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Rappel à l’ordre

Le niveau baisse ! Alors, ce sont les notes, que l’on « corrige »


C’est un jeu de rôles qui finit par être bien rodé. Le casting est toujours le même : d’un côté un inspecteur de lettres, contrôleur des bonnes mœurs pédagogiques, de l’autre un vilain professeur qui se refuse définitivement au confort de la soumission.

On ne change pas une équipe qui gagne

Et cette année comme les précédentes, le vilain professeur a reçu un message, minimalement courtois, l’enjoignant avec une inspectoriale fermeté de revoir sa notation des copies de BTS dont il venait de terminer la correction. Ai-je besoin de préciser que le vilain prof, c’est moi… 

Le rituel est toujours le même : nous autres professeurs subissons avant réception des copies une séance de brainwashing – moi aussi je peux faire du globish –, nous amenant à considérer que les normes orthographiques et syntaxiques doivent être globalement (sic) respectées et que de toute façon il faut se situer dans la moyenne atteinte lors de la session 2024. 

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Le niveau des copies était très homogène. Les qualificatifs les plus synthétiquement adaptés à une juste perception des choses  seraient « effarant »,  « nullissime », « indigne »… C’est sans nuances mais hélas conforme au réel (je crois savoir qu’il est têtu !). On a affaire à des jeunes gens de vingt ans, bacheliers depuis deux ans, pour certains titulaires d’une mention, unanimement incapables d’élaborer une pensée et de construire une phrase correcte. Les deux inaptitudes vont d’ailleurs de pair et s’alimentent l’une l’autre. 

Fabrique du crétin

Voilà le fruit de décennies de déconstruction de l’apprentissage de la langue (jugé difficile et discriminant), validée par de nombreux enseignants depuis les petites classes, qui (se) font croire qu’on peut s’exprimer sans maîtriser la grammaire et l’orthographe. Ils se satisfont d’une bouillie qui ne ressemble à aucune langue connue, et vont parfois jusqu’à s’extasier sur une copie quand elle ne présente que dix fautes par page…Venez comme vous êtes, et surtout restez comme vous êtes. Pauvres élèves, que le laxisme maquillé en bienveillance abandonne à leur carence ! Rajoutez là-dessus la fin de la lecture, la prédominance des écrans, l’inertie intellectuelle, le mépris de tout effort… et vous comprendrez pourquoi votre fille est bébête. 

Une tête qui dépasse

À l’issue de la correction, il y eut donc échange entre l’inspecteur des bonnes manières et le vilain professeur. Le premier, sans connaissance aucune des copies évaluées, a trouvé injustifié l’écart entre la moyenne obtenue et celle des autres correcteurs. Le deuxième lui a répondu le message qui suit : « Les copies corrigées par mes soins obtiennent effectivement des résultats calamiteux… qui me paraissent pleinement justifiés au vu du niveau qu’elles révèlent presque toutes, tant en ce qui concerne le fond que la forme (degré zéro de la réflexion, absence de références, langue non maîtrisée jusque dans ses rudiments syntaxiques et orthographiques). 

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Je crois faire preuve d’une certaine honnêteté intellectuelle en évaluant à leur juste prix les travaux qu’on me soumet, sans chercher à m’illusionner sur leurs vertus pour atteindre à toute force une moyenne préalablement établie. Un certain nombre de collègues, de leur propre aveu, s’autocensurent afin de n’être pas rappelés à l’ordre à l’issue de leur correction. Pour ma part, j’ai la faiblesse de m’accrocher encore à une certaine forme de déontologie dont je sais pourtant qu’elle n’est plus de saison. 

Bien sûr je remonterai les notes de deux points, il n’y a pas de raison que les étudiants passés par moi ne soient pas trompés comme les autres sur leur niveau réel, mais j’aurai en le faisant la désagréable impression de contrevenir aux principes de tout professeur qui se respecte et de contribuer à mon corps défendant au discrédit de l’institution tout entière.  

Je récupère les copies de bac dans quelques jours. M’est avis qu’on reverra le même film. 

«Pride de Corse»: quand les associations importent des marcheurs

Pas assez de militants LGBT+ sur place ? L’Etat en fait venir d’ailleurs.


Début 2019, Marlène Schiappa annonçait à Valeurs Actuelles un projet ministériel de Gay Pride à Ajaccio, court-circuitant la communauté homosexuelle insulaire, réticente. L’Inter-LGBT calme alors le tollé naissant sur les réseaux sociaux en ramenant l’affaire à une « boutade » que la secrétaire d’Etat aurait prise au sérieux.

Comment fabriquer à grand frais des mouvements LGBT+ « locaux »

C’était faux : la Dilcrah, organisme anti-discrimination du gouvernement, est alors engagée dans la création artificielle de mouvements LGBT+ régionaux. Les préfectures lancent ainsi de très officiels appels à projet pour subventionner le montage de « Marches des fiertés », souvent squelettiques, mais prétextes à structurer le milieu homosexuel local en associations : les conseils préfectoraux Dilcrah (« CORAHD ») disposent alors de relais locaux à qui confier missions, interventions dans les écoles, etc.

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Dans les zones très conservatrices où les volontaires manquent, autre méthode : parachuter des activistes chevronnés issus des grandes associations parisiennes. Avec des fonds Dilcrah, ils montent sur place des évènements coûteux (concerts, invitation de célébrités) qu’ils feront passer pour « locaux » en ne reculant devant aucune grosse ficelle. La Pride des champs organise un « concours du plus beau tracteur », la Pride des banlieues défile – sous lourde protection des forces de l’ordre – « contre la répression policière »… les indigènes ne s’y laissent pas prendre, et les audiences sont d’abord faibles. Dilcrah et préfectures n’y attachent que peu d’importance : l’essentiel est de créer des « interlocuteurs associatifs » LGBT+, et de les insérer dans le tissu administratif départemental (rectorat, collectivités) pour travailler progressivement l’opinion.

Un fiasco en Corse… compensé avec encore plus d’argent public

Montée selon ce plan, la « Pride de Corse » va vite mal tourner. Schiappa a vendu la mèche : les insulaires comprennent vite que la nouvelle association LGBT+ « corse », l’Arcu est dirigée depuis Paris par des cadres militants LGBT+ (Inter-LGBT, Act-Up…). Nés sur l’île, ils l’ont cependant quittée depuis longtemps et accumulent les impairs. Lobbying autoritaire des députés insulaires pour le vote de la PMA, altercation dans un bar aussitôt transformée en ratonnade « homophobe » impliquant tout un village, tentative de cancel d’universitaires corses… les méthodes de mise au pas woke, efficaces dans la capitale, ne leur valent sur l’île que rire ou mépris. Leurs Prides seront un fiasco : deux cent marcheurs en 2023, à peine cent cinquante en 2024, alors même que l’extrême-gauche avait été appelée en renfort. La greffe n’a pas visiblement pas pris.

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La préfecture n’a cependant pas attendu pour réagir. Début 2024, l’Agence Régionale de Santé Corse, présidée par le préfet de région, fait créer sa propre association dotée de forts moyens, « C3S ». Sans en porter le nom, celle-ci va assurer les missions d’un « centre LGBT+ mobile », dispositifs installés par l’Etat dans certaines campagnes françaises : van parcourant l’île avec son drapeau arc-en-ciel à la rencontre des minorités sexuelles, organisation d’évènements communautaires drag, etc. Le tout sous prétexte de « santé sexuelle » – vieille ruse de langage militante pour amalgamer prévention légitime (IST, violences conjugales) et idéologie LGBT+, justifiant ainsi de les faire financer de concert par le contribuable.  C3S finance aussi des podcasts se proposant ouvertement d’inculquer « la théorie du genre » aux petits Corses « dès le plus jeune âge ».

Naîtra aussi « U Soffiu », une nouvelle association « bénévole », en fait très liée à l’ARS : elle et C3S vont en mai-juin 2025 organiser sans les annoncer de très controversés évènements drag devant des enfants, mettant les Corses devant le fait accompli. Quant à la Pride 2025, plus aucun risque d’échec : on amènera à Bastia des manifestants par bus, par train avec billet offert… et on en invitera même depuis la Sardaigne. Arrivés sur place, ils auront deux heures d’atelier pour préparer leurs pancartes, matériel et assistance fournis. Leur effort se bornera donc à marcher cinq cent mètres sous le beau soleil de Méditerranée, avant d’aller profiter des animations municipales gratuites, la date étant opportunément choisie pour coïncider avec la fête de la Musique.

Tout cela est financé par de l’argent public : des collectivités locales, de la Dilcrah, mais aussi (pour C3S) détourné du secteur médical régional : ARS et CPAM de Corse-du-Sud. Que les hôpitaux de l’île soient dans le rouge, au bord de l’explosion, n’aurait-il aucune importance ? L’Etat français a-t-il décidé que la conversion idéologique des Corses passait avant leur santé ?

Frères musulmans: l’heure de la riposte républicaine a-t-elle vraiment sonné?

La France retire enfin le « masque » des Frères musulmans et entend s’attaquer aux racines du mouvement extrémiste. Mais beaucoup d’observateurs craignent qu’il ne soit déjà trop tard. Analyse


Longtemps, la France a toléré les activités sociales des associations islamiques sur son sol. Mais elle découvre aujourd’hui que nombre d’entre elles ne sont que des façades du mouvement des Frères musulmans, organisation classée terroriste dans plusieurs pays. Face à cette infiltration, Paris a entamé une vaste opération de « levée du masque », visant à neutraliser l’influence des Frères musulmans sur les plans financier, politique et social.

Une prise de conscience tardive mais déterminée

La classe politique et la société française ont été prises de court par l’emprise grandissante de l’organisation. Le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » recommande l’instauration de nouveaux mécanismes pour endiguer la propagation de l’idéologie radicale des Frères, notamment au sein des communautés arabes, considérées comme particulièrement vulnérables à leur discours.

La langue arabe, enjeu stratégique

Pour faire barrage aux idées des Frères musulmans, le rapport précité propose d’enseigner la langue arabe dans les écoles publiques. Ce savoir, souvent monopolisé par des associations religieuses affiliées aux Frères, aurait servi, selon plusieurs études, à diffuser leur idéologie. Une initiative cependant accueillie avec froideur par le gouvernement : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a rappelé que la priorité restait la maîtrise de la langue française.

Pourtant, comme le souligne Le Parisien, l’arabe demeure très peu enseigné dans l’enseignement secondaire (à peine 3% des collèges et lycées), alors même qu’elle est la deuxième langue la plus parlée en France, avec près de 4 millions de locuteurs. Dès 2018, l’Institut Montaigne alertait sur l’usage instrumental de l’enseignement de l’arabe par les Frères pour enrôler les nouvelles générations dans une vision radicale de l’islam, et recommandait déjà son intégration dans le système scolaire public.

Une idéologie insidieuse

Le Figaro relate un incident survenu dans un club de football parisien, où un jeune entraîneur a tenu un discours religieux à des enfants avant un entraînement, prônant la soumission à Dieu au lieu de parler de sport. Ce discours faisait référence au concept de « souveraineté divine » (al-hâkimiyya), central dans l’idéologie des Frères musulmans. Selon cette vision, les lois humaines sont inférieures à la « loi divine », ce qui conduit les adeptes à rejeter les institutions démocratiques, considérées comme « impies ».

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Alerté, un parent d’élève a déposé plainte. L’enquête qui a suivi a mis au jour un réseau lié aux Frères musulmans, actif dans plusieurs clubs sportifs, visant à diffuser leur idéologie sous couvert d’activités éducatives ou récréatives.

Des rapports des services de renseignement, publiés notamment sur le site Public Sénat, montrent que cet enracinement n’est pas ponctuel mais bien organisé, avec une stratégie d’infiltration des structures sociales, culturelles et éducatives dans l’objectif de pénétrer les institutions publiques.

Une menace « douce » mais réelle

Face à cette montée en puissance, le gouvernement français a décidé de ne plus se contenter d’une surveillance passive. Il s’agit désormais, selon les autorités, de « mener une guerre » contre cette organisation qualifiée de « secrète, clandestine et subversive », qui utilise les libertés démocratiques pour fragiliser la République de l’intérieur.

Macron monte au front

Le 21 mai, à l’issue d’une réunion du Conseil de défense, le président Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement de prendre des mesures concrètes pour enrayer l’expansion de l’influence des Frères musulmans. L’Élysée a publié un communiqué soulignant la gravité du phénomène, considéré comme une menace pour la cohésion nationale.

Des mesures complémentaires seront examinées courant juin. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré que les Frères musulmans représentent une « menace directe pour la République », et qu’ils œuvrent à « déconstruire le tissu social et saper les valeurs de la société française ». Les autorités envisagent notamment de tarir les financements étrangers du mouvement et de le priver de relais politiques et sociaux.

