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«Cent tribalistes auront toujours raison de mille individualistes»

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Avec les 20 ans des émeutes urbaines déclenchées par la mort de Zyed et Bouna, on reparle des fameux « territoires perdus ». La France n’est plus minée seulement par l’islamisme, mais par le tribalisme solidaire – cette loyauté clanique, héritée des sociétés sans État, qui structure désormais nombre de quartiers, estime cette tribune. Sous couvert de paix sociale et de discours antiracistes, le pouvoir s’y soumet comme un dhimmi payant la djiziah à ses émirs locaux… Le résultat ? Un «Républi-clanisme», où la loi du groupe remplace celle de la République. Une analyse de David Duquesne, auteur de Ne fais pas ton Français (Grasset).


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Le tribalisme solidaire : la force obscure des sociétés sans État

Dans Ne fais pas ton Français, j’évoque ce que j’ai appelé l’ivresse du tribalisme solidaire. Cette fraternité communautaire viscérale lie les membres d’un même clan au détriment du droit, de la vérité et de la justice. Un vieux proverbe arabe en résume la logique :
« Moi contre mon frère, mon frère et moi contre mon cousin, mon cousin, mon frère et moi contre l’étranger. »

Ce réflexe n’est pas un vestige anthropologique : il structure encore la sociologie de certains territoires français.

Je l’ai vu de mes yeux à Sallaumines, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, à la fin des années 1980.

Un homme ivre, sans défense, fut lynché par une dizaine de jeunes, tous d’origine maghrébine, sous le regard passif de la foule.

L’un d’eux me lança fièrement : « C’est ça, la solidarité musulmane. » Cette phrase m’a vacciné contre la naïveté. J’avais sous les yeux le cœur du problème : une solidarité de clan, capable du meilleur – l’entraide, la chaleur, la loyauté – mais aussi du pire : la justification de la violence collective, la négation du juste.

Des tribus du Maghreb aux quartiers perdus de la République

Ce que j’ai observé à Sallaumines n’était pas un hasard, mais la réactivation d’un vieux schéma culturel importé des sociétés maghrébines.

Là-bas, la structure clanique – la hamula – repose sur un principe de solidarité absolue : l’agression d’un membre est vécue comme une attaque contre tout le groupe.

Ce système fit la force des conquérants arabes et berbères d’Al-Andalus, mais aussi la cause de leurs divisions internes.

Or, dans une société d’État centralisé comme la France, ce modèle devient explosif : il fragmente l’espace civique et substitue à la loi républicaine la loi du groupe.

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Partout où l’État recule, le clan avance.

Là où la police ne va plus, les caïds deviennent les chefs de guerre, s’appuyant sur le même mécanisme de loyauté tribale : ne jamais livrer un membre de la communauté à une autorité extérieure.

C’est ce ciment invisible qui explique la puissance des caïds, des islamistes et des indigénistes : ils exploitent la solidarité primaire d’un groupe refermé sur lui-même.

De la solidarité à la domination : le caïd comme figure centrale

Dans la culture arabo-musulmane, le caïd n’est pas un voyou au sens français, mais un meneur d’hommes, un chef respecté, capable d’assurer la sécurité et la prospérité du clan par la force. Son autorité repose sur la domination, non sur le droit. Battre un policier, humilier un professeur ou insulter un représentant de l’État n’est pas vu comme un crime, mais comme une victoire symbolique sur la puissance étrangère. Ainsi se maintient une hiérarchie parallèle : celle du pouvoir clanique, fondé sur la peur et la fierté, qui se substitue au pouvoir légitime de l’État.

Cette logique s’étend désormais aux territoires perdus de la République, où règnent des équilibres tacites, des « pactes de non-agression » entre élus locaux et chefs de quartiers. On achète la paix sociale avec des subventions, comme les dhimmis d’autrefois payaient la djiziah, l’impôt de capitation, aux émirs andalous pour ne pas être massacrés.

La soumission a simplement changé de forme : elle est devenue budgétaire, clientéliste et idéologique.

L’aveuglement des élites : l’éléphant dans la pièce

Le tribalisme solidaire est l’angle mort des sciences sociales françaises. On parle de pauvreté, de chômage, de racisme systémique, mais jamais du facteur culturel, car il heurte la doxa universaliste et met en péril la narration victimaire.

Résultat : la gauche postcoloniale, les universitaires indigénistes et une partie de la droite technocratique s’accordent sur un même mensonge confortable : celui d’un État oppresseur face à des victimes structurelles. Ce déni n’est pas seulement moral, il est mortel pour la nation. Car tant que la République refusera de nommer le tribalisme, elle nourrira le monstre – un monstre qui ne se bat pas pour des idées, mais pour le butin, le territoire et l’honneur du clan.

Al Françalus, ou la République en trompe-l’œil

La France a désormais son Al Françalus : un territoire de coexistence illusoire, un califat Potemkine bâti sur le déni et la culpabilité. Les façades restent républicaines, les institutions fonctionnent encore, les discours sont truffés de références à la fraternité, à la laïcité, à l’égalité. Mais derrière ce décor, la réalité se délite. Les mêmes mots recouvrent d’autres sens : la fraternité devient communautarisme, la tolérance devient capitulation, et la laïcité devient neutralisation de la France elle-même.

Le Républi-clanisme, c’est cela : une République vidée de sa substance, infiltrée par les logiques tribales qu’elle ne comprend plus et qu’elle n’ose plus combattre.

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Les élus locaux pactisent avec les seigneurs du quartier, les associations communautaires se substituent aux institutions, et la peur s’installe dans le quotidien des citoyens ordinaires, devenus étrangers chez eux.

On assiste à un phénomène paradoxal : la France n’est plus coloniale, elle est recolonisée. Non par la force d’une armée, mais par l’idéologie, la démographie et la lâcheté. Les anciens colonisés ont importé leurs structures claniques, leurs réflexes d’allégeance, leur vision hiérarchisée du monde. Et l’État, rongé par la culpabilité postcoloniale, s’interdit d’y opposer sa propre verticalité. Il abdique son rôle de souverain, se réduit à une ONG qui distribue la paix sociale à crédit. Cette démission ouvre un espace où prospèrent les caïds, les islamistes et les militants indigénistes, qui jouent chacun leur partition dans la même symphonie : celle du tribalisme triomphant. Les uns dominent par la violence, les autres par la foi, les derniers par le discours victimaire. Le résultat est identique : la République s’efface, le clan règne.

La France, en somme, n’est plus un État-nation : elle devient une mosaïque de tribus, où la force du groupe l’emporte sur la loi commune. Une Al Françalus à visage démocratique, où les dhimmis d’aujourd’hui s’appellent contribuables, fonctionnaires, professeurs, policiers. Ils paient la djiziah moderne : impôts, subventions, silences et excuses. Tout cela pour ne pas être massacrés symboliquement, pour éviter d’être traités de racistes, d’islamophobes ou d’extrémistes.

Revenir au réel, ou Seinesaintdeniser tout le pays

Le choc viendra si la France ose regarder le réel en face, si elle se rappelle qu’elle n’est pas une idée mais une civilisation.

La chute, en revanche, se produira si elle continue de se raconter qu’il suffit de “vivre-ensemble” pour que la guerre des clans s’éteigne d’elle-même.

Mais si l’on fait enfin le bon diagnostic, alors il faut en tirer des conséquences concrètes.

Il faut revoir la politique migratoire, non par haine mais par lucidité, pour ne pas reproduire sur le sol français les structures claniques des pays d’origine. Et il faut repenser la politique du logement, afin de rompre avec les logiques de concentration ethnico-culturelle qui servent d’incubateurs à ces normes socioculturelles. En continuant à regrouper, par “solidarité”, ceux qu’il faudrait mêler à la cité commune, on organise la sécession du pays réel. La France ne peut pas rester une mosaïque de “douars urbains” subventionnés, où le vivre-ensemble se transforme en vivre-à-part. Si nous persistons dans cette voie, nous Seinesaintdeniserons tout le pays — et ce mot-là dit bien ce qu’il veut dire : transformer la nation entière en un territoire morcelé, où la loi du clan se substitue à la loi commune.

Nous aurons alors cru la sauver par la tolérance pendant que nous l’étranglions par le mensonge. La chroniqueuse Sabrina Medjebeur l’a bien vu : il ne s’agit plus d’un problème de coexistence, mais de survie politique et morale. Il faudra une génération de Français décidés à reconstruire la cité, non sur la peur ou la repentance, mais sur la vérité nue du réel. Car comme le disait Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit. »

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Wilders: le syndrome du vilain petit canard

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Les Hollandais votent demain. Geert Wilders est favori du scrutin, mais…


Dans le pittoresque village de pêcheurs de Volendam, M. Geert Wilders a lancé, samedi, un avertissement solennel à ses partisans. « La démocratie néerlandaise mourra si notre parti est exclu du prochain gouvernement ! » a-t-il tonné, entouré de gardes du corps rendant tout contact avec le public difficile. Aussi, le chef du Parti pour la liberté (PVV) a dû hausser la voix pour se faire entendre lors de ce modeste meeting tenu en terrain conquis, à la veille des fameuses élections législatives anticipées du mercredi 29 octobre.

Celui qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie…

Tous les sondages le donnent encore gagnant. Le PVV pourrait décrocher une trentaine des 150 sièges de la Chambre basse. Mais cette victoire annoncée pourrait bien avoir un goût amer : la plupart des grands partis refusent désormais de s’allier une seconde fois à celui dont le goût du compromis n’a jamais été la principale vertu.

Ces derniers jours, l’écart entre le PVV et l’alliance de la gauche (GroenLinks/PvdA, union des écologistes et des travaillistes) s’est resserré. Tandis que le parti de M. Wilders perd un peu de terrain, les formations de gauche, les chrétiens-démocrates et les libéraux progressent légèrement. En début de campagne, M. Wilders semblait pourtant assuré d’égaler, voire d’améliorer, sa performance de novembre 2023, lorsque son parti avait remporté 37 sièges. Ce qui a changé en très peu de temps, selon des commentateurs, est la crainte réaliste de bien de ses partisans qu’un vote pour M. Wilders serait un vote perdu. Message martelé avec un certain succès par la gauche et la droite modérée, ou, selon M. Wilders, « molle ».

Menacé de mort

C’est que l’homme politique de 62 ans, qui vit sous des menaces de mort islamistes depuis deux décennies, est accusé d’avoir dynamité « sa » coalition gouvernementale sortie des urnes il y a près de deux ans. Qui avait suscité un immense espoir parmi le « peuple de droite ».

A relire, du même auteur: Les migrants, la fête au village et le parc d’attractions

L’été dernier, M. Wilders avait soudainement imposé à ses partenaires une liste de dix nouvelles mesures visant à durcir encore la politique migratoire. Face à leur refus, il avait brutalement retiré le PVV du gouvernement. Celui-ci, déjà fragilisé par des querelles incessantes et des résultats médiocres dans la lutte contre l’immigration extra-européenne, n’avait pas survécu. Le Premier ministre, M. Dick Schoof, sans étiquette, avait alors pris la poudre d’escampette, écœuré d’être en permanence la tête de Turc de M. Wilders, resté simple parlementaire.

Depuis, les anciens alliés du PVV — notamment les libéraux-conservateurs du VVD — ont fermé la porte à toute nouvelle coalition. Quant aux partis de gauche et aux chrétiens-démocrates, ils refusent catégoriquement de s’allier à celui qu’ils considèrent comme un « raciste », pourtant de « sang mêlé » néerlandais-indonésien.

JA21, le nouveau venu

Déçus, de nombreux électeurs du PVV semblent se tourner vers un autre parti de droite nationale, JA21, qui prône une ligne dure sur l’immigration mais souple dans sa volonté de former des coalitions. Nécessité absolue dans un pays où les 150 sièges du Parlement sont répartis entre une quinzaine de partis…

Ces derniers mois, les Pays-Bas ont connu une cinquantaine d’émeutes, parfois violentes, liées à l’accueil des demandeurs d’asile. D’après l’audiovisuel public, une trentaine de maires auraient cédé face aux manifestants. La fureur atteignit des sommets cet été après le meurtre d’une jeune Néerlandaise, Lisa, attribué à un demandeur d’asile africain déjà accusé de plusieurs agressions.

A lire aussi, Catherine Santeff: Le 7-Octobre, une nouvelle fracture pour la société française?

Même GroenLinks/PvdA, dirigé par l’ex-commissaire européen Frans Timmermans, veut maintenant réduire considérablement l’afflux de réfugiés. Mais les dirigeants de gauche accusent M. Wilders de semer la haine avec de petites phrases provocatrices, telles que: « Les Néerlandais en ont assez de voir certains quartiers de Rotterdam ressembler à Marrakech » ou encore: « Les vieux partis ont transformé les Pays-Bas, en un demi-siècle, en un pays à moitié arabe. »

L’immigration n’est pas le seul sujet au cœur de la campagne. La crise du logement — pénurie, flambée des prix et listes d’attente interminables pour un logement social — y occupe également une place de choix. Beaucoup de Néerlandais reprochent aux politiques de réserver en priorité les logements sociaux aux réfugiés régularisés. Une frustration qui nourrit le ressentiment envers les immigrés. Le déclin de l’État-providence figure aussi parmi les thèmes phares. M. Wilders promet de le restaurer, finançant ses mesures grâce, dit-il, à la suppression de l’aide au développement et au renvoi des réfugiés syriens ainsi qu’à la fermeture des centres de demandeurs d’asile.

Une image à adoucir ?

Fait rare, en fin de campagne, M. Wilders a présenté des excuses pour le comportement de deux de ses députés, auteurs d’un photomontage réalisé à l’aide d’intelligence artificielle montrant M. Timmermans vidant la poche d’un Néerlandais pour donner l’argent à une femme voilée. Ce geste a été interprété comme un gage de modération envers de possibles alliés…. Le chef du PVV a juré qu’il serait cette fois un partenaire « loyal » si son parti sortait à nouveau vainqueur des urnes. Reste à savoir si quelqu’un le croira ?

Pierre Gentillet contre les zadistes

Des étudiants veulent virer l’avocat Pierre Gentillet de la Sorbonne, l’accusant d’être trop à droite pour eux.


Le pluralisme n’a jamais été la spécialité des amphithéâtres militants. De Sylviane Agacinski à Bordeaux à François Hollande à Lille, on se souvient que plusieurs conférences ont été annulées ces dernières années sous la pression de groupuscules d’extrême gauche. Leur méthode est rodée : empêcher de parler quiconque ne porte pas le tampon « antifasciste ». Mais depuis l’affaire Gentillet à Paris 1, la censure franchit un palier : il ne s’agit plus seulement d’interdire la parole des invités, mais aussi de chasser ceux qui enseignent.

À la Sorbonne, la chasse aux « profs réacs » est ouverte. Avocat, ancien chroniqueur de CNews, et professeur contractuel en droit depuis huit ans, Pierre Gentillet est accusé par Révolution Permanente d’être un « ex-candidat RN » et le « fondateur de la Cocarde Étudiante ». L’article, publié le 22 octobre, a déclenché l’habituelle curée numérique: relais syndical du groupe Alternative, appels au renvoi, injures, menaces. Bref, l’arsenal complet du lynchage moral. Le verdict militant est sans appel : « Qu’il dégage ! ».

https://twitter.com/SAParis1_/status/1981379911869747340

La faute ? Il est de droite !!

Que reproche-t-on à Pierre Gentillet ? D’avoir fondé, en 2015, un syndicat étudiant souverainiste, d’avoir pris position dans les années 2010 sur la Syrie et la Russie comme le faisaient à l’époque Jean-Pierre Chevènement ou Jean Lassalle, et d’avoir osé se présenter en 2024 sous l’étiquette du Rassemblement national dans le Cher, où il avait frôlé la victoire. Rien de plus. Aucun incident en cours, aucune plainte d’étudiant, aucune dérive pédagogique. Seulement un délit d’opinion, donc.

