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Kurt Cobain: la fin de la génération X

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Le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans, le chanteur de Nirvana se suicidait chez lui à Seattle


C’était hier. C’était aussi il y a une éternité. Trente ans pile en arrière, le monde apprenait le suicide de Kurt Cobain, retrouvé mort à son domicile de Seattle avec une lettre d’adieu et un fusil Remington M11. Une génération entière passait alors à la postérité, un courant musical avec elle. Le grunge était-il le dernier grand mouvement de jeunesse alternatif occidental ? La question mérite aujourd’hui d’être posée.

La scène de Seattle, emblématique de nos années 90

Ah, les années 90… Sombres, maladives, tourmentées, tournées vers la défonce. Une décennie noire, pourtant créative et riche en icônes. Par où commencer d’ailleurs pour les résumer ? Jeff Buckley ? Radiohead ? Elliott Smith ? La Britpop ? Le trip-hop ? La french touch ? Tupac Shakur et le Wu Tang Clan ? Nine Inch Nails ? Les Smashing Pumpkins ? Metallica ? Sûrement par la scène de Seattle. La plus marquante, celle dont absolument tout le monde se souvient, caricaturée à l’excès. Kurt Cobain fut bien malgré lui le meneur de cette génération X vêtue de chemises de bûcherons et de jeans troués, une génération non pas « contre-cool » comme sa devancière new-wave mais carrément anti-cool, érigeant la dépression et le mal-être juvéniles en étendards brandis fièrement au visage des « parents ».

La scène de Seattle n’était pourtant qu’un énième surgeon de l’indie-rock étatsunien, composé de groupes divers et parfois (a)variés. Nirvana proposait de son côté une musique assez simple, faite de gros riffs métalliques à la Black Sabbath, d’énergie punkoïde empruntée à des groupes comme les Vaselines et de mélodies bien tournées très inspirées des Pixies. On retrouvait aussi chez Kurt Cobain l’attitude sans compromis de prédécesseurs comme Sonic Youth. Grand adolescent, le natif d’Aberdeen se voulait aussi le tenant d’une éthique underground, critiquant régulièrement ses confrères et voisins de Pearl Jam, officiant dans un registre rock plus académique, ou encore ceux d’Alice In Chains, plus métalliques et sombres, dont le chanteur finira aussi dans le caniveau en raison d’une addiction à l’héroïne.

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Kurt Cobain se serait donc bien contenté d’un succès d’estime, façon Replacements et Paul Westerberg. Il a pourtant décroché le gros lot. Dès sa sortie, Nevermind explosa toute l’année 1991, alors que la concurrence était forte. Songez donc qu’à quelques mois d’intervalle, des disques comme le Black Album de Metallica, les Use Your Illusion de Guns N’ Roses, le Ten de Pearl Jam ou encore Violator de Dépêche Mode, sont sortis coup sur coup, ne laissant aucun répit à un public particulièrement gâté. La différence entre Nevermind et les autres, dans une moindre mesure Ten, est que Kurt Cobain a incarné son époque comme personne. Il a matérialisé l’angoisse existentielle de la génération X, ses aspirations et ses démons.

Je n’avais que cinq ans lors de la sortie de Nevermind mais le disque a bercé mon enfance et mon adolescence comme celles de millions d’autres. Skateboard sous les pieds et discman rangé dans la poche du baggy, In Bloom démarre. Un rock à la fois testostéroné pour plaire à l’adolescent en pic hormonal et suffisamment introspectif pour accompagner nos états d’âme. Intelligent ? Bien moins que ce qui avait eu cours dans les années 1980, où la racée génération des jeunes gens modernes mariait l’élégance gothique à un nihilisme venimeux, à la fois plus enfantin et plus mature. Car, à la réflexion, et même alors, Nirvana n’était pas le meilleur groupe de son temps, pas particulièrement innovant ni intéressant. Pas spécialement profond non plus. Il a néanmoins comblé un vide et répondu à une attente du public, préparé par les années punk et les succès progressifs de la scène indépendante américaine, à commencer par ceux d’Husker Du ou des Pixies, ajoutant à cette recette la puissance du hard rock. Dans une certaine mesure, la sauvagerie assumée d’un Appetite for Destruction des Guns a aussi préparé le terrain pour l’avènement de Nirvana et son apparent paradoxal succès commercial.

Kurt Cobain, du désenchantement au « réveil »

Kurt Cobain était-il un « wokiste » avant l’heure ? Ouvertement féministe et progressiste, il s’est souvent opposé aux rockeurs machos et mégalos de son temps, au star-system qu’il conspuait et dont il était à son corps défendant la poule aux œufs d’or. Sa mythologie s’est construite sur le refus de la mythologie rock. Point terminal du rock comme musique et mouvement de masse, il n’y a pas eu d’après le grunge. Oh, il y a bien eu des groupes depuis, mais rien n’aura plus été pareil et ne le sera plus jamais. Le rock, s’il garde son urgence, a été éclipsé par le rap et ne représente plus l’épouvantail parental par excellence. Il est rentré dans le rang.

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Kurt Cobain, malgré son évident talent, que son succès ne devrait toutefois pas nous conduire à surestimer, aura eu quant à lui un effet profondément délétère sur une génération entière. Son défaitisme, sa négativité présentée comme une qualité, sa romantisation de la consommation d’opiacés, sont autant de points noirs qui ont enterré la « génération X », broyée entre ses devanciers boomers et ses successeurs zoomers. Il a aussi masqué la richesse créative extraordinaire des années 1990 dans le domaine pop-culturel, réduites dans l’inconscient collectif à la bande-annonce du film Singles et les images sur papier glacé du couple Johnny Depp-Kate Moss en descente de cocaïne.

Les « jeunes » ont appris qu’on pouvait s’habiller n’importe comment, ne respecter aucune convention sociale et même que renoncer à la vie était « cool » puisque cette dernière n’avait rien à leur apporter. L’esthétique devait être déconstruite, de même que le rock comme a voulu s’y employer le héros du grunge. Son cynisme a tout ridiculisé, fait de toute tentative de flamboyance un sujet de moquerie. Nous n’en sommes toujours pas sortis.

JO : la fête du slip

Tous les moyens sont bons afin d’endiguer la propagation des MST et de protéger les athlètes lors de leurs ébats sexuels, durant la grande fête du sport qui approche.


Elles s’appellent Syphilis, Gonorrhée, Chlamydiose, Trichomonase, VIH… Aux JO de Sydney, leur prévalence avait augmenté de 29 % dans le milieu des athlètes et de leur staff. C’était la meilleure progression en matière de performance !

Elles, ce sont les maladies sexuellement transmissibles (MST). Et elles attendent les JO de Paris avec impatience. La fête du sport, c’est aussi un peu la fête du slip, pour les athlètes comme pour les spectateurs. Il faut dire que de tels événements favorisent le rapprochement des peuples, la quête de proximité, la rencontre productive et l’échange fécond. Songez donc qu’un simple baiser de dix secondes revient à propager 80 millions de bactéries entre deux bouches. Efficace non ?

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Mais le problème du transfert massif, c’est qu’il permet rarement la sélection de la qualité des entrants. Alors même si la diversité raciale est valorisée dans la culture occidentale, il semble que côté diversification bactérienne on fasse moins dans l’accueil inconditionnel. C’est ainsi que pour limiter les échanges internationaux en la matière, 210 000 préservatifs masculins, 20 000 préservatifs féminins et 10 000 digues buccales sont mis à la disposition des 10 000 athlètes attendus à Paris cet été. Si le déploiement d’un préservatif féminin (un bidule en latex supposé tapisser le vagin) vous rappelle les joies du déballage de la tente Quechua en version ni maniable ni conviviale, vous allez adorer la « digue buccale », son tapis de sol en quelque sorte. Quel dommage cependant, alors que la natalité est en berne chez nous, d’empêcher le brassage des gènes dans le village olympique via l’exultation des corps. À moins que la démarche soit humanitaire : il faut préserver les lits en carton mis à disposition des athlètes. Leur mauvaise qualité est une véritable incitation à la concentration sur les performances sportives et prédispose naturellement à l’abstinence : la luxure risquant de mener tout droit à la luxation. « Plus vite, plus haut, plus fort » reste la devise olympique, mais elle n’est visiblement pas à appliquer à l’horizontale.

Ce que nos entrepreneurs ont à dire à l’Union européenne

Les têtes de listes aux élections européennes étaient sous le feu des questions de Sophie de Menthon, le 5 avril


L’Europe oui, mais quelle Europe pour les entreprises ? C’est le thème du débat organisé le 5 avril 2024 au Cercle Interallié par le mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine, Indépendantes et de Croissance), créé en 1976 par Yvon Gattaz, dirigé depuis 1995 avec une belle constance et une énergie hors norme par Sophie de Menthon (pour mémoire, « serial » chroniqueuse à Causeur).

Les principales listes s’affrontant aux prochaines élections européennes de juin 2024 y étaient représentées. Un auditoire peuplé de chefs d’entreprises, petites, moyennes et, quelques-unes, grandes. Sous les ors, boiseries et tentures néoclassiques de l’Hôtel Perrinet de Jars, haut lieu de convivialité de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni et Russie…) constitué en 1917. Le Général ne disait-il pas que l’Interallié, c’est « l’ambassade de France à Paris » ?

Enfin, un vrai débat !

Les positions des uns et des autres ont été clairement exprimées, de façon synthétique et sans détours.

Ce qui apparaît en premier lieu, c’est la convergence des droites, dans leurs différentes expressions (LR, RN et Reconquête), quant à la nécessité de réorienter les instances européennes vers une Europe des nations maîtrisée. Il s’agit de redonner toute sa place aux souverainetés nationales, base de la construction européenne du Traité de Rome de 1957, de s’extraire d’une bureaucratie bruxelloise qui a fait progressivement basculer la machine européenne dans des zones où les peuples ne se reconnaissent plus et de redonner une âme à l’Europe. Un véritable enjeu démocratique. 

Sophie de Menthon, dans les escaliers du Cercle Interallié, est suivie par les têtes de listes aux européennes, et s’apprête à leur formuler les doléances des entrepreneurs… DR.
Marion Maréchal de « Reconquête », cheveux au vent, s’enthousiasme sur les politiques économiques européennes A côté d’elle, Gilles Mentré et Sophie de Menthon. DR.

Ce qui est ensuite frappant, c’est que plus personne ne parle de sortir de l’Union européenne (à l’exception de François Asselineau), contrairement aux précédentes élections. Il est vrai que le contre-exemple du Brexit, intervenu entre temps, fait réfléchir. L’orientation aujourd’hui est de constituer des majorités parlementaires à Bruxelles pour faire évoluer les institutions de l’intérieur, sur fond de poussées souverainistes et populaires dans l’ensemble des 27 pays membres.

Un vrai clivage apparaît donc avec la majorité présidentielle, représentée en l’espèce par Sylvain Maillard, par ailleurs président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. Pauvre Sylvain Maillard. Garçon sérieux, dans le registre de la conviction pédagogique ouverte, frôlant parfois une forme de naïveté bienveillante. Il est pris à partie en tant que politique déconnecté des réalités entrepreneuriales, alors qu’il est lui-même chef d’entreprise ! Il tente de défendre le bilan de la Macronie contre le reste des intervenants : montée en puissance de l’apprentissage en France, baisse de l’impôt sur les sociétés à 25%, baisse des impôts de production, baisse du chômage, réindustrialisation. Ce n’est pas rien. Même quand ses arguments sont de bon sens (« sans un minimum de normes techniques, il n’y a pas de marché européen unifié pour les entreprises »), il reste pourtant inaudible.

Le thème de l’Europe puissance, martelé depuis le discours de la Sorbonne en septembre 2017 par Emmanuel Macron, est mis en avant, avec des exemples concrets : les achats groupés pour le Covid-19, les munitions pour l’Ukraine, les usines de batteries et de semi-conducteurs. Cela n’émeut pas vraiment l’auditoire.

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François-Xavier Bellamy est incontestablement le plus technique des intervenants. Il prône ainsi de compléter le dispositif de taxe carbone aux frontières adopté fin 2022 (MEACF, Mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières). Son affirmation plus politique « on fera la convergence par la liberté » recueille des applaudissements nourris.

La gauche n’était pas représentée par ses têtes de liste, probablement du fait des caractéristiques anticipées d’un auditoire d’entrepreneurs, peu naturellement enclins à rejoindre ses thèses. Il y a eu quelques développements intéressants, certains hors sol, et enfin d’autres, proprement drolatiques. Ainsi, le représentant de la liste EELV, Mounir Satouri, député européen, s’exprime avec dynamisme, aisance et gouaille de bon aloi : « Quand ils vous disent que c’est la faute à l’écologie et aux normes, ils vous racontent des salades ». L’auditoire exulte et applaudit au bon mot. Sur le fond, il n’en pense pas moins.

Une mention particulière pour la représentante de la liste pilotée par le Parti communiste, Samia Jaber (secrétaire général de L’Engagement d’Arnaud Montebourg), qui a évoqué la nécessité d’un euro-keynésianisme pour assurer une relance macroéconomique, contre la tendance libérale intrinsèque de l’Union Européenne. John Meynard Keynes, économiste libéral par excellence et pilier des accords de Bretton Woods… Karl Marx devrait, à n’en point douter, se retourner dans sa tombe.

Les thèmes débattus

À la question posée à l’ensemble des participants : « Êtes-vous pour un impôt européen ? », la réponse quasi-unanime est négative. Il est manifeste que le fédéralisme n’a pas vraiment bonne presse aujourd’hui. C’est pourtant ce qui est en filigrane dans les orientations de Renaissance, même si ce n’est pas clairement exprimé. Les Français le pressentent pourtant : ceci peut  expliquer les sondages en berne pour la liste de Valérie Hayer.

Sur la mise en place d’un SMIC européen, la réponse de Marion Maréchal, dans sa simplicité biblique : « Non », résume la position de la plupart des intervenants. Rappelons néanmoins la position du représentant des écologistes : « 60 % du salaire médian du pays concerné », ce qui bien sûr s’entend dans une enceinte européenne. Totalement inaudible sur une estrade française. Jordan Bardella a opportunément rappelé que le SMIC français représentait 1 398 € de salaire net contre 477 € pour le SMIC bulgare, ce qui ne permet pas de créer de la convergence entre pays à court terme. Les réalités du continent européen sont ainsi  rappelées.

Le Green Deal et le programme « De la fourche à la fourchette » ont à l’évidence du plomb dans l’aile. Personne ne les soutient plus, sauf EELV, dont l’argumentaire est courageux dans le contexte. Cri du cœur de Loïk Le Floch-Prigent dans la salle, témoin et acteur de quatre décennies industrielles : « Le Pacte Vert est un pacte de décroissance. C’est l’inverse qu’il faut faire ».

Sur l’énergie, les intervenants (sauf EELV, bien sûr) soulignent l’intérêt du nucléaire et la nécessaire déconnexion des prix de l’électricité et du gaz. Cette question, essentielle pour la compétitivité des entreprises françaises, n’a bizarrement pas été vraiment développée au cours de ce débat. Manque de temps probablement.

Sur les questions de surtransposition, tout le monde est d’accord pour recadrer nos textes réglementaires pour éviter le syndrome français du meilleur de la classe européenne, notamment dans le domaine agricole. À noter l’intéressante intervention d’Hélène Thouy (Parti animaliste), au-delà de ses positions classiques sur la protection animale. Elle souligne que d’un point de vue juridique, la surtransposition n’existe pas : les États délivrent en effet leur version interprétative des directives européennes. C’est bien de rappeler quelques évidences.

Sur la réforme des institutions enfin, seuls Gilles Mentré, représentant d’une liste centriste libérale (réunissant le groupe LIOT à l’Assemblée nationale et des proches de Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine) et Jordan Bardella ont exprimé des propositions nouvelles. Gilles Mentré suggère ainsi d’amplifier la décentralisation européenne et notamment, que chaque député européen français soit affecté à un département, pour être la porte d’entrée des citoyens et des entreprises vers les institutions européennes, donnant ainsi à nos élus européens un rôle opérationnel au bénéfice de nos territoires. Jordan Bardella ouvre quant à lui la voie prometteuse de « la dérogation plutôt que l’harmonisation ». Cette approche est majeure car elle permet de repositionner l’Union européenne sans avoir besoin de passer par la case « Renégociation globale » des traités institutionnels.

