 septembre 2025 un ultimatum au Hamas qui devait conduire à un accord rapide, à une libération des otages et un cessez-le-feu à Gaza, la France d’Emmanuel Macron vient encore de s’illustrer en tentant de gripper le processus en cours. Ainsi, Jean-Noël Barrot, son ministre des Affaires étrangères démissionnaire, a convoqué en urgence une réunion à Paris ce jeudi 9 octobre 2025 au cours de laquelle il accueillera ses homologues de pays européens et arabes – tiens, Israël n’y a pas été invité ! – pour une réunion destinée à « concrétiser » le plan de paix pour Gaza. Quel plan de paix alors que celui de Trump est en marche et en voie de faire cesser les combats ? Pour faire perdre du temps, prolonger la guerre et le calvaire des otages à Gaza ?

A lire aussi, Ivan Rioufol: Trump et Netanyahou feront-ils bouger l’histoire?

On notera au passage que ceux qui appelaient avec force au cessez-le feu depuis deux ans – et qui l’avaient une seconde fois à portée de la main avec le plan Trump du 29 septembre – semblent moins empressés à le voir se concrétiser… surtout s’il conduit à la disparition du Hamas et de ses alliés djihadistes.

Plusieurs questions se posent alors.

Face à ses échecs répétés sur tous les fronts intérieurs – de sa dissolution ratée aux Premiers ministres successifs qu’il a consommés – les Israéliens et les Gazaouis sont-ils devenus la chair à canon nécessaire à faire exister à l’international un président totalement discrédité en France ? Sa gestion nihiliste de la politique intérieure française doit-elle servir de modèle au Proche-Orient ? À moins que les bonnes vieilles pratiques moyenâgeuses soient ressuscitées par Emmanuel Macron : que les juifs soient les boucs-émissaires destinés à détourner l’attention de ses multiples échecs ?

Charb: on ne panthéonise pas les anarchistes!

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Le journal Charlie Hebdo et la famille du dessinateur Charb demandent sa panthéonisation. Elisabeth Lévy n’est pas de cet avis. Nous vous proposons de l’écouter.


Rappelons que Charb était rédacteur en chef de Charlie. Il a été assassiné le 7 janvier 2015, parce que Charlie avait publié les caricatures de Mahomet parues il y a exactement 20 ans dans le journal danois Jyllands Posten.

Cette idée ne me scandalise pas, mais…

J’avais beaucoup d’affection pour Charb (Ce n’était pas un ami, mais un copain). J’aimais me disputer avec lui. Et c’est parce que j’ai de l’affection pour lui que cette idée lancée la semaine où Robert Badinter fera son entrée au Panthéon ne m’emballe pas.
D’abord au Panthéon il fait froid. Et puis si on veut y mettre Charb, ce n’est pas pour son œuvre mais pour sa mort. En ce cas, pourquoi Charb et pas Cabu, Wolinski et les autres ? pourquoi pas Samuel Paty et Dominique Bernard, et tous les résistants assassinés au fil de notre histoire ?
Cet épisode révèle un malentendu sur le rôle du Panthéon. Il avait déjà surgi avec la proposition de panthéoniser Alfred Dreyfus. Aussi méritantes soient-elles, le Panthéon n’est pas un mémorial pour les victimes des fascismes mais le tombeau d’une super-élite dont l’œuvre restera à l’échelle des siècles.
Bien sûr, Charb avait du courage, il n’a pas cédé à la terreur islamiste. Mais son arme, c’était les dessins, l’humour, la dérision, le déconnage. Le Panthéon c’est trop institutionnel, trop solennel. On ne couronne pas les anarchistes.

A lire aussi, Guillaume Erner: «Je n’ai pas vu venir ce qui nous arrive »

N’enterrerait-on pas ainsi la liberté d’expression ?

Toutefois, ne serait-ce pas une façon de dire notre attachement à la liberté d’expression, objecte-t-on ?
C’est ce que plaident Riss et la famille de Charb dans une lettre au président de la République. Dans son éditorial, Riss écrit aujourd’hui dans son journal : « Que transfère-t-on au Panthéon, des hommes ou leurs idées ? » Il répond : leurs idées et leurs valeurs avant tout. Non. En réalité ce qu’on transfère au Panthéon ce sont des hommes et des femmes illustres, des destins singuliers et pas seulement des grands principes. Riss écrit aussi que cette grave décision « graverait dans le marbre de notre République l’attachement viscéral du peuple français à la liberté d’expression ». Eh bien justement, graver dans le marbre la liberté d’expression c’est très joli mais ce n’est pas ça qui la fera vivre. Et je crains que l’attachement des Français à cette liberté d’expression ne soit pas si viscéral que ça. N’acceptent-ils pas déjà beaucoup de ses amenuisements ?
Il y a mille autres façons d’honorer Charb. On peut par exemple donner son nom à des écoles, à des places ou à des rues. Mais pour qu’il ne soit pas mort pour rien, notre devoir c’est de faire vivre cette liberté, de défendre la liberté d’expression même quand elle choque et est contraire à nos propos convictions. Et en commençant par apprendre à tous les enfants de France qu’au pays de Voltaire et de Charb, on a le droit de se moquer de leur dieu et de tous les autres.


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Patrick Roger

Téléphérique: quand LFI s’en mêle…

Dans la « Nouvelle-France créolisée » rêvée par Jean-Luc Mélenchon et ses petits amis, hommes et femmes ne s’assiéront plus côte à côte dans les transports publics.


S’il suffisait de parler de téléphérique pour prendre de la hauteur, cela se saurait. Et si du côté des élus LFI on excellait à s’élever et en même temps élever le débat cela aussi se saurait.

Statistiques alarmantes

La députée mélenchonienne de Seine-Saint-Denis et vice-présidente de l’Assemblée nationale, Nadège Abomangoli, vient de donner une énième illustration de cet état de fait. En cause cette fois la prochaine mise en œuvre du câble C1 entre Villeneuve Saint Georges et Créteil du premier téléphérique d’île de France. Dans un message posté sur X, l’élue monte au créneau pour demander que soient prévues des « cabines en non-mixité pour ce nid à agressions sexuelles. » Et de poursuivre : « la non-mixité c’est ce que réclament souvent celles et ceux victimes de violences sexistes, racistes, homophobes, qui explosent partout. » Et de citer à l’appui de ses récriminations les chiffres, alarmants il est vrai, publiés en mars dernier par l’Observatoire national des violences faites aux femmes. Le nombre de victimes déclarées aurait augmenté de 86% en dix ans. En 2024, les forces de l’ordre avaient eu à enregistrer, il est vrai, quelque 3 374 victimes de « violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun », selon l’article du Parisien du 6 octobre consacré à ce sujet. Cela dit, il nous y est précisé également que depuis la mise en service en mai 2022 du téléphérique urbain de Toulouse aucun signalement pour agression sexuelle n’a été enregistré. De quoi, peut-être, calmer un peu les ardeurs séparatistes de Madame la députée.

A lire aussi: Le pari de l’étranger

Évidemment, au vu des chiffres communiqués par l’Observatoire, on ne peut que constater que la situation est des plus préoccupantes. Mais est-ce que le séparatisme sexué pourrait être la solution ? En profondeur, il s’agit d’une affaire d’éducation, de références culturelles, d’état d’esprit relativement au respect auquel a droit tout être humain, qu’il soit femme ou homme. Affaire aussi de vraie politique répressive pour ces prédateurs sexuels, même ceux qui ne feraient que dans la pathétique, la répugnante pratique de la main baladeuse.

Apartheid de genre

Mais il est bien évident que derrière la revendication de la députée LFI d’installer des cabines non genrées se profile une tout autre préoccupation que la sécurité de celles-z-et ceux qui emprunteront ce moyen de transport. Il n’est pas douteux en effet que la démarche s’inscrit, à quelques semaines des élections municipales, dans une stratégie à la fois électoraliste et identitaire. Venant après l’exigence de non-mixité dans les piscines, les salles de sports et autres lieux, cette nouvelle revendication relève bel et bien d’une ambition communautaire visant à instaurer dans le maximum de lieux publics de notre pays la séparation entre femmes et hommes, cette séparation en vigueur là où d’autres lois ont cours qui n’ont, rappelons-le, rien à voir avec les nôtres reposant sur l’égalité des sexes, et la liberté.

Aussi je m’étonne quelque peu lorsque je vois que les élus et responsables s’opposant à la demande de Madame Abomangoli tombent dans le panneau et font semblant de croire que sa seule préoccupation est la sécurité des usagers, en particulier des femmes. L’enjeu est autre, bien évidemment. Idéologique et politique. Et c’est donc sur ce terrain qu’il conviendrait aussi, et peut-être surtout, de combattre cette énième suggestion d’apartheid.

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Esthétique du gadin

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Voilà qui tombe à pic. Sur le même mode enjoué qui animait son bouquin précédent, Sales types, ces affreux qui ont changé la face du monde (Lattès, 2022), Benoît Franquebalme s’attaque aux « plus belles gamelles de l’Histoire, du pape Jean XIV à P. Diddy » – c’est le sous-titre donné à son Anatomie de chutes.  

Il n’est pas certain qu’on voie bien le rapport, a priori, entre la gamelle frustrante du pontife renversé par Boniface VII en l’an 984 de notre ère après huit mois sur le trône de Saint Pierre, et la déchéance du rappeur star, Sean Combs de son vrai nom, condamné à quatre ans de taule par le tribunal pénal de Manhattan pour avoir un peu forcé sur les copulations en meute. Ni entre la déconfiture de Jérôme Cahuzac et le lynchage d’Axel de Fersen, triste fin, en ce 20 juin 1810, pour l’inconsolable amant de l’Autrichienne guillotinée.

A lire aussi: Causeur #138 : sommes-nous foutus ?

Par chance, l’auteur fait un peu de tri dans sa décharge potentiellement énorme, distinguant avec soin, de chapitre en chapitre, la « chute-sabordage » (Syd Barrett, Jean-Luc Delarue) de la « chute rédemptive » (Truong My Lan, José Giovanni) ou encore de la « chute joyeuse » (Goerge Best, Isabelle ‘’ la louve de France’’), sans compter la « chute à mèche lente » (Phil Spector, Bernard Madoff), etc., etc. Commode, le procédé – deux personnages, deux genres de culbute par numéro – permet d’ouvrir la benne à l’infini, du père de l’impôt sur le revenu Joseph Caillaux, « revenu de tout » au point de rebondir spectaculairement, à Richard Nixon qui n’eut pas cette chance, du philosophe Louis Althusser qui, un jour de démence, étrangla son épouse Hélène Rytmann, à Bernard Madoff, le « plus grand aigrefin du XXIème siècle », qui n’aura jamais purgé que douze ans sur les cent-cinquante années de prison prévues par la sentence : comme quoi, la mort a du bon.

