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De bons moments à Creil

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


C’est presque devenu une habitude ; une très agréable habitude. Chaque année, je suis invité par Sylviane Léonetti, directrice de l’association organisatrice La Ville Aux Livres, au Salon du livre de Creil, dans l’Oise, pour y dédicacer mes bouquins et animer des débats avec des écrivains. J’ai la joie d’y retrouver les membres de l’équipe d’organisation qui, au fil du temps, sont devenus des amis, et, souvent, des copains écrivains. Pour la deuxième fois, j’ai entraîné ma Sauvageonne dans mes pérégrinations ; elle ne demandait que ça. De mon stand de dédicace, je surveillais sa chevelure ébouriffée qui baguenaudait dans les allées bordées d’ouvrages et de bandes dessinées. Parfois, je l’apercevais en train de discuter avec Sylviane ou avec le poète Dominique Sampiero dont elle apprécie les œuvres et la façon spectaculaire qu’il a de les lire sur scène. Ce salon est certainement le plus important au nord de Paris ; les visiteurs y sont fort nombreux, à l’image des auteurs. Et l’accueil y est exceptionnel, bienveillant et fraternel. Le samedi matin, ce fut la traditionnelle remise des prix. Celui de littérature adulte a été attribué à Stéphanie Hochet, pour son roman Armures ; celui de bande dessinée adulte à Éric Hérenguel, pour The Kong Crew Blast Exit, tome 7 ; celui de littérature jeunesse à Nicolas Michel pour Entre mes branches ; et celui de la bande dessinée jeunesse aux excellents Régis Hautière et Arnaud Poitevin pour Les spectaculaires, tome 7. L’après-midi, je retrouvais mes confrères et amis Thierry Clermont et Valère Staraselski qui signait son remarquable roman Les passagers de la cathédrale, paru au Cherche midi. Puis, ce fut un débat très rock’n’roll en compagnie de Stan Cuesta (auteur de La musique a gâché ma vie, chez Antidata) et Patrick Eudeline (Perdu pour la France, chez Séguier). J’étais heureux d’évoquer leurs opus que j’ai adorés. Le premier est un recueil de nouvelles qui, finalement, constitue une manière de roman ; le second est, sans aucun doute, le plus intime de l’ancien critique rock de Best et de Rock & Folk. Le soir, la Sauvageonne et moi, dînâmes à La Buvette, un chaleureux bistrot-restaurant à la cuisine très française situé à Saint-Maximin, en compagnie de Stan Cuesta, son épouse et de Dominique Zay. Joyeuse ambiance. (Dominique nous fit part de son projet : placer un mot secret au cours de l’entretien qu’il devait m’accorder le lendemain.) Le lendemain justement, j’eus l’immense plaisir de m’entretenir avec l’académicienne Danièle Sallenave (pour son livre La splendide promesse, chez Gallimard) et Isabelle Lonvis-Rome (pour Jouer ou tuer, chez Michalon), sur le thème « La promesse républicaine : un engagement ». Leurs propos et leur intelligence ont montré qu’il existait encore une gauche tolérante, humaniste qui n’a pas peur de dévoiler son amour pour la France et qui, malgré les guerres, poursuit son combat contre l’antisémitisme. Un combat essentiel, comme n’a pas manqué de le rappeler, le soir-même, le génial Hélios Azoulay, écrivain, poète, acteur compositeur et clarinettiste à la faveur d’une prestation fort appréciée avec son instrument fétiche. Un vrai régal.

«DZ Mafia»: une mafia post-coloniale

À Marseille, des milliers de personnes se sont réunies hier sur le lieu de l’assassinat de Mehdi Kessaci, aux côtés de sa famille venue rendre hommage au jeune homme. Deux minutes de silence ont été observées, avant que sa mère, très émue, n’appelle le gouvernement à mesurer la gravité de la situation et à agir contre la violence. Son message a été lu en conclusion par Sabrina Agresti-Roubache, proche d’Emmanuel Macron: « Il faut que ça s’arrête, pour toutes les familles frappées par ce fléau. » Sur le plan judiciaire, les enquêteurs exploreraient bien la piste de la DZ Mafia et s’efforceraient d’identifier le commando, l’hypothèse d’un commanditaire incarcéré faisant partie des options privilégiées. La DZ Mafia est un système invisible et complexe au cœur des fractures françaises.


Pendant que les plateaux télé dissertent sur l’antiracisme, que les experts universitaires relativisent la violence des quartiers et que les responsables politiques évoquent « les territoires perdus de la République » sans jamais les nommer, une structure souterraine s’étend, contrôle, infiltre, et pèse sur la France d’aujourd’hui : la DZ Mafia. “DZ” comme Dzayer, l’Algérie. “Mafia” comme système de contrôle parallèle, de protection clanique, d’intimidation, et de rente par la terreur.

“DZ” : une désignation culturelle, géographique et identitaire

Le terme « DZ », abréviation populaire de « Dzayer » (l’Algérie, en arabe dialectal), est largement utilisé dans la culture urbaine française pour évoquer une origine algérienne, qu’elle soit réelle ou revendiquée. Il sert également à exprimer un sentiment d’appartenance communautaire transnational, ainsi qu’une forme de fierté post-coloniale nourrie par un antagonisme historique vis-à-vis de la France. La DZ Mafia désigne donc une nébuleuse ancrée dans cette sphère culturelle et identitaire algérienne, y compris chez des Français de nationalité mais de culture ou de loyauté différente.

Plusieurs éléments attestent de l’existence de réseaux criminels transnationaux franco-algériens. On observe ainsi des parcours de délinquants multirécidivistes ayant échappé à l’expulsion en exploitant la binationalité, certaines failles administratives ou la protection juridique française. S’y ajoutent des filières de blanchiment d’argent en Algérie, notamment par l’achat de biens immobiliers, de voitures de luxe ou de commerces servant de façade. On relève également des transferts de technologies de contrefaçon ou de produits interdits entre les deux rives, ainsi qu’un axe Marseille–Oran–Alger, historiquement documenté dans le trafic de drogue, d’armes ou de faux papiers.

Symbiose partielle avec l’État algérien

L’État algérien n’organise certes pas ces réseaux, mais il bénéficie parfois indirectement de leurs flux financiers, notamment à travers certains investissements ou phénomènes de corruption locale. Il refuse aussi fréquemment de reprendre des ressortissants expulsés par la France, en affirmant ne pas être en mesure de les identifier. Enfin, il protège ses ressortissants binationaux par l’intermédiaire de ses services consulaires, en refusant de reconnaître la perte de la nationalité algérienne. Il existe donc une zone grise de non-droit diplomatique où la loyauté des individus à la France est sujette à caution.

Une mafia sans capo ni code d’honneur

À la différence des mafias italienne ou albanaise, la DZ Mafia ne repose pas sur une structure pyramidale. Elle fonctionne en réseau souple, éclaté, familial ou tribal, mais solidaire dès lors qu’un membre est menacé. On ne trouve pas un “Don” à la Corleone. On trouve des caïds d’immeuble, des parrains de quartier, des grands frères charismatiques, mais surtout des connexions culturelles et historiques communes : 1) l’Algérie coloniale puis postcoloniale 2) les quartiers HLM de la Seine-Saint-Denis, de Lyon, Marseille, Grenoble, Roubaix 3) la haine du flic, du Français “gaulois”, de la République.

A lire aussi, Dominique Labarrière: Lutte contre le narcotrafic: cherchez l’erreur

La DZ Mafia ne se réclame pas de la République algérienne officiellement – mais elle en hérite. Elle se nourrit d’un double rapport schizophrénique à la France : fascination pour ses richesses, mépris pour ses lois. Cette mafia ne cherche pas à s’intégrer au système, mais à le détourner ou le dominer, localement, par la ruse, l’intimidation et la menace.

Les piliers : drogue, faux papiers, OQTF protégés, réseaux de femmes

La DZ Mafia vit du trafic de stupéfiants, bien sûr. Du cannabis importé du Rif, de la cocaïne, de plus en plus, par les ports de Marseille et du Havre. Mais ce n’est que la surface.

Elle agirait également comme fournisseur officiel de faux papiers pour migrants, délinquants ou militants islamistes. Elle fonctionnerait aussi comme un réseau de « passeurs légaux » au sein de l’administration, s’appuyant sur des agents corrompus dans les mairies, à la CAF ou à Pôle emploi. Elle assurerait en outre un soutien logistique aux personnes sous OQTF récidivistes, en leur fournissant logements, cachettes ou identités fictives. Enfin, elle gérerait des réseaux parallèles impliquant des femmes, qu’il s’agisse de prostitution voilée, de mariages gris ou de « femmes à usage communautaire ».

Le tout avec l’appui indirect de certains collectifs militants, qui servent de boucliers moraux en cas de confrontation avec la police ou les journalistes.

La culture du silence : ni balance, ni trahison

Ce qui protège la DZ Mafia, ce n’est pas seulement l’illégalité. C’est la loi du silence, plus forte que la loi de la République. Dans de nombreux quartiers dits « sensibles », il est plus grave de parler à un policier que de commettre une agression.

L’État, lâche ou impuissant, n’ose plus rentrer dans certains secteurs. Des livreurs s’y font racketter, des pompiers caillasser, des élus menacer. L’école elle-même devient un territoire à conquérir, où certains profs doivent demander la permission d’enseigner certains sujets (Shoah, caricatures, égalité femmes-hommes…) pour éviter les représailles.

La DZ Mafia prospère aussi grâce à une impunité stratégique. Toute dénonciation des réseaux communautaires mafieux est immédiatement interprétée comme un acte de “racisme systémique” ou “d’islamophobie”. Les associations subventionnées, les élus clientélistes, les intellectuels indigénistes, et une partie de la gauche politique, qu’elle soit radicale ou gestionnaire, couvrent cette réalité au nom de l’antiracisme, de la diversité ou du « vivre-ensemble ». On préfère qualifier la violence de « sociale », les braqueurs de « victimes d’inégalités », et les zones de non-droit de « quartiers populaires ».

Internationalisation : France, Belgique, Espagne, Maghreb

La DZ Mafia est transnationale. Des bandes françaises opèrent en Espagne, des relais algériens blanchissent l’argent à Oran ou Alger, des complicités politiques s’établissent au Maroc, en Tunisie, ou via des consulats.

Les rapports d’Europol identifient depuis 2018 les réseaux d’origine maghrébine comme « hautement structurés, mobiles, et extrêmement violents ». La Belgique et la France sont les deux zones les plus touchées par les ramifications DZ.

Un État dans l’État – et une société qui se tait

La DZ Mafia, ce n’est pas un fantasme. Ce n’est pas une légende urbaine. C’est un réseau sociologique, historique, ethnique et politique, enraciné dans les fractures françaises postcoloniales, protégé par le silence, la peur, la complicité.

Elle ne cherche pas à renverser l’État, elle veut le contourner. Elle ne pose pas de bombes, mais elle paralyse les institutions, gangrène des quartiers, caporalise des familles. Et elle colonise le réel.

La DZ Mafia : des Barbaresques sans navires !

À la croisée de l’histoire et de la sociologie contemporaine, un constat s’impose : ces réseaux criminels franco-algériens actifs en France opèrent selon des principes étonnamment proches de ceux des pirates barbaresques qui, entre le XVIe et le XIXe siècle, rançonnaient l’Europe chrétienne depuis Alger, Tunis ou Tripoli. La mer a cédé la place au bitume des cités, les galères aux BMW volées, mais l’esprit reste le même : celui d’une économie du butin, d’une organisation clanique, et d’un rapport d’inversion symbolique envers le pays hôte.

Les Barbaresques bénéficiaient de la complaisance tacite de l’Empire ottoman ; la DZ Mafia, quant à elle, agit dans une zone grise juridico-politique, protégée par des refus d’expulsions de l’Algérie, des complicités communautaires, et un État français tétanisé à l’idée de nommer le réel.

Un État exploité comme un territoire conquis

Là où les pirates d’Alger pillaient les navires occidentaux, les mafias issues de l’immigration nord-africaine pillent aujourd’hui les caisses sociales, les dispositifs d’aide, les logements publics, les niches judiciaires, les failles migratoires. Elles n’attaquent pas frontalement la République, elles s’en nourrissent, la parasitent méthodiquement, la retournent contre elle-même.

Cette comparaison osée n’est pas que métaphorique : ces réseaux n’ont-ils pas effectivement établi des zones de souveraineté mafieuse, des quartiers entiers où l’État ne pénètre plus, où les codes de l’honneur tribal remplacent la loi, où la terreur et la solidarité clanique assurent l’ordre ? Ce phénomène n’est donc pas seulement criminel. Il est aussi politique. Les bureaux du FLN en France, dès les années 1960, ont interdit à leurs compatriotes toute assimilation. L’État français, lui, a offert à ces populations des HLM modernes, souvent plus confortables que les logements des ouvriers français de souche, sans contrepartie culturelle ou civique.

Ce cocktail (mémoire de revanche + confort sans devoirs + encadrement ethno-politique) a produit un habitus mafieux, dans lequel le butin devient légitime, la loi française, injuste par essence, et la criminalité, un redressement symbolique du passé colonial.

Tout comme les puissances chrétiennes achetaient autrefois leur tranquillité aux Barbaresques par des rançons, la classe politique française pactise avec les chefs de quartier, les associations communautaires, voire les trafiquants, pour acheter la paix sociale. Les élus locaux, surtout à gauche mais aussi au centre-droit, délèguent l’ordre à ces pouvoirs parallèles, tolèrent des trafics en échange de paix électorale et ferment les yeux sur la pénétration d’un islam politique et mafieux, incarné aujourd’hui par des réseaux fréristes, indigénistes ou salafistes.

Conclusion : une piraterie qui ne dit pas son nom

Non, la DZ Mafia n’est pas une dérive isolée. C’est le symptôme d’un double échec : celui de l’assimilation que l’État n’a pas osé exiger, et celui de l’autorité qu’il n’a pas su imposer.

Les mafias issues de l’immigration profitent de nos divisions, de notre lâcheté, de notre déni du réel. Et si nous ne reprenons pas le contrôle de ces zones, si nous ne dénonçons pas les pactes locaux de non-agression, si nous continuons à acheter la paix à crédit, nous perdrons tout : l’État, la loi, la nation. Si les Barbaresques capturaient des chrétiens sur les mers, la DZ Mafia capture la République de l’intérieur.

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Les aventures de Najat Vallaud-Belkacem et des fact-checkers

Incarnation parfaite de la gauche socialiste, Najat Vallaud-Belkacem était récemment reçue comme une reine sur le plateau de Julien Pain de France info. Suite à ses propos loufoques sur l’immigration et au manquement de son devoir de réserve, Pierre Moscovici a déclenché une procédure du comité de déontologie de la Cour des Comptes à son encontre. Didier Desrimais raconte.


Najat Vallaud-Belkacem semble avoir de plus en plus de mal à réfréner ses impétueux élans immigrationnistes. Le 28 avril, elle accusait la France de maltraiter les migrants et de laisser s’installer sur son sol une « islamophobie et une haine anti-musulmans d’atmosphère » (C ce soir, France 5). Malgré le terrorisme islamiste, malgré les sondages montrant les changements fondamentaux à l’œuvre chez les plus jeunes de nos concitoyens musulmans, malgré la progression de l’antisémitisme, des sentiments anti-français et de l’insécurité qui augmentent conjointement à la submersion migratoire, malgré enfin les coûts financiers inhérents à celle-ci, Mme Vallaud-Belkacem a proposé, début novembre, par l’intermédiaire de l’association France Terre d’Asile qu’elle préside, la régularisation de 250 000 clandestins et l’arrêt des OQTF.

Régularisons les clandestins et nationalisons les réseaux sociaux !