Enfin, de façon substantielle, à quand une proposition portant sur le rôle futur de la Commission européenne vis-à-vis du Conseil de l’Union européenne, au-delà des polémiques sur la personne d’Ursula Von der Leyen ? En faire un simple secrétariat général permettrait à la démocratie, en effet, de retrouver sa place.

Que faut-il retenir de ces échanges ?

Il y a d’abord une forme de quasi-consensus pour que les Européens se serrent les coudes, dans un environnement géostratégique où l’Europe apparaît bien faible vis-à-vis des États-Unis, de la Russie et de la Chine. La compétitivité des entreprises françaises en est évidemment tributaire. Un continent avec 450 millions de consommateurs, c’est certainement une jauge plausible bien qu’insuffisante par rapport aux 330 millions d’Américains, 1 430 millions de Chinois et 1 430 millions d’Indiens.

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La majorité présidentielle prône une souveraineté européenne tous azimuts. Là aussi, c’est une position foncièrement différente d’il y a cinq ans. Réindustrialisation, clauses miroirs dans les traités commerciaux, taxation carbone aux frontières, repositionnement express sur le Green Deal, souveraineté alimentaire : tout se passe comme si les pro-européens fondamentaux introduisaient des marqueurs souverainistes pour éviter de se faire balayer en juin 2024.

Les partis de gouvernement et ceux qui y aspirent ont finalement des positions assez proches, sur les politiques de souveraineté, de réindustrialisation, de commandes publiques, de politique agricole commune ou de débureaucratisation, au-delà des affichages partisans.

Un clivage fort réside sur la politique d’immigration. Le Pacte asile et migration en cours d’adoption par l’Union européenne, soutenu par Renaissance, porte une philosophie d’accueil (après tri organisé…) de répartition des migrants entre pays européens, notamment pour faire face aux besoins de main d’œuvre. La gauche y voit une fermeture inhumaine des frontières. La droite pourfend l’incapacité européenne à juguler l’immigration illégale. Les chefs d’entreprise ont quant à eux une approche pragmatique, prudemment à distance des débats partisans. À souligner l’évolution notable du RN, à bas bruit, en faveur d’une immigration choisie haut de gamme sur le modèle de la Suisse.

Le principal clivage de fond se trouve en réalité entre aspiration au fédéralisme européen et appétence pour l’Europe des Nations. C’est un bon débat démocratique. Merci à nos politiques de bien vouloir être clairs sur ce thème, ce qui permettra aux Français de se prononcer.

Enfin, il est patent qu’il n’y a pas vraiment de divergences de fond entre LR, le RN et Reconquête sur la vision stratégique de l’Europe future, au-delà des sujets de détail. Perspective intéressante pour la reconfiguration à venir du Parlement européen, entre le PPE (Parti populaire européen), ID (Identité et démocratie) et CRE (Conservateurs et réformistes européens), qui devrait pouvoir trouver des convergences ici ou là au cours de la prochaine mandature.

Note finale de ces débats : les chefs d’entreprises, sollicités pour une appréciation concernant les débats intervenus, ont majoritairement considéré que Jordan Bardella avait été le plus convaincant. Simplification, valeur travail, croissance, une trilogie forte pour la compétitivité des entreprises…

Marion Maréchal face à Valérie Hayer: Le Rouge et le Noir

Les Européennes approchent et c’est pour Valérie Hayer, candidate Renaissance créditée de seulement 19% des intentions de vote, le moment de passer à la vitesse supérieure dans la conduite de sa campagne électorale. Aussi débattait-elle hier soir sur CNews face à Marion Maréchal. Compte-rendu du duel entre deux femmes qui assument leurs idées.


Il lui faut désormais renoncer à la potacherie : il n’est plus temps pour elle de faire du porte-à-porte avec le facétieux Gabriel Attal. Valérie Hayer doit également oublier les chaleureuses rencontres avec les rugbymen et ne plus songer à se faire lustrer l’escarpin par nos amis de Quotidien. La candidate d’Emmanuel Macron l’a bien compris, c’est pourquoi elle a accepté de débattre avec la championne de Reconquête, Marion Maréchal. 7 % des intentions de vote sont attribuées à celle que Valérie Hayer voit comme « l’extrême-droite avec un sourire et la jeunesse, mais qui n’en reste pas moins l’extrême-droite ».

Choisis ta France

Deux femmes : deux visions de la France au sein de L’Europe. Pour Valérie Hayer la France doit être l’un des rouages d’une Europe gérée par des technocrates et conçue comme un laboratoire de la mondialisation heureuse et de la multiculturalité. Marion Maréchal, elle, propose une France souveraine et identitaire au sein de l’Europe. Comme pour symboliser la confrontation de deux projets, aussi inconciliables qu’irréconciliables, et peut-être pour préparer au stendhalien « coup de pistolet au milieu d’un concert » qui pourrait avoir lieu lors de ce face à face potentiellement explosif, les deux animatrices chargées de l’orchestrer ont opté pour le rouge et le noir : un tailleur rouge pour la blonde Laurence Ferrari ; un tailleur noir pour la brune Sonia Mabrouk. Si la poudre n’a finalement pas parlé, l’affrontement des deux têtes de liste n’en a pas été moins passionnant[1].

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La divergence des deux représentations de la France proposées est perceptible tant sur le fond que dans les mots employés.  Valérie Hayer, pour désigner d’abord « l’ensauvagement », a la parole coincée, fuyante, et allusive : il s’agit de tourner autour de la réalité, sans jamais l’effleurer, comme pour l’occulter. Il n’y a pas vraiment « d’ensauvagement », essaye-t-elle de nous dire; juste un peu de violence propagée par les réseaux sociaux. L’école de la République, bien sûr, doit demeurer « un sanctuaire » et on va envoyer dans les établissements scolaires des « brigades dédiées » afin de rétablir l’ordre quand il le faut. D’islamisme, il n’est pas question. Marion Maréchal, elle, ne craint pas de manier l’hyperbole que le réel, du reste, impose.  Elle parle sans s’émouvoir « d’effondrement de l’école » et de « gangrène islamiste qui subvertit notre jeunesse. » Au sujet de l’agriculture, Valérie Hayer « assume » – comme Emmanuel Macron, elle affectionne ce verbe –  de dire qu’il « faut plus d’Europe. » Elle précise que les agriculteurs sont « les premiers acteurs d’une transition verte » que seule l’Europe est « en capacité » d’accompagner. Marion Maréchal, elle, évoque justement des paysans emportés par un « tsunami de taxes » et assujettis à la concurrence déloyale des produits étrangers.

Péril imminent: surtout pas d’accord

Sur le principal danger qui pèse sur la France, les candidates ne sont pas non plus d’accord. Pour Valérie Hayer, la Russie et Poutine menacent la France et son salut passera par la seule victoire de l’Ukraine. Pour Marion Maréchal, le vrai péril réside dans l’islamisme. Si elle souhaite aider l’Ukraine, elle refuse de mettre en danger une France incapable de mener une guerre de haute intensité face à la Russie.  « Vous jouez à la guerre comme aux Playmobil » lance-t-elle à la sectatrice d’Emmanuel Macron. Valérie Hayer promet aussi qu’une fois le Pacte Asile et Migration signé, il n’y aura plus de Lampedusa ni de Jungle de Calais : « Nous pourrons alors continuer à accueillir dans la dignité comme nous avons vocation à le faire. » Nous voilà rassurés… Marion Maréchal gâche un peu la fête en se montrant dubitative eu égard au faible nombre d’OQTF jusqu’alors exécutées. Elle précise qu’il s’agit plutôt ici d’imposer aux Français des populations qu’ils ne souhaitent pas forcément voir s’implanter dans leur pays ; tout ça pour que soient livrés des sushis au quinoa à quelques bobos hors-sol. 

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Face au manque de main d’œuvre dans « les secteurs en tension », Marion Maréchal préconise de remettre les Français au travail tout en les payant correctement plutôt que d’exploiter une main d’œuvre étrangère. Valérie Hayer conclut l’échange « en assumant » de voter pour le Pacte Asile et Migration afin de trouver une réponse aux défis migratoires à l’échelle européenne. Elle « assume » jusqu’au dérèglement climatique, et se propose d’aider les agriculteurs à faire de même. Elle « assume » enfin de dire que « c’est en Européen qu’on sera compétitif sur tous les plans ».  « Nous avons besoins d’Europe », résume-t-elle, magistrale.  Marion Maréchal, elle propose, en votant Reconquête, de battre Emmanuel Macron au parlement européen et de défendre ainsi notre civilisation.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Marion Maréchal, force est de constater qu’aux discours filandreux, elle sait opposer un verbe tranchant. Georges Clémenceau lui donnerait toutefois un conseil pour parfaire ses futures prises de paroles : « Pourquoi ne pas comprendre au moins une fois, que la parole n’est pas aussi rapide que la pensée et que tout ce que l’on trouve dans l’esprit ne peut se convertir en paroles ? Comprendre que l’on peut aussi parler par gestes. Que le silence… parfois devient un cri. »


[1] https://www.cnews.fr/emission/2024-04-08/valerie-hayer-marion-marechal-le-face-face-1480221

Erik Tegnér infiltre l’extrême gauche

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« Infiltrée au cœur de l’extrême-gauche » : Livre Noir présentait hier son nouveau numéro à Paris. Nous sommes allés à la soirée de lancement voir de quoi il retournait…


L’équipe de Livre Noir avait donné rendez-vous hier soir à quelques invités triés sur le volet sur les Grands Boulevards. Peu après 19h, au premier étage privatisé du Cardinal, ce n’est pas l’emblématique fondateur Erik Tegnér mais Jules Laurans qui prend la parole et nous fait le topo. Face aux députés RN Sébastien Chenu (Nord), Grégoire de Fournas (Gironde), à Sarah Knafo, la conseillère d’Éric Zemmour, ou à l’essayiste Éric Naulleau, le rédacteur en chef et responsable du pôle enquêtes du média militant avance qu’« il est important et nécessaire que la droite fasse de l’enquête ». Et le troisième numéro de Livre Noir risque de faire parler de lui. « Même si Mediapart fait très bien ce travail » d’enquête, s’amuse-t-il.

Finalement, l’expression « presse engagée » n’est peut-être pas toujours synonyme de presse de gauche donc. Les 176 pages de cette nouvelle livraison du trimestriel sont le résultat de centaines d’heures de travail d’immersion.

Un Tour de France des mouvements gauchistes

L’enquête, inédite, tient sur les épaules d’une femme : Mademoiselle P. Son nom ne sera dévoilé que demain. Elle s’est enrôlée pendant six mois au sein d’associations et de collectifs de gauche. C’est d’abord « sur un coup de tête que je me suis immiscée dans l’Association Utopia 56, en avril 2023 », nous confie la journaliste mystère. Après cette expérience inaugurale, notamment auprès du petit monde des « mineurs » non accompagnés, l’enquêtrice a rapidement voulu approfondir son investigation.

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Soulèvements de la Terre, Dernière Révolution, Urgence Palestine, militants trans, ZAD de l’A69 : Mademoiselle P. a participé à de nombreuses réunions ; elle a contribué à différentes actions de ces groupes bien connus mais nébuleux, et noté les argumentaires utilisés par les militants. Sa longue infiltration nous offre aujourd’hui une enquête accablante sur les antifas, les groupes pro-Hamas sévissant en France, les éco-activistes, zadistes, militants LGBT, les associatifs pro-migrants – et même… des fichés S, nous promet-on.

Pas de retour en arrière possible

« Je sais m’adapter, ça me rend sympathique et ainsi, je passe partout  », nous confie la « taupe », juste avant d’entamer son discours devant la petite assemblée du bar. Sous les généreux applaudissements de l’auditoire, Jules Laurans salue le « courage » de son infiltrée qui sort donc de l’anonymat en même temps que le numéro. Cette dernière s’avance, en robe noire, sourire en coin, devant la soixantaine d’invités présents et leur raconte comment elle s’est effectivement infiltrée dans huit organisations.

« Les insultes, attaques et accusations subies depuis notre création nous ont renforcés. Aujourd’hui, nous avons brûlé nos vaisseaux pour être sûrs de ne jamais faiblir ni reculer » écrit Tegnér dans son éditorial. « Nous savons que notre vie va changer, en particulier celle de notre courageuse journaliste (…) que je tiens à saluer » ajoute-t-il. Un numéro dans les kiosques demain.

176 pages, 14,90 €

Finances publiques françaises: un indispensable «changement de logiciel»

Une analyse d’André-Victor Robert, auteur de La France au bord de l’abîme (éd. L’Artilleur, 2024), qui estime que notre pays risque de connaitre à très court terme un effondrement économique majeur, si rien n’est fait.


De longue date, la France témoigne d’un penchant immodéré pour la dépense publique et ses deux corollaires que sont les prélèvements obligatoires et l’endettement. De tous les pays d’Europe occidentale, c’est en France – et de très loin – que les dépenses publiques sont les plus élevées, en proportion du PIB : 58,1 % en 2022, à comparer à 49,7 % en Allemagne ou 44,5 % aux Pays-Bas… Cet argent est-il bien dépensé ? L’effondrement de la France au fil des ans dans les classements éducatifs internationaux et l’état de délabrement de certains de nos services publics (hôpitaux, police, justice…) conduisent à en douter, et d’ailleurs la satisfaction des Français vis-à-vis de leurs services publics est médiocre, significativement moins bonne que chez tous nos voisins, exceptées l’Italie et l’Espagne, si l’on en juge par les résultats 2017 de l’Eurobaromètre.

Financer des dépenses publiques élevées exige un recours massif à l’impôt ou à l’endettement : la France a choisi de faire appel à l’un et à l’autre, dans des proportions inégalées chez nos voisins. Exception faite du Danemark, c’est en effet en France que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé parmi les pays d’Europe occidentale, à 48% du PIB en 2021. La France a pour autant aussi largement recours à l’endettement pour financer ses dépenses publiques : depuis vingt ans, le solde budgétaire courant (c’est-à-dire le solde des recettes et dépenses publiques exceptées les charges d’intérêts) est en effet systématiquement plus négatif – ou moins positif – dans notre pays que chez tous nos voisins y compris l’Italie et l’Espagne.

Dette publique sans précédent depuis la guerre

En Europe de l’ouest, seules la Grèce et l’Italie présentent une dette publique – exprimée en pourcentage du PIB – significativement plus importante que celle de la France, et à 110,6 % du PIB, la dette publique française atteint un niveau quasiment sans précédent depuis 1900, si l’on excepte les années au sortir des deux guerres mondiales ; mais à l’époque la dette publique française était majoritairement détenue par des résidents, alors qu’elle est aujourd’hui détenue pour plus de la moitié par des étrangers, et au surplus les ménages et entreprises français étaient bien moins endettés qu’aujourd’hui.

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Dépenses publiques élevées et faible satisfaction des usagers, fort recours tout à la fois à l’impôt et à l’endettement pour les financer, les conséquences de ces piètres résultats sont dramatiques : la dégradation continue de nos performances éducatives finit par peser négativement sur le niveau de qualification de la main d’œuvre et donc sur la productivité de celle-ci, qui constitue le principal déterminant à long terme du niveau de vie de la population ; le niveau élevé des impôts pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la compétitivité de nos entreprises ; enfin, le niveau élevé de notre endettement dégrade notre souveraineté et nous expose à une possible – pour ne dire probable – remontée des taux d’intérêts.

