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Il n’ y a pas eu de 14 juillet à Trèbes!

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C’est la ville où le colonel Beltrame a été égorgé par un islamiste.


Le 14 juillet est notre fête nationale. On célèbre la prise de la Bastille en 1789. Et par la même occasion, on rend hommage à ceux qui sont morts pour la France.

Et c’est bien pour la France qu’est mort le colonel Beltrame. La cérémonie, normalement, devait se dérouler devant le monument aux morts. Y figurent les 104 noms des enfants de Trèbes tués pendant les deux guerres mondiales. Le nom de Beltrame n’y est pas inscrit, parce qu’il n’est pas mort à la guerre. Pourtant, il y a bien une guerre en France contre les islamistes ?

Et le maire de la ville a annulé les commémorations. Il était malade, indisposé ? Malade d’être obligé, comme le protocole le veut, de s’afficher avec le député de la région : ce dernier, Christophe Barthès a été élu sous les couleurs du Rassemblement national !

Le maire de Trèbes est très sélectif dans ses fréquentations. Que dira-t-il à ces électeurs qui ont voté pour Marine Le Pen ? Ignore-t-il que l’assassinat du colonel Beltrame est pour beaucoup dans leurs votes ?

Le maire de Trèbes est un Tartuffe : « Cachez ces électeurs que je ne saurai voir !». Il est encore maire pour quelques temps. Lors des prochaines élections municipales, il ne le sera sans doute plus.

La vraie solution à la crise climatique

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Notre chroniqueur a décidé de prendre les écolos par les cornes et de traiter enfin le vrai problème : plutôt que d’empiler des mesures vexatoires qui ne découragent guère les vrais pollueurs, éliminons le fautif en chef — l’Homme.


À Aymeric Caron

Sans être absolument antispéciste, et sans renier ma vocation de carnassier, j’avoue avoir plus de pitié et de révérence pour les animaux que pour la plupart des hommes. Mon petit cœur se serre en voyant un chien abandonné sur une aire d’autoroute, alors qu’il aurait été bien plus raisonnable d’y abandonner des mouflets insupportables ou des grands-parents cacochymes.

De là à ne pas écraser le moustique qui me tirlipote, il y a une marge. Mais les élevages industriels sont une horreur, et les rites d’abattage (contre lesquels je n’entends guère les écolos réagir, de peur d’être assimilés à Brigitte Bardot) sont une honte.

Alors prenons à bras-le-corps le problème. Ce ne sont pas les vaches, cochons, couvées qui posent problème, mais ceux qui les consomment. Eliminons les hommes, nous sauverons les animaux.

Huit milliards d’hommes en novembre 2022, prédisent les démographes. Cela n’a pas l’air d’émouvoir les écolos, qui plutôt que de se saisir de ce problème — le seul vrai problème, quand on y pense — usent leurs forces à pondre des règlements punitifs, à interdire à tour de bras, à prôner des éoliennes tueuses d’oiseaux et à réélire Anne Hidalgo à Paris.

La solution au réchauffement climatique — qui est une réalité, la responsabilité de l’homme dans son déclenchement est loin d’être évidente, mais l’activité humaine de l’anthroposphère l’alimente certainement — est pourtant simplissime. Si pollution et accélération thermique sont des produits de l’activité humaine, éliminons l’humain. Ou tout au moins, réduisons-le de façon significative.

À quelle époque le nombre d’individus a-t-il été compatible avec une gestion raisonnée des ressources, tout en permettant des avancées civilisationnelles conséquentes ? Inutile de remonter aux 500 000 humains de l’ère des chasseurs-cueilleurs — une situation misérable qui ne saurait satisfaire que les fidèles de Sandrine Rousseau. Mais entre les 150-200 millions d’individus de l’Empire romain et les 11 milliards promis pour 2100, choisissons un chiffre raisonnable. Alors, les 500 millions de la Renaissance ? Les 650 millions des Lumières ? ou les 2,5 milliards des années 1950, qui marquent à mon sens l’hypothèse haute ?

En effet, au-delà d’un certain chiffre, le simple jeu des naissances, dans un monde où nous avons fait reculer sensiblement l’âge de la retraite définitive à six pieds sous terre, ramènerait trop vite l’humanité à son problème de surpopulation. Il faut garder de la marge.

J’avoue que personnellement faire revivre les Lumières, au terme desquelles Saint-Just a pu s’écrier « le bonheur est une idée neuve en Europe ! », serait assez tentant. Toutefois, pour y arriver, l’effort serait trop intense.

En revanche, diviser par trois la population actuelle me paraît un objectif écologiquement satisfaisant. Trois fois moins d’hommes, c’est mécaniquement trois fois moins de pollution, trois fois moins de déchets, de consommation effrénée et de déperdition d’électricité à recharger des téléphones portables, si utiles pour se signifier les uns aux autres la montée des périls écologiques.

Le lecteur subjugué par mon raisonnement se pose toutefois une ultime question. Comment passer des 8 milliards actuels à 2,5 milliards — afin de faire connaître aux populations jeunes les joies des Fifties ?

Pour cela, il suffit d’inverser les priorités (mais enfin, la seule priorité est le bonheur commun, non ?) et de cesser de sauvegarder l’homme à tout prix.

« L’humble plan que je propose au public » est donc le suivant. Plutôt que de combattre les épidémies, favorisons-les. La Vie avait bien envoyé une première salve avec le SIDA. Le virus a fait environ 38 millions de morts, ce qui n’est pas négligeable — mais c’est une goutte d’eau au regard des nécessités. De surcroît, la maladie a touché essentiellement des populations pauvres, et éliminer les pauvres prioritairement n’est pas la meilleure idée — ils consomment peu et polluent encore moins. Certes, cela fait d’autant moins de postulants à l’exode trans-méditerranéen. Mais il faudra de toute façon être bientôt impitoyable avec les boat people du troisième millénaire, de crainte d’être submergés de migrants, comme l’a si bien raconté Jean Raspail dans Le Camp des saints, son roman prophétique de 1973.

Le Covid m’a beaucoup déçu, comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer au tout début. Certes, faire disparaître les vieux, qui sont autant de bouches inutiles, était une initiative conforme aux idéaux de la nature, qui sacrifie volontiers les aînés pour la sauvegarde des jeunes. Mais le rythme très faible des disparitions, le quota ridicule de cas mortels, témoignent d’une inconséquence considérable. La Nature n’a pas exactement saisi l’ampleur du problème, et l’épizootie qu’elle nous a envoyée est d’une virulence peu en rapport avec les nécessités.

À l’heure actuelle le Covid aurait tué 6,35 millions de terriens : c’est une plaisanterie statistique. D’autant que nombre de ces morts seraient morts de toute façon. On s’en apercevra avec un an de décalage, quand l’âge moyen de mortalité montera d’un coup — puisque ceux qui devaient mourir l’année prochaine seront morts cette année. Rappelez-vous la canicule de 2003, elle aurait tué entre 19500 et 25000 personnes — essentiellement des vieillards, comme le Covid. Du coup, l’année suivante, l’âge moyen de décès a grimpé de deux ans.
Par rapport aux besoins d’extinction de masse, il faudrait que les températures grimpent bien davantage que les misérables 39° de ces derniers jours pour mettre dans la fosse toutes les bouches inutiles que les EHPAD n’auront pas naturellement tuées.

La planète a déjà eu recours à des astuces pour limiter la croissance démographique et la course au progrès. J’ai évoqué dans un article paru il y a trois ans le remarquable essai d’Eric H. Cline, 1177 avant J.-C. Le jour où la civilisation s’est effondrée. L’auteur y décrit la disparition — en quelques années — de l’empire hittite, de la civilisation minoenne et de la puissance de Troie, sous l’action conjuguée de phénomènes climatiques et environnementaux (si ! Le volcan de Santorin n’a pas pété pour rien), de révoltes, de déplacements de populations (les Sémites sont arrivés du sud pour évacuer les anciennes populations indo-européennes, des Slaves ont surgi du nord pour pousser à la mer les premiers Egéens) et de crises économiques — sans compter une ou deux épidémies bienvenues. Si le tableau vous rappelle quelque chose, et même l’état présent, je n’y suis pour rien.

L’empire romain a été stoppé net par la Peste de Justinien, entre les IVe et VIe siècles. La Renaissance gothique a été tuée dans l’œuf par la Peste noire de 1348-1350, qui a envoyé ad patres un bon tiers de la population européenne. Quand la Vie — c’est-à-dire la Mort — veut, elle peut. Et nous ne pouvons que nous en réjouir. Si l’humanité n’avait pas été tenue en laisse par les épidémies et les guerres (Ah, Tamerlan, Gengis Khan…), combien serions-nous aujourd’hui ?

J’imagine que les Ukrainiens et leurs amis déplorent les bombardements russes. Mais c’est là un réflexe égoïste : tout ce que la guerre tue ne se reproduira pas. Les conflits armés sont d’un meilleur rapport quantité / qualité que les épidémies — mais on peut cumuler. Les guerres tuent surtout des hommes jeunes : un soldat mort, c’est non seulement un humain de moins, mais une descendance heureusement compromise — alors que la mort d’un vieillard ne tue personne d’autre, il n’a pas de devenir démographique.

L’idéal est de cumuler guerres, épidémies et famines. Au cours du XVIIe siècle, une heureuse conjonction de famines et d’épidémies, sans compter le déroulement des guerres qui nous opposèrent aux Espagnols d’abord et à l’Europe entière ensuite, ont permis à la population française de stagner autour de 20 millions de sujets — sans compter, comme dit Rochefort, les sujets de mécontentement. Pendant un siècle et malgré une démographie galopante, l’usage de la pilule et du stérilet étant alors peu répandu, et la sodomie restant marginale.

Enfin, il est urgent de définir une politique de planning familial qui s’inspirera des impératifs maoïstes : un enfant par femme tous les dix ans au maximum — ou alors, dix ans de travaux forcés dans les rizières. Le mouvement GINK (Green Inclinations No Kids) y avait pensé dès 1969. Pour une fois que les écolos étaient dans le vrai…

De là à passer de 8 milliards aux 2,5 auxquels s’est arrêté notre calcul… Il va falloir faire preuve d’imagination. J’attends du lecteur des solutions imaginatives, et en cas de détresse intellectuelle, suivez le conseil inscrit sur la pancarte d’une militante qui avait tout compris : Save the planet Kill yourself.

Je vais y penser de mon côté.

Eric H. Cline, 1177 avant J.-C. Le jour où la civilisation s’est effondrée, La Découverte, 2015, 300p.

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Jean Raspail, Le Camp des saints, Robert Laffont, 1973, 389 p.

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«Je dois tout à la France»: l’histoire d’un prince géorgien et légionnaire

Dimitri Amilakvari (1906-1942), fougueux légionnaire, mérite que l’on se rappelle de lui. À Bir Hakeim, dans le désert, il déclarait: «Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle».


Il avait le panache de d’Artagnan, la noblesse d’Athos, le raffinement d’Aramis et la truculence de Porthos… Oui, le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari de la Légion étrangère était tous ceux-là à la fois. Comme le dit le refrain, « ils ont une âme de mousquetaire, les légionnaires ».

Ce prince géorgien, arrivé en France en tant que réfugié politique avec sa famille suivant l’invasion par l’Armée rouge de son pays natal, fit honneur à l’idéal et aux fortes têtes de la Légion. Il y servit de 1926 jusqu’à sa mort au champ d’honneur en 1942 mais, malgré ses brillants exploits et sa présence mythique parmi les rangs de la France Libre, il est longtemps demeuré inconnu du grand public.

« Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle »

Enfin, en 2021 parut l’ouvrage Dimitri Amilakvari : un prince combattant, la toute première biographie de ce grand soldat qui participa aux batailles de Bir Hakeim, après quoi il fut fait Compagnon de la Libération, et d’El Alamein, au cours de laquelle il est mort pour sa patrie d’accueil. C’est l’écrivain et l’ancien lieutenant-colonel de la Gendarmerie nationale Jean-Paul Huet qui nous délivre de l’oubli collectif afin d’honorer ce héros devenu pleinement, passionnément Français. La deuxième édition revue et augmentée grâce à des renseignements géorgiens, publiée en 2022 à l’occasion du 80e anniversaire de la mort du prince Amilakvari, permet à tous les lecteurs de plonger dans la mémoire française et d’en ressortir engaillardi de patriotisme.

Quelques mois avant la Défaite de 1940, Dimitri Amilakvari avait reçu la naturalisation française. Au moment de rallier le général de Gaulle à Londres – c’est le début de sa grande aventure –, il déclame ces paroles toutes empreintes d’honneur et de fidélité et que le biographe fait si bien de nous rappeler : « Je dois tout à la France, ce n’est pas au moment où elle a besoin de moi que je l’abandonnerai. »

A lire aussi : Le 4 juillet 1916, un Américain est mort pour la France

Jean-Paul Huet nous fait également découvrir cette phrase du prince légionnaire, prononcée dans l’enfer de Bir Hakeim, alors que les forces de Rommel étaient dix fois plus nombreuses que celles de la 1er Brigade Française Libre: « Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle. » Ces mots avaient l’allure d’un serment comme celui de Camerone, mais l’heure du sacrifice n’avait pas encore sonné. On le sait, la ténacité des légionnaires assura à Bir Hakeim la première grande victoire des résistants français et le dévouement du prince, comme celui des autres chefs ce jour-là, y était pour quelque chose. Ayant pour règle d’or que « le chef doit payer de sa personne et être toujours devant », Amilakvari accumulait les faits de bravoure pour encourager ses hommes, allant jusqu’à s’exposer au feu de l’ennemi sans casque et privilégiant son képi. « On n’abdique pas l’honneur d’être une cible ! », comme disait Cyrano. À l’instar des Saint-Cyriens qui chargeaient hors les tranchées coiffés du casoar, le képi était son panache.

