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Migrants fouettés aux États-Unis: c’était une “fake news”!

Depuis le 19 septembre, des patrouilleurs frontaliers américains sont critiqués pour avoir fouetté des clandestins haïtiens à la frontière. Le président Biden lui même s’en est indigné, réclamant des sanctions… mais un peu vite. Heureusement pour lui, les fact-checkers sont aux abonnés absents pour rétablir la vérité.


Une journaliste d’Associated Press, l’auteur des images et son équipe, ont démenti la version répandue dans les médias. Cependant, très peu d’entre eux sont revenus sur leurs dires. Pas même les sites de fact-checking qui l’avaient relayée, alors qu’ils continuent à vérifier d’autres informations.

Des annonces de sanctions malgré les démentis de photographes et d’une journaliste

D’emblée, l’histoire a été politisée, l’aile gauche du Parti démocrate demandant des comptes à Joe Biden. Ce dernier a dit le 24 : « Je suis outré, je vous promets que ces gens vont le payer ! » Problème, la veille, l’auteur des images avait donc dénoncé sur la chaîne KTSM la mauvaise interprétation qu’en faisaient les médias. Ni les autorités ni la plupart des médias n’ont tenu compte de ses objections. Bien que KTSM appartienne au groupe NBC, ce dernier n’a pas jugé utile de se dédire. Toujours le 24, la journaliste d’Associated Press, Sarah Blake Morgan, qui se trouvait dans la rivière au moment de l’incident, a publié sur Twitter une vidéo disculpant les patrouilleurs.

C’est El Paso Times qui avait parlé en premier de coups de fouet, avant de rectifier son article le jour même de sa publication, le 19 septembre, pour préciser que son équipe de reportage n’avait pas vu d’agent agiter des fouets, mais des rênes… Cependant, le récit initial a été abondamment repris. Quatre jours plus tard, le photographe à l’origine des images, Paul Ratje, a déclaré que ni lui ni ses collègues n’avaient vu d’agents fouetter des Haïtiens : le garde-frontière « les secouait [les rênes]… mais cela peut être mal interprété quand on regarde l’image ». 

Si Newsweek, de tendance démocrate, a relayé le témoignage du photographe, l’immense majorité des autres médias l’ont ignoré. Ainsi, le lendemain de la déclaration du photographe, le site de vérification des faits, Politifact a cité Paul Ratje sans piper mot de son démenti. Ironique, Fox News observait dès le 24 : « Le Washington Post, CNN, NBC, AP, USA Today, Snopes n’ont pas abordé ce mensonge largement répandu […] les arbitres autoproclamés de la vérité sont restés dans leurs écuries à partir de jeudi soir. » 

La déontologie à géométrie variable des vérificateurs de l’information 

Comme l’observe Paul Ratje, il peut y avoir méprise sur les images. Mais il ne saurait y en avoir quant à ses propres dénégations : les négliger ne peut que questionner quant à la réalité de la vérification des faits, à géométrie variable, à charge ou à décharge en fonction des intéressés ou des sujets.

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En France, les explications du photographe et de son équipe ainsi que la vidéo de la journaliste d’Associated Press ont été ignorées.

Biden, un comportement de juge, de jury et de bourreau 

Si Biden a été attaqué pendant cette séquence sur sa gauche sur sa politique migratoire, la critique vient aussi de l’aile droite de son parti. L’ancienne représentante Tulsi Gabbard s’en est prise au président : « Je considère Joe Biden comme un ami, mais il a totalement tort et il doit présenter ses excuses au peuple américain pour ses déclarations. Et voici pourquoi : c’est quelqu’un qui s’est très ouvertement prononcé contre les autocrates, les dictateurs, mais il s’est essentiellement comporté comme un juge, un jury et un bourreau avec ces agents des douanes et de la patrouille frontalière à cheval. » Gabbard est cependant isolée dans son camp : les caucus latinos et noirs du Parti démocrate sont très bruyants sur le sujet, et la représentante Maxine Waters a déclaré que les prétendus faits étaient « plus graves que ce que nous avons vu sous l’esclavage ».

GB News: pourquoi le présentateur star quitte le navire

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La démission du président et animateur vedette Andrew Neil menace un peu plus la survie de la chaîne conservatrice britannique, dont les audiences peinent à décoller.


Andrew Neil, le président et présentateur vedette de la nouvelle chaîne d’info de droite, GB News, vient de démissionner de son poste à la suite d’une rupture acrimonieuse avec la haute direction et le conseil d’administration. Neil avait été rédacteur en chef du Sunday Times et, en 1988, président fondateur de la chaîne Sky TV de Rupert Murdoch, avant de devenir le doyen des journalistes politiques de la BBC. Il reste président de la revue hebdomadaire, The Spectator. Le rôle central joué par Neil dans le projet GB News a contribué à convaincre d’autres journalistes respectés à s’y impliquer.

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Fier d’être britannique

Le 13 juin 2021, lors du lancement de la nouvelle chaîne, Neil avait récité devant les caméras un monologue qui a commencé par les paroles : « Nous sommes fiers d’être britanniques… » GB News s’était donné pour objectif de s’imposer en bousculant le paysage audiovisuel britannique, accusé de conformisme, par l’expression d’opinions bien tranchées un peu dans le style de la chaîne américaine conservatrice Fox News. GB News s’est présentée comme une alternative à la BBC, devenue la cible de nombreuses critiques de la part de politiciens et du public pour sa ligne progressiste et élitiste. La nouvelle chaîne d’Andrew Neil prétendait couvrir des questions négligées par d’autres médias plus soucieux de plaire à la population de la métropole londonienne qu’à celle du reste du pays. Malgré des problèmes techniques initiaux, les premiers chiffres de la chaîne étaient respectables, mais, après quelques semaines, l’audience a commencé à baisser.

A relire, Jeremy Stubbs: Que devient Nigel Farage?

C’est afin d’attirer de nouveaux téléspectateurs que, le 20 juin, GB News a embauché comme animateur Nigel Farage, l’ancien chef des partis anti-européens, UKIP et le Brexit Party. Présentant une émission hebdomadaire le dimanche, Farage a rejoint d’autres anciens de ces deux partis, comme Alex Phillips, une ex-eurodéputée, et Michelle Dewberry, une ancienne candidate aux élections générales. Très vite, la nouvelle chaîne commence à se focaliser sur les thèmes récurrents de l’immigration et la politique sanitaire contre le coronavirus. La dérive droitière se confirme quand, le 17 juillet, l’émission de Nigel Farage passe à un rythme quotidien. Très peu de temps d’antenne est accordé à des invités représentant la gauche. Après une campagne sur les médias sociaux lancée par un groupe de pression de gauche, Stop Funding Hate (« Cessez de financer la haine »), un certain nombre d’annonceurs, dont IKEA et la brasserie Grolsch, ont mis fin à leurs relations commerciales avec GB News.

N’est pas CNews qui veut…

Épuisé par les bugs techniques et visiblement mal à l’aise face à la direction que prenait la nouvelle chaîne, Neil est parti en vacances après seulement deux semaines d’émissions, vacances qui se sont prolongés pendant tout l’été. Une autre pomme de discorde aurait été le désir de Neil de présenter des émissions depuis le sud de la France où il possède une maison.

Il est cependant clair que le différend principal entre Neil et le PDG de la chaîne, Angelos Frangopoulos, concerne la vision de GB News, ce dernier étant en faveur d’une Fox-isation totale. Personne n’est donc vraiment surpris quand, enfin, le 13 septembre, Neil annonce sa démission. Initialement, les relations semblent cordiales entre lui et son ancien employeur, Neil devant rester comme intervenant occasionnel dans l’émission de Farage, mais la semaine dernière tout a changé, Neil annonçant avec fracas qu’il ne mettrait jamais plus les pieds chez GB News. La chaîne continue de lutter pour attirer les téléspectateurs. Avec un paysage dominé encore par le duopole de la BBC et Sky News, la Grande Bretagne, à la différence de la France, ne semble pas prête pour plus de deux chaînes d’information.

Rousseau ou la victoire de la féminité toxique

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Mince: seulement 49% d’ultra-dingos parmi les dingos! Ce mardi soir, la radicale Sandrine Rousseau a été battue sur le fil par Yannick Jadot au deuxième tour de la primaire EELV. Mais, pendant la campagne, Rousseau est parvenue à imposer l’écoféminisme dans le débat. Quand elle confie que son homme est « déconstruit », elle nous dit qu’elle souhaite l’avènement d’un homme en pièces détachées. Analyse.


Ainsi donc Sandrine Rousseau nous a dit son bonheur de vivre avec un homme déconstruit.

L’interprétation la plus naïve ou la plus favorable verra là l’idée d’un homme qui, ayant fait l’analyse sans concession des préjugés que ses ignobles ancêtres avaient insidieusement versés en lui, ayant déjoué et neutralisé tout obscur désir de domination virile sur les femmes, n’a plus aucune illusion sur la société ni sur lui-même et se meut désormais dans la vie, dégagé de tous les vices du passé, pur et rayonnant de toutes les vertus contemporaines. C’est le nouvel Homme Nouveau.

Une déclaration et ses implications

Et c’est pourquoi Sandrine Rousseau n’a pas dit tout simplement que son mari est un homme qui respecte les femmes. Il s’agit de bien plus que cela, et seul le participe “déconstruit” pouvait rendre toute cette richesse d’implications. Seulement, pour un esprit sensible et tant soit peu imaginatif, ce même participe évoque la fâcheuse image d’un homme en pièces détachées.

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Déconstruire n’est pas détruire, ni analyser. Lorsqu’on détruit, on fait disparaître, et c’est un peu ennuyeux de n’avoir plus rien avec quoi jouer. Quant à l’analyse, c’est une opération plus abstraite, qui doit permettre de comprendre et de caractériser les parties qui entrent dans la composition du tout. Mais déconstruire ! C’est défaire, c’est décomposer non seulement pour comprendre mais bien pour neutraliser. Et ce qui est neutralisé, on l’a à sa main. On peut le ranger dans un tiroir, ou le faire servir à quoi bon vous semble. Déconstruire n’est pas une démarche intellectuelle, mais une offensive morale et psychologique, qui permet à celui qui la mène de prendre le pouvoir, sans merci.

Partout, des dominants et des dominés

Tout cela est bel et bon, mais Monsieur Rousseau jouit-il de l’immense bonheur de vivre avec une femme déconstruite ? Sans doute la gent masculine est-elle habitée par de honteux désirs de domination qu’il convient de débusquer et d’anéantir ; mais les femmes ? Ne sont-elles que blanches colombes ou gentilles petites oies ? Certaines compagnes ne sont-elles pas de petits caporaux menant leur homme à la baguette ? Des cheftaines qui harcèlent leurs sous-fifres ? Des mères abusives et toxiques, des amantes perverses ou narcissiques, des Dominas cruelles, des empoisonneuses ? D’impitoyables carriéristes, des présidentes hautaines, avides et sans âme ?

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Pourquoi sommer les mâles blancs de se déconstruire, et pas les femelles ? Serions-nous si différents, quand on nous affirme en même temps que nous sommes si interchangeables ? Quel aveuglement de croire que les abus de pouvoir ont un sexe et une couleur ! Et comme ces métaphores, “homme déconstruit”, “masculinité toxique”, “mâle blanc”, qui réifient ou animalisent l’être humain, signalent l’innocence et le sens du respect de l’autre chez “celles et ceux” qui les emploient !

Ces vertueux déconstructeurs, qui n’ont de cesse de stigmatiser le désir de domination chez les autres, ont choisi une clé unique d’interprétation du monde humain qui les a précédés. Il semble que pour eux, il n’existe aucun motif d’action hormis les jeux de pouvoir. Ils devraient se demander si ce n’est pas qu’eux-mêmes sont essentiellement mus par ce désir, puisqu’ils ne peuvent en imaginer d’autres. Quant aux vieilleries courtoises, ils les méprisent ou les ignorent. Il ne faut pas se demander pourquoi.

Covid: la France s’épuise

La pandémie a permis à la médecine de triompher du politique et de défendre jusqu’à l’absurde la sécurité sanitaire, tandis que beaucoup de nos concitoyens se sont découverts une passion pour l’interdit et la contrainte.


La France et le monde ont été frappés par une épidémie qui a bien peu à voir avec la grippe espagnole d’après 1914, qui a tué 2,5 à 5 % de l’humanité (dont mes deux grand-tantes et leurs deux bébés), en priorité des enfants et des jeunes. À ce jour, le Covid-19 a tué 4 millions de personnes, soit 0,05 % de l’humanité, essentiellement des vieillards. Que n’aurait-on dit et fait si 100 à 200 millions de jeunes étaient morts depuis un an, peut-être pas grand-chose de plus ? De sorte que c’est moins la maladie qui intéresse le commun des mortels, que l’on ne saurait confondre avec les scientifiques et les professionnels – même si tout le monde croit l’être un peu devenu en un an et demi –, que les usages qu’en ont fait les médias et les responsables politiques mondiaux. Dans nombre de dictatures et de régimes autoritaires, la pandémie a été reçue comme une bénédiction pour régler des problèmes politiques et sociaux à coups d’oukases et de couvre-feux.

