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Omar Sy: victime… de sa propre bêtise

L'acteur est devenu le roi de la promolémique


Omar Sy: victime… de sa propre bêtise
Omar Sy © Rebecca Cabage/AP/SIPA

Omar Sy est-il victime de racisme? C’est une question que la gauche française ne se pose plus. Elle y répond par l’affirmative… 


En cause, les critiques reçues par l’acteur actuellement en pleine promotion du film “Tirailleurs”, qui, comme son nom l’indique a pour sujet les contingents africains de la Première guerre mondiale. N’ayant pas vu le film, je n’en parlerai pas. Je me bornerai donc ici à l’examen d’une déclaration d’Omar Sy relative à la guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie et à l’opinion générale des Français quant à l’ordre du monde.

Des idées, ça il en a, lui il pense…

Pour Omar Sy, rendu célèbre par son duo avec le visage pâle Frédéric Testot sur Canal + et plus encore par son rôle dans le mélo “Intouchables”, les Français seraient un peu égoïstes et peut-être, mais il ne faut pas le dire trop fort, racistes : « L’Ukraine n’a pas été une révélation dingue pour moi, expliquait Omar Sy au quotidien Le Parisien. Comme j’ai de la famille ailleurs, en Afrique, je sais qu’il y a toujours eu des enfants en guerre, des familles brisées. Ça n’a jamais cessé depuis la Seconde guerre mondiale. Ça veut dire que quand c’est en Afrique, vous êtes moins atteints. Petit, j’ai été traumatisé par le conflit Iran-Irak, j’ai grandi avec ces images horribles. On a l’impression qu’il faut attendre l’Ukraine pour qu’on s’en rende bien compte. Les copains, je vois ça depuis que je suis tout petit. Mais quand c’est loin, on se dit que là-bas ce sont des sauvages. »

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Omar Sy n’est pas comme nous autres, pauvres ploucs que nous sommes. Lui, il n’a pas attendu l’Ukraine pour savoir qu’il y avait des guerres dans le monde. Il a grandi avec les images de la guerre Iran-Irak, comme nos parents avec celles venant du Viet Nam. Il sait. Il est concerné. Il a de la culture. Il a du cœur. Il s’intéresse aux damnés de la terre, il se dit même qu’il avait ramené 3 kilos de riz Taureau Ailé pour les Somaliens affamés quand il était collégien. Vu de sa ville natale de Trappes en banlieue parisienne comme d’Hollywood où il réside actuellement, la France de l’intérieur doit ressembler à un petit village gaulois peuplé de Grolandais. Des sauvages qui voient de la sauvagerie là où il n’y en a pas, méprisant le continent africain tout en passant dans leur vieille Renault cabossé “Le Bon Temps des Colonies” de Michel Sardou.

Étrange Ukraine

L’Ukraine, ça parle à tous ces gens qui décidément n’aiment rien tant que ceux qui leur ressemblent. Tiens, les Ukrainiens par exemple. Blancs et blonds, à en croire les clichés du moins. Puis, ils sont éduqués eux, ils jouent du violon dans les sous-sols de Kiev quand ils sont bombardés. À la réflexion, tout ça ne serait-il pas un peu suspect ? Des blancs victimes d’une agression ? On nous a pourtant bien expliqué que les blancs n’étaient jamais victimes, toujours coupables et bourreaux. Rien que ça, c’est un peu étrange. Et puis, ils ont l’air bien nationalistes ces Ukrainiens. Il parait même que certains d’entre eux utilisent des symboles varègues liés à leur histoire, donc des runes de sinistre réputation, appartenant aux domaines germains et slaves.