Victime de la bataille d’El Alamein

Le destin s’accomplit cependant à la Bataille d’El Alamein, le 24 octobre 1942 : débordé par l’ennemi, on avait offert au lieutenant-colonel de le ramener vers l’arrière à bord d’un blindé léger. Il refuse en grand seigneur : « Ma place est à la Légion, au milieu de mes hommes. » À peine quelques instants plus tard, âgé de 36 ans, Dimitri Amilakvari s’effondre à cause d’un éclat d’obus qui le frappe mortellement à la tête. Fidèle à son habitude, il ne portait que son képi. Celui-ci, troué du côté gauche, peut être aperçu aujourd’ hui au Musée de la Légion étrangère à Aubagne. Préservé comme une véritable relique, la Légion sait par-là honorer ses morts et respecter une de ses plus belles devises, More majorum, à la manière de nos anciens. Avant de devenir de vrais légionnaires, tous les engagés volontaires sont tenus de se présenter devant la crypte de la Légion – un monument solennel qui se trouve à la droite de ce célèbre képi –, et ont la chance de s’incliner face au sacrifice d’Amilakvari.

A lire aussi : Il y a des morts qui sont plus belles que la vie

Jean-Paul Huet déplorait dans l’introduction de cette biographie que le nom du prince géorgien « n’évoque rien ou si peu aux jeunes générations ». Saluons sa contribution accessible au grand public, sans pour autant avoir négligé le travail scientifique aux archives. Réunissant pour une première fois également les témoignages de grands militaires, dont ceux du maréchal Juin, des généraux Rollet, Simon, Koenig, Saint-Hillier, Catroux et de Gaulle, l’historien réussit sa mission, celle d’enrichir le souvenir français et de nous donner à admirer un autre héros national.

Inflation: oui, les patrons français doivent faire un geste!

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Un appel de Sadri Fegaier, président de Indexia Group


C’est un fait. La zone euro est entrée dans une spirale inflationniste depuis la fin de l’année 2021. Si la politique « zéro Covid » chinoise a su préserver le pays de l’épidémie, elle a provoqué un ralentissement de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et des chaînes de production. Ce « choc de l’offre » en Asie s’est couplé au déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a eu des conséquences dramatiques sur les marchés de l’énergie et de l’agroalimentaire.

Dans la lettre qu’il adresse annuellement au président de la République, Emmanuel Macron, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a indiqué que l’inflation tendait désormais à s’installer et « à s’élargir ». Impossible de lui donner tort, puisqu’on constate une hausse des prix de 6,5% en juin, et de 3,3% en excluant l’énergie et l’alimentation. Au mois de mars, la hausse des prix de l’électricité, du gaz et de l’essence enregistrée par l’Insee était de… 28,9 %.

Le privé peut agir

Avec rapidité et efficacité, l’État a mis en place des mesures d’urgence consistant en un blocage de la flambée des prix, afin de protéger le pouvoir d’achat des Français, déjà largement corseté par les dépenses liées au prix du logement qui, comme chacun le sait, reste à des niveaux très élevés dans notre pays. Les aides apportées par le gouvernement se sont aussi matérialisées sous la forme de primes, comme la « prime Macron » versées aux Français les plus en difficulté.

À lire aussi, Jean-Luc Gréau et Philippe Murer: Ciel d’orage sur la monnaie unique

Nous devons saluer ces actions. Mais, soyons honnêtes, elles ne sauraient suffire, car elles ne s’attaquent pas à la racine des difficultés que nous traversons. Il faut donc en faire plus et le privé peut agir. Non seulement il le peut, mais surtout il le doit.

« Le retour de l’inflation est une source de préoccupation et d’inquiétude, d’angoisse pour des millions de compatriotes (…) Je pense que c’est bien que les salaires puissent augmenter dans les entreprises qui en ont la possibilité, il faut que nos compatriotes se disent, ‘’ça me rapporte de travailler’’, et pas ‘’ça me coûte cher’’ » à cause du prix de l’essence », expliquait le ministre des Finances, Bruno Le Maire. Partant de ce terrible constat, les grandes et les moyennes entreprises ont une solution. Si les hausses de prix sont indépendantes de notre volonté, nous pouvons rehausser les salaires, afin qu’ils accompagnent l’évolution du coût de la vie. Qui plus est dans une période où nous, employeurs, avons une vraie difficulté à recruter.

Ceux qui le peuvent doivent répondre à l’appel du gouvernement

Contre cette inflation croissante, il faut absolument redonner du pouvoir d’achat à nos salariés, et leur sécuriser un niveau de vie décent. Bien que je sois convaincu que garantir des salaires supérieurs à la moyenne du marché soit l’un des soutiens les plus efficaces, j’entends déjà nombre de mes pairs arguer qu’ils ont les mains liées, et qu’une augmentation pure et simple n’est pas une solution pérenne. Mais les leviers que nous avons à notre disposition sont, en réalité, nombreux.

À lire aussi, du même auteur: La France a besoin d’un grand ministère du numérique

Hors les salaires, nous pouvons offrir des avantages annexes en nature qui permettent aux salariés de faire des économies. La mise à disposition de restaurants d’entreprise et de salles de sports gratuits vont dans ce sens. Nous avons déjà passé ce cap, chez Indexia, depuis des années. Tout aussi concrètement, la prise en charge à 100% de la mutuelle, les primes de participation et d’intéressement, l’installation de crèches, ou encore les chèques vacances et chèques cadeaux sont autant de moyens d’action qui réduiront le coût de la vie de nos collaborateurs, et augmenteront leur pouvoir d’achat.

Dans un contexte de crises successives, la solidarité n’est plus une option : c’est un impératif de croissance et de prospérité communes. Chaque citoyen est en capacité d’agir, et il le doit. Les patrons ne doivent pas faire exception et répondre présents à l’appel du gouvernement.

Drôle de fête nationale que la nôtre!

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La méprise de la Bastille…


Dans tous les pays, la date de la fête nationale ne pose pas problème. Pour tous les Américains, c’est sans discussion le 4 juillet, date anniversaire de la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776. Les Canadiens fêtent le 1er juillet 1867, jour de la Confédération. Et ainsi de suite…  Eh bien ! Les Français ne célèbrent-ils pas de leur côté le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille ? C’est ce qu’ils croient mais ils se trompent, ou plutôt on les trompe au nom de la doxa républicaine.

Le 14 juillet 1789 n’a jamais été célébré comme tel, à commencer par le 14 juillet 1790 qui s’employa à gommer la prise de la Bastille dans une grandiose Fête de la Fédération où le roi retrouvait sa place (« la Nation, la Loi, le Roi »). À l’annonce de la prise de la Bastille, les députés avaient pris peur. Ils voulaient bien du peuple mais pas trop. Les têtes au bout d’une pique n’étaient pas encore au goût du jour. Pas de Bastille donc mais un 14 juillet quand même !

Napoléon ne voulut entendre parler ni de l’une, ni de l’autre de ces dates ni d’ailleurs de la Révolution, et la Restauration moins encore qui entendait « effacer les maux de notre souvenir ».

Napoléon III, plus subtilement, comprit qu’il fallait aux Français une grande fête, une grande date réunissant le pays. Alors, il inventa le 15 août, déjà jour de l’Assomption mais qui devint la Saint-Napoléon (jamais saint ne fut plus improbable). Ce fut une réussite, la première véritable mise en scène de la nation souveraine, le premier essai réussi d’une fête nationale.

La IIIe République naissante se devait d’instaurer à son tour une fête nationale mais quelle date choisir ? Quel mythe fondateur ? Le 21 mai 1880, Benjamin Raspail, député de la Seine pour la gauche républicaine, déposa un projet signé par 64 députés (tous républicains radicaux et presque tous Parisiens) visant à instituer le 14 juillet en fête nationale. Oui, mais lequel ? Pour les républicains, il ne pouvait s’agir que du 14 juillet 1789, le jour de la Bastille, mais pas pour les catholiques, ni pour l’opposition parlementaire vouant cette date aux gémonies. On ne voulait pas d’une « fête de l’assassinat ».

La discussion de la loi à la Chambre des députés puis au Sénat, le 29 juin, fut l’occasion de belles empoignades. Au Sénat, on avait pourtant choisi avec soin le rapporteur en la personne de Henri Martin, auteur d’une imposante Histoire de France en 19 volumes, prudemment arrêtée à 1789. Il ne tarda pas à s’emberlificoter dans les deux 14 juillet. À propos de celui de 1789, il déclara : « Il y a eu du sang versé, quelques actes déplorables mais hélas dans tous les grands événements de l’Histoire, les progrès ont été jusqu’ici achetés par bien des douleurs, par bien du sang. Espérons qu’il n’en sera plus ainsi dans l’avenir » (des voix à droite : « Oui, espérons ! » « Nous n’en sommes pas bien sûrs ! »).

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Alors le rapporteur eut un trait de génie : « Si quelques-uns d’entre vous ont des scrupules contre le premier 14 juillet, ils n’en ont certainement pas quant au second ». Et de conclure : « C’est la grande image de l’unité nationale que nous voulons tous ». C’est ainsi que fut vendu un 14 juillet pour le prix de deux. La loi du 6 juillet 1880, toujours en vigueur, traduit bien en son article unique cette ambiguïté :

« La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle ».

Ce 14 juillet composite aura d’abord connu un ancrage tout relatif. Lors du premier centenaire de la Révolution en 1889, la date du 5 mai 1789, celle de l’ouverture des états-généraux, qui avait été proposée parmi d’autres, retrouva soudain du lustre. Quant au 14 juillet, il ne faisait toujours pas l’unanimité, pas plus que la Révolution d’ailleurs. Attaqué à droite, il le fut aussi à l’extrême gauche y voyant un anniversaire hypocrite faisant sonner bien fort les mots de liberté, d’égalité et de fraternité aux antipodes des conditions de travail et de vie faites aux travailleurs. Le 1er mai rompit avec le 14 juillet bourgeois (on notera au passage que la revendication en 1890, jugée alors exorbitante par le patronat, était d’obtenir la journée de travail de huit heures avec le seul dimanche chômé – soit une semaine de 48 heures).

Le 14 juillet fut tout autant vilipendé par la droite monarchiste et catholique qui milita de son côté pour l’institution d’une autre fête nationale sous l’égide de Jeanne d’Arc : le 8 mai, anniversaire de la délivrance d’Orléans. Les célébrations officieuses se multiplièrent jusqu’à ce que les Républicains prissent le train en marche. La loi française du 10 juillet 1920 institua la « Fête Jeanne d’Arc », fête du patriotisme (on compte aujourd’hui douze journées nationales).

Pris sous ces tirs croisés, le 14 juillet ne trouvait pas sa fonction de rassemblement du peuple français. Il se concentra sur son défilé militaire lequel ne tarda pas à être contesté à son tour par l’extrême gauche. Dès 1881, Le Temps demandait sa suppression : « On n’a pas su discerner si par cette exhibition on honorait vraiment l’Armée ». Cette contestation prit des allures d’affaire d’État lorsque Eva Joly, candidate des Verts pour l’élection présidentielle de 2012, préconisa de supprimer le défilé militaire sur les Champs- Élysées et de le remplacer par un défilé citoyen.  « Le défilé militaire, ça correspond à une autre période, celle d’une France guerrière ». Qu’avait-elle dit là ! Les insultes en haut lieu surgirent (Fillon, Chevènement, Guaino…). On l’accusa de vouloir supprimer l’Armée – ce qui n’était pas le cas. Le 14 juillet, avec son défilé, était un peu comme un vieil objet de famille trônant depuis des générations sur la cheminée du salon, qu’on ne remarquait plus mais qu’il n’était pas question de faire disparaître ni même de déplacer.

Drôle de fête nationale que la nôtre ! Elle ne nous rassemble pas mais nous divise pour peu qu’on prenne la peine de nous pencher sur son contenu. Elle est devenue une fête vide de sa propre histoire au demeurant chaotique, un jour férié parmi tant d’autres où chacun, comme dans la chanson de Brassens, peut rester dans son lit douillet.

À lire : Le mythe du 14 juillet ou la méprise de la Bastille, de Claude Quétel, JC Lattès, 2013.

Le mythe du 14 juillet

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14 juillet: le jour où on a le droit d’aimer la France

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Pourquoi il faut défendre ce défilé militaire que tant de progressistes aimeraient voir disparaitre


L’une des façons les plus courantes d’humilier la France est de l’attaquer sur son passé. Il y est de bon ton, au nom d’une vision monolithique de l’histoire, de s’y flageller jusqu’au sang, de marquer d’une pierre blanche tous les anniversaires susceptibles de rappeler combien des hommes se sont comportés comme des porcs en son nom – tout en passant sous silence le récit de ceux qui, en vertu des mêmes revendications, ont rendu un vibrant hommage à l’humanité. Au nom de la nécessité de « regarder l’histoire en face », on oblige une vieille nation à la repentance perpétuelle, la culpabilité profonde sans doute à la racine du délitement dont le constat fait désormais l’unanimité. Il convient de haïr cette identité qui nous lie au nom de son passé criminel, jamais de reconnaître l’émouvante générosité dont elle a su faire preuve et qui ferait pâlir tant d’autres pays. Comme s’il n’y avait pas dans un cœur humain suffisamment de place pour faire cohabiter des réalités mitoyennes.     