Le recueil des dégringolades a cet avantage de ne pouvoir jamais se refermer – c’est la plaie ouverte de l’Histoire, et elle ne cicatrise pas. Au présent volume –  à peine deux-cent pages, il est vrai truculentes à souhait –  l’on serait tenté de suggérer un versant prospectif : par exemple, qui tombera le premier ? Macron (sa vie est devenue un poison) ? Bachar al-Assad (lui, il vient d’être empoisonné) ? la maire Hidalgo (elle n’a plus rien à se mettre) ? Raul Castro, Nicolás Maduro ou Miguel Diaz-Canel (au jeu d’échec des satrapes) ? Manuel Valls (quel point de chute) ?

Anatomie de chutes, par Benoît Franquebalme. 204 pages, Buchet Chastel, 2025

« C’est difficile de choisir la vie »

Noa avait 23 ans. Elle a été assassinée au festival Nova le 7 octobre 2023. Mali Zander, mère en deuil et infirmière-chef à l’hôpital Tel HaShomer de Tel-Aviv, continue de venir en aide aux soldats blessés et aux ex-otages. Cette fraternité et cette résistance sont l’autre face de cette tragédie. Reportage.


Le salon familial est devenu un mémorial. Noa Zander, assassinée à 23 ans, est partout. En magnet sur le réfrigérateur. Sur les briquets et casquettes que nous offre sa mère Mali, belle femme d’une cinquantaine d’années, infirmière-chef du service de médecine générale l’hôpital Tel Hashomer, centre hospitalier géant à l’est de Tel Aviv. Sur ce tableau emblématique du kitsch judéo-israélien posé sur un chevalet. En photo, comme sur ce magnifique cliché en noir et blanc pris dans le bar où elle travaillait pour financer un séjour à New York. Elle y avait organisé une fronde pour obliger les patrons à conserver des employés arabes. Mais elle y était très appréciée. Belle fille, bonne copine, bénévole auprès d’enfants handicapés, la quatrième et petite dernière de la famille Zander semble avoir été toute sa courte existence la plus populaire de la classe. « Elle faisait entrer la lumière dans la maison », murmure Mali en montrant un autre cliché, le dernier pris avec Noa. C’était le 5 octobre, elle avait volé deux heures pour déjeuner avec ses parents. Après-coup, tous les détails parlent. « Au retour, Noa m’a montré le fonctionnement de la radio connectée et on a écouté ensemble une chanson qui parle de séparation. »

Ces objets inanimés, comme la planche de surf sur laquelle le moniteur de Noa a peint des motifs bariolés évoquant la jeune femme, font flotter le parfum de la vie d’avant dans le pavillon de Rishon le Tsion, typique de cette classe moyenne israélienne qui s’est embourgeoisée en travaillant dur. Ils racontent une famille joyeuse, aimante, tolérante, accueillante, où les parents sont heureux de voir leurs enfants s’envoler. On s’attend à voir la porte s’ouvrir et Noa entrer, pleine d’histoires et de projets. Très vite tout le monde pleure, y compris mes deux amies, Ayyam Sureau, qui m’accompagne dans ce court périple israélien, et Corinne, la sœur de notre photographe Hannah, qui vit à Jérusalem et doit traduire, car Mali ne parle pas anglais, ou pas assez bien pour oser. Deux heures plus tard, après un marathon émotionnel et force cafés-gâteaux, Corinne et Mali découvrent, en mentionnant leurs origines marocaines qu’elles sont proches parentes et s’entre-tombent dans les bras en riant aux éclats. Le monde est petit, dit-on en pareil cas. Mais Israël, c’est petit pour de vrai. Dans le deuil, on n’est jamais seul.

Mali raconte encore et encore cette journée où son monde s’est écroulé. Le dîner de Simhat Torah en famille, le départ tardif de Noa avec Daniel, le garçon dont elle est amoureuse depuis quelques mois. C’est seulement en arrivant sur le site de Nova, à 5 heures du matin, qu’ils réalisent qu’ils sont à quelques kilomètres de Gaza. Mali connaît le déroulé minute par minute. A 6h29, ils quittent la fête. Et puis, il y a cet instant fatal où se joue le destin de Noa. Alors qu’ils roulent vers le nord et la sécurité, une voiture de police leur ordonne de faire demi-tour. Retour à Nova. À 7h01, Mali parle à sa fille qui lui envoie une photo de Daniel et elle, réfugiés dans un abri avec plusieurs dizaines de festivaliers. « Il me protège. », écrit-elle. C’est pour la protéger que Daniel sort inspecter les alentours. Mais les tirs reprennent et il doit se cacher. Deux heures plus tard, Noa est fauchée en sortant à son tour.

Sur les boucles whattsapp de tout le pays, les images et les nouvelles atroces se succèdent fiévreusement. À 9 heures, Mali enfile son uniforme. On a besoin d’elle à l’hôpital. « J’ai pensé que si je faisais du bien, Dieu m’en ferait à moi aussi. » À Tel Hashomer, c’est le balagan (chaos), personne n’a d’information, les familles piétinent dans l’angoisse. Le ballet des hélicoptères convoyant des blessés est incessant.  À 11 H18, une amie de de sa fille l’appelle : Noa est morte, c’est Daniel qui l’a prévenue. Mali continuera à espérer jusqu’à ce coup du fil d’un ministère, le vendredi suivant : « Où voulez-vous enterrer votre fille ? » Ses collègues arabes (très nombreux dans le milieu hospitalier) lui demandent s’ils peuvent venir présenter leurs condoléances. Elle accepte, même si, au début, elle a du mal à les regarder dans les yeux.

Mali Zander n’est pas seulement une mère endeuillée victime de la haine barbare du Hamas. Cette héroïne de tragédie incarne l’autre face du 7-Octobre – la fraternité la résistance, la volonté de ne pas plier.  « Chaque matin, c’est difficile de choisir la vie », dit-elle. C’est pourtant c’est ce qu’elle fait chaque jour depuis deux ans en aidant les survivants et les blessés. Elle est heureuse de voir des familles réunies et des mères soulagées, même si cela lui rappelle son infortune. Elle se souvient de ce soldat blessé qui ne voulait pas qu’elle lui enlève ses chaussures parce que ça sentait trop mauvais. Elle lui a donné son téléphone – « Appelle ton père ». Et elle l’a entendu dire « Je suis vivant ». Ces mots qu’elle n’a pas eu la joie d’entendre.

À partir de novembre 2023, elle forme les équipes chargées de traiter les otages qui rentrent au compte-goutte. Après avoir accueilli les premiers captifs pris à Nova, en sortant de l’hôpital à 4 heures du matin, assise dans sa voiture, elle hurle de douleur. « Pourquoi n’ai-je pas eu droit à ça moi aussi ? ». Ces revenants de l’enfer veulent connaître son histoire. Ils la prennent dans les bras pour la consoler comme elle les console. Ils se comprennent. Elle n’a pas le droit de divulguer ce qu’elle a entendu. « Nous soignons les corps, mais les âmes sont brûlées pour toujours ». Quand on pense au calvaire de ceux qui, depuis deux ans, croupissent dans les tunnels de Gaza, on se dit que Noa a peut-être eu de la chance.

La vie a la vie dure. Une petite-fille est née chez Hen, la soeur de Noa, journaliste pour la chaine 13. Quand elle ne travaille pas, Mali s’emploie à faire vivre la mémoire de sa fille en donnant des conférences. Toute la famille se rend sur le site de Nova où a été édifié un mémorial bouleversant. Mais Mali ne veut pas parler politique. Pas plus qu’elle ne parle des assassins, totalement absents de son récit. Son mari, lui, milite pour la tenue d’une commission d’enquête qui lui dira qui est responsable de la mort de sa fille.

Vacances scolaires: déchristianiser pour mieux régner?

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À l’école, certains rêvent de renommer les vacances de la Toussaint ou de Noël. Le gouvernement écarte l’idée, ayant pour l’instant d’autres chats à fouetter.


Décadi 10 vendémiaire de l’an républicain CCXXXIV, le Conseil Supérieur de l’Education a adopté par 44 voix « pour » et sept voix « contre », sur proposition du syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré, la FSU-SNUipp, une motion visant à modifier le nom des vacances de la Toussaint et des vacances de Noël, afin de les « laïciser » en supprimant toute référence chrétienne dans leur appellation.

Avidité ultra-progressiste

Retour d’un fantasme au moins aussi vieux que la révolution, qui n’est qu’un aspect parmi beaucoup d’autres de la volonté d’effacer la culture française pour mieux laisser libre cours à l’ingénierie sociale des « avant-gardes éclairées », qu’on les appelle « cercle de la Raison », « partis de gouvernement » ou « arc républicain ». Comme l’écrivait Maurice Druon, certains sont avides de « couper les nouvelles générations des acquis ancestraux » afin de « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Cette proposition a, semble-t-il, été rejetée par le ministère, du moins pour l’instant. Tant mieux. Le soutien massif qu’elle a reçu au sein du CSE doit néanmoins alerter, tout comme la volonté de déchristianisation assumée et militante qui l’inspire. Si tous les Français ne sont évidemment pas chrétiens (à commencer par votre serviteur), la France est de culture chrétienne, d’une culture littéralement impensable, impossible à penser, sans les références chrétiennes et l’ethos chrétien, plus précisément catholique (précisons que le catholicisme auquel je pense ici est celui de Saint Louis et Jacques de Longuyon, pas celui qui bénit les glaçons et glorifie l’islamisation migratoire). « Du passé faisons table rase » est par définition un projet totalitaire, et derrière le charme poétique du calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine, il y avait la guillotine, la baignoire nationale et les colonnes infernales !

