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Parti québécois: le vaisseau fantôme

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Opposition des progressistes et libéraux, incompréhension des enjeux nationalistes, mauvaise lecture du contexte politique mondial pourtant favorable au souverainisme: le Parti Québécois est au bord du naufrage.


Il y a maintenant plus d’un an que la Coalition Avenir Québec (CAQ) et son chef François Legault, ancien président de Transat A.T., se sont vu accordé le mandat de diriger le Québec jusqu’en 2022. Porté par une majorité en chambre obtenue grâce à 37,4% des suffrages dépouillés, le gouvernement caquiste accumule les succès populaires tout autant que les attaques des médias et chroniqueurs bien-pensants. L’adoption d’une loi sur la laïcité interdisant le port de signes religieux ostentatoires chez les employés de l’État en position d’autorité, incluant les professeurs, a suscité l’ire des militants progressistes et des libéraux ainsi que la condamnation de tous les chefs de parti fédéraux lors de l’élection canadienne du 21 octobre dernier.

Crise de régime en vue et contexte favorable…

Plus récemment, une réforme de la loi sur l’immigration, l’imposition d’un test de valeur préalable à l’accueil des candidats étrangers, la mise sous tutelle de la commission scolaire English Montreal, le désir que toutes les communications gouvernementales avec les nouveaux arrivants se fasse en français ont solidifié l’appui massif des québécois francophones non-métropolitains envers le gouvernement Legault tout en galvanisant, d’autre part, l’opposition des urbains « éclairés », des militants intersectionnels et autres progressistes à la mode, la communauté anglophone du Québec et le reste du Canada, tous gonflés de l’apparente tolérance que leur confère leur appui aveugle à l’idéologie diversitaire.

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Le Canada, sous Justin Trudeau, est pour eux le pays de rêve. Toute velléité nationaliste des régionaux leur semble suspecte, encore plus si celle-ci s’accompagne d’un désir de faire sécession. Le Canada n’est-il pas par nature, comble du bon goût, un état « post-national », pour paraphraser le premier ministre canadien? Dans ce contexte, la survenue d’une crise de régime opposant les préférences politiques des québécois « de souche », traduites par les politiques du gouvernement Legault, à celles inscrites dans la constitution canadienne et sa Charte des droits et libertés auxquelles adhèrent sans hésitation tous les apôtres de la rectitude politique semble inévitable. C’est l’occasion rêvée pour les partisans de l’indépendance du Québec de se préparer à frapper un grand coup.

… mais les indépendantistes hésitent

Or le Parti québécois, seul parti ayant comme pierre d’angle de son programme politique la réalisation de l’indépendance du Québec, semble plus égaré que jamais. Réunis en congrès extraordinaire les 8 et 9 novembre dernier, les membres étaient invités à entamer un grand chantier de refondation où tout devait être mis sur la table et soumis à débat. Ce qui en est ressorti laisse pour le moins perplexe quant à la capacité des bonzes péquistes à lire le contexte politique actuel, tant en ce qui a trait à l’opposition frontale qui se dessine entre les intérêts de la nation québécoise et la fédération canadienne qu’en ce qui relève plus largement du regain général des peuples occidentaux pour la défense et la récupération de leurs souverainetés nationales face aux effets dissolvants du mondialisme libéral.

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Plutôt que d’affuter leurs armes pour proposer la souveraineté aux Québécois lorsque la CAQ pliera l’échine devant l’autorité législative canadienne – car la CAQ, faut-il le rappeler, est ouvertement fédéraliste, ayant fait son beurre du rejet de la question nationale québécoise -, le PQ cherche à se conformer plus proprement aux diktats de la rectitude politique libérale-progressiste. Plaire aux médias, aux montréalais et à l’élite universitaire, pourtant foncièrement méfiante envers toute forme de souveraineté populaire ou d’élan nationaliste, voilà la (pas si) nouvelle « fausse bonne idée » du Parti québécois.

C’est par le truchement de la lutte contre le changement climatique qu’on semble vouloir reconquérir l’électorat québécois. La souveraineté, dans tout cela, est traitée comme un moyen d’arriver à la véritable fin: empêcher l’apocalypse climatique d’advenir. L’hypothèse d’un remaniement de l’image de marque du parti par une grande firme de publicité montréalaise et d’un changement de nom est aussi évoquée.

L’attention apportée à ce potentiel changement cosmétique est révélatrice du déclin intellectuel de ce qui fut jadis, au Québec, un grand parti d’idées. On nous promettait pourtant une mise en avant de l’indépendance. Nul ne semble pourtant enclin, au PQ, d’établir sérieusement un plan d’action pour réaliser effectivement la souveraineté en cas de crise de régime opposant les intérêts du Québec avec le Canada.

Un nouveau président

À l’issue du congrès, un nouveau président prendra les rênes du parti: l’économiste Dieudonné Ella Oyono. Originaire du Gabon, M. Ella Oyono promet de faire en sorte que le Parti québécois tende désormais davantage la main aux citoyens issus de la diversité. Difficile de ne pas lire entre les lignes de cette affirmation que le projet souverainiste porté par le Parti québécois était jusqu’alors, aux yeux du nouveau président, trop ethnocentré…

Quid de l’héritage du poète député Gérald Godin, qui parcourait les quartiers ethniques montréalais à bicyclette afin de convaincre les Italiens et les Grecs des bienfaits de l’indépendance du Québec et qui, au terme de sa vie, confessait s’y être fait beaucoup d’amis sans jamais avoir vendu une seule carte de membre du parti? Quid de l’héritage de Bernard Landry, qui lui aussi s’était donné pour mission de tendre la main aux communautés néo-québécoises?

Cette posture est non seulement révélatrice de l’ignorance du passé du Parti québécois, mais aussi – et surtout! – du déni des résultats plus que mitigés que des décennies de mains tendues ont donné. En effet, encore aujourd’hui, l’appui des quartiers ethniques montréalais pour le Parti Libéral du Québec, l’antagoniste politique du Parti Québécois, s’apparente à un vote soviétique. Hurler à des gens se bouchant les oreilles n’a jamais rien donné, à part peut-être à la longue la perte de toute la dignité du hurleur.

Jadis vaisseau amiral du projet de pays des Québécois, le PQ s’apparente désormais à un vaisseau fantôme. Beaucoup d’âmes esseulées s’y promènent, rêvant des gloires passés de leur majestueux navire, espérant la venue de jours plus lumineux. Oublieraient-ils que jamais en 40 ans leur parti n’aura réussi à réaliser ne serait-ce que le premier point de son programme politique, celui se rapportant à sa raison d’être? Cela devrait être une raison suffisante pour les stratèges, les administrateurs et les militants de cesser de regarder en arrière et d’avancer avec l’époque en ne refaisant pas les erreurs du passé. Il semble toutefois, avec le désir du « nouveau » PQ de se conformer davantage aux lubies des élites, étrangères au peuple du Québec, que cela soit remis, encore… à une prochaine fois.

Zineb, Jeanne d’Arc 2.0 d’une France d’attardés

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La polémique suscitée par les propos de Zineb El Razhoui au sujet des émeutes de Chanteloup et du Val-Fourré démontre que la France est retombée… en adolescence.


Notre pays semble être tombé dans le piège de l’adolescence! Qu’est-ce qu’un adolescent ? C’est un parasite qui ne produit pas encore (contrairement à l’adulte), ne défend pas son pays (contrairement au soldat) et qui navigue dans les limbes de l’impunité car il n’est pas encore tout à fait quelqu’un c’est-à-dire un citoyen. Il est d’ailleurs couvert par un code pénal spécial pétri de douceur et obsédé par l’oubli. En somme, l’adolescent n’est pas responsable de ce qu’il fait, il ne devrait pas être pris au sérieux mais notre civilisation décadente lui prête l’oreille et se pâme d’effroi à chacun de ses états d’âme.

La France aujourd’hui est une nation teen voire girly. Elle se fabrique des tempêtes dans un verre d’eau comme les sœurs Kardashian font semblant de se disputer autour d’un brunch dans une de leurs résidences de Los Angeles. C’est du pur spectacle où l’on ne sait pas s’il y a quelque chose à retenir, un enseignement à emmener chez soi pour le méditer. Les sens sont sidérés par les courbes généreuses alors que l’esprit tourne à vide.

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Pire, les hommes et les femmes politiques ajoutent au médiocre de la situation en acceptant de cohabiter sur des plateaux télévisés avec des rappeurs mal-élevés et des humouristes qui ont troqué les bons mots pour les éléments de langage de la « mauvaise » diversité. Aucune parole ne porte, tout est superficiel et interchangeable.  La preuve en est que certains « artistes » se sentent obligés de menacer voire d’appeler à la persécution de leurs adversaires afin d’exister dans le débat public qui est devenu une sorte de flux continu d’images et de sons. On se croirait sur MTV tard dans la nuit : les clips défilent les uns après les autres et n’émergent que les femmes aux fesses les plus rebondies et les répliques de kalachnikof les plus réussies. Si la vie est devenue un clip de hip hop, alors faire de la politique revient à gesticuler et être la caricature de soi-même.

Jeanne d’Arc 2.0

Pour la première fois de ma vie, je serais d’accord avec Sayid Qutb et les islamistes du monde entier : le monde occidental, avec la France à sa tête, n’a plus rien à dire à l’Humanité sur le plan moral, bien qu’il garde encore sa primauté industrielle et scientifique. Nous sommes des Néron connectés au wifi et nous confondons les avancées de l’électronique avec la grandeur et la puissance. C’est pour quand l’incendie de Rome ? Il a peut-être déjà commencé à Chanteloup et au Val-Fourré.

Et Zineb El Razhoui dans tout cela ? Elle est une héroïne malgré elle. Elle se retrouve à vivre sous protection policière et à occuper le rôle d’une « Jeanne d’Arc 2.0 » alors qu’elle n’a commis aucun acte de bravoure. Zineb a simplement rappelé la loi, c’est-à-dire la légitime défense des policiers. Elle n’a fait que souligner le fondement même de la civilisation : le monopole légitime de la violence accordé à l’Etat et à lui seul. Cette preuve de bon sens lui vaut aujourd’hui d’être haïe par les uns et portée au pinacle par les autres: c’est la preuve que la France est en débâcle.

Bientôt, le simple fait de payer la facture EDF sera un acte d’extrême courage, un geste digne de l’appel du 18 Juin… Dire bonjour à son voisin de palier un prétexte pour recevoir la Légion d’Honneur… Triste France !

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Zineb est une héroïne, non pas parce qu’elle sort de l’ordinaire. Elle mérite le respect parce qu’elle aime la France plus qu’une grande partie des élites qui ont trahi, plus encore que le peuple qui sent que son pays est à la dérive mais ne fait rien pour s’opposer au cours des choses. Les uns ont vendu le match (les élites ou une partie d’entre elles), les autres attendent un homme providentiel (le peuple). Zineb, elle, prend ses responsabilités: elle rappelle les Français à la loi.

Inversion des valeurs et enfer sur Terre

Oh les pauvres petits enfants traumatisés par l’idée même qu’un policier puisse utiliser son arme de service! Oh les pauvres élus des banlieues qui risquent de voir trente ans de vivre-ensemble ruinés par une patrouille de la BAC! Oh les pauvres experts qui frôlent l’infarctus à l’idée même de déplaire aux musulmans ou à ce qu’ils estiment être leurs représentants!

Personnellement, si quelqu’un estime qu’un rappeur qui chante « nique ta mère » à tout bout de champ me représente en tant que musulman, eh bien il aura mon mépris en retour. Un musulman qui se respecte est représenté par un homme ou une femme de caractère, un être qui s’élève au-dessus des pulsions et des instincts pour tutoyer l’Histoire. La question qui tue est la suivante: mais où sont-ils ? où sont-elles ?

Personne n’est obligé d’être d’accord avec Zineb sur l’Islam, l’islamisme et la place de la religion dans une France multiethnique. Personne n’est obligé de lui répondre ou de polémiquer avec elle.

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Sur ses déclarations relatives à Chanteloup, je lui signe toutefois un satisfecit. Sans aucune arrière-pensée. Elle n’a fait que son devoir républicain.

Cojones...

Et je permettrai aussi de rendre hommage à ces policiers qui risquent le traumatisme crânien à chaque intervention. De tirer mon chapeau aussi pour ces centaines de CRS et de gendarmes d’origine maghrébine, du Sahel ou des Antilles : personne ne pense à eux. Les seuls arabes et noirs qui semblent intéresser le camp du politiquement correct sont les délinquants et les marginaux, jamais les policiers, les magistrats ou les universitaires.  Enfin, je m’incline devant ces parents, ces mères seules, ces pères humiliés par le chômage, qui cohabitent au quotidien avec ces sauvageons. Plusieurs d’entre eux n’ont pas su transmettre à leurs enfants les valeurs nécessaires pour éviter la drogue, les incivilités et l’échec scolaire. Tout cela il faut le dire et le reconnaître mais il faut admettre aussi le drame intime de ces adultes qui, du jour au lendemain, doivent obéir à leurs enfants. Quelle inversion de valeurs! Quelle vision de l’enfer sur terre! Je préfère mille fois le patriarcat à la tyrannie des adolescents mal-élevés ou la dictature des grands frères.