A lire aussi: Causeur #103: Silence, on égorge

Toujours est-il qu’en ce jour de fête nationale, ces constantes sont démenties. Une fois par an, tous les symboles français sur lesquels d’ordinaire on s’essuie les pieds prennent la lumière le temps d’une parenthèse enchantée. Les drapeaux sont brandis aux fenêtres, des fumigènes aux couleurs tricolores traversent les nuages, on applaudit ceux qui portent l’uniforme et qui se montrent prêts à tous les sacrifices pour servir cet intérêt supérieur. Des cars sont affrétés aux aurores depuis tout le pays pour ceux qui ne veulent rien rater du spectacle parisien depuis les Champs-Élysées, d’autres programment leur télévision à l’heure de leur petit-déjeuner. Qu’importe d’où l’on vienne, on laisse la haine de soi et le martinet au placard pour (re)trouver la fierté d’être Français. On a le droit de dire qu’on aime la France sans être rangé chez les fachos, les ploucs, les irréductibles qui résistent encore et toujours à la mondialisation. Le 14 juillet, c’est la revanche des «Somewhere» sur les «Anywhere», pour reprendre la dichotomie de David Goodhart, dressée dans son best-seller traduit en français sous le titre Les Deux Clans, La nouvelle fracture mondiale. Les enracinés ont leur (petit) quart d’heure de gloire, ils voudraient 14 juillet tous les jours de l’année. Dans cet interstice du calendrier, l’amour de soi n’est pas assimilé à la détestation des autres et la France n’est plus un horizon dépassable, soluble dans l’Europe, les Etats-Unis, le marché : elle demeure infiniment tangible dans ce qu’elle a de meilleur, représentée par sa fine fleur académique et militaire sur laquelle tous les projecteurs sont braqués. Ce défilé maintient l’illusion artificielle que le patriotisme n’est pas menacé, que la souveraineté nationale demeure sans qu’elle ne soit réductible aux nationalismes barbares d’antan.  

Des militaires de la marine nationale répètent pour le défilé du 14 juillet, 12 juillet 2021, Paris © Lewis Joly/AP/SIPA

Cet événement qui se veut un instrument de l’unité nationale atteint son but : l’espace d’une courte journée, on réussit à « faire peuple » autrement qu’en rouspétant à cause des retards dans le métro ou qu’en fêtant une victoire sportive. Les partisans de « la France » et de « la République » sortent les drapeaux blancs, ils rangent les armes argumentaires de leurs guerres intestines pour applaudir leur armée et scruter son aviation. Il est question de s’inscrire dans un héritage, d’asseoir des traditions, d’admirer la discipline dans un monde où la loi n’est plus perçue que comme castratrice. En cela, la parade du 14 juillet est à la fois antimoderne et instagrammable, ce qui ne l’empêche pas, hélas, de subir quelques crimes esthétiques. Nous n’oublierons jamais qu’en clôture de l’édition 2017, le président Emmanuel Macron avait incité la fanfare interarmées à faire jouer les cuivres au son de « Get Lucky » des Daft Punk sous le regard taiseux de Donald Trump. Nous n’oublierons pas qu’en 2018, un Alphajet de la Patrouille de France a inversé les fumigènes censés dessiner le drapeau tricolore, donnant aux spectateurs l’impression d’être devenus daltoniens. Nous n’oublierons pas qu’en 2020, l’exécutif a préféré laisser les avions cloués au sol par précautionnisme sanitaire.  

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Il n’empêche qu’il faut la défendre, cette parade que certains voudraient voir disparaître. Des voix « progressistes » toujours plus nombreuses s’élèvent ces dernières années pour sa dissolution au nom justement des symboles qu’elle promeut et qu’ils jugent insupportables. En 2011, Eva Joly faisait scandale en proposant de la supprimer. En 2017, Philippe Poutou donnait tranquillement ses raisons de détester cette « parade virile et nauséabonde » qu’il décrivait comme un « étalage de matériel de mort, ce parterre de gradés plus ou moins médaillé, bêtement au garde à vous, qui passent devant une tribu d’officiels, d’hommes de pouvoirs et de possédants ». Ils ont plus qu’on ne le croit en commun avec ceux qui sortent de leur tanière lorsque la fête est finie et que le soleil se retire pour « niquer la France », reprendre les bonnes habitudes, picoler et casser des voitures, violenter les pompiers et les policiers. Le 15 juillet, beaucoup se réveillent avec une gueule de bois sans avoir bu une goutte d’alcool, ce sont ceux qui ont assisté au défilé militaire et qui entendent dans les premiers bulletins d’informations matinaux le décompte des voitures calcinées et des violences nocturnes. Le réveil est un peu difficile, comme quand on passe d’un rêve à la réalité. Et s’ils avaient une raison supplémentaire de vouloir la défendre, cette France ? Rappelons ces mots prononcés par le philosophe Alain Finkielkraut lors de son entrée à l’Académie française : « J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi, était mortelle » …  

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Le « Elle et Lui » d’Alfred Hayes

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Une jolie fille comme ça d’Alfred Hayes (1958)


Typiquement le genre d’écrivain appelé à devenir un peu culte, Alfred Hayes (Londres, 1911- Los Angeles, 1985). Comme Richard Yates, James Salter ou Glenway Wescott (Le Faucon pèlerin) : Yates, posthume ; Salter, sur le tard ; Wescott, bientôt. C’est comme ça : il faut s’habituer à la vie, même littéraire.

Il a d’ailleurs avec Salter et Yates une parenté évidente : la mélancolie. Mais à l’encontre de Salter, qui sait être éloquent et ne ménage pas ses effets, Hayes est tout laconisme, neutralité, écriture blanche subséquente. Il ne s’agit surtout pas de rendre le réel attirant ou touchant. A fortiori lorsqu’il s’agit du récit très visuel d’une tragédie banale, d’une rencontre entre Elle et Lui, tandis qu’Elle, au cours d’une soirée à Hollywood 1950, tente d’en finir dans les vagues, et que Lui, la secourt. Cela pourrait être, ainsi, le début d’une jolie histoire d’amour. Ce sera le début mais l’histoire, finalement, ne sera pas jolie. Et elle ne sera pas d’amour. 

C’est une série B parfaitement aboutie, avec quelques verres de whisky et de gin, des cigarettes écrasées, un voyage au Mexique, une corrida sanglante, une starlette ravissante, paranoïaque, capricieuse, mythomane et désespérée, qui vit avec son chat et tente de distraire sa solitude. Le ressort est bandé dès les premières pages : la tragédie se déroule avec le professionnalisme (ou fatum) qu’on lui connaît, grâce à un grand artisan quand même : Alfred Hayes, donc. 

Un modèle du genre. Le premier livre traduit d’Alfred Hayes, In love, fut préfacé par Michel Mohrt (Stock, 1955, rééd. 2011). L’héroïne du deuxième, Une jolie fille comme ça, évoque parfois la Creezy de Félicien Marceau : même extravagance, même charme en dépit du ratage programmé, mêmes éclats de cristal dans le champagne. C’est l’ambiance. On aurait aussi bien pu parler d’Auteuil de Jean Freustié, ou de n’importe quelle héroïne ou presque de Fitzgerald. Bref, tout cela terriblement américain et européen – comme le cinéma de ces années-là à Hollywood. 

D’ailleurs, Hayes y a travaillé, comme scénariste, avec Zinnemann, Lang, Dmitryk, Huston, entre autres – aussi bien qu’en Italie, avec Rossellini sur Païsa ou De Sica sur Le Voleur de Bicyclette. Peut-être fallait-il en passer par quelques tunnels du Nouveau Roman pour redécouvrir, cinquante ans après, le charme térébrant d’un moins nouveau – de 1958. C’est tard pour l’actualité. C’est parfait pour l’éternité. Entre ici, Alfred Hayes…

Alfred Hayes – Une jolie fille comme çaPréface et traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Agnès Desarthe – Folio-Gallimard, 168p.

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Coupez le cordon!

L’édito de l’été d’Elisabeth Lévy


Les urnes ont parlé. Il s’agit de les faire taire au plus vite. Au lendemain des législatives, la classe politique et les commentateurs observaient avec une satisfaction de commande que la nouvelle Assemblée représentait la pluralité des opinions en France. Les Français, s’émerveillait-on, ont inventé la proportionnelle au scrutin majoritaire. Ce bel enthousiasme démocratique a vite cédé la place aux habituels tortillages de fondement. Les arbitres des élégances ont distribué des brevets de République, appelant à ressusciter un cordon sanitaire qui, depuis quarante ans, accompagne l’ascension du Front, puis du Rassemblement national.

Il s’agit même, comme l’a judicieusement formulé Alain Finkielkraut, de le faire passer à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Peu chaut à nos directeurs de conscience que les 577 députés soient des élus du peuple. Certains Français qui ne savent pas ce qui est bon pour eux sont moins égaux que d’autres. Changeons le peuple !

Le 5 juillet, Gérald Darmanin déclare tranquillement sur BFM : « LFI et RN sont nos ennemis. » Oui, oui nos ennemis vous avez bien lu. Si on se réfère aux scores du premier tour de la présidentielle, ça fait tout de même 16 millions d’ennemis ! Malheureusement, le ministre de l’Intérieur n’a pas précisé quel sort il fallait leur réserver. Il oublie aussi que, quelques semaines plus tôt, son patron faisait les yeux doux aux nupistes.

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Mais c’est surtout à propos du RN et des deux vice-présidences qui lui sont échues que les mines outragées se sont donné libre cours. Le président refusera-t-il le soutien des députés lepénistes sur certains textes ? Si Élisabeth Borne n’a pas demandé un vote de confiance, c’est, semble-t-il, parce qu’elle aurait pu l’obtenir grâce à leur abstention. En clair, même leur silence pue.

On ne change pas une méthode qui perd. L’écrasante majorité des faiseurs d’opinion a donc entonné la vieille ritournelle du « nauséabondisme » (encore Finki !) unidimensionnel. Dans un éditorial d’anthologie, qui fleure bon les années 1990 [1], Le Monde déplore qu’ « après la banalisation », le RN soit « sur la voie de la notabilisation ». De fait, quand les Insoumis sont arrivés à l’Assemblée en bande braillarde et débraillée, les 90 élus RN ont mis un point d’honneur à s’habiller correctement et à respecter la civilité de mise au Palais-Bourbon. Sans doute avaient-ils caché leurs uniformes nazis pour tromper les esprits faibles qui ont tendance à penser que les complaisants avec l’antisémitisme se nichent plutôt en face.

De son côté, Pap Ndiaye proclame fièrement : « Ma seule boussole, c’est la lutte contre le RN. » On voit mal, en effet, pourquoi le ministre de l’Éducation nationale se soucierait de l’état désastreux de l’école. Sa mission, c’est de rééduquer les enfants, en leur apprenant que la jeunesse emmerde le Front national, mais aussi qu’ils peuvent changer de sexe – et bientôt suppose-t-on de parents.

Sa belle âme en bandoulière, un député socialiste courageusement anonyme explique à Mediapart pourquoi il boude la buvette de l’Assemblée : « Statistiquement, un député sur cinq à la buvette est d’extrême droite. Vu qu’on ne sait pas encore qui est qui, j’ai préféré venir ici que de me retrouver à prendre mon petit-déj’ entouré de fachos. » Si ça se trouve, c’est contagieux (ou pire, il pourrait y en avoir de sympas !). Quant à la grossièreté de Louis Boyard, le petit morveux de la bande, elle est saluée comme un acte de résistance. Qu’un ex-dealer (selon ses propres vantardises) refuse la main tendue d’un ancien journaliste (Philippe Ballard, élu RN de l’Oise) en guise, paraît-il, de « geste-barrière contre le racisme », en dit pourtant long sur leur tolérance respective à la différence et à la divergence.

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La palme de la balle dans le pied revient aux LR qui continuent à céder au chantage moral anti-RN, préférant offrir à Éric Coquerel une élection triomphale à la tête de la commission des finances plutôt que voter pour Jean-Philippe Tanguy. Cela n’aurait rien changé, assurent-ils. Admettons même si ce n’est pas certain. Au moins auraient-ils sauvé l’honneur et la confiance de leurs électeurs. Si la France d’en haut continue à se boucher le nez et à croire qu’elle peut ostraciser 17 % de l’électorat, celle d’en bas en a assez de ces ridicules leçons de maintien. Elle se fiche du cordon sanitaire et passe volontiers, en fonction des scrutins, de LR au RN ou à Reconquête. Quand les élus LR refusent de se salir les mains en s’alliant au RN, le peuple de droite se sent cocu et il a raison.

Reste à comprendre pourquoi le parti de Marine Le Pen suscite autant d’offuscation que celui de son père. C’est encore Le Monde qui mange le morceau. L’unique critère, qui sépare le bon grain républicain de l’ivraie facho-populiste, c’est l’immigration. Les « partis républicains », affirme l’édito déjà cité, se font avoir par « l’opportunisme de Marine Le Pen […] qui laisse dans l’ombre ce qui fonde toujours l’identité de son parti : le rejet de populations qui vivent en France ». Passons sur la confusion débile entre rejet de l’immigration et haine des immigrés. À en juger par le mépris de nos prêchi-prêcheurs pour les angoisses existentielles de leurs concitoyens, on comprend qu’eux ne rejettent pas « des populations qui vivent en France », mais l’écrasante majorité des Français, décidément trop ploucs pour les nobles esprits du Monde.


[1] « À l’Assemblée nationale, un coup de pouce coupable à la notabilisation du RN », Le Monde, 2 juillet 2022.

L’hôpital ne soigne plus, la Justice ne juge plus mais l’urgence c’est de faire des rapports!