Un nouveau séparatisme

Il est cocasse d’entendre la FCPE (parmi d’autres) invoquer la laïcité pour défendre cette mesure, quand on se souvient que la même FCPE ne s’était pas gênée pour encourager la normalisation du hijab – toujours au nom de la laïcité ! – dans une affiche qui avait beaucoup fait réagir il y a quelques années (la FCPE avait d’ailleurs porté plainte contre feu Laurent Bouvet, lui reprochant d’avoir parodié cette image pour en démontrer l’absurdité). Ironie de l’histoire, le député montagnard Pierre-Louis Bentabole (1756 – 1798), lui, avait fini par s’opposer au projet de calendrier républicain en déclarant : « Lorsque Mahomet, conquérant et législateur, donna une autre ère aux peuples soumis à sa puissance, son but fut de les séparer du reste des hommes et de leur inspirer un respect superstitieux pour le culte qu’il leur prescrivait. » On ne se prononcera pas sur la pertinence du propos de cet élu en ce qui concerne le calendrier islamique, mais on notera qu’en parlant de volonté de séparation, il touche probablement au cœur du projet moderne du CSE. Séparer les jeunes générations des traditions et des références culturelles de leur pays, en faire des déshérités sans repères, sans recul historique qui leur permettrait de porter un regard critique sur l’idéologie officielle et sur les modes du moment, « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Aujourd’hui comme hier, la République aux mains de la gauche estime que la France lui appartient pour en disposer selon son bon plaisir : pour en capter les richesses aux moyens des impôts les plus élevés de l’OCDE, pour y faire venir du monde entier ses clientèles et ses alliés, pour en rééduquer le peuple du haut de son mépris et à coups de mensonges. Ainsi de cet « historien spécialiste de l’immigration », Gérard Noiriel, essayant de faire croire qu’il n’y aurait pas d’immigrés en Seine-et-Marne, ou de ce magazine, Télérama, qualifiant la cuisine régionale de « réactionnaire, passéiste et nationaliste ». Le « j’assume tout » de Napoléon n’est visiblement pas parvenu à refermer la boîte de Pandore, et les efforts de De Gaulle n’ont pas suffi à remettre le régime au service de la nation : la gauche continue à trouver normal que la nation soit au service du régime.

Déchristianisation et islamisation

Mais ce que Bentabole n’imaginait probablement pas il y a deux siècles, malgré sa référence à Mahomet, c’est que le projet de séparer les Français du passé et de l’identité de la France, finirait par s’accompagner d’un projet d’islamisation massive du pays, et plus largement de l’Europe. Ce n’est un secret pour personne, entre l’évidence de la politique migratoire (y compris le refus obstiné d’exercer les pressions nécessaires à l’exécution de plus d’une fraction des OQTF), les déclarations de Gérald Darmanin sur « la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République[1] » (ce qui nous en apprend beaucoup plus sur ladite République que sur l’islam) et celles sur « la France telle qu’on voudrait qu’elle soit[2] » de Delphine Ernotte (à la tête des médias officiels de cette République, en laquelle on peine décidément à trouver quoi que ce soit qui demeurerait de l’esprit du Grand Charles), ou encore les actions de l’Union européenne. Ce qui est moins clair, c’est de savoir quel est le but et quels sont les outils, entre disparition programmée de l’identité française, anti-christianisme, et volonté d’islamisation.

La gauche veut-elle aujourd’hui effacer le christianisme pour mieux laisser la place à l’islam, ou encourage-t-elle l’islam parce qu’elle voit en lui un allié contre le christianisme ? Veut-elle effacer le christianisme pour mieux se débarrasser de l’identité française, ou veut-elle effacer l’identité française parce que le christianisme en fait partie et qu’elle le hait ? Dans tous les cas, j’en tire la même conclusion : il est indispensable d’affirmer fermement, fièrement et même joyeusement cette identité, y compris dans ce qu’elle doit au christianisme, partie intégrante de ce que Marc Bloch appelait son « héritage spirituel ». « La France demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé. Nourri de son héritage spirituel et de son histoire, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. » (Oui, on croirait parfois entendre un autre intellectuel français, juif et patriote bien connu…) Nous ne sommes pas une page blanche sur laquelle des idéologues pourraient écrire selon leur bon plaisir : nous avons un passé, des traditions, un ancrage, une identité sur lesquels nous appuyer pour refuser que l’oligarchie gauchiste décide de notre avenir à notre place, pour refuser l’effacement de notre art de vivre et de notre décence commune, dont assurément nous n’avons pas à rougir. Au sein de la civilisation d’Athéna, nous sommes le pays de Jeanne d’Arc. Et ce n’est pas une nostalgie, c’est une promesse.

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[1] https://www.la-croix.com/Religion/Gerald-Darmanin-lislam-religion-moins-difficulte-travailler-Republique-2020-09-18-1201114744

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/medias/representer-la-france-telle-qu-on-voudrait-qu-elle-soit-ce-que-revele-l-aveu-de-la-presidente-de-france-tv-20230711

Akhannouch, bouc émissaire idéal

Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch concentre les critiques du mouvement GenZ 212. Le roi parlera en fin de semaine.


Il y a une grande similitude entre Emmanuel Macron et Aziz Akhannouch. Les deux représentent une parenthèse politique qui est en train de se refermer dans leurs pays respectifs. Le Mozart de la Finance a échoué à sauver la France. Le Mozart des Affaires, milliardaire multicartes, a échoué à alléger le malaise économique au Maroc. Les deux sont détestés par une partie significative de l’opinion publique, très active sur les réseaux sociaux.  Les épouses des deux sont vilipendées à des degrés divers. Si Brigitte intrigue les Français, Selwa Akhannouch attire la haine des envieux et des ratés parce qu’elle est riche et ne le cache pas. Elle investit activement dans les shopping centers de luxe, le genre de secteur qui « ne passe pas » dans un pays du tiers-monde, surtout quand les gens ont du mal à boucler leurs fins de mois.

Cela dit, le Maroc n’est pas la France. Et les similitudes s’arrêtent ici probablement.

Un héritier

Akhannouch est un berbère de la région d’Agadir. C’est un héritier, mais pas seulement, car il a beaucoup travaillé pour devenir une des premières fortunes du pays, estimée à plus de 1.6 milliard d’USD selon Forbes. Il est actif dans l’agriculture, la distribution d’hydrocarbures, l’immobilier, l’environnement etc. Il est formé au Canada et pas en France, la pépinière traditionnelle des élites marocaines.

Il n’est pas vraiment à l’aise en public et à l’oral. Il a du mal avec l’Arabe classique, la langue magique qui séduit l’inconscient collectif marocain. Quiconque la maîtrise a un avantage certain en politique, même chez les Berbères. Akhannouch se rattrape par sa puissance de frappe : l’argent et l’organisation. Son parti de centre-droit, le Rassemblent National des Indépendants (RNI), ne manque de rien. Il dispose d’une stratégie digitale très pointue et d’une formation interne très active. Il est surtout très bien vu du Makhzen, ce qui au Maroc est un talisman qui désarme les préventions de l’administration et du peuple.  Le RNI est arrivé au pouvoir en 2021 après avoir gagné les élections sur la promesse de l’efficacité et du progrès. Il s’est présenté comme l’antithèse des islamistes en place depuis 2011 et qui ont été globalement des amateurs en matière de gestion et de croissance. Sous leur coupe, le pays aurait pu stagner, sans l’intervention décisive du Makhzen, qui via différents canaux d’investissement et d’intervention dans l’économie, a pu faire avancer le pays.

Immense colère

Au bout de quatre ans, le RNI est sur les rotules. La croissance économique n’est pas au rendez-vous, le niveau de vie est en baisse continue. Et contrairement aux islamistes (qui ont quand même quelques qualités), le RNI s’est empêtré dans des scandales de corruption et des conflits d’intérêts extrêmement indécents. Face à la hausse des prix de la viande, le gouvernement a mis des fortunes sur la table pour inciter les entrepreneurs à importer du fourrage, des moutons vivants à abattre ou bien de la viande bovine (brésilienne notamment). Les Marocains n’ont pas vu la couleur de ses subventions sur les étals du boucher. Et cerise sur le gâteau, en pleine crise hydrique (le climat s’assèche à vitesse grand V au Maroc depuis sept ans), Akhannouch a remporté l’appel d’offres de la construction d’une méga-station de dessalement de l’eau à Casablanca. Et le plus naturellement du monde, il s’en justifie en invoquant le fait que sa société et ses associés ont présenté le meilleur prix… dans un appel d’offres écrit et jugé par l’administration qu’il dirige lui-même. Peu importe sa sincérité, le conflit d’intérêt est tellement gigantesque qu’il ne souffre aucune excuse.

Quand tout va bien, les gens regardent ailleurs. Mais, aujourd’hui, les Marocains ont du mal à boucler les fins de mois. Les pauvres se nourrissent moins bien et les classes moyennes commencent à retirer leurs enfants des écoles privées parce qu’elles ne peuvent plus payer les mensualités. D’où l’immense colère qui s’abat depuis une semaine sur Akhannouch et son gouvernement.

Colère justifiée, mais aussi colère malsaine, car elle est animée par un brin de jalousie. Personne n’aime les riches, surtout quand ils leur ressemblent, car ils leur démontrent que le succès est possible.

Non, il ne faut pas blâmer les foules mais le système qui a confié les affaires du pays à un parti comme le RNI et à un milliardaire. Le RNI est un parti de notables, sans idéologie. Son credo se limite grosso modo à « enrichissez-vous ». Pourquoi pas ? Cette vision peut avoir sa place à la tête du Ministère des Finances ou de l’Industrie, mais pas à la tête d’une équipe qui est censée guider un peuple qui souffre. 

Puisque l’on parle de conflits d’intérêts, votre serviteur en a un, lui aussi. Mon père était sympathisant du RNI et admirateur de son fondateur, Ahmed Osman. Il s’agissait du parti idéal pour quelqu’un comme mon père, un entrepreneur, un notable, un monarchiste, un progressiste qui veut bien du progrès technique mais pas de la révolution sociale. Mais, le Marocain n’est pas comme ça, il a d’autres besoins.

Il est trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de Monsieur Akhannouch. La classe politique est en train de se retourner contre lui, progressivement. Elle espère peut-être que son départ suffira à apaiser l’opinion publique. Possible. Cela dit, il n’y a personne à mettre à la place. Les islamistes sont démonétisés, la gauche est atteinte du même syndrome que le RNI depuis qu’elle n’a plus d’idéologie.

Avant de mourir, mon père disait souvent : « il y a gens bien payés pour régler ce genre de problème, qu’ils se démerdent, sers-moi plutôt un verre de rouge et donne un bout de pain et du beurre ! »

Je lui désobéirai encore une fois pour dire une dernière chose.

Que Monsieur Akhannouch serve de bouc émissaire n’est pas un drame.  C’est le jeu. Mais, la solution à l’équation marocaine est beaucoup plus complexe que cela.