Une idéologie enracinée dans le radicalisme

Depuis sa fondation en Égypte en 1928, la confrérie a adopté une stratégie d’infiltration progressive. Mais c’est avec les écrits de Sayyid Qutb, figure majeure du mouvement, que son projet théocratique a pris une tournure ouvertement violente. Dans son ouvrage Jalons sur la route, Qutb affirme que les sociétés musulmanes vivent dans une nouvelle « jahiliyya » (ignorance) car elles n’appliquent pas la charia selon ses critères.

Il y prône la constitution d’une élite croyante séparée du reste de la société, et légitime l’usage de la violence pour renverser les régimes jugés impies. Son idéologie, bien que reniée officiellement par certains cadres des Frères musulmans, est devenue la matrice idéologique de nombreux groupes terroristes, comme Daech ou Al-Qaïda, qui justifient la violence extrême et le rejet de l’ordre établi.

En Égypte, ces idées ont nourri la formation de la Jama’a islamiya, responsable de l’assassinat du président Anouar el-Sadate en 1981, après avoir combattu Israël en 1973 et signé un traité de paix controversé. Plus tard, Ayman al-Zawahiri, proche de Qutb, fondera le Jihad islamique égyptien, avant de devenir le bras droit d’Oussama ben Laden au sein d’Al-Qaïda.

Philippe Val, sioniste d’honneur

L’ancien patron de Charlie Hebdo ne juge pas la prise de position morale de son amie Delphine Horvilleur. Il pense toutefois que dans cette période de grande tension, où tous les juifs du monde sont tenus pour responsables de la politique de Netanyahou, il est inopportun d’accabler Israël.


Causeur. Le 19 mai, sur Europe 1, vous avez assez vertement critiqué la tribune de votre amie Delphine Horvilleur, qui dénonçait notamment la politique suprémaciste et raciste d’Israël. Dans un débat où Israël est l’accusé perpétuel, elle arrive comme l’émoji à tête de chaton avec des cœurs à la place des yeux. Faut-il s’abstenir de critiquer Israël parce qu’il y a des antisémites ? Entre votre mère et la justice, vous choisissez votre mère ?

Phillipe Val. Je n’ai pas jugé la valeur morale de sa prise de position, et je ne la discute pas. Je me suis permis d’émettre une critique quant à son opportunité. Je crois que ma vie intellectuelle a changé il y a quelques années, lorsque, lecteur passionné de Montaigne, j’ai découvert qu’il avait pour projet de traduire le Discours sur la servitude volontaire et de le publier intégralement dans son premier livre d’Essais. Il vouait, comme chacun sait, une affection indéfectible à La Boétie et il ne s’est jamais consolé de sa perte. Par ailleurs, il pensait que cette réflexion sur la servitude était une merveille d’intelligence. Mais c’était en pleine guerre de religion, il ne voulait pas que le texte de son ami serve à justifier les actions des extrémistes. Alors, pensant qu’il connaîtrait de toute façon une postérité, il renonça à le publier, sans doute la mort dans l’âme. C’était une décision politique. Delphine Horvilleur défend un point de vue moral, auquel j’oppose un point de vue politique. Pourquoi ? Parce que je pense qu’à l’antisémitisme religieux et à l’antisémitisme idéologique succède l’antisémitisme géopolitique, lequel tient pour responsables tous les Juifs du monde de la politique du gouvernement Nétanyahou. 

Dans une période de grande tension, comme en ce moment, je pense inopportune toute déclaration accablant Israël. 

Pour expliquer cette levée de bouclier des amis d’Israël, vous dites notamment que cela leur permettra de rayer de bons amis de leur carnet d’adresses et que cela favorisera l’image morale, méritante et innocente qu’ils ont d’eux-mêmes. N’est-ce pas injuste de leur prêter de telles motivations ? Pourquoi leur inquiétude ne serait-elle pas sincère ? 

Je sais que Delphine Horvilleur s’est sentie blessée par cette moquerie. Elle y a vu que je doutais de sa sincérité. Je le regrette. Je ne doute nullement de sa sincérité. Simplement, je ne partage pas son point de vue, et je pense avoir le droit de l’exprimer librement. Je pense que les Juifs – et les soutiens de l’État d’Israël dont je suis –, puisqu’ils sont en cause d’une façon inacceptable, doivent éviter les vaines déclarations qui ne font qu’aggraver leur situation. Vaines, à mon sens, parce qu’elles n’apportent pas grand-chose de constructif… Les critiques virulentes d’Israël sont assez nombreuses comme ça pour ne pas en rajouter, quand bien même ce serait avec des arguments moraux, alors que la morale dégouline déjà de partout. La critique du gouvernement actuel est légitime et nécessaire, la condamnation morale du pays me semble bien imprudente.

A lire aussi : La guerre des juifs

La plupart de ces gens attendent d’Israël qu’il soit meilleur que les autres, ce qui vous irrite. Est-ce pour vous un État comme les autres ? 

Quand on connaît l’histoire du peuple juif, on ne peut considérer que l’État d’Israël est un État tout à fait comme les autres, ne serait-ce que parce qu’il est un morceau d’Europe au Moyen-Orient. Les cultures juive, grecque, chrétienne ont composé l’esprit européen qui souffle dans tout le monde occidental libéral. C’est pourquoi, au premier signe d’antisémitisme, tout bon Européen doit se sentir attaqué dans son être. La haine de l’Europe et la haine du Juif sont une seule et même chose. Demander qu’Israël soit meilleur que les autres, et se sente le devoir, en tant qu’État juif, de tendre la main à son voisin, relève de la fable métaphysique. Comme n’importe quel pays en guerre, Israël fait, bien ou mal, ce que peuvent les peuples pour se défendre. Demander que l’État juif soit exceptionnel me semble, au mieux, une niaiserie. Avons-nous bien fait de raser Dresde, Berlin, Cologne, etc. ? Fallait-il faire autrement ? Je n’en sais rien, mais je sais que ça a mis fin au régime nazi. C’était à la fois tragique, formidable et immoral.

Depuis des années, vous luttez inlassablement contre l’antisémitisme de gauche. C’est le sujet de votre dernier livre. Vous n’êtes pas découragé ?

Mon héros dans l’histoire, c’est Winston Churchill. Chacun est sujet à des fatigues, à des absences à soi-même, à des états fragiles, mais je me bats pour gagner. J’admire ceux qui plongent et refont surface avec leur joie de vivre au cœur. Je veux leur ressembler. Une victoire, ce n’est jamais un état définitif. On n’éradique jamais rien. On repousse, on cisaille, on arrache, on gagne du terrain sur la friche, sans cesse, pour faire la place à l’émouvante beauté des jardins humains. Mais sans vigilance, l’épouvantable nature revient y semer son immonde foutoir. Le jardinier ne doit jamais se décourager.


Philippe Val, La gauche et l’antisémitisme, L’Observatoire, 2025.

Paddington s’installe à Londres: une immersion entre tendresse et marmelade

Sur la rive sud de la Tamise, une aventure tendre et immersive attend les familles: The Paddington Bear Experience transforme le County Hall en un conte vivant, où l’on suit pas à pas les traces de l’ours le plus attachant du Royaume-Uni


Une expérience immersive unique, sensorielle et familiale s’installe au County Hall : l’occasion de redécouvrir le plus tendre des héros de la littérature jeunesse britannique, celui dont les aventures sentent bon le thé fumant et la confiture d’orange. Depuis le 31 mai 2024, les portes du County Hall, sur la célèbre South Bank londonienne, se sont ouvertes sur un univers enchanteur : la Paddington Bear Experience.

Plus qu’une simple attraction touristique, il s’agit d’une véritable aventure immersive multisensorielle pensée pour petits et grands, où l’on retrouve le plus attachant des ours britanniques et la chaleureuse famille Brown.

Un parcours enchanté

Conçue comme une expérience narrative interactive, cette odyssée familiale invite les visiteurs à déambuler dans plusieurs salles thématiques inspirées des lieux emblématiques des récits de Michael Bond. Tout commence, bien sûr, à la gare de Paddington, où un chef de gare haut en couleur vous embarque dans un voyage animé à travers les plus beaux sites de Londres.

Un œil sur le tableau des départs, un salut au maître de gare, sans oublier la valise de Paddington — contenant la précieuse recette de marmelade de tante Lucy — et vous voilà à bord d’un train en route pour les Windsor Gardens. Les rues défilent, pavoisées d’orange, dans une ambiance joyeusement festive.

A lire aussi, du même auteur: L’écrin secret de verdure du Roi Charles III: entre racines royales et fils d’or

Le périple vous conduit ensuite au 32 Windsor Gardens, la demeure accueillante des Brown. Dans le couloir et le salon reconstitués avec un soin maniaque du détail, Mme Brown accueille les visiteurs avec chaleur, même si quelques facéties de Paddington pourraient bien nécessiter un petit coup de main…

Puis, direction la cuisine familiale, où Mme Bird s’affaire à préparer les douceurs du Marmalade Day. Mais voilà : les oranges péruviennes manquent, le frigo est hors service, et la clé du garde-manger a glissé dans l’évier… À vous d’aider à remettre un peu d’ordre pour que la fête puisse avoir lieu.

Le voyage vous entraîne même jusqu’au Pérou, sur les traces de Montgomery Clyde, l’explorateur qui découvrit l’ours parlant. Là, les enfants sont invités à pédaler pour activer une fabrique de marmelade ancienne et garantir que les bocaux soient remplis à temps.

De la magie, des surprises… et de la marmelade

L’expérience culmine dans une grande fête au cœur d’un Windsor Garden réinventé : le Marmalade Day Festival. Jeux de kermesse, dégustations sucrées, calypso live band, séance photo avec Paddington… Tout y est. Loin d’un simple divertissement, cette aventure s’inscrit dans la lignée des nouveaux formats immersifs : ici, le spectateur devient acteur, emporté par une narration vivante résolument british.

Un hommage à un héros littéraire intemporel

Créée par The Path Entertainment Group, en partenariat avec STUDIOCANAL Kids & Family Ltd et Lionsgate, cette installation spectaculaire s’étend sur plus de 2 400 m², répartis sur plusieurs niveaux du County Hall. Aux commandes, une équipe chevronnée : Tom Maller à la mise en scène, Katie Lyons au scénario, Rebecca Brower à la direction artistique — une véritable dream team de l’expérience immersive. Ne manquez pas de faire un détour par Mr Gruber’s Shop, boutique officielle inspirée du célèbre antiquaire londonien des livres. Billets, souvenirs, marmelades d’urgence : la magie continue après la visite.

Un personnage au rayonnement mondial

Paddington Bear est né en 1958 sous la plume de Michael Bond, dans le roman A Bear Called Paddington. L’adorable ours du Pérou, avec son duffle-coat bleu, son chapeau rouge et sa valise cabossée, a depuis conquis des millions de lecteurs dans le monde entier. Traduites dans plus de 40 langues, ses aventures se sont vendues à plus de 40 millions d’exemplaires.

À lire aussi, Thomas Morales : Saint Paddington

Le succès s’est étendu au cinéma avec Paddington (2014) et Paddington 2 (2017), devenus des références familiales. Le très attendu Paddington au Pérou est sorti en février[1]. La série télévisée The Adventures of Paddington, diffusée depuis 2020 sur Nickelodeon, continue de faire découvrir le personnage à une nouvelle génération.

Londres, capitale de la nostalgie heureuse

Plus qu’une simple attraction, l’attraction immersive The Paddington Bear Experience célèbre un personnage qui incarne la bienveillance, la curiosité et le respect des différences — valeurs précieuses en ces temps souvent tourmentés.

Dans ce Londres des grandes roues et des grandes histoires, l’ours au duffle-coat rouge nous rappelle que la douceur, parfois, peut être révolutionnaire. Et si la vraie aventure, c’était simplement d’apprendre, en ces temps frénétiques, à prendre soin les uns des autres — avec, pourquoi pas, un peu de marmelade au coin des lèvres ?

The Paddington Bear Experience, au County Hall, South Bank, Londres. Adulte (16 ans et plus) à partir de 34.00£. Enfant (de 2 ans à 15 ans) à partir de £24.00


[1] Lire https://www.causeur.fr/saint-paddington-301780

Podcast: Trump, Israël et l’Iran : vers un changement de régime?

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Avec Gerald Olivier et Jeremy Stubbs.


L’Iran est en train de perdre la guerre qu’Israël lui a livrée par surprise. Pour Gerald Olivier, grand connaisseur de la vie politique aux Etats-Unis, le but de Donald Trump ne consiste pas simplement à mettre fin au programme iranien de développement d’une bombe nucléaire. De toute façon, le régime des Gardiens de la révolution islamique recommencerait le programme à zéro. Ce ne serait donc que repousser une échéance. Non, il s’agit maintenant de faire tomber le régime.