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L’avocat s’est fait connaître dans les médias durant la crise du Covid par ses critiques du passe vaccinal et du pouvoir excessif du Conseil constitutionnel. C’est d’ailleurs ce dernier point qui lui valut d’être cité dans une vidéo sans nuance de l’inquisiteur télévisuel Clément Viktorovitch (moraliste qui s’est fait connaitre, ironie du sort, lui aussi sur CNews) intitulée TUTO : comment reconnaître le FASCISME [1]. Le « détecteur de ficelles rhétoriques » y voyait en effet un « fasciste en cravate », l’élégance constituant sûrement une circonstance aggravante. La vidéo, d’une pauvreté confondante, aura mis près d’un an à être recyclée par Révolution Permanente

Depuis, la machine s’emballe : réseaux en feu, menace sur la reconduction de son contrat. « Je ne me fais pas d’illusions », confiait-il au Journal du Dimanche. « On m’écartera poliment, comme on éteint une lampe qu’on juge inutile. » Il se défend pourtant d’avoir confondu ses cours avec des meetings : « Jamais je n’ai mêlé mes convictions à mes cours, j’ai toujours respecté la diversité des opinions et encouragé la réflexion libre ».

Quand l’extrême gauche s’attaque aux précaires

Ironie du sort : l’extrême gauche, d’ordinaire si prompte à défendre les travailleurs précaires, s’en prend ici à l’un d’eux. Pierre Gentillet, simple contractuel, a dû demander la protection fonctionnelle prévue pour tout agent menacé dans l’exercice de ses fonctions. L’Université, prudente, se tait. Les « révolutionnaires inclusifs » triomphent : leur militantisme a trouvé une nouvelle cible, et cette fois dans la maison même du savoir.

Pourtant, les soutiens affluent. Anciens membres de la Cocarde, élus du RN, Marion Maréchal évidemment, mais aussi des voix inattendues : Jean-Éric Branaa, spécialiste des Etats-Unis peu suspect de sympathies trumpistes, et Patrick Weil, spécialiste reconnu de l’immigration, se sont indignés publiquement de cette cabale. Aucun communiqué syndical n’a d’ailleurs pu produire la moindre preuve de faute professionnelle lors des cours donnés par Gentillet.

https://twitter.com/BranaaJean/status/1982747202301689912
https://twitter.com/PatrickWeil1/status/1982712248851186143

De l’épuration à la fabrique du symbole

Au fond, Pierre Gentillet ne paie pas ses opinions, mais le droit d’en avoir. Sa mise au pilori illustre la dérive d’une université transformée en zone à défendre intellectuelle, où l’on trie les enseignants selon leur conformité idéologique. La fébrilité qui gagne désormais les rangs militants en dit long. Même certains journalistes du média ultra-spécialisé StreetPress parlent d’une « non-affaire[2] »…

Trop tard : la tentative d’épuration a déjà produit son effet paradoxal. En voulant chasser un professeur, les gardes rouges de la bien-pensance ont fabriqué un symbole. Et Pierre Gentillet, avocat, enseignant et citoyen engagé, incarne désormais un peu plus que sa propre cause : celle d’une liberté académique que l’on redécouvre, comme souvent, au moment où l’on tente de l’étouffer.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=XVySCg0o84s

[2] https://x.com/joweisz/status/1982732580857262525

Danse: les chefs-d’œuvre de Martha Graham à Paris

Pour célébrer un siècle d’existence, la Martha Graham Dance Company revient enfin en France pour y démontrer la pérennité des grandes œuvres de la Parque américaine…


Jamais avant elle la danse ne s’était élevée au niveau de la tragédie antique.  Mais lorsque Martha Graham se pencha sur les grandes figures féminines de la mythologie grecque, Phèdre, Clytemnestre, Andromaque, Médée, Jocaste ou Cassandre, elle se rangea d’emblée à la hauteur d’Euripide et de Sophocle. Ou encore de Racine.

Des héroïnes antiques, la Parque américaine aura su l’art de dépeindre les passions les plus violentes, les douleurs les plus extrêmes, les plus déplorables destinées. Parfois encore leurs crimes les plus monstrueux, mais des crimes le plus souvent suscités par la brutalité, l’ambition, l’égoïsme des hommes.

Déjà cogne le drame

À l’instar des grands tragiques grecs, dès le lever du rideau, la chorégraphe propulse le spectateur sur une scène où déjà cogne le drame. La crise est à son paroxysme. Tout annonce un accomplissement fatal qu’elle dessinera avec une force, une éloquence inouïes.

Elle le fait avec une telle puissance, un tel sens du théâtre que durant des décennies quelques-unes des plus grandes actrices américaines viendront auprès d’elle s’enrichir de ce jeu dramatique pour instiller ainsi tout un expressionisme grahamien dans le cinéma de la grande époque d’Hollywood.

Aux États-Unis, on a pleine conscience de la grandeur de Martha Graham. Elle figure, selon les sondages d’opinion, parmi les icônes de la courte histoire du pays. Cela n’a pas empêché qu’à sa mort,  en 1991, aussi éclatante que soit sa réputation, sa compagnie ait manqué de sombrer, tant à cause du désintérêt des pouvoirs publics américains pour qui la culture ne sera jamais une priorité, que par la gestion maladive de celui qui s’était fait l’héritier de la chorégraphe. Même le légendaire studio de New York où furent conçus tant de chefs d’œuvre sera misérablement vendu pour qu’un immeuble de rapport soit bâti à son emplacement. Aux Etats-Unis, l’Histoire s’efface devant l’appât du gain.   

Il y a déjà tant d’occasion de souffrir…

Aujourd’hui cependant, par un singulier miracle, la compagnie perdure dans on ne sait quelles périlleuses conditions. Mais elle survit, un siècle après sa création en 1927, grâce à la foi, à la passion des interprètes de Martha Graham qui savent la valeur de cet héritage. Ce sont des femmes le plus souvent, magnifiques artistes qui se sont sacrifiées pour maintenir un répertoire qui devrait d’ailleurs être impérativement classé par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Lorsque Merce Cunningham, pour suivre sa propre voie et désavouer par là-même tout le travail de Martha Graham, quitta la compagnie de cette dernière où il avait été un extraordinaire danseur, ce fut pour elle un crime digne des Atrides. Et quand on lui demandait pourquoi elle n’allait jamais voir le travail du transfuge entretemps devenu célèbre, elle rétorquait qu’il y avait déjà tant d’occasions de souffrir dans l’existence qu’il était fou de s’en infliger de supplémentaires…

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Cependant, par une curieuse ironie du sort, c’est sa compagnie qui désormais occupe à Westbeth, dans le Village, les célèbres studios de la Merce Cunningham Dance Company désertés avec la dissolution de cette dernière et où venaient naguère en pèlerinage la plupart des acteurs de la danse contemporaine.

C’est donc à Westbeth, sous la conduite de Beverly Emmons, qu’on a répété les grandes pièces au programme de cette tournée que sont Cave of the Heart, Errand into the Maze, Diversion of Angels ou Chronicle.                 

On y a travaillé aussi des nouveautés commandées à des auteurs d’aujourd’hui pour ne pas figer la Martha Graham Dance Company dans une situation muséale et pour permettre aux danseurs de se confronter aux délices comme aux affres de la création.

Égorgé, décapité, émasculé, écrasé

Découvrir des chorégraphies d’Hofesh Shechter comme Cave ou de Jamar Roberts comme We the people,  exécutées par des interprètes qu’on espère aussi remarquables que le furent leurs prédécesseurs est une chose.

Redécouvrir des chefs d’œuvre de Martha Graham dont elle a également créé les costumes d’une rigueur qui les fait échapper à l’influence des modes, est toute autre chose. Et deux de ces chorégraphies appartiennent à ce cycle grec où elle fut, selon la formule consacrée, au sommet de son art.

Sur une partition de Samuel Barber, dans un décor d’Isamu Noguchi et sous les lumières de Jean Rosenthal, Cave of the Heart ( 1946) un titre qu’on pourrait traduire par Les profonds recoins du cœur, met en scène Médée violemment confrontée à l’amour naissant de son époux, Jason, l’Aeolide, pour Creüse, fille du roi de Corinthe. Dévorée par la jalousie et par l’indignation causées par la lâche trahison et l’ingratitude du héros à qui naguère elle avait tout sacrifié pour lui permettre de dérober la Toison d’Or, Médée y fait exploser sa fureur et son désespoir. Par l’horreur de ses crimes, la femme triomphe amèrement du mâle honni, ce qui fera dire à l’un de ces athlétiques danseurs qu’affectionnait la chorégraphe que durant toute sa carrière auprès d’elle, il ne se sera pas trouvé de spectacle où il n’ait été égorgé, décapité, émasculé ou écrasé avec la plus consciencieuse férocité.

Tout ce que j’ai fait est dans chaque femme

Sur une partition de Gian Carlo Menotti et toujours sous les éclairages de Rosenthal, Errand into the Maze (Errance dans le labyrinthe, 1947), se déploie dans une scénographie du même Noguchi pour qui les sinuosités d’une simple corde évoquent les méandres du dit labyrinthe, et de gigantesques ossements son entrée. Et ce n’est pas Thésée parti à la recherche du Minotaure qu’évoque ici la chorégraphie, mais bien Ariane demeurée en retrait du combat, en proie à une terreur et à une anxiété qu’elle parvient finalement à vaincre.  D’Ariane, Martha Graham a fait  la Femme ; de la corde, le cheminement de sa pensée dans le dédale de son subconscient ; du Minotaure ses terreurs ; de la victoire sur le monstre sa libération. Le tout dans des enchaînements magistraux qui, comme dans la tragédie classique, illustrent la crise parvenue à son dénouement. Et dans un vocabulaire d’une extrême densité, sobre malgré sa prolixité, en ce sens où rien ne soit essentiel de ce qui a été dessiné par la chorégraphe.

« Tout ce que j’ai fait est dans chaque femme, avancera Martha Graham. Chacune est Médée, Jocaste, Judith, Phèdre ou Clytemnestre ».

La force et la dignité d’une femme face à l’idéologie nazie

Diversion of Angels (1948) sur une partition de Norman Dello Joio, chante l’amour sous ses diverses formes au sein de trois couples, amour strictement hétérosexuel, puritanisme de l’époque oblige. 

Cependant que Chronicle (1936) permet d’entrevoir l’engagement politique dont fit preuve Graham. Alors que des athlètes du monde entier se précipitaient à Berlin sans trop d’états d’âme pour participer aux Jeux Olympiques de 1936 organisés par les nazis, Graham eut la dignité de refuser l’invitation que les répugnants maîtres de Berlin lui avaient faite de s’y produire avec sa compagnie. « Je trouverais indécent de danser en Allemagne à l’heure actuelle. Tant d’artistes que je respecte et que j’admire y ont été persécutés… que je considère impossible d’accepter l’invitation d’un régime qui a voulu de telles choses ».

Sans exposer de scènes de guerre comme ce sera le cas avec Deep Song et Tragedy en 1937, où Graham dénonçait la Guerre d’Espagne déclenchée contre la République par les forces fascistes, le très politique Chronicle « dépeint la dévastation de l’esprit que la guerre laisse dans son sillage ».      

Cave of the heart, Martha Graham Dance Company

Les acclamations enfin

Dans les années 1960, Martha Graham fut si mal accueillie à Paris qu’elle décida de n’y plus mettre les pieds. On y étouffait alors  sous les effets de ce néo-académisme dérisoire où stagnait encore le Ballet de l’Opéra. Et la critique française, comme le public, tout entichés de cette esthétique mièvre et hors d’âge, se révélèrent incapables de mesurer le génie de la muse des Amériques. Il y eut même un crétin solennel, dans un grand quotidien de droite, pour imaginer faire un bon mot en couinant que « Martha Graham prenait les Français pour des Iroquois ».

Il faudra attendre le début des années 1980, quand le Festival de Chateauvallon, sous la direction artistique de Patrick Bensard, convia la compagnie dans son théâtre à l’antique sur les hauteurs de Toulon, pour briser enfin cette stupide incompréhension. Les publics avaient considérablement évolué. Dès lors, à la Biennale de Lyon, au Festival d’Avignon, au Colisée de Roubaix, au Théâtre du Châtelet comme à l’Opéra de Paris, les Français rendirent enfin justice à l’une des plus grandes artistes de son siècle. Et elle fut bien vengée de l’imbécillité de ses contempteurs quand, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, tous les spectateurs se levèrent dans un immense élan de respect et d’enthousiasme pour acclamer follement la très fragile nonagénaire apparaissant sur scène soutenue, portée par son entourage.  


Martha Graham Dance Company.
Deux programmes en alternance.
Du 5 au 14 novembre 2025 au Théâtre du Châtelet.
01 40 28 28 40 ou https://billetterie.chatelet.com

2005: colère sociale ou colère ethnique?

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Le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois (93), fuyant un contrôle de police et craignant d’être en retard pour le repas de coupure du ramadan, les jeunes Zyed Benna et Bouna Traoré pénètrent dans l’enceinte d’un poste électrique et meurent électrocutés. Les médias mettent en cause la police, tandis que les banlieues où se concentre l’immigration s’embrasent. Pendant trois semaines, des émeutes éclatent dans de nombreuses villes. Face à l’ampleur des troubles, le gouvernement déclare l’état d’urgence le 8 novembre. La situation ne commence à se stabiliser qu’à partir du 17 novembre.


20 ans après, la presse de gauche peine à convaincre avec ses arguments sociologisants et misérabilistes.

Vingt ans ont passé depuis les émeutes de 2005, ces nuits d’incendie qui mirent à nu le divorce entre une partie de la jeunesse des banlieues et la République. À l’époque, beaucoup voulurent y voir une simple explosion de colère sociale. D’autres, plus lucides, y discernèrent le symptôme d’un effondrement plus profond : celui d’un État qui ne sait plus faire respecter la loi, ni transmettre les valeurs sur lesquelles il repose.

Quand la culture de l’excuse va trop loin

Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver. Les bandes d’adolescents se sont transformées en micro-sociétés mafieuses, dominées par les caïds de la drogue et les islamistes d’atmosphère. Les territoires perdus de la République ne sont plus seulement des zones de relégation économique : ce sont désormais des enclaves soumises à des règles parallèles, à des hiérarchies de peur, où la France officielle n’est plus qu’un souvenir. Or, cette lente dislocation n’est pas seulement le produit de l’immigration ou du chômage. Elle est d’abord le résultat d’un renoncement collectif, d’une idéologie institutionnalisée de la démission : celle que l’on peut faire remonter à Mai 68, à la désacralisation de toute autorité et à la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui la culture de l’excuse.

L’héritage de Mai 68 : la désacralisation de l’autorité et la défaite de l’État

Il faut oser le dire : les institutions de la République portent une part majeure de responsabilité dans le chaos actuel. Depuis un demi-siècle, l’école, la justice, les médias et une partie de la classe politique ont intégré dans leur fonctionnement une méfiance viscérale envers l’autorité, l’ordre et la sanction. Ce n’est pas une dérive accidentelle, mais l’héritage d’un moment fondateur : Mai 68.

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Ce mouvement, qui prétendait libérer l’individu de toutes les tutelles, a progressivement détruit les cadres symboliques sur lesquels reposait la cohésion nationale. L’interdiction d’interdire est devenue la maxime implicite d’une élite convaincue que toute norme est suspecte de répression et que tout interdit doit être relativisé. Là où la République reposait sur la transmission, la responsabilité et le respect des institutions, s’est installée une pédagogie du soupçon, une morale de la victimisation, une culpabilité permanente de la société à l’égard de ceux qui la contestent. Le résultat est sous nos yeux : des générations d’enseignants terrorisées à l’idée de « stigmatiser », des magistrats paralysés par la peur d’« aggraver les inégalités », des élus locaux qui négocient avec les trafiquants au nom de la « paix sociale ».

Cette République désarmée est fille directe du libertarisme moral de 68, passé des barricades aux institutions.

La culture de l’excuse : matrice du désordre contemporain

C’est cette culture, devenue dominante, qui empêche toute réponse ferme à la montée des violences.