Akhannouch a eu le mérite de démontrer aux Marocains et au monde que le Maroc est un vivier de forces vives prêtes à éclore. Au lieu de les vilipender, il convient de les encourager à sortir de leur réserve, à condition qu’ils fassent des affaires et seulement des affaires. La politique et les idées ont besoin d’autres profils, dont l’âme vibre non pas pour l’argent mais pour la gloire. Le Maroc a vivement besoin de gens du calibre d’un Mehdi Ben Barka en politique et d’un Mehdi El Mendjra dans le champ des idées. Ces deux élites du passé avaient besoin de liberté. Les candidats à milliardaire n’ont besoin que de la liberté économique. Et les candidats au magistère politique ou moral ont besoin de la liberté de conscience et d’expression. Deux versants de la Liberté que les mentalités arabes et nord-africaines regardent avec suspicion.  Mais, comme dirait mon père : « baraka min el hadra ou koumu tkhadmu » (assez de palabre et au boulot !).

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Louis Sarkozy: De Washington à Menton

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Louis Sarkozy photographié à Marseille le 13 septembre 2025 © Alain ROBERT/SIPA

Le fils de l’ancien président a officialisé sa candidature aux municipales sur les réseaux sociaux le 8 septembre. Présent à Washington lors de l’investiture de Donald Trump, chroniqueur à Paris chez Valeurs actuelles et LCI, saura-t-il séduire l’électorat de la Côte d’Azur? Ses opposants parviendront-ils à barrer la route à celui qu’ils présentent comme un «héritier» et un «kéké masculiniste» trop présent sur les réseaux sociaux? En attendant le scrutin du 15 mars, sa femme doit accoucher de son premier fils, Sylla, dans les prochains jours.


Fils de l’ancien président, Louis Sarkozy se lance en politique à Menton (06). À la bonne presse, il affirme qu’il part en croisade contre le RN – ses détracteurs disent de leur côté que c’est pour son égo. Entre virilité Instagram, héritage paternel et ambitions municipales, la droite française tient là son nouveau feuilleton.

Un candidat viral

Il fallait bien que cela arrive : après les influenceurs, les militants et les coachs de vie, voici le fils Sarkozy qui entre en politique. Louis, le plus discret de la fratrie, s’est donc choisi un destin électoral : il sera candidat aux municipales à Menton en 2026. Oui, Menton, la ville paisible où les retraités bronzent, les bougainvilliers prospèrent, et où le nom de Sarkozy résonne encore comme un vieux refrain plaisant…

Le jeune homme a officialisé sa candidature sur ses réseaux. La stratégie est claire : jouer la carte du « non-politicien », du garçon « authentique », barbu, tatoué, amateur de jujitsu et de chiens. Il se met en scène à la fois comme philosophe de bistrot et Spartiate du dimanche. Une esthétique très « post-droite américaine » : muscles, morale et muselière à la bien-pensance.

Paris Match, 11 septembre 2025

Pourquoi Menton ? Parce qu’il fallait bien un décor pour le feuilleton

Les mauvaises langues disent qu’il aurait pu choisir Neuilly (92), mais qu’il a préféré Menton pour l’exotisme électoral. En vérité, la ville frontalière est un terrain symbolique : bastion où le RN rôde, où la droite classique s’essouffle, et où un « Sarkozy junior » peut tenter la reconquête.

Ce choix n’a rien d’anodin. Menton, c’est une carte postale politique : le sud, la mer, le soleil, et une France qui vote plus qu’elle ne tweete.

En s’y implantant, Louis Sarkozy se donne un visage local, loin des paillettes de New York et du nom paternel omniprésent. Mais on ne se refait pas : derrière le coup de com’, les « barons » de la droite régionale veillent déjà. Une rumeur insistante évoque un parrainage discret de figures LR azuréennes, trop contentes d’avoir un « nom » à coller sur leurs tracts.

La mue idéologique : plus à droite que papa ?

Louis Sarkozy se revendique « libéral-conservateur », soit le mélange parfait pour séduire un électorat de droite désabusé : sécurité, ordre, liberté individuelle, mais sans toutes les compromissions du macronisme. Certains observateurs étrangers ont même osé le qualifier de « plus à droite que son père ». On imagine le dîner de famille.

Ses posts sur X et Instagram transpirent la virilité réflexive : citations sur l’honneur, le courage, le devoir, défense du port d’armes (américaines, évidemment), et mépris discret pour les « délicats ». On croirait lire un essai de Jordan Peterson adapté à la Riviera. Mais derrière cette esthétique du combat permanent, on peine encore à saisir le fond programmatique. Quelles propositions concrètes pour Menton ? Pour l’instant, silence radio.

Disons-le : Louis Sarkozy maîtrise son époque. Il ne fait pas campagne, il performe sa campagne. Chaque story est calibrée, chaque phrase est une punchline prête à être retweetée. Le résultat ? Des millions de vues, des débats enflammés, des commentaires oscillant entre admiration et moquerie. Il est devenu, en quelques semaines, le « Sarko 2.0 » : un mélange d’héritier et d’influenceur.

Mais la viralité a ses limites : trop d’image, pas assez de chair ; trop de posture, pas assez de vision ; et un risque permanent : devenir un mème politique, pas un maire crédible. À force de se filmer en train de parler de « valeurs », il risque de finir comme une valeur cotée à la Bourse du buzz — instable et spéculative.

Ce que les lecteurs conservateurs doivent en penser (et qu’ils penseront sans doute déjà)

Soyons sérieux : Causeur n’a jamais cru que des abdominaux bien dessinés suffisaient à gouverner. Alors, jugeons sur pièces.

1. Le projet local : Menton, ce n’est pas une story sur Instagram. C’est une ville, avec des trottoirs, des impôts locaux, et des pêcheurs qui votent. On attend donc encore le programme.
2. La stature politique : Fils de, certes. Mais sans ancrage partisan clair. Un pied dans LR, un œil vers Reconquête, un ton d’influenceur apolitique. Un cocktail instable…
3. La droite à reconstruire : S’il croit incarner le renouveau, qu’il commence par fédérer — pas par diviser entre « vieux ringards » et « nouveaux virils ».
4. L’épreuve du temps : Une élection municipale, ce n’est pas un sprint médiatique. C’est une guerre d’usure. La story de 24h ne suffit pas à tenir de longs mois…

Bref, les conservateurs avertis verront dans ce lancement un mélange de sincérité, d’opportunisme et de storytelling. Mais au moins, Louis Sarkozy tente-t-il quelque chose, ce que peu de fils d’ex-présidents ont osé faire autrement qu’en costume trois pièces sur les plateaux télé.

Le buzz ne fait pas un maire

La candidature Sarkozy fils révèle surtout un vide : celui de la droite en quête de récit. Tandis que le RN prospère sur la colère, que LR s’endort sur ses sigles, et que Reconquête se regarde dans le miroir, un jeune homme décide de réinvestir le symbole « Sarkozy » — cette marque politique qui continue d’agiter les esprits, quinze ans après.

Le pari est malin : surfer sur la nostalgie paternelle tout en se présentant comme la relève rebelle. Louis Sarkozy aura réussi une chose : se faire remarquer. En 2025, c’est déjà la moitié du chemin vers une carrière politique. Mais les Mentonnais ne voteront pas pour un profil viral. Ils voteront peut-être pour celui qui saura régler les problèmes de leur ville — et résister à la tentation de se regarder en selfie. S’il y parvient, on pourra dire que le fils Sarkozy n’a pas seulement hérité d’un nom, mais d’un vrai sens de l’action. Sinon, il rejoindra la longue liste des « héritiers » : beaux, éloquents, et parfaitement inutiles.

La position du démissionnaire

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Allocution du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, 8 octobre 2025 © Sadak Souici/ZUMA/SIPA

C’est moche, la traîtrise… Alors que les Républicains ont le cul entre deux chaises, et que M. Lecornu a jusqu’à ce soir pour trouver une issue à la crise politique, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal affirmait lundi sur TF1 « ne plus comprendre les décisions du président de la République » et déplorait « une forme d’acharnement à vouloir garder la main ». De son côté, hier sur RTL, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe suggérait carrément au président d’organiser une élection présidentielle anticipée « une fois le budget adopté ». Le Rassemblement national, lui, se contenterait d’une dissolution. Emmanuel Macron est-il foutu ?


Bouge de là !

Il n’est plus temps d’être poli : Emmanuel Macron doit-il « se casser » ? Il est une plaie pour la France ; il est l’obstacle au renouveau d’un pays dépressif et encalminé. Le chef de l’État est à la source de la crise de régime qui ébranle la Ve République.
Ce séisme ne se résoudra qu’en laissant les Français s’exprimer à travers des élections. Or les réticences du chef de l’Etat à se tourner vers le peuple l’installe, dans la colère froide du narcisse incompris, en despote mal éclairé. Ce qu’il fait voir de son raidissement mental laisse apparaître ses failles présumées psychopathiques. Elles font craindre une fin de règne interminablement conflictuelle.
Emmanuel Macron devrait relire, dans Choses Vues, cette réflexion de Victor Hugo: « Je ne comprends pas qu’on ait peur du peuple souverain ; le peuple, c’est nous tous, c’est avoir peur de soi-même ». Dans l’immédiat, le spectacle de l’oligarchie claquemurée est navrant. « Il suffirait de peu pour que ça fonctionne », a expliqué lundi l’éphémère Premier ministre Sébastien Lecornu en rendant son tablier après 14 heures de gouvernement. Mais son ultime bricolage, tenté jusqu’à ce mercredi soir sur injonction élyséenne, est voué à l’échec. Il y aura sans doute des législatives anticipées. Cependant, derrière la pagaille gouvernementale, c’est également la fin d’un système qui s’accélère.

A ne pas manquer, les carnets d’Ivan Rioufol: Pourquoi Macron et Mélenchon se ressemblent

Macronisme : TOUT LE MONDE descend !