Pour conclure, je rendrais aussi hommage aux féministes. En effet, le courage de Zineb et sa détermination prouvent qu’avoir des « cojones » n’est pas une question de biologie ou d’hérédité. Ces attributs s’acquièrent par le travail sur soi et la conscience politique. La posture et l’attitude sont des constructions morales et non physiologiques. Oui, Zineb a plus de « cojones » que plusieurs hommes ou assimilés.

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France, méfie-toi de l’envahisseur tibétain!

Est-ce que Zineb ou tant d’autres femmes lucides peuvent défendre la France contre les dangers qui l’encerclent? Je crains que non. Une nation adolescente est une nation « prenable » car elle crache sur ceux qui doivent la défendre: ses parents. L’autorité est laminée car les politiques ont cru que refuser de gouverner allait leur assurer la popularité.

Ils se rendent compte, petit à petit, que les gens les détestent précisément parce qu’ils sont des mauvais chefs. Et quand on déteste son chef, on n’a pas tendance à porter les armes pour le défendre ni à se sacrifier pour les valeurs qu’il incarne. Nous sommes comme les Balkans à la fin du XVe siècle : une terre fatiguée de ses seigneurs, en colère contre ses « grands » et prête à être prise par le premier envahisseur venu. À l’époque, la « délivrance » portait le nom du Grand Turc. De nos jours, n’importe quel gang de moines tibétains peut prétendre nous soumettre: il suffira de jeter des parpaings sur la BAC et crier au racisme à chaque cocktail molotov tiré…

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Martinique: Tensions autour du drapeau aux quatre serpents


Les armoiries aux quatre serpents sont peu à peu remisées, sur ordre de Paris…


Un drapeau cristallise les passions en Martinique. Le 5 octobre, le syndicaliste policier Claude Coppel a attiré l’attention des caméras sur les armoiries aux quatre serpents fer-de-lance qui flottent sur le fronton du commissariat de police de Fort-de-France.

Ce pavillon de la marine marchande, qu’une ordonnance d’août 1766 a érigé en symbole de la Martinique, est attaqué par diverses associations mémorielles qui exigent son retrait de tous les bâtiments de la République. Son tort ? Avoir été adopté sous l’Ancien Régime, ce qui en fait le symbole de la monarchie ayant édicté le Code noir et rappellerait à certains Martiniquais leur passé d’anciens esclaves.

Lors de sa visite en Martinique en 2017, Emmanuel Macron avait fait retirer cet insigne des uniformes de la gendarmerie. « Pourquoi l’hôtel de police […] en est-il toujours porteur ? » s’est indigné Claude Coppel le mois dernier.

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Il y a deux ans, le Mouvement international des réparations ainsi que le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) avaient déposé plainte pour dénoncer le caractère raciste de cet emblème. Sur les réseaux sociaux, une vidéo du chanteur martiniquais Saaturn brûlant ce drapeau a rencontré un vif succès, manquant de provoquer un violent débat entre les békés, descendants des anciens colons blancs, et les mouvements indépendantistes décidés à obtenir sa disparition définitive de l’île.

Interrogé par la presse locale, le directeur départemental de la sécurité publique observe que ce symbole apparaissait depuis des décennies sans que personne n’y trouve rien à redire. Toutefois, deux jours après le coup d’éclat du commissariat, les habitants de Fort-de-France ont constaté que les armoiries de la Martinique avaient disparu. Sur ordre direct de Paris, d’après la chaîne télévisée Martinique Première. « C’est fait, c’est tant mieux et on passe à autre chose », a simplement déclaré Claude Coppel. Le bonheur, c’est parfois simple comme un coup de censure.

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Les Américains privés de campagne électorale?

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Le grand show télévisé de l’impeachment a commencé. Reste à voir si les démocrates en tireront profit en 2020.


La Chambre des représentants a entamé les auditions publiques afin de destituer le président, après le vote d’une résolution sur la procédure à suivre. Lors du vote, aucun Républicain ne s’est joint aux rangs Démocrates. Parmi ces derniers deux seulement n’ont pas suivi leur parti. Lors de la procédure de destitution à l’encontre Bill Clinton, pas moins de 31 Démocrates avaient rejoint le camp républicain. Et le vote intervenait à l’issue du rapport d’un procureur spécial. En 2019, les élus Démocrates instruiront eux-mêmes le dossier, à charge uniquement.

Des sénateurs démocrates, ceux qui vont donc devoir « juger » si Trump est « coupable », ont lancé des campagnes de recueils de fonds sur base de leur soutien à la procédure de destitution. Ils ont donc déjà tranché, avant le « procès ». Quant à la sénatrice Kamala Harris, candidate à la présidence, elle sait que Trump est coupable : « Comme ancienne procureure, je reconnais un aveu quand je le vois. Il (Trump) l’a fait aux yeux de tous. Il nous a fourni les preuves »! [tooltips content= »https://www.washingtonexaminer.com/news/kamala-harris-on-impeaching-trump-as-a-former-prosecutor-i-know-a-confession-when-i-see-it »](1)[/tooltips] La justice sera assurément bien rendue par ces élus qui ne cherchent même plus à préserver les apparences de la justice.

Un jeu dangereux aussi pour Biden

Il y a quelques mois, Nancy Pelosi avait pourtant mis en garde contre les dangers de division de la Nation[tooltips content= »Washington Post, 6 mars 2019″](2)[/tooltips] : « Je ne suis pas en faveur de l’impeachment. Cela divise inutilement le pays. A moins qu’il y ait quelque chose de vraiment accablant et  bipartisan, je ne pense pas que nous devons prendre ce chemin parce que cela divise le pays et cela n’en vaut pas la peine ». Sages paroles, vites oubliées.

A lire aussi: La procédure de destitution de Donald Trump n’est pas légitime

La cheffe des Démocrates a-t-elle paniqué devant les conséquences potentiellement dévastatrices pour Joe Biden, bien davantage que pour Trump du dossier ukrainien ? Pour l’instant, la presse tire à boulets bleus (la couleur des Démocrates) sur le président et épargne Joe Biden, mais, imaginons la passe d’armes  au cours d’un face à face télévisé :

– Biden : « Vous avez cherché à obtenir un avantage politique en faisant appel à un chef d’Etat étranger ».

– Trump : « J’ai cherché à démontrer votre corruption, l’utilisation de votre fonction de Vice-président pour favoriser votre fils qui a reçu 600 000 dollars par an pour trois réunions.

Quel serait l’argument le plus convaincant ? Qui emporterait ce duel ?

Comme des juristes américains ont tenté de le démontrer sans parvenir à se faire entendre dans les journaux les plus prestigieux, les pères fondateurs de la Constitution américaine n’ont certainement pas voulu que la destitution devienne une affaire aussi partisane et qu’elle puisse s’appliquer dans le cas de la « faute » qui est reprochée à Donald Trump.

Les démocrates ne peuvent-ils donc pas battre Trump à la régulière?

Même s’il s’avérait que ce dernier avait lié l’aide américaine à l’Ukraine à l’ouverture d’une enquête sur Hunter Biden, à moins d’un an de l’élection, il appartiendrait au peuple américain de le juger sur ce point comme sur d’autres et pas à un parlement, par définition hautement politisé.

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Et de qui se moque-t-on lorsque l’on critique la diplomatie parallèle de Rudy Giuliani, l’avocat du président, comme si aucun président, américain (ou français), n’avait  jamais contourné les circuits officiels de la politique étrangère ?

C’est à l’initiative de Trump que le Congrès a autorisé la livraison d’armes létales (des missiles antichars Javellin) à l’Ukraine, ce que Biden préconisait en tant que Vice-président mais que Obama s’était toujours refusé de valider ! Autrement dit, les Démocrates reprocheraient à Trump d’avoir « mis en danger la sécurité nationale », alors qu’il n’était aucunement obligé de prendre cette décision. Dans le système américain, c’est le président – et lui seul – qui conduit la politique étrangère.

Nous allons donc assister pendant quelques semaines au défilé d’une série de fonctionnaires, Démocrates ou frustrés, les deux se combinant parfaitement, pour dénigrer le président élu. Comme on n’a rien ignoré des taches sur la robe de Monica Lewinsky lors de l’injuste impeachment de Bill Clinton, on connaitra tout des conversations, texto et courriels diplomatiques, censés être confidentiels.

La vérité est sans doute que les Démocrates doutent de pouvoir battre Trump à la régulière en 2020. Tous leurs candidats ont désormais d’énormes faiblesses.  Comme l’a écrit justement, mais pour s’en réjouir, Martin Watterberg dans le Washington Post, « Une procédure d’impeachment même sans condamnation aide quand même le parti d’opposition en mettant en évidence les écarts du président en place » [tooltips content= »https://www.washingtonpost.com/politics/2019/10/24/would-not-guilty-impeachment-verdict-help-trump/ »](3)[/tooltips] Et l’éditorialiste du New York Times, David Leonhardt, de l’approuver [tooltips content= »Courriel aux abonnés, 1/11/2019″](4)[/tooltips]. Les choses sont claires et les camps bien définis.

Liban: la nation contre les communautés


Depuis des semaines, les manifestants libanais défient l’ensemble de la classe politique. Chrétiens, sunnites et chiites se soulèvent contre leurs vieux leaders confessionnels pour exiger la construction d’une nation digne de ce nom. Même le Hezbollah est victime de ce dégagisme. Reportage.


Il aura fallu l’annonce d’une nouvelle taxe sur l’application téléphonique WhatsApp pour provoquer l’ire de tout un pays. « C’est la goutte de trop ! » entend-on de la bouche des manifestants à Beyrouth. Plus qu’une jacquerie fiscale, c’est une révolte contre l’ensemble du personnel politique.

Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), « miliciens,chefs de guerre et nouveaux riches ont fait alliance pour mettre le pays en coupe réglée, explique l’ancien ministre de l’Économie Georges Corm. Le régime actuel est à bout de souffle, il a ruiné l’économie du pays. La corruption est devenue un trait majeur du système. » Pour cet intellectuel nassérien, la mainmise de quelques personnalités indéboulonnables s’explique par « un système communautaire très rigide de répartition du pouvoir et des fonctions publiques ». Comme lui, des millions de Libanais reprochent en vrac à leurs élites politiques : le retard en matière de services publics, la corruption, l’absence d’un état civil moderne (pas de mariage mixte à moins d’une conversion de l’un ou l’une) et la perpétuation d’un système électoral empreint de féodalité.

L’unité nationale prime comme jamais auparavant : sunnites, chiites, chrétiens et Druzes, unis autour d’un seul et même drapeau libanais, reprennent à tue-tête les slogans phares des printemps arabes

Deux grands partis: Amal et Hezbollah

Surtout, pour la première fois dans l’histoire du pays, une marée humaine s’en prend à ses leaders communautaires. Avec un certain courage, la population chiite renvoie dos à dos les deux grands partis censés la représenter : Amal et le Hezbollah. Dirigé par son fondateur Nabih Berri depuis trente-huit ans, également président de la Chambre des députés depuis vingt-huit ans, Amal veille jalousement sur sa part du gâteau politico-confessionnel. Son allié Hezbollah, seule milice à ne pas avoir désarmé, règne en maître dans certaines régions du Liban, notamment au sud. S’érigeant en véritables pères de la nation, idolâtrés par leurs militants, ces deux partis exerçaient jusqu’alors une hégémonie quasicomplète sur les chiites. Au point que les critiques à leur encontre étaient rares, les quelques voix discordantes craignant de s’attirer leurs foudres. Aujourd’hui, les tabous tombent jusque dans les fiefs d’Amal, où les affiches à l’effigie de Nabih Berri sont arrachées, des portiques ornés de drapeaux du parti renversés et les cadres du parti conspués. Même le complexe balnéaire de son épouse Randa Berri s’est fait incendier par des chiites dissidents à Saïda. Le Hezbollah n’échappe pas à la vindicte populaire. Dans son bastion de Nabatieh, un journaliste d’Al-Manar (chaîne télévisée du Parti de Dieu) a été interrompu en plein direct par un insolent réclamant une danseuse du ventre…

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Les déclarations lénifiantes de son secrétaire général Hassan Nasrallah ne parviennent pas à calmer la colère du peuple qui l’accuse d’avoir appauvri la population. Ses « Je vous ai compris » révèlent son malaise : comment soutenir les revendications des manifestants tout en s’opposant à la démission du gouvernement ? Tout changer pour ne rien changer… La foule n’est pas de cet avis. Si beaucoup défient leurs chefs politiques et religieux, c’est qu’ils font désormais passer leur libanité avant leurs appartenances confessionnelles. L’armée, qui n’intervient qu’en cas extrême, sous le commandement du très respecté général Joseph Aoun offre l’exemple d’un brassage réussi plébiscité par le peuple. Régulièrement ovationnée par les manifestants, la troupe est l’un des symboles nationaux que les Libanais aiment brandir. Contrairement aux précédentes contestations, notamment en 2005, les anciens clivages n’ont plus cours : la division 14 mars (anti-syrien) contre 8 mars (pro-Damas) a sauté au profit d’un patriotisme réconciliateur. L’unité nationale prime comme jamais auparavant : sunnites, chiites, chrétiens et Druzes, unis autour d’un seul et même drapeau libanais, reprennent à tue-tête les slogans phares des printemps arabes : « Le peuple veut la chute du régime » ou encore « Révolution, révolution ! ».