Elle consiste à substituer l’analyse sociologique à la responsabilité morale, à transformer chaque acte de délinquance en symptôme d’exclusion, chaque affrontement en malentendu culturel. On excuse, on contextualise, on relativise — mais on ne juge plus. La prison est devenue une honte pour l’État, non pour celui qui y entre. L’ordre public n’est plus un impératif, mais une gêne. La peur de discriminer a remplacé le devoir de sanctionner. Cette logique perverse a ouvert un boulevard aux prédateurs : les trafiquants qui achètent la paix des quartiers, les islamistes qui y installent leur ordre moral, et les activistes qui, dans les universités et les médias, entretiennent la haine du modèle républicain au nom de l’antiracisme ou du décolonialisme. La République, paralysée par sa propre mauvaise conscience, a déserté les lieux où elle aurait dû tenir bon.

Contraste : la rigueur des sociétés d’origine et la démission des institutions françaises

Il est frappant de constater que dans les sociétés dont sont issus ces jeunes — Algérie, Maroc, Sénégal, Turquie —, la délinquance est lourdement stigmatisée.

Une amie algérienne le résumait ainsi : « Chez nous, aller en prison, même pour une broutille, c’est une honte. Le voleur perd son honneur. On le regarde comme un pestiféré. » Dans ces pays, la morale collective joue un rôle que la République a renoncé à assumer. Le respect du père, de la loi, de la communauté reste un garde-fou. Pourquoi, dès lors, tant de jeunes nés en France ou arrivés enfants dans ses écoles finissent-ils par rejeter toute autorité ?

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Parce qu’ils se trouvent dans un vide symbolique : celui d’un pays qui ne sait plus dire le bien et le mal, qui confond la tolérance avec la faiblesse, la compassion avec la capitulation.
Ce n’est pas l’étranger qui corrompt la République, c’est la République elle-même qui, en renonçant à transmettre, laisse l’étranger devenir le maître du terrain.

Les élites complices : de la révolte à la complaisance

Il faut aussi interroger la responsabilité des élites intellectuelles, politiques et judiciaires.
Issues de Mai 68, elles ont conservé la posture du rebelle devenu gestionnaire. Elles continuent de glorifier la transgression tout en condamnant la sanction. Elles préfèrent les bons sentiments à la lucidité. Dans les amphithéâtres comme dans les tribunaux, une même rhétorique s’est imposée : celle de la société coupable et de l’individu victime. Ainsi, les formations politiques les plus radicales – qu’il s’agisse d’une partie de la gauche insoumise, d’associations militantes ou de syndicats enseignants – entretiennent un discours compassionnel qui désarme l’État.

Elles prônent une « pédagogie bienveillante » qui abdique toute autorité. Elles parlent d’« inclusion » là où il faudrait parler d’ordre, de « diversité » là où il faudrait parler de responsabilité. Cette bienveillance est devenue une forme d’aveuglement moral.

Les émeutes de 2005 n’étaient pas une parenthèse, mais un prélude.

Elles annonçaient l’effondrement d’un modèle politique et moral incapable de se défendre. Vingt ans plus tard, les incendies sont plus rares, mais la décomposition est plus profonde : la France s’habitue à son impuissance. Elle compense la perte d’autorité par un excès de morale, la perte de repères par un trop-plein de discours. Il est temps de comprendre que l’on ne reconstruit pas une nation avec des slogans compassionnels, mais avec des institutions fortes, respectées, capables de dire non. Ce sursaut n’aura lieu que si la République ose reconnaître que son principal ennemi n’est pas l’étranger, ni même l’islamisme, mais son propre renoncement.

La société malade

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Fenêtre de tir pour mettre un terme au Hamas

Le Hamas peut-il vraiment être démantelé ?


Victor Davis Hanson est un résumé du rêve américain : né dans une ferme, qu’il a exploitée avec son père, il a obtenu une bourse pour Stanford, où il est tombé amoureux des classiques grecs. Il est allé les étudier sur place et en version originale pendant deux ans. Il les a ensuite enseignés pendant deux décennies dans les universités américaines et a partagé son amour pour eux dans de nombreux ouvrages. Il a aussi écrit sur l’agriculture, l’immigration et surtout sur la guerre.

Victor Davis Hanson DR.

Il est aujourd’hui l’un des historiens les plus connus et les plus prolifiques des États-Unis. Carnage and Culture, publié en 2001, est devenu un best-seller à la suite des attentats terroristes du 11-Septembre, transformant un professeur de lettres classiques en un commentateur grand public très recherché sur la guerre et la politique. Il a pris sa retraite universitaire en 2004 et, outre son blog, il écrit aujourd’hui régulièrement des chroniques et des essais.

Le 27 octobre, il a publié une tribune qui résume parfaitement l’imbroglio dans lequel se trouvent aujourd’hui Israël, les États-Unis, le Qatar et l’Occident en général.

Le Hamas, un cartel terroriste

« Le Hamas est un cartel terroriste irrécupérable qui sape Gaza, utilise les civils comme boucliers humains et doit être démantelé et écarté du pouvoir avant que toute paix véritable puisse s’instaurer », explique-t-il en préambule de son article, intitulé « Qui ou quoi mettra enfin un terme au Hamas ? ».

Le Hamas est classé terroriste dans une trentaine de pays quasi-exclusivement occidentaux [1]. La carte du monde de l’indice de démocratie atteste de cette corrélation entre géographie et régimes politiques :

Pour en parler, Hanson ne met pas de gants woke : « Le Hamas est né et n’existe que pour tuer des Juifs, détruire Israël et, dans une certaine mesure, renverser les gouvernements arabes pro-occidentaux. Point final. »

Il rappelle que les milliards versés à Gaza sous prétexte d’aide humanitaire ont été détournés, non seulement pour le bénéfice personnel des apparatchiks, mais aussi pour construire le labyrinthe souterrain de leurs QG militaires et de leurs arsenaux.

Le Hamas « a investi des hôpitaux, des mosquées et des écoles pour y placer des entrées et sorties de tunnels, utilisant des boucliers civils jetables pour protéger sa riche hiérarchie terroriste. »

L’historien ne pratique pas la religion de l’excusisme par le colonialisme ou la malchance, comme le font les naïfs étudiants occidentaux. En revanche, il sait parfaitement comment le Hamas manipule ces idiots utiles: « Le Hamas a toujours compté sur de nombreuses victimes collatérales pour inciter la gauche occidentale à devenir un facilitateur actif de ses causes meurtrières », rappelant que c’est par la violence contre l’Autorité palestinienne que le mouvement s’est emparé du pouvoir à Gaza et par la dictature qu’il l’a conservé.

Le Hamas a perdu une bataille, mais il ne désespère pas de gagner le djihad

D’après Hanson, bien que l’élite dirigeante du Hamas ait été décimée et que des milliers de ses soldats soient morts, il ne renoncera jamais au pouvoir. Pourtant presque tous les régimes arabes souhaitent (en privé) que les États-Unis ou Israël l’éliminent. « Il est probablement plus populaire sur les campus américains … et à New York, qu’au Moyen-Orient. » On a envie d’ajouter Sciences-Po, la Sorbonne nouvelle et tous les autres territoires perdus de la République française à cette liste.

Laissé la bride sur le cou par Trump, le Hamas agit « à la manière des SS, exécutant publiquement tout critique ou rival présumé. »

L’expert es-guerres voit, dans les 1700 terroristes libérés des prisons israéliennes en échange de 20 otages et de plusieurs cadavres de civils, non seulement des miliciens qui vont renforcer les troupes génocidaires, mais aussi des sponsors prêts à renflouer les caisses du Hamas avec les millions que leur a versé l’Autorité palestinienne comme salaire pour le meurtre de Juifs.

Hanson estime que la stratégie actuelle du Hamas consiste d’abord à écraser toute opposition interne à Gaza en exécutant les membres des clans et des tribus qui s’opposent à lui, avant de relancer des opérations terroristes contre Israël. Cela devrait inciter le Hezbollah et l’Iran à reformer l’ancien cercle de feu autour de lui et ce dernier à renouer avec son financement.

Si en plus, une administration démocrate revient au pouvoir à Washington, le Hamas est sauvé. « Il compte sur l’aide d’une ONU dévoyée, des Arabes et des musulmans expatriés en Occident, des groupes de gauche occidentaux et des gouvernements occidentaux suicidaires. »

La paix avec le Hamas ne passera pas par des négociations

L’expérience le prouve : chaque fois que les chancelleries ont interrompu les représailles d’Israël avant qu’il mette le Hamas définitivement hors d’état de nuire, celui-ci « cherche à revenir à ses pratiques habituelles de meurtres et de terrorisme ». L’historien est en faveur de son éradication pure et simple : le laisser à Gaza, a fortiori en lui octroyant une semi-légitimité, cela « reviendrait à permettre à l’appareil nazi survivant de participer à la démocratie allemande d’après-guerre » alors que « la clé du cessez-le-feu actuel et d’une paix éventuelle réside dans un plan global visant à anticiper le retour du Hamas au terrorisme ».

Ceux qui souhaitent annihiler le Hamas sont, par ordre décroissant, Israël, les États-Unis et certains pays arabo-musulmans : les régimes « modérés » du Golfe, l’Égypte, la Jordanie et peut-être la Turquie. Hanson estime qu’ils partagent tous le désir d’en finir avec ce mouvement terroriste, mais aucun n’a envie d’en prendre seul la responsabilité. Ils comptent tous sur l’État juif, qui ne pourra agir sans le soutien des États-Unis et encore, sous réserve que l’opposition des pays arabes ne dépasse pas le stade déclaratif.

Un plan en six étapes

Au commencement sera la destruction du « métro de Gaza », ce complexe souterrain de tunnels dont il convient de démolir les derniers tronçons et de les effondrer tous, puis de les combler « avec les décombres de la guerre que le Hamas a précipitée. »

Ensuite, pour éviter que le Hamas reprenne ses activités meurtrières habituelles, la Turquie et le Qatar doivent expulser ceux de ses dirigeants qui sont encore sur leur territoire. Cette phase devrait être favorisée par le fait que, après la frappe israélienne sur son sol, le Qatar cherche désormais la protection des États-Unis. Tous ses interlocuteurs, de quelque côté qu’ils penchent, sont lassés de son triple jeu. Trump lui a offert une bouée de sauvetage en forme de statut de protectorat, mais Hanson souhaiterait qu’il soit indexé sur le reniement du Hamas et l’interdiction à ses membres de revenir sur leur territoire. La même chose s’applique à la Turquie.

Paralyser le nerf de la guerre

Ce qui va sans dire va encore mieux quand Hanson le dit : toute aide financière arabe, occidentale ou onusienne devra être conditionnée à la certitude que le Hamas ne pourra pas s’en emparer.

Une quatrième phase est celle de la prophylaxie indispensable à la salubrité des démocraties : « toute personne ayant des liens, formels ou informels, avec le Hamas devrait se voir interdire l’entrée aux États-Unis, dans l’Union européenne et chez leurs alliés occidentaux. »

En ce qui concerne la France, les préconisations de Hanson ne risquent pas d’être mises en œuvre, puisque les Gazaouis, sans distinction, se sont déjà vu offrir l’asile politique sans condition. Des propos et certaines actions du président français laissent parfois penser qu’il considérerait l’éradication du Hamas comme une naqba personnelle !

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Cinquième phase. Quoique classé terroriste depuis 28 ans, le Hamas peut encore compter sur d’innombrables idiots utiles dont il faut l’isoler : les étudiants manifestant en sa faveur doivent être expulsés aussitôt de leurs universités, les entreprises et ONG qui le soutiennent doivent être bannies des banques, condamnées à des amendes et poursuivies en justice.

Enfin, il ne faut pas lever les sanctions contre la République islamique d’Iran tant qu’elle n’aura pas mis fin à son programme nucléaire et que l’authenticité de cet arrêt n’aura pas été vérifiée par des inspecteurs fiables. Le meilleur moyen de l’empêcher de financer le Hamas, mais aussi le Hezbollah et les Houthis est de la maintenir sous le coup de sanctions et d’embargos, « alors qu’elle lèse son propre peuple dans des tentatives furtives de financer ses tentacules terroristes – une trajectoire suicidaire qui, à elle seule, pourrait conduire la rue ou l’armée iranienne à se retourner contre la théocratie. »

Le monde selon Hanson

Si l’on arrive à paralyser le Hamas, le monde selon Hanson se trouvera à l’aube d’un changement de paradigme inespéré il y a deux ans: « L’Iran est quasi-ruiné, humilié et discrédité. La Russie, qui reste piégée dans sa guerre sans fin en Ukraine, a perdu son client syrien et toute emprise sur le Moyen-Orient, où la Chine, elle, a misé sur le mauvais cheval. Le Hezbollah est toujours en état de choc et démembré. L’Autorité palestinienne, tout aussi peu fiable, voit néanmoins une occasion de se retourner enfin contre son rival, le Hamas. 

Il existe donc une occasion rare pour les États-Unis, les Arabes et Israël de finalement forger une paix sans craindre le terrorisme nihiliste financé par l’étranger. Mais seulement si les terroristes du 7-Octobre, qui ont provoqué les deux dernières années de guerre et de mort, sont finalement désarmés, discrédités, humiliés et éliminés… »

Le pire n’est pas toujours sûr, mais le mieux encore moins. L’avenir dira si la recette de Hanson, qui présage d’un avenir pacifique pour l’Occident, est suivie.


[1] Notamment les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie, la Suisse et le Japon.

Brigitte Macron et l’usine à rumeurs

Comment réagir face aux rumeurs persistantes concernant la prétendue transidentité de Brigitte Macron ? Huit hommes et deux femmes de 41 à 60 ans sont actuellement jugés à Paris pour harcèlement en ligne et encourent jusqu’à deux ans de prison. Parmi eux, un publicitaire, une médium, un prof d’EPS, un informaticien… La fille de Brigitte Macron, Tiphaine Auzière, est attendue à la barre aujourd’hui. Elisabeth Lévy explique pourquoi cette affaire est selon elle terrifiante.


Le procès de dix cyberharceleurs de Brigitte Macron se poursuit aujourd’hui à Paris. La fameuse affaire dite Jean-Michel Trogneux, du nom du frère de l’épouse du président de la République. Depuis quatre ans, rien n’y fait : la rumeur délirante enfle. Des millions de messages, de vidéos et de montages prétendent que Brigitte Macron est un homme. En prime, ils la traitent de sataniste et de pédophile (en raison de la différence d’âge avec son mari). Et quand elle proteste, certains militants LGBT l’accusent de transphobie.

Dans une longue enquête, Olivier Faye, dans Le Monde1, repère les débuts de cette rumeur en 2021 sur le compte d’une certaine Natasha Rey, proche de certains gilets jaunes. Elle s’acoquine ensuite avec un plumitif d’extrême droite et une médium. Les sites russes s’en emparent. La machine est lancée.

En mars 2024, l’influenceuse MAGA, l’Afro-Américaine Candace Owens, courtière en conspirations, lance ce qu’elle qualifie de « plus grand scandale politique de l’histoire humaine ». Becoming Brigitte cartonne. Les Macron portent plainte.

À Paris, parmi les huit hommes et deux femmes qui comparaissent pour propos malveillants sur le genre et la sexualité de Brigitte Macron, figurent des complotistes professionnels comme Zoé Sagan (dont le compte Twitter a été fermé) ou Amandine Roy. Mais aussi des gens comme-vous-et-moi, tel ce professeur d’EPS sympathique et penaud. Ils invoquent l’esprit Charlie et la nécessité de se moquer des puissants. Mais ce qui transpire de toute cette usine à rumeurs, c’est surtout la haine et la volonté de salir.

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Est-ce qu’un procès ne risque pas de relancer les rumeurs qu’on veut éteindre ? Dans un monde normal, on balaierait ces divagations malveillantes d’un revers de main. On ricanerait dans les bistrots et puis stop. Mais le monde est malheureusement devenu un immense bistrot où toute ânerie répétée des millions de fois devient une vérité pour un nombre considérable de gogos. On en connaît tous qui croient dur comme fer à ces bobards.