La chute de Macron, déjà renié bassement par certains de ses proches, est celle du macronisme, c’est-à-dire du progressisme social-démocrate. La révolution conservatrice a atteint la France. Les élites mondialistes, européistes et postnationales vont être, au-delà du président, les autres victimes du grand basculement populiste.
L’heure est à la rupture. Si, en 2022, Robert Ménard assurait (Le Figaro, 11 juillet 22): «Etre révolté, être punk aujourd’hui, c’est être modéré!», le maire de Béziers a rejoint opportunément ceux qui appellent depuis longtemps à «renverser la table». C’est ce besoin de radicalité que Bruno Retailleau, démissionnaire lundi matin, a mal analysé en proposant mardi matin, sur Europe 1, une ultime porte de sortie à la macronie en déroute, avec la nomination d’un « Premier ministre de cohabitation » qui serait choisi parmi la droite républicaine. Mais ces palinodies viennent brouiller la lucidité qui était la marque du ministre de l’Intérieur. Alors que David Lisnard demande la démission du président Macron, la prudence de M. Retailleau trahit une faiblesse de caractère. Si le président des LR entend concourir à la présidentielle, il doit rompre une fois pour toutes avec les notables de son parti qui restent attirés par le bloc central, par souci esthétique de ne pas se mélanger au vil bloc patriote.
Or ces réticences ne sont plus comprises de l’opinion, qui juge prioritaire (58%) de faire barrage à LFI. De surcroit, les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy plaçant le RN dans « l’arc républicain » sont venues s’ajouter à celles de Serge Klarsfeld. Le choix du sénateur LR Roger Karoutchi de voter RN «sans états d’âme» en cas de duel avec LFI (Europe 1, 30 septembre) a accéléré l’union des droites, rejetée par les plus irréductibles des LR. Le vieux monde s’écroule. Les LR vont-ils enfin comprendre qu’ils en font partie ?

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Socialisme et réarmement: le retour du Front populaire?

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Léon Blum, Paris, 14 juillet 1936 © COLLECTION YLI/SIPA

Prochain gouvernement. Raphaël Glucksmann et Olivier Faure seront-ils prêts à faire passer le réarmement de la France avant la retraite à 62 ans? En son temps, Blum l’a fait!


Nous sommes aujourd’hui à un moment où une crise économique et politique se profile alors que la gauche est aux portes du gouvernement, et que le pays s’apprête à engager un effort sans précédent de réarmement. Cette conjoncture rappelle le contexte des années 1936, du Front populaire à la déclaration de guerre contre l’Allemagne. Si la comparaison n’est pas totalement pertinente, elle éclaire certains parallèles historiques utiles à l’analyse.

Le gouvernement du Front populaire, conduit par Léon Blum de juin 1936 à juin 1937, puis par des personnalités telles que Camille Chautemps et à nouveau Blum en 1938, engage la France dans une série de réformes sociales marquantes. Parmi celles-ci figurent la semaine de 40 heures (votée en juin 1936 et progressivement appliquée à partir de novembre) et les congés payés, qui entrent dans l’imaginaire social et politique français.

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Ces avancées sont imposées par les grèves massives du printemps 1936 et les accords de Matignon, signés dans la nuit du 7 au 8 juin. Elles visent à réduire le chômage en partageant le travail, à améliorer les conditions ouvrières et à stimuler la consommation, alors que la crise économique née de 1929 perdure. Ces arguments seront d’ailleurs repris à plusieurs reprises, notamment lors des débats sur la semaine de 35 heures.

Cependant, au moment même où survient la montée des menaces internationales (remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne en mars 1936, annexion de l’Autriche en mars 1938 et guerre civile espagnole dès juillet 1936), les impératifs du réarmement ont rapidement imposé des contraintes qui ont conduit à un assouplissement progressif, puis à un véritable retour en arrière sur cette réforme.

Il faut dire que dès son arrivée au pouvoir, Blum, malgré le slogan « Pain, paix, liberté », reconnaît la nécessité d’agir pour contrer l’expansionnisme nazi. En juin 1936, Blum assure au général Gamelin, chef d’État-major général, qu’il est conscient des dangers, marquant un virage par rapport à l’opposition antérieure à toute politique de réarmement (Là-dessus, lisez la récente biographie du malheureux général par Max Schiavon).

En août 1936, une loi place les industries d’armement et aéronautique sous la tutelle de l’État pour accélérer la production de masse. Édouard Daladier, ministre de la Défense nationale (et vice-président du Conseil), soutient cette politique, avec un budget dépassant les recommandations de l’État-major. Il s’agit notamment de la construction de 1 500 avions de combat et de milliers de chars.

Cependant, ces ambitions se heurtent à des obstacles : un manque de spécialistes et d’ouvriers hautement qualifiés dans les arsenaux, des machines obsolètes et une inflation galopante (25% en 1937), qui érode les budgets réels. De plus, la production reste freinée par les conflits sociaux hérités des grèves de 1936 et par la rigidité de la semaine de 40 heures, perçue comme un « carcan » limitant la flexibilité industrielle.

Dès l’été 1937, la crise économique s’aggrave avec la dévaluation du franc, le creusement du déficit budgétaire et enfin une « pause » dans les réformes, annoncée le 24 février 1937 par Blum, qui abandonne des projets comme les retraites. Sous le gouvernement Chautemps (juin 1937 – mars 1938), les réformes sociales ralentissent, mais c’est avec l’arrivée d’Édouard Daladier comme président du Conseil en avril 1938 que l’assouplissement se concrétise. Daladier, déterminé à « remettre la France au travail », abolit la « semaine des deux dimanches » (le système 5 × 8 heures avec deux jours de repos, ancêtre des RTT), ramenant la durée légale à 48 heures par semaine.

Cet assouplissement vise à baisser le coût du travail et à attirer les capitaux fuyant la France depuis 1936 (les investissements tombent de 36 milliards de francs en 1930 à 8 milliards en 1938). Des décrets-lois de mai–juin 1938, renforcés en novembre par Paul Reynaud (ministre des Finances), autorisent jusqu’à 50 heures de travail hebdomadaire avec simple préavis, rétablissent le salaire aux pièces, les primes au rendement et dérogent à la limitation du travail de nuit. Reynaud annonce explicitement le 14 novembre 1938 la fin de la « semaine des deux dimanches », libérant les prix et le crédit pour relancer l’économie capitaliste. Dans les secteurs stratégiques comme l’armement, les heures supplémentaires sont facilitées, menant à des semaines de 48 à 50 heures dès la fin des années 1930, et jusqu’à 60 heures en 1940 face à l’offensive allemande.

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Ces mesures suscitent une forte opposition ouvrière. La CGT appelle à une grève générale de 24 heures le 30 novembre 1938 pour abroger les décrets, mais elle échoue en raison d’une tactique modérée (sans occupation d’usines, délais de préavis) et d’une répression gouvernementale massive. Réquisitions de cheminots et de fonctionnaires, 1 000 suspensions, 3 000 licenciements et arrestations de militants. Cet épisode marque la rupture entre la CGT et le gouvernement Daladier. Ces tensions sociales sonnent la fin du Front populaire. Cependant, ce retour en arrière sur les « acquis » facilite le réarmement. Dès le lendemain des décrets de novembre 1938, les investissements affluent, accélérant la production industrielle et militaire. Malheureusement, comme on le sait, le réarmement a commencé trop tard.

Le retour en arrière sur la semaine de 40 heures, motivé par les contraintes du réarmement, révèle les limites du projet social du Front populaire. Le Front populaire aura ainsi incarné le dernier grand élan social avant la guerre, mais aussi la démonstration tragique de l’impossibilité d’une politique déconnectée des réalités économiques et géostratégiques.  

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Emmanuel Macron n’aime ni les juifs, ni les arabes, que ce soit en France, en Israël ou à Gaza

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Manifestation de soutien aux otages israéliens détenus à Gaza, Boulevard Poissonnière à Paris, 5 octobre 2025 © Michel SETBOUN/SIPA

Depuis le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron a clairement montré qu’il n’aime pas les juifs, qu’ils vivent en Israël ou en France. Même si cela peut paraitre contrintuitif, il a aussi montré qu’il n’aime ni n’estime les arabes, qu’ils vivent à Gaza ou en France.

Rue arabe et rue juive

Pour ce qui concerne l’Etat d’Israël, son hostilité s’est renforcée au fil des mois, renvoyant dos-à-dos Israël et le Hamas, menant une campagne de dénigrement à l’égard de l’Etat hébreu, refusant même de récuser le terme absurde de « génocide » face à Gilles Bouleau sur le plateau de de TF1 pour aboutir à mener une campagne pour reconnaitre – et faire reconnaitre – le 22 septembre 2025 un Etat fantôme palestinien sous les applaudissements du Hamas, du Qatar et des djihadistes du monde entier.

A lire ensuite, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Les juifs de France n’ont pas été mieux traités puisqu’Emmanuel Macron a refusé de marcher contre l’antisémitisme le 12 novembre 2023. Il a aussi laissé dériver l’audiovisuel public français et l’AFP – à moins qu’il ne les y ait encouragé ? – qui diffusent tous les mensonges anti-israéliens et antisémites propagés par les relais du Hamas et du Qatar, Al Jazeera en tête ; chaîne qui malgré l’incitation quotidienne à la haine contre les juifs n’a jamais été interdite en France.
Pour mémoire, il n’avait fallu qu’un mois pour faire interdire les médias russes tels que RT France après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Certains attribuent l’absence d’Emmanuel Macron à « la marche pour la République et l’antisémitisme » aux recommandations de son ami et Yassine Bellatar ; ce dernier lui aurait alors expliqué que s’il se rendait à cette manifestation, il provoquerait des émeutes dans les banlieues. Cette façon d’essentialiser les arabes et musulmans de France au point de les associer aux barbares du Hamas montre qu’il ne les estime pas, pas plus qu’il ne les respecte.

Une politique internationale maladroite

Pour ce qui concerne les Gazaouis, Emmanuel Macron se fiche complètement de leur sort, ou même pire, il se sert de leurs souffrances pour ce qu’il croit être son propre intérêt. Ainsi, c’est lui qui le 24 juillet 2025 a fait capoter le plan américain de libération des otages israéliens et le cessez-le feu à Gaza qui était sur le point d’être signé. Ainsi que l’a révélé Marco Rubio, le ministre des Affaires étrangères américain, « les négociations avec le Hamas ont échoué le jour où Emmanuel Macron a pris la décision unilatérale de reconnaître l’État palestinien ».

De même, alors que le président Trump a lancé le 29 septembre 2025 un ultimatum au Hamas qui devait conduire à un accord rapide, à une libération des otages et un cessez-le-feu à Gaza, la France d’Emmanuel Macron vient encore de s’illustrer en tentant de gripper le processus en cours. Ainsi, Jean-Noël Barrot, son ministre des Affaires étrangères démissionnaire, a convoqué en urgence une réunion à Paris ce jeudi 9 octobre 2025 au cours de laquelle il accueillera ses homologues de pays européens et arabes – tiens, Israël n’y a pas été invité ! – pour une réunion destinée à « concrétiser » le plan de paix pour Gaza. Quel plan de paix alors que celui de Trump est en marche et en voie de faire cesser les combats ? Pour faire perdre du temps, prolonger la guerre et le calvaire des otages à Gaza ?

A lire aussi, Ivan Rioufol: Trump et Netanyahou feront-ils bouger l’histoire?

