Accueil Économie Les chômeurs des banlieues françaises sont les bienvenus aux Pays-Bas

Les chômeurs des banlieues françaises sont les bienvenus aux Pays-Bas

Les Hollandais ont-ils été consultés?


Les chômeurs des banlieues françaises sont les bienvenus aux Pays-Bas
La ministre hollandaise Karien van Gennip devant le Parlement, 14 juin 2022 © BART MAAT / ANP MAG / ANP via AFP

Deux semaines après les graves incidents survenus lors de la finale de la Ligue des Champions en Seine Saint-Denis, au cours desquels des jeunes de banlieue avaient agressé des supporters anglais et espagnols, l’annonce d’une ministre hollandaise ne passe franchement pas inaperçue… 


Aux Pays-Bas, le taux de chômage excède à peine les 3%, et par conséquent un manque de main d’œuvre se fait sentir dans certains domaines. Mardi 14 juin, Karien van Gennip, la ministre néerlandaise des Affaires sociales et de l’Emploi, a fait une proposition qui n’est pas passée inaperçue. 

En effet, pour combler cette absence de bras préjudiciable à l’économie, la ministre, membre du parti de centre-droit l’Appel chrétien-démocrate (CDA), a proposé aux entreprises néerlandaises de recruter des jeunes chômeurs des banlieues françaises. Selon elle, proposer un emploi « dans la restauration ou l’horticulture » à ceux qu’elle qualifie de « décrocheurs » permettrait de les « remettre sur le droit chemin ». « Le taux de chômage des jeunes est très élevé en France, en particulier dans les banlieues. Beaucoup plus élevé que ce que nous connaissons ici » a-t-elle expliqué aux journalistes qui l’interrogeaient.

Geert Wilders fustige nos « banlieues dangereuses » 

Apparemment, la ministre hollandaise n’est pas au courant que les entreprises françaises souffrent également d’un cruel manque de main-d’œuvre, notamment dans l’hôtellerie/restauration, et que si ces « décrocheurs » ne travaillent pas chez nous (peut-être parce qu’ils exercent parfois d’autres activités plus lucratives, allez savoir…), ils ne travailleront pas forcément dans un pays dont ils ne maitrisent pas la langue, à moins de se voir proposer des salaires mirobolants pour les motiver.

A lire aussi: Quand les droitards choisissent Nupes au second tour…

Comme on pouvait s’y attendre, cette suggestion a été vertement critiquée, notamment par la droite et l’extrême droite hollandaise. Geert Wilders, président du Parti pour la liberté, a pointé du doigt la « folie » de la situation. Selon lui, « il faut un jour supprimer nos agriculteurs, le lendemain ajouter des méga-centres de demandeurs d’asile, et aujourd’hui faire venir ici des chômeurs français des banlieues dangereuses » ! Dans le même parti, son collègue Léon de Jong a estimé qu’il était hasardeux de recruter des jeunes issus de « ghettos ». De son côté, le Forum pour la démocratie présidé par Thierry Baudet a tweeté que des « Africains peu éduqués, responsables de l’insécurité et de la criminalité dans les villes périphériques françaises n’avaient rien à faire aux Pays-Bas. Travailler et vivre ici, c’est pour notre propre peuple ».

Et Rachid d’Utrecht ?

Karien van Gennip a rencontré des critiques jusque dans son propre camp. En effet, Zohair El Yassini, député d’un parti de la coalition au pouvoir, le VVD, a évoqué ces chômeurs hollandais qui ne demanderaient qu’à travailler, et a conseillé au gouvernement de se soucier davantage de « Rachid d’Utrecht plutôt que de Rachid de Paris ». Le député s’est dit désolé qu’au lieu de chercher des solutions, « les problèmes des banlieues françaises soient importés aux Pays-Bas ». Selon lui, « le marché du travail néerlandais n’est pas un programme de rééducation pour les jeunes à problèmes de l’étranger », et « la ministre ferait mieux de se concentrer sur plus d’un million de personnes qui sont déjà laissé sur le côté de la route aux Pays-Bas ». Même le Parti Socialiste hollandais y est allé de sa critique, qualifiant l’idée de « stupide ».

A lire aussi: Cérémonie d’ouverture des JO à Paris: Seine de crime?

Explication au Parlement

Cependant, d’autres hommes politiques du pays ont volé au secours de la ministre, et défendu son étonnante proposition, notamment Marieke Koekkoek, députée du parti centriste Volt, qui a rappelé que les Pays-Bas ne pouvaient pas ignorer « les treize millions de chômeurs présents dans l’UE » et a affirmé que, oui, « les Européens ont le droit de travailler ici ». 

Se retrouvant au centre d’une vaste polémique politique – désormais relayée en France, où de nombreux citoyens s’offusquent de constater la mauvaise image renvoyée à l’étranger par leurs banlieues hors contrôle, malgré tout le soin gouvernemental pris pour tenter d’occulter les évènements du Stade de France – Karien van Gennip a été contrainte de s’expliquer devant le Parlement néerlandais. Elle n’a pas vraiment rétropédalé, et a maintenu son propos en le précisant. Pour l’instant, il n’existe pas de plan gouvernemental spécifique pour faire venir nos « sauvageons » aux Pays-Bas, a-t-elle indiqué aux députés. Mais il est de toute façon prévu de faire venir des « travailleurs migrants hors d’Europe ».




Article précédent L’implantation médiatique chinoise en Afrique s’accélère
Article suivant « Éric Zemmour a surestimé sa capacité à faire venir des cadres de LR »
étudiant en journalisme

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération