Accueil Édition Abonné Pierre Gentillet contre les zadistes

Pierre Gentillet contre les zadistes

« Qu’il dégage ! » réclament les militants de gauche contre le prof de droit contractuel de Paris- 1


Pierre Gentillet contre les zadistes
Pierre Gentillet. DR.

Des étudiants veulent virer l’avocat Pierre Gentillet de la Sorbonne, l’accusant d’être trop à droite pour eux.


Le pluralisme n’a jamais été la spécialité des amphithéâtres militants. De Sylviane Agacinski à Bordeaux à François Hollande à Lille, on se souvient que plusieurs conférences ont été annulées ces dernières années sous la pression de groupuscules d’extrême gauche. Leur méthode est rodée : empêcher de parler quiconque ne porte pas le tampon « antifasciste ». Mais depuis l’affaire Gentillet à Paris 1, la censure franchit un palier : il ne s’agit plus seulement d’interdire la parole des invités, mais aussi de chasser ceux qui enseignent.

À la Sorbonne, la chasse aux « profs réacs » est ouverte. Avocat, ancien chroniqueur de CNews, et professeur contractuel en droit depuis huit ans, Pierre Gentillet est accusé par Révolution Permanente d’être un « ex-candidat RN » et le « fondateur de la Cocarde Étudiante ». L’article, publié le 22 octobre, a déclenché l’habituelle curée numérique: relais syndical du groupe Alternative, appels au renvoi, injures, menaces. Bref, l’arsenal complet du lynchage moral. Le verdict militant est sans appel : « Qu’il dégage ! ».

La faute ? Il est de droite !!

Que reproche-t-on à Pierre Gentillet ? D’avoir fondé, en 2015, un syndicat étudiant souverainiste, d’avoir pris position dans les années 2010 sur la Syrie et la Russie comme le faisaient à l’époque Jean-Pierre Chevènement ou Jean Lassalle, et d’avoir osé se présenter en 2024 sous l’étiquette du Rassemblement national dans le Cher, où il avait frôlé la victoire. Rien de plus. Aucun incident en cours, aucune plainte d’étudiant, aucune dérive pédagogique. Seulement un délit d’opinion, donc.

A lire aussi: Laurence Bloch demande à Radio France de «rattraper» les ploucs et autres culs-terreux…

L’avocat s’est fait connaître dans les médias durant la crise du Covid par ses critiques du passe vaccinal et du pouvoir excessif du Conseil constitutionnel. C’est d’ailleurs ce dernier point qui lui valut d’être cité dans une vidéo sans nuance de l’inquisiteur télévisuel Clément Viktorovitch (moraliste qui s’est fait connaitre, ironie du sort, lui aussi sur CNews) intitulée TUTO : comment reconnaître le FASCISME [1]. Le « détecteur de ficelles rhétoriques » y voyait en effet un « fasciste en cravate », l’élégance constituant sûrement une circonstance aggravante. La vidéo, d’une pauvreté confondante, aura mis près d’un an à être recyclée par Révolution Permanente

Depuis, la machine s’emballe : réseaux en feu, menace sur la reconduction de son contrat. « Je ne me fais pas d’illusions », confiait-il au Journal du Dimanche. « On m’écartera poliment, comme on éteint une lampe qu’on juge inutile. » Il se défend pourtant d’avoir confondu ses cours avec des meetings : « Jamais je n’ai mêlé mes convictions à mes cours, j’ai toujours respecté la diversité des opinions et encouragé la réflexion libre ».

Quand l’extrême gauche s’attaque aux précaires

Ironie du sort : l’extrême gauche, d’ordinaire si prompte à défendre les travailleurs précaires, s’en prend ici à l’un d’eux. Pierre Gentillet, simple contractuel, a dû demander la protection fonctionnelle prévue pour tout agent menacé dans l’exercice de ses fonctions. L’Université, prudente, se tait. Les « révolutionnaires inclusifs » triomphent : leur militantisme a trouvé une nouvelle cible, et cette fois dans la maison même du savoir.

Pourtant, les soutiens affluent. Anciens membres de la Cocarde, élus du RN, Marion Maréchal évidemment, mais aussi des voix inattendues : Jean-Éric Branaa, spécialiste des Etats-Unis peu suspect de sympathies trumpistes, et Patrick Weil, spécialiste reconnu de l’immigration, se sont indignés publiquement de cette cabale. Aucun communiqué syndical n’a d’ailleurs pu produire la moindre preuve de faute professionnelle lors des cours donnés par Gentillet.

De l’épuration à la fabrique du symbole

Au fond, Pierre Gentillet ne paie pas ses opinions, mais le droit d’en avoir. Sa mise au pilori illustre la dérive d’une université transformée en zone à défendre intellectuelle, où l’on trie les enseignants selon leur conformité idéologique. La fébrilité qui gagne désormais les rangs militants en dit long. Même certains journalistes du média ultra-spécialisé StreetPress parlent d’une « non-affaire[2] »…

Trop tard : la tentative d’épuration a déjà produit son effet paradoxal. En voulant chasser un professeur, les gardes rouges de la bien-pensance ont fabriqué un symbole. Et Pierre Gentillet, avocat, enseignant et citoyen engagé, incarne désormais un peu plus que sa propre cause : celle d’une liberté académique que l’on redécouvre, comme souvent, au moment où l’on tente de l’étouffer.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=XVySCg0o84s

[2] https://x.com/joweisz/status/1982732580857262525




Article précédent Danse: les chefs-d’œuvre de Martha Graham à Paris
Article suivant Wilders: le syndrome du vilain petit canard

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération