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Profession: chroniqueur d’opinion

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Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

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Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

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Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.

Le lent réveil de la France profonde et silencieuse

Ce n’est pas la réforme des retraites qui fédérera durablement la colère française. Ivan Rioufol pense qu’il faudrait lancer un mouvement « SOS France ! » Il est urgent de défendre les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée.


Les Français, priés de dégager, sauront-ils se défendre ? Des élites déracinées leur reprochent d’encombrer l’air du temps avec leurs gros sabots. L’autre jour, c’est Daniel Cohn-Bendit qui a lâché sur France 5, avec l’approbation souriante de la tablée : « Entre nous, si l’identité française n’était que le peuple du Rassemblement national ou de Zemmour, il faudrait fuir le pays. Ne restez plus là, c’est horrible ! » La charge raciste du rentier de Mai 68 contre le « petit Blanc » est passée inaperçue. Mais pourquoi les Français ordinaires devraient-ils accepter cette haine banalisée ? Elle est portée communément par les faux gentils qui en appellent au respect de l’Autre et à la non-discrimination quand il s’agit des seuls étrangers. Ces parvenus du progressisme crachent sur les « ploucs » et les « beaufs », suspects d’être attachés à leur mémoire collective. Ils ne comprennent pas, ces calomniateurs, que ces « Gaulois » de cœur, y compris Zemmour le juif berbère, puissent être le sel d’une civilisation à protéger des saccageurs.

Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient

Dans le prophétique Camp des saints (1973), Jean Raspail met en scène un Noir de Pondichéry qui vient en renfort des résistants à l’invasion débarquée des centaines de rafiots échoués sur la Côte d’Azur : « À mon sens, dit-il, être blanc ce n’est pas une couleur de peau mais un état d’esprit. » C’est l’esprit français, mélange d’impertinence, de courage et de liberté joyeuse, qui doit sortir de sa torpeur. Il y a urgence.

La Flotte-en-Ré Photo: D.R.

Face à la nation insultée, je ne propose qu’un mot d’ordre : « Touche pas à ma France ! » Les malfaisants qui s’acharnent sur elle sont l’aiguillon de la colère espérée. En septembre 2003, lors d’un sommet à Berlin, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Il faut surtout se préoccuper du sort des Pygmées, qui sont l’un des peuples les plus menacés de disparaître. » Mais quelques mois plus tôt, citant Léopold Sédar Senghor lors d’un passage en Nouvelle-Calédonie, ce Français de souche attaché à la Corrèze avait lancé : « Nous sommes tous des métis ! » Ce jour-là, Chirac s’était fait pardonner sa sortie de 1991 sur « le bruit et l’odeur », ces désagréments accompagnant le voisinage notamment culinaire de certains immigrés. Depuis lors, l’impératif du mélangisme ne cesse d’être sermonné par les prétentieux convertis au mondialisme. Or, le métissage, quand il s’agit des cultures, amène au détissage. À terme, la dilution du Français trop français est à redouter. Se profile déjà un étrange « Francien », pâte humaine indifférenciée dressée à devenir « citoyen du monde ». Cependant, les indigènes ne semblent plus disposés à se laisser bousculer au nom d’un antiracisme qui les somme de disparaître. Ce qui se passe est le lent réveil de la France profonde et silencieuse. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard !

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Les Français, je le crois, ne veulent pas jouer aux Indiens : ils ne s’imaginent pas en survivants d’un génocide culturel abouti, parqués à leur tour dans des réserves visitées par des touristes chinois ou saoudiens en mal d’authenticité. Les franchouillards prétendent, au nom de la diversité des civilisations et des cultures, aux mêmes égards que ceux réservés aux « peuples premiers ». C’est à Callac, petit village breton des Côtes-d’Armor (2 200 habitants), que la première révolte, interdite par la morale diversitaire, a été lancée. La population, mobilisée contre un projet de « village pionnier » destiné à s’ouvrir à « l’inclusion durable de personnes réfugiées », a réussi le 11 janvier à repousser l’opération de repeuplement acceptée par le maire sans consultation des gens. Les promoteurs du projet, une fondation familiale sans attache territoriale (le fonds Merci), entendaient y installer une « Arche de Noé des temps modernes », vitrine d’un multiculturalisme forcément riche de l’apport de la civilisation islamique en Cornouaille. Les défaits ont hurlé au « racisme ». Ils ont dénoncé « l’extrême droite », le parti Reconquête ayant participé à la mobilisation. Reste que cette victoire populaire a eu raison du politiquement correct. Les promoteurs du « diversitisme » ont promis d’autres incursions. Nous verrons. En attendant, les prêcheurs découvrent que leurs lubies ne s’imposeront plus à coups de triques culpabilisantes.

Callac n’est pas le seul exemple du réveil des Français, maltraités par les belles âmes sans affect. Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient. Elle se consolide à rebours d’un progressisme qui n’émet plus que des nuisances et d’un mondialisme contesté par le renouveau des nations et des protectionnismes. Les assauts de la Libre Pensée contre la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables-d’Olonne ou contre celle de la Vierge Marie à l’île de Ré ont révulsé au-delà des catholiques et des habitants des lieux. Le démontage de ces deux symboles, obtenu en justice au nom du respect littéral de la loi de 1905, risque de mobiliser une population décidée à faire respecter sa culture fondatrice. La Libre Pensée se garde bien de contester la construction de la Grande Mosquée de Paris, pourtant édifiée après la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Quant à la suggestion de Roselyne Bachelot de faire abattre des églises sans apport architectural, elle a été reçue par beaucoup comme une confirmation de l’incapacité des responsables politiques à comprendre l’âme humaine.

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Voici venu « le retour en force d’une culture fondatrice », que Michel Maffesoli explique en réaction au déclin d’une « civilisation languissante [1] ». Ce n’est pas la réforme des retraites, contestée par des syndicats coupés du monde réel, qui fédérera durablement la colère française. Il est urgent de défendre aussi les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée. Lançons le mouvement « SOS France ! »


[1] Logique de l’assentiment, Le Cerf, 2023.

Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

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Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative. Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour «d’un modèle politique équilibré». Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.


Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein des mouvements de l’Action Française et de la Nouvelle Action royaliste), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle ; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (Marianne, Le Figaro...), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, du patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.


L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce descendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’Etat. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Elysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. « Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures » écrit le prétendant au trône. Appelant à « forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire », le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  « (…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant » plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

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Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. « Gouverner, c’est prévoir » rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. Si on retrouve l’ensemble des royautés dans les 40 premières places du palmarès, la France (à titre de comparaison) n’est que 64e de ce classement. De quoi faire réfléchir tout un chacun à l’heure où les Français sont appelés à se mobiliser massivement contre la réforme des retraites.

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Le panache

Je n’oublierai pas le regard bleu vif, ironique ou songeur, du journaliste Philippe Tesson.


Je ne l’ai jamais rencontré. J’arrivais après la bataille, après le légendaire Combat. Je lui transmettais des textes au Quotidien de Paris. Sans doute les lisait-il puisqu’il les publiait. L’imprimé est un miroir où l’on reconnaît sa figure.

Au tournant des années 80, je découvris une autre générosité chez le bretteur, peu tendre avec la mièvrerie des temps. J’appartenais à la bande de galopins qui exercèrent leurs griffes aux pages d’un mémorable petit journal littéraire. Les lecteurs de Matulu ne couraient pas les rues. Tesson imprima la gazette à ses frais. Coup de pouce à la jeunesse.

Nous ferraillâmes contre l’ignoble Globe de Benamou, Dray, Désir et autres «potes» intouchables… Il était odieux, intolérable pour nous que Bernanos et de Gaulle y fussent qualifiés de « fascistes ». Tesson finança les exemplaires d’Anti-Globe, la véhémente contre-attaque de Matulu. Nous ripostâmes sur-le-champ à l’escarmouche de Bergé, le mécène mitterrandien, et à ses misérables falsificateurs de mémoire.

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Tesson était animé d’une vertu d’un autre âge : le panache. Aucune tiédeur n’altérait une plume aussi tueuse qu’affectueuse. La philippique était une marque de fabrique.

Le vieux chroniqueur téméraire se plaisait au rituel des joutes télévisuelles. J’aimais l’œil bleu lunaire, vif, ironique et songeur. J’aimais ses colères de délicieux scrogneugneu.

