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L’Oncle Sam, champion de l’islam?

Dans les États-Unis de Joe Biden, on peut trouver une représentante voilée au Sénat. Grâce à cette ancienne réfugiée somalienne (la Démocrate Ilhan Omar), le pays phare du capitalisme et du libéralisme est en pointe dans la lutte contre l’”islamophobie” – le Combating International Islamophobia Act est sur le point d’y être voté. Selon Driss Ghali, le capitalisme se croit malin en faisant une alliance de circonstance avec l’islam. À court terme, les Américains pourront nuire aux Chinois et aux Birmans en les taxant d’islamophobie. Mais ils ne voient pas qu’ils sont en passe de sortir de l’histoire, alors que la civilisation islamique est spirituellement très forte.


La vie est une affaire de symboles, ils nous rappellent qu’il existe une dimension invisible à laquelle il convient de se connecter de temps en temps. 

Chaque symbole est un point d’accès à un au-delà que nous portons tous en nous-mêmes, mais qui n’est pas immédiatement accessible à notre esprit. La simple vue d’une marque ou d’une icône éveille en nous des valeurs, des sentiments et des récits puissants. Chaque peuple a ses symboles qui lui sont propres et l’aident à accéder à « sa vérité » dissimulée au fond de son inconscient. 

L’Islam ne va pas convertir des millions d’Occidentaux, mais il devrait en séduire un nombre significatif, suffisamment pour changer à jamais le visage de l’Europe pour commencer…

Quand on pense aux États-Unis on pense à l’aigle à tête blanche qui trône sur le billet d’un dollar, entre autres symboles attachés à la civilisation américaine. On ne pense assurément pas au voile islamique. Pourtant, le Congrès américain compte désormais une députée voilée, une ancienne réfugiée somalienne élue du Minnesota, la démocrate Ilhan Omar. L’image est saisissante, une femme voilée représente désormais le peuple américain, participe à la rédaction de ses lois et à l’exercice de sa souveraineté.

Les États-Unis de Joe Biden à la pointe de la lutte contre l’”islamophobie”

Cet événement n’a pas échappé à une députée républicaine du Colorado, Lauren Boebert, qui n’a pas su malheureusement en faire un usage utile. En novembre dernier, elle a été filmée en train de se moquer de l’accoutrement de sa collègue musulmane, qu’elle a assimilée à une menace terroriste. La blague est de mauvais goût certes, le propos est excessif bien sûr, mais le symbole demeure : l’islam est présent au cœur du pouvoir américain ; l’islam est désormais chez lui aux États-Unis.

Mieux encore, la députée voilée a réussi à faire voter le 14 décembre dernier un projet de loi enjoignant au Département d’État de lutter contre l’islamophobie aux quatre coins du monde. Le Combating International Islamophobia Act a déjà reçu l’approbation du bureau du président et n’attend que le feu vert du Sénat pour entrer en vigueur. Il fera des États-Unis un nouvel allié de l’islam. Un tournant historique malheureusement passé sous silence par le renoncement des journalistes à parler d’autre chose que de la pandémie.

Cette prouesse islamique n’a été accompagnée d’aucun effort ni d’aucune contrepartie. Ceux qui attendent des excuses pour le 11-Septembre ou bien un aggiornamento de la doctrine musulmane devront patienter, l’islam n’ayant pas ouvert de dialogue avec l’Occident et n’ayant aucune envie de le faire. 

Désormais, faire des courbettes au monde islamique fait partie du kit du « politiquement correct » tout comme l’adhésion à la théorie du genre ou au mouvement gangster Black Lives Matter. 

Une telle évolution aurait été inimaginable il y a tout juste vingt ans.  Que s’est-il donc passé ? 

Le 11-Septembre est passé par là

L’Amérique est tombée sur un adversaire bien plus coriace que le communisme. 

L’islam est autre chose qu’une construction artificielle qui feint de venir en aide aux pauvres et aux déshérités. L’islam est une hyper-puissance qui, avec quelques bouts de chandelle, a réussi à vaincre les meilleures armées du monde en Somalie, en Irak et en Afghanistan. Entendu comme une civilisation, l’islam est autiste, il ne veut rien savoir des charmes de la modernité ou du développement qui finissent inéluctablement par ramollir les individus, à commencer par les hommes, en les rendant trop disciplinés et excessivement doux. L’islam n’interfère pas dans la personnalité de l’individu, il lui confère des limites certes, mais n’en fait pas un sujet docile du capitalisme programmé pour obéir et subir. En ce sens, l’islam est supérieur à l’Occident, il est préparé à la guerre, alors que l’Occident est taillé sur mesure pour la paix, l’indispensable auxiliaire du commerce et de l’industrie. Pour le dire autrement, l’islam forme des hommes d’action, l’Occident réplique à l’infini des hommes d’études et de production. Le genre d’hommes que l’Occident aime fabriquer est vite impressionné par la violence brute. Il se laisse vite désarçonner par le don spontané et facile de la vie pour une cause incertaine comme le jihad. Le 11-Septembre et tous les attentats qui l’ont suivi ont eu pour seule fonction de convaincre les Occidentaux que l’islam n’est pas un ennemi comme un autre. Alors, au lieu de le combattre, les Occidentaux se sont mis à l’aimer, comme on aime son bourreau dans le syndrome de Stockholm.

Aussi, ne devrions-nous pas prendre les terroristes pour des fous. Ils savent ce qu’ils font. C’est nous qui faisons n’importe quoi. Américains et Européens n’ont toujours pas compris que l’islamisme et le jihadisme ne sont pas des hérésies, mais de simples manifestations d’un impérialisme bien décidé à les manger tout cru. Le manifeste est clair : il suffit de lire Sayid Qutb et d’écouter Bin Laden. Ces deux-là sont tout sauf des imbéciles, ils pensent différemment de nous, mais ils pensent quand même. Avec deux fois rien, ils ont obtenu des résultats impressionnants, puisque désormais Washington, Paris et Berlin sont sous l’influence du soft power islamique. Fini le temps de la colonisation où Laurence d’Arabie pouvait prendre les musulmans pour des idiots. De nos jours, ce sont les Occidentaux qui sont les dindons de la farce que le monde islamique fait tourner en bourrique.

Dire cela n’est pas faire preuve d’islamophobie, c’est dire la vérité. Respecter l’islam, c’est cesser de le tutoyer et de le materner. On ne traite pas un géant de l’histoire comme un incapable qui a besoin d’aide. Il s’agit d’une super-puissance qui dispose d’un ingrédient que l’Occident a perdu il y a longtemps : le souffle divin. L’Occident peut disparaître, l’islam lui traverse les âges, moribond sur le plan matériel mais plein de vie sur le plan spirituel. 

À court terme, les Américains pourront nuire aux Chinois et aux Birmans en les traitant d’islamophobes. Ces deux grandes civilisations savent faire, elles ont inventé des défenses immunitaires contre l’islam. L’Occident, lui, est absolument démuni. Après avoir abandonné sa religion et sa spiritualité, il est devenu une grande réserve de naïfs prospères qui sont sortis de l’histoire sans s’en rendre compte. Une terre de mission en somme où l’islam a plus d’une corde à son arc. Il apporte des solutions éprouvées à des questions essentielles, tandis que le Vatican et les bureaucraties religieuses occidentales se barricadent derrière leur autisme et leurs milliards de dollars. L’islam ne va pas convertir des millions d’Occidentaux, mais il devrait en séduire un nombre significatif, suffisamment pour changer à jamais le visage de l’Europe pour commencer. Le capitalisme se croit malin en faisant alliance avec l’islam. Il peut même gagner un peu d’argent en vendant des burkinis ou des maillots de football en marge de la Coupe du monde au Qatar. Mais, à la longue, il perdra son principal moteur qui est la liberté de broyer le sacré. L’islam va imposer des limites à son attaque mortelle contre la famille et le patriarcat. On verra alors qui de Nike ou de l’islam aura le dernier mot ? En attendant, les Américains jouent avec le feu, et les Européens les observent les yeux écarquillés. À croire qu’il y aurait quelque chose de l’ordre de la volonté divine dans cette soumission progressive du monde occidental ? Allez savoir…

Absentéisme, vous avez dit absentéisme?

Dans la nuit de lundi à mardi, les députés se sont prononcés en défaveur d’une prolongation des débats sur le passe vaccinal, retardant son adoption. Les députés LREM n’étaient plus assez nombreux dans l’hémicycle [1]. Mais c’est l’absentéisme des professeurs que l’exécutif redoute ou fustige.


Je ne voudrais pas avoir l’air de pinailler, en ce début de nouvelle année, mais les mots ont un sens. Avez-vous remarqué, dans les médias, l’apparition du mot « absentéisme » ?  

Il s’est généralisé en quelques jours avec la même vitesse surprenante que le variant Omicron s’est mis à contaminer des centaines de milliers de Français quotidiennement. D’ailleurs, les deux ne sont pas sans rapport. Pour l’instant, il paraitrait en effet que si le variant Omicron tue moins, il rend tout de même malade à l’occasion et qu’il est aussi contagieux et envahissant que les thèmes de l’immigration dans un discours d’Eric Zemmour : il supplante tous les autres sujets.

Le vote du passe sanitaire empêché à l’Assemblée nationale lundi soir

Or, quand des centaines de milliers de français sont contaminés, même si seule une petite partie d’entre eux développe des symptômes ou est obligée de s’isoler, cette petite partie, même très petite, ça commence à chiffrer au bout du compte. Au point qu’une des craintes du gouvernement est que l’économie connaisse un ralentissement ou une désorganisation, voire une paralysie, notamment dans les transports ou l’éducation. 

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Ce serait ballot tout de même puisque la stratégie de Macron est précisément de laisser circuler le virus pour que l’économie ne soit pas… paralysée. Pour résoudre ce paradoxe, le gouvernement va vite, très vite, tellement vite qu’il en oublie de mobiliser les députés de sa majorité le soir d’un vote capital sur la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal et que dans un sursaut d’orgueil, les oppositions se retrouvant ponctuellement majoritaires, décident d’interrompre la séance à minuit. Il faut dire que l’Assemblée nationale en Macronie, c’est à peine une chambre d’enregistrement. Les ministres passent faire coucou pour dire ce qu’ils ont décidé de faire et comme les députés macronistes, dont on se souviendra qu’un certain nombre ont été recrutés par petites annonces en 2017, n’ont à peu près aucune idée de leur rôle, ils disent oui à tout, le petit doigt sur la couture du pantalon et ils votent là où on leur dit de voter.

Castaner et Attal fort marris

C’est sans doute l’idée que se fait Macron de la démocratie et de l’équilibre entre l’exécutif et le législatif. On ne peut pas lui en vouloir. Quand on a une constitution comme la Vème République, où tous les pouvoirs sont dans les mains du président qui ne risque même plus une cohabitation depuis la mise en place du quinquennat, pourquoi s’embêter ? Mais c’est une autre histoire.

A lire aussi: Comment les professeurs apprennent à désapprendre 

Encore que. Christophe Castaner, chef des godillots de LREM et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes et à l’absentéisme (nous y voilà !) de leurs députés. Parce que quand on n’est pas là quand on a besoin de vous parce que vous buviez un coup à la buvette ou que vous aviez préféré rentrer vous coucher, ça, précisément, c’est de l’absentéisme. 

Les paradoxes du ministre des garderies…

En revanche, quand des conducteurs de RER bondés, les profs dans des classes sans aération et surpeuplées de petites têtes blondes transformées en bombes bactériologiques, ne sont pas là parce qu’ils sont malades, ce n’est pas de l’absentéisme, c’est tout simplement de l’absence. L’absentéisme, c’est intentionnel. Alors pourquoi ce mot s’est-il imposé, avec sa connotation négative ? 

Il n’y a pas besoin de chercher bien loin : disons du côté de Blanquer, autoproclamé ministre de l’école ouverte alors qu’il n’est que le fidèle exécutant du Medef qui a besoin d’une garderie pour que les parents viennent bosser. Le mépris de Blanquer pour ses fonctionnaires est tel, par exemple quand il donne comme d’habitude par voie de presse le dimanche soir les ajustements du protocole sanitaire pour le lundi matin, qu’il en arrive tout naturellement, à parler pour les profs malades d’absentéisme, comme on le fait pour un élève buissonnier.

Ou un député LREM.


[1] Le Monde avance une explication : “Comme les débats étaient partis pour durer jusqu’au bout de la nuit, les élus macronistes s’étaient organisés pour se relayer (…) Or, à minuit, précisément le moment où ils se passaient le relais, certains qui devaient remplacer leurs collègues n’étaient pas encore arrivés ou faisaient un point sur l’avancée des débats, en dehors de l’hémicycle…”

Le scientisme, cancer des Lumières?

La foi aveugle dans le progrès peut prendre le travers de toutes les autres fois d’autrefois, et transformer l’espérance en certitude. Notre confiance dans le jusqu’au-boutisme de certains médecins ou épidémiologistes, observée lors de cette crise sanitaire, devrait nous interroger.


Le biologiste britannique Richard Dawkins dit souvent qu’il n’arrive pas à comprendre comment certains peuvent concevoir la science comme une discipline aride et désenchantée quand son premier rôle est justement de réenchanter le monde en nous délivrant les clés de sa compréhension.

Le scientisme est une escroquerie car il fait passer la science pour ce qu’elle ne sera jamais: un dogme

Comment en effet ne pas s’émerveiller devant la beauté complexe d’un flocon de neige ou de la voie lactée ? Comment ne pas perdre l’équilibre devant l’étourdissante dimension des planètes ? Ne pas frémir devant les aventures du monde microscopique ? Ne pas avoir de gratitude pour ces chercheurs et médecins dont les découvertes ont permis de sauver tant de vies ? Le mouvement des Lumières vit en la science cet outil précieux qui sortirait l’homme des ténèbres et force est de reconnaître que leur pari fut gagné. En quelques siècles, nos connaissances décuplèrent et devinrent accessibles au plus grand nombre.