Il n’y a pas de bonne solution. Au-delà des dommages privés, Brigitte Macron ne peut plus faire un déplacement à l’étranger sans qu’on lui en parle. Il n’est pas sûr que le procès de Paris soit utile. Une cour d’appel a déjà estimé que ce n’était pas malveillant de dire qu’elle est un homme, l’idée étant qu’il ne faut pas être « transphobe ». En revanche, si Candace Owens est condamnée aux États-Unis, cela fera du bruit et changera peut-être la donne. Mais avant cela, avant toute éventuelle condamnation, cela ne rigolera pas : le procès ne sera pas une partie de plaisir. Brigitte Macron devra répondre aux accusations, produire des photos, jurer qu’elle n’a pas touché le président avant l’âge légal. Devant les caméras du monde entier.

Cette affaire, qui de prime abord semble mineure, est en réalité terrifiante. Elle montre notre impuissance face à des discours échappant totalement à la raison. Avec les gens qui croient dur comme fer que Mme Macron est un homme, comme avec les adeptes de la théorie des chemtrails, il n’y a plus de monde commun. Nous devons désormais vivre avec la bêtise et la calomnie industrialisées.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

  1. https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/10/24/la-fake-news-sur-brigitte-macron-le-cauchemar-sans-fin-du-couple-presidentiel_6649098_4500055.html ↩︎

«C’était mieux demain»: de la satire à la propagande progressiste

Dans son film, Vinciane Millereau n’ose malheureusement pas aller jusqu’au bout de la satire sur notre époque. Et finit par trouver du bon à cette France progressiste caricaturale et idéalisée, où la modernité et l’inclusion deviennent objets de culte. C’était mieux demain se transforme alors en pamphlet moralisateur, où le rire cherche à éduquer plutôt qu’à libérer.


En 1958, Michel (Didier Bourdon) et Hélène Dupuy (Elsa Zylberstein) vivaient sous la IVᵉ République : la France avait encore ses colonies, on y roulait sans ceinture de sécurité, on y fumait des Gauloises sans filtre et les rôles étaient encore bien marqués entre les hommes et les femmes.

Gags convenus

Propulsés en 2025, ils découvrent la France rêvée des progressistes : fluide, inclusive et fière de sa cafetière connectée. La comédie de Vinciane Millereau, C’était mieux demain, promettait le rire ; elle offre finalement surtout une visite guidée dans la France Potemkine du progressisme heureux.

La réalisatrice s’amuse – et surtout abuse – des gags liés à la modernité : le couple se bat contre un aspirateur connecté et une cafetière intelligente, découvre les trottinettes électriques et apprivoise la visioconférence sur smartphone. Des scènes convenues qui décrochent quelques rires chez les plus jeunes, mais laissent de marbre l’amateur de comédie un peu plus originale.

Didier Bourdon, homme déconstruit

Mais, le vrai enjeu du film n’est pas tant de mettre en scène les avancées technologiques que de célébrer les merveilleuses révolutions sociétales de ces dernières années. En 2025, Hélène n’est plus bobonne au foyer mais la DG de la banque où travaillait son mari. Michel, lui, reste à la maison et joue l’homme au foyer : le modèle de l’homme déconstruit rêvé par Sandrine Rousseau et nos néoféministes misandres, surveillantes tatillonnes du partage des tâches domestiques.

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Quant à leur fille, qui en 1958 devait épouser le fils du voisin après une grossesse précipitée, elle s’apprête à se marier avec une médecin… algérienne sans papiers. On vous l’avait bien dit : l’immigration est une chance pour la France, voyons !

Vinciane Millereau signe une comédie qui se veut drôle et sociale, mais qui tourne vite à la propagande progressiste. Chaque scène du film déroule le catéchisme téléguidé du monde merveilleux de l’inclusion, de la diversité, de l’écologie et du matriarcat. Le message est limpide : « Regardez comme nous avons progressé ! »

Brainwashing progressiste

Le couple de 1958, caricaturé jusqu’au ridicule, sert de repoussoir. En ligne de mire: les nostalgiques, les conservateurs, les fans de Philippe de Villiers, les « ploucs » attachés à leurs racines ou à l’art de vivre à la française, ceux qui regrettent la France d’avant la mondialisation, d’avant l’immigration incontrôlée, d’avant l’ensauvagement impuni, d’avant l’islamisation rampante de la société. Tous sont dépeints à travers Michel, le beauf.

L’une des scènes les plus révélatrices de ce brainwashing progressiste est celle du mariage « inclusif » de fifille. Devant une assemblée en grande partie non-binaire, tatouée, aux cheveux bleus, discrimination positive oblige, Michel, désormais bien rééduqué, se repent : il demande pardon à sa fille et à ses convives d’avoir été un « vieux con ». Un « con » qu’il faut bien sûr comprendre comme conservateur, symbole d’une France ringarde, rétrograde, forcément fascisante.

Le film ne rit pas avec les réacs : il rit d’eux. Et c’est toute la différence entre la satire et le projet de rééduquer les consciences. On aurait aimé retrouver le brio des Visiteurs ou l’irrévérence des Inconnus. Mais n’est pas Jean-Marie Poiré qui veut : la fantaisie réelle et l’imprévisibilité de ses films manquent ici cruellement.


https://www.youtube.com/watch?v=8ZBhVMOZY_A

La peur du peuple, dernier programme politique à la mode

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Pendant que M. Nuñez s’emmêle dans les chiffres des clandestins, la France, elle, compte ses désillusions. À l’Assemblée, les députés tentent de s’entendre pour que le gouvernement ne tombe pas, et empêcher des législatives précipitées fatales. Ce monde faux a raison de craindre les « extrêmes », estime notre chroniqueur.


La classe politique flageolante n’a qu’une peur : être « débordée par les extrêmes ». Les « extrêmes » sont, aux yeux de ceux qui s’accrochent au pouvoir, ces Français qui fuient la sociale démocratie naufragée et le centrisme immobile, pour rejoindre majoritairement le courant national.

Manœuvres parlementaires dilatoires, immigration incontrôlée, tax force à l’Assemblée…

Le théâtre politicien va consister, cette semaine, à tenter d’éviter, par des compromis parlementaires, le recours à la censure du gouvernement qui appellerait à des législatives trop risquées. C’est dans cette époque en sursis qu’il faut comprendre les manœuvres dilatoires des députés, mais aussi les recours ultimes aux mensonges et censures venus du gouvernement et des autorités publiques. Invité le 20 octobre sur LCI, le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez assurait ainsi devant Darius Rochebin, à propos des clandestins: « Je ne veux pas donner de chiffres pour ne pas nourrir la polémique ». Il situait néanmoins le nombre « entre 200 000 et 300 000 ». Le mercredi, pressé par Sonia Mabrouk sur Europe 1, Nuñez concédait 700 000 sans-papiers, dont 466 000 bénéficiaires des aides médicales gratuites (AME).

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Le soir-même, sur LCI, Bruno Retailleau, son prédécesseur, déclarait: « Il y a près d’un million de clandestins en France ». Or cette dissimulation d’une réalité dit la corruption intellectuelle de l’actuel ministre de l’Intérieur, qui assure également: « Entre immigration et insécurité, je n’établis pas de liens ». Mais les faits sont têtus: deux des quatre cambrioleurs du Louvre, arrêtés samedi soir via la Seine-Saint-Denis, s’apprêtaient à rejoindre l’Algérie et le Mali. Ces mensonges d’Etat persistent à prendre les gens pour des imbéciles. Ces procédés sont aussi improductifs que la dernière décision de la commission paritaire des publications et agences de presse, qui a retiré l’agrément public pour la revue de droite La Furia, de Laurent Obertone, la privant de certaines facilités. France Soir, trop persifleur, a déjà subi ce même traitement proche de la censure.

Système en vase clos

La bêtise est ce qui ressort de cette caste aux abois. Elle ne produit rien, sinon toujours plus de défiance. L’exposition, sur la délicate Place Vendôme, d’une énorme grenouille gonflable, cul en l’air, est aussi le résultat de ce système en vase clos, qui s’autoprotège et s’autocongratule. Sur les panneaux expliquant le message d’Alex Da Corte, le « créateur » de cette laideur verte, il est écrit : « L’œuvre incarne l’intérêt de l’artiste pour la manière dont les icônes culturelles absorbent et révèlent nos angoisses collectives ». Inutile de préciser que ceux qui voient dans ce baratin pompeux un foutage de gueule supplémentaire font partie, pour la pensée mondaine, de ces « extrêmes » qu’il s’agit de faire taire.

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Le ridicule peut tuer

Mais ce monde faux touche à sa fin tant il est ridicule. La Justice aurait-elle perçue l’irritation de l’opinion ? En ayant condamné vendredi la meurtrière de Lola, 12 ans, à une peine de perpétuité incompressible, la Cour d’Assises de Paris ne s’est pas laissée aller à la victimisation de Dahbia Benkired, Algérienne sous OQTF au passé tortueux. Lors de son arrestation en 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait pourtant expliqué (RTL, 18 octobre) que l’accusée était « manifestement connue comme victime de violences conjugales en 2018 ». Serait-ce la fin de la culture de l’excuse ?

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Trump, Maduro et la «sorcière de la CIA»

En s’affranchissant des considérations légales habituelles, le président américain multiplie les opérations antidrogue au large du Venezuela. Vendredi, le porte-avions USS Gerald R. Ford a été déployé sur zone, accentuant la panique du régime de Nicolás Maduro à Caracas. Récit.


Et si les Vénézuéliens accueillaient chaleureusement un jour une intervention de la CIA, les libérant enfin de la dictature bolivarienne ? À en juger d’après sa muflerie contre la dirigeante de l’opposition, María Corina Machado, prix Nobel de la Paix 2025, toute la gauche latino-américaine ferait alors la gueule…

Alors que les États-Unis déploient une force navale et aérienne impressionnante près des côtes vénézuéliennes, de nombreux experts redoutent le retour des heures sombres où la CIA renversait les régimes d’Amérique latine. De gauche, en général, comme celui qui sévit à Caracas depuis 1999, du reste.

Manque de courtoisie

Les présidents du Mexique, du Brésil et de la Colombie ont refusé de féliciter María Corina Machado pour son prix Nobel. Non seulement est-elle de droite, mais elle plaide en outre pour une intervention armée américaine contre le régime du dictateur Nicolás Maduro.

Claudia Sheinbaum, Luiz Inácio Lula da Silva et Gustavo Petro n’ont pas su surmonter leurs réflexes partisans : silence brésilien embarrassé pour Lula, sermons mexicains sur la non-ingérence pour Mme Sheinbaum, et accusations colombiennes de « pro-israélisme » pour M. Petro.

Plus minable encore peut-être, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a eu, lui, recours à un mensonge pour snober la Dame de fer de Caracas. Il a affirmé ne jamais féliciter les gagnants de prix Nobel, avant que la presse espagnole ne retrouve quatre cas de félicitations publiques prouvant le contraire. Mais il est vrai que Sanchez dirige une coalition gouvernementale de gauche où les soutiens à Maduro sont nombreux…

Ce manque de courtoisie envers María Corina Machado revient à soutenir une dictature qui a poussé huit millions de Vénézuéliens (sur une population d’environ vingt-huit millions) à fuir la pauvreté, la faim et la répression à la cubaine. Des fraudes électorales répétées entretiennent l’illusion que le peuple soutient le régime.

Sous feu le colonel putschiste Hugo Chávez, très apprécié en France par Jean-Luc Mélenchon, et son successeur Maduro, le Venezuela, jadis raisonnablement prospère et démocratique, s’est tiers-mondisé à une vitesse vertigineuse.

Au pouvoir depuis 2013, Maduro se sent aujourd’hui menacé. Les Américains, en possibles tours de chauffe pour une invasion, pourtant peu probable, ont anéanti au moins quatre embarcations vénézuéliennes censées transporter de la drogue, tuant une vingtaine de personnes en dehors de tout cadre légal. Le président Donald Trump a fanfaronné : « Les États-Unis contrôlent désormais les eaux territoriales du Venezuela », laissant entendre que le terrain serait prêt pour d’éventuelles opérations « clandestines » sur le sol vénézuélien.

María Corina Machado trouve que l’état de délabrement de son pays et sa cubanisation galopante justifient une intervention étrangère. Et elle a d’ailleurs dédié son prix Nobel, annoncé le 10 octobre à Oslo, à Donald Trump, qui le convoitait aussi et se montrait mauvais perdant…

Décidément, la pasionaria vénézuelienne âgée de 58 ans, vivant dans la clandestinité, fait tout pour s’attirer les foudres de la gauche continentale. L’Argentin Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980, l’a publiquement fustigée dans une lettre ouverte. « Pourquoi avoir réclamé une intervention américaine ? », lui a-t-il reproché, allant jusqu’à qualifier le Venezuela de « démocratie avec ses bons et ses mauvais côtés »… Surprenant, de la part de quelqu’un qui a connu les geôles argentines après le coup d’État militaire de 1976. Au Venezuela, des opposants « disparaissent » aussi : le pays compterait quelque 1200 prisonniers politiques, selon une estimation d’Index on Censorship. Dans sa philippique, le Nobel argentin ne les juge-t-il pas dignes de compassion ? Faut-il donc distinguer les bons des mauvais persécutés ?

50 millions de dollars

Maduro, sur la tête duquel Washington a mis un prix de 50 millions de dollars, ne manque jamais de rappeler les méfaits de la CIA sur le continent. Comme au Chili en 1973, où une junte militaire renversa le régime de gauche du président Salvador Allende auquel Maduro aime tant se comparer. La CIA avait certainement tout fait pour subvertir Allende, mais des Chiliens n’avaient pas besoin d’elle pour craindre que leur président ne mène leur pays vers un sort qui serait bien plus tard celui du… Venezuela. Surtout après la visite de Fidel Castro en 1971, venu s’assurer que le Chili progressait « suffisamment » vers le socialisme. Une large partie de la population approuva donc le putsch d’Augusto Pinochet.

Maduro craint de subir le même sort qu’Allende, qui ne fut d’ailleurs pas un dictateur. Il ne daigna pas prononcer le nom de sa Némésis le jour où le Nobel lui fut attribué, donnant libre cours à son délire verbal habituel contre « la sorcière diabolique ». Le président cubain Miguel Díaz-Canel le soutenait, bien sûr, se scandalisant que « quelqu’un qui incite à une intervention armée » puisse être récompensé par un prix aussi prestigieux.

Les Cubains peuvent pourtant regretter que l’invasion de la Baie des Cochons, organisée par la CIA en 1961 avec des exilés cubains, ait échoué : la dictature castriste en sortit renforcée. Au Nicaragua aussi, la CIA échoua à renverser le régime sandiniste, l’une des pires dictatures du continent.

Le rôle exact de l’agence américaine dans les tentatives, souvent dérisoires, de rébellion au Venezuela reste incertain. Est-ce qu’un jour « Maria Corina » fera son entrée au palais présidentiel de Caracas tandis que Maduro fera la sienne dans une prison aux États-Unis ? Si cela devait se produire, la gauche latino-américaine maudirait sans doute la « sorcière de la CIA » et pleurerait le sort de son président « bien-aimé »…

«Cent tribalistes auront toujours raison de mille individualistes»

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2015 © WITT/SIPA

Avec les 20 ans des émeutes urbaines déclenchées par la mort de Zyed et Bouna, on reparle des fameux « territoires perdus ». La France n’est plus minée seulement par l’islamisme, mais par le tribalisme solidaire – cette loyauté clanique, héritée des sociétés sans État, qui structure désormais nombre de quartiers, estime cette tribune. Sous couvert de paix sociale et de discours antiracistes, le pouvoir s’y soumet comme un dhimmi payant la djiziah à ses émirs locaux… Le résultat ? Un «Républi-clanisme», où la loi du groupe remplace celle de la République. Une analyse de David Duquesne, auteur de Ne fais pas ton Français (Grasset).


