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Julius Malema, l’ami sud-africain de Poutine

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Qui est ce chef de parti populiste, toujours coiffé d’un béret rouge, qui au nom de la solidarité avec la Russie, a appelé la Chine, l’Inde et le Brésil à boycotter le prochain sommet des BRICS? (Ce dernier doit se tenir en Afrique du Sud du 22 au 24 août). Portrait.


Le mouvement des Combattants de la liberté économique (EFF), second parti sud-africain d’opposition, a fêté son dixième anniversaire en grande pompe. Malgré des performances scolaires lamentables et en dépit des nombreuses controverses qui jalonnent son parcours politique, le populiste Julius Malema est devenu un symbole de réussite pour tous ses partisans. Un leader pro-russe qui n’hésite pas à s’en prendre à la minorité Afrikaner et la menacer de mort. 

Julius Sello Malema a grandi dans une Afrique du Sud longtemps dirigée par la minorité Afrikaner. Il a vécu dans un township de la province du Limpopo. Très rapidement, il se passionne pour la lutte contre le régime d’Apartheid, intègre la Ligue de jeunesse de l’African National Congress (ANC) pour qui il colle des affiches de propagande dans les villes voisines. En total échec scolaire, délaissant ses études, il reçoit alors une formation militaire au sein du mouvement et se fait vite remarquer par sa facilité à s’adresser à ses camarades. Il gravit progressivement les échelons de la Ligue avant d’en devenir le dirigeant national en 2001. Une ascension fulgurante qui répond aux ambitions de ce jeune loup de la politique sud-africaine. Peut-être trop pour ses aînés qui ne supportent pas un homme dont les paroles outrancières font les choux gras de la presse locale. Une violence verbale qui trouve pourtant écho parmi ses partisans qui considèrent Julius Malema comme un successeur digne du Président Nelson Mandela, celui-là même qui a mené le pays vers sa pleine indépendance. 

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Il développe dès lors une rhétorique anticolonialiste volontiers manichéenne, panafricaine et anticapitaliste, traçant ses pas dans ceux du président défunt du Zimbabwe, Robert Mugabe, qu’il cite souvent en exemple. Contribuant à alimenter les tensions raciales dans le pays, ciblant régulièrement les Boers dans ses discours (en 2018, il promet de couper la tête au maire de Port-Elizabeth car il est blanc), Julius Malema assume tous ses propos. Il a compris que les procès qui lui sont intentés restent de puissantes caisses de résonance dont il peut se servir. Expulsé de l‘ANC qui ne supporte plus son comportement et ses diatribes en 2010, il fonde le mouvement des Combattants de la liberté économique (EFF) qui s’insère dans l’espace politique avec une facilité déconcertante. Une décennie plus tard, Julius Malema peut se vanter d’avoir siphonné un grand nombre de voix à son principal concurrent, surfant sur un programme populiste, touchant les classes populaires déçues des promesses non tenues par l’ANC au pouvoir depuis 1994.

Lors des dernières élections législatives de 2019, l’EFF a obtenu plus d’un million de voix (soit 11%), le plaçant comme second parti d’opposition dans le pays. Un succès qui ne se dément pas et qui inquiète plus d’un Sud-africain. Les sondages montrent même que le parti de Malema a la capacité de remporter des provinces, de surpasser l’ANC en termes de votes, voire de se positionner en « faiseur de roi » en cas de coalition. De quoi réjouir ce trublion qui s’est offert au FNB stadium de Johannesburg un anniversaire à la hauteur des espérances qu’il suscite toujours. C’est un commandant en chef qui sait mobiliser ses troupes. Tous vêtus de rouge, béret vissé sur la tête, ce sont des milliers de membres de l’EFF qui ont convergé le 29 juillet 2023 vers l’ancienne capitale de l’état du Transvaal. Une masse qui a vibré à tous ses discours et qui n’a pas hésité à reprendre d’une seule voix la chanson « Kill the Boer, shoot the Boer ». Très populaire en dépit de son interdiction, les paroles de ce chant traduisent toute la haine de Malema envers les Blancs (le Front de la Liberté, parti d’extrême-droite afrikaner, a déposé plainte contre lui, et il a été accusé par l’Alliance Démocratique de semer les graines d’une guerre raciale). Une minorité qu’il souhaite exproprier de leurs terres sans compensation aucune (un projet similaire au Zimbabwe a plongé ce grenier à blé de l’Afrique australe dans une crise économique sans précédent). Une réforme souhaitée également par l’ANC qui a dû temporairement reculer face à la cristallisation du débat et les menaces d’un conflit qui planaient au-dessus de cette loi qui ne faisait pas l’unanimité parmi les députés. 

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Promettant à ses partisans électrisés par son discours, que sous sa présidence « l’Afrique du Sud sera bien mieux dirigée et de manière égalitaire » et que le pays « sera mené vers un avenir radieux », le député Malema a passé de longues minutes à dénoncer la corruption qui sévit au sein du gouvernement jusqu’au plus haut sommet de l’État. Pointant du doigt l’actuel Président Cyril Ramaphosa, empêtré dans une affaire nébuleuse dont il a du mal à se défaire, le leader de l’EFF lui a promis un trajet direct vers la prison si son parti obtient la majorité des votes lors du prochain scrutin électoral prévu en 2024. Peu importe si les sondages ne le donnent pas gagnant, Julius Malema reste persuadé que le ciel a écrit son destin et va l’asseoir sur le strapontin suprême. Quitte pour cela à être aidé par la Russie dont il n’a pas hésité à chanter les louanges contre l’impérialisme capitaliste qui sévirait en Afrique du Sud.

En tant qu’hôtes du prochain sommet des BRICS, les autorités sud-africaines se trouvaient face à un dilemme, puisque Vladimir Poutine fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Finalement, le président russe n’assistera pas au sommet en personne.

Et s’il ne fallait plus se coucher pour réussir ?

De plus en plus d’artistes ont le courage de s’opposer au gauchisme culturel, à sa police des mœurs et à ses commissaires de la bien-pensance. Face aux délires du wokisme, ils défendent la singularité du théâtre, du cinéma et de la littérature. Démonstration avec huit cas récents de rébellion.


17 novembre : une brochette de stars s’engagent en faveur de la corrida

Une affiche de rêve : Sophie Calle, Philippe Caubère, Hervé Di Rosa, Agnès Jaoui, Catherine Millet, Jean Nouvel, Ernest Pignon-Ernest, Denis Podalydès, Rudy Ricciotti… En quelques jours à peine, ils se sont mobilisés pour dire non à la loi visant à interdire la corrida portée par l’élu LFI Aymeric Caron. Dans Le Figaro, journal où certains d’entre eux n’auraient jamais imaginé un jour apposer leur signature, ils publient une tribune collective : « Députés, n’interdisez pas la corrida, qui est une culture, un patrimoine, une sociabilité ! » Ils y défendent la tauromachie, cette « liturgie rituelle, qui inspire tous les arts autant que la philosophie et l’anthropologie », aux « racines culturelles et populaires incontestablement profondes et vivaces ». Bien sûr, une pluie d’injures s’est vite abattue à travers les réseaux sociaux sur les audacieux dissidents. Mais, beau joueur, Caron a préféré reconnaître sur LCI la « liberté d’aimer cette pratique », rappelant d’ailleurs qu’il avait auditionné Denis Podalydès à l’Assemblée avant de déposer sa loi. Hélas pour lui, sa proposition sera finalement retirée suite à une palinodie interne à la Nupes. Un coup d’épée dans l’eau, qui aura au moins établi que nul n’a à trembler devant les amis de M. Mélenchon.

18 janvier 2023 : Fanny Ardant, Charlotte Gainsbourg et 200 indomptables disent « non » aux Torquemada du cinéma

À Libération, on n’a manifestement toujours pas tiré les leçons de Bruay-en-Artois. Le 25 novembre dernier, le journal de Dov Alfon consacre un long dossier à l’affaire Sofiane Bennacer, du nom de ce comédien mis en examen pour viols et violences sur conjoint. « Plusieurs victimes parlent », promet sans nuance la couverture, alors qu’à ce stade de l’enquête les accusatrices du jeune homme ne sont que des victimes présumées. Ou comment, pour faire un titre qui claque, on piétine l’État de droit et on condamne quelqu’un avant même qu’il soit jugé (au moment où nous écrivons ces lignes, le procès n’a d’ailleurs toujours pas eu lieu). Le 2 janvier, rebelote. L’Académie des César à son tour cloue au pilori l’acteur, qui venait de se distinguer dans Les Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi, en le rayant de la liste des « talents émergents » sélectionnés par le comité révélations. Dieu merci, quinze jours plus tard, devant cette lettre de cachet des temps modernes, plus de deux cents personnalités se rebiffent et cosignent dans Le Point une « tribune contre la présomption de culpabilité ». Parmi elles, des figures d’autorité du métier comme Fanny Ardant, Yvan Attal, Charles Berling, Patrick Chesnais, Béatrice Dalle, Annie Duperey, Charlotte Gainsbourg, Serge Kaganski, Marin Karmitz, Danièle Thompson… toutes d’accord pour dire que « la défense des femmes est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains d’une doxa activiste », comme l’écrit la philosophe Sabine Prokhoris, rédactrice de la tribune et elle-même ancienne plume de Libé en dissidence. Puisqu’on vous dit que « paillettes » ne rime pas forcément avec « mauviettes » !

Fanny Ardant. Copyright Sipa


31 janvier : Vaincre ou mourir fait une percée au box-office

Le réalisateur Vincent Mottez devrait peut-être brûler un cierge pour remercier Libération. Sans le concours involontaire du journal préféré des bobos, jamais son film de cape et d’épée, tout à la gloire des chouans, n’aurait rencontré un si grand succès public. Dès la veille de sa sortie, le 24 janvier, Libé lui consacrait rien moins qu’une « une », avec ce titre fielleux : « Le Puy du fourbe ». Et une accusation terrible : « Le premier long-métrage des productions Puy du Fou Films réécrit l’histoire de la Révolution française. » Une publicité mensongère en réalité. Censé éclairer notre lanterne, le dossier « Événement » du jour n’est qu’un pénible ricanement gauchiste, étalé sur quatre pages sans le moindre commencement de preuve. D’ailleurs, l’historien Jean-Clément Martin, peu suspect de villérisme, confirmera quelques jours plus tard dans Marianne que le film ne comporte « pas d’erreur factuelle notable qui choque, sauf une : la signature par Charette du traité de paix du 17 février 1795, ce qui n’a pas eu lieu ! » Résultat, malgré une distribution limitée à 188 cinémas à travers le pays, l’épopée vendéenne suscite la curiosité de nombreux passionnés d’histoire et dépasse les 250 000 spectateurs en à peine un mois. Au point d’arriver à la deuxième place du classement français des fréquentations moyennes par salle, derrière Avatar 2 de James Cameron. Merci les wokes !

Hugo Becker en Charrette dans le film Vaincre ou Mourir (2023). Coréalisé par Vincent Mottez et Paul Mignot et produit par le Puy du Fou. Copyright Christine Tamalet.

1er février : quarante personnalités défendent Bastien Vivès

La cancel culture dans toute sa laideur. Pour avoir publié des images mettant en scène de banals fantasmes sexuels d’enfants (dans des albums évidemment interdits à la vente aux mineurs), le dessinateur le plus brillant de sa génération subit depuis le début de l’année une odieuse campagne d’effacement. En janvier, on apprenait ainsi que le Festival d’Angoulême avait annulé une exposition censée lui rendre hommage cette année, tandis qu’en mars, les bibliothèques publiques de Montréal retiraient les deux ouvrages incriminés de leurs rayonnages. Mais ne comptez pas sur la ministre de la Culture pour défendre la liberté d’expression de l’artiste : « Je respecte le choix du festival », fait-elle piteusement savoir au Monde le 16 janvier… Dans ces conditions, on ne peut que féliciter les 40 braves, parmi lesquels deux anciens titulaires de la Rue de Valois, François Nyssen et Jack Lang, mais aussi Enki Bilal, Coco, Blanche Gardin, Michel Hazanavicius, Oxmo Puccino et Riss, qui ont signé, quinze jours plus tard et toujours dans Le Monde, une tribune en soutien à Vivès, dans laquelle ils dénoncent le « contrôle de la pensée » et rappellent une évidence : « L’évocation du mal n’en est pas son approbation, comme le soulignait la défense de Baudelaire, accusé de promouvoir le vice. » Les héritiers du procureur Pinard n’ont pas fini de nous soûler.

Bastien Vivès – Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2013

8 mars : Franck de Lapersonne à l’affiche du nouvel Ozon

C’est probablement à ce genre de gestes que l’on reconnaît les plus grands. Dans son nouveau (et génial) film Mon crime, François Ozon a fait appel à un acteur paria, Franck de Lapersonne, pour interpréter le propriétaire du garni parisien typique des années 1930 où habitent les deux héroïnes. Après s’être présenté en 2017 aux élections législatives sous les couleurs du marinisme, l’acteur était devenu tricard au cinéma. Bien sûr, Ozon n’est pas non plus une tête brûlée. Avant d’employer le comédien, il s’est assuré que celui-ci, que l’on a pu voir dans de truculents seconds rôles chez Claude Chabrol, Georges Lautner et Bernard Blier, avait abandonné toute ambition politique. « Il m’a raconté qu’il regrettait d’avoir été enrôlé par Florian Philippot, qu’il reconnaissait avoir fait une erreur, qu’il avait fait une dépression », se justifie-t-il le 2 mars dans les colonnes des Inrockuptibles, bulletin de la paroisse radicale-chic. Reste que, derrière ce mot d’excuse obligatoire dans le milieu si conformiste du septième art, le réalisateur de Huit femmes a bravé un interdit et agi en authentique artiste, se posant tout simplement la question du « meilleur choix pour ce rôle ». Alors ne soyons pas bégueule et osons rendre grâce à Ozon. Et puis, en ces temps de néo-maccarthysme, comment ne pas saluer un admirateur revendiqué de Woody Allen ?

14 mars : À Paris, Bret Easton Ellis soutient J. K. Rowling

« Harry Potter, c’est de la daube ! » avait-il déclaré en 2019 lors de son dernier passage au Salon Fnac Livre. Que s’est-il passé depuis ? Invité à s’exprimer sur la même scène parisienne cet hiver, dans le cadre de la promotion de son nouveau livre Les Éclats (Robert Laffont), le petit prince des lettres américain n’a pas eu cette fois de mots assez doux pour J. K. Rowling, la créatrice du fameux sorcier à la baguette de houx. « Elle n’a rien fait de mal. Elle n’est pas transphobe”, a-t-il lancé au journaliste Christophe Ono-dit-Biot qui l’interrogeait sur sa quasi-jumelle britannique, boudée voire insultée de toutes parts depuis qu’elle a rappelé, voilà trois ans, la réalité biologique de la différence des sexes – autant dire un blasphème pour le lobby LGBT. « Je pense désormais que, dans cette société formatée, c’est même un honneur d’être cancellé », s’est même enhardi Ellis en signe de sympathie appuyée à Rowling. Sans tirer de conclusion hâtive, n’est-il pas inquiétant de voir toutes ces vedettes planétaires de l’édition résister si ostensiblement à l’avènement du progressisme radieux ?

Bret Easton Ellis. D.R

21 avril : à Bordeaux, Frédéric Beigbeder ne se prosterne pas devant les colleuses anti-suceuses

Bordeaux… Sa place des Quinconces. Son pont de pierre. Ses féministes radicales… Qui ont accédé en 2019 à une notoriété nationale quand elles ont carrément fait annuler, à force de menaces, un colloque universitaire de Sylviane Agacinski, philosophe devenue à leurs yeux une « délinquante de la pensée » depuis qu’elle a critiqué la GPA. En 2023, les revoilà à l’œuvre, cette fois-ci face à Frédéric Beigbeder, qui a eu le malheur de commettre au printemps un essai sur ses obsessions érotiques et son rapport au désir, Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel). Un infâme ouvrage, pensez, puisque l’auteur ose s’y livrer à une scandaleuse « sexualisation des femmes », pour reprendre les termes d’une certaine Sarah, membre du collectif Collages féministes Bordeaux, qui résume ainsi son indignation au micro de France 3 Nouvelle-Aquitaine : « Il y a 94 000 femmes victimes de viol chaque année, ce n’est donc pas assez pour Frédéric Beigbeder ? » Le 20 avril, opération commando contre le vilain satyre basco-béarnais. Dans la nuit, le collectif recouvre d’affiches la devanture de la librairie Mollat, où l’auteur doit tenir conférence le lendemain : « Personne veut te sucer », « Beigbeder forceur », « Aie peur de nos envies meurtrières », peut-on lire. Pas de quoi toutefois intimider l’écrivain, qui se présente à l’heure dite au rendez-vous, certaines militantes ne manquant pas, alors, de venir lui hurler dessus dans la salle, le traitant d’« enfoiré » et lui lançant des doigts d’honneur. Quelque chose nous dit qu’elles ont perdu ce jour-là la bataille de l’opinion. Et que Beigbeder était un peu moins dépassé que son titre ne le suggère.

