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Mucha à Aix-en-Provence

D’Alfons Mucha, on connaît surtout les affiches — affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt, affiches publicitaires pour les cigarettes Job ou Moët & Chandon. Mais en se rendant à l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, notre chroniqueur a découvert un autre Mucha, que de son propre aveu il connaissait moins bien. Profitons, ce n’est pas tous les jours que Brighelli avoue ne pas complètement maîtriser quelque chose…


« Mucha, maître de l’Art Nouveau », dit l’affiche. Et dès l’entrée, on trouve ce que l’on était en droit d’attendre : de jolies jeunes femmes peintes au milieu des guirlandes de fleurs.
Mais l’artiste austro-hongrois (il est né en Moravie, l’actuelle Tchéquie, en 1860) fut aussi un nationaliste passionné, et l’exposition de l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, parcourt les diverses aires d’exercice de ce peintre surdoué, et ses divers sujets de prédilection.
S’il a commencé sa carrière dans son pays natal, c’est en venant à Paris en 1887 qu’il explose véritablement.
Il vit de travaux publicitaires, et se trouve par hasard, fin décembre 1894, dans l’imprimerie qui doit réaliser l’affiche de Gismonda, le drame de Victorien Sardou où joue Sarah Bernhardt. Elle vient, il est là, elle le sollicite : c’est ce que les anciens appellent le kairos, l’art d’utiliser sa chance, qui, comme on le sait, n’a qu’un cheveu qu’il faut se dépêcher de saisir.
La star (je sais, c’est un anachronisme, mais c’est très exactement ce qu’elle est) l’engage pour six ans. Il est définitivement lancé.

Les affiches de scène de Mucha sont bien là, Médée, La Dame aux camélias, Lorenzaccio, Hamlet — toutes à la gloire de la plus grande comédienne du temps. Et, dans la foulée, les grands panneaux décoratifs sur les Arts, les Fleurs ou les Heures du jour.
La révolution industrielle aidant, il gagne aussi sa vie en dessinant des publicités, par exemple pour les papiers à cigarettes Job, le PLM, les biscuits Lefèvre-Utile ou pour Moet & Chandon.

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De façon significative, il revient à des thèmes religieux — par exemple la magnifique Vierge aux lys. Les fleurs dont il a nourri ses toiles prennent alors un sens symbolique qui l’éloigne sérieusement des joliesses de l’art Nouveau.

Mucha est parti de Moravie en emportant à la semelle de ses souliers la terre de son pays. C’est là que l’exposition dévoile des toiles peu connues, dont le thème central est l’exaltation des Slaves : il retourne en Bohème, au château de Zbiroh, et peint L’Epopée slave. La toile finale, Les Slaves au service de l’humanité, est grandiose, et s’éloigne du style décoratif auquel on voudrait réduire Mucha, qui dessine billets de banque et timbres-poste pour le tout nouvel État Tchécoslovaque.

Il s’agit alors d’une peinture réellement politique. Voir l’étonnant tableau Le Baiser de la France à la Bohème (1919), qui nous rappelle combien notre pays était lié aux nations d’Europe centrale — une très vieille amitié que quelques bombes larguées par l’armée française sur Belgrade en 1999, pour complaire aux Allemands et aux Américains, ont fait éclater en morceaux.
Lorsque les Nazis entrent à Prague, en mars 1939, ils se hâtent d’arrêter Mucha — slave et franc-maçon. La Gestapo l’interrogera trois semaines durant, ce qui n’améliorera pas sa pneumonie. Libéré, il meurt le 14 juillet. L’Église lui refuse tout enterrement chrétien, parce qu’il est franc-maçon, et il est balancé dans une fosse commune.
Restent heureusement les œuvres, que les barbares n’ont pas brûlées. Un oubli, sans doute.

Transportez-vous donc jusqu’à Aix-en-Provence, il fait beau dans le Midi, il fait chaud, l’hôtel de Caumont (rue Joseph Cabassol, à deux pas du Cours Mirabeau) est une petite merveille du XVIIIe siècle admirablement restaurée, ce sera l’occasion de flâner de façon intelligente. Et l’expo est ouverte jusqu’au 24 mars.

Catalogue Mucha, maître de l’Art Nouveau, 192 p.

Alphonse Mucha. Maître de l'Art nouveau (catalogue officiel d'exposition)

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BECKETT, urgent – UNE petite merveille et DEUX dernières dates!

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« Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle. 1h20 de pur régal.


Précautions d’usage. 1) J’écris ce texte pour faire des heureux. 2) Je suis comme vous (peut-être) : si je le respecte évidemment, je n’aime pas particulièrement Beckett (ni Thomas Bernhard, ni Cioran – je n’aime pas le ressassement en général).

Je ne lis donc presque jamais Beckett. Mais je vais l’entendre de temps à autre – pour me rappeler son propos, sa langue, retenir une phrase ou un mot qui pourraient consonner avec mes « préoccupations ». C’est tout. Entre Stendhal et Beckett, j’ai choisi. Pas Beckett, donc.
Mais je suis allé voir « Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle – vu il y a 20 ans à la Colline, jamais revu, jamais relu.
Et là, avec la comédienne Véronique Boulanger, je n’ai pas été intéressé : j’ai été épaté. Une heure vingt de pur régal.
Imaginez une comédienne dont on n’aperçoit que le buste (première partie), puis que la tête (deuxième partie). Et qui pourtant nous embarque absolument, dans un moment assez noir (Beckett) mais tellement – tellement – expressif : on est stupéfait de voir ce qu’elle fait passer, à travers des mimiques irrésistibles et une diction de haute fantaisie. Elle est drôle (la pièce aussi, en dépit de sa noirceur), piquante, puissante.
On voudrait convaincre les grincheux, les « qui ont leur p’tite idée » sur Beckett (comme sur tout) – les convaincre qu’ils doivent, là, céder. Nous faire confiance. Je le redis : je partage leurs préventions sur Beckett. Leur frilosité. Mais là… non. Vraiment : non.

Une soirée de rêve (lundi 29 janvier à 21H) ou un apéritif enthousiasmant (dimanche 28 janvier, à 19H) : ce sont hélas les deux seules (et dernières) dates au Nesle. Avant (on l’espère sincèrement et nous y serons) une reprise bientôt : c’est le destin de ce genre de petit miracle.
D’ailleurs : la pièce était au Petit Hébertot avant de poursuivre sa route au Nesle. À suivre ?


Oh les beaux jours, de Samuel Beckett, mise en scène et avec Véronique Boulanger (et la présence funambulesque de Jérôme Keen).
Dernières : dimanche 28 janvier à 19H et lundi 29 janvier à 21H. Durée : 1H20.
Théâtre de Nesle : 8, rue de Nesle 75006 Paris. Tél : 01 46 34 61 04.

Nous sommes tous des agriculteurs !

Les nombreux problèmes du secteur agricole ressemblent beaucoup à ceux qui entravent l’activité des entrepreneurs. Trop de bureaucratie, des subventions souvent contre-productives et des pouvoirs publics trop distants qui négligent les retours d’expérience de ceux qui sont sur le terrain. Tribune.


Tous dans le même bateau

Tous les producteurs entrepreneurs dans l’industrie ou les services se retrouvent dans les propos des paysans (le beau mot) et de leurs représentants, TPE, PME et même les grandes entreprises… Le premier constat commun est celui de la difficulté à être entendu, écouté puis considéré par le Gouvernement et l’administration.  Nos entreprises et nos salariés, indissociables, sont des travailleurs participant en première ligne au bien commun du pays et à sa prospérité. « Certains voient l’entreprise privée comme un tigre prédateur à abattre, d’autres comme une vache qu’ils peuvent traire, seule une poignée voit en elle ce qu’elle est vraiment : le cheval courageux et volontaire qui tire la carriole ». Rien n’a changé depuis ce constat de Winston Churchill particulièrement adapté aux circonstances !

La sourde oreille

Les entrepreneurs sont aujourd’hui certes aidés (pour mieux être assujettis), souvent décriés, présentés comme des pollueurs ou des profiteurs alors que le tissu économique n’existe qu’à travers leur travail. Ce manque de considération conduit à un grand désarroi général… puis, à une colère qui a commencé à cause des augmentations des prix de l’énergie, et ce, sans vraiment attirer l’attention des pouvoirs publics qui ne faisaient que vanter les mesures prises dont grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas. Par exemple : comment renégocier un contrat quand EDF refuse ? ils n’ont été ni écoutés ni entendus, et ce manque de considération est devenu insupportable.

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Paperasses et harcèlement

Ne séparons pas les agriculteurs du monde des entreprises, ils souffrent simplement un peu plus et en silence dans une plus grande indifférence ! Les causes du malaise des producteurs de biens et de services sont bien connues et claires et communes à la plupart : tous se plaignent des avalanches de normes et réglementations, les unes nationales, les autres européennes, appliquées avec rigorisme et presque malveillance par une bureaucratie devenue au cours du temps tentaculaire. Et quand on prétend simplifier ou alléger, on complexifie ! Le temps passé à lutter contre des mesures inapplicables ou contradictoires a fini par faire oublier l’objectif professionnel et surtout pèse sur la compétitivité.  Pire : ce qui est exigé de nos producteurs nationaux ne l’est pas pour ceux qui importent produits et services sur notre sol. Quant à parler de contrôle des importations, c’est un leurre, car il est plus simple de harceler les producteurs nationaux…  Ce qui est le cas.

La subvention et le juste prix

Enfin, en haut lieu on se justifie en énumérant aides et de subventions qui, effectivement, représentent souvent un pourcentage gigantesque des revenus, mais les producteurs quels qu’ils soient, agriculteurs ou industriels, travaillent dur et méritent un revenu décent sans qu’ils aient à mendier à Paris ou à Bruxelles pour survivre. La liberté d’entreprendre et la nécessité de vivre décemment de son travail est un droit inaliénable de notre République, encore faut-il que les gouvernements le permettent. Les entreprises ne doivent pas devenir des secteurs « assistés », le monde du travail effectif a besoin de considération et de la rétribution juste du travail effectué ; il ne peut pas survivre avec l’épée de Damoclès de l’appréciation d’un technocrate, sur l’obtention ou non d’une aide ou d’une subvention.  Par ailleurs, ces aides ne sont là que pour compenser les prélèvements excessifs des États qu’il faudrait en plus remercier pour cette thérapie du cancer qu’il provoque !

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Pour un examen sérieux de tous les textes

Le mouvement patronal Ethic est bien conscient que les actions de révolte des ruraux, menées pour se faire entendre des pouvoirs publics et de Bruxelles, laissent craindre un embrasement et que cette révolte comprise par tous les français fasse tache d’huile et conduise à de nouveaux troubles sur le fonctionnement d’entreprises de toutes sortes, lourdement pénalisées déjà par les dérèglements dans le secteur de l’énergie. Les solutions existent, mais elles passent obligatoirement par un examen sérieux et sans tabou de tous les textes censés, entre autres, défendre notre environnement ! Il faut réexaminer scrupuleusement tout ce qui a conduit à des contraintes bureaucratiques, inefficaces et le plus souvent orientées vers la décroissance ouvertement vantée et l’organisation d’une pénurie que notre peuple n’a jamais approuvée.

L’expérience du terrain, s’il vous plaît

Est-ce enfin le moment du sursaut ? Du vrai, pour sauvegarder notre prospérité et notre environnement ? Mais qui osera entamer une remise à plat étudiant prioritairement les impacts réels des mesures prises ?  Qui s’intéresse aux retours d’expériences sur les conséquences des contraintes pesant sur les entreprises nationales agricoles et autres ? Certainement pas les cabinets ministériels qui prennent de haut, non sans un certain mépris, les jérémiades des entrepreneurs ; les énarques n’ont jamais mis les pieds dans la glaise du quotidien administratif qu’ils savent en revanche si bien inventer. La seule et unique solution est d’inverser judicieusement et volontairement une certaine forme d’exercice du pouvoir ; il faut attacher de l’importance à la base, au retour d’expériences de nos entreprises de toutes conditions. C’est seulement après, et avec leur accord, qu’il conviendra ou non d’intervenir. L’heure est venue pour la république des entrepreneurs de sauver… la République !

Censure du Conseil constitutionnel: Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

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Neuf sages président aux destinées françaises. Ils sont neuf à pouvoir décider de l’avenir de la nation, du devenir de son peuple, de son identité, de sa sécurité, de sa survie. Laurent Fabius, Michel Pinault, Corinne Luquiens, Jacques Mézard, François Pillet, Alain Juppé, Jacqueline Gourault, François Seners, Véronique Malbec : un ancien ministre socialiste, un ancien Premier ministre chiraquien et sept personnalités que la plupart des Français seraient bien en peine de citer, viennent de rayer d’un trait de plume verbeux près de la moitié des dispositions de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

Les juges se substituent au peuple

De ce monument du « en même temps », le Conseil constitutionnel a donc censuré tout ce qui inclinait à droite et sur lequel, du Rassemblement national aux Républicains, s’était bâtie une union destinée à contrôler, contenir, contingenter l’immigration.

Écrasant de vive force la volonté du législateur, exprimée clairement à 349 voix contre 186 à l’Assemblée nationale et à 210 voix contre 115 au Sénat, les septuagénaires se sont assis sur la volonté de 70 % des résidents français[1] :

Selon eux, le regroupement familial est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, les conditions d’inscription des étudiants étrangers sont sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délit de séjour irrégulier sur le territoire français est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délai avant bénéfice du droit et des aides au logement est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le droit de la nationalité est sans lien avec le contrôle de l’immigration et l’amélioration de l’intégration ;
Selon eux, l’aide internationale au développement doit rester sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le parlement ne peut pas s’accorder à lui-même, par la loi, la faculté de décider chaque année du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France ;
Selon eux, la police ne peut pas recueillir de photos ni d’empreintes d’un étranger qui s’y oppose, car il faudrait que ces recueils élémentaires soient réalisés en présence de son avocat.

Du Code civil aux droits sociaux, du code pénal à la police, des universités au parlement : rien ni personne ne doit limiter l’immigration ni garantir la connaissance et la maîtrise des flux, ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel. Il érige ainsi entre le pays et son destin un mur infranchissable.

Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

C’est le cœur serré que le Mouvement conservateur reçoit ce verdict. Comment croire en la conservation du peuple français, au maintien de la nation et de son âme dans cette prison légale ? Certes, cette décision était attendue d’avance, nous l’avions dit dès l’adoption de ce texte le 19 décembre. Certes, les « oppositions » qui avaient crié victoire – un peu tôt – ont fait montre de leur naïveté voire de leur collaboration à un exercice de pur affichage mensonger, et nous l’avions dit également.

Mais la cécité ou la malignité du Conseil constitutionnel n’en reste pas moins désespérante à recevoir, tant elle ferme les portes du devenir français. Le Conseil a censuré toute tentative, actuelle et à venir par sa jurisprudence, de protéger et défendre notre peuple et sa sécurité. Reste donc dans ce texte la régularisation de 10 000 clandestins par an et un regroupement familial illimité.

Le ministre de l’Intérieur s’en félicite au moment même où son ministère publie les chiffres 2023 de l’immigration : la France a délivré le nombre record de 323 260 titres de séjour.

Le Mouvement Conservateur demande la démission de Gérald Darmanin, qui était responsable de la totalité de la loi qu’il a fait voter, et non des seules parties qui ont obtenu la bénédiction du Conseil constitutionnel, ce cénacle non élu qui, depuis le « coup d’Etat des juges » de 1971, s’est approprié le gouvernail de la République en se dotant d’un droit de veto sur les choix politiques, confisquant depuis la souveraineté démocratique. Après avoir fait croire aux Français qu’il allait durcir le contrôle de l’immigration, et qu’une reprise en main de leur destin était possible, Gérald Darmanin montre au grand jour qu’il est prêt à tous les abandons pour conserver son poste.

Il faut un référendum pour redonner aux Français un pouvoir confisqué

Pour que le peuple français retrouve la maîtrise de sa politique migratoire, le Mouvement Conservateur n’entrevoit qu’une seule solution : le référendum constitutionnel, fixant dans notre norme suprême les nécessaires dispositions à faire prévaloir sur l’immigration illégale et légale. Il demande solennellement au président de la République d’organiser ce référendum absolument vital et nécessaire.

Dans nos rues, sur nos autoroutes, monte la colère des paysans qui considèrent que le pays « marche sur la tête ». C’est aussi la colère des Français qui, à plus de 70 %, ne veulent pas être remplacés mais être conservés, à laquelle il faut répondre pour garantir la paix.


[1] Elabe, 20 décembre 2023.

Agriculture et bonne conscience

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Derrière la crise des agriculteurs se trouve une problématique relativement simple : les impératifs environnementaux dictés par les politiques sont imposés aux paysans au mépris des piètres conditions socio-économiques qui sont celles du monde agricole aujourd’hui.


Y a-t-il profession physiquement plus astreignante, administrativement plus contrainte, plus exposée au surendettement, aux aléas météorologiques, aux fluctuations des marchés (positives, on les tait ; négatives, on les clame), plus sujette aux disparités de revenus et, pour beaucoup de ses travailleurs, plus précaire, que l’agriculture française ? Il est exigé des agriculteurs d’assurer la sécurité alimentaire et, EN MÊME TEMPS, de satisfaire aux pratiques vertueuses dictées par des autorités plus sensibles au bien-être du doryphore qu’à leur condition. À charge pour eux, exclusivement, de supporter sur des échelles de 1 à 5 ou de 1 à 10 l’insécurité inhérente à leurs secteurs respectifs.

Cette insécurité porte essentiellement sur le médiocre niveau des revenus pour 70 % d’entre eux, rapporté à l’effort fourni et aux risques encourus. C’est pourtant cette réalité-là que les grands prêtres autoproclamés de l’écologie relèguent à l’arrière-plan du débat agro-environnemental comme s’il s’agissait d’un à-côté méprisable, quand ils ne l’esquivent pas purement et simplement. Pour eux, la question sociale est accessoire.

En butte aux agressions des antispécistes, aux vols de matériel agricole et de carburant commis par des gangs organisés, cibles de bobos ricaneurs qui en font volontiers les figures originales des Deschiens, les agriculteurs ont le dos large. Soit on les plaint, et parfois à tort ; soit on les conspue, et quelques fois à raison. Quant à la bourse plate de la plupart, attendu que le revenu mensuel moyen par ménage est inférieur à 1 500 € et que 18% vit sous le seuil de pauvreté (13 % à l’échelle nationale), tout le monde s’en fout.

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Dans l’interview recueillie par Mathieu Derrieck pour L’Opinion (23 janvier 24), le président de la Commission Environnement-Santé publique-Sécurité alimentaire du Parlement européen, Pascal Canfin lui-même, n’en dit mot.

Le colistier de Nathalie Loiseau aux européennes de 2019 est d’abord interrogé sur les tracasseries qui empoisonnent le quotidien des agriculteurs. « La gestion de la Politique agricole commune [PAC] est, dit-il, d’une trop grande complexité administrative […] Les agriculteurs passent jusqu’à 30 % de leur temps à remplir de la paperasse […] Quand je regarde un dossier PAC, c’est clair, c’est l’enfer ». Mais pourquoi a-t-il attendu qu’éclate l’exaspération des agriculteurs pour en faire l’aveu ? À son poste depuis quatre ans, qu’a-t-il fait pour vider cet enfer en poussant à la simplification ?

En dépit du « ressenti » du monde agricole, il estime que les « problèmes actuels » n’ont aucun lien avec le Pacte vert dès lors, poursuit-il, « qu’aucune des réglementations environnementales dans le domaine agricole liée au pacte n’est encore entrée en vigueur ». Pas encore…. On se serait attendu à ce qu’il précise : à mon vif regret, puisqu’il est le premier à réclamer l’application desdites réglementations.

Entre autres motifs de la jacquerie : les prochains objectifs en matière de réduction des engrais azotés et des pesticides indiqués dans le Pacte vert de la PAC 2022-2027. Ne faut-il pas les revoir au vu du contexte social ? « Là encore, répond Pascal Canfin, c’est très intéressant. Ces objectifs sont-ils de nature obligatoire ou légale ? Non. L’augmentation de la production biologique à 25 % n’est pas inscrite dans la loi européenne. C’est un des objectifs aspirationnels de la stratégie « Farm to fork ». La réduction de 50 % des pesticides à 2030 n’est pas aujourd’hui dans la loi européenne parce que le Parlement l’a rejetée ». Sa mémoire a-t-elle été aspirée au creux d’un trou noir ? En vérité, Pascal Canfin militait pour cette réduction qu’ont repoussée les parlementaires européens. Il ne tenait qu’à lui de s’en flatter ouvertement.

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La concurrence déloyale qu’a entraînée sur le marché français, ainsi que parmi les pays limitrophes de l’Ukraine, la levée des droits de douane est un autre grief. Pascal Canfin en a-t-il évalué la portée ? « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, explique-t-il, nous avons, dans un objectif de solidarité, baissé considérablement les droits de douane sur les importations agricoles venues d’Ukraine. Cela a des conséquences majeures, notamment pour la filière volaille. Notre délégation a clairement signifié à la Commission européenne les risques. Une fois évaluées les conséquences de ces exemptions, il faudra être prêt à retravailler ce sujet des droits de douane. Sans jamais oublier que si on en est là, c’est parce que l’ami de Marine Le Pen, Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine ! »

Pour éviter l’effondrement de la filière volaille, la première mesure qui vient à l’esprit consisterait à rétablir des droits de douane. Sans tarder. Mais ce n’est pas le feu au poulailler qui ébranlera le flegme de Pascal Canfin. Ce qu’il suggère dans son brillant langage eurotechno témoigne d’un indiscutable sang-froid : « Sur le cas particulier de la volaille qui prend aujourd’hui de plein fouet la production ukrainienne, je pense que la question de faire l’analyse objective des conséquences pour éventuellement faire évoluer les droits de douane ou les volumes qui en bénéficient, mérite notre attention ». Tout de même ! Mobiliser l’attention, c’est une première mesure… Il ajoute : « C’est une préoccupation légitime du monde agricole qui doit pouvoir s’articuler avec notre soutien sans faille à l’Ukraine en guerre pour nos valeurs ».

Une grande insécurité sociale

Le « nous » canfinois est problématique. Désigne-t-il « Nous, Européens », « Nous, Français », « Nous, députés du groupe Renew », ou le nous de majesté, « Nous, Pascal Canfin » ? À aucun moment, n’importe lequel de ces Canfin n’aborde la question qui fâche, la question la plus « de gauche » et donc la plus embarrassante pour un écolo de progrès las de refouler sa pulsion despotique (si faiblement éclairée) : l’insécurité sociale de tant d’agriculteurs.

La porte-parole de Renew y est-elle plus sensible ? Hier, Ulrike Müller saluait dans la stratégie « Farm to Fork », « De la ferme à l’assiette », une opportunité commerciale pour les agriculteurs : à condition, soulignait-t-elle toutefois de « s’assurer qu’ils peuvent l’appliquer tout en gagnant un revenu équitable ». Aujourd’hui, qui s’en assure en haut lieu, et pour quel résultat ? En attendant, les agriculteurs français défendent les mêmes valeurs que les Ukrainiens ! Ils supportent, et faut-il leur en vouloir de le tolérer jusqu’à un certain point, de perdre leurs parts sur le marché intérieur. À ce jour, sans compensation. Aux guides de l’Union européenne à l’origine du beau geste d’en répartir le coût.

Loi immigration : droite cocue ou droite complice ?

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Quand le Conseil Constitutionnel censure des mesures votées par le Parlement, c’est la souveraineté du peuple français qui est en jeu. Le seul remède, c’est un référendum, ou plutôt deux référendums : un sur l’immigration et un autre sur le Conseil Constitutionnel. Tribune.


Le Conseil Constitutionnel, qui n’avait rien trouvé à redire aux pires délires liberticides de la « politique sanitaire », vient sans surprise de censurer toutes les mesures de la « loi immigration » qui auraient pu, si peu que ce soit, freiner l’immigration massive. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs clairement annoncé dès l’adoption de la loi afin de rassurer son aile gauche et gauchiste : toutes les concessions faites à la droite pour obtenir ses votes seraient méticuleusement vidées de leur substance ou supprimées.

Sans surprise, j’insiste : de gauche ou d’extrême-centre, les « progressistes » ont besoin de l’immigration massive pour déposséder le demos de sa souveraineté, le précariser, et abolir la décence commune qui bride encore (mais de moins en moins) leurs appétits et leurs fantasmes d’ingénierie sociale.

Au fait, les agriculteurs feraient bien de méditer cette leçon. Le pouvoir macronien a escroqué le Sénat sans la moindre hésitation : qui peut croire un seul instant qu’il respecterait d’éventuels engagements envers une ruralité qu’il a toujours méprisée ? Les promesses n’engagent que ceux qui ont un minimum d’honneur.