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Le tribalisme solidaire : la force obscure des sociétés sans État

Dans Ne fais pas ton Français, j’évoque ce que j’ai appelé l’ivresse du tribalisme solidaire. Cette fraternité communautaire viscérale lie les membres d’un même clan au détriment du droit, de la vérité et de la justice. Un vieux proverbe arabe en résume la logique :
« Moi contre mon frère, mon frère et moi contre mon cousin, mon cousin, mon frère et moi contre l’étranger. »

Ce réflexe n’est pas un vestige anthropologique : il structure encore la sociologie de certains territoires français.

Je l’ai vu de mes yeux à Sallaumines, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, à la fin des années 1980.

Un homme ivre, sans défense, fut lynché par une dizaine de jeunes, tous d’origine maghrébine, sous le regard passif de la foule.

L’un d’eux me lança fièrement : « C’est ça, la solidarité musulmane. » Cette phrase m’a vacciné contre la naïveté. J’avais sous les yeux le cœur du problème : une solidarité de clan, capable du meilleur – l’entraide, la chaleur, la loyauté – mais aussi du pire : la justification de la violence collective, la négation du juste.

Des tribus du Maghreb aux quartiers perdus de la République

Ce que j’ai observé à Sallaumines n’était pas un hasard, mais la réactivation d’un vieux schéma culturel importé des sociétés maghrébines.

Là-bas, la structure clanique – la hamula – repose sur un principe de solidarité absolue : l’agression d’un membre est vécue comme une attaque contre tout le groupe.

Ce système fit la force des conquérants arabes et berbères d’Al-Andalus, mais aussi la cause de leurs divisions internes.

Or, dans une société d’État centralisé comme la France, ce modèle devient explosif : il fragmente l’espace civique et substitue à la loi républicaine la loi du groupe.

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Partout où l’État recule, le clan avance.

Là où la police ne va plus, les caïds deviennent les chefs de guerre, s’appuyant sur le même mécanisme de loyauté tribale : ne jamais livrer un membre de la communauté à une autorité extérieure.

C’est ce ciment invisible qui explique la puissance des caïds, des islamistes et des indigénistes : ils exploitent la solidarité primaire d’un groupe refermé sur lui-même.

De la solidarité à la domination : le caïd comme figure centrale

Dans la culture arabo-musulmane, le caïd n’est pas un voyou au sens français, mais un meneur d’hommes, un chef respecté, capable d’assurer la sécurité et la prospérité du clan par la force. Son autorité repose sur la domination, non sur le droit. Battre un policier, humilier un professeur ou insulter un représentant de l’État n’est pas vu comme un crime, mais comme une victoire symbolique sur la puissance étrangère. Ainsi se maintient une hiérarchie parallèle : celle du pouvoir clanique, fondé sur la peur et la fierté, qui se substitue au pouvoir légitime de l’État.

Cette logique s’étend désormais aux territoires perdus de la République, où règnent des équilibres tacites, des « pactes de non-agression » entre élus locaux et chefs de quartiers. On achète la paix sociale avec des subventions, comme les dhimmis d’autrefois payaient la djiziah, l’impôt de capitation, aux émirs andalous pour ne pas être massacrés.

La soumission a simplement changé de forme : elle est devenue budgétaire, clientéliste et idéologique.

L’aveuglement des élites : l’éléphant dans la pièce

Le tribalisme solidaire est l’angle mort des sciences sociales françaises. On parle de pauvreté, de chômage, de racisme systémique, mais jamais du facteur culturel, car il heurte la doxa universaliste et met en péril la narration victimaire.

Résultat : la gauche postcoloniale, les universitaires indigénistes et une partie de la droite technocratique s’accordent sur un même mensonge confortable : celui d’un État oppresseur face à des victimes structurelles. Ce déni n’est pas seulement moral, il est mortel pour la nation. Car tant que la République refusera de nommer le tribalisme, elle nourrira le monstre – un monstre qui ne se bat pas pour des idées, mais pour le butin, le territoire et l’honneur du clan.

Al Françalus, ou la République en trompe-l’œil

La France a désormais son Al Françalus : un territoire de coexistence illusoire, un califat Potemkine bâti sur le déni et la culpabilité. Les façades restent républicaines, les institutions fonctionnent encore, les discours sont truffés de références à la fraternité, à la laïcité, à l’égalité. Mais derrière ce décor, la réalité se délite. Les mêmes mots recouvrent d’autres sens : la fraternité devient communautarisme, la tolérance devient capitulation, et la laïcité devient neutralisation de la France elle-même.

Le Républi-clanisme, c’est cela : une République vidée de sa substance, infiltrée par les logiques tribales qu’elle ne comprend plus et qu’elle n’ose plus combattre.

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Les élus locaux pactisent avec les seigneurs du quartier, les associations communautaires se substituent aux institutions, et la peur s’installe dans le quotidien des citoyens ordinaires, devenus étrangers chez eux.

On assiste à un phénomène paradoxal : la France n’est plus coloniale, elle est recolonisée. Non par la force d’une armée, mais par l’idéologie, la démographie et la lâcheté. Les anciens colonisés ont importé leurs structures claniques, leurs réflexes d’allégeance, leur vision hiérarchisée du monde. Et l’État, rongé par la culpabilité postcoloniale, s’interdit d’y opposer sa propre verticalité. Il abdique son rôle de souverain, se réduit à une ONG qui distribue la paix sociale à crédit. Cette démission ouvre un espace où prospèrent les caïds, les islamistes et les militants indigénistes, qui jouent chacun leur partition dans la même symphonie : celle du tribalisme triomphant. Les uns dominent par la violence, les autres par la foi, les derniers par le discours victimaire. Le résultat est identique : la République s’efface, le clan règne.

La France, en somme, n’est plus un État-nation : elle devient une mosaïque de tribus, où la force du groupe l’emporte sur la loi commune. Une Al Françalus à visage démocratique, où les dhimmis d’aujourd’hui s’appellent contribuables, fonctionnaires, professeurs, policiers. Ils paient la djiziah moderne : impôts, subventions, silences et excuses. Tout cela pour ne pas être massacrés symboliquement, pour éviter d’être traités de racistes, d’islamophobes ou d’extrémistes.

Revenir au réel, ou Seinesaintdeniser tout le pays

Le choc viendra si la France ose regarder le réel en face, si elle se rappelle qu’elle n’est pas une idée mais une civilisation.

La chute, en revanche, se produira si elle continue de se raconter qu’il suffit de “vivre-ensemble” pour que la guerre des clans s’éteigne d’elle-même.

Mais si l’on fait enfin le bon diagnostic, alors il faut en tirer des conséquences concrètes.

Il faut revoir la politique migratoire, non par haine mais par lucidité, pour ne pas reproduire sur le sol français les structures claniques des pays d’origine. Et il faut repenser la politique du logement, afin de rompre avec les logiques de concentration ethnico-culturelle qui servent d’incubateurs à ces normes socioculturelles. En continuant à regrouper, par “solidarité”, ceux qu’il faudrait mêler à la cité commune, on organise la sécession du pays réel. La France ne peut pas rester une mosaïque de “douars urbains” subventionnés, où le vivre-ensemble se transforme en vivre-à-part. Si nous persistons dans cette voie, nous Seinesaintdeniserons tout le pays — et ce mot-là dit bien ce qu’il veut dire : transformer la nation entière en un territoire morcelé, où la loi du clan se substitue à la loi commune.

Nous aurons alors cru la sauver par la tolérance pendant que nous l’étranglions par le mensonge. La chroniqueuse Sabrina Medjebeur l’a bien vu : il ne s’agit plus d’un problème de coexistence, mais de survie politique et morale. Il faudra une génération de Français décidés à reconstruire la cité, non sur la peur ou la repentance, mais sur la vérité nue du réel. Car comme le disait Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit. »

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Wilders: le syndrome du vilain petit canard

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Geert Wilders se fait prendre en photo lors de la campagne électorale aux Pays-Bas, septembre 2025 © Robin Utrecht/action pres/SIPA

Les Hollandais votent demain. Geert Wilders est favori du scrutin, mais…


Dans le pittoresque village de pêcheurs de Volendam, M. Geert Wilders a lancé, samedi, un avertissement solennel à ses partisans. « La démocratie néerlandaise mourra si notre parti est exclu du prochain gouvernement ! » a-t-il tonné, entouré de gardes du corps rendant tout contact avec le public difficile. Aussi, le chef du Parti pour la liberté (PVV) a dû hausser la voix pour se faire entendre lors de ce modeste meeting tenu en terrain conquis, à la veille des fameuses élections législatives anticipées du mercredi 29 octobre.

Celui qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie…

Tous les sondages le donnent encore gagnant. Le PVV pourrait décrocher une trentaine des 150 sièges de la Chambre basse. Mais cette victoire annoncée pourrait bien avoir un goût amer : la plupart des grands partis refusent désormais de s’allier une seconde fois à celui dont le goût du compromis n’a jamais été la principale vertu.

Ces derniers jours, l’écart entre le PVV et l’alliance de la gauche (GroenLinks/PvdA, union des écologistes et des travaillistes) s’est resserré. Tandis que le parti de M. Wilders perd un peu de terrain, les formations de gauche, les chrétiens-démocrates et les libéraux progressent légèrement. En début de campagne, M. Wilders semblait pourtant assuré d’égaler, voire d’améliorer, sa performance de novembre 2023, lorsque son parti avait remporté 37 sièges. Ce qui a changé en très peu de temps, selon des commentateurs, est la crainte réaliste de bien de ses partisans qu’un vote pour M. Wilders serait un vote perdu. Message martelé avec un certain succès par la gauche et la droite modérée, ou, selon M. Wilders, « molle ».

Menacé de mort

C’est que l’homme politique de 62 ans, qui vit sous des menaces de mort islamistes depuis deux décennies, est accusé d’avoir dynamité « sa » coalition gouvernementale sortie des urnes il y a près de deux ans. Qui avait suscité un immense espoir parmi le « peuple de droite ».

A relire, du même auteur: Les migrants, la fête au village et le parc d’attractions

L’été dernier, M. Wilders avait soudainement imposé à ses partenaires une liste de dix nouvelles mesures visant à durcir encore la politique migratoire. Face à leur refus, il avait brutalement retiré le PVV du gouvernement. Celui-ci, déjà fragilisé par des querelles incessantes et des résultats médiocres dans la lutte contre l’immigration extra-européenne, n’avait pas survécu. Le Premier ministre, M. Dick Schoof, sans étiquette, avait alors pris la poudre d’escampette, écœuré d’être en permanence la tête de Turc de M. Wilders, resté simple parlementaire.

Depuis, les anciens alliés du PVV — notamment les libéraux-conservateurs du VVD — ont fermé la porte à toute nouvelle coalition. Quant aux partis de gauche et aux chrétiens-démocrates, ils refusent catégoriquement de s’allier à celui qu’ils considèrent comme un « raciste », pourtant de « sang mêlé » néerlandais-indonésien.

JA21, le nouveau venu

Déçus, de nombreux électeurs du PVV semblent se tourner vers un autre parti de droite nationale, JA21, qui prône une ligne dure sur l’immigration mais souple dans sa volonté de former des coalitions. Nécessité absolue dans un pays où les 150 sièges du Parlement sont répartis entre une quinzaine de partis…

Ces derniers mois, les Pays-Bas ont connu une cinquantaine d’émeutes, parfois violentes, liées à l’accueil des demandeurs d’asile. D’après l’audiovisuel public, une trentaine de maires auraient cédé face aux manifestants. La fureur atteignit des sommets cet été après le meurtre d’une jeune Néerlandaise, Lisa, attribué à un demandeur d’asile africain déjà accusé de plusieurs agressions.

A lire aussi, Catherine Santeff: Le 7-Octobre, une nouvelle fracture pour la société française?

Même GroenLinks/PvdA, dirigé par l’ex-commissaire européen Frans Timmermans, veut maintenant réduire considérablement l’afflux de réfugiés. Mais les dirigeants de gauche accusent M. Wilders de semer la haine avec de petites phrases provocatrices, telles que: « Les Néerlandais en ont assez de voir certains quartiers de Rotterdam ressembler à Marrakech » ou encore: « Les vieux partis ont transformé les Pays-Bas, en un demi-siècle, en un pays à moitié arabe. »

L’immigration n’est pas le seul sujet au cœur de la campagne. La crise du logement — pénurie, flambée des prix et listes d’attente interminables pour un logement social — y occupe également une place de choix. Beaucoup de Néerlandais reprochent aux politiques de réserver en priorité les logements sociaux aux réfugiés régularisés. Une frustration qui nourrit le ressentiment envers les immigrés. Le déclin de l’État-providence figure aussi parmi les thèmes phares. M. Wilders promet de le restaurer, finançant ses mesures grâce, dit-il, à la suppression de l’aide au développement et au renvoi des réfugiés syriens ainsi qu’à la fermeture des centres de demandeurs d’asile.

Une image à adoucir ?

Fait rare, en fin de campagne, M. Wilders a présenté des excuses pour le comportement de deux de ses députés, auteurs d’un photomontage réalisé à l’aide d’intelligence artificielle montrant M. Timmermans vidant la poche d’un Néerlandais pour donner l’argent à une femme voilée. Ce geste a été interprété comme un gage de modération envers de possibles alliés…. Le chef du PVV a juré qu’il serait cette fois un partenaire « loyal » si son parti sortait à nouveau vainqueur des urnes. Reste à savoir si quelqu’un le croira ?

Pierre Gentillet contre les zadistes

Pierre Gentillet. DR.

Des étudiants veulent virer l’avocat Pierre Gentillet de la Sorbonne, l’accusant d’être trop à droite pour eux.


Le pluralisme n’a jamais été la spécialité des amphithéâtres militants. De Sylviane Agacinski à Bordeaux à François Hollande à Lille, on se souvient que plusieurs conférences ont été annulées ces dernières années sous la pression de groupuscules d’extrême gauche. Leur méthode est rodée : empêcher de parler quiconque ne porte pas le tampon « antifasciste ». Mais depuis l’affaire Gentillet à Paris 1, la censure franchit un palier : il ne s’agit plus seulement d’interdire la parole des invités, mais aussi de chasser ceux qui enseignent.

À la Sorbonne, la chasse aux « profs réacs » est ouverte. Avocat, ancien chroniqueur de CNews, et professeur contractuel en droit depuis huit ans, Pierre Gentillet est accusé par Révolution Permanente d’être un « ex-candidat RN » et le « fondateur de la Cocarde Étudiante ». L’article, publié le 22 octobre, a déclenché l’habituelle curée numérique: relais syndical du groupe Alternative, appels au renvoi, injures, menaces. Bref, l’arsenal complet du lynchage moral. Le verdict militant est sans appel : « Qu’il dégage ! ».

https://twitter.com/SAParis1_/status/1981379911869747340

La faute ? Il est de droite !!

Que reproche-t-on à Pierre Gentillet ? D’avoir fondé, en 2015, un syndicat étudiant souverainiste, d’avoir pris position dans les années 2010 sur la Syrie et la Russie comme le faisaient à l’époque Jean-Pierre Chevènement ou Jean Lassalle, et d’avoir osé se présenter en 2024 sous l’étiquette du Rassemblement national dans le Cher, où il avait frôlé la victoire. Rien de plus. Aucun incident en cours, aucune plainte d’étudiant, aucune dérive pédagogique. Seulement un délit d’opinion, donc.

