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Le film du Puy du Fou bénéficie d’un “effet Streisand”

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Grâce aux médias de gauche, « Vaincre ou mourir » est un succès. La curiosité du public est piquée par les critiques virulentes de la gauche culturelle. La première production cinématographique du Puy du Fou doit-elle la remercier pour cette efficace campagne de pub ? Bon ou mauvais, le film, retraçant la vie du Vendéen Charette, aura eu au moins le mérite de démontrer ce que beaucoup attendent du monde universitaire, des arts en général et du cinéma en particulier: une allégeance totale à la doxa… 


Le cinéma français va mal. Les scénarios tournant presque invariablement autour de sujets dits sociétaux, progressistes ou immigrationnistes, les spectateurs ont compris : ils évitent comme la gale ces films subventionnés par le CNC et, quand ils veulent voir des films français de qualité, piochent dans leurs stocks de DVD ceux dont Thomas Morales ravive régulièrement le souvenir à travers de magnifiques portraits des réalisateurs et des acteurs qui firent jadis de notre cinéma un des plus beaux et des plus enviés du monde. 

Bisque bisque rage !

Curieusement, malgré une histoire de France riche en événements et en hommes qui ont marqué leur temps, excessivement rares sont les films français les prenant pour sujet. « Vaincre ou mourir » vient combler partiellement ce vide mais, au grand dam de la gauche, raconte l’épopée des Vendéens luttant contre les armées républicaines en 1793. En plus, bisque bisque rage !, le succès est là.

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Avant de parler du succès de ce film, mon mauvais fond m’incite à rappeler très précisément le nombre d’entrées réalisé par les films formatés et politiquement corrects récemment sortis et ayant pour certains bénéficié d’une extraordinaire publicité dans les médias de gauche, y compris, bien entendu, l’audiovisuel public :

« Les Rascals », de Jimmy Laporal-Tresor. En 1984, alors que « l’extrême droite gagne du terrain en France », une gentille bande de « jeunes de banlieue » est harcelée par une méchante bande de skinheads. Après deux semaines d’exploitation : 31 376 entrées. La grosse baffe !

« Les engagés », d’Émilie Frèche. David aide un « jeune exilé » à semer la police et à passer illégalement en France. Énorme promo, entre autres sur France Inter. Après six semaines d’exploitation : 33 518 entres. Le méga bide !

« Nos Frangins », de Rachid Bouchareb. Film qui revient sur la mort de Malik Oussekine avec tous les poncifs qu’on peut imaginer sur le racisme et les violences policières. Après six semaines d’exploitation : 78 421 entrées. La super gamelle !

« Les survivants », de Guillaume Renusson. Au cœur des Alpes, Samuel sauve une jeune Afghane qui veut rejoindre la France. Mais des vilains fachos vont les traquer… Après trois semaines d’exploitation : 66 491 entrées. Le gros flop !

Avant ça, « Arthur Rambo », de Laurent Cantet, sur ce « pauvre » Mehdi Meklat, avait fait en tout et pour tout 33 000 entrées, et « Le monde d’hier », de Diastème, sur une présidente de la république luttant courageusement contre l’extrême-droite, 78 000 entrées. Deux fiascos ! 

La comparaison de ces chiffres avec celui de « Vaincre ou mourir », film à petit budget et tourné en seulement dix-huit jours, est cruelle. Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot fait en effet un très joli carton dès sa première semaine d’exploitation : près de 112 000 entrées avec seulement 188 copies. Le succès étant là, le nombre de copies est passé à 235 pour la deuxième semaine.

Alexis Corbière (LFI) dénonce une falsification de l’histoire

Il faut dire que ce film a bénéficié d’une incroyable publicité. Le Monde, Télérama, L’Obs, France Inter et, surtout, Libération (la une + cinq pleines pages), ont porté à la connaissance du public un film qui, sinon, aurait pu rester confidentiel. La critique, qui se voulait négative, a été si grossière, si caricaturale, si visiblement idéologique, qu’elle a été totalement contre-productive – et l’effet Streisand a marché à plein. « Vaincre ou mourir », pour lequel les producteurs visaient les 100 000 entrées sans vraiment y croire, va vraisemblablement au moins doubler la mise. Je me réjouis (toujours mon mauvais fond) d’imaginer les journalistes de Libération et du Monde en train d’écumer de rage devant le succès de ce film auquel ils ont très largement contribué, sans le vouloir, naturellement. Je les félicite pour leur mauvaise foi et leur bêtise. Je leur sais gré d’avoir mis à profit ces dernières pour révéler aux yeux du monde leur ignorance crasse de l’histoire de leur pays et leur intolérance devant des œuvres qui ne vont pas dans le sens qu’ils souhaitent. Enfin, je les remercie d’avoir été si hargneux, si calomnieux, si lourds, si totalement dépourvus de cette intelligence et de cette finesse qui font les critiques ravageuses – tandis que les leurs, épaisses et bêtes, ont produit l’effet complètement inverse à celui recherché. 

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Comme si cela ne suffisait pas, ce jeudi 2 février Le Monde ouvre ses colonnes aux députés LFI Alexis Corbière et Matthias Tavel. Ces derniers appellent à « une large mobilisation contre la “falsification de l’histoire” et “la culture de l’effacement” » à l’œuvre, selon eux, dans « Vaincre ou Mourir ». Je vous épargne le long délire de ces députés pour ne porter à votre connaissance que la substantifique moelle de leur tribune : ce film serait une « offensive réactionnaire » et « représente un degré supplémentaire franchi par l’entreprise idéologique de la droite ultraconservatrice. Extrêmes droites et droites extrêmes veulent imposer à la société leur grille de lecture des problèmes de notre temps, leur haine de l’égalité républicaine, leur nostalgie morbide de pseudo-traditions catholiques intégristes, leur nationalisme, autant de prétextes à exclure de la nation française tous ceux dont les origines familiales seraient d’ailleurs. » 

Nous attendons maintenant avec impatience les réflexions historico-cinématographiques de Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier, et la production du Puy du Fou pourrait sereinement envisager d’atteindre la barre inespérée des 300 000 entrées !

Tel-Aviv en 64 chroniques vagabondes…

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Il y a quatre ans, Marco Koskas défrayait la chronique littéraire parisienne avec Bande de Français, un roman dont aucun éditeur n’avait voulu, pas même ceux qui l’avaient publié auparavant.

Cette histoire d’une bande de potes qui quittent la France pour reconstruire leur vie à Tel-Aviv détonnait. À l’heure de Mohammed Merah et Dieudonné, se dévoiler sioniste tenait, et tient toujours, du délit de pensée.

À rebours, pour Patrick Besson, ce livre c’était « l’alya sur un dance-floor ». C’est ainsi qu’il le résuma alors dans sa chronique du Point, avant de glisser Koskas dans la première sélection du Prix Renaudot.

Les syndicats de libraires stupéfaits crièrent à la trahison, car Koskas s’étant autoédité sur la plateforme d’Amazon, son livre était introuvable en librairie. Il n’en fallait pas plus pour que le buzz soit lancé. Des tribunes hostiles à l’auteur fleurirent dans les gazettes, dont un portrait très limite dans Libé, bref, le livre fut éjecté manu militari de la liste du Renaudot. Mais il avait fait assez de bruit pour que son écho traverse l’Atlantique et s’américanise sous le titre Goodbye Paris, Shalom Tel-Aviv. Le cinéaste Alexandre Arcady essaya de le porter à l’écran, en vain, faute de budget.

Et revoilà Koskas, toujours aussi amoureux de Tel-Aviv, qui raconte sa ville en 64 chroniques vagabondes, pleines de fêtes sur les toits et de shabbat, toujours en bande. Il raconte son quartier, Florentine, la piscine Gordon, nous rencontrons un imprimeur-radiologue, une femme en pleurs dans un bar, les flamboyants du boulevard Rothschild, la gay pride, etc. Ces chroniques, il les a d’abord publiées sur Facebook au jour le jour, au gré de l’inspiration, pendant dix ans. Patiemment. En attendant des jours meilleurs quand ça va mal, en tissant sa joie de vivre quand ça va bien. Dans cette ville qu’on appelle « La Bulle » parce qu’elle aussi fait bande à part.

En ce moment où le nouveau gouvernement d’Israël tout en kippa et tsitsit inquiète, les chroniques de Marco Koskas nous redonnent l’enchantement de Tel-Aviv comme on l’aime.

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Une retraite ? Plutôt crever

Travailler et mourir. Tel est mon programme pour ne pas vivre trop vieux sur le dos des jeunes.


Quand j’entends parler des retraites, et ces temps-ci il est difficile d’y échapper, je pense aux paroles de la chanson de Springsteen : « No retreat, baby, no surrender », même si je me doute bien que le boss ne parle pas répartition ou capitalisation, âge pivot ou carrières longues, régimes spéciaux ou déficit public. Je ne sais pas de quoi il parle mais peu m’importe. Je n’ai jamais cherché à savoir ce que racontaient les rockers, je me fiche de leurs histoires ou de leurs messages, je veux juste que les bands balancent du riff et du beat, qu’ils tranchent dans le vif et qu’ils envoient la purée. Quand j’ai envie de littérature chantée, je me replie sur ma langue et je vire Dylan et son prix Nobel de ma platine pour mettre Brassens. Mais voilà qu’à peine parti, je m’égare. Je reviens donc à nos moutons. No retreat. Telle est ma réaction et ma résolution. Ce truc n’est pas pour moi, ne me concerne pas et ne m’intéresse pas.

Ma relation distendue avec le système a commencé il y a longtemps dans un Ehpad. Après un chantier de menuiserie de quelques jours dans le monde du quatrième âge, de la grande dépendance, de l’infantilisation, de la démence et de l’amnésie, après avoir lu dans les regards l’inquiétude, l’incompréhension, la souffrance, la lassitude et l’ennui, bouleversé par le spectacle de ces morts-vivants en chaussons dans leur salle d’attente, saisi par l’absurdité de ces existences arrivées à leur terme et qui ne finissent pas, j’ai pris la résolution de ne pas me prolonger au-delà du raisonnable, et pour cela, de prendre les devants.

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Après quelques jours de réflexion, j’ai rassemblé tous les papiers requis pour faire un jour valoir mes droits à finir ma vie oisif et rapetissé, craintif et obsédé par ma santé, et j’ai brûlé mes relevés de points comme on brûle ses vaisseaux, pensant que sans espoir de pension éternelle, il me serait plus facile à 75 ans de me retourner vers l’homme de 40 que j’ai été et de lui dire : « On fait comme on a dit. On arrête les frais. » Et pour ne pas trahir ma promesse, j’ai depuis cette descente aux enfers médicalisés, pris une garantie. J’ai cessé de cotiser.

À présent, je m’interroge sur l’âge à partir duquel je cesserai de me faire soigner, examiner, scannériser et coloscoper pour renoncer à bénéficier de ces progrès de la médecine qui préviennent et guérissent jusqu’à réduire totalement nos chances de mourir en bon état physique, mental et moral. Partir avec son premier cancer n’est pas une perspective réjouissante, mais prendre le risque de finir trop tôt reste la seule façon d’augmenter ses chances de ne pas mourir trop tard, quand la couche pleine et le regard vide, la voix éteinte et la bite en berne, on ne reconnaît plus ses femmes et ses enfants.

J’ai entendu un jour qu’en moyenne, un Français coûtait autant en dépenses de santé pendant les six derniers mois de sa vie que pendant les soixante ans qui les avaient précédés, frais de maternité compris, et j’en ai déduit que pour vivre soi-même plus léger et moins pesant pour les autres, on pouvait peut-être renoncer au dernier semestre de soins palliatifs et d’acharnement thérapeutique.

Cent fois, j’ai douté, j’ai failli flancher et me renier. J’ai vu des octogénaires, qui faute d’être déments, m’ont démenti et j’ai été tenté de repousser ma date limite, mais ces chênes presque centenaires et toujours debout n’ont pas longtemps caché la forêt des réalités démographiques et des chiffres têtus. Bientôt un actif et demi pour un retraité. Bientôt trois travailleurs iront au turbin avec le poids de deux vieux sur les épaules. Je ne veux pas être de cette charge-là.

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En trente-cinq ans d’exercice professionnel, durant lesquels, la plupart du temps, le revenu moyen des retraités était supérieur à celui des actifs, j’ai vu parmi mes clients un peu trop de vieux qui ne savaient plus quoi faire de leur pognon et un peu trop de jeunes qui tiraient la langue pour élever des enfants. J’ai fini par estimer que dans ce contexte économique, vieillir dans la misère au coin d’un feu de bois pouvait avoir plus de dignité que partir en croisière sur un transat ou en fauteuil, un plaid sur les genoux.

J’entends dans les médias des citoyens inquiets de ne pas pouvoir profiter assez vite et assez longtemps de ces années d’après-travail, de ce paradis promis par contrat après un « purgatoire » de quarante-trois ou quarante-quatre ans, de ce temps attendu du « bonheur » qui commence quand on devient inutile. Une vie d’activité ne serait plus qu’un prélude, une patiente accumulation de trimestres et de points, la vie serait ailleurs et le bonheur après ? Je serais peut-être arrivé aux mêmes conclusions si j’étais salarié et si j’abordais la soixantaine dans un métier usant et fastidieux, avec des horaires et un patron, des comptes à rendre et l’humiliation d’un grand-père qui a une autorisation à demander pour prendre une journée. Mais je suis travailleur indépendant. Voilà pourquoi je me payerai le luxe de passer directement de travail à trépas, en me passant de retraite et en abrégeant les années passées devant la télévision avec des troubles de l’audition et de l’érection, en allégeant les nouvelles générations du poids de ces cotisations destinées à payer ma pension, en allongeant la durée de ma vie active et en avançant mon âge de départ au cimetière. Je ne le connais pas, mais j’ai déjà mon épitaphe : « Plutôt crever ! »

Un homme et un couffin

Jimmy Gomez, disruptif représentant démocrate au Congrès américain, remporte haut la main la palme d’or de l’homme déconstruit du mois !


Jimmy Gomez, représentant démocrate au Congrès américain, se doutait que la photo qu’il a publiée le 6 janvier sur les réseaux sociaux à la sortie d’une séance allait faire son petit effet. Mais 35 000 cœurs sur Twitter rien que pour lui et Gomez Junior, un porte-bébé et un biberon, il ne s’attendait pas à pareil succès ! Les médias ont salué un symbole viral tout à fait opportun, alors que la Chambre des représentants, aujourd’hui sous majorité républicaine, pourrait revenir sur l’avortement.

Pour la sociologue Anne Bory, offrir une dinette à son fils pour Noël ne suffit pas

« J’espère que je ne serai plus le seul représentant à venir voter avec mon bébé. Je pense que cela envoie un message : nous les hommes, devons faire notre part ! » a déclaré le héros progressiste du jour. Jusqu’ici, seules les femmes s’affichaient crânement avec leurs bébés dans des assemblées. On se souvient des lauriers décernés à ce sujet, en 2018, à la Néo-Zélandaise Jacinda Ardern à l’ONU. Dans une tribune publiée dans Le Monde, la sociologue Anne Bory, collègue de Sandrine Rousseau à l’université de Lille, affirmait que « c’est surtout l’inégale répartition des tâches ménagères entre les parents qui forge les inégalités de genre ». Le geste du député américain est donc bienvenu. Pour toute la clique progressiste américaine – et ses séides dans nos universités –, la lutte contre les inégalités entre filles et garçons passe par l’effacement de toute trace résiduelle du patriarcat et l’homme est condamné à devenir une femme comme les autres ! En Amérique, on craint des actions violentes des masculinistes en réaction à toutes ces nouvelles lubies. Cette propagande servie matin et soir par le monde politique et les médias les écœure, et ils ne manqueront pas de qualifier M. Gomez de cuck ou d’homme servile. En France, Sandrine Rousseau a demandé une protection policière.

Enfin, on ne sait pas encore si les électeurs du 34e district de Californie, où Gomez est élu, estimeront utile pour eux ce petit cirque à Washington. Le taux de pauvreté y est le plus élevé de tout l’État.

Bécassine n’en croit pas ses yeux

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Dans un livre intitulé En tenue d’Eve, Delphine Horvilleur médite la notion de genre à partir de lectures bibliques et nous livre quelques interprétations pouvant éclairer les débats actuels à ce sujet. Elle en profite pour nous raconter une histoire que Bécassine a d’abord prise pour une « blague juive » et qui, d’une certaine manière, l’est. Direction Jérusalem, donc.


Nous sommes en 2012, et des juifs ultra-orthodoxes ont eu l’idée de distribuer aux passants des sortes de patchs adhésifs à coller sur leurs lunettes, et qui ont pour but d’opacifier la vision afin de ne pas être dérangés par la vue de jolies gambettes ou de décolletés avantageux qui leur feraient perdre l’équilibre. 

Troublante invention

Dans le journal Haaretz du 11 août de la même année, une journaliste se réjouit de cette invention originale, et de cette inversion inattendue pour résoudre le soit-disant problème du corps féminin. Ici, ce ne sont donc plus les femmes qui doivent cacher leurs formes avenantes sous des vêtements couvrants, mais les hommes qui se soustraient d’eux-mêmes à leur vue, en troublant la leur de sorte de… ne pas être troublés.

Ça, c’est une trouvaille, s’écrie Bécassine ! On devrait mettre Afflelou sur le coup ; il te vendrait trois lentilles troublantes pour le prix d’une et, dans la foulée, les juifs ultra-orthodoxes pourraient convertir les musulmans rigoristes à cette pratique, ce, bien sûr, dans le cadre d’un « dialogue inter-religieux ». Ils trouveraient là un terrain d’entente qui aurait, qui sait, des conséquences pour la paix au Moyen-Orient…

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Ils commenceraient par convaincre les Talibans, ce qui permettrait aux femmes de là-bas de sortir de leurs tenues grillagées, ils convertiraient ensuite les Iraniens à ce procédé astucieux, mais ils pourraient aussi faire des émules en Europe, là où vit Bécassine qui n’en peut plus de voir des Belphégor dans la rue, qui lui rappellent un feuilleton de son enfance devant lequel elle tremblait. Sans compter qu’au-delà des problèmes philosophiques et politiques que posent ces vêtements en ce beau pays laïque qu’est la France, il y a une question esthétique qui est rarement posée, mais qui compte quand même : la forme et la couleur de ces choses-là sont affreusement déprimantes. Heureusement qu’il y a des Africaines qui gardent leurs boubous et leurs couleurs !

Il y a un hic

C’est une blague, pense Bécassine et c’est aussi une idée de génie ! Enfin une invention intelligente ! Enfin quelque chose qui résout dans le bon sens un problème épineux !

Le seul hic, et qui est de taille, c’est qu’à force d’avoir la vue opacifiée afin de ne pas être perturbée par Dame tentante, ces messieurs risquent de ne pas voir venir le camion qui fonce sur eux…

Mais enfin, ils l’auront voulu. Alors, à leurs risques et périls !

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Les passions très changeantes de la France pour l’Orient

La France et l’Orient, de Louis XV à Emmanuel Macron


Août 2020. Une double explosion ravage Beyrouth et fait 149 morts. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron se rend au chevet du Liban malade. Le président promet l’aide de la France et prend dans ses bras une Libanaise. Au Liban, circule alors une pétition plus ou moins sérieuse demandant le retour du mandat de la France tel qu’il existât entre les deux guerres mondiales. Le temps d’un été, c’est toute une iconographie qui refait surface, celle d’une relation privilégiée et passionnelle entre la France et l’Orient.


La France et l’Orient, c’est le sujet du livre de Jean-François Figeac sorti à l’automne chez Passés composés, alors qu’approchent les 20 ans du discours de Dominique de Villepin à l’ONU contre la guerre d’Irak, haut moment de « la voix originale » de la France dans la région. Le jeune agrégé d’histoire revient sur ces moments mythologiques qui se sont succédé, depuis le règne de Louis XV jusqu’à celui d’Emmanuel Macron. Par Orient, l’auteur entend une région bien délimitée, correspondant à la façade méditerranéenne orientale de l’ancien Empire ottoman ; ce que l’on appelait jadis le Levant, augmenté de la Grèce, de la Turquie et de l’Egypte. Du point de vue chronologique, Jean-François Figeac remonte même un peu avant le règne de Louis XV, car l’alliance entre François Ier et Soliman constitue l’un des premiers moments mythiques de cette relation. Tout au long de l’époque moderne, la France continue d’entretenir une relation politique et commerciale privilégiée avec la Sublime Porte, non sans être tentée toutefois de semer le chaos chez son allié : ainsi, en 1685-1687, Louis XIV avait envoyé une mission secrète pour observer les côtes ottomanes afin de préparer une éventuelle prise de Constantinople. En fait, jusqu’au milieu du XVIIIème siècle, l’idéal de la croisade n’est jamais totalement sorti des esprits.