Frederic Beigbeder. Copyright Sipa

12 mai : Michel Vuillermoz tire à vue dans Le Figaro

Si seulement les gazettes culturelles nous offraient chaque jour des interviews comme celle-là ! En mai dernier, au moment de quitter la Comédie-Française après vingt ans de loyaux services, Michel Vuillermoz, dont on peut raisonnablement dire qu’il « a la carte », nous la joue Fabrice Luchini en se confiant longuement au journal de la liberté de blâmer et de l’éloge flatteur. Répondant à l’excellente critique dramatique Nathalie Simon, que l’on devine incrédule devant tant de franchise, l’inoubliable interprète de Cyrano de Bergerac – version Denis Podalydès – vide son sac, dit son amertume envers Éric Ruf (administrateur depuis dix ans de la maison de Molière), son allergie au « petit technocrate méprisant » Emmanuel Macron, et sa double détestation des Molières et d’Alexis Michalik. Sans oublier de déplorer « le wokisme, la réécriture des livres » et la « censure grandissante ». Suicide social en direct ? Simple excursion sur les terres d’indiscipline de Michel Houellebecq, Gérard Depardieu et Maïwenn ? L’avenir dira si le borderline réussit à Vuillermoz. En attendant, ne boudons pas notre plaisir. Pour une fois qu’un acteur, descendu des planches, s’illustre ailleurs que dans la presse people ou la chronique judiciaire.

Michel Vuillermoz, Credit:LAMACHERE AURELIE/SIPA

16 mai : Johnny Depp ouvre le Festival de Cannes

Mais pourquoi diable les néoféministes s’acharnent-elles sur Johnny Depp ? Seraient-elles mauvaises perdantes ? Comme chacun sait, l’acteur américain a gagné l’an dernier son procès contre son ex-compagne Amber Heard, qui l’accusait de violences conjugales. Une décision sans appel puisque, moyennant la réduction à un million de dollars seulement des dommages et intérêts qui lui étaient réclamés par le tribunal, la jeune femme a renoncé à tout nouvelle action en justice. On pouvait donc estimer Depp définitivement blanchi et pleinement le bienvenu au Festival de Cannes, où son nouveau film, Jeanne du Barry, réalisé par Maïwenn, était programmé en séance d’ouverture. Mais c’était sans compter sur les dizaines de professionnels français de la profession, parmi lesquels Julie Gayet, Géraldine Nakache et Laure Calamy, qui signèrent le jour venu dans Libération une tribune pour protester contre « ce tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent ». Sans doute parce qu’ils ont l’habitude de travailler avec les géants du métier, les organisateurs de la semaine cannoise ne se sont pas laissé impressionner par ce « #Metoo-j’existe » et ont tenu bon. Faisant ici honneur à l’un des droits de l’homme les plus sacrés qui nous soient donnés : celui d’apprécier une sympathique bluette, tournée dans de somptueux décors et avec de jolies actrices, un doux soir de printemps sur la Croisette.

Johnny Depp et Maïwenn. Copyright Sipa.

USA mode d’emploi

La Cour suprême des États-Unis a voté une décision des plus sensibles en vue des prochaines élections législatives…


Tandis que la presse française se jetait sur la récente décision de la Cour suprême des États-Unis donnant raison à une créatrice de sites web qui refusait d’en réaliser pour des couples de même sexe, elle était beaucoup plus discrète sur une autre décision de cette haute juridiction. Car mardi 27 juin, la Cour suprême a rejeté la forme la plus extrême d’une théorie juridique controversée selon laquelle les États, et non pas l’État fédéral, ont le pouvoir de décider des règles électorales. La décision dans l’affaire Moore v. Harper ferme la voie à ce qui aurait pu être une révision radicale des lois électorales. Quand on pense à ce qui s’est passé à Floride en 2000 (George Bush contre Al Gore) et plus récemment aux allégations de Trump concernant certains résultats des présidentielles de 2020, on mesure l’importance de ces pouvoirs. Par six voix contre trois, la Cour a rejeté la théorie dite de la « législature indépendante » avancée par les élus de l’État de Caroline du Nord, dominée par les Républicains.

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Le président de la Cour a déclaré que la Constitution des États-Unis ne mettait pas, comme le prétendaient les législateurs nord-caroliniens, leurs actions à l’abri d’un contrôle par les tribunaux. Au contraire, le pouvoir législatif des États est limité par la constitution fédérale, par celles des États et par les lois ordinaires des États. Ainsi, quand ils supervisent les dispositions électorales, les tribunaux des États « n’ont pas les coudées franches » pour dépasser « les limites ordinaires du contrôle judiciaire ». L’affaire portait sur un redécoupage électoral adopté par l’Assemblée générale de Caroline du Nord. La décision de la Cour suprême est un double revers pour les Républicains. D’abord parce qu’ils tentent souvent de changer les règles électorales pour rendre le vote plus difficile pour les plus pauvres, électorat traditionnel des Démocrates. Ensuite parce que l’électorat républicain, méfiant à l’égard du pouvoir fédéral, demande toujours plus de liberté pour les États. La décision de la Cour suprême, qui fait jurisprudence, fixe les limites de ce désir d’émancipation.

Ruben Rabinovitch, le guetteur privilégié

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Ce psy connaît de très près les jeunes délinquants des « quartiers » qui le consultent dans un contexte juridique. Ses interventions médiatiques lèvent le voile sur la culture qui domine dans ce milieu social, une culture de clan résolument incompatible avec la culture européenne, fondée comme elle l’est sur une notion de vengeance encore plus radicale que la loi du Talion.


Sa carrière a placé Ruben Rabinovitch dans une position privilégiée : psychologue et psychanalyste, il reçoit dans son cabinet beaucoup de délinquants issus de l’immigration maghrébine. Ceux-ci ne viennent pas le consulter pour mieux comprendre leur psyché mais pour avoir une lettre prouvant au magistrat qui les jugera qu’ils font les efforts de réinsertion qui attireront sa clémence. Il lui arrive aussi d’aller dans les tribunaux voir ses visiteurs passer devant les juges. Il se trouve ainsi comme placé sur un belvédère, avec vue imprenable sur le confluent de ces deux torrents calamiteux qui menacent de noyer la France : l’immigration incontrôlée et une justice qui, depuis Michel Foucault et la naissance du Syndicat de la Magistrature, a honte de punir et souhaite éperdument n’être qu’une ONG vouée à l’amicale compréhension des délinquants et à la clémence envers eux quoi qu’il en coûte. Et il en coûte beaucoup à la France.

Cette position de guetteur mélancolique est nécessaire mais pas suffisante. Ruben Rabinovitch a en outre un sens fracassant de la formule, un style digne d’un écrivain de haut vol, et une immense culture centrée sur la littérature, les religions et la philosophie. Sans parler du zeste d’humour grinçant qui signe les grands esprits. A preuve de la première de ces qualités, le titre d’un article paru dans un célèbre hebdomadaire :  « Une justice faible avec les barbares est une justice barbare avec les faibles ». Pour sa vaste culture, j’avancerai ses réflexions sur la loi du Talion. En brave petit étudiant en lettres classiques, je tenais « œil pour œil, dent pour dent » pour le comble de la barbarie, auquel était venu mettre un terme la naissance de la Justice splendidement racontée par Eschyle dans L’Orestie. La cascade de meurtres qui a ravagé la famille d’Agamemnon (je tue ma mère parce qu’elle a tué mon père, ma mère a tué mon père parce qu’il avait tué ma sœur) s’arrête le jour où les Dieux décident d’infliger à Oreste une peine inférieure à son crime. Il ne sera pas tué pour avoir tué, il sera poursuivi toute sa vie par les Érinyes, ces cruelles déesses de la punition divine.

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Or Ruben Rabinovitch, à la suite de l’anthropologie du clan développée par le docteur Maurice Berger, nous explique qu’il y a bien pire que le Talion, c’est la loi encore plus archaïque du clan qu’il résume pittoresquement ainsi : « Pour un œil, les deux yeux, et pour une dent toute la mâchoire ». Beaucoup d’originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire se vivent encore comme membres d’un clan et non comme  individus responsables. Toute blessure que je reçois est infligée à tout cet organisme vivant dont je ne suis qu’une cellule, toute blessure que j’inflige n’est pas de ma responsabilité, je ne peux en ressentir de culpabilité, pas plus qu’une main ne s’offusque d’un crime conçu ailleurs par le cerveau. Est-ce la raison pour laquelle l’idée de duel, de combat entre deux forces équilibrées, n’existe pas dans certaines cultures ? La Bible nous raconte le duel entre David et Goliath, l’histoire romaine nous parle du combat des trois Horaces et des trois Curiaces, et les duels et tournois du Moyen Age ont fini d’implanter très profondément le combat loyal dans la psyché occidentale. Pourquoi certaines cultures ne prohibent-elles pas la pratique abominable du lynchage ? Peut-être à cause de la psychologie du clan.

Redescendons de ces hauteurs théoriques au récit tristement réaliste que Ruben Rabinovitch fait d’une séance de tribunal. Deux jeunes hommes mineurs ont massacré une jeune femme près d’une caisse de supermarché. Elle leur avait demandé de faire la queue comme tout le monde, en réponse elle a été sauvagement frappée et défigurée, elle en gardera des séquelles à vie ainsi que la peur panique de sortir de chez elle. En plein prétoire, quand l’avocat évoque cette défiguration, les accusés lancent : « T’avais déjà une sale gueule, de toute façon ! » Arrive la conclusion, glaçante : « Chacun ressortit du tribunal comme il y était entré. Sans odorat, sans goût, le visage déformé et incapable de sortir de chez elle, pour la plaignante. Libres, pour les deux adolescents ».

Un cas isolé ? Non, un cas quotidien. Rédigeant cet article, j’ouvre le site du Figaro en date du 29 juillet 2023. « Trois hommes condamnés après le lynchage d’un policier sous les yeux de sa fille. Trois hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Meaux à des peines allant de dix-huit mois avec sursis probatoire à trois ans de prison, dont un ferme après la violente agression au début du mois de juillet d’un policier hors service à Mitry-Mory ». Gageons que le juge d’application des peines, dont je rappelle qu’il n’existe qu’en France, réduira à six mois l’année ferme. Et qu’un ministre soucieux de l’encombrement des prisons épargnera tout passage derrière les barreaux à ce brave garçon. Justice vraiment barbare, qui pousse les condamnés à récidiver et les victimes à subir une perpétuité de souffrances physiques et morales. Le policier de Mitry-Mory n’est pas mort, mais rappelons que le relatif tassement des meurtres en France n’est dû qu’à la grande rapidité des secours et à l’efficacité des chirurgiens.

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Comment ralentir ces deux torrents ravageurs qui font tous les jours leur jonction dans nos tribunaux ? Le docteur Maurice Berger, spécialiste de la violence des ados, et le psychologue et psychanalyste Ruben Rabinovitch montrent que tout se joue dans les premières années, quand le petit garçon s’habitue à être adulé par les femmes de la famille et à voir celles-ci battues sans ménagement par les hommes. « L’absence des pères dans les « quartiers » est souvent moins délétère que leur présence », remarque cruellement Rabinovitch dans Le Point. Le fonctionnement moral et mental des individus soumis à la loi du clan n’est pas le même que celui des personnes façonnées par une culture où le père est censé poser des interdits à l’enfant et lui faire intérioriser la culpabilité devant le mal. Ce problème posé par des garçons sans limites ni culpabilité se reproduit à chaque génération, ce que je lis sous la plume de Rabinovitch ressemble à ce que j’ai découvert dans les années 1990, professeur dans le quartier sensible de Chatenay-Malabry. Par bonheur, l’imprégnation par la culture européenne fait échapper un certain nombre de ces jeunes à l’infernale mécanique, et j’ai été ravi de découvrir pendant la pandémie que bon nombre de sommités médicales se prénommaient Karim ou Mohamed. Le substitut du procureur de Meaux, qui avait requis quatre ans de prison dont trois fermes contre deux des lyncheurs de flic de Mitry-Mory et deux ans dont un ferme pour le troisième (donc bien plus que la condamnation effective), se nomme Yacine Benmohammed. « L’espoir luit comme un grain de paille » dit Verlaine dans Sagesse.

Quel Hercule nettoiera les écuries de la justice française ? La plus épaisse des couches de crasse est constituée par une bonne conscience phénoménale, une certitude généralisée chez tous les juges, même le raisonnable Georges Fenech, qu’ils ont raison de défendre ce monument d’immobilisme dangereux qu’ils appellent l’État de Droit. État de droit qui sert en premier lieu leurs intérêts corporatistes, faut-il le dire ? Quand comprendront-ils que l’anthropologie chrétienne qui conçoit l’homme pétri de mal a vaincu depuis longtemps l’anthropologie rousseauiste pour qui l’homme est bon par nature mais corrompu par la société ?

Les politiques sont terriblement prévisibles

On savait que, dans les mondes politique et médiatique, le discours était généralement dominé par le cliché et la formule toute faite. Mais aujourd’hui la prévisbilité et le psittacisme des déclarations de nos gouvernants sont devenus tels que la démocratie se trouve plus que jamais menacée par un ennemi implacable : l’ennui. Le billet de Philippe Bilger.


De la même manière que dans la vie sociale, médiatique, intellectuelle, je ne supporte pas la prévisibilité de certaines opinions et formulations, parce que ma hantise de l’ennui domine tout, je suis de plus en plus frappé sur ce plan par la pauvreté du discours politique, au pouvoir et dans les oppositions. Comme s’il y avait un immense vivier à disposition et que droite et gauche n’avaient qu’à y puiser sans rien changer.

Certes le fond n’est pas concerné, quoiqu’on pourrait soutenir qu’une forme étique a forcément une incidence sur la substance, mais je suis persuadé que la monotonie des échanges partisans n’est pas pour rien dans la désaffection citoyenne.

Il est parfois difficile de distinguer l’outrance de l’idée du simplisme de l’expression mais on parvient généralement à percevoir ce qui se rapporte à l’une ou à l’autre. Ainsi, quand Jean-Luc Mélenchon s’écrie que « la police tue » ou qu’Antoine Léaument, député LFI, rend « hommage » à Robespierre à Arras, malgré l’absurdité des mots, on est plus dans la perversion de l’idéologie.

À un certain moment, je trouvais les indiscutables poncifs du style politique tellement frappants que j’avais envie d’écrire un livre qui aurait compilé la multitude de ces expressions toutes faites. Elles relèvent de la paresse de l’esprit autant que du confort procuré par le ressassement de ce qu’on n’a même plus à élaborer. On répète ce qu’un jour on a dit, qui copiait les banalités du passé et servira à l’avenir.

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Cette implacable prévisibilité prêterait à sourire si elle n’était pas une plaie vive au flanc de la démocratie.

Prenons des exemples récents où la Première ministre est à l’honneur si j’ose dire.

Quel que soit le ministre en situation difficile sur le plan judiciaire, hier Olivier Dussoupt, aujourd’hui Eric Dupond-Moretti, elle lui « conserve sa confiance ».

Maud Bregeon, porte-parole de Renaissance, va plus loin : « C’est un grand ministre ». Mais elle est excusable, c’est de l’hyperbole partisane ! 

Elisabeth Borne adore aussi, dans ses entretiens, nous informer qu’elle n’est « pas dans le commentaire mais dans l’action ».

