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Souris mâchée, soirée gâchée: les barbares sont aussi en classes prépas

On ne dit plus « bizutage », on dit « soirée d’intégration ». Mais ce qui était autrefois prétexte à des débordements d’un goût douteux est devenu l’occasion de scène de barbarie, comme en témoigne l’affaire de la souris croquée vivante par un élève de classes préparatoires du lycée Thiers, à Marseille. Notre chroniqueur, qui y enseigna, s’en indigne — et la rédaction de Causeur avec lui.


Et d’abord, les faits. Lors d’une « soirée d’intégration », un élève de classe préparatoire du lycée Thiers, à Marseille, a mis dans sa bouche la souris apprivoisée d’une camarade, et l’a tout simplement croquée — vivante.
Même Néandertal les faisait cuire avant de les déguster…

Le rectorat d’Aix-Marseille n’a pas souhaité faire de commentaires, les faits se déroulant lors d’une « soirée arrosée hors du lycée ». Il reconnaît toutefois une « affaire choquante ». La direction du Lycée Thiers de Marseille n’a pas souhaité non plus s’exprimer sur le sujet. 

Je suis scandalisé. Non seulement en tant qu’ami des bêtes (et la Fondation 30 millions d’amis a annoncé son intention de porter plainte), mais en tant qu’ex-enseignant de ces mêmes classes prépas dans ce même lycée.

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Il y a quelques années, une racaille des Quartiers Nord avait eu l’intelligence de se faire filmer en train de fracasser un chaton contre un mur. Arrêté, il avait été condamné à un an ferme (la peine maximale, pour cruauté envers les animaux, est de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende), et envoyé aux Baumettes, où quelques durs incarcérés là-bas, qui ont obtenu l’autorisation d’avoir un chat dans leur cellule, lui ont expliqué le respect que l’on doit aux bêtes. À Brest, en 2014, c’est tout un groupe de jeune gens qui s’est « amusé » à torturer un chaton. Plus la proie est petite et sans défense, plus la cruauté des sadiques s’exerce impunément.

L’attitude pour le moins réservée du recteur est inexplicable. L’élève en question devrait déjà être renvoyé du lycée, à titre conservatoire, et rayé de toutes les prépas à tous les concours, en attendant une condamnation en justice.

Parce que tuer ainsi une souris témoigne d’une dégradation mentale irrattrapable. Tenez, un exemple :

« La première fois qu’il éprouva ces « sensations », il sortit pour aller étrangler un chat. Après cela, il se sentit « soulagé » pendant tout un mois. En novembre, ce fut un grand chien de berger (…) Après avoir dû, pendant deux mois, se contenter d’oies et de poules, il se risqua à égorger un vagabond endormi. »
C’est ainsi que Ian Fleming décrit la jeunesse de Donovan Grant, dans Bons baisers de Russie.

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Je ne gloserai pas sur « qui gobe un œuf tue un bœuf » ; Mais ce dont témoigne cette répugnante affaire, c’est de l’ensauvagement, (la « brutalization », disait l’historien américain George Mosse) de la société française. Et plus seulement dans les quartiers déshérités où l’éducation est désormais limitée à la portion congrue. Non : même chez les enfants des CSP+, l’absence de conscience morale, la restriction nécessaire au niveau du Surmoi, n’existent plus. Les barbares sont parmi nous.

J’appelle le nouveau proviseur du lycée Thiers et l’administration centrale à, prendre immédiatement les mesures de protection des élèves qui s’imposent. Un étudiant capable d’un tel acte de cruauté, quel que soit le prétexte alcoolisé dont il ornementera cette sinistre histoire, quel que soit le repentir dont il affichera les marques, est capable de tout — et du reste. Et du pire.

Le gâteux, le pas gâté et le raté

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Kevin McCarthy a lancé le premier acte de la procédure de destitution à l’encontre du président Joe Biden. En toute logique, normalement, cela devrait marquer un moment d’inquiétude, voire d’angoisse, dans le camp Biden. Or les Démocrates semblent indifférents, voire contents… En effet, le parti Républicain va mal en réalité, et cette procédure en est le reflet. Harold Hyman raconte et analyse.


