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Danemark: la croisade laïque de Mette Frederiksen

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, vient de raviver un débat explosif au Danemark : celui de la place de l’islam et de ses symboles dans l’espace public, et plus particulièrement dans les écoles et les universités.


Début juin 2025, Mette Frederiksen, 47 ans, chef de file des sociaux-démocrates, a plaidé pour un durcissement de l’interdiction du voile intégral — burqa et niqab — déjà proscrits dans les lieux publics depuis sept ans, mais jusque-là tolérés dans les établissements d’enseignement. Pour la Première ministre du royaume du Danemark, il est temps de refermer une « brèche » dans la loi, qu’elle juge être le terreau du « contrôle social » et de « l’oppression » des femmes musulmanes au Danemark.

Contrôle des corps « avéré »

Au-delà du symbole vestimentaire, la Première ministre cible aussi l’existence même de salles de prière dans certaines universités et collèges. Elle y voit un outil d’isolement plus qu’un espace de liberté religieuse : « Nous ne les voulons pas, car elles sont utilisées comme des mécanismes d’oppression envers les filles et, potentiellement, envers les garçons », a martelé la dame de fer danoise. Pour le gouvernement danois, la neutralité de l’école est non négociable : « Vous pouvez avoir votre religion, mais à l’école, vous êtes là pour être à l’école », résume Mette Frederiksen qui dénonce un « contrôle social musulman avéré».

Cette nouvelle offensive s’inscrit dans un contexte européen où le débat de certaines pratiques musulmanes avec les valeurs démocratiques ne cesse d’augmenter. Au Danemark, pays de près de 5,9 millions d’habitants, les musulmans représentent environ 5 % de la population (majoritairement issus de Turquie). Une minorité démographique, mais dont le poids symbolique et politique reste disproportionné aux yeux de nombre de Danois, notamment à la suite de plusieurs attaques terroristes islamistes ces dernières années — à l’instar de la fusillade de Copenhague en 2015 qui visait un débat sur la liberté d’expression et une synagogue.

A lire aussi: Une campagne anti-harcèlement qui fait plouf

Face à cela, la société danoise, longtemps vantée pour sa tolérance, se montre de plus en plus perméable aux discours sécuritaires et identitaires. Au nom de la lutte contre le « séparatisme islamiste », les gouvernements successifs ont multiplié les restrictions : limitation du regroupement familial, contrôles renforcés dans les quartiers dits « ghettos », durcissement du droit d’asile. « Dieu doit céder le passage. On a le droit d’être croyant et de pratiquer sa religion, mais la démocratie a la priorité », a rappelé la social-démocrate à l’agence de presse danoise Ritzau.

Amnesty International pas content

Mais la question du voile reste particulièrement inflammable. Pour ses défenseurs, continuer à interdire la burqa ou le hijab au sein même des écoles revient à piétiner la liberté individuelle, à commencer par celle des femmes qu’on prétend émanciper. Au grand désespoir d’Amnesty International qui a rappelé que : « Toutes les femmes devraient être libres de s’habiller comme elles le souhaitent et de porter des vêtements qui expriment leur identité ou leurs convictions. ». 

Pour ses partisans, à l’inverse, cette loi serait un rempart indispensable face à un islam rigoriste qui instrumentalise le religieux pour asseoir un contrôle communautaire. Les salles de prière, tout comme le voile intégral, deviennent ainsi le credo d’une bataille plus large : celle pour préserver la laïcité (le nombre de mosquées dans le pays a augmenté entre 2006 et 2017 de 50%) et l’égalité entre les sexes, valeurs que le Danemark place au cœur de son identité nationale. 

Selon un sondage réalisé par l’institut Wilke, près de 40 % des musulmans sont d’accord pour dire que la loi danoise devrait être basée sur le Coran, dont 11,3 % qui réclament que la loi danoise soit basée exclusivement sur le Coran et les 26,5 % restants favorables à un mélange du Coran et de la Constitution du Danemark…

Alors que la société danoise oscille entre défense des libertés individuelles et protection de la cohésion nationale, la manœuvre de Mette Frederiksen est aussi éminemment politique : rassurer une opinion publique inquiète, tout en coupant l’herbe sous le pied d’une extrême droite qui prospère sur le rejet de l’islam et du multiculturalisme, récemment confortée par un document… gouvernemental. Selon le Centre national danois de recherche sociale qui a publié un rapport commandé par le ministère de l’Enfance, de l’Intégration et des Affaires sociales, pas moins de 15 groupes extrémistes musulmans opèrent sur cette terre de Vikings. Un terreau propice pour les milieux nationalistes puisque d’après un sondage de 2017, 55% des Danois pratiquants de confession chrétienne et 50% des non pratiquants assurent que l’islam reste incompatible avec leur culture nordique. Reste à savoir si cette surenchère législative ne risque pas de produire l’effet inverse : stigmatiser davantage une minorité déjà sous pression et alimenter le ressentiment dont se nourrit, précisément, l’extrémisme que Mette Frederiksen prétend combattre.

Tour: le spectre du contre-la-montre pyrénéen

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La très attendue 13e étape, entre Loudenvielle et Peyragudes, vendredi prochain, pourrait départager irrémédiablement les deux favoris, explique notre chroniqueur.


Depuis 2004, le Tour de France était sevré de contre-la-montre en montagne. Et pour cause… La 16ème étape de cette année-là, une montée sèche de 15,5 km, menant de Bourg d’Oisans au sommet de l’Alpe d’Huez, avait été gagnée par Lance Amstrong, à une moyenne de 23,435 k/h. On connaît quel postérieur funeste sort a été le sien. Il a été déchu de tous ses titres dans la Grande boucle, dont ses sept insolentes victoires consécutives, pour dopage.

Le sinistre souvenir qu’il avait laissé s’étant estompé avec le temps, les organisateurs ont donc décidé de renouer avec cet exercice rare, programmé seulement sept fois depuis 1947, mais qui a toujours donné lieu à d’homériques duels comme celui de 1959 qui opposa l’Espagnol Federico Bahamontés, dit L’Aigle de Tolède, et le Luxembourgeois, Charly Gaul, lui dit L’Ange des cimes, sur la pente conduisant de Clermont-Ferrand au Puy de Dôme.

Pas de gestion de l’effort possible

Intervenant après une première semaine « fantastique, intense, et très dure », comme l’a reconnu Mauro Gianetti, le manager de l’équipe (UAE) de Tadej Pogacar, qui a marqué tous les organismes, le contre-la-montre de cette 112ème édition fait figure de spectre. Il a dû assurément hanter la journée de repos des deux favoris, Pogacar (qui a cédé le 14 juillet sa tunique jaune qu’il a portée par intermittence, à un intrus sympathique et intrépide, l’Irlandais Ben Healy), et Jonas Vingegaard, surtout à cause de la grosse déconvenue qu’il a connue à Caen dans le même exercice mais en plat.

Ce chrono pyrénéen de 10,9 km, entre Loudenvielle et l’héliport de Peyragudes (1580 m), présente une pente moyenne de 8%, mais avec un final à 16%. « Pas de gestion de l’effort possible », comme l’a écrit Vélo-magazine dans son numéro de présentation du Tour, c’est du « à bloc » de la rampe de lancement à la ligne d’arrivée. Le rouleur pur (Evenepoel, Thomas) ne sombre pas, mais ne peut que limiter la casse face au grimpeur authentique. 

Cette 13ème étape, vendredi, le directeur du Tour, Christian Prudhomme l’a déjà estimée « mythique ». Elle sera un test sur les réelles potentialités du Français Lenny Martinez, qui a le profil type pour l’inscrire à son encore maigre palmarès. Il a revêtu la tunique à Pois au Mont-Dore, le jour de la fête nationale, mais il se doit de confirmer. Mais, surtout, sur le papier, cette étape apparaît comme appelée à mettre les pendules à l’heure entre les deux grands favoris, Pogacar et Vingegaard, qui ont guerroyé dès l’entame du Tour sans que l’un prenne un irréversible avantage sur l’autre.

Engagés

Ce qui a fait dire à Bernard Thévenet, dit Nanard, deux fois maillot jaune à Paris, et surtout vainqueur d’Eddy Merckx en 1975, « j’ai rarement vu un Tour où il y avait autant d’engagements des favoris dès le début. »

Avec ses deux victoires d’étape au sprint mais avec à chaque fois le Danois dans sa roue qui ne le lâchait pas d’un boyau, ses trois jours en jaune, le Slovène n’a pas pris, semble-t-il, un ascendant psychologique sur son rival, ce qui paradoxalement pourrait dans son for intérieur le faire douter. D’autant que Vingegaard ne s’est pas laissé abattre par son déconcertant échec à Caen.

Dès le lendemain, il relevait le gant en faisant rouler à fond son épique Wisma-Lease a bike en fin de l’étape Bayeux-Vire pour faire échec au projet de Pogacar de refiler le maillot jaune à Mathieu Van der Poel, son ami, afin de s’épargner de la sorte l’heure consacrée au protocole, une heure prise sur le temps de récupération. Un Tour ne se gagne pas que sur la route. « Les Wisma voulaient que je reste en jaune », avait-il convenu à l’arrivée avec un sourire malicieux. Pour une seconde, il venait de se faire déposséder de la première place au général et avait donc réussi son coup qui n’allait s’avérer être qu’éphémère puisque le lendemain il renfilait le maillot jaune en s’imposant à Mûr-de-Bretagne juste devant Vingegaard, qui lui collait à la roue comme son ombre portée.

Le temps des escarmouches entre les deux est révolu. Peut-être la mère des batailles les attend au pied des Pyrénées.  Bien qu’ayant 1’17’’ d’avance sur Vingegaard, Pogacar arrive avec un handicap pas négligeable. Il a perdu son lieutenant N°1 dans la montagne, le jeune et brillant Portugais Joao Almeida, vainqueur du dernier Tour de Suisse, qualifié souvent de meilleur équipier du monde par la presse sportive. Un autre de ses équipiers, Pavel Sivakov, semble aussi très affaibli et au destin très incertain.

En revanche, Vingegaard se présente avec une équipe au complet dont un de ses membres, Simon Yates, s’est même offert le luxe de s’imposer lundi au sommet du Mont Dore. Et surtout, elle occupe la première place au général par équipe avec un peu plus de huit minutes d’avance sur… l’équipe de Pogacar, l’UAE…

Mais, le plus ennuyeux pour Pogacar, c’est qu’il va avoir à mener un combat d’un contre deux, contre Vingegaard, mais aussi contre Matteo Jorgenson, lui aussi de l’équipe Wisma, 5ème au général à seulement 1’37 du Slovène. Ainsi, ils pourront l’attaquer chacun à son tour surtout s’il se retrouve esseulé dans les montées. C’est sans doute ce à quoi Vingegaard et sa solide garde rapprochée vont s’employer dès la première étape de montagne jeudi en Auch et Hautacam. Elle comporte deux cols un de première catégorie, le Soulor, un de seconde, des Bordères, et une arrivée au sommet hors catégorie de Hautacam.

L’art du cyclisme sur les grands tours s’apparente à l’art de la guerre, et plus exactement au fameux art opératif soviétique[1] qui consiste en une synthèse de la tactique et de la stratégie. À savoir, en l’occurrence, à coordonner plusieurs opérations de manière à user l’adversaire avant de lui porter le coup fatal.

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[1] Le théoricien de l’art opératif : Alexandre Svetchine (1878-1938), ouvrage Strategiia (1927)

À Bogota, un sommet mondial contre Israël

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La capitale colombienne est, depuis ce matin et jusqu’à demain soir, le théâtre d’une nouvelle offensive politique et économique contre l’État hébreu. Parmi les stars du colloque: Rima Hassan, Jeremy Corbyn et Francesca Albanese


Le président colombien Gustavo Petro a invité une vingtaine de gouvernements du Moyen-Orient et d’Amérique latine à discuter aujourd’hui et demain à Bogota de « nouvelles mesures » à prendre contre Israël. Coprésidé par la Colombie et l’Afrique du Sud, le colloque a en d’autres termes pour objet de réfléchir aux moyens de déstabiliser la seule démocratie du Moyen-Orient, qui lutte pour son existence face aux attaques d’organisations terroristes telles que le Hamas et le Hezbollah. Les participants se réuniront au Musée national de Bogotá, le plus ancien de Colombie et l’un des plus importants des Amériques, sous le slogan : « Action collective pour la défense de la Palestine ».

Le gratin antisioniste mondial se donne rendez-vous

Bogota a indiqué que des délégations venant de Chine, de Turquie, d’Algérie, du Qatar, d’Oman, du Bangladesh, du Sénégal, d’Indonésie, du Liban, ainsi que d’Espagne, de Cuba, du Nicaragua, du Venezuela, du Brésil, du Chili, du Honduras, d’Uruguay, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de Cisjordanie assisteront à l’événement. La rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese, qui accuse Israël de « génocide », d’« apartheid » et de « nettoyage ethnique », figure également parmi les hôtes. Le député britannique Jeremy Corbyn, exclu du Parti travailliste pour son antisémitisme virulent et ses positions identitaires et anti-occidentales radicales, a aussi fait savoir qu’il serait présent.

A lire ensuite, Renée Fregosi: L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

Sans surprise, Rima Hassan, qui a souscrit au terme « action légitime » pour qualifier la stratégie du Hamas, est également annoncée. Rappelons que la députée européenne a des ennuis judiciaires en France pour avoir tenté d’intimider des adversaires politiques et qu’elle a, en mars, inscrit sur le réseau social X l’adresse d’une entreprise marseillaise qui vend des pièces d’armes légères à Israël, ce qui pourrait déclencher des violences contre ses employés.

La Colombie en pointe sur l’antisionisme et le narcotrafic

Ce n’est pas la première fois que le régime de Gustavo Petro manifeste sa haine envers Israël. Pour mémoire, Bogota s’est toujours refusé à condamner les atrocités du 7 octobre 2023. Son vice-ministre des Affaires étrangères, Mauricio Jaramillo Jassir, a carrément qualifié l’attaque meurtrière du Hamas de « printemps palestinien » que « l’humanité doit soutenir ». Le 8 juin 2024, la Colombie est même allée au-delà des déclarations de principe en rompant ses relations diplomatiques avec Israël et en suspendant ses exportations de charbon vers l’Etat hébreu, en demandant que celui-ci « mette fin au génocide à Gaza ». Pourtant, les deux pays avaient signé un accord de libre-échange en 2020 interdisant la suspension ou la restriction des importations ou des exportations de marchandises.

