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Quand l’aide devient idéologie: ce que la France fait vraiment en Moldavie

La Moldavie, nouvelle terre de mission du progressisme


Quand l’aide devient idéologie: ce que la France fait vraiment en Moldavie
L'ambassadrice de France en Moldavie, Dominique Waag, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, et le ministre de l'Énergie de Moldavie, Dorin Junghietu, signent des accords en présence de la présidente de la Moldavie, Maia Sandu, et du président Macron, au palais de l’Élysée à Paris, le 10 mars 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

L’AFD accompagne la Moldavie dans son rapprochement avec l’Union européenne en promouvant une idéologie très éloignée des préoccupations de ses citoyens.


Récemment, le patron de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, est allé en Ukraine et en Moldavie, afin de rappeler que la France est un « partenaire bilatéral de premier plan » dans le cadre du Partenariat oriental et du Plan européen de croissance 2025–2027. Officiellement, il s’agit d’aider à la réforme énergétique (40 millions d’euros de prêt, 5 millions de subventions), mais derrière les présentations PowerPoint, une autre musique se fait entendre : celle de « l’inclusivité » et du soutien aux « groupes vulnérables ». En clair : exportation clef en main du logiciel woke sous prétexte de coopération.

Pauvres Moldaves !

Depuis 2020, la France s’est transformée en mécène officiel de la Moldavie. Pas pour lui construire des routes ou des usines, mais pour lui apprendre à penser. Derrière les mots creux des rapports d’experts, l’AFD finance en réalité une rééducation politique complète : idéologie progressiste, déconstruction des normes, et, bien sûr, promotion systématique de la cause LGBT.

Officiellement, ces subventions devaient servir à « réformer le secteur énergétique et soutenir la société civile », mais en réalité, les documents d’accompagnement insistaient lourdement sur la nécessité « d’inclure les minorités », de « lutter contre les discriminations » et de « promouvoir la diversité ».

Traduction : en Moldavie comme ailleurs, l’aide au développement sert désormais de cheval de Troie idéologique. Les ONG locales, généreusement financées par l’AFD et ses satellites, multiplient les programmes de « tolérance » et de « justice sociale ». À la clef, revendication du mariage pour tous, diffusion du féminisme décolonial, apprentissage de la fluidité du genre dans les écoles, et réforme de la langue pour mieux « promouvoir » toutes les identités possibles.

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La Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Plus d’un million d’habitants ont quitté le pays depuis l’an 2000. Les retraites ne suffisent pas pour survivre, les hôpitaux tombent en ruine, l’école tient grâce au dévouement des enseignants.

Mais le vrai succès, nous dit-on, c’est la Pride de 2025 à Chișinău, organisée malgré l’interdiction du maire et sous protection policière. Les ONG occidentales s’en sont félicitées, expliquant qu’il s’agissait d’un « acte de résistance » et d’un « moment de visibilité ». Pour le Moldave moyen, surtout en province, ce fut surtout un spectacle importé et financé par l’étranger, sans aucun rapport avec ses priorités.

Rééducation sociétale

Dans les faits, les dizaines de millions d’euros venus de Paris financent une véritable entreprise de rééducation sociétale. Les enseignants, les policiers, les fonctionnaires suivent des formations où l’on leur explique que « le genre est une construction » et que « le patriarcat est la racine de toutes les discriminations ». Pendant ce temps, l’économie moldave s’effondre, les jeunes fuient, et le fossé entre ville et campagne se creuse.

Maia Sandu, présidente élue grâce au vote massif de la diaspora, a remis les clés de la politique nationale aux bailleurs de fonds internationaux. À l’intérieur du pays, moins de 25% de la population la soutient réellement. Le référendum pour l’intégration européenne est passé de justesse, uniquement grâce aux votes des Moldaves résidants à l’étranger.

Pourquoi la France continue-t-elle à financer un projet que la majorité des Moldaves rejette ? Parce que pour Bruxelles, comme pour Paris, la Moldavie est devenue un laboratoire : pas pour le développement, mais pour l’ingénierie sociale. On remplace l’industrie par des ONG, l’identité par des drapeaux arc-en-ciel, et les traditions par des slogans woke. Le Quai d’Orsay reste silencieux sur la fermeture de 16 chaînes de télévision critiques, sur les procès politiques contre les opposants, ou sur la pression exercée sur la mairie de Chișinău. En revanche, chaque marche des fiertés ou festival LGBT déclenche des salves d’applaudissements et des versements de fonds supplémentaires. La France, patrie de la culture et des Lumières, se transforme peu à peu en exportatrice d’idéologie standardisée. La Moldavie n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant que certains célèbrent ce « futur européen », d’autres posent la vraie question : qui a donné le droit de remodeler des sociétés entières à l’image d’un progressisme hors-sol ?

Et surtout : pour qui, et pourquoi ?



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Philippe Karsenty est homme d’affaires, ancien élu de Neuilly et porte-parole du Comité Trump France

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