Une vaste machine à détourner l’opinion

Mais en Occident, en Europe de l’Ouest en particulier, dans nos régimes démocratiques, il est difficile de ne pas regarder l’inédite sarabande médiatique suscitée par la pandémie dans nos sociétés, asphyxiées de bons sentiments et de recommandations prophylactiques, pour ce qu’elle est devenue en opportunité pour les dirigeants : une gigantesque machinerie ayant détourné l’opinion publique de ses problèmes à la fois bien réels et angoissants, mais aussi de la marche du monde qui abaisse un peu plus chaque jour notre civilisation et ses prétentions. Foin des Gilets jaunes et de l’impasse des retraites ; foin de l’effondrement culturel et scolaire ; foin de la délinquance et du crash démographique de l’Europe ; foin de la marche sans scrupule des dictatures modernes ; foin de nos considérables faiblesses stratégiques (nous ne produisons ni médicaments ni ordinateurs) ; foin de l’effondrement de notre agriculture ; seule surnage, sur un mode apocalyptique, la question de l’écologie.

Pour la première fois dans l’histoire d’une civilisation, on a interdit à des familles et amis d’enterrer leurs morts. On a séquestré des milliers de vieillards et de mourants

Que nous dit cette séquence sur nos sociétés et le processus de déclassement dans lequel elles sont engagées au regard de leur propre histoire et de la dynamique ascendante de l’Asie ? Un nombre considérable de choses, mais quatre m’ont particulièrement frappé.

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La première est l’apogée et le triomphe de la médecine et des médecins sur le politique, les corps et les esprits. Nos contemporains, depuis les années 1970, ont fait un sort aux cadres traditionnels de la société, les clercs de toutes sortes, qu’ils soient laïcs ou religieux, savants ou médiateurs, offrant leur destinée à deux groupes dominants : la société du spectacle et ses zélés serviteurs, et le monde de la santé (légal ou alternatif). Depuis un demi-siècle, l’inversion de la hiérarchie des salaires entre les différents métiers se passe de commentaires. La France est le pays qui consacre la plus grosse part de son PIB aux dépenses de santé en Europe, plus de 11 %, soit plus que la dîme en faveur de l’Église catholique sous l’Ancien Régime. La médecine est devenue, grâce à une allocation publique illimitée, un des moyens les plus efficaces de s’enrichir à bon compte. La crise du Covid-19 a parachevé cette évolution. L’homme sans Dieu s’en remet au seul tabernacle de son corps, pour lequel il semble prêt à céder sur tout. Les politiques ont pris acte de cette évolution et ont cédé un temps le pouvoir souverain au corps médical. Logiquement, celui-ci a fait sauter tous les plafonds de la dépense publique et du contrôle financier, livrant notre avenir à la régulation sanitaire et à ses excès les plus fous. Le médecin est devenu roi, et la cause du Covid sacrée.

Un policier vérifie le respect des mesures de confinement sur la plage de la Datcha, au Gosier (Guadeloupe), 20 mars 2020. © Isham CALVADOS / AFP

Triomphe de la petite bourgeoisie hygiéniste

La seconde chose remarquable, quoique peu commentée, est que la crise a révélé une grande fatigue (à la fois individuelle et collective) de l’Occident, à la recherche d’une échappatoire au cours normal de son existence, représenté par une vie active exigeante. Cette échappatoire était d’autant plus aiguillée que le sentiment du déclin de la civilisation s’est installé dans les esprits. Les Français se sont montrés en majorité satisfaits de cesser de travailler pour changer de vie, ne serait-ce qu’un temps, d’échapper à la routine et aux contraintes, aux astreintes du travail, du commandement et à l’autorité de l’employeur. Sous réserve qu’ils touchent leur revenu, quoi qu’il en coûte. Sur fond de millénarisme relatif au climatisme, à l’écologisme, à la théorie de l’effondrement de la civilisation ou de la nature, etc., cette pause non choisie s’est apparentée pour nombre de Français à une bénédiction, bientôt ardemment souhaitée. La disparition de nombre de contraintes sociales, professionnelles, familiales, voire religieuses ou culturelles, a été saisie comme une chance à saisir, voire comme un état désirable. On se rappelle, pendant le premier confinement, comment La Poste a immédiatement cessé de fonctionner sans aucune raison, entravant la continuité du service public. Mais les exemples foisonnent. Tout le monde connaît des restaurateurs, employés, fonctionnaires ou indépendants qui ont saisi le travail à domicile comme l’opportunité de faire une longue pause. Les patients ont cessé d’être malades et, pour un temps, les médecins n’ont plus rien vu d’autre que du Covid et des déprimés. Des millions de travailleurs ont fait relâche, et des restaurateurs et entrepreneurs ne retrouvent plus leurs employés. La France fatiguée et déprimée s’interroge sur le sens même du travail (pas seulement en présentiel) et s’adonne quand elle le peut à une grande flemme très appréciée.

Le troisième point saillant renvoie au discours sur la protection de la vie – parfois appelé vie nue –, qui se félicite d’avoir sacralisé la vie au point de détruire l’économie et les relations humaines pour sa préservation. L’Occident serait si parfait qu’il peut s’anéantir pour la protection des plus faibles et des plus âgés (sans faire apparemment de lien avec la promotion antithétique de l’euthanasie et la réalité de l’eugénisme médical). Or on ne saurait occulter les conséquences tragiques et proprement inhumaines de cette nouvelle réalité. Au nom de la protection des personnes faibles, la France a été le théâtre de scènes de cruautés inédites. Qu’elles soient individuelles ou institutionnelles, nombre de mesures de restrictions ou d’interdiction ont allégrement bafoué la sacralité de l’existence et le respect minimal dû aux personnes, aux souffrants, aux mourants et aux morts. Pour la première fois dans l’histoire d’une civilisation, on a interdit à des familles et amis d’enterrer leurs morts. On a séquestré des milliers de vieillards et de mourants. Tel vieillard ou malade, sans aucun lien avec le Covid, privé de ses proches, est mort de détresse ou de solitude alors que rien ne le laissait présager. On a empêché des familles de voir des mourants et certaines ont dû tirer au sort pour savoir quel serait le dernier d’entre eux (enfants ou conjoint) à voir une mère cancéreuse avant son décès. Des conjoints ont été privés deux mois durant de leur vieux partenaire finalement décédé. Des croyants ont été privés d’un aumônier et des derniers sacrements, comme si nous n’étions que des larves. Avec bêtise ou cynisme, les institutions ont sauvé les mourants du Covid pour qu’ils meurent de leur maladie. La folie a cédé à l’absurde ; on n’en finirait pas de commenter un sadisme institutionnel que rien n’explique.

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La dernière chose qui m’a frappé est la manière dont le traitement de la pandémie a donné lieu au triomphe d’une petite bourgeoisie hygiéniste, scrupuleusement légaliste, bien que soumise à un discours public truffé de contradictions, mais qu’elle a tenté de suivre tant avec peur qu’avec passion. Dans les services de santé, dans les professions intermédiaires, les rouages administratifs, mais aussi dans toutes les professions, y compris les plus inattendues, une armée de pères Fouettard réglementaires s’est levée, qui ont semblé trouver un sens à leur existence finie. Sans réflexion ni raison, parfois avec cruauté, comme nous l’avons évoqué, parfois sous le coup de la peur – la mort de Dieu n’ayant laissé aucun espace d’espérance ni d’altruisme –, avec la passion de faire suivre aux autres les règlements en vigueur, toute une partie de la société est devenue l’auxiliaire zélé des politiques publiques. Conditionnée par les médias et une véritable propagande d’État, admonestée par des médecins médiatiques et par des fonctionnaires d’autorité, tenant peut-être là une revanche sur une situation objective de déclassement – tous étant cette fois égaux devant les contraintes, la maladie, les pénuries et les restrictions –, cette classe moyenne s’est adonnée à la passion de prohiber et de contraindre.

Il est piquant de constater qu’aux deux bouts de l’échelle sociale, rien de tel n’a été observé. Les classes populaires ont subi souvent sans mot dire, mais parfois en tentant d’échapper aux contraintes, qu’il s’agisse du travail ou des règlements contraignants. Que l’on se rappelle la mode des barbecues de banlieue lors du premier confinement, à tel point que la police aurait reçu des consignes de modération. Mais à l’autre bout de l’échelle sociale, toute une bourgeoisie a tenté par tous les moyens de prendre le large, en se réfugiant dans ses maisons de campagne – quitte à circuler sans scrupule en plein confinement –, à s’échapper en avion dès la levée des contraintes bloquantes, ou en se retrouvant dans des restaurants secrets, à l’instar de la célèbre « cantine » de BFM-TV, où le gratin de la chaîne déjeunait tous les jours jusqu’à ce que Le Canard enchaîné s’en saisisse.

Derrière l’altruisme et la générosité affichés, derrière de très nombreux gestes de solidarité et d’amitié active, et alors que tant de personnes fragiles (notamment les jeunes), malades, en formation ou ayant perdu leur activité, ont vécu des moments très difficiles, non sans conséquences sur toute leur existence (combien de jeunes verront leurs espoirs légitimes de réussite saccagés ?), il paraît utile de méditer sur ces dérives et ces tendances que la situation inédite de crise a fait affluer à la surface de nos existences.

Twitter et les talibans


« Zabihullah Mujahid de l’Émirat islamique tient une conférence de presse à 17h » ; « Un comité tripartite a été mis en place à Kaboul pour rassurer les médias » ; « L’Émirat islamique souhaite de meilleures relations diplomatiques et commerciales avec tous les pays »… 

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Certes, ses tweets sont aussi insipides que ceux du ministère de la Transition écologique français : Zabihullah Mujahid, porte-parole officiel des talibans, sait se conformer aux règles les plus strictes de la bienséance langagière. Il n’empêche qu’il reste libre de diffuser autant de messages qu’il veut par jour sur Twitter à ses plus de 300 000 abonnés. Très critiqué pour ne pas avoir fermé les comptes des responsables talibans, le réseau social a expliqué que ces derniers n’avaient pas enfreint ses règles sur les contenus violents. 

Pourtant, pendant les vingt ans d’occupation par les forces de l’OTAN, les talibans ont frénétiquement utilisé les médias sociaux pour établir leur légitimité auprès de la population afghane. L’ironie c’est que, jusqu’en 2002, les mêmes talibans interdisaient l’accès à internet ; s’il s’est généralisé aujourd’hui, c’est grâce aux efforts des Occidentaux pour moderniser l’infrastructure du pays. Cette année, au cours de la reconquête qui a culminé avec la prise de Kaboul, les talibans ont encore profité des plateformes, notamment WhatsApp, filiale de Facebook, pour coordonner certaines de leurs opérations et diffuser des messages, voire des menaces, aux chefs locaux, sommés de coopérer. Facebook a banni les talibans officiellement il y a longtemps ; YouTube annonce redoubler ses efforts pour enlever des vidéos postées à leur gloire ; et WhatsApp vient de déclarer sa détermination de bloquer les numéros associés à leurs groupes. Ce qui n’empêche pas les talibans et leurs supporteurs de continuer à créer de nouveaux comptes. Pendant ce temps, Twitter autorise la promotion du nouveau régime qui entend se forger une image plus « modérée », plus « respectable », plus « lisse », et complètement fausse. 

En France le compte de Jean Messiha (et d’autres) est toujours suspendu. 

Les propos du nouveau boulanger de l’Élysée le disqualifient pour servir la table présidentielle!

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Makram Akrout fait la meilleure baguette de Paris et sera donc le nouveau boulanger de l’Élysée. Mais tout n’est pas tout rose pour celui qui était un ancien sans-papier. Élisabeth Lévy revient sur celui qui a posté des messages sans ambiguïté sur les réseaux sociaux il y a quelques années.


Ça ressemblait à une de ces paraboles sur la Nouvelle France métissée (ou créolisée) qu’on adore à France Inter. Et à un pied de nez aux méchants populistes et autres zemmouriens qui ont peur de l’islamisation, on se demande bien pourquoi. 

Le prix de la meilleure baguette de Paris a été décerné à Makram Akrout qui officie dans le douzième arrondissement. Il sera donc le boulanger attitré de l’Élysée pour un an.

Makram Akrout (nom prédestiné pour le roi de la baguette !) est donc non seulement un fleuron de l’artisanat français, mais un exemple d’intégration réussie. Le Parisien et LCI s’enthousiasment et citent Ridha Kadler, lauréat 2013. Le message est clair : on peut être arabe musulman et fabriquer merveilleusement un produit symbolisant l’art de vivre à la française. C’est parfaitement exact.

France Info et le Parisien nous apprennent qu’Akrout est un ancien sans-papiers arrivé de Tunisie il y a 19 ans. Traduction : voilà les richesses dont veulent nous priver les contempteurs de l’immigration clandestine. Akrout selon Cécile Duflot, c’est le vrai visage de la France.

Cela prouve-t-il qu’un immigré peut faire un excellent Français?

On aimerait bien. Mais Hala Oukili (journaliste à Sud Radio et Causeur) a exhumé quelques messages Facebook qui racontent une tout autre histoire. 

En 2019: « La France propage la décadence en Tunisie pour protéger ses intérêts colonialistes et nous pousse à nous éloigner de la religion et des valeurs islamiques ». 

En 2020: « Nous avons pleuré pour Charlie Hebdo et pour Notre-Dame mais du côté de la France, ils ne pleurent pas, ces chiens lorsqu’on se moque du maître de la création (Allah).« 

Bref, le boulanger est aussi un islamiste bon teint, assez loin des fameuses valeurs de la République. Cela pose un problème de sécurité qui devrait alerter les services élyséens. Aussi délicieuse soit sa baguette, ses propos le disqualifient pour servir la table présidentielle. Cela montre surtout qu’on peut être parfaitement intégré socialement et pas du tout culturellement. La baguette ne fait pas le français.