Le progrès est devenu une foi

La pauvreté diminua, l’hygiène s’améliora, notre espérance de vie augmenta. Il suffit de lire Le Triomphe des Lumières du philosophe canadien Stephen Pinker pour s’en convaincre : les statistiques montrent clairement que l’humanité fit un bon en avant dès que la science et la raison commencèrent à servir de boussoles à nos sociétés. La science nous permit et nous permet encore d’appréhender le réel avec exigence et curiosité. C’est une ode sans fin à la vérité. Elle nous sauva maintes fois de nos superstitions meurtrières et nous offrit l’opportunité d’exaucer certains de nos rêves les plus fous. Combien d’enfants rêvent encore de devenir astronaute, de piloter un avion ou de construire un gratte-ciel ? 

À lire aussi, Martin Blachier: «Vaccinez les vieux, laissez vivre les jeunes!»

L’homme ayant malheureusement la sale manie de fanatiser ses meilleures idées, tout émerveillement peut tourner à la dévotion. La foi dans le progrès prit vite le travers de toutes les autres fois en transformant l’espérance en certitude. Le progrès devint un mot galvaudé et estampillé sur toute forme de nouveauté quelle qu’elle fût. Nos philosophes des Lumières vivaient à une époque où il eut été impensable qu’un jour l’Église ne soit plus l’institution la plus influente. Ainsi, ils sous-estimèrent ce défaut incorrigible de l’homme que nous connaissons mieux dorénavant : cet art de faire une religion de tout ce qui nous rassure. Pour peu que la science arrive un jour à éclairer le monde, il y en aurait toujours quelques uns pour organiser leur vie autour d’elle au point d’en faire une doctrine sectaire.

Science sans conscience…

La science est pourtant faite de doutes et de contradictions. Le débat scientifique ne se nourrit pas de consensus. La science est faite de curiosité et d’interrogations. Ceux qui cherchent dans la science un réconfort ou un confort intellectuel se trompent.

Jamais les philosophes des Lumières n’auraient proposé d’étendre la méthode scientifique aux domaines de notre vie qui relèvent d’autres disciplines : la morale, le social, la politique, les arts… Mais il est impossible de prévoir les conséquences des époques troubles. Un homme apeuré se précipite inévitablement dans les bras de quiconque lui inspirera confiance : un roi, un pape, un général et, il faut croire, un épidémiologiste aussi.

Plus d’une fois la science s’est rangée du côté obscur de nos passions et nous savons tous ce qui arrive à une science sans conscience. La science n’a pas réponse à tout pour la simple raison qu’elle est objective et que nos vies sont faites de choix subjectifs. Faire appel à la science sur des questions éthiques n’est pas une dérive de la raison : c’est une démarche qui n’a rien de rationnel. Tout comme n’a rien de rationnel l’hygiénisme intégriste de nos sociétés terrifiées par le risque. Il nous faut urgemment interroger cette nouvelle tendance à remettre en question les fondements de nos civilisations dès qu’une épidémie nous renvoie à notre propre mortalité. 

À lire aussi: En Espagne, « l’esprit madrilène » résiste au sanitarisme

Au siècle de la technologie régnante, nous serons toujours plus assaillis par de nouvelles utopies. Or, toute utopie contient en elle le germe d’une tentation totalitaire. Qu’on ne s’y trompe pas, le transhumanisme, mouvement prônant le dépassement des limites naturelles du vivant grâce à l’intelligence artificielle et les biotechnologies, est une utopie potentiellement totalitaire. L’hygiénisme est une utopie potentiellement totalitaire. Dans le monde des idées, la notion de pureté est toujours un signal d’alarme. 

Exclure une partie de la population des lieux de la vie quotidienne sur simple suspicion d’une possible contamination assoit le triomphe actuel de ce scientisme ravageur qui humilie la pensée scientifique en la caricaturant à l’extrême. De la même manière et n’en déplaise à certains, considérer un vaccin comme une solution magique, c’est insulter la vaccination, ses exigences et ses limites. Considérer une personne en bonne santé comme potentiellement malade, c’est peut-être rendre hommage malgré soi au génie de Molière et de Jules Romains, mais c’est insulter la médecine.

Le scientisme est une escroquerie car il fait passer la science pour ce qu’elle ne sera jamais : un dogme. Un dogme binaire et simpliste, à l’abri de toute critique. La science ne mérite certainement pas ce détournement grotesque de ses facultés. Nous lui devons mieux que ça.

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Causeur: Sarkozy présumé coupable

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Découvrez le sommaire de notre numéro de janvier


« Présumé coupable ! » En France, nous supposons que tout accusé bénéficie de la présomption d’innocence, qui est une des pierres angulaires de l’Etat de droit. Pourtant, le procès contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire de l’argent libyen semble démontrer que cette supposition est pour le moins hâtive. Après une décennie d’acharnement judiciaire – et médiatique – contre l’ancien président de la République, le dossier à charge reste étonnamment vide. Qu’Edwy Plenel, suivi par d’autres journalistes, s’évertue à faire mordre à M. Sarkozy la poussière du désert libyen en  prétendant démontrer que sa campagne de 2007 a été financée par les millions de Mouammar Kadhafi, c’est déjà assez troublant. Que certains magistrats fassent de même, il y a de quoi nous faire douter de notre démocratie.

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Comme l’écrit Élisabeth Lévy dans son introduction à notre dossier : « dans ces conditions, le pouvoir grandissant des juges a de quoi inquiéter. » Dans une enquête minutieuse, Erwan Seznec, qui s’est plongé dans les milliers de pages des procès-verbaux de l’instruction, nous révèle que les millions de Kadhafi restent introuvables, tandis que la campagne victorieuse de Sarko n’avait nullement besoin de sommes aussi pharamineuses. Bref, il s’agit d’un crime sans cadavre et sans mobile. Ceux qui s’acharnent contre lui prétendent moraliser notre démocratie : ils font plutôt le contraire.

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Dans son édito, Élisabeth Lévy considère le cas de la ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre  les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », qui s’est présentée aux députés comme étant « en charge des questions LGBTQIA+ ». Élisabeth Moreno, ayant insisté pour faire partie des contradicteurs de Zemmour dans « Face à Baba », a accusé le candidat à la présidentielle de sexisme, avant de se fendre, au sujet des enfants dits « transgenres », de cette perle de sagesse absurde : « Les gens sont ce qu’ils ressentent ! » Commentaire de notre directrice de rédaction : c’est « le cœur caché de l’idéologie woke : chacun est ce qui lui plaît, tout le monde étant prié d’afficher le plus grand respect pour les bizarreries individuelles. » Dans un entretien, Martin Blachier, médecin de santé publique et épidémiologiste, se confiant à Élisabeth Lévy, explique qu’il est illusoire d’espérer que la stratégie du tout vaccinal arrêtera les contaminations du Covid. Pour empêcher les formes graves et donc la saturation hospitalière, il faut vacciner 100% des vieux, laisser les jeunes se contaminer et, surtout, arrêter de pourrir la vie des enfants. Cyril Bennasar réagit vigoureusement aux tombereaux de mensonges et de calomnies sous lesquels on tente d’ensevelir Éric Zemmour. Avec un peu de patience et beaucoup de bonne foi, on voit que celui-ci n’a rien de raciste ni de misogyne mais tient un discours de vérité sur l’état de la France aujourd’hui. Céline Pina salue le nouveau livre de Gilles-William Goldnadel. Son Manuel de résistance dénonce les « fascistes » d’aujourd’hui qui campent à l’extrême gauche. S’ils n’ont rien à envier à leurs ancêtres d’extrême droite en matière de haine, de violence et d’antisémitisme, ils bénéficient de l’inaltérable bienveillance des « grands » médias. Côté actu, retrouvez aussi, entre autres, Stéphane Germain sur l’inflation, Valentin Chantereau sur le nouveau gouvernement allemand, et moi-même sur l’arrivée en France du nouveau réseau social, Gettr, qui promet d’être plus fidèle au principe de la liberté d’expression que Twitter ou Facebook.

Cette année, le monde fête les 400 ans de la naissance de Molière. De même que Mallarmé écrivait de Victor Hugo, « il était le vers personnellement », on peut dire de Molière : « il était le théâtre personnellement. » Aujourd’hui, personne n’est mieux qualifié pour parler de la meilleure manière de jouer le plus grand dramaturge français – et sans doute (n’en déplaise à mes compatriotes avec leur culte de Shakespeare) mondial – que le génial comédien, Michel Fau. Interrogé par Yannis Ezziadi, il explique que Molière est par-dessus tout un artiste baroque. Son jeu devait être extravagant et éclatant, mais à notre époque il est incarné par des acteurs ennuyeux, sérieux et raisonnables. Frédéric Ferney voit l’essence du génie de Molière dans le fait qu’il n’a pas de vision du monde à faire partager : « il ne sait que regarder les hommes. » Retrouvez aussi les réflexions de Jérôme Prigent, Jean-Marie Besset et Jean Anouilh. Un autre trésor national ne semble pas être en aussi bonne santé aujourd’hui. Jonathan Siksou dévoile le projet de réaménagement de Notre-Dame-de-Paris conçu par le diocèse et qui a reçu un premier avis favorable de la Commission du patrimoine. Il s’agit notamment de remiser mobilier et œuvres d’art du XIXe siècle pour faire entrer le street art et des projections lumineuses multilingues sous les voûtes de la cathédrale. L’art et la spiritualité sont aussi malmenés l’un que l’autre. Notre section « Culture et humeurs » se complète avec, entre autres, Jérôme Leroy sur Suzy Solidor, Charlotte Duthoo et Nerval, Pierre Lamalattie sur la rétrospective consacrée au peintre russe, Ilya Répine, et Jean Chauvet sur les films de janvier. Faut-il dire, avec nos ancêtres paysans : « Dieu te garde d’un bon janvier » ?

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Moreno, drame de la parité

L’éditorial d’Elisabeth Lévy


On n’arrête pas le progressisme. J’ai découvert il y a peu, au hasard d’un débat parlementaire dont je me fadais la retransmission, car je ne recule devant rien pour vous informer, que le gouvernement français comportait une ministre « en charge des questions LGBTQIA+ ». C’est ainsi qu’Élisabeth Moreno, officiellement ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », s’est présentée aux députés, ajoutant que l’action du gouvernement était guidée par « la volonté de tisser la toile d’une société plus protectrice ». Je l’avoue, cette toile, qui évoque furieusement celle des araignées ligotant le moucheron avant de la dévorer, m’a fichu une peur bleue. À part ça, j’aimerais savoir qui s’occupe des droits des plantes, des pierres et des animaux mais je m’égare.

Madame Moreno n’est pas seulement la ministre des droits, ce serait trop modeste, elle est la ministre du « droit aux droits », intransitivité au carré imaginée par Muray. Autrement dit, elle se comporte comme l’ambassadrice auprès du gouvernement des minorités hargneuses qui réclament à cor et à cri que leurs souffrances intimes et leurs désirs impérieux fassent l’objet d’une reconnaissance institutionnelle et des réparations afférentes. Ainsi, il ne suffit pas que la loi autorise les adultes à changer de sexe, il faut aussi que ce changement soit érigé en norme anthropologique. En effet, pas question de considérer que la discordance entre le sexe de naissance et le genre « ressenti » (ce qu’on appelait autrefois la dysphorie de genre) relève d’une exception pathologique, ce serait stigmatisant (s’il y a souffrance, c’est peut-être qu’il y a maladie, non ?).

A ne pas manquer, notre numéro de janvier: Causeur #97: Sarkozy présumé coupable

Pas de jaloux, Élisabeth Moreno coche toutes les cases, se bat sur tous les fronts : elle est « personnellement » favorable à la GPA, dont Emmanuel Macron a promis que lui, président, elle ne serait jamais légalisée. Elle défend, toujours contre l’avis du patron, l’allongement à quatorze semaines du délai légal pour l’IVG. Elle veut imposer des quotas de femmes (et bientôt, on suppose, de représentants de la diversité) dans les instances dirigeantes des entreprises. Enfin, preuve de son âme immaculée, elle a jugé « abjecte » la une de Causeur sur le Grand Remplacement et s’est félicitée que la Dilcrah [1] l’ait signalée au procureur de la République, qui ne semble pas, à ce jour, s’en être spécialement ému.

Les Français qui n’avaient pas l’heur de connaître cette pétulante ministre (si ça se trouve, tous ne vivent pas les yeux rivés sur Twitter) ont pu combler cette lacune le 16 décembre grâce à « Face à Baba », l’émission dans laquelle Cyril Hanouna recevait Éric Zemmour en majesté. La ministre, que l’animateur appelle Élisabeth, avait absolument tenu à faire partie des contradicteurs opposés au candidat – ce qui a encore, paraît-il, encoléré le président.

Peut-être manqué-je d’objectivité, mais j’avoue avoir pensé qu’en dépit de son bon cœur ou peut-être à cause de lui, elle n’était pas vraiment au niveau. Toute cette compassion finit par empêcher de penser. Ainsi, face à un Zemmour évoquant le lobby LGBT, elle a répété plusieurs fois que ce lobby n’existait pas, visiblement incapable de comprendre la distinction entre la sexualité comme élément de la vie concrète et la sexualité comme support d’une identité politique.

C’est un échange houleux sur les « enfants transgenres » qui lui a finalement permis d’exposer sa philosophie. Alors que Zemmour affirmait, à raison me semble-t-il, qu’un enfant n’a pas à changer de sexe, elle s’est exclamée : « Les gens sont ce qu’ils ressentent ! » Cette sacralisation de la subjectivité individuelle, qui poussée à sa limite interdit l’existence même d’une collectivité, est le cœur caché de l’idéologie woke : chacun est ce qui lui plaît, tout le monde étant prié d’afficher le plus grand respect pour les bizarreries individuelles.

Le président a tort de s’énerver : avec Moreno, qui comme Christiane Taubira, quoique dans un registre moins littéraire, incarne le wokisme chic, on assiste à l’externalisation du « en même temps ». À lui, la lutte contre le séparatisme, à elle l’encouragement à toutes les sécessions sociétales.

A lire aussi: Taubira ira, ou ira pas?

Reste un point qui me chiffonne. Madame Moreno a cité, en s’étranglant de rage, un passage du dernier livre de Zemmour où il affirme que, « dans les sociétés traditionnelles, les femmes sont le but et le butin ». Selon elle, ce propos objective les femmes et revient peu ou prou à approuver les violeurs et autres cogneurs. Bien entendu, il ne s’agit nullement chez Zemmour d’une affirmation normative, mais d’une analyse des représentations et des imaginaires. Il se trouve que la prédation légalisée a heureusement et depuis longtemps disparu de nos sociétés. Cependant, jusque-là, les jeux de l’amour et de la séduction avaient conservé l’empreinte inconsciente de cet antique partage des rôles auquel nul n’est contraint de se conformer : il y a des femmes chasseresses et c’est très bien.