Bombardée magistrate à la Cour des comptes, suite à un « processus de recrutement indépendant » comme seuls savent en concocter les socialistes, Mme Vallaud-Belkacem est restée malgré tout la présidente d’une association immigrationniste financée essentiellement par des fonds publics. Le minimum qu’elle aurait pu faire était de mettre un bémol médiatique à ses désirs migratoires – mais rien n’arrête l’idéologue, pas même le devoir de réserve auquel l’astreint normalement une fonction institutionnelle. Pierre Moscovici, la mort dans l’âme, s’est vu obliger de saisir le comité de déontologie de la Cour des comptes afin qu’il examine « la compatibilité de cette prise de position publique avec les obligations déontologiques qui s’imposent à Mme Vallaud-Belkacem ». Toutefois, le risque encouru par l’ancienne ministre de l’Education est minime : au pire, un rappel au règlement.

Najat Vallaud-Belkacem semble avoir également de plus en plus de mal avec la liberté d’expression. Surtout depuis que celle-ci se défend bec et ongles face à la nomenklatura politico-médiatique. Il y a un an, dans Le Figaro, après maintes circonlocutions sur la lutte contre la « pollution numérique », le « cyber-harcèlement », la « manipulation des algorithmes » et sur « notre incapacité à nous poser des limites », elle dévoilait le seul programme étatique pouvant avoir grâce à ses yeux : il est nécessaire, écrivait-elle, de « rationner Internet, par exemple en accordant un nombre limité de gigas à utiliser quotidiennement » car « si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes ». Partisane d’un contrôle de l’information permanent, elle se vante sur son blog d’avoir favorisé, dans le cadre d’une orwellienne « éducation aux médias et à l’information » imposée par la Commission de Mme von der Leyen, des interventions dans les établissements scolaires avec l’appui de journalistes de… l’AFP, l’agence de presse bien connue pour délivrer une « information indépendante et objective » en toute circonstance. En réalité, sous couvert de combattre « la haine et les violences en ligne », de protéger les enfants et d’éviter des « ingérences étrangères lors des élections », Mme Vallaud-Belkacem préconise ce qu’elle sait être dans les tuyaux des instances bruxelloises et dans l’esprit de gens comme Emmanuel Macron, Nathalie Loiseau ou Raphaël Glucksmann, à savoir un contrôle accru des moyens d’expression permettant surtout d’étouffer les opinions dissidentes.

Liberté d’expression, j’écris ton nom

Le 15 novembre 2025, Najat Vallaud-Belkacem était reçue sur France Info TV, dans l’émission Vrai ou Faux animée par le journaliste Julien Pain. Attardons-nous un instant sur ce dernier.

Ex-rédacteur du site de Reporters sans frontières (2003-2007), ONG financée entre autres par l’UE, l’Agence Française de Développement (AFD), des organisations comme l’United States Agency for International Development (USAID) et l’Open Society Foundation de George Soros[1], Julien Pain travaille dans l’audiovisuel public depuis bientôt vingt ans. Il est considéré, du moins par lui-même et par les médias mainstream, comme un spécialiste de la lutte contre la désinformation, un éminent fact-checker. En 2023, avec ses camarades Rudy Reichstag et Tristan Mendès-France – fondateurs de Conspiracy Watch et de Complorama, une série de podcasts censés analyser « l’activité de la complosphère » hébergée sur le site de France Info – il fait paraître dans Le Monde une tribune dénonçant « les dérives complotistes » du réseau social X. La liberté d’expression totale promue par Elon Musk n’enchante guère tous ces argousins du système médiatique. Un peu plus tard, les mêmes déploreront la décision de Mark Zuckerberg de renforcer la liberté d’expression sur ses réseaux en commençant par virer les… fact-checkers, qu’il trouve trop idéologiquement orientés. C’est que malgré un travail qu’ils qualifient de « rigoureux », ces commissaires politico-médiatiques ne découvrent le plus souvent des fake-news que du côté de la droite, de l’extrême droite, des « médias bollorisés » ou du parti Républicain américain, et quasiment jamais du côté de la gauche, de l’extrême gauche, des médias contrôlés par Matthieu Pigasse ou Rodolphe Saadé, de l’UE ou du parti Démocrate américain. Étrange ! Lorsque Julien Pain tweete : « Le grand remplacement est une théorie raciste » (7 août 2022), ce n’est pas une fake-news, c’est une information. La preuve : elle lui a été confirmée par le professeur au Collège de France François Héran, celui-là même qui pense que « notre pays n’a pas pris sa part dans l’accueil des réfugiés » et que, de toute manière, c’est inéluctable, il faut « faire avec l’immigration[2] ». Lorsque le Julien Pain de 2025 s’acharne avec Mme Vallaud-Belkacem sur lessoi-disant fake-news qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias alternatifs en réclamant toujours plus de surveillance et de censure, il oblitère le Julien Pain de 2005 qui, dans son Guide pratique du blogger et du cyber-dissident,dénonçait le contrôle opéré par des régimes autoritaires sur les moyens d’expression indépendants : « Reconnaissons que les blogs sont un formidable outil pour la liberté d’expression. Ils ont délié les langues des citoyens ordinaires. Ceux qui jusqu’à présent n’étaient que des consommateurs d’information sont devenus les acteurs d’une nouvelle forme de journalisme. […] Dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté. La plupart des régimes autoritaires de la planète cherchent aujourd’hui à contrôler les informations auxquelles accèdent leurs internautes. Ils parviennent de mieux en mieux à purger le web de celles qui les dérangent. […] En matière de censure, chaque pays a son style et sa tactique, mais tous n’ont qu’une idée en tête : garder le contrôle du jeu. » Je n’aurais pas su mieux décrire ce qui se passe actuellement dans l’UE en général, en France en particulier… Un programme de contrôle des réseaux sociaux et des médias s’y met effectivement en place dans l’indifférence générale. Le DSA (Digital Services Act) et le BDE (Bouclier Démocratique Européen) en font partie ; ils prévoient que chaque pays membre de l’UE désigne des « signaleurs de confiance » qui rapporteront à des organismes « indépendants » – en France, l’Arcom – « certains types de contenus illicites en ligne tels que les discours de haine ». Novlangue européiste oblige, cet espionnage illimité de nos échanges sur Internet est joliment appelé « défense de l’espace informationnel » et permettra, paraît-il, d’assurer « l’intégrité de l’information ». Le flicage des réseaux sociaux voulu par Emmanuel Macron participe de la censure institutionnalisée qui se met subrepticement en place. La notion de « désinformation climatique » adoptée par la France dans le cadre de la COP30 est par exemple une notion despotique entérinant officiellement l’interdiction de débattre sur le « dérèglement climatique ». Cette surveillance totalitaire qui ne dit pas son nom est naturellement adoubée par Julien Pain et Najat Vallaud-Belkacem.

Mensonge par omission et grosse caisse

Mais revenons à l’émission Vrai ou faux du 15 novembre. Julien Pain présente Najat Vallaud-Belkacem : « Vous avez été longtemps une figure du parti socialiste, ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, vous êtes aujourd’hui présidente de France Terre d’asile. » Le journaliste ment par omission en ne rappelant pas aux téléspectateurs que Mme Vallaud-Belkacem a été récemment nommée conseillère-maître à la Cour des comptes – ce qui oblige à un devoir de réserve sur lequel « cette figure du parti socialiste » va, une fois de plus, s’asseoir. Après avoir abordé un sujet sur l’Éducation nationale permettant surtout à l’ex-ministre de s’auto-congratuler, le journaliste propose de vérifier une affirmation de Christine Kelly sur CNews : les livres de Jordan Bardella, Philippe de Villiers et Éric Zemmour caracoleraient en tête des ventes. Le reportage qui suit confirme cette réalité mais insiste lourdement sur le fait que ce sont « des livres d’extrême droite », « des auteurs d’extrême droite », « des personnalités d’extrême droite ». Conclusion à laquelle nous ne pouvions pas échapper : « Ce succès témoigne de la normalisation des discours d’extrême droite, notamment avec l’influence de Vincent Bolloré ». L’historien Alexis Lévrier interviewé par France Info TV nous apprend par ailleurs des choses stupéfiantes : « La réussite de la croisade bolloréenne réside dans la capacité à utiliser des marques médiatiques reconnues » [Fayard, en l’occurence] et à organiser des « campagnes de promotion massive dans les médias du milliardaire ». Était-il vraiment nécessaire de sortir de sa torpeur universitaire ce générateur de lieux communs idéologiques ? Une voix off nous rassure cependant en nous apprenant que le livre de l’écologiste Salomé Saqué, Résister, s’est également très bien vendu. En revanche, reconnaît Julien Pain, les derniers livres de Xavier Bertrand et d’Anne Hidalgo ne semblent pas partis pour connaître le même genre de succès – c’est un euphémisme : sur le site d’Amazon, la note moyenne donnée au bouquin de Mme Hidalgo est de… 1,6 sur 5, et le commentaire le moins dur que j’ai pu y glaner est celui-ci : « Une plongée abyssale dans le vide – une écriture aussi palpitante qu’un discours administratif sur la réglementation des pistes cyclables. » Bref, les livres des droitards « radicalisés » marchent beaucoup mieux que ceux de la droite mollassonne ou des bobos socialistes. Oui mais, explique doctement Mme Vallaud-Belkacem, c’est parce que l’empire Bolloré est rudement bien fichu et terriblement efficace – il fait « caisse de résonance ». Julien Pain a l’honnêteté de rappeler que Salomé Saqué et Gabriel Zucman ont bénéficié d’une très large couverture médiatique – en particulier dans l’audiovisuel public, est-on obligé d’ajouter. Alors là, tenez-vous bien et attachez vos ceintures, car Mme Vallaud-Belkacem va se livrer à un numéro de haute voltige, une cascade rhétorique époustouflante aboutissant à une conclusion sidérante : « Mais je n’identifie pas la même caisse de résonance s’agissant de Salomé Saqué et Gabriel Zucman, je n’identifie pas la même caisse de résonance, aussi organisée que celle de Bolloré. Il faut le reconnaître, Vincent Bolloré et d’autres à ses côtés ont réussi à mettre en place une espèce de système totalement intégré dans lequel ce sont toujours les mêmes qu’on va entendre sur les antennes, sur les ondes, dont on va survaloriser le moindre livre, quel que soit son intérêt – j’avoue avoir quelques doutes – et pour lequel on va mettre en place un plan de distribution extrêmement efficace. Est-ce qu’il faut en tirer comme conclusion qu’il y a une appétence de l’opinion publique française pour ces lectures-là ?. »

Mme Vallaud-Belkacem, ce soir-là, s’est surpassée. Elle est apparue comme la parfaite incarnation de la gauche socialiste, cette gauche bornée qui ne voit rien, qui n’entend personne, corrompue tout à la fois par une conception doctrinale du monde et un féroce appétit pour les postes de pouvoir, postes qu’elle est parvenue à préempter malgré ses résultats électoraux désastreux et le peu de considération que lui portent les Français. De ce point de vue-là, Mme Vallaud-Belkacem est un modèle du genre – elle coche toutes les cases de l’apparatchik socialiste qui, ayant participé avec ardeur à la destruction de la France, continue de mépriser les Français et de leur faire la leçon tout en profitant d’un système lui permettant de ne pas se confronter au réel et de vivre confortablement aux frais des contribuables. Insupportable !

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[1] Source : Maxime Vivas, La Face cachée de Reporters sans frontières : de la CIA aux faucons du Pentagone, 2007, Éditions Aden.

[2] François Héran, Immigration : le grand déni, 2023, Le Seuil. Titre trompeur, puisque François Héran se propose surtout de dénoncer l’aveuglement de certains représentants politiques et d’une large partie de la population qui ne voient pas que : 1) l’immigration n’est pas si importante que ça ; 2) elle est de toute manière inexorable ; 3) ok, elle est massive mais elle est aussi indispensable ; 4) circulez, y’a rien à voir…

Pour une thérapie collective

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« Pour une démocratie conflictuelle et non pas un théâtre d’intimidation morale »


Le titre annonce un état de fait : une société malade. Le livre nous en donne un diagnostic percutant et nous propose des remèdes qui ne prétendent pas tout résoudre mais réhabilitent la pratique du conflit. Car « la modernité démocratique en est venue à perdre de vue la réalité conflictuelle du politique ; c’est-à-dire la confrontation des visions du monde, des normes et des régimes symboliques ». Charles Rojzman est l’inventeur de la « thérapie sociale » qui met en présence des groupes antagonistes afin de travailler le dit conflit. « La thérapie sociale s’appose à toutes les illusions modernes : celle du progrès qui promet la réconciliation automatique, celle de l’inclusion décrétée par le droit, celle du dialogue réduit à un rituel pacifiant. » Il est précisé que « guérir, ici, n’est pas accéder au bonheur, mais pratiquer sans fin ce travail qui empêche la mort de gouverner. Refuser de transmettre la haine, voilà la véritable guérison ».

Cette conscience tragique est ce qui permet à Charles Rojzman de dénoncer la pureté idéologique à l’œuvre aussi bien dans l’islamisme que dans le wokisme et chez les décoloniaux, lesquels s’épaulent mutuellement pour éradiquer le passé : « poids pour l’idéologie marchande, impureté pour l’islamisme, faute pour la gauche morale » qui s’entendent également pour détruire le monde commun de la nation et pour empêcher tout débat. Dans sa stratégie, ce totalitarisme à plusieurs têtes « détourne nos normes contre nous, impose une inversion sémantique : la résistance devient fascisme, la lucidité « islamophobie », et la défense des droits humains une forme d’agression néo-coloniale. » La tyrannie de la vertu partout s’impose, celle-là même qui refuse de voir que la haine est constitutive de la condition humaine et qui, de la refouler, la pratique sans cesse : « On ne veut plus comprendre : on veut haïr avec vertu, accuser avec pureté ». Pour les « jeunes croisés du progrès », il ne s’agit plus de construire, mais « de se sentir justes dans la ruine. » Pour y remédier, il faut une refondation anthropologique et reconquérir le peuple en déshérence depuis l’abandon de la lutte des classes au bénéfice de luttes imaginaires : Blancs contre Noirs, dominants contre dominés, binaires contre non binaires etc. « Les enfants tristes de l’hédonisme », tous ces « mineurs isolés » parce que l’adulte fait défaut, se sont substitués au peuple dans cette nouvelle gauche composée de « milieux urbains, souvent diplômés, très connectés aux médias, aux ONG, aux universités. » ; ceux-là mêmes qui « veulent l’héritage mais pas la filiation, qui refusent l’hymne mais réclament la bourse. » Et pour revenir au peuple et lui donner droit de cité, Jaurès est convoqué : « Ce qui manque le plus au peuple, dans l’ordre intellectuel et moral dont tout le reste dépend, c’est le sentiment continu, ininterrompu, de sa valeur. »

Ce livre extrêmement précis dans ses analyses, parfois douloureux, est porteur néanmoins d’une espérance et d’un combat. 


La société malade. Échec du vivre ensemble, chaos identitaire : comment éviter la guerre civile, Charles Rojzman, Fyp, 2025. 224 pages

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Stéphane Barsacq: que la joie demeure

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J’ai une manie : je tourne toujours les pages d’un livre avant de le lire. Lorsqu’il ne s’agit pas d’un roman, je regarde la fin. L’ouvrage de Stéphane Barsacq n’étant pas un roman mais une suite de courts chapitres réunis par la réjouissance – titre qu’il donne à son ouvrage – je n’ai pu résister à cette manie. Et j’ai découvert que La Réjouissance, confession déguisée de l’auteur, a été imprimé par Grafiche Veneziane à Venise, « non loin des tombes, est-il précisé, de Serge Diaghilev, Igor Stravinsky et Ezra Pound », c’est-à-dire non loin du cimetière de San Michele, où je me suis souvent perdu l’hiver quand la brume enveloppait les cyprès. Le silence n’y est pas le même : il est si profond qu’il rappelle le tragique de la condition humaine. Cette impression à Venise n’est donc pas le fruit du hasard.