Tesson adorait les planches. Il rêvait à une vie d’histrion. Comme Flaubert, il cherchait des gueuloirs sur la terre. Comme le grand Gustave, il savait que l’auteur n’était qu’un acteur raté, un grimacier empêché, un baladin dissuadé.

Tesson s’épargna le pensum des bouquins d’éditorialistes. Il n’encombrera ni les hospices, ni les bibliothèques. Tesson eut simplement le chic de ne pas écrire. Sauf à la sauvette, à chaud, à la une des gazettes.

L’écriture, brève, éphémère – comme une représentation de Molière – était un lot de consolation, une passion secondaire au regard du sublime jeu d’acteur.

La mort de Philippe Tesson nous laisse inconsolés parce que l’élégance d’un homme, sa verve, son brio demeurent aujourd’hui sans écho.

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Le dernier film de James Cameron accusé de « blue face »

Savez-vous que les acteurs qui incarnent le peuple des Na’vis dans Avatar 2 sont en majorité des blancs? Une scandaleuse appropriation culturelle et raciste, pour certains militants, car James Cameron s’est inspiré de nombreuses cultures indigènes pour inventer ce peuple à la peau bleue…


Avatar 2 : la voie de l’eau, suite du premier volet, est le septième plus gros succès au box-office de ce nouveau millénaire. Une saga éco-futuriste imaginée par James Cameron qui ne s’attendait pas à ce que ses héros, les Na’vis, peuple à la peau bleue de la planète Pandora, soient au centre d’une polémique. Diverses communautés amérindiennes ont accusé le réalisateur d’appropriation culturelle et de racisme. L’activiste transgenre Yuè Begay, d’origine Navajo, a protesté contre la sortie du blockbuster, pointant du doigt les relents patriarcaux et coloniaux supposés de James Cameron. « Nos cultures sont appropriées de manière néfaste afin de nourrir le mythe du sauveur blanc », a déclaré celle qui est aussi la co-présidente de l’association Indigenous Pride. Elle a été rejointe dans ses protestations par Frank Waln, rappeur sioux lakota, et Cheney Poole, activiste maorie.

Dénonçant un « blue face offensant », ils ont critiqué le choix des acteurs, majoritairement blancs. « C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de “blue face”, un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », a expliqué Yuè Begay sur les réseaux sociaux. « James Cameron favorise les non-indigènes pour jouer les Na’vis, une race alien basée sur de nombreuses cultures indigènes dont il s’est inspiré », s’agace-t-elle. Interrogé par des journalistes, James Cameron a mis genou à terre : « Les personnes qui ont été victimes dans l’Histoire ont toujours raison. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue de quelqu’un qui peut jouir du privilège blanc, de leur dire qu’ils ont tort. »

Ce mea culpa est loin d’apaiser Yuè Begay qui continue d’appeler au boycott du film.

Une guerre pleine d’arêtes

Il s’avère qu’en russe le nom d’un poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Ce qui suffit aux « mèmeurs » russes à enflammer la toile.


En Russie, il est interdit de critiquer l’« opération spéciale » contre l’Ukraine, illégal de « discréditer » l’armée russe et rien que prononcer le mot « guerre » peut être considéré comme de la diffusion de fausses informations. Or, au cours des derniers mois de 2022, des mèmes (ces images ou gifs légendés repris d’innombrables fois sur internet) représentant un poisson ont proliféré sur les réseaux sociaux russes, y compris sur la plateforme liée à l’État, VKontakte.

A lire aussi: Guerre russo-ukrainienne: le char seul ne gagne pas la guerre

Plus précisément, il s’agit d’une variété de gardon qu’on trouve dans la Volga et la mer Caspienne, et qui est mangée sans sauce sur du papier journal, arrosée avec de la bière. Il s’avère qu’en russe le nom de ce poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Le 24 septembre, une habitante de la ville sibérienne de Tioumen, Alisa Klimentova, a écrit sur le mur d’une place publique : « Non à la v***la ». Arrêtée et présentée à un magistrat, elle a expliqué qu’elle protestait contre cette espèce de poisson qu’elle déteste. Le juge, nommé Romanov, a accepté sa défense et ordonné qu’elle soit libérée et que sa boîte de bâtons de craie lui soit restituée. La conséquence a été l’explosion de mèmes ichtyens. L’humoriste russe, Semyon Slepakov, résidant en Israël, a écrit une chanson dans laquelle il exploite le gardon comme métaphore filée pour critiquer la guerre et l’autoritarisme poutinien. Postée sur YouTube, le 14 octobre, elle a été vue 2,6 millions de fois. Des images se sont propagées montrant le poisson barré d’un trait rouge.

De fausses couvertures de livre et affiches de film se sont multipliées représentant « Vobla et Paix » de Tolstoï, « La Vobla des mondes » de Wells ou « La Vobla des étoiles » de Lucas. Malheureusement, le dossier de la femme a été rouvert et, en décembre, elle a écopé d’une amende de 30 000 roubles (400 euros). Depuis l’époque soviétique, les Russes sont les maîtres de ce genre de satire indirecte. Face à la propagande officielle, ils savent nager à contre-courant [1].


[1] Sources : russianpodcast.eu, reason.com, globalvoices.org, meduza.io, ground.news.

Haine des élites et misérabilisme: deux plaies malheureusement bien françaises…

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Salauds d’riches!


Quand le président François Hollande avait invoqué, pour son quinquennat, l’exigence de normalité, il avait été mal compris mais pourtant ce propos aurait mérité mieux que toute la dérision qui l’a accompagné. Certes, il ne s’agissait pas pour lui de suggérer l’obligation d’un juste-milieu entre haine des élites et misérabilisme, quoique son assertion aurait pu être déclinée de mille manières entre familiarité et arrogance, mollesse et autoritarisme, rareté et profusion… Ce qui se déroule depuis plusieurs semaines dans le pays comme dans la vie parlementaire montre à quel point une double tendance, présente dans notre esprit national bien avant le macronisme, n’a cessé de se développer, au point de constituer un véritable poison pour le débat démocratique.

Non merci, patron

La haine des élites a pris des proportions phénoménales, suscitée par une multitude de causes : envie et jalousie sociales, détestation des possédants, méconnaissance des processus économiques et politiques, refus d’assigner la moindre compétence et légitimité aux privilégiés du pouvoir et de l’argent, opprobre mécanique projeté sur des institutions comme par exemple l’ancienne ENA, ce qui permet à certains médiocres de se croire supérieurs à ceux qu’ils dénoncent, délits de « sale gueule » pour tel ou tel milliardaire (Bernard Arnault d’abord, infiniment visible par sa réussite et ses actions) qui a beau faire et démontrer, chiffres, publicité et argumentation à l’appui, ce que son groupe a accompli pour la France et dans le monde, rien jamais ne convaincra…

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Faut-il considérer qu’une partie de notre nation est irrésistiblement portée à pourfendre tout ce qui dépasse parce qu’ainsi serait violé le principe sacro-saint d’égalité, offrant le double avantage de stériliser la liberté et ses heureuses imprévisibilités et d’imposer le moins pour tous pour ne pas gratifier seulement quelques-uns du plus ?

Piques virtuelles

J’avoue que moi-même, j’ai frôlé cette aberration, voire que j’y suis tombé quelquefois. J’espère ne pas faire preuve de mauvaise foi quand je m’excuse au motif que la supériorité, le pouvoir et les privilèges, dans quelque secteur que ce soit, ne m’apparaissent répréhensibles que s’ils sont de mon point de vue, illégitimes. Quand l’incompétence est au rendez-vous. L’intolérable est de n’avoir jamais eu rien à prouver…

La haine des élites, sentiment extrême, vindicatif, fureur révolutionnaire portant virtuellement les piques au bout de ses vitupérations, serait déjà une totale anomalie dans un monde se croyant civilisé, s’affichant capable d’exprimer le fond de ses oppositions avec une forme acceptable, mais elle devient totalement incongrue et franchement ridicule en certaines circonstances quand elle éprouve le besoin de s’allier avec un misérabilisme qui atteint une démesure sans égale.