Certains élus républicains et beaucoup de militants du mouvement MAGA s’opposent à toute forme d’interventionnisme américain, mais Donald Trump ne va pas s’engager dans une guerre au sol de longue durée. Il se contentera de donner un coup de main aux Israéliens qui sont en train de conduire la guerre de manière magistrale.

Si le rôle de Trump dans le conflit israélo-iranien a fait oublier pour l’instant la guerre tarifaire lancée par le président américain, nous assistons à quelques résultats positifs dans la mesure où les Etats-Unis ont finalisé un accord commercial avec le Royaume Uni et sont en train de négocier avec l’Inde et la Chine.

Enfin, les manifestations contre l’expulsion d’étrangers clandestins à Los Angeles représentent une tentative par les démocrates et la gauche en général de refuser l’élection de Donald Trump et de résister à son autorité. L’envoi par le président de la garde nationale et des marines est une façon de montrer que c’est lui qui représente l’autorité légitime.

Voir le blog de Gerald Olivier: France-Amérique.

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Israël fait le sale boulot pour tout le monde

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Le lion de Juda contre la tête du serpent iranien


Le 12 juin au soir, Benyamin Nétanyahou vient au Mont du Temple et dans l’interstice des pierres il insère un petit papier manuscrit, le texte de la 2e bénédiction du prophète Balaam: «Voici… un peuple se dresse comme un lion…». Quelques heures plus tard, dans la nuit, 200 F15, F16 et F 35 décollent vers l’Iran. L’opération s’appelle Am kelavi, un peuple comme un lion. Nul doute qu’elle entrera dans l’histoire.

Balaam, du pays de Moab, était envoyé maudire Israël mais il l’a béni. Parmi ceux qui depuis des mois critiquent Israël, le conseillent doctement et souvent le vilipendent, certains auront éprouvé un soulagement devant cette évidence que la mise à bas de l’abominable régime iranien serait une bonne nouvelle pour l’humanité. 

68 officiers généraux américains ont le 14 juin applaudi aux attaques israéliennes et appelé le gouvernement américain à les soutenir. Ce sentiment est partagé par beaucoup de responsables et par une grande partie de la population de nos pays. Le chancelier allemand Friedrich Merz a dit clairement: « Israël a eu le courage de faire le sale boulot pour nous».

Cette fois, la population israélienne unie derrière Nétanyahou

Mais beaucoup n’osent pas manifester publiquement leur soutien, de peur de perdre leur label progressiste. Certains parlent de la nouvelle guerre de Netanyahou, comme s’ils ignoraient le consensus de la population israélienne. Le président Macron continue son illisible «en même temps» et l’épisode du salon du Bourget, où à ma connaissance on ne vend pas des jouets d’enfants, est accablant de tartuferie.

Quant à ceux qui  critiquent l’attaque israélienne, ils demandent hypocritement pourquoi Israël a sabordé les négociations en cours à Oman. Moralistes et juristes pointilleux quand ça les arrange, ils déclarent, que celui qui a commencé la guerre, Israël, s’est mis dans l’illégalité, quel qu’en ait été le contexte.

Le cocasse est que ce sont les mêmes qui le 8 octobre prétendaient que les massacres ne s’étaient pas produits sur du vide et qu’ils s’expliquaient, sous-entendu se justifiaient partiellement, à cause du contexte.

La guerre contre l’Iran n’a commencé ni le 13 juin 2025, ni le 7 octobre 2023. Elle existe depuis février 1979, quand Khomeini a pris le pouvoir et qu’il a immédiatement traité Israël de tumeur cancéreuse à arracher du corps du monde musulman. Depuis lors, toutes les grandes manifestations iraniennes incluent  «Mort à l’Amérique» et «Mort à l’entité sioniste». Ceux qui envisagent un dialogue avec un régime pareil sont des plaisantins. L’Iran est la tête du serpent, comme disent les Israéliens (roch hanahash).

Les mots paix et diplomatie deviennent parfois obscènes. Ce fut le cas à Munich. Cela l’aurait peut-être été à Oman où les Iraniens, maitres de la taqiya, c’est-à-dire du mensonge politique, dont ils trouvent la légitimité dans la 16e Sourate, cherchaient à faire durer leurs discussions avec les Américains jusqu’à ce que soit entièrement complétée la fabrication de leur bombe atomique, pour laquelle ils avaient déjà obtenu suffisamment d’uranium fissile en violant les engagements des accords sous le regard impuissant de l’AIEA et des cosignataires européens. Une simple question de semaines…

On voit les dégâts que les missiles iraniens non interceptés ont provoqués en Israël. Mesure-t-on l’épouvante qu’auraient entrainée ces mêmes missiles équipés d’une tête nucléaire, ou même  la terreur que leur seule existence aurait suscitée dans une population israélienne prise en otage?  Il y a vingt ans Jacques Chirac riait de la menace iranienne, en disant que  les Iraniens savaient que si une bombe atomique tombait sur Tel Aviv, Téhéran serait carbonisée dans l’heure suivante. Mais les principes de destruction mutuellement assurée, en anglais MAD, ne fonctionnent pas avec des fanatiques qui ont pour dernier de leurs soucis la protection de leur population, même si beaucoup d’entre eux,  Khamenei en premier dont la famille a amassé une fortune gigantesque, sont mus aussi par des motifs très matériels. 

M. Guterres de plus en plus grotesque

La guerre que mène Israël contre l’Iran n’est pas une guerre de plus, c’est la guerre contre un régime qui devrait révolter le monde civilisé, tellement ses actions, et je parle ici non pas d‘Israël, mais des droits de l’homme et de la femme, contreviennent massivement à tout ce que nous prétendons défendre. Un régime dont l’Ambassadeur ment à la télévision en prétendant qu’il n’enrichit de l’uranium qu’à des fins civiles, alors qu’au-delà de 20% d’uranium 235, il n’existe aucune application non militaire. Un régime qui contrôle un pays dix fois plus peuplé et soixante-quinze fois plus étendu qu’Israël. Un régime qui bénéficie à l’ONU d’une mansuétude sans limite au point d’avoir été choisi pour présider une session sur les droits des femmes,  et à propos duquel, quand l’immeuble qui abrite la chaine télévisée officielle est bombardé par les Israéliens, M. Guterres, le funeste secrétaire général de l’ONU, se fend d’une protestation contre un crime de guerre contre la liberté d’informer, alors que cette chaine est appelée Torture TV par les Iraniens tellement son passé est sordide.

Les succès israéliens sont extraordinaires, efficacité du Mossad et de l’armée de l’air, des systèmes anti-missiles et du Pikoud Haoref, l’organe de protection civile, mais il faut saluer aussi la détermination de Benjamin Netanyahou, qui a profité des circonstances exceptionnelles avec l’affaiblissement ou la disparition des  «proxies» derrière lesquels se cachait le régime iranien, le Hezbollah, le Hamas, la Syrie de Assad, et qui a lancé cette offensive historique alors que  ce régime était tout près d’accéder à l’assurance-vie sécuritaire nucléaire. 

Pour finir le boulot, les bombes américaines GBU 57 nécessaires

Israël a éventré les bases de missiles iraniens; les images de destruction des sites de Parchin,  Kermanchah et Tabriz sont impressionnantes, comme l’est la  confirmation des dommages majeurs de la grande usine d’enrichissement de Natanz. Mais quoi qu’on pense des rodomontades des Iraniens, qui avant-hier prétendaient envoyer des missiles hypersoniques, une arme qu’aucun pays n’arrive en réalité à maitriser, et qui hier prétendaient contrôler le ciel israélien, leur potentiel militaire est loin d’être anéanti et les centrifugeuses de Fordo, enterrées sous 80 mètres de roche et de béton, ne semblent accessibles qu’aux énormes bombes GBU 57 transportées par des bombardiers B2, ce qui impliquerait  l’intervention directe des Etats Unis. Le 18 juin, celle-ci parait vraisemblable, contrairement à ce qu’on pensait au début de l’offensive israélienne. Si cela se confirme, ce sont les succès d’Israël qui auront poussé Donald Trump à prendre une décision historique et probablement à voler sur les ailes de la victoire.

On ne doit pas laisser aux mollahs iraniens la possibilité de recommencer. Seul un changement de régime apporterait cette sécurité et donnerait au peuple iranien la liberté dont il a été privé depuis près d’un demi-siècle. Il n’est pas nécessaire que notre président  rappelle à Israël que les changements de régime imposés de l’extérieur sont en général inefficaces. Les Israéliens le savent, mais ils savent aussi que l’immense masse de la soldatesque et de la police iranienne n’a pas été atteinte par les bombardements et qu’elle reste disponible pour la répression à l’intérieur de l’Iran et ils savent également que Saddam Hussein, après sa défaite par Bush père est resté au pouvoir jusqu’à sa défaite par Bush fils, et que pendant ces 12 ans, les exactions de son régime ont été plus terribles  que jamais. Ce sera  aux Iraniens de jeter à bas un pouvoir qui n’a apporté que terreur, misère et intolérance. Le courage que beaucoup d’entre eux et d’entre elles, ont déployé ces dernières années est un espoir pour l’Iran et pour le monde.

Et c’est l’occasion de dire ma fierté pour un autre peuple, celui d’Israël, stoïque, uni au-delà de ses divergences, déterminé malgré ses angoisses, les nuits sans sommeil et les morts. Il sait pourquoi et contre qui il combat dans cette lutte qui devrait être aussi celle de la France. Am Israël haï.

Vite, vite, une cagnotte pour Madame Oudéa-Castéra !

Le salaire que perçoit notre ancienne (et inoubliable !) ministre des Sports grâce à son nouveau poste fait jaser…


Oui, il faut absolument venir en aide à l’ancienne ministre des Sports menacée de se voir embarquée sur l’affreuse pente de la précarité, et mettre sans tarder, une fois de plus, la main à la poche.

Pensez-donc, accédant à la présidence Comité National Olympique et Sportif (le CNOSF) cette excellente personne devrait se contenter d’une rémunération mensuelle de 9 000 euros bruts, nous révèle Le Canard Enchaîné ! Une misère ! Elle qui, lorsqu’elle occupait le poste de directrice générale de la Fédération française de tennis émargeait à quelque chose comme 500 000 euros annuels, somme obtenue après avoir été autorisée à augmenter son propre salaire de 35 000 euros nets par mois, alors même que nombre de petits clubs devaient se serrer la ceinture et faire durer la petite balle jaune au-delà du raisonnable faute de pouvoir investir suffisamment en matériels.

Il convient de noter au passage que certains anciens présidents du CNOSF occupaient cette fonction bénévolement, ce qui, par exemple, est le cas pour l’actuel président, David Lappartient, ou encore, précise Le Canard enchaîné, du président d’honneur, Denis Masséglia.

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Ce serait la candidate à la succession elle-même qui aurait demandé et obtenu un tel montant. À prendre ou à laisser, aurait-elle exigé. Il faut dire qu’elle pouvait se sentir en position de force, puisque l’Élysée, en la personne d’Emmanuel Macron soi-même, était à la manœuvre pour la faire accéder à cette sinécure, ainsi que le vice-président de la région Île-de-France, Patrick Karam.

Il est vrai qu’ayant amplement démontré son incompétence et sa faible aptitude à l’action en tant que ministre, il était tout naturel qu’on chargeât Mme Oudéa-Castéra de poursuivre dans ce registre ailleurs. Ce sera donc dans les instances françaises de l’Olympisme. Toute honte bue. L’indécence devenant ainsi grâce à elle une nouvelle vertu olympico-sportive.

Je pense que la nouvelle présidente, histoire de s’occuper un brin, devrait lancer une grande réflexion nationale sur l’épineux problème des liens ente sport et argent. Nul doute que sa contribution serait enrichie des fruits d’une forte expérience personnelle. À moins bien entendu qu’elle ne cherche à monnayer cette contribution, ce qui, étant donné le penchant de la dame pour l’enrichissement perso ne serait pas plus étonnant que cela.

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Boileau et Narcejac – Les maîtres du suspense

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La collection « Quarto » de Gallimard vient de faire paraître un nouveau recueil des œuvres de Boileau et Narcejac, édition et préface de Dominique Jeannerod, sous le titre Suspense: une belle occasion de (re)découvrir les plus belles œuvres de ces deux maîtres du crime !


C’est un paradoxe, mais notre époque, qui se passionne pour le policier, a totalement occulté l’œuvre de Pierre Boileau et Thomas Narcéjac, auteurs pourtant d’un nombre inquantifiable de romans à suspense, égaux, voire supérieurs, à ceux de Christie et Conan Doyle, Leblanc et Chesterton, et dont les intrigues ont pendant des années frappé l’imagination du monde entier.