Douleur et joie

Stéphane Barsacq souligne, lors de cette promenade à laquelle il nous convie, promenade dans les allées de l’Esprit éclairée par la Beauté, que le sentiment de la tragédie accable certes le monde mais qu’il doit être combattu avec l’aide d’une force de résistance : la joie au fond du cœur. Son ouvrage est un hymne à la joie. Et il est suffisamment puissant pour tenir en respect les discours nihilistes qui ne cessent de se développer. Ses contre-exemples obligent à nous tenir debout et non vacillants, voire couchés. Les écrivains, philosophes, historiens ou penseurs qu’il évoque, avec intelligence et originalité, parfois avec émotion – certains comptèrent parmi ses amis – nous donnent l’élan vital pour chasser les idées noires insufflées par la société qui s’évertue à nous rendre dépressif tout en affirmant le contraire. Il faudrait presque s’excuser d’être né, le cœur nourri par la joie.

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L’ouvrage de Barsacq fait donc du bien et renvoie la rentrée littéraire à la poussière des siècles. La leçon, une fois l’ouvrage refermé, pourrait se résumer ainsi : il s’agit d’avoir beaucoup souffert, beaucoup enduré de peines « pour éprouver l’improbable de la joie retrouvée. » En d’autres termes, la joie ne peut s’éprouver qu’après la douleur. Une vie faite uniquement de joie ne peut savoir ce qu’est la réjouissance. La société qui nous vend du bonheur au quotidien nous ment, pour notre plus grand malheur. Barsacq cite Vladimir Jankélévitch qui évoque cette joie printanière qui « envahit l’homme congelé par le long hiver du remords ». « La réouverture de l’horizon, c’est-à-dire de l’avenir, de l’espérance, précise le philosophe, déverrouille notre désespoir stationnaire. » Et même les plus pessimistes devraient, à l’instar de Pascal, parier sur la joie. Ils ne risquent rien de le faire, sinon de retrouver le visage de l’enfance, l’été.

Portraits lumineux

Parmi la galerie de portraits que propose Barsacq, il faut avant tout retenir celui de son ami Lucien Jerphagnon qui se qualifiait lui-même de « barbouze de l’antiquité ». L’homme a connu la déportation, et compris le sens du mot sacrifice. Il est parvenu à surmonter les épreuves, il s’est élevé au-dessus d’elles par l’esprit, sans dogmatisme aucun, ne faisant confiance en définitive qu’à la solidarité entre les hommes de bonne volonté réunis autour des mêmes interrogations : sur l’amour, sur la mort et sur Dieu. Il revenait sans cesse, lorsque la nuit ressemblait à celle de Goya, entendant le cliquetis des spectres, au rire de son enfance. Barsacq évoque également Edmond Jabès qu’il a connu et aimé. Lui aussi fut toujours guidé par l’esprit d’enfance. Il nous invite à lire Le livre des Questions qu’il a découvert en Terminale. « Un livre où Jabès parle beaucoup de judaïsme, même s’il importe assez peu qu’on soit Juif pour le lire : le mot juif désigne l’image de ce que chacun est, même s’il ne le sait pas, quoiqu’il le vive : un errant sur le chemin des vérités écartelées. » Jabès est mort un 2 janvier. De quoi penser à lui au moment où s’ouvre devant nous une nouvelle page incertaine à écrire ; de quoi « lui dire merci d’avoir laissé le temps ouvert, d’avoir pris sa part avec amour. » Le livre de Barsacq ne cesse de nous apporter la fraîcheur qui nous manque tant aujourd’hui. Il cite encore Dante, Yves Bonnefoy – échange abyssal avec lui à Montmartre – André Suarès, Rimbaud, Cioran, et tant d’autres. Sans oublier les larmes de Mme Jankélévitch, entendant la voix de son défunt mari. Il raconte aussi que la tombe de l’immortelle Jacqueline de Romilly est introuvable, puisque qu’elle est inscrite sous son nom de jeune fille : Jacqueline David. Barsacq, à son propos, écrit, ce qui pourrait résumer la leçon de son ouvrage : « Aristocrate de cœur, ‘’Jacqueline de Romilly’’ ne sera telle à jamais que dans ses livres, et rien que dans ses livres. »

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Dans son introduction – et c’est pour cela que j’ai parlé de confession – Barsacq révèle qu’il a failli mourir d’une méningite. Durant plusieurs années, il a dû vivre en retrait du monde. « Quelques-uns m’ont donné pour mort, avoue-t-il, et ont pensé s’en réjouir. J’ai eu à subir l’iniquité. » Ce qui l’a sauvé, c’est la lecture et la pratique de l’écriture. Comme Antigone, il a appris à dire : non ! Les grands auteurs, ceux avec lesquels on se sent contemporain, et qu’on révère, ont su fortifier sa Joie. Nous avons tous les nôtres. Leurs livres sont là, à portée de regard. Ils chassent les oiseaux de malheur.

Stéphane Barsacq, La Réjouissance, Éditions de Corlevour. 192 pages

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Dire la schizophrénie

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David Thomas, connu pour ses nouvelles, fait une première incursion dans le domaine de l’autofiction et signe un livre admirable sur la maladie mentale.


En France, six cent mille personnes sont diagnostiquées schizophrènes. Mais que sait-on d’elles ? La maladie mentale reste taboue y compris au sein des familles. Le journaliste Nicolas Demorand a été l’un des premiers à briser le silence. Dans son livre Intérieur nuit, il racontait sans fard sa bipolarité. Un récit dont le succès témoigne bien du vide entourant ces questions.  « En matière de psychiatrie, écrit David Thomas, qui ne voit pas, ne sait pas ». L’écrivain, prix Goncourt de la nouvelle en 2023, va donc donner à voir dans un livre poignant intitulé Un frère.

On ne choisit pas ses sujets

Ce frère c’est Edouard, un jeune homme brillant, charmeur, audacieux qui, aux abords de la vingtaine va être diagnostiqué schizophrène. Longtemps David Thomas s’est interdit d’écrire sur ce que son aîné traversait. Puis ce dernier a été retrouvé mort à son domicile. Non de sa maladie mais d’un double AVC, ischémique et hémorragique. Alors le besoin d’écrire s’est imposé. L’écrivain sait pourtant que le livre sera pénible, douloureux. Il sait que pour la première fois il sera obligé d’avancer à visage découvert. Mais voilà. On ne choisit pas ses sujets. On est choisi par eux. Alors courageusement David Thomas s’attèle à la tâche. Il lui faudra passer outre le sentiment de culpabilité à l’idée d’utiliser la maladie de son frère à des fins littéraires. Passer outre la peur d’écrire « un livre de plus ». Passer outre la peur de ne pas y arriver. Le livre s’ouvre sur une scène déchirante. À l’occasion d’un mariage des convives virevoltent une coupe de champagne à la main. Un homme seul « semblait enfermé en lui-même et répondre à une voix intérieure (…) Son masque était celui de quelqu’un qui a compris que plus rien ne changera, que c’est perdu, que c’est fini (…) Les convives le contournaient, l’évitaient ». Pendant presque quarante ans, Edouard va se battre contre la maladie. Et David Thomas va l’accompagner dans son combat. Son livre raconte les hospitalisations forcées, la culpabilité des proches, les cris, la violence, les mains qui tremblent, le regard hébété, la crasse.

Un calvaire

« Quand on a vu ça, on sait que rien n’est plus dégueulasse que la maladie mentale » confesse l’écrivain. Il ne cache pas être passé par tous les stades, de l’insouciance à la cassure inévitable pour sauver sa peau, en passant par l’aveuglement, le déni, l’illusion, l’évitement, la distance mais aussi « l’abattement, la tristesse, la colère, la thérapie, l’alcool, l’isolement le mensonge, la peur ». Il ne cache pas non plus le calvaire de sa famille. La permanence de ce qu’il appelle pudiquement « une sorte de brouillard perpétuel » qui recouvrait toute possibilité de joie. Edouard sera hospitalisé plusieurs fois à Sainte Anne puis à la clinique de Meudon. Il lui arrivera parfois de renouer avec le travail redonnant chaque fois espoir à ses proches avant de sombrer à nouveau.

Un frère est un livre sombre, terrible. Comment aurait-il pu en être autrement ? C’est aussi un livre solaire, poétique, qui retrace les jours heureux d’avant la maladie. C’est surtout une déclaration d’amour bouleversante à un frère disparu.

Un frère de David Thomas, Editions de l’Olivier. 144 pages

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Allemagne: face à l’AfD, le système se crispe

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L’Allemagne glisserait-elle vers l’autoritarisme? Par un curieux jeu d’alliances, les électeurs qui ont massivement voté à droite se retrouvent avec une coalition de centre gauche! Quant aux tentatives de museler l’AfD (Alternative für Deutschland, droite radicale), elles évoquent de plus en plus celles d’un État policier. Alain Destexhe raconte.


À force de lutter contre la résurgence fantasmée d’un Troisième Reich imaginaire, obsédée par le succès de l’AfD, l’Allemagne se transforme peu à peu en État autoritaire d’un nouveau type.

Reprenons la chronologie. Quelques semaines avant les élections législatives anticipées du 23 février 2025, le Bundestag vote une résolution non contraignante visant à limiter l’immigration, adoptée grâce au soutien de l’AfD, parti qualifié « d’extrême droite ».

Pour la première fois, le cordon sanitaire – le « mur de feu » (Brandmauer) – censé isoler l’AfD a été rompu. Les partis de gauche et les médias, scandalisés, amplifient la rhétorique antifasciste contre la CDU, le parti chrétien-démocrate. À les entendre, le 3ᵉ Reich n’est pas loin.

Le peloton d’exécution médiatique

Deux jours plus tard, sur le même thème de l’immigration, la CDU trouve un accord avec les autres forces politiques pour éviter l’appui de l’AfD. Mais Friedrich Merz, alors candidat au poste de chancelier, a senti passer le vent des balles du peloton d’exécution médiatique et la fin de sa carrière. Il jure qu’il ne fera plus jamais alliance avec l’AfD.

Viennent les élections, remportées par la CDU/CSU avec 28,5 % des voix, mais avec une nouvelle percée de l’AfD qui atteint 21 % et se place deuxième. Ensemble, la CDU et l’AfD disposent d’une large majorité au Bundestag ; leurs programmes sont compatibles sur de nombreux points, notamment sur l’immigration. Électoralement, cette coalition, conforme au vœu des électeurs, s’impose.

Le prix du soutien des Verts

Cependant, ces deux partis divergent sur l’Ukraine et le président Donald Trump exige une augmentation des dépenses militaires des pays de l’OTAN à 5% du PIB. Il n’y a cependant pas de majorité absolue dans le nouveau parlement pour voter cette augmentation massive, car l’AfD et l’extrême gauche (Die Linke) y sont hostiles.

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Dès lors, après avoir obtenu un changement de la Constitution, l’ancien parlement – qui n’a donc plus de légitimité ! – approuve au cours de la période transitoire, une augmentation massive des dépenses militaires de 500 milliards d’euros sur douze ans.

Pour parvenir à ce résultat, le soutien des Verts (Die Grünen) était indispensable. Le prix à payer ? 100 milliards d’euros pour de nouvelles politiques climatiques, alors qu’ils viennent de subir une défaite aux élections (11,6 % des voix) !  L’Allemagne, dont l’électricité est la plus chère d’Europe et qui produit encore du charbon, durcit encore un peu plus ses politiques énergétiques. Qu’importe l’industrie allemande, la bonne conscience l’emportera !

Un gouvernement de centre gauche

Pour former une coalition avec seulement deux partis, la CDU n’a d’autre alternative que de s’allier avec le SPD, les sociaux-démocrates qui viennent de subir la pire défaite électorale de leur histoire (16,5 %). Mais comme Friedrich Merz a d’emblée exclu de gouverner avec l’AfD, le SPD parvient à imposer son programme. L’Allemagne, qui a voté à droite, se retrouve avec une coalition de centre gauche !  Les électeurs sont ainsi bafoués, ridiculisés, méprisés par un système politique et médiatique qui n’accepte plus la logique démocratique.

Le retour d’une police politique ?

En parallèle, les tentatives d’interdire l’AfD se multiplient. En mai 2025, le renseignement intérieur l’a classée comme « extrémiste de droite avéré ». Cette décision, contestée en justice, a été provisoirement suspendue par le tribunal administratif de Cologne, en attendant un jugement définitif. Si elle était confirmée, elle donnerait des pouvoirs très étendus à la police pour infiltrer l’AfD et écouter les communications privées de membres du parti. Pour « protéger la démocratie », l’Allemagne utiliserait ainsi les pouvoirs d’un État policier. Certains évoquent des méthodes dignes de la Stasi…

Maccarthysme à l’allemande

En juillet, un pas de plus vers l’État autoritaire a été franchi. En Rhénanie-Palatinat, un des Länder, le gouvernement local (SPD-Verts-FDP) annonce un gel des embauches de fonctionnaires pour les membres de l’AfD dans la fonction publique. Les candidats doivent désormais déclarer ne pas avoir été membre de ce parti au cours des cinq dernières années. Pour ceux déjà en place, l’appartenance à l’AfD peut constituer une faute disciplinaire. 

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Cette chasse aux sorcières évoque le maccarthysme. Certains rappellent même que dès 1933, les nazis avaient massivement exclu les communistes de la fonction publique… Ces mesures, ces menaces d’interdiction traduisent en fait une peur panique de l’AfD. Il s’agit de verrouiller le système en place plutôt que d’accepter le verdict des urnes. 

Censure sur les réseaux

À ces dérives, en fonction de l’article 130 du Code pénal, s’ajoutent les intimidations, les visites de la police, les poursuites judiciaires pour des post sur les réseaux sociaux comme avoir traité un ministre « d’imbécile », qualifiée une autre de « grosse » ou encore les fonctionnaires de « parasites », un post vu par quelques centaines de personnes à peine. Ces pratiques tendent à confirmer les fameux propos J.D. Vance (en février 2025, lors de Conférence de sécurité de Munich) constatant que la liberté d’expression est en recul en Europe. Toutefois, ces manœuvres ne semblent pas nuire à l’AfD. Les derniers sondages d’intention de vote la donnent au coude-à-coude avec la CDU, autour de 25 %, et parfois même devant.

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Égalité de tous devant l’impôt: l’autre séparatisme

La centaine de milliardaires que compte la France paie deux fois moins d’impôts que les autres contribuables. Ce tour de passe-passe fiscal prive le pays d’un pognon de dingue.


Cela paraît à peine croyable. À la lumière des travaux de l’économiste Gabriel Zucman – et de bien d’autres –, les ultra-riches ne paient pas, ou presque, d’impôt sur le revenu. Aussi, ils ne contribuent pas à la solidarité nationale au même titre que les autres catégories sociales.

Un premier chiffre : si tous nos milliardaires partaient s’installer demain dans un paradis fiscal, la perte de recettes pour le Trésor public ne serait que de 0,03 %. Vertigineux. Quand les ultra-riches se rémunèrent via des sociétés holdings pour faire écran à l’impôt, n’est-ce pas un séparatisme ? Face au principe d’égalité de tous face à l’impôt, inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, comment caractériser une telle situation ?

Un second chiffre : sur les 2 440 milliards d’euros de revenu national en 2024, la puissance publique a prélevé 1 250 milliards d’euros en cotisations sociales, TVA, impôts sur le revenu et sur les sociétés, taxe foncière et autres impôts divers. Soit un taux de prélèvement obligatoire de 51 %. C’est le prix de notre choix de société pour les retraites, la santé, l’éducation et la solidarité nationale. Les classes populaires s’acquittent de 45 % environ de leurs revenus en impôts et cotisations. On atteint les 50 % pour les classes moyennes. Puis, pour les 10 % les plus riches, on dépasse légèrement les 50 %. Enfin, si l’on retire l’ensemble des prestations sociales du montant d’impôt payé, le taux d’imposition des classes populaires est de 30 %.

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Pour les milliardaires, et ils sont les seuls dans cette situation, le taux de prélèvement obligatoire s’effondre à 25 %. Ils nous privent d’un pognon de dingue. La centaine de milliardaires que compte notre pays paient donc proportionnellement à leurs revenus deux fois moins d’impôt que la moyenne des Français. L’impôt sur le revenu s’évanouit au plus haut sommet des fortunes françaises en ne représentant que 2 % du revenu. Certes, l’impôt sur les sociétés qui absorbe 23 % de leurs revenus vient légèrement corriger cette estimation. Mais insuffisamment.

Comme l’observe Gabriel Zucman, « la conclusion est simple : les milliardaires ne paient aucun impôt d’un montant significatif autre que l’impôt sur les sociétés dont s’acquittent les sociétés qu’ils possèdent ». Mais ces sociétés étant très internationalisées, la moitié de cet impôt est acquitté à l’étranger. Ainsi, la contribution des milliardaires aux finances publiques ne s’élève pas à 25 % de leurs revenus, mais à seulement 13 %. Soit un taux inférieur à celui de toutes les autres catégories sociales.

Cette méga-optimisation est rendue possible grâce aux sociétés holdings. Elles reçoivent les revenus des milliardaires, principalement des dividendes. Et ces dividendes ne sont quasiment pas fiscalisés, quand un actionnaire ordinaire s’acquitte d’un impôt forfaitaire (flat tax) de 30 %.

Mettre fin à cette inégalité n’est en rien une « joie mauvaise » dirigée contre les super-riches, mais simplement l’exigence, fiscale et morale, de rétablir le principe républicain d’égalité devant l’impôt. Qui est pour ? Qui est contre ? Répondre à cette question va permettre une indispensable clarification politique. Si la société française est devenue une véritable cocotte-minute, c’est aussi au regard de cette réalité : les inégalités se creusent dramatiquement. Dangereusement. Notre peuple est un peuple politique. La passion française pour l’égalité constitue un pan essentiel de notre identité. La messe n’est pas dite.

La jizya invisible

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Séparatisme. Quand la peur change de camp


L’idée que la France serait « islamisée » alimente à la fois les fantasmes les plus alarmistes et les dénégations les plus morales.

Pourtant, si l’on délaisse ces réactions réflexes pour adopter une perspective anthropopolitique — celle qui considère les formes profondes d’organisation du lien social —, une réalité moins spectaculaire mais plus décisive apparaît : notre société est déjà partiellement islamisée sur ses marges.

Cette islamisation procède d’un phénomène plus diffus : l’installation de schèmes culturels, hérités de l’histoire islamique, dans les zones où l’État s’est retiré, où le « nous » national se défait, et où se reconstituent, spontanément, des formes anciennes de hiérarchie et de domination.

Domination informelle

Dans cette perspective, la jizya — impôt traditionnel imposé aux non-musulmans dans l’islam pré-moderne — n’est pas seulement un vestige juridique appartenant au passé. Elle est la manifestation d’une structure anthropologique fondamentale: un groupe dominant exige des autres un tribut pour leur permettre d’exister sur son territoire.

Historiquement, la jizya n’était pas un simple impôt financier. C’était un rituel de subordination : un paiement qui signifiait la reconnaissance d’une supériorité politique et spirituelle. Ce qui importe ici n’est pas la théologie, mais la logique du pouvoir: l’idée que la présence des uns est conditionnée par la dette qu’ils doivent aux autres.

Or, dans certains territoires français, où l’État est devenu extérieur, où la police est vécue comme hostile, où le lien civique s’est dissous, ce schème ancien se réinstalle sous une forme inversée : non plus au bénéfice d’un pouvoir religieux, mais d’une contre-société juvénile ; non plus comme loi écrite, mais comme domination informelle ; non plus comme obligation spirituelle, mais comme tribut symbolique ou matériel que la société doit payer pour pouvoir circuler, travailler, vivre.

C’est cette réactivation silencieuse d’une logique pré-moderne — la jizya invisible — que le texte suivant analyse en profondeur.

La jizya invisible : domination inversée et crise du lien civique

Il est frappant de constater à quel point certaines réalités apparemment sans rapport — un impôt religieux médiéval et la délinquance urbaine contemporaine — peuvent, lorsqu’on en dégage la structure, révéler une parenté profonde. La jizya appartient certes au monde historique de l’islam pré-moderne. Mais elle appartient aussi, plus fondamentalement, à une anthropologie du pouvoir : elle exprime la manière dont une collectivité se représente sa supériorité, et la façon dont elle exige des autres un signe tangible de cette supériorité.

Ce qui nous intéresse ici n’est pas l’islam en tant que religion, mais la logique anthropopolitique qui s’attache à la jizya : celle d’une dette instituée, d’un monde divisé entre ceux qui sont chez eux — et qui font payer les autres pour entrer — et ceux qui doivent acquitter le prix de leur présence.

La jizya comme matrice symbolique : le monde structuré par la dette

Dans les sociétés pré-modernes, la dette n’est pas seulement économique : elle est politique, cosmique, moralement structurante. Elle ordonne le monde. La jizya, dans ce registre, institue une hiérarchie visible : un groupe central, légitime, une périphérie tolérée à condition de payer sa dette d’existence. Le paiement n’est pas une transaction : c’est un rituel de reconnaissance d’infériorité.

Ce schème anthropologique ne disparaît jamais totalement. Les croyances s’en vont, les structures demeurent. Il peut se vider de son contenu théologique, mais conserver son efficacité symbolique.

Or ce schème resurgit sous d’autres formes dans la France contemporaine.

Non parce que l’islam réactiverait mécaniquement ses formes anciennes, mais parce que la crise du monde moderne crée un vide où ces structures symboliques, disponibles dans les imaginaires culturels, peuvent se réinstaller.

Fracture d’appartenance : quand la société devient un extérieur

Pour comprendre les comportements délinquants actuels, il faut partir d’un fait massif : une partie de la jeunesse issue de l’immigration ne se pense pas comme appartenant à la communauté politique française. Elle est de fait française, mais ne se vit pas comme telle. Ce désajustement n’est pas seulement socio-économique ; il est anthropologico-politique. L’État n’est pas perçu comme “notre État”, mais comme une puissance lointaine, neutre ou hostile.

La police n’est pas une institution partagée, mais une force d’occupation. Les aides sociales ne sont pas un instrument de solidarité, mais une réparation minimaliste due pour des injustices anciennes. Dans cette configuration, le lien civique — qui suppose réciprocité, appartenance, responsabilité — s’effondre. Et dans cet effondrement, se glisse un rapport de dette inversée.

L’impensé de l’État social : l’aide comme tribut

L’État-providence repose sur une présupposition implicite : l’aidé appartient à la communauté, contribue à la mesure de ses moyens, et la solidarité reçue appelle une solidarité rendue. Or ce présupposé ne tient plus dans certains segments de la population.

L’aide sociale est vécue comme une jizya versée par une société coupable.

Coupable de la colonisation, coupable du racisme, coupable de l’échec scolaire, coupable des discriminations, coupable de l’état du monde — peu importe : l’essentiel n’est pas la factualité, mais la structure du ressentiment.

Cette aide cesse d’être un soutien : elle devient un dû. Et comme tout dû, elle n’appelle ni reconnaissance, ni gratitude, ni engagement. Cette logique explique un paradoxe majeur de l’État moderne : plus il donne, plus il nourrit le ressentiment, dès lors que l’appartenance symbolique n’est pas assurée.

La délinquance comme tribut informel

Dans certains territoires, la criminalité n’est plus seulement une transgression de la loi : elle devient un mode d’organisation du pouvoir. Elle instaure, à l’échelle locale, un système de prélèvement symbolique — parfois matériel — sur ceux qui sont perçus comme étrangers à l’espace social des jeunes dominants.

Le vol, l’intimidation, le racket, les agressions ne relèvent pas seulement du manque, mais de la reconnaissance inversée : c’est à la société de payer. Payer pour le respect. Payer pour avoir le droit de circuler. Payer pour exister dans un territoire qui vous est désormais disputé. C’est une jizya sans nom, sans texte, sans dogme — mais avec une évidence ressentie. C’est l’actualisation brute du schème ancien : « Nous sommes ici, vous êtes tolérés. » J’insiste sur ce point : la démocratie est fragile car elle suppose l’adhésion intérieure à une communauté de semblables.

Quand cette adhésion se défait, ce n’est pas seulement le respect de la loi qui vacille: c’est la possibilité même de faire société. Or nous assistons aujourd’hui à une démutualisation radicale:

• l’État n’est plus une institution commune,

• l’aide n’est plus un outil de solidarité,

• la loi n’est plus un horizon partagé,

• le territoire n’est plus un espace commun.

Dans cette brèche, se réintroduisent des formes anciennes de rapports sociaux, non démocratiques : la hiérarchie, le tribut, la domination symbolique. La modernité ne recule pas devant l’islam: elle recule devant la désappartenance.

La crise du “nous”

Le parallèle entre jizya, délinquance et assistance sociale révèle une vérité plus large : la France ne souffre pas d’un problème religieux, mais d’un problème de communauté politique. Là où l’appartenance se défait, la dette imaginaire renaît. Là où le “nous” disparaît, la société redevient une juxtaposition de groupes — certains exigeant des autres un tribut pour accepter leur présence.

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas un conflit de religions, mais une crise de l’intégration politique, où les formes archaïques du rapport de force trouvent un terrain pour s’actualiser. C’est cette crise que je nous invite à comprendre : l’effondrement du lien civique comme matrice de toutes les déviations présentes — y compris celles que nous croyions reléguées aux marges de l’histoire.

La société malade

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Vengeance au poing

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Hervé Bazin: de Sainte-Anne au restaurant Drouant ?


C’est une œuvre qu’on lisait au collège. Les professeurs raffolaient de Vipère au poing, roman d’Hervé Bazin, et de son héroïne Folcoche, la mère mauvaise. Style sec, assez dur, et surtout un portrait au vitriol de cette femme qui martyrise ses trois enfants, dont le surnommé Brasse-Bouillon, narrateur contant les souffrances corporelles et psychologiques subies. Folcoche n’est pas Médée, elle ne tue pas ses enfants, mais c’est presque pire, elle les fait souffrir dans une vaste demeure provinciale transformée en univers concentrationnaire. C’est sa seule jouissance. Brasse-Bouillon lui résiste. Le garçon a du caractère et du courage. Il ne ressemble en rien à son père, veule et transparent, qui préfère collectionner les mouches plutôt que d’affronter sa déglinguée d’épouse.

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Succès de librairie

Ce violent roman d’apprentissage plaît à l’Éducation nationale car il montre la bourgeoisie sous un jour peu flatteur, où la moisissure des esprits discrédite une classe sociale jugée corrompue. Le succès de ce roman, publié en 1948, est fulgurant – 5 millions d’exemplaires vendus à ce jour. Folcoche devient Alice Sapritch le temps d’un téléfilm, en 1971 : une femme aux traits peu gracieux et à l’âme noire. L’héroïne d’Hervé Bazin est devenue le parangon de la mère sadique.

L’auteur se nomme en réalité Jean Hervé-Bazin. Il n’est pas tout jeune – né en 1911 – quand Grasset, l’éditeur qui vend des romans comme on vend des savonnettes, décide de publier le manuscrit. Il le rajeunit de quelques années, car c’est le cri de rage d’un jeune homme contre un père dévalorisé et une mère castratrice. Ce premier roman se veut entièrement autobiographique. D’aucuns considèrent qu’il faut attendre que la mère soit morte pour écrire efficacement. Hervé Bazin, lui, écrit pour tuer symboliquement la mère. La littérature a tout à y gagner. Mais Folcoche n’est pas Paule Guilloteaux, la mère de Jean et de ses deux frères. Elle est certes instable, maniaque, peut pincer sa progéniture, lui imposer la disette – ces notables de province ont des problèmes d’argent –, elle enferme tout à clef, même certains membres de sa famille, mais ce n’est pas l’ogresse décrite par son fils. Il a grossi le trait, et pas qu’un peu. Le futur président de l’académie du prix Goncourt, l’écrivain aux romans à gros tirages, le critique craint, bref l’homme qui règnera sans partage sur les lettres françaises, ferraillant contre Alain Robbe-Grillet et la bande du Nouveau Roman, invité perpétuel de l’émission Apostrophes, cet homme-là est un menteur, manipulateur, mythomane. Pire, c’est un faussaire, kleptomane, repris de justice, usurpateur d’identités, amant compulsif, interné psychiatrique. Son itinéraire pourrait se résumer ainsi : de Saint-Anne au restaurant Drouant.

Crime littéraire

Émilie Lanez a enquêté sur ce cas singulier déclaré « psychopathe constitutionnel » par les psys. Elle a retrouvé les témoins, a arpenté les lieux de ce crime littéraire. Elle a consulté les archives de la préfecture de police de Paris. Le dossier Bazin, malgré de nombreuses pièces effacées par l’intéressé lui-même, est consternant. L’auteure révèle une famille dévastée par ce roman. Un roman qui n’est pas autobiographique, là est la faute majeure de Jean Hervé-Bazin. On peut tout inventer – Clara Malraux revendiquait pour l’écrivain d’être mythomane – mais l’ouvrage ne doit pas être estampillé autobiographique. Le livre-enquête de Lanez intitulé Folcoche n’est pas manichéen. Elle parvient à montrer que l’écrivain retors était mu par un irrépressible désir de vengeance contre les Guilloteaux, en particulier Paule, la figure dominatrice. On apprend que ses parents sont partis à Shanghai, les confiant, lui et ses frères, à sa grand-mère puis à sa tante. Jean Hervé-Bazin a souffert d’une sorte d’abandon, d’autant plus qu’il fut trépané à la suite d’une otite mal soignée. Il ne pardonna pas non plus d’être privé de sa part d’héritage. Le succès littéraire lui a permis d’assouvir une vengeance venue de loin. Hervé Bazin, neveu de l’académicien René Bazin, fils de magistrat, petit-fils de sénateur, a assurément vrillé, mais non sans raison. Sa tête de Frankenstein à la drôle de coupe de cheveux couleur jais cachait de profondes cicatrices intérieures. Lorsqu’il apprend que le manuscrit de Vipère au poing est accepté, il déclare à son frère Pierre : « Il faut le dire, j’ai besoin d’un peu de scandale pour hausser la voix et me faire entendre à mon heure, je sais d’avance que la famille va rugir. Aucune importance ! C’est ma petite revanche ! Et je me marre à l’idée de gagner de l’argent pour la première fois sur le dos de ma mère. » L’argent, maître-mot dans cette histoire ? c’est probable. Avec un retournement de situation que je vous laisse découvrir. On n’est plus chez Bazin mais chez Balzac.

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Folcoche, personnage d’encre a-t-elle dévoré Laure Guilloteaux ? On voit cette dernière errer dans une maison en ruine, pouilleuse depuis la mort de son mari. Sa volonté reste cependant intacte quand le pognon est en jeu. Elle ne sombre pas totalement, elle qui calmait ses fils trop turbulents à table en leur piquant le dos des mains avec sa fourchette. Rien n’est simple dans cette histoire, Émilie Lanez le montre avec objectivité. Paule, au fond, n’est plus depuis longtemps, et le triomphe de Folcoche, offrant la notoriété, l’argent et la stabilité à son enfant malade n’est pas pour lui déplaire. Le sacrifice maternel est sans limite. Comme peut l’être l’attitude scandaleuse d’un fils. Il suffit de relire Ma mère de Georges Bataille pour s’en convaincre.

Au soir de sa vie, Paule trouve refuge au domicile de l’écrivain. Bazin, pervers narcissique, l’accueille le visage grave. Il convoque des reporters de Paris-Match pour photographier l’agonisante. Lanez décrit la vieille dame « bouche desséchée entrouverte, derniers cheveux collés sur son crâne, mains crispées ». Bazin prend la pose. L’écrivain est un monstre froid.

Émilie Lanez, Folcoche, Grasset, 2025. 192 pages.

Folcoche: Le secret de "Vipère au poing". Enquête sur un meurtre littéraire.

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De bons moments à Creil

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Salon de Creil. Photo : Philippe Lacoche.