Cette chronique a été initialement diffusée sur Sud Radio. Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 dans la matinale.

Ensauvagement, vous avez dit ensauvagement?

Un weekend comme un autre en France? Pendant que dans le Rhône, des jeunes gens de Rillieux-la-Pape s’en prenaient à la Maison des jeunes pour protester contre la venue d’un rappeur de Vénissieux, dans le Val d’Oise un cortège de mariage s’est terminé en vaste rixe. Deux exemples qui viennent nous rappeler qu’il est grand temps que nos dirigeants « profondément attachés aux valeurs républicaines » répondent aux légitimes « attentes des Français » en matière d’insécurité…


Ce sont des nouvelles qui vont donner encore du grain à moudre aux inquiets, aux pessimistes, à ceux qui craignent pour notre avenir ou ceux déjà résignés à des jours sombres. Samedi après-midi vers 16h30, des fêtards revenant de mariage bloquent la circulation de l’A16 puis sur la D44 au niveau de Villiers-Adam (Val d’Oise). Pris en chasse par des militaires, le cortège se rend alors à Méry-sur-Oise, une ville où réside une dizaine de milliers d’âmes. Entouré d’une pelouse qui scintille sitôt que pointe la rosée, un chaleureux château s’y dresse à trente minutes de Roissy. Naguère propriété de la Comtesse de Ségur, il abrite des peintures murales d’inspiration classique, lesquelles ravissent ses hôtes en quête de sérénité.

Chaises et poubelles lancées sur des gendarmes à la campagne

C’est à hauteur de ce havre de paix, incarnation d’un patrimoine qui épate encore le monde, que nos fêtards ont choisi de faire halte pour barrer la route à d’innocents automobilistes. Des militaires, ces héros du quotidien qui veillent sur la douce France, ripostent par des tirs de gaz lacrymogène. Courroucés de ne pouvoir laisser libre court à leurs pulsions, les fêtards font ensuite valdinguer sur les militaires, ainsi que sur les gendarmes les ayant rejoint, des chaises, des cendriers et des poubelles du bistrot du Château. Filmée depuis un smartphone, une vidéo témoigne d’une surreprésentation d’hommes en pleine force de l’âge, elle dévoile une cohorte de Blacks en chemise blanche. La Gazette du Val d’Oise rapporte que le calme n’est revenu qu’aux alentours de 18h, que trois gendarmes ont été blessés et trois de leurs voitures légèrement endommagées.

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Dans les rangs de la gauche, on ne s’est pas bousculé pour relayer ce déchaînement d’agressivité. Encore une fois, ce sont les personnalités situées, selon la formule consacrée, « à droite de l’échiquier politique » voire à « la droite de la droite » qui s’y sont collé. Citons pêle-mêle l’avocat Thibault de Montrbrial, la sénatrice LR Valérie Boyer, le candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan et le député européen RN Jean-Lin Lacapelle, lequel évoque sur Twitter un « chaos ». Si ce terme ou celui d’ensauvagement vous soulèvent le cœur, libre à vous de préférer celui de violence chronique, de violence endémique, de foutoir, de bordel ou de ce qui vous siéra au mieux. Il n’en reste pas moins que dans les années 1990 ou au début des années 2000, on n’assistait guère à de telles scènes dans notre pays, des scènes dont il est tout à fait rationnel de s’émouvoir si l’on ne veut pas que la France n’ait un jour plus rien à envier à la violence chronique qui pourrit la vie des habitants d’Afrique du Sud ou du Honduras depuis des décennies.

Le rappeur « L’Allemand » provoque l’ire de jeunes à cagoules

« Ceci est un fait isolé », « il faut savoir prendre de la hauteur », « relayer ce genre d’information fait le jeu de l’extrême droite », « il y a toujours eu de la violence dans l’histoire de France » ou encore, ce n’est qu’un « fait divers » dont il est inutile de faire monter la sauce, nous objectera-t-on.

Ce même samedi, un peu après la fin de ce fameux mariage de Méry-sur-Oise, c’est un concert de rap qui s’est illustré, cette fois à Rillieux-la-Pape, au nord de Lyon. Qu’est-ce qui a été pris pour cible ? Une philanthrope Maison des jeunes et de la culture, laquelle a été caillassée. Selon nos confrères du Parisien, « une trentaine d’individus en vêtements noirs, cagoules vissées sur la tête », ont jeté des projectiles sur les vitres de la MJC « pour protester contre la venue du rappeur L’Allemand » (ça ne s’invente pas). Le péché de ce dernier ? Être originaire de Vénissieux. Comme si lancer l’assaut sur la MJC ne suffisait pas, les assiégeants en capuche s’en sont également pris à des abribus et ont brûlé trois voitures.

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« Tous les concerts de rap sont annulés jusqu’à nouvel ordre et j’étudierai systématiquement l’ensemble des programmations », a assuré Alexandre Vincendet, le maire LR de la ville. Endosser les habits du pacificateur de tribus est une chose, mener celles-ci à la concorde en est une autre. Dans un sondage Ifop publié en avril dernier, 86 % des Français, toutes tendances politiques confondues, plaçaient la lutte contre l’insécurité comme une priorité de leur vote en 2022. Autant dire que si nos dirigeants qui aiment se targuer d’être « profondément attachés aux valeurs républicaines » souhaitent couper l’herbe sous le pied d’un certain « polémiste d’extrême droite », il y a urgence à répondre à cette grande « attente des Français ».

L’islamo-catholicisme de Patrick Buisson

Ce qui inquiète Patrick Buisson, ce ne sont pas les territoires perdus de la République mais les valeurs perdues de la France chrétienne. Quand il affirme avoir « plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string », l’essayiste réactionnaire aurait-il, avec la société libérale, un problème d’assimilation?


J’ai bien failli emporter le livre de Patrick Buisson en vacances et puis je me suis ravisé. Pour ne pas contrarier mes érections estivales, je lui ai préféré Sexus d’Henry Miller et Le Démon d’Hubert Selby, car les aventures de ces foutus baiseurs sont mieux assorties à ma libido par 28 degrés à l’ombre que les analyses du réactionnaire catholique sur les causes du déclin français.

C’est un monde, quand même!

Ce n’est donc pas dans l’essai du nostalgique de la messe en latin que j’ai trouvé matière à contestation mais dans les petites phrases de sa promo, dont certaines rappellent un peu les formules les plus limites de Philippe Muray quand celui-ci écrivait une lettre ouverte à « ses chers djihadistes ». Comme celles-ci : « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de treize ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour le bobo écolo en trottinette. » Ça sonne comme du Soral, mais c’est du Buisson. Le théoricien du « c’était mieux avant Vatican 2 » a fait son choix. Il trouve le mahométan rigoriste et ennemi héréditaire depuis Poitiers plus respectable que son compatriote hédoniste et mécréant. En 40, certains Français se réjouissaient du retour du maréchal flanqué d’évêques revanchards et s’inclinaient au passage des Allemands en attribuant la défaite au laxisme de la sociale, au relâchement des mœurs et au recul du catholicisme. Aujourd’hui, d’autres (ou les mêmes) se régalent avec La Fin d’un monde de Patrick Buisson.

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Je peux éprouver une certaine sympathie pour le croyant inoffensif, pour l’illuminé qui clame que Jésus sauve et que Dieu aime ses enfants, même pécheurs, même infidèles, pour le type qui croit que depuis son nuage, une vieille barbe le regarde, même quand il se branle. La même petite tendresse que pour un enfant de 6 ans qui croit au Père Noël, et qui a ses raisons car il y a chaque année plus de cadeaux sous les sapins que d’aveugles paralytiques qui reviennent de Lourdes bon pied bon œil. Mais je n’ai pas plus de respect pour le type qui se tourne vers La Mecque cinq fois par jour que lui-même n’en a pour le juif infidèle libre penseur blasphémateur fornicateur et amateur de jambon-beurre, comme pour à peu près tout ce qui n’est pas hallal. Si la religion de Mahomet n’avait que quelques milliers d’adeptes dans le monde, elle serait sans doute interdite et traquée comme une secte dangereuse. Mais avec plus d’un milliard d’individus et une cinquantaine d’États dont certains sont pétroliers, elle force au respect comme un caïd en banlieue. Étant attaché à la liberté, l’égalité et la fraternité, je suis humaniste, français, et donc islamophobe.

Même après une victoire électorale d’Anne Hidalgo, il me reste plus d’estime pour le bobo immigrationniste de centre-ville, donneur de leçons antiracistes et planqué à l’abri des populations qui ont islamisé sa banlieue, que pour le fanatique qui communie à la mosquée en se jetant par terre et en récitant des appels au meurtre sacrés. Même après une conférence de presse d’Assa Traoré, j’ai plus d’affinités avec un avocat antiraciste qui va au cabinet en baskets et en trottinette, et qui traîne Zemmour au tribunal qu’avec un fou d’Allah qui le menace de mort et l’oblige à vivre sous protection policière. Même après une chronique de Claude Askolovitch, je préfère le voisinage d’un animateur de France Inter ou d’un journaliste de L’Obs à celui d’un observant de la religion de « paix et de tolérance » que son opium du peuple peut transformer en homophobe agressif et dangereux.

Plutôt pute de luxe que boudin hallal et aigre

Si à 13 ans et en string, ma fille avait été séduite par un écrivain quinquagénaire et libidineux, soixante-huitard et germanopratin, j’aurais été vigilant. Mais pas aussi désespéré que si elle s’était amourachée d’un voyou (ou d’un étudiant en médecine) qui fait sa prière cinq fois par jour et qu’elle avait gâché sa jeunesse dans la piété en tournant le dos à la mode, aux jeux de l’amour et à la liberté. J’aurais pu me faire à l’idée qu’elle projette de devenir pute de luxe ou starlette du porno mais je n’aurais pas supporté de la voir disparaître enceinte derrière un barbu et sous un voile, réservée à un usage exclusif et domestique, privée d’amis et d’amants, de coiffeur, de vernis, de parfum, de bijoux, de galanteries et de coquetteries haram, pour devenir avec le temps un boudin hallal aigre et rassis. J’aurais fini par accepter qu’elle me ramène un petit copain écolo climato-trouillard à trottinette qui roule électrique, trie ses déchets, consomme équitable, mange bio et chie dans la sciure, un végan bien woke qui fait du yoga et voit un psy. J’aurais avalé mon chapeau si elle s’était mise à la colle avec une grosse lesbienne aux cheveux bleus et aux nichons percés qui m’aurait craché mon patriarcat à la gueule. Mais j’aurais opposé une résistance farouche si elle s’était maquée avec un fils d’Allah trop religieux pour toucher sa femme quand elle est « impure », qui aurait élevé mes petits-enfants dans l’intolérance pour les délurées qui divorcent et avortent comme pour les esthètes qui s’enculent, en les privant de tout ce qui est bon, du pinard au saucisson, en voilant ses filles et en initiant ses garçons à l’égorgement du mouton.

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Manifestement, Patrick Buisson a d’autres préférences. L’islamo-catholique appartient à l’internationale des coincés du cul plus qu’à la France libre, libertine et libérée de Dom Juan, du marquis de Sade, de Colette ou de Françoise Sagan. Pour le nostalgique de la virginité avant le mariage, les choses ont mal tourné quand les Français ont cessé de craindre Dieu, exigé des curés qu’ils arrêtent de s’occuper de leurs fesses et commencé à loucher sur le décolleté de Marianne, cette gueuse. C’est son opinion et son droit, Buisson étant un authentique réactionnaire. Mais on peut se demander jusqu’où ses affinités entraînent le spin doctor de la réaco-cathosphère. A-t-il moins de respect pour la jeunesse sans dieu ni maître qui se drague en terrasse que pour celle qui l’assassine au nom de son prophète de malheur et de sa religion, la plus con du monde, selon Houellebecq ? A-t-il plus de respect pour le Tchétchène assassin et pour le collégien indic parce que coreligionnaire que pour le professeur qui enseigne la laïcité en territoire hostile ? A-t-il moins de respect pour Mila qui sauve l’honneur français par le blasphème dans un monde de trouillards que pour les milliers de lâches qui la menacent ou qui l’oublient ? A-t-il plus de respect pour Fofana, Merah et les frères Kouachi que pour Charb, Cabu et Wolinski ?

Mila et son avocat Richard Malka, à leur arrivée au Palais de justice de Paris, 3 juin 2021. © Bertrand GUAY / AFP

Y’a plus de respect

Si le cul-bénit devait coacher le prochain candidat de la droite pour la présidentielle, comme il avait conseillé Sarkozy en 2007, on peut imaginer les solutions qu’il proposerait pour sauver le pays du déclin libéral et restaurer l’ordre moral après les dégâts de 1789, de 1905 ou de Mai 68. Peut-être conseillerait-il, pour réduire le nombre de crimes sexuels qui explose tandis que les prisons se remplissent de délinquants qui font leur prière cinq fois par jour, non pas d’élargir les trottoirs à La Chapelle, solution de gauche, mais de légiférer sur la taille des culottes des jeunes filles. Peut-être préconiserait-il d’accorder la nationalité française aux talibans qui font leur prière cinq fois par jour et qui sauraient remettre sur le droit chemin de la foi et de la loi les petites dévergondées de 13 ans qui portent des strings. Peut-être demanderait-il que l’on accorde la naturalisation à quelques millions de Turcs qui font leur prière cinq fois par jour et qui défendent parfois par le crime, l’honneur de la famille quand il est bafoué par le libre choix de son amoureux. Évidemment, l’arrivée sur notre sol par l’effet du regroupement familial et par millions des épouses voilées de tous ces nouveaux Français catholico-compatibles pourrait rendre au pays la respectabilité qu’il a perdue en même temps que ses repères, ses valeurs, ses bondieuseries et ses dessous décents.