Beaucoup de Libanais rêvent d’un régime laïque

La contestation gagne les localités et les esprits les plus conservateurs du Liban. Ainsi, Tripoli, grande ville sunnite du Nord, rejette le leadership du Premier ministre Saad Hariri. Place Al-Nour, l’imposant « Allah » tridimensionnel illuminé en néonet a cédé la place à un gigantesque dance-floor à ciel ouvert. Jusqu’au fin fond du Akkar (extrême nord), les cheikhs religieux sunnites dansent juchés sur les épaules des manifestants.Chez les chrétiens, les Forces libanaises de Samir Geagea, sentant le vent tourner, ont préféré quitter le navire gouvernemental.

Tous les partis essuient les mêmes griefs, mais la cible numéro un des révoltés s’appelle Gebran Bassil. Le président du plus grand parti chrétien, CPL, gendre du président de la République et ministre des Affaires étrangères concentre les attaques. D’aucuns l’accusent de « tremper dans la corruption jusqu’au cou » et d’avoir privilégié les intérêts du Hezbollah au détriment de la souveraineté libanaise au risque d’exposer le Liban aux sanctions américaines. Cette convergence des luttes sonnera-t-elle le glas du système confessionnel ? Pas tout de suite, selon Georges Corm. « Beaucoup de Libanais rêvent d’un régime laïque d’où serait aboli la répartition communautaire des fonctions publiques, mais il ne sera pas facile de se débarrasser du système communautaire. C’est à travers lui que s’exerce l’influence politique et communautaire des puissances étrangères impliquées depuis l’époque du colonialisme dans la gestion du Liban. »

À la fin de la guerre civile, l’accord de Taëf (1990) devait engendrer un nouveau Liban déconfessionnalisé. Tout le contraire s’est produit, sans que ces jeux d’appareils assainissent les finances publiques. Bien au contraire : selon le FMI, le Liban est aujourd’hui le troisième débiteur troisième du monde, derrière le Japon et la Grèce, avec une dette publique qui atteint 86 milliards d’euros, soit 151 % du PIB. Et la croissance reste désespérément faible depuis le début de la crise syrienne qui a amené des millions de réfugiés sur le sol libanais. Alors que des besoins aussi élémentaires que l’électricité, l’eau courante et les transports ne sont toujours pas correctement assurés, les Libanais se mobilisent sans relâche. Parfois au-delà même des frontières. Une partie de la diaspora a ainsi fait le déplacement pour se soulever contre la classe politique vieillissante. Avec ces foules mobilisées, le Liban a peut-être commencé sa mue politique. Mais pour mener à bien ce printemps libanais balbutiant, de nouvelles élites devront supplanter la classe politique vieillissante héritée de la guerre civile. Ce n’est pas gagné.

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Israël, vaincu par la CJUE?

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Les juges estiment que les mentions actuelles induisent en erreur les consommateurs. Selon l’institution, l’Etat d’Israël serait donc présent dans des territoires en tant que « puissance occupante » et non pas en tant qu’entité souveraine…


Sans aucune surprise, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a validé mardi 12 novembre la notice interprétative de l’UE appelant à mentionner « colonie israélienne » sur les étiquettes des denrées alimentaires importées de Judée-Samarie ou du Golan. Prise sur la base d’un règlement sanitaire, la commission européenne puis la CJUE se sont empressées d’en faire une action politique. Le vocabulaire est, à ce titre, révélateur.

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Le terme « colonie » est symptomatique de ce passé français qui décidément ne passe pas et d’une volonté de dénigrer politiquement, et non de mieux informer le consommateur. A défaut, le terme « implantation » suffirait largement à renseigner utilement le public et ce, d’autant que seule l’origine géographique, comme le plateau du Golan ou la Judée-Samarie, importe. Savoir que l’usine, le vignoble ou le champ se trouve dans un « village », « une implantation » ou « une colonie » n’a aucun effet sur la santé du consommateur.

Occupation ?

La notion « d’occupation » est juridiquement fausse dans la mesure où la Judée-Samarie a été divisée en trois zones aux termes des accords d’Oslo et que l’immense majorité des implantations se situent en zone C qui se trouve être sous contrôle civil, administratif et militaire israélien. Ces accords prévoyaient que cette répartition durerait jusqu’à un accord final entre les parties, ce qui n’est toujours pas le cas. Point d’occupation donc puisque cette administration israélienne est prévue par un accord entre les parties.

La commission européenne tout comme la CJUE évoquent « les produits issus de Palestine » comme s’il s’agissait d’un État, un Etat qui n’existe pas ni n’a jamais existé, et continuent d’évoquer des « produits issus de la bande de Gaza » comme étant problématiques… en dépit du retrait israélien unilatéral effectué en 2005 !

Israël visée

La Commission européenne, reprise par la CJUE, invoque l’éthique pour justifier cette prise de position politique mais uniquement concernant Israël. Pas un mot sur la politique de sinisation à marche forcée du Tibet ou le traitement des Ouïghours par la Chine, sur la Turquie et la prétendue république turque de Chypre du nord, sur le Maroc et le Sahara occidental, sur le Royaume-Uni et Gibraltar, sur la France et la Nouvelle-Calédonie, sur les États-Unis et Porto-Rico, sur l’Arménie et le Haut-Karabagh… La liste est encore longue ! Et si l’on doit se concentrer sur Israël, rien non plus sur le statut de réfugiés palestiniens qui s’hérite de génération en génération – fait unique dans l’histoire de l’ONU -, rien sur les attentats et les roquettes contre les civils israéliens, rien sur les livres scolaires palestiniens qui promeuvent la haine des Juifs et qui sont financés par l’UE…

A lire aussi: Contre l’islamisme, faites comme George Clooney: boycottez le Plaza Athénée!

Quant aux populations civiles prétendument transférées, les seules populations civiles qui ont été déplacées sous la contrainte de l’armée israélienne, ce sont les habitants des implantations juives autrefois présentes dans le Sinaï et à Gaza. Les populations palestiniennes déplacées l’ont été pour des raisons de sûreté de l’État et dans le cadre de plusieurs conflits armés déclenchés par les pays arabes et ces déplacements ont été soutenus, pour la plupart, par ces mêmes pays arabes.

Alors de quelle éthique la CJUE parle-t-elle ?

La CJUE impose-t-elle une mention aux termes de laquelle les ouvriers qui travaillent dans les usines de ces « colonies » sont palestiniens et qu’ils gagnent ainsi leur vie grâce aux israéliens ? Faudrait-il le rajouter sur l’étiquette pour que le consommateur puisse « éthiquement » acheter un produit qui fait vivre une famille palestinienne ? Et partant de là quelle serait la limite ? Quid de la parité hommes/femmes, du respect des 35 heures ou du travail des enfants, comme l’a très justement plaidé Me Julie Buk Lament devant la Cour de Justice de l’Union Européenne… Ce n’est pas une étiquette qu’il va falloir, c’est un tract politique !

Cette décision, pas plus que les notices et avis, n’ont donc pour objet d’informer les consommateurs européens sur le pays d’origine ou le lieu de provenance réel du produit mais répondent uniquement à un agenda politique, un agenda pathétiquement anti-israélien.

Mélenchon fait l’âne et brait contre le CRIF

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Critiqué pour sa participation à la marche contre « l’islamophobie », Jean-Luc Mélenchon s’en prend au CRIF pour détourner l’attention…


Englué dans une manif anti-anti-islamiste de soutien au port du voile islamique, pendant laquelle une partie de la foule a entonné le cri religieux « Allahu akbar » – deux mots qui ont souvent été les dernières paroles entendues par des égorgés – Mélenchon a dénoncé… le communautarisme juif.

Rhétorique grotesque

La veille il expliquait pourtant qu’il défendait les musulmans comme il défendait les juifs. Le lendemain, il glisse et dérape. Et il se retrouve dans une rhétorique grotesque, s’efforçant de prouver son hostilité au communautarisme en pourfendant le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (dont l’acronyme ne comporte pas le mot juif…): « Le Crif, prétendument représentatif de je ne sais quelle institution, l’expression la plus crue du communautarisme ».

Tribune, Jordan Bardella (RN): «Islamophobie»: de quoi parle-t-on ?

On pardonnera à Mélenchon d’ignorer quelles sont précisément les institutions juives et les adhérents individuels qui composent le CRIF, et on lui reconnaîtra le droit d’en contester certaines décisions, comme il a bien le droit de contester les décisions des organisations qui représentent les diverses « communautés » présentes au sein de la société française. Mais ces « communautés », composées de gens qui ont quelque chose en commun, ne sont communautaristes au sens anti-républicain du terme que si elles placent leur particularisme en opposition et au-dessus de leur appartenance à la nation. Mélenchon serait peut-être sur le point d’admettre qu’une offensive vraiment communautariste et anti-républicaine tend à transformer la France en une société bi-culturelle.

Un conseil représentatif des musulmans serait le bienvenu

Et qui désigne-t-il à la vigilance des Français républicains ? Le communautarisme des Juifs… Mélenchon ne sait pas que l’intégration des Juifs français à la France est un modèle de réussite !

A lire aussi, Barbara Lefebvre: Macron utilise les juifs pour justifier son inaction sur le communautarisme

Ne sait-il pas que l’État est en manque d’un interlocuteur musulman, d’une sorte de Conseil Représentatif des musulmans de France, qu’il pourrait reconnaître comme le représentant légitime des institutions et individus musulmans?

Depuis que Jean-Marie a été prié de ravaler ses saillies anti-juives, Mélenchon est en passe de devenir le seul leader politique qui ose jouer sur la fibre anti-juive. Au prétexte qu’il n’est personnellement pas suspect d’antisémitisme.

Quelle débâcle!

Islamophobie: Intoxication idéologique

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Vox: les raisons du succès

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Fondé en 2013 à partir d’une scission du PP, Vox est en train de s’imposer parmi les principaux mouvements politiques espagnols. Associant autorité de l’État et libéralisme économique, il séduit autant les jeunes urbains que les régions pauvres d’Espagne.


Le dimanche 10 novembre 2019 au soir, au siège du parti Vox, à Madrid, les militants et dirigeants de la formation ne boudaient pas leur plaisir. Avec plus de 3,6 millions de suffrages exprimés (soit un million de plus que lors du scrutin national du 28 avril) et 52 députés (sur 350), le parti classé à l’extrême droite par la plupart des médias représentait un peu plus de 15 % des votants et réalisait le meilleur score de son histoire.

Vox entrait ainsi dans l’histoire récente de notre voisin ibérique en devenant la première force politique de cette nature à compter autant dans le jeu national. Depuis la mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975, l’électorat espagnol penchait nettement à gauche et, en dehors de Blas Piñar lors des élections générales du 1er mars 1979, aucune personnalité de « droite radicale » n’était parvenue à se faire élire aux Cortes Generales (le Parlement espagnol). Plus encore : Vox a obtenu 2 sénateurs sur les 208 dont le siège était à nouveau soumis au vote des électeurs espagnols.

A lire aussi : L’Espagne, une démocratie à géométrie variable ?

Les affaires semblaient pourtant mal parties pour Vox, formation fondée le 17 décembre 2013 par des dissidents du Parti populaire (PP, démocratie chrétienne) et divers activistes de droite, dont la journaliste Cristina Seguí, l’ancien otage de l’ETA José Antonio Ortega Lara et le philosophe José Luis González Quirós. Après une première crise, le jeune dirigeant politique basque Santiago Abascal (né à Bilbao en 1976) devient président de la formation début 2014. Son idéologie, clairement marquée à droite, a peu évolué depuis lors : volonté de recentraliser l’administration espagnole ; rejet des lois sociétales et de toute loi mémorielle ; allègement substantiel de la fiscalité et diminution du poids de l’État dans l’économie ; accroissement des aides à la natalité et à la famille ; un certain euroscepticisme ; lutte contre l’immigration ; combat contre le séparatisme et le terrorisme basque.