A lire aussi, Elisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques: Champions, mes frères!

Dans une tribune publiée le 8 juillet dans The Guardian, M. Petro a précisé ses ambitions pour le sommet de Bogota : « Sans action décisive pour mettre fin à la destruction de Gaza par Israël, nous risquons de priver l’ordre juridique mondial des protections qu’il offre encore aux nations les moins privilégiées. » Dans le même texte, le président colombien nie les manœuvres du Hamas de saboter un accord de cessez-le-feu stable avec Israël. Selon lui, la conférence de Bogotá « réaffirmera la résistance au génocide palestinien » et permettra des mesures pour « passer des paroles à l’action collective ». En d’autres termes, son gouvernement pourra être tenu comptable des décisions qui seront prises lors du sommet et des conséquences que celles-ci pourraient avoir pour Israël et la population juive à travers le monde.

La politique de M. Petro s’inscrit dans un cadre plus large, qui consiste à saper la diplomatie traditionnelle pro-occidentale de la Colombie, à couper les vivres à l’armée et à éloigner le pays de ses alliés historiques, parmi lesquels les États-Unis et Israël. Le but est d’aligner Bogota sur le groupe des BRICS, où l’on retrouve les régimes autoritaires de Pékin et Moscou, mais aussi l’Afrique de Sud, très en pointe dans le combat antisioniste.

Notons enfin que selon des universitaires colombiens, le Hezbollah entretient des relations commerciales avec la Colombie depuis plus de dix ans, liées au trafic de drogue, au blanchiment d’argent et au trafic d’armes[1].

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[1] The denying threat to national security and defense: Hezbollah’s presence in Colombia, by David Andres Londoño-Bedoya, Maritza Padilla-Bueno, Jose Andres Areiza-Padilla & Ivan Veas-González

Champions, mes frères!

Depuis qu’Israël et les États-Unis ont bombardé les installations militaires et nucléaires de l’Iran, le chœur des belles âmes joue le grand air de la « désescalade », avec en arrière-fond une petite musique trouillarde et capitularde – surtout n’énervons pas les mollahs. Pourtant, grâce à Trump et Netanyahou, la République islamique est plus faible et le monde, plus sûr.


Si Netanyahou inventait un traitement contre le cancer, ils trouveraient cela suspect. On aurait été surpris que France Inter, Le Monde et tous les bataillons médiatico-mélenchonistes de l’anti-israélisme obsessionnel s’enthousiasment pour le Lion dressé. À partir du 14 juin, tout ce petit monde brode sur le même narratif, fort cocasse au demeurant : Israël a détruit, à coups de bombes et de missiles, la belle et grande détente régionale qui s’ébauchait sous la houlette de Donald Trump. « Israël est un danger pour le monde », ose Clémentine Autain dont l’aplomb est inversement proportionnel à sa connaissance du dossier. Certes, les dirigeants iraniens disent beaucoup de bêtises, mais ce sont en réalité des enfants turbulents qui ne veulent que la paix. Un pseudo-spécialiste affirme même que ce sont les frappes israéliennes qui vont pousser les mollahs à se doter de l’arme atomique. Jusque-là, ils enrichissaient de l’uranium au vingt-deuxième sous-sol pour préparer de la pâte à crêpes.

Gauche mollah et capitulards

Ces savantes analyses sont assaisonnées d’incantations sur le droit international bafoué. Ce que fait l’État hébreu est tout à fait illégal, déclare-t-on sévèrement sur Inter. Dommage que ce souci juridique soit si tardif. Ou peut-être les confrères pensent-ils que l’Iran est dans son bon droit quand il menace d’anéantissement un voisin qui ne lui a rien fait – sinon exister –, couve une meute de proxys enragés et se dote d’un arsenal meurtrier pour mener à bien ce projet. Les précautions oratoires de Mélenchon sur sa détestation du régime n’y peuvent mais. Très vite, la jeunesse qui constitue sa piétaille arbore, à côté des drapeaux palestiniens, ceux de la République islamique, pauvre petit État sans défense injustement agressé par la soldatesque sioniste. La gauche mollah est née. Face à Israël, même un régime qui pend les homosexuels et tue les filles rebelles a quelques vertus.

Cependant, ce n’est pas la haine de l’État juif qui frappe, c’est la tonalité paniquarde et capitularde des commentaires, bien au-delà de cette gauche déshonorée. Ouh, ça fait peur ! Ouh, ils vont énerver les mollahs ! La déflagration régionale, voire mondiale qu’on promet tous les quatre matins est de nouveau à l’ordre du jour. Bruno Retailleau a beau dire que « Trump a eu raison de frapper », dans le peuple de droite, on sent le trouillomètre monter, particulièrement après l’entrée dans la danse de l’aviation US. Quant au RN, si Marine Le Pen salue l’exploit israélien, Marion Maréchal fait la fine bouche. Une bonne partie des Français, fatigués de ces histoires de juifs et d’Arabes (en l’occurrence de Perses), redoute surtout de voir monter le prix du baril. Puisque le régime n’est pas tombé tel un fruit mûr, comme certains le pronostiquaient imprudemment, il faut sauver la face des mollahs, entend-on très vite. Dans les milieux néogaullistes on a la politique arabe de la France qui démange. Surtout, ne rien céder à l’impérialisme yankee. Alors que pas un soldat n’a posé le pied sur le sol iranien, certains annoncent un enlisement façon Vietnam. Mais comment une campagne aérienne dirigée contre des cibles précises pourrait-elle s’enliser ? On invoque à l’envi l’Irak et le fiasco de l’après-Saddam. Sauf que les deux situations s’opposent quasiment trait pour trait. Il n’y avait pas d’arme de destruction massive en Irak, il n’y avait pas non plus d’État et encore moins de sentiment national, ni de mouvement de protestation populaire. De plus, les Américains et leurs alliés prétendaient installer la démocratie en occupant le pays. Alors que la France vivait son quart d’heure de célébrité en refusant de se joindre à l’aventure, Jacques Chirac avait lâché cette phrase : « La guerre c’est toujours la pire des solutions. » C’est ce qu’on se disait en 1938. En 1939, c’était moins clair. 

A lire aussi, Gil Mihaely: Iran: le déclin de l’empire des Mollahs

C’est ainsi qu’après quelques jours de bombardements israéliens, nombre de ceux qui dénonçaient bruyamment le régime iranien après la mort de Mahsa Amini et la répression féroce du mouvement Femme-Vie-Liberté se demandent si finalement les mollahs ne sont pas un moindre mal. Après tout, ceux-là, on les connaît.

Le même pacifisme paré dans les atours du gaullisme imprègne sans surprise la position officielle française. Tout en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre, Emmanuel Macron précise que la France n’a en rien aidé les Israéliens, ne compte nullement le faire, et appelle à la reprise des discussions, comme si cela avait un sens de discuter avec les Iraniens qui, depuis au moins 2002 (et les révélations de l’opposant iranien Alireza Jafarzadeh sur l’existence du site secret de Fordo) roulent les Occidentaux dans la farine nucléaire. Mais pour nos diplomates et pour Emmanuel Macron, un mauvais accord vaut toujours mieux qu’une bonne guerre. Il ne s’agit plus d’équilibre ou de non-alignement, mais du refus de choisir son camp. Tant qu’à sortir de l’Histoire, essayons d’éviter les balles perdues.

Peur d’attentats

En Iran, en revanche, le vent de l’Histoire souffle en bourrasques. Les opérations « Rising Lion » et « Midnight Hammer » ont a minima retardé le programme nucléaire iranien. Nombre de hauts gradés des pasdaran, la garde prétorienne du régime, ont été abattus, tandis que la moitié des rampes de lancement et une proportion inconnue des missiles seraient détruites, affaiblissant significativement la capacité de nuisance des mollahs.

Certes, on ne connaît pas précisément l’étendue des dommages infligés à l’Iran et à son programme nucléaire. Et rien n’indique que le régime vacille. Reste que les mollahs sont plus faibles aujourd’hui qu’hier. Qui s’en plaindra à part leurs protégés ? Ils pourraient, nous dit-on, se venger de l’opération américano-israélienne en menant des attentats en Europe. Aussi légitime soit le souci des dirigeants européens de détourner la foudre de leur pays, on voit mal une démocratie respectable céder à ce chantage au terrorisme et se mettre ainsi dans la main de Téhéran. Ou alors on voit trop bien.

Trump et Netanyahou ne sont pas exactement notre genre de beauté. Un peu trop roublards, un peu trop ramenards. Et ne parlons pas de leur désinvolture avec leur Constitution respective. Mais la guerre n’est pas un concours de beauté. Face à la menace iranienne, ces deux-là ont fait preuve d’une salutaire intelligence et d’un rare courage. Reconnaissons-le. Pas pour gagner leur affection, pour ne pas perdre nos repères.

Le fascisme: ce centrisme qui s’ignore

L’historien Fabrice Bouthillon développe des analyses inédites sur le fascisme dans son nouveau livre. Si tout n’est pas forcément convaincant, cette lecture rafraichissante donne à réfléchir.


On croyait avoir tout lu, tout dit, tout écrit et tout entendu sur le fascisme… Des pavés de spécialistes répondant à d’épiques « débats historiographiques », des bréviaires militants jusqu’à la martyrologie des antifascistes… Et voilà qu’un historien trublion, connu pour ses ouvrages iconoclastes, renverse la table des catégories intellectuelles. Situer le fascisme : l’addition des extrêmes, paru en 2025 aux éditions du Cerf, est moins une nouvelle thèse sur Mussolini qu’un exercice d’archéologie spirituelle, théologique et politique. Ici Mussolini n’est pas seulement le junior partner d’Hitler au menton narquois : c’est le fruit amer d’un long processus de macération théologico-politique… 

Le fascisme : un centrisme en bottes de cuir mais sans chapeau melon 

Le fascisme, qu’est-ce que c’est ? C’est d’abord une injure assez courante au XXIe siècle… « Fasciste » ou facho dit la gauche quand elle accuse la droite de passion identitaire ou de dérive autoritaire ; « fasciste » dit la droite quand elle rappelle (à bon droit) le passé socialiste de Mussolini ou dénonce son terrorisme intellectuel. La thèse de Bouthillon est simple, assez brillante, provocante et presque choquante : le fascisme, ce n’est pas l’extrême droite. En tout cas, ce n’est pas seulement l’extrême droite. Et ce n’est pas non plus la gauche dévoyée. Le fascisme c’est… le centre. Ou plutôt un centre. Mais attention : pas le centre mou, radical-socialiste, louis-philippard, de concentration républicaine, macrono-bayrouiste, giscardo-rocardien, gliotto-weimarien… Pas le centre de cabinet, de compromis, de complaisance qui négocie des amendements dans les couloirs de l’Assemblée. Non : le centre lourd, épais, vorace, attrape-tout. Un centrisme, précise l’auteur, « par addition des extrêmes » et non par exclusion. Soit le contraire de l’eau tiède :  plutôt une fusion nucléaire, aux accidents nombreux, terribles et prévisibles. 

Bouthillon revient à l’origine : 1789 fut un big bang politique mais aussi une fracture métaphysique. En 1790, les partisans du véto royal se tassent à droite des gradins de la Salle du Manège, les adversaires à gauche. La suite est un roman feuilleton type XIXe : la gauche vote la mort du roi, le centre fait la moue et la droite tente de recoller la tête couronnée sur les épaules de la nation. Le pays tangue entre tous les régimes – Empire, Restauration, monarchie de Juillet, République, empire encore, république ensuite – et finit par avoir la nausée. Paris gueule. La campagne soupire. L’élite vacille. Les préfets tremblent et attendent les ordres. C’est alors que le centrisme entre en scène. Avec le calme du notaire, le ton du rentier en goguette et le discours de monsieur Homais dans Madame Bovary, il répète qu’il faut pacifier, recoudre, réconcilier… Un peu de droite pour l’ordre et les pompes cirées, un peu de gauche pour ne pas désespérer les faubourgs. Savant mélange qui, à l’expérience, se révèle surtout instable. Ce centrisme-là, pour Bouthillon, peut séduire mais ne tient pas longtemps. Il n’est qu’un accommodement de circonstances. D’ailleurs le Directoire a laissé l’image d’un régime impuissant et corrompu renversé par le 18 brumaire et Bonaparte. 

Théologie politique pour temps de disette intellectuelle 

La vraie tentation moderne est ailleurs… dans l’addition des passions politiques contraires. Ce « centrisme par addition des extrêmes » dont parle Bouthillon – et qu’il oppose à l’autre centrisme, modéré « par exclusion des extrêmes » – emprunte à la gauche sa passion égalitaire et à la droite son culte du chef de l’autorité. Mussolini avant d’être le Duce fut d’abord le numéro trois du parti socialiste italien. Ses premiers élans furent socialistes et il finit comme allié du roi et soutien de l’Église. Pourtant, il pique à la gauche ses méthodes et ses symboles (le faisceau aux révolutionnaires, la mobilisation des masses aux socialistes, la violence révolutionnaire aux syndicalistes révolutionnaires, la déstabilisation de l’État aux anarchistes, l’organisation en parti aux communistes) et à la droite son programme (défense de l’ordre et de la nation). Il tutoie les paysans depuis la tribune, monte sur les tables comme dans une fête populaire, s’efforce de faire peuple, rappelle qu’il est fils d’une institutrice socialiste… 

L’analyse de Bouthillon passe aussi aux choses sérieuses : les péchés capitaux version politique. Il remonte à Saint Augustin, aux conflits entre sacerdoce et empire et tutti quanti… Pour lui, le fascisme n’est pas seulement une dérive autoritaire : c’est aussi une hérésie. Ou une religion de substitution, prométhéenne, tragique, en quête de « sublime », qui rêve de réinventer l’homme en copiant Dieu. Ainsi le totalitarisme ne promet pas le salut dans le ciel mais l’ordre nouveau. Chacun son idole pour remplacer Dieu : l’État et la nation pour Mussolini, la classe sociale et la révolution pour Staline, la race pour Hitler. Mais tous selon Bouthillon commettent le même pêché : diviser l’homme en retenant l’un de ses caractères (social, ethnique ou politique). Et Bouthillon de trancher, d’un ton de confesseur excédé : « « il n’est évidemment pas au pouvoir de l’humanité de fonder l’humanité. »

« Hitler et Mussolini en thérapie » 

Droite, gauche ? L’ouvrage – mais aussi l’œuvre générale de Bouthillon – offre une définition théorique de ce clivage qui oppose le primat du local (à droite) au primat du global (à gauche). 