J’espère pourtant que les Français choisiront une autre voie que celle de l’islamo-catholicisme. Je conseille donc à Monsieur Buisson de demander l’asile politique là où les jeunes filles en fleur vivent à l’ombre et les homosexuels dans la terreur mais où l’on « respecte la famille ». Si nos débauches l’indisposent, qu’il quitte le pays de Brigitte Bardot pour incompatibilité de mœurs, et aille se réfugier chez les bigots de son choix, chez ceux pour qui il a le plus de respect.

Les monuments de dérision

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Une des principales finalités de l’Art contemporain est la déconstruction de toute identité culturelle incarnée dans les œuvres, les monuments et les lieux, que les duchampiens nomment «le contexte». Cette procédure est au service de la construction financière des produits de l’Art contemporain mais aussi de la diffusion des idées libérales ou progressistes. Analyse.


Le scandale provoqué assure l’implication des médias qui entraîne l’attention du public. Un discours moraliste et culpabilisant légitime l’œuvre et cache ainsi diverses manipulations à but lucratif ou au-delà. En France ce sont les institutions publiques qui président à leur installation.

Voici les plus récentes : en 2019, le Bouquet de tulipes de l’artiste américain Jeff Koons a pris place à équidistance de l’Élysée, de la Chambre des Députés et de la place de la Concorde, malgré une opinion publique hostile et l’ambigüité de l’œuvre [1]. En 2021, c’est un monument éphémère qui est inauguré par le chef de l’État, l’emballage de l’Arc de Triomphe, signé par un autre artiste new-yorkais, Christo.

Histoire et géopolitique des monuments de dérision 

Le premier monument de ce genre remonte à 1976 : c’est la Pince à Linge géante de Claes Oldenburg, dressée devant l’Hôtel de Ville de Philadelphie patrie des « Pères fondateurs » de l’Amérique, grands défenseurs des Lumières. Dérision et gigantisme, telle est la formule !

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La France en est le premier suiveur : en 1985, les Colonnes de Buren sont commandées par le ministère de la Culture pour orner le cœur du Paris historique. L’œuvre ne célèbre rien et n’a aucun sens déclaré [2]. Cependant la théorie qu’elle illustre est officiellement énoncée : le monument dérisoire rend un service public, il remplit une mission de déconstruction, vertueuse et critique, du patrimoine, de ce qu’il signifie ; contrairement aux monuments de célébration qui encouragent l’identité nationale et par conséquent la guerre. Ce monument du Palais Royal inaugure quarante ans de commande publique de monuments réalisés dans cet esprit et financés par l’argent public.

Le discours clérical du fondamentalisme marchand

Les modèles esthétiques de la vacuité tout autant que celle du kitsch [3] ont en effet le pouvoir de nier ou caricaturer mortellement les identités. Après la chute de l’URSS en 1991, les stratégies de guerre culturelle ont évolué. Pendant la période hégémonique qui a suivi, les monuments de dérision ont envahi toutes les capitales du monde de leurs fétiches géants. Certains éphémères comme le Vagin de la reine à Versailles, le Plug anal de la place Vendôme, l’Etron géant de Hong Kong ; d’autres permanents comme l’Araignée « Maman » de Louise Bourgeois dont de multiples exemplaires sont disséminés autour de la planète. Ils sont légion !

Ils ont trouvé un modèle économique de fabrication de nouveaux produits financiers artistiques et de leurs dérivés industriels, extrêmement rentables. Ils se sont ainsi multipliés en raison de leur immense impact médiatique et de la fabrication rapide des cotes qui en résulte.

Le Global Art n’entre pas si facilement dans la chair des cultures

Ces totems extrêmement cotés font le tour du monde non sans quelques résistances… certaines cultures se défendent mieux que d’autres !

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Ainsi à Dubaï, les monuments de la finance artistique érigés par la sheikha al Mayassa al Thany dans l’espace urbain de son émirat n’ont pas été tolérés par la population. L’installation de quatorze bronzes de Damian Hirst à l’entrée du Centre National de Recherche Médicale représentant des fœtus « in process » de la conception à la naissance, ainsi que la statue de 5,4 m de haut d’Adel Abdessemed, ayant pour thème le fameux « coup de boules de Zidane », érigée sur le front de mer de Doha, n’ont pas été acceptées non plus par la population. Dans un pays où « l’opinion publique » est une notion qui n’existe pas et n’a pas de support pour s’exprimer, la désapprobation a eu recours aux nouvelles technologies : la « vox populi » s’est exprimée par le tweet. L’émeute électronique fut telle que la famille gouvernante a obtempéré. La première œuvre a été pudiquement bâchée, la deuxième vite déboulonnée et revendue à François Pinault qui fabrique sa cote [4]. La prescriptrice et mécène était pourtant membre de la famille régnante…

La destruction symbolique et ses effets

Comme chaque année, 2021 a produit de nouvelles icônes dont la présence dans l’espace urbain est toujours liée à l’initiative nationale, régionale ou municipale inscrite dans une politique culturelle.

En mai, pour célébrer le bicentenaire de la mort de l’Empereur, apparut l’œuvre monumentale quoiqu’éphémère de Pascal Convert : le squelette de Marengo…

>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue « Conflits » <<<



[1] Officiellement c’est un bouquet, hommage aux victimes du Bataclan. Dans l’iconographie ordinaire des objets de consommation vendus sur Amazone, le bouquet rassemble visuellement deux produits vendus à 50 euros : un   sex toy dit « First » et un « Fouet LGBT ». La règle académique du conceptualisme est ici appliquée à la lettre : titre, iconographie et contexte ne doivent pas coïncider. Telle est la règle de fabrication d’un piège à « regardeurs ».

[2] Le monument a cependant  la réputation non officialisée d’être un mémorial caché fait aux victimes des persécutions antisémites.

[3] Le kitsch est efficace pour dévaloriser les styles du Grand’ art. Ainsi Jeef Koons en installant ses œuvres géantes à Versailles s’affiche comme l’égal de Louis XIV et de son style baroque, si ressemblant au sien ! Mais l’esthétique minimaliste fonctionne bien aussi, par exemple, l’effacement de l’empaquetage de Christo.

[4] En 2021, cette œuvre montrée dans une exposition de la Collection Pinault au Couvent des Jacobins à Rennes à été taguée. Elle a poursuivi ainsi sa cote ascensionnelle qui grimpe de scandale en scandale.

Ce n’est pas la primaire, c’est LR que Jacob enterre

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Congrès LR: creuse Christian, creuse !


Enfin ! Après des mois de travail de sape, Christian Jacob a réussi à se débarrasser de la primaire. Mais en enterrant la primaire, le président des Républicains continue de creuser la tombe du parti de la rue de Vaugirard, après ses alliances locales avec LREM lors des dernières élections régionales et départementales.

Lisnard, Payre et Zemmour: out !

La primaire ouverte était pourtant une occasion en or pour Les Républicains de retrouver une crédibilité et une audience auprès de leur électorat naturel. Une primaire ouverte aurait permis aux Républicains d’enclencher une réelle dynamique électorale en allant à la rencontre du peuple de droite, bien au-delà du cercle, aujourd’hui restreint, des adhérents des Républicains. En organisant une vaste consultation, la direction des Républicains aurait témoigné qu’elle était à l’écoute des préoccupations de tous ceux qui se sont éloignés du parti de la rue de Vaugirard. La primaire ouverte aurait en outre permis d’occuper l’espace médiatique en animant le débat d’idées et en faisant connaître de nouveaux talents, issus ou non du sérail. Le maire de Cannes David Lisnard, anticipant le choix de la direction des LR, avait mis en veilleuse sa pré-campagne et confirmait hier renoncer à la course élyséenne. L’entrepreneur Denis Payre a lui aussi vu la porte lui être fermée au nez pour de très boutiquières raisons de date d’adhésion aux LR. Sans parler d’Eric Zemmour, désormais persona non grata aux Républicains, en dépit de sa forte popularité auprès des adhérents du parti.

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Mais la primaire ouverte souffrait d’un handicap rédhibitoire pour les caciques du parti : on ne peut pas en prévoir le résultat, ni contrôler qui en sortira vainqueur. La quasi-totalité des cadres reste encore meurtrie du succès de François Fillon en 2016. Ils avaient en effet intégré les écuries présidentielles de Juppé, Sarkozy ou Bruno Le Maire pour les plus audacieux, et se retrouvèrent fort dépourvus lorsque la bise conservatrice filloniste fut venue. 

Congrès prévu le 4 décembre

Chat échaudé craignant l’eau froide, les chapeaux à plume des LR ont résolument organisé la consultation du 25 septembre pour orienter le vote de ses adhérents vers le choix d’un Congrès fermé réservé aux seuls adhérents LR. En ne communiquant le détail des deux choix proposés aux adhérents que quelques jours avant le vote, aucun débat sérieux n’a pu avoir lieu sur les avantages et inconvénients de chacune de ces modalités. Les adhérents ont donc choisi sans surprise le congrès à 58%. Notons au passage que seulement 50% des adhérents se sont prononcés, la moitié des adhérents LR regardant déjà ailleurs pour la présidentielle…

Le résultat du vote du 25 septembre est d’abord le fruit d’années de travail de sape contre la primaire ouverte : inlassablement, les tenors du parti ont entretenu le ressentiment des militants persuadés que l’élimination de Nicolas Sarkozy était due aux militants PS venus fausser la primaire. Si certains socialistes sont bien venus voter, ce phénomène a été marginal dans l’explication du résultat du scrutin, François Fillon arrivant avec 44% des voix très largement devant Alain Juppé (28%) et Nicolas Sarkozy (20%) au premier tour. Il était plus commode de faire peser la défaite de Sarkozy à la primaire que de comprendre la lassitude que ce dernier inspirait au sein de l’électorat de droite et de s’atteler à faire le nécessaire inventaire de son quinquennat.

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Surtout, de nombreux adhérents ont cru, de bonne foi, que seuls des candidats LR pourraient se présenter au Congrès et que ce vote leur permettrait d’éviter Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. 

Et c’est là que la manœuvre de Christian Jacob est réellement dangereuse pour Les Républicains. Au-delà de l’abandon de la primaire, mettre en place un processus qui pourrait finir par la présentation en Congrès, le 4 décembre prochain, de Xavier Bertrand comme seul candidat à investir, sonnerait la fin des Républicains. 

Bertrand se frotte les mains

Ce scénario n’est pas de la science-fiction. Les adhérents LR ont découvert ce week-end, effarés, que Xavier Bertrand et ses soutiens se frottaient les mains du résultat du vote et ouvraient la porte à une candidature du président des Hauts-De France au Congrès LR. Valérie Pécresse, quant à elle, se portait candidate au Congrès dès samedi soir, et ses soutiens envoyaient dès dimanche des messages sur les réseaux sociaux incitant les adhérents de Libres! à prendre une cotisation à LR pour peser sur le vote. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner que Xavier Bertrand suivra la même stratégie. En retour, les partisans de Michel Barnier commencent à prendre conscience que ce Congrès s’oriente vers une bataille d’adhésions LR. Ceci renflouera sans doute les caisses du parti. Mais ce sera une bien maigre compensation face au risque de voir partir ce qu’il reste du cœur historique des militants gaullistes si Xavier Bertrand leur est imposé en Congrès. La stratégie pour y parvenir est d’ailleurs à peine dissimulée. Les sondages seront utilisés pour légitimer « celui qui a le plus de chances de battre Macron », entraînant les ralliements successifs à Xavier Bertrand des autres prétendants « par souci d’unité ».

La dernière inconnue dans ce plan bien huilé s’avère paradoxalement être Michel Barnier, l’homme qui ne fait (pour l’instant) de l’ombre à personne. Grisé par son succès auprès des militants, soutenu par Laurent Wauquiez et les cadres LR ayant peu goûté la désertion de Valérie Pécresse et de Xavier Bertrand, l’ancien exilé bruxellois pourrait vouloir aller jusqu’au bout et ne rien céder à un parti qui ne l’a jamais considéré comme un prétendant sérieux au trône présidentiel. 

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Mais si c’est bien Xavier Bertrand et lui seul qui était présenté au Congrès en décembre prochain, c’en sera fini des Républicains dont les adhérents pourraient alors se tourner vers la candidature d’Eric Zemmour, qui s’est posé ce dimanche en héritier légitime du Général de Gaulle. Certains des adhérents des Républicains n’attendront sans doute pas le 4 décembre…

Migrants fouettés aux États-Unis: c’était une “fake news”!

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Frontière entre le Mexique et le Texas, au niveau de Ciudad Acuna, 23 septembre 2021 © Felix Marquez/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22608180_000053

Depuis le 19 septembre, des patrouilleurs frontaliers américains sont critiqués pour avoir fouetté des clandestins haïtiens à la frontière. Le président Biden lui même s’en est indigné, réclamant des sanctions… mais un peu vite. Heureusement pour lui, les fact-checkers sont aux abonnés absents pour rétablir la vérité.


