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Le film du Puy du Fou bénéficie d’un “effet Streisand”

Augmentation du nombre de copies pour “Vaincre ou mourir”


Le film du Puy du Fou bénéficie d’un “effet Streisand”
"Vaincre ou mourir", un film de Vincent Mottez et Paul Mignot (2023) © Puy du Fou films

Grâce aux médias de gauche, « Vaincre ou mourir » est un succès. La curiosité du public est piquée par les critiques virulentes de la gauche culturelle. La première production cinématographique du Puy du Fou doit-elle la remercier pour cette efficace campagne de pub ? Bon ou mauvais, le film, retraçant la vie du Vendéen Charette, aura eu au moins le mérite de démontrer ce que beaucoup attendent du monde universitaire, des arts en général et du cinéma en particulier: une allégeance totale à la doxa… 


Le cinéma français va mal. Les scénarios tournant presque invariablement autour de sujets dits sociétaux, progressistes ou immigrationnistes, les spectateurs ont compris : ils évitent comme la gale ces films subventionnés par le CNC et, quand ils veulent voir des films français de qualité, piochent dans leurs stocks de DVD ceux dont Thomas Morales ravive régulièrement le souvenir à travers de magnifiques portraits des réalisateurs et des acteurs qui firent jadis de notre cinéma un des plus beaux et des plus enviés du monde. 

Bisque bisque rage !

Curieusement, malgré une histoire de France riche en événements et en hommes qui ont marqué leur temps, excessivement rares sont les films français les prenant pour sujet. « Vaincre ou mourir » vient combler partiellement ce vide mais, au grand dam de la gauche, raconte l’épopée des Vendéens luttant contre les armées républicaines en 1793. En plus, bisque bisque rage !, le succès est là.

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Avant de parler du succès de ce film, mon mauvais fond m’incite à rappeler très précisément le nombre d’entrées réalisé par les films formatés et politiquement corrects récemment sortis et ayant pour certains bénéficié d’une extraordinaire publicité dans les médias de gauche, y compris, bien entendu, l’audiovisuel public :

« Les Rascals », de Jimmy Laporal-Tresor. En 1984, alors que « l’extrême droite gagne du terrain en France », une gentille bande de « jeunes de banlieue » est harcelée par une méchante bande de skinheads. Après deux semaines d’exploitation : 31 376 entrées. La grosse baffe !

« Les engagés », d’Émilie Frèche. David aide un « jeune exilé » à semer la police et à passer illégalement en France. Énorme promo, entre autres sur France Inter. Après six semaines d’exploitation : 33 518 entres. Le méga bide !

« Nos Frangins », de Rachid Bouchareb. Film qui revient sur la mort de Malik Oussekine avec tous les poncifs qu’on peut imaginer sur le racisme et les violences policières. Après six semaines d’exploitation : 78 421 entrées. La super gamelle !

« Les survivants », de Guillaume Renusson. Au cœur des Alpes, Samuel sauve une jeune Afghane qui veut rejoindre la France. Mais des vilains fachos vont les traquer… Après trois semaines d’exploitation : 66 491 entrées. Le gros flop !

Avant ça, « Arthur Rambo », de Laurent Cantet, sur ce « pauvre » Mehdi Meklat, avait fait en tout et pour tout 33 000 entrées, et « Le monde d’hier », de Diastème, sur une présidente de la république luttant courageusement contre l’extrême-droite, 78 000 entrées. Deux fiascos ! 

La comparaison de ces chiffres avec celui de « Vaincre ou mourir », film à petit budget et tourné en seulement dix-huit jours, est cruelle. Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot fait en effet un très joli carton dès sa première semaine d’exploitation : près de 112 000 entrées avec seulement 188 copies. Le succès étant là, le nombre de copies est passé à 235 pour la deuxième semaine.

Alexis Corbière (LFI) dénonce une falsification de l’histoire

Il faut dire que ce film a bénéficié d’une incroyable publicité. Le Monde, Télérama, L’Obs, France Inter et, surtout, Libération (la une + cinq pleines pages), ont porté à la connaissance du public un film qui, sinon, aurait pu rester confidentiel. La critique, qui se voulait négative, a été si grossière, si caricaturale, si visiblement idéologique, qu’elle a été totalement contre-productive – et l’effet Streisand a marché à plein. « Vaincre ou mourir », pour lequel les producteurs visaient les 100 000 entrées sans vraiment y croire, va vraisemblablement au moins doubler la mise. Je me réjouis (toujours mon mauvais fond) d’imaginer les journalistes de Libération et du Monde en train d’écumer de rage devant le succès de ce film auquel ils ont très largement contribué, sans le vouloir, naturellement. Je les félicite pour leur mauvaise foi et leur bêtise. Je leur sais gré d’avoir mis à profit ces dernières pour révéler aux yeux du monde leur ignorance crasse de l’histoire de leur pays et leur intolérance devant des œuvres qui ne vont pas dans le sens qu’ils souhaitent. Enfin, je les remercie d’avoir été si hargneux, si calomnieux, si lourds, si totalement dépourvus de cette intelligence et de cette finesse qui font les critiques ravageuses – tandis que les leurs, épaisses et bêtes, ont produit l’effet complètement inverse à celui recherché. 

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Comme si cela ne suffisait pas, ce jeudi 2 février Le Monde ouvre ses colonnes aux députés LFI Alexis Corbière et Matthias Tavel. Ces derniers appellent à « une large mobilisation contre la “falsification de l’histoire” et “la culture de l’effacement” » à l’œuvre, selon eux, dans « Vaincre ou Mourir ». Je vous épargne le long délire de ces députés pour ne porter à votre connaissance que la substantifique moelle de leur tribune : ce film serait une « offensive réactionnaire » et « représente un degré supplémentaire franchi par l’entreprise idéologique de la droite ultraconservatrice. Extrêmes droites et droites extrêmes veulent imposer à la société leur grille de lecture des problèmes de notre temps, leur haine de l’égalité républicaine, leur nostalgie morbide de pseudo-traditions catholiques intégristes, leur nationalisme, autant de prétextes à exclure de la nation française tous ceux dont les origines familiales seraient d’ailleurs. » 

Nous attendons maintenant avec impatience les réflexions historico-cinématographiques de Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier, et la production du Puy du Fou pourrait sereinement envisager d’atteindre la barre inespérée des 300 000 entrées !



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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