Les rapports Sauvé et Braun sur la Justice et l’hôpital sont idéologiques, dénonce notre contributrice. Plutôt que de s’attaquer au laxisme de l’institution judiciaire ou au manque de lits, on y parle désengorgement des prisons et techniques de management en milieu médical…


À quelques jours d’intervalle, le gouvernement a reçu deux rapports concernant l’hôpital et la justice, deux sphères du régalien victimes d’une tiers-mondisation aggravée, avec pour conséquences ultimes : l’impossibilité de soigner et l’incapacité de juger. Après le rapport sur les urgences sinistrées remis par l’urgentiste François Braun qui est depuis devenu ministre de la Santé, c’était au tour de Jean-Marc Sauvé de remettre vendredi dernier le sien portant sur le délabrement avancé de la Justice.

Ces deux rapports, destinés à remédier à la crise des urgences et au dysfonctionnement judiciaire, vont très certainement venir alourdir les étagères des ministères et du palais de l’Elysée qui croulent déjà sous un amas de notes en tout genre pondues par des cabinets de conseils surpayés et les multiples comités Théodule dont les gouvernements français sont si friands. Et c’est hélas toujours la même histoire. Ces milliers de pages de recommandations, présentées comme majeures pour répondre aux crises existantes, ne modifient en rien la trajectoire en pente descendante que prend le pays. Et ce, en dépit de l’agitation d’un pouvoir en place qui tente de cacher derrière les apparences d’une grande puissance, les preuves de son insuffisance…

La France a mal à son hôpital

Si ces rapports ne sont pas performatifs, c’est bien souvent parce qu’ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes et ce principalement pour des raisons idéologiques.

Penchons-nous par exemple sur le rapport Braun. Au lieu de recruter massivement des soignants et de réintégrer les 15 000 soignants non vaccinés pour mettre un terme à la pénurie du personnel, au lieu de revaloriser les salaires à la hauteur de la moyenne de l’OCDE, au lieu de rouvrir les 17 500 lits qui ont été fermés sous le premier quinquennat Macron (dont 5 700 pendant la pandémie de Covid-19 !), au lieu de débureaucratiser l’hôpital qui compte 33% de postes administratifs (contre 22% en Allemagne), le rapport avance des préconisations quant aux techniques de management, pour mieux piloter la pénurie au lieu de la combler.

Hopital Louis Pasteur de Colmar, le 26 mars 2020 © SEBASTIEN BOZON / AFP

En amont, on nous dit qu’il faut fluidifier les urgences en proposant un système d’accès aux soins dont l’objectif est de filtrer les patients, afin de pouvoir accepter uniquement ceux en urgence vitale. En aval, il s’agit de mettre en place des « bed management », des chefs de projet de lits qui s’occuperaient de trouver les lits disponibles, un peu comme dans l’hôtellerie. Confronté aux déserts médicaux qui s’étendent comme des métastases cancéreuses, aux femmes enceintes sur le point d’accoucher qui doivent faire plus de 30 bornes pour trouver une maternité ouverte et à la multiplication de cyberattaques sur les systèmes informatiques vieillissants de nos hôpitaux, le rapport Braun répond par la limitation de l’accès aux soins pour éviter l’embolie. Il fallait y penser !

Autre crise, autre rapport

Après les abus sexuels dans l’église catholique, le vice président honoraire du conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé s’attaque à la Justice.  

Là aussi, il est question de quantités. De même que, faute de soignants, l’hôpital est désarmé face à l’afflux de patients, la Justice ne compte pas assez de magistrats pour répondre à l’augmentation du nombre de jugements à prononcer. Mais là où le rapport Braun n’aborde pas le manque de moyens, le rapport Sauvé a le mérite d’axer une bonne partie de sa réflexion sur les considérations comptables, et de prôner le recrutement de 1 500 magistrats, de 2 000 juristes assistants contractuels, de 2 500 à 3 000 greffiers et d’au moins 2 000 agents administratifs.

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Certes, ce renfort ne peut être que salutaire pour une justice qui compte 10 juges pour 10 000 habitants (lorsque l’Allemagne en compte 24), et qui est dotée d’un budget frôlant à peine les 10 milliards quand l’Éducation nationale est à 51 milliards. Plus de juges réduira de facto le nombre affligeant de classements sans suite, d’infractions restées impunies et permettra de réduire le délai, aujourd’hui beaucoup trop long, entre la sanction prononcée et son exécution. « Plus le châtiment sera prompt et suivra de près le délit, plus il sera juste et utile » écrivait Beccaria. Pour l’instant, on en est loin ! Car de même que le rapport Braun ne s’attaque pas à la paupérisation de l’hôpital public et à l’accès aux soins à géographie variable selon les départements, le rapport Sauvé ne traite pas les causes profondes du dysfonctionnement de la Justice et confond la maladie (la violence devenue endémique) et le symptôme (une justice débordée).

Si les tribunaux sont engorgés, ce n’est pas uniquement une question de ressources et d’effectifs. C’est aussi parce que notre pays s’est ensauvagé à vitesse grand V avec une violence gratuite toutes les 44 secondes, un homicide ou une tentative d’homicide toutes les deux heures, un refus d’obtempérer toutes les 20 minutes. Et ne parlons même pas des profs et des policiers qui vont travailler la peur au ventre, des chauffeurs de bus qui se font tabasser jusqu’à ce que mort s’en suive, des égorgements jusque devant nos écoles, des pompiers qui tombent dans des guets-apens… Cette liste, aussi longue que la muraille de Chine, prouve combien l’insécurité est loin d’être un « sentiment » comme le prétend notre ministre de l’ « Injustice » ! Pour lutter contre cette hyperviolence omniprésente (qui atteint désormais des zones rurales jusqu’alors épargnées), on a affaire à une chaine pénale laxiste qui érige l’incarcération en exception et l’aménagement des peines en norme.

On l’a vu avec le verdict du procès des policiers brulés vifs à Viry-Chatillon en 2016 (huit acquittements sur les 13 assaillants présentés au tribunal), ou avec la décision de la cour de cassation ayant jugé irresponsable pénalement Kobili Traoré, l’assassin antisémite de Gisèle Halimi. Notre justice ne punit plus avec fermeté mais préfère avertir avec des rappels à la loi et du sursis. On l’a encore vu avec l’agresseur de la professeure de Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, en début d’année, condamné par le tribunal de Melun à cinq mois d’emprisonnement avec sursis et à 140 heures de travaux d’intérêt général.

Et quand la justice sanctionne, elle le fait mal avec des requalifications de crime en délit. C’est ce qui s’est passé pour les meurtriers de Philippe Monguillot, ce chauffeur de bus tabassé à mort en juillet 2020 pour avoir demandé à des racailles de porter le masque. La juge d’instruction a permis à ce que les assassins échappent aux assises et donc à la perpétuité en requalifiant les faits en homicides involontaires…

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Lâchez le mot : laxisme !

La dénonciation de ce laxisme judicaire devrait être la pierre angulaire de tout rapport visant à améliorer le fonctionnement de la justice. Il n’en est rien. Imprégné par la doxa anti carcérale selon laquelle la prison est l’école du crime et une machine à récidive, le rapport Sauvé exclut radicalement le retour des courtes peines supprimées par les lois Taubira et Belloubet pour éviter la surpopulation carcérale. Peu importe si justement les courtes peines exemplaires peuvent être envisagées pour arrêter l’escalade des délits et de la violence chez les primo-délinquants, créent de la dissuasion et donc permettent de désengorger les prisons.

En n’abordant pas la question de l’inapplication des peines et de leur sévérité et en rejetant la promesse macroniste, jamais tenue, de construire de 15 000 places de prisons supplémentaires, le rapport Sauvé risque de nourrir le sentiment d’impunité des délinquants et de confirmer que la violence même la plus radicale a droit de cité. Jean-Marc Sauvé veut sauver une corporation, en réalité il ne fait que la perdre. « Dieu rit de ceux qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes » : la sentence terrible de Bossuet me semble plus que jamais d’actualité !

Imaginez que vous êtes richissime et en même temps très généreux…

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…Que vous avez empoché 700 millions d’euros de bénéfices nets en vendant votre belle entreprise et que vous avez décidé d’en distribuer 10% à vos salariés, soit 70 millions. C’est alors que vos problèmes vont commencer…


Les chroniqueurs d’économie politique sont parfois accusés d’exagérer leurs critiques à l’encontre de la sur-administration française associée à une sur-taxation omniprésente. Dans le cas présent, nous sommes confrontés à ce que l’État peut faire de pire non seulement en matière de gestion économique et fiscale mais également de justice sociale. En quelques paragraphes, voici l’histoire.

Le très généreux donateur s’appelle Alain de Krassny et c’est un entrepreneur acharné et un phénomène dans son genre. Après de brillantes études en France et aux États-Unis, il entre chez Rhône-Poulenc dont il gravit de nombreux échelons avant d’être nommé PDG d’une filiale du groupe, Donau Chemie, dont le siège est à Vienne en Autriche. Il finit par racheter l’entreprise à Rhone-Poulenc, par le biais d’une fondation familiale de droit autrichien pour qu’en cas de coup dur, ses enfants soient préservés d’impôts trop lourds sur les successions. C’était l’époque en effet du matraquage fiscal d’un fiscaliste socialiste, François Hollande, parvenu jusqu’à l’Élysée et responsable du plus grand exil que la France ait connu depuis Louis XIV et son Édit de Nantes.

L’affaire était mal gérée et les salariés étaient malheureux

Puis c’est le grand pari industriel avec le rachat en décembre 2013 de Kem One, un chimiste en redressement judiciaire basé à Lyon qu’il reprend avec l’appui d’un fonds américain, Open Gate. L’affaire était mal gérée et les salariés étaient malheureux. Alain de Krassny qui partage son temps entre l’Autriche et la France, redresse magnifiquement l’entreprise en quelques années, avec l’appui inconditionnel de ses salariés. Kem One devient un producteur de premier plan en Europe pour la fabrication de PVC et de soude caustique, le PVC étant principalement utilisé dans le bâtiment, l’emballage et des applications médicales. Ses 1 400 salariés qui travaillent sur huit sites industriels retrouvent le sourire. De nouveaux sites industriels sont créés en France, à Lavéra et Fos-sur-Mer.

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C’est alors qu’un autre fonds américain, Apollo, propose à Krassny qui va avoir 80 ans, de lui racheter ses parts dans Kem One au printemps 2021. L’entreprise est devenue très solide. Elle réalise près d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et dégage des bénéfices très confortables (190 millions d’euros en 2021 selon la CGT). Notre PDG finit par obtenir 710 millions pour ses actions et signe avec Apollo en décembre dernier. C’est alors que, pour lui et ses salariés, des problèmes sans fin vont commencer. (1)

Une prime de 6 800 euros par année de présence

En effet, à l’occasion de son achat de Kem One en décembre 2013, Alain de Krassny qui voulait motiver les salariés, leur avait fait une promesse dans un engagement écrit devant le tribunal de commerce de Lyon lors de la reprise du groupe, alors en redressement judiciaire : s’il réussissait à relancer l’entreprise très mal en point, avec l’appui de ses salariés, il distribuerait « 10 % de la plus-value nette réalisée en cas de cession ultérieure », à l’ensemble de ses collaborateurs ayant eu au moins deux ans de présence dans l’entreprise. 10 % : autrement dit, une distribution extraordinaire de 70 millions d’euros qui concernera au total 1 830 employés qui pourront toucher, en théorie, 6 800 euros par année pleine et jusqu’à un maximum de 54 000 euros. Mais, en théorie seulement…

Le problème, en effet, qui se pose alors très vite, est celui de la distribution des fonds, l’État français ayant d’emblée, via ses services de Bercy, refusé tout aménagement : les primes en question ne pourront être versées que sous forme de salaires, après déduction plein pot des cotisations sociales, les salariales et les patronales. La prime individuelle maximum se trouve ainsi ramenée de 54 000 à 27 000 euros, ce qui change tout, du simple au double, mais à l’envers ! Dans cette affaire, Bercy se conduit sauvagement comme un associé racketeur exigeant et prioritaire, ce qui aboutira à ce que la moitié des 70 millions rejoindra le tonneau des Danaïdes de l’État et ne parviendra jamais dans les poches des heureux salariés de Kem One que leur généreux donateur voulait honorer et récompenser.

A relire, du même auteur: Comment nous sommes devenus les idiots du village mondial

Une généreuse donation qui va finir en queue de poisson

Mais ce n’est pas tout. La belle prime va virer au casse-tête avec une « multiplication de couacs » selon le syndicaliste de FO, Franck Zarbo : « On nous déduit les jours d’absence : maladies, grèves, congés paternité… mais pas maternité. Où est l’égalité homme-femme ? » Sans compter l’impôt sur le revenu qui va encore dégrever le montant final versé, avec possibilité de changements de tranche d’imposition. Pour celui ou celle qui va toucher la moitié de la prime versée par le PDG vendeur, mais qui devra payer des impôts supplémentaires correspondant à ce surplus de revenus, la douloureuse risque d’être dure à digérer. Même si globalement, le geste exceptionnel et rarissime de ce patron hors du commun a été largement apprécié par l’ensemble des salariés concernés, il n’en reste pas moins que sa généreuse donation finira en queue de poisson face à l’étatisme outrancier des services de Bercy qui bénéficieront de plus de la moitié du magot.


(1) L’essentiel des informations contenues dans cet article provient d’une enquête parue en avril dernier dans Les Échos, signée Léa Delpont, correspondante à Lyon.

Il n’ y a pas eu de 14 juillet à Trèbes!

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C’est la ville où le colonel Beltrame a été égorgé par un islamiste.


Le 14 juillet est notre fête nationale. On célèbre la prise de la Bastille en 1789. Et par la même occasion, on rend hommage à ceux qui sont morts pour la France.

