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Les larmes de Betty Blue

L’hommage à Jean-Jacques Beineix par Pascal Louvrier, qui l’a rencontré


Avec la mort de Jean-Jacques Beineix, c’est un style qu’on enterre. Un souffle de liberté, d’audace, d’érotisme passait dans ses films. Je retiendrai en priorité son film culte « 37°2 le matin », tiré du roman éponyme de Philippe Djian.

Je me souviens de l’avoir rencontré dans son duplex face au cimetière de Montmartre où reposent François Truffaut et Jeanne Moreau, pour ne citer qu’eux. A l’époque j’écrivais la première biographie de Béatrice Dalle. « 37°2 » raconte l’histoire tragique de deux écorchés vifs. Lui est écrivain, Zorg, interprété par Jean-Luc Anglade, tout en muscles, viril et fragile à la fois ; elle, c’est Betty, rayonnante, folle, insolente, premier rôle pour Béatrice Dalle, repérée par Dominique Besnehard.

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Interdit aux moins de 18 ans

Ça débute par une scène très sexuelle, qui vaut au réalisateur une interdiction en salle aux moins de 18 ans. Les deux acteurs ont-ils réellement fait l’amour devant la caméra ? Probablement. C’est l’été, jaune et bleu, images saturées de couleurs. Beineix nous place dans un univers envoûtant. La mort flaire sa proie. Eros, une nouvelle fois, lié à Thanatos. Il y a cette scène où l’on voit Betty, dans sa robe rouge, sur un chemin de campagne, avec les cloches du village, les montagnes au loin, le coucher de soleil. De la poésie pure. Les grandes histoires finissent mal, c’est bien connu. Betty s’arrache un œil, sa raison a rendu les armes. Elle n’est plus de ce monde. La société déclare fou celui qui injecte du désordre dans le quotidien. Jamais quelqu’un n’aura vu aussi loin que Betty.

Pasolini n’aurait pas mieux saisi le visage de cette sainte infernale. À cet instant-là, Beineix rejoignait le cercle fermé des grands cinéastes.

Un cinéaste qui lisait Bataille

Je me souviens donc de cette rencontre. Dans sa bibliothèque, il y a les tomes 1 et 2 des Œuvres complètes de Georges Bataille. Il est assis derrière le grand écran de son ordinateur. Cheveux très courts, bouc blanc, lunettes rondes posées sur le haut du crâne. Sweat-shirt marron, pantalon décontracté, sandales sur chaussettes. De petits yeux malins. On va rester ensemble deux heures. Il parle de Béatrice Dalle, de « 37°2 », du cinéma, de sa procrastination. Adjani était prête à incarner Betty. Il voulait une inconnue. Besnehard déniche la perle rare. Beineix trouve Béatrice totalement dans la provoc. Elle ne joue pas, elle exprime sa personnalité sans filtre. Elle n’en a rien à foutre ! Il confie : « Elle a une manière d’être qui est unique. Elle m’a fait penser à Bardot. Bardot, elle était fausse, mais c’était Bardot ! Je retrouve chez Béatrice une forme d’innocence qu’il y avait chez Bardot, chez Marilyn Monroe. C’est des étoiles filantes. Elles atteignent à des mythologies. »

La conversation se poursuit, passionnante. Il revient sur Béatrice. « Elle demande beaucoup. Ce n’est pas sur des rails avec elle. En même temps, elle n’est pas chiante. Un peu capricieuse, c’est tout. J’en ai connu des emmerdeuses ! Et des alcoolos ! »

Il avait son franc-parler, Beineix.

A lire aussi, du même auteur: Christian Millau, l’art de vivre à la française

Puis il évoque le couple Béatrice/Jean-Luc. De sa voix légèrement flûtée, il dit : « Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ils étaient beaux, jeunes, extraordinaires à regarder. Il y avait quelque chose de très pur, en fait. C’étaient Roméo et Juliette. Un miracle amoureux, en somme. C’est un métier dangereux, le métier d’acteur. Il y a une confusion des genres. Le public… le privé… Tout ça se mélange. C’est l’extimité. On se montre, on touche à l’exhibitionnisme. L’Église, ne l’oublions pas, condamnait les acteurs. Ils flirtaient tout le temps. C’est clair qu’on ne savait plus si on était dans le film. Au ‘’Coupez !’’, ça continuait. »

Un film culte

On en revient toujours à ce film culte. « Betty, précise Beineix, arrive à cette définition qui fait que l’internement peut être prescrit. Elle met sa vie, ou celle des autres, en danger. Elle est borderline. Elle est une allégorie de la liberté. Elle est très moderne dans sa révolte. Betty ne supporte pas la mollesse des hommes. »

J’ai demandé au cinéaste une anecdote de tournage. Il s’est souvenu de celle-ci : « Béatrice trouvait qu’elle avait un gros cul. J’avais acheté un short fendu sur le côté, un short en satin. J’en avais acheté plusieurs en fait, une sorte d’intuition. Béatrice le porte quand elle s’enfuit dans la rue poursuivie par Zorg. C’était un plan-séquence, avec une Méhari, qu’on faisait dans les petites rues de Marvejols. Tout à coup, je vois qu’il y a un problème. Je demande où est le short. Personne ne répond. L’habilleuse finit par avouer que Béatrice avait lacéré le short. Alors, j’ai sorti un autre short. C’est con qu’on n’ait pas gardé le short lacéré. On l’aurait vendu pour une œuvre caritative ! Cette anecdote est belle, car elle m’amène à réfléchir sur ce qu’est un acteur. Béatrice ne faisait pas la différence entre ‘’ce que je suis et ce que je joue’’. Depardieu était comme ça, au début de sa carrière. »

Fier de « 37°2 », Beineix tenait à confesser : « La violence faite à soi-même, c’est terrible. Les gens sont persuadés qu’il y a la scène où Betty s’arrache un œil. Mais cette scène n’existe pas ! On ne la voit jamais s’arracher l’œil. Eux, si, ils la voient. Le succès du film vient de ça aussi. »

Jean-Jacques Beineix n’a réalisé que six longs métrages. Mais la qualité et l’originalité furent au rendez-vous. À la fin de notre entretien, je lui avais demandé pourquoi il tournait assez peu. « Il faut tout de suite se lancer dans un autre film. Comme pour un roman. Moi, je suis tombé dans l’inverse. Plus le temps passe, plus c’est difficile. Je suis une sorte d’Adjani ! » Il avait ri en disant cela. Car il ne se prenait pas au sérieux.

Avant de conclure cet hommage, je repense à la phrase du roman de Djian : « Le monde est trop petit pour Betty. » Il l’était pour le réalisateur de « Diva », « La lune dans le caniveau », ou encore « IP5, l’ile aux pachydermes ». Il a préféré s’éclipser sur la pointe des pieds, en silence.

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L’erreur de Zineb, les fautes de Macron

En rejoignant le président Macron, l’ancienne plume de Charlie Hebdo et militante laïque Zineb El Rhazoui réalise une terrible erreur. Aurélien Marq écrit à la Franco-marocaine, et lui rappelle les compromissions de l’exécutif qui se réjouit de cette « prise de guerre »…


Chère Zineb,

Ta vie est en danger parce que tu as le courage de dénoncer un totalitarisme théocratique qui menace aujourd’hui la liberté et la dignité de mes enfants, et de tous les enfants de ce monde. Rien que pour cela, j’ai une dette envers toi. Mais cette dette ne me contraint pas à la flagornerie, au contraire : elle m’oblige à la sincérité.

Tu as choisi de soutenir Emmanuel Macron, « choix du cœur et de la raison ». Au moins as-tu l’honnêteté de le dire clairement, quand d’autres se drapent dans une neutralité feinte pour faire croire que leurs déclarations seraient objectives, quand elles ne sont que partisanes.

Depuis, certains t’attaquent avec une bassesse qui ne fait honte qu’à eux. Détestables sont-ils, ces moralisateurs qui ne tolèrent aucune faiblesse chez autrui, mais ne s’astreignent eux-mêmes à aucune grandeur. D’autres, avec une bassesse comparable, te traitent comme un trophée, une prise de guerre à brandir dans l’espoir de grappiller quelques voix, ou d’usurper pour eux-mêmes un peu de l’admiration que beaucoup ont pour toi. Ceux-là sont tous insignifiants.

A lire aussi, du même auteur: Laïcité: un étrange anniversaire

Mais il y a aussi ceux qui se réjouissent sincèrement, et grand bien leur fasse. Il y a ceux qui se sentent trahis. Ceux qui sont déçus par une icône, oubliant que tu n’es pas une sainte, mais simplement une femme courageuse, et que ce courage est d’autant plus admirable que tu n’es justement pas une sainte, que tu n’as jamais prétendu l’être, et qu’il serait injuste d’exiger que tu le sois. Et il y a ceux, dont je suis, qui ne comprennent pas.

Macron: service minimum contre l’islamisation de la France

Emmanuel Macron a-t-il pris des engagements envers toi, pour faire avancer concrètement la lutte contre l’islamisme ? Alors il est urgent d’en donner les détails, pour qu’il soit lié par une parole publique. Car trop de promesses ont déjà été trahies, et son bilan des cinq dernières années ne plaide pas pour lui.

Qu’il lui ait fallu du temps pour ouvrir les yeux, que toi et d’autres ayez eu besoin de temps pour influencer le pouvoir actuel et faire enfin bouger les lignes, chacun peut le comprendre. Emmanuel Macron a tardé à faire, n’a fait que sous la pression, et a fait trop peu, mais il a fait. Je le reconnais. Seulement voilà : il a fait juste assez pour qu’on ne puisse pas dire qu’il n’a rien fait, et « en même temps » il a aussi permis la propagation du cancer islamiste, et ne semble pas prêt à s’y opposer véritablement. Il a favorisé la normalisation de l’islam orthodoxe, et nous savons bien que toujours et partout, une fois devenu normal cet islam-là veut s’imposer normatif.

Ces jours-ci, le Sénat a adopté, contre l’avis du gouvernement, un amendement visant à interdire le port de signes religieux ostensibles dans le cadre des événements et compétitions sportifs. Un amendement adopté pour empêcher que le voile, cet étendard de l’islamisme et de l’injustice sexiste, s’infiltre dans le sport. Contre l’avis du gouvernement d’Emmanuel Macron ! Contre la volonté de la ministre des Sports d’Emmanuel Macron ! Et toi, tu soutiens celui dont le gouvernement et la ministre ne voulaient pas de cet amendement ? Je ne comprends pas.

As-tu oublié les 109 Mariannes, 109 et « sang neuf » pour « renouveler les visages de la République et de la Citoyenneté »…. avec une « Marianne » voilée ! Jadis, tu aurais dit la même chose que Lydia Guirous : « Marianne n’est et ne sera JAMAIS voilée ! L’islamisme et ses symboles ne se combattent pas à moitié ! » Mais aujourd’hui, toi, la féministe inscrite dans la lignée admirable d’Elisabeth Badinter, toi qui as payé au prix fort le combat pour l’émancipation, tu soutiens le chef d’orchestre de cette trahison du féminisme, de cette trahison de l’idéal républicain d’émancipation ? Je ne comprends pas.

Début décembre, pour marquer l’anniversaire de la loi de 1905, le Secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a invité des philosophes et des représentants des cultes à s’exprimer. Et en cette période, d’autant plus sensible pour l’islam en France que le CFCM, dont on sait le catastrophique échec, devrait être bientôt remplacé par le FORIF, sais-tu qui le SG-CIPDR a choisi pour représenter le culte musulman ? Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP). Le même qui a déclaré qu’il fallait « pardonner à Mila », alors qu’il n’y a rien à lui pardonner, et qu’il devrait au contraire se jeter à ses pieds pour implorer son pardon à elle, au nom de la religion qu’il représente. Le même qui avait attaqué Charlie Hebdo devant les tribunaux, en tant qu’avocat de la GMP, dans une procédure où celle-ci s’était alliée à l’UOIF ! Le même qui avait alors déclaré : « nous poussons les organisations musulmanes à agir en justice dès qu’elles se sentent lésées. » Qu’était-ce, sinon un encouragement au jihad judiciaire ? Et il ne semble pas s’être beaucoup amendé depuis…

Ces ingérences étrangères qui pourraient arranger la macronie

Le même qui parle désormais de « racisme anti-musulmans », comme si une religion était une race et non une croyance, un trait hérité et non choisi, la peau plutôt que la chemise. Le même qui appelle les musulmans et tout spécialement les Algériens et les Français d’origine algérienne, ramenés à leurs origines au détriment de leur citoyenneté, à se constituer en lobby pour peser sur les élections en France. Il paraît pourtant qu’il y aurait des lois pour lutter contre le « séparatisme » et l’ingérence étrangère…

Le même, enfin, qui en octobre dernier s’est félicité que la GMP ait fait apprendre et réciter à des enfants les 40 hadiths d’An-Nawawi, dont le n°8 exalte d’imposer l’islam par la force des armes, et le n°14 déclare licite de « faire couler le sang » des apostats. Crois-tu que la Grande Mosquée de Paris ait été sanctionnée pour ça ? Que le recteur et l’imam responsables aient été sanctionnés ? Que nenni ! Pas l’ombre d’une fermeture administrative, pas le moindre germe de commencement d’une expulsion. Mais celui qui enseigne aux enfants qu’il est bon d’imposer la religion par les armes et de « faire couler le sang » des apostats, celui-là entre tous, est mis en avant pour parler de laïcité, et par une instance dont l’objet est de lutter contre la « radicalisation » !

Alors que devons-nous penser ? Que le SG-CIPDR ignore tout de ce que je viens d’écrire, signe d’incompétence, ou qu’il le cautionne, signe de complaisance ? Dans les deux cas c’est inacceptable, et c’est l’œuvre d’Emmanuel Macron, c’est son bilan. Toi l’apostate, toi qui as toujours défendu la liberté de conscience, comment peux-tu soutenir cela ? Je ne comprends pas.

A lire ensuite, Erwan Seznec: Braquage indigéniste à Bagnolet

Ah, à propos d’apostasie : puisque le Chanoine du Latran a affirmé admirer la « capacité d’indignation » du Pape François, sais-tu si tous deux ont pris une minute ou deux pour s’indigner ensemble au sujet du Grand Imam d’Al-Azhar, dont François revendique l’amitié ? Tu sais bien, Ahmed Al-Tayeb, qui en 2016 expliquait sans la moindre gêne que les quatre madhhabs du sunnisme sont unanimes pour demander la mise à mort des apostats. A moins que le sort des apostats de l’islam leur importe à tous deux aussi peu qu’au SG-CIPDR ? Toi la militante laïque, comment peux-tu soutenir tout cela ? Je ne comprends pas.

Nous continuerons à te défendre même contre ce qui est désormais ton camp!

Dois-je aussi te rappeler qu’Emmanuel Macron avait choisi comme Garde des Sceaux Nicole Belloubet, dont le cri du cœur fut de vouloir condamner Mila, puis Eric Dupond-Moretti, qui considérait comme « un honneur » de défendre Abdelkader Merah ? Un devoir, j’aurais compris, même les monstres ont droit à un avocat, mais un honneur ? Dois-je te rappeler qu’Emmanuel Macron n’a jamais démenti son amitié envers Yassine Belattar ? Qu’il t’a « ôté le sommeil » il y a seulement deux ans ? Dois-je évoquer Elisabeth Moreno, sa ministre favorable à la « discrimination positive » sur critères ethniques, c’est-à-dire à l’instauration d’une inégalité en droit entre les citoyens sur la base de leur couleur de peau ? La sortie mémorable du président sur les « deux mâles blancs » ? Toi l’universaliste, comment peux-tu soutenir cela ? Je ne comprends pas.

Yassine Belattar et Emmanuel Macron en 2017 © ERIC FEFERBERG / AFP

J’ai aussi peu d’estime pour Emmanuel Macron que tu sembles en avoir pour Eric Zemmour, et pourtant je ne dirai pas que tu te « vautres » dans le macronisme « le plus crasse ». J’ai trop de respect pour toi, et surtout trop de respect pour la démocratie, qui a besoin de débats et de désaccords, et non d’anathèmes. Contrairement à bon nombre de ceux que tu viens de rejoindre, je sais que la liberté de pensée est le droit de croire que j’ai tort, et la liberté d’expression le droit d’essayer d’en convaincre les autres.

Sans hésiter, je continuerai à te soutenir contre tous ceux qui te menacent, et contre tous ceux qui voudraient te faire taire, par la violence, par la censure, par le harcèlement de quelque nature qu’il soit. Au passage, si la loi Avia était passée, aurais-tu pu continuer à t’exprimer sur les réseaux sociaux ? Je ne le pense pas, et il me semble que tu ne le penses pas non plus. Je défendrai donc ta liberté même contre ce qui est désormais ton « camp ». Oui, je continuerai à te soutenir, et à me réjouir d’être à tes côtés pour bien des combats, mais je ne te suivrai pas dans un ralliement dont mon cœur et ma raison me disent qu’il est une terrible erreur.

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Ces Américaines qui paient pour se faire traiter de racistes

Aux États-Unis, l’effrayant et très sectaire business de deux rapaces «antiracistes»: Saira Rao et Regina Jackson


Nous sommes à Denver, dans le Colorado, en 2020. Autour d’un dîner organisé par l’une d’entre elles, huit femmes blanches débattent devant un plat de pâtes à la carbonara. Le débat est animé par Regina Jackson, qui est noire, et Saira Rao, qui se définit comme une « Indienne américaine ». Ces deux activistes antiracistes ont créé « Race to Dinner », des dîners organisés pour que les femmes blanches américaines reconnaissent leur racisme. Sur la table, au milieu des assiettes, des verres et des bougies, le livre de Robin DiAngelo intitulé White fragility trône [1]. Les visages sont sombres, l’ambiance est lourde, on n’est pas là pour rigoler. Ces femmes blanches vont devoir, chacune leur tour, répondre à la première question de Regina Jackson et Saira Rao : « Qu’avez-vous fait de raciste récemment ? »

Les hommes blancs, une cause perdue

« Récemment, je me suis promenée en voiture, j’ai vu une personne noire et j’ai eu l’impression qu’elle n’avait pas de bonnes intentions. Immédiatement après, je me suis dit :C’est pas bon ! C’est un humain qui vit sa vie. Pourquoi est-ce que je pense comme ça ?” », avoue, honteuse, une des convives, concrétisant ainsi la théorie de DiAngelo selon laquelle tous les Blancs américains sont, d’une manière ou d’une autre, consciemment ou inconsciemment, racistes. Tous les Blancs, oui, mais Jackson et Rao ne prévoient cependant pas d’organiser ce type de repas avec des hommes blancs, « une cause perdue », selon elles, ni avec des femmes blanches ayant voté pour Trump. Leur cœur de cible ? Les femmes, blanches, démocrates, progressistes – autant dire tout ce qu’il y a de plus malléable et prêt à gober les thèses wokistes du moment – qui « savent qu’elles font partie du problème et veulent faire partie de la solution », comme le proclame l’une d’entre elles.

Jess Campbell-Swanson, étudiante, consultante politique, pleurniche : « Je veux engager des gens de couleur. Pas parce que je veux être… une sauveteuse blanche (« white savior »). J’ai exploré mon besoin de validation… Je travaille là-dessus… Je me bats… » Snif ! C’est trop dur, elle ne parviendra pas à en dire plus. Mais elle promet de tenir un journal dans lequel elle notera ses gestes et ses pensées possiblement racistes. Sans doute les partagera-t-elle lors d’un de ces prochains dîners évangélistes, en confessant publiquement son racisme au milieu des cris et des larmes de ses coreligionnaires repenties.

Un racisme inconscient omniprésent

Morgan Richards a adopté deux enfants noirs. Très bien. Elle est fière de n’avoir rien fait lorsque quelqu’un l’a félicitée avec condescendance d’avoir adopté ces enfants : « Avec ce que j’ai vécu pour être mère, je m’en fichais qu’ils soient noirs. » Saira Rao ne rate pas l’occasion d’enfoncer le museau de la mère adoptive dans son racisme inconscient : « Alors, vous admettez que c’est rabaissant d’adopter un enfant noir ? » Morgan Richards admet que sa réflexion contient un sous-entendu raciste. Abattue, elle ne reprendra pas de pâtes – ce qui est bien dommage, vu le prix de la prestation, environ 400 dollars par tête de pipe.

À lire aussi: Jussie Smollett: la vedette avait inventé son agression raciste

Une lecture préalable obligatoire

Dans un dîner précédent, Susan Brown, prête à avouer un racisme dont elle ignorait tout jusqu’à ce soir fatidique, avait trouvé les animatrices inutilement colériques, provocatrices, mesquines et dogmatiques. Mais, avoue-t-elle, elle n’avait pas encore lu Fragilité blanche, ce qui explique sans doute ces impressions relevant vraisemblablement de son racisme inconscient. D’ailleurs, depuis, les organisatrices n’acceptent d’animer ces soirées qu’avec des femmes blanches ayant préalablement lu le livre de DiAngelo. Rao et Jackson peuvent ainsi continuer d’être dogmatiques, colériques et donneuses de leçons, et savourer les visages décomposés de ces femmes blanches qui n’osent plus rien rétorquer de peur de faire la démonstration d’un racisme enfoui au plus profond d’elles.

Rien de nouveau sous le soleil américain du business. Rao et Jackson ont trouvé le bon filon. Elles bouffent gratis et se font payer grassement chaque soirée passée avec de pauvres créatures écervelées assez aisées pour payer 400 dollars un plat de pâtes et assez bêtes pour croire en les inepties de ces deux rapaces. Robin DiAngelo fait mieux : en plus des royalties touchées pour son livre adoubé par le New York Times et tout le wokistan, cette bonimenteuse (sorte d’Elmer Gantry appliqué à l’antiracisme wokiste [2]) organise des grand-messes pour les entreprises américaines qui se redorent la pilule avec cet antiracisme de pacotille. C’est d’ailleurs un business assez florissant : de plus en plus de petits malins « racisés » rackettent particuliers, entreprises, institutions, universités et écoles, en leur vendant à prix d’or des certificats de bonne conduite antiraciste. Au pays du billet vert, tous les moyens sont bons pour se faire un peu de money sur le dos des gogos. Et le Wokistan semble bien être un nid de gogos comme on n’en avait pas vu depuis longtemps.

Fragilité blanche

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[1] Livre paru en France sous le titre de Fragilité blanche, ce racisme que les Blancs ne voient pas, et dont la thèse est la suivante : Le Blanc est foncièrement raciste. S’il s’en défend, cela montre son racisme. S’il réclame que soit prouvé son racisme, c’est raciste. S’il tient d’une manière ou d’une autre à argumenter, c’est raciste. Dernier point : le racisme envers les Blancs n’existe pas. Simple et efficace.

[2] Elmer Gantry, le charlatan, excellent film de Richard Brooks (tiré du roman de Sinclair Lewis, prix Nobel de littérature en 1930) avec Burt Lancaster dans le rôle d’un représentant de commerce opportuniste tombant par hasard sur la réunion d’un groupe du « Renouveau évangélique » et comprenant immédiatement combien il est facile de se faire de l’argent en dupant les foules hallucinées quand on a un peu de talent et d’éloquence.

Le carton annoncé de Marine Le Pen en banlieue (IFOP)

C’est une étude publiée ce matin qui fait trembler l’Élysée et les QG de campagne des autres candidats, particulièrement à gauche de l’échiquier politique…


Du 13 au 16 décembre, l’IFOP a mené une enquête auprès d’un échantillon de 1 003 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population adulte résidant dans les « banlieues pauvres ». L’IFOP désigne ainsi « les communes situées en périphérie d’une agglomération qui affichent un niveau de vie médian annuel par habitant (RMUC) qui les classe parmi les 10% des banlieues les plus pauvres de France métropolitaine ».

Les banlieues ne se résument pas aux survêtements, au rap, à l’islam ou aux MJC !

En d’autres termes, l’équipe de François Kraus a décidé de prendre au mot le terme de banlieue, sans le réduire au terme de « quartiers ». Les entretiens ont été menés sous la forme de questionnaires auto-administrés en ligne. Commandée par Écran de veille, la revue mensuelle du site Global Watch Analysis, l’enquête met en lumière un fort ancrage à droite.

Santé, argent, sécurité…

Interrogés sur les « enjeux déterminants » sur leur vote à la présidentielle, les sondés placent sur le podium la santé et pouvoir d’achat ex æquo. La troisième place revient à la lutte contre l’insécurité, talonnée par la lutte contre le terrorisme puis par l’éducation.

IFOP

À la traîne, la lutte contre le racisme et les discriminations, la lutte contre les replis communautaires et identitaires, la réduction de la dette et la lutte pour les droits des LGBT, qui pataugent en bas du classement. Un coup dur pour la gauche Terra Nova qui s’imaginait que les banlieues partageaient sa passion pour la lutte contre les discriminations. La sécurité étant un « enjeu déterminant », pour sept à huit sondés sur dix, difficile de ne pas y voir une corrélation avec l’écroulement de la gauche (réputée faible sur ces questions) en banlieue depuis dix ans.

A lire aussi, Cyril Bennasar: Madame, votre problème, c’est vous!

En 2012 encore, l’ensemble des gauches avait raflé 56% des voix en banlieue aux présidentielles. Il y a cinq ans, elle n’en totalisait plus que 38%. Si les élections avaient lieu dimanche prochain, elle n’en réunirait plus que 36%. Un effritement d’autant plus humiliant qu’avec 35% d’intentions de vote, la « droite nationale populiste »  (Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan) écraserait tout le reste en banlieue. Loin devant la gauche radicale (Mélenchon ou Roussel), crédités de seulement 26% des voix. Et encore plus loin devant LREM. Avec 15% d’intentions de vote, les troupes du président Macron sont au coude à coude avec LR (14%) pour une troisième place. Néanmoins, notons que si la gauche radicale ne réunirait que 14 % des voix dans les quartiers non prioritaires, elle en réunirait 46% dans les quartiers prioritaires.

IFOP

Le Pen et Mélenchon en tête, Zemmour à la peine

« Si dimanche prochain devait se dérouler le premier tour de l’élection présidentielle, pour lequel des candidats suivants y aurait-il le plus de chances que vous votiez ? », a donc demandé l’IFOP aux banlieusards. Marine Le Pen.  Avec 22% des intentions de vote, l’amie des petites gens et des chats devance d’une tête Jean-Luc Mélenchon, qui en réunirait 20%. Au revoir Macron (15%) et Pécresse (14 %) donc. Et au revoir Zemmour.

Avec 12% d’intentions de vote, la « reconquête » des banlieues s’annonce âpre et laborieuse.

IFOP

54% des ouvriers de banlieue auraient l’intention de voter Marine Le Pen. Très largement sans religion (29 %) ou de religion catholique (23 %), les électeurs potentiels de la droite bleu marine seraient aussi composés de 5% de musulmans, et de 11% de personnes d’origine extra-européenne. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, il y aurait 32% de musulmans et 47% de personnes d’origine extra-européenne. Si l’offensive de séduction des musulmans et autres « damnés de la Terre » par Jean-Luc Mélenchon a porté ses fruits, pas sûr que cela suffise pour avoir les banlieues à ses pieds.

Vers des banlieues bleu marine?

Depuis les émeutes de Clichy-sous-Bois en 2005, le personnel politique s’est attelé à nous sensibiliser au sort des banlieues, ceci quitte à négliger la « France périphérique » -laquelle est apparue dans l’espace médiatique grâce aux travaux du géographe Christophe Guilluy puis au mouvement des gilets jaunes. Mais les banlieues ne se résument pas aux survêtements, au rap, à l’islam ou aux MJC. Martelé depuis des années par la classe politique, le fantasme d’une classe populaire urbaine n’ayant rien ou presque en commun avec la classe populaire rurale ou semi-rurale est mis à mal par cette enquête.

« Dans les banlieues périphériques, il y a un vote très à gauche qui correspond bien aux clichés de la banlieue rouge. À côté, il y a ce que Jérôme Fourquet avait déjà très bien mis en avant dans « Karim vote à gauche et son voisin vote FN » : on a un vote pour les droites au sens large qui est très fort. Dans ces banlieues, on veut avant tout de l’argent, de la protection sociale et des services publics. On se rend compte que la sensibilité au discours anti-raciste, sur les violences policières, le genre ou pour les LGBT est très faible », nous a précisé François Kraus par téléphone. Après la banlieue rouge, il faudra désormais compter avec la banlieue bleu marine.

La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires

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À l’évidence, pour Macron, la France ne lui suffit plus !

Quel que soit l’adversaire que le président de la République affrontera au deuxième tour, que ce soit Marine Le Pen ou même Valérie Pécresse, il aura du souci à se faire.


J’éprouve une mélancolie démocratique à l’idée que rien n’est vraiment gagné pour tous ceux qui ne souhaitent pas la réélection d’Emmanuel Macron. Des candidats enjambent le premier tour et semblent persuadés qu’ils l’emporteront aisément face à Emmanuel Macron au second. Rien n’est moins sûr. Observant les discours et les prestations des uns et des autres, au risque de focaliser encore trop sur le talent, je ne vois personne qui ferait le poids face à Emmanuel Macron. Il y aurait bien sûr Jean-Luc Mélenchon mais il est peu probable de le voir au second tour.

Emmanuel Macron le Parisien, Emmanuel Macron l’Européen

Attentif à suivre la campagne de Valérie Pécresse et approuvant certaines de ses propositions – comme par exemple Molière au Panthéon ! -, je suis frappé de constater le clivage qui existe entre le Emmanuel Macron franco-français, plus précisément le Parisien qui peut exaspérer par son narcissisme, le sentiment qu’il a de sa supériorité, sa méconnaissance de la détresse de la France profonde, sa certitude qu’il est au centre du cercle de la raison et que hors lui, nulle sauvegarde possible pour notre pays.

À lire aussi, Radu Portocala: L’Europe totale d’Emmanuel Macron

Il y a un président de la République qui ne semble pas décidé à donner le meilleur de lui-même à ses compatriotes mais de le réserver pour d’autres. À l’évidence, la France ne lui suffit plus.

Quand on l’entend à Strasbourg, au premier jour de la présidence française de l’Union européenne, ce n’est plus le même homme. Non pas que le discours qu’il tient sur l’Europe et sur l’Etat de droit – démocratie, progrès et paix – soit bouleversant de nouveauté mais au moins il semble exprimer de sincères convictions détachées des manœuvres politiciennes et du cynisme qui ne lui est que trop naturel dans le pré carré français.