Notre pays est sur le déclin : nous avons perdu des parts de marché, notre industrie s’est réduite comme peau de chagrin, et, exprimé par habitant et en parité de pouvoir d’achat, le PIB français est inférieur de 14,5% au PIB allemand en 2022, alors que l’écart n’était que de 1% en 1974 (source OCDE). Le pire serait de laisser la situation se dégrader encore un peu plus sans rien faire, et d’attendre d’être sous la pression des évènements pour prendre des décisions qui s’imposeraient et seraient alors en grande partie subies. Il y a à notre sens urgence à « changer de logiciel » et à définir une stratégie claire pour enrayer ce déclin, plutôt que de différer la prise de mesures correctrices. Le redressement de nos finances publiques nous semble devoir s’appuyer sur quelques principes, que nous exposons et détaillons maintenant.

Quelles dépenses publiques rogner ?

Tout d’abord, on peut considérer que le niveau d’ores et déjà extrêmement élevé des prélèvements obligatoires interdit toute hausse supplémentaire de ceux-ci, sauf à accepter de faire encore un pas dans la direction de ce qu’il faut bien appeler du « collectivisme ». C’est donc dans les dépenses qu’il va falloir tailler.

La réduction des dépenses devra toutefois être ciblée, dans le temps, et selon les types de dépenses. En période de mauvaise conjoncture, la réduction des dépenses publiques est susceptible d’aggraver la récession, alors qu’à l’inverse en période de bonne conjoncture, un surcroît de dépenses publiques est susceptible d’alimenter l’inflation et d’évincer des dépenses privées. C’est donc avant tout sur les années de bonne conjoncture que devra porter la réduction des dépenses. Il n’est pas normal que le solde budgétaire de la France soit systématiquement négatif depuis cinquante ans, il n’est pas normal que les années de bonne conjoncture n’aient pas été mises à profit pour dégager un solde budgétaire positif et ainsi réduire la dette publique.

S’agissant du type de dépenses à cibler, il conviendra d’épargner les dépenses qui contribuent à la croissance de la productivité et par là-même au maintien et à la progression du niveau de vie de la population, ce qui inclut une partie des dépenses d’enseignement et de recherche. Pour ne donner qu’un exemple, il est difficile d’imaginer que l’on puisse redresser le système éducatif sans mieux rémunérer les enseignants nouvellement recrutés, pour autant que leurs compétences le justifient, tant la profession d’enseignant souffre à présent d’une désaffection profonde. Cela ne veut pas dire que toutes les dépenses engagées par le ministère de l’éducation méritent d’être sanctuarisées, il y a sans doute des économies possibles par ailleurs dans le budget de ce ministère, au niveau des personnels administratifs par exemple, ou encore en instaurant une sélection à l’entrée à l’université, de façon à dissuader à s’engager dans les études universitaires les étudiants qui ont a priori une très faible chance de les mener à bien.

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Mieux cibler les dépenses, c’est aussi, pour l’état français, se préoccuper en priorité du bien-être de ses seuls ressortissants (à l’instar de ce que font tous les États à la surface de la Terre) et renoncer à l’objectif – vain et pour tout dire un peu délirant – de vouloir sauver la planète et l’ensemble de ses habitants. La plupart des pays du monde (quasiment tous les pays hors UE) ne consentent à autoriser à séjourner sur leur sol que les migrants qui sont peu susceptibles de peser sur leurs finances publiques, et les étrangers qui ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins sont en règle générale invités à regagner leur pays d’origine. 

Un assentiment populaire difficile à obtenir

Enfin, l’État doit cesser de s’ingénier à empêcher les individus de travailler et les entreprises de produire. La coexistence de nombreux emplois peu qualifiés non pourvus et d’individus en âge et en capacité physique de les occuper justifierait de durcir les conditions d’octroi du RSA, en alignant par exemple les obligations de recherche active d’emploi des bénéficiaires du RSA sur celles qui sont imposées aux chômeurs indemnisés. Lorsque l’état (ou l’UE) impose aux entreprises industrielles des normes drastiques d’émissions de gaz à effet de serre qui conduisent ces entreprises à délocaliser leur production dans des pays où ces normes ne seront pas respectées, et ce alors même que la France représente moins de 1% des émissions mondiales de GES, on peut considérer que la mesure est contre-productive à la fois au regard d’un objectif hypothétique de réduction des émissions de GES et en termes de recettes fiscales pour la France.

Nous considérons que les résistances éventuelles, au sein de l’élite et de la haute administration, à ce changement de paradigme, se manifesteront avec d’autant moins d’acuité et de véhémence que le peuple sera associé étroitement au suivi et au contrôle des dépenses publiques.

En la matière, on pourrait songer à s’inspirer de l’exemple de la Confédération helvétique, où l’existence – à tous les niveaux du pouvoir – du référendum d’initiative citoyenne contribue grandement au bon emploi des deniers publics en obligeant les élus et les administrations à s’interroger sur le risque d’une possible censure populaire à l’encontre de tout projet dont les bénéfices paraîtraient trop faibles ou trop incertains au regard des coûts à engager.

L’ineffaçable Timberlake

Cancel-moi si tu peux !


Le chanteur à minettes Justin Timberlake parvient toujours à passer entre les mailles du filet féministo-woke. La presse américaine l’a même renommé « Teflon Man », car les accusations glissent sur lui comme sur une poêle Tefal ! Dans son autobiographie fracassante, La Femme en moi, sortie en octobre, son ex-Britney Spears dévoile qu’elle avait avorté en raison du refus de paternité du chanteur. En réponse, l’homme antiadhésif se drape dans sa dignité en gardant le silence. Cette année, il sort le premier single de son nouvel album après six ans d’absence. Dans les paroles de Selfish, il confesse être jaloux et égoïste : c’est tout comme s’il revendiquait ses comportements toxiques avec les femmes. Brit-Brit ayant commis une chanson portant le même titre en 2011, ses fans se débrouillent pour qu’elle soit plus téléchargée et devance le tube de Justin dans le classement iTunes.

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Pourtant, la chanteuse elle-même se déclare « amoureuse » de Selfish et s’excuse pour ce qu’elle a dit dans son livre. En réponse, lors d’un concert à New York, Timberlake se montre ingrat, déclarant : « J’aimerais saisir l’opportunité de m’excuser… auprès de personne, putain ! » En 2004, le même chanteur avait été au centre du scandale du « Nipplegate », mot-valise formé de nipple, « téton », et du suffixe -gate. Il dévoilait malencontreusement sur scène le sein de la superstar Janet Jackson lors d’une chorégraphie osée accompagnant un duo retransmis devant 140 millions de téléspectateurs le soir du Superbowl. Selon la sœur de Michael, il était prévu que son soutien-gorge reste en place et ne dévoile que partiellement son sein. Cependant, lors de la prestation, Timberlake tira trop fort sur le bustier… S’ensuivirent aux États-Unis tout un battage médiatique, des amendes et l’adoption par les chaînes américaines d’un délai de cinq secondes avant diffusion pour prévenir tout incident de ce genre. Et, surtout, la fin de la carrière de Janet Jackson, victime apparente de « misogynoir ». En 2021, Justin Timberlake, qu’on accuse régulièrement d’appropriation culturelle, s’est excusé publiquement auprès d’elle en reconnaissant avoir bénéficié d’un système qui tolère le sexisme et le racisme. Oui, un homme-téflon…

Les fachos à Moscou!

Hier, on disait aux communistes français prosoviétiques: les cocos à Moscou! Aujourd’hui, la fachosphère prorusse mérite qu’on lui retourne le compliment.


En prenant de l’âge, j’ai perdu toutes mes certitudes, sauf deux. Celle de mon hétérosexualité et celle de mon vote, que je croyais verrouillé sur un seul objectif : la reconquête du territoire. La lutte contre la tiers-mondisation française étant la mère de toutes mes batailles, le candidat décidé à arrêter l’immigration pour enrayer le grand remplacement avait mon suffrage, sans conditions. Pas regardant, j’aurais soutenu le premier venu, même s’il avait inscrit à son programme le rétablissement de la polygamie ou du droit de cuissage.

Hier encore…

Aujourd’hui, de ces deux certitudes, il ne m’en reste qu’une. Les positions que l’on prend sur la guerre en Ukraine dans ma famille politique ont fait vaciller l’autre. Hier pourtant, j’étais un militant fidèle quoique parfois embarrassé, comme ce jour où Eric Zemmour déclara qu’il fallait un Vladimir Poutine à la française. Alors, je buvais ma honte et évitais de le crier sur tous les toits en pensant à la France qui avait peut-être, avec son arrivée au pouvoir, une chance de rester la France.

Je votais Zemmour, et plutôt deux fois qu’une avec une procuration extorquée à ma mère, mais un peu honteux en pensant à la journaliste Anna Politkovskaïa, aux opposants Alexeï Navalny, Boris Nemtsov ou Vladimir Kara-Mourza ou encore au prix Nobel de la paix et co-fondateur de l’association Mémorial Oleg Orlov, enfin à tous ces dissidents que le Kremlin criminalise, emprisonne ou assassine.

Ni Poutine ni Médine

Mon adhésion au parti Reconquête, malgré les positions de mon président franchement à l’est, était mon compromis, ma realpolitik à moi, ma façon de faire prévaloir les intérêts supérieurs de la Nation sur mes impératifs moraux, mon choix pour la France, tout bien pesé, à défaut de trouver un candidat derrière le slogan« ni Poutine ni Médine ». Dans des moments de grande lassitude démocratique, en regardant mon pauvre pays paralysé par son État de droit et bâillonné par son antiracisme systémique entrer dans l’ère du woke et de l’attaque au couteau, en voyant les hommes trembler devant les torquemadames au sommet de la vague MeToo comme des petits Blancs à La Courneuve, il m’arrivait même de rêver, moi aussi, de poutinisme français.

Je n’en suis pas fier, mais j’avais plutôt apprécié la méthode du mafieux de la Place rouge pour régler son problème de minorités musulmanes séparatistes et terroristes « jusque dans les chiottes », et caressé l’espoir que la façon russe soit testée à Marseille, pour commencer. C’est dire jusqu’à quelles extrémités droitières et autoritaires le sort promis à une démocratie envahie peut pousser un libertaire désespéré.

Les Ukrainiens sont admirables

Heureusement, depuis je me suis ressaisi. La résistance ukrainienne à l’invasion assortie de destructions, de meurtres de civils, de viols et d’enlèvements d’enfants, a forcé mon admiration. Le changement de ton et le courage du président Macron ont emporté mon adhésion. En revanche, les réactions dans la réacosphère mainstream m’ont plongé dans la déception. Et les positions défendues sur certains sites russophiles, dans la consternation. Alors que Macron cesse de prendre des gants avec l’ennemi pour chausser des gants de boxe, relève le défi et répond aux menaces, convoque l’Europe pour préparer la défense, bouscule un continent prudent, réveille l’OTAN en état de mort cérébrale et rassemble le monde libre derrière le nouveau mot d’ordre « la Russie ne doit pas gagner », on dénonce, à droite, de basses manœuvres électorales. C’est un peu court. Et on sonne le tocsin. « Dangereux ! » braillent les uns. « Irresponsable ! » ajoutent les autres. C’est un peu frileux. L’esprit de défaite ou l’opposition systématique règnent et le président est plus suivi par certains chefs d’Etat en Europe qu’il ne l’est en France par les chefs de l’opposition. Ce qui est dangereux et irresponsable pour la liberté des Ukrainiens, pour l’avenir de l’Europe et pour le droit des voisins du tyran à disposer d’eux-mêmes et à divorcer en paix et en sécurité, ce n’est pas de s’opposer aux velléités impériales de Poutine, c’est de le laisser faire. Ce qui est dangereux et irresponsable, c’est de faire savoir au monde autoritaire que le crime paye. Comme dit Xavier Raufer, les criminels ne s’arrêtent que quand on les arrête. Et la règle vaut en Seine-Saint-Denis comme pour le tsar de toutes les Russies.

Deux poids deux mesures

Seulement voilà, dans la réacosphère, sur ce coup-là, on donne dans l’excusisme. Ce qu’à raison on refuse à Samir en banlieue, on l’accorde à Vladimir. On condamne d’une phrase l’agression et on s’empresse d’ajouter un « mais ». Et en un long discours, on rappelle les manipulations américaines, les provocations de l’OTAN, les racines de la Russie, le passé mal digéré du nazisme en Ukraine et la corruption de ses dirigeants, sans oublier au passage le prix de l’électricité qui monte et celui du blé qui baisse. On proclame que « ce n’est pas notre guerre[1] » et qu’« on ne veut pas mourir pour le Dombass[2] » et j’entends au fond du discours une sourde complaisance pour le régime du Kremlin. Après tout, Poutine n’est-il pas le défenseur de la famille et des valeurs traditionnelles chrétiennes en croisade contre une Europe féminisée, décadente et en perdition ? Le dernier bastion de l’ordre moral dressé contre l’homosexualité déviante et perverse ? Le dernier mâle blanc de ce côté-ci de l’Atlantique à s’opposer au féminisme conquérant et hystérique ? Tout cela compose une petite musique sur laquelle se colle naturellement un petit refrain : plutôt rouge que woke.

J’entends des patriotes drôlement pacifistes déclarer qu’« il faut tout faire pour éviter la guerre[3] ». Ils se réclament du gaullisme en temps de paix, mais une certaine fascination pour la force, une solide proximité idéologique avec l’ennemi et un anti-américanisme pavlovien les révèlent bien peu résistants quand la guerre vient. Ainsi, certains droitards rappellent ces communistes français devant les invasions soviétiques de Budapest en 1956 ou de Prague en 1968, ou certains intellectuels de gauche aux tendresses bolcheviques. Tant et si bien que l’on pourrait dire aujourd’hui : Les fachos à Moscou !

D’après un sondage, le droit-de-l’hommiste Raphaël Glucksmann récolterait deux fois plus de voix aux élections européennes que le robespierriste islamo-compatible Mélenchon. L’électeur de gauche a la chance d’avoir un candidat antitotalitaire. J’aimerais pouvoir en dire autant. Je ne vois à droite que des partis empêtrés dans leurs vieilles sympathies poutiniennes ou dans leurs ambiguïtés stratégiques politiciennes. Le candidat de la droite clairement antitotalitaire, je le cherche. Désespérément.

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[1] Michel Onfray.

[2] Pascal Boniface.

[3] Henri Guaino

Raphaël Glucksmann creuse son sillon

Politiquement, notre chroniqueur Philippe Bilger reste un grand naïf. Aujourd’hui, il se penche sur le cas du candidat du PS et de « Place publique » aux élections européennes. En progression dans les sondages (il se rapproche des 12%), ce dernier propose de taxer les plus riches au niveau européen pour financer la « transition écologique et sociale » et d’accentuer notre soutien militaire à l’Ukraine.


Alors que je suis passionné au-delà de toute mesure par la politique politicienne, il m’arrive en même temps de déplorer que celle-ci brouille le paysage intellectuel et rende des frontières absurdement infranchissables. J’écoute le 7 avril au Grand Jury Raphaël Glucksmann, tête de liste du parti socialiste pour les élections européennes, et je continue à être impressionné par la finesse de son intelligence, la pondération de ses analyses et le ton courtois qu’il cultive, qui n’est pas faiblesse de caractère mais maîtrise de soi. Même en ne surestimant pas mon savoir dans le registre européen, j’avoue ne pas avoir été scandalisé par ses raisonnements même les plus extrêmes, sur le plan des taxes comme pour la défense des droits de l’homme. Au risque de choquer les partisans de rudes antagonismes, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver plus qu’une similitude entre sa personnalité et celle de François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains. Lors des dernières élections européennes, j’avais déjà remarqué cette familiarité entre deux intellectuels qui, alors, avaient eu du mal à endosser ce que le verbe politique doit avoir de partisan pour être efficace.

Une constatation navrante

Cette proximité des caractères et des cultures demeure aujourd’hui, même si l’espace politique dont dispose Raphaël Glucksmann est plus identifiable que celui réservé à François-Xavier Bellamy. Malgré son talent, ses capacités de réflexion et son excellent bilan européen, il éprouve des difficultés à se distinguer sur le plan du projet par rapport à « Reconquête! » et au Rassemblement national. Certes, François-Xavier Bellamy pourra soutenir, contre le RN, qu’il a travaillé et obtenu des résultats, lui, à Bruxelles mais ce n’est pas suffisant pour marquer une nette différence sur le fond.