Quand j’entends la députée LFI Rachel Keke, en commission des Affaires sociales, lire un texte dont la seule argumentation consiste à reprocher à ses collègues députés d’autres groupes leur « mépris » parce qu’ils ne sauraient pas ce qu’est et fait une femme de ménage et ce que représente la tâche de s’occuper de 40 lits, c’est pathétique et, on n’ose pas l’affirmer, ridicule. Cette accusation d’une part n’a aucun sens et d’autre part l’Assemblée nationale est ainsi réduite à la confrontation d’expériences professionnelles antérieures dont de mon point de vue aucune ne vaut plus que l’autre.

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Évidemment, avec l’habituelle et inévitable démagogie du cœur et du misérabilisme (la modestie d’existence d’avant doit être forcément sanctifiée), aucun député n’a osé répliquer qu’elle était ignorante de la même manière des métiers de ses collègues…

Je suis d’autant plus à l’aise pour formuler cette critique que j’avais dans un premier temps pensé que l’arrivée de cette députée atypique ferait du bien au monde parlementaire en l’ouvrant à des quotidiennetés avec lesquelles il n’était pas familier. Encore aurait-il fallu, pour que j’aie raison, que la députée Keke sorte de son champ étroit… Non seulement ce n’est pas le cas, mais de cette pauvreté, elle fait une argumentation.

On a le devoir de ne pas confondre l’évidente dignité de principe de chaque être humain avec le nivellement forcé d’une approche paresseusement humaniste. Le misérabilisme fait du bien à ceux qui le savourent ; il ne garantit rien de plus, mais à rebours, que la haine des élites.

L’emprise contre-attaque

L’éditorial de février d’Elisabeth Lévy


C’est une société rongée par un « mal millénaire », tissé de « discriminations, violences et injustices ». Un pays où à en croire Le Monde, le vécu des femmes est terrible – en la matière, tous les amalgames sont permis et toutes les femmes enrôlées dans ce concours du malheur. Vous l’avez compris, ce pays patriarcal (en plus d’être colonial, raciste et nucléaire), ce n’est pas l’Iran ni l’Afghanistan, mais la France. Ce constat désolant émane du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui a publié fin janvier son dixième rapport sur l’état du sexisme en France. Dès les premières lignes, ce merveilleux bidule que nous devons à François Hollande annonce la couleur : « Le sexisme ne recule pas. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent. » Métro-boulot-dodo-bistrot : l’existence des femmes est une litanie d’avanies. Le sexisme est partout, en particulier dans la tête de tous les hommes – dans la tête, façon de parler. Sur France Inter, Léa Salamé n’en revenait pas : « Cinq ans après Metoo, c’est hallucinant, hallucinant », répétait-elle, la voix pleine de trémolos. Cinq ans de propagande frénétique, d’accusations sans preuve, de condamnations sans jugement, de parole libérée à défaut d’être toujours vraie, et le calvaire continue. À quoi ça sert que Salamé se décarcasse ?

Le baromètre Viavoice réalisé pour l’occasion regorge de données accablantes. Ainsi, 80 % des femmes interrogées estiment (c’est moi qui souligne) avoir déjà été traitées moins bien que les hommes en raison de leur sexe. Alors que le statut victimaire équivaut à la Légion d’honneur, n’importe quel membre de n’importe quel groupe vous dira qu’il est maltraité à cause de son appartenance. Mais ne chipotons pas, si elles le disent, c’est que c’est vrai.

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Parmi les situations sexistes proposées à l’appréciation des personnes interrogées, on trouve par exemple « Un homme commentant la tenue vestimentaire d’une femme » : croyez-le ou pas, 57 % des hommes et 77 % des femmes trouvent cela problématique. Hou ! les vilaines menteuses, elles n’aiment pas les compliments ? Enfin, si on dépense des sommes déraisonnables en fanfreluches et colifichets, ce n’est pas du tout pour attirer regards et louanges, la seule chose qui importe, c’est la beauté intérieure. On apprend aussi que 57 % des femmes ont déjà entendu une blague sur les blondes ou les femmes qui ne savent pas conduire. Une cellule d’aide psychologique s’impose.

Le plus grave, c’est que les hommes refusent de faire repentance, en particulier les plus jeunes, qui n’ont pas eu le temps de se faire convenablement déconstruire : 59 % des 25-34 ans jugent acceptable d’aborder une femme dans la rue pour lui proposer d’aller boire un verre. On commence comme ça et on finit agresseur, comme le suggère le message du HCE, décliné en spot publicitaire : « Le sexisme, on ne sait pas où ça commence, mais on sait comment ça finit. » Draguer, c’est violer. Les femmes sont tellement gourdes qu’elles sont incapables de décliner une invitation.

Je vous vois venir. On ne peut pas rire de tout, il y a des viols et des violences, c’est un sujet sérieux. Assurément. L’ennui c’est qu’il n’est pas traité sérieusement.

Bien entendu, il n’est jamais question des immenses progrès accomplis en quelques années. Pour prendre un seul exemple, seuls 8 % des sondés pensent qu’une femme ne pourrait pas être présidente. On ne va pas gâcher un festival de récriminations avec de bonnes nouvelles.

Sans surprise, le HCE se garde bien d’affiner l’analyse en fonction des spécificités culturelles et religieuses. Qui sont ces 16 % d’hommes qui refusent que leur femme voie d’autres hommes, des Bretons ? Sur quelles lignes de bus faut-il faire attention à sa tenue ? Là-dessus silence radio. On le sait, le mal, c’est le mâle blanc.

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Le plus problématique, c’est sans doute le confusionnisme délibéré créé par le terme « sexisme », improbable fourre-tout qui met sur le même plan la séduction et la violence, la goujaterie et la discrimination, la différence et l’inégalité. Ce grand mélange des genres, qui aboutit à banaliser les vraies violences, permet de justifier l’idée du continuum allant du « sexisme ordinaire » au « féminicide ». Toute expression de la différence des sexes, toute affirmation de virilité (ou de féminité) est sexiste, donc pendable. Que des ados bourrés d’hormones regardent du porno et disent des cochonneries, ce n’est ni nouveau ni grave. Ce qui est fâcheux, c’est qu’ils soient incapables de faire la différence entre les images charriées par leurs écrans et la vraie vie.

S’agissant de sexualité, le même flou conduit à criminaliser des situations banales. C’est ainsi que le HCE récuse toute solution de continuité entre le refus, le « non-consentement » et le consentement clair, ce qui revient à mettre sur le même plan un viol ou une agression sexuelle et une relation consentie sans enthousiasme, « sur l’insistance de son partenaire ». Un homme qui insiste pour faire l’amour est coupable. Mais une femme qui cède à cette insistance (par amour, gentillesse ou parce que l’envie lui est venue) pourra ensuite se raviser et estimer qu’elle était dans une situation de non-consentement. Surtout si le salaud oublie de lui souhaiter son anniversaire. Il me semble pourtant que les femmes sont des adultes comme les autres. Alors quand une femme dit oui, c’est oui.

N.B. Amoureux comme nous de l’engueulade amicale, mon ami et contradicteur de CNews, Olivier Dartigolles, éditorialiste politique proche du PCF, a accepté de tenir dans les colonnes de Causeur une chronique mensuelle, intitulée « Coup de rouge ». Qu’il soit le bienvenu !

Retraites: et si Macron comprenait ce qui se passe?

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Mouvement contre les retraites, le point d’étape du « rouge » de la rédaction de Causeur.


Et maintenant, que vais-je faire ? doit se dire Macron, comme Gilbert Bécaud.

Quand sondage après sondage comme vague après vague, l’opposition à la réforme des retraites est partagée par les trois-quarts des Français et plus de 93% des actifs ; quand la deuxième journée d’action dépasse encore une fois le million de manifestants ; quand après avoir expliqué aux Français qu’ils ne comprenaient pas la philosophie de la réforme, puis que cette réforme était plus juste pour les femmes contre toute évidence au point que le brillant Franck Riester a lâché le morceau par mégarde sur une radio ; quand la manipulation des chiffres du COR a été démentie par le président du COR lui-même devant les députés en commission ; quand en désespoir de cause le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sans doute fâché d’avoir un préfet de police, Laurent Nuñez, qui tient ses hommes et empêche les débordements contrairement à Didier Lallement qui illustrait à merveille ce vieil adage du préfet Grimaud en 68 que le degré de violence dans une manifestation est décidé par l’emploi qu’on fait de la police et non par les manifestants, fussent-ils émeutiers ; quand Darmanin donc, dans une rhétorique aussi droitarde que désespérée assure que tout ça, c’est la faute aux bobos, ce Darmanin si amusant quand il met au premier rang des périls menaçant le pays l’écoterrorisme, et le fait de consommer bio et de voir des films avec Maurice Garrel, bref, quand Macron et son gouvernement se cognent au réel, que leur reste-t-il comme option ?