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


C’est presque devenu une habitude ; une très agréable habitude. Chaque année, je suis invité par Sylviane Léonetti, directrice de l’association organisatrice La Ville Aux Livres, au Salon du livre de Creil, dans l’Oise, pour y dédicacer mes bouquins et animer des débats avec des écrivains. J’ai la joie d’y retrouver les membres de l’équipe d’organisation qui, au fil du temps, sont devenus des amis, et, souvent, des copains écrivains. Pour la deuxième fois, j’ai entraîné ma Sauvageonne dans mes pérégrinations ; elle ne demandait que ça. De mon stand de dédicace, je surveillais sa chevelure ébouriffée qui baguenaudait dans les allées bordées d’ouvrages et de bandes dessinées. Parfois, je l’apercevais en train de discuter avec Sylviane ou avec le poète Dominique Sampiero dont elle apprécie les œuvres et la façon spectaculaire qu’il a de les lire sur scène. Ce salon est certainement le plus important au nord de Paris ; les visiteurs y sont fort nombreux, à l’image des auteurs. Et l’accueil y est exceptionnel, bienveillant et fraternel. Le samedi matin, ce fut la traditionnelle remise des prix. Celui de littérature adulte a été attribué à Stéphanie Hochet, pour son roman Armures ; celui de bande dessinée adulte à Éric Hérenguel, pour The Kong Crew Blast Exit, tome 7 ; celui de littérature jeunesse à Nicolas Michel pour Entre mes branches ; et celui de la bande dessinée jeunesse aux excellents Régis Hautière et Arnaud Poitevin pour Les spectaculaires, tome 7. L’après-midi, je retrouvais mes confrères et amis Thierry Clermont et Valère Staraselski qui signait son remarquable roman Les passagers de la cathédrale, paru au Cherche midi. Puis, ce fut un débat très rock’n’roll en compagnie de Stan Cuesta (auteur de La musique a gâché ma vie, chez Antidata) et Patrick Eudeline (Perdu pour la France, chez Séguier). J’étais heureux d’évoquer leurs opus que j’ai adorés. Le premier est un recueil de nouvelles qui, finalement, constitue une manière de roman ; le second est, sans aucun doute, le plus intime de l’ancien critique rock de Best et de Rock & Folk. Le soir, la Sauvageonne et moi, dînâmes à La Buvette, un chaleureux bistrot-restaurant à la cuisine très française situé à Saint-Maximin, en compagnie de Stan Cuesta, son épouse et de Dominique Zay. Joyeuse ambiance. (Dominique nous fit part de son projet : placer un mot secret au cours de l’entretien qu’il devait m’accorder le lendemain.) Le lendemain justement, j’eus l’immense plaisir de m’entretenir avec l’académicienne Danièle Sallenave (pour son livre La splendide promesse, chez Gallimard) et Isabelle Lonvis-Rome (pour Jouer ou tuer, chez Michalon), sur le thème « La promesse républicaine : un engagement ». Leurs propos et leur intelligence ont montré qu’il existait encore une gauche tolérante, humaniste qui n’a pas peur de dévoiler son amour pour la France et qui, malgré les guerres, poursuit son combat contre l’antisémitisme. Un combat essentiel, comme n’a pas manqué de le rappeler, le soir-même, le génial Hélios Azoulay, écrivain, poète, acteur compositeur et clarinettiste à la faveur d’une prestation fort appréciée avec son instrument fétiche. Un vrai régal.

«DZ Mafia»: une mafia post-coloniale

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Amine Kessaci, au centre, et sa mère assistent à un rassemblement en hommage à son frère Mehdi Kessaci, au rond-point où il a été assassiné, et pour protester contre le trafic de drogue, à Marseille, 22 novembre 2025 © Philippe Magoni/AP/SIPA

À Marseille, des milliers de personnes se sont réunies hier sur le lieu de l’assassinat de Mehdi Kessaci, aux côtés de sa famille venue rendre hommage au jeune homme. Deux minutes de silence ont été observées, avant que sa mère, très émue, n’appelle le gouvernement à mesurer la gravité de la situation et à agir contre la violence. Son message a été lu en conclusion par Sabrina Agresti-Roubache, proche d’Emmanuel Macron: « Il faut que ça s’arrête, pour toutes les familles frappées par ce fléau. » Sur le plan judiciaire, les enquêteurs exploreraient bien la piste de la DZ Mafia et s’efforceraient d’identifier le commando, l’hypothèse d’un commanditaire incarcéré faisant partie des options privilégiées. La DZ Mafia est un système invisible et complexe au cœur des fractures françaises.


Pendant que les plateaux télé dissertent sur l’antiracisme, que les experts universitaires relativisent la violence des quartiers et que les responsables politiques évoquent « les territoires perdus de la République » sans jamais les nommer, une structure souterraine s’étend, contrôle, infiltre, et pèse sur la France d’aujourd’hui : la DZ Mafia. “DZ” comme Dzayer, l’Algérie. “Mafia” comme système de contrôle parallèle, de protection clanique, d’intimidation, et de rente par la terreur.

“DZ” : une désignation culturelle, géographique et identitaire

Le terme « DZ », abréviation populaire de « Dzayer » (l’Algérie, en arabe dialectal), est largement utilisé dans la culture urbaine française pour évoquer une origine algérienne, qu’elle soit réelle ou revendiquée. Il sert également à exprimer un sentiment d’appartenance communautaire transnational, ainsi qu’une forme de fierté post-coloniale nourrie par un antagonisme historique vis-à-vis de la France. La DZ Mafia désigne donc une nébuleuse ancrée dans cette sphère culturelle et identitaire algérienne, y compris chez des Français de nationalité mais de culture ou de loyauté différente.

Plusieurs éléments attestent de l’existence de réseaux criminels transnationaux franco-algériens. On observe ainsi des parcours de délinquants multirécidivistes ayant échappé à l’expulsion en exploitant la binationalité, certaines failles administratives ou la protection juridique française. S’y ajoutent des filières de blanchiment d’argent en Algérie, notamment par l’achat de biens immobiliers, de voitures de luxe ou de commerces servant de façade. On relève également des transferts de technologies de contrefaçon ou de produits interdits entre les deux rives, ainsi qu’un axe Marseille–Oran–Alger, historiquement documenté dans le trafic de drogue, d’armes ou de faux papiers.

Symbiose partielle avec l’État algérien

L’État algérien n’organise certes pas ces réseaux, mais il bénéficie parfois indirectement de leurs flux financiers, notamment à travers certains investissements ou phénomènes de corruption locale. Il refuse aussi fréquemment de reprendre des ressortissants expulsés par la France, en affirmant ne pas être en mesure de les identifier. Enfin, il protège ses ressortissants binationaux par l’intermédiaire de ses services consulaires, en refusant de reconnaître la perte de la nationalité algérienne. Il existe donc une zone grise de non-droit diplomatique où la loyauté des individus à la France est sujette à caution.

Une mafia sans capo ni code d’honneur

À la différence des mafias italienne ou albanaise, la DZ Mafia ne repose pas sur une structure pyramidale. Elle fonctionne en réseau souple, éclaté, familial ou tribal, mais solidaire dès lors qu’un membre est menacé. On ne trouve pas un “Don” à la Corleone. On trouve des caïds d’immeuble, des parrains de quartier, des grands frères charismatiques, mais surtout des connexions culturelles et historiques communes : 1) l’Algérie coloniale puis postcoloniale 2) les quartiers HLM de la Seine-Saint-Denis, de Lyon, Marseille, Grenoble, Roubaix 3) la haine du flic, du Français “gaulois”, de la République.

A lire aussi, Dominique Labarrière: Lutte contre le narcotrafic: cherchez l’erreur

La DZ Mafia ne se réclame pas de la République algérienne officiellement – mais elle en hérite. Elle se nourrit d’un double rapport schizophrénique à la France : fascination pour ses richesses, mépris pour ses lois. Cette mafia ne cherche pas à s’intégrer au système, mais à le détourner ou le dominer, localement, par la ruse, l’intimidation et la menace.

Les piliers : drogue, faux papiers, OQTF protégés, réseaux de femmes

La DZ Mafia vit du trafic de stupéfiants, bien sûr. Du cannabis importé du Rif, de la cocaïne, de plus en plus, par les ports de Marseille et du Havre. Mais ce n’est que la surface.

Elle agirait également comme fournisseur officiel de faux papiers pour migrants, délinquants ou militants islamistes. Elle fonctionnerait aussi comme un réseau de « passeurs légaux » au sein de l’administration, s’appuyant sur des agents corrompus dans les mairies, à la CAF ou à Pôle emploi. Elle assurerait en outre un soutien logistique aux personnes sous OQTF récidivistes, en leur fournissant logements, cachettes ou identités fictives. Enfin, elle gérerait des réseaux parallèles impliquant des femmes, qu’il s’agisse de prostitution voilée, de mariages gris ou de « femmes à usage communautaire ».

Le tout avec l’appui indirect de certains collectifs militants, qui servent de boucliers moraux en cas de confrontation avec la police ou les journalistes.

La culture du silence : ni balance, ni trahison

Ce qui protège la DZ Mafia, ce n’est pas seulement l’illégalité. C’est la loi du silence, plus forte que la loi de la République. Dans de nombreux quartiers dits « sensibles », il est plus grave de parler à un policier que de commettre une agression.

L’État, lâche ou impuissant, n’ose plus rentrer dans certains secteurs. Des livreurs s’y font racketter, des pompiers caillasser, des élus menacer. L’école elle-même devient un territoire à conquérir, où certains profs doivent demander la permission d’enseigner certains sujets (Shoah, caricatures, égalité femmes-hommes…) pour éviter les représailles.

La DZ Mafia prospère aussi grâce à une impunité stratégique. Toute dénonciation des réseaux communautaires mafieux est immédiatement interprétée comme un acte de “racisme systémique” ou “d’islamophobie”. Les associations subventionnées, les élus clientélistes, les intellectuels indigénistes, et une partie de la gauche politique, qu’elle soit radicale ou gestionnaire, couvrent cette réalité au nom de l’antiracisme, de la diversité ou du « vivre-ensemble ». On préfère qualifier la violence de « sociale », les braqueurs de « victimes d’inégalités », et les zones de non-droit de « quartiers populaires ».

Internationalisation : France, Belgique, Espagne, Maghreb

La DZ Mafia est transnationale. Des bandes françaises opèrent en Espagne, des relais algériens blanchissent l’argent à Oran ou Alger, des complicités politiques s’établissent au Maroc, en Tunisie, ou via des consulats.

Les rapports d’Europol identifient depuis 2018 les réseaux d’origine maghrébine comme « hautement structurés, mobiles, et extrêmement violents ». La Belgique et la France sont les deux zones les plus touchées par les ramifications DZ.

Un État dans l’État – et une société qui se tait

La DZ Mafia, ce n’est pas un fantasme. Ce n’est pas une légende urbaine. C’est un réseau sociologique, historique, ethnique et politique, enraciné dans les fractures françaises postcoloniales, protégé par le silence, la peur, la complicité.

Elle ne cherche pas à renverser l’État, elle veut le contourner. Elle ne pose pas de bombes, mais elle paralyse les institutions, gangrène des quartiers, caporalise des familles. Et elle colonise le réel.

La DZ Mafia : des Barbaresques sans navires !

À la croisée de l’histoire et de la sociologie contemporaine, un constat s’impose : ces réseaux criminels franco-algériens actifs en France opèrent selon des principes étonnamment proches de ceux des pirates barbaresques qui, entre le XVIe et le XIXe siècle, rançonnaient l’Europe chrétienne depuis Alger, Tunis ou Tripoli. La mer a cédé la place au bitume des cités, les galères aux BMW volées, mais l’esprit reste le même : celui d’une économie du butin, d’une organisation clanique, et d’un rapport d’inversion symbolique envers le pays hôte.

Les Barbaresques bénéficiaient de la complaisance tacite de l’Empire ottoman ; la DZ Mafia, quant à elle, agit dans une zone grise juridico-politique, protégée par des refus d’expulsions de l’Algérie, des complicités communautaires, et un État français tétanisé à l’idée de nommer le réel.

Un État exploité comme un territoire conquis

Là où les pirates d’Alger pillaient les navires occidentaux, les mafias issues de l’immigration nord-africaine pillent aujourd’hui les caisses sociales, les dispositifs d’aide, les logements publics, les niches judiciaires, les failles migratoires. Elles n’attaquent pas frontalement la République, elles s’en nourrissent, la parasitent méthodiquement, la retournent contre elle-même.

Cette comparaison osée n’est pas que métaphorique : ces réseaux n’ont-ils pas effectivement établi des zones de souveraineté mafieuse, des quartiers entiers où l’État ne pénètre plus, où les codes de l’honneur tribal remplacent la loi, où la terreur et la solidarité clanique assurent l’ordre ? Ce phénomène n’est donc pas seulement criminel. Il est aussi politique. Les bureaux du FLN en France, dès les années 1960, ont interdit à leurs compatriotes toute assimilation. L’État français, lui, a offert à ces populations des HLM modernes, souvent plus confortables que les logements des ouvriers français de souche, sans contrepartie culturelle ou civique.

Ce cocktail (mémoire de revanche + confort sans devoirs + encadrement ethno-politique) a produit un habitus mafieux, dans lequel le butin devient légitime, la loi française, injuste par essence, et la criminalité, un redressement symbolique du passé colonial.

Tout comme les puissances chrétiennes achetaient autrefois leur tranquillité aux Barbaresques par des rançons, la classe politique française pactise avec les chefs de quartier, les associations communautaires, voire les trafiquants, pour acheter la paix sociale. Les élus locaux, surtout à gauche mais aussi au centre-droit, délèguent l’ordre à ces pouvoirs parallèles, tolèrent des trafics en échange de paix électorale et ferment les yeux sur la pénétration d’un islam politique et mafieux, incarné aujourd’hui par des réseaux fréristes, indigénistes ou salafistes.

Conclusion : une piraterie qui ne dit pas son nom

Non, la DZ Mafia n’est pas une dérive isolée. C’est le symptôme d’un double échec : celui de l’assimilation que l’État n’a pas osé exiger, et celui de l’autorité qu’il n’a pas su imposer.

Les mafias issues de l’immigration profitent de nos divisions, de notre lâcheté, de notre déni du réel. Et si nous ne reprenons pas le contrôle de ces zones, si nous ne dénonçons pas les pactes locaux de non-agression, si nous continuons à acheter la paix à crédit, nous perdrons tout : l’État, la loi, la nation. Si les Barbaresques capturaient des chrétiens sur les mers, la DZ Mafia capture la République de l’intérieur.

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Les aventures de Najat Vallaud-Belkacem et des fact-checkers

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Fake news dans les médias et sur les réseaux sociaux : on a du pain sur la planche ! Capture France TV.

Incarnation parfaite de la gauche socialiste, Najat Vallaud-Belkacem était récemment reçue comme une reine sur le plateau de Julien Pain de France info. Suite à ses propos loufoques sur l’immigration et au manquement de son devoir de réserve, Pierre Moscovici a déclenché une procédure du comité de déontologie de la Cour des Comptes à son encontre. Didier Desrimais raconte.


Najat Vallaud-Belkacem semble avoir de plus en plus de mal à réfréner ses impétueux élans immigrationnistes. Le 28 avril, elle accusait la France de maltraiter les migrants et de laisser s’installer sur son sol une « islamophobie et une haine anti-musulmans d’atmosphère » (C ce soir, France 5). Malgré le terrorisme islamiste, malgré les sondages montrant les changements fondamentaux à l’œuvre chez les plus jeunes de nos concitoyens musulmans, malgré la progression de l’antisémitisme, des sentiments anti-français et de l’insécurité qui augmentent conjointement à la submersion migratoire, malgré enfin les coûts financiers inhérents à celle-ci, Mme Vallaud-Belkacem a proposé, début novembre, par l’intermédiaire de l’association France Terre d’Asile qu’elle préside, la régularisation de 250 000 clandestins et l’arrêt des OQTF.

Régularisons les clandestins et nationalisons les réseaux sociaux !

Bombardée magistrate à la Cour des comptes, suite à un « processus de recrutement indépendant » comme seuls savent en concocter les socialistes, Mme Vallaud-Belkacem est restée malgré tout la présidente d’une association immigrationniste financée essentiellement par des fonds publics. Le minimum qu’elle aurait pu faire était de mettre un bémol médiatique à ses désirs migratoires – mais rien n’arrête l’idéologue, pas même le devoir de réserve auquel l’astreint normalement une fonction institutionnelle. Pierre Moscovici, la mort dans l’âme, s’est vu obliger de saisir le comité de déontologie de la Cour des comptes afin qu’il examine « la compatibilité de cette prise de position publique avec les obligations déontologiques qui s’imposent à Mme Vallaud-Belkacem ». Toutefois, le risque encouru par l’ancienne ministre de l’Education est minime : au pire, un rappel au règlement.

Najat Vallaud-Belkacem semble avoir également de plus en plus de mal avec la liberté d’expression. Surtout depuis que celle-ci se défend bec et ongles face à la nomenklatura politico-médiatique. Il y a un an, dans Le Figaro, après maintes circonlocutions sur la lutte contre la « pollution numérique », le « cyber-harcèlement », la « manipulation des algorithmes » et sur « notre incapacité à nous poser des limites », elle dévoilait le seul programme étatique pouvant avoir grâce à ses yeux : il est nécessaire, écrivait-elle, de « rationner Internet, par exemple en accordant un nombre limité de gigas à utiliser quotidiennement » car « si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes ». Partisane d’un contrôle de l’information permanent, elle se vante sur son blog d’avoir favorisé, dans le cadre d’une orwellienne « éducation aux médias et à l’information » imposée par la Commission de Mme von der Leyen, des interventions dans les établissements scolaires avec l’appui de journalistes de… l’AFP, l’agence de presse bien connue pour délivrer une « information indépendante et objective » en toute circonstance. En réalité, sous couvert de combattre « la haine et les violences en ligne », de protéger les enfants et d’éviter des « ingérences étrangères lors des élections », Mme Vallaud-Belkacem préconise ce qu’elle sait être dans les tuyaux des instances bruxelloises et dans l’esprit de gens comme Emmanuel Macron, Nathalie Loiseau ou Raphaël Glucksmann, à savoir un contrôle accru des moyens d’expression permettant surtout d’étouffer les opinions dissidentes.

Liberté d’expression, j’écris ton nom

Le 15 novembre 2025, Najat Vallaud-Belkacem était reçue sur France Info TV, dans l’émission Vrai ou Faux animée par le journaliste Julien Pain. Attardons-nous un instant sur ce dernier.

Ex-rédacteur du site de Reporters sans frontières (2003-2007), ONG financée entre autres par l’UE, l’Agence Française de Développement (AFD), des organisations comme l’United States Agency for International Development (USAID) et l’Open Society Foundation de George Soros[1], Julien Pain travaille dans l’audiovisuel public depuis bientôt vingt ans. Il est considéré, du moins par lui-même et par les médias mainstream, comme un spécialiste de la lutte contre la désinformation, un éminent fact-checker. En 2023, avec ses camarades Rudy Reichstag et Tristan Mendès-France – fondateurs de Conspiracy Watch et de Complorama, une série de podcasts censés analyser « l’activité de la complosphère » hébergée sur le site de France Info – il fait paraître dans Le Monde une tribune dénonçant « les dérives complotistes » du réseau social X. La liberté d’expression totale promue par Elon Musk n’enchante guère tous ces argousins du système médiatique. Un peu plus tard, les mêmes déploreront la décision de Mark Zuckerberg de renforcer la liberté d’expression sur ses réseaux en commençant par virer les… fact-checkers, qu’il trouve trop idéologiquement orientés. C’est que malgré un travail qu’ils qualifient de « rigoureux », ces commissaires politico-médiatiques ne découvrent le plus souvent des fake-news que du côté de la droite, de l’extrême droite, des « médias bollorisés » ou du parti Républicain américain, et quasiment jamais du côté de la gauche, de l’extrême gauche, des médias contrôlés par Matthieu Pigasse ou Rodolphe Saadé, de l’UE ou du parti Démocrate américain. Étrange ! Lorsque Julien Pain tweete : « Le grand remplacement est une théorie raciste » (7 août 2022), ce n’est pas une fake-news, c’est une information. La preuve : elle lui a été confirmée par le professeur au Collège de France François Héran, celui-là même qui pense que « notre pays n’a pas pris sa part dans l’accueil des réfugiés » et que, de toute manière, c’est inéluctable, il faut « faire avec l’immigration[2] ». Lorsque le Julien Pain de 2025 s’acharne avec Mme Vallaud-Belkacem sur lessoi-disant fake-news qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias alternatifs en réclamant toujours plus de surveillance et de censure, il oblitère le Julien Pain de 2005 qui, dans son Guide pratique du blogger et du cyber-dissident,dénonçait le contrôle opéré par des régimes autoritaires sur les moyens d’expression indépendants : « Reconnaissons que les blogs sont un formidable outil pour la liberté d’expression. Ils ont délié les langues des citoyens ordinaires. Ceux qui jusqu’à présent n’étaient que des consommateurs d’information sont devenus les acteurs d’une nouvelle forme de journalisme. […] Dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté. La plupart des régimes autoritaires de la planète cherchent aujourd’hui à contrôler les informations auxquelles accèdent leurs internautes. Ils parviennent de mieux en mieux à purger le web de celles qui les dérangent. […] En matière de censure, chaque pays a son style et sa tactique, mais tous n’ont qu’une idée en tête : garder le contrôle du jeu. » Je n’aurais pas su mieux décrire ce qui se passe actuellement dans l’UE en général, en France en particulier… Un programme de contrôle des réseaux sociaux et des médias s’y met effectivement en place dans l’indifférence générale. Le DSA (Digital Services Act) et le BDE (Bouclier Démocratique Européen) en font partie ; ils prévoient que chaque pays membre de l’UE désigne des « signaleurs de confiance » qui rapporteront à des organismes « indépendants » – en France, l’Arcom – « certains types de contenus illicites en ligne tels que les discours de haine ». Novlangue européiste oblige, cet espionnage illimité de nos échanges sur Internet est joliment appelé « défense de l’espace informationnel » et permettra, paraît-il, d’assurer « l’intégrité de l’information ». Le flicage des réseaux sociaux voulu par Emmanuel Macron participe de la censure institutionnalisée qui se met subrepticement en place. La notion de « désinformation climatique » adoptée par la France dans le cadre de la COP30 est par exemple une notion despotique entérinant officiellement l’interdiction de débattre sur le « dérèglement climatique ». Cette surveillance totalitaire qui ne dit pas son nom est naturellement adoubée par Julien Pain et Najat Vallaud-Belkacem.

Mensonge par omission et grosse caisse

Mais revenons à l’émission Vrai ou faux du 15 novembre. Julien Pain présente Najat Vallaud-Belkacem : « Vous avez été longtemps une figure du parti socialiste, ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, vous êtes aujourd’hui présidente de France Terre d’asile. » Le journaliste ment par omission en ne rappelant pas aux téléspectateurs que Mme Vallaud-Belkacem a été récemment nommée conseillère-maître à la Cour des comptes – ce qui oblige à un devoir de réserve sur lequel « cette figure du parti socialiste » va, une fois de plus, s’asseoir. Après avoir abordé un sujet sur l’Éducation nationale permettant surtout à l’ex-ministre de s’auto-congratuler, le journaliste propose de vérifier une affirmation de Christine Kelly sur CNews : les livres de Jordan Bardella, Philippe de Villiers et Éric Zemmour caracoleraient en tête des ventes. Le reportage qui suit confirme cette réalité mais insiste lourdement sur le fait que ce sont « des livres d’extrême droite », « des auteurs d’extrême droite », « des personnalités d’extrême droite ». Conclusion à laquelle nous ne pouvions pas échapper : « Ce succès témoigne de la normalisation des discours d’extrême droite, notamment avec l’influence de Vincent Bolloré ». L’historien Alexis Lévrier interviewé par France Info TV nous apprend par ailleurs des choses stupéfiantes : « La réussite de la croisade bolloréenne réside dans la capacité à utiliser des marques médiatiques reconnues » [Fayard, en l’occurence] et à organiser des « campagnes de promotion massive dans les médias du milliardaire ». Était-il vraiment nécessaire de sortir de sa torpeur universitaire ce générateur de lieux communs idéologiques ? Une voix off nous rassure cependant en nous apprenant que le livre de l’écologiste Salomé Saqué, Résister, s’est également très bien vendu. En revanche, reconnaît Julien Pain, les derniers livres de Xavier Bertrand et d’Anne Hidalgo ne semblent pas partis pour connaître le même genre de succès – c’est un euphémisme : sur le site d’Amazon, la note moyenne donnée au bouquin de Mme Hidalgo est de… 1,6 sur 5, et le commentaire le moins dur que j’ai pu y glaner est celui-ci : « Une plongée abyssale dans le vide – une écriture aussi palpitante qu’un discours administratif sur la réglementation des pistes cyclables. » Bref, les livres des droitards « radicalisés » marchent beaucoup mieux que ceux de la droite mollassonne ou des bobos socialistes. Oui mais, explique doctement Mme Vallaud-Belkacem, c’est parce que l’empire Bolloré est rudement bien fichu et terriblement efficace – il fait « caisse de résonance ». Julien Pain a l’honnêteté de rappeler que Salomé Saqué et Gabriel Zucman ont bénéficié d’une très large couverture médiatique – en particulier dans l’audiovisuel public, est-on obligé d’ajouter. Alors là, tenez-vous bien et attachez vos ceintures, car Mme Vallaud-Belkacem va se livrer à un numéro de haute voltige, une cascade rhétorique époustouflante aboutissant à une conclusion sidérante : « Mais je n’identifie pas la même caisse de résonance s’agissant de Salomé Saqué et Gabriel Zucman, je n’identifie pas la même caisse de résonance, aussi organisée que celle de Bolloré. Il faut le reconnaître, Vincent Bolloré et d’autres à ses côtés ont réussi à mettre en place une espèce de système totalement intégré dans lequel ce sont toujours les mêmes qu’on va entendre sur les antennes, sur les ondes, dont on va survaloriser le moindre livre, quel que soit son intérêt – j’avoue avoir quelques doutes – et pour lequel on va mettre en place un plan de distribution extrêmement efficace. Est-ce qu’il faut en tirer comme conclusion qu’il y a une appétence de l’opinion publique française pour ces lectures-là ?. »

Mme Vallaud-Belkacem, ce soir-là, s’est surpassée. Elle est apparue comme la parfaite incarnation de la gauche socialiste, cette gauche bornée qui ne voit rien, qui n’entend personne, corrompue tout à la fois par une conception doctrinale du monde et un féroce appétit pour les postes de pouvoir, postes qu’elle est parvenue à préempter malgré ses résultats électoraux désastreux et le peu de considération que lui portent les Français. De ce point de vue-là, Mme Vallaud-Belkacem est un modèle du genre – elle coche toutes les cases de l’apparatchik socialiste qui, ayant participé avec ardeur à la destruction de la France, continue de mépriser les Français et de leur faire la leçon tout en profitant d’un système lui permettant de ne pas se confronter au réel et de vivre confortablement aux frais des contribuables. Insupportable !

Les Gobeurs ne se reposent jamais

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[1] Source : Maxime Vivas, La Face cachée de Reporters sans frontières : de la CIA aux faucons du Pentagone, 2007, Éditions Aden.

[2] François Héran, Immigration : le grand déni, 2023, Le Seuil. Titre trompeur, puisque François Héran se propose surtout de dénoncer l’aveuglement de certains représentants politiques et d’une large partie de la population qui ne voient pas que : 1) l’immigration n’est pas si importante que ça ; 2) elle est de toute manière inexorable ; 3) ok, elle est massive mais elle est aussi indispensable ; 4) circulez, y’a rien à voir…

Pour une thérapie collective

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Charles Rojzman. Photo: D.R.

« Pour une démocratie conflictuelle et non pas un théâtre d’intimidation morale »


Le titre annonce un état de fait : une société malade. Le livre nous en donne un diagnostic percutant et nous propose des remèdes qui ne prétendent pas tout résoudre mais réhabilitent la pratique du conflit. Car « la modernité démocratique en est venue à perdre de vue la réalité conflictuelle du politique ; c’est-à-dire la confrontation des visions du monde, des normes et des régimes symboliques ». Charles Rojzman est l’inventeur de la « thérapie sociale » qui met en présence des groupes antagonistes afin de travailler le dit conflit. « La thérapie sociale s’appose à toutes les illusions modernes : celle du progrès qui promet la réconciliation automatique, celle de l’inclusion décrétée par le droit, celle du dialogue réduit à un rituel pacifiant. » Il est précisé que « guérir, ici, n’est pas accéder au bonheur, mais pratiquer sans fin ce travail qui empêche la mort de gouverner. Refuser de transmettre la haine, voilà la véritable guérison ».

Cette conscience tragique est ce qui permet à Charles Rojzman de dénoncer la pureté idéologique à l’œuvre aussi bien dans l’islamisme que dans le wokisme et chez les décoloniaux, lesquels s’épaulent mutuellement pour éradiquer le passé : « poids pour l’idéologie marchande, impureté pour l’islamisme, faute pour la gauche morale » qui s’entendent également pour détruire le monde commun de la nation et pour empêcher tout débat. Dans sa stratégie, ce totalitarisme à plusieurs têtes « détourne nos normes contre nous, impose une inversion sémantique : la résistance devient fascisme, la lucidité « islamophobie », et la défense des droits humains une forme d’agression néo-coloniale. » La tyrannie de la vertu partout s’impose, celle-là même qui refuse de voir que la haine est constitutive de la condition humaine et qui, de la refouler, la pratique sans cesse : « On ne veut plus comprendre : on veut haïr avec vertu, accuser avec pureté ». Pour les « jeunes croisés du progrès », il ne s’agit plus de construire, mais « de se sentir justes dans la ruine. » Pour y remédier, il faut une refondation anthropologique et reconquérir le peuple en déshérence depuis l’abandon de la lutte des classes au bénéfice de luttes imaginaires : Blancs contre Noirs, dominants contre dominés, binaires contre non binaires etc. « Les enfants tristes de l’hédonisme », tous ces « mineurs isolés » parce que l’adulte fait défaut, se sont substitués au peuple dans cette nouvelle gauche composée de « milieux urbains, souvent diplômés, très connectés aux médias, aux ONG, aux universités. » ; ceux-là mêmes qui « veulent l’héritage mais pas la filiation, qui refusent l’hymne mais réclament la bourse. » Et pour revenir au peuple et lui donner droit de cité, Jaurès est convoqué : « Ce qui manque le plus au peuple, dans l’ordre intellectuel et moral dont tout le reste dépend, c’est le sentiment continu, ininterrompu, de sa valeur. »

Ce livre extrêmement précis dans ses analyses, parfois douloureux, est porteur néanmoins d’une espérance et d’un combat. 


La société malade. Échec du vivre ensemble, chaos identitaire : comment éviter la guerre civile, Charles Rojzman, Fyp, 2025. 224 pages

La société malade

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Stéphane Barsacq: que la joie demeure

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L'écrivain Stéphane Barsacq. DR.

J’ai une manie : je tourne toujours les pages d’un livre avant de le lire. Lorsqu’il ne s’agit pas d’un roman, je regarde la fin. L’ouvrage de Stéphane Barsacq n’étant pas un roman mais une suite de courts chapitres réunis par la réjouissance – titre qu’il donne à son ouvrage – je n’ai pu résister à cette manie. Et j’ai découvert que La Réjouissance, confession déguisée de l’auteur, a été imprimé par Grafiche Veneziane à Venise, « non loin des tombes, est-il précisé, de Serge Diaghilev, Igor Stravinsky et Ezra Pound », c’est-à-dire non loin du cimetière de San Michele, où je me suis souvent perdu l’hiver quand la brume enveloppait les cyprès. Le silence n’y est pas le même : il est si profond qu’il rappelle le tragique de la condition humaine. Cette impression à Venise n’est donc pas le fruit du hasard.