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Cette détestable pente politicienne qui contraint à dissimuler, à méconnaître le lien fort entre deux natures pourtant proches, dont l’apport concerté serait remarquable, me navre. Elle amplifie les contradictions des programmes alors qu’elles seraient aisément solubles dans un monde démocratique qui placerait au premier plan l’honnêteté intellectuelle et le refus des outrances. Au détriment des idéologies qui sont trop souvent un moyen de donner bonne conscience à la libération des pires instincts de l’homme. Alors, naïveté politique, ma désolation face à l’impossibilité même d’envisager ce que l’union d’un François-Xavier Bellamy et Raphaël Glucksmann apporterait à tous ? Je ressens ce même état de mélancolie républicaine au sujet d’une impasse présidentielle. Je ne doute pas de l’authenticité de l’esprit européen du président de la République même si on a le droit de mettre en cause sa conception de l’Europe et sa volonté de la faire servir à l’affaiblissement des identités nationales. Aussi, quand on nous annonce que « Macron prépare son entrée en campagne avec un grand discours Sorbonne 2 »[1], mon premier mouvement n’est pas d’en soupçonner l’insincérité. Mais d’en prévoir l’inutilité.

Glucksmann devrait récupérer une partie de l’électorat macroniste déçu

En effet, je suis frappé par le gouffre de plus en plus vertigineux entre d’un côté la bonne volonté du président sur certains plans, la justesse de ses résolutions, et de l’autre leur parfaite stérilité opératoire. Je crois qu’il n’y a plus un domaine où le président puisse s’exprimer en étant assuré d’être sinon cru, du moins vraiment écouté. Cela me navre parce qu’il pourrait arriver que son verbe méritât d’être pris au sérieux, notamment quand il n’a pas été altéré, selon son habitude, par de multiples fluctuations et contradictions. Mais il faut convenir que la principale responsabilité incombe à Emmanuel Macron. Si ses propos sont dévalués, si ce qu’il dit ne laisse plus la moindre trace dans la conscience publique – qu’il s’agisse de saillies ou d’argumentations sérieuses -, cela ne tient pas seulement à 2027 où il ne pourra plus nous faire don de sa personne mais, plus profondément, au fait qu’il a trop évolué, infléchi, contredit, varié, démenti et déstabilisé, qu’il nous a trop habitués à percevoir dans l’affirmation d’aujourd’hui la dénégation de demain, qu’il nous a, au fond, interdit de lui attacher foi et confiance, nous privant de cette exemplarité capitale d’un chef tellement légitime qu’on le croit sur parole.

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C’est une autre de mes naïvetés politiques que cette tristesse que j’éprouve face à la déliquescence d’une destinée présidentielle qui aurait pu avoir tout pour elle mais se retrouve vouée à parler dans le désert républicain. Je ne vois pas d’insurmontable contradiction entre ma dilection, peut-être immature, pour la politique politicienne et mes regrets de citoyen adulte : les seconds me permettent de supporter la première.


[1] https://www.lefigaro.fr/elections/europeennes/europeennes-emmanuel-macron-prepare-son-entree-en-campagne-avec-un-grand-discours-sorbonne-2-20240407

LR en mode survie

À deux mois des élections européennes, LR ne décolle pas dans les sondages. Atomisée par la Macronie, largement distancée par le RN, la droite classique est devenue inaudible, voire invisible. Elle est au bord de l’éclatement. Ce scrutin pourrait être celui de la dernière chance.


Ni Bardella ni Macron. Pris en sandwich entre ces deux poids lourds, François-Xavier Bellamy déplore « que l’élection européenne soit transformée en un sondage géant pour anticiper la recomposition politique de la France. Ce scénario écrit d’avance ne correspond à rien au niveau européen. Or la crise agricole et ce qu’elle doit à l’idéologie et au fonctionnement de l’Europe actuelle ont montré qu’il fallait prendre au sérieux les élections européennes. » Hélas pour le candidat de la droite dite « de gouvernement », le match Renaissance/RN focalise toute l’attention, et le troisième homme de l’élection est pour le moment Raphaël Glucksmann, crédité de 11 % des suffrages quand la liste LR plafonne à 7.

LR relégué en deuxième division

Xavier Bertrand le reconnaît sans fard : « Quand vous oscillez entre 5 et 10 % des voix et que vous avez réalisé un score de moins de 5 % à la présidentielle, vous passez en deuxième division et êtes condamné à un rôle de supplétif. Et pourtant, la droite n’est pas finie, elle a des chances d’avoir les élus locaux les plus nombreux en France, garde un groupe parlementaire structurant au Sénat et malgré la déroute de 2022, a un groupe d’une soixantaine d’élus à l’Assemblée nationale qui dispose d’une véritable marge de manœuvre puisqu’il peut faire la bascule. La vraie question est : quelle est sa stratégie politique ? »

Analyse partagée et précisée par un ancien collaborateur de ministre, fin connaisseur des arcanes de la droite : « La droite n’est pas dans une impasse, l’épisode de la loi immigration l’a revigorée, même si elle s’est fait tirer le tapis sous les pieds par le RN. Il y a juste une haie à franchir, celle des Européennes, mais elle n’est pas bien haute. Ils ne peuvent l’avouer, mais s’ils passent la barre des 5 % et qu’ils ont des élus, la mission sera remplie. […] Le véritable enjeu est de ne pas faire moins de 5 % pour éviter l’éclatement et l’émancipation d’élus locaux dont l’élection ne dépend aujourd’hui plus de l’étiquette, mais de leur impact personnel. » En off, nombre d’élus sont d’accord. Dans tous les camps, on est passé en mode vautour.

Le dépeçage programmé de Renaissance

Le tendre agneau qui excite leurs appétits, c’est Renaissance : le parti présidentiel est neutralisé par l’impossibilité pour le président de se représenter, le fait qu’il n’a pas de ligne idéologique claire et, depuis 2022, par l’absence de majorité. Le fan-club d’Emmanuel Macron n’a ni histoire ni avenir. C’est l’ère du vide : ni droite ni gauche, ni identité forte, ni héritier naturel. Alors pour LR, entre union des droites et dépeçage du centre, le choix est vite fait, comme l’explique l’ancien collaborateur ministériel. « Le nouveau monde va s’écrouler et l’ancien va revenir. Dans ce cadre, il y a des passerelles avec Renaissance qu’il n’y a pas avec le RN. Une fois papa parti, le parti éclatera. Or ceux qui peuvent récupérer cette droite macroniste, que ce soit Darmanin, Le Maire ou Édouard Philippe, viennent des LR et ont continué à entretenir des réseaux. Ils savent qu’ils auront besoin d’une organisation politique qui tient la route et qui peut mailler le territoire dans le cadre de la prochaine présidentielle. Le réseau d’élus locaux des LR est ici un atout. Pour conquérir comme pour gouverner. »

Pendant ce temps le RN s’envole dans les sondages. Et il veut la mort de LR. Là où il est fort, il n’hésite pas à maltraiter ses élus. Les résultats des dernières législatives ne peuvent que l’y inciter. Pourquoi s’encombrerait-il d’alliés, dont l’étiquette n’apporte rien en termes de dynamique électorale et politique ?

François-Xavier Bellamy, Éric Ciotti et Céline Imart au Salon de l’agriculture, Paris, 26 février 2024. ©ISA HARSIN/SIPA

La situation dans le Sud-Est est emblématique de cette nouvelle donne. Dans le Var, lors des dernières législatives, le RN a remporté sept sièges sur huit. Certes, ce département n’avait pas échappé en 2017 à la vague LREM mais en 2012, tous les députés étaient LR et le Var était considéré comme un fief difficile à prendre. La fin de la Macron-mania n’a pas entraîné le retour des électeurs au bercail. S’en est suivie une lutte fratricide remportée par le RN. Les LR ont retenu la leçon. Le RN joue la guerre des droites plutôt que l’union.

C’est également la conclusion qu’ils tirent de la saga du projet de loi immigration. Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice du Val-d’Oise s’en explique : « Nous avons agi en responsabilité, travaillé sur le fond du texte, fait passer nombre d’amendements. Nous avons montré que le travail parlementaire était essentiel, qu’il permettait de peser sur les textes et qu’il pouvait payer. Le RN, lui, n’a rien fait et s’est simplement positionné au dernier moment pour dire qu’il votait la loi. Les questions de fond ont alors été occultées et les commentateurs ne se sont plus demandé si les changements apportés à la loi correspondaient à l’intérêt général, mais qui du gouvernement ou du RN allait tirer son épingle du jeu. […]Tout notre travail et notre investissement ont été invisibilisés. »

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La tentation, pour les élus LR, c’est donc de se contenter de surveiller l’agonie du grand rival Renaissance. Une logique que récuse d’emblée Xavier Bertrand. « Quand on veut incarner un avenir possible, mieux vaut ne pas passer son temps à courir après qui que ce soit. Et surtout pas après la Macronie qui est à bout de souffle comme d’idées et dont l’exercice de pouvoir est rejeté par les électeurs. Il y a une véritable paresse de la part des politiques. Ils se disent que le temps passe vite, que les gens n’ont pas de mémoire et qu’il n’est pas utile de se remettre en question et au travail. Finalement, avec le jeu mécanique de l’alternance, le fruit du pouvoir tombera tout seul dans vos mains. Or seule la capacité à créer une offre politique cohérente peut créer les conditions du rassemblement et élargir les bases électorales. »

François-Xavier Bellamy ne dit pas autre chose. La tête de liste LR n’a pas pour seule ambition la survie. « Ronronner et attendre tranquillement en limitant les dégâts et en faisant fructifier ses acquis n’est pas une solution, surtout quand on n’en a plus. La noblesse de la politique, c’est de forger ses propres propositions, pas d’essayer de cibler une clientèle en rachetant le fonds de commerce de ses adversaires. S’il faut parler immigration dans cette campagne, par exemple, ce n’est pas pour siphonner les voix du RN, mais parce que la France a besoin de ce débat et que certaines dispositions européennes sont un frein à la maîtrise des flux. »

Travailleur, maîtrisant ses dossiers, intellectuellement structuré, Bellamy s’est beaucoup investi sur les sujets agricoles, dénonçant avec justesse le double discours du président Macron et de Renaissance. Mais ces qualités et cet investissement peinent à être reconnus par les Français. Le manque de temps de parole y est pour quelque chose. Les résultats désastreux de la dernière présidentielle réduisent énormément sa surface médiatique. À quoi s’ajoute la particularité des Européennes – une sorte de défouloir électoral façon Midterms qui profite aux plus radicaux. La sénatrice du Val-d’Oise le regrette : « Les électeurs ne se rendent pas compte de l’importance de ces élections, ils les réduisent à une fonction tribunitienne où il s’agit de faire avant tout passer un message au pouvoir. » Xavier Bertrand approuve : « Le président de la République veut imposer aux Français un match RN/Renaissance pour ressortir sa martingale électorale « moi ou le chaos ». Or si en face, vous avez des Français dépolitisés et inconscients des enjeux réels, vous prenez le risque qu’ils jouent à qui va saigner le plus. L’élection perd alors de son importance en termes d’étape dans la construction d’un avenir politique. Elle se réduit à un jeu de massacre où les postures remplacent les propositions. »

RN, le vote utile pour qui veut gifler symboliquement Emmanuel Macron

En réduisant les européennes au match symbolique Attal/Bardella, le président de la République les a transformées en tour de chauffe de la présidentielle de 2027. Pour l’ancien collaborateur ministériel, « LR a une tête de liste vraiment à la hauteur. Pour autant, la droite ne peut recueillir ni les fruits du courage ni ceux de la raison. En effet, le président de la République a encore une fois transformé cette élection en une forme de plébiscite personnel et de démonstration de vertu collective. Mais la réitération de ce schéma l’affaiblit et fait monter l’exaspération. » Devenu le moyen de faire un pied-de-nez à Emmanuel Macron, voire de le gifler symboliquement, le vote RN est donc un vote utile. Et sans risques : les Français considèrent que le Parlement ne compte pas en Europe. Pour eux, le véritable pouvoir est à la Commission. Ils sont donc moins sensibles au chantage aux heures sombres et au ventre fécond. Chantage qui d’ailleurs apparaît de plus en plus décalé au fur et à mesure que le RN patine son image. Xavier Bertrand abonde dans ce sens : « Pendant très longtemps, il y avait beaucoup de perte entre les intentions de vote RN et les résultats. Au dernier moment, nombre d’électeurs ne venaient pas voter. Ils se disaient : à quoi sert de se déplacer puisqu’on ne gagne jamais. Mais là, non seulement ils ont une chance de gagner, mais s’ils choisissent d’envoyer un message en forme de claque électorale au président, celui-ci est à portée. »

Dans ce climat, on comprend la panique du clan présidentiel alors que l’écart avec le RN ne cesse de se creuser. Il s’élève à 13 points aujourd’hui mais, dans la Macronie, on redoute que les intentions de vote en faveur de la liste Renaissance baissent encore. L’hypothèse d’un rapport de force RN/Renaissance à 30/15 n’est pas exclue. Autant dire qu’on n’avait vraiment pas besoin, en prime, des 11 % que les sondages attribuent à la liste Glucksmann/PS. Si Renaissance plonge et que la liste PS grignote quelques points, le parti présidentiel se retrouvera dans le camp des perdants à touche-touche avec le parti qu’il est censé avoir grand-remplacé. En somme, le nouveau monde a à peine atteint l’âge de raison, qu’il rejoint dans l’échec ceux qu’il vouait aux oubliettes. Pour survivre, il suffit à LR d’avoir des élus ; pour le parti présidentiel, c’est plus compliqué. D’où le choix de dramatiser la question de la guerre en Ukraine.

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Xavier Bertrand craint que dans ce contexte le succès annoncé du RN se conjugue avec le blocage complet de notre système politique. « Quel que soit le résultat […], nous sommes condamnés à l’immobilisme, les européennes ne résolvant en rien l’incapacité à agir du pouvoir faute de majorité. L’exaspération va continuer à monter et comme le seul talent du RN est de savoir recueillir les fruits de la colère, il va lui aussi continuer à monter. Voilà pourquoi la droite doit enjamber cette élection quels que soient les résultats et se remettre au travail plutôt qu’attendre la chute inévitable de la Macronie. On peut perdre cette élection en chemin, mais je vois trop d’hommes politiques aujourd’hui se débattre plutôt que se battre justement par crainte de l’échec. Quand on se bat, on peut perdre mais même si on perd, beaucoup de gens se sentent moins seuls parce qu’on a eu le courage de faire ce qu’il fallait. »

En attendant, la droite LR est condamnée à la patience. Emploiera-t-elle le temps qui nous sépare de la présidentielle à construire une véritable offre politique ou se contentera-t-elle du mode charognard, l’avenir le dira. Et puis, elle doit résoudre la question qui fâche : celle de l’incarnation. Ce n’est pas tout que d’obtenir des dépouilles, encore faut-il savoir les partager. À la présidentielle, mère de toutes les batailles, face à un RN en promenade, le salut de la droite pourrait dépendre d’une candidature unique LR/macronistes de droite. Même sur le point de sortir du jeu, Emmanuel Macron arbitre encore le match.

Kurt Cobain: la fin de la génération X

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Nirvana aux MTV Music Awards, Los Angeles, 15 juin 1993 © Fotos International/REX/REX/SIPA

Le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans, le chanteur de Nirvana se suicidait chez lui à Seattle


C’était hier. C’était aussi il y a une éternité. Trente ans pile en arrière, le monde apprenait le suicide de Kurt Cobain, retrouvé mort à son domicile de Seattle avec une lettre d’adieu et un fusil Remington M11. Une génération entière passait alors à la postérité, un courant musical avec elle. Le grunge était-il le dernier grand mouvement de jeunesse alternatif occidental ? La question mérite aujourd’hui d’être posée.