Une journaliste d’Associated Press, l’auteur des images et son équipe, ont démenti la version répandue dans les médias. Cependant, très peu d’entre eux sont revenus sur leurs dires. Pas même les sites de fact-checking qui l’avaient relayée, alors qu’ils continuent à vérifier d’autres informations.

Des annonces de sanctions malgré les démentis de photographes et d’une journaliste

D’emblée, l’histoire a été politisée, l’aile gauche du Parti démocrate demandant des comptes à Joe Biden. Ce dernier a dit le 24 : « Je suis outré, je vous promets que ces gens vont le payer ! » Problème, la veille, l’auteur des images avait donc dénoncé sur la chaîne KTSM la mauvaise interprétation qu’en faisaient les médias. Ni les autorités ni la plupart des médias n’ont tenu compte de ses objections. Bien que KTSM appartienne au groupe NBC, ce dernier n’a pas jugé utile de se dédire. Toujours le 24, la journaliste d’Associated Press, Sarah Blake Morgan, qui se trouvait dans la rivière au moment de l’incident, a publié sur Twitter une vidéo disculpant les patrouilleurs.

C’est El Paso Times qui avait parlé en premier de coups de fouet, avant de rectifier son article le jour même de sa publication, le 19 septembre, pour préciser que son équipe de reportage n’avait pas vu d’agent agiter des fouets, mais des rênes… Cependant, le récit initial a été abondamment repris. Quatre jours plus tard, le photographe à l’origine des images, Paul Ratje, a déclaré que ni lui ni ses collègues n’avaient vu d’agents fouetter des Haïtiens : le garde-frontière « les secouait [les rênes]… mais cela peut être mal interprété quand on regarde l’image ». 

Si Newsweek, de tendance démocrate, a relayé le témoignage du photographe, l’immense majorité des autres médias l’ont ignoré. Ainsi, le lendemain de la déclaration du photographe, le site de vérification des faits, Politifact a cité Paul Ratje sans piper mot de son démenti. Ironique, Fox News observait dès le 24 : « Le Washington Post, CNN, NBC, AP, USA Today, Snopes n’ont pas abordé ce mensonge largement répandu […] les arbitres autoproclamés de la vérité sont restés dans leurs écuries à partir de jeudi soir. » 

La déontologie à géométrie variable des vérificateurs de l’information 

Comme l’observe Paul Ratje, il peut y avoir méprise sur les images. Mais il ne saurait y en avoir quant à ses propres dénégations : les négliger ne peut que questionner quant à la réalité de la vérification des faits, à géométrie variable, à charge ou à décharge en fonction des intéressés ou des sujets.

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En France, les explications du photographe et de son équipe ainsi que la vidéo de la journaliste d’Associated Press ont été ignorées.

Biden, un comportement de juge, de jury et de bourreau 

Si Biden a été attaqué pendant cette séquence sur sa gauche sur sa politique migratoire, la critique vient aussi de l’aile droite de son parti. L’ancienne représentante Tulsi Gabbard s’en est prise au président : « Je considère Joe Biden comme un ami, mais il a totalement tort et il doit présenter ses excuses au peuple américain pour ses déclarations. Et voici pourquoi : c’est quelqu’un qui s’est très ouvertement prononcé contre les autocrates, les dictateurs, mais il s’est essentiellement comporté comme un juge, un jury et un bourreau avec ces agents des douanes et de la patrouille frontalière à cheval. » Gabbard est cependant isolée dans son camp : les caucus latinos et noirs du Parti démocrate sont très bruyants sur le sujet, et la représentante Maxine Waters a déclaré que les prétendus faits étaient « plus graves que ce que nous avons vu sous l’esclavage ».

GB News: pourquoi le présentateur star quitte le navire

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Capture d'écran YouTube / GB News

La démission du président et animateur vedette Andrew Neil menace un peu plus la survie de la chaîne conservatrice britannique, dont les audiences peinent à décoller.


Andrew Neil, le président et présentateur vedette de la nouvelle chaîne d’info de droite, GB News, vient de démissionner de son poste à la suite d’une rupture acrimonieuse avec la haute direction et le conseil d’administration. Neil avait été rédacteur en chef du Sunday Times et, en 1988, président fondateur de la chaîne Sky TV de Rupert Murdoch, avant de devenir le doyen des journalistes politiques de la BBC. Il reste président de la revue hebdomadaire, The Spectator. Le rôle central joué par Neil dans le projet GB News a contribué à convaincre d’autres journalistes respectés à s’y impliquer.

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Fier d’être britannique

Le 13 juin 2021, lors du lancement de la nouvelle chaîne, Neil avait récité devant les caméras un monologue qui a commencé par les paroles : « Nous sommes fiers d’être britanniques… » GB News s’était donné pour objectif de s’imposer en bousculant le paysage audiovisuel britannique, accusé de conformisme, par l’expression d’opinions bien tranchées un peu dans le style de la chaîne américaine conservatrice Fox News. GB News s’est présentée comme une alternative à la BBC, devenue la cible de nombreuses critiques de la part de politiciens et du public pour sa ligne progressiste et élitiste. La nouvelle chaîne d’Andrew Neil prétendait couvrir des questions négligées par d’autres médias plus soucieux de plaire à la population de la métropole londonienne qu’à celle du reste du pays. Malgré des problèmes techniques initiaux, les premiers chiffres de la chaîne étaient respectables, mais, après quelques semaines, l’audience a commencé à baisser.

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C’est afin d’attirer de nouveaux téléspectateurs que, le 20 juin, GB News a embauché comme animateur Nigel Farage, l’ancien chef des partis anti-européens, UKIP et le Brexit Party. Présentant une émission hebdomadaire le dimanche, Farage a rejoint d’autres anciens de ces deux partis, comme Alex Phillips, une ex-eurodéputée, et Michelle Dewberry, une ancienne candidate aux élections générales. Très vite, la nouvelle chaîne commence à se focaliser sur les thèmes récurrents de l’immigration et la politique sanitaire contre le coronavirus. La dérive droitière se confirme quand, le 17 juillet, l’émission de Nigel Farage passe à un rythme quotidien. Très peu de temps d’antenne est accordé à des invités représentant la gauche. Après une campagne sur les médias sociaux lancée par un groupe de pression de gauche, Stop Funding Hate (« Cessez de financer la haine »), un certain nombre d’annonceurs, dont IKEA et la brasserie Grolsch, ont mis fin à leurs relations commerciales avec GB News.

N’est pas CNews qui veut…

Épuisé par les bugs techniques et visiblement mal à l’aise face à la direction que prenait la nouvelle chaîne, Neil est parti en vacances après seulement deux semaines d’émissions, vacances qui se sont prolongés pendant tout l’été. Une autre pomme de discorde aurait été le désir de Neil de présenter des émissions depuis le sud de la France où il possède une maison.

Il est cependant clair que le différend principal entre Neil et le PDG de la chaîne, Angelos Frangopoulos, concerne la vision de GB News, ce dernier étant en faveur d’une Fox-isation totale. Personne n’est donc vraiment surpris quand, enfin, le 13 septembre, Neil annonce sa démission. Initialement, les relations semblent cordiales entre lui et son ancien employeur, Neil devant rester comme intervenant occasionnel dans l’émission de Farage, mais la semaine dernière tout a changé, Neil annonçant avec fracas qu’il ne mettrait jamais plus les pieds chez GB News. La chaîne continue de lutter pour attirer les téléspectateurs. Avec un paysage dominé encore par le duopole de la BBC et Sky News, la Grande Bretagne, à la différence de la France, ne semble pas prête pour plus de deux chaînes d’information.

Rousseau ou la victoire de la féminité toxique

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Sandrine Rousseau, septembre 2021. Le 28 septembre, son adversaire Yannick Jadot obtient 51,03 % des voix au second tour de la primaire écologiste face à elle. Il sera le candidat des écologistes pour l’élection présidentielle 2022 © ISA HARSIN/SIPA

Mince: seulement 49% d’ultra-dingos parmi les dingos! Ce mardi soir, la radicale Sandrine Rousseau a été battue sur le fil par Yannick Jadot au deuxième tour de la primaire EELV. Mais, pendant la campagne, Rousseau est parvenue à imposer l’écoféminisme dans le débat. Quand elle confie que son homme est « déconstruit », elle nous dit qu’elle souhaite l’avènement d’un homme en pièces détachées. Analyse.


Ainsi donc Sandrine Rousseau nous a dit son bonheur de vivre avec un homme déconstruit.

L’interprétation la plus naïve ou la plus favorable verra là l’idée d’un homme qui, ayant fait l’analyse sans concession des préjugés que ses ignobles ancêtres avaient insidieusement versés en lui, ayant déjoué et neutralisé tout obscur désir de domination virile sur les femmes, n’a plus aucune illusion sur la société ni sur lui-même et se meut désormais dans la vie, dégagé de tous les vices du passé, pur et rayonnant de toutes les vertus contemporaines. C’est le nouvel Homme Nouveau.

Une déclaration et ses implications

Et c’est pourquoi Sandrine Rousseau n’a pas dit tout simplement que son mari est un homme qui respecte les femmes. Il s’agit de bien plus que cela, et seul le participe “déconstruit” pouvait rendre toute cette richesse d’implications. Seulement, pour un esprit sensible et tant soit peu imaginatif, ce même participe évoque la fâcheuse image d’un homme en pièces détachées.

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Déconstruire n’est pas détruire, ni analyser. Lorsqu’on détruit, on fait disparaître, et c’est un peu ennuyeux de n’avoir plus rien avec quoi jouer. Quant à l’analyse, c’est une opération plus abstraite, qui doit permettre de comprendre et de caractériser les parties qui entrent dans la composition du tout. Mais déconstruire ! C’est défaire, c’est décomposer non seulement pour comprendre mais bien pour neutraliser. Et ce qui est neutralisé, on l’a à sa main. On peut le ranger dans un tiroir, ou le faire servir à quoi bon vous semble. Déconstruire n’est pas une démarche intellectuelle, mais une offensive morale et psychologique, qui permet à celui qui la mène de prendre le pouvoir, sans merci.

Partout, des dominants et des dominés

Tout cela est bel et bon, mais Monsieur Rousseau jouit-il de l’immense bonheur de vivre avec une femme déconstruite ? Sans doute la gent masculine est-elle habitée par de honteux désirs de domination qu’il convient de débusquer et d’anéantir ; mais les femmes ? Ne sont-elles que blanches colombes ou gentilles petites oies ? Certaines compagnes ne sont-elles pas de petits caporaux menant leur homme à la baguette ? Des cheftaines qui harcèlent leurs sous-fifres ? Des mères abusives et toxiques, des amantes perverses ou narcissiques, des Dominas cruelles, des empoisonneuses ? D’impitoyables carriéristes, des présidentes hautaines, avides et sans âme ?

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Pourquoi sommer les mâles blancs de se déconstruire, et pas les femelles ? Serions-nous si différents, quand on nous affirme en même temps que nous sommes si interchangeables ? Quel aveuglement de croire que les abus de pouvoir ont un sexe et une couleur ! Et comme ces métaphores, “homme déconstruit”, “masculinité toxique”, “mâle blanc”, qui réifient ou animalisent l’être humain, signalent l’innocence et le sens du respect de l’autre chez “celles et ceux” qui les emploient !

Ces vertueux déconstructeurs, qui n’ont de cesse de stigmatiser le désir de domination chez les autres, ont choisi une clé unique d’interprétation du monde humain qui les a précédés. Il semble que pour eux, il n’existe aucun motif d’action hormis les jeux de pouvoir. Ils devraient se demander si ce n’est pas qu’eux-mêmes sont essentiellement mus par ce désir, puisqu’ils ne peuvent en imaginer d’autres. Quant aux vieilleries courtoises, ils les méprisent ou les ignorent. Il ne faut pas se demander pourquoi.

Covid: la France s’épuise

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Emmanuel Macron en visite au laboratoire Sanofi Pasteur à Marcy-l’Étoile, près de Lyon, 16 juin 2020. © Gonzalo Fuentes/AP/SIPA

La pandémie a permis à la médecine de triompher du politique et de défendre jusqu’à l’absurde la sécurité sanitaire, tandis que beaucoup de nos concitoyens se sont découverts une passion pour l’interdit et la contrainte.


La France et le monde ont été frappés par une épidémie qui a bien peu à voir avec la grippe espagnole d’après 1914, qui a tué 2,5 à 5 % de l’humanité (dont mes deux grand-tantes et leurs deux bébés), en priorité des enfants et des jeunes. À ce jour, le Covid-19 a tué 4 millions de personnes, soit 0,05 % de l’humanité, essentiellement des vieillards. Que n’aurait-on dit et fait si 100 à 200 millions de jeunes étaient morts depuis un an, peut-être pas grand-chose de plus ? De sorte que c’est moins la maladie qui intéresse le commun des mortels, que l’on ne saurait confondre avec les scientifiques et les professionnels – même si tout le monde croit l’être un peu devenu en un an et demi –, que les usages qu’en ont fait les médias et les responsables politiques mondiaux. Dans nombre de dictatures et de régimes autoritaires, la pandémie a été reçue comme une bénédiction pour régler des problèmes politiques et sociaux à coups d’oukases et de couvre-feux.