Un roman comme les autres

Mais revenons en arrière. Nous sommes en 1947. L’Esthétique du roman policier, traité théorique sur le genre, par Thomas Narcejac, tombe un peu par hasard entre les mains de Pierre Boileau. Lui-même, romancier, a quelques prétentions en la matière ; alors, quoique critique au premier abord, il lit l’ouvrage, désireux d’en juger le contenu. L’accroche est immédiate ; Boileau dévore l’opuscule. « Quand j’y trouvai également mon nom, accompagné de quelques louangeuses considérations, je ne doutai plus que ce Thomas Narcejac ne fût un spécialiste éminent. » Une longue correspondance s’ensuit entre les deux hommes, à propos des défauts récurrents du genre policier et des manières d’y remédier. Tous deux rejettent, d’une voix commune, le roman noir trop corseté pour notre littérature (un crime, un enquêteur, la révélation), construit comme une pièce de théâtre. Narcejac refuse même que l’on parle de roman « policier » : il préfère à ce terme celui de « roman de suspense », afin de dégager du genre ce prototype obligé du détective. Non ! leurs romans auront des prétentions, ils seront psychologiques et réalistes, ils iront concurrencer leurs confrères d’écriture au rayon « littérature » des bibliothèques ; en somme, ils feront du Simenon, moins le commissaire Maigret.

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« Nous voulions assouplir le roman-problème ; cela signifiait qu’il fallait lui insuffler la vie qui lui manquait. Autrement dit, le roman de mystère devait être, d’abord, un roman comme les autres, avec de vrais personnages, de vraies situations dramatiques, avec un style et un ton ; avec un tempérament propre et bien reconnaissable. » (« Pierre Boileau par Thomas Narcejac », in Quarante ans de suspense, Boileau-Narcejac, coll. Bouquins, 1988).

On voit que Boileau et Narcejac, en cela bien français (notre nation est toute théorique), pensent le policier avant que de l’écrire : d’ailleurs, Thomas Narcejac était professeur de philosophie. Quant à la mise en pratique de ces grandes théories, elle est admirable, pleine de fulgurances. Les Visages de l’ombre par exemple, rare narration du point de vue interne d’un aveugle, révèle ce qu’il y a de plus profond dans le récit littéraire : l’auteur, grâce à cette focalisation originale, peut jouer avec les sens du personnage en même temps qu’il joue avec les sens du lecteur, car le lecteur aussi, aveugle par définition, ne voit qu’en imaginant ; d’où mille possibilités intéressantes, a fortiori dans le domaine du policier. Rarement lecteur ne se sentira plus physiquement oppressé qu’à la lecture de cette intrigue dérangeante !

Si le début de leur correspondance date de 1947, Boileau et Narcejac ne se rencontrent pour la première fois qu’en juin 1948, à l’occasion d’une remise de Prix du roman d’aventures à Narcejac. Ce face-à-face tant attendu comble leurs espérances : leur amitié, qui avait commencé épistolairement, s’épanouit autour d’un café en terrasse, et prend dès lors une dimension nouvelle. Tous deux réaffirment leur lassitude de l’impérialisme du roman noir ; au fait, et s’ils écrivaient le roman qu’ils aimeraient lire ?…

« Tous les confrères à qui nous annonçâmes ensuite nos intentions de collaborer nous firent la même observation : « Vous êtes stupides ! Vous semblez bien vous entendre… vous serez fâchés à mort avant six mois ! » Notre association date de bientôt vingt ans ! » (« Thomas Narcejac par Pierre Boileau », in Quarante ans de suspense, Boileau-Narcejac, coll. Bouquins, 1988).

Écriture à quatre mains

Certes, les deux hommes s’accordent sur la nécessité d’un roman policier nouveau, à la française, dégagé des règles strictes de la littérature noire ; il n’en demeure pas moins que tout les oppose : « origines, goûts, sensibilité, manière de penser » (P. Boileau) ; fi ! leurs désaccords feront précisément la fortune de cette curieuse écriture à quatre mains, par le travail permanent de réflexion qu’ils feront naître. Et puis, « si nous réagissions de la même façon, demande Boileau, si chacun de nous pouvait se substituer à l’autre, à quoi nous servirait d’être deux ? » Ainsi la collaboration s’organise. Boileau invente l’intrigue ; Narcejac la critique ; Boileau s’intéresse aux situations, Narcejac aux êtres ; et l’âpre lutte commence entre ces deux visionnaires, lutte d’où sortira le roman policier, comme un monde émerge de la confrontation des dieux. « Lui, écrit Pierre Boileau, finit par accepter que tel personnage accomplisse, en telle circonstance, tel geste qui ne correspond peut-être pas absolument à sa nature propre. Moi, je renonce — non sans regret — à un épisode qui me paraissait particulièrement efficace. » Et Narcejac de conclure : « Nous nous rejoignons dans l’œuvre. » Boileau s’intéresse à ce que l’on pourrait appeler l’impossible dans le quotidien : « La femme de Ravinel est morte. Il en est sûr puisqu’il l’a noyée de ses propres mains. Et pourtant, voilà qu’elle donne signe de vie. Elle est et elle n’est pas ! L’illogique commence. […] Mais la logique finit toujours par triompher. » Narcejac met l’œuvre en forme, ajoute sa patte un peu psychologique, un peu mystique, renvoie le manuscrit ; Boileau corrige, polit, perfectionne : et l’œuvre naît. Formule ô combien divertissante, que ces situations impossibles en apparence, et qui trouvent toujours une explication rationnelle ! — propre au twist, excellente pour le cinéma. Aussi ne s’étonnera-t-on guère que les plus grands réalisateurs se les soient arrachées, Clouzot, Friedman, Périer ; Vertigo, le chef-d’œuvre d’Hitchcock, tire son récit d’Entre les morts. Hitchcock avait bien choisi : tout Boileau-Narcejac figure dans ce roman sublime. Un homme, Flavières, chargé par un époux inquiet de surveiller la femme qu’il aime, dont la dépression mystique l’inquiète de plus en plus, assiste impuissant à son suicide ; mais des années plus tard, la voici qui réapparaît : fantôme surgi d’entre les morts ?…

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Quant au style, on regrettera une écriture malgré tout bâclée, un peu trop roman de gare, sans grandes prétentions et pleine de phrases scandaleuses, du type : « Sa montre oscillait au-dessus du beurrier comme un pendule » ; ou : « Marguerite avait le visage moite, les yeux lui cuisaient » (!!). Et pourtant ! il y a du Lord Jim dans l’obsession de Sylvain, au début de L’Ombre et la proie. Tout à coup, au milieu d’une description, apparaissent des puretés de style à la Flaubert : « Ils suivirent un sentier en corniche et, les derniers jardins faisant place à la lande, ils découvrirent la mer, d’un vert livide, un énorme horizon de nuées et, à leurs pieds, un éboulis de rocs noirâtres, sauvages, où les vagues s’écrasaient en nuages blêmes, en fumées d’écume. » Certains romans, D’Entre les morts, Les Magiciennes, happent l’attention, angoissent, tiennent en haleine… et même le lecteur le plus désabusé se surprend à lire toute la nuit, sursautant aux moindres bruits !


Boileau et Narcejac, Suspense: Du roman à l’écran. Quarto Gallimard, 2025
1280 pages. Contient: Celle qui n’était plus (Les Diaboliques) Les Visages de l’ombre D’entre les morts (Vertigo / Sueurs froides) Les Louves Les Magiciennes Maléfices Les Victimes

Le mur des comptes

Chaque mois, le vice-président de l’Institut des libertés décode l’actualité économique. Et le compte n’y est pas. 


© D.R.

Au 1er avril 2025, il y avait 82 900 détenus en France, alors que nos prisons ont une capacité d’hébergement de 65 539 places seulement. Cette surpopulation de 130 % ne plaît pas du tout à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Gérald Darmanin s’est engagé à créer 3 000 places de plus d’ici 2027. Pour le moment, construire une cellule de dix mètres carrés coûte environ 350 000 euros l’unité. L’objectif est de tomber à 200 000 euros en mettant en chantier des infrastructures carcérales plus légères, qui seraient destinées aux condamnés les moins dangereux. Il est intéressant de comparer ces chiffres avec le prix moyen par élève quand on bâtit un nouveau collège en France : 21 900 euros. Quant au coût annuel moyen d’un détenu, il est de 47 494 euros, soit cinq fois plus que celui d’un collégien.

La contribution différentielle sur les hauts revenus (CDRH) est le très beau nom donné à une nouvelle taxe destinée à punir les 65 000 ménages français qui se permettent de déclarer un revenu supérieur à 250 000 euros pour une personne seule ou 500 000 euros pour les contribuables soumis à une imposition commune. Ce dispositif, présenté comme temporaire, a été créé par le gouvernement Barnier afin de rapporter 2 milliards d’euros. Si on ajoute à ce montant les 2,2 milliards engrangés chaque année grâce à l’impôt sur la fortune immobilière (l’IFI, créé en 2018), on arrive au total à une moisson équivalente à celle de l’ancien impôt sur la fortune (ISF). À part ça, Emmanuel Macron ne voulait pas augmenter les impôts.

© D.R.

Les dix niches fiscales les plus coûteuses pour l’État sont : le crédit d’impôt recherche (7,7 milliards d’euros par an), le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (6,9 milliards), l’abattement de 10 % sur le montant des pensions et des retraites (5 milliards), l’exonération des sommes versées au titre de la participation et de l’intéressement (2,8 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour les travaux d’amélioration de transformation, d’aménagement et d’entretien (2,3 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour la restauration commerciale (2,1 milliards), les réductions des taux de TVA en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion (2,1 milliards), la réduction d’impôt au titre des dons de particuliers à des associations (2 milliards), l’exonération de l’impôt sur le revenu au titre des heures supplémentaires (1,8 milliard), l’exonération des prestations familiales et de l’allocation aux adultes handicapés (1,8 milliard). Plutôt que de faire la chasse aux niches fiscales (lesquelles ayant souvent, comme on voit, une grande utilité), le gouvernement ferait beaucoup mieux de s’attaquer aux dépenses publiques.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, promet de supprimer un tiers des comités Théodule de la République. En fermant les agences et opérateurs de l’État qui ne servent à rien ou qui doublonnent, on pourrait faire une économie de 2 à 3 milliards d’euros par an. Cela n’est pas la première fois qu’un gouvernement mène une telle politique antigaspi… sans produire en réalité aucun effet notable. Car les hauts fonctionnaires trouvent toujours le moyen de recréer de nouvelles structures administratives inutiles, qui leur servent à se recaser en fin de carrière. De toute façon, pareille mesure ne représente presque rien à côté des 170 milliards de déficit public annuel. Pour mémoire, les 434 opérateurs de l’État bénéficient de 77 milliards de financement public annuel.

En France, le prix de l’électricité a augmenté de 120 % ces dix dernières années, soit trois fois plus vite que l’inflation. Si l’on ajoute les différentes taxes, les prélèvements pour les énergies renouvelables et la TVA, un industriel doit débourser 120 euros à chaque fois qu’il consomme dans notre pays un mégawattheure. Aux États-Unis ou en Chine, le prix est quatre fois moindre. Il y a encore dix ans, l’entreprise tricolore Areva était le numéro un mondial de l’industrie nucléaire. Aujourd’hui cette place est occupée par un groupe russe, Rosatom, suivi par l’américain Westinghouse, puis les Chinois China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear Power Group (CGN).

En l’an 2000, la ville de Paris comptait 2,1 millions d’habitants. Aujourd’hui la population est tombée à 2 millions. Ce qui n’a pas empêché les effectifs de la municipalité de croître de 20 % au cours de la même période. À présent à la tête de 55 000 fonctionnaires, Anne Hidalgo emploie plus d’agents que toutes les préfectures de France réunies.

© D.R.

Une trentaine de grands groupes mondiaux (Estée Lauder, AstraZeneca, Nestlé, Generali, Adecco…) sont dirigés par des Français. La somme des valorisations de ces entreprises étrangères s’élève à 2 000 milliards de dollars, soit un montant quasi équivalent à l’ensemble du CAC 40. C’est un phénomène sans équivalent avec d’autres pays. Le président de la République et la diplomatie française sont fiers de cette situation. S’agit-il d’une grande réussite du management à la française ou d’une fuite des cerveaux ? C’est malheureusement le miroir de la désindustrialisation française. Le mouvement va s’accélérer, car la dynamique de départ des jeunes diplômés est de plus en plus forte.

Rappel à l’ordre

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Cannes, 2024 © SYSPEO/SIPA

Le niveau baisse ! Alors, ce sont les notes, que l’on « corrige »


C’est un jeu de rôles qui finit par être bien rodé. Le casting est toujours le même : d’un côté un inspecteur de lettres, contrôleur des bonnes mœurs pédagogiques, de l’autre un vilain professeur qui se refuse définitivement au confort de la soumission.

On ne change pas une équipe qui gagne

Et cette année comme les précédentes, le vilain professeur a reçu un message, minimalement courtois, l’enjoignant avec une inspectoriale fermeté de revoir sa notation des copies de BTS dont il venait de terminer la correction. Ai-je besoin de préciser que le vilain prof, c’est moi… 

Le rituel est toujours le même : nous autres professeurs subissons avant réception des copies une séance de brainwashing – moi aussi je peux faire du globish –, nous amenant à considérer que les normes orthographiques et syntaxiques doivent être globalement (sic) respectées et que de toute façon il faut se situer dans la moyenne atteinte lors de la session 2024. 

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Le niveau des copies était très homogène. Les qualificatifs les plus synthétiquement adaptés à une juste perception des choses  seraient « effarant »,  « nullissime », « indigne »… C’est sans nuances mais hélas conforme au réel (je crois savoir qu’il est têtu !). On a affaire à des jeunes gens de vingt ans, bacheliers depuis deux ans, pour certains titulaires d’une mention, unanimement incapables d’élaborer une pensée et de construire une phrase correcte. Les deux inaptitudes vont d’ailleurs de pair et s’alimentent l’une l’autre. 

Fabrique du crétin

Voilà le fruit de décennies de déconstruction de l’apprentissage de la langue (jugé difficile et discriminant), validée par de nombreux enseignants depuis les petites classes, qui (se) font croire qu’on peut s’exprimer sans maîtriser la grammaire et l’orthographe. Ils se satisfont d’une bouillie qui ne ressemble à aucune langue connue, et vont parfois jusqu’à s’extasier sur une copie quand elle ne présente que dix fautes par page…Venez comme vous êtes, et surtout restez comme vous êtes. Pauvres élèves, que le laxisme maquillé en bienveillance abandonne à leur carence ! Rajoutez là-dessus la fin de la lecture, la prédominance des écrans, l’inertie intellectuelle, le mépris de tout effort… et vous comprendrez pourquoi votre fille est bébête. 

Une tête qui dépasse

À l’issue de la correction, il y eut donc échange entre l’inspecteur des bonnes manières et le vilain professeur. Le premier, sans connaissance aucune des copies évaluées, a trouvé injustifié l’écart entre la moyenne obtenue et celle des autres correcteurs. Le deuxième lui a répondu le message qui suit : « Les copies corrigées par mes soins obtiennent effectivement des résultats calamiteux… qui me paraissent pleinement justifiés au vu du niveau qu’elles révèlent presque toutes, tant en ce qui concerne le fond que la forme (degré zéro de la réflexion, absence de références, langue non maîtrisée jusque dans ses rudiments syntaxiques et orthographiques). 

A lire aussi, du même auteur: Confessions d’une truqueuse de notes

Je crois faire preuve d’une certaine honnêteté intellectuelle en évaluant à leur juste prix les travaux qu’on me soumet, sans chercher à m’illusionner sur leurs vertus pour atteindre à toute force une moyenne préalablement établie. Un certain nombre de collègues, de leur propre aveu, s’autocensurent afin de n’être pas rappelés à l’ordre à l’issue de leur correction. Pour ma part, j’ai la faiblesse de m’accrocher encore à une certaine forme de déontologie dont je sais pourtant qu’elle n’est plus de saison. 

Bien sûr je remonterai les notes de deux points, il n’y a pas de raison que les étudiants passés par moi ne soient pas trompés comme les autres sur leur niveau réel, mais j’aurai en le faisant la désagréable impression de contrevenir aux principes de tout professeur qui se respecte et de contribuer à mon corps défendant au discrédit de l’institution tout entière.  

Je récupère les copies de bac dans quelques jours. M’est avis qu’on reverra le même film. 

«Pride de Corse»: quand les associations importent des marcheurs

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Image d'illustration.

Pas assez de militants LGBT+ sur place ? L’Etat en fait venir d’ailleurs.


Début 2019, Marlène Schiappa annonçait à Valeurs Actuelles un projet ministériel de Gay Pride à Ajaccio, court-circuitant la communauté homosexuelle insulaire, réticente. L’Inter-LGBT calme alors le tollé naissant sur les réseaux sociaux en ramenant l’affaire à une « boutade » que la secrétaire d’Etat aurait prise au sérieux.

Comment fabriquer à grand frais des mouvements LGBT+ « locaux »

C’était faux : la Dilcrah, organisme anti-discrimination du gouvernement, est alors engagée dans la création artificielle de mouvements LGBT+ régionaux. Les préfectures lancent ainsi de très officiels appels à projet pour subventionner le montage de « Marches des fiertés », souvent squelettiques, mais prétextes à structurer le milieu homosexuel local en associations : les conseils préfectoraux Dilcrah (« CORAHD ») disposent alors de relais locaux à qui confier missions, interventions dans les écoles, etc.

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Dans les zones très conservatrices où les volontaires manquent, autre méthode : parachuter des activistes chevronnés issus des grandes associations parisiennes. Avec des fonds Dilcrah, ils montent sur place des évènements coûteux (concerts, invitation de célébrités) qu’ils feront passer pour « locaux » en ne reculant devant aucune grosse ficelle. La Pride des champs organise un « concours du plus beau tracteur », la Pride des banlieues défile – sous lourde protection des forces de l’ordre – « contre la répression policière »… les indigènes ne s’y laissent pas prendre, et les audiences sont d’abord faibles. Dilcrah et préfectures n’y attachent que peu d’importance : l’essentiel est de créer des « interlocuteurs associatifs » LGBT+, et de les insérer dans le tissu administratif départemental (rectorat, collectivités) pour travailler progressivement l’opinion.

Un fiasco en Corse… compensé avec encore plus d’argent public

Montée selon ce plan, la « Pride de Corse » va vite mal tourner. Schiappa a vendu la mèche : les insulaires comprennent vite que la nouvelle association LGBT+ « corse », l’Arcu est dirigée depuis Paris par des cadres militants LGBT+ (Inter-LGBT, Act-Up…). Nés sur l’île, ils l’ont cependant quittée depuis longtemps et accumulent les impairs. Lobbying autoritaire des députés insulaires pour le vote de la PMA, altercation dans un bar aussitôt transformée en ratonnade « homophobe » impliquant tout un village, tentative de cancel d’universitaires corses… les méthodes de mise au pas woke, efficaces dans la capitale, ne leur valent sur l’île que rire ou mépris. Leurs Prides seront un fiasco : deux cent marcheurs en 2023, à peine cent cinquante en 2024, alors même que l’extrême-gauche avait été appelée en renfort. La greffe n’a pas visiblement pas pris.

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La préfecture n’a cependant pas attendu pour réagir. Début 2024, l’Agence Régionale de Santé Corse, présidée par le préfet de région, fait créer sa propre association dotée de forts moyens, « C3S ». Sans en porter le nom, celle-ci va assurer les missions d’un « centre LGBT+ mobile », dispositifs installés par l’Etat dans certaines campagnes françaises : van parcourant l’île avec son drapeau arc-en-ciel à la rencontre des minorités sexuelles, organisation d’évènements communautaires drag, etc. Le tout sous prétexte de « santé sexuelle » – vieille ruse de langage militante pour amalgamer prévention légitime (IST, violences conjugales) et idéologie LGBT+, justifiant ainsi de les faire financer de concert par le contribuable.  C3S finance aussi des podcasts se proposant ouvertement d’inculquer « la théorie du genre » aux petits Corses « dès le plus jeune âge ».

Naîtra aussi « U Soffiu », une nouvelle association « bénévole », en fait très liée à l’ARS : elle et C3S vont en mai-juin 2025 organiser sans les annoncer de très controversés évènements drag devant des enfants, mettant les Corses devant le fait accompli. Quant à la Pride 2025, plus aucun risque d’échec : on amènera à Bastia des manifestants par bus, par train avec billet offert… et on en invitera même depuis la Sardaigne. Arrivés sur place, ils auront deux heures d’atelier pour préparer leurs pancartes, matériel et assistance fournis. Leur effort se bornera donc à marcher cinq cent mètres sous le beau soleil de Méditerranée, avant d’aller profiter des animations municipales gratuites, la date étant opportunément choisie pour coïncider avec la fête de la Musique.

Tout cela est financé par de l’argent public : des collectivités locales, de la Dilcrah, mais aussi (pour C3S) détourné du secteur médical régional : ARS et CPAM de Corse-du-Sud. Que les hôpitaux de l’île soient dans le rouge, au bord de l’explosion, n’aurait-il aucune importance ? L’Etat français a-t-il décidé que la conversion idéologique des Corses passait avant leur santé ?

Frères musulmans: l’heure de la riposte républicaine a-t-elle vraiment sonné?

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Bruno Retailleau photographié à la préfecture des Hauts-de-Seine, lors d'une réunion sur la lutte contre l'islamisme et le repli communautaire, le 26 mai 2025 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

La France retire enfin le « masque » des Frères musulmans et entend s’attaquer aux racines du mouvement extrémiste. Mais beaucoup d’observateurs craignent qu’il ne soit déjà trop tard. Analyse


Longtemps, la France a toléré les activités sociales des associations islamiques sur son sol. Mais elle découvre aujourd’hui que nombre d’entre elles ne sont que des façades du mouvement des Frères musulmans, organisation classée terroriste dans plusieurs pays. Face à cette infiltration, Paris a entamé une vaste opération de « levée du masque », visant à neutraliser l’influence des Frères musulmans sur les plans financier, politique et social.

Une prise de conscience tardive mais déterminée

La classe politique et la société française ont été prises de court par l’emprise grandissante de l’organisation. Le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » recommande l’instauration de nouveaux mécanismes pour endiguer la propagation de l’idéologie radicale des Frères, notamment au sein des communautés arabes, considérées comme particulièrement vulnérables à leur discours.

La langue arabe, enjeu stratégique

Pour faire barrage aux idées des Frères musulmans, le rapport précité propose d’enseigner la langue arabe dans les écoles publiques. Ce savoir, souvent monopolisé par des associations religieuses affiliées aux Frères, aurait servi, selon plusieurs études, à diffuser leur idéologie. Une initiative cependant accueillie avec froideur par le gouvernement : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a rappelé que la priorité restait la maîtrise de la langue française.

Pourtant, comme le souligne Le Parisien, l’arabe demeure très peu enseigné dans l’enseignement secondaire (à peine 3% des collèges et lycées), alors même qu’elle est la deuxième langue la plus parlée en France, avec près de 4 millions de locuteurs. Dès 2018, l’Institut Montaigne alertait sur l’usage instrumental de l’enseignement de l’arabe par les Frères pour enrôler les nouvelles générations dans une vision radicale de l’islam, et recommandait déjà son intégration dans le système scolaire public.

Une idéologie insidieuse

Le Figaro relate un incident survenu dans un club de football parisien, où un jeune entraîneur a tenu un discours religieux à des enfants avant un entraînement, prônant la soumission à Dieu au lieu de parler de sport. Ce discours faisait référence au concept de « souveraineté divine » (al-hâkimiyya), central dans l’idéologie des Frères musulmans. Selon cette vision, les lois humaines sont inférieures à la « loi divine », ce qui conduit les adeptes à rejeter les institutions démocratiques, considérées comme « impies ».

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Alerté, un parent d’élève a déposé plainte. L’enquête qui a suivi a mis au jour un réseau lié aux Frères musulmans, actif dans plusieurs clubs sportifs, visant à diffuser leur idéologie sous couvert d’activités éducatives ou récréatives.

Des rapports des services de renseignement, publiés notamment sur le site Public Sénat, montrent que cet enracinement n’est pas ponctuel mais bien organisé, avec une stratégie d’infiltration des structures sociales, culturelles et éducatives dans l’objectif de pénétrer les institutions publiques.

Une menace « douce » mais réelle

Face à cette montée en puissance, le gouvernement français a décidé de ne plus se contenter d’une surveillance passive. Il s’agit désormais, selon les autorités, de « mener une guerre » contre cette organisation qualifiée de « secrète, clandestine et subversive », qui utilise les libertés démocratiques pour fragiliser la République de l’intérieur.

Macron monte au front

Le 21 mai, à l’issue d’une réunion du Conseil de défense, le président Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement de prendre des mesures concrètes pour enrayer l’expansion de l’influence des Frères musulmans. L’Élysée a publié un communiqué soulignant la gravité du phénomène, considéré comme une menace pour la cohésion nationale.

Des mesures complémentaires seront examinées courant juin. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré que les Frères musulmans représentent une « menace directe pour la République », et qu’ils œuvrent à « déconstruire le tissu social et saper les valeurs de la société française ». Les autorités envisagent notamment de tarir les financements étrangers du mouvement et de le priver de relais politiques et sociaux.

Une idéologie enracinée dans le radicalisme

Depuis sa fondation en Égypte en 1928, la confrérie a adopté une stratégie d’infiltration progressive. Mais c’est avec les écrits de Sayyid Qutb, figure majeure du mouvement, que son projet théocratique a pris une tournure ouvertement violente. Dans son ouvrage Jalons sur la route, Qutb affirme que les sociétés musulmanes vivent dans une nouvelle « jahiliyya » (ignorance) car elles n’appliquent pas la charia selon ses critères.