Elle n’hésite pas non plus, quand elle est gênée par une question ou une intervention, à user de l’adjectif magique : ce n’est pas « républicain ».

Les présidents de la République offrent un florilège qui tourne autour des thèmes visant peu ou prou à nous démontrer que présider est un devoir, un sacrifice, qu’ils ne songent pas à leur réélection et qu’ils sont les présidents de tous les Français. Qu’ils ne sont pas là pour durer mais pour faire. 

Emmanuel Macron est dans la lignée de Nicolas Sarkozy, de Jacques Chirac et de Valéry Giscard d’Estaing. On s’aperçoit que, si les tempéraments sont contrastés, les uns impulsifs, les autres plus réfléchis, il y a un terreau commun qui en quelque sorte est composé des données élémentaires pour séduire ou manipuler les citoyens. Ce sont des éléments de langage qui peuvent, malgré leur usure au fil des années et des pouvoirs en place, toujours servir. Ils sont parfaitement mensongers puisqu’au moment même où ils s’en emparent, ceux qui les exploitent sont conscients de leur inanité, au moins sur le long terme.

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Cette programmation du verbe politique, à quelque niveau que ce soit, est d’autant plus surprenante qu’elle tranche avec des personnalités qui se flattent d’être aux antipodes de processus aussi mécaniques. Elisabeth Borne qui s’affiche roide, sincère, authentique, sans démagogie, n’est pas la dernière, on l’a vu, à remplacer une possible spontanéité par un lassant conformisme. Il faudrait donc considérer qu’il y a une fatalité démocratique consistant à effacer les subjectivités libres et audacieuses au bénéfice de « perroquets » républicains seulement soucieux de ne pas sortir d’un sillon tracé de toute éternité ?

Ces politiques tellement prévisibles, où qu’ils se situent, sont les responsables de l’ennui qui saisit ceux chez qui la passion de la chose publique ne parvient pas à être plus forte que la détestation du discours stéréotypé.

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Contrairement à l’afro-wokisme américain, l’islamo-wokisme français est un oxymore

En France, l’alliance entre l’extrême-gauche progressiste et l’islamisme n’est pas la simple reproduction d’un phénomène américain. La présence et l’influence de l’islamisme dans nos banlieues ont une dimension qu’on ne trouve pas outre-Atlantique. Mais les politiques, notamment LFI, qui font tout pour courtiser les imams radicaux des quartiers ne voient pas que leur wokisme est incompatible avec l’idéologie de ces derniers. Tribune de Gilles-William Goldnadel.


On avait coutume de dire que ce qui arrive aux États-Unis, survient en France quelques années plus tard. Aujourd’hui, à l’ère des meutes électroniques et des émeutes médiatiques, il ne s’agit plus que de quelques semaines.

Il n’est pas la peine dans cette revue cultivée de rappeler que le wokisme a été fabriqué aux États-Unis par des idéologues français, à commencer par Deleuze et Derrida. Je n’y vois pas, pour ma part, grands motifs de fierté. Mais je tenais, dans cette courte chronique, à faire observer les différences fondamentales entre l’afro-wokisme américain, racialiste et queer, qui n’a rien de contradictoire, et  l’islamo-wokisme français qui est un oxymore parfait.

Aux États-Unis, n’en déplaise aux antiracistes autoproclamés, les Afro-américains, nonobstant les problèmes sociaux qui sont à la fois cause et conséquence dialectiques du racialisme, sont intégrés dans une culture américaine métissée. Par voie de conséquence, les questions d’homophobie, de transgenrisme, de liberté des femmes n’ont pas l’aspect identitaire identifié qui existe dans nos banlieues françaises islamisées.

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Encore que, je doive limiter mon observation aux Afro-américains de souche. Les populations d’origine islamique récemment émigrées aux États-Unis manifestent en effet à l’égard du wokisme une prévention grandissante. C’est ainsi, par exemple, qu’un article du Washington Post du 27 juin dernier signalait à Rockville une manifestation nombreuse composée de musulmans et d’Éthiopiens orthodoxes protestant contre l’influence des théories LGBTQ sur leurs enfants scolarisés. De même on a rapporté largement que la municipalité d’Hamtramck ,dans le Michigan, largement islamisée, avait banni toute représentation LGBTQ de toutes les publicités municipales.

Mais la présence islamique en France est sans commune mesure avec celle des États-Unis. N’en déplaise encore à la Vulgate antiraciste française et curieusement à ses féministes sélectives, les tournantes, les viols collectifs ou particuliers, les agressions contre les femmes, les prescriptions vestimentaires, le machisme sont infiniment plus prégnants dans les banlieues communautarisées, pour parler aimablement. Et pourtant, il n’est pas douteux qu’il existe un islamo-wokisme dont la France Insoumise est le vecteur politique principal et dont les médias progressistes sont les idiots inutiles.

Il s’agit pour l’heure d’un deal « win win », pour parler comme aux USA.

Le parti d’extrême gauche y puise une grande partie de son électorat, et l’islamisme une porte d’entrée pour obtenir satisfaction de ses revendications religieuses et culturelles, dont le voile, l’abaya, l’acceptation tolérée de la polygamie sont les signes les plus visibles. N’oublions pas non plus, et je ne risque pas de l’oublier, un antisionisme virulent non exempt  d’un antisémitisme violent dans lesquels nos deux compères rivalisent d’ardeur et qui font, par exemple, que l’antisémite patenté Corbyn est accueilli en grande pompe par Mme Obono, par ailleurs admiratrice d’ Houria Bouteldja, ou que le terroriste, membre du FPLP, Salah Hamouri, condamné pour avoir tenté d’assassiner un rabbin et l’avoir reconnu, soit fêté dans la liesse comme un héros et martyr à Roissy par l’état-major au grand complet des Insoumis.

Mais mon propos principal est ailleurs. Pour l’instant, l’alliance objective et même subjective entre cette extrême gauche et l’islamisme tourne à plein régime anti-occidental. Mais il se trouve également qu’au sein de la France Insoumise et de ses alliés prétendument écologistes et assurément gauchistes, le wokisme fait des ravages. Clémentine Autain, Sandrine Rousseau et plus encore Marine Tondelier et Alice Coffin en sont les consternantes illustrations. Pour l’heure, les imams radicaux des quartiers et les Frères Musulmans les supportent en silence, dans tous les sens du terme.

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Et de l’autre côté, chose encore plus insupportable, nos féministes si intransigeantes envers le mâle blanc, nos partisanes du transgenrisme et de la GPA ne réagissent jamais à l’encontre des violences contre les homosexuels dans les quartiers et même pire encore lorsqu’une Shahina est brûlée vive par son Omar de compagnon.

Mais faisons, si mon lecteur le veut bien, un peu de politique-fiction. Je le fais bien volontiers car c’est la prochaine thématique de mon ouvrage en devenir. Supposons qu’une guerre civile éclate.

Il est des suppositions encore plus fantaisistes ; et qu’un parti d’extrême gauche s’empare du pouvoir par la force de la rue. Supposons, toujours dans ce cadre fictionnel apocalyptique, qu’une partition du pays s’opère, notamment en Seine-Saint-Denis. Qu’adviendra-t-il de notre alliance oxymore ? Dans le meilleur des cas, notre nouveau pouvoir accordera un moratoire à la République Islamique qui voilera les femmes et interdira l’homosexualité.

Je ne suis pas certain que l’alliance contre nature se termine dans l’amour.

Mais pour l’heure, et loin de mes élucubrations ou de mes prophéties, je suis bien certain que l’alliance de la faucille et du croissant tiendra le temps qu’il faudra pour faire notre malheur.

Subventions d’Etat : des cadeaux empoisonnés

Au prétexte de vouloir notre bien, l’Etat offre des cadeaux à ses citoyens qui coûtent cher au contribuable. En outre, la prolifération des nouvelles subventions pénalise les entreprises et les empêche de mieux récompenser leurs salariés. Le billet de Sophie de Menthon.


L’État bienfaiteur nous envahit de plus en plus au prix de nos libertés. Il n’hésite pas à toucher même à nos vacances. Il est difficile de revendiquer le libéralisme quand on vous explique que seul l’État nounou peut prendre soin de vous. Or, le libéralisme économique, c’est avant tout la liberté, et cette liberté se réduit comme peau de chagrin. Prétextant notre bien, l’État nous prive de la liberté d’entreprendre et d’agir à tous les niveaux, de la gestion de nos finances à notre vie personnelle.

Réjouissez-vous bonnes gens ! Il n’est pratiquement pas de semaine sans que l’on nous fasse des cadeaux, que nous payons par ailleurs au prix cher puisqu’ils sont le fruit de tous les prélèvements qui ruinent notre pays, à petit feu. Un cercle vicieux dont nous ne sortons pas. Plus l’État dépense pour les consommateurs, plus il prélève ailleurs, et le « ailleurs » c’est évidemment dans la seule source de richesse : les bénéfices des entreprises.

La France et ses colonies – de vacances

Arrêtons de raisonner en termes de « redistribution », c’est une aberration économique et même sociale. Mais rien n’y fait. Sitôt promue ministre des Solidarités et de la famille, Aurore Bergé a souhaité faire son petit cadeau d’entrée au ministère. En quelques jours elle nous a concocté et offert le « pass colo », une aide pour partir en colonie de vacances, au mois de juillet, c’est idéal, même si c’est pour l’année prochaine. Évidemment, il est difficile de s’opposer à une nouvelle subvention quand cette dernière contribue à ce que les enfants puissent partir en vacances. Pourtant, le raisonnement justifiant cette mesure est biaisé et évite de se poser les vraies questions. D’abord, les bénéficiaires sont censés être les familles les plus « fragiles » ? Mais fragiles en quoi ? « Et les enfants des classes moyennes ». Qu’est-ce que la classe moyenne aujourd’hui ? En faire partie sous-entendrait qu’on ne peut pas envoyer ses enfants en colonie de vacances ? C’est grave. Le montant d’aide serait de 250 à 300 euros par enfant, une somme attribuée sur des critères déjà compliqués et forcément discutables, voire discriminatoires : il faut un plafond de ressources de 4000 euros maximum et  dont l’attribution forcément va nécessiter une bureaucratie supplémentaire… mieux, cette aide s’adressera aux enfants de 10 et 11 ans, leur offrant « une expérience collective qui prépare au collège ». Les parents ne sont donc pas capables de faire vivre une expérience collective à leurs enfants ? Et  allez donc expliquer cela aux frères et sœurs de 9 ans et de 12 ans. Mais il parait que la ministre n’est pas opposée à ce que cela s’étende à une autre tranche d’âge par la suite.

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Certes, l’effet d’annonce est gratuit et on peut se rassurer en estimant que ce ne sera pas voté. Ce serait presque drôle si ce n’était affligeant. Les comités d’entreprises sont là pour donner des avantages à leurs salariés, et s’y emploient remarquablement, surtout dans les moyennes et grandes entreprises, mais il existe une véritable hostilité étatique à l’idée que l’entreprise puisse faire mieux ce que l’État fait n’importe comment.  

Un soutien au pourvoir d’achat qui coûte cher

Est-ce que quelqu’un au gouvernement va enfin faire arrêter ces mini gabegies qui nuisent paradoxalement au pouvoir d’achat des Français ? Le vrai objectif devrait être d’enrichir les salariés et pas de leur faire l’aumône. Pour les enrichir il faut que les entreprises aient les moyens d’augmenter les salaires et pour cela il faut absolument que les prélèvements baissent. Nous sommes le pays du monde où la différence entre la somme versée par l’entreprise et celle qui se retrouve dans le revenu net du salarié est la plus importante. Le pourcentage de charges patronales en 2022 s’élève en moyenne à 30 % du salaire brut perçu par le salarié (il varie de 25 à 42 %). Un taux auquel il faut également soustraire 22% à 25 % de charges salariales pour obtenir le salaire net du salarié. Pour comble, les dirigeants politiques ont le toupet de sommer les entreprises d’augmenter des salaires que l’État lui-même ampute. Leur but est de s’attribuer le faux mérite de toutes ces formes de redistribution, parfois grotesques comme la subvention pour réparation des accrocs de nos vêtements ou le ressemelage de nos chaussures… Quelle ne fut pas la stupéfaction d’un chef d’entreprise, aidant sa mère à faire dépanner sa machine à laver, d’apprendre que sur les 85 euros dus au dépanneur, 25 euros seraient remboursés par le gouvernement ? (Vérification faite : sur le site du gouvernement, pour la réparation d’une machine à laver la vaisselle, 20% sont pris en charge par l’État). De tels cadeaux, justifiés par l’écologie vue par le petit bout de la lorgnette, se multiplient, se recoupent et se contredisent. L’État donnera des aides aux secteurs en difficultés, comme le textile et le prêt à porter qui vont mal, mais en expliquant bien aux consommateurs qu’il ne faut plus acheter leurs produits puisque l’on subventionne les réparations des vieux vêtements. Kafka lui-même n’aurait pas osé imaginer de telles absurdités…

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Dans la longue liste de la course à l’absurde, le Conseil Constitutionnel a ajouté une touche originale : un squatteur peut attaquer le propriétaire en justice s’il juge que le bien immobilier qu’il occupe illégalement est mal entretenu. Il vaut mieux être squatteur que proprio, tenez-le-vous pour dit, car le squatteur est un économiquement faible qu’il faut protéger contre le propriétaire forcément nanti.

Suite à la prochaine bonne œuvre…

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Belles Gueules

Dans sa biographie croisée de Maurice Druon et de Joseph Kessel, Dominique Bona restitue le panache de deux héros, deux lions pétris de littérature et façonnés par la guerre. Flamboyants, l’oncle et le neveu n’ont cessé de défendre, du maquis à l’Académie, la grandeur de la France.


« France est le plus beau mot de l’univers »

Joseph Kessel

On n’en parle jamais, du physique des écrivains – de leur gueule : certains en ont, et c’est un destin ; d’autres, moins, et c’est peut-être aussi, parfois, un destin. Prenez Joseph Kessel (1898-1979) et Maurice Druon (1918-2009), l’oncle et le neveu : c’est peu dire qu’ils en avaient, de la gueule – et qu’elle disait déjà beaucoup. Leurs œuvres respectives n’ont fait qu’entériner, transcrire un visage qui était une voix. Cela a l’air négligeable, superficiel, mais tout le monde sait que cela ne l’est pas – tant pis pour la justice immanente. On pourrait, par clémence, pour amortir le choc de la révélation, ajouter « hélas » ? Si vous voulez.

Imagine-t-on vraiment que l’œuvre de Drieu ne ressemble pas (et réciproquement) à la moue boudeuse qu’il arbore sur la fameuse photo que tout le monde connaît, assis en costume trois-pièces : tout y est et a joué son rôle dans la « légende Drieu » – le dandysme, l’élégance, le dégoût, la mélancolie, le charme aussi. Pareil pour Baudelaire par Nadar, ou Sagan jeune et pieds nus, voire Scott Fitzgerald et Zelda qui esquissent un pas de danse. Je n’évoque pas Modiano et Le Clézio : tout le monde a compris.

Mais il est interdit de le mentionner, d’en parler : c’est inaudible, « discriminant », « comme ils di-i-i-i-sent » (Charles Aznavour). On ne parle pas non plus de la bêtise, me direz-vous. C’est vrai – et c’est un tort, puisque avec sa capacité contemporaine à se répandre dans les grandes largeurs, elle discrimine peu et fait beaucoup pour le « vivre ensemble » : elle rassemble, elle « fait société », « comme ils di-i-i-i-sent » (Charles Aznavour). Passons et revenons à nos héros, puisque ce sont des héros.

Kessel et Druon donc. Deux gueules qui manifestaient la flamboyance, la démesure et le courage. Kessel, « le slave », né de parents juifs lithuaniens en Argentine : générosité, puissance, santé, absence de conventions, sens de l’amitié, ça se voit. Druon, « l’aristocrate », né à Paris, lauréat du concours général (1936), École libre des sciences politiques et officier de cavalerie (Saumur), préfacier du Silence de la mer de Vercors : superbe, panache, vanité, allure et ton à la Guitry, souffle (quand même, Les Grandes Familles, Les Rois maudits – nous y reviendrons –, ce n’est pas rien) : pareil, ça se voit. Les apparences, en dépit de Rimbaud le voyant, disent le plus souvent la vérité. Il faut rétablir les clichés, les images d’Épinal qui ont tant fait penser, tant fait pour la pensée.