La gauche dans son impulsion naturelle pense d’abord en termes d’idées, d’abstractions, cherche à élaborer des lois universelles, sacre l’Homme avec un grand H, promet des révolutions mondiales, s’enthousiasme pour les traités planétaires… Elle pense « universel ». La droite, elle, ne jure que par son pays, son clocher, ses moutons, ses haies de buis, ses morts, des grands-mères… Elle pense d’abord « local ». Jean-Marie Le Pen avait brutalement résumé l’opposition : «Je préfère mes filles à mes nièces, mes nièces à mes cousines, mes cousines à mes voisines, mes voisines à des inconnus et des inconnus à mes ennemis.» 

Dans le chapitre « Hitler et Mussolini en thérapie », Bouthillon ose tout, y compris l’humour – toujours délicat à magner sur ces sujets. Hitler ? Un Œdipe en uniforme : « son père était douanier, et lui-même aura passé l’essentiel de sa vie à renverser des postes frontières »… Finalement, les livres de Bouthillon rafraichissent, choquent et donnent à penser plus qu’ils n’instruisent. Le contraire d’un pavé universitaire illisible noyé dans l’anecdote. L’auteur est aussi connu pour son ouvrage L’impossible Université » où il dénonçait l’enrégimentement par les concours et la paresse intellectuelle des professeurs. L’héritage, selon lui, du premier « centriste par addition des extrêmes » : un certain Bonaparte… 

280 pages.

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Macron menace la liberté qu’il dit défendre

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La liberté, selon Emmanuel Macron, n’a jamais été aussi menacée depuis 1945, face à un contexte géopolitique en pleine dégradation, justifiant une nouvelle hausse du budget des armées. Pendant ce temps, la décision d’accorder l’asile en France à une Gazaouie par la Cour nationale du droit d’asile fait jurisprudence, et la nouvelle « coalition » contre la haine d’Aurore Bergé pourrait bien interdire toute critique du progressisme.


« Défendons notre liberté », a déclaré Emmanuel Macron, dimanche soir dans son discours aux Armées, en pointant la menace russe. En réalité, le chef de l’Etat rêve d’imposer, dans une France apeurée par ses soins, une société de surveillance soviétoïde. Ainsi, sous prétexte de ne pas discriminer les uns, le gouvernement invite à diaboliser les autres. Cette absurdité intellectuelle illustre le vide macronien, qui veut faire taire les observateurs du désastre.

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Le bureau des dénonciations d’Aurore Bergé

Un exemple : faire un lien, sur les réseaux sociaux, entre l’immigration maghrébine et africaine et les violences rituelles commises cette nuit à l’occasion de la Fête nationale (176 interpellations à Paris et alentour) devient susceptible de censures et de rappels à l’ordre. En effet, tel est l’esprit de la mise en place, le 9 juillet par la ministre Aurore Bergé, d’une coalition d’associations militantes ayant pour mission de dénoncer, en accéléré auprès de l’Arcom, des propos jugés haineux. Parmi ces inquisiteurs : le Crif, la Fédération des centres LGBT+, la Licra, SOS Homophobie, SOS Racisme, Osez le féminisme, le planning familial, etc. Au total, des associations affiliées à la gauche mondaine, liberticide, woke. Elles seront financées par l’Etat impécunieux pour mettre sous étroite surveillance le trop libre internet. Le but : y imposer le politiquement correct et ses propagandes. Mediapart a été oublié parmi les sycophantes. Pourtant, en juillet 2023, le site invitait déjà ses lecteurs, « témoins de propos racistes et déplacés au travail », à l’en informer pour « un article à venir ». Le 17 mars[1], je prévenais : « Tant que les Français laisseront faire, l’étau totalitaire se refermera ». Or l’annonce de Bergé, qui s’inscrit dans l’obsession initiale de Macron de traquer la « haine » sans s’interroger sur la sienne quand il dénigre le peuple populiste, n’a suscité que peu d’indignations politiques et médiatiques[2].

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La décision estivale de la CNDA

L’indolence estivale est propice aux coups de force du pouvoir ou de ses juges justiciers. Le 11 juillet, la Cour nationale du droit d’asile a ainsi ouvert la voie à l’asile des habitants de Gaza victimes, selon cette juridiction, de la « persécution » de l’armée israélienne. Jean-Luc Mélenchon et les mollahs iraniens n’auraient pas mieux dit. Non seulement l’immigration de conquête et son infiltration islamiste restent des sujets officiellement inabordables, mais des magistrats irresponsables sont prêts, appuyés par l’église diversitaire qui monopolise le récit labellisé, à accélérer ces processus mortifères pour la nation et sa fragile cohésion. S’il est bien vu, par ces « humanistes » adeptes d’une nouvelle Loi des suspects (1793), de soutenir la résistance palestinienne à la colonisation israélienne, il est interdit de soutenir la résistance française à la colonisation islamique.

Faute de penser la réalité, le pouvoir symbolise l’intolérance telle que Voltaire la dénonçait : « Cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles ». « Jamais depuis 1945 la liberté n’avait été si menacée » a dramatisé Macron. Mais il est la menace intérieure. La classe politique s’étant endormie, c’est aux Français libres qu’il revient de dénoncer la macrocrature en marche.


[1] https://www.causeur.fr/l-infantilisation-des-francais-s-aggrave-macron-covid-extreme-droite-305699

[2] Sur ce sujet, retrouvez notre analyse dans le dernier épisode du podcast « Causons »

Le droit d’asile automatique: la France s’ouvre à Gaza

L’État de droit, c’est plus fort que toi, nouvel épisode ! Sur décision de la Cour nationale du droit d’asile, tous les Palestiniens de Gaza sont désormais éligibles au droit d’asile. Oui, tous. Potentiellement des milliers de musulmans, donc, dont même l’Égypte, le Liban ou la Jordanie ne veulent pas…


Le 11 juillet 2025, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a jugé, à l’occasion du cas d’une mère gazaouie et de son fils, que les méthodes de guerre israéliennes contre Gaza constituaient une persécution en vertu de la Convention de Genève de 1951, fondée sur la nationalité. Et, surtout, elle a estimé que tous les Palestiniens originaires de Gaza, même les apatrides non couverts par l’UNRWA, peuvent désormais prétendre au statut de réfugié. Ils ont décidé. En silence.

Une décision qui intervient alors que les Français sont à la plage

Une simple décision – passée inaperçue. Aucune couverture médiatique. Aucune réaction officielle. Et pourtant, un basculement. Désormais, tout individu se déclarant originaire de Gaza est automatiquement reconnu comme réfugié. Plus besoin de prouver une persécution. Il suffit de venir. D’entrer. D’invoquer le territoire. Et c’est fait. Protection immédiate. Droit au séjour. Aide sociale. Logement. Soins.

Le juge a estimé que la situation « générale » dans la bande de Gaza rendait tout retour impossible. Que tout Gazaoui, par principe, devait être considéré comme persécuté. Résultat : un flot. Des milliers d’arrivées. Des dizaines de milliers attendues. Des ONG qui s’activent. Des réseaux qui s’organisent. Un appel d’air. Un précédent.

Personne n’a voté cela. Aucune loi. Aucune consultation. Une simple extension du droit. Une brèche ouverte, une de plus, dans les digues déjà minées d’une souveraineté fantôme.

Le droit contre le réel

C’est une logique : plus un territoire est instable, plus ses ressortissants ont vocation à venir ici. Sans condition. Sans contrôle. Ce n’est plus une immigration. C’est une transmission de population. Et tout cela se passe sans débat. Par le droit, contre le réel. Par les juges, contre la nation.

Et avec cela, plus d’islamisme, plus d’antisémitisme, et des fractures qui vont continuer à s’aggraver au sein de la population de ce pays.

Car cette décision, en apparence juridique, produit en réalité un effet politique majeur : elle modifie la composition démographique du territoire sans en assumer les conséquences sociales, culturelles ou sécuritaires.

Plus d’islamisme, parce qu’en accueillant sans filtre des individus issus de zones sous l’influence de groupes fondamentalistes, on accroît mécaniquement le risque d’importation d’idéologies hostiles aux valeurs démocratiques. Les services de renseignement eux-mêmes le savent : Gaza est un terreau d’embrigadement, de haine, de conditionnement. La France, déjà fragilisée par des vagues successives d’attaques terroristes, ouvre ainsi une nouvelle brèche dans sa sécurité intérieure.

Les tensions ne s’arrêtent pas aux frontières

Plus d’antisémitisme, parce que les tensions du Proche-Orient ne s’arrêtent pas aux frontières. Elles s’invitent sur notre sol, dans nos écoles, nos universités, nos rues. Le conflit israélo-palestinien devient un prétexte, un levier. Les juifs de France, citoyens à part entière, sont à nouveau pris pour cibles au nom d’une guerre à laquelle ils ne participent pas. Le pays, qui n’a jamais réussi à endiguer la montée de la haine antijuive, risque de franchir un point de non-retour.

Et les fractures s’aggravent, inévitablement. Fractures sociales, car les dispositifs d’accueil alimentent un sentiment d’injustice chez les plus modestes, déjà confrontés à la pénurie de logements, de soins, d’aides. Fractures identitaires, car l’extension illimitée du droit d’asile provoque un sentiment d’abandon chez une partie croissante de la population, qui n’a plus confiance ni dans l’État, ni dans la justice. Fractures politiques enfin, car l’absence de débat, le contournement de la souveraineté populaire, renforcent les extrêmes et creusent le fossé entre le pays légal et le pays réel. C’est un engrenage. Prévisible. Irréversible. Et désormais enclenché.

Quand l’aide devient idéologie: ce que la France fait vraiment en Moldavie

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L’AFD accompagne la Moldavie dans son rapprochement avec l’Union européenne en promouvant une idéologie très éloignée des préoccupations de ses citoyens.


Récemment, le patron de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, est allé en Ukraine et en Moldavie, afin de rappeler que la France est un « partenaire bilatéral de premier plan » dans le cadre du Partenariat oriental et du Plan européen de croissance 2025–2027. Officiellement, il s’agit d’aider à la réforme énergétique (40 millions d’euros de prêt, 5 millions de subventions), mais derrière les présentations PowerPoint, une autre musique se fait entendre : celle de « l’inclusivité » et du soutien aux « groupes vulnérables ». En clair : exportation clef en main du logiciel woke sous prétexte de coopération.

Pauvres Moldaves !

Depuis 2020, la France s’est transformée en mécène officiel de la Moldavie. Pas pour lui construire des routes ou des usines, mais pour lui apprendre à penser. Derrière les mots creux des rapports d’experts, l’AFD finance en réalité une rééducation politique complète : idéologie progressiste, déconstruction des normes, et, bien sûr, promotion systématique de la cause LGBT.

Officiellement, ces subventions devaient servir à « réformer le secteur énergétique et soutenir la société civile », mais en réalité, les documents d’accompagnement insistaient lourdement sur la nécessité « d’inclure les minorités », de « lutter contre les discriminations » et de « promouvoir la diversité ».

Traduction : en Moldavie comme ailleurs, l’aide au développement sert désormais de cheval de Troie idéologique. Les ONG locales, généreusement financées par l’AFD et ses satellites, multiplient les programmes de « tolérance » et de « justice sociale ». À la clef, revendication du mariage pour tous, diffusion du féminisme décolonial, apprentissage de la fluidité du genre dans les écoles, et réforme de la langue pour mieux « promouvoir » toutes les identités possibles.

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La Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Plus d’un million d’habitants ont quitté le pays depuis l’an 2000. Les retraites ne suffisent pas pour survivre, les hôpitaux tombent en ruine, l’école tient grâce au dévouement des enseignants.

Mais le vrai succès, nous dit-on, c’est la Pride de 2025 à Chișinău, organisée malgré l’interdiction du maire et sous protection policière. Les ONG occidentales s’en sont félicitées, expliquant qu’il s’agissait d’un « acte de résistance » et d’un « moment de visibilité ». Pour le Moldave moyen, surtout en province, ce fut surtout un spectacle importé et financé par l’étranger, sans aucun rapport avec ses priorités.

Rééducation sociétale

Dans les faits, les dizaines de millions d’euros venus de Paris financent une véritable entreprise de rééducation sociétale. Les enseignants, les policiers, les fonctionnaires suivent des formations où l’on leur explique que « le genre est une construction » et que « le patriarcat est la racine de toutes les discriminations ». Pendant ce temps, l’économie moldave s’effondre, les jeunes fuient, et le fossé entre ville et campagne se creuse.

Maia Sandu, présidente élue grâce au vote massif de la diaspora, a remis les clés de la politique nationale aux bailleurs de fonds internationaux. À l’intérieur du pays, moins de 25% de la population la soutient réellement. Le référendum pour l’intégration européenne est passé de justesse, uniquement grâce aux votes des Moldaves résidants à l’étranger.

Pourquoi la France continue-t-elle à financer un projet que la majorité des Moldaves rejette ? Parce que pour Bruxelles, comme pour Paris, la Moldavie est devenue un laboratoire : pas pour le développement, mais pour l’ingénierie sociale. On remplace l’industrie par des ONG, l’identité par des drapeaux arc-en-ciel, et les traditions par des slogans woke. Le Quai d’Orsay reste silencieux sur la fermeture de 16 chaînes de télévision critiques, sur les procès politiques contre les opposants, ou sur la pression exercée sur la mairie de Chișinău. En revanche, chaque marche des fiertés ou festival LGBT déclenche des salves d’applaudissements et des versements de fonds supplémentaires. La France, patrie de la culture et des Lumières, se transforme peu à peu en exportatrice d’idéologie standardisée. La Moldavie n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant que certains célèbrent ce « futur européen », d’autres posent la vraie question : qui a donné le droit de remodeler des sociétés entières à l’image d’un progressisme hors-sol ?

Et surtout : pour qui, et pourquoi ?

De Varsovie à Montparnasse: l’aventure artistique des sculptrices polonaises de Bourdelle

Intrépides et ferventes, elles furent une quinzaine de jeunes Polonaises à rallier Paris au début du XXe siècle pour étudier la sculpture auprès d’Antoine Bourdelle. À Varsovie, une exposition redécouvre leurs œuvres et ravive leur mémoire.