A Strasbourg, Macron a répliqué brillamment à Bardella, Aubry ou Jadot

Lorsqu’il répond aux diverses interventions qui, pour ses opposants français, ont surtout consisté à lui reprocher sa politique nationale, il le fait, je dois l’admettre, avec une maestria qui me séduisent d’autant plus que je suis excessivement sensible à la forme. Il réplique brillamment, se moquant mais sans aigreur et avec esprit, rassemblant avec un art consommé de la synthèse tout ce qui a été dit pour s’en féliciter ou le critiquer.

Sa technique, sa dialectique, son intelligence me font peur.

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Valérie Pécresse face aux Français sur BFM TV n’a pas été mauvaise. L’exercice est difficile qui vous contraint à donner un point de vue éclairé sur une multitude de sujets ponctuels et pratiques. En ne permettant pas à l’invitée de sortir de la boutique pour entrer dans l’épopée, du fragmentaire pour transmettre une vision de la France. L’élection présidentielle est un récit qu’une personnalité qui aspire à la plus haute fonction raconte à ses concitoyens.

Je sais bien qu’il est de bon ton, pour faire sérieux, de prétendre ne s’attacher qu’au fond mais aucune victoire ne sera possible si on ne prend pas la mesure des dons et de l’incroyable force de démonstration d’Emmanuel Macron. Avec l’obligation d’être meilleur que lui pour le langage et dans la contradiction.

Rien n’est gagné mais tout est possible. Encore beaucoup de travail.

Je vais chez le psy

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Retour vers le futur qui nous attend peut-être…


10 mai 2031. Je n’ai pas trop le moral. Je ne sais pas si c’est l’effet de la 42e dose ou l’obligation de dormir avec son masque sous peine de poursuites judiciaires, mais je ne me sens pas très bien. Comme un sentiment diffus d’étouffement. En plus, il faut vraiment faire gaffe à ce qu’on dit en public désormais. Et puis, devoir remplir et signer au préalable un « accord de consentement » avant chaque rapport sexuel, ce n’est définitivement pas mon truc.

Sur le conseil d’un ami, j’ai pris rendez-vous avec une psy pour la première fois de ma vie. Elle reçoit du côté de la rue de Bièvre, au cœur de la capitale. L’endroit est élégant : près du divan, une bibliothèque accueille l’intégrale des œuvres de Gérard Miller et de Louis Aragon. Sur le mur vermillon, un portrait dédicacé de Christiane Taubira avec son écharpe tricolore dans les jardins de l’Élysée. Un hors-série de Télérama consacré à Bénabar est posé négligemment sur un coin du bureau. Ma psy attend que je m’allonge puis entame la conversation d’une voix doucereuse, à la Bruce Toussaint :

Elle – De quoi souhaitez-vous parler ?

Moi – Euh… je ne sais pas trop, vous me prenez un peu au dépourvu…

– Racontez-moi votre journée d’hier par exemple.

– Oh !  Rien d’exceptionnel, on va s’emmerder. Le matin, j’ai pris ma voiture pour faire des courses chez Leclerc…

– Cela ne s’appellera bientôt plus Leclerc, l’enseigne va changer de nom.

– Bah pourquoi ?

– On a appris que le fondateur du groupe, Édouard Leclerc, n’avait pas été très clair sous l’Occupation…

– Décidément ! Le mois dernier déjà pour les mêmes raisons c’était Renault, rebaptisé « Voiture du peuple ». Et l’on s’apprête à démolir le Panthéon…

– Ce qui est légitime. On s’est rendu compte que Dumas, Voltaire et Rousseau étaient misogynes, Condorcet islamophobe, l’Abbé Grégoire et Jaurès antisémites, que Hugo, Zola et Schoelcher défendaient la colonisation et que Malraux a fait de la prison après avoir pillé les statues d’un temple khmer… Mais poursuivez, je vous prie.

– Donc, arrivé chez Leclerc pas clair (je me mets à glousser bêtement) impossible de se garer dans le parking, 90 % des places étant désormais dévolues aux handicapés…

– Aux personnes à mobilité réduite vous voulez dire.

– Oui, si vous préférez. C’est un truc de cornecul cette histoire, parce qu’il y a plein de places libres partout, mais on n’a pas le droit de s’y garer. Du coup, je me suis foutu en warning et j’ai fait mes courses en quatrième vitesse. La caissière, même avec son masque, était sacrément mignonne d’ailleurs…

– L’hôtesse de caisse, c’est mieux.

– Oui bon, c’est pareil.

– Non, c’est moins dégradant.

– Euh… bref, j’ai eu le temps de faire aussi quelques provisions pour ma mère, qui vit à Paris la pauvre. J’ai pensé à lui acheter des Pépito, elle adore ça. Vous savez ce que c’est qu’un Pépito qu’on mange à minuit ?

– Non.

– Un Pépitard.

Je ne peux m’empêcher de partir dans un début de fou rire qui s’estompe aussitôt, mon interlocutrice restant de marbre. Impavide, elle m’invite à poursuivre. Je m’exécute :

– J’ai voulu apporter à ma mère les quelques provisions que j’avais prises pour elle, mais une fois dans Paris, j’ai dû faire à peine 500 mètres en une heure. Le gars à mobilité réduite, c’était moi pour le coup.

– Cela ne roulait pas très bien apparemment.

– Pour sûr, d’ordinaire je fais 500 mètres en à peine une demi-heure ! Comme j’étais bien énervé, j’ai rebroussé chemin et je suis rentré chez moi. Du coup, j’ai filé les Pépito au clodo du quartier, pardon au clochard…

– Au sans domicile fixe.

– J’allais le dire. Le temps de saluer mon concierge, un vieux monsieur un peu dur de la feuille…

– Un gardien d’immeuble malentendant du troisième âge.

– Vous allez me reprendre à chaque phrase ? Cela devient usant !

– Les mots signifient beaucoup de choses vous savez. Dans votre cas, ils sont très souvent stigmatisants. Je perçois une colère enfouie chez vous, beaucoup d’animosité, de préjugés aussi… Mais continuez s’il vous plaît.

– Je me retrouve alors avec mes sacs remplis de provisions sur les bras à devoir partager l’ascenseur avec ma voisine du 4e étage. Le problème, c’est que notre ascenseur est étroit et ma voisine a disons… euh… une certaine surcharge pondérale.

– Vous voyez quand vous voulez !

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– Bon, malgré tout l’ascenseur tient le coup, ce qui n’était pas gagné croyez-moi. Arrivé à bon port, Conchita m’aide à ranger…

– Conchita ?

– Oui, c’est ma femme de ménage.

– Non !

– Euh… ma bonne ?

– Encore moins !

– Ma technicienne de surface ?

– Excellent !

– Avec vous, j’ai l’impression d’être Daniel Auteuil qui passe le Bac dans Les Sous-Doués. Une machine lui sort une sucette quand il donne une bonne réponse et lui file des claques s’il a faux. Vous avez vu le film ?

– Il a été primé à la Mostra de Venise ?

– Non.

– Il a eu l’Ours d’or à Berlin ?

– Ça m’étonnerait.

– Une Palme d’or à Cannes, un César au moins ?

– Je ne crois pas.

– Alors non, je n’ai pas pu voir votre long-métrage.

– Au fait, comme Conchita est naine, je dois dire quoi ?

– Une personne à verticalité contrariée.

– Logique, j’aurais dû y penser. Donc, comme je suis encore passablement excédé par ma demi-journée perdue dans Paris, je téléphone à Clarisse pour lui dire de venir…

– Clarisse ?

– Une copine. On passe du bon temps ensemble, enfin vous voyez ce que je veux dire…

– Poursuivez je vous prie.

– Clarisse arrive et puisqu’on n’a plus le droit de se faire la bise, je lui donne une petite claque sur les fesses…

(Hurlant) – Ah non monsieur ! S’il vous plaît, épargnez-moi les détails de votre agression sexuelle !

– Ne criez pas, vous m’avez fait peur. Ce n’est pas une agression sexuelle, Clarisse est consentante. Elle est même amoureuse de moi.

– Elle est sous emprise vous voulez dire.

– Bah non, elle me l’a dit : elle est amoureuse.

– C’est ce qu’elle croit.

– On a donc fait, comment dire, la chose sur le canapé…

– Conchita était encore présente ?

– Non, elle était partie.

– Vous me rassurez. Et vous avez bien signé « l’accord de consentement préalable » ?

– On n’y a pas pensé.

– Vous avez de la chance, le secret professionnel m’empêche de vous dénoncer à la police malgré les directives du ministre de l’Intérieur, pardon du ministre de l’Inclusion comme on dit désormais. Mais méfiez-vous, pour ce genre « d’affaires », la prescription vient d’être fixée à cent ans. Et ensuite, que s’est-il passé ?

Marlène Schiappa et Sibeth Ndiaye, en juillet 2019 © JP PARIENTE/SIPA Numéro de reportage: 00916261_000002

– Clarisse est partie à son cours de Ponce Pilate et j’en ai profité pour terminer un Agatha Christie.

– Lequel ?

– Je n’ose pas le dire.

– Dites.

– Les Dix petits n…

(Atterrée) – Vous avez chez vous la version interdite, celle avec le mauvais titre ?!

– Je l’ai retrouvée dans ma cave, c’est mon grand-père qui me l’avait offert.

– Vous n’ignorez pas que vous êtes passible d’une peine d’indignité nationale…

– Ah non, pas encore !

– Comment ça pas encore ?

– J’ai déjà été condamné pour incitation à la haine raciale l’été dernier.

– Qu’est-ce que vous avez fait ?

– J’ai laissé une mauvaise critique sur Trip Advisor au sujet d’un restaurant marocain. J’ai écrit que le couscous était dégueu, pas assez cuit. On m’a identifié avec mon adresse IP.

– C’est terriblement discriminatoire ce que vous avez écrit là.

– Je trouve ça quand même un peu sévère. Si j’avais balancé un commentaire négatif au sujet d’une pizzeria, on m’aurait foutu la paix.

– Oui, puisque vous ne pouvez pas être soupçonné de racisme dans ce cas précis.

– Même si le pizzaïolo est arabe ?

– Si le pizzaïolo est issu de la diversité ? Euh… j’ai un doute là, bonne question. De toute façon, notre séance arrive à son terme.

– Je vous dois combien ?

– 250 euros.

– 250 boules ?! C’est presque aussi cher qu’un plein d’essence ! C’est une coquette somme dites-moi.

C’est bien, votre dernière phrase montre que vous êtes sur le bon chemin.

Avant de m’éclipser, elle me fait prendre rendez-vous pour la semaine suivante. Je ne sais pas si j’y retournerai…

France inter: guimauve woke chez Dorothée Barba

Le samedi, des invités anti-stéréotypes stéréotypés donnent des conseils aux parents


Vous souvenez vous des Barbapapas et de leur formule magique : «  Barbatruc » ? Ils représentent, pour beaucoup d’entre nous, un souvenir d’enfance aussi gai et sucré que la friandise du même nom. « Barbatruc »  est également le titre de l’émission sur l’enfance diffusée le samedi matin sur France Inter, animée par Dorothée Barba. Jolie trouvaille. Lors de l’émission du 15 janvier, la formule magique contenait malheureusement le terme « féministe », l’intitulé de l’émission étant : « Tu seras féministe, mon enfant ».

France inter veut aider les enfants à « s’affranchir des stéréotypes »

Le thème principal en était la fameuse « éducation non genrée », dont on nous rebat les oreilles régulièrement sur l’antenne de la radio publique. Nous y reviendrons. Pour l’instant, laissez-moi plutôt vous présenter les Barbapapas à la sauce féministo-woke qui participaient ce matin-là, dont la mission du jour consistait à « aider nos enfants à s’affranchir des stéréotypes sexistes ».

Etaient présents :

  • l’inévitable Titiou Lecoq, journaliste à Slate, concurrente directe de la star woke Mona Chollet et auteur des Grandes oubliées, pourquoi l’Histoire a effacé les femmes ;
  • Tristan Champion, blogueur et auteur de La barbe et le biberon : l’histoire de son congé parental de cinq mois en Norvège ;
  • et Hélène Cohen, traductrice d’un ouvrage anglais dans lequel les auteurs ont inversé les genres des protagonistes des contes de fées, et dont le titre français est Le bel et la bête. Vous aurez compris l’idée.

Nous avons donc : la journaliste féministe et « grande gueule », le papa moderne (ce genre de spécimen est d’ailleurs appelé « papoune » ou « cuck » par certains internautes moqueurs), et la mère lesbienne – car oui, nous apprendrons que la dernière invitée, Hélène Cohen, élève sa petite fille avec sa compagne.

Nous constatons en fait que chacun des participants correspond à un stéréotype précis, ce qui est assez savoureux car « combattre les stéréotypes » est leur leitmotiv.

Mais comment s’y prend-on donc pour faire la guerre aux stéréotypes ?

Hélène Cohen nous explique qu’elle a été scandalisée lorsque sa petite fille a osé affirmer devant elle qu’il y avait de fortes chances qu’une trottinette rose appartienne à une dame. Il était donc urgent de déconstruire cette enfant. L’animatrice Dorothée Barba s’autorise un avis plus nuancé : « On peut aussi se dire que ça n’est pas si grave, le rose pour les filles et le bleu pour les garçons, non ?» 

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Quant à notre papa féministe, qui vit en Norvège, il se désole de l’engouement de sa fille pour « La reine des neiges ». Les goûts de cette petite fille sont selon moi plutôt rassurants, tout comme l’est finalement la réaction de Titiou Lecoq, qui avoue sa fascination enfantine pour les Barbies, et convient que « tout cela n’est pas si grave ». Quelle désillusion !

Vous commencez à vous dire qu’à l’écoute de cette émission, votre servante n’avait finalement pas grand-chose de croustillant à se mettre sous la plume pour Causeur ? Mais avec France inter, nous ne sommes jamais déçus.

Car j’apprends vite l’existence du « coût social du rose. » Un petit garçon aimant le rose risque d’être exclu socialement… Nos catéchumènes féministes ont dû louper la mode de la cravate rose chez les commerciaux des années 2000, passons. Je suis toujours stupéfaite par leur capacité à découvrir l’eau tiède, et surtout à étiqueter et stigmatiser les phénomènes les plus naturels et structurants, quand elles ne désirent pas les déconstruire.

Les clichés ont du bon

Dans un ouvrage qui fait toujours référence, La psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim nous expliquait justement le rôle structurant sur la psyché enfantine des stéréotypes véhiculés par les contes. Mais ce postulat est désormais bien trop réac pour les intervenants de la radio publique, lecteurs du Bel et la bête ou de Blanc Flocon et les sept naines (!). Titiou Lecoq avouera tout de même qu’elle a fini par céder à son fils qui réclamait un pyjama à l’effigie d’un dessin animé très « genré », « Cars ». Être une mère déconstruite, c’est pas si facile !

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Notez bien que cette histoire d’éducation non genrée – qui consiste à élever les enfants de la manière la plus  « neutre » possible pour qu’ils puissent, le cas échéant, choisir leur genre – ne semble plus être l’apanage de la seule wokosphère et des intellos invités sur France inter. En effet, des articles vantant les mérites du « non genrisme » sont dorénavant partout dans la presse féminine mainstream, du Figaro Madame au média en ligne Magicmaman.

Mais pas de panique : pendant l’émission, ce sont finalement les témoignages d’enfants proposés à l’antenne qui auront été les rafraîchissants. Il était question de garçons jouant au foot au milieu de la cour de récréation, pendant que les filles les observent en gloussant et en chuchotant. Jacques Martin avait raison, les enfants sont formidables.