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Mais on peut compléter le bouquet, revenir à la chronologie, au cursus honorum (assez répertorié cependant) de l’un et de l’autre, qui les conduira tous deux à l’Académie française (ils y siégeront même ensemble – de 1966, élection de Druon, à 1979, mort de Kessel).

À cet égard, la biographie croisée au casting éblouissant que leur consacre Dominique Bona est bienvenue. Elle était risquée aussi, après le monument d’Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion – tant il semblait difficile de faire du neuf à son propos. Mais ce n’était pas le but : Bona récapitule leurs deux vies et y ajoute un troisième rôle touchant et éminent, la chanteuse, comédienne, grande résistante, longtemps maîtresse de Kessel, Germaine Sablon (sœur de Jean).

Elle dit l’écho de la vie de l’un dans celle de l’autre (et retour), voire leur caractère indissociable en de nombreuses occurrences. Elle restitue leur proximité, leur complicité, leur connivence de toujours, leur absence de jalousie (de l’un à l’encontre de l’autre). Bona insiste sur quelques moments-clés.

Leur départ, tous les trois, en décembre 1942, de l’Espagne vers Londres et la France libre : Sablon, héroïne modeste alors qu’elle fut avant-guerre aussi célèbre que Mistinguett ou Joséphine Baker, s’engage dans la Résistance avant Kessel et Druon.

L’écriture du Chant des partisans, l’hymne fédérateur de la France libre, en mai 1943, dans un petit hôtel de la campagne anglaise, tandis qu’Anna Marly, d’origine russe, compose la musique et que Germaine Sablon, sa première interprète, l’enregistre pour la BBC.

Les relations quasi filiales (voire fraternelles) de Druon avec Kessel : ils ont en partage Lazare Kessel, frère cadet de Joseph, suicidé en 1920 à 21 ans (après avoir été premier prix du Conservatoire dramatique de Paris, pensionnaire de la Comédie-Française), père naturel de Druon – qu’il ne reconnaîtra pas. C’est le notaire René Druon, « homme noble, loyal, droit » (M. Druon), deuxième mari de sa mère, qui adoptera l’enfant de 7 ans et lui donnera son nom.

Leurs différences existent. Kessel, « Tolstoïevski » (M. Druon) est un tendre, pour qui les idées et la politique ne sont presque rien, et les individus, presque tout – l’alcool, les femmes, les voyages-reportages (en particulier Palestine-Israël, Syrie, Afghanistan, États-Unis) sont ses adjuvants préférés.

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Druon est un naturaliste, peintre pessimiste et ironique de la société et de la nature humaine. Leurs œuvres respectives se ressentent de ces différences. Kessel obtient le Grand Prix de l’Académie française en 1927 pour Les Captifs ; et Belle de jour (1928) est adapté par Luis Buñuel. Druon reçoit le prix Goncourt pour Les Grandes Familles (1948, adapté en 1958 par Denys de la Patellière, scénario et dialogues de Michel Audiard, avec Gabin, Brasseur, Blier – feu d’artifice) et inspire Game of Thrones cinquante ans après avoir écrit Les Rois maudits (1955-1977, sept tomes, avec son écurie de « documentalistes », dont Edmonde Charles-Roux, un temps sa maîtresse, et Matthieu Galey).

Etc. : On renvoie au roboratif travail de Dominique Bona. Sans omettre de signaler l’épatant Dictionnaire égoïste du panache français que publie François Cérésa, ami de Druon pendant les dix dernières années : Druon et Kessel y ont droit à deux portraits inspirés, voire tremblés, parmi 52 autres irréguliers (Gary, Clemenceau, Rabelais, Darien, Philippe Auguste, Athos, Feydeau, Jean Moulin, etc.) que réunit, seul et suffisant, le mot de Cyrano.

À lire

Dominique Bona, Les Partisans : Kessel et Druon, une histoire de famille, Gallimard, 2023.

François Cérésa, Dictionnaire égoïste du panache français, Le Cherche Midi, 2023.

Joseph Kessel, Reportages aux États-Unis, 1933-1936-1948-1959-1960 (préf. Étienne de Montety, Arthaud, 2023.

Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion (1985), « L’Abeille », Plon, 2023.

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Louis XIV pour les archi-nuls

L’ancien adjoint au maire du 7e arrondissement de Lyon rêve de remplacer une statue du Roi-Soleil. Que lui reproche-t-on, cette fois-ci ?


C’est un monument indissociable de la place Bellecour de Lyon, réputée plus grande place d’Europe. La version originale de la statue équestre en bronze représentant Louis XIV, réalisée par le sculpteur Martin Desjardins, a été installée en 1713. Détruite sous la Révolution française, une nouvelle version a été remontée sur le socle en 1825, mais elle est en proie aux affres du temps. La Métropole de Lyon a donc décidé en 2022 de la restaurer, projet dont la légitimité est contestée par certains. Ancien adjoint au maire du 7e arrondissement et conseiller à la Métropole, Romain Blanchier s’est fendu d’un billet dans Lyon Mag où il a affirmé que Louis XIV était éloigné « de l’histoire et de l’esprit » de la ville. Reprochant au monarque ses persécutions religieuses et ses guerres coûteuses, il a également accusé le petit-fils d’Henri IV d’avoir « dilapidé les richesses du royaume pour construire son fastueux château de Versailles, symbole de son mépris pour le peuple et de la concentration de puissance en région parisienne, au détriment de Lyon ».

A lire aussi : Les émeutes après la mort de Nahel marquent la fin des figures d’autorité traditionnelles

Ce n’est pas la première fois que la statue de Louis XIV se retrouve au cœur de polémiques. En 2020, elle figurait sur une carte interactive créée par des internautes pour inventorier les statues, ponts et rues de Lyon qui honorent des personnalités ayant un lien avec la traite négrière. Cet appel à déboulonner le roi afin de rendre l’espace public « moins oppressif » n’a pas été suivi d’effet. Selon Blanchier, il serait temps de remplacer le Roi-Soleil par un autre personnage lié à Lyon comme Jean Moulin, héros de la Résistance, les frères Lumière, inventeurs du cinématographe ou l’empereur Claude, né à Lugdunum. En avril, le premier adjoint au maire du 2e arrondissement est monté sur un escabeau pour enlever personnellement une banderole posée sur la statue par des manifestants qui proclamait : « Macron, l’Histoire te regarde. » Si on regarde bien l’histoire, on découvre que le Roi-Soleil a joué un rôle vital dans l’essor de la soierie lyonnaise.

Quel woke êtes-vous?

Tous les wokes ne se ressemblent pas. Pour être à la pointe du combat, mieux vaut connaître sa tribu.


1. Avec qui rêvez-vous de coucher ?

a. Un homme déconstruit. Comme Sandrine Rousseau vous avez fait l’acquisition d’un splendide spécimen du genre. Il fait du yoga en collant moulant, pleure plus que vous devant Sur la route de Madison, cuisine le quinoa mieux que la mère de Greta Thunberg et rate aussi ses créneaux. Alors pourquoi rêvez-vous de Chuck Norris ?

b. Un.e militant.e du Parti des indigènes de la République. Il enchaîne les mots de plus de trois syllabes dans une logorrhée indigeste, mais vous trouvez cela érotique. Ah…  sa façon de dire « Épistémicide » (c’est quand vous méprisez la poudre de rhinocéros et faites confiance au Viagra pour rasséréner Popaul), ses yeux qui se plissent quand il parle « extractivisme cognitif » (on pourrait dire plagiat, mais quel est l’intérêt de parler pour se faire comprendre !?!) et cette petite ride sur le front quand il aborde l’« herméneutique diatopique » (capacité à utiliser différents concepts : l’eau ça mouille, le feu ça brûle et si on les croisait ?). Bref, l’incompréhension entre vous est totale, mais de toute façon vous le soupçonnez de rêver de Chuck Norris.

c. Bob l’éponge. Il est jaune et carré, vit dans un ananas et a des relations équivoques avec une étoile de mer appelée Patrick. A priori pas de quoi remettre en question quarante-cinq ans de mariage avec Bérénice, rentière depuis que son papa a vendu ses voisins et du beurre aux Allemands en 1940. Mais il y a ce contraste entre ce prénom si viril et sa voix fluette, et ça vous rend tout chose. Du coup vous avez cherché à le trouver sur Tinder, mais n’êtes tombé que sur Chuck Norris.

d. Chuck Norris. Parce qu’il assume parfaitement sa masculinité toxique : quand certains disent : « La violence ne résout rien. » Chuck Norris leur répond : « C’est que t’as pas tapé assez fort. »

2. Si vous étiez un sensibility reader, quel roman ou conte réécririez-vous ?

a. Le Petit Chaperon rouge. Depuis que, dans son dernier tango à Paris, Marlon Brando a fait sortir le beurre de la cuisine pour lui donner d’autres horizons, on a compris que le petit chaperon, son loup et une partie de ses victuailles auraient plus leur place chez Marc Dorcel que dans la collection Père Castor. Du coup vous proposez de mettre du bromure dans la galette, d’apprendre le krav-maga au chaperon et le véganisme au loup.

b. Blanche-Neige. Déjà le nom de l’héroïne n’est pas hyper inclusif, mais le titre de l’histoire pue le suprémacisme blanc. Certes cette mijaurée fait preuve d’une certaine sensibilité sociale en allant faire un stage ouvrier chez un groupe de personnes à verticalité contrariée, mais elle retrouve vite sa propension à la domination capitaliste en épousant un exploiteur du peuple appartenant à l’acmé de la classe privilégiée. La pomme empoisonnée ne tombe jamais bien loin de l’arbre pourri !

c. Les Liaisons dangereuses. Cette histoire d’aristocrates hétéros cisgenres qui font dans la cruauté par désœuvrement est si sexuellement correcte que c’en est déprimant. Malheureusement Virginie Despentes a eu la même idée que vous. Elle a baptisé cela Cher connard et fait dialoguer ses héros sur le réchauffement climatique, MeToo, le viol, l’orientation sexuelle et la SNCF. Le style y perd en sophistication glacée, mais si vous voulez devenir chroniqueur chez Hanouna vous trouverez tout le vocabulaire permettant de clasher vos adversaires en étant compris par le Tout-Weshland.

d. Tout Judith Butler et Edgar Morin. C’est pas pour censurer, juste pour rendre compréhensible la logorrhée et dégager les idées fortes. En plus si vous faites bien votre boulot, l’œuvre complète devrait tenir sur un flyer.

3. Si on vous invite à une réunion en non-mixité en mode « safe space », vous apportez quoi ?

a. Un mec. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non?

b. Un Blanc. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

c. Un cisgenre et une TERF. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

d. Un 4×4, de la corde (et un chaudron). Bref tout le nécessaire pour faire un safari progressiste et capturer les spécimens les plus représentatifs en milieu militant protégé. Pourquoi le chaudron ? Bah, il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

4. Quelle statue aimeriez-vous déboulonner ?

a. Celle de Sacha Guitry, pour avoir dit : « Si la femme était bonne, Dieu en aurait une » ; ou de Voltaire, « Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent » ; ou celle de tout écrivain ayant vécu jusqu’à la bonne moitié du xxe siècle. C’est là que, flairant le marché de niche, vous arrêtez le militantisme woke pour vous lancer dans le BTP, segment démolition. Il ne vous reste plus qu’à investir dans la lingerie pour séduire un petit-fils Bouygues, puisque « les faiblesses des hommes font la force des femmes ».

b. Toutes. Pour vous personne n’est innocent aux yeux de l’histoire et c’est sur ce truisme que vous bâtissez votre force de frappe. Cela vous permet de casser les pieds et les bijoux de famille de tous les représentants des pouvoirs publics. Grâce à votre conception sourcilleuse du mérite et de la morale, vous pouvez l’ôter à tous les grands hommes et vous ériger en arbitre des élégances sans réaliser quoi que ce soit. Du coup, pour vous inscrire dans la postérité, on ne vous érigerait pas une petite statue ?

c. Aucune. Vous vivez sur Twitter, alors la destinée des crottoirs à pigeons de l’espace public, vous vous en battez les steaks. Vous êtes trop occupé à troller J. K. Rowling et à tenter de persuader le globe terrestre qu’une femme peut très bien être XY et avoir une bite. Vous êtes soutenu dans vos revendications par tous les patrons du CAC 40, qui pensent que la méthode est géniale pour afficher la parité tout en restant entre couilles. Euh pardon, tout en permettant que soit pris en compte dans le cadre de l’entreprise le refus de l’assignation de genre.

d. Galatée. Ayant remarqué que la plupart des statues de femmes les représentent telles que la nature les a conçues, vous vous êtes tout de suite intéressé à l’histoire de Pygmalion. Depuis, vous hantez le Louvre en couvant d’un œil concupiscent la moindre nymphe callipyge. Hélas c’est une momie égyptienne que vous avez fini par réveiller. Une momie intégralement voilée et passablement acariâtre, ayant furieusement tendance à massacrer votre biocénose tout en dégueulassant les murs avec des hiéroglyphes incompréhensibles. Alors ça fait quoi d’être le petit copain de Belphégor ?


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Un maximum de a

L’écoféministe : vous luttez contre le manterrupting, le mansplaining et tous les man-n’importe-quoi-ing. Vous qualifiez les hommes de bitards et les accusez de propager la culture du viol. Vous baignez dans la sororité et communiez dans le refus de l’épilation du maillot, mais au lieu de nager dans le bonheur, vous bitchez sur la schtroumpfette, cette salope qui règne sur son troupeau de garçons. Et vous l’assumez parfaitement : après tout, être gentille quand on est une femme, n’est-ce pas un diktat patriarcal ? En fait, vous avez trouvé l’idéologie parfaite pour être imbuvable avec tout le monde en faisant passer cela pour de la conscience politique. Respect.

Un maximum de b

L’égérie racialiste décoloniale : Vous luttez contre le racisme en emprisonnant les gens dans leur couleur de peau au nom de la pureté du sang. C’est comme annoncer que l’on quitte quelqu’un et l’entendre dire « je viens avec toi », on sent tout de suite que la suite de la discussion va être compliquée. Mais vous vous en foutez, vous avez un rapport à la cohérence aussi profond que celui de Poutine avec un défilé de la gay pride.

Un maximum de c

Le militant trans non binaire : Vous ne savez pas si vous êtes homme, femme, licorne ou démonte-pneu, mais vous êtes convaincu que la réalité biologique est un concept petit-bourgeois fascisant. De là à faire de tout contradicteur l’équivalent de Poutine dans le regard de Volodymyr Zelensky, il reste une distance que vous franchissez allégrement. Quant à votre rapport à la science, si vous aviez été communiste au bon temps de l’URSS, vous auriez critiqué le soleil, parce qu’il choisit tous les soirs de passer à l’ouest.

Un maximum de d

L’immonde réactionnaire sociopathe : Face au monde actuel, sur l’échelle de la bonne humeur, vous êtes entre Emmanuel Macron face à la perspective du retour des gilets jaunes et Adrien Quatennens coincé dans un ascenseur avec Sandrine Rousseau. Mais comme vous le savez, « la vie, c’est comme une coiffeuse, vous lui dites ce que vous aimeriez et elle fait ce qu’elle veut », du coup vous relativisez. Et pour booster votre féminisme, vous allez au cinéma voir une rétrospective où la femme est à l’honneur : l’intégrale de la filmographie de Russ Meyer.

Julius Malema, l’ami sud-africain de Poutine

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Julius Malema s'adresse à ses supporteurs à Katlehong en Afrique du Sud, le 29 octobre 2021. Themba Hadebe/AP/SIPA ap22619970_000021

Qui est ce chef de parti populiste, toujours coiffé d’un béret rouge, qui au nom de la solidarité avec la Russie, a appelé la Chine, l’Inde et le Brésil à boycotter le prochain sommet des BRICS? (Ce dernier doit se tenir en Afrique du Sud du 22 au 24 août). Portrait.