Avant même la renaissance de la Pologne en 1918, puis dans les premières années de la jeune république, elles furent une quinzaine de jeunes Polonaises à accourir à Paris pour bénéficier de l’enseignement d’Antoine Bourdelle. Elles étaient issues pour la plupart de milieux aisés ou du moins cultivés. Et toutes allaient devenir sculptrices à leur tour en un temps où cette activité apparaissait bien peu féminine.

Après avoir suivi des cours de sculpture qui s’ouvrent enfin aux femmes en 1904 à l’Académie de Varsovie (alors sous domination russe), mais en 1920 seulement à l’Ecole des Beaux-Arts de Cracovie (auparavant sous domination autrichienne), ces femmes intrépides se devaient d’achever leur formation à Paris. Et auprès de Bourdelle évidemment dont la renommée était  alors universelle.

Pourquoi Paris ?

Parce que la capitale française était alors considérée comme le centre mondial des arts. Mais tout autant sans doute parce qu’elle s’était offerte à la Pologne déchirée entre ses trois voisins comme un centre spirituel pour les exilés. Dès le Premier Empire sans doute. Et surtout avec la Grande Emigration qui avait suivi l’écrasement par les Russes de l’insurrection de Varsovie de 1830, puis à la suite des proscriptions succédant à l’insurrection de Cracovie en 1846 contre les Autrichiens, à celle de la Grande Pologne en 1848 contre les Prussiens et enfin à celle de 1863, sauvagement anéantie par les Russes une fois encore.

Paris qui avait fêté Chopin et Mickiewicz, reçu Norwid, Krasinski ou Delfina Potocka ; Paris qui avait donné l’une des ses plus belles églises aux Polonais ; Paris  qui avait su intégrer la colonie polonaise jusqu’à célébrer le mariage de la princesse Marguerite d’Orléans, petite fille du roi des Français, avec un prince Czartoryski, le rejeton de la plus emblématique des grandes familles polonaises ; Paris encore où des généraux polonais avaient soutenu la Commune ; Paris enfin où, ne rêvons pas, les difficultés matérielles et l’incompréhension parfois étaient réelles pour les Polonais, mais où les nouveaux venus rencontraient une forte solidarité au sein d’une colonie qui y avait recréé un foyer perdu par les honteux partages de leur pays.

Pourquoi Bourdelle ?

Bourdelle, parce qu’il était considéré, juste après son ami Rodin, comme le plus grand des sculpteurs de son temps. Parce qu’il était universellement renommé en tant que pédagogue, généreux, bienveillant, ne cherchant pas à imposer ses vues, mais bien à permettre à chacun de ses disciples de s’épanouir en fonction de sa personnalité propre. Bourdelle, qui, à Montauban, sa ville natale, avait été initié à la culture et à l’histoire polonaise par la veuve de Jules Michelet ; Bourdelle qui avait découvert la Pologne et ses coutumes en y voyageant à l’âge de 24 ans ; Bourdelle qui déclarait  aimer ce pays comme une seconde patrie ;  Bourdelle qui admira les poèmes de Mickiewicz au point de rêver d’édifier un monument à la gloire du chantre de la Pologne, lequel monument fut inauguré au centre de la place de l’Alma en 1929 avant d’ouvrir plus tard la perspective du Cours la Reine.

S’étant découvert un talent pour l’enseignement, Bourdelle le pratiquait avec conviction dans son atelier du passage du Maine, aujourd’hui Musée Bourdelle, mais surtout, de 1909 à 1929, date de sa mort, à l’Académie de la Grande Chaumière où accoururent la plupart de ses disciples. Et il en vint du monde entier. Des Amériques surtout, des nations scandinaves, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne, de Suisse, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Grèce, de Roumanie, de Bulgarie, du Japon même…. Et parmi cette foule d’élèves, on recense cette floraison de Polonaises à qui il déclarera : « Je serai toujours avec vous, les jeunes, et avec ceux qui cherchent de nouvelles voies et de nouveaux moyens de s’exprimer dans l’art. Cherchez, essayez, observez, vous créerez certainement des formes nouvelles, parfaites, car vous, les Polonais, êtes une nation d’artistes ».

D’authentiques vocations

Financées souvent par leurs parents ou par leur époux, ces jeunes Polonaises étaient sans doute assez fortunées pour pouvoir voyager. Mais assez émancipées également pour s’affirmer avec énergie, elles qui avaient obtenu le droit de vote dans leur pays dès 1918, près de 30 ans avant les Françaises.

Cela les conduira à travailler très vite pour s’affranchir et soutenir leur installation parisienne. Ou assister Bourdelle en personne dans ces années où il conçut le monument à la gloire de Mickiewicz.  Elles n’étaient pas des filles de famille s’adonnant à la sculpture par caprice. Mais des artistes guidées par une authentique vocation. Toutes se lancèrent avec foi dans la sculpture jusqu’à la fin de leur vie pour devenir créatrices de monuments, de décors, de bustes, de masques, de médailles, de bas reliefs ornementaux aujourd’hui dispersés dans les nombreux pays où elles s’établirent et qu’on retrouve évidemment à profusion dans les collections privées ou les grands musées polonais.

Autour de Montparnasse

Elles s’installèrent à Paris pour deux ou trois années, souvent regroupées autour de Montparnasse,  boulevard Raspail, rue Campagne Première, rue de Vaugirard…  Mais quelques-unes ne quitteront plus la capitale, y ouvriront leur propre atelier ou y reviendront pour exposer régulièrement dans les divers salons d’exposition parmi les plus renommés, feront partie du Cercle des Artistes Polonais, collaboreront avec la Manufacture de Sèvres (Jadwiga Bohdanowicz-Konczewska). D’autres iront s’installer en Italie, participeront à la Biennale de Venise, aux expositions milanaises et l’une d’entre elles, Maria Lednicka, y réalisera un buste de la princesse de Piémont, Marie-José de Belgique, qui deviendra l’espace d’un mois de mai reine d’Italie. D’autres encore seront attirées par Munich… enfin, jusqu’à une certaine époque ! Beaucoup exposeront à New York ou San Francisco, recevront des commandes officielles dans plusieurs pays, dont bien évidemment la Pologne pour des édifices tant publics que privés, des monuments élevés à la mémoire de héros de l’indépendance ou pour des institutions religieuses. Entre les deux guerres, elles  participeront très activement à la vie artistique et intellectuelle de leur pays renaissant. Certaines émigrent au moment de la guerre comme Helena Glogowska qui s’installe au Brésil ou Maria Lednicka qui s’éteindra à New York après avoir beaucoup œuvré dans le registre de l’art sacré. Plusieurs survivent à la guerre comme Mela Muter (Maria Mutermilch) qui se réfugie à Avignon et revient à Paris à la Libération. Ou comme Maria Brodska-Laszkiewicz qui exposera encore à Milan en 1968 ou Lausanne en 1970.

A Paris, elles travaillent au monument de Mickiewicz dans les années 1920 à l’image de Waclawa Kislanska ou Janina Broniewska laquelle en outre participe à la décoration du Théâtre des Champs-Elysées ou conçoit des figurines pour une fabrique de porcelaine.    Elles y retrouvent Sarah Lipska, installée définitivement en France dès 1912 et qui travaillera comme créatrice de costumes ou de décors pour les Ballets Russes, Helena Rubinstein, puis avec Serge Lifar. En Pologne, celles qui y sont retournées et auront survécu aux horreurs de la guerre subiront bientôt le régime totalitaire imposé à leur pays par Moscou, l’ennemi héréditaire.

Une mémoire ravivée

Et bien évidemment toutes ou presque toutes seront fâcheusement oubliées. Et cela jusque dans leur pays natal pourtant féru de mémoire, en vertu de cette loi scélérate et muette qui durant des siècles tendra à rejeter dans l’ombre ces artistes, ces compositrices, ces écrivaines, ces scientifiques, toutes ces femmes dont on redécouvre peu à peu aujourd’hui l’importance.

Les œuvres de quatorze d’entre elles (mais sans commentaires en français, très malheureusement !) sont présentées aujourd’hui à Varsovie dans un petit château du XVIIIe siècle qui fut celui des rois de la Maison de Saxe et dépendant du musée national. Elles sont groupées au sein d’une exposition voulue pour faire ressurgir cet extraordinaire phénomène qui vit éclore deux générations d’artistes accourues durant près de trois décennies autour d’un maître français. Et qui est pensée par une conservatrice du Musée national, Ewa Ziembinska, pour raviver leur mémoire et redécouvrir leurs œuvres.

Les sculptrices ont pour nom Waclawa Kislanska (1875-1940 ?),  Mela Muter (1876-1967),  Kazimierza Malaczynska-Pajzderska (1879-1959), Luna Amalia Drexler (1882-1933), Janina Broniewska (1886-1947), Mika Mickun (1886-1974), Jadwiga Bohdanowicz-Konczewska (1887-1943),  Zofia Trzcinska-Kaminska (1890-1977),  Maria Brozka-Laszkiewicz (1891-1981), Maria Lednicka-Szczytt (1893-1947), Helena Glogowska (1893-1972),  Helena Zieska (1894-1951), Olga Niewska (1898-1943), Wanda Jurgielewicz (1898-1960), toutes élèves de Bourdelle, mais toutes dotées de tempéraments bien spécifiques à chacune d’entre elles et qui offrent une infinie palette de styles et de talents.

Conjurant le sort, militante d’une certaine façon, l’exposition mériterait largement d’être admirée à Paris, au Musée Bourdelle évidemment. Ne serait-ce que pour réactiver le souvenir des liens séculaires entre la France et la Pologne.


Kierunek Paryz-Destination Paris
Artistes féminines élèves d’Antoine Bourdelle.
Jusqu’au 26 octobre 2025. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Le vendredi jusqu’à 20h.
Musée de la Sculpture-Musée national de Varsovie.
Château Krolikarnia, rue Pulawska 113a, Varsovie.

Pourquoi Emmanuel Macron doit partir

L’insurrection est dans l’air. L’échec des gilets jaunes n’a pas éteint le feu dans la classe moyenne abandonnée : la mobilisation des gueux par Alexandre Jardin confirme la rébellion de la société civile. Et les diversions du chef de l’État pour alarmer sur le populisme dévoilent son indifférence à protéger les enracinés d’une immigration démente.


Une chamaillerie, a expliqué Emmanuel Macron pour dédramatiser l’affront de son épouse repoussant brutalement, des deux mains, le visage interloqué du président. Mais cette intimité volée, filmée le 25 mai au Vietnam à la descente d’avion du couple, a été vue pour ce qu’elle montrait : un mari giflé. Or ce geste d’exaspération est venu rejoindre, chez les Français excédés, un semblable sentiment de rejet à l’encontre d’un chef de l’État à l’âme sèche. La colère a gagné les oubliés du système, confisqué par une caste hautaine et inopérante. Les dirigeants ont raison de s’inquiéter des irritations populaires. « Je suis en colère, comme beaucoup de Français », a déclaré Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en réaction aux violences urbaines ayant salué, en mimant des intifadas, la victoire du PSG en Ligue des champions le 31 mai. Mais qu’attend-il pour fuir ce centrisme bavard et impuissant ? Macron immobilise la France.

Même Amélie de Montchalin, chargée des comptes publics, l’a admis (RTL,10 juin) en regard des finances publiques : « Oui, il y a un risque pour la France de mise sous tutelle du FMI. » Cette perte de contrôle de l’État se décline dans tous les domaines. À peine le président venait-il de déclarer, après les émeutes d’après-match : « Nous poursuivrons, nous punirons, nous serons implacables », les juges rendaient majoritairement des jugements modérés. Son procès contre ceux qui « préfèrent brainwasher [« laver le cerveau »] sur l’invasion du pays et les derniers faits divers » a envenimé la révolte des victimes des barbares, ces loups introduits par la société ouverte. Les diversions du chef de l’État pour alarmer sur le populisme, le climat ou les océans dévoilent son indifférence à protéger les enracinés d’une immigration démente.

L’insurrection est dans l’air. L’échec des gilets jaunes n’a pas éteint le feu dans la classe moyenne abandonnée. La mobilisation des #Gueux par Alexandre Jardin confirme la rébellion de la société civile. Grâce à son mouvement, l’écrivain a déjà incité les députés à abroger, le 28 mai, puis le 17 juin, les ZFE (zones à faibles émissions). Son combat contre la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui veut faire payer aux usagers les 300 milliards d’investissements dans des énergies renouvelables jugées inutiles, fédère les marins-pêcheurs et les agriculteurs. Le mot d’ordre « C’est Nicolas qui paie »est repris par les trentenaires assommés par le fisc. Les succès d’audience d’une personnalité rebelle comme Philippe de Villiers, qui crève l’écran sur CNews chaque vendredi dans son incarnation de l’esprit français, témoignent de l’épuisement du mondialiste déraciné. « Macron doit partir », a dit Villiers le 13 juin. D’autres le martèlent sur les réseaux sociaux. Le temps presse.

Le théâtre politique tourne à vide. « L’Assemblée s’agite comme une mouche dans un bocal » (député Harold Huwart). La machine législative produit des lois inutiles ou inapplicables. Le chef de l’État multiplie des amas de mots sans lendemain. Selon un sondage Cevipof (L’Opinion, 6 juin), 73 % des Français voudraient « un vrai chef ». Quand Israël a choisi, le 13 juin, d’attaquer les sites nucléaires des mollahs iraniens, Benyamin Netanyahou n’a pas prévenu Macron. Le président français, ombre tremblante, ne comprend pas qu’un peuple qui ne veut pas mourir puisse se défendre de ses ennemis. Donald Trump a dit vrai, le 17 juin, avant de lancer en appui d’Israël ses bombardiers B-2 sur Fordo, Natanz et Ispahan : « Emmanuel se trompe toujours. »

Danemark: la croisade laïque de Mette Frederiksen

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Le Premier ministre du Danemark photographié à Aarhus, 3 mars 2025 © Bo Amstrup/AP/SIPA

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, vient de raviver un débat explosif au Danemark : celui de la place de l’islam et de ses symboles dans l’espace public, et plus particulièrement dans les écoles et les universités.


Début juin 2025, Mette Frederiksen, 47 ans, chef de file des sociaux-démocrates, a plaidé pour un durcissement de l’interdiction du voile intégral — burqa et niqab — déjà proscrits dans les lieux publics depuis sept ans, mais jusque-là tolérés dans les établissements d’enseignement. Pour la Première ministre du royaume du Danemark, il est temps de refermer une « brèche » dans la loi, qu’elle juge être le terreau du « contrôle social » et de « l’oppression » des femmes musulmanes au Danemark.

