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Lettre ouverte à la ministre du Travail, Madame Elisabeth Borne

Une tribune libre de Sophie de Menthon


Lettre ouverte à la ministre du Travail, Madame Elisabeth Borne
Elisabeth Borne, ministre du Travail, en déplacement dans les Côtes d'Armor, 9 juillet 2021 © MICHEL GAILLARD-POOL/SIPA

Elisabeth Borne entend infliger une amende administrative aux entreprises en cas de non-respect du protocole sanitaire. Cette amende serait instaurée ce lundi par les députés à l’Assemblée nationale via un amendement au projet de loi créant le passe vaccinal. Sophie de Menthon s’en insurge dans cette tribune. Selon elle, en France, c’est toujours la faute aux entrepreneurs !


Madame la ministre,

Que vous n’ayez aucune idée sur les mesures à prendre pour freiner l’épidémie en particulier dans les entreprises, que le gouvernement se répande en injonctions contradictoires par ignorance devant les millions de cas qui apparaissent, nous pouvons le comprendre. 

En revanche, il est nuisible et grave que vous traitiez les chefs d’entreprises comme des délinquants en puissance, en brandissant des menaces d’amendes dites « administratives ». Vous prétendez nous consulter, mais à part une réunion des instances dites représentatives, mises devant le fait accompli, il n’y a eu aucune confiance et aucune volonté sincère d’écouter nos suggestions.

C’est une provocation

Vous partez du principe que nous sommes inconséquents et que nous ne serions prudents que sous la menace de punitions sévères. Comme si le problème de la contamination venait de se poser ! C’est faire preuve d’une telle ignorance ou d’un tel mépris de la gestion de ressources humaines et même d’une telle absence d’un sens minimal de la communication, que nous sommes ébahis. Les chefs d’entreprises, les industriels et les 20% d’entreprises qui ne peuvent adopter le télétravail et qui en ont fourni la preuve, sont vent debout devant cette attitude. C’est une provocation. 

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Ignorez-vous toute la prévention déjà mise en place ? Ignorez-vous que nous avons tout fait (et plutôt bien, et avec leur aide) pour préserver nos salariés – y compris en utilisant ce  que vous interdisiez à une époque : masques, température, tests, maintenant (seulement) autotests, réaménagement des postes de travail, vaccins ? Nous leur avons même offert des jours de congés payés pour cela. 

Vous qui êtes ministre du Travail, comprenez-vous bien que la santé de nos entreprises passe par la santé de nos salariés ? Votre injonction en application dès ce lundi 3 décembre, nous est parvenue alors que nos salariés étaient en vacances ! Tout cela nous tombe dessus au moment où nous souffrons déjà d’un absentéisme très fort et de recrutements difficiles.

Les entrepreneurs, toujours coupables en France

Avez-vous vraiment réfléchi au fait que nous gérons depuis des mois, des cas contacts, des arrêts de travail, des salariés atteints ou asymptomatiques, avec absences courtes ou longues ? Nous en savons bien plus que vous et vous nous annoncez que l’inspection du travail devrait JUGER si tel ou tel salarié est indispensable en présentiel ? Est-ce une plaisanterie ? Permettons aux inspecteurs du travail d’être eux-mêmes en télétravail si nos entreprises sont des lieux si risqués !

Vous semblez par ailleurs ignorer complètement les solutions que nos industriels ont inventées pour lutter contre la propagation du virus. Qu’attendez-vous pour les utiliser dans les services publics ? Parmi vos coups de semonce, je rappelle que vous avez attaqué le faible taux de télétravail des banques en décembre 2020, après avoir mal lu les tableaux de chiffres fournis du secteur qui indiquaient en réalité un fort taux de congés en fin d’année ! Cette mise en cause perturbante affecte encore les équipes et les syndicats de ce secteur.

Veuillez de notre part, remercier le ministre des Finances des aides financières généreuses distribuées cette année qui nous ont permis de franchir un cap. Mais l’argent n’est pas tout ! Vos dernières déclarations intempestives et accusatrices sont néfastes sur tous les plans et ruinent la confiance que certains portent à votre gouvernement. À moins qu’il ne s’agisse de votre part d’un signal politique délibéré pour montrer aux citoyens que les entreprises, toujours forcément coupables en France, sont dans l’œil du cyclone.

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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