Douleur et joie

Stéphane Barsacq souligne, lors de cette promenade à laquelle il nous convie, promenade dans les allées de l’Esprit éclairée par la Beauté, que le sentiment de la tragédie accable certes le monde mais qu’il doit être combattu avec l’aide d’une force de résistance : la joie au fond du cœur. Son ouvrage est un hymne à la joie. Et il est suffisamment puissant pour tenir en respect les discours nihilistes qui ne cessent de se développer. Ses contre-exemples obligent à nous tenir debout et non vacillants, voire couchés. Les écrivains, philosophes, historiens ou penseurs qu’il évoque, avec intelligence et originalité, parfois avec émotion – certains comptèrent parmi ses amis – nous donnent l’élan vital pour chasser les idées noires insufflées par la société qui s’évertue à nous rendre dépressif tout en affirmant le contraire. Il faudrait presque s’excuser d’être né, le cœur nourri par la joie.

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L’ouvrage de Barsacq fait donc du bien et renvoie la rentrée littéraire à la poussière des siècles. La leçon, une fois l’ouvrage refermé, pourrait se résumer ainsi : il s’agit d’avoir beaucoup souffert, beaucoup enduré de peines « pour éprouver l’improbable de la joie retrouvée. » En d’autres termes, la joie ne peut s’éprouver qu’après la douleur. Une vie faite uniquement de joie ne peut savoir ce qu’est la réjouissance. La société qui nous vend du bonheur au quotidien nous ment, pour notre plus grand malheur. Barsacq cite Vladimir Jankélévitch qui évoque cette joie printanière qui « envahit l’homme congelé par le long hiver du remords ». « La réouverture de l’horizon, c’est-à-dire de l’avenir, de l’espérance, précise le philosophe, déverrouille notre désespoir stationnaire. » Et même les plus pessimistes devraient, à l’instar de Pascal, parier sur la joie. Ils ne risquent rien de le faire, sinon de retrouver le visage de l’enfance, l’été.

Portraits lumineux

Parmi la galerie de portraits que propose Barsacq, il faut avant tout retenir celui de son ami Lucien Jerphagnon qui se qualifiait lui-même de « barbouze de l’antiquité ». L’homme a connu la déportation, et compris le sens du mot sacrifice. Il est parvenu à surmonter les épreuves, il s’est élevé au-dessus d’elles par l’esprit, sans dogmatisme aucun, ne faisant confiance en définitive qu’à la solidarité entre les hommes de bonne volonté réunis autour des mêmes interrogations : sur l’amour, sur la mort et sur Dieu. Il revenait sans cesse, lorsque la nuit ressemblait à celle de Goya, entendant le cliquetis des spectres, au rire de son enfance. Barsacq évoque également Edmond Jabès qu’il a connu et aimé. Lui aussi fut toujours guidé par l’esprit d’enfance. Il nous invite à lire Le livre des Questions qu’il a découvert en Terminale. « Un livre où Jabès parle beaucoup de judaïsme, même s’il importe assez peu qu’on soit Juif pour le lire : le mot juif désigne l’image de ce que chacun est, même s’il ne le sait pas, quoiqu’il le vive : un errant sur le chemin des vérités écartelées. » Jabès est mort un 2 janvier. De quoi penser à lui au moment où s’ouvre devant nous une nouvelle page incertaine à écrire ; de quoi « lui dire merci d’avoir laissé le temps ouvert, d’avoir pris sa part avec amour. » Le livre de Barsacq ne cesse de nous apporter la fraîcheur qui nous manque tant aujourd’hui. Il cite encore Dante, Yves Bonnefoy – échange abyssal avec lui à Montmartre – André Suarès, Rimbaud, Cioran, et tant d’autres. Sans oublier les larmes de Mme Jankélévitch, entendant la voix de son défunt mari. Il raconte aussi que la tombe de l’immortelle Jacqueline de Romilly est introuvable, puisque qu’elle est inscrite sous son nom de jeune fille : Jacqueline David. Barsacq, à son propos, écrit, ce qui pourrait résumer la leçon de son ouvrage : « Aristocrate de cœur, ‘’Jacqueline de Romilly’’ ne sera telle à jamais que dans ses livres, et rien que dans ses livres. »

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Dans son introduction – et c’est pour cela que j’ai parlé de confession – Barsacq révèle qu’il a failli mourir d’une méningite. Durant plusieurs années, il a dû vivre en retrait du monde. « Quelques-uns m’ont donné pour mort, avoue-t-il, et ont pensé s’en réjouir. J’ai eu à subir l’iniquité. » Ce qui l’a sauvé, c’est la lecture et la pratique de l’écriture. Comme Antigone, il a appris à dire : non ! Les grands auteurs, ceux avec lesquels on se sent contemporain, et qu’on révère, ont su fortifier sa Joie. Nous avons tous les nôtres. Leurs livres sont là, à portée de regard. Ils chassent les oiseaux de malheur.

Stéphane Barsacq, La Réjouissance, Éditions de Corlevour. 192 pages

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Dire la schizophrénie

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L'écrivain français David Thomas © Patrice Normand

David Thomas, connu pour ses nouvelles, fait une première incursion dans le domaine de l’autofiction et signe un livre admirable sur la maladie mentale.


En France, six cent mille personnes sont diagnostiquées schizophrènes. Mais que sait-on d’elles ? La maladie mentale reste taboue y compris au sein des familles. Le journaliste Nicolas Demorand a été l’un des premiers à briser le silence. Dans son livre Intérieur nuit, il racontait sans fard sa bipolarité. Un récit dont le succès témoigne bien du vide entourant ces questions.  « En matière de psychiatrie, écrit David Thomas, qui ne voit pas, ne sait pas ». L’écrivain, prix Goncourt de la nouvelle en 2023, va donc donner à voir dans un livre poignant intitulé Un frère.

On ne choisit pas ses sujets

Ce frère c’est Edouard, un jeune homme brillant, charmeur, audacieux qui, aux abords de la vingtaine va être diagnostiqué schizophrène. Longtemps David Thomas s’est interdit d’écrire sur ce que son aîné traversait. Puis ce dernier a été retrouvé mort à son domicile. Non de sa maladie mais d’un double AVC, ischémique et hémorragique. Alors le besoin d’écrire s’est imposé. L’écrivain sait pourtant que le livre sera pénible, douloureux. Il sait que pour la première fois il sera obligé d’avancer à visage découvert. Mais voilà. On ne choisit pas ses sujets. On est choisi par eux. Alors courageusement David Thomas s’attèle à la tâche. Il lui faudra passer outre le sentiment de culpabilité à l’idée d’utiliser la maladie de son frère à des fins littéraires. Passer outre la peur d’écrire « un livre de plus ». Passer outre la peur de ne pas y arriver. Le livre s’ouvre sur une scène déchirante. À l’occasion d’un mariage des convives virevoltent une coupe de champagne à la main. Un homme seul « semblait enfermé en lui-même et répondre à une voix intérieure (…) Son masque était celui de quelqu’un qui a compris que plus rien ne changera, que c’est perdu, que c’est fini (…) Les convives le contournaient, l’évitaient ». Pendant presque quarante ans, Edouard va se battre contre la maladie. Et David Thomas va l’accompagner dans son combat. Son livre raconte les hospitalisations forcées, la culpabilité des proches, les cris, la violence, les mains qui tremblent, le regard hébété, la crasse.

Un calvaire

« Quand on a vu ça, on sait que rien n’est plus dégueulasse que la maladie mentale » confesse l’écrivain. Il ne cache pas être passé par tous les stades, de l’insouciance à la cassure inévitable pour sauver sa peau, en passant par l’aveuglement, le déni, l’illusion, l’évitement, la distance mais aussi « l’abattement, la tristesse, la colère, la thérapie, l’alcool, l’isolement le mensonge, la peur ». Il ne cache pas non plus le calvaire de sa famille. La permanence de ce qu’il appelle pudiquement « une sorte de brouillard perpétuel » qui recouvrait toute possibilité de joie. Edouard sera hospitalisé plusieurs fois à Sainte Anne puis à la clinique de Meudon. Il lui arrivera parfois de renouer avec le travail redonnant chaque fois espoir à ses proches avant de sombrer à nouveau.

Un frère est un livre sombre, terrible. Comment aurait-il pu en être autrement ? C’est aussi un livre solaire, poétique, qui retrace les jours heureux d’avant la maladie. C’est surtout une déclaration d’amour bouleversante à un frère disparu.

Un frère de David Thomas, Editions de l’Olivier. 144 pages

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Allemagne: face à l’AfD, le système se crispe

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La chef de l'AFD Alice Weidel, Brelin, 15 septembre 2025 © News Agency Germany/Shutterstock/SIPA

L’Allemagne glisserait-elle vers l’autoritarisme? Par un curieux jeu d’alliances, les électeurs qui ont massivement voté à droite se retrouvent avec une coalition de centre gauche! Quant aux tentatives de museler l’AfD (Alternative für Deutschland, droite radicale), elles évoquent de plus en plus celles d’un État policier. Alain Destexhe raconte.


À force de lutter contre la résurgence fantasmée d’un Troisième Reich imaginaire, obsédée par le succès de l’AfD, l’Allemagne se transforme peu à peu en État autoritaire d’un nouveau type.

Reprenons la chronologie. Quelques semaines avant les élections législatives anticipées du 23 février 2025, le Bundestag vote une résolution non contraignante visant à limiter l’immigration, adoptée grâce au soutien de l’AfD, parti qualifié « d’extrême droite ».

Pour la première fois, le cordon sanitaire – le « mur de feu » (Brandmauer) – censé isoler l’AfD a été rompu. Les partis de gauche et les médias, scandalisés, amplifient la rhétorique antifasciste contre la CDU, le parti chrétien-démocrate. À les entendre, le 3ᵉ Reich n’est pas loin.

Le peloton d’exécution médiatique

Deux jours plus tard, sur le même thème de l’immigration, la CDU trouve un accord avec les autres forces politiques pour éviter l’appui de l’AfD. Mais Friedrich Merz, alors candidat au poste de chancelier, a senti passer le vent des balles du peloton d’exécution médiatique et la fin de sa carrière. Il jure qu’il ne fera plus jamais alliance avec l’AfD.

Viennent les élections, remportées par la CDU/CSU avec 28,5 % des voix, mais avec une nouvelle percée de l’AfD qui atteint 21 % et se place deuxième. Ensemble, la CDU et l’AfD disposent d’une large majorité au Bundestag ; leurs programmes sont compatibles sur de nombreux points, notamment sur l’immigration. Électoralement, cette coalition, conforme au vœu des électeurs, s’impose.

Le prix du soutien des Verts

Cependant, ces deux partis divergent sur l’Ukraine et le président Donald Trump exige une augmentation des dépenses militaires des pays de l’OTAN à 5% du PIB. Il n’y a cependant pas de majorité absolue dans le nouveau parlement pour voter cette augmentation massive, car l’AfD et l’extrême gauche (Die Linke) y sont hostiles.

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Dès lors, après avoir obtenu un changement de la Constitution, l’ancien parlement – qui n’a donc plus de légitimité ! – approuve au cours de la période transitoire, une augmentation massive des dépenses militaires de 500 milliards d’euros sur douze ans.

Pour parvenir à ce résultat, le soutien des Verts (Die Grünen) était indispensable. Le prix à payer ? 100 milliards d’euros pour de nouvelles politiques climatiques, alors qu’ils viennent de subir une défaite aux élections (11,6 % des voix) !  L’Allemagne, dont l’électricité est la plus chère d’Europe et qui produit encore du charbon, durcit encore un peu plus ses politiques énergétiques. Qu’importe l’industrie allemande, la bonne conscience l’emportera !

Un gouvernement de centre gauche

Pour former une coalition avec seulement deux partis, la CDU n’a d’autre alternative que de s’allier avec le SPD, les sociaux-démocrates qui viennent de subir la pire défaite électorale de leur histoire (16,5 %). Mais comme Friedrich Merz a d’emblée exclu de gouverner avec l’AfD, le SPD parvient à imposer son programme. L’Allemagne, qui a voté à droite, se retrouve avec une coalition de centre gauche !  Les électeurs sont ainsi bafoués, ridiculisés, méprisés par un système politique et médiatique qui n’accepte plus la logique démocratique.

Le retour d’une police politique ?

En parallèle, les tentatives d’interdire l’AfD se multiplient. En mai 2025, le renseignement intérieur l’a classée comme « extrémiste de droite avéré ». Cette décision, contestée en justice, a été provisoirement suspendue par le tribunal administratif de Cologne, en attendant un jugement définitif. Si elle était confirmée, elle donnerait des pouvoirs très étendus à la police pour infiltrer l’AfD et écouter les communications privées de membres du parti. Pour « protéger la démocratie », l’Allemagne utiliserait ainsi les pouvoirs d’un État policier. Certains évoquent des méthodes dignes de la Stasi…

Maccarthysme à l’allemande

En juillet, un pas de plus vers l’État autoritaire a été franchi. En Rhénanie-Palatinat, un des Länder, le gouvernement local (SPD-Verts-FDP) annonce un gel des embauches de fonctionnaires pour les membres de l’AfD dans la fonction publique. Les candidats doivent désormais déclarer ne pas avoir été membre de ce parti au cours des cinq dernières années. Pour ceux déjà en place, l’appartenance à l’AfD peut constituer une faute disciplinaire. 

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Cette chasse aux sorcières évoque le maccarthysme. Certains rappellent même que dès 1933, les nazis avaient massivement exclu les communistes de la fonction publique… Ces mesures, ces menaces d’interdiction traduisent en fait une peur panique de l’AfD. Il s’agit de verrouiller le système en place plutôt que d’accepter le verdict des urnes. 

Censure sur les réseaux

À ces dérives, en fonction de l’article 130 du Code pénal, s’ajoutent les intimidations, les visites de la police, les poursuites judiciaires pour des post sur les réseaux sociaux comme avoir traité un ministre « d’imbécile », qualifiée une autre de « grosse » ou encore les fonctionnaires de « parasites », un post vu par quelques centaines de personnes à peine. Ces pratiques tendent à confirmer les fameux propos J.D. Vance (en février 2025, lors de Conférence de sécurité de Munich) constatant que la liberté d’expression est en recul en Europe. Toutefois, ces manœuvres ne semblent pas nuire à l’AfD. Les derniers sondages d’intention de vote la donnent au coude-à-coude avec la CDU, autour de 25 %, et parfois même devant.

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Égalité de tous devant l’impôt: l’autre séparatisme

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Le chroniqueur Olivier Dartigolles © Hannah Assouline

La centaine de milliardaires que compte la France paie deux fois moins d’impôts que les autres contribuables. Ce tour de passe-passe fiscal prive le pays d’un pognon de dingue.


Cela paraît à peine croyable. À la lumière des travaux de l’économiste Gabriel Zucman – et de bien d’autres –, les ultra-riches ne paient pas, ou presque, d’impôt sur le revenu. Aussi, ils ne contribuent pas à la solidarité nationale au même titre que les autres catégories sociales.

Un premier chiffre : si tous nos milliardaires partaient s’installer demain dans un paradis fiscal, la perte de recettes pour le Trésor public ne serait que de 0,03 %. Vertigineux. Quand les ultra-riches se rémunèrent via des sociétés holdings pour faire écran à l’impôt, n’est-ce pas un séparatisme ? Face au principe d’égalité de tous face à l’impôt, inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, comment caractériser une telle situation ?

Un second chiffre : sur les 2 440 milliards d’euros de revenu national en 2024, la puissance publique a prélevé 1 250 milliards d’euros en cotisations sociales, TVA, impôts sur le revenu et sur les sociétés, taxe foncière et autres impôts divers. Soit un taux de prélèvement obligatoire de 51 %. C’est le prix de notre choix de société pour les retraites, la santé, l’éducation et la solidarité nationale. Les classes populaires s’acquittent de 45 % environ de leurs revenus en impôts et cotisations. On atteint les 50 % pour les classes moyennes. Puis, pour les 10 % les plus riches, on dépasse légèrement les 50 %. Enfin, si l’on retire l’ensemble des prestations sociales du montant d’impôt payé, le taux d’imposition des classes populaires est de 30 %.

