Chaque mois, le vice-président de l’Institut des libertés décode l’actualité économique. Et le compte n’y est pas.

Au 1er avril 2025, il y avait 82 900 détenus en France, alors que nos prisons ont une capacité d’hébergement de 65 539 places seulement. Cette surpopulation de 130 % ne plaît pas du tout à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Gérald Darmanin s’est engagé à créer 3 000 places de plus d’ici 2027. Pour le moment, construire une cellule de dix mètres carrés coûte environ 350 000 euros l’unité. L’objectif est de tomber à 200 000 euros en mettant en chantier des infrastructures carcérales plus légères, qui seraient destinées aux condamnés les moins dangereux. Il est intéressant de comparer ces chiffres avec le prix moyen par élève quand on bâtit un nouveau collège en France : 21 900 euros. Quant au coût annuel moyen d’un détenu, il est de 47 494 euros, soit cinq fois plus que celui d’un collégien.
La contribution différentielle sur les hauts revenus (CDRH) est le très beau nom donné à une nouvelle taxe destinée à punir les 65 000 ménages français qui se permettent de déclarer un revenu supérieur à 250 000 euros pour une personne seule ou 500 000 euros pour les contribuables soumis à une imposition commune. Ce dispositif, présenté comme temporaire, a été créé par le gouvernement Barnier afin de rapporter 2 milliards d’euros. Si on ajoute à ce montant les 2,2 milliards engrangés chaque année grâce à l’impôt sur la fortune immobilière (l’IFI, créé en 2018), on arrive au total à une moisson équivalente à celle de l’ancien impôt sur la fortune (ISF). À part ça, Emmanuel Macron ne voulait pas augmenter les impôts.

Les dix niches fiscales les plus coûteuses pour l’État sont : le crédit d’impôt recherche (7,7 milliards d’euros par an), le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (6,9 milliards), l’abattement de 10 % sur le montant des pensions et des retraites (5 milliards), l’exonération des sommes versées au titre de la participation et de l’intéressement (2,8 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour les travaux d’amélioration de transformation, d’aménagement et d’entretien (2,3 milliards), la réduction du taux de TVA à 10 % pour la restauration commerciale (2,1 milliards), les réductions des taux de TVA en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion (2,1 milliards), la réduction d’impôt au titre des dons de particuliers à des associations (2 milliards), l’exonération de l’impôt sur le revenu au titre des heures supplémentaires (1,8 milliard), l’exonération des prestations familiales et de l’allocation aux adultes handicapés (1,8 milliard). Plutôt que de faire la chasse aux niches fiscales (lesquelles ayant souvent, comme on voit, une grande utilité), le gouvernement ferait beaucoup mieux de s’attaquer aux dépenses publiques.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, promet de supprimer un tiers des comités Théodule de la République. En fermant les agences et opérateurs de l’État qui ne servent à rien ou qui doublonnent, on pourrait faire une économie de 2 à 3 milliards d’euros par an. Cela n’est pas la première fois qu’un gouvernement mène une telle politique antigaspi… sans produire en réalité aucun effet notable. Car les hauts fonctionnaires trouvent toujours le moyen de recréer de nouvelles structures administratives inutiles, qui leur servent à se recaser en fin de carrière. De toute façon, pareille mesure ne représente presque rien à côté des 170 milliards de déficit public annuel. Pour mémoire, les 434 opérateurs de l’État bénéficient de 77 milliards de financement public annuel.
En France, le prix de l’électricité a augmenté de 120 % ces dix dernières années, soit trois fois plus vite que l’inflation. Si l’on ajoute les différentes taxes, les prélèvements pour les énergies renouvelables et la TVA, un industriel doit débourser 120 euros à chaque fois qu’il consomme dans notre pays un mégawattheure. Aux États-Unis ou en Chine, le prix est quatre fois moindre. Il y a encore dix ans, l’entreprise tricolore Areva était le numéro un mondial de l’industrie nucléaire. Aujourd’hui cette place est occupée par un groupe russe, Rosatom, suivi par l’américain Westinghouse, puis les Chinois China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear Power Group (CGN).
En l’an 2000, la ville de Paris comptait 2,1 millions d’habitants. Aujourd’hui la population est tombée à 2 millions. Ce qui n’a pas empêché les effectifs de la municipalité de croître de 20 % au cours de la même période. À présent à la tête de 55 000 fonctionnaires, Anne Hidalgo emploie plus d’agents que toutes les préfectures de France réunies.

Une trentaine de grands groupes mondiaux (Estée Lauder, AstraZeneca, Nestlé, Generali, Adecco…) sont dirigés par des Français. La somme des valorisations de ces entreprises étrangères s’élève à 2 000 milliards de dollars, soit un montant quasi équivalent à l’ensemble du CAC 40. C’est un phénomène sans équivalent avec d’autres pays. Le président de la République et la diplomatie française sont fiers de cette situation. S’agit-il d’une grande réussite du management à la française ou d’une fuite des cerveaux ? C’est malheureusement le miroir de la désindustrialisation française. Le mouvement va s’accélérer, car la dynamique de départ des jeunes diplômés est de plus en plus forte.