Enfants handicapés: et si Zemmour n’avait pas complètement tort?

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Suite aux accusations portées contre Eric Zemmour après des propos tenus par le candidat à la présidentielle sur les handicapés à l’école, nous publions le témoignage d’une prof de français.


Face à des enseignants qui ne lui étaient pas hostiles, Éric Zemmour a dit la phrase de trop et crée la polémique sur les élèves en situation de handicap. S’ensuit une vague d’indignation immédiate : Anne Hidalgo dit à propos d’Éric Zemmour qu’il est : « comme toujours dans l’outrance, la violence, l’injure ». Manuel Valls évoque « la polémique de trop parce qu’elle fait mal et, elle fait souffrir des gens qui sont déjà confrontés à la souffrance. » Le président de la République, lui-même, recadre le polémiste-d-extrême-droite : « On ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. Une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. » On se demande bien ce qu’à bien pu encore dire Éric Zemmour. L’atroce phrase incriminée, la voici, la voilà, Éric Zemmour a dit, à propos des élèves « en situation de handicap » : « Il faut, effectivement des établissements spécialisés. »

On a décidé que les propos de Zemmour étaient nauséabonds

Dans un pays en bonne santé, cet avis du candidat à la présidentielle devrait pouvoir permettre d’entamer une réflexion saine sur un traitement du handicap mental à l’École. C’est en effet de celui-ci dont parle Éric Zemmour, sans fioritures langagières, en appelant « un chat un chat, et Rollet un fripon. » Las, de réflexion ou de débat constructifs initiés par cette courte phrase, point. On se contente de lester ladite phrase de connotations eugénistes dignes d’un candidat qui appelle à la restauration du Troisième Reich. On a décidé que cette phrase puait, elle est « nauséabonde », digne des « heures les plus sombres », elle nuit à notre bon « vivre-ensemble », à cet esprit « inclusif » prôné « quoi qu’il en coûte » par les tenants du Bien.

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Pourtant, en tant que mère de famille très nombreuse et d’un enfant qui fut certainement, en son temps et sans qu’on le sache vraiment, en « situation de handicap », en tant qu’enseignante de Français, au lycée et au collège, il me semble important de témoigner. Cette volonté forcenée d’inclure n’est pas forcément bénéfique, elle peut s’avérer au contraire délétère et destructrice pour l’ensemble des parties de la communauté éducative.

Mon expérience

Il y a quelques années, j’ai eu une classe de sixième comptant trente-quatre élèves dont des jumeaux dizygotes handicapés. Ils étaient équipés d’ordinateurs car écrire leur était impossible : je vous passe les mésaventures avec lesdits appareils, déchargés, égarés, oubliés dans des salles. Les jours fastes, on pouvait commencer le cours au bout d’un quart d’heure. Comme ils avaient beaucoup de mal à se concentrer, les jumeaux étaient autorisés à se déplacer librement dans la salle, ils en profitaient pour tenter de faire participer leurs camarades, très gênés, à la séance ambulatoire au cours de laquelle ils exerçaient aussi leurs cordes vocales. Tout cela, bien sûr, sans calcul aucun de leur part et une très grande gentillesse qui bouleversait la classe et moi-même. La toute jeune fille voulait se mettre sur mes genoux, me faire des câlins et coiffer mes cheveux longs, quand elle ne me parlait pas de ses menstruations et de ses serviettes hygiéniques. Son frère aimait se masturber sous son bureau, cherchant le regard. Que faire ? Comment réagir, face aux autres élèves qui attendaient avec beaucoup de bienveillance et pour une fois, le terme n’est pas galvaudé, qu’un adulte responsable leur donne l’exemple de la juste attitude à adopter.

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Très vite, je n’interrogeai plus qu’eux, sur le sens d’un mot ; eux seuls commentaient les gravures de Gustave Doré proposées en regard des contes de Perrault étudiés ; eux seuls en lisaient des passages en ânonnant, avec une candeur désarmante. J’adaptais mes cours, mes évaluations pour eux, ils m’attendrissaient et m’épuisaient. Il en allait de même pour leurs camarades. Alors, tout allait bien, me direz-vous, vous expérimentiez tous la différence dans ce qu’elle a de plus beau et de fédérateur ? Non. Je n’enseignais pas et toute la classe prenait du retard.

L’institution vend du rêve aux parents, on me reproche une « approche bornée de la différence »

Peu à peu l’émotion et l’attendrissement ont disparu chez moi, j’avais peur de ne pas contrôler mes jumeaux, je me méprisais de ne pas faire progresser ma classe. Du côté des élèves pointait un agacement légitime face aux foucades des jumeaux. Les jumeaux commencèrent à apprendre l’insolence, dont ils ignoraient tout, en raison du profond ennui lors d’un cours qu’ils ne comprenaient pas malgré notre bonne volonté à tous. Du côté des parents : ceux des jumeaux en voulaient à l’institution et à moi-même pour leur avoir vendu du rêve. Ceux des autres élèves me faisaient comprendre à demi-mot que l’inclusion ça allait bien cinq minutes, on était tous frères et tous bons, mais qu’il y avait un programme à commencer si on voulait espérer pouvoir le finir un jour.  

Las, après les vacances de la Toussaint, j’ai jeté l’éponge, clos l’expérience inclusive et signifié au Principal que les jumeaux iraient en permanence pendant mes cours. Il m’a soutenue. Tous mes collègues en ont profité pour siffler la fin de partie, sauf ceux d’EPS et d’Arts plastiques qui m’ont affirmé qu’avec eux ça se passait très bien, qu’ils ne comprenaient pas, qu’il s’agissait juste de solliciter le corps et « côté créatif » de ces enfants, que j’avais une approche bornée de la différence. J’en ai été quitte pour un profond dégoût de cette imposture. J’ai repris la classe en main, difficilement, nos enfants ne sont pas bêtes. Certains me demandaient parfois avec perfidie s’ils pouvaient aller en permanence avec les jumeaux…

Et si on réfléchissait simplement au problème que soulève Éric Zemmour ?

Un jour d’hiver au Wannsee

Le 20 janvier marque le 80ème anniversaire de la conférence de Wannsee qui acta le génocide des Juifs par la machine nazie.


Le 20 janvier 2022 marque le 80ème anniversaire de la conférence de Wannsee qui a acté la mise en place de la  « solution finale »,  c’est-dire l’extermination de la population juive sur le territoire européen. Dans les dates retenues par le « devoir de mémoire » à propos de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci n’est pas très visible. A la différence, par exemple, du jour de la libération du camp d’Auschwitz ou encore celui du débarquement de Normandie. L’histoire aime se souvenir des vainqueurs, pas des bourreaux.

Mars 1933: les premières lois antisémites

La conférence de Wansee est pourtant une date capitale: elle permet de situer précisément l’acte de naissance du génocide juif. En janvier 1942, Hitler est au pouvoir depuis neuf ans. Dès son accession au poste de chancelier de Reich,  il a fait adopter par le Reichstag, en mars 1933, une loi lui accordant les pleins pouvoirs. Elle lui permet, notamment, de promulguer les premières lois antisémites sans aucune procédure parlementaire. Pendant les sept ans qui vont suivre,  les juifs du Reich sont ainsi persécutés, pillés, expulsés, mais ils restent en vie la plupart du temps.

C’est ainsi qu’aux Jeux Olympiques de Berlin de 1936, le gouvernement nazi, soucieux d’éviter le boycott des Américains, rapatrie de son exil à Los Angeles l’Allemande Helene Mayer, l’une des meilleures fleurettistes du monde, dont le père est juif. Elle gagnera pour le Reich la médaille d’argent et fera l’inévitable salut sur le podium.

Un long processus vers la Solution finale

Hitler coopère aussi avec les représentants juifs de la Palestine, dans le cadre du programme Haavara, en vue d’assurer le transfert des juifs européens en Terre promise. Grâce à cet accord très lucratif pour le Reich, 50 000 juifs allemands arrivent sur place en six ans. 250 000 autres ont quitté le pays pour les Etats–Unis ou des pays européens. En 1939, il ne reste ainsi plus que quelques 225 000 juifs sur le sol allemand,  une population pour l’essentiel constituée de gens de plus de quarante ans.

Avec l’invasion de la Pologne en septembre 1939,  ce sont deux millions juifs qui se retrouvent sous la coupe nazie. L’écrasante majorité vit dans la tradition hassidique, avec le yiddish comme langue maternelle. Contrairement aux juifs allemands, parfaitement assimilés, les juifs polonais vont réveiller la haine antisémite d’Hitler. Le dictateur vomit ces « ennemis de la race aryenne », leurs coutumes, leurs vêtements et leur vision mystique du monde. Les juifs de la Pologne se retrouvent ghettoïsés dans tout le pays. Mais, malgré cela,  la question des massacres de masse n’est pas à l’ordre du jour. Du moins, pas encore…

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En aout 1940, Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères, formalise le « Plan Madagascar » qui prévoit la déportation de quatre millions de juifs européens. Madagascar est en effet devenue accessible au Troisième Reich après la défaite de la France et la collaboration de Pétain. Mais les choses se compliquent. Churchill gagne la bataille d’Angleterre et les Allemands ne pourront mobiliser les 120 bateaux prévus pour le transport des Juifs d’Occident vers l’île de l’Océan Indien.

Juin 1941, tout change…

Les véritables tueries de masse par les nazis commencent avec l’invasion de l’URSS en juin 1941. L’auteur de Mein Kampf peut enfin régler ses comptes avec le « judéo-bolchevisme » et ces « enfants de Satan » qui ont causé, selon Hitler, tellement de mal à l’Allemagne et à l’Europe. Les massacres s’enchaînent en Ukraine tout au long de l’été 1941. 10 000 juifs tués à Zhytomyr, 34 000 à Babi Yar, 28 000 à Vinnitsa. Mais les fusillades s’avèrent insuffisamment efficaces. Il faut trouver un moyen plus rapide et plus « humain ».

Ce sera le gaz Zyklon B. A la fin de la même année, Hitler voit tomber le dernier obstacle formel pour sceller le sort des juifs d’Europe : le 11 décembre 1941, Roosevelt a déclaré la guerre à l’Allemagne. Les juifs d’Occident sont catalogués par le Reich comme les complices potentiels de l’Amérique. Hitler convoque son premier cercle le lendemain de la déclaration du président américain. Le soir même Goebbels note dans son journal : « Concernant la question juive, le Führer a bien décidé de faire table rase ».

Un lac en hiver

Le 20 janvier 1942, un château luxueux sur les rives de lac Wannsee,  à l’ouest de Berlin, accueille quinze hauts responsables nazis dans une réunion confidentielle. Heydrich préside. Eichmann rédige le procès-verbal. Un exemplaire sera retrouvé dans les archives de Luther, un participant à la conférence. Les tableaux Excel n’existaient pas encore, mais la population juive de chaque pays d’Europe, une par une, est recensée. Celles des pays de l’Axe, sous contrôle, mais aussi les juifs de Royaume-Uni et de pays neutres comme la Suisse, l’Espagne ou la Suède. Cela fait en tout 11 millions de personnes et la décision de leur extermination, qui ne peut prendre qu’une forme industrielle, est formellement actée.

La conférence de Wannsee met un terme au long cheminement des nazis sur la question des juifs d’Europe, rythmé par les pulsions meurtrières d’un seul homme, Adolf Hitler. Depuis sa jeunesse, Hitler a été habité par la détestation obsessionnelle des juifs. Mais il a toujours agi de manière pragmatique, en fonction des options qui lui ont été offertes par les circonstances.

Paradoxalement, ce sont les Juifs allemands poussés par le Reich en dehors de l’Europe qui ont eu plus de « chance ». Ceux qui sont restés sur le continent ont été condamnés à mourir : pendant trois longues années, les chambres à gaz ont tourné à plein régime. Et il est difficile d’imaginer que la Solution finale ne serait pas allée jusqu’au au bout si Hitler avait continué de dominer l’Europe quelques années supplémentaires.

Aurélien Taché a une solution miracle pour intégrer les immigrés!

A Calais, il a tenté d’en dévoiler le secret à Eric Zemmour qui, bêtement, a refusé


Taché connait certainement l’adage attribué à Léon Zitrone : « peu importe qu’on dise du bien ou du mal que moi, l’essentiel est qu’on parle de moi ». Cet article va donc lui plaire, et nous sommes persuadés qu’il en savourera chacune des lignes.

Taché connait également la célèbre tirade d’Hamlet : « être ou ne pas être, telle est la question ». Et à cette question, il répond « être ». Mais il confond l’être et le paraître.

Un parcours tout en zigzag

Il a commencé sa carrière au PS puis il a continué à LREM. Puis, dans un machin appelé Nouvelle Démocratie (on ne sait pas trop ce que c’est). Enfin, il est devenu un des porte-parole de Yannick Jadot. Un parcours tout en zigzag.

Mais avec une constante : la défense des étrangers, des immigrés, des migrants et de l’islam. Ce qui lui a valu une petite notoriété. Pour « être », il n’a rien négligé. Son fait d’armes le plus éclatant, c’est sa déclaration comparant le voile d’une jeune fille musulmane au serre-tête d’une jeune fille catholique. Le serre-tête cache en effet un bout du front qui est, selon la doctrine Taché, la partie la plus sexuellement attirante du corps des filles…

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Sur cette lancée, mais avec moins de succès, il a pris la défense de Maryam Pougetoux, la numéro 2 de l’UNEF qui est apparue voilée à l’Assemblée nationale. Et il s’est engagé avec enthousiasme dans la promotion du hijab de running.

Il ressort des travaux de 2018 de la poubelle

Mais on l’avait un peu oublié depuis. C’était mal le connaître que de penser qu’il allait encore longtemps accepter de ne plus être dans la lumière. Pour être sûr que les projecteurs se dirigent de nouveau vers lui, il s’est rendu à Calais hier où, sur l’emplacement de l’ancienne jungle des migrants, Eric Zemmour faisait campagne. Il l’a interpellé, lui déclarant en substance qu’il avait là un rapport de 80 pages sur l’intégration rédigé par ses soins et remis à Edouard Philippe en 2018. Ce dernier l’avait mis à la poubelle.

S’il avait été appliqué, a-t-il affirmé au candidat de Reconquête, « vous ne pourriez pas dire ce que vous dites ». Zemmour n’a pas daigné prendre connaissance de ce texte miraculeux. C’est dommage car il aurait pu nous dire ce qu’il y avait dedans. Taché a quand même livré la substantifique moelle de son rapport : les migrants apprendront le français, on leur donnera un travail et ils feront de bons citoyens (ce qui en toute logique implique leur naturalisation). Mais comme tous les migrants veulent gagner l’Angleterre, Taché ferait mieux de leur donner des cours d’anglais.

« To be or not to be …« 

Les larmes de Betty Blue

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Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle aux funerailles de Jean-Jacques Beineix a l'Eglise Saint Roch. Paris, 20 janvier 2022 © JEAN MARC HAEDRICH/SIPA

L’hommage à Jean-Jacques Beineix par Pascal Louvrier, qui l’a rencontré


Avec la mort de Jean-Jacques Beineix, c’est un style qu’on enterre. Un souffle de liberté, d’audace, d’érotisme passait dans ses films. Je retiendrai en priorité son film culte « 37°2 le matin », tiré du roman éponyme de Philippe Djian.