Le mouvement des Combattants de la liberté économique (EFF), second parti sud-africain d’opposition, a fêté son dixième anniversaire en grande pompe. Malgré des performances scolaires lamentables et en dépit des nombreuses controverses qui jalonnent son parcours politique, le populiste Julius Malema est devenu un symbole de réussite pour tous ses partisans. Un leader pro-russe qui n’hésite pas à s’en prendre à la minorité Afrikaner et la menacer de mort. 

Julius Sello Malema a grandi dans une Afrique du Sud longtemps dirigée par la minorité Afrikaner. Il a vécu dans un township de la province du Limpopo. Très rapidement, il se passionne pour la lutte contre le régime d’Apartheid, intègre la Ligue de jeunesse de l’African National Congress (ANC) pour qui il colle des affiches de propagande dans les villes voisines. En total échec scolaire, délaissant ses études, il reçoit alors une formation militaire au sein du mouvement et se fait vite remarquer par sa facilité à s’adresser à ses camarades. Il gravit progressivement les échelons de la Ligue avant d’en devenir le dirigeant national en 2001. Une ascension fulgurante qui répond aux ambitions de ce jeune loup de la politique sud-africaine. Peut-être trop pour ses aînés qui ne supportent pas un homme dont les paroles outrancières font les choux gras de la presse locale. Une violence verbale qui trouve pourtant écho parmi ses partisans qui considèrent Julius Malema comme un successeur digne du Président Nelson Mandela, celui-là même qui a mené le pays vers sa pleine indépendance. 

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Il développe dès lors une rhétorique anticolonialiste volontiers manichéenne, panafricaine et anticapitaliste, traçant ses pas dans ceux du président défunt du Zimbabwe, Robert Mugabe, qu’il cite souvent en exemple. Contribuant à alimenter les tensions raciales dans le pays, ciblant régulièrement les Boers dans ses discours (en 2018, il promet de couper la tête au maire de Port-Elizabeth car il est blanc), Julius Malema assume tous ses propos. Il a compris que les procès qui lui sont intentés restent de puissantes caisses de résonance dont il peut se servir. Expulsé de l‘ANC qui ne supporte plus son comportement et ses diatribes en 2010, il fonde le mouvement des Combattants de la liberté économique (EFF) qui s’insère dans l’espace politique avec une facilité déconcertante. Une décennie plus tard, Julius Malema peut se vanter d’avoir siphonné un grand nombre de voix à son principal concurrent, surfant sur un programme populiste, touchant les classes populaires déçues des promesses non tenues par l’ANC au pouvoir depuis 1994.

Lors des dernières élections législatives de 2019, l’EFF a obtenu plus d’un million de voix (soit 11%), le plaçant comme second parti d’opposition dans le pays. Un succès qui ne se dément pas et qui inquiète plus d’un Sud-africain. Les sondages montrent même que le parti de Malema a la capacité de remporter des provinces, de surpasser l’ANC en termes de votes, voire de se positionner en « faiseur de roi » en cas de coalition. De quoi réjouir ce trublion qui s’est offert au FNB stadium de Johannesburg un anniversaire à la hauteur des espérances qu’il suscite toujours. C’est un commandant en chef qui sait mobiliser ses troupes. Tous vêtus de rouge, béret vissé sur la tête, ce sont des milliers de membres de l’EFF qui ont convergé le 29 juillet 2023 vers l’ancienne capitale de l’état du Transvaal. Une masse qui a vibré à tous ses discours et qui n’a pas hésité à reprendre d’une seule voix la chanson « Kill the Boer, shoot the Boer ». Très populaire en dépit de son interdiction, les paroles de ce chant traduisent toute la haine de Malema envers les Blancs (le Front de la Liberté, parti d’extrême-droite afrikaner, a déposé plainte contre lui, et il a été accusé par l’Alliance Démocratique de semer les graines d’une guerre raciale). Une minorité qu’il souhaite exproprier de leurs terres sans compensation aucune (un projet similaire au Zimbabwe a plongé ce grenier à blé de l’Afrique australe dans une crise économique sans précédent). Une réforme souhaitée également par l’ANC qui a dû temporairement reculer face à la cristallisation du débat et les menaces d’un conflit qui planaient au-dessus de cette loi qui ne faisait pas l’unanimité parmi les députés. 

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Promettant à ses partisans électrisés par son discours, que sous sa présidence « l’Afrique du Sud sera bien mieux dirigée et de manière égalitaire » et que le pays « sera mené vers un avenir radieux », le député Malema a passé de longues minutes à dénoncer la corruption qui sévit au sein du gouvernement jusqu’au plus haut sommet de l’État. Pointant du doigt l’actuel Président Cyril Ramaphosa, empêtré dans une affaire nébuleuse dont il a du mal à se défaire, le leader de l’EFF lui a promis un trajet direct vers la prison si son parti obtient la majorité des votes lors du prochain scrutin électoral prévu en 2024. Peu importe si les sondages ne le donnent pas gagnant, Julius Malema reste persuadé que le ciel a écrit son destin et va l’asseoir sur le strapontin suprême. Quitte pour cela à être aidé par la Russie dont il n’a pas hésité à chanter les louanges contre l’impérialisme capitaliste qui sévirait en Afrique du Sud.

En tant qu’hôtes du prochain sommet des BRICS, les autorités sud-africaines se trouvaient face à un dilemme, puisque Vladimir Poutine fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Finalement, le président russe n’assistera pas au sommet en personne.

Et s’il ne fallait plus se coucher pour réussir ?

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Johnny Depp et Maïwenn. © Sipa

De plus en plus d’artistes ont le courage de s’opposer au gauchisme culturel, à sa police des mœurs et à ses commissaires de la bien-pensance. Face aux délires du wokisme, ils défendent la singularité du théâtre, du cinéma et de la littérature. Démonstration avec huit cas récents de rébellion.


17 novembre : une brochette de stars s’engagent en faveur de la corrida

Une affiche de rêve : Sophie Calle, Philippe Caubère, Hervé Di Rosa, Agnès Jaoui, Catherine Millet, Jean Nouvel, Ernest Pignon-Ernest, Denis Podalydès, Rudy Ricciotti… En quelques jours à peine, ils se sont mobilisés pour dire non à la loi visant à interdire la corrida portée par l’élu LFI Aymeric Caron. Dans Le Figaro, journal où certains d’entre eux n’auraient jamais imaginé un jour apposer leur signature, ils publient une tribune collective : « Députés, n’interdisez pas la corrida, qui est une culture, un patrimoine, une sociabilité ! » Ils y défendent la tauromachie, cette « liturgie rituelle, qui inspire tous les arts autant que la philosophie et l’anthropologie », aux « racines culturelles et populaires incontestablement profondes et vivaces ». Bien sûr, une pluie d’injures s’est vite abattue à travers les réseaux sociaux sur les audacieux dissidents. Mais, beau joueur, Caron a préféré reconnaître sur LCI la « liberté d’aimer cette pratique », rappelant d’ailleurs qu’il avait auditionné Denis Podalydès à l’Assemblée avant de déposer sa loi. Hélas pour lui, sa proposition sera finalement retirée suite à une palinodie interne à la Nupes. Un coup d’épée dans l’eau, qui aura au moins établi que nul n’a à trembler devant les amis de M. Mélenchon.

18 janvier 2023 : Fanny Ardant, Charlotte Gainsbourg et 200 indomptables disent « non » aux Torquemada du cinéma

À Libération, on n’a manifestement toujours pas tiré les leçons de Bruay-en-Artois. Le 25 novembre dernier, le journal de Dov Alfon consacre un long dossier à l’affaire Sofiane Bennacer, du nom de ce comédien mis en examen pour viols et violences sur conjoint. « Plusieurs victimes parlent », promet sans nuance la couverture, alors qu’à ce stade de l’enquête les accusatrices du jeune homme ne sont que des victimes présumées. Ou comment, pour faire un titre qui claque, on piétine l’État de droit et on condamne quelqu’un avant même qu’il soit jugé (au moment où nous écrivons ces lignes, le procès n’a d’ailleurs toujours pas eu lieu). Le 2 janvier, rebelote. L’Académie des César à son tour cloue au pilori l’acteur, qui venait de se distinguer dans Les Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi, en le rayant de la liste des « talents émergents » sélectionnés par le comité révélations. Dieu merci, quinze jours plus tard, devant cette lettre de cachet des temps modernes, plus de deux cents personnalités se rebiffent et cosignent dans Le Point une « tribune contre la présomption de culpabilité ». Parmi elles, des figures d’autorité du métier comme Fanny Ardant, Yvan Attal, Charles Berling, Patrick Chesnais, Béatrice Dalle, Annie Duperey, Charlotte Gainsbourg, Serge Kaganski, Marin Karmitz, Danièle Thompson… toutes d’accord pour dire que « la défense des femmes est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains d’une doxa activiste », comme l’écrit la philosophe Sabine Prokhoris, rédactrice de la tribune et elle-même ancienne plume de Libé en dissidence. Puisqu’on vous dit que « paillettes » ne rime pas forcément avec « mauviettes » !

Fanny Ardant. Copyright Sipa


31 janvier : Vaincre ou mourir fait une percée au box-office

Le réalisateur Vincent Mottez devrait peut-être brûler un cierge pour remercier Libération. Sans le concours involontaire du journal préféré des bobos, jamais son film de cape et d’épée, tout à la gloire des chouans, n’aurait rencontré un si grand succès public. Dès la veille de sa sortie, le 24 janvier, Libé lui consacrait rien moins qu’une « une », avec ce titre fielleux : « Le Puy du fourbe ». Et une accusation terrible : « Le premier long-métrage des productions Puy du Fou Films réécrit l’histoire de la Révolution française. » Une publicité mensongère en réalité. Censé éclairer notre lanterne, le dossier « Événement » du jour n’est qu’un pénible ricanement gauchiste, étalé sur quatre pages sans le moindre commencement de preuve. D’ailleurs, l’historien Jean-Clément Martin, peu suspect de villérisme, confirmera quelques jours plus tard dans Marianne que le film ne comporte « pas d’erreur factuelle notable qui choque, sauf une : la signature par Charette du traité de paix du 17 février 1795, ce qui n’a pas eu lieu ! » Résultat, malgré une distribution limitée à 188 cinémas à travers le pays, l’épopée vendéenne suscite la curiosité de nombreux passionnés d’histoire et dépasse les 250 000 spectateurs en à peine un mois. Au point d’arriver à la deuxième place du classement français des fréquentations moyennes par salle, derrière Avatar 2 de James Cameron. Merci les wokes !

Hugo Becker en Charrette dans le film Vaincre ou Mourir (2023). Coréalisé par Vincent Mottez et Paul Mignot et produit par le Puy du Fou. Copyright Christine Tamalet.

1er février : quarante personnalités défendent Bastien Vivès

La cancel culture dans toute sa laideur. Pour avoir publié des images mettant en scène de banals fantasmes sexuels d’enfants (dans des albums évidemment interdits à la vente aux mineurs), le dessinateur le plus brillant de sa génération subit depuis le début de l’année une odieuse campagne d’effacement. En janvier, on apprenait ainsi que le Festival d’Angoulême avait annulé une exposition censée lui rendre hommage cette année, tandis qu’en mars, les bibliothèques publiques de Montréal retiraient les deux ouvrages incriminés de leurs rayonnages. Mais ne comptez pas sur la ministre de la Culture pour défendre la liberté d’expression de l’artiste : « Je respecte le choix du festival », fait-elle piteusement savoir au Monde le 16 janvier… Dans ces conditions, on ne peut que féliciter les 40 braves, parmi lesquels deux anciens titulaires de la Rue de Valois, François Nyssen et Jack Lang, mais aussi Enki Bilal, Coco, Blanche Gardin, Michel Hazanavicius, Oxmo Puccino et Riss, qui ont signé, quinze jours plus tard et toujours dans Le Monde, une tribune en soutien à Vivès, dans laquelle ils dénoncent le « contrôle de la pensée » et rappellent une évidence : « L’évocation du mal n’en est pas son approbation, comme le soulignait la défense de Baudelaire, accusé de promouvoir le vice. » Les héritiers du procureur Pinard n’ont pas fini de nous soûler.

Bastien Vivès – Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2013

8 mars : Franck de Lapersonne à l’affiche du nouvel Ozon

C’est probablement à ce genre de gestes que l’on reconnaît les plus grands. Dans son nouveau (et génial) film Mon crime, François Ozon a fait appel à un acteur paria, Franck de Lapersonne, pour interpréter le propriétaire du garni parisien typique des années 1930 où habitent les deux héroïnes. Après s’être présenté en 2017 aux élections législatives sous les couleurs du marinisme, l’acteur était devenu tricard au cinéma. Bien sûr, Ozon n’est pas non plus une tête brûlée. Avant d’employer le comédien, il s’est assuré que celui-ci, que l’on a pu voir dans de truculents seconds rôles chez Claude Chabrol, Georges Lautner et Bernard Blier, avait abandonné toute ambition politique. « Il m’a raconté qu’il regrettait d’avoir été enrôlé par Florian Philippot, qu’il reconnaissait avoir fait une erreur, qu’il avait fait une dépression », se justifie-t-il le 2 mars dans les colonnes des Inrockuptibles, bulletin de la paroisse radicale-chic. Reste que, derrière ce mot d’excuse obligatoire dans le milieu si conformiste du septième art, le réalisateur de Huit femmes a bravé un interdit et agi en authentique artiste, se posant tout simplement la question du « meilleur choix pour ce rôle ». Alors ne soyons pas bégueule et osons rendre grâce à Ozon. Et puis, en ces temps de néo-maccarthysme, comment ne pas saluer un admirateur revendiqué de Woody Allen ?

14 mars : À Paris, Bret Easton Ellis soutient J. K. Rowling

« Harry Potter, c’est de la daube ! » avait-il déclaré en 2019 lors de son dernier passage au Salon Fnac Livre. Que s’est-il passé depuis ? Invité à s’exprimer sur la même scène parisienne cet hiver, dans le cadre de la promotion de son nouveau livre Les Éclats (Robert Laffont), le petit prince des lettres américain n’a pas eu cette fois de mots assez doux pour J. K. Rowling, la créatrice du fameux sorcier à la baguette de houx. « Elle n’a rien fait de mal. Elle n’est pas transphobe”, a-t-il lancé au journaliste Christophe Ono-dit-Biot qui l’interrogeait sur sa quasi-jumelle britannique, boudée voire insultée de toutes parts depuis qu’elle a rappelé, voilà trois ans, la réalité biologique de la différence des sexes – autant dire un blasphème pour le lobby LGBT. « Je pense désormais que, dans cette société formatée, c’est même un honneur d’être cancellé », s’est même enhardi Ellis en signe de sympathie appuyée à Rowling. Sans tirer de conclusion hâtive, n’est-il pas inquiétant de voir toutes ces vedettes planétaires de l’édition résister si ostensiblement à l’avènement du progressisme radieux ?

Bret Easton Ellis. D.R

21 avril : à Bordeaux, Frédéric Beigbeder ne se prosterne pas devant les colleuses anti-suceuses

Bordeaux… Sa place des Quinconces. Son pont de pierre. Ses féministes radicales… Qui ont accédé en 2019 à une notoriété nationale quand elles ont carrément fait annuler, à force de menaces, un colloque universitaire de Sylviane Agacinski, philosophe devenue à leurs yeux une « délinquante de la pensée » depuis qu’elle a critiqué la GPA. En 2023, les revoilà à l’œuvre, cette fois-ci face à Frédéric Beigbeder, qui a eu le malheur de commettre au printemps un essai sur ses obsessions érotiques et son rapport au désir, Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel). Un infâme ouvrage, pensez, puisque l’auteur ose s’y livrer à une scandaleuse « sexualisation des femmes », pour reprendre les termes d’une certaine Sarah, membre du collectif Collages féministes Bordeaux, qui résume ainsi son indignation au micro de France 3 Nouvelle-Aquitaine : « Il y a 94 000 femmes victimes de viol chaque année, ce n’est donc pas assez pour Frédéric Beigbeder ? » Le 20 avril, opération commando contre le vilain satyre basco-béarnais. Dans la nuit, le collectif recouvre d’affiches la devanture de la librairie Mollat, où l’auteur doit tenir conférence le lendemain : « Personne veut te sucer », « Beigbeder forceur », « Aie peur de nos envies meurtrières », peut-on lire. Pas de quoi toutefois intimider l’écrivain, qui se présente à l’heure dite au rendez-vous, certaines militantes ne manquant pas, alors, de venir lui hurler dessus dans la salle, le traitant d’« enfoiré » et lui lançant des doigts d’honneur. Quelque chose nous dit qu’elles ont perdu ce jour-là la bataille de l’opinion. Et que Beigbeder était un peu moins dépassé que son titre ne le suggère.