Guy Daniel et moi-même l’écrivions il y a quelques jours, le PS a brillamment réuni 1,7% des suffrages aux dernières élections présidentielles et 5% aux législatives, pourtant un président de la République issu du PS (dont le nouveau premier ministre issu du PS a succédé à une première ministre issue du PS) et un président du Conseil Constitutionnel issu du PS piétinent consciencieusement la démocratie, et la gauche dans son ensemble se drape de bonne conscience pour bafouer la volonté générale sans même prendre la peine de cacher sa jubilation.

Notons que le titre même dont se parent les membres du Conseil Constitutionnel, les « sages », illustre à merveille l’arrogance de ceux qui, malgré l’état de déliquescence avancée dans lequel eux et leurs pareils ont plongé le pays, persistent à se voir comme une élite éclairée guidant la plèbe. Socrate lui-même se disait seulement philosophe, désirant la sagesse, parce qu’il avait l’humilité de ne pas se proclamer sage – et contrairement à lui, les membres du Conseil Constitutionnel n’ont pas reçu l’onction de l’oracle d’Apollon, seulement celui de manœuvres politiciennes.

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On rappellera pour mémoire, et bien évidemment en vain tant que les progressistes seront au pouvoir (« mais c’est encore plus beau lorsque c’est inutile » disait Cyrano), que l’article 3 de la Constitution prévoit que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Soyons explicites : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants, dont les membres du Conseil Constitutionnel ne font pas partie – contrairement aux parlementaires qui ont voté la loi censurée par ledit Conseil – et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice, pas même les neuf membres du Conseil Constitutionnel ».

Et aux adeptes des arguties juridiques plus attachés à la forme qu’au fond, à la lettre qu’à l’esprit, je réponds par avance qu’il y a un moyen extrêmement simple de trancher : demander l’arbitrage du souverain. C’est-à-dire du Peuple Français. En d’autres termes, un référendum. Sur l’immigration bien sûr, et ajoutons-en un sur le Conseil Constitutionnel, ce sera intéressant. Mais ça, évidemment, la gauche et l’oligarchie mondialiste des anywhere, dont la macronie incarne les intérêts, n’en veulent pas. Tout ceci n’a rien de nouveau.

Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que la droite parlementaire de LR et du RN vient de se faire magistralement piéger devant la France entière (Zemmour, lui, avait vu le coup venir). Ce qui appelle une question simple : et maintenant ? Se contenter de grandes déclarations scandalisées serait s’agenouiller devant Macron. L’heure n’est plus à l’indignation, mais aux représailles (politiques, s’entend). Les motions de censure, ça existe.

Laurence Gougeon l’a bien résumé : « On ne négocie pas avec Macron, on ne co-dirige pas avec le pouvoir macronien, on se couche ou on se bat ». Les Anglais ont une belle expression : « Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me » (Tu me trompes une fois, honte à toi ; tu me trompes deux fois, honte à moi). Si à l’avenir on surprend les dindons de la farce d’aujourd’hui à faire à nouveau confiance à la macronie, la conclusion s’imposera d’elle-même : ils ne sont pas cocus, ils sont complices. Et la même remarque s’applique évidemment aux électeurs de droite qui, demain ou après-demain, seraient tentés de voter encore pour l’extrême-centre au nom du célèbre « front républicain contre l’extrême-droite »….

Groupes de niveau, retour urgent !

L’instauration du collège unique devait réduire les inégalités et renforcer la cohésion dans les classes. C’est l’exact contraire qui s’est produit. Le rétablissement des groupes de niveau s’impose plus que jamais car l’école prétendument inclusive est devenue « un lieu de séparation, d’injustice et de médiocrité ». Et c’est un ex-prof qui le dit.


Le PISA nouveau est arrivé, avec, comme chaque fois, son lot de déceptions. La France baisse. Et même si cet affaiblissement est « général », « contextuel », que le pays demeure dans la « moyenne » de l’OCDE, les chiffres sont terribles : en mathématiques, la proportion des élèves en difficulté passe de 17 %, en 2003, à 29 %, en 2022 ; celle des élèves les plus performants de 15 %… à 7 % !

Branle-bas de combat au gouvernement ! Gabriel Attal promet un « électrochoc », parle d’« urgence », évoque des « changements radicaux ». Parmi ceux-ci, la création de trois groupes de niveau en mathématiques ainsi qu’en français, dès la rentrée 2024 (en sixièmeet en cinquième), avec une extension au reste du collège en 2025, et des effectifs réduits pour les groupes les plus faibles.

Aussitôt cris, émois et pâmoisons chez les pédagogues en tous genres qui s’entêtent à préconiser les mêmes méthodes, celles qui ne fonctionnent pas, depuis cinquante ans : classer les élèves selon leurs performances, assurent-ils, ce serait discriminer, attenter à la sacro-sainte égalité républicaine, et même contre-productif. Cependant, l’hétérogénéité des classes n’est un dogme que depuis 1977 et la création du collège unique ; or, depuis cette époque, le niveau chute continuellement. Une preuve ? Le nombre moyen de fautes, sur une dictée identique proposée quatre fois à des élèves de CM2 entre 1987 et 2021, monte de 10,7 à 19,4.

Par-delà les raisonnements, il faut avoir été professeur pour comprendre à quel point ces groupes de niveau sont salutaires : l’on n’imagine pas l’ampleur du gouffre qui existe, au sein d’une même classe, entre les élèves les moins bons et les meilleurs. Depuis que Najat Vallaud-Belkacem, par décret, a rendu le redoublement optionnel (2014), des collégiens jusqu’en troisième lisent comme des primaires, et des lycéens, jusqu’en terminale, écrivent comme des collégiens. Les plus forts vont « tirer les plus faibles », dit-on : théorie ! L’écart est tel, en vérité, que le mélange ne prend pas.

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Cela fait des années que l’échec est patent. On aurait pu espérer une prise de conscience moins tardive. C’était sans compter l’inventivité des pédagogues qui, pour maintenir la mixité envers et contre tout, se sont réfugiés dès les années 1970 derrière le concept de « différenciation ». Il s’agit d’adapter l’enseignement à la capacité de chacun, élève par élève, en adoptant des épreuves, des évaluations, et même des notations différentes : en d’autres termes, établir des enseignements par niveau… mais sans groupes de niveau ! Ce « en même temps » injustifiable est, trop souvent, matériellement impraticable, à cause des effectifs et du trop grand écart entre les enfants : alors, nombre de professeurs, démunis, délaissent malgré eux, au choix, les bons élèves ou les mauvais ; et comme les seconds sont foule, ce sont souvent les premiers, les premières victimes de ce vaste système.

L’hétérogénéité des classes, dans l’esprit des pédagogues, poursuivait deux objectifs : réduire les inégalités et renforcer la cohésion. C’est l’exact contraire qui est arrivé. Noter autrement un mauvais élève pour qu’il ait la même moyenne que son camarade meilleur, ce n’est pas égalitaire, c’est injuste, et plutôt inégal. Et nulle cohésion dans la pluralité des niveaux, car le contraste est tel, entre un enfant qui maîtrise la lecture des vers et un autre qui ne sait pas encore lire, qu’il est presque impossible de l’amoindrir, et qu’il faut bien appliquer, finalement, des règles différentes à des individus d’une même classe. À plus grande échelle, ceci n’a-t-il pas comme un air de déjà-vu ? Inclure, c’est soumettre aux mêmes règles ; ce n’est pas permettre de déroger au collectif. Ainsi, l’école, en 2023, derrière la volonté sincère, n’en doutons pas, d’intégration, d’excellence, de bienveillance et d’équité, est devenue un lieu de séparation, d’injustice et de médiocrité.

Tous les professeurs ont constaté les failles de l’hétérogénéité, j’en témoigne, pour en avoir souvent discuté avec des collègues d’opinions diverses. Mais, par une contradiction étrange, un certain nombre d’études maintiennent obstinément, en dépit de toute réalité, que les groupes de niveau ne favoriseraient pas la réussite scolaire : serait-ce idéologique ? On pointerait sans fin leurs incohérences, comme celle de l’IDEE[1], qui regrette que « l’enseignant fini[sse] par baisser ses attentes vis-à-vis des élèves faibles, s’adressant à eux par rapport à leur niveau tel qu’il est », ce qui est l’exacte définition de la différenciation, qu’ils préconisent pourtant ! Ou celle de 1997 de Duru-Bellat et Mingat, publiée dans la Revue française de sociologie, qui reproche aux groupes de niveau d’être plus favorables aux meilleurs élèves, par pur mépris de l’élitisme. Citons encore cette étude de 2019, de Boutchenik et Maillard, qui pointe du doigt « l’exposition à la compétition » (sic) entre les élèves, comme si c’était un crime.

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Un beau pied-de-nez à ces études fort discutables, c’est qu’Andreas Schleicher, l’inventeur du classement PISA, recommande précisément la mesure de Gabriel Attal ; et que les pays de l’OCDE qui l’ont déjà mise en œuvre, tels l’Irlande et le Royaume-Uni, sont montés dans le classement. À bon entendeur !

Alors, les groupes de niveau, bonne ou mauvaise idée ? Bonne sans doute ; mais inutile, certainement. Parions que d’ici la fin du quinquennat Macron, l’école sera toujours aussi médiocre. Il faudrait a minima revenir à l’enseignement vertical, au cours magistral, au certificat d’études, aux enseignements chronologiques, et j’en passe ! C’est-à-dire à une école d’avant 2000, d’avant 1980, et même d’avant de Gaulle, dont les ministres, Peyrefitte et Fouchet, furent les premiers promoteurs d’un préjudiciable réformisme – mais c’est une autre histoire.


[1]. Le programme IDEE (Innovations, données et expérimentation en éducation), partenaire du ministère de l’Éducation nationale, lancé en 2022 et financé par l’Agence nationale de la recherche, vise à « développer la recherche expérimentale à large échelle en éducation, et à promouvoir l’utilisation de ses résultats » (idee-education.org).

Geert Wilders: la gauche immigrationniste et le point Godwin

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La haine déversée sur Geert Wilders, grand vainqueur des élections législatives aux Pays-Bas, ravive le spectre de l’assassinat de celui dont il défend l’héritage, Pim Fortuyn, abattu par un militant végan des droits animaliers le 10 mai 2002. Les dénonciateurs de Wilders dans la presse néerlandaise tentent donc de modérer leur langage pour ne pas être accusés d’avoir encouragé un assassinat éventuel.


Lors des élections législatives du 22 novembre 2023, le Parti Pour la Liberté (PVV) de M. Wilders obtint 37 des 150 sièges dans la Chambre Basse, un gain de 17 sièges. Ainsi, le PVV devint de loin le plus grand parti. Depuis lors, M. Wilders et les dirigeants de trois autres partis conservateurs tentent de former un gouvernement qui aura comme objectif principal de freiner considérablement l’immigration.

Certes, la gauche politique et médiatique a appris la leçon. Elle évite les comparaisons foireuses entre la politique prônée par M. Wilders et les pratiques en vigueur dans l’Allemagne nazie, dont M. Fortuyn fut accablé. Un politicien de centre gauche se risqua même à la gageure que pendant l’Occupation, M. Fortuyn n’aurait pas hésité à dévoiler la cachette d’Anne Frank aux sbires nazis.

Cependant avec M. Wilders, pourfendeur de l’immigration extra-européenne comme Fortuyn, politiciens et journalistes évitent toute allusion aux nazis. Soucieux, sans doute, d’éviter le reproche-constatation qui a fait florès depuis l’assassinat politique dont les blessures sont loin d’ être cicatrisées :  « La balle venait de la gauche ».

Aujourd’hui, les critiques se bornent à dépeindre M. Wilders comme un danger pour la démocratie dont les politiques liberticides feraient fi de la Constitution. Et à inviter les Néerlandais à embrasser tous ceux qui se sentiraient indésirables après le verdict des urnes qu’aucun sondage n’avait prévu.

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Malgré la campagne de haine qui lui aurait coûté la vie, Pim Fortuyn ne profitait d’aucune protection de la part de l’État. Seul son chauffeur particulier donna la chasse à l’assassin, qui, après avoir purgé sa peine, fut remis en liberté en 2020. La situation de M. Wilders, constamment entouré de gardes-du-corps après sa condamnation à mort par Al Qaeda en 2004, est tout autre, sans que cela n’exclue un attentat.

La victoire de son parti, dont il est le seul membre, laissa pantois les progressistes dans les cercles politico-médiatiques. Le bon peuple avait donc fait la sourde oreille aux injonctions de ne surtout pas voter pour ce dangereux raciste, d’ apprécier l’immigration comme une chance, de célébrer la diversité, de vouer aux gémonies ceux qui osaient dire le contraire, solides arguments à l’appui.