Je me souviens de l’avoir rencontré dans son duplex face au cimetière de Montmartre où reposent François Truffaut et Jeanne Moreau, pour ne citer qu’eux. A l’époque j’écrivais la première biographie de Béatrice Dalle. « 37°2 » raconte l’histoire tragique de deux écorchés vifs. Lui est écrivain, Zorg, interprété par Jean-Luc Anglade, tout en muscles, viril et fragile à la fois ; elle, c’est Betty, rayonnante, folle, insolente, premier rôle pour Béatrice Dalle, repérée par Dominique Besnehard.

Wikimedia Commons

Interdit aux moins de 18 ans

Ça débute par une scène très sexuelle, qui vaut au réalisateur une interdiction en salle aux moins de 18 ans. Les deux acteurs ont-ils réellement fait l’amour devant la caméra ? Probablement. C’est l’été, jaune et bleu, images saturées de couleurs. Beineix nous place dans un univers envoûtant. La mort flaire sa proie. Eros, une nouvelle fois, lié à Thanatos. Il y a cette scène où l’on voit Betty, dans sa robe rouge, sur un chemin de campagne, avec les cloches du village, les montagnes au loin, le coucher de soleil. De la poésie pure. Les grandes histoires finissent mal, c’est bien connu. Betty s’arrache un œil, sa raison a rendu les armes. Elle n’est plus de ce monde. La société déclare fou celui qui injecte du désordre dans le quotidien. Jamais quelqu’un n’aura vu aussi loin que Betty.

Pasolini n’aurait pas mieux saisi le visage de cette sainte infernale. À cet instant-là, Beineix rejoignait le cercle fermé des grands cinéastes.

Un cinéaste qui lisait Bataille

Je me souviens donc de cette rencontre. Dans sa bibliothèque, il y a les tomes 1 et 2 des Œuvres complètes de Georges Bataille. Il est assis derrière le grand écran de son ordinateur. Cheveux très courts, bouc blanc, lunettes rondes posées sur le haut du crâne. Sweat-shirt marron, pantalon décontracté, sandales sur chaussettes. De petits yeux malins. On va rester ensemble deux heures. Il parle de Béatrice Dalle, de « 37°2 », du cinéma, de sa procrastination. Adjani était prête à incarner Betty. Il voulait une inconnue. Besnehard déniche la perle rare. Beineix trouve Béatrice totalement dans la provoc. Elle ne joue pas, elle exprime sa personnalité sans filtre. Elle n’en a rien à foutre ! Il confie : « Elle a une manière d’être qui est unique. Elle m’a fait penser à Bardot. Bardot, elle était fausse, mais c’était Bardot ! Je retrouve chez Béatrice une forme d’innocence qu’il y avait chez Bardot, chez Marilyn Monroe. C’est des étoiles filantes. Elles atteignent à des mythologies. »

La conversation se poursuit, passionnante. Il revient sur Béatrice. « Elle demande beaucoup. Ce n’est pas sur des rails avec elle. En même temps, elle n’est pas chiante. Un peu capricieuse, c’est tout. J’en ai connu des emmerdeuses ! Et des alcoolos ! »

Il avait son franc-parler, Beineix.

A lire aussi, du même auteur: Christian Millau, l’art de vivre à la française

Puis il évoque le couple Béatrice/Jean-Luc. De sa voix légèrement flûtée, il dit : « Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ils étaient beaux, jeunes, extraordinaires à regarder. Il y avait quelque chose de très pur, en fait. C’étaient Roméo et Juliette. Un miracle amoureux, en somme. C’est un métier dangereux, le métier d’acteur. Il y a une confusion des genres. Le public… le privé… Tout ça se mélange. C’est l’extimité. On se montre, on touche à l’exhibitionnisme. L’Église, ne l’oublions pas, condamnait les acteurs. Ils flirtaient tout le temps. C’est clair qu’on ne savait plus si on était dans le film. Au ‘’Coupez !’’, ça continuait. »

Un film culte

On en revient toujours à ce film culte. « Betty, précise Beineix, arrive à cette définition qui fait que l’internement peut être prescrit. Elle met sa vie, ou celle des autres, en danger. Elle est borderline. Elle est une allégorie de la liberté. Elle est très moderne dans sa révolte. Betty ne supporte pas la mollesse des hommes. »

J’ai demandé au cinéaste une anecdote de tournage. Il s’est souvenu de celle-ci : « Béatrice trouvait qu’elle avait un gros cul. J’avais acheté un short fendu sur le côté, un short en satin. J’en avais acheté plusieurs en fait, une sorte d’intuition. Béatrice le porte quand elle s’enfuit dans la rue poursuivie par Zorg. C’était un plan-séquence, avec une Méhari, qu’on faisait dans les petites rues de Marvejols. Tout à coup, je vois qu’il y a un problème. Je demande où est le short. Personne ne répond. L’habilleuse finit par avouer que Béatrice avait lacéré le short. Alors, j’ai sorti un autre short. C’est con qu’on n’ait pas gardé le short lacéré. On l’aurait vendu pour une œuvre caritative ! Cette anecdote est belle, car elle m’amène à réfléchir sur ce qu’est un acteur. Béatrice ne faisait pas la différence entre ‘’ce que je suis et ce que je joue’’. Depardieu était comme ça, au début de sa carrière. »

Fier de « 37°2 », Beineix tenait à confesser : « La violence faite à soi-même, c’est terrible. Les gens sont persuadés qu’il y a la scène où Betty s’arrache un œil. Mais cette scène n’existe pas ! On ne la voit jamais s’arracher l’œil. Eux, si, ils la voient. Le succès du film vient de ça aussi. »

Jean-Jacques Beineix n’a réalisé que six longs métrages. Mais la qualité et l’originalité furent au rendez-vous. À la fin de notre entretien, je lui avais demandé pourquoi il tournait assez peu. « Il faut tout de suite se lancer dans un autre film. Comme pour un roman. Moi, je suis tombé dans l’inverse. Plus le temps passe, plus c’est difficile. Je suis une sorte d’Adjani ! » Il avait ri en disant cela. Car il ne se prenait pas au sérieux.

Avant de conclure cet hommage, je repense à la phrase du roman de Djian : « Le monde est trop petit pour Betty. » Il l’était pour le réalisateur de « Diva », « La lune dans le caniveau », ou encore « IP5, l’ile aux pachydermes ». Il a préféré s’éclipser sur la pointe des pieds, en silence.

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L’erreur de Zineb, les fautes de Macron

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En rejoignant le président Macron, l’ancienne plume de Charlie Hebdo et militante laïque Zineb El Rhazoui réalise une terrible erreur. Aurélien Marq écrit à la Franco-marocaine, et lui rappelle les compromissions de l’exécutif qui se réjouit de cette « prise de guerre »…


Chère Zineb,

Ta vie est en danger parce que tu as le courage de dénoncer un totalitarisme théocratique qui menace aujourd’hui la liberté et la dignité de mes enfants, et de tous les enfants de ce monde. Rien que pour cela, j’ai une dette envers toi. Mais cette dette ne me contraint pas à la flagornerie, au contraire : elle m’oblige à la sincérité.

Tu as choisi de soutenir Emmanuel Macron, « choix du cœur et de la raison ». Au moins as-tu l’honnêteté de le dire clairement, quand d’autres se drapent dans une neutralité feinte pour faire croire que leurs déclarations seraient objectives, quand elles ne sont que partisanes.

Depuis, certains t’attaquent avec une bassesse qui ne fait honte qu’à eux. Détestables sont-ils, ces moralisateurs qui ne tolèrent aucune faiblesse chez autrui, mais ne s’astreignent eux-mêmes à aucune grandeur. D’autres, avec une bassesse comparable, te traitent comme un trophée, une prise de guerre à brandir dans l’espoir de grappiller quelques voix, ou d’usurper pour eux-mêmes un peu de l’admiration que beaucoup ont pour toi. Ceux-là sont tous insignifiants.

A lire aussi, du même auteur: Laïcité: un étrange anniversaire

Mais il y a aussi ceux qui se réjouissent sincèrement, et grand bien leur fasse. Il y a ceux qui se sentent trahis. Ceux qui sont déçus par une icône, oubliant que tu n’es pas une sainte, mais simplement une femme courageuse, et que ce courage est d’autant plus admirable que tu n’es justement pas une sainte, que tu n’as jamais prétendu l’être, et qu’il serait injuste d’exiger que tu le sois. Et il y a ceux, dont je suis, qui ne comprennent pas.

Macron: service minimum contre l’islamisation de la France

Emmanuel Macron a-t-il pris des engagements envers toi, pour faire avancer concrètement la lutte contre l’islamisme ? Alors il est urgent d’en donner les détails, pour qu’il soit lié par une parole publique. Car trop de promesses ont déjà été trahies, et son bilan des cinq dernières années ne plaide pas pour lui.

Qu’il lui ait fallu du temps pour ouvrir les yeux, que toi et d’autres ayez eu besoin de temps pour influencer le pouvoir actuel et faire enfin bouger les lignes, chacun peut le comprendre. Emmanuel Macron a tardé à faire, n’a fait que sous la pression, et a fait trop peu, mais il a fait. Je le reconnais. Seulement voilà : il a fait juste assez pour qu’on ne puisse pas dire qu’il n’a rien fait, et « en même temps » il a aussi permis la propagation du cancer islamiste, et ne semble pas prêt à s’y opposer véritablement. Il a favorisé la normalisation de l’islam orthodoxe, et nous savons bien que toujours et partout, une fois devenu normal cet islam-là veut s’imposer normatif.

Ces jours-ci, le Sénat a adopté, contre l’avis du gouvernement, un amendement visant à interdire le port de signes religieux ostensibles dans le cadre des événements et compétitions sportifs. Un amendement adopté pour empêcher que le voile, cet étendard de l’islamisme et de l’injustice sexiste, s’infiltre dans le sport. Contre l’avis du gouvernement d’Emmanuel Macron ! Contre la volonté de la ministre des Sports d’Emmanuel Macron ! Et toi, tu soutiens celui dont le gouvernement et la ministre ne voulaient pas de cet amendement ? Je ne comprends pas.

As-tu oublié les 109 Mariannes, 109 et « sang neuf » pour « renouveler les visages de la République et de la Citoyenneté »…. avec une « Marianne » voilée ! Jadis, tu aurais dit la même chose que Lydia Guirous : « Marianne n’est et ne sera JAMAIS voilée ! L’islamisme et ses symboles ne se combattent pas à moitié ! » Mais aujourd’hui, toi, la féministe inscrite dans la lignée admirable d’Elisabeth Badinter, toi qui as payé au prix fort le combat pour l’émancipation, tu soutiens le chef d’orchestre de cette trahison du féminisme, de cette trahison de l’idéal républicain d’émancipation ? Je ne comprends pas.

Début décembre, pour marquer l’anniversaire de la loi de 1905, le Secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a invité des philosophes et des représentants des cultes à s’exprimer. Et en cette période, d’autant plus sensible pour l’islam en France que le CFCM, dont on sait le catastrophique échec, devrait être bientôt remplacé par le FORIF, sais-tu qui le SG-CIPDR a choisi pour représenter le culte musulman ? Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP). Le même qui a déclaré qu’il fallait « pardonner à Mila », alors qu’il n’y a rien à lui pardonner, et qu’il devrait au contraire se jeter à ses pieds pour implorer son pardon à elle, au nom de la religion qu’il représente. Le même qui avait attaqué Charlie Hebdo devant les tribunaux, en tant qu’avocat de la GMP, dans une procédure où celle-ci s’était alliée à l’UOIF ! Le même qui avait alors déclaré : « nous poussons les organisations musulmanes à agir en justice dès qu’elles se sentent lésées. » Qu’était-ce, sinon un encouragement au jihad judiciaire ? Et il ne semble pas s’être beaucoup amendé depuis…

Ces ingérences étrangères qui pourraient arranger la macronie

Le même qui parle désormais de « racisme anti-musulmans », comme si une religion était une race et non une croyance, un trait hérité et non choisi, la peau plutôt que la chemise. Le même qui appelle les musulmans et tout spécialement les Algériens et les Français d’origine algérienne, ramenés à leurs origines au détriment de leur citoyenneté, à se constituer en lobby pour peser sur les élections en France. Il paraît pourtant qu’il y aurait des lois pour lutter contre le « séparatisme » et l’ingérence étrangère…

Le même, enfin, qui en octobre dernier s’est félicité que la GMP ait fait apprendre et réciter à des enfants les 40 hadiths d’An-Nawawi, dont le n°8 exalte d’imposer l’islam par la force des armes, et le n°14 déclare licite de « faire couler le sang » des apostats. Crois-tu que la Grande Mosquée de Paris ait été sanctionnée pour ça ? Que le recteur et l’imam responsables aient été sanctionnés ? Que nenni ! Pas l’ombre d’une fermeture administrative, pas le moindre germe de commencement d’une expulsion. Mais celui qui enseigne aux enfants qu’il est bon d’imposer la religion par les armes et de « faire couler le sang » des apostats, celui-là entre tous, est mis en avant pour parler de laïcité, et par une instance dont l’objet est de lutter contre la « radicalisation » !

Alors que devons-nous penser ? Que le SG-CIPDR ignore tout de ce que je viens d’écrire, signe d’incompétence, ou qu’il le cautionne, signe de complaisance ? Dans les deux cas c’est inacceptable, et c’est l’œuvre d’Emmanuel Macron, c’est son bilan. Toi l’apostate, toi qui as toujours défendu la liberté de conscience, comment peux-tu soutenir cela ? Je ne comprends pas.

A lire ensuite, Erwan Seznec: Braquage indigéniste à Bagnolet

Ah, à propos d’apostasie : puisque le Chanoine du Latran a affirmé admirer la « capacité d’indignation » du Pape François, sais-tu si tous deux ont pris une minute ou deux pour s’indigner ensemble au sujet du Grand Imam d’Al-Azhar, dont François revendique l’amitié ? Tu sais bien, Ahmed Al-Tayeb, qui en 2016 expliquait sans la moindre gêne que les quatre madhhabs du sunnisme sont unanimes pour demander la mise à mort des apostats. A moins que le sort des apostats de l’islam leur importe à tous deux aussi peu qu’au SG-CIPDR ? Toi la militante laïque, comment peux-tu soutenir tout cela ? Je ne comprends pas.

Nous continuerons à te défendre même contre ce qui est désormais ton camp!

Dois-je aussi te rappeler qu’Emmanuel Macron avait choisi comme Garde des Sceaux Nicole Belloubet, dont le cri du cœur fut de vouloir condamner Mila, puis Eric Dupond-Moretti, qui considérait comme « un honneur » de défendre Abdelkader Merah ? Un devoir, j’aurais compris, même les monstres ont droit à un avocat, mais un honneur ? Dois-je te rappeler qu’Emmanuel Macron n’a jamais démenti son amitié envers Yassine Belattar ? Qu’il t’a « ôté le sommeil » il y a seulement deux ans ? Dois-je évoquer Elisabeth Moreno, sa ministre favorable à la « discrimination positive » sur critères ethniques, c’est-à-dire à l’instauration d’une inégalité en droit entre les citoyens sur la base de leur couleur de peau ? La sortie mémorable du président sur les « deux mâles blancs » ? Toi l’universaliste, comment peux-tu soutenir cela ? Je ne comprends pas.