Il y prône la constitution d’une élite croyante séparée du reste de la société, et légitime l’usage de la violence pour renverser les régimes jugés impies. Son idéologie, bien que reniée officiellement par certains cadres des Frères musulmans, est devenue la matrice idéologique de nombreux groupes terroristes, comme Daech ou Al-Qaïda, qui justifient la violence extrême et le rejet de l’ordre établi.

En Égypte, ces idées ont nourri la formation de la Jama’a islamiya, responsable de l’assassinat du président Anouar el-Sadate en 1981, après avoir combattu Israël en 1973 et signé un traité de paix controversé. Plus tard, Ayman al-Zawahiri, proche de Qutb, fondera le Jihad islamique égyptien, avant de devenir le bras droit d’Oussama ben Laden au sein d’Al-Qaïda.

Philippe Val, sioniste d’honneur

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Philippe Val © Hannah Assouline

L’ancien patron de Charlie Hebdo ne juge pas la prise de position morale de son amie Delphine Horvilleur. Il pense toutefois que dans cette période de grande tension, où tous les juifs du monde sont tenus pour responsables de la politique de Netanyahou, il est inopportun d’accabler Israël.


Causeur. Le 19 mai, sur Europe 1, vous avez assez vertement critiqué la tribune de votre amie Delphine Horvilleur, qui dénonçait notamment la politique suprémaciste et raciste d’Israël. Dans un débat où Israël est l’accusé perpétuel, elle arrive comme l’émoji à tête de chaton avec des cœurs à la place des yeux. Faut-il s’abstenir de critiquer Israël parce qu’il y a des antisémites ? Entre votre mère et la justice, vous choisissez votre mère ?

Phillipe Val. Je n’ai pas jugé la valeur morale de sa prise de position, et je ne la discute pas. Je me suis permis d’émettre une critique quant à son opportunité. Je crois que ma vie intellectuelle a changé il y a quelques années, lorsque, lecteur passionné de Montaigne, j’ai découvert qu’il avait pour projet de traduire le Discours sur la servitude volontaire et de le publier intégralement dans son premier livre d’Essais. Il vouait, comme chacun sait, une affection indéfectible à La Boétie et il ne s’est jamais consolé de sa perte. Par ailleurs, il pensait que cette réflexion sur la servitude était une merveille d’intelligence. Mais c’était en pleine guerre de religion, il ne voulait pas que le texte de son ami serve à justifier les actions des extrémistes. Alors, pensant qu’il connaîtrait de toute façon une postérité, il renonça à le publier, sans doute la mort dans l’âme. C’était une décision politique. Delphine Horvilleur défend un point de vue moral, auquel j’oppose un point de vue politique. Pourquoi ? Parce que je pense qu’à l’antisémitisme religieux et à l’antisémitisme idéologique succède l’antisémitisme géopolitique, lequel tient pour responsables tous les Juifs du monde de la politique du gouvernement Nétanyahou. 

Dans une période de grande tension, comme en ce moment, je pense inopportune toute déclaration accablant Israël. 

Pour expliquer cette levée de bouclier des amis d’Israël, vous dites notamment que cela leur permettra de rayer de bons amis de leur carnet d’adresses et que cela favorisera l’image morale, méritante et innocente qu’ils ont d’eux-mêmes. N’est-ce pas injuste de leur prêter de telles motivations ? Pourquoi leur inquiétude ne serait-elle pas sincère ? 

Je sais que Delphine Horvilleur s’est sentie blessée par cette moquerie. Elle y a vu que je doutais de sa sincérité. Je le regrette. Je ne doute nullement de sa sincérité. Simplement, je ne partage pas son point de vue, et je pense avoir le droit de l’exprimer librement. Je pense que les Juifs – et les soutiens de l’État d’Israël dont je suis –, puisqu’ils sont en cause d’une façon inacceptable, doivent éviter les vaines déclarations qui ne font qu’aggraver leur situation. Vaines, à mon sens, parce qu’elles n’apportent pas grand-chose de constructif… Les critiques virulentes d’Israël sont assez nombreuses comme ça pour ne pas en rajouter, quand bien même ce serait avec des arguments moraux, alors que la morale dégouline déjà de partout. La critique du gouvernement actuel est légitime et nécessaire, la condamnation morale du pays me semble bien imprudente.

A lire aussi : La guerre des juifs

La plupart de ces gens attendent d’Israël qu’il soit meilleur que les autres, ce qui vous irrite. Est-ce pour vous un État comme les autres ? 

Quand on connaît l’histoire du peuple juif, on ne peut considérer que l’État d’Israël est un État tout à fait comme les autres, ne serait-ce que parce qu’il est un morceau d’Europe au Moyen-Orient. Les cultures juive, grecque, chrétienne ont composé l’esprit européen qui souffle dans tout le monde occidental libéral. C’est pourquoi, au premier signe d’antisémitisme, tout bon Européen doit se sentir attaqué dans son être. La haine de l’Europe et la haine du Juif sont une seule et même chose. Demander qu’Israël soit meilleur que les autres, et se sente le devoir, en tant qu’État juif, de tendre la main à son voisin, relève de la fable métaphysique. Comme n’importe quel pays en guerre, Israël fait, bien ou mal, ce que peuvent les peuples pour se défendre. Demander que l’État juif soit exceptionnel me semble, au mieux, une niaiserie. Avons-nous bien fait de raser Dresde, Berlin, Cologne, etc. ? Fallait-il faire autrement ? Je n’en sais rien, mais je sais que ça a mis fin au régime nazi. C’était à la fois tragique, formidable et immoral.

Depuis des années, vous luttez inlassablement contre l’antisémitisme de gauche. C’est le sujet de votre dernier livre. Vous n’êtes pas découragé ?

Mon héros dans l’histoire, c’est Winston Churchill. Chacun est sujet à des fatigues, à des absences à soi-même, à des états fragiles, mais je me bats pour gagner. J’admire ceux qui plongent et refont surface avec leur joie de vivre au cœur. Je veux leur ressembler. Une victoire, ce n’est jamais un état définitif. On n’éradique jamais rien. On repousse, on cisaille, on arrache, on gagne du terrain sur la friche, sans cesse, pour faire la place à l’émouvante beauté des jardins humains. Mais sans vigilance, l’épouvantable nature revient y semer son immonde foutoir. Le jardinier ne doit jamais se décourager.


Philippe Val, La gauche et l’antisémitisme, L’Observatoire, 2025.

Paddington s’installe à Londres: une immersion entre tendresse et marmelade

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L'ours Paddington réinstallé sur son banc à Newbury dans le Berkshire au Royaume-Uni le 9 avril 2025 © David Hartley/Shutterstock/SIPA

Sur la rive sud de la Tamise, une aventure tendre et immersive attend les familles: The Paddington Bear Experience transforme le County Hall en un conte vivant, où l’on suit pas à pas les traces de l’ours le plus attachant du Royaume-Uni


Une expérience immersive unique, sensorielle et familiale s’installe au County Hall : l’occasion de redécouvrir le plus tendre des héros de la littérature jeunesse britannique, celui dont les aventures sentent bon le thé fumant et la confiture d’orange. Depuis le 31 mai 2024, les portes du County Hall, sur la célèbre South Bank londonienne, se sont ouvertes sur un univers enchanteur : la Paddington Bear Experience.

Plus qu’une simple attraction touristique, il s’agit d’une véritable aventure immersive multisensorielle pensée pour petits et grands, où l’on retrouve le plus attachant des ours britanniques et la chaleureuse famille Brown.

Un parcours enchanté

Conçue comme une expérience narrative interactive, cette odyssée familiale invite les visiteurs à déambuler dans plusieurs salles thématiques inspirées des lieux emblématiques des récits de Michael Bond. Tout commence, bien sûr, à la gare de Paddington, où un chef de gare haut en couleur vous embarque dans un voyage animé à travers les plus beaux sites de Londres.

Un œil sur le tableau des départs, un salut au maître de gare, sans oublier la valise de Paddington — contenant la précieuse recette de marmelade de tante Lucy — et vous voilà à bord d’un train en route pour les Windsor Gardens. Les rues défilent, pavoisées d’orange, dans une ambiance joyeusement festive.

A lire aussi, du même auteur: L’écrin secret de verdure du Roi Charles III: entre racines royales et fils d’or

Le périple vous conduit ensuite au 32 Windsor Gardens, la demeure accueillante des Brown. Dans le couloir et le salon reconstitués avec un soin maniaque du détail, Mme Brown accueille les visiteurs avec chaleur, même si quelques facéties de Paddington pourraient bien nécessiter un petit coup de main…

Puis, direction la cuisine familiale, où Mme Bird s’affaire à préparer les douceurs du Marmalade Day. Mais voilà : les oranges péruviennes manquent, le frigo est hors service, et la clé du garde-manger a glissé dans l’évier… À vous d’aider à remettre un peu d’ordre pour que la fête puisse avoir lieu.

Le voyage vous entraîne même jusqu’au Pérou, sur les traces de Montgomery Clyde, l’explorateur qui découvrit l’ours parlant. Là, les enfants sont invités à pédaler pour activer une fabrique de marmelade ancienne et garantir que les bocaux soient remplis à temps.

De la magie, des surprises… et de la marmelade

L’expérience culmine dans une grande fête au cœur d’un Windsor Garden réinventé : le Marmalade Day Festival. Jeux de kermesse, dégustations sucrées, calypso live band, séance photo avec Paddington… Tout y est. Loin d’un simple divertissement, cette aventure s’inscrit dans la lignée des nouveaux formats immersifs : ici, le spectateur devient acteur, emporté par une narration vivante résolument british.

Un hommage à un héros littéraire intemporel

Créée par The Path Entertainment Group, en partenariat avec STUDIOCANAL Kids & Family Ltd et Lionsgate, cette installation spectaculaire s’étend sur plus de 2 400 m², répartis sur plusieurs niveaux du County Hall. Aux commandes, une équipe chevronnée : Tom Maller à la mise en scène, Katie Lyons au scénario, Rebecca Brower à la direction artistique — une véritable dream team de l’expérience immersive. Ne manquez pas de faire un détour par Mr Gruber’s Shop, boutique officielle inspirée du célèbre antiquaire londonien des livres. Billets, souvenirs, marmelades d’urgence : la magie continue après la visite.

Un personnage au rayonnement mondial

Paddington Bear est né en 1958 sous la plume de Michael Bond, dans le roman A Bear Called Paddington. L’adorable ours du Pérou, avec son duffle-coat bleu, son chapeau rouge et sa valise cabossée, a depuis conquis des millions de lecteurs dans le monde entier. Traduites dans plus de 40 langues, ses aventures se sont vendues à plus de 40 millions d’exemplaires.

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Le succès s’est étendu au cinéma avec Paddington (2014) et Paddington 2 (2017), devenus des références familiales. Le très attendu Paddington au Pérou est sorti en février[1]. La série télévisée The Adventures of Paddington, diffusée depuis 2020 sur Nickelodeon, continue de faire découvrir le personnage à une nouvelle génération.

Londres, capitale de la nostalgie heureuse

Plus qu’une simple attraction, l’attraction immersive The Paddington Bear Experience célèbre un personnage qui incarne la bienveillance, la curiosité et le respect des différences — valeurs précieuses en ces temps souvent tourmentés.

Dans ce Londres des grandes roues et des grandes histoires, l’ours au duffle-coat rouge nous rappelle que la douceur, parfois, peut être révolutionnaire. Et si la vraie aventure, c’était simplement d’apprendre, en ces temps frénétiques, à prendre soin les uns des autres — avec, pourquoi pas, un peu de marmelade au coin des lèvres ?

The Paddington Bear Experience, au County Hall, South Bank, Londres. Adulte (16 ans et plus) à partir de 34.00£. Enfant (de 2 ans à 15 ans) à partir de £24.00


[1] Lire https://www.causeur.fr/saint-paddington-301780

Podcast: Trump, Israël et l’Iran : vers un changement de régime?

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Donald Trump à bord d'Air Force One lors de son retour prématuré du sommet du G7 à Calgary (2025) © Mark Schiefelbein/AP/SIPA

Avec Gerald Olivier et Jeremy Stubbs.


L’Iran est en train de perdre la guerre qu’Israël lui a livrée par surprise. Pour Gerald Olivier, grand connaisseur de la vie politique aux Etats-Unis, le but de Donald Trump ne consiste pas simplement à mettre fin au programme iranien de développement d’une bombe nucléaire. De toute façon, le régime des Gardiens de la révolution islamique recommencerait le programme à zéro. Ce ne serait donc que repousser une échéance. Non, il s’agit maintenant de faire tomber le régime.

