Découvrez le sommaire de notre numéro de janvier
« Présumé coupable ! » En France, nous supposons que tout accusé bénéficie de la présomption d’innocence, qui est une des pierres angulaires de l’Etat de droit. Pourtant, le procès contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire de l’argent libyen semble démontrer que cette supposition est pour le moins hâtive. Après une décennie d’acharnement judiciaire – et médiatique – contre l’ancien président de la République, le dossier à charge reste étonnamment vide. Qu’Edwy Plenel, suivi par d’autres journalistes, s’évertue à faire mordre à M. Sarkozy la poussière du désert libyen en prétendant démontrer que sa campagne de 2007 a été financée par les millions de Mouammar Kadhafi, c’est déjà assez troublant. Que certains magistrats fassent de même, il y a de quoi nous faire douter de notre démocratie.
Comme l’écrit Élisabeth Lévy dans son introduction à notre dossier : « dans ces conditions, le pouvoir grandissant des juges a de quoi inquiéter. » Dans une enquête minutieuse, Erwan Seznec, qui s’est plongé dans les milliers de pages des procès-verbaux de l’instruction, nous révèle que les millions de Kadhafi restent introuvables, tandis que la campagne victorieuse de Sarko n’avait nullement besoin de sommes aussi pharamineuses. Bref, il s’agit d’un crime sans cadavre et sans mobile. Ceux qui s’acharnent contre lui prétendent moraliser notre démocratie : ils font plutôt le contraire.
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Dans son édito, Élisabeth Lévy considère le cas de la ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », qui s’est présentée aux députés comme étant « en charge des questions LGBTQIA+ ». Élisabeth Moreno, ayant insisté pour faire partie des contradicteurs de Zemmour dans « Face à Baba », a accusé le candidat à la présidentielle de sexisme, avant de se fendre, au sujet des enfants dits « transgenres », de cette perle de sagesse absurde : « Les gens sont ce qu’ils ressentent ! » Commentaire de notre directrice de rédaction : c’est « le cœur caché de l’idéologie woke : chacun est ce qui lui plaît, tout le monde étant prié d’afficher le plus grand respect pour les bizarreries individuelles. » Dans un entretien, Martin Blachier, médecin de santé publique et épidémiologiste, se confiant à Élisabeth Lévy, explique qu’il est illusoire d’espérer que la stratégie du tout vaccinal arrêtera les contaminations du Covid. Pour empêcher les formes graves et donc la saturation hospitalière, il faut vacciner 100% des vieux, laisser les jeunes se contaminer et, surtout, arrêter de pourrir la vie des enfants. Cyril Bennasar réagit vigoureusement aux tombereaux de mensonges et de calomnies sous lesquels on tente d’ensevelir Éric Zemmour. Avec un peu de patience et beaucoup de bonne foi, on voit que celui-ci n’a rien de raciste ni de misogyne mais tient un discours de vérité sur l’état de la France aujourd’hui. Céline Pina salue le nouveau livre de Gilles-William Goldnadel. Son Manuel de résistance dénonce les « fascistes » d’aujourd’hui qui campent à l’extrême gauche. S’ils n’ont rien à envier à leurs ancêtres d’extrême droite en matière de haine, de violence et d’antisémitisme, ils bénéficient de l’inaltérable bienveillance des « grands » médias. Côté actu, retrouvez aussi, entre autres, Stéphane Germain sur l’inflation, Valentin Chantereau sur le nouveau gouvernement allemand, et moi-même sur l’arrivée en France du nouveau réseau social, Gettr, qui promet d’être plus fidèle au principe de la liberté d’expression que Twitter ou Facebook.
Cette année, le monde fête les 400 ans de la naissance de Molière. De même que Mallarmé écrivait de Victor Hugo, « il était le vers personnellement », on peut dire de Molière : « il était le théâtre personnellement. » Aujourd’hui, personne n’est mieux qualifié pour parler de la meilleure manière de jouer le plus grand dramaturge français – et sans doute (n’en déplaise à mes compatriotes avec leur culte de Shakespeare) mondial – que le génial comédien, Michel Fau. Interrogé par Yannis Ezziadi, il explique que Molière est par-dessus tout un artiste baroque. Son jeu devait être extravagant et éclatant, mais à notre époque il est incarné par des acteurs ennuyeux, sérieux et raisonnables. Frédéric Ferney voit l’essence du génie de Molière dans le fait qu’il n’a pas de vision du monde à faire partager : « il ne sait que regarder les hommes. » Retrouvez aussi les réflexions de Jérôme Prigent, Jean-Marie Besset et Jean Anouilh. Un autre trésor national ne semble pas être en aussi bonne santé aujourd’hui. Jonathan Siksou dévoile le projet de réaménagement de Notre-Dame-de-Paris conçu par le diocèse et qui a reçu un premier avis favorable de la Commission du patrimoine. Il s’agit notamment de remiser mobilier et œuvres d’art du XIXe siècle pour faire entrer le street art et des projections lumineuses multilingues sous les voûtes de la cathédrale. L’art et la spiritualité sont aussi malmenés l’un que l’autre. Notre section « Culture et humeurs » se complète avec, entre autres, Jérôme Leroy sur Suzy Solidor, Charlotte Duthoo et Nerval, Pierre Lamalattie sur la rétrospective consacrée au peintre russe, Ilya Répine, et Jean Chauvet sur les films de janvier. Faut-il dire, avec nos ancêtres paysans : « Dieu te garde d’un bon janvier » ?
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