Yassine Belattar et Emmanuel Macron en 2017 © ERIC FEFERBERG / AFP

J’ai aussi peu d’estime pour Emmanuel Macron que tu sembles en avoir pour Eric Zemmour, et pourtant je ne dirai pas que tu te « vautres » dans le macronisme « le plus crasse ». J’ai trop de respect pour toi, et surtout trop de respect pour la démocratie, qui a besoin de débats et de désaccords, et non d’anathèmes. Contrairement à bon nombre de ceux que tu viens de rejoindre, je sais que la liberté de pensée est le droit de croire que j’ai tort, et la liberté d’expression le droit d’essayer d’en convaincre les autres.

Sans hésiter, je continuerai à te soutenir contre tous ceux qui te menacent, et contre tous ceux qui voudraient te faire taire, par la violence, par la censure, par le harcèlement de quelque nature qu’il soit. Au passage, si la loi Avia était passée, aurais-tu pu continuer à t’exprimer sur les réseaux sociaux ? Je ne le pense pas, et il me semble que tu ne le penses pas non plus. Je défendrai donc ta liberté même contre ce qui est désormais ton « camp ». Oui, je continuerai à te soutenir, et à me réjouir d’être à tes côtés pour bien des combats, mais je ne te suivrai pas dans un ralliement dont mon cœur et ma raison me disent qu’il est une terrible erreur.

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Ces Américaines qui paient pour se faire traiter de racistes

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Capture d'écran Enquête exclusive / M6

Aux États-Unis, l’effrayant et très sectaire business de deux rapaces «antiracistes»: Saira Rao et Regina Jackson


Nous sommes à Denver, dans le Colorado, en 2020. Autour d’un dîner organisé par l’une d’entre elles, huit femmes blanches débattent devant un plat de pâtes à la carbonara. Le débat est animé par Regina Jackson, qui est noire, et Saira Rao, qui se définit comme une « Indienne américaine ». Ces deux activistes antiracistes ont créé « Race to Dinner », des dîners organisés pour que les femmes blanches américaines reconnaissent leur racisme. Sur la table, au milieu des assiettes, des verres et des bougies, le livre de Robin DiAngelo intitulé White fragility trône [1]. Les visages sont sombres, l’ambiance est lourde, on n’est pas là pour rigoler. Ces femmes blanches vont devoir, chacune leur tour, répondre à la première question de Regina Jackson et Saira Rao : « Qu’avez-vous fait de raciste récemment ? »

Les hommes blancs, une cause perdue

« Récemment, je me suis promenée en voiture, j’ai vu une personne noire et j’ai eu l’impression qu’elle n’avait pas de bonnes intentions. Immédiatement après, je me suis dit :C’est pas bon ! C’est un humain qui vit sa vie. Pourquoi est-ce que je pense comme ça ?” », avoue, honteuse, une des convives, concrétisant ainsi la théorie de DiAngelo selon laquelle tous les Blancs américains sont, d’une manière ou d’une autre, consciemment ou inconsciemment, racistes. Tous les Blancs, oui, mais Jackson et Rao ne prévoient cependant pas d’organiser ce type de repas avec des hommes blancs, « une cause perdue », selon elles, ni avec des femmes blanches ayant voté pour Trump. Leur cœur de cible ? Les femmes, blanches, démocrates, progressistes – autant dire tout ce qu’il y a de plus malléable et prêt à gober les thèses wokistes du moment – qui « savent qu’elles font partie du problème et veulent faire partie de la solution », comme le proclame l’une d’entre elles.

Jess Campbell-Swanson, étudiante, consultante politique, pleurniche : « Je veux engager des gens de couleur. Pas parce que je veux être… une sauveteuse blanche (« white savior »). J’ai exploré mon besoin de validation… Je travaille là-dessus… Je me bats… » Snif ! C’est trop dur, elle ne parviendra pas à en dire plus. Mais elle promet de tenir un journal dans lequel elle notera ses gestes et ses pensées possiblement racistes. Sans doute les partagera-t-elle lors d’un de ces prochains dîners évangélistes, en confessant publiquement son racisme au milieu des cris et des larmes de ses coreligionnaires repenties.

Un racisme inconscient omniprésent

Morgan Richards a adopté deux enfants noirs. Très bien. Elle est fière de n’avoir rien fait lorsque quelqu’un l’a félicitée avec condescendance d’avoir adopté ces enfants : « Avec ce que j’ai vécu pour être mère, je m’en fichais qu’ils soient noirs. » Saira Rao ne rate pas l’occasion d’enfoncer le museau de la mère adoptive dans son racisme inconscient : « Alors, vous admettez que c’est rabaissant d’adopter un enfant noir ? » Morgan Richards admet que sa réflexion contient un sous-entendu raciste. Abattue, elle ne reprendra pas de pâtes – ce qui est bien dommage, vu le prix de la prestation, environ 400 dollars par tête de pipe.

À lire aussi: Jussie Smollett: la vedette avait inventé son agression raciste

Une lecture préalable obligatoire

Dans un dîner précédent, Susan Brown, prête à avouer un racisme dont elle ignorait tout jusqu’à ce soir fatidique, avait trouvé les animatrices inutilement colériques, provocatrices, mesquines et dogmatiques. Mais, avoue-t-elle, elle n’avait pas encore lu Fragilité blanche, ce qui explique sans doute ces impressions relevant vraisemblablement de son racisme inconscient. D’ailleurs, depuis, les organisatrices n’acceptent d’animer ces soirées qu’avec des femmes blanches ayant préalablement lu le livre de DiAngelo. Rao et Jackson peuvent ainsi continuer d’être dogmatiques, colériques et donneuses de leçons, et savourer les visages décomposés de ces femmes blanches qui n’osent plus rien rétorquer de peur de faire la démonstration d’un racisme enfoui au plus profond d’elles.

Rien de nouveau sous le soleil américain du business. Rao et Jackson ont trouvé le bon filon. Elles bouffent gratis et se font payer grassement chaque soirée passée avec de pauvres créatures écervelées assez aisées pour payer 400 dollars un plat de pâtes et assez bêtes pour croire en les inepties de ces deux rapaces. Robin DiAngelo fait mieux : en plus des royalties touchées pour son livre adoubé par le New York Times et tout le wokistan, cette bonimenteuse (sorte d’Elmer Gantry appliqué à l’antiracisme wokiste [2]) organise des grand-messes pour les entreprises américaines qui se redorent la pilule avec cet antiracisme de pacotille. C’est d’ailleurs un business assez florissant : de plus en plus de petits malins « racisés » rackettent particuliers, entreprises, institutions, universités et écoles, en leur vendant à prix d’or des certificats de bonne conduite antiraciste. Au pays du billet vert, tous les moyens sont bons pour se faire un peu de money sur le dos des gogos. Et le Wokistan semble bien être un nid de gogos comme on n’en avait pas vu depuis longtemps.

Fragilité blanche

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[1] Livre paru en France sous le titre de Fragilité blanche, ce racisme que les Blancs ne voient pas, et dont la thèse est la suivante : Le Blanc est foncièrement raciste. S’il s’en défend, cela montre son racisme. S’il réclame que soit prouvé son racisme, c’est raciste. S’il tient d’une manière ou d’une autre à argumenter, c’est raciste. Dernier point : le racisme envers les Blancs n’existe pas. Simple et efficace.

[2] Elmer Gantry, le charlatan, excellent film de Richard Brooks (tiré du roman de Sinclair Lewis, prix Nobel de littérature en 1930) avec Burt Lancaster dans le rôle d’un représentant de commerce opportuniste tombant par hasard sur la réunion d’un groupe du « Renouveau évangélique » et comprenant immédiatement combien il est facile de se faire de l’argent en dupant les foules hallucinées quand on a un peu de talent et d’éloquence.

Le carton annoncé de Marine Le Pen en banlieue (IFOP)

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Marine Le Pen, Trèbes (11), 8 janvier 2021 © Alain ROBERT/SIPA

C’est une étude publiée ce matin qui fait trembler l’Élysée et les QG de campagne des autres candidats, particulièrement à gauche de l’échiquier politique…


Du 13 au 16 décembre, l’IFOP a mené une enquête auprès d’un échantillon de 1 003 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population adulte résidant dans les « banlieues pauvres ». L’IFOP désigne ainsi « les communes situées en périphérie d’une agglomération qui affichent un niveau de vie médian annuel par habitant (RMUC) qui les classe parmi les 10% des banlieues les plus pauvres de France métropolitaine ».

Les banlieues ne se résument pas aux survêtements, au rap, à l’islam ou aux MJC !

En d’autres termes, l’équipe de François Kraus a décidé de prendre au mot le terme de banlieue, sans le réduire au terme de « quartiers ». Les entretiens ont été menés sous la forme de questionnaires auto-administrés en ligne. Commandée par Écran de veille, la revue mensuelle du site Global Watch Analysis, l’enquête met en lumière un fort ancrage à droite.

Santé, argent, sécurité…

Interrogés sur les « enjeux déterminants » sur leur vote à la présidentielle, les sondés placent sur le podium la santé et pouvoir d’achat ex æquo. La troisième place revient à la lutte contre l’insécurité, talonnée par la lutte contre le terrorisme puis par l’éducation.

IFOP

À la traîne, la lutte contre le racisme et les discriminations, la lutte contre les replis communautaires et identitaires, la réduction de la dette et la lutte pour les droits des LGBT, qui pataugent en bas du classement. Un coup dur pour la gauche Terra Nova qui s’imaginait que les banlieues partageaient sa passion pour la lutte contre les discriminations. La sécurité étant un « enjeu déterminant », pour sept à huit sondés sur dix, difficile de ne pas y voir une corrélation avec l’écroulement de la gauche (réputée faible sur ces questions) en banlieue depuis dix ans.

A lire aussi, Cyril Bennasar: Madame, votre problème, c’est vous!

En 2012 encore, l’ensemble des gauches avait raflé 56% des voix en banlieue aux présidentielles. Il y a cinq ans, elle n’en totalisait plus que 38%. Si les élections avaient lieu dimanche prochain, elle n’en réunirait plus que 36%. Un effritement d’autant plus humiliant qu’avec 35% d’intentions de vote, la « droite nationale populiste »  (Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan) écraserait tout le reste en banlieue. Loin devant la gauche radicale (Mélenchon ou Roussel), crédités de seulement 26% des voix. Et encore plus loin devant LREM. Avec 15% d’intentions de vote, les troupes du président Macron sont au coude à coude avec LR (14%) pour une troisième place. Néanmoins, notons que si la gauche radicale ne réunirait que 14 % des voix dans les quartiers non prioritaires, elle en réunirait 46% dans les quartiers prioritaires.

IFOP

Le Pen et Mélenchon en tête, Zemmour à la peine

« Si dimanche prochain devait se dérouler le premier tour de l’élection présidentielle, pour lequel des candidats suivants y aurait-il le plus de chances que vous votiez ? », a donc demandé l’IFOP aux banlieusards. Marine Le Pen.  Avec 22% des intentions de vote, l’amie des petites gens et des chats devance d’une tête Jean-Luc Mélenchon, qui en réunirait 20%. Au revoir Macron (15%) et Pécresse (14 %) donc. Et au revoir Zemmour.

Avec 12% d’intentions de vote, la « reconquête » des banlieues s’annonce âpre et laborieuse.

IFOP

54% des ouvriers de banlieue auraient l’intention de voter Marine Le Pen. Très largement sans religion (29 %) ou de religion catholique (23 %), les électeurs potentiels de la droite bleu marine seraient aussi composés de 5% de musulmans, et de 11% de personnes d’origine extra-européenne. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, il y aurait 32% de musulmans et 47% de personnes d’origine extra-européenne. Si l’offensive de séduction des musulmans et autres « damnés de la Terre » par Jean-Luc Mélenchon a porté ses fruits, pas sûr que cela suffise pour avoir les banlieues à ses pieds.

Vers des banlieues bleu marine?

Depuis les émeutes de Clichy-sous-Bois en 2005, le personnel politique s’est attelé à nous sensibiliser au sort des banlieues, ceci quitte à négliger la « France périphérique » -laquelle est apparue dans l’espace médiatique grâce aux travaux du géographe Christophe Guilluy puis au mouvement des gilets jaunes. Mais les banlieues ne se résument pas aux survêtements, au rap, à l’islam ou aux MJC. Martelé depuis des années par la classe politique, le fantasme d’une classe populaire urbaine n’ayant rien ou presque en commun avec la classe populaire rurale ou semi-rurale est mis à mal par cette enquête.

« Dans les banlieues périphériques, il y a un vote très à gauche qui correspond bien aux clichés de la banlieue rouge. À côté, il y a ce que Jérôme Fourquet avait déjà très bien mis en avant dans « Karim vote à gauche et son voisin vote FN » : on a un vote pour les droites au sens large qui est très fort. Dans ces banlieues, on veut avant tout de l’argent, de la protection sociale et des services publics. On se rend compte que la sensibilité au discours anti-raciste, sur les violences policières, le genre ou pour les LGBT est très faible », nous a précisé François Kraus par téléphone. Après la banlieue rouge, il faudra désormais compter avec la banlieue bleu marine.

La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires

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À l’évidence, pour Macron, la France ne lui suffit plus !

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Jordan Bardella et Emmanuel Macron au Parlement Européen à Strasbourg, le 19 janvier 2022. © Action Press/SIPA

Quel que soit l’adversaire que le président de la République affrontera au deuxième tour, que ce soit Marine Le Pen ou même Valérie Pécresse, il aura du souci à se faire.


J’éprouve une mélancolie démocratique à l’idée que rien n’est vraiment gagné pour tous ceux qui ne souhaitent pas la réélection d’Emmanuel Macron. Des candidats enjambent le premier tour et semblent persuadés qu’ils l’emporteront aisément face à Emmanuel Macron au second. Rien n’est moins sûr. Observant les discours et les prestations des uns et des autres, au risque de focaliser encore trop sur le talent, je ne vois personne qui ferait le poids face à Emmanuel Macron. Il y aurait bien sûr Jean-Luc Mélenchon mais il est peu probable de le voir au second tour.

Emmanuel Macron le Parisien, Emmanuel Macron l’Européen

Attentif à suivre la campagne de Valérie Pécresse et approuvant certaines de ses propositions – comme par exemple Molière au Panthéon ! -, je suis frappé de constater le clivage qui existe entre le Emmanuel Macron franco-français, plus précisément le Parisien qui peut exaspérer par son narcissisme, le sentiment qu’il a de sa supériorité, sa méconnaissance de la détresse de la France profonde, sa certitude qu’il est au centre du cercle de la raison et que hors lui, nulle sauvegarde possible pour notre pays.

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Il y a un président de la République qui ne semble pas décidé à donner le meilleur de lui-même à ses compatriotes mais de le réserver pour d’autres. À l’évidence, la France ne lui suffit plus.

Quand on l’entend à Strasbourg, au premier jour de la présidence française de l’Union européenne, ce n’est plus le même homme. Non pas que le discours qu’il tient sur l’Europe et sur l’Etat de droit – démocratie, progrès et paix – soit bouleversant de nouveauté mais au moins il semble exprimer de sincères convictions détachées des manœuvres politiciennes et du cynisme qui ne lui est que trop naturel dans le pré carré français.