La présence du PP et le manque de médiatisation ne permettent pas à Vox d’émerger entre 2013 et 2018. Lors du scrutin européen de 2014, la tête de liste, Alejo Vidal-Quadras, ne parvient même pas à se faire élire. Aux élections régionales de 2015, aucune des listes présentées par la formation ne dépasse 1,30 % des voix et, au scrutin général de la même année, Santiago Abascal n’obtient que 0,23 % des suffrages exprimés. En 2016, les élections générales ne lui sourient pas davantage avec 0,20 % des voix.

Le tournant de 2018

C’est avec le scrutin régional andalou du 2 décembre 2018 que tout bascule. Dès le mois d’octobre, de nombreux observateurs signalent qu’à la faveur de la crise séparatiste catalane, du mécontentement face aux partis traditionnels et de l’érosion d’un pouvoir socialiste qui gouverne la communauté autonome sans discontinuer depuis 1978, l’extrême droite a de grandes chances de faire une percée. Pourtant, en dehors de la toute dernière semaine de campagne, aucun sondage ne prédit le résultat final : 11 % des suffrages exprimés, soit 400 000 votants (contre 18 000 en 20159) et 12 sièges sur 109. Aux côtés du bon score de Citoyens (21 élus), cette poussée permet à la droite de…

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L’autodafé, c’est maintenant!

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Intrusion au ministère de l’Enseignement supérieur, conférence de François Hollande annulée à Lille… Cela chauffe pour Frédérique Vidal! Alors qu’un ancien président ne peut même plus présenter son livre aux étudiants, la ministre semble bien timorée face à des agissements insupportables qui se multiplient.


Hier soir, des étudiants ont manifesté leur colère en détruisant la grille d’entrée du ministère de l’enseignement supérieur à Paris et en envahissant la conférence que devait tenir François Hollande dans une faculté de droit à Lille. Ce matin, RTL l’annonçait à peu près sur ce ton, attribuant ladite colère à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant à Lyon. Gabrielle Périer a bien décrit dans ces colonnes où se situent les responsabilités dans ce drame.

A lire aussi: Etudiant qui s’immole par le feu: l’extrême gauche responsable

Non, il n’est nul besoin d’une telle tragédie pour que les militants du syndicat étudiant « Solidaires » se comportent ainsi. Car c’est encore leur banderole qu’on a vu dans l’amphithéâtre lillois, alors qu’un ancien président de la République devait être exfiltré. Et c’est déjà  « Solidaires » qui cosignait le communiqué de menaces à la présidente de l’université bordelaise, lui intimant d’annuler la conférence de Sylviane Agacinski le mois dernier. A la Sorbonne, professeurs et étudiants se sont donné la main pour obtenir l’annulation (le report, tentait de rassurer le président de l’Université) d’un séminaire de formation sur la prévention de la radicalisation, animé par Mohamed Sifaoui.

Fascistes en herbe

Le sectarisme n’a donc pas attendu l’immolation de ce jeune étudiant de Lyon 2 pour atteindre des sommets dans certaines universités françaises. Et il faut voir la tête satisfaite des deux jeunes idiotes, déchirant le livre de François Hollande, pour se rendre compte de la haine qui anime ces groupes ultra-minoritaires. On pratique désormais l’autodafé dans l’université en toute bonne conscience, sans que les pouvoirs publics puissent s’y opposer.

A lire aussi: Lyon 2: Eliott Savy dénonce l’indigénisme à ses risques et périls

Mais en ont-ils seulement la volonté ? Il fallait entendre la réponse mièvre de Frédérique Vidal à un député lorsque ce dernier l’interrogeait sur la scandaleuse annulation de la conférence de Sylviane Agacinski. Il fallait l’entendre apporter son soutien à la présidente de l’université, qui avait eu « la bonne attitude » en « évitant le trouble à l’ordre public » et promettant que Sylviane Agacinski serait reprogrammée. Face à de telles atteintes à la liberté d’expression et à l’ordre public, on était en droit d’attendre une autre attitude. Car, enfin, ceux qui ont menacé à Bordeaux, n’avait-on pas leurs noms et leurs adresses ? N’avaient-ils pas signé eux-mêmes leur communiqué ? Une plainte a-t-elle été déposée ? Des sanctions ont-t-elles été prises contre les étudiants auteurs de telles menaces ? Rien du tout ! Ces petits fascistes en herbe ont imposé leur ordre. Il a été respecté. Respecté jusque dans l’hémicycle par la ministre elle-même.

Tyrannie des minorités

L’attitude de la ministre et du gouvernement en entier – on l’a connu plus vigoureux quand il s’agissait de certains leaders des Gilets jaunes – lors de l’annulation de la conférence de Sylviane Agacinski a donné un signal aux nervis qui ont envahi l’amphithéâtre lillois. Hier, on menaçait de troubles si une conférence était maintenue. Aujourd’hui, on empêche Hollande de tenir conférence et on déchire symboliquement un livre. Et demain ? Commettra-t-on directement des attentats contre ceux qui tiennent un discours différent du sien ?

Ce gouvernement n’est d’ailleurs pas seul en cause. Les médias, qui dans l’ensemble rivalisent de mièvrerie face à des actes attentatoires aux plus élémentaires libertés publiques, ont leur part de responsabilité. Ils sont plus « vigilants » quand un élu questionne – certes maladroitement – une présidente de région sur la présence d’une personne vêtue d’un hijab dans l’enceinte d’une collectivité locale. Les professeurs d’université ne montrent pas l’exemple non plus. Sur Cnews, l’universitaire Benjamin Morel témoignait de la manière dont sont ostracisés par leurs collègues, ceux qui osent ne pas utiliser le sabir « inclusif » dans les mails internes de la plupart des facs.

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Le modèle, c’est la fac américaine, le règne du politiquement correct, lui-même défini par une minorité. Celui-ci s’impose et gare à celui qui s’y opposera. Et la liberté dans tout ça ? Et le pluralisme ? Et la Connaissance ? Et la République ? Que des délires petits bourgeois !

Le président de la République intervient sur tant de sujets du niveau d’un secrétaire d’Etat. On attend toujours son fameux grand discours sur la laïcité et sur la question cruciale posée par le développement de l’islamisme. On l’attend désormais aussi sur la tyrannie de certaines minorités dans le débat public.

Répondre à la crise démocratique

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Le bruit et l’odeur

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Aujourd’hui, tout est permis. Car le film Le Mans 66 est projeté sur nos écrans. Thomas Morales, spécialiste reconnu de l’automobile, était en pole position dans la file d’attente de son cinéma!


 

Aujourd’hui, les petits garçons sautent de joie ! Ils font vroum vroum à la machine à café. Ils enfilent leur paire de gants à trous pour « driver » leur vélib’. Ils portent même des lunettes fumées comme Steve McQueen, lors du tournage du Mans en 1970. Certains ont été jusqu’à ressortir leur veste en peau retournée et ils peinent visiblement à la refermer. Peu importe, aujourd’hui, tout est permis! Un film de bagnoles, genré et fumant sans une leçon de morale à la clé (anglaise) est dans les salles, ça ne se reproduira pas avant qu’un prix littéraire soit décerné à un bon livre.

La passion automobile, c’est dépassé

Quelque chose de bien régressif au cœur de l’automne, de gros V8 qui gargouillent à l’oreille, des pilotes ex-héros de la Seconde Guerre, des patrons charismatiques qui ressemblent à des monstres sacrés et la plus belle piste d’endurance dans la Sarthe avec cette longue ligne droite des Hunaudières, indomptable et versatile.

A lire aussi: Le logo des JO et les athlètes de l’écrit

Comment leur faire comprendre à tous à ces déconstructivistes du rêve automobile qu’à la simple évocation du Commendatore, de Carroll Shelby, de la Ford GT40, de l’AC Cobra ou de Lee Iacocca, notre imaginaire se met en surrégime, au bord du rupteur ? Nous sommes transportés dans les années 1960, le pétrole coulait à flots, la voiture guidait la société de consommation d’alors, les coureurs étaient des dieux et on aurait donné cher pour conduire une Ford Mustang cabriolet dans sa livrée « candyapple red ». Evidemment, un tel discours est aujourd’hui inaudible. Inadmissible, tant nous avons raboté, peu à peu, nos espaces de liberté et phagocyté notre propension à nous émouvoir d’un passage rapide dans une courbe. Il y a des appuis aérodynamiques qui rivalisent avec la poésie rimbaldienne, en termes de frissons et d’envolées intellectuelles. Le sport automobile était une affaire de sensations autant physiques que cérébrales. Je conseille toujours aux professeurs de littérature d’assister à un Grand Prix de Formule 1 pour mieux saisir et entrevoir l’apnée féérique. Comment les stylistes de la plume et du bitume partagent le même terrain sensoriel. Je m’emporte.

Braver le chrono et la mort

Nous sommes devenus secs, raisonneurs, chipoteurs, comptables de chaque instant passé hors des clous, incapables de prononcer les mots vitesse et plaisir sans que la patrouille vienne nous contrôler. Les duels mécaniques de ces années-là auront été notre odyssée. Chaque week-end, nous avons vibré pour nos champions, derniers funambules osant braver le chrono et la mort. Ils étaient terriblement vivants et grâce à eux, à leur courage et à leur talent, aussi à leur façon de repousser les limites et d’apprivoiser le danger, ils nous ont appris à dépasser nos peurs, à grandir tout simplement.

A lire ensuite: Comment les Américains ont gagné la bataille de la mode

Aujourd’hui, la course est en voie d’électrification. Les batteries ont remplacé le moteur à explosion. La puissance est un frein à l’imagination, et son corollaire, la modération, notre nouvel horizon indépassable. Nous sommes figés, paralysés par la trouille de vivre. Nous avons pourtant passé l’âge de jouer au Scalextric. Messieurs les censeurs, rendez-nous nos vrais jouets d’antan qui expulsaient leur colère en grimpant dans les tours! Père Noël, je veux de la Corvette, de la Porsche 906 et des Ferrari P3 à l’échelle 1 sous le sapin! Le cinéma américain nous offre aujourd’hui cette parenthèse enchantée dans Le Mans 66 de James Mangold avec entre autres, Matt Damon et Christian Bale. Les Etats-Unis tirent toujours la couverture étoilée à eux, c’est de bonne guerre. Le réalisateur a choisi de raconter la rivalité entre Ford et Ferrari. Et un épisode très précis de cet affrontement à la fois sportif et industriel : la fin de l’hégémonie du cheval cabré face au mastodonte de Detroit aux 24 Heures du Mans de 1966, la course mètre-étalon par essence. A travers le portrait du pilote britannique Ken Milles, on suit, pièce par pièce, la construction de la mythique GT40, les tâtonnements techniques et les impératifs commerciaux. Car la victoire était alors perçue comme un accélérateur des ventes. On pourrait dire beaucoup sur ce long-métrage (plus de 2 h 30 mn) et ses approximations historiques. C’est avant tout un spectacle pyrotechnique de bonne facture, un peu exagéré dans l’action et académique dans sa démonstration narrative. Les scènes de dépassements ou de freinages sont un peu trop lisses à mon goût; les Américains peinent à rendre compte de la violence et de la sauvagerie d’un bolide poussé à son extrême limite. Ça manque de sueur et de souffle comme si un filtre venait voiler la réalité brute des 24 Heures. Pour ceux qui veulent une vérité crue, presque austère, visionnez plutôt le documentaire moto « Continental Circus ». Mais attention, ne boudons pas notre plaisir car en 2019, face aux forces obscures du renoncement, un film avec des voitures fantastiques par dizaines, un hommage aux légendes de la course et le bonheur enfantin d’apercevoir un beau survirage esthétique, ça ne se loupe vraiment pas !

Le Mans 66, un film de James Mangold

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Parti québécois: le vaisseau fantôme

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Francois Legault, dirigeant de la Coalition Avenir Quebec lors d'une conférence à Montreal le 8 avril 2014. Numéro de reportage : AP21551076_000012 Auteurs : Paul Chiasson/AP/SIPA

Opposition des progressistes et libéraux, incompréhension des enjeux nationalistes, mauvaise lecture du contexte politique mondial pourtant favorable au souverainisme: le Parti Québécois est au bord du naufrage.