Jean-François Figeac revient donc sur ces moments qui ont fondé le mythe de la relation France-Orient, de Bonaparte au pied des pyramides à Jacques Chirac menaçant de retourner « in [his] plane and back to Paris » lors de sa visite à Jérusalem. L’auteur mesure aussi les évolutions de l’opinion et les retournements historiques. L’expédition d’Égypte du Général Bonaparte, qui n’a pas été une franche réussite militaire dans les faits, a su à l’époque retourner une presse jacobine au départ peu favorable et a su se transformer dans les esprits comme un moment héroïque. À mesure que l’on entre dans le XIXème siècle, et tandis que l’alphabétisation et l’accès à l’imprimé progressent, la question d’Orient va susciter l’intérêt y compris dans les couches populaires. Celles-ci vont se prendre de passion pour la guerre de Crimée (1853-1856), menée par une France inquiète des manœuvres de la Russie pour lui disputer son rôle historique de protectrice des Lieux Saints en Palestine. Jean-François Figeac mesure les poussées d’émotion soudaines dans l’opinion, tantôt anglophobes et germanophobes, lors de la crise d’Orient (1840), quand la France des faubourgs voulut se lancer aux côtés du vice-roi d’Egypte Méhémet-Ali contre l’Empire ottoman et l’ordre européen tout entier ; tantôt russophobe, pendant la guerre de Crimée. L’auteur observe aussi  les « redescentes d’émotion » ; à la fin du XIXème siècle, l’Orient, désormais plus facilement accessible grâce à la navigation à vapeur, a perdu une bonne partie de son charme mystique, même aux yeux des pèlerins de passage en Terre Sainte. Désormais, l’attention se porte plutôt sur le continent africain, colonisation oblige.

À la fin du XIXème siècle, la France a dû se contenter d’exercer un soft power sur le Levant, notamment grâce aux ordres missionnaires que la République subventionne allègrement (pragmatique, Gambetta avait dit : « l’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation »). Au XXème siècle, la France met les pieds politiquement dans la région en obtenant le fameux mandat sur le Liban et la Syrie durant l’entre-deux-guerres, lequel  se termina dans un certain tumulte. Aussitôt le mandat terminé, l’opinion française se désintéresse du Liban, décidément compliqué, comme le résumèrent à leur tour les Inconnus dans un célèbre sketch.

C’est désormais l’apparition de l’État israélien qui va être au cœur des passions, entraînant en un demi-siècle de spectaculaires retournements au sein des différentes familles politiques françaises. Au tout départ, la IVème République marcha main dans la main avec Israël, avec pour sommet la coopération entre les deux pays pour l’expédition du Canal de Suez. Et puis le Général de Gaulle revint aux affaires ; survinrent la crise de 1967 et la petite phrase sur le « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Pour autant, Jean-François Figeac cherche à éviter toute essentialisation de l’attitude gaullienne et rappelle que les neuf premières années de la présidence de De Gaulle ont plutôt prolongé l’action de la République précédente. D’ailleurs, les Mirages III de l’armée israélienne qui bombardaient les positions égyptiennes lors de la guerre des Six Jours avaient été achetés à la France six années plus tôt. En tout cas, la position de De Gaulle va à rebrousse-poil de l’opinion française, très favorable à Israël depuis sa naissance, de la gauche, du centre (Valéry Giscard d’Estaing signe un appel de « sympathie au peuple israélien », aux côtés de François Mitterrand et de Serge Gainsbourg notamment) et même de quelques barons du gaullisme. Bizarrement, Giscard, une fois devenu président, va prendre le contre-pied de sa posture précédente et va prolonger voire aiguiser l’attitude pro-arabe de la France. Quand la gauche arrive au pouvoir, elle a la réputation d’être plus favorable à Israël que la droite. Dans le même temps, l’opinion fléchit, désormais plus sensible au point-de-vue palestinien. Mitterrand va plutôt prolonger l’attitude de ces prédécesseurs, au moins sur la question israélo-palestinienne, au point d’inspirer à Hubert Védrine la notion de « gaullo-mitterrandisme ». Une notion que Jean-François Figeac nuance largement et qu’il classe parmi les mythes de la relation franco-orientale, eu égard à l’engagement mitterrandien aux côtés des Américains lors de la première guerre du Golfe.

Jean-François Figeac, La France et l’Orient, de Louis XV à Emmanuel Macron.

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Crever? Plutôt la retraite!

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Le texte de Cyril Bennasar que je viens de lire dans le dossier consacré aux retraites m’a fait réagir de deux manières très distinctes, pour ne pas dire opposées : d’un côté, la phrase « quel connard ! » a tourné dans mon esprit, de l’autre, celle-ci : « j’aurais pu écrire ce texte à la virgule près, à l’exception du laïus sur Bruce Springsteen qui ne fait pas partie de mes références. »

Je m’explique : comme le franc-tireur de Causeur dont j’apprécie souvent le ton décalé et surtout l’endroit particulier d’où il parle (pour faire mon trotskyste), je suis moi aussi travailleur indépendant, section artiste contemporain qui galère mais ne demande rien à personne. Et comme lui, j’envisage de travailler jusqu’à mon dernier souffle, tant que mon corps me le permettra, ce qui pourrait arriver plus vite que prévu étant donné que je me tiens aussi éloigné que possible du système de santé, avec le risque de rater quelque examen important qui dépisterait un mal mortel susceptible de m’emporter dans la tombe… 

Ce choix s’explique aisément : je suis mon propre maître, donc mon propre esclave, mon travail me procure des satisfactions qu’aucun poste dans le salariat ne m’a jamais données, j’ai un temps que j’organise à ma guise et une liberté incroyable, et surtout, mon métier a du sens, pour moi comme pour mes clients, et je le sais et j’en reçois des témoignages lorsqu’un collectionneur m’achète un tableau ou qu’un visiteur discute avec moi lors de mes expositions. Aussi précaire que soit ma situation financière, je sais que je n’exerce pas un bullshit job, je sais que mon activité professionnelle n’est pas vaine, je sais que ce que je fais est unique et de qualité. Comment ne pas aimer travailler dans ces conditions ? Comment ne pas envisager d’exercer son art le plus longtemps possible face à de telles gratifications ?

Mais voilà, pour que moi, je puisse exercer mon métier d’artiste, c’est-à-dire pour que je tire ma subsistance de mon activité artistique, il me faut des clients, des gens qui m’achètent mes œuvres, des personnes qui « ne savent plus quoi faire de leur pognon » pour reprendre les termes de mon menuisier préféré. Sans cela, je ne peux pas exister, et Cyril Bennasar, sans ces personnes qui ont des moyens supérieurs à la moyenne, qu’ils soient à la retraite ou en activité, ne le pourrait sûrement pas non plus, tant recourir à un artisan, un travailleur indépendant ou un artiste a un coût que la standardisation et le modèle de consommation qui marquent notre société rend inaccessible à une majorité de nos concitoyens.

C’est pourquoi, alors que je suis complètement en phase avec le vécu et la vision de Cyril Bennasar, je ne peux m’empêcher de le trouver malhonnête dans sa prise de position, car il sait comme je le sais que nous sommes tous dépendants les uns des autres dans notre société, que travailleur indépendant ne signifie pas travailleur déconnecté du reste de l’économie générale du pays, et que si le pays va mal, tout le monde va mal, à commencer par nous artistes et artisans qui ne pouvons vraiment prospérer que si notre environnement se porte bien. Or, le moins qu’on puisse dire est que notre pays va mal, et que cette réforme des retraites tombe au plus mauvais moment : comme il est rappelé dans l’ensemble du dossier que Causeur consacre au sujet ce mois-ci, c’est d’abord la valeur du travail qui est en jeu et en cause, et cette dernière est particulièrement abîmée, par l’idéologie, par la politique, par l’habitude de l’endettement, par la gestion de la crise du Covid, par le glissement de l’assurance vers l’assistance que décrit si bien Joseph François dans son article. Avant de toucher à l’âge légal du départ en retraite, qui ne pénalise que ceux qui travaillent et ont commencé leur carrière tôt, il serait urgent de s’occuper de l’emploi, du temps de travail et de la richesse produite.

Quand on se pique de politique (comme tout citoyen devrait le faire), il est indispensable de faire un pas de côté et de quitter sa situation personnelle pour envisager celle des gens que telle ou telle loi affecterait. Et alors, je pose la question à Cyril Bennasar : s’il n’était pas le travailleur indépendant qu’il est et qui s’éclate dans son métier mais s’il était manœuvre, ouvrier non qualifié, maçon, plombier ou couvreur (en tant qu’employé), livreur, etc., exerçant cette activité depuis l’âge de 18 ans et bien cassé dans son corps, est-ce qu’il s’exclamerait toujours : « Une retraite ? plutôt crever ! » Ou bien, après avoir vu son pote Bernard, qui avait cinq ans de plus que lui, mourir d’un cancer à 61 ans sans avoir fait le voyage en Italie qu’il s’était promis d’effectuer une fois sa carrière terminée, ou son copain Dédé, chauffeur routier, se faire terrasser par un platane à deux ans de la quille à cause d’un moment d’inattention, est-ce qu’il ne préférerait pas dire : « Crever ? plutôt la retraite ! »

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Violeurs transgenres dans les prisons pour femmes: J.K. Rowling avait bien raison

Le cas d’un violeur écossais qui, par pur opportunisme cynique semble-t-il, a réclamé le statut de femme transgenre afin d’être incarcéré dans une prison pour femmes confirme les inquiétudes exprimées par l’auteur J.K. Rowling. Le gouvernement écossais vient de donner raison à celle que les militants du genre avaient accusée de transphobie et vilipendée.


Face au tollé suscité par le transfert prévu dans une prison pour femmes d’Isla Bryson, une femme transgenre condamnée pour des viols commis à l’époque où « elle » s’appelait Adam Graham, le gouvernement écossais a demandé qu’elle purge sa peine dans un centre pour hommes. Il a également suspendu la possibilité de reclure dans les prisons pour femmes les personnes transgenres avec des antécédents de violences, notamment sexuelles, sur des femmes.

D’Edimbourg à Pau

Cette décision ne peut cependant masquer la confiscation de plus en avancée du débat sur le sujet, notamment par Édimbourg, et elle n’aurait eu lieu si le parcours de violeur de Bryson n’avait été connu. En Écosse, les détenus transgenres peuvent être transférés dans les prisons selon le sexe qu’ils revendiquent, et le gouvernement mène une politique très à gauche en matière de transidentité.

Avant de débuter son processus de changement de genre, Bryson, avait violé deux femmes en 2016 et 2019. Après son arrestation, le prévenu a entamé une thérapie transgenre et a été jugé en tant que femme. Il s’agit légalement de la première femme transgenre condamnée pour viol en Écosse. Avant cette condamnation, Bryson avait été enfermé dans la seule prison féminine de la nation alors qu’un mandat prévoyait qu’il soit envoyé dans celle pour hommes la plus proche du tribunal.

Deux jours après la condamnation de Bryson, une femme transgenre a été condamnée en France à 10 mois de prison pour avoir mordu un surveillant de la maison d’arrêt de Pau qui devait la fouiller au motif que seule une femme pouvait le faire. Christopher, devenu Lindsay et en transition de genre, avait refusé de dire à la greffière quel était son sexe biologique : « Elle n’a pas à poser la question. Je suis considérée comme une femme et suis censée être fouillée par une femme. » L’administration pénitentiaire assure que, face à ses changements, la fouille du bas du corps a été certes effectuée par un homme, mais celle du haut par une femme.

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Ces affaires où, à de vraies questions de souffrance liées à la dysphorie de genre, se mêlent des manipulations et des caprices, ne sont pas sans rappeler d’autres cas, comme celui de Karen White, et attirent de nouveau l’attention sur ce sujet aux implications et drames vite oubliés. En 2021, une détenue qui disait avoir été sexuellement agressée par une femme transgenre et contestait la politique pénitentiaire a été déboutée par la Haute cour de justice d’Angleterre et du pays de Galles, au motif qu’exclure les femmes transgenres « reviendrait à ignorer, de façon inadmissible, [leur droit] à vivre selon leur sexe revendiqué ».

Rien de nouveau sous le soleil ?

Ces affaires peuvent surprendre, mais elles ne sont pas du tout les premières, comme l’atteste par exemple celle de Karen White. Déjà condamné pour des agressions sexuelles sur deux jeunes garçons en 2001, Stephen Wood était devenu David Thompson avant de violer une femme enceinte en 2003 et une jeune femme à trois reprises en 2016. Celui qui terrorisait ses voisins s’était plaint d’eux pour transphobie auprès de la police parce qu’ils n’utilisaient pas le pronom féminin à son sujet. Jugé pour avoir poignardé un voisin sexagénaire, White s’est identifié comme Karen et a été transféré dans une prison pour femmes en 2018. Durant trois mois, il y a fait régner la terreur et violé quatre codétenues. L’enquête a permis de découvrir les viols précédant sa condamnation. Son changement de genre a consisté à porter des seins en silicone et une perruque.

En 2005 et 2006, Brett David Sonia avait été condamné en Californie et dans le New Hampshire pour le viol d’une fille de 13 ans. Les détails étaient si choquants qu’une douzaine de jurés potentiels, parmi la soixantaine proposée, avaient déclaré qu’ils ne seraient pas capables de suivre le procès jusqu’au bout. En 2020, le détenu, désormais renommé Brooke Lyn Sonia, a demandé à être transféré vers une prison pour femmes en affirmant ne pas être en sécurité parmi les hommes. Il a rejoint un centre correctionnel pour femmes dans l’État de Washington en décembre dernier.

Sonia, qui se déclare tantôt homme, tantôt femme, n’a subi aucune opération, n’a jamais manifesté de comportement féminin documenté qui ait pu laisser ses codétenus masculins soupçonner une éventuelle dysphorie de genre. Les femmes de sa nouvelle prison sont terrifiées et se rendent à deux aux toilettes pour ne pas se retrouver seules face à Sonia.

J.K. Rowling justifiée

En décembre 2021, l’écrivain J.K. Rowling s’est attiré les foudres de mouvements LGBT après avoir mis en garde contre un projet de loi du gouvernement écossais prévoyant que la police écossaise enregistre les prévenus selon leur sexe revendiqué, ce qui soulevait des inquiétudes quant à l’usage qu’en feraient des violeurs. L’auteur avait paraphrasé avec sarcasme Orwell dans un tweet : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. L’individu muni d’un pénis qui vous a violé, c’est une femme. » Cette loi a été bloquée par le gouvernement britannique une semaine avant la condamnation de Bryson.

Le magazine Vice News avait déclaré que Rowling persistait à attaquer les personnes transgenres en ligne. Diverses célébrités avaient dénoncé sa supposée haine, dont Shannon Hale, auteur de livres pour enfants et adolescents. Cette dernière avait objecté que toutes les femmes doivent être en sécurité, y compris les femmes transgenres, en soutenant que l’auteur de la saga Harry Potter « amplifie la bigoterie ». Pourtant, cette dernière n’avait pas raison trop tôt au vu des sept cas de viols répertoriés commis par des prisonniers dits transgenres entre 2016 et 2019, déjà oubliés par les adeptes du virtue signalling, la vertue ostentatoire.

De son côté, le docteur Nicola Williams, du groupe « Fair Play For Women », a dénoncé la primauté accordée aux droits des transgenres sur la protection des femmes détenues et déclaré que cette « politique pénitentiaire ouvre la porte à tous les abus ». Elle assure qu’aucun groupe de défense des droits des femmes n’a été consulté concernant cette décision préparée en concertation avec les mouvements transgenres.

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Cette exclusion de l’intérêt des femmes et des filles se retrouve également en matière scolaire.

De la prison à l’école

En mai 2016, les ministères de la Justice et de l’Éducation du gouvernement Obama avaient indiqué aux écoles publiques et établissements bénéficiant d’aides fédérales qu’ils étaient tenus de considérer les personnes transgenres selon leur identité revendiquée. Bien que l’administration Trump ait retiré cette directive en février 2017, des écoles ont continué à s’y soumettre ou y ont été obligées par des textes similaires au niveau local. Joe Biden a réintroduit la mesure le jour de son investiture.

En octobre dernier, plusieurs membres de l’équipe féminine de volleyball d’un lycée du Vermont ont été bannies de leur vestiaire après une dispute avec une fille transgenre revendiquée. L’une des filles, Blake Allen, qui s’était plainte d’être observée par l’élève transgenre pendant qu’elle se déshabillait, a été réprimandée comme son père, entraîneur, pour avoir utilisé des pronoms masculins en l’identifiant. Le lycée a suspendu Blake et le coach, avant de lever la sanction de la première. Les acclamations, comme les accusations de transphobie, font mine d’ignorer le ressenti des femmes quant à leur sécurité et leur pudeur. S’il existe des cas indubitables de souffrance quant à l’identité sexuelle, faut-il ne considérer qu’elles, jusqu’à oublier tout discernement, au détriment des femmes ? Il s’agit là de montrer que l’on comprend la supposée souffrance d’une personne qui se dit transgenre, quitte à négliger celle des filles et des femmes. Peu importe si elles se sentent menacées par une femme transgenre non opérée, vulnérables et gênées, quand bien même le détenu ou l’élève féminin transgenre ne leur voudrait aucun mal et serait sincère. C’est le ressenti de ce dernier qui prime, car il ne faudrait pas se montrer transphobe.

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Fiasco dans l’affaire Bayou: la cellule «VSS» d’EELV doit s’autodissoudre!

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La cellule d’enquête des Verts sur les violences contre les femmes clôt le dossier Julien Bayou, sans avoir vraiment enquêté.


C’est un procès de Moscou à l’ère Metoo, le féminisme ayant remplacé le communisme et les femmes le prolétariat.

En juillet 2022, une ex-compagne de Julien Bayou, alors patron des Verts, écrit à la commission « violences sexistes et sexuelles » (VSS) du parti pour l’accuser de violences psychologiques. Les violences sexuelles, on voyait jusqu’à présent très bien ce que c’était. Les violences « sexistes », il faudra nous expliquer.

Rousseau balance

Sandrine Rousseau, sa première rivale au sein d’EELV, balance l’affaire sur BFM TV, évoquant une femme qu’il aurait poussée au suicide. Les déclarations de la députée de Paris déclenchent alors une tempête médiatique et une pluie de témoignages de femmes sur le mode « Il m’a fait ci, il m’a dit ça » ou encore «Bayou est un monstre poussant les femmes à la folie… » Avec certaines, ça n’a pas dû être bien difficile !

Libération révèle qu’il est depuis des années sous la surveillance numérique d’un groupe d’ex et de militantes qui se montent mutuellement le bourrichon. Sous prétexte de morale, le voyeurisme est à son comble. En septembre, Bayou jette l’éponge et renonce à ses postes de Secrétaire national et de coprésident de groupe à l’Assemblée nationale.

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En six mois, cette fameuse commission VSS n’a pas été fichue d’auditionner la femme qui a lancé le scandale, elle a donc clos hier le dossier sans se prononcer. Le parti considère quant à lui que rien n’est retenu contre lui et « regrette les conséquences humaines difficiles que cette procédure et son exposition médiatique ont pu avoir». Un peu léger comme mea culpa pour avoir jeté en pâture l’intimité et l’honneur d’un homme. D’ailleurs, les Verts devraient aussi regretter de nous avoir infligé à tous cet infâmant déballage.

Au moins, Julien Bayou est-il blanchi…

Mais, il n’y a eu aucune plainte, donc il n’avait pas besoin d’être blanchi! Et puis, il n’est pas sûr que la meute se contente de ce classement sans suite… Des ragots répétés en boucle sont devenus un scandale politique.

Et, bien sûr, on n’en tirera aucune conséquence. 
La prochaine fois qu’une femme accusera un homme public, on assistera sans la moindre précaution au même lynchage et au même journalisme de caniveau.

Quant à la commission « VSS », ce nouveau tribunal révolutionnaire, elle devrait s’autodissoudre immédiatement ! En six mois, elle n’a pas écouté la plaignante, mais elle n’a même pas trouvé le moyen d’entendre Julien Bayou malgré ses demandes. Même le tribunal de l’Inquisition permettait aux accusés de s’exprimer ! Dans le merveilleux monde de Metoo, l’homme est coupable par définition : même plus besoin de procès. Cette affaire Bayou est bien la preuve que ce nouveau féminisme est un totalitarisme. Et que le combattre est un devoir. 


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

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Profession: chroniqueur d’opinion

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Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

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Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

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Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.

Le film du Puy du Fou bénéficie d’un “effet Streisand”

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"Vaincre ou mourir", un film de Vincent Mottez et Paul Mignot (2023) © Puy du Fou films

Grâce aux médias de gauche, « Vaincre ou mourir » est un succès. La curiosité du public est piquée par les critiques virulentes de la gauche culturelle. La première production cinématographique du Puy du Fou doit-elle la remercier pour cette efficace campagne de pub ? Bon ou mauvais, le film, retraçant la vie du Vendéen Charette, aura eu au moins le mérite de démontrer ce que beaucoup attendent du monde universitaire, des arts en général et du cinéma en particulier: une allégeance totale à la doxa… 


Le cinéma français va mal. Les scénarios tournant presque invariablement autour de sujets dits sociétaux, progressistes ou immigrationnistes, les spectateurs ont compris : ils évitent comme la gale ces films subventionnés par le CNC et, quand ils veulent voir des films français de qualité, piochent dans leurs stocks de DVD ceux dont Thomas Morales ravive régulièrement le souvenir à travers de magnifiques portraits des réalisateurs et des acteurs qui firent jadis de notre cinéma un des plus beaux et des plus enviés du monde. 

Bisque bisque rage !

Curieusement, malgré une histoire de France riche en événements et en hommes qui ont marqué leur temps, excessivement rares sont les films français les prenant pour sujet. « Vaincre ou mourir » vient combler partiellement ce vide mais, au grand dam de la gauche, raconte l’épopée des Vendéens luttant contre les armées républicaines en 1793. En plus, bisque bisque rage !, le succès est là.

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Avant de parler du succès de ce film, mon mauvais fond m’incite à rappeler très précisément le nombre d’entrées réalisé par les films formatés et politiquement corrects récemment sortis et ayant pour certains bénéficié d’une extraordinaire publicité dans les médias de gauche, y compris, bien entendu, l’audiovisuel public :

« Les Rascals », de Jimmy Laporal-Tresor. En 1984, alors que « l’extrême droite gagne du terrain en France », une gentille bande de « jeunes de banlieue » est harcelée par une méchante bande de skinheads. Après deux semaines d’exploitation : 31 376 entrées. La grosse baffe !

« Les engagés », d’Émilie Frèche. David aide un « jeune exilé » à semer la police et à passer illégalement en France. Énorme promo, entre autres sur France Inter. Après six semaines d’exploitation : 33 518 entres. Le méga bide !

« Nos Frangins », de Rachid Bouchareb. Film qui revient sur la mort de Malik Oussekine avec tous les poncifs qu’on peut imaginer sur le racisme et les violences policières. Après six semaines d’exploitation : 78 421 entrées. La super gamelle !

« Les survivants », de Guillaume Renusson. Au cœur des Alpes, Samuel sauve une jeune Afghane qui veut rejoindre la France. Mais des vilains fachos vont les traquer… Après trois semaines d’exploitation : 66 491 entrées. Le gros flop !

Avant ça, « Arthur Rambo », de Laurent Cantet, sur ce « pauvre » Mehdi Meklat, avait fait en tout et pour tout 33 000 entrées, et « Le monde d’hier », de Diastème, sur une présidente de la république luttant courageusement contre l’extrême-droite, 78 000 entrées. Deux fiascos ! 

La comparaison de ces chiffres avec celui de « Vaincre ou mourir », film à petit budget et tourné en seulement dix-huit jours, est cruelle. Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot fait en effet un très joli carton dès sa première semaine d’exploitation : près de 112 000 entrées avec seulement 188 copies. Le succès étant là, le nombre de copies est passé à 235 pour la deuxième semaine.

Alexis Corbière (LFI) dénonce une falsification de l’histoire

Il faut dire que ce film a bénéficié d’une incroyable publicité. Le Monde, Télérama, L’Obs, France Inter et, surtout, Libération (la une + cinq pleines pages), ont porté à la connaissance du public un film qui, sinon, aurait pu rester confidentiel. La critique, qui se voulait négative, a été si grossière, si caricaturale, si visiblement idéologique, qu’elle a été totalement contre-productive – et l’effet Streisand a marché à plein. « Vaincre ou mourir », pour lequel les producteurs visaient les 100 000 entrées sans vraiment y croire, va vraisemblablement au moins doubler la mise. Je me réjouis (toujours mon mauvais fond) d’imaginer les journalistes de Libération et du Monde en train d’écumer de rage devant le succès de ce film auquel ils ont très largement contribué, sans le vouloir, naturellement. Je les félicite pour leur mauvaise foi et leur bêtise. Je leur sais gré d’avoir mis à profit ces dernières pour révéler aux yeux du monde leur ignorance crasse de l’histoire de leur pays et leur intolérance devant des œuvres qui ne vont pas dans le sens qu’ils souhaitent. Enfin, je les remercie d’avoir été si hargneux, si calomnieux, si lourds, si totalement dépourvus de cette intelligence et de cette finesse qui font les critiques ravageuses – tandis que les leurs, épaisses et bêtes, ont produit l’effet complètement inverse à celui recherché. 

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Comme si cela ne suffisait pas, ce jeudi 2 février Le Monde ouvre ses colonnes aux députés LFI Alexis Corbière et Matthias Tavel. Ces derniers appellent à « une large mobilisation contre la “falsification de l’histoire” et “la culture de l’effacement” » à l’œuvre, selon eux, dans « Vaincre ou Mourir ». Je vous épargne le long délire de ces députés pour ne porter à votre connaissance que la substantifique moelle de leur tribune : ce film serait une « offensive réactionnaire » et « représente un degré supplémentaire franchi par l’entreprise idéologique de la droite ultraconservatrice. Extrêmes droites et droites extrêmes veulent imposer à la société leur grille de lecture des problèmes de notre temps, leur haine de l’égalité républicaine, leur nostalgie morbide de pseudo-traditions catholiques intégristes, leur nationalisme, autant de prétextes à exclure de la nation française tous ceux dont les origines familiales seraient d’ailleurs. » 

Nous attendons maintenant avec impatience les réflexions historico-cinématographiques de Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier, et la production du Puy du Fou pourrait sereinement envisager d’atteindre la barre inespérée des 300 000 entrées !

Tel-Aviv en 64 chroniques vagabondes…

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Il y a quatre ans, Marco Koskas défrayait la chronique littéraire parisienne avec Bande de Français, un roman dont aucun éditeur n’avait voulu, pas même ceux qui l’avaient publié auparavant.

Cette histoire d’une bande de potes qui quittent la France pour reconstruire leur vie à Tel-Aviv détonnait. À l’heure de Mohammed Merah et Dieudonné, se dévoiler sioniste tenait, et tient toujours, du délit de pensée.

À rebours, pour Patrick Besson, ce livre c’était « l’alya sur un dance-floor ». C’est ainsi qu’il le résuma alors dans sa chronique du Point, avant de glisser Koskas dans la première sélection du Prix Renaudot.

Les syndicats de libraires stupéfaits crièrent à la trahison, car Koskas s’étant autoédité sur la plateforme d’Amazon, son livre était introuvable en librairie. Il n’en fallait pas plus pour que le buzz soit lancé. Des tribunes hostiles à l’auteur fleurirent dans les gazettes, dont un portrait très limite dans Libé, bref, le livre fut éjecté manu militari de la liste du Renaudot. Mais il avait fait assez de bruit pour que son écho traverse l’Atlantique et s’américanise sous le titre Goodbye Paris, Shalom Tel-Aviv. Le cinéaste Alexandre Arcady essaya de le porter à l’écran, en vain, faute de budget.

Et revoilà Koskas, toujours aussi amoureux de Tel-Aviv, qui raconte sa ville en 64 chroniques vagabondes, pleines de fêtes sur les toits et de shabbat, toujours en bande. Il raconte son quartier, Florentine, la piscine Gordon, nous rencontrons un imprimeur-radiologue, une femme en pleurs dans un bar, les flamboyants du boulevard Rothschild, la gay pride, etc. Ces chroniques, il les a d’abord publiées sur Facebook au jour le jour, au gré de l’inspiration, pendant dix ans. Patiemment. En attendant des jours meilleurs quand ça va mal, en tissant sa joie de vivre quand ça va bien. Dans cette ville qu’on appelle « La Bulle » parce qu’elle aussi fait bande à part.

En ce moment où le nouveau gouvernement d’Israël tout en kippa et tsitsit inquiète, les chroniques de Marco Koskas nous redonnent l’enchantement de Tel-Aviv comme on l’aime.

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Une retraite ? Plutôt crever

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Emmanuel Macron en visite au cœur de son électorat, dans un Ehpad du 13e arrondissement de Paris, 6 mars 2020. ©PIERRE VILLARD/SIPA

Travailler et mourir. Tel est mon programme pour ne pas vivre trop vieux sur le dos des jeunes.


Quand j’entends parler des retraites, et ces temps-ci il est difficile d’y échapper, je pense aux paroles de la chanson de Springsteen : « No retreat, baby, no surrender », même si je me doute bien que le boss ne parle pas répartition ou capitalisation, âge pivot ou carrières longues, régimes spéciaux ou déficit public. Je ne sais pas de quoi il parle mais peu m’importe. Je n’ai jamais cherché à savoir ce que racontaient les rockers, je me fiche de leurs histoires ou de leurs messages, je veux juste que les bands balancent du riff et du beat, qu’ils tranchent dans le vif et qu’ils envoient la purée. Quand j’ai envie de littérature chantée, je me replie sur ma langue et je vire Dylan et son prix Nobel de ma platine pour mettre Brassens. Mais voilà qu’à peine parti, je m’égare. Je reviens donc à nos moutons. No retreat. Telle est ma réaction et ma résolution. Ce truc n’est pas pour moi, ne me concerne pas et ne m’intéresse pas.

Ma relation distendue avec le système a commencé il y a longtemps dans un Ehpad. Après un chantier de menuiserie de quelques jours dans le monde du quatrième âge, de la grande dépendance, de l’infantilisation, de la démence et de l’amnésie, après avoir lu dans les regards l’inquiétude, l’incompréhension, la souffrance, la lassitude et l’ennui, bouleversé par le spectacle de ces morts-vivants en chaussons dans leur salle d’attente, saisi par l’absurdité de ces existences arrivées à leur terme et qui ne finissent pas, j’ai pris la résolution de ne pas me prolonger au-delà du raisonnable, et pour cela, de prendre les devants.

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Après quelques jours de réflexion, j’ai rassemblé tous les papiers requis pour faire un jour valoir mes droits à finir ma vie oisif et rapetissé, craintif et obsédé par ma santé, et j’ai brûlé mes relevés de points comme on brûle ses vaisseaux, pensant que sans espoir de pension éternelle, il me serait plus facile à 75 ans de me retourner vers l’homme de 40 que j’ai été et de lui dire : « On fait comme on a dit. On arrête les frais. » Et pour ne pas trahir ma promesse, j’ai depuis cette descente aux enfers médicalisés, pris une garantie. J’ai cessé de cotiser.

À présent, je m’interroge sur l’âge à partir duquel je cesserai de me faire soigner, examiner, scannériser et coloscoper pour renoncer à bénéficier de ces progrès de la médecine qui préviennent et guérissent jusqu’à réduire totalement nos chances de mourir en bon état physique, mental et moral. Partir avec son premier cancer n’est pas une perspective réjouissante, mais prendre le risque de finir trop tôt reste la seule façon d’augmenter ses chances de ne pas mourir trop tard, quand la couche pleine et le regard vide, la voix éteinte et la bite en berne, on ne reconnaît plus ses femmes et ses enfants.

J’ai entendu un jour qu’en moyenne, un Français coûtait autant en dépenses de santé pendant les six derniers mois de sa vie que pendant les soixante ans qui les avaient précédés, frais de maternité compris, et j’en ai déduit que pour vivre soi-même plus léger et moins pesant pour les autres, on pouvait peut-être renoncer au dernier semestre de soins palliatifs et d’acharnement thérapeutique.

Cent fois, j’ai douté, j’ai failli flancher et me renier. J’ai vu des octogénaires, qui faute d’être déments, m’ont démenti et j’ai été tenté de repousser ma date limite, mais ces chênes presque centenaires et toujours debout n’ont pas longtemps caché la forêt des réalités démographiques et des chiffres têtus. Bientôt un actif et demi pour un retraité. Bientôt trois travailleurs iront au turbin avec le poids de deux vieux sur les épaules. Je ne veux pas être de cette charge-là.

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En trente-cinq ans d’exercice professionnel, durant lesquels, la plupart du temps, le revenu moyen des retraités était supérieur à celui des actifs, j’ai vu parmi mes clients un peu trop de vieux qui ne savaient plus quoi faire de leur pognon et un peu trop de jeunes qui tiraient la langue pour élever des enfants. J’ai fini par estimer que dans ce contexte économique, vieillir dans la misère au coin d’un feu de bois pouvait avoir plus de dignité que partir en croisière sur un transat ou en fauteuil, un plaid sur les genoux.

J’entends dans les médias des citoyens inquiets de ne pas pouvoir profiter assez vite et assez longtemps de ces années d’après-travail, de ce paradis promis par contrat après un « purgatoire » de quarante-trois ou quarante-quatre ans, de ce temps attendu du « bonheur » qui commence quand on devient inutile. Une vie d’activité ne serait plus qu’un prélude, une patiente accumulation de trimestres et de points, la vie serait ailleurs et le bonheur après ? Je serais peut-être arrivé aux mêmes conclusions si j’étais salarié et si j’abordais la soixantaine dans un métier usant et fastidieux, avec des horaires et un patron, des comptes à rendre et l’humiliation d’un grand-père qui a une autorisation à demander pour prendre une journée. Mais je suis travailleur indépendant. Voilà pourquoi je me payerai le luxe de passer directement de travail à trépas, en me passant de retraite et en abrégeant les années passées devant la télévision avec des troubles de l’audition et de l’érection, en allégeant les nouvelles générations du poids de ces cotisations destinées à payer ma pension, en allongeant la durée de ma vie active et en avançant mon âge de départ au cimetière. Je ne le connais pas, mais j’ai déjà mon épitaphe : « Plutôt crever ! »

Un homme et un couffin

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D.R.

Jimmy Gomez, disruptif représentant démocrate au Congrès américain, remporte haut la main la palme d’or de l’homme déconstruit du mois !


Jimmy Gomez, représentant démocrate au Congrès américain, se doutait que la photo qu’il a publiée le 6 janvier sur les réseaux sociaux à la sortie d’une séance allait faire son petit effet. Mais 35 000 cœurs sur Twitter rien que pour lui et Gomez Junior, un porte-bébé et un biberon, il ne s’attendait pas à pareil succès ! Les médias ont salué un symbole viral tout à fait opportun, alors que la Chambre des représentants, aujourd’hui sous majorité républicaine, pourrait revenir sur l’avortement.

Pour la sociologue Anne Bory, offrir une dinette à son fils pour Noël ne suffit pas

« J’espère que je ne serai plus le seul représentant à venir voter avec mon bébé. Je pense que cela envoie un message : nous les hommes, devons faire notre part ! » a déclaré le héros progressiste du jour. Jusqu’ici, seules les femmes s’affichaient crânement avec leurs bébés dans des assemblées. On se souvient des lauriers décernés à ce sujet, en 2018, à la Néo-Zélandaise Jacinda Ardern à l’ONU. Dans une tribune publiée dans Le Monde, la sociologue Anne Bory, collègue de Sandrine Rousseau à l’université de Lille, affirmait que « c’est surtout l’inégale répartition des tâches ménagères entre les parents qui forge les inégalités de genre ». Le geste du député américain est donc bienvenu. Pour toute la clique progressiste américaine – et ses séides dans nos universités –, la lutte contre les inégalités entre filles et garçons passe par l’effacement de toute trace résiduelle du patriarcat et l’homme est condamné à devenir une femme comme les autres ! En Amérique, on craint des actions violentes des masculinistes en réaction à toutes ces nouvelles lubies. Cette propagande servie matin et soir par le monde politique et les médias les écœure, et ils ne manqueront pas de qualifier M. Gomez de cuck ou d’homme servile. En France, Sandrine Rousseau a demandé une protection policière.

Enfin, on ne sait pas encore si les électeurs du 34e district de Californie, où Gomez est élu, estimeront utile pour eux ce petit cirque à Washington. Le taux de pauvreté y est le plus élevé de tout l’État.

Bécassine n’en croit pas ses yeux

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Paris, 6 septembre 2020 © GODONG/ BSIP via AFP

Dans un livre intitulé En tenue d’Eve, Delphine Horvilleur médite la notion de genre à partir de lectures bibliques et nous livre quelques interprétations pouvant éclairer les débats actuels à ce sujet. Elle en profite pour nous raconter une histoire que Bécassine a d’abord prise pour une « blague juive » et qui, d’une certaine manière, l’est. Direction Jérusalem, donc.


Nous sommes en 2012, et des juifs ultra-orthodoxes ont eu l’idée de distribuer aux passants des sortes de patchs adhésifs à coller sur leurs lunettes, et qui ont pour but d’opacifier la vision afin de ne pas être dérangés par la vue de jolies gambettes ou de décolletés avantageux qui leur feraient perdre l’équilibre. 

Troublante invention

Dans le journal Haaretz du 11 août de la même année, une journaliste se réjouit de cette invention originale, et de cette inversion inattendue pour résoudre le soit-disant problème du corps féminin. Ici, ce ne sont donc plus les femmes qui doivent cacher leurs formes avenantes sous des vêtements couvrants, mais les hommes qui se soustraient d’eux-mêmes à leur vue, en troublant la leur de sorte de… ne pas être troublés.

Ça, c’est une trouvaille, s’écrie Bécassine ! On devrait mettre Afflelou sur le coup ; il te vendrait trois lentilles troublantes pour le prix d’une et, dans la foulée, les juifs ultra-orthodoxes pourraient convertir les musulmans rigoristes à cette pratique, ce, bien sûr, dans le cadre d’un « dialogue inter-religieux ». Ils trouveraient là un terrain d’entente qui aurait, qui sait, des conséquences pour la paix au Moyen-Orient…

A lire aussi, Céline Pina: En Iran, le «World Hijab day», c’est tous les jours!

Ils commenceraient par convaincre les Talibans, ce qui permettrait aux femmes de là-bas de sortir de leurs tenues grillagées, ils convertiraient ensuite les Iraniens à ce procédé astucieux, mais ils pourraient aussi faire des émules en Europe, là où vit Bécassine qui n’en peut plus de voir des Belphégor dans la rue, qui lui rappellent un feuilleton de son enfance devant lequel elle tremblait. Sans compter qu’au-delà des problèmes philosophiques et politiques que posent ces vêtements en ce beau pays laïque qu’est la France, il y a une question esthétique qui est rarement posée, mais qui compte quand même : la forme et la couleur de ces choses-là sont affreusement déprimantes. Heureusement qu’il y a des Africaines qui gardent leurs boubous et leurs couleurs !

Il y a un hic

C’est une blague, pense Bécassine et c’est aussi une idée de génie ! Enfin une invention intelligente ! Enfin quelque chose qui résout dans le bon sens un problème épineux !

Le seul hic, et qui est de taille, c’est qu’à force d’avoir la vue opacifiée afin de ne pas être perturbée par Dame tentante, ces messieurs risquent de ne pas voir venir le camion qui fonce sur eux…

Mais enfin, ils l’auront voulu. Alors, à leurs risques et périls !

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Les passions très changeantes de la France pour l’Orient

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Le président Emmanuel Macron sur le porte-helicoptères Tonnerre à Beyrouth le 1er septembre 2020 © Lemouton-POOL/SIPA

La France et l’Orient, de Louis XV à Emmanuel Macron


Août 2020. Une double explosion ravage Beyrouth et fait 149 morts. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron se rend au chevet du Liban malade. Le président promet l’aide de la France et prend dans ses bras une Libanaise. Au Liban, circule alors une pétition plus ou moins sérieuse demandant le retour du mandat de la France tel qu’il existât entre les deux guerres mondiales. Le temps d’un été, c’est toute une iconographie qui refait surface, celle d’une relation privilégiée et passionnelle entre la France et l’Orient.


La France et l’Orient, c’est le sujet du livre de Jean-François Figeac sorti à l’automne chez Passés composés, alors qu’approchent les 20 ans du discours de Dominique de Villepin à l’ONU contre la guerre d’Irak, haut moment de « la voix originale » de la France dans la région. Le jeune agrégé d’histoire revient sur ces moments mythologiques qui se sont succédé, depuis le règne de Louis XV jusqu’à celui d’Emmanuel Macron. Par Orient, l’auteur entend une région bien délimitée, correspondant à la façade méditerranéenne orientale de l’ancien Empire ottoman ; ce que l’on appelait jadis le Levant, augmenté de la Grèce, de la Turquie et de l’Egypte. Du point de vue chronologique, Jean-François Figeac remonte même un peu avant le règne de Louis XV, car l’alliance entre François Ier et Soliman constitue l’un des premiers moments mythiques de cette relation. Tout au long de l’époque moderne, la France continue d’entretenir une relation politique et commerciale privilégiée avec la Sublime Porte, non sans être tentée toutefois de semer le chaos chez son allié : ainsi, en 1685-1687, Louis XIV avait envoyé une mission secrète pour observer les côtes ottomanes afin de préparer une éventuelle prise de Constantinople. En fait, jusqu’au milieu du XVIIIème siècle, l’idéal de la croisade n’est jamais totalement sorti des esprits.

Jean-François Figeac revient donc sur ces moments qui ont fondé le mythe de la relation France-Orient, de Bonaparte au pied des pyramides à Jacques Chirac menaçant de retourner « in [his] plane and back to Paris » lors de sa visite à Jérusalem. L’auteur mesure aussi les évolutions de l’opinion et les retournements historiques. L’expédition d’Égypte du Général Bonaparte, qui n’a pas été une franche réussite militaire dans les faits, a su à l’époque retourner une presse jacobine au départ peu favorable et a su se transformer dans les esprits comme un moment héroïque. À mesure que l’on entre dans le XIXème siècle, et tandis que l’alphabétisation et l’accès à l’imprimé progressent, la question d’Orient va susciter l’intérêt y compris dans les couches populaires. Celles-ci vont se prendre de passion pour la guerre de Crimée (1853-1856), menée par une France inquiète des manœuvres de la Russie pour lui disputer son rôle historique de protectrice des Lieux Saints en Palestine. Jean-François Figeac mesure les poussées d’émotion soudaines dans l’opinion, tantôt anglophobes et germanophobes, lors de la crise d’Orient (1840), quand la France des faubourgs voulut se lancer aux côtés du vice-roi d’Egypte Méhémet-Ali contre l’Empire ottoman et l’ordre européen tout entier ; tantôt russophobe, pendant la guerre de Crimée. L’auteur observe aussi  les « redescentes d’émotion » ; à la fin du XIXème siècle, l’Orient, désormais plus facilement accessible grâce à la navigation à vapeur, a perdu une bonne partie de son charme mystique, même aux yeux des pèlerins de passage en Terre Sainte. Désormais, l’attention se porte plutôt sur le continent africain, colonisation oblige.

À la fin du XIXème siècle, la France a dû se contenter d’exercer un soft power sur le Levant, notamment grâce aux ordres missionnaires que la République subventionne allègrement (pragmatique, Gambetta avait dit : « l’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation »). Au XXème siècle, la France met les pieds politiquement dans la région en obtenant le fameux mandat sur le Liban et la Syrie durant l’entre-deux-guerres, lequel  se termina dans un certain tumulte. Aussitôt le mandat terminé, l’opinion française se désintéresse du Liban, décidément compliqué, comme le résumèrent à leur tour les Inconnus dans un célèbre sketch.

C’est désormais l’apparition de l’État israélien qui va être au cœur des passions, entraînant en un demi-siècle de spectaculaires retournements au sein des différentes familles politiques françaises. Au tout départ, la IVème République marcha main dans la main avec Israël, avec pour sommet la coopération entre les deux pays pour l’expédition du Canal de Suez. Et puis le Général de Gaulle revint aux affaires ; survinrent la crise de 1967 et la petite phrase sur le « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Pour autant, Jean-François Figeac cherche à éviter toute essentialisation de l’attitude gaullienne et rappelle que les neuf premières années de la présidence de De Gaulle ont plutôt prolongé l’action de la République précédente. D’ailleurs, les Mirages III de l’armée israélienne qui bombardaient les positions égyptiennes lors de la guerre des Six Jours avaient été achetés à la France six années plus tôt. En tout cas, la position de De Gaulle va à rebrousse-poil de l’opinion française, très favorable à Israël depuis sa naissance, de la gauche, du centre (Valéry Giscard d’Estaing signe un appel de « sympathie au peuple israélien », aux côtés de François Mitterrand et de Serge Gainsbourg notamment) et même de quelques barons du gaullisme. Bizarrement, Giscard, une fois devenu président, va prendre le contre-pied de sa posture précédente et va prolonger voire aiguiser l’attitude pro-arabe de la France. Quand la gauche arrive au pouvoir, elle a la réputation d’être plus favorable à Israël que la droite. Dans le même temps, l’opinion fléchit, désormais plus sensible au point-de-vue palestinien. Mitterrand va plutôt prolonger l’attitude de ces prédécesseurs, au moins sur la question israélo-palestinienne, au point d’inspirer à Hubert Védrine la notion de « gaullo-mitterrandisme ». Une notion que Jean-François Figeac nuance largement et qu’il classe parmi les mythes de la relation franco-orientale, eu égard à l’engagement mitterrandien aux côtés des Américains lors de la première guerre du Golfe.

Jean-François Figeac, La France et l’Orient, de Louis XV à Emmanuel Macron.

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Crever? Plutôt la retraite!

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Image d'illustration Unsplash.

Le texte de Cyril Bennasar que je viens de lire dans le dossier consacré aux retraites m’a fait réagir de deux manières très distinctes, pour ne pas dire opposées : d’un côté, la phrase « quel connard ! » a tourné dans mon esprit, de l’autre, celle-ci : « j’aurais pu écrire ce texte à la virgule près, à l’exception du laïus sur Bruce Springsteen qui ne fait pas partie de mes références. »

Je m’explique : comme le franc-tireur de Causeur dont j’apprécie souvent le ton décalé et surtout l’endroit particulier d’où il parle (pour faire mon trotskyste), je suis moi aussi travailleur indépendant, section artiste contemporain qui galère mais ne demande rien à personne. Et comme lui, j’envisage de travailler jusqu’à mon dernier souffle, tant que mon corps me le permettra, ce qui pourrait arriver plus vite que prévu étant donné que je me tiens aussi éloigné que possible du système de santé, avec le risque de rater quelque examen important qui dépisterait un mal mortel susceptible de m’emporter dans la tombe… 

Ce choix s’explique aisément : je suis mon propre maître, donc mon propre esclave, mon travail me procure des satisfactions qu’aucun poste dans le salariat ne m’a jamais données, j’ai un temps que j’organise à ma guise et une liberté incroyable, et surtout, mon métier a du sens, pour moi comme pour mes clients, et je le sais et j’en reçois des témoignages lorsqu’un collectionneur m’achète un tableau ou qu’un visiteur discute avec moi lors de mes expositions. Aussi précaire que soit ma situation financière, je sais que je n’exerce pas un bullshit job, je sais que mon activité professionnelle n’est pas vaine, je sais que ce que je fais est unique et de qualité. Comment ne pas aimer travailler dans ces conditions ? Comment ne pas envisager d’exercer son art le plus longtemps possible face à de telles gratifications ?

Mais voilà, pour que moi, je puisse exercer mon métier d’artiste, c’est-à-dire pour que je tire ma subsistance de mon activité artistique, il me faut des clients, des gens qui m’achètent mes œuvres, des personnes qui « ne savent plus quoi faire de leur pognon » pour reprendre les termes de mon menuisier préféré. Sans cela, je ne peux pas exister, et Cyril Bennasar, sans ces personnes qui ont des moyens supérieurs à la moyenne, qu’ils soient à la retraite ou en activité, ne le pourrait sûrement pas non plus, tant recourir à un artisan, un travailleur indépendant ou un artiste a un coût que la standardisation et le modèle de consommation qui marquent notre société rend inaccessible à une majorité de nos concitoyens.

C’est pourquoi, alors que je suis complètement en phase avec le vécu et la vision de Cyril Bennasar, je ne peux m’empêcher de le trouver malhonnête dans sa prise de position, car il sait comme je le sais que nous sommes tous dépendants les uns des autres dans notre société, que travailleur indépendant ne signifie pas travailleur déconnecté du reste de l’économie générale du pays, et que si le pays va mal, tout le monde va mal, à commencer par nous artistes et artisans qui ne pouvons vraiment prospérer que si notre environnement se porte bien. Or, le moins qu’on puisse dire est que notre pays va mal, et que cette réforme des retraites tombe au plus mauvais moment : comme il est rappelé dans l’ensemble du dossier que Causeur consacre au sujet ce mois-ci, c’est d’abord la valeur du travail qui est en jeu et en cause, et cette dernière est particulièrement abîmée, par l’idéologie, par la politique, par l’habitude de l’endettement, par la gestion de la crise du Covid, par le glissement de l’assurance vers l’assistance que décrit si bien Joseph François dans son article. Avant de toucher à l’âge légal du départ en retraite, qui ne pénalise que ceux qui travaillent et ont commencé leur carrière tôt, il serait urgent de s’occuper de l’emploi, du temps de travail et de la richesse produite.

Quand on se pique de politique (comme tout citoyen devrait le faire), il est indispensable de faire un pas de côté et de quitter sa situation personnelle pour envisager celle des gens que telle ou telle loi affecterait. Et alors, je pose la question à Cyril Bennasar : s’il n’était pas le travailleur indépendant qu’il est et qui s’éclate dans son métier mais s’il était manœuvre, ouvrier non qualifié, maçon, plombier ou couvreur (en tant qu’employé), livreur, etc., exerçant cette activité depuis l’âge de 18 ans et bien cassé dans son corps, est-ce qu’il s’exclamerait toujours : « Une retraite ? plutôt crever ! » Ou bien, après avoir vu son pote Bernard, qui avait cinq ans de plus que lui, mourir d’un cancer à 61 ans sans avoir fait le voyage en Italie qu’il s’était promis d’effectuer une fois sa carrière terminée, ou son copain Dédé, chauffeur routier, se faire terrasser par un platane à deux ans de la quille à cause d’un moment d’inattention, est-ce qu’il ne préférerait pas dire : « Crever ? plutôt la retraite ! »

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Violeurs transgenres dans les prisons pour femmes: J.K. Rowling avait bien raison

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Isla Bryson. Image: capture YouTube / Mirror

Le cas d’un violeur écossais qui, par pur opportunisme cynique semble-t-il, a réclamé le statut de femme transgenre afin d’être incarcéré dans une prison pour femmes confirme les inquiétudes exprimées par l’auteur J.K. Rowling. Le gouvernement écossais vient de donner raison à celle que les militants du genre avaient accusée de transphobie et vilipendée.


Face au tollé suscité par le transfert prévu dans une prison pour femmes d’Isla Bryson, une femme transgenre condamnée pour des viols commis à l’époque où « elle » s’appelait Adam Graham, le gouvernement écossais a demandé qu’elle purge sa peine dans un centre pour hommes. Il a également suspendu la possibilité de reclure dans les prisons pour femmes les personnes transgenres avec des antécédents de violences, notamment sexuelles, sur des femmes.

D’Edimbourg à Pau

Cette décision ne peut cependant masquer la confiscation de plus en avancée du débat sur le sujet, notamment par Édimbourg, et elle n’aurait eu lieu si le parcours de violeur de Bryson n’avait été connu. En Écosse, les détenus transgenres peuvent être transférés dans les prisons selon le sexe qu’ils revendiquent, et le gouvernement mène une politique très à gauche en matière de transidentité.

Avant de débuter son processus de changement de genre, Bryson, avait violé deux femmes en 2016 et 2019. Après son arrestation, le prévenu a entamé une thérapie transgenre et a été jugé en tant que femme. Il s’agit légalement de la première femme transgenre condamnée pour viol en Écosse. Avant cette condamnation, Bryson avait été enfermé dans la seule prison féminine de la nation alors qu’un mandat prévoyait qu’il soit envoyé dans celle pour hommes la plus proche du tribunal.

Deux jours après la condamnation de Bryson, une femme transgenre a été condamnée en France à 10 mois de prison pour avoir mordu un surveillant de la maison d’arrêt de Pau qui devait la fouiller au motif que seule une femme pouvait le faire. Christopher, devenu Lindsay et en transition de genre, avait refusé de dire à la greffière quel était son sexe biologique : « Elle n’a pas à poser la question. Je suis considérée comme une femme et suis censée être fouillée par une femme. » L’administration pénitentiaire assure que, face à ses changements, la fouille du bas du corps a été certes effectuée par un homme, mais celle du haut par une femme.

A lire aussi: Une patineuse transgenre aussi gracieuse qu’une dinde congelée?

Ces affaires où, à de vraies questions de souffrance liées à la dysphorie de genre, se mêlent des manipulations et des caprices, ne sont pas sans rappeler d’autres cas, comme celui de Karen White, et attirent de nouveau l’attention sur ce sujet aux implications et drames vite oubliés. En 2021, une détenue qui disait avoir été sexuellement agressée par une femme transgenre et contestait la politique pénitentiaire a été déboutée par la Haute cour de justice d’Angleterre et du pays de Galles, au motif qu’exclure les femmes transgenres « reviendrait à ignorer, de façon inadmissible, [leur droit] à vivre selon leur sexe revendiqué ».

Rien de nouveau sous le soleil ?

Ces affaires peuvent surprendre, mais elles ne sont pas du tout les premières, comme l’atteste par exemple celle de Karen White. Déjà condamné pour des agressions sexuelles sur deux jeunes garçons en 2001, Stephen Wood était devenu David Thompson avant de violer une femme enceinte en 2003 et une jeune femme à trois reprises en 2016. Celui qui terrorisait ses voisins s’était plaint d’eux pour transphobie auprès de la police parce qu’ils n’utilisaient pas le pronom féminin à son sujet. Jugé pour avoir poignardé un voisin sexagénaire, White s’est identifié comme Karen et a été transféré dans une prison pour femmes en 2018. Durant trois mois, il y a fait régner la terreur et violé quatre codétenues. L’enquête a permis de découvrir les viols précédant sa condamnation. Son changement de genre a consisté à porter des seins en silicone et une perruque.

En 2005 et 2006, Brett David Sonia avait été condamné en Californie et dans le New Hampshire pour le viol d’une fille de 13 ans. Les détails étaient si choquants qu’une douzaine de jurés potentiels, parmi la soixantaine proposée, avaient déclaré qu’ils ne seraient pas capables de suivre le procès jusqu’au bout. En 2020, le détenu, désormais renommé Brooke Lyn Sonia, a demandé à être transféré vers une prison pour femmes en affirmant ne pas être en sécurité parmi les hommes. Il a rejoint un centre correctionnel pour femmes dans l’État de Washington en décembre dernier.

Sonia, qui se déclare tantôt homme, tantôt femme, n’a subi aucune opération, n’a jamais manifesté de comportement féminin documenté qui ait pu laisser ses codétenus masculins soupçonner une éventuelle dysphorie de genre. Les femmes de sa nouvelle prison sont terrifiées et se rendent à deux aux toilettes pour ne pas se retrouver seules face à Sonia.

J.K. Rowling justifiée

En décembre 2021, l’écrivain J.K. Rowling s’est attiré les foudres de mouvements LGBT après avoir mis en garde contre un projet de loi du gouvernement écossais prévoyant que la police écossaise enregistre les prévenus selon leur sexe revendiqué, ce qui soulevait des inquiétudes quant à l’usage qu’en feraient des violeurs. L’auteur avait paraphrasé avec sarcasme Orwell dans un tweet : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. L’individu muni d’un pénis qui vous a violé, c’est une femme. » Cette loi a été bloquée par le gouvernement britannique une semaine avant la condamnation de Bryson.

Le magazine Vice News avait déclaré que Rowling persistait à attaquer les personnes transgenres en ligne. Diverses célébrités avaient dénoncé sa supposée haine, dont Shannon Hale, auteur de livres pour enfants et adolescents. Cette dernière avait objecté que toutes les femmes doivent être en sécurité, y compris les femmes transgenres, en soutenant que l’auteur de la saga Harry Potter « amplifie la bigoterie ». Pourtant, cette dernière n’avait pas raison trop tôt au vu des sept cas de viols répertoriés commis par des prisonniers dits transgenres entre 2016 et 2019, déjà oubliés par les adeptes du virtue signalling, la vertue ostentatoire.

De son côté, le docteur Nicola Williams, du groupe « Fair Play For Women », a dénoncé la primauté accordée aux droits des transgenres sur la protection des femmes détenues et déclaré que cette « politique pénitentiaire ouvre la porte à tous les abus ». Elle assure qu’aucun groupe de défense des droits des femmes n’a été consulté concernant cette décision préparée en concertation avec les mouvements transgenres.

A lire aussi: Enquête sur le lobby trans: l’argent n’a pas de sexe

Cette exclusion de l’intérêt des femmes et des filles se retrouve également en matière scolaire.

De la prison à l’école

En mai 2016, les ministères de la Justice et de l’Éducation du gouvernement Obama avaient indiqué aux écoles publiques et établissements bénéficiant d’aides fédérales qu’ils étaient tenus de considérer les personnes transgenres selon leur identité revendiquée. Bien que l’administration Trump ait retiré cette directive en février 2017, des écoles ont continué à s’y soumettre ou y ont été obligées par des textes similaires au niveau local. Joe Biden a réintroduit la mesure le jour de son investiture.

En octobre dernier, plusieurs membres de l’équipe féminine de volleyball d’un lycée du Vermont ont été bannies de leur vestiaire après une dispute avec une fille transgenre revendiquée. L’une des filles, Blake Allen, qui s’était plainte d’être observée par l’élève transgenre pendant qu’elle se déshabillait, a été réprimandée comme son père, entraîneur, pour avoir utilisé des pronoms masculins en l’identifiant. Le lycée a suspendu Blake et le coach, avant de lever la sanction de la première. Les acclamations, comme les accusations de transphobie, font mine d’ignorer le ressenti des femmes quant à leur sécurité et leur pudeur. S’il existe des cas indubitables de souffrance quant à l’identité sexuelle, faut-il ne considérer qu’elles, jusqu’à oublier tout discernement, au détriment des femmes ? Il s’agit là de montrer que l’on comprend la supposée souffrance d’une personne qui se dit transgenre, quitte à négliger celle des filles et des femmes. Peu importe si elles se sentent menacées par une femme transgenre non opérée, vulnérables et gênées, quand bien même le détenu ou l’élève féminin transgenre ne leur voudrait aucun mal et serait sincère. C’est le ressenti de ce dernier qui prime, car il ne faudrait pas se montrer transphobe.

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Fiasco dans l’affaire Bayou: la cellule «VSS» d’EELV doit s’autodissoudre!

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Julien Bayou à la Fête de L'Humanité, sur la Base 217, Bretigny-Sur-Orge le 10 Septembre 2022 MPP/SIPA

La cellule d’enquête des Verts sur les violences contre les femmes clôt le dossier Julien Bayou, sans avoir vraiment enquêté.


C’est un procès de Moscou à l’ère Metoo, le féminisme ayant remplacé le communisme et les femmes le prolétariat.

En juillet 2022, une ex-compagne de Julien Bayou, alors patron des Verts, écrit à la commission « violences sexistes et sexuelles » (VSS) du parti pour l’accuser de violences psychologiques. Les violences sexuelles, on voyait jusqu’à présent très bien ce que c’était. Les violences « sexistes », il faudra nous expliquer.

Rousseau balance

Sandrine Rousseau, sa première rivale au sein d’EELV, balance l’affaire sur BFM TV, évoquant une femme qu’il aurait poussée au suicide. Les déclarations de la députée de Paris déclenchent alors une tempête médiatique et une pluie de témoignages de femmes sur le mode « Il m’a fait ci, il m’a dit ça » ou encore «Bayou est un monstre poussant les femmes à la folie… » Avec certaines, ça n’a pas dû être bien difficile !

Libération révèle qu’il est depuis des années sous la surveillance numérique d’un groupe d’ex et de militantes qui se montent mutuellement le bourrichon. Sous prétexte de morale, le voyeurisme est à son comble. En septembre, Bayou jette l’éponge et renonce à ses postes de Secrétaire national et de coprésident de groupe à l’Assemblée nationale.

A lire aussi, du même auteur: L’emprise contre-attaque

En six mois, cette fameuse commission VSS n’a pas été fichue d’auditionner la femme qui a lancé le scandale, elle a donc clos hier le dossier sans se prononcer. Le parti considère quant à lui que rien n’est retenu contre lui et « regrette les conséquences humaines difficiles que cette procédure et son exposition médiatique ont pu avoir». Un peu léger comme mea culpa pour avoir jeté en pâture l’intimité et l’honneur d’un homme. D’ailleurs, les Verts devraient aussi regretter de nous avoir infligé à tous cet infâmant déballage.

Au moins, Julien Bayou est-il blanchi…

Mais, il n’y a eu aucune plainte, donc il n’avait pas besoin d’être blanchi! Et puis, il n’est pas sûr que la meute se contente de ce classement sans suite… Des ragots répétés en boucle sont devenus un scandale politique.

Et, bien sûr, on n’en tirera aucune conséquence. 
La prochaine fois qu’une femme accusera un homme public, on assistera sans la moindre précaution au même lynchage et au même journalisme de caniveau.

Quant à la commission « VSS », ce nouveau tribunal révolutionnaire, elle devrait s’autodissoudre immédiatement ! En six mois, elle n’a pas écouté la plaignante, mais elle n’a même pas trouvé le moyen d’entendre Julien Bayou malgré ses demandes. Même le tribunal de l’Inquisition permettait aux accusés de s’exprimer ! Dans le merveilleux monde de Metoo, l’homme est coupable par définition : même plus besoin de procès. Cette affaire Bayou est bien la preuve que ce nouveau féminisme est un totalitarisme. Et que le combattre est un devoir. 


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy chaque matin dans la matinale après le journal de 8h

Profession: chroniqueur d’opinion

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Le journaliste français Philippe Tesson photographié en 2011 © BALTEL/SIPA

Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

A lire aussi: Causeur: Tous retraités! Le dernier rêve français

Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

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Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.