Frederic Beigbeder. Copyright Sipa

12 mai : Michel Vuillermoz tire à vue dans Le Figaro

Si seulement les gazettes culturelles nous offraient chaque jour des interviews comme celle-là ! En mai dernier, au moment de quitter la Comédie-Française après vingt ans de loyaux services, Michel Vuillermoz, dont on peut raisonnablement dire qu’il « a la carte », nous la joue Fabrice Luchini en se confiant longuement au journal de la liberté de blâmer et de l’éloge flatteur. Répondant à l’excellente critique dramatique Nathalie Simon, que l’on devine incrédule devant tant de franchise, l’inoubliable interprète de Cyrano de Bergerac – version Denis Podalydès – vide son sac, dit son amertume envers Éric Ruf (administrateur depuis dix ans de la maison de Molière), son allergie au « petit technocrate méprisant » Emmanuel Macron, et sa double détestation des Molières et d’Alexis Michalik. Sans oublier de déplorer « le wokisme, la réécriture des livres » et la « censure grandissante ». Suicide social en direct ? Simple excursion sur les terres d’indiscipline de Michel Houellebecq, Gérard Depardieu et Maïwenn ? L’avenir dira si le borderline réussit à Vuillermoz. En attendant, ne boudons pas notre plaisir. Pour une fois qu’un acteur, descendu des planches, s’illustre ailleurs que dans la presse people ou la chronique judiciaire.

Michel Vuillermoz, Credit:LAMACHERE AURELIE/SIPA

16 mai : Johnny Depp ouvre le Festival de Cannes

Mais pourquoi diable les néoféministes s’acharnent-elles sur Johnny Depp ? Seraient-elles mauvaises perdantes ? Comme chacun sait, l’acteur américain a gagné l’an dernier son procès contre son ex-compagne Amber Heard, qui l’accusait de violences conjugales. Une décision sans appel puisque, moyennant la réduction à un million de dollars seulement des dommages et intérêts qui lui étaient réclamés par le tribunal, la jeune femme a renoncé à tout nouvelle action en justice. On pouvait donc estimer Depp définitivement blanchi et pleinement le bienvenu au Festival de Cannes, où son nouveau film, Jeanne du Barry, réalisé par Maïwenn, était programmé en séance d’ouverture. Mais c’était sans compter sur les dizaines de professionnels français de la profession, parmi lesquels Julie Gayet, Géraldine Nakache et Laure Calamy, qui signèrent le jour venu dans Libération une tribune pour protester contre « ce tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent ». Sans doute parce qu’ils ont l’habitude de travailler avec les géants du métier, les organisateurs de la semaine cannoise ne se sont pas laissé impressionner par ce « #Metoo-j’existe » et ont tenu bon. Faisant ici honneur à l’un des droits de l’homme les plus sacrés qui nous soient donnés : celui d’apprécier une sympathique bluette, tournée dans de somptueux décors et avec de jolies actrices, un doux soir de printemps sur la Croisette.

Johnny Depp et Maïwenn. Copyright Sipa.

USA mode d’emploi

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© Stephen Shaver/shutterstock

La Cour suprême des États-Unis a voté une décision des plus sensibles en vue des prochaines élections législatives…


Tandis que la presse française se jetait sur la récente décision de la Cour suprême des États-Unis donnant raison à une créatrice de sites web qui refusait d’en réaliser pour des couples de même sexe, elle était beaucoup plus discrète sur une autre décision de cette haute juridiction. Car mardi 27 juin, la Cour suprême a rejeté la forme la plus extrême d’une théorie juridique controversée selon laquelle les États, et non pas l’État fédéral, ont le pouvoir de décider des règles électorales. La décision dans l’affaire Moore v. Harper ferme la voie à ce qui aurait pu être une révision radicale des lois électorales. Quand on pense à ce qui s’est passé à Floride en 2000 (George Bush contre Al Gore) et plus récemment aux allégations de Trump concernant certains résultats des présidentielles de 2020, on mesure l’importance de ces pouvoirs. Par six voix contre trois, la Cour a rejeté la théorie dite de la « législature indépendante » avancée par les élus de l’État de Caroline du Nord, dominée par les Républicains.

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Le président de la Cour a déclaré que la Constitution des États-Unis ne mettait pas, comme le prétendaient les législateurs nord-caroliniens, leurs actions à l’abri d’un contrôle par les tribunaux. Au contraire, le pouvoir législatif des États est limité par la constitution fédérale, par celles des États et par les lois ordinaires des États. Ainsi, quand ils supervisent les dispositions électorales, les tribunaux des États « n’ont pas les coudées franches » pour dépasser « les limites ordinaires du contrôle judiciaire ». L’affaire portait sur un redécoupage électoral adopté par l’Assemblée générale de Caroline du Nord. La décision de la Cour suprême est un double revers pour les Républicains. D’abord parce qu’ils tentent souvent de changer les règles électorales pour rendre le vote plus difficile pour les plus pauvres, électorat traditionnel des Démocrates. Ensuite parce que l’électorat républicain, méfiant à l’égard du pouvoir fédéral, demande toujours plus de liberté pour les États. La décision de la Cour suprême, qui fait jurisprudence, fixe les limites de ce désir d’émancipation.

Ruben Rabinovitch, le guetteur privilégié

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Le Tribunal de Grande Instance de Paris, 14/10/2021 Xavier Francolon/SIPA 01043890_000001

Ce psy connaît de très près les jeunes délinquants des « quartiers » qui le consultent dans un contexte juridique. Ses interventions médiatiques lèvent le voile sur la culture qui domine dans ce milieu social, une culture de clan résolument incompatible avec la culture européenne, fondée comme elle l’est sur une notion de vengeance encore plus radicale que la loi du Talion.


Sa carrière a placé Ruben Rabinovitch dans une position privilégiée : psychologue et psychanalyste, il reçoit dans son cabinet beaucoup de délinquants issus de l’immigration maghrébine. Ceux-ci ne viennent pas le consulter pour mieux comprendre leur psyché mais pour avoir une lettre prouvant au magistrat qui les jugera qu’ils font les efforts de réinsertion qui attireront sa clémence. Il lui arrive aussi d’aller dans les tribunaux voir ses visiteurs passer devant les juges. Il se trouve ainsi comme placé sur un belvédère, avec vue imprenable sur le confluent de ces deux torrents calamiteux qui menacent de noyer la France : l’immigration incontrôlée et une justice qui, depuis Michel Foucault et la naissance du Syndicat de la Magistrature, a honte de punir et souhaite éperdument n’être qu’une ONG vouée à l’amicale compréhension des délinquants et à la clémence envers eux quoi qu’il en coûte. Et il en coûte beaucoup à la France.

Cette position de guetteur mélancolique est nécessaire mais pas suffisante. Ruben Rabinovitch a en outre un sens fracassant de la formule, un style digne d’un écrivain de haut vol, et une immense culture centrée sur la littérature, les religions et la philosophie. Sans parler du zeste d’humour grinçant qui signe les grands esprits. A preuve de la première de ces qualités, le titre d’un article paru dans un célèbre hebdomadaire :  « Une justice faible avec les barbares est une justice barbare avec les faibles ». Pour sa vaste culture, j’avancerai ses réflexions sur la loi du Talion. En brave petit étudiant en lettres classiques, je tenais « œil pour œil, dent pour dent » pour le comble de la barbarie, auquel était venu mettre un terme la naissance de la Justice splendidement racontée par Eschyle dans L’Orestie. La cascade de meurtres qui a ravagé la famille d’Agamemnon (je tue ma mère parce qu’elle a tué mon père, ma mère a tué mon père parce qu’il avait tué ma sœur) s’arrête le jour où les Dieux décident d’infliger à Oreste une peine inférieure à son crime. Il ne sera pas tué pour avoir tué, il sera poursuivi toute sa vie par les Érinyes, ces cruelles déesses de la punition divine.

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Or Ruben Rabinovitch, à la suite de l’anthropologie du clan développée par le docteur Maurice Berger, nous explique qu’il y a bien pire que le Talion, c’est la loi encore plus archaïque du clan qu’il résume pittoresquement ainsi : « Pour un œil, les deux yeux, et pour une dent toute la mâchoire ». Beaucoup d’originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire se vivent encore comme membres d’un clan et non comme  individus responsables. Toute blessure que je reçois est infligée à tout cet organisme vivant dont je ne suis qu’une cellule, toute blessure que j’inflige n’est pas de ma responsabilité, je ne peux en ressentir de culpabilité, pas plus qu’une main ne s’offusque d’un crime conçu ailleurs par le cerveau. Est-ce la raison pour laquelle l’idée de duel, de combat entre deux forces équilibrées, n’existe pas dans certaines cultures ? La Bible nous raconte le duel entre David et Goliath, l’histoire romaine nous parle du combat des trois Horaces et des trois Curiaces, et les duels et tournois du Moyen Age ont fini d’implanter très profondément le combat loyal dans la psyché occidentale. Pourquoi certaines cultures ne prohibent-elles pas la pratique abominable du lynchage ? Peut-être à cause de la psychologie du clan.

Redescendons de ces hauteurs théoriques au récit tristement réaliste que Ruben Rabinovitch fait d’une séance de tribunal. Deux jeunes hommes mineurs ont massacré une jeune femme près d’une caisse de supermarché. Elle leur avait demandé de faire la queue comme tout le monde, en réponse elle a été sauvagement frappée et défigurée, elle en gardera des séquelles à vie ainsi que la peur panique de sortir de chez elle. En plein prétoire, quand l’avocat évoque cette défiguration, les accusés lancent : « T’avais déjà une sale gueule, de toute façon ! » Arrive la conclusion, glaçante : « Chacun ressortit du tribunal comme il y était entré. Sans odorat, sans goût, le visage déformé et incapable de sortir de chez elle, pour la plaignante. Libres, pour les deux adolescents ».

Un cas isolé ? Non, un cas quotidien. Rédigeant cet article, j’ouvre le site du Figaro en date du 29 juillet 2023. « Trois hommes condamnés après le lynchage d’un policier sous les yeux de sa fille. Trois hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Meaux à des peines allant de dix-huit mois avec sursis probatoire à trois ans de prison, dont un ferme après la violente agression au début du mois de juillet d’un policier hors service à Mitry-Mory ». Gageons que le juge d’application des peines, dont je rappelle qu’il n’existe qu’en France, réduira à six mois l’année ferme. Et qu’un ministre soucieux de l’encombrement des prisons épargnera tout passage derrière les barreaux à ce brave garçon. Justice vraiment barbare, qui pousse les condamnés à récidiver et les victimes à subir une perpétuité de souffrances physiques et morales. Le policier de Mitry-Mory n’est pas mort, mais rappelons que le relatif tassement des meurtres en France n’est dû qu’à la grande rapidité des secours et à l’efficacité des chirurgiens.

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Comment ralentir ces deux torrents ravageurs qui font tous les jours leur jonction dans nos tribunaux ? Le docteur Maurice Berger, spécialiste de la violence des ados, et le psychologue et psychanalyste Ruben Rabinovitch montrent que tout se joue dans les premières années, quand le petit garçon s’habitue à être adulé par les femmes de la famille et à voir celles-ci battues sans ménagement par les hommes. « L’absence des pères dans les « quartiers » est souvent moins délétère que leur présence », remarque cruellement Rabinovitch dans Le Point. Le fonctionnement moral et mental des individus soumis à la loi du clan n’est pas le même que celui des personnes façonnées par une culture où le père est censé poser des interdits à l’enfant et lui faire intérioriser la culpabilité devant le mal. Ce problème posé par des garçons sans limites ni culpabilité se reproduit à chaque génération, ce que je lis sous la plume de Rabinovitch ressemble à ce que j’ai découvert dans les années 1990, professeur dans le quartier sensible de Chatenay-Malabry. Par bonheur, l’imprégnation par la culture européenne fait échapper un certain nombre de ces jeunes à l’infernale mécanique, et j’ai été ravi de découvrir pendant la pandémie que bon nombre de sommités médicales se prénommaient Karim ou Mohamed. Le substitut du procureur de Meaux, qui avait requis quatre ans de prison dont trois fermes contre deux des lyncheurs de flic de Mitry-Mory et deux ans dont un ferme pour le troisième (donc bien plus que la condamnation effective), se nomme Yacine Benmohammed. « L’espoir luit comme un grain de paille » dit Verlaine dans Sagesse.

Quel Hercule nettoiera les écuries de la justice française ? La plus épaisse des couches de crasse est constituée par une bonne conscience phénoménale, une certitude généralisée chez tous les juges, même le raisonnable Georges Fenech, qu’ils ont raison de défendre ce monument d’immobilisme dangereux qu’ils appellent l’État de Droit. État de droit qui sert en premier lieu leurs intérêts corporatistes, faut-il le dire ? Quand comprendront-ils que l’anthropologie chrétienne qui conçoit l’homme pétri de mal a vaincu depuis longtemps l’anthropologie rousseauiste pour qui l’homme est bon par nature mais corrompu par la société ?

Les politiques sont terriblement prévisibles

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Elisabeth Borne lors du Comite interministeriel des Outre-mer, le 18/07/2023 Eric TSCHAEN/POOL/SIPA 01120800_000017

On savait que, dans les mondes politique et médiatique, le discours était généralement dominé par le cliché et la formule toute faite. Mais aujourd’hui la prévisbilité et le psittacisme des déclarations de nos gouvernants sont devenus tels que la démocratie se trouve plus que jamais menacée par un ennemi implacable : l’ennui. Le billet de Philippe Bilger.


De la même manière que dans la vie sociale, médiatique, intellectuelle, je ne supporte pas la prévisibilité de certaines opinions et formulations, parce que ma hantise de l’ennui domine tout, je suis de plus en plus frappé sur ce plan par la pauvreté du discours politique, au pouvoir et dans les oppositions. Comme s’il y avait un immense vivier à disposition et que droite et gauche n’avaient qu’à y puiser sans rien changer.

Certes le fond n’est pas concerné, quoiqu’on pourrait soutenir qu’une forme étique a forcément une incidence sur la substance, mais je suis persuadé que la monotonie des échanges partisans n’est pas pour rien dans la désaffection citoyenne.

Il est parfois difficile de distinguer l’outrance de l’idée du simplisme de l’expression mais on parvient généralement à percevoir ce qui se rapporte à l’une ou à l’autre. Ainsi, quand Jean-Luc Mélenchon s’écrie que « la police tue » ou qu’Antoine Léaument, député LFI, rend « hommage » à Robespierre à Arras, malgré l’absurdité des mots, on est plus dans la perversion de l’idéologie.

À un certain moment, je trouvais les indiscutables poncifs du style politique tellement frappants que j’avais envie d’écrire un livre qui aurait compilé la multitude de ces expressions toutes faites. Elles relèvent de la paresse de l’esprit autant que du confort procuré par le ressassement de ce qu’on n’a même plus à élaborer. On répète ce qu’un jour on a dit, qui copiait les banalités du passé et servira à l’avenir.

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Cette implacable prévisibilité prêterait à sourire si elle n’était pas une plaie vive au flanc de la démocratie.

Prenons des exemples récents où la Première ministre est à l’honneur si j’ose dire.

Quel que soit le ministre en situation difficile sur le plan judiciaire, hier Olivier Dussoupt, aujourd’hui Eric Dupond-Moretti, elle lui « conserve sa confiance ».

Maud Bregeon, porte-parole de Renaissance, va plus loin : « C’est un grand ministre ». Mais elle est excusable, c’est de l’hyperbole partisane ! 

Elisabeth Borne adore aussi, dans ses entretiens, nous informer qu’elle n’est « pas dans le commentaire mais dans l’action ».