Le choc électoral, quand un journaliste de gauche se croyait victime d’un grave accident de la circulation, dont il sortait vivant mais complètement sonné, fit rapidement place au doute. Comment la gauche et les médias qui lui sont proches, avaient-ils à ce point pu s’éloigner du peuple, donnant même l’impression de le mépriser ? Un autre écrivain et journaliste donna libre cours à son désarroi  dans le journal NRC qui, peu après la victoire de M. Wilders, publia dans le même numéro une dizaine d’articles catastrophistes sur ce qui attendrait les Pays-Bas après ce séisme électoral. Le journaliste, du nom d’Arjen van Veelen, eut recours à un long poème en prose aux relents d’autoflagellation et quelque peu misérabiliste. Il y tança aussi son propre journal, lecture obligée pour l’élite libérale néerlandaise. Que M. Van Veelen nous pardonne notre traduction bancale de ces quelques extraits:

« Ils disaient qu’ils aimaient leur drapeau rouge-blanc-bleu

Et nous leur faisions la gueule

Ils disaient leur nostalgie envers le temps où même les gagne-petit

Pouvaient se permettre un logement décent.

On les appela irréalistes et simplistes

Ils gueulaient qu’ils se sentaient abandonnés

On les traitait d’antisociaux, nous moquions leurs accents, leurs fautes de grammaire

Ils se plaignaient de ne plus pouvoir nourrir décemment leurs enfants

On leur donna un drapeau arc-en-ciel

Nous souhaitions un accueil chaleureux aux migrants,

Pourvu q’ils ne s’installent pas dans nos quartiers

Nous appelions « raciste » la fête préférée de leurs enfants, la Saint-Nicolas

Le résultat des élections nous coupa l’haleine,

Ah, comme le réveil fut amer, ce morne matin du 23 novembre

Quand on se prépara à ne plus gouverner ce pays,

Pour un certain temps ».

Peu après, un sondage Ipsos rompit avec les clichés négatifs sur les quelques 2,4 millions de Néerlandais qui avaient voté pour M. Wilders. Le PVV attire bien plus de jeunes entre 18 et 34 ans que les autres partis. 10% de citoyens ayant suivi des études supérieures vota pour le PVV, contrairement au préjugé qui les voudrait tous ignares. Le PVV attire des électeurs provinciaux dans la même mesure que des citadins, et n’est donc pas un repaire de ploucs. Selon Ipsos, M. Wilders est apprécié également par des immigrés non-Blancs, comme les Asiatiques et les hindous.

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Le hasard faisait bien les choses pour M. Wilders et ses partenaires gouvernementaux de choix quand, le 15 janvier, apparut une étude crédible sur la nécessité de freiner l’immigration si les Pays-Bas tiennent à rester vivables. Un rapport de sages, strictement apolitiques, esquissait un avenir marqué par « des pénuries, l’irritation, des inégalités sociales, une perte de foi dans l’État de droit » si l’immigration n’est pas freinée avec force. Scénario catastrophe qui risque de devenir réalité quand, en 2050, le nombre d’habitants atteindrait 22,8 millions de personnes « dans le pire des cas ». Ce qui équivaut à une augmentation de 5 millions de personnes dans les 26 ans à venir. Et cela dans un pays aux dimensions modestes ; la France est treize fois plus grande. Les experts prônent que les Pays-Bas optent, au sein de l’Union européenne, pour  une réduction drastique du nombre de demandeurs d’asile.

Les sages jugent donc crédible l’enfer immigrationniste que MM. Wilders et Fortuyn avaient dit craindre, au prix d’être frappés d’ostracisme pour l’un et par la mort pour l’autre.

M. Wilders a d’ores et déjà rayé des promesses électorales inacceptables pour ses partenaires, dont l’interdiction de la construction de mosquées et d’écoles coraniques ainsi que le port d’habits « islamiques » dans les lieux publics. Priorité absolue à freiner l’immigration sous toutes ses formes, mais surtout les demandes d’asile et le regroupement familial qui en résulte. Selon M. Wilders, 95 pour cent des demandeurs d’asile sont de simples migrants qui doivent être expulsés dare-dare. Selon un sondage publié le 20 janvier, le parti de M. Wilders obtiendrait 49 des 150 sièges parlementaires si des élections avaient lieu maintenant.

Merci qui ?

Avec les procès médiatico-politiques intentés contre Jordan Bardella, Sylvain Tesson, le lycée Stanislas et même le chef du Parti communiste, nous sommes face à une litanie d’inepties. Tribune.


Un « Complément d’Enquête », troussé en dépit du bon sens par la fille publique de l’information qu’est devenue la chaîne de télévision France 2, hyper spécialisée désormais dans la négation décomplexée de l’esprit de méthode. Nul doute que de telles performances devraient lui valoir avant peu le statut enviable de porte-étendard de l’indigence déontologique exhaussée au rang de principe de base à enseigner dans les écoles de journalisme, selon un programme directement calqué sur celui de la célèbre STASI, police est-allemande des mœurs et de la pensée, de consternante mémoire.

Une meute d’auteurs-réalisateurs-poètes et pousse-mégots multifonctions, infatués à l’extrême, qui se voudraient maudits mais ne sont que ridicules, et qui, faute de mieux en matière d’œuvre, vomissent, dans une langue en voie de décomposition, une pétition saturée de jubilation hargneuse afin de lapider un bel et authentique écrivain, Sylvain Tesson. Un écrivain vrai, qui, c’est certain, marquera son temps, et que cette engeance ne se donnera même pas la peine de lire, si toutefois elle en venait à savoir lire un jour.

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Et puis voilà que nous tombe un procès dans la plus pure tradition stalinienne revue et corrigée par Médiapart, avec témoins de complaisance et vérités fabriquées contre l’institution scolaire catholique Stanislas, vouée aux bûchers de l’inquisition woke pour cause d’excellence. Et, circonstance très aggravante, également en raison d’une fidélité civilisationnelle assumée.

Et, toujours dans le registre du médiocre télévisé, un ministre des Finances qui, sans rire, refile la patate si chaude du cours foldingue de l’électricité à un parti d’opposition dont le cours lui aussi fort grimpant le met en panique. Enfin, cerise sur cet infâme pudding servi ces jours derniers, l’impayable chef(e) de la CGT s’associant à l’anathématisation et à l’expulsion du patron du Parti communiste français lors d’une manifestation  en peau de chagrin estampillée « droits de l’homme ». Alors là, pour un peu, on se tordrait de rire. La CGT bottant le cul du PC ! Comment est-ce possible ? Ainsi, il y aurait du mou  – du mou très mou – dans ce qu’on appelait autrefois, au temps des deux Kings Georges (le Séguy et le Marchais), « les courroies de transmission » du parti.

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Assistant, médusé, à ce florilège d’inepties, j’irais jusqu’à laisser entendre, paraphrasant un certain Guy Mollet, que nous avons en France, sans conteste possible, « la gauche la plus bête du monde ». Mais, retenu par un sens inné de la charité et de la bienveillance qui me vient d’on ne sait où, je m’en abstiendrai. Une petite remarque cependant : encore deux ou trois pitreries – pardon, deux ou trois conneries – du calibre de celles évoquées ci-dessus, et la barre des 80% d’opinions favorables devrait devenir une perspective des plus réalistes pour le RN et ses chefs. Merci qui ?

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Faste retour d’Egypte au Palais Garnier

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Giulio Cesare in Egitto, le chef-d’oeuvre opératique de Georg Friedrich Haendel, est de retour à Paris dans la mise en scène de Laurent Pelly de 2011 qui ne cache rien de la violence et de la luxure de cette oeuvre.


Deux meurtres sur scène, plusieurs tentatives de viol, et même (vue de dos, précisons !) une fellation homosexuelle en live : millésimée 2011, la mise en scène de Laurent Pelly reprise à présent sous les ors du Palais Garnier ne cèle rien, ni de la violence ni de la luxure qui s’ébattent dans Giulio Cesare in Egitto, sommet lyrique du grand Haendel, créé à Londres en 1724 pour la Royal Academy of Music, ville où le compositeur d’origine allemande s’était installé depuis quatorze ans et qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1759.

Base d’adaptations antérieures, l’opéra n’en marie pas moins les registres, dans la tradition shakespearienne et comme l’exigeait alors l’esthétique vénitienne – on chante en italien, bien entendu, et dans des rôles travestis pour la plupart -, la veine comique s’infiltrant dans le tragique le plus sanguinaire. Pelly, non seulement joue avec brio de ces contrastes, mais un décor très imaginatif, signé Chantal Thomas, figure les réserves du musée du Caire, convoquant dans un allègre raccourci historique tout l’arsenal iconographique et statuaire qui a fait fantasmer l’Occident, trois siècles durant, sur l’Egypte antique.

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Ainsi, dans la scène d’ouverture, au lieu de la tête coupée d’un Pompée sanguinolant déposée sur un plateau au pied de César sous les yeux horrifiés de son épouse Cornélie, c’est une statue géante du général romain qu’on voit arriver en caisse de bois sur le plateau, apportée sur un diable par le personnel du musée, sous la surveillance des conservateurs. Le répertoire de la manie égyptologique infuse avec beaucoup d’esprit et d’élégance les trois actes de l’opéra, depuis les chromos d’Alexandre Cabanel jusqu’aux huiles orientalistes de Jean-Léon Gérôme, en passant par les tapis dans l’un lesquels on verra même se rouler la reine d’Egypte… Le pittoresque antique anime donc à loisir, d’un bout à l’autre, la dramaturgie féroce qui oppose l’incorruptible veuve romaine Cornélie et Sextus, son fils dévoué, à la reine égyptienne Cléopâtre, trahie par le jouisseur efféminé Ptolémée et le conjuré Achillas, et bientôt éprise d’un Jules César lui-même conquis par sa beauté…

L’Orchestre national de Paris, fait d’instruments modernes, n’est pas spécialement « baroqueux », quoique la baguette du chef britannique Harry Bicket (lequel dirigeait déjà Ariodante, du même Haendel, l’an passé) le fasse sonner dans l’esprit du Concert d’Astrée qui emplissait la fosse lors de la création de cette production comme à sa reprise deux ans plus tard.

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La mezzo-soprano Gaelle Arquez campe avec l’extraordinaire virtuosité qu’on lui connaît le rôle travesti de César (jadis chanté par un castrat comme l’on sait) pour lequel elle avait été d’ailleurs ovationnée en 2022 au Théâtre des Champs-Élysées, dans une mise en scène de Damiano Michieletto plus controversée.  En Cléopâtre, à peine vêtue d’une tunique blanche presque transparente, la fabuleuse soprano cubano-américaine Lisette Oropesa impose quant à elle une agilité, une précision souveraine dans les trilles acrobatiques de la partition. L’adolescent Sextus, sous les traits de l’excellente mezzo – soprano canadienne Emily D’Angelo (rôle-titre d’Ariodante en 2023, on s’en souvient), fait merveille par son allure androgyne, si parfaitement accordée au rôle. Le jeune contre-ténor français Rémi Bres, qu’on découvre à l’Opéra de Paris, se signale par son irrésistible talent comique et son timbre irréprochable dans l’emploi burlesque d’un Nirenus (le confident de Cléopâtre et de Ptolémée) pastichant dans sa gestuelle de profil l’esthétique particulière à l’Egypte ancienne… La plantureuse contralto allemande Wiebke Lehmkuhl (Cornélie), le baryton-basse vénézuélien Luca Pisaroni (Achillas) et le contre-ténor britannique Iestyn Davis (Ptolémée) complètent cette distribution impeccable. Elle magnifie la succession d’arias sublimes qui fait de ce chef-d’œuvre un must absolu de l’opéra seria.

Giulio Cesare. Opéra en trois actes de Georg Friedrich Haendel (1724). Direction Harry Bicket. Mise en scène Laurent Pelly.  Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris. Avec Emily D’Angelo, Adrien Mathonat, Wiebke Lehmkuhl, Marianne Cressaba, Lisette Oropesa, Iestyn Davies, Luca Pisaroni, Rémy Brès.

Palais Garnier, les 23, 25, 27, 30 janvier, 2, 8, 10, 12, 14, 16 février à 19h. Le 4 février à 14h30. Durée : 4h15.

