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Esthétique du gadin

Benoît Franquebalme publie « Anatomie de chutes » (Buchet Chastel)


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Voilà qui tombe à pic. Sur le même mode enjoué qui animait son bouquin précédent, Sales types, ces affreux qui ont changé la face du monde (Lattès, 2022), Benoît Franquebalme s’attaque aux « plus belles gamelles de l’Histoire, du pape Jean XIV à P. Diddy » – c’est le sous-titre donné à son Anatomie de chutes.  

Il n’est pas certain qu’on voie bien le rapport, a priori, entre la gamelle frustrante du pontife renversé par Boniface VII en l’an 984 de notre ère après huit mois sur le trône de Saint Pierre, et la déchéance du rappeur star, Sean Combs de son vrai nom, condamné à quatre ans de taule par le tribunal pénal de Manhattan pour avoir un peu forcé sur les copulations en meute. Ni entre la déconfiture de Jérôme Cahuzac et le lynchage d’Axel de Fersen, triste fin, en ce 20 juin 1810, pour l’inconsolable amant de l’Autrichienne guillotinée.

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Par chance, l’auteur fait un peu de tri dans sa décharge potentiellement énorme, distinguant avec soin, de chapitre en chapitre, la « chute-sabordage » (Syd Barrett, Jean-Luc Delarue) de la « chute rédemptive » (Truong My Lan, José Giovanni) ou encore de la « chute joyeuse » (Goerge Best, Isabelle ‘’ la louve de France’’), sans compter la « chute à mèche lente » (Phil Spector, Bernard Madoff), etc., etc. Commode, le procédé – deux personnages, deux genres de culbute par numéro – permet d’ouvrir la benne à l’infini, du père de l’impôt sur le revenu Joseph Caillaux, « revenu de tout » au point de rebondir spectaculairement, à Richard Nixon qui n’eut pas cette chance, du philosophe Louis Althusser qui, un jour de démence, étrangla son épouse Hélène Rytmann, à Bernard Madoff, le « plus grand aigrefin du XXIème siècle », qui n’aura jamais purgé que douze ans sur les cent-cinquante années de prison prévues par la sentence : comme quoi, la mort a du bon.

Le recueil des dégringolades a cet avantage de ne pouvoir jamais se refermer – c’est la plaie ouverte de l’Histoire, et elle ne cicatrise pas. Au présent volume –  à peine deux-cent pages, il est vrai truculentes à souhait –  l’on serait tenté de suggérer un versant prospectif : par exemple, qui tombera le premier ? Macron (sa vie est devenue un poison) ? Bachar al-Assad (lui, il vient d’être empoisonné) ? la maire Hidalgo (elle n’a plus rien à se mettre) ? Raul Castro, Nicolás Maduro ou Miguel Diaz-Canel (au jeu d’échec des satrapes) ? Manuel Valls (quel point de chute) ?

Anatomie de chutes, par Benoît Franquebalme. 204 pages, Buchet Chastel, 2025



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