Elle n’hésite pas non plus, quand elle est gênée par une question ou une intervention, à user de l’adjectif magique : ce n’est pas « républicain ».

Les présidents de la République offrent un florilège qui tourne autour des thèmes visant peu ou prou à nous démontrer que présider est un devoir, un sacrifice, qu’ils ne songent pas à leur réélection et qu’ils sont les présidents de tous les Français. Qu’ils ne sont pas là pour durer mais pour faire. 

Emmanuel Macron est dans la lignée de Nicolas Sarkozy, de Jacques Chirac et de Valéry Giscard d’Estaing. On s’aperçoit que, si les tempéraments sont contrastés, les uns impulsifs, les autres plus réfléchis, il y a un terreau commun qui en quelque sorte est composé des données élémentaires pour séduire ou manipuler les citoyens. Ce sont des éléments de langage qui peuvent, malgré leur usure au fil des années et des pouvoirs en place, toujours servir. Ils sont parfaitement mensongers puisqu’au moment même où ils s’en emparent, ceux qui les exploitent sont conscients de leur inanité, au moins sur le long terme.

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Cette programmation du verbe politique, à quelque niveau que ce soit, est d’autant plus surprenante qu’elle tranche avec des personnalités qui se flattent d’être aux antipodes de processus aussi mécaniques. Elisabeth Borne qui s’affiche roide, sincère, authentique, sans démagogie, n’est pas la dernière, on l’a vu, à remplacer une possible spontanéité par un lassant conformisme. Il faudrait donc considérer qu’il y a une fatalité démocratique consistant à effacer les subjectivités libres et audacieuses au bénéfice de « perroquets » républicains seulement soucieux de ne pas sortir d’un sillon tracé de toute éternité ?

Ces politiques tellement prévisibles, où qu’ils se situent, sont les responsables de l’ennui qui saisit ceux chez qui la passion de la chose publique ne parvient pas à être plus forte que la détestation du discours stéréotypé.

Le Mur des cons

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Contrairement à l’afro-wokisme américain, l’islamo-wokisme français est un oxymore

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L'avocat Gilles-William Goldnadel © Photographe: Hannah Assouline.

En France, l’alliance entre l’extrême-gauche progressiste et l’islamisme n’est pas la simple reproduction d’un phénomène américain. La présence et l’influence de l’islamisme dans nos banlieues ont une dimension qu’on ne trouve pas outre-Atlantique. Mais les politiques, notamment LFI, qui font tout pour courtiser les imams radicaux des quartiers ne voient pas que leur wokisme est incompatible avec l’idéologie de ces derniers. Tribune de Gilles-William Goldnadel.


On avait coutume de dire que ce qui arrive aux États-Unis, survient en France quelques années plus tard. Aujourd’hui, à l’ère des meutes électroniques et des émeutes médiatiques, il ne s’agit plus que de quelques semaines.

Il n’est pas la peine dans cette revue cultivée de rappeler que le wokisme a été fabriqué aux États-Unis par des idéologues français, à commencer par Deleuze et Derrida. Je n’y vois pas, pour ma part, grands motifs de fierté. Mais je tenais, dans cette courte chronique, à faire observer les différences fondamentales entre l’afro-wokisme américain, racialiste et queer, qui n’a rien de contradictoire, et  l’islamo-wokisme français qui est un oxymore parfait.

Aux États-Unis, n’en déplaise aux antiracistes autoproclamés, les Afro-américains, nonobstant les problèmes sociaux qui sont à la fois cause et conséquence dialectiques du racialisme, sont intégrés dans une culture américaine métissée. Par voie de conséquence, les questions d’homophobie, de transgenrisme, de liberté des femmes n’ont pas l’aspect identitaire identifié qui existe dans nos banlieues françaises islamisées.

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Encore que, je doive limiter mon observation aux Afro-américains de souche. Les populations d’origine islamique récemment émigrées aux États-Unis manifestent en effet à l’égard du wokisme une prévention grandissante. C’est ainsi, par exemple, qu’un article du Washington Post du 27 juin dernier signalait à Rockville une manifestation nombreuse composée de musulmans et d’Éthiopiens orthodoxes protestant contre l’influence des théories LGBTQ sur leurs enfants scolarisés. De même on a rapporté largement que la municipalité d’Hamtramck ,dans le Michigan, largement islamisée, avait banni toute représentation LGBTQ de toutes les publicités municipales.

Mais la présence islamique en France est sans commune mesure avec celle des États-Unis. N’en déplaise encore à la Vulgate antiraciste française et curieusement à ses féministes sélectives, les tournantes, les viols collectifs ou particuliers, les agressions contre les femmes, les prescriptions vestimentaires, le machisme sont infiniment plus prégnants dans les banlieues communautarisées, pour parler aimablement. Et pourtant, il n’est pas douteux qu’il existe un islamo-wokisme dont la France Insoumise est le vecteur politique principal et dont les médias progressistes sont les idiots inutiles.

Il s’agit pour l’heure d’un deal « win win », pour parler comme aux USA.

Le parti d’extrême gauche y puise une grande partie de son électorat, et l’islamisme une porte d’entrée pour obtenir satisfaction de ses revendications religieuses et culturelles, dont le voile, l’abaya, l’acceptation tolérée de la polygamie sont les signes les plus visibles. N’oublions pas non plus, et je ne risque pas de l’oublier, un antisionisme virulent non exempt  d’un antisémitisme violent dans lesquels nos deux compères rivalisent d’ardeur et qui font, par exemple, que l’antisémite patenté Corbyn est accueilli en grande pompe par Mme Obono, par ailleurs admiratrice d’ Houria Bouteldja, ou que le terroriste, membre du FPLP, Salah Hamouri, condamné pour avoir tenté d’assassiner un rabbin et l’avoir reconnu, soit fêté dans la liesse comme un héros et martyr à Roissy par l’état-major au grand complet des Insoumis.

Mais mon propos principal est ailleurs. Pour l’instant, l’alliance objective et même subjective entre cette extrême gauche et l’islamisme tourne à plein régime anti-occidental. Mais il se trouve également qu’au sein de la France Insoumise et de ses alliés prétendument écologistes et assurément gauchistes, le wokisme fait des ravages. Clémentine Autain, Sandrine Rousseau et plus encore Marine Tondelier et Alice Coffin en sont les consternantes illustrations. Pour l’heure, les imams radicaux des quartiers et les Frères Musulmans les supportent en silence, dans tous les sens du terme.

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Et de l’autre côté, chose encore plus insupportable, nos féministes si intransigeantes envers le mâle blanc, nos partisanes du transgenrisme et de la GPA ne réagissent jamais à l’encontre des violences contre les homosexuels dans les quartiers et même pire encore lorsqu’une Shahina est brûlée vive par son Omar de compagnon.

Mais faisons, si mon lecteur le veut bien, un peu de politique-fiction. Je le fais bien volontiers car c’est la prochaine thématique de mon ouvrage en devenir. Supposons qu’une guerre civile éclate.

Il est des suppositions encore plus fantaisistes ; et qu’un parti d’extrême gauche s’empare du pouvoir par la force de la rue. Supposons, toujours dans ce cadre fictionnel apocalyptique, qu’une partition du pays s’opère, notamment en Seine-Saint-Denis. Qu’adviendra-t-il de notre alliance oxymore ? Dans le meilleur des cas, notre nouveau pouvoir accordera un moratoire à la République Islamique qui voilera les femmes et interdira l’homosexualité.

Je ne suis pas certain que l’alliance contre nature se termine dans l’amour.

Mais pour l’heure, et loin de mes élucubrations ou de mes prophéties, je suis bien certain que l’alliance de la faucille et du croissant tiendra le temps qu’il faudra pour faire notre malheur.

Subventions d’Etat : des cadeaux empoisonnés

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Sophie de Menthon, le 17/03/2010. / PHOTO: CAPMAN/SIPA / 00595896_000012

Au prétexte de vouloir notre bien, l’Etat offre des cadeaux à ses citoyens qui coûtent cher au contribuable. En outre, la prolifération des nouvelles subventions pénalise les entreprises et les empêche de mieux récompenser leurs salariés. Le billet de Sophie de Menthon.


L’État bienfaiteur nous envahit de plus en plus au prix de nos libertés. Il n’hésite pas à toucher même à nos vacances. Il est difficile de revendiquer le libéralisme quand on vous explique que seul l’État nounou peut prendre soin de vous. Or, le libéralisme économique, c’est avant tout la liberté, et cette liberté se réduit comme peau de chagrin. Prétextant notre bien, l’État nous prive de la liberté d’entreprendre et d’agir à tous les niveaux, de la gestion de nos finances à notre vie personnelle.

Réjouissez-vous bonnes gens ! Il n’est pratiquement pas de semaine sans que l’on nous fasse des cadeaux, que nous payons par ailleurs au prix cher puisqu’ils sont le fruit de tous les prélèvements qui ruinent notre pays, à petit feu. Un cercle vicieux dont nous ne sortons pas. Plus l’État dépense pour les consommateurs, plus il prélève ailleurs, et le « ailleurs » c’est évidemment dans la seule source de richesse : les bénéfices des entreprises.

La France et ses colonies – de vacances

Arrêtons de raisonner en termes de « redistribution », c’est une aberration économique et même sociale. Mais rien n’y fait. Sitôt promue ministre des Solidarités et de la famille, Aurore Bergé a souhaité faire son petit cadeau d’entrée au ministère. En quelques jours elle nous a concocté et offert le « pass colo », une aide pour partir en colonie de vacances, au mois de juillet, c’est idéal, même si c’est pour l’année prochaine. Évidemment, il est difficile de s’opposer à une nouvelle subvention quand cette dernière contribue à ce que les enfants puissent partir en vacances. Pourtant, le raisonnement justifiant cette mesure est biaisé et évite de se poser les vraies questions. D’abord, les bénéficiaires sont censés être les familles les plus « fragiles » ? Mais fragiles en quoi ? « Et les enfants des classes moyennes ». Qu’est-ce que la classe moyenne aujourd’hui ? En faire partie sous-entendrait qu’on ne peut pas envoyer ses enfants en colonie de vacances ? C’est grave. Le montant d’aide serait de 250 à 300 euros par enfant, une somme attribuée sur des critères déjà compliqués et forcément discutables, voire discriminatoires : il faut un plafond de ressources de 4000 euros maximum et  dont l’attribution forcément va nécessiter une bureaucratie supplémentaire… mieux, cette aide s’adressera aux enfants de 10 et 11 ans, leur offrant « une expérience collective qui prépare au collège ». Les parents ne sont donc pas capables de faire vivre une expérience collective à leurs enfants ? Et  allez donc expliquer cela aux frères et sœurs de 9 ans et de 12 ans. Mais il parait que la ministre n’est pas opposée à ce que cela s’étende à une autre tranche d’âge par la suite.

A lire aussi: Répartition médicale… ou absence de bon sens?

Certes, l’effet d’annonce est gratuit et on peut se rassurer en estimant que ce ne sera pas voté. Ce serait presque drôle si ce n’était affligeant. Les comités d’entreprises sont là pour donner des avantages à leurs salariés, et s’y emploient remarquablement, surtout dans les moyennes et grandes entreprises, mais il existe une véritable hostilité étatique à l’idée que l’entreprise puisse faire mieux ce que l’État fait n’importe comment.  

Un soutien au pourvoir d’achat qui coûte cher

Est-ce que quelqu’un au gouvernement va enfin faire arrêter ces mini gabegies qui nuisent paradoxalement au pouvoir d’achat des Français ? Le vrai objectif devrait être d’enrichir les salariés et pas de leur faire l’aumône. Pour les enrichir il faut que les entreprises aient les moyens d’augmenter les salaires et pour cela il faut absolument que les prélèvements baissent. Nous sommes le pays du monde où la différence entre la somme versée par l’entreprise et celle qui se retrouve dans le revenu net du salarié est la plus importante. Le pourcentage de charges patronales en 2022 s’élève en moyenne à 30 % du salaire brut perçu par le salarié (il varie de 25 à 42 %). Un taux auquel il faut également soustraire 22% à 25 % de charges salariales pour obtenir le salaire net du salarié. Pour comble, les dirigeants politiques ont le toupet de sommer les entreprises d’augmenter des salaires que l’État lui-même ampute. Leur but est de s’attribuer le faux mérite de toutes ces formes de redistribution, parfois grotesques comme la subvention pour réparation des accrocs de nos vêtements ou le ressemelage de nos chaussures… Quelle ne fut pas la stupéfaction d’un chef d’entreprise, aidant sa mère à faire dépanner sa machine à laver, d’apprendre que sur les 85 euros dus au dépanneur, 25 euros seraient remboursés par le gouvernement ? (Vérification faite : sur le site du gouvernement, pour la réparation d’une machine à laver la vaisselle, 20% sont pris en charge par l’État). De tels cadeaux, justifiés par l’écologie vue par le petit bout de la lorgnette, se multiplient, se recoupent et se contredisent. L’État donnera des aides aux secteurs en difficultés, comme le textile et le prêt à porter qui vont mal, mais en expliquant bien aux consommateurs qu’il ne faut plus acheter leurs produits puisque l’on subventionne les réparations des vieux vêtements. Kafka lui-même n’aurait pas osé imaginer de telles absurdités…

A lire aussi: Les intermédiaires économiques, une famille trop nombreuse

Dans la longue liste de la course à l’absurde, le Conseil Constitutionnel a ajouté une touche originale : un squatteur peut attaquer le propriétaire en justice s’il juge que le bien immobilier qu’il occupe illégalement est mal entretenu. Il vaut mieux être squatteur que proprio, tenez-le-vous pour dit, car le squatteur est un économiquement faible qu’il faut protéger contre le propriétaire forcément nanti.

Suite à la prochaine bonne œuvre…

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Belles Gueules

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Maurice Druon. © Hannah Assouline

Dans sa biographie croisée de Maurice Druon et de Joseph Kessel, Dominique Bona restitue le panache de deux héros, deux lions pétris de littérature et façonnés par la guerre. Flamboyants, l’oncle et le neveu n’ont cessé de défendre, du maquis à l’Académie, la grandeur de la France.


« France est le plus beau mot de l’univers »

Joseph Kessel

On n’en parle jamais, du physique des écrivains – de leur gueule : certains en ont, et c’est un destin ; d’autres, moins, et c’est peut-être aussi, parfois, un destin. Prenez Joseph Kessel (1898-1979) et Maurice Druon (1918-2009), l’oncle et le neveu : c’est peu dire qu’ils en avaient, de la gueule – et qu’elle disait déjà beaucoup. Leurs œuvres respectives n’ont fait qu’entériner, transcrire un visage qui était une voix. Cela a l’air négligeable, superficiel, mais tout le monde sait que cela ne l’est pas – tant pis pour la justice immanente. On pourrait, par clémence, pour amortir le choc de la révélation, ajouter « hélas » ? Si vous voulez.

Imagine-t-on vraiment que l’œuvre de Drieu ne ressemble pas (et réciproquement) à la moue boudeuse qu’il arbore sur la fameuse photo que tout le monde connaît, assis en costume trois-pièces : tout y est et a joué son rôle dans la « légende Drieu » – le dandysme, l’élégance, le dégoût, la mélancolie, le charme aussi. Pareil pour Baudelaire par Nadar, ou Sagan jeune et pieds nus, voire Scott Fitzgerald et Zelda qui esquissent un pas de danse. Je n’évoque pas Modiano et Le Clézio : tout le monde a compris.

Mais il est interdit de le mentionner, d’en parler : c’est inaudible, « discriminant », « comme ils di-i-i-i-sent » (Charles Aznavour). On ne parle pas non plus de la bêtise, me direz-vous. C’est vrai – et c’est un tort, puisque avec sa capacité contemporaine à se répandre dans les grandes largeurs, elle discrimine peu et fait beaucoup pour le « vivre ensemble » : elle rassemble, elle « fait société », « comme ils di-i-i-i-sent » (Charles Aznavour). Passons et revenons à nos héros, puisque ce sont des héros.