A Strasbourg, Macron a répliqué brillamment à Bardella, Aubry ou Jadot

Lorsqu’il répond aux diverses interventions qui, pour ses opposants français, ont surtout consisté à lui reprocher sa politique nationale, il le fait, je dois l’admettre, avec une maestria qui me séduisent d’autant plus que je suis excessivement sensible à la forme. Il réplique brillamment, se moquant mais sans aigreur et avec esprit, rassemblant avec un art consommé de la synthèse tout ce qui a été dit pour s’en féliciter ou le critiquer.

Sa technique, sa dialectique, son intelligence me font peur.

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Valérie Pécresse face aux Français sur BFM TV n’a pas été mauvaise. L’exercice est difficile qui vous contraint à donner un point de vue éclairé sur une multitude de sujets ponctuels et pratiques. En ne permettant pas à l’invitée de sortir de la boutique pour entrer dans l’épopée, du fragmentaire pour transmettre une vision de la France. L’élection présidentielle est un récit qu’une personnalité qui aspire à la plus haute fonction raconte à ses concitoyens.

Je sais bien qu’il est de bon ton, pour faire sérieux, de prétendre ne s’attacher qu’au fond mais aucune victoire ne sera possible si on ne prend pas la mesure des dons et de l’incroyable force de démonstration d’Emmanuel Macron. Avec l’obligation d’être meilleur que lui pour le langage et dans la contradiction.

Rien n’est gagné mais tout est possible. Encore beaucoup de travail.

Je vais chez le psy

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"Les Sous-doués" (1980) de Claude Zidi © SIPA

Retour vers le futur qui nous attend peut-être…


10 mai 2031. Je n’ai pas trop le moral. Je ne sais pas si c’est l’effet de la 42e dose ou l’obligation de dormir avec son masque sous peine de poursuites judiciaires, mais je ne me sens pas très bien. Comme un sentiment diffus d’étouffement. En plus, il faut vraiment faire gaffe à ce qu’on dit en public désormais. Et puis, devoir remplir et signer au préalable un « accord de consentement » avant chaque rapport sexuel, ce n’est définitivement pas mon truc.

Sur le conseil d’un ami, j’ai pris rendez-vous avec une psy pour la première fois de ma vie. Elle reçoit du côté de la rue de Bièvre, au cœur de la capitale. L’endroit est élégant : près du divan, une bibliothèque accueille l’intégrale des œuvres de Gérard Miller et de Louis Aragon. Sur le mur vermillon, un portrait dédicacé de Christiane Taubira avec son écharpe tricolore dans les jardins de l’Élysée. Un hors-série de Télérama consacré à Bénabar est posé négligemment sur un coin du bureau. Ma psy attend que je m’allonge puis entame la conversation d’une voix doucereuse, à la Bruce Toussaint :

Elle – De quoi souhaitez-vous parler ?

Moi – Euh… je ne sais pas trop, vous me prenez un peu au dépourvu…

– Racontez-moi votre journée d’hier par exemple.

– Oh !  Rien d’exceptionnel, on va s’emmerder. Le matin, j’ai pris ma voiture pour faire des courses chez Leclerc…

– Cela ne s’appellera bientôt plus Leclerc, l’enseigne va changer de nom.

– Bah pourquoi ?

– On a appris que le fondateur du groupe, Édouard Leclerc, n’avait pas été très clair sous l’Occupation…

– Décidément ! Le mois dernier déjà pour les mêmes raisons c’était Renault, rebaptisé « Voiture du peuple ». Et l’on s’apprête à démolir le Panthéon…

– Ce qui est légitime. On s’est rendu compte que Dumas, Voltaire et Rousseau étaient misogynes, Condorcet islamophobe, l’Abbé Grégoire et Jaurès antisémites, que Hugo, Zola et Schoelcher défendaient la colonisation et que Malraux a fait de la prison après avoir pillé les statues d’un temple khmer… Mais poursuivez, je vous prie.

– Donc, arrivé chez Leclerc pas clair (je me mets à glousser bêtement) impossible de se garer dans le parking, 90 % des places étant désormais dévolues aux handicapés…

– Aux personnes à mobilité réduite vous voulez dire.

– Oui, si vous préférez. C’est un truc de cornecul cette histoire, parce qu’il y a plein de places libres partout, mais on n’a pas le droit de s’y garer. Du coup, je me suis foutu en warning et j’ai fait mes courses en quatrième vitesse. La caissière, même avec son masque, était sacrément mignonne d’ailleurs…

– L’hôtesse de caisse, c’est mieux.

– Oui bon, c’est pareil.

– Non, c’est moins dégradant.

– Euh… bref, j’ai eu le temps de faire aussi quelques provisions pour ma mère, qui vit à Paris la pauvre. J’ai pensé à lui acheter des Pépito, elle adore ça. Vous savez ce que c’est qu’un Pépito qu’on mange à minuit ?

– Non.

– Un Pépitard.

Je ne peux m’empêcher de partir dans un début de fou rire qui s’estompe aussitôt, mon interlocutrice restant de marbre. Impavide, elle m’invite à poursuivre. Je m’exécute :

– J’ai voulu apporter à ma mère les quelques provisions que j’avais prises pour elle, mais une fois dans Paris, j’ai dû faire à peine 500 mètres en une heure. Le gars à mobilité réduite, c’était moi pour le coup.

– Cela ne roulait pas très bien apparemment.

– Pour sûr, d’ordinaire je fais 500 mètres en à peine une demi-heure ! Comme j’étais bien énervé, j’ai rebroussé chemin et je suis rentré chez moi. Du coup, j’ai filé les Pépito au clodo du quartier, pardon au clochard…

– Au sans domicile fixe.

– J’allais le dire. Le temps de saluer mon concierge, un vieux monsieur un peu dur de la feuille…

– Un gardien d’immeuble malentendant du troisième âge.

– Vous allez me reprendre à chaque phrase ? Cela devient usant !

– Les mots signifient beaucoup de choses vous savez. Dans votre cas, ils sont très souvent stigmatisants. Je perçois une colère enfouie chez vous, beaucoup d’animosité, de préjugés aussi… Mais continuez s’il vous plaît.

– Je me retrouve alors avec mes sacs remplis de provisions sur les bras à devoir partager l’ascenseur avec ma voisine du 4e étage. Le problème, c’est que notre ascenseur est étroit et ma voisine a disons… euh… une certaine surcharge pondérale.

– Vous voyez quand vous voulez !

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– Bon, malgré tout l’ascenseur tient le coup, ce qui n’était pas gagné croyez-moi. Arrivé à bon port, Conchita m’aide à ranger…

– Conchita ?

– Oui, c’est ma femme de ménage.

– Non !

– Euh… ma bonne ?

– Encore moins !

– Ma technicienne de surface ?

– Excellent !

– Avec vous, j’ai l’impression d’être Daniel Auteuil qui passe le Bac dans Les Sous-Doués. Une machine lui sort une sucette quand il donne une bonne réponse et lui file des claques s’il a faux. Vous avez vu le film ?

– Il a été primé à la Mostra de Venise ?

– Non.

– Il a eu l’Ours d’or à Berlin ?

– Ça m’étonnerait.

– Une Palme d’or à Cannes, un César au moins ?

– Je ne crois pas.

– Alors non, je n’ai pas pu voir votre long-métrage.

– Au fait, comme Conchita est naine, je dois dire quoi ?

– Une personne à verticalité contrariée.

– Logique, j’aurais dû y penser. Donc, comme je suis encore passablement excédé par ma demi-journée perdue dans Paris, je téléphone à Clarisse pour lui dire de venir…

– Clarisse ?

– Une copine. On passe du bon temps ensemble, enfin vous voyez ce que je veux dire…

– Poursuivez je vous prie.

– Clarisse arrive et puisqu’on n’a plus le droit de se faire la bise, je lui donne une petite claque sur les fesses…

(Hurlant) – Ah non monsieur ! S’il vous plaît, épargnez-moi les détails de votre agression sexuelle !

– Ne criez pas, vous m’avez fait peur. Ce n’est pas une agression sexuelle, Clarisse est consentante. Elle est même amoureuse de moi.

– Elle est sous emprise vous voulez dire.

– Bah non, elle me l’a dit : elle est amoureuse.

– C’est ce qu’elle croit.

– On a donc fait, comment dire, la chose sur le canapé…

– Conchita était encore présente ?

– Non, elle était partie.

– Vous me rassurez. Et vous avez bien signé « l’accord de consentement préalable » ?

– On n’y a pas pensé.

– Vous avez de la chance, le secret professionnel m’empêche de vous dénoncer à la police malgré les directives du ministre de l’Intérieur, pardon du ministre de l’Inclusion comme on dit désormais. Mais méfiez-vous, pour ce genre « d’affaires », la prescription vient d’être fixée à cent ans. Et ensuite, que s’est-il passé ?

Marlène Schiappa et Sibeth Ndiaye, en juillet 2019 © JP PARIENTE/SIPA Numéro de reportage: 00916261_000002

– Clarisse est partie à son cours de Ponce Pilate et j’en ai profité pour terminer un Agatha Christie.

– Lequel ?

– Je n’ose pas le dire.

– Dites.

– Les Dix petits n…

(Atterrée) – Vous avez chez vous la version interdite, celle avec le mauvais titre ?!

– Je l’ai retrouvée dans ma cave, c’est mon grand-père qui me l’avait offert.

– Vous n’ignorez pas que vous êtes passible d’une peine d’indignité nationale…

– Ah non, pas encore !

– Comment ça pas encore ?

– J’ai déjà été condamné pour incitation à la haine raciale l’été dernier.

– Qu’est-ce que vous avez fait ?

– J’ai laissé une mauvaise critique sur Trip Advisor au sujet d’un restaurant marocain. J’ai écrit que le couscous était dégueu, pas assez cuit. On m’a identifié avec mon adresse IP.

– C’est terriblement discriminatoire ce que vous avez écrit là.

– Je trouve ça quand même un peu sévère. Si j’avais balancé un commentaire négatif au sujet d’une pizzeria, on m’aurait foutu la paix.

– Oui, puisque vous ne pouvez pas être soupçonné de racisme dans ce cas précis.

– Même si le pizzaïolo est arabe ?

– Si le pizzaïolo est issu de la diversité ? Euh… j’ai un doute là, bonne question. De toute façon, notre séance arrive à son terme.

– Je vous dois combien ?

– 250 euros.

– 250 boules ?! C’est presque aussi cher qu’un plein d’essence ! C’est une coquette somme dites-moi.

C’est bien, votre dernière phrase montre que vous êtes sur le bon chemin.

Avant de m’éclipser, elle me fait prendre rendez-vous pour la semaine suivante. Je ne sais pas si j’y retournerai…

France inter: guimauve woke chez Dorothée Barba

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Image d'illustration Unsplash

Le samedi, des invités anti-stéréotypes stéréotypés donnent des conseils aux parents


Vous souvenez vous des Barbapapas et de leur formule magique : «  Barbatruc » ? Ils représentent, pour beaucoup d’entre nous, un souvenir d’enfance aussi gai et sucré que la friandise du même nom. « Barbatruc »  est également le titre de l’émission sur l’enfance diffusée le samedi matin sur France Inter, animée par Dorothée Barba. Jolie trouvaille. Lors de l’émission du 15 janvier, la formule magique contenait malheureusement le terme « féministe », l’intitulé de l’émission étant : « Tu seras féministe, mon enfant ».

France inter veut aider les enfants à « s’affranchir des stéréotypes »

Le thème principal en était la fameuse « éducation non genrée », dont on nous rebat les oreilles régulièrement sur l’antenne de la radio publique. Nous y reviendrons. Pour l’instant, laissez-moi plutôt vous présenter les Barbapapas à la sauce féministo-woke qui participaient ce matin-là, dont la mission du jour consistait à « aider nos enfants à s’affranchir des stéréotypes sexistes ».

Etaient présents :

  • l’inévitable Titiou Lecoq, journaliste à Slate, concurrente directe de la star woke Mona Chollet et auteur des Grandes oubliées, pourquoi l’Histoire a effacé les femmes ;
  • Tristan Champion, blogueur et auteur de La barbe et le biberon : l’histoire de son congé parental de cinq mois en Norvège ;
  • et Hélène Cohen, traductrice d’un ouvrage anglais dans lequel les auteurs ont inversé les genres des protagonistes des contes de fées, et dont le titre français est Le bel et la bête. Vous aurez compris l’idée.

Nous avons donc : la journaliste féministe et « grande gueule », le papa moderne (ce genre de spécimen est d’ailleurs appelé « papoune » ou « cuck » par certains internautes moqueurs), et la mère lesbienne – car oui, nous apprendrons que la dernière invitée, Hélène Cohen, élève sa petite fille avec sa compagne.

Nous constatons en fait que chacun des participants correspond à un stéréotype précis, ce qui est assez savoureux car « combattre les stéréotypes » est leur leitmotiv.

Mais comment s’y prend-on donc pour faire la guerre aux stéréotypes ?

Hélène Cohen nous explique qu’elle a été scandalisée lorsque sa petite fille a osé affirmer devant elle qu’il y avait de fortes chances qu’une trottinette rose appartienne à une dame. Il était donc urgent de déconstruire cette enfant. L’animatrice Dorothée Barba s’autorise un avis plus nuancé : « On peut aussi se dire que ça n’est pas si grave, le rose pour les filles et le bleu pour les garçons, non ?» 

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Quant à notre papa féministe, qui vit en Norvège, il se désole de l’engouement de sa fille pour « La reine des neiges ». Les goûts de cette petite fille sont selon moi plutôt rassurants, tout comme l’est finalement la réaction de Titiou Lecoq, qui avoue sa fascination enfantine pour les Barbies, et convient que « tout cela n’est pas si grave ». Quelle désillusion !

Vous commencez à vous dire qu’à l’écoute de cette émission, votre servante n’avait finalement pas grand-chose de croustillant à se mettre sous la plume pour Causeur ? Mais avec France inter, nous ne sommes jamais déçus.

Car j’apprends vite l’existence du « coût social du rose. » Un petit garçon aimant le rose risque d’être exclu socialement… Nos catéchumènes féministes ont dû louper la mode de la cravate rose chez les commerciaux des années 2000, passons. Je suis toujours stupéfaite par leur capacité à découvrir l’eau tiède, et surtout à étiqueter et stigmatiser les phénomènes les plus naturels et structurants, quand elles ne désirent pas les déconstruire.

Les clichés ont du bon

Dans un ouvrage qui fait toujours référence, La psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim nous expliquait justement le rôle structurant sur la psyché enfantine des stéréotypes véhiculés par les contes. Mais ce postulat est désormais bien trop réac pour les intervenants de la radio publique, lecteurs du Bel et la bête ou de Blanc Flocon et les sept naines (!). Titiou Lecoq avouera tout de même qu’elle a fini par céder à son fils qui réclamait un pyjama à l’effigie d’un dessin animé très « genré », « Cars ». Être une mère déconstruite, c’est pas si facile !

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Notez bien que cette histoire d’éducation non genrée – qui consiste à élever les enfants de la manière la plus  « neutre » possible pour qu’ils puissent, le cas échéant, choisir leur genre – ne semble plus être l’apanage de la seule wokosphère et des intellos invités sur France inter. En effet, des articles vantant les mérites du « non genrisme » sont dorénavant partout dans la presse féminine mainstream, du Figaro Madame au média en ligne Magicmaman.

Mais pas de panique : pendant l’émission, ce sont finalement les témoignages d’enfants proposés à l’antenne qui auront été les rafraîchissants. Il était question de garçons jouant au foot au milieu de la cour de récréation, pendant que les filles les observent en gloussant et en chuchotant. Jacques Martin avait raison, les enfants sont formidables.