Vers le raidissement, ou un pourrissement ?

Primo, le raidissement : coup de menton thatchérien, regard fixé sur la ligne bleue du CAC40, ne rien lâcher. Le problème du raidissement, c’est qu’il est compliqué d’être raide tout seul, si je puis me permettre. Ça branle déjà du manche dans la majorité. On se fait battre à une partielle par un candidat Nupes qui a eu comme principal argumentaire son opposition à la retraite à 64 ans. C’est qu’aujourd’hui, ça manifeste même dans les chefs-lieux de canton. Ca irrigue tout le pays, à part trois avenues de l’Ouest parisien… Et encore, pas à l’étage des chambres de bonnes !

A ne pas manquer, notre nouveau numéro: Causeur: Tous retraités! Le dernier rêve français

Le député lambda, même « Renaissance », revient chaque week-end dans sa circo et il se fait engueuler par tout le monde, contrairement à Emmanuel Macron qui n’a jamais été élu local. Les vieux, les jeunes, les hommes, les femmes, le boulanger, le médecin (s’il y en a encore un), les profs, les ouvriers de la dernière PME du coin… Il comprend qu’il ne se fera pas réélire, ce qui par ailleurs, écarte toute possibilité de dissolution, agitée parfois dans les médias. Macron est un solipsiste enfermé dans son bunker, mais il n’est pas suicidaire ! Une dissolution, dans le meilleur des cas, ce serait pour lui une majorité tellement relative qu’on appelle ça une minorité.

Jadis, on ne voulait pas mourir pour Dantzig, aujourd’hui on ne veut pas mourir pour le FMI

Autre solution : le pourrissement. Attendre les actions « sauvages », façons contrôleurs au moment de Noël, pour que le mouvement devienne impopulaire. Espérer que les syndicalistes ne puissent plus empêcher des bases radicalisées de gâcher les vacances de février. C’est bien une idée de journaliste, ça, « gâcher les vacances de février ». Parce qu’il n’y a personne qui prend des vacances en février, ou si peu de monde. Surtout avec l’inflation. On pourra faire pleurer un journaliste au pied des remontées mécaniques à l’arrêt, ça ne va pas mobiliser les foules. 

Et demain, le RN ?

Et puis l’inconvénient du pourrissement, c’est que c’est vous qui pouvez pourrir. Vous aurez passé à l’arrache votre projet de loi en cinquante jours, et, en admettant qu’il ne soit pas déclaré inconstitutionnel (possibilité de plus en plus vraisemblable si le fameux 47-1 est appliqué), ensuite, vous ne pourrez plus rien faire d’autre. Vous perdrez violemment toutes les élections intermédiaires, votre majorité composite se fera la malle (« Horizons » a déjà prévu de présenter tout seul ses candidats au Sénat), et la trace que vous laisserez dans l’histoire sera le macronisme comme ultime avatar du capitalisme libéral avant l’arrivée du RN au pouvoir. Parce que c’est bien ce qui va vous tomber dessus, si vous ne retirez pas ce projet de réforme. La vengeance est un plat qui se mangera froid en 2027. Entre la gauche en pleine scissiparité et votre majorité en lambeaux qui entrainera les supplétifs de LR dans sa chute, vous rangerez la France aux côtés de la Hongrie ou de la Pologne. Ça va me faire tout drôle, Marine Le Pen présidente.

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Il y aurait bien une dernière solution : retirer le projet. Faire un discours sincère, pour une fois, sur ce que cette mobilisation sans précédent révèle de fatigues et de fractures dans un pays qui a besoin d’apaisement, de perspectives. Prendre acte que le rapport au travail a changé, qu’il n’est plus une fin en soi mais un moyen d’accéder au bonheur. Même si ça ne vous plait pas, c’est comme ça. Jadis, on ne voulait pas mourir pour Dantzig, aujourd’hui on ne veut pas mourir pour le FMI.

Tenez, parlez du bonheur, par exemple, Monsieur le président. Dites que la fin de toute politique, c’est le bonheur et que si ce n’est pas l’Etat qui peut rendre les gens heureux, il peut au moins y aider. En ne les faisant pas mourir à la tâche, en cessant d’invoquer une logique comptable douteuse quand on vous parle de temps libéré. J’ai la faiblesse de croire en la rédemption ou l’infusion de la Grâce, façon Claudel derrière un pilier de Notre-Dame ou Paul sur le chemin de Damas.

Rassurez-vous, on ne vous demande pourtant pas de devenir un saint, juste de retrouver un peu d’humanité. Ce n’est pas si difficile, vous verrez.

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Potion triste

Et vous, vendredi soir, vous allez voir « Astérix » ou « Vaincre ou mourir », au cinéma?


Dans notre France désabusée et déclinante, même Astérix et Obélix en viennent à manquer d’allant. Ils ont le souffle court et le cœur n’y est plus. On sent le désenchantement. Obélix ne distribue plus ses baffes avec la même alacrité ni ne dévore le sanglier avec la même insatiable et joviale gourmandise. Astérix et lui s’éprennent de la belle captive au point qu’on se demande si la potion magique n’a pas viré philtre d’amour pour ados attardés. En fait, tout cela manque de Romains. Le tonique argument de la résistance villageoise contre la marée invasive fait cruellement défaut. C’est pourtant là qu’il faut chercher l’ADN de l’œuvre géniale de Goscinny et d’Uderzo. En 1959, lorsqu’ils donnent vie à leurs héros de la castagne, dont le seul credo est de bouter les légions romaines hors de leur chez-soi, la Résistance contre ce qui envahit et occupe est encore une notion positive, noble et enthousiasmante dans les esprits et les cœurs. Aujourd’hui, là où on pense comme il faut et où l’on sait ce qu’il convient ou non de montrer aux braves gens, on préfère sans doute éviter de se référer à ce qui – allez savoir ?- risquerait de donner des idées à ce même bon peuple, d’entretenir chez lui une once d’esprit de clocher mâtiné de velléités de révolte. On s’en gardera donc bien. Coïncidence, l’esprit de résistance se trouve incarné à l’écran ces temps-ci par un autre héros, M. de Charette, le Vendéen magnifique. On se prend à regretter que celui-ci n’ait pas eu à disposition quelques tonnelets de potion magique, qu’il n’ait pas eu pour copains de combat nos deux Gaulois immortels. Mais voilà, M. de Charrette, son glorieux sacrifice, sa résistance d’âme, de cœur et d’esprit sont boutés, eux, hors des salles du cinématographiquement correct. On comprend mieux dès lors pourquoi cet ersatz d’Astérix – de bien fade potion – produit à très grands frais, tourne le dos à l´ADN évoqué plus haut et se délocalise en Chine, loin, bien loin de nous. Mais puisque Chine il y a, on se prend à regretter aussi que M. de Charette n’ait pas été chef de guerre Ouïghour. Libé, Télérama et consorts en auraient fait des tonnes. Triomphe  intello-bobo garanti ! Peut-être, mais – par Toutatis ! – on préférera de beaucoup le plaisir canaille de fronder les beaux esprits en allant voir le film, « Vaincre…ou mourir ».

Dernière parution : Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien, coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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Profession: chroniqueur d’opinion

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Le journaliste français Philippe Tesson photographié en 2011 © BALTEL/SIPA

Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

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Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

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Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.

Le lent réveil de la France profonde et silencieuse

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Le journaliste Ivan Rioufol est à retrouver chaque mois dans le magazine "Causeur". Photo : Hannah Assouline.

Ce n’est pas la réforme des retraites qui fédérera durablement la colère française. Ivan Rioufol pense qu’il faudrait lancer un mouvement « SOS France ! » Il est urgent de défendre les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée.