Une vaste machine à détourner l’opinion

Mais en Occident, en Europe de l’Ouest en particulier, dans nos régimes démocratiques, il est difficile de ne pas regarder l’inédite sarabande médiatique suscitée par la pandémie dans nos sociétés, asphyxiées de bons sentiments et de recommandations prophylactiques, pour ce qu’elle est devenue en opportunité pour les dirigeants : une gigantesque machinerie ayant détourné l’opinion publique de ses problèmes à la fois bien réels et angoissants, mais aussi de la marche du monde qui abaisse un peu plus chaque jour notre civilisation et ses prétentions. Foin des Gilets jaunes et de l’impasse des retraites ; foin de l’effondrement culturel et scolaire ; foin de la délinquance et du crash démographique de l’Europe ; foin de la marche sans scrupule des dictatures modernes ; foin de nos considérables faiblesses stratégiques (nous ne produisons ni médicaments ni ordinateurs) ; foin de l’effondrement de notre agriculture ; seule surnage, sur un mode apocalyptique, la question de l’écologie.

Pour la première fois dans l’histoire d’une civilisation, on a interdit à des familles et amis d’enterrer leurs morts. On a séquestré des milliers de vieillards et de mourants

Que nous dit cette séquence sur nos sociétés et le processus de déclassement dans lequel elles sont engagées au regard de leur propre histoire et de la dynamique ascendante de l’Asie ? Un nombre considérable de choses, mais quatre m’ont particulièrement frappé.

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La première est l’apogée et le triomphe de la médecine et des médecins sur le politique, les corps et les esprits. Nos contemporains, depuis les années 1970, ont fait un sort aux cadres traditionnels de la société, les clercs de toutes sortes, qu’ils soient laïcs ou religieux, savants ou médiateurs, offrant leur destinée à deux groupes dominants : la société du spectacle et ses zélés serviteurs, et le monde de la santé (légal ou alternatif). Depuis un demi-siècle, l’inversion de la hiérarchie des salaires entre les différents métiers se passe de commentaires. La France est le pays qui consacre la plus grosse part de son PIB aux dépenses de santé en Europe, plus de 11 %, soit plus que la dîme en faveur de l’Église catholique sous l’Ancien Régime. La médecine est devenue, grâce à une allocation publique illimitée, un des moyens les plus efficaces de s’enrichir à bon compte. La crise du Covid-19 a parachevé cette évolution. L’homme sans Dieu s’en remet au seul tabernacle de son corps, pour lequel il semble prêt à céder sur tout. Les politiques ont pris acte de cette évolution et ont cédé un temps le pouvoir souverain au corps médical. Logiquement, celui-ci a fait sauter tous les plafonds de la dépense publique et du contrôle financier, livrant notre avenir à la régulation sanitaire et à ses excès les plus fous. Le médecin est devenu roi, et la cause du Covid sacrée.

Un policier vérifie le respect des mesures de confinement sur la plage de la Datcha, au Gosier (Guadeloupe), 20 mars 2020. © Isham CALVADOS / AFP

Triomphe de la petite bourgeoisie hygiéniste

La seconde chose remarquable, quoique peu commentée, est que la crise a révélé une grande fatigue (à la fois individuelle et collective) de l’Occident, à la recherche d’une échappatoire au cours normal de son existence, représenté par une vie active exigeante. Cette échappatoire était d’autant plus aiguillée que le sentiment du déclin de la civilisation s’est installé dans les esprits. Les Français se sont montrés en majorité satisfaits de cesser de travailler pour changer de vie, ne serait-ce qu’un temps, d’échapper à la routine et aux contraintes, aux astreintes du travail, du commandement et à l’autorité de l’employeur. Sous réserve qu’ils touchent leur revenu, quoi qu’il en coûte. Sur fond de millénarisme relatif au climatisme, à l’écologisme, à la théorie de l’effondrement de la civilisation ou de la nature, etc., cette pause non choisie s’est apparentée pour nombre de Français à une bénédiction, bientôt ardemment souhaitée. La disparition de nombre de contraintes sociales, professionnelles, familiales, voire religieuses ou culturelles, a été saisie comme une chance à saisir, voire comme un état désirable. On se rappelle, pendant le premier confinement, comment La Poste a immédiatement cessé de fonctionner sans aucune raison, entravant la continuité du service public. Mais les exemples foisonnent. Tout le monde connaît des restaurateurs, employés, fonctionnaires ou indépendants qui ont saisi le travail à domicile comme l’opportunité de faire une longue pause. Les patients ont cessé d’être malades et, pour un temps, les médecins n’ont plus rien vu d’autre que du Covid et des déprimés. Des millions de travailleurs ont fait relâche, et des restaurateurs et entrepreneurs ne retrouvent plus leurs employés. La France fatiguée et déprimée s’interroge sur le sens même du travail (pas seulement en présentiel) et s’adonne quand elle le peut à une grande flemme très appréciée.

Le troisième point saillant renvoie au discours sur la protection de la vie – parfois appelé vie nue –, qui se félicite d’avoir sacralisé la vie au point de détruire l’économie et les relations humaines pour sa préservation. L’Occident serait si parfait qu’il peut s’anéantir pour la protection des plus faibles et des plus âgés (sans faire apparemment de lien avec la promotion antithétique de l’euthanasie et la réalité de l’eugénisme médical). Or on ne saurait occulter les conséquences tragiques et proprement inhumaines de cette nouvelle réalité. Au nom de la protection des personnes faibles, la France a été le théâtre de scènes de cruautés inédites. Qu’elles soient individuelles ou institutionnelles, nombre de mesures de restrictions ou d’interdiction ont allégrement bafoué la sacralité de l’existence et le respect minimal dû aux personnes, aux souffrants, aux mourants et aux morts. Pour la première fois dans l’histoire d’une civilisation, on a interdit à des familles et amis d’enterrer leurs morts. On a séquestré des milliers de vieillards et de mourants. Tel vieillard ou malade, sans aucun lien avec le Covid, privé de ses proches, est mort de détresse ou de solitude alors que rien ne le laissait présager. On a empêché des familles de voir des mourants et certaines ont dû tirer au sort pour savoir quel serait le dernier d’entre eux (enfants ou conjoint) à voir une mère cancéreuse avant son décès. Des conjoints ont été privés deux mois durant de leur vieux partenaire finalement décédé. Des croyants ont été privés d’un aumônier et des derniers sacrements, comme si nous n’étions que des larves. Avec bêtise ou cynisme, les institutions ont sauvé les mourants du Covid pour qu’ils meurent de leur maladie. La folie a cédé à l’absurde ; on n’en finirait pas de commenter un sadisme institutionnel que rien n’explique.

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La dernière chose qui m’a frappé est la manière dont le traitement de la pandémie a donné lieu au triomphe d’une petite bourgeoisie hygiéniste, scrupuleusement légaliste, bien que soumise à un discours public truffé de contradictions, mais qu’elle a tenté de suivre tant avec peur qu’avec passion. Dans les services de santé, dans les professions intermédiaires, les rouages administratifs, mais aussi dans toutes les professions, y compris les plus inattendues, une armée de pères Fouettard réglementaires s’est levée, qui ont semblé trouver un sens à leur existence finie. Sans réflexion ni raison, parfois avec cruauté, comme nous l’avons évoqué, parfois sous le coup de la peur – la mort de Dieu n’ayant laissé aucun espace d’espérance ni d’altruisme –, avec la passion de faire suivre aux autres les règlements en vigueur, toute une partie de la société est devenue l’auxiliaire zélé des politiques publiques. Conditionnée par les médias et une véritable propagande d’État, admonestée par des médecins médiatiques et par des fonctionnaires d’autorité, tenant peut-être là une revanche sur une situation objective de déclassement – tous étant cette fois égaux devant les contraintes, la maladie, les pénuries et les restrictions –, cette classe moyenne s’est adonnée à la passion de prohiber et de contraindre.

Il est piquant de constater qu’aux deux bouts de l’échelle sociale, rien de tel n’a été observé. Les classes populaires ont subi souvent sans mot dire, mais parfois en tentant d’échapper aux contraintes, qu’il s’agisse du travail ou des règlements contraignants. Que l’on se rappelle la mode des barbecues de banlieue lors du premier confinement, à tel point que la police aurait reçu des consignes de modération. Mais à l’autre bout de l’échelle sociale, toute une bourgeoisie a tenté par tous les moyens de prendre le large, en se réfugiant dans ses maisons de campagne – quitte à circuler sans scrupule en plein confinement –, à s’échapper en avion dès la levée des contraintes bloquantes, ou en se retrouvant dans des restaurants secrets, à l’instar de la célèbre « cantine » de BFM-TV, où le gratin de la chaîne déjeunait tous les jours jusqu’à ce que Le Canard enchaîné s’en saisisse.

Derrière l’altruisme et la générosité affichés, derrière de très nombreux gestes de solidarité et d’amitié active, et alors que tant de personnes fragiles (notamment les jeunes), malades, en formation ou ayant perdu leur activité, ont vécu des moments très difficiles, non sans conséquences sur toute leur existence (combien de jeunes verront leurs espoirs légitimes de réussite saccagés ?), il paraît utile de méditer sur ces dérives et ces tendances que la situation inédite de crise a fait affluer à la surface de nos existences.

Twitter et les talibans

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D.R.

« Zabihullah Mujahid de l’Émirat islamique tient une conférence de presse à 17h » ; « Un comité tripartite a été mis en place à Kaboul pour rassurer les médias » ; « L’Émirat islamique souhaite de meilleures relations diplomatiques et commerciales avec tous les pays »… 

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Certes, ses tweets sont aussi insipides que ceux du ministère de la Transition écologique français : Zabihullah Mujahid, porte-parole officiel des talibans, sait se conformer aux règles les plus strictes de la bienséance langagière. Il n’empêche qu’il reste libre de diffuser autant de messages qu’il veut par jour sur Twitter à ses plus de 300 000 abonnés. Très critiqué pour ne pas avoir fermé les comptes des responsables talibans, le réseau social a expliqué que ces derniers n’avaient pas enfreint ses règles sur les contenus violents. 

Pourtant, pendant les vingt ans d’occupation par les forces de l’OTAN, les talibans ont frénétiquement utilisé les médias sociaux pour établir leur légitimité auprès de la population afghane. L’ironie c’est que, jusqu’en 2002, les mêmes talibans interdisaient l’accès à internet ; s’il s’est généralisé aujourd’hui, c’est grâce aux efforts des Occidentaux pour moderniser l’infrastructure du pays. Cette année, au cours de la reconquête qui a culminé avec la prise de Kaboul, les talibans ont encore profité des plateformes, notamment WhatsApp, filiale de Facebook, pour coordonner certaines de leurs opérations et diffuser des messages, voire des menaces, aux chefs locaux, sommés de coopérer. Facebook a banni les talibans officiellement il y a longtemps ; YouTube annonce redoubler ses efforts pour enlever des vidéos postées à leur gloire ; et WhatsApp vient de déclarer sa détermination de bloquer les numéros associés à leurs groupes. Ce qui n’empêche pas les talibans et leurs supporteurs de continuer à créer de nouveaux comptes. Pendant ce temps, Twitter autorise la promotion du nouveau régime qui entend se forger une image plus « modérée », plus « respectable », plus « lisse », et complètement fausse. 

En France le compte de Jean Messiha (et d’autres) est toujours suspendu. 

Les propos du nouveau boulanger de l’Élysée le disqualifient pour servir la table présidentielle!

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Makram Akrout © JEANNE ACCORSINI/SIPA Numéro de reportage : 01040533_000035

Makram Akrout fait la meilleure baguette de Paris et sera donc le nouveau boulanger de l’Élysée. Mais tout n’est pas tout rose pour celui qui était un ancien sans-papier. Élisabeth Lévy revient sur celui qui a posté des messages sans ambiguïté sur les réseaux sociaux il y a quelques années.


Ça ressemblait à une de ces paraboles sur la Nouvelle France métissée (ou créolisée) qu’on adore à France Inter. Et à un pied de nez aux méchants populistes et autres zemmouriens qui ont peur de l’islamisation, on se demande bien pourquoi. 

Le prix de la meilleure baguette de Paris a été décerné à Makram Akrout qui officie dans le douzième arrondissement. Il sera donc le boulanger attitré de l’Élysée pour un an.

Makram Akrout (nom prédestiné pour le roi de la baguette !) est donc non seulement un fleuron de l’artisanat français, mais un exemple d’intégration réussie. Le Parisien et LCI s’enthousiasment et citent Ridha Kadler, lauréat 2013. Le message est clair : on peut être arabe musulman et fabriquer merveilleusement un produit symbolisant l’art de vivre à la française. C’est parfaitement exact.

France Info et le Parisien nous apprennent qu’Akrout est un ancien sans-papiers arrivé de Tunisie il y a 19 ans. Traduction : voilà les richesses dont veulent nous priver les contempteurs de l’immigration clandestine. Akrout selon Cécile Duflot, c’est le vrai visage de la France.

Cela prouve-t-il qu’un immigré peut faire un excellent Français?

On aimerait bien. Mais Hala Oukili (journaliste à Sud Radio et Causeur) a exhumé quelques messages Facebook qui racontent une tout autre histoire. 

En 2019: « La France propage la décadence en Tunisie pour protéger ses intérêts colonialistes et nous pousse à nous éloigner de la religion et des valeurs islamiques ». 

En 2020: « Nous avons pleuré pour Charlie Hebdo et pour Notre-Dame mais du côté de la France, ils ne pleurent pas, ces chiens lorsqu’on se moque du maître de la création (Allah).« 

Bref, le boulanger est aussi un islamiste bon teint, assez loin des fameuses valeurs de la République. Cela pose un problème de sécurité qui devrait alerter les services élyséens. Aussi délicieuse soit sa baguette, ses propos le disqualifient pour servir la table présidentielle. Cela montre surtout qu’on peut être parfaitement intégré socialement et pas du tout culturellement. La baguette ne fait pas le français.