Contrôle des corps « avéré »

Au-delà du symbole vestimentaire, la Première ministre cible aussi l’existence même de salles de prière dans certaines universités et collèges. Elle y voit un outil d’isolement plus qu’un espace de liberté religieuse : « Nous ne les voulons pas, car elles sont utilisées comme des mécanismes d’oppression envers les filles et, potentiellement, envers les garçons », a martelé la dame de fer danoise. Pour le gouvernement danois, la neutralité de l’école est non négociable : « Vous pouvez avoir votre religion, mais à l’école, vous êtes là pour être à l’école », résume Mette Frederiksen qui dénonce un « contrôle social musulman avéré».

Cette nouvelle offensive s’inscrit dans un contexte européen où le débat de certaines pratiques musulmanes avec les valeurs démocratiques ne cesse d’augmenter. Au Danemark, pays de près de 5,9 millions d’habitants, les musulmans représentent environ 5 % de la population (majoritairement issus de Turquie). Une minorité démographique, mais dont le poids symbolique et politique reste disproportionné aux yeux de nombre de Danois, notamment à la suite de plusieurs attaques terroristes islamistes ces dernières années — à l’instar de la fusillade de Copenhague en 2015 qui visait un débat sur la liberté d’expression et une synagogue.

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Face à cela, la société danoise, longtemps vantée pour sa tolérance, se montre de plus en plus perméable aux discours sécuritaires et identitaires. Au nom de la lutte contre le « séparatisme islamiste », les gouvernements successifs ont multiplié les restrictions : limitation du regroupement familial, contrôles renforcés dans les quartiers dits « ghettos », durcissement du droit d’asile. « Dieu doit céder le passage. On a le droit d’être croyant et de pratiquer sa religion, mais la démocratie a la priorité », a rappelé la social-démocrate à l’agence de presse danoise Ritzau.

Amnesty International pas content

Mais la question du voile reste particulièrement inflammable. Pour ses défenseurs, continuer à interdire la burqa ou le hijab au sein même des écoles revient à piétiner la liberté individuelle, à commencer par celle des femmes qu’on prétend émanciper. Au grand désespoir d’Amnesty International qui a rappelé que : « Toutes les femmes devraient être libres de s’habiller comme elles le souhaitent et de porter des vêtements qui expriment leur identité ou leurs convictions. ». 

Pour ses partisans, à l’inverse, cette loi serait un rempart indispensable face à un islam rigoriste qui instrumentalise le religieux pour asseoir un contrôle communautaire. Les salles de prière, tout comme le voile intégral, deviennent ainsi le credo d’une bataille plus large : celle pour préserver la laïcité (le nombre de mosquées dans le pays a augmenté entre 2006 et 2017 de 50%) et l’égalité entre les sexes, valeurs que le Danemark place au cœur de son identité nationale. 

Selon un sondage réalisé par l’institut Wilke, près de 40 % des musulmans sont d’accord pour dire que la loi danoise devrait être basée sur le Coran, dont 11,3 % qui réclament que la loi danoise soit basée exclusivement sur le Coran et les 26,5 % restants favorables à un mélange du Coran et de la Constitution du Danemark…

Alors que la société danoise oscille entre défense des libertés individuelles et protection de la cohésion nationale, la manœuvre de Mette Frederiksen est aussi éminemment politique : rassurer une opinion publique inquiète, tout en coupant l’herbe sous le pied d’une extrême droite qui prospère sur le rejet de l’islam et du multiculturalisme, récemment confortée par un document… gouvernemental. Selon le Centre national danois de recherche sociale qui a publié un rapport commandé par le ministère de l’Enfance, de l’Intégration et des Affaires sociales, pas moins de 15 groupes extrémistes musulmans opèrent sur cette terre de Vikings. Un terreau propice pour les milieux nationalistes puisque d’après un sondage de 2017, 55% des Danois pratiquants de confession chrétienne et 50% des non pratiquants assurent que l’islam reste incompatible avec leur culture nordique. Reste à savoir si cette surenchère législative ne risque pas de produire l’effet inverse : stigmatiser davantage une minorité déjà sous pression et alimenter le ressentiment dont se nourrit, précisément, l’extrémisme que Mette Frederiksen prétend combattre.

Tour: le spectre du contre-la-montre pyrénéen

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Le Slovène Tadej Pogačar, portant le maillot jaune de leader du classement général, roule dans le peloton lors de la dixième étape du Tour de France cycliste, entre Ennezat et le Mont-Dore, le lundi 14 juillet 2025 © Thibault Camus/AP/SIPA

La très attendue 13e étape, entre Loudenvielle et Peyragudes, vendredi prochain, pourrait départager irrémédiablement les deux favoris, explique notre chroniqueur.


Depuis 2004, le Tour de France était sevré de contre-la-montre en montagne. Et pour cause… La 16ème étape de cette année-là, une montée sèche de 15,5 km, menant de Bourg d’Oisans au sommet de l’Alpe d’Huez, avait été gagnée par Lance Amstrong, à une moyenne de 23,435 k/h. On connaît quel postérieur funeste sort a été le sien. Il a été déchu de tous ses titres dans la Grande boucle, dont ses sept insolentes victoires consécutives, pour dopage.

Le sinistre souvenir qu’il avait laissé s’étant estompé avec le temps, les organisateurs ont donc décidé de renouer avec cet exercice rare, programmé seulement sept fois depuis 1947, mais qui a toujours donné lieu à d’homériques duels comme celui de 1959 qui opposa l’Espagnol Federico Bahamontés, dit L’Aigle de Tolède, et le Luxembourgeois, Charly Gaul, lui dit L’Ange des cimes, sur la pente conduisant de Clermont-Ferrand au Puy de Dôme.

Pas de gestion de l’effort possible

Intervenant après une première semaine « fantastique, intense, et très dure », comme l’a reconnu Mauro Gianetti, le manager de l’équipe (UAE) de Tadej Pogacar, qui a marqué tous les organismes, le contre-la-montre de cette 112ème édition fait figure de spectre. Il a dû assurément hanter la journée de repos des deux favoris, Pogacar (qui a cédé le 14 juillet sa tunique jaune qu’il a portée par intermittence, à un intrus sympathique et intrépide, l’Irlandais Ben Healy), et Jonas Vingegaard, surtout à cause de la grosse déconvenue qu’il a connue à Caen dans le même exercice mais en plat.

Ce chrono pyrénéen de 10,9 km, entre Loudenvielle et l’héliport de Peyragudes (1580 m), présente une pente moyenne de 8%, mais avec un final à 16%. « Pas de gestion de l’effort possible », comme l’a écrit Vélo-magazine dans son numéro de présentation du Tour, c’est du « à bloc » de la rampe de lancement à la ligne d’arrivée. Le rouleur pur (Evenepoel, Thomas) ne sombre pas, mais ne peut que limiter la casse face au grimpeur authentique. 

Cette 13ème étape, vendredi, le directeur du Tour, Christian Prudhomme l’a déjà estimée « mythique ». Elle sera un test sur les réelles potentialités du Français Lenny Martinez, qui a le profil type pour l’inscrire à son encore maigre palmarès. Il a revêtu la tunique à Pois au Mont-Dore, le jour de la fête nationale, mais il se doit de confirmer. Mais, surtout, sur le papier, cette étape apparaît comme appelée à mettre les pendules à l’heure entre les deux grands favoris, Pogacar et Vingegaard, qui ont guerroyé dès l’entame du Tour sans que l’un prenne un irréversible avantage sur l’autre.

Engagés

Ce qui a fait dire à Bernard Thévenet, dit Nanard, deux fois maillot jaune à Paris, et surtout vainqueur d’Eddy Merckx en 1975, « j’ai rarement vu un Tour où il y avait autant d’engagements des favoris dès le début. »

Avec ses deux victoires d’étape au sprint mais avec à chaque fois le Danois dans sa roue qui ne le lâchait pas d’un boyau, ses trois jours en jaune, le Slovène n’a pas pris, semble-t-il, un ascendant psychologique sur son rival, ce qui paradoxalement pourrait dans son for intérieur le faire douter. D’autant que Vingegaard ne s’est pas laissé abattre par son déconcertant échec à Caen.

Dès le lendemain, il relevait le gant en faisant rouler à fond son épique Wisma-Lease a bike en fin de l’étape Bayeux-Vire pour faire échec au projet de Pogacar de refiler le maillot jaune à Mathieu Van der Poel, son ami, afin de s’épargner de la sorte l’heure consacrée au protocole, une heure prise sur le temps de récupération. Un Tour ne se gagne pas que sur la route. « Les Wisma voulaient que je reste en jaune », avait-il convenu à l’arrivée avec un sourire malicieux. Pour une seconde, il venait de se faire déposséder de la première place au général et avait donc réussi son coup qui n’allait s’avérer être qu’éphémère puisque le lendemain il renfilait le maillot jaune en s’imposant à Mûr-de-Bretagne juste devant Vingegaard, qui lui collait à la roue comme son ombre portée.

Le temps des escarmouches entre les deux est révolu. Peut-être la mère des batailles les attend au pied des Pyrénées.  Bien qu’ayant 1’17’’ d’avance sur Vingegaard, Pogacar arrive avec un handicap pas négligeable. Il a perdu son lieutenant N°1 dans la montagne, le jeune et brillant Portugais Joao Almeida, vainqueur du dernier Tour de Suisse, qualifié souvent de meilleur équipier du monde par la presse sportive. Un autre de ses équipiers, Pavel Sivakov, semble aussi très affaibli et au destin très incertain.

En revanche, Vingegaard se présente avec une équipe au complet dont un de ses membres, Simon Yates, s’est même offert le luxe de s’imposer lundi au sommet du Mont Dore. Et surtout, elle occupe la première place au général par équipe avec un peu plus de huit minutes d’avance sur… l’équipe de Pogacar, l’UAE…

Mais, le plus ennuyeux pour Pogacar, c’est qu’il va avoir à mener un combat d’un contre deux, contre Vingegaard, mais aussi contre Matteo Jorgenson, lui aussi de l’équipe Wisma, 5ème au général à seulement 1’37 du Slovène. Ainsi, ils pourront l’attaquer chacun à son tour surtout s’il se retrouve esseulé dans les montées. C’est sans doute ce à quoi Vingegaard et sa solide garde rapprochée vont s’employer dès la première étape de montagne jeudi en Auch et Hautacam. Elle comporte deux cols un de première catégorie, le Soulor, un de seconde, des Bordères, et une arrivée au sommet hors catégorie de Hautacam.

L’art du cyclisme sur les grands tours s’apparente à l’art de la guerre, et plus exactement au fameux art opératif soviétique[1] qui consiste en une synthèse de la tactique et de la stratégie. À savoir, en l’occurrence, à coordonner plusieurs opérations de manière à user l’adversaire avant de lui porter le coup fatal.

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[1] Le théoricien de l’art opératif : Alexandre Svetchine (1878-1938), ouvrage Strategiia (1927)

À Bogota, un sommet mondial contre Israël

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Rima Hassan à Bogota, 15 juillet 2025. RS.

La capitale colombienne est, depuis ce matin et jusqu’à demain soir, le théâtre d’une nouvelle offensive politique et économique contre l’État hébreu. Parmi les stars du colloque: Rima Hassan, Jeremy Corbyn et Francesca Albanese


Le président colombien Gustavo Petro a invité une vingtaine de gouvernements du Moyen-Orient et d’Amérique latine à discuter aujourd’hui et demain à Bogota de « nouvelles mesures » à prendre contre Israël. Coprésidé par la Colombie et l’Afrique du Sud, le colloque a en d’autres termes pour objet de réfléchir aux moyens de déstabiliser la seule démocratie du Moyen-Orient, qui lutte pour son existence face aux attaques d’organisations terroristes telles que le Hamas et le Hezbollah. Les participants se réuniront au Musée national de Bogotá, le plus ancien de Colombie et l’un des plus importants des Amériques, sous le slogan : « Action collective pour la défense de la Palestine ».

Le gratin antisioniste mondial se donne rendez-vous

Bogota a indiqué que des délégations venant de Chine, de Turquie, d’Algérie, du Qatar, d’Oman, du Bangladesh, du Sénégal, d’Indonésie, du Liban, ainsi que d’Espagne, de Cuba, du Nicaragua, du Venezuela, du Brésil, du Chili, du Honduras, d’Uruguay, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de Cisjordanie assisteront à l’événement. La rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese, qui accuse Israël de « génocide », d’« apartheid » et de « nettoyage ethnique », figure également parmi les hôtes. Le député britannique Jeremy Corbyn, exclu du Parti travailliste pour son antisémitisme virulent et ses positions identitaires et anti-occidentales radicales, a aussi fait savoir qu’il serait présent.

A lire ensuite, Renée Fregosi: L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

Sans surprise, Rima Hassan, qui a souscrit au terme « action légitime » pour qualifier la stratégie du Hamas, est également annoncée. Rappelons que la députée européenne a des ennuis judiciaires en France pour avoir tenté d’intimider des adversaires politiques et qu’elle a, en mars, inscrit sur le réseau social X l’adresse d’une entreprise marseillaise qui vend des pièces d’armes légères à Israël, ce qui pourrait déclencher des violences contre ses employés.

La Colombie en pointe sur l’antisionisme et le narcotrafic

Ce n’est pas la première fois que le régime de Gustavo Petro manifeste sa haine envers Israël. Pour mémoire, Bogota s’est toujours refusé à condamner les atrocités du 7 octobre 2023. Son vice-ministre des Affaires étrangères, Mauricio Jaramillo Jassir, a carrément qualifié l’attaque meurtrière du Hamas de « printemps palestinien » que « l’humanité doit soutenir ». Le 8 juin 2024, la Colombie est même allée au-delà des déclarations de principe en rompant ses relations diplomatiques avec Israël et en suspendant ses exportations de charbon vers l’Etat hébreu, en demandant que celui-ci « mette fin au génocide à Gaza ». Pourtant, les deux pays avaient signé un accord de libre-échange en 2020 interdisant la suspension ou la restriction des importations ou des exportations de marchandises.

A lire aussi, Elisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques: Champions, mes frères!