Le 12 septembre, Kevin McCarthy a finalement ordonné une enquête pour voir s’il y a matière à impeachment. La chose la plus étonnante, dans ce nouveau chapitre d’un feuilleton politico-judiciaire américain sans fin, c’est sa très faible possibilité de réussite ! Le président de la Chambre des représentants des États-Unis a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire, qui dira si l’on peut constituer une commission parlementaire d’enquête à charge et à décharge, ce qui marquerait le début formel de l’impeachment. Mais cela prendrait de nombreuses semaines, et paralyserait les travaux de la Chambre. Est-ce que les députés républicains eux-mêmes accepteraient l’ouverture de la phase « impeachment » ?  14 députés ont gagné dans des zones qui ont majoritairement choisi Biden président. Ces quatorze élus, déjà, n’auraient aucune envie d’autoriser un impeachment car ils craignent pour leur réélection. 

McCarthy sous pression

Sur le fond, il n’y a pas une masse incontournable de faits incriminants ni même nouveaux. Les sénateurs Républicains ont déjà mené une enquête en 2020 contre Joe Biden, avec les mêmes éléments qui sont maintenant ressuscités par M. McCarthy. Ce dernier, de tendance modérée, est l’un des présidents de la Chambre les plus mal installés, suite aux concessions explicites accordées à son aile droite populiste dans un « pacte » qui permet à un seul député d’exiger sa révocation du perchoir. Le chef de file de ce groupe est Matt Gaetz, de Floride, qui a trouvé l’ouverture de cette nouvelle enquête parfaitement insuffisante, et a dénoncé le manque de sincérité de M. McCarthy – « Les mots du président de la chambre ne sont pas sincères ! ». Il menace à présent de renverser le président de son perchoir, et il en a le pouvoir.

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En clair, McCarthy a été pressuré pour ouvrir cette enquête, afin de garder son poste et de maintenir le bon financement du gouvernement fédéral qui aurait pu être paralysé le 30 septembre avec un énième risque de « shut-down ». Mais McCarthy pense que le public américain ne veut ni shut-down, ni impeachment, et donc c’est Matt Gaetz qui pourrait être submergé et le ridicule pacte enterré… En tout état de cause, Biden ne risque pas la destitution car le Sénat, qui devrait agir comme jury, est à majorité démocrate. La première guéguerre civile a lieu au sein du parti Républicain.

Soupçons de corruption et… de sénilité

Cependant, une enquête pourrait exhumer des éléments embarrassants. Les députés partent à la pêche pour voir quel nouveau méfait ils pourraient accrocher à leur tableau de chasse grâce à leurs pouvoirs d’enquête. Les récentes  allégations incriminantes contre Joe Biden sont très minces: il serait venu à des dîners payants organisés par son fils. Comment prouver qu’il a discuté d’avantages pécuniaires contre une influence politique, alors que Biden, alors vice-président, n’est resté que quelques minutes, à parler de la météo et serrer quelques mains ? Ceci s’ajouterait en tout cas aux allégations de corruption de Hunter Biden lorsqu’il a travaillé pour une société gazière ukrainienne, et de corruption collatérale de Joe Biden, alors vice-président. Juridiquement, l’affaire ukrainienne est très mince, et il est sûr que Joe n’a rien touché ni rien manigancé en faveur des intérêts de Hunter en Ukraine, même s’il était vaguement au courant. Le but de cette marche mort-née vers un impeachment est de salir la réputation de Biden, candidat à la réélection. 