Il y a maintenant plus d’un an que la Coalition Avenir Québec (CAQ) et son chef François Legault, ancien président de Transat A.T., se sont vu accordé le mandat de diriger le Québec jusqu’en 2022. Porté par une majorité en chambre obtenue grâce à 37,4% des suffrages dépouillés, le gouvernement caquiste accumule les succès populaires tout autant que les attaques des médias et chroniqueurs bien-pensants. L’adoption d’une loi sur la laïcité interdisant le port de signes religieux ostentatoires chez les employés de l’État en position d’autorité, incluant les professeurs, a suscité l’ire des militants progressistes et des libéraux ainsi que la condamnation de tous les chefs de parti fédéraux lors de l’élection canadienne du 21 octobre dernier.

Crise de régime en vue et contexte favorable…

Plus récemment, une réforme de la loi sur l’immigration, l’imposition d’un test de valeur préalable à l’accueil des candidats étrangers, la mise sous tutelle de la commission scolaire English Montreal, le désir que toutes les communications gouvernementales avec les nouveaux arrivants se fasse en français ont solidifié l’appui massif des québécois francophones non-métropolitains envers le gouvernement Legault tout en galvanisant, d’autre part, l’opposition des urbains « éclairés », des militants intersectionnels et autres progressistes à la mode, la communauté anglophone du Québec et le reste du Canada, tous gonflés de l’apparente tolérance que leur confère leur appui aveugle à l’idéologie diversitaire.

A lire ensuite: Vous qui votez à droite, laissez-moi vous expliquer l’intersectionnalité

Le Canada, sous Justin Trudeau, est pour eux le pays de rêve. Toute velléité nationaliste des régionaux leur semble suspecte, encore plus si celle-ci s’accompagne d’un désir de faire sécession. Le Canada n’est-il pas par nature, comble du bon goût, un état « post-national », pour paraphraser le premier ministre canadien? Dans ce contexte, la survenue d’une crise de régime opposant les préférences politiques des québécois « de souche », traduites par les politiques du gouvernement Legault, à celles inscrites dans la constitution canadienne et sa Charte des droits et libertés auxquelles adhèrent sans hésitation tous les apôtres de la rectitude politique semble inévitable. C’est l’occasion rêvée pour les partisans de l’indépendance du Québec de se préparer à frapper un grand coup.

… mais les indépendantistes hésitent

Or le Parti québécois, seul parti ayant comme pierre d’angle de son programme politique la réalisation de l’indépendance du Québec, semble plus égaré que jamais. Réunis en congrès extraordinaire les 8 et 9 novembre dernier, les membres étaient invités à entamer un grand chantier de refondation où tout devait être mis sur la table et soumis à débat. Ce qui en est ressorti laisse pour le moins perplexe quant à la capacité des bonzes péquistes à lire le contexte politique actuel, tant en ce qui a trait à l’opposition frontale qui se dessine entre les intérêts de la nation québécoise et la fédération canadienne qu’en ce qui relève plus largement du regain général des peuples occidentaux pour la défense et la récupération de leurs souverainetés nationales face aux effets dissolvants du mondialisme libéral.

A lire aussi : Au Québec, la gauche s’insurge contre la laïcité

Plutôt que d’affuter leurs armes pour proposer la souveraineté aux Québécois lorsque la CAQ pliera l’échine devant l’autorité législative canadienne – car la CAQ, faut-il le rappeler, est ouvertement fédéraliste, ayant fait son beurre du rejet de la question nationale québécoise -, le PQ cherche à se conformer plus proprement aux diktats de la rectitude politique libérale-progressiste. Plaire aux médias, aux montréalais et à l’élite universitaire, pourtant foncièrement méfiante envers toute forme de souveraineté populaire ou d’élan nationaliste, voilà la (pas si) nouvelle « fausse bonne idée » du Parti québécois.

C’est par le truchement de la lutte contre le changement climatique qu’on semble vouloir reconquérir l’électorat québécois. La souveraineté, dans tout cela, est traitée comme un moyen d’arriver à la véritable fin: empêcher l’apocalypse climatique d’advenir. L’hypothèse d’un remaniement de l’image de marque du parti par une grande firme de publicité montréalaise et d’un changement de nom est aussi évoquée.

L’attention apportée à ce potentiel changement cosmétique est révélatrice du déclin intellectuel de ce qui fut jadis, au Québec, un grand parti d’idées. On nous promettait pourtant une mise en avant de l’indépendance. Nul ne semble pourtant enclin, au PQ, d’établir sérieusement un plan d’action pour réaliser effectivement la souveraineté en cas de crise de régime opposant les intérêts du Québec avec le Canada.

Un nouveau président

À l’issue du congrès, un nouveau président prendra les rênes du parti: l’économiste Dieudonné Ella Oyono. Originaire du Gabon, M. Ella Oyono promet de faire en sorte que le Parti québécois tende désormais davantage la main aux citoyens issus de la diversité. Difficile de ne pas lire entre les lignes de cette affirmation que le projet souverainiste porté par le Parti québécois était jusqu’alors, aux yeux du nouveau président, trop ethnocentré…

Quid de l’héritage du poète député Gérald Godin, qui parcourait les quartiers ethniques montréalais à bicyclette afin de convaincre les Italiens et les Grecs des bienfaits de l’indépendance du Québec et qui, au terme de sa vie, confessait s’y être fait beaucoup d’amis sans jamais avoir vendu une seule carte de membre du parti? Quid de l’héritage de Bernard Landry, qui lui aussi s’était donné pour mission de tendre la main aux communautés néo-québécoises?

Cette posture est non seulement révélatrice de l’ignorance du passé du Parti québécois, mais aussi – et surtout! – du déni des résultats plus que mitigés que des décennies de mains tendues ont donné. En effet, encore aujourd’hui, l’appui des quartiers ethniques montréalais pour le Parti Libéral du Québec, l’antagoniste politique du Parti Québécois, s’apparente à un vote soviétique. Hurler à des gens se bouchant les oreilles n’a jamais rien donné, à part peut-être à la longue la perte de toute la dignité du hurleur.

Jadis vaisseau amiral du projet de pays des Québécois, le PQ s’apparente désormais à un vaisseau fantôme. Beaucoup d’âmes esseulées s’y promènent, rêvant des gloires passés de leur majestueux navire, espérant la venue de jours plus lumineux. Oublieraient-ils que jamais en 40 ans leur parti n’aura réussi à réaliser ne serait-ce que le premier point de son programme politique, celui se rapportant à sa raison d’être? Cela devrait être une raison suffisante pour les stratèges, les administrateurs et les militants de cesser de regarder en arrière et d’avancer avec l’époque en ne refaisant pas les erreurs du passé. Il semble toutefois, avec le désir du « nouveau » PQ de se conformer davantage aux lubies des élites, étrangères au peuple du Québec, que cela soit remis, encore… à une prochaine fois.

Zineb, Jeanne d’Arc 2.0 d’une France d’attardés

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Zineb El Rhazoui en septembre 2019 © Olivier-Guy Demoulin / BELGA MAG / Belga / AFP

La polémique suscitée par les propos de Zineb El Razhoui au sujet des émeutes de Chanteloup et du Val-Fourré démontre que la France est retombée… en adolescence.


Notre pays semble être tombé dans le piège de l’adolescence! Qu’est-ce qu’un adolescent ? C’est un parasite qui ne produit pas encore (contrairement à l’adulte), ne défend pas son pays (contrairement au soldat) et qui navigue dans les limbes de l’impunité car il n’est pas encore tout à fait quelqu’un c’est-à-dire un citoyen. Il est d’ailleurs couvert par un code pénal spécial pétri de douceur et obsédé par l’oubli. En somme, l’adolescent n’est pas responsable de ce qu’il fait, il ne devrait pas être pris au sérieux mais notre civilisation décadente lui prête l’oreille et se pâme d’effroi à chacun de ses états d’âme.

La France aujourd’hui est une nation teen voire girly. Elle se fabrique des tempêtes dans un verre d’eau comme les sœurs Kardashian font semblant de se disputer autour d’un brunch dans une de leurs résidences de Los Angeles. C’est du pur spectacle où l’on ne sait pas s’il y a quelque chose à retenir, un enseignement à emmener chez soi pour le méditer. Les sens sont sidérés par les courbes généreuses alors que l’esprit tourne à vide.

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Pire, les hommes et les femmes politiques ajoutent au médiocre de la situation en acceptant de cohabiter sur des plateaux télévisés avec des rappeurs mal-élevés et des humouristes qui ont troqué les bons mots pour les éléments de langage de la « mauvaise » diversité. Aucune parole ne porte, tout est superficiel et interchangeable.  La preuve en est que certains « artistes » se sentent obligés de menacer voire d’appeler à la persécution de leurs adversaires afin d’exister dans le débat public qui est devenu une sorte de flux continu d’images et de sons. On se croirait sur MTV tard dans la nuit : les clips défilent les uns après les autres et n’émergent que les femmes aux fesses les plus rebondies et les répliques de kalachnikof les plus réussies. Si la vie est devenue un clip de hip hop, alors faire de la politique revient à gesticuler et être la caricature de soi-même.

Jeanne d’Arc 2.0

Pour la première fois de ma vie, je serais d’accord avec Sayid Qutb et les islamistes du monde entier : le monde occidental, avec la France à sa tête, n’a plus rien à dire à l’Humanité sur le plan moral, bien qu’il garde encore sa primauté industrielle et scientifique. Nous sommes des Néron connectés au wifi et nous confondons les avancées de l’électronique avec la grandeur et la puissance. C’est pour quand l’incendie de Rome ? Il a peut-être déjà commencé à Chanteloup et au Val-Fourré.

Et Zineb El Razhoui dans tout cela ? Elle est une héroïne malgré elle. Elle se retrouve à vivre sous protection policière et à occuper le rôle d’une « Jeanne d’Arc 2.0 » alors qu’elle n’a commis aucun acte de bravoure. Zineb a simplement rappelé la loi, c’est-à-dire la légitime défense des policiers. Elle n’a fait que souligner le fondement même de la civilisation : le monopole légitime de la violence accordé à l’Etat et à lui seul. Cette preuve de bon sens lui vaut aujourd’hui d’être haïe par les uns et portée au pinacle par les autres: c’est la preuve que la France est en débâcle.

Bientôt, le simple fait de payer la facture EDF sera un acte d’extrême courage, un geste digne de l’appel du 18 Juin… Dire bonjour à son voisin de palier un prétexte pour recevoir la Légion d’Honneur… Triste France !

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Zineb est une héroïne, non pas parce qu’elle sort de l’ordinaire. Elle mérite le respect parce qu’elle aime la France plus qu’une grande partie des élites qui ont trahi, plus encore que le peuple qui sent que son pays est à la dérive mais ne fait rien pour s’opposer au cours des choses. Les uns ont vendu le match (les élites ou une partie d’entre elles), les autres attendent un homme providentiel (le peuple). Zineb, elle, prend ses responsabilités: elle rappelle les Français à la loi.

Inversion des valeurs et enfer sur Terre

Oh les pauvres petits enfants traumatisés par l’idée même qu’un policier puisse utiliser son arme de service! Oh les pauvres élus des banlieues qui risquent de voir trente ans de vivre-ensemble ruinés par une patrouille de la BAC! Oh les pauvres experts qui frôlent l’infarctus à l’idée même de déplaire aux musulmans ou à ce qu’ils estiment être leurs représentants!

Personnellement, si quelqu’un estime qu’un rappeur qui chante « nique ta mère » à tout bout de champ me représente en tant que musulman, eh bien il aura mon mépris en retour. Un musulman qui se respecte est représenté par un homme ou une femme de caractère, un être qui s’élève au-dessus des pulsions et des instincts pour tutoyer l’Histoire. La question qui tue est la suivante: mais où sont-ils ? où sont-elles ?

Personne n’est obligé d’être d’accord avec Zineb sur l’Islam, l’islamisme et la place de la religion dans une France multiethnique. Personne n’est obligé de lui répondre ou de polémiquer avec elle.

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Sur ses déclarations relatives à Chanteloup, je lui signe toutefois un satisfecit. Sans aucune arrière-pensée. Elle n’a fait que son devoir républicain.

Cojones...

Et je permettrai aussi de rendre hommage à ces policiers qui risquent le traumatisme crânien à chaque intervention. De tirer mon chapeau aussi pour ces centaines de CRS et de gendarmes d’origine maghrébine, du Sahel ou des Antilles : personne ne pense à eux. Les seuls arabes et noirs qui semblent intéresser le camp du politiquement correct sont les délinquants et les marginaux, jamais les policiers, les magistrats ou les universitaires.  Enfin, je m’incline devant ces parents, ces mères seules, ces pères humiliés par le chômage, qui cohabitent au quotidien avec ces sauvageons. Plusieurs d’entre eux n’ont pas su transmettre à leurs enfants les valeurs nécessaires pour éviter la drogue, les incivilités et l’échec scolaire. Tout cela il faut le dire et le reconnaître mais il faut admettre aussi le drame intime de ces adultes qui, du jour au lendemain, doivent obéir à leurs enfants. Quelle inversion de valeurs! Quelle vision de l’enfer sur terre! Je préfère mille fois le patriarcat à la tyrannie des adolescents mal-élevés ou la dictature des grands frères.

