Le fils de l’ancien président a officialisé sa candidature aux municipales sur les réseaux sociaux le 8 septembre. Présent à Washington lors de l’investiture de Donald Trump, chroniqueur à Paris chez Valeurs actuelles et LCI, saura-t-il séduire l’électorat de la Côte d’Azur? Ses opposants parviendront-ils à barrer la route à celui qu’ils présentent comme un «héritier» et un «kéké masculiniste» trop présent sur les réseaux sociaux? En attendant le scrutin du 15 mars, sa femme doit accoucher de son premier fils, Sylla, dans les prochains jours.
Fils de l’ancien président, Louis Sarkozy se lance en politique à Menton (06). À la bonne presse, il affirme qu’il part en croisade contre le RN – ses détracteurs disent de leur côté que c’est pour son égo. Entre virilité Instagram, héritage paternel et ambitions municipales, la droite française tient là son nouveau feuilleton.
Un candidat viral
Il fallait bien que cela arrive : après les influenceurs, les militants et les coachs de vie, voici le fils Sarkozy qui entre en politique. Louis, le plus discret de la fratrie, s’est donc choisi un destin électoral : il sera candidat aux municipales à Menton en 2026. Oui, Menton, la ville paisible où les retraités bronzent, les bougainvilliers prospèrent, et où le nom de Sarkozy résonne encore comme un vieux refrain plaisant…
Le jeune homme a officialisé sa candidature sur ses réseaux. La stratégie est claire : jouer la carte du « non-politicien », du garçon « authentique », barbu, tatoué, amateur de jujitsu et de chiens. Il se met en scène à la fois comme philosophe de bistrot et Spartiate du dimanche. Une esthétique très « post-droite américaine » : muscles, morale et muselière à la bien-pensance.

Pourquoi Menton ? Parce qu’il fallait bien un décor pour le feuilleton
Les mauvaises langues disent qu’il aurait pu choisir Neuilly (92), mais qu’il a préféré Menton pour l’exotisme électoral. En vérité, la ville frontalière est un terrain symbolique : bastion où le RN rôde, où la droite classique s’essouffle, et où un « Sarkozy junior » peut tenter la reconquête.
Ce choix n’a rien d’anodin. Menton, c’est une carte postale politique : le sud, la mer, le soleil, et une France qui vote plus qu’elle ne tweete.
En s’y implantant, Louis Sarkozy se donne un visage local, loin des paillettes de New York et du nom paternel omniprésent. Mais on ne se refait pas : derrière le coup de com’, les « barons » de la droite régionale veillent déjà. Une rumeur insistante évoque un parrainage discret de figures LR azuréennes, trop contentes d’avoir un « nom » à coller sur leurs tracts.
La mue idéologique : plus à droite que papa ?
Louis Sarkozy se revendique « libéral-conservateur », soit le mélange parfait pour séduire un électorat de droite désabusé : sécurité, ordre, liberté individuelle, mais sans toutes les compromissions du macronisme. Certains observateurs étrangers ont même osé le qualifier de « plus à droite que son père ». On imagine le dîner de famille.
Ses posts sur X et Instagram transpirent la virilité réflexive : citations sur l’honneur, le courage, le devoir, défense du port d’armes (américaines, évidemment), et mépris discret pour les « délicats ». On croirait lire un essai de Jordan Peterson adapté à la Riviera. Mais derrière cette esthétique du combat permanent, on peine encore à saisir le fond programmatique. Quelles propositions concrètes pour Menton ? Pour l’instant, silence radio.
Disons-le : Louis Sarkozy maîtrise son époque. Il ne fait pas campagne, il performe sa campagne. Chaque story est calibrée, chaque phrase est une punchline prête à être retweetée. Le résultat ? Des millions de vues, des débats enflammés, des commentaires oscillant entre admiration et moquerie. Il est devenu, en quelques semaines, le « Sarko 2.0 » : un mélange d’héritier et d’influenceur.
Mais la viralité a ses limites : trop d’image, pas assez de chair ; trop de posture, pas assez de vision ; et un risque permanent : devenir un mème politique, pas un maire crédible. À force de se filmer en train de parler de « valeurs », il risque de finir comme une valeur cotée à la Bourse du buzz — instable et spéculative.
Ce que les lecteurs conservateurs doivent en penser (et qu’ils penseront sans doute déjà)
Soyons sérieux : Causeur n’a jamais cru que des abdominaux bien dessinés suffisaient à gouverner. Alors, jugeons sur pièces.
1. Le projet local : Menton, ce n’est pas une story sur Instagram. C’est une ville, avec des trottoirs, des impôts locaux, et des pêcheurs qui votent. On attend donc encore le programme.
2. La stature politique : Fils de, certes. Mais sans ancrage partisan clair. Un pied dans LR, un œil vers Reconquête, un ton d’influenceur apolitique. Un cocktail instable…
3. La droite à reconstruire : S’il croit incarner le renouveau, qu’il commence par fédérer — pas par diviser entre « vieux ringards » et « nouveaux virils ».
4. L’épreuve du temps : Une élection municipale, ce n’est pas un sprint médiatique. C’est une guerre d’usure. La story de 24h ne suffit pas à tenir de longs mois…
Bref, les conservateurs avertis verront dans ce lancement un mélange de sincérité, d’opportunisme et de storytelling. Mais au moins, Louis Sarkozy tente-t-il quelque chose, ce que peu de fils d’ex-présidents ont osé faire autrement qu’en costume trois pièces sur les plateaux télé.
Le buzz ne fait pas un maire
La candidature Sarkozy fils révèle surtout un vide : celui de la droite en quête de récit. Tandis que le RN prospère sur la colère, que LR s’endort sur ses sigles, et que Reconquête se regarde dans le miroir, un jeune homme décide de réinvestir le symbole « Sarkozy » — cette marque politique qui continue d’agiter les esprits, quinze ans après.
Le pari est malin : surfer sur la nostalgie paternelle tout en se présentant comme la relève rebelle. Louis Sarkozy aura réussi une chose : se faire remarquer. En 2025, c’est déjà la moitié du chemin vers une carrière politique. Mais les Mentonnais ne voteront pas pour un profil viral. Ils voteront peut-être pour celui qui saura régler les problèmes de leur ville — et résister à la tentation de se regarder en selfie. S’il y parvient, on pourra dire que le fils Sarkozy n’a pas seulement hérité d’un nom, mais d’un vrai sens de l’action. Sinon, il rejoindra la longue liste des « héritiers » : beaux, éloquents, et parfaitement inutiles.