Et c’est bien pour la France qu’est mort le colonel Beltrame. La cérémonie, normalement, devait se dérouler devant le monument aux morts. Y figurent les 104 noms des enfants de Trèbes tués pendant les deux guerres mondiales. Le nom de Beltrame n’y est pas inscrit, parce qu’il n’est pas mort à la guerre. Pourtant, il y a bien une guerre en France contre les islamistes ?

Et le maire de la ville a annulé les commémorations. Il était malade, indisposé ? Malade d’être obligé, comme le protocole le veut, de s’afficher avec le député de la région : ce dernier, Christophe Barthès a été élu sous les couleurs du Rassemblement national !

Le maire de Trèbes est très sélectif dans ses fréquentations. Que dira-t-il à ces électeurs qui ont voté pour Marine Le Pen ? Ignore-t-il que l’assassinat du colonel Beltrame est pour beaucoup dans leurs votes ?

Le maire de Trèbes est un Tartuffe : « Cachez ces électeurs que je ne saurai voir !». Il est encore maire pour quelques temps. Lors des prochaines élections municipales, il ne le sera sans doute plus.

La vraie solution à la crise climatique

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Carrefour de Shibuya, Tokyo, Japon, réputé le plus fréquenté du monde. © Wikimedia commons

Notre chroniqueur a décidé de prendre les écolos par les cornes et de traiter enfin le vrai problème : plutôt que d’empiler des mesures vexatoires qui ne découragent guère les vrais pollueurs, éliminons le fautif en chef — l’Homme.


À Aymeric Caron

Sans être absolument antispéciste, et sans renier ma vocation de carnassier, j’avoue avoir plus de pitié et de révérence pour les animaux que pour la plupart des hommes. Mon petit cœur se serre en voyant un chien abandonné sur une aire d’autoroute, alors qu’il aurait été bien plus raisonnable d’y abandonner des mouflets insupportables ou des grands-parents cacochymes.

De là à ne pas écraser le moustique qui me tirlipote, il y a une marge. Mais les élevages industriels sont une horreur, et les rites d’abattage (contre lesquels je n’entends guère les écolos réagir, de peur d’être assimilés à Brigitte Bardot) sont une honte.

Alors prenons à bras-le-corps le problème. Ce ne sont pas les vaches, cochons, couvées qui posent problème, mais ceux qui les consomment. Eliminons les hommes, nous sauverons les animaux.

Huit milliards d’hommes en novembre 2022, prédisent les démographes. Cela n’a pas l’air d’émouvoir les écolos, qui plutôt que de se saisir de ce problème — le seul vrai problème, quand on y pense — usent leurs forces à pondre des règlements punitifs, à interdire à tour de bras, à prôner des éoliennes tueuses d’oiseaux et à réélire Anne Hidalgo à Paris.

La solution au réchauffement climatique — qui est une réalité, la responsabilité de l’homme dans son déclenchement est loin d’être évidente, mais l’activité humaine de l’anthroposphère l’alimente certainement — est pourtant simplissime. Si pollution et accélération thermique sont des produits de l’activité humaine, éliminons l’humain. Ou tout au moins, réduisons-le de façon significative.

À quelle époque le nombre d’individus a-t-il été compatible avec une gestion raisonnée des ressources, tout en permettant des avancées civilisationnelles conséquentes ? Inutile de remonter aux 500 000 humains de l’ère des chasseurs-cueilleurs — une situation misérable qui ne saurait satisfaire que les fidèles de Sandrine Rousseau. Mais entre les 150-200 millions d’individus de l’Empire romain et les 11 milliards promis pour 2100, choisissons un chiffre raisonnable. Alors, les 500 millions de la Renaissance ? Les 650 millions des Lumières ? ou les 2,5 milliards des années 1950, qui marquent à mon sens l’hypothèse haute ?

En effet, au-delà d’un certain chiffre, le simple jeu des naissances, dans un monde où nous avons fait reculer sensiblement l’âge de la retraite définitive à six pieds sous terre, ramènerait trop vite l’humanité à son problème de surpopulation. Il faut garder de la marge.

J’avoue que personnellement faire revivre les Lumières, au terme desquelles Saint-Just a pu s’écrier « le bonheur est une idée neuve en Europe ! », serait assez tentant. Toutefois, pour y arriver, l’effort serait trop intense.

En revanche, diviser par trois la population actuelle me paraît un objectif écologiquement satisfaisant. Trois fois moins d’hommes, c’est mécaniquement trois fois moins de pollution, trois fois moins de déchets, de consommation effrénée et de déperdition d’électricité à recharger des téléphones portables, si utiles pour se signifier les uns aux autres la montée des périls écologiques.

Le lecteur subjugué par mon raisonnement se pose toutefois une ultime question. Comment passer des 8 milliards actuels à 2,5 milliards — afin de faire connaître aux populations jeunes les joies des Fifties ?

Pour cela, il suffit d’inverser les priorités (mais enfin, la seule priorité est le bonheur commun, non ?) et de cesser de sauvegarder l’homme à tout prix.

« L’humble plan que je propose au public » est donc le suivant. Plutôt que de combattre les épidémies, favorisons-les. La Vie avait bien envoyé une première salve avec le SIDA. Le virus a fait environ 38 millions de morts, ce qui n’est pas négligeable — mais c’est une goutte d’eau au regard des nécessités. De surcroît, la maladie a touché essentiellement des populations pauvres, et éliminer les pauvres prioritairement n’est pas la meilleure idée — ils consomment peu et polluent encore moins. Certes, cela fait d’autant moins de postulants à l’exode trans-méditerranéen. Mais il faudra de toute façon être bientôt impitoyable avec les boat people du troisième millénaire, de crainte d’être submergés de migrants, comme l’a si bien raconté Jean Raspail dans Le Camp des saints, son roman prophétique de 1973.

Le Covid m’a beaucoup déçu, comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer au tout début. Certes, faire disparaître les vieux, qui sont autant de bouches inutiles, était une initiative conforme aux idéaux de la nature, qui sacrifie volontiers les aînés pour la sauvegarde des jeunes. Mais le rythme très faible des disparitions, le quota ridicule de cas mortels, témoignent d’une inconséquence considérable. La Nature n’a pas exactement saisi l’ampleur du problème, et l’épizootie qu’elle nous a envoyée est d’une virulence peu en rapport avec les nécessités.

À l’heure actuelle le Covid aurait tué 6,35 millions de terriens : c’est une plaisanterie statistique. D’autant que nombre de ces morts seraient morts de toute façon. On s’en apercevra avec un an de décalage, quand l’âge moyen de mortalité montera d’un coup — puisque ceux qui devaient mourir l’année prochaine seront morts cette année. Rappelez-vous la canicule de 2003, elle aurait tué entre 19500 et 25000 personnes — essentiellement des vieillards, comme le Covid. Du coup, l’année suivante, l’âge moyen de décès a grimpé de deux ans.
Par rapport aux besoins d’extinction de masse, il faudrait que les températures grimpent bien davantage que les misérables 39° de ces derniers jours pour mettre dans la fosse toutes les bouches inutiles que les EHPAD n’auront pas naturellement tuées.

La planète a déjà eu recours à des astuces pour limiter la croissance démographique et la course au progrès. J’ai évoqué dans un article paru il y a trois ans le remarquable essai d’Eric H. Cline, 1177 avant J.-C. Le jour où la civilisation s’est effondrée. L’auteur y décrit la disparition — en quelques années — de l’empire hittite, de la civilisation minoenne et de la puissance de Troie, sous l’action conjuguée de phénomènes climatiques et environnementaux (si ! Le volcan de Santorin n’a pas pété pour rien), de révoltes, de déplacements de populations (les Sémites sont arrivés du sud pour évacuer les anciennes populations indo-européennes, des Slaves ont surgi du nord pour pousser à la mer les premiers Egéens) et de crises économiques — sans compter une ou deux épidémies bienvenues. Si le tableau vous rappelle quelque chose, et même l’état présent, je n’y suis pour rien.

L’empire romain a été stoppé net par la Peste de Justinien, entre les IVe et VIe siècles. La Renaissance gothique a été tuée dans l’œuf par la Peste noire de 1348-1350, qui a envoyé ad patres un bon tiers de la population européenne. Quand la Vie — c’est-à-dire la Mort — veut, elle peut. Et nous ne pouvons que nous en réjouir. Si l’humanité n’avait pas été tenue en laisse par les épidémies et les guerres (Ah, Tamerlan, Gengis Khan…), combien serions-nous aujourd’hui ?

J’imagine que les Ukrainiens et leurs amis déplorent les bombardements russes. Mais c’est là un réflexe égoïste : tout ce que la guerre tue ne se reproduira pas. Les conflits armés sont d’un meilleur rapport quantité / qualité que les épidémies — mais on peut cumuler. Les guerres tuent surtout des hommes jeunes : un soldat mort, c’est non seulement un humain de moins, mais une descendance heureusement compromise — alors que la mort d’un vieillard ne tue personne d’autre, il n’a pas de devenir démographique.

L’idéal est de cumuler guerres, épidémies et famines. Au cours du XVIIe siècle, une heureuse conjonction de famines et d’épidémies, sans compter le déroulement des guerres qui nous opposèrent aux Espagnols d’abord et à l’Europe entière ensuite, ont permis à la population française de stagner autour de 20 millions de sujets — sans compter, comme dit Rochefort, les sujets de mécontentement. Pendant un siècle et malgré une démographie galopante, l’usage de la pilule et du stérilet étant alors peu répandu, et la sodomie restant marginale.

Enfin, il est urgent de définir une politique de planning familial qui s’inspirera des impératifs maoïstes : un enfant par femme tous les dix ans au maximum — ou alors, dix ans de travaux forcés dans les rizières. Le mouvement GINK (Green Inclinations No Kids) y avait pensé dès 1969. Pour une fois que les écolos étaient dans le vrai…

De là à passer de 8 milliards aux 2,5 auxquels s’est arrêté notre calcul… Il va falloir faire preuve d’imagination. J’attends du lecteur des solutions imaginatives, et en cas de détresse intellectuelle, suivez le conseil inscrit sur la pancarte d’une militante qui avait tout compris : Save the planet Kill yourself.

Je vais y penser de mon côté.

Eric H. Cline, 1177 avant J.-C. Le jour où la civilisation s’est effondrée, La Découverte, 2015, 300p.

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Jean Raspail, Le Camp des saints, Robert Laffont, 1973, 389 p.

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«Je dois tout à la France»: l’histoire d’un prince géorgien et légionnaire

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Dimitri Amilakvari dans la Légion étrangère, 1942 © D.R.

Dimitri Amilakvari (1906-1942), fougueux légionnaire, mérite que l’on se rappelle de lui. À Bir Hakeim, dans le désert, il déclarait: «Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle».


Il avait le panache de d’Artagnan, la noblesse d’Athos, le raffinement d’Aramis et la truculence de Porthos… Oui, le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari de la Légion étrangère était tous ceux-là à la fois. Comme le dit le refrain, « ils ont une âme de mousquetaire, les légionnaires ».

Ce prince géorgien, arrivé en France en tant que réfugié politique avec sa famille suivant l’invasion par l’Armée rouge de son pays natal, fit honneur à l’idéal et aux fortes têtes de la Légion. Il y servit de 1926 jusqu’à sa mort au champ d’honneur en 1942 mais, malgré ses brillants exploits et sa présence mythique parmi les rangs de la France Libre, il est longtemps demeuré inconnu du grand public.

« Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle »

Enfin, en 2021 parut l’ouvrage Dimitri Amilakvari : un prince combattant, la toute première biographie de ce grand soldat qui participa aux batailles de Bir Hakeim, après quoi il fut fait Compagnon de la Libération, et d’El Alamein, au cours de laquelle il est mort pour sa patrie d’accueil. C’est l’écrivain et l’ancien lieutenant-colonel de la Gendarmerie nationale Jean-Paul Huet qui nous délivre de l’oubli collectif afin d’honorer ce héros devenu pleinement, passionnément Français. La deuxième édition revue et augmentée grâce à des renseignements géorgiens, publiée en 2022 à l’occasion du 80e anniversaire de la mort du prince Amilakvari, permet à tous les lecteurs de plonger dans la mémoire française et d’en ressortir engaillardi de patriotisme.

Quelques mois avant la Défaite de 1940, Dimitri Amilakvari avait reçu la naturalisation française. Au moment de rallier le général de Gaulle à Londres – c’est le début de sa grande aventure –, il déclame ces paroles toutes empreintes d’honneur et de fidélité et que le biographe fait si bien de nous rappeler : « Je dois tout à la France, ce n’est pas au moment où elle a besoin de moi que je l’abandonnerai. »

A lire aussi : Le 4 juillet 1916, un Américain est mort pour la France

Jean-Paul Huet nous fait également découvrir cette phrase du prince légionnaire, prononcée dans l’enfer de Bir Hakeim, alors que les forces de Rommel étaient dix fois plus nombreuses que celles de la 1er Brigade Française Libre: « Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a fait, c’est de mourir pour elle. » Ces mots avaient l’allure d’un serment comme celui de Camerone, mais l’heure du sacrifice n’avait pas encore sonné. On le sait, la ténacité des légionnaires assura à Bir Hakeim la première grande victoire des résistants français et le dévouement du prince, comme celui des autres chefs ce jour-là, y était pour quelque chose. Ayant pour règle d’or que « le chef doit payer de sa personne et être toujours devant », Amilakvari accumulait les faits de bravoure pour encourager ses hommes, allant jusqu’à s’exposer au feu de l’ennemi sans casque et privilégiant son képi. « On n’abdique pas l’honneur d’être une cible ! », comme disait Cyrano. À l’instar des Saint-Cyriens qui chargeaient hors les tranchées coiffés du casoar, le képi était son panache.