Pour conclure, je rendrais aussi hommage aux féministes. En effet, le courage de Zineb et sa détermination prouvent qu’avoir des « cojones » n’est pas une question de biologie ou d’hérédité. Ces attributs s’acquièrent par le travail sur soi et la conscience politique. La posture et l’attitude sont des constructions morales et non physiologiques. Oui, Zineb a plus de « cojones » que plusieurs hommes ou assimilés.

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France, méfie-toi de l’envahisseur tibétain!

Est-ce que Zineb ou tant d’autres femmes lucides peuvent défendre la France contre les dangers qui l’encerclent? Je crains que non. Une nation adolescente est une nation « prenable » car elle crache sur ceux qui doivent la défendre: ses parents. L’autorité est laminée car les politiques ont cru que refuser de gouverner allait leur assurer la popularité.

Ils se rendent compte, petit à petit, que les gens les détestent précisément parce qu’ils sont des mauvais chefs. Et quand on déteste son chef, on n’a pas tendance à porter les armes pour le défendre ni à se sacrifier pour les valeurs qu’il incarne. Nous sommes comme les Balkans à la fin du XVe siècle : une terre fatiguée de ses seigneurs, en colère contre ses « grands » et prête à être prise par le premier envahisseur venu. À l’époque, la « délivrance » portait le nom du Grand Turc. De nos jours, n’importe quel gang de moines tibétains peut prétendre nous soumettre: il suffira de jeter des parpaings sur la BAC et crier au racisme à chaque cocktail molotov tiré…

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Martinique: Tensions autour du drapeau aux quatre serpents

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D.R.

Les armoiries aux quatre serpents sont peu à peu remisées, sur ordre de Paris…


Un drapeau cristallise les passions en Martinique. Le 5 octobre, le syndicaliste policier Claude Coppel a attiré l’attention des caméras sur les armoiries aux quatre serpents fer-de-lance qui flottent sur le fronton du commissariat de police de Fort-de-France.

Ce pavillon de la marine marchande, qu’une ordonnance d’août 1766 a érigé en symbole de la Martinique, est attaqué par diverses associations mémorielles qui exigent son retrait de tous les bâtiments de la République. Son tort ? Avoir été adopté sous l’Ancien Régime, ce qui en fait le symbole de la monarchie ayant édicté le Code noir et rappellerait à certains Martiniquais leur passé d’anciens esclaves.

Lors de sa visite en Martinique en 2017, Emmanuel Macron avait fait retirer cet insigne des uniformes de la gendarmerie. « Pourquoi l’hôtel de police […] en est-il toujours porteur ? » s’est indigné Claude Coppel le mois dernier.

A lire aussi : André Perrin parle vrai quand tout sonne faux

Il y a deux ans, le Mouvement international des réparations ainsi que le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) avaient déposé plainte pour dénoncer le caractère raciste de cet emblème. Sur les réseaux sociaux, une vidéo du chanteur martiniquais Saaturn brûlant ce drapeau a rencontré un vif succès, manquant de provoquer un violent débat entre les békés, descendants des anciens colons blancs, et les mouvements indépendantistes décidés à obtenir sa disparition définitive de l’île.

Interrogé par la presse locale, le directeur départemental de la sécurité publique observe que ce symbole apparaissait depuis des décennies sans que personne n’y trouve rien à redire. Toutefois, deux jours après le coup d’éclat du commissariat, les habitants de Fort-de-France ont constaté que les armoiries de la Martinique avaient disparu. Sur ordre direct de Paris, d’après la chaîne télévisée Martinique Première. « C’est fait, c’est tant mieux et on passe à autre chose », a simplement déclaré Claude Coppel. Le bonheur, c’est parfois simple comme un coup de censure.

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Les Américains privés de campagne électorale?

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A la bourse de New York, des traders regardent la retransmission de l'interrogatoire de l'ancien diplomate en Ukraine William Taylor © Richard Drew/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22398703_000005

Le grand show télévisé de l’impeachment a commencé. Reste à voir si les démocrates en tireront profit en 2020.


La Chambre des représentants a entamé les auditions publiques afin de destituer le président, après le vote d’une résolution sur la procédure à suivre. Lors du vote, aucun Républicain ne s’est joint aux rangs Démocrates. Parmi ces derniers deux seulement n’ont pas suivi leur parti. Lors de la procédure de destitution à l’encontre Bill Clinton, pas moins de 31 Démocrates avaient rejoint le camp républicain. Et le vote intervenait à l’issue du rapport d’un procureur spécial. En 2019, les élus Démocrates instruiront eux-mêmes le dossier, à charge uniquement.

Des sénateurs démocrates, ceux qui vont donc devoir « juger » si Trump est « coupable », ont lancé des campagnes de recueils de fonds sur base de leur soutien à la procédure de destitution. Ils ont donc déjà tranché, avant le « procès ». Quant à la sénatrice Kamala Harris, candidate à la présidence, elle sait que Trump est coupable : « Comme ancienne procureure, je reconnais un aveu quand je le vois. Il (Trump) l’a fait aux yeux de tous. Il nous a fourni les preuves »! [tooltips content= »https://www.washingtonexaminer.com/news/kamala-harris-on-impeaching-trump-as-a-former-prosecutor-i-know-a-confession-when-i-see-it »](1)[/tooltips] La justice sera assurément bien rendue par ces élus qui ne cherchent même plus à préserver les apparences de la justice.

Un jeu dangereux aussi pour Biden

Il y a quelques mois, Nancy Pelosi avait pourtant mis en garde contre les dangers de division de la Nation[tooltips content= »Washington Post, 6 mars 2019″](2)[/tooltips] : « Je ne suis pas en faveur de l’impeachment. Cela divise inutilement le pays. A moins qu’il y ait quelque chose de vraiment accablant et  bipartisan, je ne pense pas que nous devons prendre ce chemin parce que cela divise le pays et cela n’en vaut pas la peine ». Sages paroles, vites oubliées.

A lire aussi: La procédure de destitution de Donald Trump n’est pas légitime

La cheffe des Démocrates a-t-elle paniqué devant les conséquences potentiellement dévastatrices pour Joe Biden, bien davantage que pour Trump du dossier ukrainien ? Pour l’instant, la presse tire à boulets bleus (la couleur des Démocrates) sur le président et épargne Joe Biden, mais, imaginons la passe d’armes  au cours d’un face à face télévisé :

– Biden : « Vous avez cherché à obtenir un avantage politique en faisant appel à un chef d’Etat étranger ».

– Trump : « J’ai cherché à démontrer votre corruption, l’utilisation de votre fonction de Vice-président pour favoriser votre fils qui a reçu 600 000 dollars par an pour trois réunions.

Quel serait l’argument le plus convaincant ? Qui emporterait ce duel ?

Comme des juristes américains ont tenté de le démontrer sans parvenir à se faire entendre dans les journaux les plus prestigieux, les pères fondateurs de la Constitution américaine n’ont certainement pas voulu que la destitution devienne une affaire aussi partisane et qu’elle puisse s’appliquer dans le cas de la « faute » qui est reprochée à Donald Trump.

Les démocrates ne peuvent-ils donc pas battre Trump à la régulière?

Même s’il s’avérait que ce dernier avait lié l’aide américaine à l’Ukraine à l’ouverture d’une enquête sur Hunter Biden, à moins d’un an de l’élection, il appartiendrait au peuple américain de le juger sur ce point comme sur d’autres et pas à un parlement, par définition hautement politisé.

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Et de qui se moque-t-on lorsque l’on critique la diplomatie parallèle de Rudy Giuliani, l’avocat du président, comme si aucun président, américain (ou français), n’avait  jamais contourné les circuits officiels de la politique étrangère ?

C’est à l’initiative de Trump que le Congrès a autorisé la livraison d’armes létales (des missiles antichars Javellin) à l’Ukraine, ce que Biden préconisait en tant que Vice-président mais que Obama s’était toujours refusé de valider ! Autrement dit, les Démocrates reprocheraient à Trump d’avoir « mis en danger la sécurité nationale », alors qu’il n’était aucunement obligé de prendre cette décision. Dans le système américain, c’est le président – et lui seul – qui conduit la politique étrangère.

Nous allons donc assister pendant quelques semaines au défilé d’une série de fonctionnaires, Démocrates ou frustrés, les deux se combinant parfaitement, pour dénigrer le président élu. Comme on n’a rien ignoré des taches sur la robe de Monica Lewinsky lors de l’injuste impeachment de Bill Clinton, on connaitra tout des conversations, texto et courriels diplomatiques, censés être confidentiels.

La vérité est sans doute que les Démocrates doutent de pouvoir battre Trump à la régulière en 2020. Tous leurs candidats ont désormais d’énormes faiblesses.  Comme l’a écrit justement, mais pour s’en réjouir, Martin Watterberg dans le Washington Post, « Une procédure d’impeachment même sans condamnation aide quand même le parti d’opposition en mettant en évidence les écarts du président en place » [tooltips content= »https://www.washingtonpost.com/politics/2019/10/24/would-not-guilty-impeachment-verdict-help-trump/ »](3)[/tooltips] Et l’éditorialiste du New York Times, David Leonhardt, de l’approuver [tooltips content= »Courriel aux abonnés, 1/11/2019″](4)[/tooltips]. Les choses sont claires et les camps bien définis.

Liban: la nation contre les communautés

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Manifestation place des Martyrs, à Beyrouth, 20 octobre 2019 (c) AFP

Depuis des semaines, les manifestants libanais défient l’ensemble de la classe politique. Chrétiens, sunnites et chiites se soulèvent contre leurs vieux leaders confessionnels pour exiger la construction d’une nation digne de ce nom. Même le Hezbollah est victime de ce dégagisme. Reportage.


Il aura fallu l’annonce d’une nouvelle taxe sur l’application téléphonique WhatsApp pour provoquer l’ire de tout un pays. « C’est la goutte de trop ! » entend-on de la bouche des manifestants à Beyrouth. Plus qu’une jacquerie fiscale, c’est une révolte contre l’ensemble du personnel politique.

Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), « miliciens,chefs de guerre et nouveaux riches ont fait alliance pour mettre le pays en coupe réglée, explique l’ancien ministre de l’Économie Georges Corm. Le régime actuel est à bout de souffle, il a ruiné l’économie du pays. La corruption est devenue un trait majeur du système. » Pour cet intellectuel nassérien, la mainmise de quelques personnalités indéboulonnables s’explique par « un système communautaire très rigide de répartition du pouvoir et des fonctions publiques ». Comme lui, des millions de Libanais reprochent en vrac à leurs élites politiques : le retard en matière de services publics, la corruption, l’absence d’un état civil moderne (pas de mariage mixte à moins d’une conversion de l’un ou l’une) et la perpétuation d’un système électoral empreint de féodalité.