Mucha à Aix-en-Provence

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DR

D’Alfons Mucha, on connaît surtout les affiches — affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt, affiches publicitaires pour les cigarettes Job ou Moët & Chandon. Mais en se rendant à l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, notre chroniqueur a découvert un autre Mucha, que de son propre aveu il connaissait moins bien. Profitons, ce n’est pas tous les jours que Brighelli avoue ne pas complètement maîtriser quelque chose…


« Mucha, maître de l’Art Nouveau », dit l’affiche. Et dès l’entrée, on trouve ce que l’on était en droit d’attendre : de jolies jeunes femmes peintes au milieu des guirlandes de fleurs.
Mais l’artiste austro-hongrois (il est né en Moravie, l’actuelle Tchéquie, en 1860) fut aussi un nationaliste passionné, et l’exposition de l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, parcourt les diverses aires d’exercice de ce peintre surdoué, et ses divers sujets de prédilection.
S’il a commencé sa carrière dans son pays natal, c’est en venant à Paris en 1887 qu’il explose véritablement.
Il vit de travaux publicitaires, et se trouve par hasard, fin décembre 1894, dans l’imprimerie qui doit réaliser l’affiche de Gismonda, le drame de Victorien Sardou où joue Sarah Bernhardt. Elle vient, il est là, elle le sollicite : c’est ce que les anciens appellent le kairos, l’art d’utiliser sa chance, qui, comme on le sait, n’a qu’un cheveu qu’il faut se dépêcher de saisir.
La star (je sais, c’est un anachronisme, mais c’est très exactement ce qu’elle est) l’engage pour six ans. Il est définitivement lancé.

Les affiches de scène de Mucha sont bien là, Médée, La Dame aux camélias, Lorenzaccio, Hamlet — toutes à la gloire de la plus grande comédienne du temps. Et, dans la foulée, les grands panneaux décoratifs sur les Arts, les Fleurs ou les Heures du jour.
La révolution industrielle aidant, il gagne aussi sa vie en dessinant des publicités, par exemple pour les papiers à cigarettes Job, le PLM, les biscuits Lefèvre-Utile ou pour Moet & Chandon.

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De façon significative, il revient à des thèmes religieux — par exemple la magnifique Vierge aux lys. Les fleurs dont il a nourri ses toiles prennent alors un sens symbolique qui l’éloigne sérieusement des joliesses de l’art Nouveau.

Mucha est parti de Moravie en emportant à la semelle de ses souliers la terre de son pays. C’est là que l’exposition dévoile des toiles peu connues, dont le thème central est l’exaltation des Slaves : il retourne en Bohème, au château de Zbiroh, et peint L’Epopée slave. La toile finale, Les Slaves au service de l’humanité, est grandiose, et s’éloigne du style décoratif auquel on voudrait réduire Mucha, qui dessine billets de banque et timbres-poste pour le tout nouvel État Tchécoslovaque.

Il s’agit alors d’une peinture réellement politique. Voir l’étonnant tableau Le Baiser de la France à la Bohème (1919), qui nous rappelle combien notre pays était lié aux nations d’Europe centrale — une très vieille amitié que quelques bombes larguées par l’armée française sur Belgrade en 1999, pour complaire aux Allemands et aux Américains, ont fait éclater en morceaux.
Lorsque les Nazis entrent à Prague, en mars 1939, ils se hâtent d’arrêter Mucha — slave et franc-maçon. La Gestapo l’interrogera trois semaines durant, ce qui n’améliorera pas sa pneumonie. Libéré, il meurt le 14 juillet. L’Église lui refuse tout enterrement chrétien, parce qu’il est franc-maçon, et il est balancé dans une fosse commune.
Restent heureusement les œuvres, que les barbares n’ont pas brûlées. Un oubli, sans doute.

Transportez-vous donc jusqu’à Aix-en-Provence, il fait beau dans le Midi, il fait chaud, l’hôtel de Caumont (rue Joseph Cabassol, à deux pas du Cours Mirabeau) est une petite merveille du XVIIIe siècle admirablement restaurée, ce sera l’occasion de flâner de façon intelligente. Et l’expo est ouverte jusqu’au 24 mars.

Catalogue Mucha, maître de l’Art Nouveau, 192 p.

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BECKETT, urgent – UNE petite merveille et DEUX dernières dates!

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Véronique Boulanger et Jérome Keen. DR.

« Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle. 1h20 de pur régal.


Précautions d’usage. 1) J’écris ce texte pour faire des heureux. 2) Je suis comme vous (peut-être) : si je le respecte évidemment, je n’aime pas particulièrement Beckett (ni Thomas Bernhard, ni Cioran – je n’aime pas le ressassement en général).

Je ne lis donc presque jamais Beckett. Mais je vais l’entendre de temps à autre – pour me rappeler son propos, sa langue, retenir une phrase ou un mot qui pourraient consonner avec mes « préoccupations ». C’est tout. Entre Stendhal et Beckett, j’ai choisi. Pas Beckett, donc.
Mais je suis allé voir « Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle – vu il y a 20 ans à la Colline, jamais revu, jamais relu.
Et là, avec la comédienne Véronique Boulanger, je n’ai pas été intéressé : j’ai été épaté. Une heure vingt de pur régal.
Imaginez une comédienne dont on n’aperçoit que le buste (première partie), puis que la tête (deuxième partie). Et qui pourtant nous embarque absolument, dans un moment assez noir (Beckett) mais tellement – tellement – expressif : on est stupéfait de voir ce qu’elle fait passer, à travers des mimiques irrésistibles et une diction de haute fantaisie. Elle est drôle (la pièce aussi, en dépit de sa noirceur), piquante, puissante.
On voudrait convaincre les grincheux, les « qui ont leur p’tite idée » sur Beckett (comme sur tout) – les convaincre qu’ils doivent, là, céder. Nous faire confiance. Je le redis : je partage leurs préventions sur Beckett. Leur frilosité. Mais là… non. Vraiment : non.

Une soirée de rêve (lundi 29 janvier à 21H) ou un apéritif enthousiasmant (dimanche 28 janvier, à 19H) : ce sont hélas les deux seules (et dernières) dates au Nesle. Avant (on l’espère sincèrement et nous y serons) une reprise bientôt : c’est le destin de ce genre de petit miracle.
D’ailleurs : la pièce était au Petit Hébertot avant de poursuivre sa route au Nesle. À suivre ?


Oh les beaux jours, de Samuel Beckett, mise en scène et avec Véronique Boulanger (et la présence funambulesque de Jérôme Keen).
Dernières : dimanche 28 janvier à 19H et lundi 29 janvier à 21H. Durée : 1H20.
Théâtre de Nesle : 8, rue de Nesle 75006 Paris. Tél : 01 46 34 61 04.

Nous sommes tous des agriculteurs !

Manifestation d'agriculteurs, près de Nantes, le 25 janvier 2024 © Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

Les nombreux problèmes du secteur agricole ressemblent beaucoup à ceux qui entravent l’activité des entrepreneurs. Trop de bureaucratie, des subventions souvent contre-productives et des pouvoirs publics trop distants qui négligent les retours d’expérience de ceux qui sont sur le terrain. Tribune.


Tous dans le même bateau

Tous les producteurs entrepreneurs dans l’industrie ou les services se retrouvent dans les propos des paysans (le beau mot) et de leurs représentants, TPE, PME et même les grandes entreprises… Le premier constat commun est celui de la difficulté à être entendu, écouté puis considéré par le Gouvernement et l’administration.  Nos entreprises et nos salariés, indissociables, sont des travailleurs participant en première ligne au bien commun du pays et à sa prospérité. « Certains voient l’entreprise privée comme un tigre prédateur à abattre, d’autres comme une vache qu’ils peuvent traire, seule une poignée voit en elle ce qu’elle est vraiment : le cheval courageux et volontaire qui tire la carriole ». Rien n’a changé depuis ce constat de Winston Churchill particulièrement adapté aux circonstances !

La sourde oreille

Les entrepreneurs sont aujourd’hui certes aidés (pour mieux être assujettis), souvent décriés, présentés comme des pollueurs ou des profiteurs alors que le tissu économique n’existe qu’à travers leur travail. Ce manque de considération conduit à un grand désarroi général… puis, à une colère qui a commencé à cause des augmentations des prix de l’énergie, et ce, sans vraiment attirer l’attention des pouvoirs publics qui ne faisaient que vanter les mesures prises dont grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas. Par exemple : comment renégocier un contrat quand EDF refuse ? ils n’ont été ni écoutés ni entendus, et ce manque de considération est devenu insupportable.

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Paperasses et harcèlement

Ne séparons pas les agriculteurs du monde des entreprises, ils souffrent simplement un peu plus et en silence dans une plus grande indifférence ! Les causes du malaise des producteurs de biens et de services sont bien connues et claires et communes à la plupart : tous se plaignent des avalanches de normes et réglementations, les unes nationales, les autres européennes, appliquées avec rigorisme et presque malveillance par une bureaucratie devenue au cours du temps tentaculaire. Et quand on prétend simplifier ou alléger, on complexifie ! Le temps passé à lutter contre des mesures inapplicables ou contradictoires a fini par faire oublier l’objectif professionnel et surtout pèse sur la compétitivité.  Pire : ce qui est exigé de nos producteurs nationaux ne l’est pas pour ceux qui importent produits et services sur notre sol. Quant à parler de contrôle des importations, c’est un leurre, car il est plus simple de harceler les producteurs nationaux…  Ce qui est le cas.

La subvention et le juste prix

Enfin, en haut lieu on se justifie en énumérant aides et de subventions qui, effectivement, représentent souvent un pourcentage gigantesque des revenus, mais les producteurs quels qu’ils soient, agriculteurs ou industriels, travaillent dur et méritent un revenu décent sans qu’ils aient à mendier à Paris ou à Bruxelles pour survivre. La liberté d’entreprendre et la nécessité de vivre décemment de son travail est un droit inaliénable de notre République, encore faut-il que les gouvernements le permettent. Les entreprises ne doivent pas devenir des secteurs « assistés », le monde du travail effectif a besoin de considération et de la rétribution juste du travail effectué ; il ne peut pas survivre avec l’épée de Damoclès de l’appréciation d’un technocrate, sur l’obtention ou non d’une aide ou d’une subvention.  Par ailleurs, ces aides ne sont là que pour compenser les prélèvements excessifs des États qu’il faudrait en plus remercier pour cette thérapie du cancer qu’il provoque !

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Pour un examen sérieux de tous les textes

Le mouvement patronal Ethic est bien conscient que les actions de révolte des ruraux, menées pour se faire entendre des pouvoirs publics et de Bruxelles, laissent craindre un embrasement et que cette révolte comprise par tous les français fasse tache d’huile et conduise à de nouveaux troubles sur le fonctionnement d’entreprises de toutes sortes, lourdement pénalisées déjà par les dérèglements dans le secteur de l’énergie. Les solutions existent, mais elles passent obligatoirement par un examen sérieux et sans tabou de tous les textes censés, entre autres, défendre notre environnement ! Il faut réexaminer scrupuleusement tout ce qui a conduit à des contraintes bureaucratiques, inefficaces et le plus souvent orientées vers la décroissance ouvertement vantée et l’organisation d’une pénurie que notre peuple n’a jamais approuvée.

L’expérience du terrain, s’il vous plaît

Est-ce enfin le moment du sursaut ? Du vrai, pour sauvegarder notre prospérité et notre environnement ? Mais qui osera entamer une remise à plat étudiant prioritairement les impacts réels des mesures prises ?  Qui s’intéresse aux retours d’expériences sur les conséquences des contraintes pesant sur les entreprises nationales agricoles et autres ? Certainement pas les cabinets ministériels qui prennent de haut, non sans un certain mépris, les jérémiades des entrepreneurs ; les énarques n’ont jamais mis les pieds dans la glaise du quotidien administratif qu’ils savent en revanche si bien inventer. La seule et unique solution est d’inverser judicieusement et volontairement une certaine forme d’exercice du pouvoir ; il faut attacher de l’importance à la base, au retour d’expériences de nos entreprises de toutes conditions. C’est seulement après, et avec leur accord, qu’il conviendra ou non d’intervenir. L’heure est venue pour la république des entrepreneurs de sauver… la République !

Censure du Conseil constitutionnel: Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

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Migrants, place de la République à Paris, novembre 2020 © SETBOUN MICHEL/SIPA

Neuf sages président aux destinées françaises. Ils sont neuf à pouvoir décider de l’avenir de la nation, du devenir de son peuple, de son identité, de sa sécurité, de sa survie. Laurent Fabius, Michel Pinault, Corinne Luquiens, Jacques Mézard, François Pillet, Alain Juppé, Jacqueline Gourault, François Seners, Véronique Malbec : un ancien ministre socialiste, un ancien Premier ministre chiraquien et sept personnalités que la plupart des Français seraient bien en peine de citer, viennent de rayer d’un trait de plume verbeux près de la moitié des dispositions de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

Les juges se substituent au peuple

De ce monument du « en même temps », le Conseil constitutionnel a donc censuré tout ce qui inclinait à droite et sur lequel, du Rassemblement national aux Républicains, s’était bâtie une union destinée à contrôler, contenir, contingenter l’immigration.