Victime de la bataille d’El Alamein

Le destin s’accomplit cependant à la Bataille d’El Alamein, le 24 octobre 1942 : débordé par l’ennemi, on avait offert au lieutenant-colonel de le ramener vers l’arrière à bord d’un blindé léger. Il refuse en grand seigneur : « Ma place est à la Légion, au milieu de mes hommes. » À peine quelques instants plus tard, âgé de 36 ans, Dimitri Amilakvari s’effondre à cause d’un éclat d’obus qui le frappe mortellement à la tête. Fidèle à son habitude, il ne portait que son képi. Celui-ci, troué du côté gauche, peut être aperçu aujourd’ hui au Musée de la Légion étrangère à Aubagne. Préservé comme une véritable relique, la Légion sait par-là honorer ses morts et respecter une de ses plus belles devises, More majorum, à la manière de nos anciens. Avant de devenir de vrais légionnaires, tous les engagés volontaires sont tenus de se présenter devant la crypte de la Légion – un monument solennel qui se trouve à la droite de ce célèbre képi –, et ont la chance de s’incliner face au sacrifice d’Amilakvari.

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Jean-Paul Huet déplorait dans l’introduction de cette biographie que le nom du prince géorgien « n’évoque rien ou si peu aux jeunes générations ». Saluons sa contribution accessible au grand public, sans pour autant avoir négligé le travail scientifique aux archives. Réunissant pour une première fois également les témoignages de grands militaires, dont ceux du maréchal Juin, des généraux Rollet, Simon, Koenig, Saint-Hillier, Catroux et de Gaulle, l’historien réussit sa mission, celle d’enrichir le souvenir français et de nous donner à admirer un autre héros national.

Inflation: oui, les patrons français doivent faire un geste!

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Le président Macron visite l'usine de ST Microelectronics de Crolles (38), 12 juillet 2022 © Jean-Philippe Ksiazek/AP/SIPA

Un appel de Sadri Fegaier, président de Indexia Group


C’est un fait. La zone euro est entrée dans une spirale inflationniste depuis la fin de l’année 2021. Si la politique « zéro Covid » chinoise a su préserver le pays de l’épidémie, elle a provoqué un ralentissement de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et des chaînes de production. Ce « choc de l’offre » en Asie s’est couplé au déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a eu des conséquences dramatiques sur les marchés de l’énergie et de l’agroalimentaire.

Dans la lettre qu’il adresse annuellement au président de la République, Emmanuel Macron, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a indiqué que l’inflation tendait désormais à s’installer et « à s’élargir ». Impossible de lui donner tort, puisqu’on constate une hausse des prix de 6,5% en juin, et de 3,3% en excluant l’énergie et l’alimentation. Au mois de mars, la hausse des prix de l’électricité, du gaz et de l’essence enregistrée par l’Insee était de… 28,9 %.

Le privé peut agir

Avec rapidité et efficacité, l’État a mis en place des mesures d’urgence consistant en un blocage de la flambée des prix, afin de protéger le pouvoir d’achat des Français, déjà largement corseté par les dépenses liées au prix du logement qui, comme chacun le sait, reste à des niveaux très élevés dans notre pays. Les aides apportées par le gouvernement se sont aussi matérialisées sous la forme de primes, comme la « prime Macron » versées aux Français les plus en difficulté.

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Nous devons saluer ces actions. Mais, soyons honnêtes, elles ne sauraient suffire, car elles ne s’attaquent pas à la racine des difficultés que nous traversons. Il faut donc en faire plus et le privé peut agir. Non seulement il le peut, mais surtout il le doit.

« Le retour de l’inflation est une source de préoccupation et d’inquiétude, d’angoisse pour des millions de compatriotes (…) Je pense que c’est bien que les salaires puissent augmenter dans les entreprises qui en ont la possibilité, il faut que nos compatriotes se disent, ‘’ça me rapporte de travailler’’, et pas ‘’ça me coûte cher’’ » à cause du prix de l’essence », expliquait le ministre des Finances, Bruno Le Maire. Partant de ce terrible constat, les grandes et les moyennes entreprises ont une solution. Si les hausses de prix sont indépendantes de notre volonté, nous pouvons rehausser les salaires, afin qu’ils accompagnent l’évolution du coût de la vie. Qui plus est dans une période où nous, employeurs, avons une vraie difficulté à recruter.

Ceux qui le peuvent doivent répondre à l’appel du gouvernement

Contre cette inflation croissante, il faut absolument redonner du pouvoir d’achat à nos salariés, et leur sécuriser un niveau de vie décent. Bien que je sois convaincu que garantir des salaires supérieurs à la moyenne du marché soit l’un des soutiens les plus efficaces, j’entends déjà nombre de mes pairs arguer qu’ils ont les mains liées, et qu’une augmentation pure et simple n’est pas une solution pérenne. Mais les leviers que nous avons à notre disposition sont, en réalité, nombreux.

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Hors les salaires, nous pouvons offrir des avantages annexes en nature qui permettent aux salariés de faire des économies. La mise à disposition de restaurants d’entreprise et de salles de sports gratuits vont dans ce sens. Nous avons déjà passé ce cap, chez Indexia, depuis des années. Tout aussi concrètement, la prise en charge à 100% de la mutuelle, les primes de participation et d’intéressement, l’installation de crèches, ou encore les chèques vacances et chèques cadeaux sont autant de moyens d’action qui réduiront le coût de la vie de nos collaborateurs, et augmenteront leur pouvoir d’achat.

Dans un contexte de crises successives, la solidarité n’est plus une option : c’est un impératif de croissance et de prospérité communes. Chaque citoyen est en capacité d’agir, et il le doit. Les patrons ne doivent pas faire exception et répondre présents à l’appel du gouvernement.

Drôle de fête nationale que la nôtre!

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Répétitions du défilé aérien du 14 juillet, 11 juillet 2022 © NICOLAS NICOLAS MESSYASZ/SIPA

La méprise de la Bastille…


Dans tous les pays, la date de la fête nationale ne pose pas problème. Pour tous les Américains, c’est sans discussion le 4 juillet, date anniversaire de la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776. Les Canadiens fêtent le 1er juillet 1867, jour de la Confédération. Et ainsi de suite…  Eh bien ! Les Français ne célèbrent-ils pas de leur côté le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille ? C’est ce qu’ils croient mais ils se trompent, ou plutôt on les trompe au nom de la doxa républicaine.

Le 14 juillet 1789 n’a jamais été célébré comme tel, à commencer par le 14 juillet 1790 qui s’employa à gommer la prise de la Bastille dans une grandiose Fête de la Fédération où le roi retrouvait sa place (« la Nation, la Loi, le Roi »). À l’annonce de la prise de la Bastille, les députés avaient pris peur. Ils voulaient bien du peuple mais pas trop. Les têtes au bout d’une pique n’étaient pas encore au goût du jour. Pas de Bastille donc mais un 14 juillet quand même !

Napoléon ne voulut entendre parler ni de l’une, ni de l’autre de ces dates ni d’ailleurs de la Révolution, et la Restauration moins encore qui entendait « effacer les maux de notre souvenir ».

Napoléon III, plus subtilement, comprit qu’il fallait aux Français une grande fête, une grande date réunissant le pays. Alors, il inventa le 15 août, déjà jour de l’Assomption mais qui devint la Saint-Napoléon (jamais saint ne fut plus improbable). Ce fut une réussite, la première véritable mise en scène de la nation souveraine, le premier essai réussi d’une fête nationale.

La IIIe République naissante se devait d’instaurer à son tour une fête nationale mais quelle date choisir ? Quel mythe fondateur ? Le 21 mai 1880, Benjamin Raspail, député de la Seine pour la gauche républicaine, déposa un projet signé par 64 députés (tous républicains radicaux et presque tous Parisiens) visant à instituer le 14 juillet en fête nationale. Oui, mais lequel ? Pour les républicains, il ne pouvait s’agir que du 14 juillet 1789, le jour de la Bastille, mais pas pour les catholiques, ni pour l’opposition parlementaire vouant cette date aux gémonies. On ne voulait pas d’une « fête de l’assassinat ».

La discussion de la loi à la Chambre des députés puis au Sénat, le 29 juin, fut l’occasion de belles empoignades. Au Sénat, on avait pourtant choisi avec soin le rapporteur en la personne de Henri Martin, auteur d’une imposante Histoire de France en 19 volumes, prudemment arrêtée à 1789. Il ne tarda pas à s’emberlificoter dans les deux 14 juillet. À propos de celui de 1789, il déclara : « Il y a eu du sang versé, quelques actes déplorables mais hélas dans tous les grands événements de l’Histoire, les progrès ont été jusqu’ici achetés par bien des douleurs, par bien du sang. Espérons qu’il n’en sera plus ainsi dans l’avenir » (des voix à droite : « Oui, espérons ! » « Nous n’en sommes pas bien sûrs ! »).

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Alors le rapporteur eut un trait de génie : « Si quelques-uns d’entre vous ont des scrupules contre le premier 14 juillet, ils n’en ont certainement pas quant au second ». Et de conclure : « C’est la grande image de l’unité nationale que nous voulons tous ». C’est ainsi que fut vendu un 14 juillet pour le prix de deux. La loi du 6 juillet 1880, toujours en vigueur, traduit bien en son article unique cette ambiguïté :

« La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle ».

Ce 14 juillet composite aura d’abord connu un ancrage tout relatif. Lors du premier centenaire de la Révolution en 1889, la date du 5 mai 1789, celle de l’ouverture des états-généraux, qui avait été proposée parmi d’autres, retrouva soudain du lustre. Quant au 14 juillet, il ne faisait toujours pas l’unanimité, pas plus que la Révolution d’ailleurs. Attaqué à droite, il le fut aussi à l’extrême gauche y voyant un anniversaire hypocrite faisant sonner bien fort les mots de liberté, d’égalité et de fraternité aux antipodes des conditions de travail et de vie faites aux travailleurs. Le 1er mai rompit avec le 14 juillet bourgeois (on notera au passage que la revendication en 1890, jugée alors exorbitante par le patronat, était d’obtenir la journée de travail de huit heures avec le seul dimanche chômé – soit une semaine de 48 heures).

Le 14 juillet fut tout autant vilipendé par la droite monarchiste et catholique qui milita de son côté pour l’institution d’une autre fête nationale sous l’égide de Jeanne d’Arc : le 8 mai, anniversaire de la délivrance d’Orléans. Les célébrations officieuses se multiplièrent jusqu’à ce que les Républicains prissent le train en marche. La loi française du 10 juillet 1920 institua la « Fête Jeanne d’Arc », fête du patriotisme (on compte aujourd’hui douze journées nationales).

Pris sous ces tirs croisés, le 14 juillet ne trouvait pas sa fonction de rassemblement du peuple français. Il se concentra sur son défilé militaire lequel ne tarda pas à être contesté à son tour par l’extrême gauche. Dès 1881, Le Temps demandait sa suppression : « On n’a pas su discerner si par cette exhibition on honorait vraiment l’Armée ». Cette contestation prit des allures d’affaire d’État lorsque Eva Joly, candidate des Verts pour l’élection présidentielle de 2012, préconisa de supprimer le défilé militaire sur les Champs- Élysées et de le remplacer par un défilé citoyen.  « Le défilé militaire, ça correspond à une autre période, celle d’une France guerrière ». Qu’avait-elle dit là ! Les insultes en haut lieu surgirent (Fillon, Chevènement, Guaino…). On l’accusa de vouloir supprimer l’Armée – ce qui n’était pas le cas. Le 14 juillet, avec son défilé, était un peu comme un vieil objet de famille trônant depuis des générations sur la cheminée du salon, qu’on ne remarquait plus mais qu’il n’était pas question de faire disparaître ni même de déplacer.

Drôle de fête nationale que la nôtre ! Elle ne nous rassemble pas mais nous divise pour peu qu’on prenne la peine de nous pencher sur son contenu. Elle est devenue une fête vide de sa propre histoire au demeurant chaotique, un jour férié parmi tant d’autres où chacun, comme dans la chanson de Brassens, peut rester dans son lit douillet.

À lire : Le mythe du 14 juillet ou la méprise de la Bastille, de Claude Quétel, JC Lattès, 2013.

Le mythe du 14 juillet

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14 juillet: le jour où on a le droit d’aimer la France

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Feux d'artifices à la Tour Eiffel. Image d'illustration Unsplash

Pourquoi il faut défendre ce défilé militaire que tant de progressistes aimeraient voir disparaitre


L’une des façons les plus courantes d’humilier la France est de l’attaquer sur son passé. Il y est de bon ton, au nom d’une vision monolithique de l’histoire, de s’y flageller jusqu’au sang, de marquer d’une pierre blanche tous les anniversaires susceptibles de rappeler combien des hommes se sont comportés comme des porcs en son nom – tout en passant sous silence le récit de ceux qui, en vertu des mêmes revendications, ont rendu un vibrant hommage à l’humanité. Au nom de la nécessité de « regarder l’histoire en face », on oblige une vieille nation à la repentance perpétuelle, la culpabilité profonde sans doute à la racine du délitement dont le constat fait désormais l’unanimité. Il convient de haïr cette identité qui nous lie au nom de son passé criminel, jamais de reconnaître l’émouvante générosité dont elle a su faire preuve et qui ferait pâlir tant d’autres pays. Comme s’il n’y avait pas dans un cœur humain suffisamment de place pour faire cohabiter des réalités mitoyennes.     