On notera au passage que ceux qui appelaient avec force au cessez-le feu depuis deux ans – et qui l’avaient une seconde fois à portée de la main avec le plan Trump du 29 septembre – semblent moins empressés à le voir se concrétiser… surtout s’il conduit à la disparition du Hamas et de ses alliés djihadistes.

Plusieurs questions se posent alors.

Face à ses échecs répétés sur tous les fronts intérieurs – de sa dissolution ratée aux Premiers ministres successifs qu’il a consommés – les Israéliens et les Gazaouis sont-ils devenus la chair à canon nécessaire à faire exister à l’international un président totalement discrédité en France ? Sa gestion nihiliste de la politique intérieure française doit-elle servir de modèle au Proche-Orient ? À moins que les bonnes vieilles pratiques moyenâgeuses soient ressuscitées par Emmanuel Macron : que les juifs soient les boucs-émissaires destinés à détourner l’attention de ses multiples échecs ?

Charb: on ne panthéonise pas les anarchistes!

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Le dessinateur Charb photographié à Nantes le 21 janvier 2012 © SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

Le journal Charlie Hebdo et la famille du dessinateur Charb demandent sa panthéonisation. Elisabeth Lévy n’est pas de cet avis. Nous vous proposons de l’écouter.


Rappelons que Charb était rédacteur en chef de Charlie. Il a été assassiné le 7 janvier 2015, parce que Charlie avait publié les caricatures de Mahomet parues il y a exactement 20 ans dans le journal danois Jyllands Posten.

Cette idée ne me scandalise pas, mais…

J’avais beaucoup d’affection pour Charb (Ce n’était pas un ami, mais un copain). J’aimais me disputer avec lui. Et c’est parce que j’ai de l’affection pour lui que cette idée lancée la semaine où Robert Badinter fera son entrée au Panthéon ne m’emballe pas.
D’abord au Panthéon il fait froid. Et puis si on veut y mettre Charb, ce n’est pas pour son œuvre mais pour sa mort. En ce cas, pourquoi Charb et pas Cabu, Wolinski et les autres ? pourquoi pas Samuel Paty et Dominique Bernard, et tous les résistants assassinés au fil de notre histoire ?
Cet épisode révèle un malentendu sur le rôle du Panthéon. Il avait déjà surgi avec la proposition de panthéoniser Alfred Dreyfus. Aussi méritantes soient-elles, le Panthéon n’est pas un mémorial pour les victimes des fascismes mais le tombeau d’une super-élite dont l’œuvre restera à l’échelle des siècles.
Bien sûr, Charb avait du courage, il n’a pas cédé à la terreur islamiste. Mais son arme, c’était les dessins, l’humour, la dérision, le déconnage. Le Panthéon c’est trop institutionnel, trop solennel. On ne couronne pas les anarchistes.

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N’enterrerait-on pas ainsi la liberté d’expression ?

Toutefois, ne serait-ce pas une façon de dire notre attachement à la liberté d’expression, objecte-t-on ?
C’est ce que plaident Riss et la famille de Charb dans une lettre au président de la République. Dans son éditorial, Riss écrit aujourd’hui dans son journal : « Que transfère-t-on au Panthéon, des hommes ou leurs idées ? » Il répond : leurs idées et leurs valeurs avant tout. Non. En réalité ce qu’on transfère au Panthéon ce sont des hommes et des femmes illustres, des destins singuliers et pas seulement des grands principes. Riss écrit aussi que cette grave décision « graverait dans le marbre de notre République l’attachement viscéral du peuple français à la liberté d’expression ». Eh bien justement, graver dans le marbre la liberté d’expression c’est très joli mais ce n’est pas ça qui la fera vivre. Et je crains que l’attachement des Français à cette liberté d’expression ne soit pas si viscéral que ça. N’acceptent-ils pas déjà beaucoup de ses amenuisements ?
Il y a mille autres façons d’honorer Charb. On peut par exemple donner son nom à des écoles, à des places ou à des rues. Mais pour qu’il ne soit pas mort pour rien, notre devoir c’est de faire vivre cette liberté, de défendre la liberté d’expression même quand elle choque et est contraire à nos propos convictions. Et en commençant par apprendre à tous les enfants de France qu’au pays de Voltaire et de Charb, on a le droit de se moquer de leur dieu et de tous les autres.


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Patrick Roger

Téléphérique: quand LFI s’en mêle…

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© Île-de-France Mobilités Aymeric Guillonneau – Région Île-de-France

Dans la « Nouvelle-France créolisée » rêvée par Jean-Luc Mélenchon et ses petits amis, hommes et femmes ne s’assiéront plus côte à côte dans les transports publics.


S’il suffisait de parler de téléphérique pour prendre de la hauteur, cela se saurait. Et si du côté des élus LFI on excellait à s’élever et en même temps élever le débat cela aussi se saurait.

Statistiques alarmantes

La députée mélenchonienne de Seine-Saint-Denis et vice-présidente de l’Assemblée nationale, Nadège Abomangoli, vient de donner une énième illustration de cet état de fait. En cause cette fois la prochaine mise en œuvre du câble C1 entre Villeneuve Saint Georges et Créteil du premier téléphérique d’île de France. Dans un message posté sur X, l’élue monte au créneau pour demander que soient prévues des « cabines en non-mixité pour ce nid à agressions sexuelles. » Et de poursuivre : « la non-mixité c’est ce que réclament souvent celles et ceux victimes de violences sexistes, racistes, homophobes, qui explosent partout. » Et de citer à l’appui de ses récriminations les chiffres, alarmants il est vrai, publiés en mars dernier par l’Observatoire national des violences faites aux femmes. Le nombre de victimes déclarées aurait augmenté de 86% en dix ans. En 2024, les forces de l’ordre avaient eu à enregistrer, il est vrai, quelque 3 374 victimes de « violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun », selon l’article du Parisien du 6 octobre consacré à ce sujet. Cela dit, il nous y est précisé également que depuis la mise en service en mai 2022 du téléphérique urbain de Toulouse aucun signalement pour agression sexuelle n’a été enregistré. De quoi, peut-être, calmer un peu les ardeurs séparatistes de Madame la députée.

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Évidemment, au vu des chiffres communiqués par l’Observatoire, on ne peut que constater que la situation est des plus préoccupantes. Mais est-ce que le séparatisme sexué pourrait être la solution ? En profondeur, il s’agit d’une affaire d’éducation, de références culturelles, d’état d’esprit relativement au respect auquel a droit tout être humain, qu’il soit femme ou homme. Affaire aussi de vraie politique répressive pour ces prédateurs sexuels, même ceux qui ne feraient que dans la pathétique, la répugnante pratique de la main baladeuse.

Apartheid de genre

Mais il est bien évident que derrière la revendication de la députée LFI d’installer des cabines non genrées se profile une tout autre préoccupation que la sécurité de celles-z-et ceux qui emprunteront ce moyen de transport. Il n’est pas douteux en effet que la démarche s’inscrit, à quelques semaines des élections municipales, dans une stratégie à la fois électoraliste et identitaire. Venant après l’exigence de non-mixité dans les piscines, les salles de sports et autres lieux, cette nouvelle revendication relève bel et bien d’une ambition communautaire visant à instaurer dans le maximum de lieux publics de notre pays la séparation entre femmes et hommes, cette séparation en vigueur là où d’autres lois ont cours qui n’ont, rappelons-le, rien à voir avec les nôtres reposant sur l’égalité des sexes, et la liberté.

Aussi je m’étonne quelque peu lorsque je vois que les élus et responsables s’opposant à la demande de Madame Abomangoli tombent dans le panneau et font semblant de croire que sa seule préoccupation est la sécurité des usagers, en particulier des femmes. L’enjeu est autre, bien évidemment. Idéologique et politique. Et c’est donc sur ce terrain qu’il conviendrait aussi, et peut-être surtout, de combattre cette énième suggestion d’apartheid.

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Esthétique du gadin

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DR.

Voilà qui tombe à pic. Sur le même mode enjoué qui animait son bouquin précédent, Sales types, ces affreux qui ont changé la face du monde (Lattès, 2022), Benoît Franquebalme s’attaque aux « plus belles gamelles de l’Histoire, du pape Jean XIV à P. Diddy » – c’est le sous-titre donné à son Anatomie de chutes.  

Il n’est pas certain qu’on voie bien le rapport, a priori, entre la gamelle frustrante du pontife renversé par Boniface VII en l’an 984 de notre ère après huit mois sur le trône de Saint Pierre, et la déchéance du rappeur star, Sean Combs de son vrai nom, condamné à quatre ans de taule par le tribunal pénal de Manhattan pour avoir un peu forcé sur les copulations en meute. Ni entre la déconfiture de Jérôme Cahuzac et le lynchage d’Axel de Fersen, triste fin, en ce 20 juin 1810, pour l’inconsolable amant de l’Autrichienne guillotinée.

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Par chance, l’auteur fait un peu de tri dans sa décharge potentiellement énorme, distinguant avec soin, de chapitre en chapitre, la « chute-sabordage » (Syd Barrett, Jean-Luc Delarue) de la « chute rédemptive » (Truong My Lan, José Giovanni) ou encore de la « chute joyeuse » (Goerge Best, Isabelle ‘’ la louve de France’’), sans compter la « chute à mèche lente » (Phil Spector, Bernard Madoff), etc., etc. Commode, le procédé – deux personnages, deux genres de culbute par numéro – permet d’ouvrir la benne à l’infini, du père de l’impôt sur le revenu Joseph Caillaux, « revenu de tout » au point de rebondir spectaculairement, à Richard Nixon qui n’eut pas cette chance, du philosophe Louis Althusser qui, un jour de démence, étrangla son épouse Hélène Rytmann, à Bernard Madoff, le « plus grand aigrefin du XXIème siècle », qui n’aura jamais purgé que douze ans sur les cent-cinquante années de prison prévues par la sentence : comme quoi, la mort a du bon.

Le recueil des dégringolades a cet avantage de ne pouvoir jamais se refermer – c’est la plaie ouverte de l’Histoire, et elle ne cicatrise pas. Au présent volume –  à peine deux-cent pages, il est vrai truculentes à souhait –  l’on serait tenté de suggérer un versant prospectif : par exemple, qui tombera le premier ? Macron (sa vie est devenue un poison) ? Bachar al-Assad (lui, il vient d’être empoisonné) ? la maire Hidalgo (elle n’a plus rien à se mettre) ? Raul Castro, Nicolás Maduro ou Miguel Diaz-Canel (au jeu d’échec des satrapes) ? Manuel Valls (quel point de chute) ?