Les Français, priés de dégager, sauront-ils se défendre ? Des élites déracinées leur reprochent d’encombrer l’air du temps avec leurs gros sabots. L’autre jour, c’est Daniel Cohn-Bendit qui a lâché sur France 5, avec l’approbation souriante de la tablée : « Entre nous, si l’identité française n’était que le peuple du Rassemblement national ou de Zemmour, il faudrait fuir le pays. Ne restez plus là, c’est horrible ! » La charge raciste du rentier de Mai 68 contre le « petit Blanc » est passée inaperçue. Mais pourquoi les Français ordinaires devraient-ils accepter cette haine banalisée ? Elle est portée communément par les faux gentils qui en appellent au respect de l’Autre et à la non-discrimination quand il s’agit des seuls étrangers. Ces parvenus du progressisme crachent sur les « ploucs » et les « beaufs », suspects d’être attachés à leur mémoire collective. Ils ne comprennent pas, ces calomniateurs, que ces « Gaulois » de cœur, y compris Zemmour le juif berbère, puissent être le sel d’une civilisation à protéger des saccageurs.

Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient

Dans le prophétique Camp des saints (1973), Jean Raspail met en scène un Noir de Pondichéry qui vient en renfort des résistants à l’invasion débarquée des centaines de rafiots échoués sur la Côte d’Azur : « À mon sens, dit-il, être blanc ce n’est pas une couleur de peau mais un état d’esprit. » C’est l’esprit français, mélange d’impertinence, de courage et de liberté joyeuse, qui doit sortir de sa torpeur. Il y a urgence.

La Flotte-en-Ré Photo: D.R.

Face à la nation insultée, je ne propose qu’un mot d’ordre : « Touche pas à ma France ! » Les malfaisants qui s’acharnent sur elle sont l’aiguillon de la colère espérée. En septembre 2003, lors d’un sommet à Berlin, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Il faut surtout se préoccuper du sort des Pygmées, qui sont l’un des peuples les plus menacés de disparaître. » Mais quelques mois plus tôt, citant Léopold Sédar Senghor lors d’un passage en Nouvelle-Calédonie, ce Français de souche attaché à la Corrèze avait lancé : « Nous sommes tous des métis ! » Ce jour-là, Chirac s’était fait pardonner sa sortie de 1991 sur « le bruit et l’odeur », ces désagréments accompagnant le voisinage notamment culinaire de certains immigrés. Depuis lors, l’impératif du mélangisme ne cesse d’être sermonné par les prétentieux convertis au mondialisme. Or, le métissage, quand il s’agit des cultures, amène au détissage. À terme, la dilution du Français trop français est à redouter. Se profile déjà un étrange « Francien », pâte humaine indifférenciée dressée à devenir « citoyen du monde ». Cependant, les indigènes ne semblent plus disposés à se laisser bousculer au nom d’un antiracisme qui les somme de disparaître. Ce qui se passe est le lent réveil de la France profonde et silencieuse. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard !

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Les Français, je le crois, ne veulent pas jouer aux Indiens : ils ne s’imaginent pas en survivants d’un génocide culturel abouti, parqués à leur tour dans des réserves visitées par des touristes chinois ou saoudiens en mal d’authenticité. Les franchouillards prétendent, au nom de la diversité des civilisations et des cultures, aux mêmes égards que ceux réservés aux « peuples premiers ». C’est à Callac, petit village breton des Côtes-d’Armor (2 200 habitants), que la première révolte, interdite par la morale diversitaire, a été lancée. La population, mobilisée contre un projet de « village pionnier » destiné à s’ouvrir à « l’inclusion durable de personnes réfugiées », a réussi le 11 janvier à repousser l’opération de repeuplement acceptée par le maire sans consultation des gens. Les promoteurs du projet, une fondation familiale sans attache territoriale (le fonds Merci), entendaient y installer une « Arche de Noé des temps modernes », vitrine d’un multiculturalisme forcément riche de l’apport de la civilisation islamique en Cornouaille. Les défaits ont hurlé au « racisme ». Ils ont dénoncé « l’extrême droite », le parti Reconquête ayant participé à la mobilisation. Reste que cette victoire populaire a eu raison du politiquement correct. Les promoteurs du « diversitisme » ont promis d’autres incursions. Nous verrons. En attendant, les prêcheurs découvrent que leurs lubies ne s’imposeront plus à coups de triques culpabilisantes.

Callac n’est pas le seul exemple du réveil des Français, maltraités par les belles âmes sans affect. Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient. Elle se consolide à rebours d’un progressisme qui n’émet plus que des nuisances et d’un mondialisme contesté par le renouveau des nations et des protectionnismes. Les assauts de la Libre Pensée contre la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables-d’Olonne ou contre celle de la Vierge Marie à l’île de Ré ont révulsé au-delà des catholiques et des habitants des lieux. Le démontage de ces deux symboles, obtenu en justice au nom du respect littéral de la loi de 1905, risque de mobiliser une population décidée à faire respecter sa culture fondatrice. La Libre Pensée se garde bien de contester la construction de la Grande Mosquée de Paris, pourtant édifiée après la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Quant à la suggestion de Roselyne Bachelot de faire abattre des églises sans apport architectural, elle a été reçue par beaucoup comme une confirmation de l’incapacité des responsables politiques à comprendre l’âme humaine.

A lire aussi, Philippe Bilger: Comme Fabrice Luchini, aimerions-nous être de gauche?

Voici venu « le retour en force d’une culture fondatrice », que Michel Maffesoli explique en réaction au déclin d’une « civilisation languissante [1] ». Ce n’est pas la réforme des retraites, contestée par des syndicats coupés du monde réel, qui fédérera durablement la colère française. Il est urgent de défendre aussi les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée. Lançons le mouvement « SOS France ! »

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[1] Logique de l’assentiment, Le Cerf, 2023.

Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

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Jean d'Orléans © Kévin Guillot

Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative. Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour «d’un modèle politique équilibré». Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.


Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein des mouvements de l’Action Française et de la Nouvelle Action royaliste), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle ; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (Marianne, Le Figaro...), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, du patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.


L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce descendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’Etat. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Elysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. « Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures » écrit le prétendant au trône. Appelant à « forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire », le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  « (…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant » plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

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Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. « Gouverner, c’est prévoir » rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. Si on retrouve l’ensemble des royautés dans les 40 premières places du palmarès, la France (à titre de comparaison) n’est que 64e de ce classement. De quoi faire réfléchir tout un chacun à l’heure où les Français sont appelés à se mobiliser massivement contre la réforme des retraites.

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Le panache

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Le journaliste Philippe Tesson dans l'émission "De bonne source" de TF1, en 1985. ©JAMES/TF1/SIPA

Je n’oublierai pas le regard bleu vif, ironique ou songeur, du journaliste Philippe Tesson.


Je ne l’ai jamais rencontré. J’arrivais après la bataille, après le légendaire Combat. Je lui transmettais des textes au Quotidien de Paris. Sans doute les lisait-il puisqu’il les publiait. L’imprimé est un miroir où l’on reconnaît sa figure.

Au tournant des années 80, je découvris une autre générosité chez le bretteur, peu tendre avec la mièvrerie des temps. J’appartenais à la bande de galopins qui exercèrent leurs griffes aux pages d’un mémorable petit journal littéraire. Les lecteurs de Matulu ne couraient pas les rues. Tesson imprima la gazette à ses frais. Coup de pouce à la jeunesse.

Nous ferraillâmes contre l’ignoble Globe de Benamou, Dray, Désir et autres «potes» intouchables… Il était odieux, intolérable pour nous que Bernanos et de Gaulle y fussent qualifiés de « fascistes ». Tesson finança les exemplaires d’Anti-Globe, la véhémente contre-attaque de Matulu. Nous ripostâmes sur-le-champ à l’escarmouche de Bergé, le mécène mitterrandien, et à ses misérables falsificateurs de mémoire.

À ne pas manquer, la nécro de Thomas Morales: Profession: chroniqueur d’opinion

Tesson était animé d’une vertu d’un autre âge : le panache. Aucune tiédeur n’altérait une plume aussi tueuse qu’affectueuse. La philippique était une marque de fabrique.

Le vieux chroniqueur téméraire se plaisait au rituel des joutes télévisuelles. J’aimais l’œil bleu lunaire, vif, ironique et songeur. J’aimais ses colères de délicieux scrogneugneu.