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Toujours est-il qu’en ce jour de fête nationale, ces constantes sont démenties. Une fois par an, tous les symboles français sur lesquels d’ordinaire on s’essuie les pieds prennent la lumière le temps d’une parenthèse enchantée. Les drapeaux sont brandis aux fenêtres, des fumigènes aux couleurs tricolores traversent les nuages, on applaudit ceux qui portent l’uniforme et qui se montrent prêts à tous les sacrifices pour servir cet intérêt supérieur. Des cars sont affrétés aux aurores depuis tout le pays pour ceux qui ne veulent rien rater du spectacle parisien depuis les Champs-Élysées, d’autres programment leur télévision à l’heure de leur petit-déjeuner. Qu’importe d’où l’on vienne, on laisse la haine de soi et le martinet au placard pour (re)trouver la fierté d’être Français. On a le droit de dire qu’on aime la France sans être rangé chez les fachos, les ploucs, les irréductibles qui résistent encore et toujours à la mondialisation. Le 14 juillet, c’est la revanche des «Somewhere» sur les «Anywhere», pour reprendre la dichotomie de David Goodhart, dressée dans son best-seller traduit en français sous le titre Les Deux Clans, La nouvelle fracture mondiale. Les enracinés ont leur (petit) quart d’heure de gloire, ils voudraient 14 juillet tous les jours de l’année. Dans cet interstice du calendrier, l’amour de soi n’est pas assimilé à la détestation des autres et la France n’est plus un horizon dépassable, soluble dans l’Europe, les Etats-Unis, le marché : elle demeure infiniment tangible dans ce qu’elle a de meilleur, représentée par sa fine fleur académique et militaire sur laquelle tous les projecteurs sont braqués. Ce défilé maintient l’illusion artificielle que le patriotisme n’est pas menacé, que la souveraineté nationale demeure sans qu’elle ne soit réductible aux nationalismes barbares d’antan.  

Des militaires de la marine nationale répètent pour le défilé du 14 juillet, 12 juillet 2021, Paris © Lewis Joly/AP/SIPA

Cet événement qui se veut un instrument de l’unité nationale atteint son but : l’espace d’une courte journée, on réussit à « faire peuple » autrement qu’en rouspétant à cause des retards dans le métro ou qu’en fêtant une victoire sportive. Les partisans de « la France » et de « la République » sortent les drapeaux blancs, ils rangent les armes argumentaires de leurs guerres intestines pour applaudir leur armée et scruter son aviation. Il est question de s’inscrire dans un héritage, d’asseoir des traditions, d’admirer la discipline dans un monde où la loi n’est plus perçue que comme castratrice. En cela, la parade du 14 juillet est à la fois antimoderne et instagrammable, ce qui ne l’empêche pas, hélas, de subir quelques crimes esthétiques. Nous n’oublierons jamais qu’en clôture de l’édition 2017, le président Emmanuel Macron avait incité la fanfare interarmées à faire jouer les cuivres au son de « Get Lucky » des Daft Punk sous le regard taiseux de Donald Trump. Nous n’oublierons pas qu’en 2018, un Alphajet de la Patrouille de France a inversé les fumigènes censés dessiner le drapeau tricolore, donnant aux spectateurs l’impression d’être devenus daltoniens. Nous n’oublierons pas qu’en 2020, l’exécutif a préféré laisser les avions cloués au sol par précautionnisme sanitaire.  

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Il n’empêche qu’il faut la défendre, cette parade que certains voudraient voir disparaître. Des voix « progressistes » toujours plus nombreuses s’élèvent ces dernières années pour sa dissolution au nom justement des symboles qu’elle promeut et qu’ils jugent insupportables. En 2011, Eva Joly faisait scandale en proposant de la supprimer. En 2017, Philippe Poutou donnait tranquillement ses raisons de détester cette « parade virile et nauséabonde » qu’il décrivait comme un « étalage de matériel de mort, ce parterre de gradés plus ou moins médaillé, bêtement au garde à vous, qui passent devant une tribu d’officiels, d’hommes de pouvoirs et de possédants ». Ils ont plus qu’on ne le croit en commun avec ceux qui sortent de leur tanière lorsque la fête est finie et que le soleil se retire pour « niquer la France », reprendre les bonnes habitudes, picoler et casser des voitures, violenter les pompiers et les policiers. Le 15 juillet, beaucoup se réveillent avec une gueule de bois sans avoir bu une goutte d’alcool, ce sont ceux qui ont assisté au défilé militaire et qui entendent dans les premiers bulletins d’informations matinaux le décompte des voitures calcinées et des violences nocturnes. Le réveil est un peu difficile, comme quand on passe d’un rêve à la réalité. Et s’ils avaient une raison supplémentaire de vouloir la défendre, cette France ? Rappelons ces mots prononcés par le philosophe Alain Finkielkraut lors de son entrée à l’Académie française : « J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi, était mortelle » …  

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Le « Elle et Lui » d’Alfred Hayes

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Une jolie fille comme ça d’Alfred Hayes (1958)


Typiquement le genre d’écrivain appelé à devenir un peu culte, Alfred Hayes (Londres, 1911- Los Angeles, 1985). Comme Richard Yates, James Salter ou Glenway Wescott (Le Faucon pèlerin) : Yates, posthume ; Salter, sur le tard ; Wescott, bientôt. C’est comme ça : il faut s’habituer à la vie, même littéraire.

Il a d’ailleurs avec Salter et Yates une parenté évidente : la mélancolie. Mais à l’encontre de Salter, qui sait être éloquent et ne ménage pas ses effets, Hayes est tout laconisme, neutralité, écriture blanche subséquente. Il ne s’agit surtout pas de rendre le réel attirant ou touchant. A fortiori lorsqu’il s’agit du récit très visuel d’une tragédie banale, d’une rencontre entre Elle et Lui, tandis qu’Elle, au cours d’une soirée à Hollywood 1950, tente d’en finir dans les vagues, et que Lui, la secourt. Cela pourrait être, ainsi, le début d’une jolie histoire d’amour. Ce sera le début mais l’histoire, finalement, ne sera pas jolie. Et elle ne sera pas d’amour. 

C’est une série B parfaitement aboutie, avec quelques verres de whisky et de gin, des cigarettes écrasées, un voyage au Mexique, une corrida sanglante, une starlette ravissante, paranoïaque, capricieuse, mythomane et désespérée, qui vit avec son chat et tente de distraire sa solitude. Le ressort est bandé dès les premières pages : la tragédie se déroule avec le professionnalisme (ou fatum) qu’on lui connaît, grâce à un grand artisan quand même : Alfred Hayes, donc. 

Un modèle du genre. Le premier livre traduit d’Alfred Hayes, In love, fut préfacé par Michel Mohrt (Stock, 1955, rééd. 2011). L’héroïne du deuxième, Une jolie fille comme ça, évoque parfois la Creezy de Félicien Marceau : même extravagance, même charme en dépit du ratage programmé, mêmes éclats de cristal dans le champagne. C’est l’ambiance. On aurait aussi bien pu parler d’Auteuil de Jean Freustié, ou de n’importe quelle héroïne ou presque de Fitzgerald. Bref, tout cela terriblement américain et européen – comme le cinéma de ces années-là à Hollywood. 

D’ailleurs, Hayes y a travaillé, comme scénariste, avec Zinnemann, Lang, Dmitryk, Huston, entre autres – aussi bien qu’en Italie, avec Rossellini sur Païsa ou De Sica sur Le Voleur de Bicyclette. Peut-être fallait-il en passer par quelques tunnels du Nouveau Roman pour redécouvrir, cinquante ans après, le charme térébrant d’un moins nouveau – de 1958. C’est tard pour l’actualité. C’est parfait pour l’éternité. Entre ici, Alfred Hayes…

Alfred Hayes – Une jolie fille comme çaPréface et traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Agnès Desarthe – Folio-Gallimard, 168p.

Une jolie fille comme ça

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Coupez le cordon!

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La journaliste Elisabeth Lévy © Pierre Olivier

L’édito de l’été d’Elisabeth Lévy


Les urnes ont parlé. Il s’agit de les faire taire au plus vite. Au lendemain des législatives, la classe politique et les commentateurs observaient avec une satisfaction de commande que la nouvelle Assemblée représentait la pluralité des opinions en France. Les Français, s’émerveillait-on, ont inventé la proportionnelle au scrutin majoritaire. Ce bel enthousiasme démocratique a vite cédé la place aux habituels tortillages de fondement. Les arbitres des élégances ont distribué des brevets de République, appelant à ressusciter un cordon sanitaire qui, depuis quarante ans, accompagne l’ascension du Front, puis du Rassemblement national.

Il s’agit même, comme l’a judicieusement formulé Alain Finkielkraut, de le faire passer à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Peu chaut à nos directeurs de conscience que les 577 députés soient des élus du peuple. Certains Français qui ne savent pas ce qui est bon pour eux sont moins égaux que d’autres. Changeons le peuple !

Le 5 juillet, Gérald Darmanin déclare tranquillement sur BFM : « LFI et RN sont nos ennemis. » Oui, oui nos ennemis vous avez bien lu. Si on se réfère aux scores du premier tour de la présidentielle, ça fait tout de même 16 millions d’ennemis ! Malheureusement, le ministre de l’Intérieur n’a pas précisé quel sort il fallait leur réserver. Il oublie aussi que, quelques semaines plus tôt, son patron faisait les yeux doux aux nupistes.

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Mais c’est surtout à propos du RN et des deux vice-présidences qui lui sont échues que les mines outragées se sont donné libre cours. Le président refusera-t-il le soutien des députés lepénistes sur certains textes ? Si Élisabeth Borne n’a pas demandé un vote de confiance, c’est, semble-t-il, parce qu’elle aurait pu l’obtenir grâce à leur abstention. En clair, même leur silence pue.

On ne change pas une méthode qui perd. L’écrasante majorité des faiseurs d’opinion a donc entonné la vieille ritournelle du « nauséabondisme » (encore Finki !) unidimensionnel. Dans un éditorial d’anthologie, qui fleure bon les années 1990 [1], Le Monde déplore qu’ « après la banalisation », le RN soit « sur la voie de la notabilisation ». De fait, quand les Insoumis sont arrivés à l’Assemblée en bande braillarde et débraillée, les 90 élus RN ont mis un point d’honneur à s’habiller correctement et à respecter la civilité de mise au Palais-Bourbon. Sans doute avaient-ils caché leurs uniformes nazis pour tromper les esprits faibles qui ont tendance à penser que les complaisants avec l’antisémitisme se nichent plutôt en face.

De son côté, Pap Ndiaye proclame fièrement : « Ma seule boussole, c’est la lutte contre le RN. » On voit mal, en effet, pourquoi le ministre de l’Éducation nationale se soucierait de l’état désastreux de l’école. Sa mission, c’est de rééduquer les enfants, en leur apprenant que la jeunesse emmerde le Front national, mais aussi qu’ils peuvent changer de sexe – et bientôt suppose-t-on de parents.

Sa belle âme en bandoulière, un député socialiste courageusement anonyme explique à Mediapart pourquoi il boude la buvette de l’Assemblée : « Statistiquement, un député sur cinq à la buvette est d’extrême droite. Vu qu’on ne sait pas encore qui est qui, j’ai préféré venir ici que de me retrouver à prendre mon petit-déj’ entouré de fachos. » Si ça se trouve, c’est contagieux (ou pire, il pourrait y en avoir de sympas !). Quant à la grossièreté de Louis Boyard, le petit morveux de la bande, elle est saluée comme un acte de résistance. Qu’un ex-dealer (selon ses propres vantardises) refuse la main tendue d’un ancien journaliste (Philippe Ballard, élu RN de l’Oise) en guise, paraît-il, de « geste-barrière contre le racisme », en dit pourtant long sur leur tolérance respective à la différence et à la divergence.

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La palme de la balle dans le pied revient aux LR qui continuent à céder au chantage moral anti-RN, préférant offrir à Éric Coquerel une élection triomphale à la tête de la commission des finances plutôt que voter pour Jean-Philippe Tanguy. Cela n’aurait rien changé, assurent-ils. Admettons même si ce n’est pas certain. Au moins auraient-ils sauvé l’honneur et la confiance de leurs électeurs. Si la France d’en haut continue à se boucher le nez et à croire qu’elle peut ostraciser 17 % de l’électorat, celle d’en bas en a assez de ces ridicules leçons de maintien. Elle se fiche du cordon sanitaire et passe volontiers, en fonction des scrutins, de LR au RN ou à Reconquête. Quand les élus LR refusent de se salir les mains en s’alliant au RN, le peuple de droite se sent cocu et il a raison.

Reste à comprendre pourquoi le parti de Marine Le Pen suscite autant d’offuscation que celui de son père. C’est encore Le Monde qui mange le morceau. L’unique critère, qui sépare le bon grain républicain de l’ivraie facho-populiste, c’est l’immigration. Les « partis républicains », affirme l’édito déjà cité, se font avoir par « l’opportunisme de Marine Le Pen […] qui laisse dans l’ombre ce qui fonde toujours l’identité de son parti : le rejet de populations qui vivent en France ». Passons sur la confusion débile entre rejet de l’immigration et haine des immigrés. À en juger par le mépris de nos prêchi-prêcheurs pour les angoisses existentielles de leurs concitoyens, on comprend qu’eux ne rejettent pas « des populations qui vivent en France », mais l’écrasante majorité des Français, décidément trop ploucs pour les nobles esprits du Monde.


[1] « À l’Assemblée nationale, un coup de pouce coupable à la notabilisation du RN », Le Monde, 2 juillet 2022.

L’hôpital ne soigne plus, la Justice ne juge plus mais l’urgence c’est de faire des rapports!