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L’avocat s’est fait connaître dans les médias durant la crise du Covid par ses critiques du passe vaccinal et du pouvoir excessif du Conseil constitutionnel. C’est d’ailleurs ce dernier point qui lui valut d’être cité dans une vidéo sans nuance de l’inquisiteur télévisuel Clément Viktorovitch (moraliste qui s’est fait connaitre, ironie du sort, lui aussi sur CNews) intitulée TUTO : comment reconnaître le FASCISME [1]. Le « détecteur de ficelles rhétoriques » y voyait en effet un « fasciste en cravate », l’élégance constituant sûrement une circonstance aggravante. La vidéo, d’une pauvreté confondante, aura mis près d’un an à être recyclée par Révolution Permanente

Depuis, la machine s’emballe : réseaux en feu, menace sur la reconduction de son contrat. « Je ne me fais pas d’illusions », confiait-il au Journal du Dimanche. « On m’écartera poliment, comme on éteint une lampe qu’on juge inutile. » Il se défend pourtant d’avoir confondu ses cours avec des meetings : « Jamais je n’ai mêlé mes convictions à mes cours, j’ai toujours respecté la diversité des opinions et encouragé la réflexion libre ».

Quand l’extrême gauche s’attaque aux précaires

Ironie du sort : l’extrême gauche, d’ordinaire si prompte à défendre les travailleurs précaires, s’en prend ici à l’un d’eux. Pierre Gentillet, simple contractuel, a dû demander la protection fonctionnelle prévue pour tout agent menacé dans l’exercice de ses fonctions. L’Université, prudente, se tait. Les « révolutionnaires inclusifs » triomphent : leur militantisme a trouvé une nouvelle cible, et cette fois dans la maison même du savoir.

Pourtant, les soutiens affluent. Anciens membres de la Cocarde, élus du RN, Marion Maréchal évidemment, mais aussi des voix inattendues : Jean-Éric Branaa, spécialiste des Etats-Unis peu suspect de sympathies trumpistes, et Patrick Weil, spécialiste reconnu de l’immigration, se sont indignés publiquement de cette cabale. Aucun communiqué syndical n’a d’ailleurs pu produire la moindre preuve de faute professionnelle lors des cours donnés par Gentillet.

https://twitter.com/BranaaJean/status/1982747202301689912
https://twitter.com/PatrickWeil1/status/1982712248851186143

De l’épuration à la fabrique du symbole

Au fond, Pierre Gentillet ne paie pas ses opinions, mais le droit d’en avoir. Sa mise au pilori illustre la dérive d’une université transformée en zone à défendre intellectuelle, où l’on trie les enseignants selon leur conformité idéologique. La fébrilité qui gagne désormais les rangs militants en dit long. Même certains journalistes du média ultra-spécialisé StreetPress parlent d’une « non-affaire[2] »…

Trop tard : la tentative d’épuration a déjà produit son effet paradoxal. En voulant chasser un professeur, les gardes rouges de la bien-pensance ont fabriqué un symbole. Et Pierre Gentillet, avocat, enseignant et citoyen engagé, incarne désormais un peu plus que sa propre cause : celle d’une liberté académique que l’on redécouvre, comme souvent, au moment où l’on tente de l’étouffer.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=XVySCg0o84s

[2] https://x.com/joweisz/status/1982732580857262525

Danse: les chefs-d’œuvre de Martha Graham à Paris

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© HIBBARD NASH

Pour célébrer un siècle d’existence, la Martha Graham Dance Company revient enfin en France pour y démontrer la pérennité des grandes œuvres de la Parque américaine…


Jamais avant elle la danse ne s’était élevée au niveau de la tragédie antique.  Mais lorsque Martha Graham se pencha sur les grandes figures féminines de la mythologie grecque, Phèdre, Clytemnestre, Andromaque, Médée, Jocaste ou Cassandre, elle se rangea d’emblée à la hauteur d’Euripide et de Sophocle. Ou encore de Racine.

Des héroïnes antiques, la Parque américaine aura su l’art de dépeindre les passions les plus violentes, les douleurs les plus extrêmes, les plus déplorables destinées. Parfois encore leurs crimes les plus monstrueux, mais des crimes le plus souvent suscités par la brutalité, l’ambition, l’égoïsme des hommes.

Déjà cogne le drame

À l’instar des grands tragiques grecs, dès le lever du rideau, la chorégraphe propulse le spectateur sur une scène où déjà cogne le drame. La crise est à son paroxysme. Tout annonce un accomplissement fatal qu’elle dessinera avec une force, une éloquence inouïes.

Elle le fait avec une telle puissance, un tel sens du théâtre que durant des décennies quelques-unes des plus grandes actrices américaines viendront auprès d’elle s’enrichir de ce jeu dramatique pour instiller ainsi tout un expressionisme grahamien dans le cinéma de la grande époque d’Hollywood.

Aux États-Unis, on a pleine conscience de la grandeur de Martha Graham. Elle figure, selon les sondages d’opinion, parmi les icônes de la courte histoire du pays. Cela n’a pas empêché qu’à sa mort,  en 1991, aussi éclatante que soit sa réputation, sa compagnie ait manqué de sombrer, tant à cause du désintérêt des pouvoirs publics américains pour qui la culture ne sera jamais une priorité, que par la gestion maladive de celui qui s’était fait l’héritier de la chorégraphe. Même le légendaire studio de New York où furent conçus tant de chefs d’œuvre sera misérablement vendu pour qu’un immeuble de rapport soit bâti à son emplacement. Aux Etats-Unis, l’Histoire s’efface devant l’appât du gain.   

Il y a déjà tant d’occasion de souffrir…

Aujourd’hui cependant, par un singulier miracle, la compagnie perdure dans on ne sait quelles périlleuses conditions. Mais elle survit, un siècle après sa création en 1927, grâce à la foi, à la passion des interprètes de Martha Graham qui savent la valeur de cet héritage. Ce sont des femmes le plus souvent, magnifiques artistes qui se sont sacrifiées pour maintenir un répertoire qui devrait d’ailleurs être impérativement classé par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Lorsque Merce Cunningham, pour suivre sa propre voie et désavouer par là-même tout le travail de Martha Graham, quitta la compagnie de cette dernière où il avait été un extraordinaire danseur, ce fut pour elle un crime digne des Atrides. Et quand on lui demandait pourquoi elle n’allait jamais voir le travail du transfuge entretemps devenu célèbre, elle rétorquait qu’il y avait déjà tant d’occasions de souffrir dans l’existence qu’il était fou de s’en infliger de supplémentaires…

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Cependant, par une curieuse ironie du sort, c’est sa compagnie qui désormais occupe à Westbeth, dans le Village, les célèbres studios de la Merce Cunningham Dance Company désertés avec la dissolution de cette dernière et où venaient naguère en pèlerinage la plupart des acteurs de la danse contemporaine.

C’est donc à Westbeth, sous la conduite de Beverly Emmons, qu’on a répété les grandes pièces au programme de cette tournée que sont Cave of the Heart, Errand into the Maze, Diversion of Angels ou Chronicle.                 

On y a travaillé aussi des nouveautés commandées à des auteurs d’aujourd’hui pour ne pas figer la Martha Graham Dance Company dans une situation muséale et pour permettre aux danseurs de se confronter aux délices comme aux affres de la création.

Égorgé, décapité, émasculé, écrasé

Découvrir des chorégraphies d’Hofesh Shechter comme Cave ou de Jamar Roberts comme We the people,  exécutées par des interprètes qu’on espère aussi remarquables que le furent leurs prédécesseurs est une chose.

Redécouvrir des chefs d’œuvre de Martha Graham dont elle a également créé les costumes d’une rigueur qui les fait échapper à l’influence des modes, est toute autre chose. Et deux de ces chorégraphies appartiennent à ce cycle grec où elle fut, selon la formule consacrée, au sommet de son art.

Sur une partition de Samuel Barber, dans un décor d’Isamu Noguchi et sous les lumières de Jean Rosenthal, Cave of the Heart ( 1946) un titre qu’on pourrait traduire par Les profonds recoins du cœur, met en scène Médée violemment confrontée à l’amour naissant de son époux, Jason, l’Aeolide, pour Creüse, fille du roi de Corinthe. Dévorée par la jalousie et par l’indignation causées par la lâche trahison et l’ingratitude du héros à qui naguère elle avait tout sacrifié pour lui permettre de dérober la Toison d’Or, Médée y fait exploser sa fureur et son désespoir. Par l’horreur de ses crimes, la femme triomphe amèrement du mâle honni, ce qui fera dire à l’un de ces athlétiques danseurs qu’affectionnait la chorégraphe que durant toute sa carrière auprès d’elle, il ne se sera pas trouvé de spectacle où il n’ait été égorgé, décapité, émasculé ou écrasé avec la plus consciencieuse férocité.

Tout ce que j’ai fait est dans chaque femme

Sur une partition de Gian Carlo Menotti et toujours sous les éclairages de Rosenthal, Errand into the Maze (Errance dans le labyrinthe, 1947), se déploie dans une scénographie du même Noguchi pour qui les sinuosités d’une simple corde évoquent les méandres du dit labyrinthe, et de gigantesques ossements son entrée. Et ce n’est pas Thésée parti à la recherche du Minotaure qu’évoque ici la chorégraphie, mais bien Ariane demeurée en retrait du combat, en proie à une terreur et à une anxiété qu’elle parvient finalement à vaincre.  D’Ariane, Martha Graham a fait  la Femme ; de la corde, le cheminement de sa pensée dans le dédale de son subconscient ; du Minotaure ses terreurs ; de la victoire sur le monstre sa libération. Le tout dans des enchaînements magistraux qui, comme dans la tragédie classique, illustrent la crise parvenue à son dénouement. Et dans un vocabulaire d’une extrême densité, sobre malgré sa prolixité, en ce sens où rien ne soit essentiel de ce qui a été dessiné par la chorégraphe.

« Tout ce que j’ai fait est dans chaque femme, avancera Martha Graham. Chacune est Médée, Jocaste, Judith, Phèdre ou Clytemnestre ».

La force et la dignité d’une femme face à l’idéologie nazie

Diversion of Angels (1948) sur une partition de Norman Dello Joio, chante l’amour sous ses diverses formes au sein de trois couples, amour strictement hétérosexuel, puritanisme de l’époque oblige. 

Cependant que Chronicle (1936) permet d’entrevoir l’engagement politique dont fit preuve Graham. Alors que des athlètes du monde entier se précipitaient à Berlin sans trop d’états d’âme pour participer aux Jeux Olympiques de 1936 organisés par les nazis, Graham eut la dignité de refuser l’invitation que les répugnants maîtres de Berlin lui avaient faite de s’y produire avec sa compagnie. « Je trouverais indécent de danser en Allemagne à l’heure actuelle. Tant d’artistes que je respecte et que j’admire y ont été persécutés… que je considère impossible d’accepter l’invitation d’un régime qui a voulu de telles choses ».

Sans exposer de scènes de guerre comme ce sera le cas avec Deep Song et Tragedy en 1937, où Graham dénonçait la Guerre d’Espagne déclenchée contre la République par les forces fascistes, le très politique Chronicle « dépeint la dévastation de l’esprit que la guerre laisse dans son sillage ».      

Cave of the heart, Martha Graham Dance Company

Les acclamations enfin

Dans les années 1960, Martha Graham fut si mal accueillie à Paris qu’elle décida de n’y plus mettre les pieds. On y étouffait alors  sous les effets de ce néo-académisme dérisoire où stagnait encore le Ballet de l’Opéra. Et la critique française, comme le public, tout entichés de cette esthétique mièvre et hors d’âge, se révélèrent incapables de mesurer le génie de la muse des Amériques. Il y eut même un crétin solennel, dans un grand quotidien de droite, pour imaginer faire un bon mot en couinant que « Martha Graham prenait les Français pour des Iroquois ».

Il faudra attendre le début des années 1980, quand le Festival de Chateauvallon, sous la direction artistique de Patrick Bensard, convia la compagnie dans son théâtre à l’antique sur les hauteurs de Toulon, pour briser enfin cette stupide incompréhension. Les publics avaient considérablement évolué. Dès lors, à la Biennale de Lyon, au Festival d’Avignon, au Colisée de Roubaix, au Théâtre du Châtelet comme à l’Opéra de Paris, les Français rendirent enfin justice à l’une des plus grandes artistes de son siècle. Et elle fut bien vengée de l’imbécillité de ses contempteurs quand, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, tous les spectateurs se levèrent dans un immense élan de respect et d’enthousiasme pour acclamer follement la très fragile nonagénaire apparaissant sur scène soutenue, portée par son entourage.  


Martha Graham Dance Company.
Deux programmes en alternance.
Du 5 au 14 novembre 2025 au Théâtre du Châtelet.
01 40 28 28 40 ou https://billetterie.chatelet.com

2005: colère sociale ou colère ethnique?

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Une femme avec un voile islamique passe devant une voiture vandalisée à Aulnay sous Bois, le 3 novembre 2005 © TRAVERS ERIC/LE FLOCH PASCAL/SIP

Le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois (93), fuyant un contrôle de police et craignant d’être en retard pour le repas de coupure du ramadan, les jeunes Zyed Benna et Bouna Traoré pénètrent dans l’enceinte d’un poste électrique et meurent électrocutés. Les médias mettent en cause la police, tandis que les banlieues où se concentre l’immigration s’embrasent. Pendant trois semaines, des émeutes éclatent dans de nombreuses villes. Face à l’ampleur des troubles, le gouvernement déclare l’état d’urgence le 8 novembre. La situation ne commence à se stabiliser qu’à partir du 17 novembre.


20 ans après, la presse de gauche peine à convaincre avec ses arguments sociologisants et misérabilistes.

Vingt ans ont passé depuis les émeutes de 2005, ces nuits d’incendie qui mirent à nu le divorce entre une partie de la jeunesse des banlieues et la République. À l’époque, beaucoup voulurent y voir une simple explosion de colère sociale. D’autres, plus lucides, y discernèrent le symptôme d’un effondrement plus profond : celui d’un État qui ne sait plus faire respecter la loi, ni transmettre les valeurs sur lesquelles il repose.

Quand la culture de l’excuse va trop loin

Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver. Les bandes d’adolescents se sont transformées en micro-sociétés mafieuses, dominées par les caïds de la drogue et les islamistes d’atmosphère. Les territoires perdus de la République ne sont plus seulement des zones de relégation économique : ce sont désormais des enclaves soumises à des règles parallèles, à des hiérarchies de peur, où la France officielle n’est plus qu’un souvenir. Or, cette lente dislocation n’est pas seulement le produit de l’immigration ou du chômage. Elle est d’abord le résultat d’un renoncement collectif, d’une idéologie institutionnalisée de la démission : celle que l’on peut faire remonter à Mai 68, à la désacralisation de toute autorité et à la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui la culture de l’excuse.

L’héritage de Mai 68 : la désacralisation de l’autorité et la défaite de l’État

Il faut oser le dire : les institutions de la République portent une part majeure de responsabilité dans le chaos actuel. Depuis un demi-siècle, l’école, la justice, les médias et une partie de la classe politique ont intégré dans leur fonctionnement une méfiance viscérale envers l’autorité, l’ordre et la sanction. Ce n’est pas une dérive accidentelle, mais l’héritage d’un moment fondateur : Mai 68.

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Ce mouvement, qui prétendait libérer l’individu de toutes les tutelles, a progressivement détruit les cadres symboliques sur lesquels reposait la cohésion nationale. L’interdiction d’interdire est devenue la maxime implicite d’une élite convaincue que toute norme est suspecte de répression et que tout interdit doit être relativisé. Là où la République reposait sur la transmission, la responsabilité et le respect des institutions, s’est installée une pédagogie du soupçon, une morale de la victimisation, une culpabilité permanente de la société à l’égard de ceux qui la contestent. Le résultat est sous nos yeux : des générations d’enseignants terrorisées à l’idée de « stigmatiser », des magistrats paralysés par la peur d’« aggraver les inégalités », des élus locaux qui négocient avec les trafiquants au nom de la « paix sociale ».

Cette République désarmée est fille directe du libertarisme moral de 68, passé des barricades aux institutions.

La culture de l’excuse : matrice du désordre contemporain

C’est cette culture, devenue dominante, qui empêche toute réponse ferme à la montée des violences.