Dans une tribune publiée le 8 juillet dans The Guardian, M. Petro a précisé ses ambitions pour le sommet de Bogota : « Sans action décisive pour mettre fin à la destruction de Gaza par Israël, nous risquons de priver l’ordre juridique mondial des protections qu’il offre encore aux nations les moins privilégiées. » Dans le même texte, le président colombien nie les manœuvres du Hamas de saboter un accord de cessez-le-feu stable avec Israël. Selon lui, la conférence de Bogotá « réaffirmera la résistance au génocide palestinien » et permettra des mesures pour « passer des paroles à l’action collective ». En d’autres termes, son gouvernement pourra être tenu comptable des décisions qui seront prises lors du sommet et des conséquences que celles-ci pourraient avoir pour Israël et la population juive à travers le monde.

La politique de M. Petro s’inscrit dans un cadre plus large, qui consiste à saper la diplomatie traditionnelle pro-occidentale de la Colombie, à couper les vivres à l’armée et à éloigner le pays de ses alliés historiques, parmi lesquels les États-Unis et Israël. Le but est d’aligner Bogota sur le groupe des BRICS, où l’on retrouve les régimes autoritaires de Pékin et Moscou, mais aussi l’Afrique de Sud, très en pointe dans le combat antisioniste.

Notons enfin que selon des universitaires colombiens, le Hezbollah entretient des relations commerciales avec la Colombie depuis plus de dix ans, liées au trafic de drogue, au blanchiment d’argent et au trafic d’armes[1].

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[1] The denying threat to national security and defense: Hezbollah’s presence in Colombia, by David Andres Londoño-Bedoya, Maritza Padilla-Bueno, Jose Andres Areiza-Padilla & Ivan Veas-González

Champions, mes frères!

Donald Trump reçoit Benyamin Netanyahou dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche, Washington, 7 avril 2025 © Gripas / Pool / Sipa

Depuis qu’Israël et les États-Unis ont bombardé les installations militaires et nucléaires de l’Iran, le chœur des belles âmes joue le grand air de la « désescalade », avec en arrière-fond une petite musique trouillarde et capitularde – surtout n’énervons pas les mollahs. Pourtant, grâce à Trump et Netanyahou, la République islamique est plus faible et le monde, plus sûr.


Si Netanyahou inventait un traitement contre le cancer, ils trouveraient cela suspect. On aurait été surpris que France Inter, Le Monde et tous les bataillons médiatico-mélenchonistes de l’anti-israélisme obsessionnel s’enthousiasment pour le Lion dressé. À partir du 14 juin, tout ce petit monde brode sur le même narratif, fort cocasse au demeurant : Israël a détruit, à coups de bombes et de missiles, la belle et grande détente régionale qui s’ébauchait sous la houlette de Donald Trump. « Israël est un danger pour le monde », ose Clémentine Autain dont l’aplomb est inversement proportionnel à sa connaissance du dossier. Certes, les dirigeants iraniens disent beaucoup de bêtises, mais ce sont en réalité des enfants turbulents qui ne veulent que la paix. Un pseudo-spécialiste affirme même que ce sont les frappes israéliennes qui vont pousser les mollahs à se doter de l’arme atomique. Jusque-là, ils enrichissaient de l’uranium au vingt-deuxième sous-sol pour préparer de la pâte à crêpes.

Gauche mollah et capitulards

Ces savantes analyses sont assaisonnées d’incantations sur le droit international bafoué. Ce que fait l’État hébreu est tout à fait illégal, déclare-t-on sévèrement sur Inter. Dommage que ce souci juridique soit si tardif. Ou peut-être les confrères pensent-ils que l’Iran est dans son bon droit quand il menace d’anéantissement un voisin qui ne lui a rien fait – sinon exister –, couve une meute de proxys enragés et se dote d’un arsenal meurtrier pour mener à bien ce projet. Les précautions oratoires de Mélenchon sur sa détestation du régime n’y peuvent mais. Très vite, la jeunesse qui constitue sa piétaille arbore, à côté des drapeaux palestiniens, ceux de la République islamique, pauvre petit État sans défense injustement agressé par la soldatesque sioniste. La gauche mollah est née. Face à Israël, même un régime qui pend les homosexuels et tue les filles rebelles a quelques vertus.

Cependant, ce n’est pas la haine de l’État juif qui frappe, c’est la tonalité paniquarde et capitularde des commentaires, bien au-delà de cette gauche déshonorée. Ouh, ça fait peur ! Ouh, ils vont énerver les mollahs ! La déflagration régionale, voire mondiale qu’on promet tous les quatre matins est de nouveau à l’ordre du jour. Bruno Retailleau a beau dire que « Trump a eu raison de frapper », dans le peuple de droite, on sent le trouillomètre monter, particulièrement après l’entrée dans la danse de l’aviation US. Quant au RN, si Marine Le Pen salue l’exploit israélien, Marion Maréchal fait la fine bouche. Une bonne partie des Français, fatigués de ces histoires de juifs et d’Arabes (en l’occurrence de Perses), redoute surtout de voir monter le prix du baril. Puisque le régime n’est pas tombé tel un fruit mûr, comme certains le pronostiquaient imprudemment, il faut sauver la face des mollahs, entend-on très vite. Dans les milieux néogaullistes on a la politique arabe de la France qui démange. Surtout, ne rien céder à l’impérialisme yankee. Alors que pas un soldat n’a posé le pied sur le sol iranien, certains annoncent un enlisement façon Vietnam. Mais comment une campagne aérienne dirigée contre des cibles précises pourrait-elle s’enliser ? On invoque à l’envi l’Irak et le fiasco de l’après-Saddam. Sauf que les deux situations s’opposent quasiment trait pour trait. Il n’y avait pas d’arme de destruction massive en Irak, il n’y avait pas non plus d’État et encore moins de sentiment national, ni de mouvement de protestation populaire. De plus, les Américains et leurs alliés prétendaient installer la démocratie en occupant le pays. Alors que la France vivait son quart d’heure de célébrité en refusant de se joindre à l’aventure, Jacques Chirac avait lâché cette phrase : « La guerre c’est toujours la pire des solutions. » C’est ce qu’on se disait en 1938. En 1939, c’était moins clair. 

A lire aussi, Gil Mihaely: Iran: le déclin de l’empire des Mollahs

C’est ainsi qu’après quelques jours de bombardements israéliens, nombre de ceux qui dénonçaient bruyamment le régime iranien après la mort de Mahsa Amini et la répression féroce du mouvement Femme-Vie-Liberté se demandent si finalement les mollahs ne sont pas un moindre mal. Après tout, ceux-là, on les connaît.

Le même pacifisme paré dans les atours du gaullisme imprègne sans surprise la position officielle française. Tout en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre, Emmanuel Macron précise que la France n’a en rien aidé les Israéliens, ne compte nullement le faire, et appelle à la reprise des discussions, comme si cela avait un sens de discuter avec les Iraniens qui, depuis au moins 2002 (et les révélations de l’opposant iranien Alireza Jafarzadeh sur l’existence du site secret de Fordo) roulent les Occidentaux dans la farine nucléaire. Mais pour nos diplomates et pour Emmanuel Macron, un mauvais accord vaut toujours mieux qu’une bonne guerre. Il ne s’agit plus d’équilibre ou de non-alignement, mais du refus de choisir son camp. Tant qu’à sortir de l’Histoire, essayons d’éviter les balles perdues.

Peur d’attentats

En Iran, en revanche, le vent de l’Histoire souffle en bourrasques. Les opérations « Rising Lion » et « Midnight Hammer » ont a minima retardé le programme nucléaire iranien. Nombre de hauts gradés des pasdaran, la garde prétorienne du régime, ont été abattus, tandis que la moitié des rampes de lancement et une proportion inconnue des missiles seraient détruites, affaiblissant significativement la capacité de nuisance des mollahs.

Certes, on ne connaît pas précisément l’étendue des dommages infligés à l’Iran et à son programme nucléaire. Et rien n’indique que le régime vacille. Reste que les mollahs sont plus faibles aujourd’hui qu’hier. Qui s’en plaindra à part leurs protégés ? Ils pourraient, nous dit-on, se venger de l’opération américano-israélienne en menant des attentats en Europe. Aussi légitime soit le souci des dirigeants européens de détourner la foudre de leur pays, on voit mal une démocratie respectable céder à ce chantage au terrorisme et se mettre ainsi dans la main de Téhéran. Ou alors on voit trop bien.

Trump et Netanyahou ne sont pas exactement notre genre de beauté. Un peu trop roublards, un peu trop ramenards. Et ne parlons pas de leur désinvolture avec leur Constitution respective. Mais la guerre n’est pas un concours de beauté. Face à la menace iranienne, ces deux-là ont fait preuve d’une salutaire intelligence et d’un rare courage. Reconnaissons-le. Pas pour gagner leur affection, pour ne pas perdre nos repères.

Le fascisme: ce centrisme qui s’ignore

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Mussolini discute avec un soldat italien, 1944 DR.

L’historien Fabrice Bouthillon développe des analyses inédites sur le fascisme dans son nouveau livre. Si tout n’est pas forcément convaincant, cette lecture rafraichissante donne à réfléchir.


On croyait avoir tout lu, tout dit, tout écrit et tout entendu sur le fascisme… Des pavés de spécialistes répondant à d’épiques « débats historiographiques », des bréviaires militants jusqu’à la martyrologie des antifascistes… Et voilà qu’un historien trublion, connu pour ses ouvrages iconoclastes, renverse la table des catégories intellectuelles. Situer le fascisme : l’addition des extrêmes, paru en 2025 aux éditions du Cerf, est moins une nouvelle thèse sur Mussolini qu’un exercice d’archéologie spirituelle, théologique et politique. Ici Mussolini n’est pas seulement le junior partner d’Hitler au menton narquois : c’est le fruit amer d’un long processus de macération théologico-politique… 

Le fascisme : un centrisme en bottes de cuir mais sans chapeau melon 

Le fascisme, qu’est-ce que c’est ? C’est d’abord une injure assez courante au XXIe siècle… « Fasciste » ou facho dit la gauche quand elle accuse la droite de passion identitaire ou de dérive autoritaire ; « fasciste » dit la droite quand elle rappelle (à bon droit) le passé socialiste de Mussolini ou dénonce son terrorisme intellectuel. La thèse de Bouthillon est simple, assez brillante, provocante et presque choquante : le fascisme, ce n’est pas l’extrême droite. En tout cas, ce n’est pas seulement l’extrême droite. Et ce n’est pas non plus la gauche dévoyée. Le fascisme c’est… le centre. Ou plutôt un centre. Mais attention : pas le centre mou, radical-socialiste, louis-philippard, de concentration républicaine, macrono-bayrouiste, giscardo-rocardien, gliotto-weimarien… Pas le centre de cabinet, de compromis, de complaisance qui négocie des amendements dans les couloirs de l’Assemblée. Non : le centre lourd, épais, vorace, attrape-tout. Un centrisme, précise l’auteur, « par addition des extrêmes » et non par exclusion. Soit le contraire de l’eau tiède :  plutôt une fusion nucléaire, aux accidents nombreux, terribles et prévisibles. 

Bouthillon revient à l’origine : 1789 fut un big bang politique mais aussi une fracture métaphysique. En 1790, les partisans du véto royal se tassent à droite des gradins de la Salle du Manège, les adversaires à gauche. La suite est un roman feuilleton type XIXe : la gauche vote la mort du roi, le centre fait la moue et la droite tente de recoller la tête couronnée sur les épaules de la nation. Le pays tangue entre tous les régimes – Empire, Restauration, monarchie de Juillet, République, empire encore, république ensuite – et finit par avoir la nausée. Paris gueule. La campagne soupire. L’élite vacille. Les préfets tremblent et attendent les ordres. C’est alors que le centrisme entre en scène. Avec le calme du notaire, le ton du rentier en goguette et le discours de monsieur Homais dans Madame Bovary, il répète qu’il faut pacifier, recoudre, réconcilier… Un peu de droite pour l’ordre et les pompes cirées, un peu de gauche pour ne pas désespérer les faubourgs. Savant mélange qui, à l’expérience, se révèle surtout instable. Ce centrisme-là, pour Bouthillon, peut séduire mais ne tient pas longtemps. Il n’est qu’un accommodement de circonstances. D’ailleurs le Directoire a laissé l’image d’un régime impuissant et corrompu renversé par le 18 brumaire et Bonaparte. 

Théologie politique pour temps de disette intellectuelle 

La vraie tentation moderne est ailleurs… dans l’addition des passions politiques contraires. Ce « centrisme par addition des extrêmes » dont parle Bouthillon – et qu’il oppose à l’autre centrisme, modéré « par exclusion des extrêmes » – emprunte à la gauche sa passion égalitaire et à la droite son culte du chef de l’autorité. Mussolini avant d’être le Duce fut d’abord le numéro trois du parti socialiste italien. Ses premiers élans furent socialistes et il finit comme allié du roi et soutien de l’Église. Pourtant, il pique à la gauche ses méthodes et ses symboles (le faisceau aux révolutionnaires, la mobilisation des masses aux socialistes, la violence révolutionnaire aux syndicalistes révolutionnaires, la déstabilisation de l’État aux anarchistes, l’organisation en parti aux communistes) et à la droite son programme (défense de l’ordre et de la nation). Il tutoie les paysans depuis la tribune, monte sur les tables comme dans une fête populaire, s’efforce de faire peuple, rappelle qu’il est fils d’une institutrice socialiste… 

L’analyse de Bouthillon passe aussi aux choses sérieuses : les péchés capitaux version politique. Il remonte à Saint Augustin, aux conflits entre sacerdoce et empire et tutti quanti… Pour lui, le fascisme n’est pas seulement une dérive autoritaire : c’est aussi une hérésie. Ou une religion de substitution, prométhéenne, tragique, en quête de « sublime », qui rêve de réinventer l’homme en copiant Dieu. Ainsi le totalitarisme ne promet pas le salut dans le ciel mais l’ordre nouveau. Chacun son idole pour remplacer Dieu : l’État et la nation pour Mussolini, la classe sociale et la révolution pour Staline, la race pour Hitler. Mais tous selon Bouthillon commettent le même pêché : diviser l’homme en retenant l’un de ses caractères (social, ethnique ou politique). Et Bouthillon de trancher, d’un ton de confesseur excédé : « « il n’est évidemment pas au pouvoir de l’humanité de fonder l’humanité. »

« Hitler et Mussolini en thérapie » 

Droite, gauche ? L’ouvrage – mais aussi l’œuvre générale de Bouthillon – offre une définition théorique de ce clivage qui oppose le primat du local (à droite) au primat du global (à gauche). 