La scène de Seattle, emblématique de nos années 90

Ah, les années 90… Sombres, maladives, tourmentées, tournées vers la défonce. Une décennie noire, pourtant créative et riche en icônes. Par où commencer d’ailleurs pour les résumer ? Jeff Buckley ? Radiohead ? Elliott Smith ? La Britpop ? Le trip-hop ? La french touch ? Tupac Shakur et le Wu Tang Clan ? Nine Inch Nails ? Les Smashing Pumpkins ? Metallica ? Sûrement par la scène de Seattle. La plus marquante, celle dont absolument tout le monde se souvient, caricaturée à l’excès. Kurt Cobain fut bien malgré lui le meneur de cette génération X vêtue de chemises de bûcherons et de jeans troués, une génération non pas « contre-cool » comme sa devancière new-wave mais carrément anti-cool, érigeant la dépression et le mal-être juvéniles en étendards brandis fièrement au visage des « parents ».

La scène de Seattle n’était pourtant qu’un énième surgeon de l’indie-rock étatsunien, composé de groupes divers et parfois (a)variés. Nirvana proposait de son côté une musique assez simple, faite de gros riffs métalliques à la Black Sabbath, d’énergie punkoïde empruntée à des groupes comme les Vaselines et de mélodies bien tournées très inspirées des Pixies. On retrouvait aussi chez Kurt Cobain l’attitude sans compromis de prédécesseurs comme Sonic Youth. Grand adolescent, le natif d’Aberdeen se voulait aussi le tenant d’une éthique underground, critiquant régulièrement ses confrères et voisins de Pearl Jam, officiant dans un registre rock plus académique, ou encore ceux d’Alice In Chains, plus métalliques et sombres, dont le chanteur finira aussi dans le caniveau en raison d’une addiction à l’héroïne.

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Kurt Cobain se serait donc bien contenté d’un succès d’estime, façon Replacements et Paul Westerberg. Il a pourtant décroché le gros lot. Dès sa sortie, Nevermind explosa toute l’année 1991, alors que la concurrence était forte. Songez donc qu’à quelques mois d’intervalle, des disques comme le Black Album de Metallica, les Use Your Illusion de Guns N’ Roses, le Ten de Pearl Jam ou encore Violator de Dépêche Mode, sont sortis coup sur coup, ne laissant aucun répit à un public particulièrement gâté. La différence entre Nevermind et les autres, dans une moindre mesure Ten, est que Kurt Cobain a incarné son époque comme personne. Il a matérialisé l’angoisse existentielle de la génération X, ses aspirations et ses démons.

Je n’avais que cinq ans lors de la sortie de Nevermind mais le disque a bercé mon enfance et mon adolescence comme celles de millions d’autres. Skateboard sous les pieds et discman rangé dans la poche du baggy, In Bloom démarre. Un rock à la fois testostéroné pour plaire à l’adolescent en pic hormonal et suffisamment introspectif pour accompagner nos états d’âme. Intelligent ? Bien moins que ce qui avait eu cours dans les années 1980, où la racée génération des jeunes gens modernes mariait l’élégance gothique à un nihilisme venimeux, à la fois plus enfantin et plus mature. Car, à la réflexion, et même alors, Nirvana n’était pas le meilleur groupe de son temps, pas particulièrement innovant ni intéressant. Pas spécialement profond non plus. Il a néanmoins comblé un vide et répondu à une attente du public, préparé par les années punk et les succès progressifs de la scène indépendante américaine, à commencer par ceux d’Husker Du ou des Pixies, ajoutant à cette recette la puissance du hard rock. Dans une certaine mesure, la sauvagerie assumée d’un Appetite for Destruction des Guns a aussi préparé le terrain pour l’avènement de Nirvana et son apparent paradoxal succès commercial.

Kurt Cobain, du désenchantement au « réveil »

Kurt Cobain était-il un « wokiste » avant l’heure ? Ouvertement féministe et progressiste, il s’est souvent opposé aux rockeurs machos et mégalos de son temps, au star-system qu’il conspuait et dont il était à son corps défendant la poule aux œufs d’or. Sa mythologie s’est construite sur le refus de la mythologie rock. Point terminal du rock comme musique et mouvement de masse, il n’y a pas eu d’après le grunge. Oh, il y a bien eu des groupes depuis, mais rien n’aura plus été pareil et ne le sera plus jamais. Le rock, s’il garde son urgence, a été éclipsé par le rap et ne représente plus l’épouvantail parental par excellence. Il est rentré dans le rang.

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Kurt Cobain, malgré son évident talent, que son succès ne devrait toutefois pas nous conduire à surestimer, aura eu quant à lui un effet profondément délétère sur une génération entière. Son défaitisme, sa négativité présentée comme une qualité, sa romantisation de la consommation d’opiacés, sont autant de points noirs qui ont enterré la « génération X », broyée entre ses devanciers boomers et ses successeurs zoomers. Il a aussi masqué la richesse créative extraordinaire des années 1990 dans le domaine pop-culturel, réduites dans l’inconscient collectif à la bande-annonce du film Singles et les images sur papier glacé du couple Johnny Depp-Kate Moss en descente de cocaïne.

Les « jeunes » ont appris qu’on pouvait s’habiller n’importe comment, ne respecter aucune convention sociale et même que renoncer à la vie était « cool » puisque cette dernière n’avait rien à leur apporter. L’esthétique devait être déconstruite, de même que le rock comme a voulu s’y employer le héros du grunge. Son cynisme a tout ridiculisé, fait de toute tentative de flamboyance un sujet de moquerie. Nous n’en sommes toujours pas sortis.

JO : la fête du slip

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D.R

Tous les moyens sont bons afin d’endiguer la propagation des MST et de protéger les athlètes lors de leurs ébats sexuels, durant la grande fête du sport qui approche.


Elles s’appellent Syphilis, Gonorrhée, Chlamydiose, Trichomonase, VIH… Aux JO de Sydney, leur prévalence avait augmenté de 29 % dans le milieu des athlètes et de leur staff. C’était la meilleure progression en matière de performance !

Elles, ce sont les maladies sexuellement transmissibles (MST). Et elles attendent les JO de Paris avec impatience. La fête du sport, c’est aussi un peu la fête du slip, pour les athlètes comme pour les spectateurs. Il faut dire que de tels événements favorisent le rapprochement des peuples, la quête de proximité, la rencontre productive et l’échange fécond. Songez donc qu’un simple baiser de dix secondes revient à propager 80 millions de bactéries entre deux bouches. Efficace non ?

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Mais le problème du transfert massif, c’est qu’il permet rarement la sélection de la qualité des entrants. Alors même si la diversité raciale est valorisée dans la culture occidentale, il semble que côté diversification bactérienne on fasse moins dans l’accueil inconditionnel. C’est ainsi que pour limiter les échanges internationaux en la matière, 210 000 préservatifs masculins, 20 000 préservatifs féminins et 10 000 digues buccales sont mis à la disposition des 10 000 athlètes attendus à Paris cet été. Si le déploiement d’un préservatif féminin (un bidule en latex supposé tapisser le vagin) vous rappelle les joies du déballage de la tente Quechua en version ni maniable ni conviviale, vous allez adorer la « digue buccale », son tapis de sol en quelque sorte. Quel dommage cependant, alors que la natalité est en berne chez nous, d’empêcher le brassage des gènes dans le village olympique via l’exultation des corps. À moins que la démarche soit humanitaire : il faut préserver les lits en carton mis à disposition des athlètes. Leur mauvaise qualité est une véritable incitation à la concentration sur les performances sportives et prédispose naturellement à l’abstinence : la luxure risquant de mener tout droit à la luxation. « Plus vite, plus haut, plus fort » reste la devise olympique, mais elle n’est visiblement pas à appliquer à l’horizontale.

Ce que nos entrepreneurs ont à dire à l’Union européenne

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Paris, 5 avril 2024. De gauche à droite : Sophie de Menthon, Jordan Bardella, François-Xavier Bellamy, Samia Jaber, Aurore Lalucq et Sylvain Maillard. Photo: DR.

Les têtes de listes aux élections européennes étaient sous le feu des questions de Sophie de Menthon, le 5 avril


L’Europe oui, mais quelle Europe pour les entreprises ? C’est le thème du débat organisé le 5 avril 2024 au Cercle Interallié par le mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine, Indépendantes et de Croissance), créé en 1976 par Yvon Gattaz, dirigé depuis 1995 avec une belle constance et une énergie hors norme par Sophie de Menthon (pour mémoire, « serial » chroniqueuse à Causeur).

Les principales listes s’affrontant aux prochaines élections européennes de juin 2024 y étaient représentées. Un auditoire peuplé de chefs d’entreprises, petites, moyennes et, quelques-unes, grandes. Sous les ors, boiseries et tentures néoclassiques de l’Hôtel Perrinet de Jars, haut lieu de convivialité de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni et Russie…) constitué en 1917. Le Général ne disait-il pas que l’Interallié, c’est « l’ambassade de France à Paris » ?

Enfin, un vrai débat !

Les positions des uns et des autres ont été clairement exprimées, de façon synthétique et sans détours.

Ce qui apparaît en premier lieu, c’est la convergence des droites, dans leurs différentes expressions (LR, RN et Reconquête), quant à la nécessité de réorienter les instances européennes vers une Europe des nations maîtrisée. Il s’agit de redonner toute sa place aux souverainetés nationales, base de la construction européenne du Traité de Rome de 1957, de s’extraire d’une bureaucratie bruxelloise qui a fait progressivement basculer la machine européenne dans des zones où les peuples ne se reconnaissent plus et de redonner une âme à l’Europe. Un véritable enjeu démocratique. 

Sophie de Menthon, dans les escaliers du Cercle Interallié, est suivie par les têtes de listes aux européennes, et s’apprête à leur formuler les doléances des entrepreneurs… DR.
Marion Maréchal de « Reconquête », cheveux au vent, s’enthousiasme sur les politiques économiques européennes A côté d’elle, Gilles Mentré et Sophie de Menthon. DR.

Ce qui est ensuite frappant, c’est que plus personne ne parle de sortir de l’Union européenne (à l’exception de François Asselineau), contrairement aux précédentes élections. Il est vrai que le contre-exemple du Brexit, intervenu entre temps, fait réfléchir. L’orientation aujourd’hui est de constituer des majorités parlementaires à Bruxelles pour faire évoluer les institutions de l’intérieur, sur fond de poussées souverainistes et populaires dans l’ensemble des 27 pays membres.

Un vrai clivage apparaît donc avec la majorité présidentielle, représentée en l’espèce par Sylvain Maillard, par ailleurs président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. Pauvre Sylvain Maillard. Garçon sérieux, dans le registre de la conviction pédagogique ouverte, frôlant parfois une forme de naïveté bienveillante. Il est pris à partie en tant que politique déconnecté des réalités entrepreneuriales, alors qu’il est lui-même chef d’entreprise ! Il tente de défendre le bilan de la Macronie contre le reste des intervenants : montée en puissance de l’apprentissage en France, baisse de l’impôt sur les sociétés à 25%, baisse des impôts de production, baisse du chômage, réindustrialisation. Ce n’est pas rien. Même quand ses arguments sont de bon sens (« sans un minimum de normes techniques, il n’y a pas de marché européen unifié pour les entreprises »), il reste pourtant inaudible.

Le thème de l’Europe puissance, martelé depuis le discours de la Sorbonne en septembre 2017 par Emmanuel Macron, est mis en avant, avec des exemples concrets : les achats groupés pour le Covid-19, les munitions pour l’Ukraine, les usines de batteries et de semi-conducteurs. Cela n’émeut pas vraiment l’auditoire.

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François-Xavier Bellamy est incontestablement le plus technique des intervenants. Il prône ainsi de compléter le dispositif de taxe carbone aux frontières adopté fin 2022 (MEACF, Mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières). Son affirmation plus politique « on fera la convergence par la liberté » recueille des applaudissements nourris.

La gauche n’était pas représentée par ses têtes de liste, probablement du fait des caractéristiques anticipées d’un auditoire d’entrepreneurs, peu naturellement enclins à rejoindre ses thèses. Il y a eu quelques développements intéressants, certains hors sol, et enfin d’autres, proprement drolatiques. Ainsi, le représentant de la liste EELV, Mounir Satouri, député européen, s’exprime avec dynamisme, aisance et gouaille de bon aloi : « Quand ils vous disent que c’est la faute à l’écologie et aux normes, ils vous racontent des salades ». L’auditoire exulte et applaudit au bon mot. Sur le fond, il n’en pense pas moins.

Une mention particulière pour la représentante de la liste pilotée par le Parti communiste, Samia Jaber (secrétaire général de L’Engagement d’Arnaud Montebourg), qui a évoqué la nécessité d’un euro-keynésianisme pour assurer une relance macroéconomique, contre la tendance libérale intrinsèque de l’Union Européenne. John Meynard Keynes, économiste libéral par excellence et pilier des accords de Bretton Woods… Karl Marx devrait, à n’en point douter, se retourner dans sa tombe.

Les thèmes débattus

À la question posée à l’ensemble des participants : « Êtes-vous pour un impôt européen ? », la réponse quasi-unanime est négative. Il est manifeste que le fédéralisme n’a pas vraiment bonne presse aujourd’hui. C’est pourtant ce qui est en filigrane dans les orientations de Renaissance, même si ce n’est pas clairement exprimé. Les Français le pressentent pourtant : ceci peut  expliquer les sondages en berne pour la liste de Valérie Hayer.

Sur la mise en place d’un SMIC européen, la réponse de Marion Maréchal, dans sa simplicité biblique : « Non », résume la position de la plupart des intervenants. Rappelons néanmoins la position du représentant des écologistes : « 60 % du salaire médian du pays concerné », ce qui bien sûr s’entend dans une enceinte européenne. Totalement inaudible sur une estrade française. Jordan Bardella a opportunément rappelé que le SMIC français représentait 1 398 € de salaire net contre 477 € pour le SMIC bulgare, ce qui ne permet pas de créer de la convergence entre pays à court terme. Les réalités du continent européen sont ainsi  rappelées.

Le Green Deal et le programme « De la fourche à la fourchette » ont à l’évidence du plomb dans l’aile. Personne ne les soutient plus, sauf EELV, dont l’argumentaire est courageux dans le contexte. Cri du cœur de Loïk Le Floch-Prigent dans la salle, témoin et acteur de quatre décennies industrielles : « Le Pacte Vert est un pacte de décroissance. C’est l’inverse qu’il faut faire ».

Sur l’énergie, les intervenants (sauf EELV, bien sûr) soulignent l’intérêt du nucléaire et la nécessaire déconnexion des prix de l’électricité et du gaz. Cette question, essentielle pour la compétitivité des entreprises françaises, n’a bizarrement pas été vraiment développée au cours de ce débat. Manque de temps probablement.

Sur les questions de surtransposition, tout le monde est d’accord pour recadrer nos textes réglementaires pour éviter le syndrome français du meilleur de la classe européenne, notamment dans le domaine agricole. À noter l’intéressante intervention d’Hélène Thouy (Parti animaliste), au-delà de ses positions classiques sur la protection animale. Elle souligne que d’un point de vue juridique, la surtransposition n’existe pas : les États délivrent en effet leur version interprétative des directives européennes. C’est bien de rappeler quelques évidences.

Sur la réforme des institutions enfin, seuls Gilles Mentré, représentant d’une liste centriste libérale (réunissant le groupe LIOT à l’Assemblée nationale et des proches de Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine) et Jordan Bardella ont exprimé des propositions nouvelles. Gilles Mentré suggère ainsi d’amplifier la décentralisation européenne et notamment, que chaque député européen français soit affecté à un département, pour être la porte d’entrée des citoyens et des entreprises vers les institutions européennes, donnant ainsi à nos élus européens un rôle opérationnel au bénéfice de nos territoires. Jordan Bardella ouvre quant à lui la voie prometteuse de « la dérogation plutôt que l’harmonisation ». Cette approche est majeure car elle permet de repositionner l’Union européenne sans avoir besoin de passer par la case « Renégociation globale » des traités institutionnels.