Elle consiste à substituer l’analyse sociologique à la responsabilité morale, à transformer chaque acte de délinquance en symptôme d’exclusion, chaque affrontement en malentendu culturel. On excuse, on contextualise, on relativise — mais on ne juge plus. La prison est devenue une honte pour l’État, non pour celui qui y entre. L’ordre public n’est plus un impératif, mais une gêne. La peur de discriminer a remplacé le devoir de sanctionner. Cette logique perverse a ouvert un boulevard aux prédateurs : les trafiquants qui achètent la paix des quartiers, les islamistes qui y installent leur ordre moral, et les activistes qui, dans les universités et les médias, entretiennent la haine du modèle républicain au nom de l’antiracisme ou du décolonialisme. La République, paralysée par sa propre mauvaise conscience, a déserté les lieux où elle aurait dû tenir bon.

Contraste : la rigueur des sociétés d’origine et la démission des institutions françaises

Il est frappant de constater que dans les sociétés dont sont issus ces jeunes — Algérie, Maroc, Sénégal, Turquie —, la délinquance est lourdement stigmatisée.

Une amie algérienne le résumait ainsi : « Chez nous, aller en prison, même pour une broutille, c’est une honte. Le voleur perd son honneur. On le regarde comme un pestiféré. » Dans ces pays, la morale collective joue un rôle que la République a renoncé à assumer. Le respect du père, de la loi, de la communauté reste un garde-fou. Pourquoi, dès lors, tant de jeunes nés en France ou arrivés enfants dans ses écoles finissent-ils par rejeter toute autorité ?

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Parce qu’ils se trouvent dans un vide symbolique : celui d’un pays qui ne sait plus dire le bien et le mal, qui confond la tolérance avec la faiblesse, la compassion avec la capitulation.
Ce n’est pas l’étranger qui corrompt la République, c’est la République elle-même qui, en renonçant à transmettre, laisse l’étranger devenir le maître du terrain.

Les élites complices : de la révolte à la complaisance

Il faut aussi interroger la responsabilité des élites intellectuelles, politiques et judiciaires.
Issues de Mai 68, elles ont conservé la posture du rebelle devenu gestionnaire. Elles continuent de glorifier la transgression tout en condamnant la sanction. Elles préfèrent les bons sentiments à la lucidité. Dans les amphithéâtres comme dans les tribunaux, une même rhétorique s’est imposée : celle de la société coupable et de l’individu victime. Ainsi, les formations politiques les plus radicales – qu’il s’agisse d’une partie de la gauche insoumise, d’associations militantes ou de syndicats enseignants – entretiennent un discours compassionnel qui désarme l’État.

Elles prônent une « pédagogie bienveillante » qui abdique toute autorité. Elles parlent d’« inclusion » là où il faudrait parler d’ordre, de « diversité » là où il faudrait parler de responsabilité. Cette bienveillance est devenue une forme d’aveuglement moral.

Les émeutes de 2005 n’étaient pas une parenthèse, mais un prélude.

Elles annonçaient l’effondrement d’un modèle politique et moral incapable de se défendre. Vingt ans plus tard, les incendies sont plus rares, mais la décomposition est plus profonde : la France s’habitue à son impuissance. Elle compense la perte d’autorité par un excès de morale, la perte de repères par un trop-plein de discours. Il est temps de comprendre que l’on ne reconstruit pas une nation avec des slogans compassionnels, mais avec des institutions fortes, respectées, capables de dire non. Ce sursaut n’aura lieu que si la République ose reconnaître que son principal ennemi n’est pas l’étranger, ni même l’islamisme, mais son propre renoncement.

La société malade

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Fenêtre de tir pour mettre un terme au Hamas

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Gaza, 10 octobre © Jehad Alshrafi/AP/SIPA

Le Hamas peut-il vraiment être démantelé ?


Victor Davis Hanson est un résumé du rêve américain : né dans une ferme, qu’il a exploitée avec son père, il a obtenu une bourse pour Stanford, où il est tombé amoureux des classiques grecs. Il est allé les étudier sur place et en version originale pendant deux ans. Il les a ensuite enseignés pendant deux décennies dans les universités américaines et a partagé son amour pour eux dans de nombreux ouvrages. Il a aussi écrit sur l’agriculture, l’immigration et surtout sur la guerre.

Victor Davis Hanson DR.

Il est aujourd’hui l’un des historiens les plus connus et les plus prolifiques des États-Unis. Carnage and Culture, publié en 2001, est devenu un best-seller à la suite des attentats terroristes du 11-Septembre, transformant un professeur de lettres classiques en un commentateur grand public très recherché sur la guerre et la politique. Il a pris sa retraite universitaire en 2004 et, outre son blog, il écrit aujourd’hui régulièrement des chroniques et des essais.

Le 27 octobre, il a publié une tribune qui résume parfaitement l’imbroglio dans lequel se trouvent aujourd’hui Israël, les États-Unis, le Qatar et l’Occident en général.

Le Hamas, un cartel terroriste

« Le Hamas est un cartel terroriste irrécupérable qui sape Gaza, utilise les civils comme boucliers humains et doit être démantelé et écarté du pouvoir avant que toute paix véritable puisse s’instaurer », explique-t-il en préambule de son article, intitulé « Qui ou quoi mettra enfin un terme au Hamas ? ».

Le Hamas est classé terroriste dans une trentaine de pays quasi-exclusivement occidentaux [1]. La carte du monde de l’indice de démocratie atteste de cette corrélation entre géographie et régimes politiques :

Pour en parler, Hanson ne met pas de gants woke : « Le Hamas est né et n’existe que pour tuer des Juifs, détruire Israël et, dans une certaine mesure, renverser les gouvernements arabes pro-occidentaux. Point final. »

Il rappelle que les milliards versés à Gaza sous prétexte d’aide humanitaire ont été détournés, non seulement pour le bénéfice personnel des apparatchiks, mais aussi pour construire le labyrinthe souterrain de leurs QG militaires et de leurs arsenaux.

Le Hamas « a investi des hôpitaux, des mosquées et des écoles pour y placer des entrées et sorties de tunnels, utilisant des boucliers civils jetables pour protéger sa riche hiérarchie terroriste. »

L’historien ne pratique pas la religion de l’excusisme par le colonialisme ou la malchance, comme le font les naïfs étudiants occidentaux. En revanche, il sait parfaitement comment le Hamas manipule ces idiots utiles: « Le Hamas a toujours compté sur de nombreuses victimes collatérales pour inciter la gauche occidentale à devenir un facilitateur actif de ses causes meurtrières », rappelant que c’est par la violence contre l’Autorité palestinienne que le mouvement s’est emparé du pouvoir à Gaza et par la dictature qu’il l’a conservé.

Le Hamas a perdu une bataille, mais il ne désespère pas de gagner le djihad

D’après Hanson, bien que l’élite dirigeante du Hamas ait été décimée et que des milliers de ses soldats soient morts, il ne renoncera jamais au pouvoir. Pourtant presque tous les régimes arabes souhaitent (en privé) que les États-Unis ou Israël l’éliminent. « Il est probablement plus populaire sur les campus américains … et à New York, qu’au Moyen-Orient. » On a envie d’ajouter Sciences-Po, la Sorbonne nouvelle et tous les autres territoires perdus de la République française à cette liste.

Laissé la bride sur le cou par Trump, le Hamas agit « à la manière des SS, exécutant publiquement tout critique ou rival présumé. »

L’expert es-guerres voit, dans les 1700 terroristes libérés des prisons israéliennes en échange de 20 otages et de plusieurs cadavres de civils, non seulement des miliciens qui vont renforcer les troupes génocidaires, mais aussi des sponsors prêts à renflouer les caisses du Hamas avec les millions que leur a versé l’Autorité palestinienne comme salaire pour le meurtre de Juifs.

Hanson estime que la stratégie actuelle du Hamas consiste d’abord à écraser toute opposition interne à Gaza en exécutant les membres des clans et des tribus qui s’opposent à lui, avant de relancer des opérations terroristes contre Israël. Cela devrait inciter le Hezbollah et l’Iran à reformer l’ancien cercle de feu autour de lui et ce dernier à renouer avec son financement.

Si en plus, une administration démocrate revient au pouvoir à Washington, le Hamas est sauvé. « Il compte sur l’aide d’une ONU dévoyée, des Arabes et des musulmans expatriés en Occident, des groupes de gauche occidentaux et des gouvernements occidentaux suicidaires. »

La paix avec le Hamas ne passera pas par des négociations

L’expérience le prouve : chaque fois que les chancelleries ont interrompu les représailles d’Israël avant qu’il mette le Hamas définitivement hors d’état de nuire, celui-ci « cherche à revenir à ses pratiques habituelles de meurtres et de terrorisme ». L’historien est en faveur de son éradication pure et simple : le laisser à Gaza, a fortiori en lui octroyant une semi-légitimité, cela « reviendrait à permettre à l’appareil nazi survivant de participer à la démocratie allemande d’après-guerre » alors que « la clé du cessez-le-feu actuel et d’une paix éventuelle réside dans un plan global visant à anticiper le retour du Hamas au terrorisme ».

Ceux qui souhaitent annihiler le Hamas sont, par ordre décroissant, Israël, les États-Unis et certains pays arabo-musulmans : les régimes « modérés » du Golfe, l’Égypte, la Jordanie et peut-être la Turquie. Hanson estime qu’ils partagent tous le désir d’en finir avec ce mouvement terroriste, mais aucun n’a envie d’en prendre seul la responsabilité. Ils comptent tous sur l’État juif, qui ne pourra agir sans le soutien des États-Unis et encore, sous réserve que l’opposition des pays arabes ne dépasse pas le stade déclaratif.

Un plan en six étapes

Au commencement sera la destruction du « métro de Gaza », ce complexe souterrain de tunnels dont il convient de démolir les derniers tronçons et de les effondrer tous, puis de les combler « avec les décombres de la guerre que le Hamas a précipitée. »

Ensuite, pour éviter que le Hamas reprenne ses activités meurtrières habituelles, la Turquie et le Qatar doivent expulser ceux de ses dirigeants qui sont encore sur leur territoire. Cette phase devrait être favorisée par le fait que, après la frappe israélienne sur son sol, le Qatar cherche désormais la protection des États-Unis. Tous ses interlocuteurs, de quelque côté qu’ils penchent, sont lassés de son triple jeu. Trump lui a offert une bouée de sauvetage en forme de statut de protectorat, mais Hanson souhaiterait qu’il soit indexé sur le reniement du Hamas et l’interdiction à ses membres de revenir sur leur territoire. La même chose s’applique à la Turquie.

Paralyser le nerf de la guerre

Ce qui va sans dire va encore mieux quand Hanson le dit : toute aide financière arabe, occidentale ou onusienne devra être conditionnée à la certitude que le Hamas ne pourra pas s’en emparer.

Une quatrième phase est celle de la prophylaxie indispensable à la salubrité des démocraties : « toute personne ayant des liens, formels ou informels, avec le Hamas devrait se voir interdire l’entrée aux États-Unis, dans l’Union européenne et chez leurs alliés occidentaux. »

En ce qui concerne la France, les préconisations de Hanson ne risquent pas d’être mises en œuvre, puisque les Gazaouis, sans distinction, se sont déjà vu offrir l’asile politique sans condition. Des propos et certaines actions du président français laissent parfois penser qu’il considérerait l’éradication du Hamas comme une naqba personnelle !

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Cinquième phase. Quoique classé terroriste depuis 28 ans, le Hamas peut encore compter sur d’innombrables idiots utiles dont il faut l’isoler : les étudiants manifestant en sa faveur doivent être expulsés aussitôt de leurs universités, les entreprises et ONG qui le soutiennent doivent être bannies des banques, condamnées à des amendes et poursuivies en justice.

Enfin, il ne faut pas lever les sanctions contre la République islamique d’Iran tant qu’elle n’aura pas mis fin à son programme nucléaire et que l’authenticité de cet arrêt n’aura pas été vérifiée par des inspecteurs fiables. Le meilleur moyen de l’empêcher de financer le Hamas, mais aussi le Hezbollah et les Houthis est de la maintenir sous le coup de sanctions et d’embargos, « alors qu’elle lèse son propre peuple dans des tentatives furtives de financer ses tentacules terroristes – une trajectoire suicidaire qui, à elle seule, pourrait conduire la rue ou l’armée iranienne à se retourner contre la théocratie. »

Le monde selon Hanson

Si l’on arrive à paralyser le Hamas, le monde selon Hanson se trouvera à l’aube d’un changement de paradigme inespéré il y a deux ans: « L’Iran est quasi-ruiné, humilié et discrédité. La Russie, qui reste piégée dans sa guerre sans fin en Ukraine, a perdu son client syrien et toute emprise sur le Moyen-Orient, où la Chine, elle, a misé sur le mauvais cheval. Le Hezbollah est toujours en état de choc et démembré. L’Autorité palestinienne, tout aussi peu fiable, voit néanmoins une occasion de se retourner enfin contre son rival, le Hamas. 

Il existe donc une occasion rare pour les États-Unis, les Arabes et Israël de finalement forger une paix sans craindre le terrorisme nihiliste financé par l’étranger. Mais seulement si les terroristes du 7-Octobre, qui ont provoqué les deux dernières années de guerre et de mort, sont finalement désarmés, discrédités, humiliés et éliminés… »

Le pire n’est pas toujours sûr, mais le mieux encore moins. L’avenir dira si la recette de Hanson, qui présage d’un avenir pacifique pour l’Occident, est suivie.


[1] Notamment les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie, la Suisse et le Japon.

Brigitte Macron et l’usine à rumeurs

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Juin 2025 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Comment réagir face aux rumeurs persistantes concernant la prétendue transidentité de Brigitte Macron ? Huit hommes et deux femmes de 41 à 60 ans sont actuellement jugés à Paris pour harcèlement en ligne et encourent jusqu’à deux ans de prison. Parmi eux, un publicitaire, une médium, un prof d’EPS, un informaticien… La fille de Brigitte Macron, Tiphaine Auzière, est attendue à la barre aujourd’hui. Elisabeth Lévy explique pourquoi cette affaire est selon elle terrifiante.


Le procès de dix cyberharceleurs de Brigitte Macron se poursuit aujourd’hui à Paris. La fameuse affaire dite Jean-Michel Trogneux, du nom du frère de l’épouse du président de la République. Depuis quatre ans, rien n’y fait : la rumeur délirante enfle. Des millions de messages, de vidéos et de montages prétendent que Brigitte Macron est un homme. En prime, ils la traitent de sataniste et de pédophile (en raison de la différence d’âge avec son mari). Et quand elle proteste, certains militants LGBT l’accusent de transphobie.

Dans une longue enquête, Olivier Faye, dans Le Monde1, repère les débuts de cette rumeur en 2021 sur le compte d’une certaine Natasha Rey, proche de certains gilets jaunes. Elle s’acoquine ensuite avec un plumitif d’extrême droite et une médium. Les sites russes s’en emparent. La machine est lancée.

En mars 2024, l’influenceuse MAGA, l’Afro-Américaine Candace Owens, courtière en conspirations, lance ce qu’elle qualifie de « plus grand scandale politique de l’histoire humaine ». Becoming Brigitte cartonne. Les Macron portent plainte.

À Paris, parmi les huit hommes et deux femmes qui comparaissent pour propos malveillants sur le genre et la sexualité de Brigitte Macron, figurent des complotistes professionnels comme Zoé Sagan (dont le compte Twitter a été fermé) ou Amandine Roy. Mais aussi des gens comme-vous-et-moi, tel ce professeur d’EPS sympathique et penaud. Ils invoquent l’esprit Charlie et la nécessité de se moquer des puissants. Mais ce qui transpire de toute cette usine à rumeurs, c’est surtout la haine et la volonté de salir.

A lire aussi: Minneapolis: existe-t-il un terrorisme trans?

Est-ce qu’un procès ne risque pas de relancer les rumeurs qu’on veut éteindre ? Dans un monde normal, on balaierait ces divagations malveillantes d’un revers de main. On ricanerait dans les bistrots et puis stop. Mais le monde est malheureusement devenu un immense bistrot où toute ânerie répétée des millions de fois devient une vérité pour un nombre considérable de gogos. On en connaît tous qui croient dur comme fer à ces bobards.