L’unité nationale prime comme jamais auparavant : sunnites, chiites, chrétiens et Druzes, unis autour d’un seul et même drapeau libanais, reprennent à tue-tête les slogans phares des printemps arabes

Deux grands partis: Amal et Hezbollah

Surtout, pour la première fois dans l’histoire du pays, une marée humaine s’en prend à ses leaders communautaires. Avec un certain courage, la population chiite renvoie dos à dos les deux grands partis censés la représenter : Amal et le Hezbollah. Dirigé par son fondateur Nabih Berri depuis trente-huit ans, également président de la Chambre des députés depuis vingt-huit ans, Amal veille jalousement sur sa part du gâteau politico-confessionnel. Son allié Hezbollah, seule milice à ne pas avoir désarmé, règne en maître dans certaines régions du Liban, notamment au sud. S’érigeant en véritables pères de la nation, idolâtrés par leurs militants, ces deux partis exerçaient jusqu’alors une hégémonie quasicomplète sur les chiites. Au point que les critiques à leur encontre étaient rares, les quelques voix discordantes craignant de s’attirer leurs foudres. Aujourd’hui, les tabous tombent jusque dans les fiefs d’Amal, où les affiches à l’effigie de Nabih Berri sont arrachées, des portiques ornés de drapeaux du parti renversés et les cadres du parti conspués. Même le complexe balnéaire de son épouse Randa Berri s’est fait incendier par des chiites dissidents à Saïda. Le Hezbollah n’échappe pas à la vindicte populaire. Dans son bastion de Nabatieh, un journaliste d’Al-Manar (chaîne télévisée du Parti de Dieu) a été interrompu en plein direct par un insolent réclamant une danseuse du ventre…

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Les déclarations lénifiantes de son secrétaire général Hassan Nasrallah ne parviennent pas à calmer la colère du peuple qui l’accuse d’avoir appauvri la population. Ses « Je vous ai compris » révèlent son malaise : comment soutenir les revendications des manifestants tout en s’opposant à la démission du gouvernement ? Tout changer pour ne rien changer… La foule n’est pas de cet avis. Si beaucoup défient leurs chefs politiques et religieux, c’est qu’ils font désormais passer leur libanité avant leurs appartenances confessionnelles. L’armée, qui n’intervient qu’en cas extrême, sous le commandement du très respecté général Joseph Aoun offre l’exemple d’un brassage réussi plébiscité par le peuple. Régulièrement ovationnée par les manifestants, la troupe est l’un des symboles nationaux que les Libanais aiment brandir. Contrairement aux précédentes contestations, notamment en 2005, les anciens clivages n’ont plus cours : la division 14 mars (anti-syrien) contre 8 mars (pro-Damas) a sauté au profit d’un patriotisme réconciliateur. L’unité nationale prime comme jamais auparavant : sunnites, chiites, chrétiens et Druzes, unis autour d’un seul et même drapeau libanais, reprennent à tue-tête les slogans phares des printemps arabes : « Le peuple veut la chute du régime » ou encore « Révolution, révolution ! ».

Beaucoup de Libanais rêvent d’un régime laïque

La contestation gagne les localités et les esprits les plus conservateurs du Liban. Ainsi, Tripoli, grande ville sunnite du Nord, rejette le leadership du Premier ministre Saad Hariri. Place Al-Nour, l’imposant « Allah » tridimensionnel illuminé en néonet a cédé la place à un gigantesque dance-floor à ciel ouvert. Jusqu’au fin fond du Akkar (extrême nord), les cheikhs religieux sunnites dansent juchés sur les épaules des manifestants.Chez les chrétiens, les Forces libanaises de Samir Geagea, sentant le vent tourner, ont préféré quitter le navire gouvernemental.

Tous les partis essuient les mêmes griefs, mais la cible numéro un des révoltés s’appelle Gebran Bassil. Le président du plus grand parti chrétien, CPL, gendre du président de la République et ministre des Affaires étrangères concentre les attaques. D’aucuns l’accusent de « tremper dans la corruption jusqu’au cou » et d’avoir privilégié les intérêts du Hezbollah au détriment de la souveraineté libanaise au risque d’exposer le Liban aux sanctions américaines. Cette convergence des luttes sonnera-t-elle le glas du système confessionnel ? Pas tout de suite, selon Georges Corm. « Beaucoup de Libanais rêvent d’un régime laïque d’où serait aboli la répartition communautaire des fonctions publiques, mais il ne sera pas facile de se débarrasser du système communautaire. C’est à travers lui que s’exerce l’influence politique et communautaire des puissances étrangères impliquées depuis l’époque du colonialisme dans la gestion du Liban. »

À la fin de la guerre civile, l’accord de Taëf (1990) devait engendrer un nouveau Liban déconfessionnalisé. Tout le contraire s’est produit, sans que ces jeux d’appareils assainissent les finances publiques. Bien au contraire : selon le FMI, le Liban est aujourd’hui le troisième débiteur troisième du monde, derrière le Japon et la Grèce, avec une dette publique qui atteint 86 milliards d’euros, soit 151 % du PIB. Et la croissance reste désespérément faible depuis le début de la crise syrienne qui a amené des millions de réfugiés sur le sol libanais. Alors que des besoins aussi élémentaires que l’électricité, l’eau courante et les transports ne sont toujours pas correctement assurés, les Libanais se mobilisent sans relâche. Parfois au-delà même des frontières. Une partie de la diaspora a ainsi fait le déplacement pour se soulever contre la classe politique vieillissante. Avec ces foules mobilisées, le Liban a peut-être commencé sa mue politique. Mais pour mener à bien ce printemps libanais balbutiant, de nouvelles élites devront supplanter la classe politique vieillissante héritée de la guerre civile. Ce n’est pas gagné.

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Israël, vaincu par la CJUE?

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La Cour de Justice de l'UE au Luxembourg © Thierry Roge/ISOPIX/SIPA Numéro de reportage: 00697548_000003

Les juges estiment que les mentions actuelles induisent en erreur les consommateurs. Selon l’institution, l’Etat d’Israël serait donc présent dans des territoires en tant que « puissance occupante » et non pas en tant qu’entité souveraine…


Sans aucune surprise, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a validé mardi 12 novembre la notice interprétative de l’UE appelant à mentionner « colonie israélienne » sur les étiquettes des denrées alimentaires importées de Judée-Samarie ou du Golan. Prise sur la base d’un règlement sanitaire, la commission européenne puis la CJUE se sont empressées d’en faire une action politique. Le vocabulaire est, à ce titre, révélateur.

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Le terme « colonie » est symptomatique de ce passé français qui décidément ne passe pas et d’une volonté de dénigrer politiquement, et non de mieux informer le consommateur. A défaut, le terme « implantation » suffirait largement à renseigner utilement le public et ce, d’autant que seule l’origine géographique, comme le plateau du Golan ou la Judée-Samarie, importe. Savoir que l’usine, le vignoble ou le champ se trouve dans un « village », « une implantation » ou « une colonie » n’a aucun effet sur la santé du consommateur.

Occupation ?

La notion « d’occupation » est juridiquement fausse dans la mesure où la Judée-Samarie a été divisée en trois zones aux termes des accords d’Oslo et que l’immense majorité des implantations se situent en zone C qui se trouve être sous contrôle civil, administratif et militaire israélien. Ces accords prévoyaient que cette répartition durerait jusqu’à un accord final entre les parties, ce qui n’est toujours pas le cas. Point d’occupation donc puisque cette administration israélienne est prévue par un accord entre les parties.

La commission européenne tout comme la CJUE évoquent « les produits issus de Palestine » comme s’il s’agissait d’un État, un Etat qui n’existe pas ni n’a jamais existé, et continuent d’évoquer des « produits issus de la bande de Gaza » comme étant problématiques… en dépit du retrait israélien unilatéral effectué en 2005 !

Israël visée

La Commission européenne, reprise par la CJUE, invoque l’éthique pour justifier cette prise de position politique mais uniquement concernant Israël. Pas un mot sur la politique de sinisation à marche forcée du Tibet ou le traitement des Ouïghours par la Chine, sur la Turquie et la prétendue république turque de Chypre du nord, sur le Maroc et le Sahara occidental, sur le Royaume-Uni et Gibraltar, sur la France et la Nouvelle-Calédonie, sur les États-Unis et Porto-Rico, sur l’Arménie et le Haut-Karabagh… La liste est encore longue ! Et si l’on doit se concentrer sur Israël, rien non plus sur le statut de réfugiés palestiniens qui s’hérite de génération en génération – fait unique dans l’histoire de l’ONU -, rien sur les attentats et les roquettes contre les civils israéliens, rien sur les livres scolaires palestiniens qui promeuvent la haine des Juifs et qui sont financés par l’UE…

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Quant aux populations civiles prétendument transférées, les seules populations civiles qui ont été déplacées sous la contrainte de l’armée israélienne, ce sont les habitants des implantations juives autrefois présentes dans le Sinaï et à Gaza. Les populations palestiniennes déplacées l’ont été pour des raisons de sûreté de l’État et dans le cadre de plusieurs conflits armés déclenchés par les pays arabes et ces déplacements ont été soutenus, pour la plupart, par ces mêmes pays arabes.

Alors de quelle éthique la CJUE parle-t-elle ?

La CJUE impose-t-elle une mention aux termes de laquelle les ouvriers qui travaillent dans les usines de ces « colonies » sont palestiniens et qu’ils gagnent ainsi leur vie grâce aux israéliens ? Faudrait-il le rajouter sur l’étiquette pour que le consommateur puisse « éthiquement » acheter un produit qui fait vivre une famille palestinienne ? Et partant de là quelle serait la limite ? Quid de la parité hommes/femmes, du respect des 35 heures ou du travail des enfants, comme l’a très justement plaidé Me Julie Buk Lament devant la Cour de Justice de l’Union Européenne… Ce n’est pas une étiquette qu’il va falloir, c’est un tract politique !

Cette décision, pas plus que les notices et avis, n’ont donc pour objet d’informer les consommateurs européens sur le pays d’origine ou le lieu de provenance réel du produit mais répondent uniquement à un agenda politique, un agenda pathétiquement anti-israélien.

Mélenchon fait l’âne et brait contre le CRIF

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10 novembre 2019. Marche contre "l'islamophobie". De gauche à droite, Jean-Luc Mélenchon, Farida Amrani et Danièle Simonnet de la France Insoumise © NICOLAS CLEUET / HANS LUCAS / AFP

Critiqué pour sa participation à la marche contre « l’islamophobie », Jean-Luc Mélenchon s’en prend au CRIF pour détourner l’attention…


Englué dans une manif anti-anti-islamiste de soutien au port du voile islamique, pendant laquelle une partie de la foule a entonné le cri religieux « Allahu akbar » – deux mots qui ont souvent été les dernières paroles entendues par des égorgés – Mélenchon a dénoncé… le communautarisme juif.

Rhétorique grotesque

La veille il expliquait pourtant qu’il défendait les musulmans comme il défendait les juifs. Le lendemain, il glisse et dérape. Et il se retrouve dans une rhétorique grotesque, s’efforçant de prouver son hostilité au communautarisme en pourfendant le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (dont l’acronyme ne comporte pas le mot juif…): « Le Crif, prétendument représentatif de je ne sais quelle institution, l’expression la plus crue du communautarisme ».

Tribune, Jordan Bardella (RN): «Islamophobie»: de quoi parle-t-on ?

On pardonnera à Mélenchon d’ignorer quelles sont précisément les institutions juives et les adhérents individuels qui composent le CRIF, et on lui reconnaîtra le droit d’en contester certaines décisions, comme il a bien le droit de contester les décisions des organisations qui représentent les diverses « communautés » présentes au sein de la société française. Mais ces « communautés », composées de gens qui ont quelque chose en commun, ne sont communautaristes au sens anti-républicain du terme que si elles placent leur particularisme en opposition et au-dessus de leur appartenance à la nation. Mélenchon serait peut-être sur le point d’admettre qu’une offensive vraiment communautariste et anti-républicaine tend à transformer la France en une société bi-culturelle.

Un conseil représentatif des musulmans serait le bienvenu

Et qui désigne-t-il à la vigilance des Français républicains ? Le communautarisme des Juifs… Mélenchon ne sait pas que l’intégration des Juifs français à la France est un modèle de réussite !

A lire aussi, Barbara Lefebvre: Macron utilise les juifs pour justifier son inaction sur le communautarisme

Ne sait-il pas que l’État est en manque d’un interlocuteur musulman, d’une sorte de Conseil Représentatif des musulmans de France, qu’il pourrait reconnaître comme le représentant légitime des institutions et individus musulmans?

Depuis que Jean-Marie a été prié de ravaler ses saillies anti-juives, Mélenchon est en passe de devenir le seul leader politique qui ose jouer sur la fibre anti-juive. Au prétexte qu’il n’est personnellement pas suspect d’antisémitisme.

Quelle débâcle!

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Vox: les raisons du succès

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Santiago Abascal, président de Vox à l'occasion des élections générales à Madrid. Shutterstock40736504_000006 Auteurs : Muddy Ignace/DYDPPA/REX/SIPA

Fondé en 2013 à partir d’une scission du PP, Vox est en train de s’imposer parmi les principaux mouvements politiques espagnols. Associant autorité de l’État et libéralisme économique, il séduit autant les jeunes urbains que les régions pauvres d’Espagne.


Le dimanche 10 novembre 2019 au soir, au siège du parti Vox, à Madrid, les militants et dirigeants de la formation ne boudaient pas leur plaisir. Avec plus de 3,6 millions de suffrages exprimés (soit un million de plus que lors du scrutin national du 28 avril) et 52 députés (sur 350), le parti classé à l’extrême droite par la plupart des médias représentait un peu plus de 15 % des votants et réalisait le meilleur score de son histoire.

Vox entrait ainsi dans l’histoire récente de notre voisin ibérique en devenant la première force politique de cette nature à compter autant dans le jeu national. Depuis la mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975, l’électorat espagnol penchait nettement à gauche et, en dehors de Blas Piñar lors des élections générales du 1er mars 1979, aucune personnalité de « droite radicale » n’était parvenue à se faire élire aux Cortes Generales (le Parlement espagnol). Plus encore : Vox a obtenu 2 sénateurs sur les 208 dont le siège était à nouveau soumis au vote des électeurs espagnols.