Enfin, de façon substantielle, à quand une proposition portant sur le rôle futur de la Commission européenne vis-à-vis du Conseil de l’Union européenne, au-delà des polémiques sur la personne d’Ursula Von der Leyen ? En faire un simple secrétariat général permettrait à la démocratie, en effet, de retrouver sa place.

Que faut-il retenir de ces échanges ?

Il y a d’abord une forme de quasi-consensus pour que les Européens se serrent les coudes, dans un environnement géostratégique où l’Europe apparaît bien faible vis-à-vis des États-Unis, de la Russie et de la Chine. La compétitivité des entreprises françaises en est évidemment tributaire. Un continent avec 450 millions de consommateurs, c’est certainement une jauge plausible bien qu’insuffisante par rapport aux 330 millions d’Américains, 1 430 millions de Chinois et 1 430 millions d’Indiens.

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La majorité présidentielle prône une souveraineté européenne tous azimuts. Là aussi, c’est une position foncièrement différente d’il y a cinq ans. Réindustrialisation, clauses miroirs dans les traités commerciaux, taxation carbone aux frontières, repositionnement express sur le Green Deal, souveraineté alimentaire : tout se passe comme si les pro-européens fondamentaux introduisaient des marqueurs souverainistes pour éviter de se faire balayer en juin 2024.

Les partis de gouvernement et ceux qui y aspirent ont finalement des positions assez proches, sur les politiques de souveraineté, de réindustrialisation, de commandes publiques, de politique agricole commune ou de débureaucratisation, au-delà des affichages partisans.

Un clivage fort réside sur la politique d’immigration. Le Pacte asile et migration en cours d’adoption par l’Union européenne, soutenu par Renaissance, porte une philosophie d’accueil (après tri organisé…) de répartition des migrants entre pays européens, notamment pour faire face aux besoins de main d’œuvre. La gauche y voit une fermeture inhumaine des frontières. La droite pourfend l’incapacité européenne à juguler l’immigration illégale. Les chefs d’entreprise ont quant à eux une approche pragmatique, prudemment à distance des débats partisans. À souligner l’évolution notable du RN, à bas bruit, en faveur d’une immigration choisie haut de gamme sur le modèle de la Suisse.

Le principal clivage de fond se trouve en réalité entre aspiration au fédéralisme européen et appétence pour l’Europe des Nations. C’est un bon débat démocratique. Merci à nos politiques de bien vouloir être clairs sur ce thème, ce qui permettra aux Français de se prononcer.

Enfin, il est patent qu’il n’y a pas vraiment de divergences de fond entre LR, le RN et Reconquête sur la vision stratégique de l’Europe future, au-delà des sujets de détail. Perspective intéressante pour la reconfiguration à venir du Parlement européen, entre le PPE (Parti populaire européen), ID (Identité et démocratie) et CRE (Conservateurs et réformistes européens), qui devrait pouvoir trouver des convergences ici ou là au cours de la prochaine mandature.

Note finale de ces débats : les chefs d’entreprises, sollicités pour une appréciation concernant les débats intervenus, ont majoritairement considéré que Jordan Bardella avait été le plus convaincant. Simplification, valeur travail, croissance, une trilogie forte pour la compétitivité des entreprises…

Marion Maréchal face à Valérie Hayer: Le Rouge et le Noir

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Valérie Hayer et Marion Maréchal. Image: Capture CNews / YouTube

Les Européennes approchent et c’est pour Valérie Hayer, candidate Renaissance créditée de seulement 19% des intentions de vote, le moment de passer à la vitesse supérieure dans la conduite de sa campagne électorale. Aussi débattait-elle hier soir sur CNews face à Marion Maréchal. Compte-rendu du duel entre deux femmes qui assument leurs idées.


Il lui faut désormais renoncer à la potacherie : il n’est plus temps pour elle de faire du porte-à-porte avec le facétieux Gabriel Attal. Valérie Hayer doit également oublier les chaleureuses rencontres avec les rugbymen et ne plus songer à se faire lustrer l’escarpin par nos amis de Quotidien. La candidate d’Emmanuel Macron l’a bien compris, c’est pourquoi elle a accepté de débattre avec la championne de Reconquête, Marion Maréchal. 7 % des intentions de vote sont attribuées à celle que Valérie Hayer voit comme « l’extrême-droite avec un sourire et la jeunesse, mais qui n’en reste pas moins l’extrême-droite ».

Choisis ta France

Deux femmes : deux visions de la France au sein de L’Europe. Pour Valérie Hayer la France doit être l’un des rouages d’une Europe gérée par des technocrates et conçue comme un laboratoire de la mondialisation heureuse et de la multiculturalité. Marion Maréchal, elle, propose une France souveraine et identitaire au sein de l’Europe. Comme pour symboliser la confrontation de deux projets, aussi inconciliables qu’irréconciliables, et peut-être pour préparer au stendhalien « coup de pistolet au milieu d’un concert » qui pourrait avoir lieu lors de ce face à face potentiellement explosif, les deux animatrices chargées de l’orchestrer ont opté pour le rouge et le noir : un tailleur rouge pour la blonde Laurence Ferrari ; un tailleur noir pour la brune Sonia Mabrouk. Si la poudre n’a finalement pas parlé, l’affrontement des deux têtes de liste n’en a pas été moins passionnant[1].

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La divergence des deux représentations de la France proposées est perceptible tant sur le fond que dans les mots employés.  Valérie Hayer, pour désigner d’abord « l’ensauvagement », a la parole coincée, fuyante, et allusive : il s’agit de tourner autour de la réalité, sans jamais l’effleurer, comme pour l’occulter. Il n’y a pas vraiment « d’ensauvagement », essaye-t-elle de nous dire; juste un peu de violence propagée par les réseaux sociaux. L’école de la République, bien sûr, doit demeurer « un sanctuaire » et on va envoyer dans les établissements scolaires des « brigades dédiées » afin de rétablir l’ordre quand il le faut. D’islamisme, il n’est pas question. Marion Maréchal, elle, ne craint pas de manier l’hyperbole que le réel, du reste, impose.  Elle parle sans s’émouvoir « d’effondrement de l’école » et de « gangrène islamiste qui subvertit notre jeunesse. » Au sujet de l’agriculture, Valérie Hayer « assume » – comme Emmanuel Macron, elle affectionne ce verbe –  de dire qu’il « faut plus d’Europe. » Elle précise que les agriculteurs sont « les premiers acteurs d’une transition verte » que seule l’Europe est « en capacité » d’accompagner. Marion Maréchal, elle, évoque justement des paysans emportés par un « tsunami de taxes » et assujettis à la concurrence déloyale des produits étrangers.

Péril imminent: surtout pas d’accord

Sur le principal danger qui pèse sur la France, les candidates ne sont pas non plus d’accord. Pour Valérie Hayer, la Russie et Poutine menacent la France et son salut passera par la seule victoire de l’Ukraine. Pour Marion Maréchal, le vrai péril réside dans l’islamisme. Si elle souhaite aider l’Ukraine, elle refuse de mettre en danger une France incapable de mener une guerre de haute intensité face à la Russie.  « Vous jouez à la guerre comme aux Playmobil » lance-t-elle à la sectatrice d’Emmanuel Macron. Valérie Hayer promet aussi qu’une fois le Pacte Asile et Migration signé, il n’y aura plus de Lampedusa ni de Jungle de Calais : « Nous pourrons alors continuer à accueillir dans la dignité comme nous avons vocation à le faire. » Nous voilà rassurés… Marion Maréchal gâche un peu la fête en se montrant dubitative eu égard au faible nombre d’OQTF jusqu’alors exécutées. Elle précise qu’il s’agit plutôt ici d’imposer aux Français des populations qu’ils ne souhaitent pas forcément voir s’implanter dans leur pays ; tout ça pour que soient livrés des sushis au quinoa à quelques bobos hors-sol. 

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Face au manque de main d’œuvre dans « les secteurs en tension », Marion Maréchal préconise de remettre les Français au travail tout en les payant correctement plutôt que d’exploiter une main d’œuvre étrangère. Valérie Hayer conclut l’échange « en assumant » de voter pour le Pacte Asile et Migration afin de trouver une réponse aux défis migratoires à l’échelle européenne. Elle « assume » jusqu’au dérèglement climatique, et se propose d’aider les agriculteurs à faire de même. Elle « assume » enfin de dire que « c’est en Européen qu’on sera compétitif sur tous les plans ».  « Nous avons besoins d’Europe », résume-t-elle, magistrale.  Marion Maréchal, elle propose, en votant Reconquête, de battre Emmanuel Macron au parlement européen et de défendre ainsi notre civilisation.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Marion Maréchal, force est de constater qu’aux discours filandreux, elle sait opposer un verbe tranchant. Georges Clémenceau lui donnerait toutefois un conseil pour parfaire ses futures prises de paroles : « Pourquoi ne pas comprendre au moins une fois, que la parole n’est pas aussi rapide que la pensée et que tout ce que l’on trouve dans l’esprit ne peut se convertir en paroles ? Comprendre que l’on peut aussi parler par gestes. Que le silence… parfois devient un cri. »


[1] https://www.cnews.fr/emission/2024-04-08/valerie-hayer-marion-marechal-le-face-face-1480221

Erik Tegnér infiltre l’extrême gauche

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Affiche de la nouvelle une du Livre Noir, à paraître le 10 avril 2024. D.R

« Infiltrée au cœur de l’extrême-gauche » : Livre Noir présentait hier son nouveau numéro à Paris. Nous sommes allés à la soirée de lancement voir de quoi il retournait…


L’équipe de Livre Noir avait donné rendez-vous hier soir à quelques invités triés sur le volet sur les Grands Boulevards. Peu après 19h, au premier étage privatisé du Cardinal, ce n’est pas l’emblématique fondateur Erik Tegnér mais Jules Laurans qui prend la parole et nous fait le topo. Face aux députés RN Sébastien Chenu (Nord), Grégoire de Fournas (Gironde), à Sarah Knafo, la conseillère d’Éric Zemmour, ou à l’essayiste Éric Naulleau, le rédacteur en chef et responsable du pôle enquêtes du média militant avance qu’« il est important et nécessaire que la droite fasse de l’enquête ». Et le troisième numéro de Livre Noir risque de faire parler de lui. « Même si Mediapart fait très bien ce travail » d’enquête, s’amuse-t-il.

Finalement, l’expression « presse engagée » n’est peut-être pas toujours synonyme de presse de gauche donc. Les 176 pages de cette nouvelle livraison du trimestriel sont le résultat de centaines d’heures de travail d’immersion.

Un Tour de France des mouvements gauchistes

L’enquête, inédite, tient sur les épaules d’une femme : Mademoiselle P. Son nom ne sera dévoilé que demain. Elle s’est enrôlée pendant six mois au sein d’associations et de collectifs de gauche. C’est d’abord « sur un coup de tête que je me suis immiscée dans l’Association Utopia 56, en avril 2023 », nous confie la journaliste mystère. Après cette expérience inaugurale, notamment auprès du petit monde des « mineurs » non accompagnés, l’enquêtrice a rapidement voulu approfondir son investigation.

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Soulèvements de la Terre, Dernière Révolution, Urgence Palestine, militants trans, ZAD de l’A69 : Mademoiselle P. a participé à de nombreuses réunions ; elle a contribué à différentes actions de ces groupes bien connus mais nébuleux, et noté les argumentaires utilisés par les militants. Sa longue infiltration nous offre aujourd’hui une enquête accablante sur les antifas, les groupes pro-Hamas sévissant en France, les éco-activistes, zadistes, militants LGBT, les associatifs pro-migrants – et même… des fichés S, nous promet-on.

Pas de retour en arrière possible

« Je sais m’adapter, ça me rend sympathique et ainsi, je passe partout  », nous confie la « taupe », juste avant d’entamer son discours devant la petite assemblée du bar. Sous les généreux applaudissements de l’auditoire, Jules Laurans salue le « courage » de son infiltrée qui sort donc de l’anonymat en même temps que le numéro. Cette dernière s’avance, en robe noire, sourire en coin, devant la soixantaine d’invités présents et leur raconte comment elle s’est effectivement infiltrée dans huit organisations.

« Les insultes, attaques et accusations subies depuis notre création nous ont renforcés. Aujourd’hui, nous avons brûlé nos vaisseaux pour être sûrs de ne jamais faiblir ni reculer » écrit Tegnér dans son éditorial. « Nous savons que notre vie va changer, en particulier celle de notre courageuse journaliste (…) que je tiens à saluer » ajoute-t-il. Un numéro dans les kiosques demain.

176 pages, 14,90 €

Finances publiques françaises: un indispensable «changement de logiciel»

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Luca de Meo, le patron de Renault avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, Sandouville (76), 29 mars 2024 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Une analyse d’André-Victor Robert, auteur de La France au bord de l’abîme (éd. L’Artilleur, 2024), qui estime que notre pays risque de connaitre à très court terme un effondrement économique majeur, si rien n’est fait.


De longue date, la France témoigne d’un penchant immodéré pour la dépense publique et ses deux corollaires que sont les prélèvements obligatoires et l’endettement. De tous les pays d’Europe occidentale, c’est en France – et de très loin – que les dépenses publiques sont les plus élevées, en proportion du PIB : 58,1 % en 2022, à comparer à 49,7 % en Allemagne ou 44,5 % aux Pays-Bas… Cet argent est-il bien dépensé ? L’effondrement de la France au fil des ans dans les classements éducatifs internationaux et l’état de délabrement de certains de nos services publics (hôpitaux, police, justice…) conduisent à en douter, et d’ailleurs la satisfaction des Français vis-à-vis de leurs services publics est médiocre, significativement moins bonne que chez tous nos voisins, exceptées l’Italie et l’Espagne, si l’on en juge par les résultats 2017 de l’Eurobaromètre.

Financer des dépenses publiques élevées exige un recours massif à l’impôt ou à l’endettement : la France a choisi de faire appel à l’un et à l’autre, dans des proportions inégalées chez nos voisins. Exception faite du Danemark, c’est en effet en France que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé parmi les pays d’Europe occidentale, à 48% du PIB en 2021. La France a pour autant aussi largement recours à l’endettement pour financer ses dépenses publiques : depuis vingt ans, le solde budgétaire courant (c’est-à-dire le solde des recettes et dépenses publiques exceptées les charges d’intérêts) est en effet systématiquement plus négatif – ou moins positif – dans notre pays que chez tous nos voisins y compris l’Italie et l’Espagne.

Dette publique sans précédent depuis la guerre

En Europe de l’ouest, seules la Grèce et l’Italie présentent une dette publique – exprimée en pourcentage du PIB – significativement plus importante que celle de la France, et à 110,6 % du PIB, la dette publique française atteint un niveau quasiment sans précédent depuis 1900, si l’on excepte les années au sortir des deux guerres mondiales ; mais à l’époque la dette publique française était majoritairement détenue par des résidents, alors qu’elle est aujourd’hui détenue pour plus de la moitié par des étrangers, et au surplus les ménages et entreprises français étaient bien moins endettés qu’aujourd’hui.

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Dépenses publiques élevées et faible satisfaction des usagers, fort recours tout à la fois à l’impôt et à l’endettement pour les financer, les conséquences de ces piètres résultats sont dramatiques : la dégradation continue de nos performances éducatives finit par peser négativement sur le niveau de qualification de la main d’œuvre et donc sur la productivité de celle-ci, qui constitue le principal déterminant à long terme du niveau de vie de la population ; le niveau élevé des impôts pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la compétitivité de nos entreprises ; enfin, le niveau élevé de notre endettement dégrade notre souveraineté et nous expose à une possible – pour ne dire probable – remontée des taux d’intérêts.