On tient une idée là. D’ailleurs, Vladimir Poutine et les officiels russes répètent qu’ils combattent en Ukraine pour tous les opprimés, pour les anti-impérialistes. Mieux : contre le nazisme ! Ils le disent en chœur avec leurs soutiens hexagonaux depuis le déclenchement de l’invasion. La Russie n’est pas alignée sur l’Occident, elle ne fait que sauver les « russophones du Donbass ». Le plus vicieux là-dedans étant que la Russie, comme la Chine, n’hésite pas à affirmer que les Européens sont solidaires de l’Ukraine, alors qu’ils sont indifférents quand il y a des guerres ailleurs. C’est l’un de leurs éléments de langage les plus récurrents : « Ah, on ne vous entendait pas pour l’Irak (remplacer par n’importe quel autre conflit des 40 dernières années) ».

Omar Sy a donc repris le mot d’ordre le plus bête et le plus indécent des Russes, tout en salissant un peu le peuple dont il serait l’une des « personnalités préférées » à en juger par les sondages. Les critiques qui le visent n’ont pas de rapport avec sa couleur de peau mais avec sa bêtise satisfaite d’elle-même. D’abord, il est parfaitement légitime que les Français se sentent plus concernés par un conflit qui a lieu près de chez eux, dans un pays qui affiche une proximité culturelle réelle avec le leur. Ensuite, ce n’est pas un conflit habituel. Il implique une puissance nucléaire menaçante et aurait fait jusqu’à présent près de 150 000 morts dans des batailles d’une intensité militaire peu commune depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et inédites depuis 75 ans. Le courage et le patriotisme des Ukrainiens ont marqué les Européens, de même que ces femmes et enfants qui sont venus se réfugier chez nous – ça change des migrants multi-condamnés, faussement mineurs et tous de sexe masculin.

Bonjour Tristesse et Waly Dia soutiennent Sy

« C’est pas ce que je dis qu’on attaque, c’est moi. Le problème c’est ce que je suis. Je refuse de me justifier car je ne dois rien à personne, je suis Français », a dit à Yann Barthès un Omar Sy tirant les rames après une nouvelle promolémique – si vous me pardonnez le néologisme – dont il a le secret. Un mot d’ordre sagement suivi par de nombreux influenceurs de gauche, ou, on ne sait comment les définir, issu des « cultures urbaines ». Nous pouvons notamment citer un certain Waly Dia, semble-t-il humoriste si l’on en croit Wikipedia : « La polémique d’extrême droite à chaque sortie d’Omar Sy c’est redondant. Un peu d’audace, de créativité. Nous méritons de meilleurs racistes ! ».

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Un hurleur narcissique et vidéaste répondant au surnom de « Bonjour Tristesse » y est aussi allé de son petit message convenu, indiquant qu’Omar Sy avait raison et que certains journalistes étaient en désaccord parce qu’ils seraient intrinsèquement… racistes. Apprendront-ils un jour la loi de proximité ? Visiblement pas car ils sont totalement internationalistes, voire ethnomasochistes pour les plus allumés. Malheureusement, les Ukrainiens ont eu le mauvais goût d’être blancs pour ces gens-là. Pis, ils sont les victimes d’une brutalité aussi injuste qu’inouïe… tout en montrant des ressources de combativité incroyables et en ne réclamant que des armes pour rendre les coups. Ils ne remplissent aucune case.

Au fond c’est cela qui dérange beaucoup de monde. Une journaliste appelée Laura-Maï Gaveriaux s’est ainsi interrogé sur une Ukraine irriguée par une « esthétique de la guerre », s’inquiétant de l’état d’esprit futur des jeunes du pays. Oui, une guerre transforme les mentalités. Gageons qu’en France aussi, la guerre d’Ukraine nous apprenne à être un peu plus conscients de la paix fragile que nos ancêtres ont gagné au prix fort. À l’image de ces 57 soldats tombés au Mali dans un conflit qui ne les concernait pas directement et pour lequel la France a beaucoup engagé, à la demande expresse des autorités locales. Un détail qui n’aura pas troublé Omar Sy, infatué de sa parfaite hauteur morale.

De la droite prétendument souveraino-non alignée à la gauche diversitaire, il y a bien un fil rouge et une communauté d’esprit : la victimisation permanente. Pendant ce temps, les véritables victimes de la guerre continuent de recevoir les drones iraniens et les obus russes.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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