Que, dans le registre des fantasmes et des imaginaires, la femme reste souvent la proie et l’homme le chasseur ne signifie évidemment pas qu’il ait le droit de la contraindre, mais que c’est elle qui est précieuse, de sorte que, pour la conquérir, il ne faut plus faire usage de la force mais déployer des trésors de gracieusetés. Les hommes ne chassent plus avec leurs poings ou leurs fusils, mais à coups de bouquets de fleurs et de déclarations langoureuses. Dans ces conditions, j’avoue, au risque d’être ligotée pour mon bien dans une toile protectrice : entre adultes consentants, il est bien agréable d’être le but et le butin.


[1] Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.

Bilger, pas fanatique de la notion de parité…

Le féminisme au détail comme le masculinisme !


Je sais qu’on risque le pire si on ne se déclare pas fanatique de la notion de parité. Pour ma part, elle m’a toujours gêné non pas à cause d’une quelconque misogynie mais au contraire parce qu’elle prétend apposer sur l’immense champ des possibles, des virtualités, des dons et des compétences un quadrillage qui mécaniquement proposerait une approche quantitative au lieu d’une appréciation qualitative.

La parité, c’est pas perdu pour tout le monde…

Un exemple gouvernemental m’est apparu très signifiant parce qu’il a montré à quel point le dogme était l’ennemi du bon sens. François Hollande président, on nomme par raccroc Christiane Taubira garde des Sceaux parce qu’elle était une femme et qu’il convenait d’avoir une égalité parfaite dans le gouvernement entre les hommes et les femmes. La conséquence de ce choix calamiteux est qu’on s’est privé d’un homme, André Vallini, à qui le poste avait été promis et qui aurait été fait pour lui.

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Christiane Taubira, 2015. Sipa. Numéro de reportage : 00733309_000019.

La parité, aussi pétrie d’humanisme qu’elle apparaisse, n’est qu’une idéologie qui force la nature et pas seulement dans un sens favorable au masculinisme. Combien de services publics, d’institutions, d’instances, de structures partisanes et de listes électorales seraient à mon sens mieux pourvus si les femmes y étaient plus nombreuses, d’abord parce qu’elles pourraient laisser espérer que la passion de l’action ne se dégraderait pas, chez elles, en vulgarité du pouvoir.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Moreno, drame de la parité

Ma réserve face à la parité assénée tel le remède miracle d’un monde déséquilibré vient principalement du fait que je n’ai jamais surestimé le masculinisme, ses capacités, son omnipotence et sa supériorité de principe. En ce sens, plus que la parité, système bêtement stéréotypé, il aurait fallu instaurer, avec d’authentiques et fiables critères de sélection, des évaluations qui auraient laissé toutes leurs chances à l’infinie diversité des caractères et des ambitions, quel que soit le sexe.

Drôle de progrès

Je ne crois pas que ressasser la phrase de Françoise Giroud selon laquelle l’égalité sera réalisée quand une femme médiocre occupera une fonction importante, soit opératoire. Combien d’hommes ou de femmes qui ne sont pas à la hauteur des missions qui leur ont été assignées vont demeurer tranquilles, sans l’ombre d’une réprobation, protégés par le système pervers français qui ne sanctionne jamais l’échec une fois qu’on est dans la boucle du pouvoir et de l’élitisme !

Il y a évidemment des épisodes, notamment politiques, dont il serait absurde de contredire l’importance. Ils révèlent que des femmes de caractère – je songe par exemple à Ségolène Royal en 2007, littéralement affaiblie par ceux qui auraient dû être ses soutiens – font encore l’objet d’un traitement discriminatoire non pas parce qu’elles seraient mauvaises mais au contraire trop bonnes.

Il y a eu une évolution insupportable entre la période où une femme qui réussissait voulait être jugée sur sa seule compétence, sans considération de son sexe, et la période actuelle où dans beaucoup de métiers on n’est pas loin de nous faire accroire, au nom d’un féminisme qui se parerait magiquement de toutes les vertus, qu’être femme suffirait pour avoir du talent.

On voulait faire oublier qu’on était une femme, maintenant on l’invoque telle une preuve. Je ne suis pas sûr que ce soit un progrès.

Féminisme au détail

Comparer sur ce plan la remarquable première femme à présider la Cour de cassation, Simone Rozès, pour laquelle il était hors de question de se prévaloir de son sexe, à nos féministes d’aujourd’hui nous fait passer du jour à la nuit. La parité est un leurre pour faire illusion : les pépites, il faut les chercher et les trouver, dans le masculinisme comme dans le féminisme.

Pour le premier, il n’y a pas beaucoup d’Alain Finkielkraut, de BHL agaçant mais nécessaire, de Fabrice Luchini, de Michel Onfray ou de Michel Bouquet. Pour le second, si on veut bien sortir de l’adhésion forcément admirative à l’égard de n’importe quels propos de femmes (intellectuelles, philosophes, actrices, chanteuses, journalistes), il y a des merveilles qui ont le plus heureux effet sur l’homme qui en bénéficie. Récemment sur France inter, j’ai écouté l’éblouissante Mona Ozouf, son intelligence lumineuse, son langage parfait. Elle a rendu Augustin Trapenard moins mièvre. À plusieurs reprises, Sylviane Agacinski m’est apparue plus impressionnante que quiconque. Yasmina Reza est toujours exceptionnelle.

Je voudrais prendre un exemple étranger, celui de la romancière américaine Anne Rice, récemment disparue et qui avait défini la mort avec cette approche incroyablement fine : « La mort. L’idée que nous puissions cesser d’exister, l’idée que nous pouvons nous retirer sans jamais savoir que nous nous évanouissons. » (Le Monde). C’est magnifique.

Pour conclure, qu’on me pardonne : je serai toujours pour le féminisme au détail, pour le masculinisme à la carte.

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Covid-19: indispensables frontières…

Et si l’Union Européenne et son idéologie libérale sans-frontièriste mortifère constituaient un facteur aggravant dans la gestion de la pandémie par nos gouvernants ? Le macronisme n’a pas été « disruptif » au point de reconnaitre les mérites des frontières dans la gestion d’une crise sanitaire. Au détriment des Français.


Comme un air de déjà-vu pour une crise sans fin ? Nouvelle cacophonie gouvernementale en cette rentrée 2022 avec une totale illisibilité sur les mesures et recommandations concernant les cas contacts, les durées d’isolement, le télétravail, les jauges maximales des rassemblements publics pour la vie politique… et la vie culturelle et sociale – avec de surprenantes nuances et différences de traitement qui n’ont pas fini d’alimenter les polémiques. Et bien sûr des débats enflammés au Parlement concernant la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal.   

Grosse lassitude

Toujours est-il que les énièmes mesures (mesurettes ?) de restriction annoncées lundi 27 décembre par le Premier ministre à l’issue du Conseil de défense sanitaire n’avaient visiblement plus de prise sur des Français résignés et las à l’entame de cette deuxième année de gestion chaotique et irrationnelle de cette crise sanitaire.   

A lire ensuite, Sophie de Menthon: Lettre ouverte à la ministre du Travail, Madame Elisabeth Borne

On pourra tout d’abord s’étonner de la relative modération de ces nouvelles contraintes eu égard au pic de contaminations atteint quotidiennement. Près de 200 000 nouveaux cas chaque jour, du jamais vu depuis le début de l’épidémie, ce qui fait craindre à nos conjoncturistes savants et prévisionnistes professionnels un probable blocage économique du pays dans les prochains jours.

L’approche des élections présidentielles semble avoir évidemment pesé dans la balance de la mansuétude pour un président plus que jamais en campagnen, qui a intérêt à faire durer au maximum ce climat anxiogène dans le pays (avec des chiffres de décès et malades Covid exagérément gonflés ?), afin de reléguer et occulter tout autre débat de fond, sans pour autant apparaître comme le grand père fouettard que souhaiteraient voir revenir et s’installer dans la durée les lobbys « enfermistes » et « claquemuristes » du Ministère de la Santé, de l’AP-HP et du Conseil scientifique.     

Décisions de rupture ?

Il paraît intéressant et pertinent, avec le recul, de revenir sur la toute première intervention télévisée présidentielle du fameux jeudi 12 mars 2020 dans laquelle Macron nous parlait de « crise du siècle » et ânonnait à cinq reprises le désormais gimmick « nous sommes en guerre. ».

Il est grand temps de reconnaître que les beaux discours macroniens empreints de lyrisme humaniste s’avèrent complètement hors sujet et inefficaces pour faire face à ce type de crise

Dans un style grandiloquent et outré qui est devenu depuis une de ses marques de fabrique, il prit alors grand soin d’annoncer : « ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »

Mais comment peut-on sérieusement évoquer des « décisions de rupture » tout en restant dans le cadre supranational technocratique, contraint, inefficace et mortifère de l’Union Européenne qui montre chaque jour un peu plus ses limites dans la gestion de cette crise avec une absence flagrante de coordination entre ses Etats membres et le non-contrôle de ses frontières extérieures ? Une Union Européenne devenue l’un des premiers foyers de contaminations au monde et qui voit nombre de pays étrangers (notamment africains) nous inscrire à tour de rôle sur leur liste rouge d’indésirables, suprême affront !

A lire aussi, Jérôme Serri: Macron et Pécresse, c’est drapeau bleu et bleu drapeau

L’intangible dogme de l’Union relatif à la libre circulation des biens, des services et des personnes va-t-il devenir notre tombeau collectif avec comme fossoyeur en chef le couple infernal Macron-Castex ? On peut raisonnablement le penser suite à la longue série d’erreurs stratégiques et de renoncements coupables de nos élites « sachantes » et suffisantes mais au final hors-sol et œuvrant, sciemment ou non, contre le bien des peuples. N’élit-on pas un président de la République pour qu’il puisse prioritairement protéger ses nationaux en cas de conflits et de guerres ? Est-ce réellement le cas depuis deux ans ?

Le president français Emmanuel Macron visite l’hopital militaire de campagne à Mulhouse, le 25 mars 2020, au dixième jour d’un verrouillage strict en France pour arrêter la propagation de COVID-19 © CUGNOT MATHIEU-POOL/SIPA Numéro de reportage : 00952074_000001

Comment peut-on affirmer avec aplomb comme le fit Macron que « le virus n’a pas de passeport et ne connait pas les frontières » ? Quelle ineptie ! Si la situation n’était à ce point aussi dramatique, on pourrait presque s’en amuser car si le virus ne connaît pas les frontières, les malades, contaminés et autres cas-contacts, eux, ont un passeport et vivent bien à l’intérieur de frontières nationales !

La frontière comme repoussoir

Si l’on était vraiment en « temps de guerre » comme le prétendit le président, le bon sens aurait dû conduire à prendre réellement des mesures exceptionnelles, à l’instar de ce qu’ont fait dès les premiers cas apparus en Chine la plupart des pays asiatiques (Thaïlande, Corée du Sud, Vietnam, Taiwan…) : fermeture immédiate des frontières avec un strict contrôle à la clé (parfois militaire !), tolérance accordée uniquement dans le cas de la mobilité des staffs diplomatiques avec mesures renforcées de tests et de réelles quarantaines dans les aéroports. Bref, tout l’inverse de ce qui a été mis en œuvre dans les pays de l’Union…  

Un pays comme la Corée du Sud (52 millions d’habitants), pourtant limitrophe de la Chine, foyer d’origine du virus, déplore à ce jour 5 000 morts pour Covid alors que la France, à population légèrement supérieure (67 millions) approche dangereusement la barre des 125 000 ! Taiwan, 24 millions d’habitants, compterait aujourd’hui 850 décès ! L’écart avec les pays de l’U.E est vertigineux.   

Comment ne pas manifester de la colère lorsque nous avons régulièrement entendu durant ces deux dernières années notre exécutif plastronner en annonçant qu’il allait « envisager de commencer à durcir les contrôles aux frontières », mais uniquement pour les non-ressortissants de l’Union Européenne (sic) ! Comme si le virus n’avait pas de prise sur la mobilité des européens à l’intérieur de l’espace Schengen. On croit rêver !

Une réelle politique de contrôle et de fermeture exceptionnelle des frontières nous aurait sans doute permis de limiter la très grande circulation des variants et autres mutants (provenant d’Angleterre, du Brésil, d’Afrique du Sud, d’Afrique Australe…), à l’instar de ce qu’ont réussi à faire dans l’ensemble avec une efficacité bien supérieure à la nôtre les pays d’Asie du Sud-Est.

La souveraineté européenne est une chimère

Le cœur du problème est évidemment l’incapacité intellectuelle, matricielle de nos gouvernants à s’extraire idéologiquement et juridiquement de toutes les conventions, traités, instances supranationales et intégrées nous liant (ligotant ?) à l’Union Européenne, laquelle semble plus que jamais à côté de la plaque et jouer contre les intérêts de ses Etats-nations. Rappelons une bonne fois pour toutes que la notion de « souveraineté européenne » est une chimère, une abstraction, une aberration, un oxymore. Seule la souveraineté nationale et populaire recouvre une réalité historique, juridique et politique dans notre pays. 

A lire aussi: Ex-champion du Covid-19 cherche vaccin désespérément

Toute personne ayant l’outrecuidance d’évoquer le contrôle ou la fermeture des frontières se voit immédiatement anathèmisée, excommuniée, exclue du champ du débat démocratique et taxée de tous les noms d’oiseaux actuellement en vogue : réactionnaire, populiste, souverainiste, identitaire, conspirationniste, complotiste… lorsque ce n’est pas tout bonnement fasciste et extrémiste (de droite évidemment) ! 

Il est grand temps de reconnaître que les beaux discours macroniens empreints de lyrisme humaniste, libéral, sans-frontièriste, mondialiste, droit-de-l’hommiste s’avèrent complètement hors sujet et inefficaces pour faire face à ce type de crise que le monde contemporain traverse aujourd’hui. Et cela devrait hélas s’aggraver dans les prochaines années avec l’immense défi de la crise migratoire qui va prendre une ampleur dramatique et inédite.