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Enfants handicapés: et si Zemmour n’avait pas complètement tort?

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Eric Zemmour photographié lors de son débat avec Brune Le Maire, Saint-Denis, 10 décembre 2021 © ISA HARSIN/SIPA

Suite aux accusations portées contre Eric Zemmour après des propos tenus par le candidat à la présidentielle sur les handicapés à l’école, nous publions le témoignage d’une prof de français.


Face à des enseignants qui ne lui étaient pas hostiles, Éric Zemmour a dit la phrase de trop et crée la polémique sur les élèves en situation de handicap. S’ensuit une vague d’indignation immédiate : Anne Hidalgo dit à propos d’Éric Zemmour qu’il est : « comme toujours dans l’outrance, la violence, l’injure ». Manuel Valls évoque « la polémique de trop parce qu’elle fait mal et, elle fait souffrir des gens qui sont déjà confrontés à la souffrance. » Le président de la République, lui-même, recadre le polémiste-d-extrême-droite : « On ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. Une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. » On se demande bien ce qu’à bien pu encore dire Éric Zemmour. L’atroce phrase incriminée, la voici, la voilà, Éric Zemmour a dit, à propos des élèves « en situation de handicap » : « Il faut, effectivement des établissements spécialisés. »

On a décidé que les propos de Zemmour étaient nauséabonds

Dans un pays en bonne santé, cet avis du candidat à la présidentielle devrait pouvoir permettre d’entamer une réflexion saine sur un traitement du handicap mental à l’École. C’est en effet de celui-ci dont parle Éric Zemmour, sans fioritures langagières, en appelant « un chat un chat, et Rollet un fripon. » Las, de réflexion ou de débat constructifs initiés par cette courte phrase, point. On se contente de lester ladite phrase de connotations eugénistes dignes d’un candidat qui appelle à la restauration du Troisième Reich. On a décidé que cette phrase puait, elle est « nauséabonde », digne des « heures les plus sombres », elle nuit à notre bon « vivre-ensemble », à cet esprit « inclusif » prôné « quoi qu’il en coûte » par les tenants du Bien.

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Pourtant, en tant que mère de famille très nombreuse et d’un enfant qui fut certainement, en son temps et sans qu’on le sache vraiment, en « situation de handicap », en tant qu’enseignante de Français, au lycée et au collège, il me semble important de témoigner. Cette volonté forcenée d’inclure n’est pas forcément bénéfique, elle peut s’avérer au contraire délétère et destructrice pour l’ensemble des parties de la communauté éducative.

Mon expérience

Il y a quelques années, j’ai eu une classe de sixième comptant trente-quatre élèves dont des jumeaux dizygotes handicapés. Ils étaient équipés d’ordinateurs car écrire leur était impossible : je vous passe les mésaventures avec lesdits appareils, déchargés, égarés, oubliés dans des salles. Les jours fastes, on pouvait commencer le cours au bout d’un quart d’heure. Comme ils avaient beaucoup de mal à se concentrer, les jumeaux étaient autorisés à se déplacer librement dans la salle, ils en profitaient pour tenter de faire participer leurs camarades, très gênés, à la séance ambulatoire au cours de laquelle ils exerçaient aussi leurs cordes vocales. Tout cela, bien sûr, sans calcul aucun de leur part et une très grande gentillesse qui bouleversait la classe et moi-même. La toute jeune fille voulait se mettre sur mes genoux, me faire des câlins et coiffer mes cheveux longs, quand elle ne me parlait pas de ses menstruations et de ses serviettes hygiéniques. Son frère aimait se masturber sous son bureau, cherchant le regard. Que faire ? Comment réagir, face aux autres élèves qui attendaient avec beaucoup de bienveillance et pour une fois, le terme n’est pas galvaudé, qu’un adulte responsable leur donne l’exemple de la juste attitude à adopter.

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Très vite, je n’interrogeai plus qu’eux, sur le sens d’un mot ; eux seuls commentaient les gravures de Gustave Doré proposées en regard des contes de Perrault étudiés ; eux seuls en lisaient des passages en ânonnant, avec une candeur désarmante. J’adaptais mes cours, mes évaluations pour eux, ils m’attendrissaient et m’épuisaient. Il en allait de même pour leurs camarades. Alors, tout allait bien, me direz-vous, vous expérimentiez tous la différence dans ce qu’elle a de plus beau et de fédérateur ? Non. Je n’enseignais pas et toute la classe prenait du retard.

L’institution vend du rêve aux parents, on me reproche une « approche bornée de la différence »

Peu à peu l’émotion et l’attendrissement ont disparu chez moi, j’avais peur de ne pas contrôler mes jumeaux, je me méprisais de ne pas faire progresser ma classe. Du côté des élèves pointait un agacement légitime face aux foucades des jumeaux. Les jumeaux commencèrent à apprendre l’insolence, dont ils ignoraient tout, en raison du profond ennui lors d’un cours qu’ils ne comprenaient pas malgré notre bonne volonté à tous. Du côté des parents : ceux des jumeaux en voulaient à l’institution et à moi-même pour leur avoir vendu du rêve. Ceux des autres élèves me faisaient comprendre à demi-mot que l’inclusion ça allait bien cinq minutes, on était tous frères et tous bons, mais qu’il y avait un programme à commencer si on voulait espérer pouvoir le finir un jour.  

Las, après les vacances de la Toussaint, j’ai jeté l’éponge, clos l’expérience inclusive et signifié au Principal que les jumeaux iraient en permanence pendant mes cours. Il m’a soutenue. Tous mes collègues en ont profité pour siffler la fin de partie, sauf ceux d’EPS et d’Arts plastiques qui m’ont affirmé qu’avec eux ça se passait très bien, qu’ils ne comprenaient pas, qu’il s’agissait juste de solliciter le corps et « côté créatif » de ces enfants, que j’avais une approche bornée de la différence. J’en ai été quitte pour un profond dégoût de cette imposture. J’ai repris la classe en main, difficilement, nos enfants ne sont pas bêtes. Certains me demandaient parfois avec perfidie s’ils pouvaient aller en permanence avec les jumeaux…

Et si on réfléchissait simplement au problème que soulève Éric Zemmour ?

Un jour d’hiver au Wannsee

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De gauche à droite, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, son épouse, et le responsable de la villa Marlier à Wannsee, région de Berlin, 18 janvier 2022 © Action Press/Shutterstock/SIPA

Le 20 janvier marque le 80ème anniversaire de la conférence de Wannsee qui acta le génocide des Juifs par la machine nazie.


Le 20 janvier 2022 marque le 80ème anniversaire de la conférence de Wannsee qui a acté la mise en place de la  « solution finale »,  c’est-dire l’extermination de la population juive sur le territoire européen. Dans les dates retenues par le « devoir de mémoire » à propos de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci n’est pas très visible. A la différence, par exemple, du jour de la libération du camp d’Auschwitz ou encore celui du débarquement de Normandie. L’histoire aime se souvenir des vainqueurs, pas des bourreaux.

Mars 1933: les premières lois antisémites

La conférence de Wansee est pourtant une date capitale: elle permet de situer précisément l’acte de naissance du génocide juif. En janvier 1942, Hitler est au pouvoir depuis neuf ans. Dès son accession au poste de chancelier de Reich,  il a fait adopter par le Reichstag, en mars 1933, une loi lui accordant les pleins pouvoirs. Elle lui permet, notamment, de promulguer les premières lois antisémites sans aucune procédure parlementaire. Pendant les sept ans qui vont suivre,  les juifs du Reich sont ainsi persécutés, pillés, expulsés, mais ils restent en vie la plupart du temps.

C’est ainsi qu’aux Jeux Olympiques de Berlin de 1936, le gouvernement nazi, soucieux d’éviter le boycott des Américains, rapatrie de son exil à Los Angeles l’Allemande Helene Mayer, l’une des meilleures fleurettistes du monde, dont le père est juif. Elle gagnera pour le Reich la médaille d’argent et fera l’inévitable salut sur le podium.

Un long processus vers la Solution finale

Hitler coopère aussi avec les représentants juifs de la Palestine, dans le cadre du programme Haavara, en vue d’assurer le transfert des juifs européens en Terre promise. Grâce à cet accord très lucratif pour le Reich, 50 000 juifs allemands arrivent sur place en six ans. 250 000 autres ont quitté le pays pour les Etats–Unis ou des pays européens. En 1939, il ne reste ainsi plus que quelques 225 000 juifs sur le sol allemand,  une population pour l’essentiel constituée de gens de plus de quarante ans.

Avec l’invasion de la Pologne en septembre 1939,  ce sont deux millions juifs qui se retrouvent sous la coupe nazie. L’écrasante majorité vit dans la tradition hassidique, avec le yiddish comme langue maternelle. Contrairement aux juifs allemands, parfaitement assimilés, les juifs polonais vont réveiller la haine antisémite d’Hitler. Le dictateur vomit ces « ennemis de la race aryenne », leurs coutumes, leurs vêtements et leur vision mystique du monde. Les juifs de la Pologne se retrouvent ghettoïsés dans tout le pays. Mais, malgré cela,  la question des massacres de masse n’est pas à l’ordre du jour. Du moins, pas encore…

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En aout 1940, Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères, formalise le « Plan Madagascar » qui prévoit la déportation de quatre millions de juifs européens. Madagascar est en effet devenue accessible au Troisième Reich après la défaite de la France et la collaboration de Pétain. Mais les choses se compliquent. Churchill gagne la bataille d’Angleterre et les Allemands ne pourront mobiliser les 120 bateaux prévus pour le transport des Juifs d’Occident vers l’île de l’Océan Indien.

Juin 1941, tout change…

Les véritables tueries de masse par les nazis commencent avec l’invasion de l’URSS en juin 1941. L’auteur de Mein Kampf peut enfin régler ses comptes avec le « judéo-bolchevisme » et ces « enfants de Satan » qui ont causé, selon Hitler, tellement de mal à l’Allemagne et à l’Europe. Les massacres s’enchaînent en Ukraine tout au long de l’été 1941. 10 000 juifs tués à Zhytomyr, 34 000 à Babi Yar, 28 000 à Vinnitsa. Mais les fusillades s’avèrent insuffisamment efficaces. Il faut trouver un moyen plus rapide et plus « humain ».

Ce sera le gaz Zyklon B. A la fin de la même année, Hitler voit tomber le dernier obstacle formel pour sceller le sort des juifs d’Europe : le 11 décembre 1941, Roosevelt a déclaré la guerre à l’Allemagne. Les juifs d’Occident sont catalogués par le Reich comme les complices potentiels de l’Amérique. Hitler convoque son premier cercle le lendemain de la déclaration du président américain. Le soir même Goebbels note dans son journal : « Concernant la question juive, le Führer a bien décidé de faire table rase ».

Un lac en hiver

Le 20 janvier 1942, un château luxueux sur les rives de lac Wannsee,  à l’ouest de Berlin, accueille quinze hauts responsables nazis dans une réunion confidentielle. Heydrich préside. Eichmann rédige le procès-verbal. Un exemplaire sera retrouvé dans les archives de Luther, un participant à la conférence. Les tableaux Excel n’existaient pas encore, mais la population juive de chaque pays d’Europe, une par une, est recensée. Celles des pays de l’Axe, sous contrôle, mais aussi les juifs de Royaume-Uni et de pays neutres comme la Suisse, l’Espagne ou la Suède. Cela fait en tout 11 millions de personnes et la décision de leur extermination, qui ne peut prendre qu’une forme industrielle, est formellement actée.

La conférence de Wannsee met un terme au long cheminement des nazis sur la question des juifs d’Europe, rythmé par les pulsions meurtrières d’un seul homme, Adolf Hitler. Depuis sa jeunesse, Hitler a été habité par la détestation obsessionnelle des juifs. Mais il a toujours agi de manière pragmatique, en fonction des options qui lui ont été offertes par les circonstances.

Paradoxalement, ce sont les Juifs allemands poussés par le Reich en dehors de l’Europe qui ont eu plus de « chance ». Ceux qui sont restés sur le continent ont été condamnés à mourir : pendant trois longues années, les chambres à gaz ont tourné à plein régime. Et il est difficile d’imaginer que la Solution finale ne serait pas allée jusqu’au au bout si Hitler avait continué de dominer l’Europe quelques années supplémentaires.

Aurélien Taché a une solution miracle pour intégrer les immigrés!

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Aurélien Taché tente de remettre son rapport sur l'immigration à Eric Zemmour, le 19 janvier à Calais © Capture d'écran Youtube "Le Huffington Post"

A Calais, il a tenté d’en dévoiler le secret à Eric Zemmour qui, bêtement, a refusé


Taché connait certainement l’adage attribué à Léon Zitrone : « peu importe qu’on dise du bien ou du mal que moi, l’essentiel est qu’on parle de moi ». Cet article va donc lui plaire, et nous sommes persuadés qu’il en savourera chacune des lignes.

Taché connait également la célèbre tirade d’Hamlet : « être ou ne pas être, telle est la question ». Et à cette question, il répond « être ». Mais il confond l’être et le paraître.

Un parcours tout en zigzag

Il a commencé sa carrière au PS puis il a continué à LREM. Puis, dans un machin appelé Nouvelle Démocratie (on ne sait pas trop ce que c’est). Enfin, il est devenu un des porte-parole de Yannick Jadot. Un parcours tout en zigzag.

Mais avec une constante : la défense des étrangers, des immigrés, des migrants et de l’islam. Ce qui lui a valu une petite notoriété. Pour « être », il n’a rien négligé. Son fait d’armes le plus éclatant, c’est sa déclaration comparant le voile d’une jeune fille musulmane au serre-tête d’une jeune fille catholique. Le serre-tête cache en effet un bout du front qui est, selon la doctrine Taché, la partie la plus sexuellement attirante du corps des filles…

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Sur cette lancée, mais avec moins de succès, il a pris la défense de Maryam Pougetoux, la numéro 2 de l’UNEF qui est apparue voilée à l’Assemblée nationale. Et il s’est engagé avec enthousiasme dans la promotion du hijab de running.

Il ressort des travaux de 2018 de la poubelle

Mais on l’avait un peu oublié depuis. C’était mal le connaître que de penser qu’il allait encore longtemps accepter de ne plus être dans la lumière. Pour être sûr que les projecteurs se dirigent de nouveau vers lui, il s’est rendu à Calais hier où, sur l’emplacement de l’ancienne jungle des migrants, Eric Zemmour faisait campagne. Il l’a interpellé, lui déclarant en substance qu’il avait là un rapport de 80 pages sur l’intégration rédigé par ses soins et remis à Edouard Philippe en 2018. Ce dernier l’avait mis à la poubelle.

S’il avait été appliqué, a-t-il affirmé au candidat de Reconquête, « vous ne pourriez pas dire ce que vous dites ». Zemmour n’a pas daigné prendre connaissance de ce texte miraculeux. C’est dommage car il aurait pu nous dire ce qu’il y avait dedans. Taché a quand même livré la substantifique moelle de son rapport : les migrants apprendront le français, on leur donnera un travail et ils feront de bons citoyens (ce qui en toute logique implique leur naturalisation). Mais comme tous les migrants veulent gagner l’Angleterre, Taché ferait mieux de leur donner des cours d’anglais.

« To be or not to be …«