Cette chronique a été initialement diffusée sur Sud Radio. Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 dans la matinale.

Ensauvagement, vous avez dit ensauvagement?

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Image d'illustration Unsplash

Un weekend comme un autre en France? Pendant que dans le Rhône, des jeunes gens de Rillieux-la-Pape s’en prenaient à la Maison des jeunes pour protester contre la venue d’un rappeur de Vénissieux, dans le Val d’Oise un cortège de mariage s’est terminé en vaste rixe. Deux exemples qui viennent nous rappeler qu’il est grand temps que nos dirigeants « profondément attachés aux valeurs républicaines » répondent aux légitimes « attentes des Français » en matière d’insécurité…


Ce sont des nouvelles qui vont donner encore du grain à moudre aux inquiets, aux pessimistes, à ceux qui craignent pour notre avenir ou ceux déjà résignés à des jours sombres. Samedi après-midi vers 16h30, des fêtards revenant de mariage bloquent la circulation de l’A16 puis sur la D44 au niveau de Villiers-Adam (Val d’Oise). Pris en chasse par des militaires, le cortège se rend alors à Méry-sur-Oise, une ville où réside une dizaine de milliers d’âmes. Entouré d’une pelouse qui scintille sitôt que pointe la rosée, un chaleureux château s’y dresse à trente minutes de Roissy. Naguère propriété de la Comtesse de Ségur, il abrite des peintures murales d’inspiration classique, lesquelles ravissent ses hôtes en quête de sérénité.

Chaises et poubelles lancées sur des gendarmes à la campagne

C’est à hauteur de ce havre de paix, incarnation d’un patrimoine qui épate encore le monde, que nos fêtards ont choisi de faire halte pour barrer la route à d’innocents automobilistes. Des militaires, ces héros du quotidien qui veillent sur la douce France, ripostent par des tirs de gaz lacrymogène. Courroucés de ne pouvoir laisser libre court à leurs pulsions, les fêtards font ensuite valdinguer sur les militaires, ainsi que sur les gendarmes les ayant rejoint, des chaises, des cendriers et des poubelles du bistrot du Château. Filmée depuis un smartphone, une vidéo témoigne d’une surreprésentation d’hommes en pleine force de l’âge, elle dévoile une cohorte de Blacks en chemise blanche. La Gazette du Val d’Oise rapporte que le calme n’est revenu qu’aux alentours de 18h, que trois gendarmes ont été blessés et trois de leurs voitures légèrement endommagées.

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Dans les rangs de la gauche, on ne s’est pas bousculé pour relayer ce déchaînement d’agressivité. Encore une fois, ce sont les personnalités situées, selon la formule consacrée, « à droite de l’échiquier politique » voire à « la droite de la droite » qui s’y sont collé. Citons pêle-mêle l’avocat Thibault de Montrbrial, la sénatrice LR Valérie Boyer, le candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan et le député européen RN Jean-Lin Lacapelle, lequel évoque sur Twitter un « chaos ». Si ce terme ou celui d’ensauvagement vous soulèvent le cœur, libre à vous de préférer celui de violence chronique, de violence endémique, de foutoir, de bordel ou de ce qui vous siéra au mieux. Il n’en reste pas moins que dans les années 1990 ou au début des années 2000, on n’assistait guère à de telles scènes dans notre pays, des scènes dont il est tout à fait rationnel de s’émouvoir si l’on ne veut pas que la France n’ait un jour plus rien à envier à la violence chronique qui pourrit la vie des habitants d’Afrique du Sud ou du Honduras depuis des décennies.

Le rappeur « L’Allemand » provoque l’ire de jeunes à cagoules

« Ceci est un fait isolé », « il faut savoir prendre de la hauteur », « relayer ce genre d’information fait le jeu de l’extrême droite », « il y a toujours eu de la violence dans l’histoire de France » ou encore, ce n’est qu’un « fait divers » dont il est inutile de faire monter la sauce, nous objectera-t-on.

Ce même samedi, un peu après la fin de ce fameux mariage de Méry-sur-Oise, c’est un concert de rap qui s’est illustré, cette fois à Rillieux-la-Pape, au nord de Lyon. Qu’est-ce qui a été pris pour cible ? Une philanthrope Maison des jeunes et de la culture, laquelle a été caillassée. Selon nos confrères du Parisien, « une trentaine d’individus en vêtements noirs, cagoules vissées sur la tête », ont jeté des projectiles sur les vitres de la MJC « pour protester contre la venue du rappeur L’Allemand » (ça ne s’invente pas). Le péché de ce dernier ? Être originaire de Vénissieux. Comme si lancer l’assaut sur la MJC ne suffisait pas, les assiégeants en capuche s’en sont également pris à des abribus et ont brûlé trois voitures.

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« Tous les concerts de rap sont annulés jusqu’à nouvel ordre et j’étudierai systématiquement l’ensemble des programmations », a assuré Alexandre Vincendet, le maire LR de la ville. Endosser les habits du pacificateur de tribus est une chose, mener celles-ci à la concorde en est une autre. Dans un sondage Ifop publié en avril dernier, 86 % des Français, toutes tendances politiques confondues, plaçaient la lutte contre l’insécurité comme une priorité de leur vote en 2022. Autant dire que si nos dirigeants qui aiment se targuer d’être « profondément attachés aux valeurs républicaines » souhaitent couper l’herbe sous le pied d’un certain « polémiste d’extrême droite », il y a urgence à répondre à cette grande « attente des Français ».

L’islamo-catholicisme de Patrick Buisson

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Patrick Buisson (1949-2023) © Hannah ASSOULINE

Ce qui inquiète Patrick Buisson, ce ne sont pas les territoires perdus de la République mais les valeurs perdues de la France chrétienne. Quand il affirme avoir « plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string », l’essayiste réactionnaire aurait-il, avec la société libérale, un problème d’assimilation?


J’ai bien failli emporter le livre de Patrick Buisson en vacances et puis je me suis ravisé. Pour ne pas contrarier mes érections estivales, je lui ai préféré Sexus d’Henry Miller et Le Démon d’Hubert Selby, car les aventures de ces foutus baiseurs sont mieux assorties à ma libido par 28 degrés à l’ombre que les analyses du réactionnaire catholique sur les causes du déclin français.

C’est un monde, quand même!

Ce n’est donc pas dans l’essai du nostalgique de la messe en latin que j’ai trouvé matière à contestation mais dans les petites phrases de sa promo, dont certaines rappellent un peu les formules les plus limites de Philippe Muray quand celui-ci écrivait une lettre ouverte à « ses chers djihadistes ». Comme celles-ci : « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de treize ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour le bobo écolo en trottinette. » Ça sonne comme du Soral, mais c’est du Buisson. Le théoricien du « c’était mieux avant Vatican 2 » a fait son choix. Il trouve le mahométan rigoriste et ennemi héréditaire depuis Poitiers plus respectable que son compatriote hédoniste et mécréant. En 40, certains Français se réjouissaient du retour du maréchal flanqué d’évêques revanchards et s’inclinaient au passage des Allemands en attribuant la défaite au laxisme de la sociale, au relâchement des mœurs et au recul du catholicisme. Aujourd’hui, d’autres (ou les mêmes) se régalent avec La Fin d’un monde de Patrick Buisson.

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Je peux éprouver une certaine sympathie pour le croyant inoffensif, pour l’illuminé qui clame que Jésus sauve et que Dieu aime ses enfants, même pécheurs, même infidèles, pour le type qui croit que depuis son nuage, une vieille barbe le regarde, même quand il se branle. La même petite tendresse que pour un enfant de 6 ans qui croit au Père Noël, et qui a ses raisons car il y a chaque année plus de cadeaux sous les sapins que d’aveugles paralytiques qui reviennent de Lourdes bon pied bon œil. Mais je n’ai pas plus de respect pour le type qui se tourne vers La Mecque cinq fois par jour que lui-même n’en a pour le juif infidèle libre penseur blasphémateur fornicateur et amateur de jambon-beurre, comme pour à peu près tout ce qui n’est pas hallal. Si la religion de Mahomet n’avait que quelques milliers d’adeptes dans le monde, elle serait sans doute interdite et traquée comme une secte dangereuse. Mais avec plus d’un milliard d’individus et une cinquantaine d’États dont certains sont pétroliers, elle force au respect comme un caïd en banlieue. Étant attaché à la liberté, l’égalité et la fraternité, je suis humaniste, français, et donc islamophobe.

Même après une victoire électorale d’Anne Hidalgo, il me reste plus d’estime pour le bobo immigrationniste de centre-ville, donneur de leçons antiracistes et planqué à l’abri des populations qui ont islamisé sa banlieue, que pour le fanatique qui communie à la mosquée en se jetant par terre et en récitant des appels au meurtre sacrés. Même après une conférence de presse d’Assa Traoré, j’ai plus d’affinités avec un avocat antiraciste qui va au cabinet en baskets et en trottinette, et qui traîne Zemmour au tribunal qu’avec un fou d’Allah qui le menace de mort et l’oblige à vivre sous protection policière. Même après une chronique de Claude Askolovitch, je préfère le voisinage d’un animateur de France Inter ou d’un journaliste de L’Obs à celui d’un observant de la religion de « paix et de tolérance » que son opium du peuple peut transformer en homophobe agressif et dangereux.

Plutôt pute de luxe que boudin hallal et aigre

Si à 13 ans et en string, ma fille avait été séduite par un écrivain quinquagénaire et libidineux, soixante-huitard et germanopratin, j’aurais été vigilant. Mais pas aussi désespéré que si elle s’était amourachée d’un voyou (ou d’un étudiant en médecine) qui fait sa prière cinq fois par jour et qu’elle avait gâché sa jeunesse dans la piété en tournant le dos à la mode, aux jeux de l’amour et à la liberté. J’aurais pu me faire à l’idée qu’elle projette de devenir pute de luxe ou starlette du porno mais je n’aurais pas supporté de la voir disparaître enceinte derrière un barbu et sous un voile, réservée à un usage exclusif et domestique, privée d’amis et d’amants, de coiffeur, de vernis, de parfum, de bijoux, de galanteries et de coquetteries haram, pour devenir avec le temps un boudin hallal aigre et rassis. J’aurais fini par accepter qu’elle me ramène un petit copain écolo climato-trouillard à trottinette qui roule électrique, trie ses déchets, consomme équitable, mange bio et chie dans la sciure, un végan bien woke qui fait du yoga et voit un psy. J’aurais avalé mon chapeau si elle s’était mise à la colle avec une grosse lesbienne aux cheveux bleus et aux nichons percés qui m’aurait craché mon patriarcat à la gueule. Mais j’aurais opposé une résistance farouche si elle s’était maquée avec un fils d’Allah trop religieux pour toucher sa femme quand elle est « impure », qui aurait élevé mes petits-enfants dans l’intolérance pour les délurées qui divorcent et avortent comme pour les esthètes qui s’enculent, en les privant de tout ce qui est bon, du pinard au saucisson, en voilant ses filles et en initiant ses garçons à l’égorgement du mouton.

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Manifestement, Patrick Buisson a d’autres préférences. L’islamo-catholique appartient à l’internationale des coincés du cul plus qu’à la France libre, libertine et libérée de Dom Juan, du marquis de Sade, de Colette ou de Françoise Sagan. Pour le nostalgique de la virginité avant le mariage, les choses ont mal tourné quand les Français ont cessé de craindre Dieu, exigé des curés qu’ils arrêtent de s’occuper de leurs fesses et commencé à loucher sur le décolleté de Marianne, cette gueuse. C’est son opinion et son droit, Buisson étant un authentique réactionnaire. Mais on peut se demander jusqu’où ses affinités entraînent le spin doctor de la réaco-cathosphère. A-t-il moins de respect pour la jeunesse sans dieu ni maître qui se drague en terrasse que pour celle qui l’assassine au nom de son prophète de malheur et de sa religion, la plus con du monde, selon Houellebecq ? A-t-il plus de respect pour le Tchétchène assassin et pour le collégien indic parce que coreligionnaire que pour le professeur qui enseigne la laïcité en territoire hostile ? A-t-il moins de respect pour Mila qui sauve l’honneur français par le blasphème dans un monde de trouillards que pour les milliers de lâches qui la menacent ou qui l’oublient ? A-t-il plus de respect pour Fofana, Merah et les frères Kouachi que pour Charb, Cabu et Wolinski ?

Mila et son avocat Richard Malka, à leur arrivée au Palais de justice de Paris, 3 juin 2021. © Bertrand GUAY / AFP

Y’a plus de respect

Si le cul-bénit devait coacher le prochain candidat de la droite pour la présidentielle, comme il avait conseillé Sarkozy en 2007, on peut imaginer les solutions qu’il proposerait pour sauver le pays du déclin libéral et restaurer l’ordre moral après les dégâts de 1789, de 1905 ou de Mai 68. Peut-être conseillerait-il, pour réduire le nombre de crimes sexuels qui explose tandis que les prisons se remplissent de délinquants qui font leur prière cinq fois par jour, non pas d’élargir les trottoirs à La Chapelle, solution de gauche, mais de légiférer sur la taille des culottes des jeunes filles. Peut-être préconiserait-il d’accorder la nationalité française aux talibans qui font leur prière cinq fois par jour et qui sauraient remettre sur le droit chemin de la foi et de la loi les petites dévergondées de 13 ans qui portent des strings. Peut-être demanderait-il que l’on accorde la naturalisation à quelques millions de Turcs qui font leur prière cinq fois par jour et qui défendent parfois par le crime, l’honneur de la famille quand il est bafoué par le libre choix de son amoureux. Évidemment, l’arrivée sur notre sol par l’effet du regroupement familial et par millions des épouses voilées de tous ces nouveaux Français catholico-compatibles pourrait rendre au pays la respectabilité qu’il a perdue en même temps que ses repères, ses valeurs, ses bondieuseries et ses dessous décents.