Écrasant de vive force la volonté du législateur, exprimée clairement à 349 voix contre 186 à l’Assemblée nationale et à 210 voix contre 115 au Sénat, les septuagénaires se sont assis sur la volonté de 70 % des résidents français[1] :

Selon eux, le regroupement familial est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, les conditions d’inscription des étudiants étrangers sont sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délit de séjour irrégulier sur le territoire français est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délai avant bénéfice du droit et des aides au logement est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le droit de la nationalité est sans lien avec le contrôle de l’immigration et l’amélioration de l’intégration ;
Selon eux, l’aide internationale au développement doit rester sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le parlement ne peut pas s’accorder à lui-même, par la loi, la faculté de décider chaque année du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France ;
Selon eux, la police ne peut pas recueillir de photos ni d’empreintes d’un étranger qui s’y oppose, car il faudrait que ces recueils élémentaires soient réalisés en présence de son avocat.

Du Code civil aux droits sociaux, du code pénal à la police, des universités au parlement : rien ni personne ne doit limiter l’immigration ni garantir la connaissance et la maîtrise des flux, ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel. Il érige ainsi entre le pays et son destin un mur infranchissable.

Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

C’est le cœur serré que le Mouvement conservateur reçoit ce verdict. Comment croire en la conservation du peuple français, au maintien de la nation et de son âme dans cette prison légale ? Certes, cette décision était attendue d’avance, nous l’avions dit dès l’adoption de ce texte le 19 décembre. Certes, les « oppositions » qui avaient crié victoire – un peu tôt – ont fait montre de leur naïveté voire de leur collaboration à un exercice de pur affichage mensonger, et nous l’avions dit également.

Mais la cécité ou la malignité du Conseil constitutionnel n’en reste pas moins désespérante à recevoir, tant elle ferme les portes du devenir français. Le Conseil a censuré toute tentative, actuelle et à venir par sa jurisprudence, de protéger et défendre notre peuple et sa sécurité. Reste donc dans ce texte la régularisation de 10 000 clandestins par an et un regroupement familial illimité.

Le ministre de l’Intérieur s’en félicite au moment même où son ministère publie les chiffres 2023 de l’immigration : la France a délivré le nombre record de 323 260 titres de séjour.

Le Mouvement Conservateur demande la démission de Gérald Darmanin, qui était responsable de la totalité de la loi qu’il a fait voter, et non des seules parties qui ont obtenu la bénédiction du Conseil constitutionnel, ce cénacle non élu qui, depuis le « coup d’Etat des juges » de 1971, s’est approprié le gouvernail de la République en se dotant d’un droit de veto sur les choix politiques, confisquant depuis la souveraineté démocratique. Après avoir fait croire aux Français qu’il allait durcir le contrôle de l’immigration, et qu’une reprise en main de leur destin était possible, Gérald Darmanin montre au grand jour qu’il est prêt à tous les abandons pour conserver son poste.

Il faut un référendum pour redonner aux Français un pouvoir confisqué

Pour que le peuple français retrouve la maîtrise de sa politique migratoire, le Mouvement Conservateur n’entrevoit qu’une seule solution : le référendum constitutionnel, fixant dans notre norme suprême les nécessaires dispositions à faire prévaloir sur l’immigration illégale et légale. Il demande solennellement au président de la République d’organiser ce référendum absolument vital et nécessaire.

Dans nos rues, sur nos autoroutes, monte la colère des paysans qui considèrent que le pays « marche sur la tête ». C’est aussi la colère des Français qui, à plus de 70 %, ne veulent pas être remplacés mais être conservés, à laquelle il faut répondre pour garantir la paix.


[1] Elabe, 20 décembre 2023.

Agriculture et bonne conscience

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Actions de blocages sur les axes principaux de transport, organisées par le monde agricole en Gironde, le 24 janvier 2024. ©MATHYS/ZEPPELIN/SIPA

Derrière la crise des agriculteurs se trouve une problématique relativement simple : les impératifs environnementaux dictés par les politiques sont imposés aux paysans au mépris des piètres conditions socio-économiques qui sont celles du monde agricole aujourd’hui.


Y a-t-il profession physiquement plus astreignante, administrativement plus contrainte, plus exposée au surendettement, aux aléas météorologiques, aux fluctuations des marchés (positives, on les tait ; négatives, on les clame), plus sujette aux disparités de revenus et, pour beaucoup de ses travailleurs, plus précaire, que l’agriculture française ? Il est exigé des agriculteurs d’assurer la sécurité alimentaire et, EN MÊME TEMPS, de satisfaire aux pratiques vertueuses dictées par des autorités plus sensibles au bien-être du doryphore qu’à leur condition. À charge pour eux, exclusivement, de supporter sur des échelles de 1 à 5 ou de 1 à 10 l’insécurité inhérente à leurs secteurs respectifs.

Cette insécurité porte essentiellement sur le médiocre niveau des revenus pour 70 % d’entre eux, rapporté à l’effort fourni et aux risques encourus. C’est pourtant cette réalité-là que les grands prêtres autoproclamés de l’écologie relèguent à l’arrière-plan du débat agro-environnemental comme s’il s’agissait d’un à-côté méprisable, quand ils ne l’esquivent pas purement et simplement. Pour eux, la question sociale est accessoire.

En butte aux agressions des antispécistes, aux vols de matériel agricole et de carburant commis par des gangs organisés, cibles de bobos ricaneurs qui en font volontiers les figures originales des Deschiens, les agriculteurs ont le dos large. Soit on les plaint, et parfois à tort ; soit on les conspue, et quelques fois à raison. Quant à la bourse plate de la plupart, attendu que le revenu mensuel moyen par ménage est inférieur à 1 500 € et que 18% vit sous le seuil de pauvreté (13 % à l’échelle nationale), tout le monde s’en fout.

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Dans l’interview recueillie par Mathieu Derrieck pour L’Opinion (23 janvier 24), le président de la Commission Environnement-Santé publique-Sécurité alimentaire du Parlement européen, Pascal Canfin lui-même, n’en dit mot.

Le colistier de Nathalie Loiseau aux européennes de 2019 est d’abord interrogé sur les tracasseries qui empoisonnent le quotidien des agriculteurs. « La gestion de la Politique agricole commune [PAC] est, dit-il, d’une trop grande complexité administrative […] Les agriculteurs passent jusqu’à 30 % de leur temps à remplir de la paperasse […] Quand je regarde un dossier PAC, c’est clair, c’est l’enfer ». Mais pourquoi a-t-il attendu qu’éclate l’exaspération des agriculteurs pour en faire l’aveu ? À son poste depuis quatre ans, qu’a-t-il fait pour vider cet enfer en poussant à la simplification ?

En dépit du « ressenti » du monde agricole, il estime que les « problèmes actuels » n’ont aucun lien avec le Pacte vert dès lors, poursuit-il, « qu’aucune des réglementations environnementales dans le domaine agricole liée au pacte n’est encore entrée en vigueur ». Pas encore…. On se serait attendu à ce qu’il précise : à mon vif regret, puisqu’il est le premier à réclamer l’application desdites réglementations.

Entre autres motifs de la jacquerie : les prochains objectifs en matière de réduction des engrais azotés et des pesticides indiqués dans le Pacte vert de la PAC 2022-2027. Ne faut-il pas les revoir au vu du contexte social ? « Là encore, répond Pascal Canfin, c’est très intéressant. Ces objectifs sont-ils de nature obligatoire ou légale ? Non. L’augmentation de la production biologique à 25 % n’est pas inscrite dans la loi européenne. C’est un des objectifs aspirationnels de la stratégie « Farm to fork ». La réduction de 50 % des pesticides à 2030 n’est pas aujourd’hui dans la loi européenne parce que le Parlement l’a rejetée ». Sa mémoire a-t-elle été aspirée au creux d’un trou noir ? En vérité, Pascal Canfin militait pour cette réduction qu’ont repoussée les parlementaires européens. Il ne tenait qu’à lui de s’en flatter ouvertement.

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La concurrence déloyale qu’a entraînée sur le marché français, ainsi que parmi les pays limitrophes de l’Ukraine, la levée des droits de douane est un autre grief. Pascal Canfin en a-t-il évalué la portée ? « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, explique-t-il, nous avons, dans un objectif de solidarité, baissé considérablement les droits de douane sur les importations agricoles venues d’Ukraine. Cela a des conséquences majeures, notamment pour la filière volaille. Notre délégation a clairement signifié à la Commission européenne les risques. Une fois évaluées les conséquences de ces exemptions, il faudra être prêt à retravailler ce sujet des droits de douane. Sans jamais oublier que si on en est là, c’est parce que l’ami de Marine Le Pen, Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine ! »

Pour éviter l’effondrement de la filière volaille, la première mesure qui vient à l’esprit consisterait à rétablir des droits de douane. Sans tarder. Mais ce n’est pas le feu au poulailler qui ébranlera le flegme de Pascal Canfin. Ce qu’il suggère dans son brillant langage eurotechno témoigne d’un indiscutable sang-froid : « Sur le cas particulier de la volaille qui prend aujourd’hui de plein fouet la production ukrainienne, je pense que la question de faire l’analyse objective des conséquences pour éventuellement faire évoluer les droits de douane ou les volumes qui en bénéficient, mérite notre attention ». Tout de même ! Mobiliser l’attention, c’est une première mesure… Il ajoute : « C’est une préoccupation légitime du monde agricole qui doit pouvoir s’articuler avec notre soutien sans faille à l’Ukraine en guerre pour nos valeurs ».

Une grande insécurité sociale

Le « nous » canfinois est problématique. Désigne-t-il « Nous, Européens », « Nous, Français », « Nous, députés du groupe Renew », ou le nous de majesté, « Nous, Pascal Canfin » ? À aucun moment, n’importe lequel de ces Canfin n’aborde la question qui fâche, la question la plus « de gauche » et donc la plus embarrassante pour un écolo de progrès las de refouler sa pulsion despotique (si faiblement éclairée) : l’insécurité sociale de tant d’agriculteurs.

La porte-parole de Renew y est-elle plus sensible ? Hier, Ulrike Müller saluait dans la stratégie « Farm to Fork », « De la ferme à l’assiette », une opportunité commerciale pour les agriculteurs : à condition, soulignait-t-elle toutefois de « s’assurer qu’ils peuvent l’appliquer tout en gagnant un revenu équitable ». Aujourd’hui, qui s’en assure en haut lieu, et pour quel résultat ? En attendant, les agriculteurs français défendent les mêmes valeurs que les Ukrainiens ! Ils supportent, et faut-il leur en vouloir de le tolérer jusqu’à un certain point, de perdre leurs parts sur le marché intérieur. À ce jour, sans compensation. Aux guides de l’Union européenne à l’origine du beau geste d’en répartir le coût.

Loi immigration : droite cocue ou droite complice ?

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Des policiers devant le Conseil constitutionnel, Paris, le 25 janvier 2024. JEANNE ACCORSINI/SIPA

Quand le Conseil Constitutionnel censure des mesures votées par le Parlement, c’est la souveraineté du peuple français qui est en jeu. Le seul remède, c’est un référendum, ou plutôt deux référendums : un sur l’immigration et un autre sur le Conseil Constitutionnel. Tribune.


Le Conseil Constitutionnel, qui n’avait rien trouvé à redire aux pires délires liberticides de la « politique sanitaire », vient sans surprise de censurer toutes les mesures de la « loi immigration » qui auraient pu, si peu que ce soit, freiner l’immigration massive. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs clairement annoncé dès l’adoption de la loi afin de rassurer son aile gauche et gauchiste : toutes les concessions faites à la droite pour obtenir ses votes seraient méticuleusement vidées de leur substance ou supprimées.

Sans surprise, j’insiste : de gauche ou d’extrême-centre, les « progressistes » ont besoin de l’immigration massive pour déposséder le demos de sa souveraineté, le précariser, et abolir la décence commune qui bride encore (mais de moins en moins) leurs appétits et leurs fantasmes d’ingénierie sociale.

Au fait, les agriculteurs feraient bien de méditer cette leçon. Le pouvoir macronien a escroqué le Sénat sans la moindre hésitation : qui peut croire un seul instant qu’il respecterait d’éventuels engagements envers une ruralité qu’il a toujours méprisée ? Les promesses n’engagent que ceux qui ont un minimum d’honneur.