Il nous faut donc au plus vite tourner cette funeste page politique hexagonale et européenne et en écrire une nouvelle avec d’autres équipes au pouvoir équipées de logiciels réellement innovants, disruptifs et surtout adaptés aux challenges et injonctions contradictoires de notre monde post-moderne. Tout en cessant de surcroît d’infantiliser, culpabiliser et terroriser nos concitoyens comme ce fut trop souvent le cas depuis deux ans avec les inénarrables conférences de presse du trio comique Castex-Véran-Salomon dont le cabotinage et le mauvais jeu de rôles sont devenus légendaires.  

Il en va de la crédibilité de la parole publique, de la confiance en l’avenir de notre nation et de la vitalité d’une démocratie représentative et participative plus que jamais à l’agonie.     

Le rappeur Gims ne veut pas qu’on lui souhaite bonne année!

C’est qu’il est très sélectif dans ses choix ce garçon


Il est né au Congo et a été baptisé chrétien. Puis, il a débarqué en France où il a fait carrière en  chantant. Et plus précisément en Ile-de-France dont la présidente Valérie Pécresse a jugé bon de lui donner un coup de pouce.

Contrairement à celles du Seigneur, les voix du rap sont très pénétrables : elles mènent directement au Coran ! Ainsi, Gims s’est converti à l’islam. Et ce nouveau musulman a toute l’ardeur des néophytes.

En ce début d’année 2022 (après JC, n’est-ce pas ?), il s’est adressé à ses amis « muslims  ». Avec un cri de douleur qui est monté jusqu’à Allah : « J’en ai marre qu’on me souhaite Bonne Année ! ». « C’est pas mon truc et c’est pas notre truc à nous autres musulmans » a-t-il précisé.

Il n’a pas dit toutefois ce qu’il ressentait quand on lui souhaitait Joyeux Noël. Mais il est permis de penser que ça le rend malade et que ça entraîne pour lui une pénible hospitalisation. Car ce calendrier-là est fait pour les kouffars !

Gims en a un autre : celui de l’Hégire qui est le seul qui vaille à ses yeux. En conséquence de quoi il demande aux « muslims » de se « concentrer sur leur truc ». Et ce « truc », explique-t-il, c’est l’Aïd. Ne disposant pas, nous autres, de ce calendrier si précieux, nous ne savons pas toujours quand tombe l’Aïd… Nous ne pourrons donc pas rompre le jeûne avec Gims. Et en solitaire, nous mangeons tristement notre côte de porc.

Pour la petite histoire, notons que Gims a apporté son soutien à Valérie Pécresse lors des dernières élections régionales. L’occasion était trop bonne pour Marlène Schiappa qui a bondi en demandant à la candidate des Républicains de s’expliquer sur les propos du rappeur.

Du côté de chez Pécresse, on n’a pas été en reste et on a rappelé le copinage de Macron avec Yassine Belattar. Dans le bac à sable, la bataille s’annonce féroce…


Qui est Gims ?
Gandhi Djuna, plus connu sous le nom de Maître Gims, est un chanteur et rappeur congolais. Né en 1986 à Kinshasa, il arrive en France à l’âge de 2 ans. Propulsé sur le devant de la scène par le groupe de rap Sexion d’Assaut qui fut autrefois accusé de propos homophobes, ce dernier rencontre un grand succès avec des titres comme « J’me tire », « La même » (en duo avec Vianney) ou « Bella ». Il est le premier chanteur urbain à remplir le Stade de France avec 72 000 spectateurs en 2019. À la fois marié avec une Française au Maroc et uni avec une Française d’origine malienne, Gims (tel qu’on doit l’appeler aujourd’hui) peine à obtenir la nationalité française  • La rédaction

15 de nos écrivains reclus avec des moines

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Au cours de l’été dernier, quinze de nos écrivains ont passé trois jours et trois nuits à l’abbaye de Lagrasse, entre Carcassonne et Narbonne. En adoptant dans un recueil chacun le registre que leurs lecteurs leur connaissent bien, ils témoignent de ces journées singulières faites de prières et de travail auprès des quarante moines vivant sur les lieux…


Trois jours et trois nuits dans une abbaye au rythme des offices, au son du chant grégorien et au milieu de quarante-deux chanoines aux personnalités colorées. C’est le pari qu’ont fait quelques-uns de nos écrivains, recrutés pour une immersion spirituelle dans l’abbaye de Lagrasse, au sein d’une communauté religieuse de chanoines de saint Augustin. À tour de rôle, ils ont partagé la vie des frères, et vient de paraître le très beau livre qui rassemble leurs impressions. Quatorze écrivains se sont prêtés au jeu : entre autres, Sylvain Tesson, Frédéric Beigbeder, Pascal Bruckner, Jean-Paul Enthoven, pour en citer quelques-uns des plus connus. Pas vraiment connus pour leur catholicisme fervent – euphémisme. Pourtant, ils ont rendu compte avec finesse de la beauté tranquille du mode de vie monastique, de ses rituels, de son dépouillement volontaire. Le décor était splendide : un majestueux édifice roman de la campagne de l’Aude, occupé depuis l’époque carolingienne. Rendez-vous avec l’éternité. Un petit B.A.-BA de la retraite spirituelle, somme toute.

Beigbeder livre un récit très drôle

La constance à dire la même chose en toute situation est probablement une des plus grandes forces de l’écrivain, et on voit avec amusement Bruckner faire du Bruckner, Beigbeder du Beigbeder, etc. Ce dernier livre un récit très drôle, à la légèreté nihiliste non dénuée de profondeur. Ailleurs, l’académicien Xavier Darcos s’offre avant tout l’occasion de doctes réflexions sur la transmission de la latinité païenne via le christianisme ; Franz-Olivier Giesbert polémique contre les bien-pensants. On se réjouit du texte de Camille Pascal, historien de formation, qui détonne dans le recueil puisqu’il est un excellent pastiche d’une hagiographie médiévale racontant la fondation de l’abbaye. Enfin, quand on en vient au récit de la descente en rappel du clocher de Lagrasse par Sylvain Tesson accompagné de trois chanoines enthousiastes, on sourit franchement de cette géniale aptitude à assumer d’être sa propre caricature. 

A lire aussi: Marseille: où peut-on encore manger la vraie bouillabaisse?

Au-delà de cela cependant, accepter de participer à une telle entreprise, c’était accepter de se livrer, au moins un peu, sur sa foi – qui touche à l’intime de nos êtres. De ce point de vue, comme les voûtes d’une église, l’expérience de la retraite spirituelle est une caisse de résonance : on laisse les bruits du monde dehors pour écouter la musique intérieure. De là sont nées quelques pages bouleversantes, entre autres chez Simon Liberati – qui intitule son texte « Eli, Eli, lema sabachtani » – « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné », et Boualem Sansal parlant tristement de son frère devenu témoin de Jéhovah. 

Le christianisme passé de mode?

Au terme du livre, une constatation. L’air du temps n’est pas particulièrement favorable au christianisme – nouvel euphémisme. Surtout, la crainte qu’il soit en train de mourir n’a peut-être jamais été aussi forte. Or, au sein de ce qui pourrait, à première vue, apparaître comme une forme de publicité pour le mode de vie monastique destinée au grand public, on aurait pu s’attendre à ce que cette crainte soit plus présente. En réalité, cette crainte semble inversement proportionnelle à la proximité avec la foi chrétienne. Ce sont Bruckner, Enthoven, Sansal qui s’inquiètent, parce qu’ils ne croient pas. Au contraire du chrétien, qui a appris à « se confier dans le Seigneur ». Reste à savoir si on choisit d’y croire aussi.

Trois jours et trois nuits, préface de Nicolas Diat, Fayard, 2021.

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Comment peut-on être heureux au temps du Covid?

La pandémie nous invite à repenser notre définition du bonheur. Être heureux est une affaire de volonté, nous ont appris les stoïciens…


La question est aussi pertinente que celle qui aurait pu être posée en 1918 alors qu’il n’y avait pas de vaccin. Pouvait-on être heureux pendant cette période (1918) de grippe (dite) espagnole [1]? Pourtant, autant cette question paraît, au moins en France, pertinente en 2021-2022 tant les hommes vivaient, avant l’apparition de ce virus, dans le monde pacifié de la consommation, autant elle n’est pas évidente si l’on ne définit pas clairement le Bonheur (Xingfu en chinois, Happyness en anglais).

Il va de soi que, dans notre société consumériste – qui est aussi une société de médicaments – le bonheur paraît une suite du plaisir, soit un plaisir plus intense, soit un plaisir plus durable. En fait, si l’on y réfléchit, le Bonheur n’est ni l’un ni l’autre. En grec antique, le Bonheur (eudemonia) n’a rien à voir avec le plaisir (hédonè). Ainsi, loin de tout hédonisme, disons que le Bonheur est un état de l’âme qui se caractérise par l’aptitude d’un être dit «heureux», à accueillir tous les événements, bons comme mauvais.

Mais un tel état de l’âme, l’équanimité, suppose de ne pas faire du Bonheur un but de l’existence. Disons alors qu’à défaut d’être un but de l’existence, le Bonheur ne peut être qu’un effet de la sagesse. Et précisons qu’une telle sagesse est celle qui est offerte (et non vendue!) par la philosophie stoïcienne. En pleine période de ce virus Corona (Covid-19), il n’est donc pas impertinent de nous demander:

1- si nous pouvons être heureux.

2- si nous pouvons l’être lorsque nous nous nous retrouvons atteints par un tel virus qui (nous) rend malade et peut entraîner notre mort.

3- si nous pouvons l’être lorsque nous perdons un proche qui a été contaminé par ce Corona.

1- Pour répondre à la première question,  rappelons d’abord que l’équilibre de l’âme – l’équanimité – est le produit de la volonté et d’un apprentissage à la sagesse qui ne découle jamais d’un événement positif (ou d’une série d’événements positifs) qui nous arrive(nt) comme, par exemple, le fait de gagner à la loterie, ou de voir la naissance d’un enfant désiré, ou de constater que les ennemis deviennent des amis, etc. Si ces événements sont indéniablement vus comme étant «positifs», il s’avère négatif que votre bonheur découle de tels événements extérieurs. Epictète nous apprend ainsi, dans son Manuel, qu’il y a deux sortes de choses: celles qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. Or, les événements évoqués ci-dessus relèvent évidemment de la deuxième sorte de choses. Il est facile de comprendre que ces événements vont faire plaisir à celui qui les vit et reçoit, mais il ne les conduira nullement au Bonheur. La joie est une passion qui nous remplit de bonne humeur, mais qui reste étrangère et hétérogène au Bonheur, attitude de l’âme et de la personne qui se produit aussi bien quand de mauvais événements se produisent que lorsque de «bons» événements arrivent. Le Bonheur n’est donc ni une passion, ni une action; il est, toutefois, le fruit d’une action,  de la volonté intelligente, qui consiste à anticiper ce qui peut nous arriver afin de l’accueillir (quelle que soit sa prétendue négativité: mort, maladie, accident, etc.).

L’homme heureux, par sa capacité d’anticipation des événements, accueille donc les événements qui lui arrivent, quelle que soit leur tonalité positive ou négative (établie par la psychologie moderne). Ainsi, ce qui arrive et qui est estimé «négatif» rend malheureux le non-sage, c’est-à-dire celui qui ne pense pas et n’anticipe pas les événements de sa vie [2].

2- Le fait d’être atteint par le virus Covid-19 ou l’un de ses variants, suppose d’en chercher la cause. Si celui qui l’a «attrappé» n’a appliqué aucune des contraintes obligées ou recommandées, la moindre des conséquences logiques et philosophiques est qu’il se reconnaisse comme responsable [3] de sa maladie. Une telle conscience de soi est difficile à pratiquer dans une société qui préfère reconnaître ses citoyens comme des victimes potentielles ou réelles plutôt que comme des responsables, d’où le rôle de l’avocat lors d’un procès dans un tribunal correctionnel, avocat qui s’efforce de mettre en évidence les facteurs qui n’excusent pas, mais qui diminuent la part de responsabilité du criminel dans le meurtre qu’il a commis. Ce virus est donc l’occasion [4] non seulement de faire des tests pour savoir si l’on en est atteint, mais surtout de se préparer à être responsable. Dès lors, le fait d’être contaminé par le virus n’est positif que si celui qui l’a reconnaît, non sa malchance, mais sa responsabilité.

3- Dès lors, si vous perdez des proches à la suite de cette contagion, mieux vaut la lucidité que la tristesse. Vous devez savoir que cette (ou ces) personne(s) est (ou sont) morte(s) à la suite d’un mauvais usage de leur liberté. Bien sûr, tous ceux qui nagent dans l’idéologie de la victimité auront du mal à entendre ce lien de la liberté et de la vérité.

Les plus sages sauront accepter ces événements dits «négatifs» en les replaçant dans un contexte où la liberté a sa place. Par conséquent, le Bonheur stoïcien consiste à accepter ce qui arrive, même si ce qui arrive est estimé négatif par notre entourage. Mais attention, il ne s’agit pas d’accepter ce qui arrive parce qu’il arrive, mais de l’accepter car nous nous y sommes préparés en l’anticipant. 

Comme l’écrivait Shakespeare: dès qu’un enfant est né, déjà il est assez vieux pour mourir. Bref, le Bonheur est un effet d’une structure de l’âme qui a l’intelligence du réel!

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[1] De mars 1918 à juillet 1921, la « pandémie grippale de l’année 1918 » a fait entre 20 et 100 millions de morts dans le monde, dont environ 400 000 en France.

[2] Ce que les compagnies d’assurance font pour lui, en lui proposant de le dédommager selon les types d’événements supposés négatifs qui peuvent lui arriver et qui rendent les assurances joyeuses car fructueuses ! L’Avenir est pavé de bonnes intentions ! Pour l’Enfer, on l’a déjà vu.

[3] Du latin responsus signifiant: Qui doit répondre de ses actes

[4] ou la chance

L’Oncle Sam, champion de l’islam?