Notre pays est sur le déclin : nous avons perdu des parts de marché, notre industrie s’est réduite comme peau de chagrin, et, exprimé par habitant et en parité de pouvoir d’achat, le PIB français est inférieur de 14,5% au PIB allemand en 2022, alors que l’écart n’était que de 1% en 1974 (source OCDE). Le pire serait de laisser la situation se dégrader encore un peu plus sans rien faire, et d’attendre d’être sous la pression des évènements pour prendre des décisions qui s’imposeraient et seraient alors en grande partie subies. Il y a à notre sens urgence à « changer de logiciel » et à définir une stratégie claire pour enrayer ce déclin, plutôt que de différer la prise de mesures correctrices. Le redressement de nos finances publiques nous semble devoir s’appuyer sur quelques principes, que nous exposons et détaillons maintenant.

Quelles dépenses publiques rogner ?

Tout d’abord, on peut considérer que le niveau d’ores et déjà extrêmement élevé des prélèvements obligatoires interdit toute hausse supplémentaire de ceux-ci, sauf à accepter de faire encore un pas dans la direction de ce qu’il faut bien appeler du « collectivisme ». C’est donc dans les dépenses qu’il va falloir tailler.

La réduction des dépenses devra toutefois être ciblée, dans le temps, et selon les types de dépenses. En période de mauvaise conjoncture, la réduction des dépenses publiques est susceptible d’aggraver la récession, alors qu’à l’inverse en période de bonne conjoncture, un surcroît de dépenses publiques est susceptible d’alimenter l’inflation et d’évincer des dépenses privées. C’est donc avant tout sur les années de bonne conjoncture que devra porter la réduction des dépenses. Il n’est pas normal que le solde budgétaire de la France soit systématiquement négatif depuis cinquante ans, il n’est pas normal que les années de bonne conjoncture n’aient pas été mises à profit pour dégager un solde budgétaire positif et ainsi réduire la dette publique.

S’agissant du type de dépenses à cibler, il conviendra d’épargner les dépenses qui contribuent à la croissance de la productivité et par là-même au maintien et à la progression du niveau de vie de la population, ce qui inclut une partie des dépenses d’enseignement et de recherche. Pour ne donner qu’un exemple, il est difficile d’imaginer que l’on puisse redresser le système éducatif sans mieux rémunérer les enseignants nouvellement recrutés, pour autant que leurs compétences le justifient, tant la profession d’enseignant souffre à présent d’une désaffection profonde. Cela ne veut pas dire que toutes les dépenses engagées par le ministère de l’éducation méritent d’être sanctuarisées, il y a sans doute des économies possibles par ailleurs dans le budget de ce ministère, au niveau des personnels administratifs par exemple, ou encore en instaurant une sélection à l’entrée à l’université, de façon à dissuader à s’engager dans les études universitaires les étudiants qui ont a priori une très faible chance de les mener à bien.

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Mieux cibler les dépenses, c’est aussi, pour l’état français, se préoccuper en priorité du bien-être de ses seuls ressortissants (à l’instar de ce que font tous les États à la surface de la Terre) et renoncer à l’objectif – vain et pour tout dire un peu délirant – de vouloir sauver la planète et l’ensemble de ses habitants. La plupart des pays du monde (quasiment tous les pays hors UE) ne consentent à autoriser à séjourner sur leur sol que les migrants qui sont peu susceptibles de peser sur leurs finances publiques, et les étrangers qui ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins sont en règle générale invités à regagner leur pays d’origine. 

Un assentiment populaire difficile à obtenir

Enfin, l’État doit cesser de s’ingénier à empêcher les individus de travailler et les entreprises de produire. La coexistence de nombreux emplois peu qualifiés non pourvus et d’individus en âge et en capacité physique de les occuper justifierait de durcir les conditions d’octroi du RSA, en alignant par exemple les obligations de recherche active d’emploi des bénéficiaires du RSA sur celles qui sont imposées aux chômeurs indemnisés. Lorsque l’état (ou l’UE) impose aux entreprises industrielles des normes drastiques d’émissions de gaz à effet de serre qui conduisent ces entreprises à délocaliser leur production dans des pays où ces normes ne seront pas respectées, et ce alors même que la France représente moins de 1% des émissions mondiales de GES, on peut considérer que la mesure est contre-productive à la fois au regard d’un objectif hypothétique de réduction des émissions de GES et en termes de recettes fiscales pour la France.

Nous considérons que les résistances éventuelles, au sein de l’élite et de la haute administration, à ce changement de paradigme, se manifesteront avec d’autant moins d’acuité et de véhémence que le peuple sera associé étroitement au suivi et au contrôle des dépenses publiques.

En la matière, on pourrait songer à s’inspirer de l’exemple de la Confédération helvétique, où l’existence – à tous les niveaux du pouvoir – du référendum d’initiative citoyenne contribue grandement au bon emploi des deniers publics en obligeant les élus et les administrations à s’interroger sur le risque d’une possible censure populaire à l’encontre de tout projet dont les bénéfices paraîtraient trop faibles ou trop incertains au regard des coûts à engager.

L’ineffaçable Timberlake

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D.R

Cancel-moi si tu peux !


Le chanteur à minettes Justin Timberlake parvient toujours à passer entre les mailles du filet féministo-woke. La presse américaine l’a même renommé « Teflon Man », car les accusations glissent sur lui comme sur une poêle Tefal ! Dans son autobiographie fracassante, La Femme en moi, sortie en octobre, son ex-Britney Spears dévoile qu’elle avait avorté en raison du refus de paternité du chanteur. En réponse, l’homme antiadhésif se drape dans sa dignité en gardant le silence. Cette année, il sort le premier single de son nouvel album après six ans d’absence. Dans les paroles de Selfish, il confesse être jaloux et égoïste : c’est tout comme s’il revendiquait ses comportements toxiques avec les femmes. Brit-Brit ayant commis une chanson portant le même titre en 2011, ses fans se débrouillent pour qu’elle soit plus téléchargée et devance le tube de Justin dans le classement iTunes.

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Pourtant, la chanteuse elle-même se déclare « amoureuse » de Selfish et s’excuse pour ce qu’elle a dit dans son livre. En réponse, lors d’un concert à New York, Timberlake se montre ingrat, déclarant : « J’aimerais saisir l’opportunité de m’excuser… auprès de personne, putain ! » En 2004, le même chanteur avait été au centre du scandale du « Nipplegate », mot-valise formé de nipple, « téton », et du suffixe -gate. Il dévoilait malencontreusement sur scène le sein de la superstar Janet Jackson lors d’une chorégraphie osée accompagnant un duo retransmis devant 140 millions de téléspectateurs le soir du Superbowl. Selon la sœur de Michael, il était prévu que son soutien-gorge reste en place et ne dévoile que partiellement son sein. Cependant, lors de la prestation, Timberlake tira trop fort sur le bustier… S’ensuivirent aux États-Unis tout un battage médiatique, des amendes et l’adoption par les chaînes américaines d’un délai de cinq secondes avant diffusion pour prévenir tout incident de ce genre. Et, surtout, la fin de la carrière de Janet Jackson, victime apparente de « misogynoir ». En 2021, Justin Timberlake, qu’on accuse régulièrement d’appropriation culturelle, s’est excusé publiquement auprès d’elle en reconnaissant avoir bénéficié d’un système qui tolère le sexisme et le racisme. Oui, un homme-téflon…

Les fachos à Moscou!

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Des tasses décorées d’images de Vladimir Poutine, Joseph Staline, Vladimir Lénine et Ramzan Kadyrov en vente dans une boutique de souvenirs, Moscou, 11 mars 2020 © Dimitar DILKOFF / AFP

Hier, on disait aux communistes français prosoviétiques: les cocos à Moscou! Aujourd’hui, la fachosphère prorusse mérite qu’on lui retourne le compliment.


En prenant de l’âge, j’ai perdu toutes mes certitudes, sauf deux. Celle de mon hétérosexualité et celle de mon vote, que je croyais verrouillé sur un seul objectif : la reconquête du territoire. La lutte contre la tiers-mondisation française étant la mère de toutes mes batailles, le candidat décidé à arrêter l’immigration pour enrayer le grand remplacement avait mon suffrage, sans conditions. Pas regardant, j’aurais soutenu le premier venu, même s’il avait inscrit à son programme le rétablissement de la polygamie ou du droit de cuissage.

Hier encore…

Aujourd’hui, de ces deux certitudes, il ne m’en reste qu’une. Les positions que l’on prend sur la guerre en Ukraine dans ma famille politique ont fait vaciller l’autre. Hier pourtant, j’étais un militant fidèle quoique parfois embarrassé, comme ce jour où Eric Zemmour déclara qu’il fallait un Vladimir Poutine à la française. Alors, je buvais ma honte et évitais de le crier sur tous les toits en pensant à la France qui avait peut-être, avec son arrivée au pouvoir, une chance de rester la France.

Je votais Zemmour, et plutôt deux fois qu’une avec une procuration extorquée à ma mère, mais un peu honteux en pensant à la journaliste Anna Politkovskaïa, aux opposants Alexeï Navalny, Boris Nemtsov ou Vladimir Kara-Mourza ou encore au prix Nobel de la paix et co-fondateur de l’association Mémorial Oleg Orlov, enfin à tous ces dissidents que le Kremlin criminalise, emprisonne ou assassine.

Ni Poutine ni Médine

Mon adhésion au parti Reconquête, malgré les positions de mon président franchement à l’est, était mon compromis, ma realpolitik à moi, ma façon de faire prévaloir les intérêts supérieurs de la Nation sur mes impératifs moraux, mon choix pour la France, tout bien pesé, à défaut de trouver un candidat derrière le slogan« ni Poutine ni Médine ». Dans des moments de grande lassitude démocratique, en regardant mon pauvre pays paralysé par son État de droit et bâillonné par son antiracisme systémique entrer dans l’ère du woke et de l’attaque au couteau, en voyant les hommes trembler devant les torquemadames au sommet de la vague MeToo comme des petits Blancs à La Courneuve, il m’arrivait même de rêver, moi aussi, de poutinisme français.

Je n’en suis pas fier, mais j’avais plutôt apprécié la méthode du mafieux de la Place rouge pour régler son problème de minorités musulmanes séparatistes et terroristes « jusque dans les chiottes », et caressé l’espoir que la façon russe soit testée à Marseille, pour commencer. C’est dire jusqu’à quelles extrémités droitières et autoritaires le sort promis à une démocratie envahie peut pousser un libertaire désespéré.

Les Ukrainiens sont admirables

Heureusement, depuis je me suis ressaisi. La résistance ukrainienne à l’invasion assortie de destructions, de meurtres de civils, de viols et d’enlèvements d’enfants, a forcé mon admiration. Le changement de ton et le courage du président Macron ont emporté mon adhésion. En revanche, les réactions dans la réacosphère mainstream m’ont plongé dans la déception. Et les positions défendues sur certains sites russophiles, dans la consternation. Alors que Macron cesse de prendre des gants avec l’ennemi pour chausser des gants de boxe, relève le défi et répond aux menaces, convoque l’Europe pour préparer la défense, bouscule un continent prudent, réveille l’OTAN en état de mort cérébrale et rassemble le monde libre derrière le nouveau mot d’ordre « la Russie ne doit pas gagner », on dénonce, à droite, de basses manœuvres électorales. C’est un peu court. Et on sonne le tocsin. « Dangereux ! » braillent les uns. « Irresponsable ! » ajoutent les autres. C’est un peu frileux. L’esprit de défaite ou l’opposition systématique règnent et le président est plus suivi par certains chefs d’Etat en Europe qu’il ne l’est en France par les chefs de l’opposition. Ce qui est dangereux et irresponsable pour la liberté des Ukrainiens, pour l’avenir de l’Europe et pour le droit des voisins du tyran à disposer d’eux-mêmes et à divorcer en paix et en sécurité, ce n’est pas de s’opposer aux velléités impériales de Poutine, c’est de le laisser faire. Ce qui est dangereux et irresponsable, c’est de faire savoir au monde autoritaire que le crime paye. Comme dit Xavier Raufer, les criminels ne s’arrêtent que quand on les arrête. Et la règle vaut en Seine-Saint-Denis comme pour le tsar de toutes les Russies.

Deux poids deux mesures

Seulement voilà, dans la réacosphère, sur ce coup-là, on donne dans l’excusisme. Ce qu’à raison on refuse à Samir en banlieue, on l’accorde à Vladimir. On condamne d’une phrase l’agression et on s’empresse d’ajouter un « mais ». Et en un long discours, on rappelle les manipulations américaines, les provocations de l’OTAN, les racines de la Russie, le passé mal digéré du nazisme en Ukraine et la corruption de ses dirigeants, sans oublier au passage le prix de l’électricité qui monte et celui du blé qui baisse. On proclame que « ce n’est pas notre guerre[1] » et qu’« on ne veut pas mourir pour le Dombass[2] » et j’entends au fond du discours une sourde complaisance pour le régime du Kremlin. Après tout, Poutine n’est-il pas le défenseur de la famille et des valeurs traditionnelles chrétiennes en croisade contre une Europe féminisée, décadente et en perdition ? Le dernier bastion de l’ordre moral dressé contre l’homosexualité déviante et perverse ? Le dernier mâle blanc de ce côté-ci de l’Atlantique à s’opposer au féminisme conquérant et hystérique ? Tout cela compose une petite musique sur laquelle se colle naturellement un petit refrain : plutôt rouge que woke.

J’entends des patriotes drôlement pacifistes déclarer qu’« il faut tout faire pour éviter la guerre[3] ». Ils se réclament du gaullisme en temps de paix, mais une certaine fascination pour la force, une solide proximité idéologique avec l’ennemi et un anti-américanisme pavlovien les révèlent bien peu résistants quand la guerre vient. Ainsi, certains droitards rappellent ces communistes français devant les invasions soviétiques de Budapest en 1956 ou de Prague en 1968, ou certains intellectuels de gauche aux tendresses bolcheviques. Tant et si bien que l’on pourrait dire aujourd’hui : Les fachos à Moscou !

D’après un sondage, le droit-de-l’hommiste Raphaël Glucksmann récolterait deux fois plus de voix aux élections européennes que le robespierriste islamo-compatible Mélenchon. L’électeur de gauche a la chance d’avoir un candidat antitotalitaire. J’aimerais pouvoir en dire autant. Je ne vois à droite que des partis empêtrés dans leurs vieilles sympathies poutiniennes ou dans leurs ambiguïtés stratégiques politiciennes. Le candidat de la droite clairement antitotalitaire, je le cherche. Désespérément.

L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur

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[1] Michel Onfray.

[2] Pascal Boniface.

[3] Henri Guaino

Raphaël Glucksmann creuse son sillon

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Olivier Faure et Raphaël Glucksmann, Sotteville lès Rouen (76), 3 avril 2024 © Maxime Le Pihif/SIPA

Politiquement, notre chroniqueur Philippe Bilger reste un grand naïf. Aujourd’hui, il se penche sur le cas du candidat du PS et de « Place publique » aux élections européennes. En progression dans les sondages (il se rapproche des 12%), ce dernier propose de taxer les plus riches au niveau européen pour financer la « transition écologique et sociale » et d’accentuer notre soutien militaire à l’Ukraine.


Alors que je suis passionné au-delà de toute mesure par la politique politicienne, il m’arrive en même temps de déplorer que celle-ci brouille le paysage intellectuel et rende des frontières absurdement infranchissables. J’écoute le 7 avril au Grand Jury Raphaël Glucksmann, tête de liste du parti socialiste pour les élections européennes, et je continue à être impressionné par la finesse de son intelligence, la pondération de ses analyses et le ton courtois qu’il cultive, qui n’est pas faiblesse de caractère mais maîtrise de soi. Même en ne surestimant pas mon savoir dans le registre européen, j’avoue ne pas avoir été scandalisé par ses raisonnements même les plus extrêmes, sur le plan des taxes comme pour la défense des droits de l’homme. Au risque de choquer les partisans de rudes antagonismes, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver plus qu’une similitude entre sa personnalité et celle de François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains. Lors des dernières élections européennes, j’avais déjà remarqué cette familiarité entre deux intellectuels qui, alors, avaient eu du mal à endosser ce que le verbe politique doit avoir de partisan pour être efficace.