Anatomie de chutes, par Benoît Franquebalme. 204 pages, Buchet Chastel, 2025

« C’est difficile de choisir la vie »

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Mali Zander. DR.

Noa avait 23 ans. Elle a été assassinée au festival Nova le 7 octobre 2023. Mali Zander, mère en deuil et infirmière-chef à l’hôpital Tel HaShomer de Tel-Aviv, continue de venir en aide aux soldats blessés et aux ex-otages. Cette fraternité et cette résistance sont l’autre face de cette tragédie. Reportage.


Le salon familial est devenu un mémorial. Noa Zander, assassinée à 23 ans, est partout. En magnet sur le réfrigérateur. Sur les briquets et casquettes que nous offre sa mère Mali, belle femme d’une cinquantaine d’années, infirmière-chef du service de médecine générale l’hôpital Tel Hashomer, centre hospitalier géant à l’est de Tel Aviv. Sur ce tableau emblématique du kitsch judéo-israélien posé sur un chevalet. En photo, comme sur ce magnifique cliché en noir et blanc pris dans le bar où elle travaillait pour financer un séjour à New York. Elle y avait organisé une fronde pour obliger les patrons à conserver des employés arabes. Mais elle y était très appréciée. Belle fille, bonne copine, bénévole auprès d’enfants handicapés, la quatrième et petite dernière de la famille Zander semble avoir été toute sa courte existence la plus populaire de la classe. « Elle faisait entrer la lumière dans la maison », murmure Mali en montrant un autre cliché, le dernier pris avec Noa. C’était le 5 octobre, elle avait volé deux heures pour déjeuner avec ses parents. Après-coup, tous les détails parlent. « Au retour, Noa m’a montré le fonctionnement de la radio connectée et on a écouté ensemble une chanson qui parle de séparation. »

Ces objets inanimés, comme la planche de surf sur laquelle le moniteur de Noa a peint des motifs bariolés évoquant la jeune femme, font flotter le parfum de la vie d’avant dans le pavillon de Rishon le Tsion, typique de cette classe moyenne israélienne qui s’est embourgeoisée en travaillant dur. Ils racontent une famille joyeuse, aimante, tolérante, accueillante, où les parents sont heureux de voir leurs enfants s’envoler. On s’attend à voir la porte s’ouvrir et Noa entrer, pleine d’histoires et de projets. Très vite tout le monde pleure, y compris mes deux amies, Ayyam Sureau, qui m’accompagne dans ce court périple israélien, et Corinne, la sœur de notre photographe Hannah, qui vit à Jérusalem et doit traduire, car Mali ne parle pas anglais, ou pas assez bien pour oser. Deux heures plus tard, après un marathon émotionnel et force cafés-gâteaux, Corinne et Mali découvrent, en mentionnant leurs origines marocaines qu’elles sont proches parentes et s’entre-tombent dans les bras en riant aux éclats. Le monde est petit, dit-on en pareil cas. Mais Israël, c’est petit pour de vrai. Dans le deuil, on n’est jamais seul.

Mali raconte encore et encore cette journée où son monde s’est écroulé. Le dîner de Simhat Torah en famille, le départ tardif de Noa avec Daniel, le garçon dont elle est amoureuse depuis quelques mois. C’est seulement en arrivant sur le site de Nova, à 5 heures du matin, qu’ils réalisent qu’ils sont à quelques kilomètres de Gaza. Mali connaît le déroulé minute par minute. A 6h29, ils quittent la fête. Et puis, il y a cet instant fatal où se joue le destin de Noa. Alors qu’ils roulent vers le nord et la sécurité, une voiture de police leur ordonne de faire demi-tour. Retour à Nova. À 7h01, Mali parle à sa fille qui lui envoie une photo de Daniel et elle, réfugiés dans un abri avec plusieurs dizaines de festivaliers. « Il me protège. », écrit-elle. C’est pour la protéger que Daniel sort inspecter les alentours. Mais les tirs reprennent et il doit se cacher. Deux heures plus tard, Noa est fauchée en sortant à son tour.

Sur les boucles whattsapp de tout le pays, les images et les nouvelles atroces se succèdent fiévreusement. À 9 heures, Mali enfile son uniforme. On a besoin d’elle à l’hôpital. « J’ai pensé que si je faisais du bien, Dieu m’en ferait à moi aussi. » À Tel Hashomer, c’est le balagan (chaos), personne n’a d’information, les familles piétinent dans l’angoisse. Le ballet des hélicoptères convoyant des blessés est incessant.  À 11 H18, une amie de de sa fille l’appelle : Noa est morte, c’est Daniel qui l’a prévenue. Mali continuera à espérer jusqu’à ce coup du fil d’un ministère, le vendredi suivant : « Où voulez-vous enterrer votre fille ? » Ses collègues arabes (très nombreux dans le milieu hospitalier) lui demandent s’ils peuvent venir présenter leurs condoléances. Elle accepte, même si, au début, elle a du mal à les regarder dans les yeux.

Mali Zander n’est pas seulement une mère endeuillée victime de la haine barbare du Hamas. Cette héroïne de tragédie incarne l’autre face du 7-Octobre – la fraternité la résistance, la volonté de ne pas plier.  « Chaque matin, c’est difficile de choisir la vie », dit-elle. C’est pourtant c’est ce qu’elle fait chaque jour depuis deux ans en aidant les survivants et les blessés. Elle est heureuse de voir des familles réunies et des mères soulagées, même si cela lui rappelle son infortune. Elle se souvient de ce soldat blessé qui ne voulait pas qu’elle lui enlève ses chaussures parce que ça sentait trop mauvais. Elle lui a donné son téléphone – « Appelle ton père ». Et elle l’a entendu dire « Je suis vivant ». Ces mots qu’elle n’a pas eu la joie d’entendre.

À partir de novembre 2023, elle forme les équipes chargées de traiter les otages qui rentrent au compte-goutte. Après avoir accueilli les premiers captifs pris à Nova, en sortant de l’hôpital à 4 heures du matin, assise dans sa voiture, elle hurle de douleur. « Pourquoi n’ai-je pas eu droit à ça moi aussi ? ». Ces revenants de l’enfer veulent connaître son histoire. Ils la prennent dans les bras pour la consoler comme elle les console. Ils se comprennent. Elle n’a pas le droit de divulguer ce qu’elle a entendu. « Nous soignons les corps, mais les âmes sont brûlées pour toujours ». Quand on pense au calvaire de ceux qui, depuis deux ans, croupissent dans les tunnels de Gaza, on se dit que Noa a peut-être eu de la chance.

La vie a la vie dure. Une petite-fille est née chez Hen, la soeur de Noa, journaliste pour la chaine 13. Quand elle ne travaille pas, Mali s’emploie à faire vivre la mémoire de sa fille en donnant des conférences. Toute la famille se rend sur le site de Nova où a été édifié un mémorial bouleversant. Mais Mali ne veut pas parler politique. Pas plus qu’elle ne parle des assassins, totalement absents de son récit. Son mari, lui, milite pour la tenue d’une commission d’enquête qui lui dira qui est responsable de la mort de sa fille.

Vacances scolaires: déchristianiser pour mieux régner?

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Issy les Moulineaux, 2024 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

À l’école, certains rêvent de renommer les vacances de la Toussaint ou de Noël. Le gouvernement écarte l’idée, ayant pour l’instant d’autres chats à fouetter.


Décadi 10 vendémiaire de l’an républicain CCXXXIV, le Conseil Supérieur de l’Education a adopté par 44 voix « pour » et sept voix « contre », sur proposition du syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré, la FSU-SNUipp, une motion visant à modifier le nom des vacances de la Toussaint et des vacances de Noël, afin de les « laïciser » en supprimant toute référence chrétienne dans leur appellation.

Avidité ultra-progressiste

Retour d’un fantasme au moins aussi vieux que la révolution, qui n’est qu’un aspect parmi beaucoup d’autres de la volonté d’effacer la culture française pour mieux laisser libre cours à l’ingénierie sociale des « avant-gardes éclairées », qu’on les appelle « cercle de la Raison », « partis de gouvernement » ou « arc républicain ». Comme l’écrivait Maurice Druon, certains sont avides de « couper les nouvelles générations des acquis ancestraux » afin de « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Cette proposition a, semble-t-il, été rejetée par le ministère, du moins pour l’instant. Tant mieux. Le soutien massif qu’elle a reçu au sein du CSE doit néanmoins alerter, tout comme la volonté de déchristianisation assumée et militante qui l’inspire. Si tous les Français ne sont évidemment pas chrétiens (à commencer par votre serviteur), la France est de culture chrétienne, d’une culture littéralement impensable, impossible à penser, sans les références chrétiennes et l’ethos chrétien, plus précisément catholique (précisons que le catholicisme auquel je pense ici est celui de Saint Louis et Jacques de Longuyon, pas celui qui bénit les glaçons et glorifie l’islamisation migratoire). « Du passé faisons table rase » est par définition un projet totalitaire, et derrière le charme poétique du calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine, il y avait la guillotine, la baignoire nationale et les colonnes infernales !

Un nouveau séparatisme

Il est cocasse d’entendre la FCPE (parmi d’autres) invoquer la laïcité pour défendre cette mesure, quand on se souvient que la même FCPE ne s’était pas gênée pour encourager la normalisation du hijab – toujours au nom de la laïcité ! – dans une affiche qui avait beaucoup fait réagir il y a quelques années (la FCPE avait d’ailleurs porté plainte contre feu Laurent Bouvet, lui reprochant d’avoir parodié cette image pour en démontrer l’absurdité). Ironie de l’histoire, le député montagnard Pierre-Louis Bentabole (1756 – 1798), lui, avait fini par s’opposer au projet de calendrier républicain en déclarant : « Lorsque Mahomet, conquérant et législateur, donna une autre ère aux peuples soumis à sa puissance, son but fut de les séparer du reste des hommes et de leur inspirer un respect superstitieux pour le culte qu’il leur prescrivait. » On ne se prononcera pas sur la pertinence du propos de cet élu en ce qui concerne le calendrier islamique, mais on notera qu’en parlant de volonté de séparation, il touche probablement au cœur du projet moderne du CSE. Séparer les jeunes générations des traditions et des références culturelles de leur pays, en faire des déshérités sans repères, sans recul historique qui leur permettrait de porter un regard critique sur l’idéologie officielle et sur les modes du moment, « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Aujourd’hui comme hier, la République aux mains de la gauche estime que la France lui appartient pour en disposer selon son bon plaisir : pour en capter les richesses aux moyens des impôts les plus élevés de l’OCDE, pour y faire venir du monde entier ses clientèles et ses alliés, pour en rééduquer le peuple du haut de son mépris et à coups de mensonges. Ainsi de cet « historien spécialiste de l’immigration », Gérard Noiriel, essayant de faire croire qu’il n’y aurait pas d’immigrés en Seine-et-Marne, ou de ce magazine, Télérama, qualifiant la cuisine régionale de « réactionnaire, passéiste et nationaliste ». Le « j’assume tout » de Napoléon n’est visiblement pas parvenu à refermer la boîte de Pandore, et les efforts de De Gaulle n’ont pas suffi à remettre le régime au service de la nation : la gauche continue à trouver normal que la nation soit au service du régime.