La gauche dans son impulsion naturelle pense d’abord en termes d’idées, d’abstractions, cherche à élaborer des lois universelles, sacre l’Homme avec un grand H, promet des révolutions mondiales, s’enthousiasme pour les traités planétaires… Elle pense « universel ». La droite, elle, ne jure que par son pays, son clocher, ses moutons, ses haies de buis, ses morts, des grands-mères… Elle pense d’abord « local ». Jean-Marie Le Pen avait brutalement résumé l’opposition : «Je préfère mes filles à mes nièces, mes nièces à mes cousines, mes cousines à mes voisines, mes voisines à des inconnus et des inconnus à mes ennemis.» 

Dans le chapitre « Hitler et Mussolini en thérapie », Bouthillon ose tout, y compris l’humour – toujours délicat à magner sur ces sujets. Hitler ? Un Œdipe en uniforme : « son père était douanier, et lui-même aura passé l’essentiel de sa vie à renverser des postes frontières »… Finalement, les livres de Bouthillon rafraichissent, choquent et donnent à penser plus qu’ils n’instruisent. Le contraire d’un pavé universitaire illisible noyé dans l’anecdote. L’auteur est aussi connu pour son ouvrage L’impossible Université » où il dénonçait l’enrégimentement par les concours et la paresse intellectuelle des professeurs. L’héritage, selon lui, du premier « centriste par addition des extrêmes » : un certain Bonaparte… 

280 pages.

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Macron menace la liberté qu’il dit défendre

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Paris, 13 juillet 2025 © Stephane Lemouton/SIPA

La liberté, selon Emmanuel Macron, n’a jamais été aussi menacée depuis 1945, face à un contexte géopolitique en pleine dégradation, justifiant une nouvelle hausse du budget des armées. Pendant ce temps, la décision d’accorder l’asile en France à une Gazaouie par la Cour nationale du droit d’asile fait jurisprudence, et la nouvelle « coalition » contre la haine d’Aurore Bergé pourrait bien interdire toute critique du progressisme.


« Défendons notre liberté », a déclaré Emmanuel Macron, dimanche soir dans son discours aux Armées, en pointant la menace russe. En réalité, le chef de l’Etat rêve d’imposer, dans une France apeurée par ses soins, une société de surveillance soviétoïde. Ainsi, sous prétexte de ne pas discriminer les uns, le gouvernement invite à diaboliser les autres. Cette absurdité intellectuelle illustre le vide macronien, qui veut faire taire les observateurs du désastre.

A lire aussi, du même auteur: Pourquoi Emmanuel Macron doit partir

Le bureau des dénonciations d’Aurore Bergé

Un exemple : faire un lien, sur les réseaux sociaux, entre l’immigration maghrébine et africaine et les violences rituelles commises cette nuit à l’occasion de la Fête nationale (176 interpellations à Paris et alentour) devient susceptible de censures et de rappels à l’ordre. En effet, tel est l’esprit de la mise en place, le 9 juillet par la ministre Aurore Bergé, d’une coalition d’associations militantes ayant pour mission de dénoncer, en accéléré auprès de l’Arcom, des propos jugés haineux. Parmi ces inquisiteurs : le Crif, la Fédération des centres LGBT+, la Licra, SOS Homophobie, SOS Racisme, Osez le féminisme, le planning familial, etc. Au total, des associations affiliées à la gauche mondaine, liberticide, woke. Elles seront financées par l’Etat impécunieux pour mettre sous étroite surveillance le trop libre internet. Le but : y imposer le politiquement correct et ses propagandes. Mediapart a été oublié parmi les sycophantes. Pourtant, en juillet 2023, le site invitait déjà ses lecteurs, « témoins de propos racistes et déplacés au travail », à l’en informer pour « un article à venir ». Le 17 mars[1], je prévenais : « Tant que les Français laisseront faire, l’étau totalitaire se refermera ». Or l’annonce de Bergé, qui s’inscrit dans l’obsession initiale de Macron de traquer la « haine » sans s’interroger sur la sienne quand il dénigre le peuple populiste, n’a suscité que peu d’indignations politiques et médiatiques[2].

A ne pas manquer, notre nouveau magazine: Causeur #136 : Merci qui ?

La décision estivale de la CNDA

L’indolence estivale est propice aux coups de force du pouvoir ou de ses juges justiciers. Le 11 juillet, la Cour nationale du droit d’asile a ainsi ouvert la voie à l’asile des habitants de Gaza victimes, selon cette juridiction, de la « persécution » de l’armée israélienne. Jean-Luc Mélenchon et les mollahs iraniens n’auraient pas mieux dit. Non seulement l’immigration de conquête et son infiltration islamiste restent des sujets officiellement inabordables, mais des magistrats irresponsables sont prêts, appuyés par l’église diversitaire qui monopolise le récit labellisé, à accélérer ces processus mortifères pour la nation et sa fragile cohésion. S’il est bien vu, par ces « humanistes » adeptes d’une nouvelle Loi des suspects (1793), de soutenir la résistance palestinienne à la colonisation israélienne, il est interdit de soutenir la résistance française à la colonisation islamique.

Faute de penser la réalité, le pouvoir symbolise l’intolérance telle que Voltaire la dénonçait : « Cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles ». « Jamais depuis 1945 la liberté n’avait été si menacée » a dramatisé Macron. Mais il est la menace intérieure. La classe politique s’étant endormie, c’est aux Français libres qu’il revient de dénoncer la macrocrature en marche.


[1] https://www.causeur.fr/l-infantilisation-des-francais-s-aggrave-macron-covid-extreme-droite-305699

[2] Sur ce sujet, retrouvez notre analyse dans le dernier épisode du podcast « Causons »

Le droit d’asile automatique: la France s’ouvre à Gaza

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Bande de Gaza, 27 janvier 2025 © UPI/Newscom/SIPA

L’État de droit, c’est plus fort que toi, nouvel épisode ! Sur décision de la Cour nationale du droit d’asile, tous les Palestiniens de Gaza sont désormais éligibles au droit d’asile. Oui, tous. Potentiellement des milliers de musulmans, donc, dont même l’Égypte, le Liban ou la Jordanie ne veulent pas…


Le 11 juillet 2025, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a jugé, à l’occasion du cas d’une mère gazaouie et de son fils, que les méthodes de guerre israéliennes contre Gaza constituaient une persécution en vertu de la Convention de Genève de 1951, fondée sur la nationalité. Et, surtout, elle a estimé que tous les Palestiniens originaires de Gaza, même les apatrides non couverts par l’UNRWA, peuvent désormais prétendre au statut de réfugié. Ils ont décidé. En silence.

Une décision qui intervient alors que les Français sont à la plage

Une simple décision – passée inaperçue. Aucune couverture médiatique. Aucune réaction officielle. Et pourtant, un basculement. Désormais, tout individu se déclarant originaire de Gaza est automatiquement reconnu comme réfugié. Plus besoin de prouver une persécution. Il suffit de venir. D’entrer. D’invoquer le territoire. Et c’est fait. Protection immédiate. Droit au séjour. Aide sociale. Logement. Soins.

Le juge a estimé que la situation « générale » dans la bande de Gaza rendait tout retour impossible. Que tout Gazaoui, par principe, devait être considéré comme persécuté. Résultat : un flot. Des milliers d’arrivées. Des dizaines de milliers attendues. Des ONG qui s’activent. Des réseaux qui s’organisent. Un appel d’air. Un précédent.

Personne n’a voté cela. Aucune loi. Aucune consultation. Une simple extension du droit. Une brèche ouverte, une de plus, dans les digues déjà minées d’une souveraineté fantôme.

Le droit contre le réel

C’est une logique : plus un territoire est instable, plus ses ressortissants ont vocation à venir ici. Sans condition. Sans contrôle. Ce n’est plus une immigration. C’est une transmission de population. Et tout cela se passe sans débat. Par le droit, contre le réel. Par les juges, contre la nation.

Et avec cela, plus d’islamisme, plus d’antisémitisme, et des fractures qui vont continuer à s’aggraver au sein de la population de ce pays.

Car cette décision, en apparence juridique, produit en réalité un effet politique majeur : elle modifie la composition démographique du territoire sans en assumer les conséquences sociales, culturelles ou sécuritaires.

Plus d’islamisme, parce qu’en accueillant sans filtre des individus issus de zones sous l’influence de groupes fondamentalistes, on accroît mécaniquement le risque d’importation d’idéologies hostiles aux valeurs démocratiques. Les services de renseignement eux-mêmes le savent : Gaza est un terreau d’embrigadement, de haine, de conditionnement. La France, déjà fragilisée par des vagues successives d’attaques terroristes, ouvre ainsi une nouvelle brèche dans sa sécurité intérieure.

Les tensions ne s’arrêtent pas aux frontières

Plus d’antisémitisme, parce que les tensions du Proche-Orient ne s’arrêtent pas aux frontières. Elles s’invitent sur notre sol, dans nos écoles, nos universités, nos rues. Le conflit israélo-palestinien devient un prétexte, un levier. Les juifs de France, citoyens à part entière, sont à nouveau pris pour cibles au nom d’une guerre à laquelle ils ne participent pas. Le pays, qui n’a jamais réussi à endiguer la montée de la haine antijuive, risque de franchir un point de non-retour.

Et les fractures s’aggravent, inévitablement. Fractures sociales, car les dispositifs d’accueil alimentent un sentiment d’injustice chez les plus modestes, déjà confrontés à la pénurie de logements, de soins, d’aides. Fractures identitaires, car l’extension illimitée du droit d’asile provoque un sentiment d’abandon chez une partie croissante de la population, qui n’a plus confiance ni dans l’État, ni dans la justice. Fractures politiques enfin, car l’absence de débat, le contournement de la souveraineté populaire, renforcent les extrêmes et creusent le fossé entre le pays légal et le pays réel. C’est un engrenage. Prévisible. Irréversible. Et désormais enclenché.

Quand l’aide devient idéologie: ce que la France fait vraiment en Moldavie

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L'ambassadrice de France en Moldavie, Dominique Waag, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, et le ministre de l'Énergie de Moldavie, Dorin Junghietu, signent des accords en présence de la présidente de la Moldavie, Maia Sandu, et du président Macron, au palais de l’Élysée à Paris, le 10 mars 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

L’AFD accompagne la Moldavie dans son rapprochement avec l’Union européenne en promouvant une idéologie très éloignée des préoccupations de ses citoyens.


Récemment, le patron de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, est allé en Ukraine et en Moldavie, afin de rappeler que la France est un « partenaire bilatéral de premier plan » dans le cadre du Partenariat oriental et du Plan européen de croissance 2025–2027. Officiellement, il s’agit d’aider à la réforme énergétique (40 millions d’euros de prêt, 5 millions de subventions), mais derrière les présentations PowerPoint, une autre musique se fait entendre : celle de « l’inclusivité » et du soutien aux « groupes vulnérables ». En clair : exportation clef en main du logiciel woke sous prétexte de coopération.

Pauvres Moldaves !

Depuis 2020, la France s’est transformée en mécène officiel de la Moldavie. Pas pour lui construire des routes ou des usines, mais pour lui apprendre à penser. Derrière les mots creux des rapports d’experts, l’AFD finance en réalité une rééducation politique complète : idéologie progressiste, déconstruction des normes, et, bien sûr, promotion systématique de la cause LGBT.

Officiellement, ces subventions devaient servir à « réformer le secteur énergétique et soutenir la société civile », mais en réalité, les documents d’accompagnement insistaient lourdement sur la nécessité « d’inclure les minorités », de « lutter contre les discriminations » et de « promouvoir la diversité ».

Traduction : en Moldavie comme ailleurs, l’aide au développement sert désormais de cheval de Troie idéologique. Les ONG locales, généreusement financées par l’AFD et ses satellites, multiplient les programmes de « tolérance » et de « justice sociale ». À la clef, revendication du mariage pour tous, diffusion du féminisme décolonial, apprentissage de la fluidité du genre dans les écoles, et réforme de la langue pour mieux « promouvoir » toutes les identités possibles.

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La Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Plus d’un million d’habitants ont quitté le pays depuis l’an 2000. Les retraites ne suffisent pas pour survivre, les hôpitaux tombent en ruine, l’école tient grâce au dévouement des enseignants.

Mais le vrai succès, nous dit-on, c’est la Pride de 2025 à Chișinău, organisée malgré l’interdiction du maire et sous protection policière. Les ONG occidentales s’en sont félicitées, expliquant qu’il s’agissait d’un « acte de résistance » et d’un « moment de visibilité ». Pour le Moldave moyen, surtout en province, ce fut surtout un spectacle importé et financé par l’étranger, sans aucun rapport avec ses priorités.

Rééducation sociétale

Dans les faits, les dizaines de millions d’euros venus de Paris financent une véritable entreprise de rééducation sociétale. Les enseignants, les policiers, les fonctionnaires suivent des formations où l’on leur explique que « le genre est une construction » et que « le patriarcat est la racine de toutes les discriminations ». Pendant ce temps, l’économie moldave s’effondre, les jeunes fuient, et le fossé entre ville et campagne se creuse.

Maia Sandu, présidente élue grâce au vote massif de la diaspora, a remis les clés de la politique nationale aux bailleurs de fonds internationaux. À l’intérieur du pays, moins de 25% de la population la soutient réellement. Le référendum pour l’intégration européenne est passé de justesse, uniquement grâce aux votes des Moldaves résidants à l’étranger.

Pourquoi la France continue-t-elle à financer un projet que la majorité des Moldaves rejette ? Parce que pour Bruxelles, comme pour Paris, la Moldavie est devenue un laboratoire : pas pour le développement, mais pour l’ingénierie sociale. On remplace l’industrie par des ONG, l’identité par des drapeaux arc-en-ciel, et les traditions par des slogans woke. Le Quai d’Orsay reste silencieux sur la fermeture de 16 chaînes de télévision critiques, sur les procès politiques contre les opposants, ou sur la pression exercée sur la mairie de Chișinău. En revanche, chaque marche des fiertés ou festival LGBT déclenche des salves d’applaudissements et des versements de fonds supplémentaires. La France, patrie de la culture et des Lumières, se transforme peu à peu en exportatrice d’idéologie standardisée. La Moldavie n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant que certains célèbrent ce « futur européen », d’autres posent la vraie question : qui a donné le droit de remodeler des sociétés entières à l’image d’un progressisme hors-sol ?

Et surtout : pour qui, et pourquoi ?