J’espère pourtant que les Français choisiront une autre voie que celle de l’islamo-catholicisme. Je conseille donc à Monsieur Buisson de demander l’asile politique là où les jeunes filles en fleur vivent à l’ombre et les homosexuels dans la terreur mais où l’on « respecte la famille ». Si nos débauches l’indisposent, qu’il quitte le pays de Brigitte Bardot pour incompatibilité de mœurs, et aille se réfugier chez les bigots de son choix, chez ceux pour qui il a le plus de respect.

Les monuments de dérision

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Dessin du projet de l'artiste Christo ©André Grossmann / Christo and Jeanne-Claude - 2019 CHRISTO / AFP

Une des principales finalités de l’Art contemporain est la déconstruction de toute identité culturelle incarnée dans les œuvres, les monuments et les lieux, que les duchampiens nomment «le contexte». Cette procédure est au service de la construction financière des produits de l’Art contemporain mais aussi de la diffusion des idées libérales ou progressistes. Analyse.


Le scandale provoqué assure l’implication des médias qui entraîne l’attention du public. Un discours moraliste et culpabilisant légitime l’œuvre et cache ainsi diverses manipulations à but lucratif ou au-delà. En France ce sont les institutions publiques qui président à leur installation.

Voici les plus récentes : en 2019, le Bouquet de tulipes de l’artiste américain Jeff Koons a pris place à équidistance de l’Élysée, de la Chambre des Députés et de la place de la Concorde, malgré une opinion publique hostile et l’ambigüité de l’œuvre [1]. En 2021, c’est un monument éphémère qui est inauguré par le chef de l’État, l’emballage de l’Arc de Triomphe, signé par un autre artiste new-yorkais, Christo.

Histoire et géopolitique des monuments de dérision 

Le premier monument de ce genre remonte à 1976 : c’est la Pince à Linge géante de Claes Oldenburg, dressée devant l’Hôtel de Ville de Philadelphie patrie des « Pères fondateurs » de l’Amérique, grands défenseurs des Lumières. Dérision et gigantisme, telle est la formule !

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La France en est le premier suiveur : en 1985, les Colonnes de Buren sont commandées par le ministère de la Culture pour orner le cœur du Paris historique. L’œuvre ne célèbre rien et n’a aucun sens déclaré [2]. Cependant la théorie qu’elle illustre est officiellement énoncée : le monument dérisoire rend un service public, il remplit une mission de déconstruction, vertueuse et critique, du patrimoine, de ce qu’il signifie ; contrairement aux monuments de célébration qui encouragent l’identité nationale et par conséquent la guerre. Ce monument du Palais Royal inaugure quarante ans de commande publique de monuments réalisés dans cet esprit et financés par l’argent public.

Le discours clérical du fondamentalisme marchand

Les modèles esthétiques de la vacuité tout autant que celle du kitsch [3] ont en effet le pouvoir de nier ou caricaturer mortellement les identités. Après la chute de l’URSS en 1991, les stratégies de guerre culturelle ont évolué. Pendant la période hégémonique qui a suivi, les monuments de dérision ont envahi toutes les capitales du monde de leurs fétiches géants. Certains éphémères comme le Vagin de la reine à Versailles, le Plug anal de la place Vendôme, l’Etron géant de Hong Kong ; d’autres permanents comme l’Araignée « Maman » de Louise Bourgeois dont de multiples exemplaires sont disséminés autour de la planète. Ils sont légion !

Ils ont trouvé un modèle économique de fabrication de nouveaux produits financiers artistiques et de leurs dérivés industriels, extrêmement rentables. Ils se sont ainsi multipliés en raison de leur immense impact médiatique et de la fabrication rapide des cotes qui en résulte.

Le Global Art n’entre pas si facilement dans la chair des cultures

Ces totems extrêmement cotés font le tour du monde non sans quelques résistances… certaines cultures se défendent mieux que d’autres !

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Ainsi à Dubaï, les monuments de la finance artistique érigés par la sheikha al Mayassa al Thany dans l’espace urbain de son émirat n’ont pas été tolérés par la population. L’installation de quatorze bronzes de Damian Hirst à l’entrée du Centre National de Recherche Médicale représentant des fœtus « in process » de la conception à la naissance, ainsi que la statue de 5,4 m de haut d’Adel Abdessemed, ayant pour thème le fameux « coup de boules de Zidane », érigée sur le front de mer de Doha, n’ont pas été acceptées non plus par la population. Dans un pays où « l’opinion publique » est une notion qui n’existe pas et n’a pas de support pour s’exprimer, la désapprobation a eu recours aux nouvelles technologies : la « vox populi » s’est exprimée par le tweet. L’émeute électronique fut telle que la famille gouvernante a obtempéré. La première œuvre a été pudiquement bâchée, la deuxième vite déboulonnée et revendue à François Pinault qui fabrique sa cote [4]. La prescriptrice et mécène était pourtant membre de la famille régnante…

La destruction symbolique et ses effets

Comme chaque année, 2021 a produit de nouvelles icônes dont la présence dans l’espace urbain est toujours liée à l’initiative nationale, régionale ou municipale inscrite dans une politique culturelle.

En mai, pour célébrer le bicentenaire de la mort de l’Empereur, apparut l’œuvre monumentale quoiqu’éphémère de Pascal Convert : le squelette de Marengo…

>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue « Conflits » <<<



[1] Officiellement c’est un bouquet, hommage aux victimes du Bataclan. Dans l’iconographie ordinaire des objets de consommation vendus sur Amazone, le bouquet rassemble visuellement deux produits vendus à 50 euros : un   sex toy dit « First » et un « Fouet LGBT ». La règle académique du conceptualisme est ici appliquée à la lettre : titre, iconographie et contexte ne doivent pas coïncider. Telle est la règle de fabrication d’un piège à « regardeurs ».

[2] Le monument a cependant  la réputation non officialisée d’être un mémorial caché fait aux victimes des persécutions antisémites.

[3] Le kitsch est efficace pour dévaloriser les styles du Grand’ art. Ainsi Jeef Koons en installant ses œuvres géantes à Versailles s’affiche comme l’égal de Louis XIV et de son style baroque, si ressemblant au sien ! Mais l’esthétique minimaliste fonctionne bien aussi, par exemple, l’effacement de l’empaquetage de Christo.

[4] En 2021, cette œuvre montrée dans une exposition de la Collection Pinault au Couvent des Jacobins à Rennes à été taguée. Elle a poursuivi ainsi sa cote ascensionnelle qui grimpe de scandale en scandale.

Ce n’est pas la primaire, c’est LR que Jacob enterre

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Christian Jacob, président des Républicains, donne une conférence de presse pour annoncer le résultat des congres, 25 septembre 2021. © Jacques Witt/SIPA Numéro de reportage : 01040230_000001

Congrès LR: creuse Christian, creuse !


Enfin ! Après des mois de travail de sape, Christian Jacob a réussi à se débarrasser de la primaire. Mais en enterrant la primaire, le président des Républicains continue de creuser la tombe du parti de la rue de Vaugirard, après ses alliances locales avec LREM lors des dernières élections régionales et départementales.

Lisnard, Payre et Zemmour: out !

La primaire ouverte était pourtant une occasion en or pour Les Républicains de retrouver une crédibilité et une audience auprès de leur électorat naturel. Une primaire ouverte aurait permis aux Républicains d’enclencher une réelle dynamique électorale en allant à la rencontre du peuple de droite, bien au-delà du cercle, aujourd’hui restreint, des adhérents des Républicains. En organisant une vaste consultation, la direction des Républicains aurait témoigné qu’elle était à l’écoute des préoccupations de tous ceux qui se sont éloignés du parti de la rue de Vaugirard. La primaire ouverte aurait en outre permis d’occuper l’espace médiatique en animant le débat d’idées et en faisant connaître de nouveaux talents, issus ou non du sérail. Le maire de Cannes David Lisnard, anticipant le choix de la direction des LR, avait mis en veilleuse sa pré-campagne et confirmait hier renoncer à la course élyséenne. L’entrepreneur Denis Payre a lui aussi vu la porte lui être fermée au nez pour de très boutiquières raisons de date d’adhésion aux LR. Sans parler d’Eric Zemmour, désormais persona non grata aux Républicains, en dépit de sa forte popularité auprès des adhérents du parti.

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Mais la primaire ouverte souffrait d’un handicap rédhibitoire pour les caciques du parti : on ne peut pas en prévoir le résultat, ni contrôler qui en sortira vainqueur. La quasi-totalité des cadres reste encore meurtrie du succès de François Fillon en 2016. Ils avaient en effet intégré les écuries présidentielles de Juppé, Sarkozy ou Bruno Le Maire pour les plus audacieux, et se retrouvèrent fort dépourvus lorsque la bise conservatrice filloniste fut venue. 

Congrès prévu le 4 décembre

Chat échaudé craignant l’eau froide, les chapeaux à plume des LR ont résolument organisé la consultation du 25 septembre pour orienter le vote de ses adhérents vers le choix d’un Congrès fermé réservé aux seuls adhérents LR. En ne communiquant le détail des deux choix proposés aux adhérents que quelques jours avant le vote, aucun débat sérieux n’a pu avoir lieu sur les avantages et inconvénients de chacune de ces modalités. Les adhérents ont donc choisi sans surprise le congrès à 58%. Notons au passage que seulement 50% des adhérents se sont prononcés, la moitié des adhérents LR regardant déjà ailleurs pour la présidentielle…

Le résultat du vote du 25 septembre est d’abord le fruit d’années de travail de sape contre la primaire ouverte : inlassablement, les tenors du parti ont entretenu le ressentiment des militants persuadés que l’élimination de Nicolas Sarkozy était due aux militants PS venus fausser la primaire. Si certains socialistes sont bien venus voter, ce phénomène a été marginal dans l’explication du résultat du scrutin, François Fillon arrivant avec 44% des voix très largement devant Alain Juppé (28%) et Nicolas Sarkozy (20%) au premier tour. Il était plus commode de faire peser la défaite de Sarkozy à la primaire que de comprendre la lassitude que ce dernier inspirait au sein de l’électorat de droite et de s’atteler à faire le nécessaire inventaire de son quinquennat.

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Surtout, de nombreux adhérents ont cru, de bonne foi, que seuls des candidats LR pourraient se présenter au Congrès et que ce vote leur permettrait d’éviter Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. 

Et c’est là que la manœuvre de Christian Jacob est réellement dangereuse pour Les Républicains. Au-delà de l’abandon de la primaire, mettre en place un processus qui pourrait finir par la présentation en Congrès, le 4 décembre prochain, de Xavier Bertrand comme seul candidat à investir, sonnerait la fin des Républicains. 

Bertrand se frotte les mains

Ce scénario n’est pas de la science-fiction. Les adhérents LR ont découvert ce week-end, effarés, que Xavier Bertrand et ses soutiens se frottaient les mains du résultat du vote et ouvraient la porte à une candidature du président des Hauts-De France au Congrès LR. Valérie Pécresse, quant à elle, se portait candidate au Congrès dès samedi soir, et ses soutiens envoyaient dès dimanche des messages sur les réseaux sociaux incitant les adhérents de Libres! à prendre une cotisation à LR pour peser sur le vote. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner que Xavier Bertrand suivra la même stratégie. En retour, les partisans de Michel Barnier commencent à prendre conscience que ce Congrès s’oriente vers une bataille d’adhésions LR. Ceci renflouera sans doute les caisses du parti. Mais ce sera une bien maigre compensation face au risque de voir partir ce qu’il reste du cœur historique des militants gaullistes si Xavier Bertrand leur est imposé en Congrès. La stratégie pour y parvenir est d’ailleurs à peine dissimulée. Les sondages seront utilisés pour légitimer « celui qui a le plus de chances de battre Macron », entraînant les ralliements successifs à Xavier Bertrand des autres prétendants « par souci d’unité ».

La dernière inconnue dans ce plan bien huilé s’avère paradoxalement être Michel Barnier, l’homme qui ne fait (pour l’instant) de l’ombre à personne. Grisé par son succès auprès des militants, soutenu par Laurent Wauquiez et les cadres LR ayant peu goûté la désertion de Valérie Pécresse et de Xavier Bertrand, l’ancien exilé bruxellois pourrait vouloir aller jusqu’au bout et ne rien céder à un parti qui ne l’a jamais considéré comme un prétendant sérieux au trône présidentiel. 

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Mais si c’est bien Xavier Bertrand et lui seul qui était présenté au Congrès en décembre prochain, c’en sera fini des Républicains dont les adhérents pourraient alors se tourner vers la candidature d’Eric Zemmour, qui s’est posé ce dimanche en héritier légitime du Général de Gaulle. Certains des adhérents des Républicains n’attendront sans doute pas le 4 décembre…