Il n’y a pas de bonne solution. Au-delà des dommages privés, Brigitte Macron ne peut plus faire un déplacement à l’étranger sans qu’on lui en parle. Il n’est pas sûr que le procès de Paris soit utile. Une cour d’appel a déjà estimé que ce n’était pas malveillant de dire qu’elle est un homme, l’idée étant qu’il ne faut pas être « transphobe ». En revanche, si Candace Owens est condamnée aux États-Unis, cela fera du bruit et changera peut-être la donne. Mais avant cela, avant toute éventuelle condamnation, cela ne rigolera pas : le procès ne sera pas une partie de plaisir. Brigitte Macron devra répondre aux accusations, produire des photos, jurer qu’elle n’a pas touché le président avant l’âge légal. Devant les caméras du monde entier.

Cette affaire, qui de prime abord semble mineure, est en réalité terrifiante. Elle montre notre impuissance face à des discours échappant totalement à la raison. Avec les gens qui croient dur comme fer que Mme Macron est un homme, comme avec les adeptes de la théorie des chemtrails, il n’y a plus de monde commun. Nous devons désormais vivre avec la bêtise et la calomnie industrialisées.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

  1. https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/10/24/la-fake-news-sur-brigitte-macron-le-cauchemar-sans-fin-du-couple-presidentiel_6649098_4500055.html ↩︎

«C’était mieux demain»: de la satire à la propagande progressiste

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Elsa Zylberstein, Vinciane Millereau et Didier Bourdon, 29 septembre 2025 à Paris © SADAKA EDMOND/SIPA

Dans son film, Vinciane Millereau n’ose malheureusement pas aller jusqu’au bout de la satire sur notre époque. Et finit par trouver du bon à cette France progressiste caricaturale et idéalisée, où la modernité et l’inclusion deviennent objets de culte. C’était mieux demain se transforme alors en pamphlet moralisateur, où le rire cherche à éduquer plutôt qu’à libérer.


En 1958, Michel (Didier Bourdon) et Hélène Dupuy (Elsa Zylberstein) vivaient sous la IVᵉ République : la France avait encore ses colonies, on y roulait sans ceinture de sécurité, on y fumait des Gauloises sans filtre et les rôles étaient encore bien marqués entre les hommes et les femmes.

Gags convenus

Propulsés en 2025, ils découvrent la France rêvée des progressistes : fluide, inclusive et fière de sa cafetière connectée. La comédie de Vinciane Millereau, C’était mieux demain, promettait le rire ; elle offre finalement surtout une visite guidée dans la France Potemkine du progressisme heureux.

La réalisatrice s’amuse – et surtout abuse – des gags liés à la modernité : le couple se bat contre un aspirateur connecté et une cafetière intelligente, découvre les trottinettes électriques et apprivoise la visioconférence sur smartphone. Des scènes convenues qui décrochent quelques rires chez les plus jeunes, mais laissent de marbre l’amateur de comédie un peu plus originale.

Didier Bourdon, homme déconstruit

Mais, le vrai enjeu du film n’est pas tant de mettre en scène les avancées technologiques que de célébrer les merveilleuses révolutions sociétales de ces dernières années. En 2025, Hélène n’est plus bobonne au foyer mais la DG de la banque où travaillait son mari. Michel, lui, reste à la maison et joue l’homme au foyer : le modèle de l’homme déconstruit rêvé par Sandrine Rousseau et nos néoféministes misandres, surveillantes tatillonnes du partage des tâches domestiques.

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Quant à leur fille, qui en 1958 devait épouser le fils du voisin après une grossesse précipitée, elle s’apprête à se marier avec une médecin… algérienne sans papiers. On vous l’avait bien dit : l’immigration est une chance pour la France, voyons !

Vinciane Millereau signe une comédie qui se veut drôle et sociale, mais qui tourne vite à la propagande progressiste. Chaque scène du film déroule le catéchisme téléguidé du monde merveilleux de l’inclusion, de la diversité, de l’écologie et du matriarcat. Le message est limpide : « Regardez comme nous avons progressé ! »

Brainwashing progressiste

Le couple de 1958, caricaturé jusqu’au ridicule, sert de repoussoir. En ligne de mire: les nostalgiques, les conservateurs, les fans de Philippe de Villiers, les « ploucs » attachés à leurs racines ou à l’art de vivre à la française, ceux qui regrettent la France d’avant la mondialisation, d’avant l’immigration incontrôlée, d’avant l’ensauvagement impuni, d’avant l’islamisation rampante de la société. Tous sont dépeints à travers Michel, le beauf.

L’une des scènes les plus révélatrices de ce brainwashing progressiste est celle du mariage « inclusif » de fifille. Devant une assemblée en grande partie non-binaire, tatouée, aux cheveux bleus, discrimination positive oblige, Michel, désormais bien rééduqué, se repent : il demande pardon à sa fille et à ses convives d’avoir été un « vieux con ». Un « con » qu’il faut bien sûr comprendre comme conservateur, symbole d’une France ringarde, rétrograde, forcément fascisante.

Le film ne rit pas avec les réacs : il rit d’eux. Et c’est toute la différence entre la satire et le projet de rééduquer les consciences. On aurait aimé retrouver le brio des Visiteurs ou l’irrévérence des Inconnus. Mais n’est pas Jean-Marie Poiré qui veut : la fantaisie réelle et l’imprévisibilité de ses films manquent ici cruellement.


https://www.youtube.com/watch?v=8ZBhVMOZY_A

La peur du peuple, dernier programme politique à la mode

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Le ministre de l'Intérieur Laurent Nunez et le ministre de la Justice Gérald Darmanin à Matignon, 13 octobre 2025 © ALAIN JOCARD-Pool/SIPA

Pendant que M. Nuñez s’emmêle dans les chiffres des clandestins, la France, elle, compte ses désillusions. À l’Assemblée, les députés tentent de s’entendre pour que le gouvernement ne tombe pas, et empêcher des législatives précipitées fatales. Ce monde faux a raison de craindre les « extrêmes », estime notre chroniqueur.


La classe politique flageolante n’a qu’une peur : être « débordée par les extrêmes ». Les « extrêmes » sont, aux yeux de ceux qui s’accrochent au pouvoir, ces Français qui fuient la sociale démocratie naufragée et le centrisme immobile, pour rejoindre majoritairement le courant national.

Manœuvres parlementaires dilatoires, immigration incontrôlée, tax force à l’Assemblée…

Le théâtre politicien va consister, cette semaine, à tenter d’éviter, par des compromis parlementaires, le recours à la censure du gouvernement qui appellerait à des législatives trop risquées. C’est dans cette époque en sursis qu’il faut comprendre les manœuvres dilatoires des députés, mais aussi les recours ultimes aux mensonges et censures venus du gouvernement et des autorités publiques. Invité le 20 octobre sur LCI, le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez assurait ainsi devant Darius Rochebin, à propos des clandestins: « Je ne veux pas donner de chiffres pour ne pas nourrir la polémique ». Il situait néanmoins le nombre « entre 200 000 et 300 000 ». Le mercredi, pressé par Sonia Mabrouk sur Europe 1, Nuñez concédait 700 000 sans-papiers, dont 466 000 bénéficiaires des aides médicales gratuites (AME).

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Le soir-même, sur LCI, Bruno Retailleau, son prédécesseur, déclarait: « Il y a près d’un million de clandestins en France ». Or cette dissimulation d’une réalité dit la corruption intellectuelle de l’actuel ministre de l’Intérieur, qui assure également: « Entre immigration et insécurité, je n’établis pas de liens ». Mais les faits sont têtus: deux des quatre cambrioleurs du Louvre, arrêtés samedi soir via la Seine-Saint-Denis, s’apprêtaient à rejoindre l’Algérie et le Mali. Ces mensonges d’Etat persistent à prendre les gens pour des imbéciles. Ces procédés sont aussi improductifs que la dernière décision de la commission paritaire des publications et agences de presse, qui a retiré l’agrément public pour la revue de droite La Furia, de Laurent Obertone, la privant de certaines facilités. France Soir, trop persifleur, a déjà subi ce même traitement proche de la censure.

Système en vase clos

La bêtise est ce qui ressort de cette caste aux abois. Elle ne produit rien, sinon toujours plus de défiance. L’exposition, sur la délicate Place Vendôme, d’une énorme grenouille gonflable, cul en l’air, est aussi le résultat de ce système en vase clos, qui s’autoprotège et s’autocongratule. Sur les panneaux expliquant le message d’Alex Da Corte, le « créateur » de cette laideur verte, il est écrit : « L’œuvre incarne l’intérêt de l’artiste pour la manière dont les icônes culturelles absorbent et révèlent nos angoisses collectives ». Inutile de préciser que ceux qui voient dans ce baratin pompeux un foutage de gueule supplémentaire font partie, pour la pensée mondaine, de ces « extrêmes » qu’il s’agit de faire taire.

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Le ridicule peut tuer

Mais ce monde faux touche à sa fin tant il est ridicule. La Justice aurait-elle perçue l’irritation de l’opinion ? En ayant condamné vendredi la meurtrière de Lola, 12 ans, à une peine de perpétuité incompressible, la Cour d’Assises de Paris ne s’est pas laissée aller à la victimisation de Dahbia Benkired, Algérienne sous OQTF au passé tortueux. Lors de son arrestation en 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait pourtant expliqué (RTL, 18 octobre) que l’accusée était « manifestement connue comme victime de violences conjugales en 2018 ». Serait-ce la fin de la culture de l’excuse ?

Journal d'un paria: Journal d'un paria suivi de Bloc-notes 2020-21

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Trump, Maduro et la «sorcière de la CIA»

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La dirigeante de l’opposition, María Corina Machado, lors d'un rassemblement de protestation dans les rues de Caracas, au Venezuela, 9 janvier 2025 © Jimmy Villalta/ZUMA/SIPA

En s’affranchissant des considérations légales habituelles, le président américain multiplie les opérations antidrogue au large du Venezuela. Vendredi, le porte-avions USS Gerald R. Ford a été déployé sur zone, accentuant la panique du régime de Nicolás Maduro à Caracas. Récit.


Et si les Vénézuéliens accueillaient chaleureusement un jour une intervention de la CIA, les libérant enfin de la dictature bolivarienne ? À en juger d’après sa muflerie contre la dirigeante de l’opposition, María Corina Machado, prix Nobel de la Paix 2025, toute la gauche latino-américaine ferait alors la gueule…

Alors que les États-Unis déploient une force navale et aérienne impressionnante près des côtes vénézuéliennes, de nombreux experts redoutent le retour des heures sombres où la CIA renversait les régimes d’Amérique latine. De gauche, en général, comme celui qui sévit à Caracas depuis 1999, du reste.

Manque de courtoisie

Les présidents du Mexique, du Brésil et de la Colombie ont refusé de féliciter María Corina Machado pour son prix Nobel. Non seulement est-elle de droite, mais elle plaide en outre pour une intervention armée américaine contre le régime du dictateur Nicolás Maduro.

Claudia Sheinbaum, Luiz Inácio Lula da Silva et Gustavo Petro n’ont pas su surmonter leurs réflexes partisans : silence brésilien embarrassé pour Lula, sermons mexicains sur la non-ingérence pour Mme Sheinbaum, et accusations colombiennes de « pro-israélisme » pour M. Petro.

Plus minable encore peut-être, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a eu, lui, recours à un mensonge pour snober la Dame de fer de Caracas. Il a affirmé ne jamais féliciter les gagnants de prix Nobel, avant que la presse espagnole ne retrouve quatre cas de félicitations publiques prouvant le contraire. Mais il est vrai que Sanchez dirige une coalition gouvernementale de gauche où les soutiens à Maduro sont nombreux…

Ce manque de courtoisie envers María Corina Machado revient à soutenir une dictature qui a poussé huit millions de Vénézuéliens (sur une population d’environ vingt-huit millions) à fuir la pauvreté, la faim et la répression à la cubaine. Des fraudes électorales répétées entretiennent l’illusion que le peuple soutient le régime.

Sous feu le colonel putschiste Hugo Chávez, très apprécié en France par Jean-Luc Mélenchon, et son successeur Maduro, le Venezuela, jadis raisonnablement prospère et démocratique, s’est tiers-mondisé à une vitesse vertigineuse.

Au pouvoir depuis 2013, Maduro se sent aujourd’hui menacé. Les Américains, en possibles tours de chauffe pour une invasion, pourtant peu probable, ont anéanti au moins quatre embarcations vénézuéliennes censées transporter de la drogue, tuant une vingtaine de personnes en dehors de tout cadre légal. Le président Donald Trump a fanfaronné : « Les États-Unis contrôlent désormais les eaux territoriales du Venezuela », laissant entendre que le terrain serait prêt pour d’éventuelles opérations « clandestines » sur le sol vénézuélien.

María Corina Machado trouve que l’état de délabrement de son pays et sa cubanisation galopante justifient une intervention étrangère. Et elle a d’ailleurs dédié son prix Nobel, annoncé le 10 octobre à Oslo, à Donald Trump, qui le convoitait aussi et se montrait mauvais perdant…

Décidément, la pasionaria vénézuelienne âgée de 58 ans, vivant dans la clandestinité, fait tout pour s’attirer les foudres de la gauche continentale. L’Argentin Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980, l’a publiquement fustigée dans une lettre ouverte. « Pourquoi avoir réclamé une intervention américaine ? », lui a-t-il reproché, allant jusqu’à qualifier le Venezuela de « démocratie avec ses bons et ses mauvais côtés »… Surprenant, de la part de quelqu’un qui a connu les geôles argentines après le coup d’État militaire de 1976. Au Venezuela, des opposants « disparaissent » aussi : le pays compterait quelque 1200 prisonniers politiques, selon une estimation d’Index on Censorship. Dans sa philippique, le Nobel argentin ne les juge-t-il pas dignes de compassion ? Faut-il donc distinguer les bons des mauvais persécutés ?

50 millions de dollars

Maduro, sur la tête duquel Washington a mis un prix de 50 millions de dollars, ne manque jamais de rappeler les méfaits de la CIA sur le continent. Comme au Chili en 1973, où une junte militaire renversa le régime de gauche du président Salvador Allende auquel Maduro aime tant se comparer. La CIA avait certainement tout fait pour subvertir Allende, mais des Chiliens n’avaient pas besoin d’elle pour craindre que leur président ne mène leur pays vers un sort qui serait bien plus tard celui du… Venezuela. Surtout après la visite de Fidel Castro en 1971, venu s’assurer que le Chili progressait « suffisamment » vers le socialisme. Une large partie de la population approuva donc le putsch d’Augusto Pinochet.

Maduro craint de subir le même sort qu’Allende, qui ne fut d’ailleurs pas un dictateur. Il ne daigna pas prononcer le nom de sa Némésis le jour où le Nobel lui fut attribué, donnant libre cours à son délire verbal habituel contre « la sorcière diabolique ». Le président cubain Miguel Díaz-Canel le soutenait, bien sûr, se scandalisant que « quelqu’un qui incite à une intervention armée » puisse être récompensé par un prix aussi prestigieux.

Les Cubains peuvent pourtant regretter que l’invasion de la Baie des Cochons, organisée par la CIA en 1961 avec des exilés cubains, ait échoué : la dictature castriste en sortit renforcée. Au Nicaragua aussi, la CIA échoua à renverser le régime sandiniste, l’une des pires dictatures du continent.

Le rôle exact de l’agence américaine dans les tentatives, souvent dérisoires, de rébellion au Venezuela reste incertain. Est-ce qu’un jour « Maria Corina » fera son entrée au palais présidentiel de Caracas tandis que Maduro fera la sienne dans une prison aux États-Unis ? Si cela devait se produire, la gauche latino-américaine maudirait sans doute la « sorcière de la CIA » et pleurerait le sort de son président « bien-aimé »…