Tesson adorait les planches. Il rêvait à une vie d’histrion. Comme Flaubert, il cherchait des gueuloirs sur la terre. Comme le grand Gustave, il savait que l’auteur n’était qu’un acteur raté, un grimacier empêché, un baladin dissuadé.

Tesson s’épargna le pensum des bouquins d’éditorialistes. Il n’encombrera ni les hospices, ni les bibliothèques. Tesson eut simplement le chic de ne pas écrire. Sauf à la sauvette, à chaud, à la une des gazettes.

L’écriture, brève, éphémère – comme une représentation de Molière – était un lot de consolation, une passion secondaire au regard du sublime jeu d’acteur.

La mort de Philippe Tesson nous laisse inconsolés parce que l’élégance d’un homme, sa verve, son brio demeurent aujourd’hui sans écho.

La fin des haricots

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Le dernier film de James Cameron accusé de « blue face »

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D.R.

Savez-vous que les acteurs qui incarnent le peuple des Na’vis dans Avatar 2 sont en majorité des blancs? Une scandaleuse appropriation culturelle et raciste, pour certains militants, car James Cameron s’est inspiré de nombreuses cultures indigènes pour inventer ce peuple à la peau bleue…


Avatar 2 : la voie de l’eau, suite du premier volet, est le septième plus gros succès au box-office de ce nouveau millénaire. Une saga éco-futuriste imaginée par James Cameron qui ne s’attendait pas à ce que ses héros, les Na’vis, peuple à la peau bleue de la planète Pandora, soient au centre d’une polémique. Diverses communautés amérindiennes ont accusé le réalisateur d’appropriation culturelle et de racisme. L’activiste transgenre Yuè Begay, d’origine Navajo, a protesté contre la sortie du blockbuster, pointant du doigt les relents patriarcaux et coloniaux supposés de James Cameron. « Nos cultures sont appropriées de manière néfaste afin de nourrir le mythe du sauveur blanc », a déclaré celle qui est aussi la co-présidente de l’association Indigenous Pride. Elle a été rejointe dans ses protestations par Frank Waln, rappeur sioux lakota, et Cheney Poole, activiste maorie.

Dénonçant un « blue face offensant », ils ont critiqué le choix des acteurs, majoritairement blancs. « C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de “blue face”, un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », a expliqué Yuè Begay sur les réseaux sociaux. « James Cameron favorise les non-indigènes pour jouer les Na’vis, une race alien basée sur de nombreuses cultures indigènes dont il s’est inspiré », s’agace-t-elle. Interrogé par des journalistes, James Cameron a mis genou à terre : « Les personnes qui ont été victimes dans l’Histoire ont toujours raison. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue de quelqu’un qui peut jouir du privilège blanc, de leur dire qu’ils ont tort. »

Ce mea culpa est loin d’apaiser Yuè Begay qui continue d’appeler au boycott du film.

Une guerre pleine d’arêtes

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D.R.

Il s’avère qu’en russe le nom d’un poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Ce qui suffit aux « mèmeurs » russes à enflammer la toile.


En Russie, il est interdit de critiquer l’« opération spéciale » contre l’Ukraine, illégal de « discréditer » l’armée russe et rien que prononcer le mot « guerre » peut être considéré comme de la diffusion de fausses informations. Or, au cours des derniers mois de 2022, des mèmes (ces images ou gifs légendés repris d’innombrables fois sur internet) représentant un poisson ont proliféré sur les réseaux sociaux russes, y compris sur la plateforme liée à l’État, VKontakte.

A lire aussi: Guerre russo-ukrainienne: le char seul ne gagne pas la guerre

Plus précisément, il s’agit d’une variété de gardon qu’on trouve dans la Volga et la mer Caspienne, et qui est mangée sans sauce sur du papier journal, arrosée avec de la bière. Il s’avère qu’en russe le nom de ce poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Le 24 septembre, une habitante de la ville sibérienne de Tioumen, Alisa Klimentova, a écrit sur le mur d’une place publique : « Non à la v***la ». Arrêtée et présentée à un magistrat, elle a expliqué qu’elle protestait contre cette espèce de poisson qu’elle déteste. Le juge, nommé Romanov, a accepté sa défense et ordonné qu’elle soit libérée et que sa boîte de bâtons de craie lui soit restituée. La conséquence a été l’explosion de mèmes ichtyens. L’humoriste russe, Semyon Slepakov, résidant en Israël, a écrit une chanson dans laquelle il exploite le gardon comme métaphore filée pour critiquer la guerre et l’autoritarisme poutinien. Postée sur YouTube, le 14 octobre, elle a été vue 2,6 millions de fois. Des images se sont propagées montrant le poisson barré d’un trait rouge.

De fausses couvertures de livre et affiches de film se sont multipliées représentant « Vobla et Paix » de Tolstoï, « La Vobla des mondes » de Wells ou « La Vobla des étoiles » de Lucas. Malheureusement, le dossier de la femme a été rouvert et, en décembre, elle a écopé d’une amende de 30 000 roubles (400 euros). Depuis l’époque soviétique, les Russes sont les maîtres de ce genre de satire indirecte. Face à la propagande officielle, ils savent nager à contre-courant [1].


[1] Sources : russianpodcast.eu, reason.com, globalvoices.org, meduza.io, ground.news.

Haine des élites et misérabilisme: deux plaies malheureusement bien françaises…

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La députée LFI Rachel Keke estime que certains députés n'ont que du "mépris" vis-à-vis des classes populaires: "Vous n’avez jamais fait le ménage ? Vous avez déjà fait 40 lits ?", a-t-elle par exemple tancé en commission le 31 janvier 2023... © Chang Martin/SIPA

Salauds d’riches!


Quand le président François Hollande avait invoqué, pour son quinquennat, l’exigence de normalité, il avait été mal compris mais pourtant ce propos aurait mérité mieux que toute la dérision qui l’a accompagné. Certes, il ne s’agissait pas pour lui de suggérer l’obligation d’un juste-milieu entre haine des élites et misérabilisme, quoique son assertion aurait pu être déclinée de mille manières entre familiarité et arrogance, mollesse et autoritarisme, rareté et profusion… Ce qui se déroule depuis plusieurs semaines dans le pays comme dans la vie parlementaire montre à quel point une double tendance, présente dans notre esprit national bien avant le macronisme, n’a cessé de se développer, au point de constituer un véritable poison pour le débat démocratique.

Non merci, patron

La haine des élites a pris des proportions phénoménales, suscitée par une multitude de causes : envie et jalousie sociales, détestation des possédants, méconnaissance des processus économiques et politiques, refus d’assigner la moindre compétence et légitimité aux privilégiés du pouvoir et de l’argent, opprobre mécanique projeté sur des institutions comme par exemple l’ancienne ENA, ce qui permet à certains médiocres de se croire supérieurs à ceux qu’ils dénoncent, délits de « sale gueule » pour tel ou tel milliardaire (Bernard Arnault d’abord, infiniment visible par sa réussite et ses actions) qui a beau faire et démontrer, chiffres, publicité et argumentation à l’appui, ce que son groupe a accompli pour la France et dans le monde, rien jamais ne convaincra…

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Faut-il considérer qu’une partie de notre nation est irrésistiblement portée à pourfendre tout ce qui dépasse parce qu’ainsi serait violé le principe sacro-saint d’égalité, offrant le double avantage de stériliser la liberté et ses heureuses imprévisibilités et d’imposer le moins pour tous pour ne pas gratifier seulement quelques-uns du plus ?

Piques virtuelles

J’avoue que moi-même, j’ai frôlé cette aberration, voire que j’y suis tombé quelquefois. J’espère ne pas faire preuve de mauvaise foi quand je m’excuse au motif que la supériorité, le pouvoir et les privilèges, dans quelque secteur que ce soit, ne m’apparaissent répréhensibles que s’ils sont de mon point de vue, illégitimes. Quand l’incompétence est au rendez-vous. L’intolérable est de n’avoir jamais eu rien à prouver…

La haine des élites, sentiment extrême, vindicatif, fureur révolutionnaire portant virtuellement les piques au bout de ses vitupérations, serait déjà une totale anomalie dans un monde se croyant civilisé, s’affichant capable d’exprimer le fond de ses oppositions avec une forme acceptable, mais elle devient totalement incongrue et franchement ridicule en certaines circonstances quand elle éprouve le besoin de s’allier avec un misérabilisme qui atteint une démesure sans égale.