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Ilhan Omar, Washington, novembre 2021 © J. Scott Applewhite/AP/SIPA

Dans les États-Unis de Joe Biden, on peut trouver une représentante voilée au Sénat. Grâce à cette ancienne réfugiée somalienne (la Démocrate Ilhan Omar), le pays phare du capitalisme et du libéralisme est en pointe dans la lutte contre l’”islamophobie” – le Combating International Islamophobia Act est sur le point d’y être voté. Selon Driss Ghali, le capitalisme se croit malin en faisant une alliance de circonstance avec l’islam. À court terme, les Américains pourront nuire aux Chinois et aux Birmans en les taxant d’islamophobie. Mais ils ne voient pas qu’ils sont en passe de sortir de l’histoire, alors que la civilisation islamique est spirituellement très forte.


La vie est une affaire de symboles, ils nous rappellent qu’il existe une dimension invisible à laquelle il convient de se connecter de temps en temps. 

Chaque symbole est un point d’accès à un au-delà que nous portons tous en nous-mêmes, mais qui n’est pas immédiatement accessible à notre esprit. La simple vue d’une marque ou d’une icône éveille en nous des valeurs, des sentiments et des récits puissants. Chaque peuple a ses symboles qui lui sont propres et l’aident à accéder à « sa vérité » dissimulée au fond de son inconscient. 

L’Islam ne va pas convertir des millions d’Occidentaux, mais il devrait en séduire un nombre significatif, suffisamment pour changer à jamais le visage de l’Europe pour commencer…

Quand on pense aux États-Unis on pense à l’aigle à tête blanche qui trône sur le billet d’un dollar, entre autres symboles attachés à la civilisation américaine. On ne pense assurément pas au voile islamique. Pourtant, le Congrès américain compte désormais une députée voilée, une ancienne réfugiée somalienne élue du Minnesota, la démocrate Ilhan Omar. L’image est saisissante, une femme voilée représente désormais le peuple américain, participe à la rédaction de ses lois et à l’exercice de sa souveraineté.

Les États-Unis de Joe Biden à la pointe de la lutte contre l’”islamophobie”

Cet événement n’a pas échappé à une députée républicaine du Colorado, Lauren Boebert, qui n’a pas su malheureusement en faire un usage utile. En novembre dernier, elle a été filmée en train de se moquer de l’accoutrement de sa collègue musulmane, qu’elle a assimilée à une menace terroriste. La blague est de mauvais goût certes, le propos est excessif bien sûr, mais le symbole demeure : l’islam est présent au cœur du pouvoir américain ; l’islam est désormais chez lui aux États-Unis.

Mieux encore, la députée voilée a réussi à faire voter le 14 décembre dernier un projet de loi enjoignant au Département d’État de lutter contre l’islamophobie aux quatre coins du monde. Le Combating International Islamophobia Act a déjà reçu l’approbation du bureau du président et n’attend que le feu vert du Sénat pour entrer en vigueur. Il fera des États-Unis un nouvel allié de l’islam. Un tournant historique malheureusement passé sous silence par le renoncement des journalistes à parler d’autre chose que de la pandémie.

Cette prouesse islamique n’a été accompagnée d’aucun effort ni d’aucune contrepartie. Ceux qui attendent des excuses pour le 11-Septembre ou bien un aggiornamento de la doctrine musulmane devront patienter, l’islam n’ayant pas ouvert de dialogue avec l’Occident et n’ayant aucune envie de le faire. 

Désormais, faire des courbettes au monde islamique fait partie du kit du « politiquement correct » tout comme l’adhésion à la théorie du genre ou au mouvement gangster Black Lives Matter. 

Une telle évolution aurait été inimaginable il y a tout juste vingt ans.  Que s’est-il donc passé ? 

Le 11-Septembre est passé par là

L’Amérique est tombée sur un adversaire bien plus coriace que le communisme. 

L’islam est autre chose qu’une construction artificielle qui feint de venir en aide aux pauvres et aux déshérités. L’islam est une hyper-puissance qui, avec quelques bouts de chandelle, a réussi à vaincre les meilleures armées du monde en Somalie, en Irak et en Afghanistan. Entendu comme une civilisation, l’islam est autiste, il ne veut rien savoir des charmes de la modernité ou du développement qui finissent inéluctablement par ramollir les individus, à commencer par les hommes, en les rendant trop disciplinés et excessivement doux. L’islam n’interfère pas dans la personnalité de l’individu, il lui confère des limites certes, mais n’en fait pas un sujet docile du capitalisme programmé pour obéir et subir. En ce sens, l’islam est supérieur à l’Occident, il est préparé à la guerre, alors que l’Occident est taillé sur mesure pour la paix, l’indispensable auxiliaire du commerce et de l’industrie. Pour le dire autrement, l’islam forme des hommes d’action, l’Occident réplique à l’infini des hommes d’études et de production. Le genre d’hommes que l’Occident aime fabriquer est vite impressionné par la violence brute. Il se laisse vite désarçonner par le don spontané et facile de la vie pour une cause incertaine comme le jihad. Le 11-Septembre et tous les attentats qui l’ont suivi ont eu pour seule fonction de convaincre les Occidentaux que l’islam n’est pas un ennemi comme un autre. Alors, au lieu de le combattre, les Occidentaux se sont mis à l’aimer, comme on aime son bourreau dans le syndrome de Stockholm.

Aussi, ne devrions-nous pas prendre les terroristes pour des fous. Ils savent ce qu’ils font. C’est nous qui faisons n’importe quoi. Américains et Européens n’ont toujours pas compris que l’islamisme et le jihadisme ne sont pas des hérésies, mais de simples manifestations d’un impérialisme bien décidé à les manger tout cru. Le manifeste est clair : il suffit de lire Sayid Qutb et d’écouter Bin Laden. Ces deux-là sont tout sauf des imbéciles, ils pensent différemment de nous, mais ils pensent quand même. Avec deux fois rien, ils ont obtenu des résultats impressionnants, puisque désormais Washington, Paris et Berlin sont sous l’influence du soft power islamique. Fini le temps de la colonisation où Laurence d’Arabie pouvait prendre les musulmans pour des idiots. De nos jours, ce sont les Occidentaux qui sont les dindons de la farce que le monde islamique fait tourner en bourrique.

Dire cela n’est pas faire preuve d’islamophobie, c’est dire la vérité. Respecter l’islam, c’est cesser de le tutoyer et de le materner. On ne traite pas un géant de l’histoire comme un incapable qui a besoin d’aide. Il s’agit d’une super-puissance qui dispose d’un ingrédient que l’Occident a perdu il y a longtemps : le souffle divin. L’Occident peut disparaître, l’islam lui traverse les âges, moribond sur le plan matériel mais plein de vie sur le plan spirituel. 

À court terme, les Américains pourront nuire aux Chinois et aux Birmans en les traitant d’islamophobes. Ces deux grandes civilisations savent faire, elles ont inventé des défenses immunitaires contre l’islam. L’Occident, lui, est absolument démuni. Après avoir abandonné sa religion et sa spiritualité, il est devenu une grande réserve de naïfs prospères qui sont sortis de l’histoire sans s’en rendre compte. Une terre de mission en somme où l’islam a plus d’une corde à son arc. Il apporte des solutions éprouvées à des questions essentielles, tandis que le Vatican et les bureaucraties religieuses occidentales se barricadent derrière leur autisme et leurs milliards de dollars. L’islam ne va pas convertir des millions d’Occidentaux, mais il devrait en séduire un nombre significatif, suffisamment pour changer à jamais le visage de l’Europe pour commencer. Le capitalisme se croit malin en faisant alliance avec l’islam. Il peut même gagner un peu d’argent en vendant des burkinis ou des maillots de football en marge de la Coupe du monde au Qatar. Mais, à la longue, il perdra son principal moteur qui est la liberté de broyer le sacré. L’islam va imposer des limites à son attaque mortelle contre la famille et le patriarcat. On verra alors qui de Nike ou de l’islam aura le dernier mot ? En attendant, les Américains jouent avec le feu, et les Européens les observent les yeux écarquillés. À croire qu’il y aurait quelque chose de l’ordre de la volonté divine dans cette soumission progressive du monde occidental ? Allez savoir…

Absentéisme, vous avez dit absentéisme?

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Dans la nuit de lundi à mardi, les députés se sont prononcés en défaveur d’une prolongation des débats sur le passe vaccinal, retardant son adoption. Les députés LREM n’étaient plus assez nombreux dans l’hémicycle [1]. Mais c’est l’absentéisme des professeurs que l’exécutif redoute ou fustige.


Je ne voudrais pas avoir l’air de pinailler, en ce début de nouvelle année, mais les mots ont un sens. Avez-vous remarqué, dans les médias, l’apparition du mot « absentéisme » ?  

Il s’est généralisé en quelques jours avec la même vitesse surprenante que le variant Omicron s’est mis à contaminer des centaines de milliers de Français quotidiennement. D’ailleurs, les deux ne sont pas sans rapport. Pour l’instant, il paraitrait en effet que si le variant Omicron tue moins, il rend tout de même malade à l’occasion et qu’il est aussi contagieux et envahissant que les thèmes de l’immigration dans un discours d’Eric Zemmour : il supplante tous les autres sujets.

Le vote du passe sanitaire empêché à l’Assemblée nationale lundi soir

Or, quand des centaines de milliers de français sont contaminés, même si seule une petite partie d’entre eux développe des symptômes ou est obligée de s’isoler, cette petite partie, même très petite, ça commence à chiffrer au bout du compte. Au point qu’une des craintes du gouvernement est que l’économie connaisse un ralentissement ou une désorganisation, voire une paralysie, notamment dans les transports ou l’éducation. 

A lire aussi: Causeur #97: Sarkozy présumé coupable

Ce serait ballot tout de même puisque la stratégie de Macron est précisément de laisser circuler le virus pour que l’économie ne soit pas… paralysée. Pour résoudre ce paradoxe, le gouvernement va vite, très vite, tellement vite qu’il en oublie de mobiliser les députés de sa majorité le soir d’un vote capital sur la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal et que dans un sursaut d’orgueil, les oppositions se retrouvant ponctuellement majoritaires, décident d’interrompre la séance à minuit. Il faut dire que l’Assemblée nationale en Macronie, c’est à peine une chambre d’enregistrement. Les ministres passent faire coucou pour dire ce qu’ils ont décidé de faire et comme les députés macronistes, dont on se souviendra qu’un certain nombre ont été recrutés par petites annonces en 2017, n’ont à peu près aucune idée de leur rôle, ils disent oui à tout, le petit doigt sur la couture du pantalon et ils votent là où on leur dit de voter.

Castaner et Attal fort marris

C’est sans doute l’idée que se fait Macron de la démocratie et de l’équilibre entre l’exécutif et le législatif. On ne peut pas lui en vouloir. Quand on a une constitution comme la Vème République, où tous les pouvoirs sont dans les mains du président qui ne risque même plus une cohabitation depuis la mise en place du quinquennat, pourquoi s’embêter ? Mais c’est une autre histoire.

A lire aussi: Comment les professeurs apprennent à désapprendre 

Encore que. Christophe Castaner, chef des godillots de LREM et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes et à l’absentéisme (nous y voilà !) de leurs députés. Parce que quand on n’est pas là quand on a besoin de vous parce que vous buviez un coup à la buvette ou que vous aviez préféré rentrer vous coucher, ça, précisément, c’est de l’absentéisme. 

Les paradoxes du ministre des garderies…

En revanche, quand des conducteurs de RER bondés, les profs dans des classes sans aération et surpeuplées de petites têtes blondes transformées en bombes bactériologiques, ne sont pas là parce qu’ils sont malades, ce n’est pas de l’absentéisme, c’est tout simplement de l’absence. L’absentéisme, c’est intentionnel. Alors pourquoi ce mot s’est-il imposé, avec sa connotation négative ? 

Il n’y a pas besoin de chercher bien loin : disons du côté de Blanquer, autoproclamé ministre de l’école ouverte alors qu’il n’est que le fidèle exécutant du Medef qui a besoin d’une garderie pour que les parents viennent bosser. Le mépris de Blanquer pour ses fonctionnaires est tel, par exemple quand il donne comme d’habitude par voie de presse le dimanche soir les ajustements du protocole sanitaire pour le lundi matin, qu’il en arrive tout naturellement, à parler pour les profs malades d’absentéisme, comme on le fait pour un élève buissonnier.

Ou un député LREM.


[1] Le Monde avance une explication : “Comme les débats étaient partis pour durer jusqu’au bout de la nuit, les élus macronistes s’étaient organisés pour se relayer (…) Or, à minuit, précisément le moment où ils se passaient le relais, certains qui devaient remplacer leurs collègues n’étaient pas encore arrivés ou faisaient un point sur l’avancée des débats, en dehors de l’hémicycle…”

Le scientisme, cancer des Lumières?

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Image d'illustration Unsplash

La foi aveugle dans le progrès peut prendre le travers de toutes les autres fois d’autrefois, et transformer l’espérance en certitude. Notre confiance dans le jusqu’au-boutisme de certains médecins ou épidémiologistes, observée lors de cette crise sanitaire, devrait nous interroger.


Le biologiste britannique Richard Dawkins dit souvent qu’il n’arrive pas à comprendre comment certains peuvent concevoir la science comme une discipline aride et désenchantée quand son premier rôle est justement de réenchanter le monde en nous délivrant les clés de sa compréhension.

Le scientisme est une escroquerie car il fait passer la science pour ce qu’elle ne sera jamais: un dogme

Comment en effet ne pas s’émerveiller devant la beauté complexe d’un flocon de neige ou de la voie lactée ? Comment ne pas perdre l’équilibre devant l’étourdissante dimension des planètes ? Ne pas frémir devant les aventures du monde microscopique ? Ne pas avoir de gratitude pour ces chercheurs et médecins dont les découvertes ont permis de sauver tant de vies ? Le mouvement des Lumières vit en la science cet outil précieux qui sortirait l’homme des ténèbres et force est de reconnaître que leur pari fut gagné. En quelques siècles, nos connaissances décuplèrent et devinrent accessibles au plus grand nombre.