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Pour les milliardaires, et ils sont les seuls dans cette situation, le taux de prélèvement obligatoire s’effondre à 25 %. Ils nous privent d’un pognon de dingue. La centaine de milliardaires que compte notre pays paient donc proportionnellement à leurs revenus deux fois moins d’impôt que la moyenne des Français. L’impôt sur le revenu s’évanouit au plus haut sommet des fortunes françaises en ne représentant que 2 % du revenu. Certes, l’impôt sur les sociétés qui absorbe 23 % de leurs revenus vient légèrement corriger cette estimation. Mais insuffisamment.

Comme l’observe Gabriel Zucman, « la conclusion est simple : les milliardaires ne paient aucun impôt d’un montant significatif autre que l’impôt sur les sociétés dont s’acquittent les sociétés qu’ils possèdent ». Mais ces sociétés étant très internationalisées, la moitié de cet impôt est acquitté à l’étranger. Ainsi, la contribution des milliardaires aux finances publiques ne s’élève pas à 25 % de leurs revenus, mais à seulement 13 %. Soit un taux inférieur à celui de toutes les autres catégories sociales.

Cette méga-optimisation est rendue possible grâce aux sociétés holdings. Elles reçoivent les revenus des milliardaires, principalement des dividendes. Et ces dividendes ne sont quasiment pas fiscalisés, quand un actionnaire ordinaire s’acquitte d’un impôt forfaitaire (flat tax) de 30 %.

Mettre fin à cette inégalité n’est en rien une « joie mauvaise » dirigée contre les super-riches, mais simplement l’exigence, fiscale et morale, de rétablir le principe républicain d’égalité devant l’impôt. Qui est pour ? Qui est contre ? Répondre à cette question va permettre une indispensable clarification politique. Si la société française est devenue une véritable cocotte-minute, c’est aussi au regard de cette réalité : les inégalités se creusent dramatiquement. Dangereusement. Notre peuple est un peuple politique. La passion française pour l’égalité constitue un pan essentiel de notre identité. La messe n’est pas dite.

La jizya invisible

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Saint Denis, novembre 2020 © Michel Setboun/SIPA

Séparatisme. Quand la peur change de camp


L’idée que la France serait « islamisée » alimente à la fois les fantasmes les plus alarmistes et les dénégations les plus morales.

Pourtant, si l’on délaisse ces réactions réflexes pour adopter une perspective anthropopolitique — celle qui considère les formes profondes d’organisation du lien social —, une réalité moins spectaculaire mais plus décisive apparaît : notre société est déjà partiellement islamisée sur ses marges.

Cette islamisation procède d’un phénomène plus diffus : l’installation de schèmes culturels, hérités de l’histoire islamique, dans les zones où l’État s’est retiré, où le « nous » national se défait, et où se reconstituent, spontanément, des formes anciennes de hiérarchie et de domination.

Domination informelle

Dans cette perspective, la jizya — impôt traditionnel imposé aux non-musulmans dans l’islam pré-moderne — n’est pas seulement un vestige juridique appartenant au passé. Elle est la manifestation d’une structure anthropologique fondamentale: un groupe dominant exige des autres un tribut pour leur permettre d’exister sur son territoire.

Historiquement, la jizya n’était pas un simple impôt financier. C’était un rituel de subordination : un paiement qui signifiait la reconnaissance d’une supériorité politique et spirituelle. Ce qui importe ici n’est pas la théologie, mais la logique du pouvoir: l’idée que la présence des uns est conditionnée par la dette qu’ils doivent aux autres.

Or, dans certains territoires français, où l’État est devenu extérieur, où la police est vécue comme hostile, où le lien civique s’est dissous, ce schème ancien se réinstalle sous une forme inversée : non plus au bénéfice d’un pouvoir religieux, mais d’une contre-société juvénile ; non plus comme loi écrite, mais comme domination informelle ; non plus comme obligation spirituelle, mais comme tribut symbolique ou matériel que la société doit payer pour pouvoir circuler, travailler, vivre.

C’est cette réactivation silencieuse d’une logique pré-moderne — la jizya invisible — que le texte suivant analyse en profondeur.

La jizya invisible : domination inversée et crise du lien civique

Il est frappant de constater à quel point certaines réalités apparemment sans rapport — un impôt religieux médiéval et la délinquance urbaine contemporaine — peuvent, lorsqu’on en dégage la structure, révéler une parenté profonde. La jizya appartient certes au monde historique de l’islam pré-moderne. Mais elle appartient aussi, plus fondamentalement, à une anthropologie du pouvoir : elle exprime la manière dont une collectivité se représente sa supériorité, et la façon dont elle exige des autres un signe tangible de cette supériorité.

Ce qui nous intéresse ici n’est pas l’islam en tant que religion, mais la logique anthropopolitique qui s’attache à la jizya : celle d’une dette instituée, d’un monde divisé entre ceux qui sont chez eux — et qui font payer les autres pour entrer — et ceux qui doivent acquitter le prix de leur présence.

La jizya comme matrice symbolique : le monde structuré par la dette

Dans les sociétés pré-modernes, la dette n’est pas seulement économique : elle est politique, cosmique, moralement structurante. Elle ordonne le monde. La jizya, dans ce registre, institue une hiérarchie visible : un groupe central, légitime, une périphérie tolérée à condition de payer sa dette d’existence. Le paiement n’est pas une transaction : c’est un rituel de reconnaissance d’infériorité.

Ce schème anthropologique ne disparaît jamais totalement. Les croyances s’en vont, les structures demeurent. Il peut se vider de son contenu théologique, mais conserver son efficacité symbolique.

Or ce schème resurgit sous d’autres formes dans la France contemporaine.

Non parce que l’islam réactiverait mécaniquement ses formes anciennes, mais parce que la crise du monde moderne crée un vide où ces structures symboliques, disponibles dans les imaginaires culturels, peuvent se réinstaller.

Fracture d’appartenance : quand la société devient un extérieur

Pour comprendre les comportements délinquants actuels, il faut partir d’un fait massif : une partie de la jeunesse issue de l’immigration ne se pense pas comme appartenant à la communauté politique française. Elle est de fait française, mais ne se vit pas comme telle. Ce désajustement n’est pas seulement socio-économique ; il est anthropologico-politique. L’État n’est pas perçu comme “notre État”, mais comme une puissance lointaine, neutre ou hostile.

La police n’est pas une institution partagée, mais une force d’occupation. Les aides sociales ne sont pas un instrument de solidarité, mais une réparation minimaliste due pour des injustices anciennes. Dans cette configuration, le lien civique — qui suppose réciprocité, appartenance, responsabilité — s’effondre. Et dans cet effondrement, se glisse un rapport de dette inversée.

L’impensé de l’État social : l’aide comme tribut

L’État-providence repose sur une présupposition implicite : l’aidé appartient à la communauté, contribue à la mesure de ses moyens, et la solidarité reçue appelle une solidarité rendue. Or ce présupposé ne tient plus dans certains segments de la population.

L’aide sociale est vécue comme une jizya versée par une société coupable.

Coupable de la colonisation, coupable du racisme, coupable de l’échec scolaire, coupable des discriminations, coupable de l’état du monde — peu importe : l’essentiel n’est pas la factualité, mais la structure du ressentiment.

Cette aide cesse d’être un soutien : elle devient un dû. Et comme tout dû, elle n’appelle ni reconnaissance, ni gratitude, ni engagement. Cette logique explique un paradoxe majeur de l’État moderne : plus il donne, plus il nourrit le ressentiment, dès lors que l’appartenance symbolique n’est pas assurée.

La délinquance comme tribut informel

Dans certains territoires, la criminalité n’est plus seulement une transgression de la loi : elle devient un mode d’organisation du pouvoir. Elle instaure, à l’échelle locale, un système de prélèvement symbolique — parfois matériel — sur ceux qui sont perçus comme étrangers à l’espace social des jeunes dominants.

Le vol, l’intimidation, le racket, les agressions ne relèvent pas seulement du manque, mais de la reconnaissance inversée : c’est à la société de payer. Payer pour le respect. Payer pour avoir le droit de circuler. Payer pour exister dans un territoire qui vous est désormais disputé. C’est une jizya sans nom, sans texte, sans dogme — mais avec une évidence ressentie. C’est l’actualisation brute du schème ancien : « Nous sommes ici, vous êtes tolérés. » J’insiste sur ce point : la démocratie est fragile car elle suppose l’adhésion intérieure à une communauté de semblables.

Quand cette adhésion se défait, ce n’est pas seulement le respect de la loi qui vacille: c’est la possibilité même de faire société. Or nous assistons aujourd’hui à une démutualisation radicale:

• l’État n’est plus une institution commune,

• l’aide n’est plus un outil de solidarité,

• la loi n’est plus un horizon partagé,

• le territoire n’est plus un espace commun.

Dans cette brèche, se réintroduisent des formes anciennes de rapports sociaux, non démocratiques : la hiérarchie, le tribut, la domination symbolique. La modernité ne recule pas devant l’islam: elle recule devant la désappartenance.

La crise du “nous”

Le parallèle entre jizya, délinquance et assistance sociale révèle une vérité plus large : la France ne souffre pas d’un problème religieux, mais d’un problème de communauté politique. Là où l’appartenance se défait, la dette imaginaire renaît. Là où le “nous” disparaît, la société redevient une juxtaposition de groupes — certains exigeant des autres un tribut pour accepter leur présence.

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas un conflit de religions, mais une crise de l’intégration politique, où les formes archaïques du rapport de force trouvent un terrain pour s’actualiser. C’est cette crise que je nous invite à comprendre : l’effondrement du lien civique comme matrice de toutes les déviations présentes — y compris celles que nous croyions reléguées aux marges de l’histoire.

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Vengeance au poing

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La journaliste Émilie Lanez © JF PAGA

Hervé Bazin: de Sainte-Anne au restaurant Drouant ?


C’est une œuvre qu’on lisait au collège. Les professeurs raffolaient de Vipère au poing, roman d’Hervé Bazin, et de son héroïne Folcoche, la mère mauvaise. Style sec, assez dur, et surtout un portrait au vitriol de cette femme qui martyrise ses trois enfants, dont le surnommé Brasse-Bouillon, narrateur contant les souffrances corporelles et psychologiques subies. Folcoche n’est pas Médée, elle ne tue pas ses enfants, mais c’est presque pire, elle les fait souffrir dans une vaste demeure provinciale transformée en univers concentrationnaire. C’est sa seule jouissance. Brasse-Bouillon lui résiste. Le garçon a du caractère et du courage. Il ne ressemble en rien à son père, veule et transparent, qui préfère collectionner les mouches plutôt que d’affronter sa déglinguée d’épouse.

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Succès de librairie

Ce violent roman d’apprentissage plaît à l’Éducation nationale car il montre la bourgeoisie sous un jour peu flatteur, où la moisissure des esprits discrédite une classe sociale jugée corrompue. Le succès de ce roman, publié en 1948, est fulgurant – 5 millions d’exemplaires vendus à ce jour. Folcoche devient Alice Sapritch le temps d’un téléfilm, en 1971 : une femme aux traits peu gracieux et à l’âme noire. L’héroïne d’Hervé Bazin est devenue le parangon de la mère sadique.

L’auteur se nomme en réalité Jean Hervé-Bazin. Il n’est pas tout jeune – né en 1911 – quand Grasset, l’éditeur qui vend des romans comme on vend des savonnettes, décide de publier le manuscrit. Il le rajeunit de quelques années, car c’est le cri de rage d’un jeune homme contre un père dévalorisé et une mère castratrice. Ce premier roman se veut entièrement autobiographique. D’aucuns considèrent qu’il faut attendre que la mère soit morte pour écrire efficacement. Hervé Bazin, lui, écrit pour tuer symboliquement la mère. La littérature a tout à y gagner. Mais Folcoche n’est pas Paule Guilloteaux, la mère de Jean et de ses deux frères. Elle est certes instable, maniaque, peut pincer sa progéniture, lui imposer la disette – ces notables de province ont des problèmes d’argent –, elle enferme tout à clef, même certains membres de sa famille, mais ce n’est pas l’ogresse décrite par son fils. Il a grossi le trait, et pas qu’un peu. Le futur président de l’académie du prix Goncourt, l’écrivain aux romans à gros tirages, le critique craint, bref l’homme qui règnera sans partage sur les lettres françaises, ferraillant contre Alain Robbe-Grillet et la bande du Nouveau Roman, invité perpétuel de l’émission Apostrophes, cet homme-là est un menteur, manipulateur, mythomane. Pire, c’est un faussaire, kleptomane, repris de justice, usurpateur d’identités, amant compulsif, interné psychiatrique. Son itinéraire pourrait se résumer ainsi : de Saint-Anne au restaurant Drouant.

Crime littéraire

Émilie Lanez a enquêté sur ce cas singulier déclaré « psychopathe constitutionnel » par les psys. Elle a retrouvé les témoins, a arpenté les lieux de ce crime littéraire. Elle a consulté les archives de la préfecture de police de Paris. Le dossier Bazin, malgré de nombreuses pièces effacées par l’intéressé lui-même, est consternant. L’auteure révèle une famille dévastée par ce roman. Un roman qui n’est pas autobiographique, là est la faute majeure de Jean Hervé-Bazin. On peut tout inventer – Clara Malraux revendiquait pour l’écrivain d’être mythomane – mais l’ouvrage ne doit pas être estampillé autobiographique. Le livre-enquête de Lanez intitulé Folcoche n’est pas manichéen. Elle parvient à montrer que l’écrivain retors était mu par un irrépressible désir de vengeance contre les Guilloteaux, en particulier Paule, la figure dominatrice. On apprend que ses parents sont partis à Shanghai, les confiant, lui et ses frères, à sa grand-mère puis à sa tante. Jean Hervé-Bazin a souffert d’une sorte d’abandon, d’autant plus qu’il fut trépané à la suite d’une otite mal soignée. Il ne pardonna pas non plus d’être privé de sa part d’héritage. Le succès littéraire lui a permis d’assouvir une vengeance venue de loin. Hervé Bazin, neveu de l’académicien René Bazin, fils de magistrat, petit-fils de sénateur, a assurément vrillé, mais non sans raison. Sa tête de Frankenstein à la drôle de coupe de cheveux couleur jais cachait de profondes cicatrices intérieures. Lorsqu’il apprend que le manuscrit de Vipère au poing est accepté, il déclare à son frère Pierre : « Il faut le dire, j’ai besoin d’un peu de scandale pour hausser la voix et me faire entendre à mon heure, je sais d’avance que la famille va rugir. Aucune importance ! C’est ma petite revanche ! Et je me marre à l’idée de gagner de l’argent pour la première fois sur le dos de ma mère. » L’argent, maître-mot dans cette histoire ? c’est probable. Avec un retournement de situation que je vous laisse découvrir. On n’est plus chez Bazin mais chez Balzac.

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Folcoche, personnage d’encre a-t-elle dévoré Laure Guilloteaux ? On voit cette dernière errer dans une maison en ruine, pouilleuse depuis la mort de son mari. Sa volonté reste cependant intacte quand le pognon est en jeu. Elle ne sombre pas totalement, elle qui calmait ses fils trop turbulents à table en leur piquant le dos des mains avec sa fourchette. Rien n’est simple dans cette histoire, Émilie Lanez le montre avec objectivité. Paule, au fond, n’est plus depuis longtemps, et le triomphe de Folcoche, offrant la notoriété, l’argent et la stabilité à son enfant malade n’est pas pour lui déplaire. Le sacrifice maternel est sans limite. Comme peut l’être l’attitude scandaleuse d’un fils. Il suffit de relire Ma mère de Georges Bataille pour s’en convaincre.

Au soir de sa vie, Paule trouve refuge au domicile de l’écrivain. Bazin, pervers narcissique, l’accueille le visage grave. Il convoque des reporters de Paris-Match pour photographier l’agonisante. Lanez décrit la vieille dame « bouche desséchée entrouverte, derniers cheveux collés sur son crâne, mains crispées ». Bazin prend la pose. L’écrivain est un monstre froid.

Émilie Lanez, Folcoche, Grasset, 2025. 192 pages.

Folcoche: Le secret de "Vipère au poing". Enquête sur un meurtre littéraire.

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