La capitale colombienne est, depuis ce matin et jusqu’à demain soir, le théâtre d’une nouvelle offensive politique et économique contre l’État hébreu. Parmi les stars du colloque: Rima Hassan, Jeremy Corbyn et Francesca Albanese
Le président colombien Gustavo Petro a invité une vingtaine de gouvernements du Moyen-Orient et d’Amérique latine à discuter aujourd’hui et demain à Bogota de « nouvelles mesures » à prendre contre Israël. Coprésidé par la Colombie et l’Afrique du Sud, le colloque a en d’autres termes pour objet de réfléchir aux moyens de déstabiliser la seule démocratie du Moyen-Orient, qui lutte pour son existence face aux attaques d’organisations terroristes telles que le Hamas et le Hezbollah. Les participants se réuniront au Musée national de Bogotá, le plus ancien de Colombie et l’un des plus importants des Amériques, sous le slogan : « Action collective pour la défense de la Palestine ».
Le gratin antisioniste mondial se donne rendez-vous
Bogota a indiqué que des délégations venant de Chine, de Turquie, d’Algérie, du Qatar, d’Oman, du Bangladesh, du Sénégal, d’Indonésie, du Liban, ainsi que d’Espagne, de Cuba, du Nicaragua, du Venezuela, du Brésil, du Chili, du Honduras, d’Uruguay, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de Cisjordanie assisteront à l’événement. La rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese, qui accuse Israël de « génocide », d’« apartheid » et de « nettoyage ethnique », figure également parmi les hôtes. Le député britannique Jeremy Corbyn, exclu du Parti travailliste pour son antisémitisme virulent et ses positions identitaires et anti-occidentales radicales, a aussi fait savoir qu’il serait présent.
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Sans surprise, Rima Hassan, qui a souscrit au terme « action légitime » pour qualifier la stratégie du Hamas, est également annoncée. Rappelons que la députée européenne a des ennuis judiciaires en France pour avoir tenté d’intimider des adversaires politiques et qu’elle a, en mars, inscrit sur le réseau social X l’adresse d’une entreprise marseillaise qui vend des pièces d’armes légères à Israël, ce qui pourrait déclencher des violences contre ses employés.
La Colombie en pointe sur l’antisionisme et le narcotrafic
Ce n’est pas la première fois que le régime de Gustavo Petro manifeste sa haine envers Israël. Pour mémoire, Bogota s’est toujours refusé à condamner les atrocités du 7 octobre 2023. Son vice-ministre des Affaires étrangères, Mauricio Jaramillo Jassir, a carrément qualifié l’attaque meurtrière du Hamas de « printemps palestinien » que « l’humanité doit soutenir ». Le 8 juin 2024, la Colombie est même allée au-delà des déclarations de principe en rompant ses relations diplomatiques avec Israël et en suspendant ses exportations de charbon vers l’Etat hébreu, en demandant que celui-ci « mette fin au génocide à Gaza ». Pourtant, les deux pays avaient signé un accord de libre-échange en 2020 interdisant la suspension ou la restriction des importations ou des exportations de marchandises.
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Dans une tribune publiée le 8 juillet dans The Guardian, M. Petro a précisé ses ambitions pour le sommet de Bogota : « Sans action décisive pour mettre fin à la destruction de Gaza par Israël, nous risquons de priver l’ordre juridique mondial des protections qu’il offre encore aux nations les moins privilégiées. » Dans le même texte, le président colombien nie les manœuvres du Hamas de saboter un accord de cessez-le-feu stable avec Israël. Selon lui, la conférence de Bogotá « réaffirmera la résistance au génocide palestinien » et permettra des mesures pour « passer des paroles à l’action collective ». En d’autres termes, son gouvernement pourra être tenu comptable des décisions qui seront prises lors du sommet et des conséquences que celles-ci pourraient avoir pour Israël et la population juive à travers le monde.
La politique de M. Petro s’inscrit dans un cadre plus large, qui consiste à saper la diplomatie traditionnelle pro-occidentale de la Colombie, à couper les vivres à l’armée et à éloigner le pays de ses alliés historiques, parmi lesquels les États-Unis et Israël. Le but est d’aligner Bogota sur le groupe des BRICS, où l’on retrouve les régimes autoritaires de Pékin et Moscou, mais aussi l’Afrique de Sud, très en pointe dans le combat antisioniste.
Notons enfin que selon des universitaires colombiens, le Hezbollah entretient des relations commerciales avec la Colombie depuis plus de dix ans, liées au trafic de drogue, au blanchiment d’argent et au trafic d’armes[1].
[1] The denying threat to national security and defense: Hezbollah’s presence in Colombia, by David Andres Londoño-Bedoya, Maritza Padilla-Bueno, Jose Andres Areiza-Padilla & Ivan Veas-González
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