Quand j’entends la députée LFI Rachel Keke, en commission des Affaires sociales, lire un texte dont la seule argumentation consiste à reprocher à ses collègues députés d’autres groupes leur « mépris » parce qu’ils ne sauraient pas ce qu’est et fait une femme de ménage et ce que représente la tâche de s’occuper de 40 lits, c’est pathétique et, on n’ose pas l’affirmer, ridicule. Cette accusation d’une part n’a aucun sens et d’autre part l’Assemblée nationale est ainsi réduite à la confrontation d’expériences professionnelles antérieures dont de mon point de vue aucune ne vaut plus que l’autre.

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Évidemment, avec l’habituelle et inévitable démagogie du cœur et du misérabilisme (la modestie d’existence d’avant doit être forcément sanctifiée), aucun député n’a osé répliquer qu’elle était ignorante de la même manière des métiers de ses collègues…

Je suis d’autant plus à l’aise pour formuler cette critique que j’avais dans un premier temps pensé que l’arrivée de cette députée atypique ferait du bien au monde parlementaire en l’ouvrant à des quotidiennetés avec lesquelles il n’était pas familier. Encore aurait-il fallu, pour que j’aie raison, que la députée Keke sorte de son champ étroit… Non seulement ce n’est pas le cas, mais de cette pauvreté, elle fait une argumentation.

On a le devoir de ne pas confondre l’évidente dignité de principe de chaque être humain avec le nivellement forcé d’une approche paresseusement humaniste. Le misérabilisme fait du bien à ceux qui le savourent ; il ne garantit rien de plus, mais à rebours, que la haine des élites.

L’emprise contre-attaque

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Elisabeth Lévy © Pierre Olivier

L’éditorial de février d’Elisabeth Lévy


C’est une société rongée par un « mal millénaire », tissé de « discriminations, violences et injustices ». Un pays où à en croire Le Monde, le vécu des femmes est terrible – en la matière, tous les amalgames sont permis et toutes les femmes enrôlées dans ce concours du malheur. Vous l’avez compris, ce pays patriarcal (en plus d’être colonial, raciste et nucléaire), ce n’est pas l’Iran ni l’Afghanistan, mais la France. Ce constat désolant émane du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui a publié fin janvier son dixième rapport sur l’état du sexisme en France. Dès les premières lignes, ce merveilleux bidule que nous devons à François Hollande annonce la couleur : « Le sexisme ne recule pas. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent. » Métro-boulot-dodo-bistrot : l’existence des femmes est une litanie d’avanies. Le sexisme est partout, en particulier dans la tête de tous les hommes – dans la tête, façon de parler. Sur France Inter, Léa Salamé n’en revenait pas : « Cinq ans après Metoo, c’est hallucinant, hallucinant », répétait-elle, la voix pleine de trémolos. Cinq ans de propagande frénétique, d’accusations sans preuve, de condamnations sans jugement, de parole libérée à défaut d’être toujours vraie, et le calvaire continue. À quoi ça sert que Salamé se décarcasse ?

Le baromètre Viavoice réalisé pour l’occasion regorge de données accablantes. Ainsi, 80 % des femmes interrogées estiment (c’est moi qui souligne) avoir déjà été traitées moins bien que les hommes en raison de leur sexe. Alors que le statut victimaire équivaut à la Légion d’honneur, n’importe quel membre de n’importe quel groupe vous dira qu’il est maltraité à cause de son appartenance. Mais ne chipotons pas, si elles le disent, c’est que c’est vrai.

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Parmi les situations sexistes proposées à l’appréciation des personnes interrogées, on trouve par exemple « Un homme commentant la tenue vestimentaire d’une femme » : croyez-le ou pas, 57 % des hommes et 77 % des femmes trouvent cela problématique. Hou ! les vilaines menteuses, elles n’aiment pas les compliments ? Enfin, si on dépense des sommes déraisonnables en fanfreluches et colifichets, ce n’est pas du tout pour attirer regards et louanges, la seule chose qui importe, c’est la beauté intérieure. On apprend aussi que 57 % des femmes ont déjà entendu une blague sur les blondes ou les femmes qui ne savent pas conduire. Une cellule d’aide psychologique s’impose.

Le plus grave, c’est que les hommes refusent de faire repentance, en particulier les plus jeunes, qui n’ont pas eu le temps de se faire convenablement déconstruire : 59 % des 25-34 ans jugent acceptable d’aborder une femme dans la rue pour lui proposer d’aller boire un verre. On commence comme ça et on finit agresseur, comme le suggère le message du HCE, décliné en spot publicitaire : « Le sexisme, on ne sait pas où ça commence, mais on sait comment ça finit. » Draguer, c’est violer. Les femmes sont tellement gourdes qu’elles sont incapables de décliner une invitation.

Je vous vois venir. On ne peut pas rire de tout, il y a des viols et des violences, c’est un sujet sérieux. Assurément. L’ennui c’est qu’il n’est pas traité sérieusement.

Bien entendu, il n’est jamais question des immenses progrès accomplis en quelques années. Pour prendre un seul exemple, seuls 8 % des sondés pensent qu’une femme ne pourrait pas être présidente. On ne va pas gâcher un festival de récriminations avec de bonnes nouvelles.

Sans surprise, le HCE se garde bien d’affiner l’analyse en fonction des spécificités culturelles et religieuses. Qui sont ces 16 % d’hommes qui refusent que leur femme voie d’autres hommes, des Bretons ? Sur quelles lignes de bus faut-il faire attention à sa tenue ? Là-dessus silence radio. On le sait, le mal, c’est le mâle blanc.

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Le plus problématique, c’est sans doute le confusionnisme délibéré créé par le terme « sexisme », improbable fourre-tout qui met sur le même plan la séduction et la violence, la goujaterie et la discrimination, la différence et l’inégalité. Ce grand mélange des genres, qui aboutit à banaliser les vraies violences, permet de justifier l’idée du continuum allant du « sexisme ordinaire » au « féminicide ». Toute expression de la différence des sexes, toute affirmation de virilité (ou de féminité) est sexiste, donc pendable. Que des ados bourrés d’hormones regardent du porno et disent des cochonneries, ce n’est ni nouveau ni grave. Ce qui est fâcheux, c’est qu’ils soient incapables de faire la différence entre les images charriées par leurs écrans et la vraie vie.

S’agissant de sexualité, le même flou conduit à criminaliser des situations banales. C’est ainsi que le HCE récuse toute solution de continuité entre le refus, le « non-consentement » et le consentement clair, ce qui revient à mettre sur le même plan un viol ou une agression sexuelle et une relation consentie sans enthousiasme, « sur l’insistance de son partenaire ». Un homme qui insiste pour faire l’amour est coupable. Mais une femme qui cède à cette insistance (par amour, gentillesse ou parce que l’envie lui est venue) pourra ensuite se raviser et estimer qu’elle était dans une situation de non-consentement. Surtout si le salaud oublie de lui souhaiter son anniversaire. Il me semble pourtant que les femmes sont des adultes comme les autres. Alors quand une femme dit oui, c’est oui.

N.B. Amoureux comme nous de l’engueulade amicale, mon ami et contradicteur de CNews, Olivier Dartigolles, éditorialiste politique proche du PCF, a accepté de tenir dans les colonnes de Causeur une chronique mensuelle, intitulée « Coup de rouge ». Qu’il soit le bienvenu !

Retraites: et si Macron comprenait ce qui se passe?

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Où est Jérôme ? Manifestation lilloise contre la réforme des retraites du gouvernement, 31 janvier 2023 © CHINE NOUVELLE/SIPA

Mouvement contre les retraites, le point d’étape du « rouge » de la rédaction de Causeur.


Et maintenant, que vais-je faire ? doit se dire Macron, comme Gilbert Bécaud.

