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Jeux Olympiques: et si l’on séparait sport et politique?

Idéologiquement, l'important c'est de gagner, pas de participer...


Jeux Olympiques: et si l’on séparait sport et politique?
A Paris, la place de la Concorde se prépare à accueillir les Jeux olympiques, 28 mars 2024 © Houpline Renard/SIPA

Paris n’échappera pas à cette règle des jeux : le monde entier cherchera à pousser son agenda politique dans la capitale française cet été. Malheureusement.


Rien n’est sans doute plus politique que le sport, fors la politique elle-même. Pourtant, rien ne devrait plus échapper à celle-ci que les joutes sportives. Tandis que nous espérons voir briller les Jeux Olympiques par les performances des athlètes, certains entendent déjà s’accaparer la grand-messe quadriennale pour faire avancer leur propre agenda.   

L’histoire regorge de ces épisodes où sport et politique n’ont, pour le meilleur et pour le pire, fait qu’un. Les Jeux, ce moment hors du temps durant lequel la compétition est portée à son acmé, n’ont jamais échappé à la règle : on se souvient du triomphe remarquable de Jesse Owens, en 1936 à Berlin, devant Adolf Hitler, des JO de 1980 à Moscou tenus en l’absence d’athlètes américains et issus de pays… musulmans suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique et, une olympiade plus tard, de ceux de Los Angeles boycottés par les Russes qui organisèrent en réaction des Jeux de l’Amitié, du poing levé de Tommie Smith et John Carlos à Mexico ou encore de l’attentat perpétré contre la délégation israélienne lors des Jeux de Munich par l’organisation terroriste Septembre noir.

D’autres imbrications politico-olympiques sont moins connues, mais également chargées d’une puissante symbolique : les Finlandais concoururent sous leur propre bannière – mais sans drapeau ostensible – et non plus sous celle de l’Empire russe en 1908 ; la déchirure d’un empire austro-hongrois en capilotade se fit béante lorsque les deux délégations défilèrent séparément à Stockholm en 1912 ; a contrario, un semblant de rapprochement entre les deux Corées se fit lorsque leurs athlètes respectifs défilèrent ensemble lors des Jeux d’Hiver de 2018 à Pyeongchang ; les Pays-Bas et l’Espagne refusèrent de se rendre aux Jeux de 1956 pour protester contre la présence d’athlètes soviétiques après l’invasion de Budapest.  

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Les JO de Paris n’échapperont pas à la règle. Les voix des traditionnels islamo-gauchistes se lèvent aujourd’hui pour faire participer les athlètes israéliens sous bannière neutre, de la même manière que doivent le faire leurs homologues russes, déjà déclarés sportivement apatrides… depuis la mise au jour d’un système de dopage organisé dans leur pays. Si on peut se réjouir que les sportifs de ces nations puissent prendre part à la fête du sport, on peut regretter la grande hypocrisie, tant personne n’est dupe, entourant l’affichage ou non de la nationalité des athlètes engagés. Surtout, à l’allure olympique avec laquelle les wokistes effacent, quelle nation est à ce point irréprochable qu’elle échappera à l’invisibilisation ?

Le procédé de l’ostracisation n’est pas nouveau : deux ans après la fin de la Grande Guerre, les perdants furent exclus des  Jeux d’Anvers où, pour la première fois, flotta le drapeau olympique ; en 1948, au lendemain d’un conflit encore dans tous les esprits, les forces de l’Axe, Allemagne et Japon, furent priées de ne pas se rendre à Londres ; l’Afrique du Sud a quant à elle été exclue de la compétition planétaire de 1964 à 1992 en raison de la politique d’apartheid qui sévissait alors dans le pays… 

Le sport antique prévoyait une cessation du conflit durant les agônes (événements sportifs) et les Jeux olympiques. Leur adaptation moderne a quant à elle souvent été prise en tenaille entre ambitions sportives et considérations politiques (voire impératifs moraux). Si l’on n’abordera pas ici la tentative d’Emmanuel Macron de faire main basse sur l’événement planétaire pour masquer son bilan calamiteux en bien des domaines, on peut craindre que les Jeux soient désormais pris en otage par l’idéologie. Pour les associations militantes (climatiques, pro-palestiniennes, LGBT…), il n’y a pas de trêve olympique et on les imagine déjà faire des JO de Paris leur terrain de jeu, alors que nous aimerions tant qu’il soit uniquement celui des athlètes. Espérons dès lors que les Jeux de 2024 soient marqués par l’émergence de dignes successeurs aux grands champions que furent Paavo Nuurmi, Emil Zatopek, Larissa Latynina, Michael Phelps ou encore Usain Bolt. Et, au moment où sera allumée la vasque, par Marie-José Pérec et/ou un(e) autre athlète, que place soit faite au sport. Et rien qu’au sport.




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