Une constatation navrante

Cette proximité des caractères et des cultures demeure aujourd’hui, même si l’espace politique dont dispose Raphaël Glucksmann est plus identifiable que celui réservé à François-Xavier Bellamy. Malgré son talent, ses capacités de réflexion et son excellent bilan européen, il éprouve des difficultés à se distinguer sur le plan du projet par rapport à « Reconquête! » et au Rassemblement national. Certes, François-Xavier Bellamy pourra soutenir, contre le RN, qu’il a travaillé et obtenu des résultats, lui, à Bruxelles mais ce n’est pas suffisant pour marquer une nette différence sur le fond.

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Cette détestable pente politicienne qui contraint à dissimuler, à méconnaître le lien fort entre deux natures pourtant proches, dont l’apport concerté serait remarquable, me navre. Elle amplifie les contradictions des programmes alors qu’elles seraient aisément solubles dans un monde démocratique qui placerait au premier plan l’honnêteté intellectuelle et le refus des outrances. Au détriment des idéologies qui sont trop souvent un moyen de donner bonne conscience à la libération des pires instincts de l’homme. Alors, naïveté politique, ma désolation face à l’impossibilité même d’envisager ce que l’union d’un François-Xavier Bellamy et Raphaël Glucksmann apporterait à tous ? Je ressens ce même état de mélancolie républicaine au sujet d’une impasse présidentielle. Je ne doute pas de l’authenticité de l’esprit européen du président de la République même si on a le droit de mettre en cause sa conception de l’Europe et sa volonté de la faire servir à l’affaiblissement des identités nationales. Aussi, quand on nous annonce que « Macron prépare son entrée en campagne avec un grand discours Sorbonne 2 »[1], mon premier mouvement n’est pas d’en soupçonner l’insincérité. Mais d’en prévoir l’inutilité.

Glucksmann devrait récupérer une partie de l’électorat macroniste déçu

En effet, je suis frappé par le gouffre de plus en plus vertigineux entre d’un côté la bonne volonté du président sur certains plans, la justesse de ses résolutions, et de l’autre leur parfaite stérilité opératoire. Je crois qu’il n’y a plus un domaine où le président puisse s’exprimer en étant assuré d’être sinon cru, du moins vraiment écouté. Cela me navre parce qu’il pourrait arriver que son verbe méritât d’être pris au sérieux, notamment quand il n’a pas été altéré, selon son habitude, par de multiples fluctuations et contradictions. Mais il faut convenir que la principale responsabilité incombe à Emmanuel Macron. Si ses propos sont dévalués, si ce qu’il dit ne laisse plus la moindre trace dans la conscience publique – qu’il s’agisse de saillies ou d’argumentations sérieuses -, cela ne tient pas seulement à 2027 où il ne pourra plus nous faire don de sa personne mais, plus profondément, au fait qu’il a trop évolué, infléchi, contredit, varié, démenti et déstabilisé, qu’il nous a trop habitués à percevoir dans l’affirmation d’aujourd’hui la dénégation de demain, qu’il nous a, au fond, interdit de lui attacher foi et confiance, nous privant de cette exemplarité capitale d’un chef tellement légitime qu’on le croit sur parole.

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C’est une autre de mes naïvetés politiques que cette tristesse que j’éprouve face à la déliquescence d’une destinée présidentielle qui aurait pu avoir tout pour elle mais se retrouve vouée à parler dans le désert républicain. Je ne vois pas d’insurmontable contradiction entre ma dilection, peut-être immature, pour la politique politicienne et mes regrets de citoyen adulte : les seconds me permettent de supporter la première.


[1] https://www.lefigaro.fr/elections/europeennes/europeennes-emmanuel-macron-prepare-son-entree-en-campagne-avec-un-grand-discours-sorbonne-2-20240407

LR en mode survie

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La rentrée politique des Républicains au Cannet, près du fief niçois d’Éric Ciotti, 27 août 2023. Une photo de famille impossible aujourd'hui © SYSPEO/SIPA

À deux mois des élections européennes, LR ne décolle pas dans les sondages. Atomisée par la Macronie, largement distancée par le RN, la droite classique est devenue inaudible, voire invisible. Elle est au bord de l’éclatement. Ce scrutin pourrait être celui de la dernière chance.


Ni Bardella ni Macron. Pris en sandwich entre ces deux poids lourds, François-Xavier Bellamy déplore « que l’élection européenne soit transformée en un sondage géant pour anticiper la recomposition politique de la France. Ce scénario écrit d’avance ne correspond à rien au niveau européen. Or la crise agricole et ce qu’elle doit à l’idéologie et au fonctionnement de l’Europe actuelle ont montré qu’il fallait prendre au sérieux les élections européennes. » Hélas pour le candidat de la droite dite « de gouvernement », le match Renaissance/RN focalise toute l’attention, et le troisième homme de l’élection est pour le moment Raphaël Glucksmann, crédité de 11 % des suffrages quand la liste LR plafonne à 7.

LR relégué en deuxième division

Xavier Bertrand le reconnaît sans fard : « Quand vous oscillez entre 5 et 10 % des voix et que vous avez réalisé un score de moins de 5 % à la présidentielle, vous passez en deuxième division et êtes condamné à un rôle de supplétif. Et pourtant, la droite n’est pas finie, elle a des chances d’avoir les élus locaux les plus nombreux en France, garde un groupe parlementaire structurant au Sénat et malgré la déroute de 2022, a un groupe d’une soixantaine d’élus à l’Assemblée nationale qui dispose d’une véritable marge de manœuvre puisqu’il peut faire la bascule. La vraie question est : quelle est sa stratégie politique ? »

Analyse partagée et précisée par un ancien collaborateur de ministre, fin connaisseur des arcanes de la droite : « La droite n’est pas dans une impasse, l’épisode de la loi immigration l’a revigorée, même si elle s’est fait tirer le tapis sous les pieds par le RN. Il y a juste une haie à franchir, celle des Européennes, mais elle n’est pas bien haute. Ils ne peuvent l’avouer, mais s’ils passent la barre des 5 % et qu’ils ont des élus, la mission sera remplie. […] Le véritable enjeu est de ne pas faire moins de 5 % pour éviter l’éclatement et l’émancipation d’élus locaux dont l’élection ne dépend aujourd’hui plus de l’étiquette, mais de leur impact personnel. » En off, nombre d’élus sont d’accord. Dans tous les camps, on est passé en mode vautour.

Le dépeçage programmé de Renaissance

Le tendre agneau qui excite leurs appétits, c’est Renaissance : le parti présidentiel est neutralisé par l’impossibilité pour le président de se représenter, le fait qu’il n’a pas de ligne idéologique claire et, depuis 2022, par l’absence de majorité. Le fan-club d’Emmanuel Macron n’a ni histoire ni avenir. C’est l’ère du vide : ni droite ni gauche, ni identité forte, ni héritier naturel. Alors pour LR, entre union des droites et dépeçage du centre, le choix est vite fait, comme l’explique l’ancien collaborateur ministériel. « Le nouveau monde va s’écrouler et l’ancien va revenir. Dans ce cadre, il y a des passerelles avec Renaissance qu’il n’y a pas avec le RN. Une fois papa parti, le parti éclatera. Or ceux qui peuvent récupérer cette droite macroniste, que ce soit Darmanin, Le Maire ou Édouard Philippe, viennent des LR et ont continué à entretenir des réseaux. Ils savent qu’ils auront besoin d’une organisation politique qui tient la route et qui peut mailler le territoire dans le cadre de la prochaine présidentielle. Le réseau d’élus locaux des LR est ici un atout. Pour conquérir comme pour gouverner. »

Pendant ce temps le RN s’envole dans les sondages. Et il veut la mort de LR. Là où il est fort, il n’hésite pas à maltraiter ses élus. Les résultats des dernières législatives ne peuvent que l’y inciter. Pourquoi s’encombrerait-il d’alliés, dont l’étiquette n’apporte rien en termes de dynamique électorale et politique ?

François-Xavier Bellamy, Éric Ciotti et Céline Imart au Salon de l’agriculture, Paris, 26 février 2024. ©ISA HARSIN/SIPA

La situation dans le Sud-Est est emblématique de cette nouvelle donne. Dans le Var, lors des dernières législatives, le RN a remporté sept sièges sur huit. Certes, ce département n’avait pas échappé en 2017 à la vague LREM mais en 2012, tous les députés étaient LR et le Var était considéré comme un fief difficile à prendre. La fin de la Macron-mania n’a pas entraîné le retour des électeurs au bercail. S’en est suivie une lutte fratricide remportée par le RN. Les LR ont retenu la leçon. Le RN joue la guerre des droites plutôt que l’union.

C’est également la conclusion qu’ils tirent de la saga du projet de loi immigration. Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice du Val-d’Oise s’en explique : « Nous avons agi en responsabilité, travaillé sur le fond du texte, fait passer nombre d’amendements. Nous avons montré que le travail parlementaire était essentiel, qu’il permettait de peser sur les textes et qu’il pouvait payer. Le RN, lui, n’a rien fait et s’est simplement positionné au dernier moment pour dire qu’il votait la loi. Les questions de fond ont alors été occultées et les commentateurs ne se sont plus demandé si les changements apportés à la loi correspondaient à l’intérêt général, mais qui du gouvernement ou du RN allait tirer son épingle du jeu. […]Tout notre travail et notre investissement ont été invisibilisés. »

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La tentation, pour les élus LR, c’est donc de se contenter de surveiller l’agonie du grand rival Renaissance. Une logique que récuse d’emblée Xavier Bertrand. « Quand on veut incarner un avenir possible, mieux vaut ne pas passer son temps à courir après qui que ce soit. Et surtout pas après la Macronie qui est à bout de souffle comme d’idées et dont l’exercice de pouvoir est rejeté par les électeurs. Il y a une véritable paresse de la part des politiques. Ils se disent que le temps passe vite, que les gens n’ont pas de mémoire et qu’il n’est pas utile de se remettre en question et au travail. Finalement, avec le jeu mécanique de l’alternance, le fruit du pouvoir tombera tout seul dans vos mains. Or seule la capacité à créer une offre politique cohérente peut créer les conditions du rassemblement et élargir les bases électorales. »

François-Xavier Bellamy ne dit pas autre chose. La tête de liste LR n’a pas pour seule ambition la survie. « Ronronner et attendre tranquillement en limitant les dégâts et en faisant fructifier ses acquis n’est pas une solution, surtout quand on n’en a plus. La noblesse de la politique, c’est de forger ses propres propositions, pas d’essayer de cibler une clientèle en rachetant le fonds de commerce de ses adversaires. S’il faut parler immigration dans cette campagne, par exemple, ce n’est pas pour siphonner les voix du RN, mais parce que la France a besoin de ce débat et que certaines dispositions européennes sont un frein à la maîtrise des flux. »

Travailleur, maîtrisant ses dossiers, intellectuellement structuré, Bellamy s’est beaucoup investi sur les sujets agricoles, dénonçant avec justesse le double discours du président Macron et de Renaissance. Mais ces qualités et cet investissement peinent à être reconnus par les Français. Le manque de temps de parole y est pour quelque chose. Les résultats désastreux de la dernière présidentielle réduisent énormément sa surface médiatique. À quoi s’ajoute la particularité des Européennes – une sorte de défouloir électoral façon Midterms qui profite aux plus radicaux. La sénatrice du Val-d’Oise le regrette : « Les électeurs ne se rendent pas compte de l’importance de ces élections, ils les réduisent à une fonction tribunitienne où il s’agit de faire avant tout passer un message au pouvoir. » Xavier Bertrand approuve : « Le président de la République veut imposer aux Français un match RN/Renaissance pour ressortir sa martingale électorale « moi ou le chaos ». Or si en face, vous avez des Français dépolitisés et inconscients des enjeux réels, vous prenez le risque qu’ils jouent à qui va saigner le plus. L’élection perd alors de son importance en termes d’étape dans la construction d’un avenir politique. Elle se réduit à un jeu de massacre où les postures remplacent les propositions. »

RN, le vote utile pour qui veut gifler symboliquement Emmanuel Macron

En réduisant les européennes au match symbolique Attal/Bardella, le président de la République les a transformées en tour de chauffe de la présidentielle de 2027. Pour l’ancien collaborateur ministériel, « LR a une tête de liste vraiment à la hauteur. Pour autant, la droite ne peut recueillir ni les fruits du courage ni ceux de la raison. En effet, le président de la République a encore une fois transformé cette élection en une forme de plébiscite personnel et de démonstration de vertu collective. Mais la réitération de ce schéma l’affaiblit et fait monter l’exaspération. » Devenu le moyen de faire un pied-de-nez à Emmanuel Macron, voire de le gifler symboliquement, le vote RN est donc un vote utile. Et sans risques : les Français considèrent que le Parlement ne compte pas en Europe. Pour eux, le véritable pouvoir est à la Commission. Ils sont donc moins sensibles au chantage aux heures sombres et au ventre fécond. Chantage qui d’ailleurs apparaît de plus en plus décalé au fur et à mesure que le RN patine son image. Xavier Bertrand abonde dans ce sens : « Pendant très longtemps, il y avait beaucoup de perte entre les intentions de vote RN et les résultats. Au dernier moment, nombre d’électeurs ne venaient pas voter. Ils se disaient : à quoi sert de se déplacer puisqu’on ne gagne jamais. Mais là, non seulement ils ont une chance de gagner, mais s’ils choisissent d’envoyer un message en forme de claque électorale au président, celui-ci est à portée. »

Dans ce climat, on comprend la panique du clan présidentiel alors que l’écart avec le RN ne cesse de se creuser. Il s’élève à 13 points aujourd’hui mais, dans la Macronie, on redoute que les intentions de vote en faveur de la liste Renaissance baissent encore. L’hypothèse d’un rapport de force RN/Renaissance à 30/15 n’est pas exclue. Autant dire qu’on n’avait vraiment pas besoin, en prime, des 11 % que les sondages attribuent à la liste Glucksmann/PS. Si Renaissance plonge et que la liste PS grignote quelques points, le parti présidentiel se retrouvera dans le camp des perdants à touche-touche avec le parti qu’il est censé avoir grand-remplacé. En somme, le nouveau monde a à peine atteint l’âge de raison, qu’il rejoint dans l’échec ceux qu’il vouait aux oubliettes. Pour survivre, il suffit à LR d’avoir des élus ; pour le parti présidentiel, c’est plus compliqué. D’où le choix de dramatiser la question de la guerre en Ukraine.

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Xavier Bertrand craint que dans ce contexte le succès annoncé du RN se conjugue avec le blocage complet de notre système politique. « Quel que soit le résultat […], nous sommes condamnés à l’immobilisme, les européennes ne résolvant en rien l’incapacité à agir du pouvoir faute de majorité. L’exaspération va continuer à monter et comme le seul talent du RN est de savoir recueillir les fruits de la colère, il va lui aussi continuer à monter. Voilà pourquoi la droite doit enjamber cette élection quels que soient les résultats et se remettre au travail plutôt qu’attendre la chute inévitable de la Macronie. On peut perdre cette élection en chemin, mais je vois trop d’hommes politiques aujourd’hui se débattre plutôt que se battre justement par crainte de l’échec. Quand on se bat, on peut perdre mais même si on perd, beaucoup de gens se sentent moins seuls parce qu’on a eu le courage de faire ce qu’il fallait. »

En attendant, la droite LR est condamnée à la patience. Emploiera-t-elle le temps qui nous sépare de la présidentielle à construire une véritable offre politique ou se contentera-t-elle du mode charognard, l’avenir le dira. Et puis, elle doit résoudre la question qui fâche : celle de l’incarnation. Ce n’est pas tout que d’obtenir des dépouilles, encore faut-il savoir les partager. À la présidentielle, mère de toutes les batailles, face à un RN en promenade, le salut de la droite pourrait dépendre d’une candidature unique LR/macronistes de droite. Même sur le point de sortir du jeu, Emmanuel Macron arbitre encore le match.