Quand sondage après sondage comme vague après vague, l’opposition à la réforme des retraites est partagée par les trois-quarts des Français et plus de 93% des actifs ; quand la deuxième journée d’action dépasse encore une fois le million de manifestants ; quand après avoir expliqué aux Français qu’ils ne comprenaient pas la philosophie de la réforme, puis que cette réforme était plus juste pour les femmes contre toute évidence au point que le brillant Franck Riester a lâché le morceau par mégarde sur une radio ; quand la manipulation des chiffres du COR a été démentie par le président du COR lui-même devant les députés en commission ; quand en désespoir de cause le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sans doute fâché d’avoir un préfet de police, Laurent Nuñez, qui tient ses hommes et empêche les débordements contrairement à Didier Lallement qui illustrait à merveille ce vieil adage du préfet Grimaud en 68 que le degré de violence dans une manifestation est décidé par l’emploi qu’on fait de la police et non par les manifestants, fussent-ils émeutiers ; quand Darmanin donc, dans une rhétorique aussi droitarde que désespérée assure que tout ça, c’est la faute aux bobos, ce Darmanin si amusant quand il met au premier rang des périls menaçant le pays l’écoterrorisme, et le fait de consommer bio et de voir des films avec Maurice Garrel, bref, quand Macron et son gouvernement se cognent au réel, que leur reste-t-il comme option ?

Vers le raidissement, ou un pourrissement ?

Primo, le raidissement : coup de menton thatchérien, regard fixé sur la ligne bleue du CAC40, ne rien lâcher. Le problème du raidissement, c’est qu’il est compliqué d’être raide tout seul, si je puis me permettre. Ça branle déjà du manche dans la majorité. On se fait battre à une partielle par un candidat Nupes qui a eu comme principal argumentaire son opposition à la retraite à 64 ans. C’est qu’aujourd’hui, ça manifeste même dans les chefs-lieux de canton. Ca irrigue tout le pays, à part trois avenues de l’Ouest parisien… Et encore, pas à l’étage des chambres de bonnes !

A ne pas manquer, notre nouveau numéro: Causeur: Tous retraités! Le dernier rêve français

Le député lambda, même « Renaissance », revient chaque week-end dans sa circo et il se fait engueuler par tout le monde, contrairement à Emmanuel Macron qui n’a jamais été élu local. Les vieux, les jeunes, les hommes, les femmes, le boulanger, le médecin (s’il y en a encore un), les profs, les ouvriers de la dernière PME du coin… Il comprend qu’il ne se fera pas réélire, ce qui par ailleurs, écarte toute possibilité de dissolution, agitée parfois dans les médias. Macron est un solipsiste enfermé dans son bunker, mais il n’est pas suicidaire ! Une dissolution, dans le meilleur des cas, ce serait pour lui une majorité tellement relative qu’on appelle ça une minorité.

Jadis, on ne voulait pas mourir pour Dantzig, aujourd’hui on ne veut pas mourir pour le FMI

Autre solution : le pourrissement. Attendre les actions « sauvages », façons contrôleurs au moment de Noël, pour que le mouvement devienne impopulaire. Espérer que les syndicalistes ne puissent plus empêcher des bases radicalisées de gâcher les vacances de février. C’est bien une idée de journaliste, ça, « gâcher les vacances de février ». Parce qu’il n’y a personne qui prend des vacances en février, ou si peu de monde. Surtout avec l’inflation. On pourra faire pleurer un journaliste au pied des remontées mécaniques à l’arrêt, ça ne va pas mobiliser les foules. 

Et demain, le RN ?

Et puis l’inconvénient du pourrissement, c’est que c’est vous qui pouvez pourrir. Vous aurez passé à l’arrache votre projet de loi en cinquante jours, et, en admettant qu’il ne soit pas déclaré inconstitutionnel (possibilité de plus en plus vraisemblable si le fameux 47-1 est appliqué), ensuite, vous ne pourrez plus rien faire d’autre. Vous perdrez violemment toutes les élections intermédiaires, votre majorité composite se fera la malle (« Horizons » a déjà prévu de présenter tout seul ses candidats au Sénat), et la trace que vous laisserez dans l’histoire sera le macronisme comme ultime avatar du capitalisme libéral avant l’arrivée du RN au pouvoir. Parce que c’est bien ce qui va vous tomber dessus, si vous ne retirez pas ce projet de réforme. La vengeance est un plat qui se mangera froid en 2027. Entre la gauche en pleine scissiparité et votre majorité en lambeaux qui entrainera les supplétifs de LR dans sa chute, vous rangerez la France aux côtés de la Hongrie ou de la Pologne. Ça va me faire tout drôle, Marine Le Pen présidente.

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Il y aurait bien une dernière solution : retirer le projet. Faire un discours sincère, pour une fois, sur ce que cette mobilisation sans précédent révèle de fatigues et de fractures dans un pays qui a besoin d’apaisement, de perspectives. Prendre acte que le rapport au travail a changé, qu’il n’est plus une fin en soi mais un moyen d’accéder au bonheur. Même si ça ne vous plait pas, c’est comme ça. Jadis, on ne voulait pas mourir pour Dantzig, aujourd’hui on ne veut pas mourir pour le FMI.

Tenez, parlez du bonheur, par exemple, Monsieur le président. Dites que la fin de toute politique, c’est le bonheur et que si ce n’est pas l’Etat qui peut rendre les gens heureux, il peut au moins y aider. En ne les faisant pas mourir à la tâche, en cessant d’invoquer une logique comptable douteuse quand on vous parle de temps libéré. J’ai la faiblesse de croire en la rédemption ou l’infusion de la Grâce, façon Claudel derrière un pilier de Notre-Dame ou Paul sur le chemin de Damas.

Rassurez-vous, on ne vous demande pourtant pas de devenir un saint, juste de retrouver un peu d’humanité. Ce n’est pas si difficile, vous verrez.

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Potion triste

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D.R. couverture tronquée du premier Astérix, "Astérix le Gaulois", Uderzo et Goscinny, éd. Albert René.

Et vous, vendredi soir, vous allez voir « Astérix » ou « Vaincre ou mourir », au cinéma?


Dans notre France désabusée et déclinante, même Astérix et Obélix en viennent à manquer d’allant. Ils ont le souffle court et le cœur n’y est plus. On sent le désenchantement. Obélix ne distribue plus ses baffes avec la même alacrité ni ne dévore le sanglier avec la même insatiable et joviale gourmandise. Astérix et lui s’éprennent de la belle captive au point qu’on se demande si la potion magique n’a pas viré philtre d’amour pour ados attardés. En fait, tout cela manque de Romains. Le tonique argument de la résistance villageoise contre la marée invasive fait cruellement défaut. C’est pourtant là qu’il faut chercher l’ADN de l’œuvre géniale de Goscinny et d’Uderzo. En 1959, lorsqu’ils donnent vie à leurs héros de la castagne, dont le seul credo est de bouter les légions romaines hors de leur chez-soi, la Résistance contre ce qui envahit et occupe est encore une notion positive, noble et enthousiasmante dans les esprits et les cœurs. Aujourd’hui, là où on pense comme il faut et où l’on sait ce qu’il convient ou non de montrer aux braves gens, on préfère sans doute éviter de se référer à ce qui – allez savoir ?- risquerait de donner des idées à ce même bon peuple, d’entretenir chez lui une once d’esprit de clocher mâtiné de velléités de révolte. On s’en gardera donc bien. Coïncidence, l’esprit de résistance se trouve incarné à l’écran ces temps-ci par un autre héros, M. de Charette, le Vendéen magnifique. On se prend à regretter que celui-ci n’ait pas eu à disposition quelques tonnelets de potion magique, qu’il n’ait pas eu pour copains de combat nos deux Gaulois immortels. Mais voilà, M. de Charrette, son glorieux sacrifice, sa résistance d’âme, de cœur et d’esprit sont boutés, eux, hors des salles du cinématographiquement correct. On comprend mieux dès lors pourquoi cet ersatz d’Astérix – de bien fade potion – produit à très grands frais, tourne le dos à l´ADN évoqué plus haut et se délocalise en Chine, loin, bien loin de nous. Mais puisque Chine il y a, on se prend à regretter aussi que M. de Charette n’ait pas été chef de guerre Ouïghour. Libé, Télérama et consorts en auraient fait des tonnes. Triomphe  intello-bobo garanti ! Peut-être, mais – par Toutatis ! – on préférera de beaucoup le plaisir canaille de fronder les beaux esprits en allant voir le film, « Vaincre…ou mourir ».

Dernière parution : Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien, coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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