Le progrès est devenu une foi

La pauvreté diminua, l’hygiène s’améliora, notre espérance de vie augmenta. Il suffit de lire Le Triomphe des Lumières du philosophe canadien Stephen Pinker pour s’en convaincre : les statistiques montrent clairement que l’humanité fit un bon en avant dès que la science et la raison commencèrent à servir de boussoles à nos sociétés. La science nous permit et nous permet encore d’appréhender le réel avec exigence et curiosité. C’est une ode sans fin à la vérité. Elle nous sauva maintes fois de nos superstitions meurtrières et nous offrit l’opportunité d’exaucer certains de nos rêves les plus fous. Combien d’enfants rêvent encore de devenir astronaute, de piloter un avion ou de construire un gratte-ciel ? 

À lire aussi, Martin Blachier: «Vaccinez les vieux, laissez vivre les jeunes!»

L’homme ayant malheureusement la sale manie de fanatiser ses meilleures idées, tout émerveillement peut tourner à la dévotion. La foi dans le progrès prit vite le travers de toutes les autres fois en transformant l’espérance en certitude. Le progrès devint un mot galvaudé et estampillé sur toute forme de nouveauté quelle qu’elle fût. Nos philosophes des Lumières vivaient à une époque où il eut été impensable qu’un jour l’Église ne soit plus l’institution la plus influente. Ainsi, ils sous-estimèrent ce défaut incorrigible de l’homme que nous connaissons mieux dorénavant : cet art de faire une religion de tout ce qui nous rassure. Pour peu que la science arrive un jour à éclairer le monde, il y en aurait toujours quelques uns pour organiser leur vie autour d’elle au point d’en faire une doctrine sectaire.

Science sans conscience…

La science est pourtant faite de doutes et de contradictions. Le débat scientifique ne se nourrit pas de consensus. La science est faite de curiosité et d’interrogations. Ceux qui cherchent dans la science un réconfort ou un confort intellectuel se trompent.

Jamais les philosophes des Lumières n’auraient proposé d’étendre la méthode scientifique aux domaines de notre vie qui relèvent d’autres disciplines : la morale, le social, la politique, les arts… Mais il est impossible de prévoir les conséquences des époques troubles. Un homme apeuré se précipite inévitablement dans les bras de quiconque lui inspirera confiance : un roi, un pape, un général et, il faut croire, un épidémiologiste aussi.

Plus d’une fois la science s’est rangée du côté obscur de nos passions et nous savons tous ce qui arrive à une science sans conscience. La science n’a pas réponse à tout pour la simple raison qu’elle est objective et que nos vies sont faites de choix subjectifs. Faire appel à la science sur des questions éthiques n’est pas une dérive de la raison : c’est une démarche qui n’a rien de rationnel. Tout comme n’a rien de rationnel l’hygiénisme intégriste de nos sociétés terrifiées par le risque. Il nous faut urgemment interroger cette nouvelle tendance à remettre en question les fondements de nos civilisations dès qu’une épidémie nous renvoie à notre propre mortalité. 

À lire aussi: En Espagne, « l’esprit madrilène » résiste au sanitarisme

Au siècle de la technologie régnante, nous serons toujours plus assaillis par de nouvelles utopies. Or, toute utopie contient en elle le germe d’une tentation totalitaire. Qu’on ne s’y trompe pas, le transhumanisme, mouvement prônant le dépassement des limites naturelles du vivant grâce à l’intelligence artificielle et les biotechnologies, est une utopie potentiellement totalitaire. L’hygiénisme est une utopie potentiellement totalitaire. Dans le monde des idées, la notion de pureté est toujours un signal d’alarme. 

Exclure une partie de la population des lieux de la vie quotidienne sur simple suspicion d’une possible contamination assoit le triomphe actuel de ce scientisme ravageur qui humilie la pensée scientifique en la caricaturant à l’extrême. De la même manière et n’en déplaise à certains, considérer un vaccin comme une solution magique, c’est insulter la vaccination, ses exigences et ses limites. Considérer une personne en bonne santé comme potentiellement malade, c’est peut-être rendre hommage malgré soi au génie de Molière et de Jules Romains, mais c’est insulter la médecine.

Le scientisme est une escroquerie car il fait passer la science pour ce qu’elle ne sera jamais : un dogme. Un dogme binaire et simpliste, à l’abri de toute critique. La science ne mérite certainement pas ce détournement grotesque de ses facultés. Nous lui devons mieux que ça.

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Causeur: Sarkozy présumé coupable

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© Causeur

Découvrez le sommaire de notre numéro de janvier


« Présumé coupable ! » En France, nous supposons que tout accusé bénéficie de la présomption d’innocence, qui est une des pierres angulaires de l’Etat de droit. Pourtant, le procès contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire de l’argent libyen semble démontrer que cette supposition est pour le moins hâtive. Après une décennie d’acharnement judiciaire – et médiatique – contre l’ancien président de la République, le dossier à charge reste étonnamment vide. Qu’Edwy Plenel, suivi par d’autres journalistes, s’évertue à faire mordre à M. Sarkozy la poussière du désert libyen en  prétendant démontrer que sa campagne de 2007 a été financée par les millions de Mouammar Kadhafi, c’est déjà assez troublant. Que certains magistrats fassent de même, il y a de quoi nous faire douter de notre démocratie.

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Comme l’écrit Élisabeth Lévy dans son introduction à notre dossier : « dans ces conditions, le pouvoir grandissant des juges a de quoi inquiéter. » Dans une enquête minutieuse, Erwan Seznec, qui s’est plongé dans les milliers de pages des procès-verbaux de l’instruction, nous révèle que les millions de Kadhafi restent introuvables, tandis que la campagne victorieuse de Sarko n’avait nullement besoin de sommes aussi pharamineuses. Bref, il s’agit d’un crime sans cadavre et sans mobile. Ceux qui s’acharnent contre lui prétendent moraliser notre démocratie : ils font plutôt le contraire.

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Dans son édito, Élisabeth Lévy considère le cas de la ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre  les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », qui s’est présentée aux députés comme étant « en charge des questions LGBTQIA+ ». Élisabeth Moreno, ayant insisté pour faire partie des contradicteurs de Zemmour dans « Face à Baba », a accusé le candidat à la présidentielle de sexisme, avant de se fendre, au sujet des enfants dits « transgenres », de cette perle de sagesse absurde : « Les gens sont ce qu’ils ressentent ! » Commentaire de notre directrice de rédaction : c’est « le cœur caché de l’idéologie woke : chacun est ce qui lui plaît, tout le monde étant prié d’afficher le plus grand respect pour les bizarreries individuelles. » Dans un entretien, Martin Blachier, médecin de santé publique et épidémiologiste, se confiant à Élisabeth Lévy, explique qu’il est illusoire d’espérer que la stratégie du tout vaccinal arrêtera les contaminations du Covid. Pour empêcher les formes graves et donc la saturation hospitalière, il faut vacciner 100% des vieux, laisser les jeunes se contaminer et, surtout, arrêter de pourrir la vie des enfants. Cyril Bennasar réagit vigoureusement aux tombereaux de mensonges et de calomnies sous lesquels on tente d’ensevelir Éric Zemmour. Avec un peu de patience et beaucoup de bonne foi, on voit que celui-ci n’a rien de raciste ni de misogyne mais tient un discours de vérité sur l’état de la France aujourd’hui. Céline Pina salue le nouveau livre de Gilles-William Goldnadel. Son Manuel de résistance dénonce les « fascistes » d’aujourd’hui qui campent à l’extrême gauche. S’ils n’ont rien à envier à leurs ancêtres d’extrême droite en matière de haine, de violence et d’antisémitisme, ils bénéficient de l’inaltérable bienveillance des « grands » médias. Côté actu, retrouvez aussi, entre autres, Stéphane Germain sur l’inflation, Valentin Chantereau sur le nouveau gouvernement allemand, et moi-même sur l’arrivée en France du nouveau réseau social, Gettr, qui promet d’être plus fidèle au principe de la liberté d’expression que Twitter ou Facebook.

Cette année, le monde fête les 400 ans de la naissance de Molière. De même que Mallarmé écrivait de Victor Hugo, « il était le vers personnellement », on peut dire de Molière : « il était le théâtre personnellement. » Aujourd’hui, personne n’est mieux qualifié pour parler de la meilleure manière de jouer le plus grand dramaturge français – et sans doute (n’en déplaise à mes compatriotes avec leur culte de Shakespeare) mondial – que le génial comédien, Michel Fau. Interrogé par Yannis Ezziadi, il explique que Molière est par-dessus tout un artiste baroque. Son jeu devait être extravagant et éclatant, mais à notre époque il est incarné par des acteurs ennuyeux, sérieux et raisonnables. Frédéric Ferney voit l’essence du génie de Molière dans le fait qu’il n’a pas de vision du monde à faire partager : « il ne sait que regarder les hommes. » Retrouvez aussi les réflexions de Jérôme Prigent, Jean-Marie Besset et Jean Anouilh. Un autre trésor national ne semble pas être en aussi bonne santé aujourd’hui. Jonathan Siksou dévoile le projet de réaménagement de Notre-Dame-de-Paris conçu par le diocèse et qui a reçu un premier avis favorable de la Commission du patrimoine. Il s’agit notamment de remiser mobilier et œuvres d’art du XIXe siècle pour faire entrer le street art et des projections lumineuses multilingues sous les voûtes de la cathédrale. L’art et la spiritualité sont aussi malmenés l’un que l’autre. Notre section « Culture et humeurs » se complète avec, entre autres, Jérôme Leroy sur Suzy Solidor, Charlotte Duthoo et Nerval, Pierre Lamalattie sur la rétrospective consacrée au peintre russe, Ilya Répine, et Jean Chauvet sur les films de janvier. Faut-il dire, avec nos ancêtres paysans : « Dieu te garde d’un bon janvier » ?

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Moreno, drame de la parité

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Elisabeth Moreno à Caen, 15 décembre 2021 © Laurent Vu/SIPA

L’éditorial d’Elisabeth Lévy


On n’arrête pas le progressisme. J’ai découvert il y a peu, au hasard d’un débat parlementaire dont je me fadais la retransmission, car je ne recule devant rien pour vous informer, que le gouvernement français comportait une ministre « en charge des questions LGBTQIA+ ». C’est ainsi qu’Élisabeth Moreno, officiellement ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », s’est présentée aux députés, ajoutant que l’action du gouvernement était guidée par « la volonté de tisser la toile d’une société plus protectrice ». Je l’avoue, cette toile, qui évoque furieusement celle des araignées ligotant le moucheron avant de la dévorer, m’a fichu une peur bleue. À part ça, j’aimerais savoir qui s’occupe des droits des plantes, des pierres et des animaux mais je m’égare.

Madame Moreno n’est pas seulement la ministre des droits, ce serait trop modeste, elle est la ministre du « droit aux droits », intransitivité au carré imaginée par Muray. Autrement dit, elle se comporte comme l’ambassadrice auprès du gouvernement des minorités hargneuses qui réclament à cor et à cri que leurs souffrances intimes et leurs désirs impérieux fassent l’objet d’une reconnaissance institutionnelle et des réparations afférentes. Ainsi, il ne suffit pas que la loi autorise les adultes à changer de sexe, il faut aussi que ce changement soit érigé en norme anthropologique. En effet, pas question de considérer que la discordance entre le sexe de naissance et le genre « ressenti » (ce qu’on appelait autrefois la dysphorie de genre) relève d’une exception pathologique, ce serait stigmatisant (s’il y a souffrance, c’est peut-être qu’il y a maladie, non ?).

A ne pas manquer, notre numéro de janvier: Causeur #97: Sarkozy présumé coupable

Pas de jaloux, Élisabeth Moreno coche toutes les cases, se bat sur tous les fronts : elle est « personnellement » favorable à la GPA, dont Emmanuel Macron a promis que lui, président, elle ne serait jamais légalisée. Elle défend, toujours contre l’avis du patron, l’allongement à quatorze semaines du délai légal pour l’IVG. Elle veut imposer des quotas de femmes (et bientôt, on suppose, de représentants de la diversité) dans les instances dirigeantes des entreprises. Enfin, preuve de son âme immaculée, elle a jugé « abjecte » la une de Causeur sur le Grand Remplacement et s’est félicitée que la Dilcrah [1] l’ait signalée au procureur de la République, qui ne semble pas, à ce jour, s’en être spécialement ému.

Les Français qui n’avaient pas l’heur de connaître cette pétulante ministre (si ça se trouve, tous ne vivent pas les yeux rivés sur Twitter) ont pu combler cette lacune le 16 décembre grâce à « Face à Baba », l’émission dans laquelle Cyril Hanouna recevait Éric Zemmour en majesté. La ministre, que l’animateur appelle Élisabeth, avait absolument tenu à faire partie des contradicteurs opposés au candidat – ce qui a encore, paraît-il, encoléré le président.

Peut-être manqué-je d’objectivité, mais j’avoue avoir pensé qu’en dépit de son bon cœur ou peut-être à cause de lui, elle n’était pas vraiment au niveau. Toute cette compassion finit par empêcher de penser. Ainsi, face à un Zemmour évoquant le lobby LGBT, elle a répété plusieurs fois que ce lobby n’existait pas, visiblement incapable de comprendre la distinction entre la sexualité comme élément de la vie concrète et la sexualité comme support d’une identité politique.

C’est un échange houleux sur les « enfants transgenres » qui lui a finalement permis d’exposer sa philosophie. Alors que Zemmour affirmait, à raison me semble-t-il, qu’un enfant n’a pas à changer de sexe, elle s’est exclamée : « Les gens sont ce qu’ils ressentent ! » Cette sacralisation de la subjectivité individuelle, qui poussée à sa limite interdit l’existence même d’une collectivité, est le cœur caché de l’idéologie woke : chacun est ce qui lui plaît, tout le monde étant prié d’afficher le plus grand respect pour les bizarreries individuelles.

Le président a tort de s’énerver : avec Moreno, qui comme Christiane Taubira, quoique dans un registre moins littéraire, incarne le wokisme chic, on assiste à l’externalisation du « en même temps ». À lui, la lutte contre le séparatisme, à elle l’encouragement à toutes les sécessions sociétales.

A lire aussi: Taubira ira, ou ira pas?