Guy Daniel et moi-même l’écrivions il y a quelques jours, le PS a brillamment réuni 1,7% des suffrages aux dernières élections présidentielles et 5% aux législatives, pourtant un président de la République issu du PS (dont le nouveau premier ministre issu du PS a succédé à une première ministre issue du PS) et un président du Conseil Constitutionnel issu du PS piétinent consciencieusement la démocratie, et la gauche dans son ensemble se drape de bonne conscience pour bafouer la volonté générale sans même prendre la peine de cacher sa jubilation.

Notons que le titre même dont se parent les membres du Conseil Constitutionnel, les « sages », illustre à merveille l’arrogance de ceux qui, malgré l’état de déliquescence avancée dans lequel eux et leurs pareils ont plongé le pays, persistent à se voir comme une élite éclairée guidant la plèbe. Socrate lui-même se disait seulement philosophe, désirant la sagesse, parce qu’il avait l’humilité de ne pas se proclamer sage – et contrairement à lui, les membres du Conseil Constitutionnel n’ont pas reçu l’onction de l’oracle d’Apollon, seulement celui de manœuvres politiciennes.

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On rappellera pour mémoire, et bien évidemment en vain tant que les progressistes seront au pouvoir (« mais c’est encore plus beau lorsque c’est inutile » disait Cyrano), que l’article 3 de la Constitution prévoit que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Soyons explicites : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants, dont les membres du Conseil Constitutionnel ne font pas partie – contrairement aux parlementaires qui ont voté la loi censurée par ledit Conseil – et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice, pas même les neuf membres du Conseil Constitutionnel ».

Et aux adeptes des arguties juridiques plus attachés à la forme qu’au fond, à la lettre qu’à l’esprit, je réponds par avance qu’il y a un moyen extrêmement simple de trancher : demander l’arbitrage du souverain. C’est-à-dire du Peuple Français. En d’autres termes, un référendum. Sur l’immigration bien sûr, et ajoutons-en un sur le Conseil Constitutionnel, ce sera intéressant. Mais ça, évidemment, la gauche et l’oligarchie mondialiste des anywhere, dont la macronie incarne les intérêts, n’en veulent pas. Tout ceci n’a rien de nouveau.

Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que la droite parlementaire de LR et du RN vient de se faire magistralement piéger devant la France entière (Zemmour, lui, avait vu le coup venir). Ce qui appelle une question simple : et maintenant ? Se contenter de grandes déclarations scandalisées serait s’agenouiller devant Macron. L’heure n’est plus à l’indignation, mais aux représailles (politiques, s’entend). Les motions de censure, ça existe.

Laurence Gougeon l’a bien résumé : « On ne négocie pas avec Macron, on ne co-dirige pas avec le pouvoir macronien, on se couche ou on se bat ». Les Anglais ont une belle expression : « Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me » (Tu me trompes une fois, honte à toi ; tu me trompes deux fois, honte à moi). Si à l’avenir on surprend les dindons de la farce d’aujourd’hui à faire à nouveau confiance à la macronie, la conclusion s’imposera d’elle-même : ils ne sont pas cocus, ils sont complices. Et la même remarque s’applique évidemment aux électeurs de droite qui, demain ou après-demain, seraient tentés de voter encore pour l’extrême-centre au nom du célèbre « front républicain contre l’extrême-droite »….

Groupes de niveau, retour urgent !

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Manifestation de lycéens contre la réforme Haby visant à instaurer un collège unique, Paris, 13 mars 1975. Photo : AFP

L’instauration du collège unique devait réduire les inégalités et renforcer la cohésion dans les classes. C’est l’exact contraire qui s’est produit. Le rétablissement des groupes de niveau s’impose plus que jamais car l’école prétendument inclusive est devenue « un lieu de séparation, d’injustice et de médiocrité ». Et c’est un ex-prof qui le dit.


Le PISA nouveau est arrivé, avec, comme chaque fois, son lot de déceptions. La France baisse. Et même si cet affaiblissement est « général », « contextuel », que le pays demeure dans la « moyenne » de l’OCDE, les chiffres sont terribles : en mathématiques, la proportion des élèves en difficulté passe de 17 %, en 2003, à 29 %, en 2022 ; celle des élèves les plus performants de 15 %… à 7 % !

Branle-bas de combat au gouvernement ! Gabriel Attal promet un « électrochoc », parle d’« urgence », évoque des « changements radicaux ». Parmi ceux-ci, la création de trois groupes de niveau en mathématiques ainsi qu’en français, dès la rentrée 2024 (en sixièmeet en cinquième), avec une extension au reste du collège en 2025, et des effectifs réduits pour les groupes les plus faibles.

Aussitôt cris, émois et pâmoisons chez les pédagogues en tous genres qui s’entêtent à préconiser les mêmes méthodes, celles qui ne fonctionnent pas, depuis cinquante ans : classer les élèves selon leurs performances, assurent-ils, ce serait discriminer, attenter à la sacro-sainte égalité républicaine, et même contre-productif. Cependant, l’hétérogénéité des classes n’est un dogme que depuis 1977 et la création du collège unique ; or, depuis cette époque, le niveau chute continuellement. Une preuve ? Le nombre moyen de fautes, sur une dictée identique proposée quatre fois à des élèves de CM2 entre 1987 et 2021, monte de 10,7 à 19,4.

Par-delà les raisonnements, il faut avoir été professeur pour comprendre à quel point ces groupes de niveau sont salutaires : l’on n’imagine pas l’ampleur du gouffre qui existe, au sein d’une même classe, entre les élèves les moins bons et les meilleurs. Depuis que Najat Vallaud-Belkacem, par décret, a rendu le redoublement optionnel (2014), des collégiens jusqu’en troisième lisent comme des primaires, et des lycéens, jusqu’en terminale, écrivent comme des collégiens. Les plus forts vont « tirer les plus faibles », dit-on : théorie ! L’écart est tel, en vérité, que le mélange ne prend pas.

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Cela fait des années que l’échec est patent. On aurait pu espérer une prise de conscience moins tardive. C’était sans compter l’inventivité des pédagogues qui, pour maintenir la mixité envers et contre tout, se sont réfugiés dès les années 1970 derrière le concept de « différenciation ». Il s’agit d’adapter l’enseignement à la capacité de chacun, élève par élève, en adoptant des épreuves, des évaluations, et même des notations différentes : en d’autres termes, établir des enseignements par niveau… mais sans groupes de niveau ! Ce « en même temps » injustifiable est, trop souvent, matériellement impraticable, à cause des effectifs et du trop grand écart entre les enfants : alors, nombre de professeurs, démunis, délaissent malgré eux, au choix, les bons élèves ou les mauvais ; et comme les seconds sont foule, ce sont souvent les premiers, les premières victimes de ce vaste système.

L’hétérogénéité des classes, dans l’esprit des pédagogues, poursuivait deux objectifs : réduire les inégalités et renforcer la cohésion. C’est l’exact contraire qui est arrivé. Noter autrement un mauvais élève pour qu’il ait la même moyenne que son camarade meilleur, ce n’est pas égalitaire, c’est injuste, et plutôt inégal. Et nulle cohésion dans la pluralité des niveaux, car le contraste est tel, entre un enfant qui maîtrise la lecture des vers et un autre qui ne sait pas encore lire, qu’il est presque impossible de l’amoindrir, et qu’il faut bien appliquer, finalement, des règles différentes à des individus d’une même classe. À plus grande échelle, ceci n’a-t-il pas comme un air de déjà-vu ? Inclure, c’est soumettre aux mêmes règles ; ce n’est pas permettre de déroger au collectif. Ainsi, l’école, en 2023, derrière la volonté sincère, n’en doutons pas, d’intégration, d’excellence, de bienveillance et d’équité, est devenue un lieu de séparation, d’injustice et de médiocrité.

Tous les professeurs ont constaté les failles de l’hétérogénéité, j’en témoigne, pour en avoir souvent discuté avec des collègues d’opinions diverses. Mais, par une contradiction étrange, un certain nombre d’études maintiennent obstinément, en dépit de toute réalité, que les groupes de niveau ne favoriseraient pas la réussite scolaire : serait-ce idéologique ? On pointerait sans fin leurs incohérences, comme celle de l’IDEE[1], qui regrette que « l’enseignant fini[sse] par baisser ses attentes vis-à-vis des élèves faibles, s’adressant à eux par rapport à leur niveau tel qu’il est », ce qui est l’exacte définition de la différenciation, qu’ils préconisent pourtant ! Ou celle de 1997 de Duru-Bellat et Mingat, publiée dans la Revue française de sociologie, qui reproche aux groupes de niveau d’être plus favorables aux meilleurs élèves, par pur mépris de l’élitisme. Citons encore cette étude de 2019, de Boutchenik et Maillard, qui pointe du doigt « l’exposition à la compétition » (sic) entre les élèves, comme si c’était un crime.

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Un beau pied-de-nez à ces études fort discutables, c’est qu’Andreas Schleicher, l’inventeur du classement PISA, recommande précisément la mesure de Gabriel Attal ; et que les pays de l’OCDE qui l’ont déjà mise en œuvre, tels l’Irlande et le Royaume-Uni, sont montés dans le classement. À bon entendeur !

Alors, les groupes de niveau, bonne ou mauvaise idée ? Bonne sans doute ; mais inutile, certainement. Parions que d’ici la fin du quinquennat Macron, l’école sera toujours aussi médiocre. Il faudrait a minima revenir à l’enseignement vertical, au cours magistral, au certificat d’études, aux enseignements chronologiques, et j’en passe ! C’est-à-dire à une école d’avant 2000, d’avant 1980, et même d’avant de Gaulle, dont les ministres, Peyrefitte et Fouchet, furent les premiers promoteurs d’un préjudiciable réformisme – mais c’est une autre histoire.


[1]. Le programme IDEE (Innovations, données et expérimentation en éducation), partenaire du ministère de l’Éducation nationale, lancé en 2022 et financé par l’Agence nationale de la recherche, vise à « développer la recherche expérimentale à large échelle en éducation, et à promouvoir l’utilisation de ses résultats » (idee-education.org).

Geert Wilders: la gauche immigrationniste et le point Godwin

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Geert Wilders lors d'un débat télévisé, Rotterdam, le 13/3/2017 Yves Herman/AP/SIPA

La haine déversée sur Geert Wilders, grand vainqueur des élections législatives aux Pays-Bas, ravive le spectre de l’assassinat de celui dont il défend l’héritage, Pim Fortuyn, abattu par un militant végan des droits animaliers le 10 mai 2002. Les dénonciateurs de Wilders dans la presse néerlandaise tentent donc de modérer leur langage pour ne pas être accusés d’avoir encouragé un assassinat éventuel.


Lors des élections législatives du 22 novembre 2023, le Parti Pour la Liberté (PVV) de M. Wilders obtint 37 des 150 sièges dans la Chambre Basse, un gain de 17 sièges. Ainsi, le PVV devint de loin le plus grand parti. Depuis lors, M. Wilders et les dirigeants de trois autres partis conservateurs tentent de former un gouvernement qui aura comme objectif principal de freiner considérablement l’immigration.

Certes, la gauche politique et médiatique a appris la leçon. Elle évite les comparaisons foireuses entre la politique prônée par M. Wilders et les pratiques en vigueur dans l’Allemagne nazie, dont M. Fortuyn fut accablé. Un politicien de centre gauche se risqua même à la gageure que pendant l’Occupation, M. Fortuyn n’aurait pas hésité à dévoiler la cachette d’Anne Frank aux sbires nazis.

Cependant avec M. Wilders, pourfendeur de l’immigration extra-européenne comme Fortuyn, politiciens et journalistes évitent toute allusion aux nazis. Soucieux, sans doute, d’éviter le reproche-constatation qui a fait florès depuis l’assassinat politique dont les blessures sont loin d’ être cicatrisées :  « La balle venait de la gauche ».

Aujourd’hui, les critiques se bornent à dépeindre M. Wilders comme un danger pour la démocratie dont les politiques liberticides feraient fi de la Constitution. Et à inviter les Néerlandais à embrasser tous ceux qui se sentiraient indésirables après le verdict des urnes qu’aucun sondage n’avait prévu.

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Malgré la campagne de haine qui lui aurait coûté la vie, Pim Fortuyn ne profitait d’aucune protection de la part de l’État. Seul son chauffeur particulier donna la chasse à l’assassin, qui, après avoir purgé sa peine, fut remis en liberté en 2020. La situation de M. Wilders, constamment entouré de gardes-du-corps après sa condamnation à mort par Al Qaeda en 2004, est tout autre, sans que cela n’exclue un attentat.

La victoire de son parti, dont il est le seul membre, laissa pantois les progressistes dans les cercles politico-médiatiques. Le bon peuple avait donc fait la sourde oreille aux injonctions de ne surtout pas voter pour ce dangereux raciste, d’ apprécier l’immigration comme une chance, de célébrer la diversité, de vouer aux gémonies ceux qui osaient dire le contraire, solides arguments à l’appui.