A lire aussi : L’Espagne, une démocratie à géométrie variable ?

Les affaires semblaient pourtant mal parties pour Vox, formation fondée le 17 décembre 2013 par des dissidents du Parti populaire (PP, démocratie chrétienne) et divers activistes de droite, dont la journaliste Cristina Seguí, l’ancien otage de l’ETA José Antonio Ortega Lara et le philosophe José Luis González Quirós. Après une première crise, le jeune dirigeant politique basque Santiago Abascal (né à Bilbao en 1976) devient président de la formation début 2014. Son idéologie, clairement marquée à droite, a peu évolué depuis lors : volonté de recentraliser l’administration espagnole ; rejet des lois sociétales et de toute loi mémorielle ; allègement substantiel de la fiscalité et diminution du poids de l’État dans l’économie ; accroissement des aides à la natalité et à la famille ; un certain euroscepticisme ; lutte contre l’immigration ; combat contre le séparatisme et le terrorisme basque.

La présence du PP et le manque de médiatisation ne permettent pas à Vox d’émerger entre 2013 et 2018. Lors du scrutin européen de 2014, la tête de liste, Alejo Vidal-Quadras, ne parvient même pas à se faire élire. Aux élections régionales de 2015, aucune des listes présentées par la formation ne dépasse 1,30 % des voix et, au scrutin général de la même année, Santiago Abascal n’obtient que 0,23 % des suffrages exprimés. En 2016, les élections générales ne lui sourient pas davantage avec 0,20 % des voix.

Le tournant de 2018

C’est avec le scrutin régional andalou du 2 décembre 2018 que tout bascule. Dès le mois d’octobre, de nombreux observateurs signalent qu’à la faveur de la crise séparatiste catalane, du mécontentement face aux partis traditionnels et de l’érosion d’un pouvoir socialiste qui gouverne la communauté autonome sans discontinuer depuis 1978, l’extrême droite a de grandes chances de faire une percée. Pourtant, en dehors de la toute dernière semaine de campagne, aucun sondage ne prédit le résultat final : 11 % des suffrages exprimés, soit 400 000 votants (contre 18 000 en 20159) et 12 sièges sur 109. Aux côtés du bon score de Citoyens (21 élus), cette poussée permet à la droite de…

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L’autodafé, c’est maintenant!

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François Hollande en septembre 2019 © UGO AMEZ/SIPA Numéro de reportage: 00921769_000070

Intrusion au ministère de l’Enseignement supérieur, conférence de François Hollande annulée à Lille… Cela chauffe pour Frédérique Vidal! Alors qu’un ancien président ne peut même plus présenter son livre aux étudiants, la ministre semble bien timorée face à des agissements insupportables qui se multiplient.


Hier soir, des étudiants ont manifesté leur colère en détruisant la grille d’entrée du ministère de l’enseignement supérieur à Paris et en envahissant la conférence que devait tenir François Hollande dans une faculté de droit à Lille. Ce matin, RTL l’annonçait à peu près sur ce ton, attribuant ladite colère à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant à Lyon. Gabrielle Périer a bien décrit dans ces colonnes où se situent les responsabilités dans ce drame.

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Non, il n’est nul besoin d’une telle tragédie pour que les militants du syndicat étudiant « Solidaires » se comportent ainsi. Car c’est encore leur banderole qu’on a vu dans l’amphithéâtre lillois, alors qu’un ancien président de la République devait être exfiltré. Et c’est déjà  « Solidaires » qui cosignait le communiqué de menaces à la présidente de l’université bordelaise, lui intimant d’annuler la conférence de Sylviane Agacinski le mois dernier. A la Sorbonne, professeurs et étudiants se sont donné la main pour obtenir l’annulation (le report, tentait de rassurer le président de l’Université) d’un séminaire de formation sur la prévention de la radicalisation, animé par Mohamed Sifaoui.

Fascistes en herbe

Le sectarisme n’a donc pas attendu l’immolation de ce jeune étudiant de Lyon 2 pour atteindre des sommets dans certaines universités françaises. Et il faut voir la tête satisfaite des deux jeunes idiotes, déchirant le livre de François Hollande, pour se rendre compte de la haine qui anime ces groupes ultra-minoritaires. On pratique désormais l’autodafé dans l’université en toute bonne conscience, sans que les pouvoirs publics puissent s’y opposer.

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Mais en ont-ils seulement la volonté ? Il fallait entendre la réponse mièvre de Frédérique Vidal à un député lorsque ce dernier l’interrogeait sur la scandaleuse annulation de la conférence de Sylviane Agacinski. Il fallait l’entendre apporter son soutien à la présidente de l’université, qui avait eu « la bonne attitude » en « évitant le trouble à l’ordre public » et promettant que Sylviane Agacinski serait reprogrammée. Face à de telles atteintes à la liberté d’expression et à l’ordre public, on était en droit d’attendre une autre attitude. Car, enfin, ceux qui ont menacé à Bordeaux, n’avait-on pas leurs noms et leurs adresses ? N’avaient-ils pas signé eux-mêmes leur communiqué ? Une plainte a-t-elle été déposée ? Des sanctions ont-t-elles été prises contre les étudiants auteurs de telles menaces ? Rien du tout ! Ces petits fascistes en herbe ont imposé leur ordre. Il a été respecté. Respecté jusque dans l’hémicycle par la ministre elle-même.

Tyrannie des minorités

L’attitude de la ministre et du gouvernement en entier – on l’a connu plus vigoureux quand il s’agissait de certains leaders des Gilets jaunes – lors de l’annulation de la conférence de Sylviane Agacinski a donné un signal aux nervis qui ont envahi l’amphithéâtre lillois. Hier, on menaçait de troubles si une conférence était maintenue. Aujourd’hui, on empêche Hollande de tenir conférence et on déchire symboliquement un livre. Et demain ? Commettra-t-on directement des attentats contre ceux qui tiennent un discours différent du sien ?

Ce gouvernement n’est d’ailleurs pas seul en cause. Les médias, qui dans l’ensemble rivalisent de mièvrerie face à des actes attentatoires aux plus élémentaires libertés publiques, ont leur part de responsabilité. Ils sont plus « vigilants » quand un élu questionne – certes maladroitement – une présidente de région sur la présence d’une personne vêtue d’un hijab dans l’enceinte d’une collectivité locale. Les professeurs d’université ne montrent pas l’exemple non plus. Sur Cnews, l’universitaire Benjamin Morel témoignait de la manière dont sont ostracisés par leurs collègues, ceux qui osent ne pas utiliser le sabir « inclusif » dans les mails internes de la plupart des facs.

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Le modèle, c’est la fac américaine, le règne du politiquement correct, lui-même défini par une minorité. Celui-ci s’impose et gare à celui qui s’y opposera. Et la liberté dans tout ça ? Et le pluralisme ? Et la Connaissance ? Et la République ? Que des délires petits bourgeois !

Le président de la République intervient sur tant de sujets du niveau d’un secrétaire d’Etat. On attend toujours son fameux grand discours sur la laïcité et sur la question cruciale posée par le développement de l’islamisme. On l’attend désormais aussi sur la tyrannie de certaines minorités dans le débat public.

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Le bruit et l’odeur

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Christian Bale dans Le Mans 66, film de James Mangold Image: 20th Century Fox distrib.

Aujourd’hui, tout est permis. Car le film Le Mans 66 est projeté sur nos écrans. Thomas Morales, spécialiste reconnu de l’automobile, était en pole position dans la file d’attente de son cinéma!


 

Aujourd’hui, les petits garçons sautent de joie ! Ils font vroum vroum à la machine à café. Ils enfilent leur paire de gants à trous pour « driver » leur vélib’. Ils portent même des lunettes fumées comme Steve McQueen, lors du tournage du Mans en 1970. Certains ont été jusqu’à ressortir leur veste en peau retournée et ils peinent visiblement à la refermer. Peu importe, aujourd’hui, tout est permis! Un film de bagnoles, genré et fumant sans une leçon de morale à la clé (anglaise) est dans les salles, ça ne se reproduira pas avant qu’un prix littéraire soit décerné à un bon livre.

La passion automobile, c’est dépassé

Quelque chose de bien régressif au cœur de l’automne, de gros V8 qui gargouillent à l’oreille, des pilotes ex-héros de la Seconde Guerre, des patrons charismatiques qui ressemblent à des monstres sacrés et la plus belle piste d’endurance dans la Sarthe avec cette longue ligne droite des Hunaudières, indomptable et versatile.

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Comment leur faire comprendre à tous à ces déconstructivistes du rêve automobile qu’à la simple évocation du Commendatore, de Carroll Shelby, de la Ford GT40, de l’AC Cobra ou de Lee Iacocca, notre imaginaire se met en surrégime, au bord du rupteur ? Nous sommes transportés dans les années 1960, le pétrole coulait à flots, la voiture guidait la société de consommation d’alors, les coureurs étaient des dieux et on aurait donné cher pour conduire une Ford Mustang cabriolet dans sa livrée « candyapple red ». Evidemment, un tel discours est aujourd’hui inaudible. Inadmissible, tant nous avons raboté, peu à peu, nos espaces de liberté et phagocyté notre propension à nous émouvoir d’un passage rapide dans une courbe. Il y a des appuis aérodynamiques qui rivalisent avec la poésie rimbaldienne, en termes de frissons et d’envolées intellectuelles. Le sport automobile était une affaire de sensations autant physiques que cérébrales. Je conseille toujours aux professeurs de littérature d’assister à un Grand Prix de Formule 1 pour mieux saisir et entrevoir l’apnée féérique. Comment les stylistes de la plume et du bitume partagent le même terrain sensoriel. Je m’emporte.

Braver le chrono et la mort

Nous sommes devenus secs, raisonneurs, chipoteurs, comptables de chaque instant passé hors des clous, incapables de prononcer les mots vitesse et plaisir sans que la patrouille vienne nous contrôler. Les duels mécaniques de ces années-là auront été notre odyssée. Chaque week-end, nous avons vibré pour nos champions, derniers funambules osant braver le chrono et la mort. Ils étaient terriblement vivants et grâce à eux, à leur courage et à leur talent, aussi à leur façon de repousser les limites et d’apprivoiser le danger, ils nous ont appris à dépasser nos peurs, à grandir tout simplement.

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Aujourd’hui, la course est en voie d’électrification. Les batteries ont remplacé le moteur à explosion. La puissance est un frein à l’imagination, et son corollaire, la modération, notre nouvel horizon indépassable. Nous sommes figés, paralysés par la trouille de vivre. Nous avons pourtant passé l’âge de jouer au Scalextric. Messieurs les censeurs, rendez-nous nos vrais jouets d’antan qui expulsaient leur colère en grimpant dans les tours! Père Noël, je veux de la Corvette, de la Porsche 906 et des Ferrari P3 à l’échelle 1 sous le sapin! Le cinéma américain nous offre aujourd’hui cette parenthèse enchantée dans Le Mans 66 de James Mangold avec entre autres, Matt Damon et Christian Bale. Les Etats-Unis tirent toujours la couverture étoilée à eux, c’est de bonne guerre. Le réalisateur a choisi de raconter la rivalité entre Ford et Ferrari. Et un épisode très précis de cet affrontement à la fois sportif et industriel : la fin de l’hégémonie du cheval cabré face au mastodonte de Detroit aux 24 Heures du Mans de 1966, la course mètre-étalon par essence. A travers le portrait du pilote britannique Ken Milles, on suit, pièce par pièce, la construction de la mythique GT40, les tâtonnements techniques et les impératifs commerciaux. Car la victoire était alors perçue comme un accélérateur des ventes. On pourrait dire beaucoup sur ce long-métrage (plus de 2 h 30 mn) et ses approximations historiques. C’est avant tout un spectacle pyrotechnique de bonne facture, un peu exagéré dans l’action et académique dans sa démonstration narrative. Les scènes de dépassements ou de freinages sont un peu trop lisses à mon goût; les Américains peinent à rendre compte de la violence et de la sauvagerie d’un bolide poussé à son extrême limite. Ça manque de sueur et de souffle comme si un filtre venait voiler la réalité brute des 24 Heures. Pour ceux qui veulent une vérité crue, presque austère, visionnez plutôt le documentaire moto « Continental Circus ». Mais attention, ne boudons pas notre plaisir car en 2019, face aux forces obscures du renoncement, un film avec des voitures fantastiques par dizaines, un hommage aux légendes de la course et le bonheur enfantin d’apercevoir un beau survirage esthétique, ça ne se loupe vraiment pas !

Le Mans 66, un film de James Mangold

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