Déchristianisation et islamisation

Mais ce que Bentabole n’imaginait probablement pas il y a deux siècles, malgré sa référence à Mahomet, c’est que le projet de séparer les Français du passé et de l’identité de la France, finirait par s’accompagner d’un projet d’islamisation massive du pays, et plus largement de l’Europe. Ce n’est un secret pour personne, entre l’évidence de la politique migratoire (y compris le refus obstiné d’exercer les pressions nécessaires à l’exécution de plus d’une fraction des OQTF), les déclarations de Gérald Darmanin sur « la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République[1] » (ce qui nous en apprend beaucoup plus sur ladite République que sur l’islam) et celles sur « la France telle qu’on voudrait qu’elle soit[2] » de Delphine Ernotte (à la tête des médias officiels de cette République, en laquelle on peine décidément à trouver quoi que ce soit qui demeurerait de l’esprit du Grand Charles), ou encore les actions de l’Union européenne. Ce qui est moins clair, c’est de savoir quel est le but et quels sont les outils, entre disparition programmée de l’identité française, anti-christianisme, et volonté d’islamisation.

La gauche veut-elle aujourd’hui effacer le christianisme pour mieux laisser la place à l’islam, ou encourage-t-elle l’islam parce qu’elle voit en lui un allié contre le christianisme ? Veut-elle effacer le christianisme pour mieux se débarrasser de l’identité française, ou veut-elle effacer l’identité française parce que le christianisme en fait partie et qu’elle le hait ? Dans tous les cas, j’en tire la même conclusion : il est indispensable d’affirmer fermement, fièrement et même joyeusement cette identité, y compris dans ce qu’elle doit au christianisme, partie intégrante de ce que Marc Bloch appelait son « héritage spirituel ». « La France demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé. Nourri de son héritage spirituel et de son histoire, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. » (Oui, on croirait parfois entendre un autre intellectuel français, juif et patriote bien connu…) Nous ne sommes pas une page blanche sur laquelle des idéologues pourraient écrire selon leur bon plaisir : nous avons un passé, des traditions, un ancrage, une identité sur lesquels nous appuyer pour refuser que l’oligarchie gauchiste décide de notre avenir à notre place, pour refuser l’effacement de notre art de vivre et de notre décence commune, dont assurément nous n’avons pas à rougir. Au sein de la civilisation d’Athéna, nous sommes le pays de Jeanne d’Arc. Et ce n’est pas une nostalgie, c’est une promesse.

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[1] https://www.la-croix.com/Religion/Gerald-Darmanin-lislam-religion-moins-difficulte-travailler-Republique-2020-09-18-1201114744

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/medias/representer-la-france-telle-qu-on-voudrait-qu-elle-soit-ce-que-revele-l-aveu-de-la-presidente-de-france-tv-20230711

Akhannouch, bouc émissaire idéal

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M. Aziz Akhannouch, Premier ministre du Royaume du Maroc, en visite à Paris le 22 février dernier © Gabrielle CEZARD/SIPA

Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch concentre les critiques du mouvement GenZ 212. Le roi parlera en fin de semaine.


Il y a une grande similitude entre Emmanuel Macron et Aziz Akhannouch. Les deux représentent une parenthèse politique qui est en train de se refermer dans leurs pays respectifs. Le Mozart de la Finance a échoué à sauver la France. Le Mozart des Affaires, milliardaire multicartes, a échoué à alléger le malaise économique au Maroc. Les deux sont détestés par une partie significative de l’opinion publique, très active sur les réseaux sociaux.  Les épouses des deux sont vilipendées à des degrés divers. Si Brigitte intrigue les Français, Selwa Akhannouch attire la haine des envieux et des ratés parce qu’elle est riche et ne le cache pas. Elle investit activement dans les shopping centers de luxe, le genre de secteur qui « ne passe pas » dans un pays du tiers-monde, surtout quand les gens ont du mal à boucler leurs fins de mois.

Cela dit, le Maroc n’est pas la France. Et les similitudes s’arrêtent ici probablement.

Un héritier

Akhannouch est un berbère de la région d’Agadir. C’est un héritier, mais pas seulement, car il a beaucoup travaillé pour devenir une des premières fortunes du pays, estimée à plus de 1.6 milliard d’USD selon Forbes. Il est actif dans l’agriculture, la distribution d’hydrocarbures, l’immobilier, l’environnement etc. Il est formé au Canada et pas en France, la pépinière traditionnelle des élites marocaines.

Il n’est pas vraiment à l’aise en public et à l’oral. Il a du mal avec l’Arabe classique, la langue magique qui séduit l’inconscient collectif marocain. Quiconque la maîtrise a un avantage certain en politique, même chez les Berbères. Akhannouch se rattrape par sa puissance de frappe : l’argent et l’organisation. Son parti de centre-droit, le Rassemblent National des Indépendants (RNI), ne manque de rien. Il dispose d’une stratégie digitale très pointue et d’une formation interne très active. Il est surtout très bien vu du Makhzen, ce qui au Maroc est un talisman qui désarme les préventions de l’administration et du peuple.  Le RNI est arrivé au pouvoir en 2021 après avoir gagné les élections sur la promesse de l’efficacité et du progrès. Il s’est présenté comme l’antithèse des islamistes en place depuis 2011 et qui ont été globalement des amateurs en matière de gestion et de croissance. Sous leur coupe, le pays aurait pu stagner, sans l’intervention décisive du Makhzen, qui via différents canaux d’investissement et d’intervention dans l’économie, a pu faire avancer le pays.

Immense colère

Au bout de quatre ans, le RNI est sur les rotules. La croissance économique n’est pas au rendez-vous, le niveau de vie est en baisse continue. Et contrairement aux islamistes (qui ont quand même quelques qualités), le RNI s’est empêtré dans des scandales de corruption et des conflits d’intérêts extrêmement indécents. Face à la hausse des prix de la viande, le gouvernement a mis des fortunes sur la table pour inciter les entrepreneurs à importer du fourrage, des moutons vivants à abattre ou bien de la viande bovine (brésilienne notamment). Les Marocains n’ont pas vu la couleur de ses subventions sur les étals du boucher. Et cerise sur le gâteau, en pleine crise hydrique (le climat s’assèche à vitesse grand V au Maroc depuis sept ans), Akhannouch a remporté l’appel d’offres de la construction d’une méga-station de dessalement de l’eau à Casablanca. Et le plus naturellement du monde, il s’en justifie en invoquant le fait que sa société et ses associés ont présenté le meilleur prix… dans un appel d’offres écrit et jugé par l’administration qu’il dirige lui-même. Peu importe sa sincérité, le conflit d’intérêt est tellement gigantesque qu’il ne souffre aucune excuse.

Quand tout va bien, les gens regardent ailleurs. Mais, aujourd’hui, les Marocains ont du mal à boucler les fins de mois. Les pauvres se nourrissent moins bien et les classes moyennes commencent à retirer leurs enfants des écoles privées parce qu’elles ne peuvent plus payer les mensualités. D’où l’immense colère qui s’abat depuis une semaine sur Akhannouch et son gouvernement.

Colère justifiée, mais aussi colère malsaine, car elle est animée par un brin de jalousie. Personne n’aime les riches, surtout quand ils leur ressemblent, car ils leur démontrent que le succès est possible.

Non, il ne faut pas blâmer les foules mais le système qui a confié les affaires du pays à un parti comme le RNI et à un milliardaire. Le RNI est un parti de notables, sans idéologie. Son credo se limite grosso modo à « enrichissez-vous ». Pourquoi pas ? Cette vision peut avoir sa place à la tête du Ministère des Finances ou de l’Industrie, mais pas à la tête d’une équipe qui est censée guider un peuple qui souffre. 

Puisque l’on parle de conflits d’intérêts, votre serviteur en a un, lui aussi. Mon père était sympathisant du RNI et admirateur de son fondateur, Ahmed Osman. Il s’agissait du parti idéal pour quelqu’un comme mon père, un entrepreneur, un notable, un monarchiste, un progressiste qui veut bien du progrès technique mais pas de la révolution sociale. Mais, le Marocain n’est pas comme ça, il a d’autres besoins.

Il est trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de Monsieur Akhannouch. La classe politique est en train de se retourner contre lui, progressivement. Elle espère peut-être que son départ suffira à apaiser l’opinion publique. Possible. Cela dit, il n’y a personne à mettre à la place. Les islamistes sont démonétisés, la gauche est atteinte du même syndrome que le RNI depuis qu’elle n’a plus d’idéologie.

Avant de mourir, mon père disait souvent : « il y a gens bien payés pour régler ce genre de problème, qu’ils se démerdent, sers-moi plutôt un verre de rouge et donne un bout de pain et du beurre ! »

Je lui désobéirai encore une fois pour dire une dernière chose.

Que Monsieur Akhannouch serve de bouc émissaire n’est pas un drame.  C’est le jeu. Mais, la solution à l’équation marocaine est beaucoup plus complexe que cela.

Akhannouch a eu le mérite de démontrer aux Marocains et au monde que le Maroc est un vivier de forces vives prêtes à éclore. Au lieu de les vilipender, il convient de les encourager à sortir de leur réserve, à condition qu’ils fassent des affaires et seulement des affaires. La politique et les idées ont besoin d’autres profils, dont l’âme vibre non pas pour l’argent mais pour la gloire. Le Maroc a vivement besoin de gens du calibre d’un Mehdi Ben Barka en politique et d’un Mehdi El Mendjra dans le champ des idées. Ces deux élites du passé avaient besoin de liberté. Les candidats à milliardaire n’ont besoin que de la liberté économique. Et les candidats au magistère politique ou moral ont besoin de la liberté de conscience et d’expression. Deux versants de la Liberté que les mentalités arabes et nord-africaines regardent avec suspicion.  Mais, comme dirait mon père : « baraka min el hadra ou koumu tkhadmu » (assez de palabre et au boulot !).

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