Le choc électoral, quand un journaliste de gauche se croyait victime d’un grave accident de la circulation, dont il sortait vivant mais complètement sonné, fit rapidement place au doute. Comment la gauche et les médias qui lui sont proches, avaient-ils à ce point pu s’éloigner du peuple, donnant même l’impression de le mépriser ? Un autre écrivain et journaliste donna libre cours à son désarroi  dans le journal NRC qui, peu après la victoire de M. Wilders, publia dans le même numéro une dizaine d’articles catastrophistes sur ce qui attendrait les Pays-Bas après ce séisme électoral. Le journaliste, du nom d’Arjen van Veelen, eut recours à un long poème en prose aux relents d’autoflagellation et quelque peu misérabiliste. Il y tança aussi son propre journal, lecture obligée pour l’élite libérale néerlandaise. Que M. Van Veelen nous pardonne notre traduction bancale de ces quelques extraits:

« Ils disaient qu’ils aimaient leur drapeau rouge-blanc-bleu

Et nous leur faisions la gueule

Ils disaient leur nostalgie envers le temps où même les gagne-petit

Pouvaient se permettre un logement décent.

On les appela irréalistes et simplistes

Ils gueulaient qu’ils se sentaient abandonnés

On les traitait d’antisociaux, nous moquions leurs accents, leurs fautes de grammaire

Ils se plaignaient de ne plus pouvoir nourrir décemment leurs enfants

On leur donna un drapeau arc-en-ciel

Nous souhaitions un accueil chaleureux aux migrants,

Pourvu q’ils ne s’installent pas dans nos quartiers

Nous appelions « raciste » la fête préférée de leurs enfants, la Saint-Nicolas

Le résultat des élections nous coupa l’haleine,

Ah, comme le réveil fut amer, ce morne matin du 23 novembre

Quand on se prépara à ne plus gouverner ce pays,

Pour un certain temps ».

Peu après, un sondage Ipsos rompit avec les clichés négatifs sur les quelques 2,4 millions de Néerlandais qui avaient voté pour M. Wilders. Le PVV attire bien plus de jeunes entre 18 et 34 ans que les autres partis. 10% de citoyens ayant suivi des études supérieures vota pour le PVV, contrairement au préjugé qui les voudrait tous ignares. Le PVV attire des électeurs provinciaux dans la même mesure que des citadins, et n’est donc pas un repaire de ploucs. Selon Ipsos, M. Wilders est apprécié également par des immigrés non-Blancs, comme les Asiatiques et les hindous.

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Le hasard faisait bien les choses pour M. Wilders et ses partenaires gouvernementaux de choix quand, le 15 janvier, apparut une étude crédible sur la nécessité de freiner l’immigration si les Pays-Bas tiennent à rester vivables. Un rapport de sages, strictement apolitiques, esquissait un avenir marqué par « des pénuries, l’irritation, des inégalités sociales, une perte de foi dans l’État de droit » si l’immigration n’est pas freinée avec force. Scénario catastrophe qui risque de devenir réalité quand, en 2050, le nombre d’habitants atteindrait 22,8 millions de personnes « dans le pire des cas ». Ce qui équivaut à une augmentation de 5 millions de personnes dans les 26 ans à venir. Et cela dans un pays aux dimensions modestes ; la France est treize fois plus grande. Les experts prônent que les Pays-Bas optent, au sein de l’Union européenne, pour  une réduction drastique du nombre de demandeurs d’asile.

Les sages jugent donc crédible l’enfer immigrationniste que MM. Wilders et Fortuyn avaient dit craindre, au prix d’être frappés d’ostracisme pour l’un et par la mort pour l’autre.

M. Wilders a d’ores et déjà rayé des promesses électorales inacceptables pour ses partenaires, dont l’interdiction de la construction de mosquées et d’écoles coraniques ainsi que le port d’habits « islamiques » dans les lieux publics. Priorité absolue à freiner l’immigration sous toutes ses formes, mais surtout les demandes d’asile et le regroupement familial qui en résulte. Selon M. Wilders, 95 pour cent des demandeurs d’asile sont de simples migrants qui doivent être expulsés dare-dare. Selon un sondage publié le 20 janvier, le parti de M. Wilders obtiendrait 49 des 150 sièges parlementaires si des élections avaient lieu maintenant.

Merci qui ?

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Dominique Sopo, Sophie Binet et Jacques Toubon à une manifestation ce dimanche 21 janvier 2024 contre la loi immigration. ©Chang Martin/SIPA

Avec les procès médiatico-politiques intentés contre Jordan Bardella, Sylvain Tesson, le lycée Stanislas et même le chef du Parti communiste, nous sommes face à une litanie d’inepties. Tribune.


Un « Complément d’Enquête », troussé en dépit du bon sens par la fille publique de l’information qu’est devenue la chaîne de télévision France 2, hyper spécialisée désormais dans la négation décomplexée de l’esprit de méthode. Nul doute que de telles performances devraient lui valoir avant peu le statut enviable de porte-étendard de l’indigence déontologique exhaussée au rang de principe de base à enseigner dans les écoles de journalisme, selon un programme directement calqué sur celui de la célèbre STASI, police est-allemande des mœurs et de la pensée, de consternante mémoire.

Une meute d’auteurs-réalisateurs-poètes et pousse-mégots multifonctions, infatués à l’extrême, qui se voudraient maudits mais ne sont que ridicules, et qui, faute de mieux en matière d’œuvre, vomissent, dans une langue en voie de décomposition, une pétition saturée de jubilation hargneuse afin de lapider un bel et authentique écrivain, Sylvain Tesson. Un écrivain vrai, qui, c’est certain, marquera son temps, et que cette engeance ne se donnera même pas la peine de lire, si toutefois elle en venait à savoir lire un jour.

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Et puis voilà que nous tombe un procès dans la plus pure tradition stalinienne revue et corrigée par Médiapart, avec témoins de complaisance et vérités fabriquées contre l’institution scolaire catholique Stanislas, vouée aux bûchers de l’inquisition woke pour cause d’excellence. Et, circonstance très aggravante, également en raison d’une fidélité civilisationnelle assumée.

Et, toujours dans le registre du médiocre télévisé, un ministre des Finances qui, sans rire, refile la patate si chaude du cours foldingue de l’électricité à un parti d’opposition dont le cours lui aussi fort grimpant le met en panique. Enfin, cerise sur cet infâme pudding servi ces jours derniers, l’impayable chef(e) de la CGT s’associant à l’anathématisation et à l’expulsion du patron du Parti communiste français lors d’une manifestation  en peau de chagrin estampillée « droits de l’homme ». Alors là, pour un peu, on se tordrait de rire. La CGT bottant le cul du PC ! Comment est-ce possible ? Ainsi, il y aurait du mou  – du mou très mou – dans ce qu’on appelait autrefois, au temps des deux Kings Georges (le Séguy et le Marchais), « les courroies de transmission » du parti.

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Assistant, médusé, à ce florilège d’inepties, j’irais jusqu’à laisser entendre, paraphrasant un certain Guy Mollet, que nous avons en France, sans conteste possible, « la gauche la plus bête du monde ». Mais, retenu par un sens inné de la charité et de la bienveillance qui me vient d’on ne sait où, je m’en abstiendrai. Une petite remarque cependant : encore deux ou trois pitreries – pardon, deux ou trois conneries – du calibre de celles évoquées ci-dessus, et la barre des 80% d’opinions favorables devrait devenir une perspective des plus réalistes pour le RN et ses chefs. Merci qui ?

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Faste retour d’Egypte au Palais Garnier

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Giulio Cesare 23-24 © Vincent Pontet-Opéra national Paris

Giulio Cesare in Egitto, le chef-d’oeuvre opératique de Georg Friedrich Haendel, est de retour à Paris dans la mise en scène de Laurent Pelly de 2011 qui ne cache rien de la violence et de la luxure de cette oeuvre.


Deux meurtres sur scène, plusieurs tentatives de viol, et même (vue de dos, précisons !) une fellation homosexuelle en live : millésimée 2011, la mise en scène de Laurent Pelly reprise à présent sous les ors du Palais Garnier ne cèle rien, ni de la violence ni de la luxure qui s’ébattent dans Giulio Cesare in Egitto, sommet lyrique du grand Haendel, créé à Londres en 1724 pour la Royal Academy of Music, ville où le compositeur d’origine allemande s’était installé depuis quatorze ans et qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1759.

Base d’adaptations antérieures, l’opéra n’en marie pas moins les registres, dans la tradition shakespearienne et comme l’exigeait alors l’esthétique vénitienne – on chante en italien, bien entendu, et dans des rôles travestis pour la plupart -, la veine comique s’infiltrant dans le tragique le plus sanguinaire. Pelly, non seulement joue avec brio de ces contrastes, mais un décor très imaginatif, signé Chantal Thomas, figure les réserves du musée du Caire, convoquant dans un allègre raccourci historique tout l’arsenal iconographique et statuaire qui a fait fantasmer l’Occident, trois siècles durant, sur l’Egypte antique.

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Ainsi, dans la scène d’ouverture, au lieu de la tête coupée d’un Pompée sanguinolant déposée sur un plateau au pied de César sous les yeux horrifiés de son épouse Cornélie, c’est une statue géante du général romain qu’on voit arriver en caisse de bois sur le plateau, apportée sur un diable par le personnel du musée, sous la surveillance des conservateurs. Le répertoire de la manie égyptologique infuse avec beaucoup d’esprit et d’élégance les trois actes de l’opéra, depuis les chromos d’Alexandre Cabanel jusqu’aux huiles orientalistes de Jean-Léon Gérôme, en passant par les tapis dans l’un lesquels on verra même se rouler la reine d’Egypte… Le pittoresque antique anime donc à loisir, d’un bout à l’autre, la dramaturgie féroce qui oppose l’incorruptible veuve romaine Cornélie et Sextus, son fils dévoué, à la reine égyptienne Cléopâtre, trahie par le jouisseur efféminé Ptolémée et le conjuré Achillas, et bientôt éprise d’un Jules César lui-même conquis par sa beauté…

L’Orchestre national de Paris, fait d’instruments modernes, n’est pas spécialement « baroqueux », quoique la baguette du chef britannique Harry Bicket (lequel dirigeait déjà Ariodante, du même Haendel, l’an passé) le fasse sonner dans l’esprit du Concert d’Astrée qui emplissait la fosse lors de la création de cette production comme à sa reprise deux ans plus tard.

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La mezzo-soprano Gaelle Arquez campe avec l’extraordinaire virtuosité qu’on lui connaît le rôle travesti de César (jadis chanté par un castrat comme l’on sait) pour lequel elle avait été d’ailleurs ovationnée en 2022 au Théâtre des Champs-Élysées, dans une mise en scène de Damiano Michieletto plus controversée.  En Cléopâtre, à peine vêtue d’une tunique blanche presque transparente, la fabuleuse soprano cubano-américaine Lisette Oropesa impose quant à elle une agilité, une précision souveraine dans les trilles acrobatiques de la partition. L’adolescent Sextus, sous les traits de l’excellente mezzo – soprano canadienne Emily D’Angelo (rôle-titre d’Ariodante en 2023, on s’en souvient), fait merveille par son allure androgyne, si parfaitement accordée au rôle. Le jeune contre-ténor français Rémi Bres, qu’on découvre à l’Opéra de Paris, se signale par son irrésistible talent comique et son timbre irréprochable dans l’emploi burlesque d’un Nirenus (le confident de Cléopâtre et de Ptolémée) pastichant dans sa gestuelle de profil l’esthétique particulière à l’Egypte ancienne… La plantureuse contralto allemande Wiebke Lehmkuhl (Cornélie), le baryton-basse vénézuélien Luca Pisaroni (Achillas) et le contre-ténor britannique Iestyn Davis (Ptolémée) complètent cette distribution impeccable. Elle magnifie la succession d’arias sublimes qui fait de ce chef-d’œuvre un must absolu de l’opéra seria.

Giulio Cesare. Opéra en trois actes de Georg Friedrich Haendel (1724). Direction Harry Bicket. Mise en scène Laurent Pelly.  Orchestre et chœurs de l’Opéra national de Paris. Avec Emily D’Angelo, Adrien Mathonat, Wiebke Lehmkuhl, Marianne Cressaba, Lisette Oropesa, Iestyn Davies, Luca Pisaroni, Rémy Brès.

Palais Garnier, les 23, 25, 27, 30 janvier, 2, 8, 10, 12, 14, 16 février à 19h. Le 4 février à 14h30. Durée : 4h15.