De Varsovie à Montparnasse: l’aventure artistique des sculptrices polonaises de Bourdelle

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Antoine Bourdelle dans son atelier, travaillant sur le projet du monument à Adam Mickiewicz (socle du monument : « Les Trois Polognes »). Photographie tirée d’un album commémorant l’inauguration du monument. Paris, 1929 © Musée national de Varsovie. Szmuel Jakir Londyński (1889–1956)

Intrépides et ferventes, elles furent une quinzaine de jeunes Polonaises à rallier Paris au début du XXe siècle pour étudier la sculpture auprès d’Antoine Bourdelle. À Varsovie, une exposition redécouvre leurs œuvres et ravive leur mémoire.


Avant même la renaissance de la Pologne en 1918, puis dans les premières années de la jeune république, elles furent une quinzaine de jeunes Polonaises à accourir à Paris pour bénéficier de l’enseignement d’Antoine Bourdelle. Elles étaient issues pour la plupart de milieux aisés ou du moins cultivés. Et toutes allaient devenir sculptrices à leur tour en un temps où cette activité apparaissait bien peu féminine.

Après avoir suivi des cours de sculpture qui s’ouvrent enfin aux femmes en 1904 à l’Académie de Varsovie (alors sous domination russe), mais en 1920 seulement à l’Ecole des Beaux-Arts de Cracovie (auparavant sous domination autrichienne), ces femmes intrépides se devaient d’achever leur formation à Paris. Et auprès de Bourdelle évidemment dont la renommée était  alors universelle.

Pourquoi Paris ?

Parce que la capitale française était alors considérée comme le centre mondial des arts. Mais tout autant sans doute parce qu’elle s’était offerte à la Pologne déchirée entre ses trois voisins comme un centre spirituel pour les exilés. Dès le Premier Empire sans doute. Et surtout avec la Grande Emigration qui avait suivi l’écrasement par les Russes de l’insurrection de Varsovie de 1830, puis à la suite des proscriptions succédant à l’insurrection de Cracovie en 1846 contre les Autrichiens, à celle de la Grande Pologne en 1848 contre les Prussiens et enfin à celle de 1863, sauvagement anéantie par les Russes une fois encore.

Paris qui avait fêté Chopin et Mickiewicz, reçu Norwid, Krasinski ou Delfina Potocka ; Paris qui avait donné l’une des ses plus belles églises aux Polonais ; Paris  qui avait su intégrer la colonie polonaise jusqu’à célébrer le mariage de la princesse Marguerite d’Orléans, petite fille du roi des Français, avec un prince Czartoryski, le rejeton de la plus emblématique des grandes familles polonaises ; Paris encore où des généraux polonais avaient soutenu la Commune ; Paris enfin où, ne rêvons pas, les difficultés matérielles et l’incompréhension parfois étaient réelles pour les Polonais, mais où les nouveaux venus rencontraient une forte solidarité au sein d’une colonie qui y avait recréé un foyer perdu par les honteux partages de leur pays.

Pourquoi Bourdelle ?

Bourdelle, parce qu’il était considéré, juste après son ami Rodin, comme le plus grand des sculpteurs de son temps. Parce qu’il était universellement renommé en tant que pédagogue, généreux, bienveillant, ne cherchant pas à imposer ses vues, mais bien à permettre à chacun de ses disciples de s’épanouir en fonction de sa personnalité propre. Bourdelle, qui, à Montauban, sa ville natale, avait été initié à la culture et à l’histoire polonaise par la veuve de Jules Michelet ; Bourdelle qui avait découvert la Pologne et ses coutumes en y voyageant à l’âge de 24 ans ; Bourdelle qui déclarait  aimer ce pays comme une seconde patrie ;  Bourdelle qui admira les poèmes de Mickiewicz au point de rêver d’édifier un monument à la gloire du chantre de la Pologne, lequel monument fut inauguré au centre de la place de l’Alma en 1929 avant d’ouvrir plus tard la perspective du Cours la Reine.

S’étant découvert un talent pour l’enseignement, Bourdelle le pratiquait avec conviction dans son atelier du passage du Maine, aujourd’hui Musée Bourdelle, mais surtout, de 1909 à 1929, date de sa mort, à l’Académie de la Grande Chaumière où accoururent la plupart de ses disciples. Et il en vint du monde entier. Des Amériques surtout, des nations scandinaves, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne, de Suisse, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Grèce, de Roumanie, de Bulgarie, du Japon même…. Et parmi cette foule d’élèves, on recense cette floraison de Polonaises à qui il déclarera : « Je serai toujours avec vous, les jeunes, et avec ceux qui cherchent de nouvelles voies et de nouveaux moyens de s’exprimer dans l’art. Cherchez, essayez, observez, vous créerez certainement des formes nouvelles, parfaites, car vous, les Polonais, êtes une nation d’artistes ».

D’authentiques vocations

Financées souvent par leurs parents ou par leur époux, ces jeunes Polonaises étaient sans doute assez fortunées pour pouvoir voyager. Mais assez émancipées également pour s’affirmer avec énergie, elles qui avaient obtenu le droit de vote dans leur pays dès 1918, près de 30 ans avant les Françaises.

Cela les conduira à travailler très vite pour s’affranchir et soutenir leur installation parisienne. Ou assister Bourdelle en personne dans ces années où il conçut le monument à la gloire de Mickiewicz.  Elles n’étaient pas des filles de famille s’adonnant à la sculpture par caprice. Mais des artistes guidées par une authentique vocation. Toutes se lancèrent avec foi dans la sculpture jusqu’à la fin de leur vie pour devenir créatrices de monuments, de décors, de bustes, de masques, de médailles, de bas reliefs ornementaux aujourd’hui dispersés dans les nombreux pays où elles s’établirent et qu’on retrouve évidemment à profusion dans les collections privées ou les grands musées polonais.

Autour de Montparnasse

Elles s’installèrent à Paris pour deux ou trois années, souvent regroupées autour de Montparnasse,  boulevard Raspail, rue Campagne Première, rue de Vaugirard…  Mais quelques-unes ne quitteront plus la capitale, y ouvriront leur propre atelier ou y reviendront pour exposer régulièrement dans les divers salons d’exposition parmi les plus renommés, feront partie du Cercle des Artistes Polonais, collaboreront avec la Manufacture de Sèvres (Jadwiga Bohdanowicz-Konczewska). D’autres iront s’installer en Italie, participeront à la Biennale de Venise, aux expositions milanaises et l’une d’entre elles, Maria Lednicka, y réalisera un buste de la princesse de Piémont, Marie-José de Belgique, qui deviendra l’espace d’un mois de mai reine d’Italie. D’autres encore seront attirées par Munich… enfin, jusqu’à une certaine époque ! Beaucoup exposeront à New York ou San Francisco, recevront des commandes officielles dans plusieurs pays, dont bien évidemment la Pologne pour des édifices tant publics que privés, des monuments élevés à la mémoire de héros de l’indépendance ou pour des institutions religieuses. Entre les deux guerres, elles  participeront très activement à la vie artistique et intellectuelle de leur pays renaissant. Certaines émigrent au moment de la guerre comme Helena Glogowska qui s’installe au Brésil ou Maria Lednicka qui s’éteindra à New York après avoir beaucoup œuvré dans le registre de l’art sacré. Plusieurs survivent à la guerre comme Mela Muter (Maria Mutermilch) qui se réfugie à Avignon et revient à Paris à la Libération. Ou comme Maria Brodska-Laszkiewicz qui exposera encore à Milan en 1968 ou Lausanne en 1970.

A Paris, elles travaillent au monument de Mickiewicz dans les années 1920 à l’image de Waclawa Kislanska ou Janina Broniewska laquelle en outre participe à la décoration du Théâtre des Champs-Elysées ou conçoit des figurines pour une fabrique de porcelaine.    Elles y retrouvent Sarah Lipska, installée définitivement en France dès 1912 et qui travaillera comme créatrice de costumes ou de décors pour les Ballets Russes, Helena Rubinstein, puis avec Serge Lifar. En Pologne, celles qui y sont retournées et auront survécu aux horreurs de la guerre subiront bientôt le régime totalitaire imposé à leur pays par Moscou, l’ennemi héréditaire.

Une mémoire ravivée

Et bien évidemment toutes ou presque toutes seront fâcheusement oubliées. Et cela jusque dans leur pays natal pourtant féru de mémoire, en vertu de cette loi scélérate et muette qui durant des siècles tendra à rejeter dans l’ombre ces artistes, ces compositrices, ces écrivaines, ces scientifiques, toutes ces femmes dont on redécouvre peu à peu aujourd’hui l’importance.

Les œuvres de quatorze d’entre elles (mais sans commentaires en français, très malheureusement !) sont présentées aujourd’hui à Varsovie dans un petit château du XVIIIe siècle qui fut celui des rois de la Maison de Saxe et dépendant du musée national. Elles sont groupées au sein d’une exposition voulue pour faire ressurgir cet extraordinaire phénomène qui vit éclore deux générations d’artistes accourues durant près de trois décennies autour d’un maître français. Et qui est pensée par une conservatrice du Musée national, Ewa Ziembinska, pour raviver leur mémoire et redécouvrir leurs œuvres.

Les sculptrices ont pour nom Waclawa Kislanska (1875-1940 ?),  Mela Muter (1876-1967),  Kazimierza Malaczynska-Pajzderska (1879-1959), Luna Amalia Drexler (1882-1933), Janina Broniewska (1886-1947), Mika Mickun (1886-1974), Jadwiga Bohdanowicz-Konczewska (1887-1943),  Zofia Trzcinska-Kaminska (1890-1977),  Maria Brozka-Laszkiewicz (1891-1981), Maria Lednicka-Szczytt (1893-1947), Helena Glogowska (1893-1972),  Helena Zieska (1894-1951), Olga Niewska (1898-1943), Wanda Jurgielewicz (1898-1960), toutes élèves de Bourdelle, mais toutes dotées de tempéraments bien spécifiques à chacune d’entre elles et qui offrent une infinie palette de styles et de talents.

Conjurant le sort, militante d’une certaine façon, l’exposition mériterait largement d’être admirée à Paris, au Musée Bourdelle évidemment. Ne serait-ce que pour réactiver le souvenir des liens séculaires entre la France et la Pologne.


Kierunek Paryz-Destination Paris
Artistes féminines élèves d’Antoine Bourdelle.
Jusqu’au 26 octobre 2025. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Le vendredi jusqu’à 20h.
Musée de la Sculpture-Musée national de Varsovie.
Château Krolikarnia, rue Pulawska 113a, Varsovie.

Pourquoi Emmanuel Macron doit partir

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Emmanuel Macron arrive à Hanoi au Vietnam, 25 mai 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

L’insurrection est dans l’air. L’échec des gilets jaunes n’a pas éteint le feu dans la classe moyenne abandonnée : la mobilisation des gueux par Alexandre Jardin confirme la rébellion de la société civile. Et les diversions du chef de l’État pour alarmer sur le populisme dévoilent son indifférence à protéger les enracinés d’une immigration démente.


Une chamaillerie, a expliqué Emmanuel Macron pour dédramatiser l’affront de son épouse repoussant brutalement, des deux mains, le visage interloqué du président. Mais cette intimité volée, filmée le 25 mai au Vietnam à la descente d’avion du couple, a été vue pour ce qu’elle montrait : un mari giflé. Or ce geste d’exaspération est venu rejoindre, chez les Français excédés, un semblable sentiment de rejet à l’encontre d’un chef de l’État à l’âme sèche. La colère a gagné les oubliés du système, confisqué par une caste hautaine et inopérante. Les dirigeants ont raison de s’inquiéter des irritations populaires. « Je suis en colère, comme beaucoup de Français », a déclaré Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en réaction aux violences urbaines ayant salué, en mimant des intifadas, la victoire du PSG en Ligue des champions le 31 mai. Mais qu’attend-il pour fuir ce centrisme bavard et impuissant ? Macron immobilise la France.

Même Amélie de Montchalin, chargée des comptes publics, l’a admis (RTL,10 juin) en regard des finances publiques : « Oui, il y a un risque pour la France de mise sous tutelle du FMI. » Cette perte de contrôle de l’État se décline dans tous les domaines. À peine le président venait-il de déclarer, après les émeutes d’après-match : « Nous poursuivrons, nous punirons, nous serons implacables », les juges rendaient majoritairement des jugements modérés. Son procès contre ceux qui « préfèrent brainwasher [« laver le cerveau »] sur l’invasion du pays et les derniers faits divers » a envenimé la révolte des victimes des barbares, ces loups introduits par la société ouverte. Les diversions du chef de l’État pour alarmer sur le populisme, le climat ou les océans dévoilent son indifférence à protéger les enracinés d’une immigration démente.

L’insurrection est dans l’air. L’échec des gilets jaunes n’a pas éteint le feu dans la classe moyenne abandonnée. La mobilisation des #Gueux par Alexandre Jardin confirme la rébellion de la société civile. Grâce à son mouvement, l’écrivain a déjà incité les députés à abroger, le 28 mai, puis le 17 juin, les ZFE (zones à faibles émissions). Son combat contre la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui veut faire payer aux usagers les 300 milliards d’investissements dans des énergies renouvelables jugées inutiles, fédère les marins-pêcheurs et les agriculteurs. Le mot d’ordre « C’est Nicolas qui paie »est repris par les trentenaires assommés par le fisc. Les succès d’audience d’une personnalité rebelle comme Philippe de Villiers, qui crève l’écran sur CNews chaque vendredi dans son incarnation de l’esprit français, témoignent de l’épuisement du mondialiste déraciné. « Macron doit partir », a dit Villiers le 13 juin. D’autres le martèlent sur les réseaux sociaux. Le temps presse.

Le théâtre politique tourne à vide. « L’Assemblée s’agite comme une mouche dans un bocal » (député Harold Huwart). La machine législative produit des lois inutiles ou inapplicables. Le chef de l’État multiplie des amas de mots sans lendemain. Selon un sondage Cevipof (L’Opinion, 6 juin), 73 % des Français voudraient « un vrai chef ». Quand Israël a choisi, le 13 juin, d’attaquer les sites nucléaires des mollahs iraniens, Benyamin Netanyahou n’a pas prévenu Macron. Le président français, ombre tremblante, ne comprend pas qu’un peuple qui ne veut pas mourir puisse se défendre de ses ennemis. Donald Trump a dit vrai, le 17 juin, avant de lancer en appui d’Israël ses bombardiers B-2 sur Fordo, Natanz et Ispahan : « Emmanuel se trompe toujours. »