Certains élus républicains et beaucoup de militants du mouvement MAGA s’opposent à toute forme d’interventionnisme américain, mais Donald Trump ne va pas s’engager dans une guerre au sol de longue durée. Il se contentera de donner un coup de main aux Israéliens qui sont en train de conduire la guerre de manière magistrale.

Si le rôle de Trump dans le conflit israélo-iranien a fait oublier pour l’instant la guerre tarifaire lancée par le président américain, nous assistons à quelques résultats positifs dans la mesure où les Etats-Unis ont finalisé un accord commercial avec le Royaume Uni et sont en train de négocier avec l’Inde et la Chine.

Enfin, les manifestations contre l’expulsion d’étrangers clandestins à Los Angeles représentent une tentative par les démocrates et la gauche en général de refuser l’élection de Donald Trump et de résister à son autorité. L’envoi par le président de la garde nationale et des marines est une façon de montrer que c’est lui qui représente l’autorité légitime.

Voir le blog de Gerald Olivier: France-Amérique.

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Israël fait le sale boulot pour tout le monde

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Petah Tikva, est de Tel Aviv, Israël, 16 juin 2025 © Matan Golan/Sipa USA/SIPA

Le lion de Juda contre la tête du serpent iranien


Le 12 juin au soir, Benyamin Nétanyahou vient au Mont du Temple et dans l’interstice des pierres il insère un petit papier manuscrit, le texte de la 2e bénédiction du prophète Balaam: «Voici… un peuple se dresse comme un lion…». Quelques heures plus tard, dans la nuit, 200 F15, F16 et F 35 décollent vers l’Iran. L’opération s’appelle Am kelavi, un peuple comme un lion. Nul doute qu’elle entrera dans l’histoire.

Balaam, du pays de Moab, était envoyé maudire Israël mais il l’a béni. Parmi ceux qui depuis des mois critiquent Israël, le conseillent doctement et souvent le vilipendent, certains auront éprouvé un soulagement devant cette évidence que la mise à bas de l’abominable régime iranien serait une bonne nouvelle pour l’humanité. 

68 officiers généraux américains ont le 14 juin applaudi aux attaques israéliennes et appelé le gouvernement américain à les soutenir. Ce sentiment est partagé par beaucoup de responsables et par une grande partie de la population de nos pays. Le chancelier allemand Friedrich Merz a dit clairement: « Israël a eu le courage de faire le sale boulot pour nous».

Cette fois, la population israélienne unie derrière Nétanyahou

Mais beaucoup n’osent pas manifester publiquement leur soutien, de peur de perdre leur label progressiste. Certains parlent de la nouvelle guerre de Netanyahou, comme s’ils ignoraient le consensus de la population israélienne. Le président Macron continue son illisible «en même temps» et l’épisode du salon du Bourget, où à ma connaissance on ne vend pas des jouets d’enfants, est accablant de tartuferie.

Quant à ceux qui  critiquent l’attaque israélienne, ils demandent hypocritement pourquoi Israël a sabordé les négociations en cours à Oman. Moralistes et juristes pointilleux quand ça les arrange, ils déclarent, que celui qui a commencé la guerre, Israël, s’est mis dans l’illégalité, quel qu’en ait été le contexte.

Le cocasse est que ce sont les mêmes qui le 8 octobre prétendaient que les massacres ne s’étaient pas produits sur du vide et qu’ils s’expliquaient, sous-entendu se justifiaient partiellement, à cause du contexte.

La guerre contre l’Iran n’a commencé ni le 13 juin 2025, ni le 7 octobre 2023. Elle existe depuis février 1979, quand Khomeini a pris le pouvoir et qu’il a immédiatement traité Israël de tumeur cancéreuse à arracher du corps du monde musulman. Depuis lors, toutes les grandes manifestations iraniennes incluent  «Mort à l’Amérique» et «Mort à l’entité sioniste». Ceux qui envisagent un dialogue avec un régime pareil sont des plaisantins. L’Iran est la tête du serpent, comme disent les Israéliens (roch hanahash).

Les mots paix et diplomatie deviennent parfois obscènes. Ce fut le cas à Munich. Cela l’aurait peut-être été à Oman où les Iraniens, maitres de la taqiya, c’est-à-dire du mensonge politique, dont ils trouvent la légitimité dans la 16e Sourate, cherchaient à faire durer leurs discussions avec les Américains jusqu’à ce que soit entièrement complétée la fabrication de leur bombe atomique, pour laquelle ils avaient déjà obtenu suffisamment d’uranium fissile en violant les engagements des accords sous le regard impuissant de l’AIEA et des cosignataires européens. Une simple question de semaines…

On voit les dégâts que les missiles iraniens non interceptés ont provoqués en Israël. Mesure-t-on l’épouvante qu’auraient entrainée ces mêmes missiles équipés d’une tête nucléaire, ou même  la terreur que leur seule existence aurait suscitée dans une population israélienne prise en otage?  Il y a vingt ans Jacques Chirac riait de la menace iranienne, en disant que  les Iraniens savaient que si une bombe atomique tombait sur Tel Aviv, Téhéran serait carbonisée dans l’heure suivante. Mais les principes de destruction mutuellement assurée, en anglais MAD, ne fonctionnent pas avec des fanatiques qui ont pour dernier de leurs soucis la protection de leur population, même si beaucoup d’entre eux,  Khamenei en premier dont la famille a amassé une fortune gigantesque, sont mus aussi par des motifs très matériels. 

M. Guterres de plus en plus grotesque

La guerre que mène Israël contre l’Iran n’est pas une guerre de plus, c’est la guerre contre un régime qui devrait révolter le monde civilisé, tellement ses actions, et je parle ici non pas d‘Israël, mais des droits de l’homme et de la femme, contreviennent massivement à tout ce que nous prétendons défendre. Un régime dont l’Ambassadeur ment à la télévision en prétendant qu’il n’enrichit de l’uranium qu’à des fins civiles, alors qu’au-delà de 20% d’uranium 235, il n’existe aucune application non militaire. Un régime qui contrôle un pays dix fois plus peuplé et soixante-quinze fois plus étendu qu’Israël. Un régime qui bénéficie à l’ONU d’une mansuétude sans limite au point d’avoir été choisi pour présider une session sur les droits des femmes,  et à propos duquel, quand l’immeuble qui abrite la chaine télévisée officielle est bombardé par les Israéliens, M. Guterres, le funeste secrétaire général de l’ONU, se fend d’une protestation contre un crime de guerre contre la liberté d’informer, alors que cette chaine est appelée Torture TV par les Iraniens tellement son passé est sordide.

Les succès israéliens sont extraordinaires, efficacité du Mossad et de l’armée de l’air, des systèmes anti-missiles et du Pikoud Haoref, l’organe de protection civile, mais il faut saluer aussi la détermination de Benjamin Netanyahou, qui a profité des circonstances exceptionnelles avec l’affaiblissement ou la disparition des  «proxies» derrière lesquels se cachait le régime iranien, le Hezbollah, le Hamas, la Syrie de Assad, et qui a lancé cette offensive historique alors que  ce régime était tout près d’accéder à l’assurance-vie sécuritaire nucléaire. 

Pour finir le boulot, les bombes américaines GBU 57 nécessaires

Israël a éventré les bases de missiles iraniens; les images de destruction des sites de Parchin,  Kermanchah et Tabriz sont impressionnantes, comme l’est la  confirmation des dommages majeurs de la grande usine d’enrichissement de Natanz. Mais quoi qu’on pense des rodomontades des Iraniens, qui avant-hier prétendaient envoyer des missiles hypersoniques, une arme qu’aucun pays n’arrive en réalité à maitriser, et qui hier prétendaient contrôler le ciel israélien, leur potentiel militaire est loin d’être anéanti et les centrifugeuses de Fordo, enterrées sous 80 mètres de roche et de béton, ne semblent accessibles qu’aux énormes bombes GBU 57 transportées par des bombardiers B2, ce qui impliquerait  l’intervention directe des Etats Unis. Le 18 juin, celle-ci parait vraisemblable, contrairement à ce qu’on pensait au début de l’offensive israélienne. Si cela se confirme, ce sont les succès d’Israël qui auront poussé Donald Trump à prendre une décision historique et probablement à voler sur les ailes de la victoire.

On ne doit pas laisser aux mollahs iraniens la possibilité de recommencer. Seul un changement de régime apporterait cette sécurité et donnerait au peuple iranien la liberté dont il a été privé depuis près d’un demi-siècle. Il n’est pas nécessaire que notre président  rappelle à Israël que les changements de régime imposés de l’extérieur sont en général inefficaces. Les Israéliens le savent, mais ils savent aussi que l’immense masse de la soldatesque et de la police iranienne n’a pas été atteinte par les bombardements et qu’elle reste disponible pour la répression à l’intérieur de l’Iran et ils savent également que Saddam Hussein, après sa défaite par Bush père est resté au pouvoir jusqu’à sa défaite par Bush fils, et que pendant ces 12 ans, les exactions de son régime ont été plus terribles  que jamais. Ce sera  aux Iraniens de jeter à bas un pouvoir qui n’a apporté que terreur, misère et intolérance. Le courage que beaucoup d’entre eux et d’entre elles, ont déployé ces dernières années est un espoir pour l’Iran et pour le monde.

Et c’est l’occasion de dire ma fierté pour un autre peuple, celui d’Israël, stoïque, uni au-delà de ses divergences, déterminé malgré ses angoisses, les nuits sans sommeil et les morts. Il sait pourquoi et contre qui il combat dans cette lutte qui devrait être aussi celle de la France. Am Israël haï.

Vite, vite, une cagnotte pour Madame Oudéa-Castéra !

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Amélie Oudéa-Castéra lors de la finale dames de Roland-Garros 2025 © CHRISTOPHE SAIDI/SIPA

Le salaire que perçoit notre ancienne (et inoubliable !) ministre des Sports grâce à son nouveau poste fait jaser…


Oui, il faut absolument venir en aide à l’ancienne ministre des Sports menacée de se voir embarquée sur l’affreuse pente de la précarité, et mettre sans tarder, une fois de plus, la main à la poche.

Pensez-donc, accédant à la présidence Comité National Olympique et Sportif (le CNOSF) cette excellente personne devrait se contenter d’une rémunération mensuelle de 9 000 euros bruts, nous révèle Le Canard Enchaîné ! Une misère ! Elle qui, lorsqu’elle occupait le poste de directrice générale de la Fédération française de tennis émargeait à quelque chose comme 500 000 euros annuels, somme obtenue après avoir été autorisée à augmenter son propre salaire de 35 000 euros nets par mois, alors même que nombre de petits clubs devaient se serrer la ceinture et faire durer la petite balle jaune au-delà du raisonnable faute de pouvoir investir suffisamment en matériels.

Il convient de noter au passage que certains anciens présidents du CNOSF occupaient cette fonction bénévolement, ce qui, par exemple, est le cas pour l’actuel président, David Lappartient, ou encore, précise Le Canard enchaîné, du président d’honneur, Denis Masséglia.

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Ce serait la candidate à la succession elle-même qui aurait demandé et obtenu un tel montant. À prendre ou à laisser, aurait-elle exigé. Il faut dire qu’elle pouvait se sentir en position de force, puisque l’Élysée, en la personne d’Emmanuel Macron soi-même, était à la manœuvre pour la faire accéder à cette sinécure, ainsi que le vice-président de la région Île-de-France, Patrick Karam.

Il est vrai qu’ayant amplement démontré son incompétence et sa faible aptitude à l’action en tant que ministre, il était tout naturel qu’on chargeât Mme Oudéa-Castéra de poursuivre dans ce registre ailleurs. Ce sera donc dans les instances françaises de l’Olympisme. Toute honte bue. L’indécence devenant ainsi grâce à elle une nouvelle vertu olympico-sportive.

Je pense que la nouvelle présidente, histoire de s’occuper un brin, devrait lancer une grande réflexion nationale sur l’épineux problème des liens ente sport et argent. Nul doute que sa contribution serait enrichie des fruits d’une forte expérience personnelle. À moins bien entendu qu’elle ne cherche à monnayer cette contribution, ce qui, étant donné le penchant de la dame pour l’enrichissement perso ne serait pas plus étonnant que cela.

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Boileau et Narcejac – Les maîtres du suspense

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Les écrivains Pierre Boileau et Thomas Narcéjac aux éditions Denoël, 27 janvier 1983, à Paris © UNIVERSAL PHOTO/SIPA

La collection « Quarto » de Gallimard vient de faire paraître un nouveau recueil des œuvres de Boileau et Narcejac, édition et préface de Dominique Jeannerod, sous le titre Suspense: une belle occasion de (re)découvrir les plus belles œuvres de ces deux maîtres du crime !


C’est un paradoxe, mais notre époque, qui se passionne pour le policier, a totalement occulté l’œuvre de Pierre Boileau et Thomas Narcéjac, auteurs pourtant d’un nombre inquantifiable de romans à suspense, égaux, voire supérieurs, à ceux de Christie et Conan Doyle, Leblanc et Chesterton, et dont les intrigues ont pendant des années frappé l’imagination du monde entier.

Un roman comme les autres

Mais revenons en arrière. Nous sommes en 1947. L’Esthétique du roman policier, traité théorique sur le genre, par Thomas Narcejac, tombe un peu par hasard entre les mains de Pierre Boileau. Lui-même, romancier, a quelques prétentions en la matière ; alors, quoique critique au premier abord, il lit l’ouvrage, désireux d’en juger le contenu. L’accroche est immédiate ; Boileau dévore l’opuscule. « Quand j’y trouvai également mon nom, accompagné de quelques louangeuses considérations, je ne doutai plus que ce Thomas Narcejac ne fût un spécialiste éminent. » Une longue correspondance s’ensuit entre les deux hommes, à propos des défauts récurrents du genre policier et des manières d’y remédier. Tous deux rejettent, d’une voix commune, le roman noir trop corseté pour notre littérature (un crime, un enquêteur, la révélation), construit comme une pièce de théâtre. Narcejac refuse même que l’on parle de roman « policier » : il préfère à ce terme celui de « roman de suspense », afin de dégager du genre ce prototype obligé du détective. Non ! leurs romans auront des prétentions, ils seront psychologiques et réalistes, ils iront concurrencer leurs confrères d’écriture au rayon « littérature » des bibliothèques ; en somme, ils feront du Simenon, moins le commissaire Maigret.

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« Nous voulions assouplir le roman-problème ; cela signifiait qu’il fallait lui insuffler la vie qui lui manquait. Autrement dit, le roman de mystère devait être, d’abord, un roman comme les autres, avec de vrais personnages, de vraies situations dramatiques, avec un style et un ton ; avec un tempérament propre et bien reconnaissable. » (« Pierre Boileau par Thomas Narcejac », in Quarante ans de suspense, Boileau-Narcejac, coll. Bouquins, 1988).

On voit que Boileau et Narcejac, en cela bien français (notre nation est toute théorique), pensent le policier avant que de l’écrire : d’ailleurs, Thomas Narcejac était professeur de philosophie. Quant à la mise en pratique de ces grandes théories, elle est admirable, pleine de fulgurances. Les Visages de l’ombre par exemple, rare narration du point de vue interne d’un aveugle, révèle ce qu’il y a de plus profond dans le récit littéraire : l’auteur, grâce à cette focalisation originale, peut jouer avec les sens du personnage en même temps qu’il joue avec les sens du lecteur, car le lecteur aussi, aveugle par définition, ne voit qu’en imaginant ; d’où mille possibilités intéressantes, a fortiori dans le domaine du policier. Rarement lecteur ne se sentira plus physiquement oppressé qu’à la lecture de cette intrigue dérangeante !

Si le début de leur correspondance date de 1947, Boileau et Narcejac ne se rencontrent pour la première fois qu’en juin 1948, à l’occasion d’une remise de Prix du roman d’aventures à Narcejac. Ce face-à-face tant attendu comble leurs espérances : leur amitié, qui avait commencé épistolairement, s’épanouit autour d’un café en terrasse, et prend dès lors une dimension nouvelle. Tous deux réaffirment leur lassitude de l’impérialisme du roman noir ; au fait, et s’ils écrivaient le roman qu’ils aimeraient lire ?…

« Tous les confrères à qui nous annonçâmes ensuite nos intentions de collaborer nous firent la même observation : « Vous êtes stupides ! Vous semblez bien vous entendre… vous serez fâchés à mort avant six mois ! » Notre association date de bientôt vingt ans ! » (« Thomas Narcejac par Pierre Boileau », in Quarante ans de suspense, Boileau-Narcejac, coll. Bouquins, 1988).

Écriture à quatre mains

Certes, les deux hommes s’accordent sur la nécessité d’un roman policier nouveau, à la française, dégagé des règles strictes de la littérature noire ; il n’en demeure pas moins que tout les oppose : « origines, goûts, sensibilité, manière de penser » (P. Boileau) ; fi ! leurs désaccords feront précisément la fortune de cette curieuse écriture à quatre mains, par le travail permanent de réflexion qu’ils feront naître. Et puis, « si nous réagissions de la même façon, demande Boileau, si chacun de nous pouvait se substituer à l’autre, à quoi nous servirait d’être deux ? » Ainsi la collaboration s’organise. Boileau invente l’intrigue ; Narcejac la critique ; Boileau s’intéresse aux situations, Narcejac aux êtres ; et l’âpre lutte commence entre ces deux visionnaires, lutte d’où sortira le roman policier, comme un monde émerge de la confrontation des dieux. « Lui, écrit Pierre Boileau, finit par accepter que tel personnage accomplisse, en telle circonstance, tel geste qui ne correspond peut-être pas absolument à sa nature propre. Moi, je renonce — non sans regret — à un épisode qui me paraissait particulièrement efficace. » Et Narcejac de conclure : « Nous nous rejoignons dans l’œuvre. » Boileau s’intéresse à ce que l’on pourrait appeler l’impossible dans le quotidien : « La femme de Ravinel est morte. Il en est sûr puisqu’il l’a noyée de ses propres mains. Et pourtant, voilà qu’elle donne signe de vie. Elle est et elle n’est pas ! L’illogique commence. […] Mais la logique finit toujours par triompher. » Narcejac met l’œuvre en forme, ajoute sa patte un peu psychologique, un peu mystique, renvoie le manuscrit ; Boileau corrige, polit, perfectionne : et l’œuvre naît. Formule ô combien divertissante, que ces situations impossibles en apparence, et qui trouvent toujours une explication rationnelle ! — propre au twist, excellente pour le cinéma. Aussi ne s’étonnera-t-on guère que les plus grands réalisateurs se les soient arrachées, Clouzot, Friedman, Périer ; Vertigo, le chef-d’œuvre d’Hitchcock, tire son récit d’Entre les morts. Hitchcock avait bien choisi : tout Boileau-Narcejac figure dans ce roman sublime. Un homme, Flavières, chargé par un époux inquiet de surveiller la femme qu’il aime, dont la dépression mystique l’inquiète de plus en plus, assiste impuissant à son suicide ; mais des années plus tard, la voici qui réapparaît : fantôme surgi d’entre les morts ?…

A lire aussi, Jonathan Siksou: La boîte du bouquiniste

Quant au style, on regrettera une écriture malgré tout bâclée, un peu trop roman de gare, sans grandes prétentions et pleine de phrases scandaleuses, du type : « Sa montre oscillait au-dessus du beurrier comme un pendule » ; ou : « Marguerite avait le visage moite, les yeux lui cuisaient » (!!). Et pourtant ! il y a du Lord Jim dans l’obsession de Sylvain, au début de L’Ombre et la proie. Tout à coup, au milieu d’une description, apparaissent des puretés de style à la Flaubert : « Ils suivirent un sentier en corniche et, les derniers jardins faisant place à la lande, ils découvrirent la mer, d’un vert livide, un énorme horizon de nuées et, à leurs pieds, un éboulis de rocs noirâtres, sauvages, où les vagues s’écrasaient en nuages blêmes, en fumées d’écume. » Certains romans, D’Entre les morts, Les Magiciennes, happent l’attention, angoissent, tiennent en haleine… et même le lecteur le plus désabusé se surprend à lire toute la nuit, sursautant aux moindres bruits !


Boileau et Narcejac, Suspense: Du roman à l’écran. Quarto Gallimard, 2025
1280 pages. Contient: Celle qui n’était plus (Les Diaboliques) Les Visages de l’ombre D’entre les morts (Vertigo / Sueurs froides) Les Louves Les Magiciennes Maléfices Les Victimes

Le mur des comptes

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Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics © D.R.

Chaque mois, le vice-président de l’Institut des libertés décode l’actualité économique. Et le compte n’y est pas. 


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Au 1er avril 2025, il y avait 82 900 détenus en France, alors que nos prisons ont une capacité d’hébergement de 65 539 places seulement. Cette surpopulation de 130 % ne plaît pas du tout à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Gérald Darmanin s’est engagé à créer 3 000 places de plus d’ici 2027. Pour le moment, construire une cellule de dix mètres carrés coûte environ 350 000 euros l’unité. L’objectif est de tomber à 200 000 euros en mettant en chantier des infrastructures carcérales plus légères, qui seraient destinées aux condamnés les moins dangereux. Il est intéressant de comparer ces chiffres avec le prix moyen par élève quand on bâtit un nouveau collège en France : 21 900 euros. Quant au coût annuel moyen d’un détenu, il est de 47 494 euros, soit cinq fois plus que celui d’un collégien.

La contribution différentielle sur les hauts revenus (CDRH) est le très beau nom donné à une nouvelle taxe destinée à punir les 65 000 ménages français qui se permettent de déclarer un revenu supérieur à 250 000 euros pour une personne seule ou 500 000 euros pour les contribuables soumis à une imposition commune. Ce dispositif, présenté comme temporaire, a été créé par le gouvernement Barnier afin de rapporter 2 milliards d’euros. Si on ajoute à ce montant les 2,2 milliards engrangés chaque année grâce à l’impôt sur la fortune immobilière (l’IFI, créé en 2018), on arrive au total à une moisson équivalente à celle de l’ancien impôt sur la fortune (ISF). À part ça, Emmanuel Macron ne voulait pas augmenter les impôts.

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Les dix niches fiscales les plus coûteuses pour l’État sont : le crédit d’impôt recherche (7,7 milliards d’euros par an), le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (6,9 milliards), l’abattement de 10 % sur le montant des pensions et des retraites (5 milliards), l’exonération des sommes versées au titre de la participation et de l’intéressement (2,8 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour les travaux d’amélioration de transformation, d’aménagement et d’entretien (2,3 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour la restauration commerciale (2,1 milliards), les réductions des taux de TVA en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion (2,1 milliards), la réduction d’impôt au titre des dons de particuliers à des associations (2 milliards), l’exonération de l’impôt sur le revenu au titre des heures supplémentaires (1,8 milliard), l’exonération des prestations familiales et de l’allocation aux adultes handicapés (1,8 milliard). Plutôt que de faire la chasse aux niches fiscales (lesquelles ayant souvent, comme on voit, une grande utilité), le gouvernement ferait beaucoup mieux de s’attaquer aux dépenses publiques.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, promet de supprimer un tiers des comités Théodule de la République. En fermant les agences et opérateurs de l’État qui ne servent à rien ou qui doublonnent, on pourrait faire une économie de 2 à 3 milliards d’euros par an. Cela n’est pas la première fois qu’un gouvernement mène une telle politique antigaspi… sans produire en réalité aucun effet notable. Car les hauts fonctionnaires trouvent toujours le moyen de recréer de nouvelles structures administratives inutiles, qui leur servent à se recaser en fin de carrière. De toute façon, pareille mesure ne représente presque rien à côté des 170 milliards de déficit public annuel. Pour mémoire, les 434 opérateurs de l’État bénéficient de 77 milliards de financement public annuel.

En France, le prix de l’électricité a augmenté de 120 % ces dix dernières années, soit trois fois plus vite que l’inflation. Si l’on ajoute les différentes taxes, les prélèvements pour les énergies renouvelables et la TVA, un industriel doit débourser 120 euros à chaque fois qu’il consomme dans notre pays un mégawattheure. Aux États-Unis ou en Chine, le prix est quatre fois moindre. Il y a encore dix ans, l’entreprise tricolore Areva était le numéro un mondial de l’industrie nucléaire. Aujourd’hui cette place est occupée par un groupe russe, Rosatom, suivi par l’américain Westinghouse, puis les Chinois China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear Power Group (CGN).

En l’an 2000, la ville de Paris comptait 2,1 millions d’habitants. Aujourd’hui la population est tombée à 2 millions. Ce qui n’a pas empêché les effectifs de la municipalité de croître de 20 % au cours de la même période. À présent à la tête de 55 000 fonctionnaires, Anne Hidalgo emploie plus d’agents que toutes les préfectures de France réunies.

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Une trentaine de grands groupes mondiaux (Estée Lauder, AstraZeneca, Nestlé, Generali, Adecco…) sont dirigés par des Français. La somme des valorisations de ces entreprises étrangères s’élève à 2 000 milliards de dollars, soit un montant quasi équivalent à l’ensemble du CAC 40. C’est un phénomène sans équivalent avec d’autres pays. Le président de la République et la diplomatie française sont fiers de cette situation. S’agit-il d’une grande réussite du management à la française ou d’une fuite des cerveaux ? C’est malheureusement le miroir de la désindustrialisation française. Le mouvement va s’accélérer, car la dynamique de départ des jeunes diplômés est de plus en plus forte.