Kessel et Druon donc. Deux gueules qui manifestaient la flamboyance, la démesure et le courage. Kessel, « le slave », né de parents juifs lithuaniens en Argentine : générosité, puissance, santé, absence de conventions, sens de l’amitié, ça se voit. Druon, « l’aristocrate », né à Paris, lauréat du concours général (1936), École libre des sciences politiques et officier de cavalerie (Saumur), préfacier du Silence de la mer de Vercors : superbe, panache, vanité, allure et ton à la Guitry, souffle (quand même, Les Grandes Familles, Les Rois maudits – nous y reviendrons –, ce n’est pas rien) : pareil, ça se voit. Les apparences, en dépit de Rimbaud le voyant, disent le plus souvent la vérité. Il faut rétablir les clichés, les images d’Épinal qui ont tant fait penser, tant fait pour la pensée.

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Mais on peut compléter le bouquet, revenir à la chronologie, au cursus honorum (assez répertorié cependant) de l’un et de l’autre, qui les conduira tous deux à l’Académie française (ils y siégeront même ensemble – de 1966, élection de Druon, à 1979, mort de Kessel).

À cet égard, la biographie croisée au casting éblouissant que leur consacre Dominique Bona est bienvenue. Elle était risquée aussi, après le monument d’Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion – tant il semblait difficile de faire du neuf à son propos. Mais ce n’était pas le but : Bona récapitule leurs deux vies et y ajoute un troisième rôle touchant et éminent, la chanteuse, comédienne, grande résistante, longtemps maîtresse de Kessel, Germaine Sablon (sœur de Jean).

Elle dit l’écho de la vie de l’un dans celle de l’autre (et retour), voire leur caractère indissociable en de nombreuses occurrences. Elle restitue leur proximité, leur complicité, leur connivence de toujours, leur absence de jalousie (de l’un à l’encontre de l’autre). Bona insiste sur quelques moments-clés.

Leur départ, tous les trois, en décembre 1942, de l’Espagne vers Londres et la France libre : Sablon, héroïne modeste alors qu’elle fut avant-guerre aussi célèbre que Mistinguett ou Joséphine Baker, s’engage dans la Résistance avant Kessel et Druon.

L’écriture du Chant des partisans, l’hymne fédérateur de la France libre, en mai 1943, dans un petit hôtel de la campagne anglaise, tandis qu’Anna Marly, d’origine russe, compose la musique et que Germaine Sablon, sa première interprète, l’enregistre pour la BBC.

Les relations quasi filiales (voire fraternelles) de Druon avec Kessel : ils ont en partage Lazare Kessel, frère cadet de Joseph, suicidé en 1920 à 21 ans (après avoir été premier prix du Conservatoire dramatique de Paris, pensionnaire de la Comédie-Française), père naturel de Druon – qu’il ne reconnaîtra pas. C’est le notaire René Druon, « homme noble, loyal, droit » (M. Druon), deuxième mari de sa mère, qui adoptera l’enfant de 7 ans et lui donnera son nom.

Leurs différences existent. Kessel, « Tolstoïevski » (M. Druon) est un tendre, pour qui les idées et la politique ne sont presque rien, et les individus, presque tout – l’alcool, les femmes, les voyages-reportages (en particulier Palestine-Israël, Syrie, Afghanistan, États-Unis) sont ses adjuvants préférés.

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Druon est un naturaliste, peintre pessimiste et ironique de la société et de la nature humaine. Leurs œuvres respectives se ressentent de ces différences. Kessel obtient le Grand Prix de l’Académie française en 1927 pour Les Captifs ; et Belle de jour (1928) est adapté par Luis Buñuel. Druon reçoit le prix Goncourt pour Les Grandes Familles (1948, adapté en 1958 par Denys de la Patellière, scénario et dialogues de Michel Audiard, avec Gabin, Brasseur, Blier – feu d’artifice) et inspire Game of Thrones cinquante ans après avoir écrit Les Rois maudits (1955-1977, sept tomes, avec son écurie de « documentalistes », dont Edmonde Charles-Roux, un temps sa maîtresse, et Matthieu Galey).

Etc. : On renvoie au roboratif travail de Dominique Bona. Sans omettre de signaler l’épatant Dictionnaire égoïste du panache français que publie François Cérésa, ami de Druon pendant les dix dernières années : Druon et Kessel y ont droit à deux portraits inspirés, voire tremblés, parmi 52 autres irréguliers (Gary, Clemenceau, Rabelais, Darien, Philippe Auguste, Athos, Feydeau, Jean Moulin, etc.) que réunit, seul et suffisant, le mot de Cyrano.

À lire

Dominique Bona, Les Partisans : Kessel et Druon, une histoire de famille, Gallimard, 2023.

François Cérésa, Dictionnaire égoïste du panache français, Le Cherche Midi, 2023.

Joseph Kessel, Reportages aux États-Unis, 1933-1936-1948-1959-1960 (préf. Étienne de Montety, Arthaud, 2023.

Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion (1985), « L’Abeille », Plon, 2023.

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Louis XIV pour les archi-nuls

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D.R

L’ancien adjoint au maire du 7e arrondissement de Lyon rêve de remplacer une statue du Roi-Soleil. Que lui reproche-t-on, cette fois-ci ?


C’est un monument indissociable de la place Bellecour de Lyon, réputée plus grande place d’Europe. La version originale de la statue équestre en bronze représentant Louis XIV, réalisée par le sculpteur Martin Desjardins, a été installée en 1713. Détruite sous la Révolution française, une nouvelle version a été remontée sur le socle en 1825, mais elle est en proie aux affres du temps. La Métropole de Lyon a donc décidé en 2022 de la restaurer, projet dont la légitimité est contestée par certains. Ancien adjoint au maire du 7e arrondissement et conseiller à la Métropole, Romain Blanchier s’est fendu d’un billet dans Lyon Mag où il a affirmé que Louis XIV était éloigné « de l’histoire et de l’esprit » de la ville. Reprochant au monarque ses persécutions religieuses et ses guerres coûteuses, il a également accusé le petit-fils d’Henri IV d’avoir « dilapidé les richesses du royaume pour construire son fastueux château de Versailles, symbole de son mépris pour le peuple et de la concentration de puissance en région parisienne, au détriment de Lyon ».

A lire aussi : Les émeutes après la mort de Nahel marquent la fin des figures d’autorité traditionnelles

Ce n’est pas la première fois que la statue de Louis XIV se retrouve au cœur de polémiques. En 2020, elle figurait sur une carte interactive créée par des internautes pour inventorier les statues, ponts et rues de Lyon qui honorent des personnalités ayant un lien avec la traite négrière. Cet appel à déboulonner le roi afin de rendre l’espace public « moins oppressif » n’a pas été suivi d’effet. Selon Blanchier, il serait temps de remplacer le Roi-Soleil par un autre personnage lié à Lyon comme Jean Moulin, héros de la Résistance, les frères Lumière, inventeurs du cinématographe ou l’empereur Claude, né à Lugdunum. En avril, le premier adjoint au maire du 2e arrondissement est monté sur un escabeau pour enlever personnellement une banderole posée sur la statue par des manifestants qui proclamait : « Macron, l’Histoire te regarde. » Si on regarde bien l’histoire, on découvre que le Roi-Soleil a joué un rôle vital dans l’essor de la soierie lyonnaise.

Quel woke êtes-vous?

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Sandrine Rousseau, mai 2023. © ISA HARSIN/SIPA

Tous les wokes ne se ressemblent pas. Pour être à la pointe du combat, mieux vaut connaître sa tribu.


1. Avec qui rêvez-vous de coucher ?

a. Un homme déconstruit. Comme Sandrine Rousseau vous avez fait l’acquisition d’un splendide spécimen du genre. Il fait du yoga en collant moulant, pleure plus que vous devant Sur la route de Madison, cuisine le quinoa mieux que la mère de Greta Thunberg et rate aussi ses créneaux. Alors pourquoi rêvez-vous de Chuck Norris ?

b. Un.e militant.e du Parti des indigènes de la République. Il enchaîne les mots de plus de trois syllabes dans une logorrhée indigeste, mais vous trouvez cela érotique. Ah…  sa façon de dire « Épistémicide » (c’est quand vous méprisez la poudre de rhinocéros et faites confiance au Viagra pour rasséréner Popaul), ses yeux qui se plissent quand il parle « extractivisme cognitif » (on pourrait dire plagiat, mais quel est l’intérêt de parler pour se faire comprendre !?!) et cette petite ride sur le front quand il aborde l’« herméneutique diatopique » (capacité à utiliser différents concepts : l’eau ça mouille, le feu ça brûle et si on les croisait ?). Bref, l’incompréhension entre vous est totale, mais de toute façon vous le soupçonnez de rêver de Chuck Norris.

c. Bob l’éponge. Il est jaune et carré, vit dans un ananas et a des relations équivoques avec une étoile de mer appelée Patrick. A priori pas de quoi remettre en question quarante-cinq ans de mariage avec Bérénice, rentière depuis que son papa a vendu ses voisins et du beurre aux Allemands en 1940. Mais il y a ce contraste entre ce prénom si viril et sa voix fluette, et ça vous rend tout chose. Du coup vous avez cherché à le trouver sur Tinder, mais n’êtes tombé que sur Chuck Norris.

d. Chuck Norris. Parce qu’il assume parfaitement sa masculinité toxique : quand certains disent : « La violence ne résout rien. » Chuck Norris leur répond : « C’est que t’as pas tapé assez fort. »

2. Si vous étiez un sensibility reader, quel roman ou conte réécririez-vous ?

a. Le Petit Chaperon rouge. Depuis que, dans son dernier tango à Paris, Marlon Brando a fait sortir le beurre de la cuisine pour lui donner d’autres horizons, on a compris que le petit chaperon, son loup et une partie de ses victuailles auraient plus leur place chez Marc Dorcel que dans la collection Père Castor. Du coup vous proposez de mettre du bromure dans la galette, d’apprendre le krav-maga au chaperon et le véganisme au loup.

b. Blanche-Neige. Déjà le nom de l’héroïne n’est pas hyper inclusif, mais le titre de l’histoire pue le suprémacisme blanc. Certes cette mijaurée fait preuve d’une certaine sensibilité sociale en allant faire un stage ouvrier chez un groupe de personnes à verticalité contrariée, mais elle retrouve vite sa propension à la domination capitaliste en épousant un exploiteur du peuple appartenant à l’acmé de la classe privilégiée. La pomme empoisonnée ne tombe jamais bien loin de l’arbre pourri !

c. Les Liaisons dangereuses. Cette histoire d’aristocrates hétéros cisgenres qui font dans la cruauté par désœuvrement est si sexuellement correcte que c’en est déprimant. Malheureusement Virginie Despentes a eu la même idée que vous. Elle a baptisé cela Cher connard et fait dialoguer ses héros sur le réchauffement climatique, MeToo, le viol, l’orientation sexuelle et la SNCF. Le style y perd en sophistication glacée, mais si vous voulez devenir chroniqueur chez Hanouna vous trouverez tout le vocabulaire permettant de clasher vos adversaires en étant compris par le Tout-Weshland.

d. Tout Judith Butler et Edgar Morin. C’est pas pour censurer, juste pour rendre compréhensible la logorrhée et dégager les idées fortes. En plus si vous faites bien votre boulot, l’œuvre complète devrait tenir sur un flyer.

3. Si on vous invite à une réunion en non-mixité en mode « safe space », vous apportez quoi ?

a. Un mec. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non?

b. Un Blanc. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

c. Un cisgenre et une TERF. Il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

d. Un 4×4, de la corde (et un chaudron). Bref tout le nécessaire pour faire un safari progressiste et capturer les spécimens les plus représentatifs en milieu militant protégé. Pourquoi le chaudron ? Bah, il faudra bien manger quelque chose à un moment, non ?

4. Quelle statue aimeriez-vous déboulonner ?

a. Celle de Sacha Guitry, pour avoir dit : « Si la femme était bonne, Dieu en aurait une » ; ou de Voltaire, « Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent » ; ou celle de tout écrivain ayant vécu jusqu’à la bonne moitié du xxe siècle. C’est là que, flairant le marché de niche, vous arrêtez le militantisme woke pour vous lancer dans le BTP, segment démolition. Il ne vous reste plus qu’à investir dans la lingerie pour séduire un petit-fils Bouygues, puisque « les faiblesses des hommes font la force des femmes ».

b. Toutes. Pour vous personne n’est innocent aux yeux de l’histoire et c’est sur ce truisme que vous bâtissez votre force de frappe. Cela vous permet de casser les pieds et les bijoux de famille de tous les représentants des pouvoirs publics. Grâce à votre conception sourcilleuse du mérite et de la morale, vous pouvez l’ôter à tous les grands hommes et vous ériger en arbitre des élégances sans réaliser quoi que ce soit. Du coup, pour vous inscrire dans la postérité, on ne vous érigerait pas une petite statue ?

c. Aucune. Vous vivez sur Twitter, alors la destinée des crottoirs à pigeons de l’espace public, vous vous en battez les steaks. Vous êtes trop occupé à troller J. K. Rowling et à tenter de persuader le globe terrestre qu’une femme peut très bien être XY et avoir une bite. Vous êtes soutenu dans vos revendications par tous les patrons du CAC 40, qui pensent que la méthode est géniale pour afficher la parité tout en restant entre couilles. Euh pardon, tout en permettant que soit pris en compte dans le cadre de l’entreprise le refus de l’assignation de genre.

d. Galatée. Ayant remarqué que la plupart des statues de femmes les représentent telles que la nature les a conçues, vous vous êtes tout de suite intéressé à l’histoire de Pygmalion. Depuis, vous hantez le Louvre en couvant d’un œil concupiscent la moindre nymphe callipyge. Hélas c’est une momie égyptienne que vous avez fini par réveiller. Une momie intégralement voilée et passablement acariâtre, ayant furieusement tendance à massacrer votre biocénose tout en dégueulassant les murs avec des hiéroglyphes incompréhensibles. Alors ça fait quoi d’être le petit copain de Belphégor ?


Résultats

Un maximum de a

L’écoféministe : vous luttez contre le manterrupting, le mansplaining et tous les man-n’importe-quoi-ing. Vous qualifiez les hommes de bitards et les accusez de propager la culture du viol. Vous baignez dans la sororité et communiez dans le refus de l’épilation du maillot, mais au lieu de nager dans le bonheur, vous bitchez sur la schtroumpfette, cette salope qui règne sur son troupeau de garçons. Et vous l’assumez parfaitement : après tout, être gentille quand on est une femme, n’est-ce pas un diktat patriarcal ? En fait, vous avez trouvé l’idéologie parfaite pour être imbuvable avec tout le monde en faisant passer cela pour de la conscience politique. Respect.

Un maximum de b

L’égérie racialiste décoloniale : Vous luttez contre le racisme en emprisonnant les gens dans leur couleur de peau au nom de la pureté du sang. C’est comme annoncer que l’on quitte quelqu’un et l’entendre dire « je viens avec toi », on sent tout de suite que la suite de la discussion va être compliquée. Mais vous vous en foutez, vous avez un rapport à la cohérence aussi profond que celui de Poutine avec un défilé de la gay pride.

Un maximum de c

Le militant trans non binaire : Vous ne savez pas si vous êtes homme, femme, licorne ou démonte-pneu, mais vous êtes convaincu que la réalité biologique est un concept petit-bourgeois fascisant. De là à faire de tout contradicteur l’équivalent de Poutine dans le regard de Volodymyr Zelensky, il reste une distance que vous franchissez allégrement. Quant à votre rapport à la science, si vous aviez été communiste au bon temps de l’URSS, vous auriez critiqué le soleil, parce qu’il choisit tous les soirs de passer à l’ouest.

Un maximum de d

L’immonde réactionnaire sociopathe : Face au monde actuel, sur l’échelle de la bonne humeur, vous êtes entre Emmanuel Macron face à la perspective du retour des gilets jaunes et Adrien Quatennens coincé dans un ascenseur avec Sandrine Rousseau. Mais comme vous le savez, « la vie, c’est comme une coiffeuse, vous lui dites ce que vous aimeriez et elle fait ce qu’elle veut », du coup vous relativisez. Et pour booster votre féminisme, vous allez au cinéma voir une rétrospective où la femme est à l’honneur : l’intégrale de la filmographie de Russ Meyer.