Reste un point qui me chiffonne. Madame Moreno a cité, en s’étranglant de rage, un passage du dernier livre de Zemmour où il affirme que, « dans les sociétés traditionnelles, les femmes sont le but et le butin ». Selon elle, ce propos objective les femmes et revient peu ou prou à approuver les violeurs et autres cogneurs. Bien entendu, il ne s’agit nullement chez Zemmour d’une affirmation normative, mais d’une analyse des représentations et des imaginaires. Il se trouve que la prédation légalisée a heureusement et depuis longtemps disparu de nos sociétés. Cependant, jusque-là, les jeux de l’amour et de la séduction avaient conservé l’empreinte inconsciente de cet antique partage des rôles auquel nul n’est contraint de se conformer : il y a des femmes chasseresses et c’est très bien.

Que, dans le registre des fantasmes et des imaginaires, la femme reste souvent la proie et l’homme le chasseur ne signifie évidemment pas qu’il ait le droit de la contraindre, mais que c’est elle qui est précieuse, de sorte que, pour la conquérir, il ne faut plus faire usage de la force mais déployer des trésors de gracieusetés. Les hommes ne chassent plus avec leurs poings ou leurs fusils, mais à coups de bouquets de fleurs et de déclarations langoureuses. Dans ces conditions, j’avoue, au risque d’être ligotée pour mon bien dans une toile protectrice : entre adultes consentants, il est bien agréable d’être le but et le butin.


[1] Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.

Bilger, pas fanatique de la notion de parité…

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L'historienne et philosophe Mona Ozouf, février 2020 © BALTEL/SIPA

Le féminisme au détail comme le masculinisme !


Je sais qu’on risque le pire si on ne se déclare pas fanatique de la notion de parité. Pour ma part, elle m’a toujours gêné non pas à cause d’une quelconque misogynie mais au contraire parce qu’elle prétend apposer sur l’immense champ des possibles, des virtualités, des dons et des compétences un quadrillage qui mécaniquement proposerait une approche quantitative au lieu d’une appréciation qualitative.

La parité, c’est pas perdu pour tout le monde…

Un exemple gouvernemental m’est apparu très signifiant parce qu’il a montré à quel point le dogme était l’ennemi du bon sens. François Hollande président, on nomme par raccroc Christiane Taubira garde des Sceaux parce qu’elle était une femme et qu’il convenait d’avoir une égalité parfaite dans le gouvernement entre les hommes et les femmes. La conséquence de ce choix calamiteux est qu’on s’est privé d’un homme, André Vallini, à qui le poste avait été promis et qui aurait été fait pour lui.

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Christiane Taubira, 2015. Sipa. Numéro de reportage : 00733309_000019.

La parité, aussi pétrie d’humanisme qu’elle apparaisse, n’est qu’une idéologie qui force la nature et pas seulement dans un sens favorable au masculinisme. Combien de services publics, d’institutions, d’instances, de structures partisanes et de listes électorales seraient à mon sens mieux pourvus si les femmes y étaient plus nombreuses, d’abord parce qu’elles pourraient laisser espérer que la passion de l’action ne se dégraderait pas, chez elles, en vulgarité du pouvoir.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Moreno, drame de la parité

Ma réserve face à la parité assénée tel le remède miracle d’un monde déséquilibré vient principalement du fait que je n’ai jamais surestimé le masculinisme, ses capacités, son omnipotence et sa supériorité de principe. En ce sens, plus que la parité, système bêtement stéréotypé, il aurait fallu instaurer, avec d’authentiques et fiables critères de sélection, des évaluations qui auraient laissé toutes leurs chances à l’infinie diversité des caractères et des ambitions, quel que soit le sexe.

Drôle de progrès

Je ne crois pas que ressasser la phrase de Françoise Giroud selon laquelle l’égalité sera réalisée quand une femme médiocre occupera une fonction importante, soit opératoire. Combien d’hommes ou de femmes qui ne sont pas à la hauteur des missions qui leur ont été assignées vont demeurer tranquilles, sans l’ombre d’une réprobation, protégés par le système pervers français qui ne sanctionne jamais l’échec une fois qu’on est dans la boucle du pouvoir et de l’élitisme !

Il y a évidemment des épisodes, notamment politiques, dont il serait absurde de contredire l’importance. Ils révèlent que des femmes de caractère – je songe par exemple à Ségolène Royal en 2007, littéralement affaiblie par ceux qui auraient dû être ses soutiens – font encore l’objet d’un traitement discriminatoire non pas parce qu’elles seraient mauvaises mais au contraire trop bonnes.

Il y a eu une évolution insupportable entre la période où une femme qui réussissait voulait être jugée sur sa seule compétence, sans considération de son sexe, et la période actuelle où dans beaucoup de métiers on n’est pas loin de nous faire accroire, au nom d’un féminisme qui se parerait magiquement de toutes les vertus, qu’être femme suffirait pour avoir du talent.

On voulait faire oublier qu’on était une femme, maintenant on l’invoque telle une preuve. Je ne suis pas sûr que ce soit un progrès.

Féminisme au détail

Comparer sur ce plan la remarquable première femme à présider la Cour de cassation, Simone Rozès, pour laquelle il était hors de question de se prévaloir de son sexe, à nos féministes d’aujourd’hui nous fait passer du jour à la nuit. La parité est un leurre pour faire illusion : les pépites, il faut les chercher et les trouver, dans le masculinisme comme dans le féminisme.

Pour le premier, il n’y a pas beaucoup d’Alain Finkielkraut, de BHL agaçant mais nécessaire, de Fabrice Luchini, de Michel Onfray ou de Michel Bouquet. Pour le second, si on veut bien sortir de l’adhésion forcément admirative à l’égard de n’importe quels propos de femmes (intellectuelles, philosophes, actrices, chanteuses, journalistes), il y a des merveilles qui ont le plus heureux effet sur l’homme qui en bénéficie. Récemment sur France inter, j’ai écouté l’éblouissante Mona Ozouf, son intelligence lumineuse, son langage parfait. Elle a rendu Augustin Trapenard moins mièvre. À plusieurs reprises, Sylviane Agacinski m’est apparue plus impressionnante que quiconque. Yasmina Reza est toujours exceptionnelle.

Je voudrais prendre un exemple étranger, celui de la romancière américaine Anne Rice, récemment disparue et qui avait défini la mort avec cette approche incroyablement fine : « La mort. L’idée que nous puissions cesser d’exister, l’idée que nous pouvons nous retirer sans jamais savoir que nous nous évanouissons. » (Le Monde). C’est magnifique.

Pour conclure, qu’on me pardonne : je serai toujours pour le féminisme au détail, pour le masculinisme à la carte.

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Covid-19: indispensables frontières…

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Champs-Elysées, Paris, 24 décembre 2021 © Michel Euler/AP/SIPA

Et si l’Union Européenne et son idéologie libérale sans-frontièriste mortifère constituaient un facteur aggravant dans la gestion de la pandémie par nos gouvernants ? Le macronisme n’a pas été « disruptif » au point de reconnaitre les mérites des frontières dans la gestion d’une crise sanitaire. Au détriment des Français.


Comme un air de déjà-vu pour une crise sans fin ? Nouvelle cacophonie gouvernementale en cette rentrée 2022 avec une totale illisibilité sur les mesures et recommandations concernant les cas contacts, les durées d’isolement, le télétravail, les jauges maximales des rassemblements publics pour la vie politique… et la vie culturelle et sociale – avec de surprenantes nuances et différences de traitement qui n’ont pas fini d’alimenter les polémiques. Et bien sûr des débats enflammés au Parlement concernant la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal.   

Grosse lassitude

Toujours est-il que les énièmes mesures (mesurettes ?) de restriction annoncées lundi 27 décembre par le Premier ministre à l’issue du Conseil de défense sanitaire n’avaient visiblement plus de prise sur des Français résignés et las à l’entame de cette deuxième année de gestion chaotique et irrationnelle de cette crise sanitaire.   

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On pourra tout d’abord s’étonner de la relative modération de ces nouvelles contraintes eu égard au pic de contaminations atteint quotidiennement. Près de 200 000 nouveaux cas chaque jour, du jamais vu depuis le début de l’épidémie, ce qui fait craindre à nos conjoncturistes savants et prévisionnistes professionnels un probable blocage économique du pays dans les prochains jours.

L’approche des élections présidentielles semble avoir évidemment pesé dans la balance de la mansuétude pour un président plus que jamais en campagnen, qui a intérêt à faire durer au maximum ce climat anxiogène dans le pays (avec des chiffres de décès et malades Covid exagérément gonflés ?), afin de reléguer et occulter tout autre débat de fond, sans pour autant apparaître comme le grand père fouettard que souhaiteraient voir revenir et s’installer dans la durée les lobbys « enfermistes » et « claquemuristes » du Ministère de la Santé, de l’AP-HP et du Conseil scientifique.     

Décisions de rupture ?

Il paraît intéressant et pertinent, avec le recul, de revenir sur la toute première intervention télévisée présidentielle du fameux jeudi 12 mars 2020 dans laquelle Macron nous parlait de « crise du siècle » et ânonnait à cinq reprises le désormais gimmick « nous sommes en guerre. ».

Il est grand temps de reconnaître que les beaux discours macroniens empreints de lyrisme humaniste s’avèrent complètement hors sujet et inefficaces pour faire face à ce type de crise

Dans un style grandiloquent et outré qui est devenu depuis une de ses marques de fabrique, il prit alors grand soin d’annoncer : « ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »

Mais comment peut-on sérieusement évoquer des « décisions de rupture » tout en restant dans le cadre supranational technocratique, contraint, inefficace et mortifère de l’Union Européenne qui montre chaque jour un peu plus ses limites dans la gestion de cette crise avec une absence flagrante de coordination entre ses Etats membres et le non-contrôle de ses frontières extérieures ? Une Union Européenne devenue l’un des premiers foyers de contaminations au monde et qui voit nombre de pays étrangers (notamment africains) nous inscrire à tour de rôle sur leur liste rouge d’indésirables, suprême affront !

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L’intangible dogme de l’Union relatif à la libre circulation des biens, des services et des personnes va-t-il devenir notre tombeau collectif avec comme fossoyeur en chef le couple infernal Macron-Castex ? On peut raisonnablement le penser suite à la longue série d’erreurs stratégiques et de renoncements coupables de nos élites « sachantes » et suffisantes mais au final hors-sol et œuvrant, sciemment ou non, contre le bien des peuples. N’élit-on pas un président de la République pour qu’il puisse prioritairement protéger ses nationaux en cas de conflits et de guerres ? Est-ce réellement le cas depuis deux ans ?

Le president français Emmanuel Macron visite l’hopital militaire de campagne à Mulhouse, le 25 mars 2020, au dixième jour d’un verrouillage strict en France pour arrêter la propagation de COVID-19 © CUGNOT MATHIEU-POOL/SIPA Numéro de reportage : 00952074_000001

Comment peut-on affirmer avec aplomb comme le fit Macron que « le virus n’a pas de passeport et ne connait pas les frontières » ? Quelle ineptie ! Si la situation n’était à ce point aussi dramatique, on pourrait presque s’en amuser car si le virus ne connaît pas les frontières, les malades, contaminés et autres cas-contacts, eux, ont un passeport et vivent bien à l’intérieur de frontières nationales !

La frontière comme repoussoir

Si l’on était vraiment en « temps de guerre » comme le prétendit le président, le bon sens aurait dû conduire à prendre réellement des mesures exceptionnelles, à l’instar de ce qu’ont fait dès les premiers cas apparus en Chine la plupart des pays asiatiques (Thaïlande, Corée du Sud, Vietnam, Taiwan…) : fermeture immédiate des frontières avec un strict contrôle à la clé (parfois militaire !), tolérance accordée uniquement dans le cas de la mobilité des staffs diplomatiques avec mesures renforcées de tests et de réelles quarantaines dans les aéroports. Bref, tout l’inverse de ce qui a été mis en œuvre dans les pays de l’Union…  

Un pays comme la Corée du Sud (52 millions d’habitants), pourtant limitrophe de la Chine, foyer d’origine du virus, déplore à ce jour 5 000 morts pour Covid alors que la France, à population légèrement supérieure (67 millions) approche dangereusement la barre des 125 000 ! Taiwan, 24 millions d’habitants, compterait aujourd’hui 850 décès ! L’écart avec les pays de l’U.E est vertigineux.   

Comment ne pas manifester de la colère lorsque nous avons régulièrement entendu durant ces deux dernières années notre exécutif plastronner en annonçant qu’il allait « envisager de commencer à durcir les contrôles aux frontières », mais uniquement pour les non-ressortissants de l’Union Européenne (sic) ! Comme si le virus n’avait pas de prise sur la mobilité des européens à l’intérieur de l’espace Schengen. On croit rêver !

Une réelle politique de contrôle et de fermeture exceptionnelle des frontières nous aurait sans doute permis de limiter la très grande circulation des variants et autres mutants (provenant d’Angleterre, du Brésil, d’Afrique du Sud, d’Afrique Australe…), à l’instar de ce qu’ont réussi à faire dans l’ensemble avec une efficacité bien supérieure à la nôtre les pays d’Asie du Sud-Est.

La souveraineté européenne est une chimère

Le cœur du problème est évidemment l’incapacité intellectuelle, matricielle de nos gouvernants à s’extraire idéologiquement et juridiquement de toutes les conventions, traités, instances supranationales et intégrées nous liant (ligotant ?) à l’Union Européenne, laquelle semble plus que jamais à côté de la plaque et jouer contre les intérêts de ses Etats-nations. Rappelons une bonne fois pour toutes que la notion de « souveraineté européenne » est une chimère, une abstraction, une aberration, un oxymore. Seule la souveraineté nationale et populaire recouvre une réalité historique, juridique et politique dans notre pays. 

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Toute personne ayant l’outrecuidance d’évoquer le contrôle ou la fermeture des frontières se voit immédiatement anathèmisée, excommuniée, exclue du champ du débat démocratique et taxée de tous les noms d’oiseaux actuellement en vogue : réactionnaire, populiste, souverainiste, identitaire, conspirationniste, complotiste… lorsque ce n’est pas tout bonnement fasciste et extrémiste (de droite évidemment) ! 

Il est grand temps de reconnaître que les beaux discours macroniens empreints de lyrisme humaniste, libéral, sans-frontièriste, mondialiste, droit-de-l’hommiste s’avèrent complètement hors sujet et inefficaces pour faire face à ce type de crise que le monde contemporain traverse aujourd’hui. Et cela devrait hélas s’aggraver dans les prochaines années avec l’immense défi de la crise migratoire qui va prendre une ampleur dramatique et inédite.