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Le ministre de la Santé Francois Braun visite le Centre hospitalier intercommunal de Créteil pour son premier déplacement, le 4 juillet 2022 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Les rapports Sauvé et Braun sur la Justice et l’hôpital sont idéologiques, dénonce notre contributrice. Plutôt que de s’attaquer au laxisme de l’institution judiciaire ou au manque de lits, on y parle désengorgement des prisons et techniques de management en milieu médical…


À quelques jours d’intervalle, le gouvernement a reçu deux rapports concernant l’hôpital et la justice, deux sphères du régalien victimes d’une tiers-mondisation aggravée, avec pour conséquences ultimes : l’impossibilité de soigner et l’incapacité de juger. Après le rapport sur les urgences sinistrées remis par l’urgentiste François Braun qui est depuis devenu ministre de la Santé, c’était au tour de Jean-Marc Sauvé de remettre vendredi dernier le sien portant sur le délabrement avancé de la Justice.

Ces deux rapports, destinés à remédier à la crise des urgences et au dysfonctionnement judiciaire, vont très certainement venir alourdir les étagères des ministères et du palais de l’Elysée qui croulent déjà sous un amas de notes en tout genre pondues par des cabinets de conseils surpayés et les multiples comités Théodule dont les gouvernements français sont si friands. Et c’est hélas toujours la même histoire. Ces milliers de pages de recommandations, présentées comme majeures pour répondre aux crises existantes, ne modifient en rien la trajectoire en pente descendante que prend le pays. Et ce, en dépit de l’agitation d’un pouvoir en place qui tente de cacher derrière les apparences d’une grande puissance, les preuves de son insuffisance…

La France a mal à son hôpital

Si ces rapports ne sont pas performatifs, c’est bien souvent parce qu’ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes et ce principalement pour des raisons idéologiques.

Penchons-nous par exemple sur le rapport Braun. Au lieu de recruter massivement des soignants et de réintégrer les 15 000 soignants non vaccinés pour mettre un terme à la pénurie du personnel, au lieu de revaloriser les salaires à la hauteur de la moyenne de l’OCDE, au lieu de rouvrir les 17 500 lits qui ont été fermés sous le premier quinquennat Macron (dont 5 700 pendant la pandémie de Covid-19 !), au lieu de débureaucratiser l’hôpital qui compte 33% de postes administratifs (contre 22% en Allemagne), le rapport avance des préconisations quant aux techniques de management, pour mieux piloter la pénurie au lieu de la combler.

Hopital Louis Pasteur de Colmar, le 26 mars 2020 © SEBASTIEN BOZON / AFP

En amont, on nous dit qu’il faut fluidifier les urgences en proposant un système d’accès aux soins dont l’objectif est de filtrer les patients, afin de pouvoir accepter uniquement ceux en urgence vitale. En aval, il s’agit de mettre en place des « bed management », des chefs de projet de lits qui s’occuperaient de trouver les lits disponibles, un peu comme dans l’hôtellerie. Confronté aux déserts médicaux qui s’étendent comme des métastases cancéreuses, aux femmes enceintes sur le point d’accoucher qui doivent faire plus de 30 bornes pour trouver une maternité ouverte et à la multiplication de cyberattaques sur les systèmes informatiques vieillissants de nos hôpitaux, le rapport Braun répond par la limitation de l’accès aux soins pour éviter l’embolie. Il fallait y penser !

Autre crise, autre rapport

Après les abus sexuels dans l’église catholique, le vice président honoraire du conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé s’attaque à la Justice.  

Là aussi, il est question de quantités. De même que, faute de soignants, l’hôpital est désarmé face à l’afflux de patients, la Justice ne compte pas assez de magistrats pour répondre à l’augmentation du nombre de jugements à prononcer. Mais là où le rapport Braun n’aborde pas le manque de moyens, le rapport Sauvé a le mérite d’axer une bonne partie de sa réflexion sur les considérations comptables, et de prôner le recrutement de 1 500 magistrats, de 2 000 juristes assistants contractuels, de 2 500 à 3 000 greffiers et d’au moins 2 000 agents administratifs.

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Certes, ce renfort ne peut être que salutaire pour une justice qui compte 10 juges pour 10 000 habitants (lorsque l’Allemagne en compte 24), et qui est dotée d’un budget frôlant à peine les 10 milliards quand l’Éducation nationale est à 51 milliards. Plus de juges réduira de facto le nombre affligeant de classements sans suite, d’infractions restées impunies et permettra de réduire le délai, aujourd’hui beaucoup trop long, entre la sanction prononcée et son exécution. « Plus le châtiment sera prompt et suivra de près le délit, plus il sera juste et utile » écrivait Beccaria. Pour l’instant, on en est loin ! Car de même que le rapport Braun ne s’attaque pas à la paupérisation de l’hôpital public et à l’accès aux soins à géographie variable selon les départements, le rapport Sauvé ne traite pas les causes profondes du dysfonctionnement de la Justice et confond la maladie (la violence devenue endémique) et le symptôme (une justice débordée).

Si les tribunaux sont engorgés, ce n’est pas uniquement une question de ressources et d’effectifs. C’est aussi parce que notre pays s’est ensauvagé à vitesse grand V avec une violence gratuite toutes les 44 secondes, un homicide ou une tentative d’homicide toutes les deux heures, un refus d’obtempérer toutes les 20 minutes. Et ne parlons même pas des profs et des policiers qui vont travailler la peur au ventre, des chauffeurs de bus qui se font tabasser jusqu’à ce que mort s’en suive, des égorgements jusque devant nos écoles, des pompiers qui tombent dans des guets-apens… Cette liste, aussi longue que la muraille de Chine, prouve combien l’insécurité est loin d’être un « sentiment » comme le prétend notre ministre de l’ « Injustice » ! Pour lutter contre cette hyperviolence omniprésente (qui atteint désormais des zones rurales jusqu’alors épargnées), on a affaire à une chaine pénale laxiste qui érige l’incarcération en exception et l’aménagement des peines en norme.

On l’a vu avec le verdict du procès des policiers brulés vifs à Viry-Chatillon en 2016 (huit acquittements sur les 13 assaillants présentés au tribunal), ou avec la décision de la cour de cassation ayant jugé irresponsable pénalement Kobili Traoré, l’assassin antisémite de Gisèle Halimi. Notre justice ne punit plus avec fermeté mais préfère avertir avec des rappels à la loi et du sursis. On l’a encore vu avec l’agresseur de la professeure de Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, en début d’année, condamné par le tribunal de Melun à cinq mois d’emprisonnement avec sursis et à 140 heures de travaux d’intérêt général.

Et quand la justice sanctionne, elle le fait mal avec des requalifications de crime en délit. C’est ce qui s’est passé pour les meurtriers de Philippe Monguillot, ce chauffeur de bus tabassé à mort en juillet 2020 pour avoir demandé à des racailles de porter le masque. La juge d’instruction a permis à ce que les assassins échappent aux assises et donc à la perpétuité en requalifiant les faits en homicides involontaires…

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Lâchez le mot : laxisme !

La dénonciation de ce laxisme judicaire devrait être la pierre angulaire de tout rapport visant à améliorer le fonctionnement de la justice. Il n’en est rien. Imprégné par la doxa anti carcérale selon laquelle la prison est l’école du crime et une machine à récidive, le rapport Sauvé exclut radicalement le retour des courtes peines supprimées par les lois Taubira et Belloubet pour éviter la surpopulation carcérale. Peu importe si justement les courtes peines exemplaires peuvent être envisagées pour arrêter l’escalade des délits et de la violence chez les primo-délinquants, créent de la dissuasion et donc permettent de désengorger les prisons.

En n’abordant pas la question de l’inapplication des peines et de leur sévérité et en rejetant la promesse macroniste, jamais tenue, de construire de 15 000 places de prisons supplémentaires, le rapport Sauvé risque de nourrir le sentiment d’impunité des délinquants et de confirmer que la violence même la plus radicale a droit de cité. Jean-Marc Sauvé veut sauver une corporation, en réalité il ne fait que la perdre. « Dieu rit de ceux qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes » : la sentence terrible de Bossuet me semble plus que jamais d’actualité !

Imaginez que vous êtes richissime et en même temps très généreux…

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L'industriel Alain de Krassny. Capture d'écran YouTube.

…Que vous avez empoché 700 millions d’euros de bénéfices nets en vendant votre belle entreprise et que vous avez décidé d’en distribuer 10% à vos salariés, soit 70 millions. C’est alors que vos problèmes vont commencer…


Les chroniqueurs d’économie politique sont parfois accusés d’exagérer leurs critiques à l’encontre de la sur-administration française associée à une sur-taxation omniprésente. Dans le cas présent, nous sommes confrontés à ce que l’État peut faire de pire non seulement en matière de gestion économique et fiscale mais également de justice sociale. En quelques paragraphes, voici l’histoire.

Le très généreux donateur s’appelle Alain de Krassny et c’est un entrepreneur acharné et un phénomène dans son genre. Après de brillantes études en France et aux États-Unis, il entre chez Rhône-Poulenc dont il gravit de nombreux échelons avant d’être nommé PDG d’une filiale du groupe, Donau Chemie, dont le siège est à Vienne en Autriche. Il finit par racheter l’entreprise à Rhone-Poulenc, par le biais d’une fondation familiale de droit autrichien pour qu’en cas de coup dur, ses enfants soient préservés d’impôts trop lourds sur les successions. C’était l’époque en effet du matraquage fiscal d’un fiscaliste socialiste, François Hollande, parvenu jusqu’à l’Élysée et responsable du plus grand exil que la France ait connu depuis Louis XIV et son Édit de Nantes.

L’affaire était mal gérée et les salariés étaient malheureux

Puis c’est le grand pari industriel avec le rachat en décembre 2013 de Kem One, un chimiste en redressement judiciaire basé à Lyon qu’il reprend avec l’appui d’un fonds américain, Open Gate. L’affaire était mal gérée et les salariés étaient malheureux. Alain de Krassny qui partage son temps entre l’Autriche et la France, redresse magnifiquement l’entreprise en quelques années, avec l’appui inconditionnel de ses salariés. Kem One devient un producteur de premier plan en Europe pour la fabrication de PVC et de soude caustique, le PVC étant principalement utilisé dans le bâtiment, l’emballage et des applications médicales. Ses 1 400 salariés qui travaillent sur huit sites industriels retrouvent le sourire. De nouveaux sites industriels sont créés en France, à Lavéra et Fos-sur-Mer.

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C’est alors qu’un autre fonds américain, Apollo, propose à Krassny qui va avoir 80 ans, de lui racheter ses parts dans Kem One au printemps 2021. L’entreprise est devenue très solide. Elle réalise près d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et dégage des bénéfices très confortables (190 millions d’euros en 2021 selon la CGT). Notre PDG finit par obtenir 710 millions pour ses actions et signe avec Apollo en décembre dernier. C’est alors que, pour lui et ses salariés, des problèmes sans fin vont commencer. (1)

Une prime de 6 800 euros par année de présence

En effet, à l’occasion de son achat de Kem One en décembre 2013, Alain de Krassny qui voulait motiver les salariés, leur avait fait une promesse dans un engagement écrit devant le tribunal de commerce de Lyon lors de la reprise du groupe, alors en redressement judiciaire : s’il réussissait à relancer l’entreprise très mal en point, avec l’appui de ses salariés, il distribuerait « 10 % de la plus-value nette réalisée en cas de cession ultérieure », à l’ensemble de ses collaborateurs ayant eu au moins deux ans de présence dans l’entreprise. 10 % : autrement dit, une distribution extraordinaire de 70 millions d’euros qui concernera au total 1 830 employés qui pourront toucher, en théorie, 6 800 euros par année pleine et jusqu’à un maximum de 54 000 euros. Mais, en théorie seulement…

Le problème, en effet, qui se pose alors très vite, est celui de la distribution des fonds, l’État français ayant d’emblée, via ses services de Bercy, refusé tout aménagement : les primes en question ne pourront être versées que sous forme de salaires, après déduction plein pot des cotisations sociales, les salariales et les patronales. La prime individuelle maximum se trouve ainsi ramenée de 54 000 à 27 000 euros, ce qui change tout, du simple au double, mais à l’envers ! Dans cette affaire, Bercy se conduit sauvagement comme un associé racketeur exigeant et prioritaire, ce qui aboutira à ce que la moitié des 70 millions rejoindra le tonneau des Danaïdes de l’État et ne parviendra jamais dans les poches des heureux salariés de Kem One que leur généreux donateur voulait honorer et récompenser.

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Une généreuse donation qui va finir en queue de poisson

Mais ce n’est pas tout. La belle prime va virer au casse-tête avec une « multiplication de couacs » selon le syndicaliste de FO, Franck Zarbo : « On nous déduit les jours d’absence : maladies, grèves, congés paternité… mais pas maternité. Où est l’égalité homme-femme ? » Sans compter l’impôt sur le revenu qui va encore dégrever le montant final versé, avec possibilité de changements de tranche d’imposition. Pour celui ou celle qui va toucher la moitié de la prime versée par le PDG vendeur, mais qui devra payer des impôts supplémentaires correspondant à ce surplus de revenus, la douloureuse risque d’être dure à digérer. Même si globalement, le geste exceptionnel et rarissime de ce patron hors du commun a été largement apprécié par l’ensemble des salariés concernés, il n’en reste pas moins que sa généreuse donation finira en queue de poisson face à l’étatisme outrancier des services de Bercy qui bénéficieront de plus de la moitié du magot.


(1) L’essentiel des informations contenues dans cet article provient d’une enquête parue en avril dernier dans Les Échos, signée Léa Delpont, correspondante à Lyon.