Il nous faut donc au plus vite tourner cette funeste page politique hexagonale et européenne et en écrire une nouvelle avec d’autres équipes au pouvoir équipées de logiciels réellement innovants, disruptifs et surtout adaptés aux challenges et injonctions contradictoires de notre monde post-moderne. Tout en cessant de surcroît d’infantiliser, culpabiliser et terroriser nos concitoyens comme ce fut trop souvent le cas depuis deux ans avec les inénarrables conférences de presse du trio comique Castex-Véran-Salomon dont le cabotinage et le mauvais jeu de rôles sont devenus légendaires.  

Il en va de la crédibilité de la parole publique, de la confiance en l’avenir de notre nation et de la vitalité d’une démocratie représentative et participative plus que jamais à l’agonie.     

Le rappeur Gims ne veut pas qu’on lui souhaite bonne année!

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Gandhi Djuna, dit Gims, soirée pour les glaces Magnum, mai 2021, Paris © JP PARIENTE/SIPA

C’est qu’il est très sélectif dans ses choix ce garçon


Il est né au Congo et a été baptisé chrétien. Puis, il a débarqué en France où il a fait carrière en  chantant. Et plus précisément en Ile-de-France dont la présidente Valérie Pécresse a jugé bon de lui donner un coup de pouce.

Contrairement à celles du Seigneur, les voix du rap sont très pénétrables : elles mènent directement au Coran ! Ainsi, Gims s’est converti à l’islam. Et ce nouveau musulman a toute l’ardeur des néophytes.

En ce début d’année 2022 (après JC, n’est-ce pas ?), il s’est adressé à ses amis « muslims  ». Avec un cri de douleur qui est monté jusqu’à Allah : « J’en ai marre qu’on me souhaite Bonne Année ! ». « C’est pas mon truc et c’est pas notre truc à nous autres musulmans » a-t-il précisé.

Il n’a pas dit toutefois ce qu’il ressentait quand on lui souhaitait Joyeux Noël. Mais il est permis de penser que ça le rend malade et que ça entraîne pour lui une pénible hospitalisation. Car ce calendrier-là est fait pour les kouffars !

Gims en a un autre : celui de l’Hégire qui est le seul qui vaille à ses yeux. En conséquence de quoi il demande aux « muslims » de se « concentrer sur leur truc ». Et ce « truc », explique-t-il, c’est l’Aïd. Ne disposant pas, nous autres, de ce calendrier si précieux, nous ne savons pas toujours quand tombe l’Aïd… Nous ne pourrons donc pas rompre le jeûne avec Gims. Et en solitaire, nous mangeons tristement notre côte de porc.

Pour la petite histoire, notons que Gims a apporté son soutien à Valérie Pécresse lors des dernières élections régionales. L’occasion était trop bonne pour Marlène Schiappa qui a bondi en demandant à la candidate des Républicains de s’expliquer sur les propos du rappeur.

Du côté de chez Pécresse, on n’a pas été en reste et on a rappelé le copinage de Macron avec Yassine Belattar. Dans le bac à sable, la bataille s’annonce féroce…


Qui est Gims ?
Gandhi Djuna, plus connu sous le nom de Maître Gims, est un chanteur et rappeur congolais. Né en 1986 à Kinshasa, il arrive en France à l’âge de 2 ans. Propulsé sur le devant de la scène par le groupe de rap Sexion d’Assaut qui fut autrefois accusé de propos homophobes, ce dernier rencontre un grand succès avec des titres comme « J’me tire », « La même » (en duo avec Vianney) ou « Bella ». Il est le premier chanteur urbain à remplir le Stade de France avec 72 000 spectateurs en 2019. À la fois marié avec une Française au Maroc et uni avec une Française d’origine malienne, Gims (tel qu’on doit l’appeler aujourd’hui) peine à obtenir la nationalité française  • La rédaction

15 de nos écrivains reclus avec des moines

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Le village et à l'arrière plan l'abbaye Sainte-Marie de Lagrasse. Pixabay.

Au cours de l’été dernier, quinze de nos écrivains ont passé trois jours et trois nuits à l’abbaye de Lagrasse, entre Carcassonne et Narbonne. En adoptant dans un recueil chacun le registre que leurs lecteurs leur connaissent bien, ils témoignent de ces journées singulières faites de prières et de travail auprès des quarante moines vivant sur les lieux…


Trois jours et trois nuits dans une abbaye au rythme des offices, au son du chant grégorien et au milieu de quarante-deux chanoines aux personnalités colorées. C’est le pari qu’ont fait quelques-uns de nos écrivains, recrutés pour une immersion spirituelle dans l’abbaye de Lagrasse, au sein d’une communauté religieuse de chanoines de saint Augustin. À tour de rôle, ils ont partagé la vie des frères, et vient de paraître le très beau livre qui rassemble leurs impressions. Quatorze écrivains se sont prêtés au jeu : entre autres, Sylvain Tesson, Frédéric Beigbeder, Pascal Bruckner, Jean-Paul Enthoven, pour en citer quelques-uns des plus connus. Pas vraiment connus pour leur catholicisme fervent – euphémisme. Pourtant, ils ont rendu compte avec finesse de la beauté tranquille du mode de vie monastique, de ses rituels, de son dépouillement volontaire. Le décor était splendide : un majestueux édifice roman de la campagne de l’Aude, occupé depuis l’époque carolingienne. Rendez-vous avec l’éternité. Un petit B.A.-BA de la retraite spirituelle, somme toute.

Beigbeder livre un récit très drôle

La constance à dire la même chose en toute situation est probablement une des plus grandes forces de l’écrivain, et on voit avec amusement Bruckner faire du Bruckner, Beigbeder du Beigbeder, etc. Ce dernier livre un récit très drôle, à la légèreté nihiliste non dénuée de profondeur. Ailleurs, l’académicien Xavier Darcos s’offre avant tout l’occasion de doctes réflexions sur la transmission de la latinité païenne via le christianisme ; Franz-Olivier Giesbert polémique contre les bien-pensants. On se réjouit du texte de Camille Pascal, historien de formation, qui détonne dans le recueil puisqu’il est un excellent pastiche d’une hagiographie médiévale racontant la fondation de l’abbaye. Enfin, quand on en vient au récit de la descente en rappel du clocher de Lagrasse par Sylvain Tesson accompagné de trois chanoines enthousiastes, on sourit franchement de cette géniale aptitude à assumer d’être sa propre caricature. 

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Au-delà de cela cependant, accepter de participer à une telle entreprise, c’était accepter de se livrer, au moins un peu, sur sa foi – qui touche à l’intime de nos êtres. De ce point de vue, comme les voûtes d’une église, l’expérience de la retraite spirituelle est une caisse de résonance : on laisse les bruits du monde dehors pour écouter la musique intérieure. De là sont nées quelques pages bouleversantes, entre autres chez Simon Liberati – qui intitule son texte « Eli, Eli, lema sabachtani » – « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné », et Boualem Sansal parlant tristement de son frère devenu témoin de Jéhovah. 

Le christianisme passé de mode?

Au terme du livre, une constatation. L’air du temps n’est pas particulièrement favorable au christianisme – nouvel euphémisme. Surtout, la crainte qu’il soit en train de mourir n’a peut-être jamais été aussi forte. Or, au sein de ce qui pourrait, à première vue, apparaître comme une forme de publicité pour le mode de vie monastique destinée au grand public, on aurait pu s’attendre à ce que cette crainte soit plus présente. En réalité, cette crainte semble inversement proportionnelle à la proximité avec la foi chrétienne. Ce sont Bruckner, Enthoven, Sansal qui s’inquiètent, parce qu’ils ne croient pas. Au contraire du chrétien, qui a appris à « se confier dans le Seigneur ». Reste à savoir si on choisit d’y croire aussi.

Trois jours et trois nuits, préface de Nicolas Diat, Fayard, 2021.

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Comment peut-on être heureux au temps du Covid?

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Image: Unsplash

La pandémie nous invite à repenser notre définition du bonheur. Être heureux est une affaire de volonté, nous ont appris les stoïciens…


La question est aussi pertinente que celle qui aurait pu être posée en 1918 alors qu’il n’y avait pas de vaccin. Pouvait-on être heureux pendant cette période (1918) de grippe (dite) espagnole [1]? Pourtant, autant cette question paraît, au moins en France, pertinente en 2021-2022 tant les hommes vivaient, avant l’apparition de ce virus, dans le monde pacifié de la consommation, autant elle n’est pas évidente si l’on ne définit pas clairement le Bonheur (Xingfu en chinois, Happyness en anglais).

Il va de soi que, dans notre société consumériste – qui est aussi une société de médicaments – le bonheur paraît une suite du plaisir, soit un plaisir plus intense, soit un plaisir plus durable. En fait, si l’on y réfléchit, le Bonheur n’est ni l’un ni l’autre. En grec antique, le Bonheur (eudemonia) n’a rien à voir avec le plaisir (hédonè). Ainsi, loin de tout hédonisme, disons que le Bonheur est un état de l’âme qui se caractérise par l’aptitude d’un être dit «heureux», à accueillir tous les événements, bons comme mauvais.

Mais un tel état de l’âme, l’équanimité, suppose de ne pas faire du Bonheur un but de l’existence. Disons alors qu’à défaut d’être un but de l’existence, le Bonheur ne peut être qu’un effet de la sagesse. Et précisons qu’une telle sagesse est celle qui est offerte (et non vendue!) par la philosophie stoïcienne. En pleine période de ce virus Corona (Covid-19), il n’est donc pas impertinent de nous demander:

1- si nous pouvons être heureux.

2- si nous pouvons l’être lorsque nous nous nous retrouvons atteints par un tel virus qui (nous) rend malade et peut entraîner notre mort.

3- si nous pouvons l’être lorsque nous perdons un proche qui a été contaminé par ce Corona.

1- Pour répondre à la première question,  rappelons d’abord que l’équilibre de l’âme – l’équanimité – est le produit de la volonté et d’un apprentissage à la sagesse qui ne découle jamais d’un événement positif (ou d’une série d’événements positifs) qui nous arrive(nt) comme, par exemple, le fait de gagner à la loterie, ou de voir la naissance d’un enfant désiré, ou de constater que les ennemis deviennent des amis, etc. Si ces événements sont indéniablement vus comme étant «positifs», il s’avère négatif que votre bonheur découle de tels événements extérieurs. Epictète nous apprend ainsi, dans son Manuel, qu’il y a deux sortes de choses: celles qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. Or, les événements évoqués ci-dessus relèvent évidemment de la deuxième sorte de choses. Il est facile de comprendre que ces événements vont faire plaisir à celui qui les vit et reçoit, mais il ne les conduira nullement au Bonheur. La joie est une passion qui nous remplit de bonne humeur, mais qui reste étrangère et hétérogène au Bonheur, attitude de l’âme et de la personne qui se produit aussi bien quand de mauvais événements se produisent que lorsque de «bons» événements arrivent. Le Bonheur n’est donc ni une passion, ni une action; il est, toutefois, le fruit d’une action,  de la volonté intelligente, qui consiste à anticiper ce qui peut nous arriver afin de l’accueillir (quelle que soit sa prétendue négativité: mort, maladie, accident, etc.).

L’homme heureux, par sa capacité d’anticipation des événements, accueille donc les événements qui lui arrivent, quelle que soit leur tonalité positive ou négative (établie par la psychologie moderne). Ainsi, ce qui arrive et qui est estimé «négatif» rend malheureux le non-sage, c’est-à-dire celui qui ne pense pas et n’anticipe pas les événements de sa vie [2].

2- Le fait d’être atteint par le virus Covid-19 ou l’un de ses variants, suppose d’en chercher la cause. Si celui qui l’a «attrappé» n’a appliqué aucune des contraintes obligées ou recommandées, la moindre des conséquences logiques et philosophiques est qu’il se reconnaisse comme responsable [3] de sa maladie. Une telle conscience de soi est difficile à pratiquer dans une société qui préfère reconnaître ses citoyens comme des victimes potentielles ou réelles plutôt que comme des responsables, d’où le rôle de l’avocat lors d’un procès dans un tribunal correctionnel, avocat qui s’efforce de mettre en évidence les facteurs qui n’excusent pas, mais qui diminuent la part de responsabilité du criminel dans le meurtre qu’il a commis. Ce virus est donc l’occasion [4] non seulement de faire des tests pour savoir si l’on en est atteint, mais surtout de se préparer à être responsable. Dès lors, le fait d’être contaminé par le virus n’est positif que si celui qui l’a reconnaît, non sa malchance, mais sa responsabilité.

3- Dès lors, si vous perdez des proches à la suite de cette contagion, mieux vaut la lucidité que la tristesse. Vous devez savoir que cette (ou ces) personne(s) est (ou sont) morte(s) à la suite d’un mauvais usage de leur liberté. Bien sûr, tous ceux qui nagent dans l’idéologie de la victimité auront du mal à entendre ce lien de la liberté et de la vérité.

Les plus sages sauront accepter ces événements dits «négatifs» en les replaçant dans un contexte où la liberté a sa place. Par conséquent, le Bonheur stoïcien consiste à accepter ce qui arrive, même si ce qui arrive est estimé négatif par notre entourage. Mais attention, il ne s’agit pas d’accepter ce qui arrive parce qu’il arrive, mais de l’accepter car nous nous y sommes préparés en l’anticipant. 

Comme l’écrivait Shakespeare: dès qu’un enfant est né, déjà il est assez vieux pour mourir. Bref, le Bonheur est un effet d’une structure de l’âme qui a l’intelligence du réel!

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[1] De mars 1918 à juillet 1921, la « pandémie grippale de l’année 1918 » a fait entre 20 et 100 millions de morts dans le monde, dont environ 400 000 en France.

[2] Ce que les compagnies d’assurance font pour lui, en lui proposant de le dédommager selon les types d’événements supposés négatifs qui peuvent lui arriver et qui rendent les assurances joyeuses car fructueuses ! L’Avenir est pavé de bonnes intentions ! Pour l’Enfer, on l’a déjà vu.

[3] Du latin responsus signifiant: Qui doit répondre de ses actes

[4] ou la chance