Mais le camp démocrate a un souci plus préoccupant. Sans doute que l’âge de Biden est devenu un sujet majeur et électoralement délicat. Même un journal français d’ordinaire très favorable aux progressistes, comme Le Monde, le reconnait désormais. Alors que jusqu’à présent, tous ceux qui évoquaient la santé du président américain étaient renvoyés dans le marigot complotiste. Un récent sondage d’Associated Press-NORC montre que 77% des sondés, et 69% des Démocrates, pensent que Joe Biden est trop vieux pour être efficace lors d’un deuxième mandat. De nombreux Démocrates vous le diront en confidence, avec ce codicille touchant : il a l’air gaga, mais pourtant il s’en sort très bien finalement ! Le candidat Trump serait en outre lui aussi âgé, il n’est que de trois ans le cadet de Biden, et l’un comme l’autre ont une mémoire parfois défaillante. Seulement, comme Biden aime à restituer des faits et des souvenirs, il se trompe davantage que le milliardaire… En plus, l’actuel président a des moments de désorientation cognitive. Trump, qui ne semble lui jamais désorienté, préfère parler avec des superlatifs, et use de questions rhétoriques. Il produit ainsi un bon paravent à ses éventuelles lacunes. 

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Dans le camp Démocrate,  il n’y a personne pour concurrencer Biden. Pourtant, à supposer que Joe Biden accepte de s’éclipser, la torche retomberait naturellement entre les mains de la vice-présidente. Reste que dans l’histoire politique américaine, c’est souvent sans grand succès que les numéros 2 sont recyclés en tant que candidats à la succession. Nixon, huit ans le vice-président du président Eisenhower, se lança directement dans l’arène en 1960, perdant la présidence remportée alors par John Fitzgerald Kennedy. Le vice-président de Lyndon Johnson, Hubert Humphrey, fut battu par Nixon sur le retour en 1968. George Bush père fut l’un des rares à directement l’emporter après huit ans à la vice-présidence. Kamala Harris, très faible dans les sondages, ferait bien de passer son tour, quitte à rebondir ultérieurement. Dans le parti Démocrate, un facteur de division vient en outre compliquer l’affaire: il s’agit de la bataille entre la gauche sociétale et les modérés. Biden est l’un des rares modérés à pouvoir maintenir la gauche dans le giron du parti, et il a aussi l’avantage d’attirer un électorat indépendant centriste qui ne voit que lui d’acceptable en anti-Trump… Ce scrutin de 2024 fera bouger toutes les lignes.

Donald versus Hunter

Le grand chamboulement politique de 2024 est d’autant plus évident que chez les Républicains, la campagne des primaires a commencé. La plupart des candidats veulent y être Trump à la place de Trump, comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Certes, quelques postulants, plus rares, se voient en alternative avec une nouvelle forme de républicanisme, plus probe, en tout cas moins suspecte d’accointances russes. Il s’agit de Nikki Haley, ex-gouverneure de Virginie et ex-ambassadrice états-unienne à l’ONU, et de Chris Christie, ex-gouverneur de centre-droit du New Jersey qui avait pourtant été parmi les premiers à se rallier à Trump (en 2015) avant de le renier après le scrutin de novembre 2020, et bien avant l’assaut sur le Capitole. Néanmoins, si Trump reste plus populaire dans les intentions des électeurs Républicains que tous les autres candidats réunis, les inculpations et les procès pourraient finir par jouer. Il suffirait que suffisamment de Républicains cessent de croire en Trump le sauveur, ou encore que Trump soit incarcéré, pour tuer la foi en son retour.

L’entrepreneur Vivek Ramaswamy et l’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley, Milwaukee, 23 août 2023 © Morry Gash/AP/SIPA

Ce scénario reste à écrire, car Trump ne pourra sortir indemne de tous ses revers judiciaires. Il y aura des secousses et des révélations. L’on aura une campagne qui sera accompagnée d’un feuilleton judiciaire : les turpitudes de Trump et les magouilles de Hunter Biden. Une telle descente dans la jungle politico-judiciaire marquera assurément l’histoire du pays. Donald versus Hunter.

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Le mois d’août amer de Gilles-William Goldnadel

Notre ami Goldnadel, avocat et essayiste, pourfend cette gauche médiatico-politique selon laquelle on est trop pâle pour être victime et trop bronzé pour être coupable. Quant à l’hystérie qui a entouré la nomination de Geoffroy Lejeune au JDD et l’invitation mielleuse de Médine chez EELV, elles lui laissent un mauvais goût dans la bouche…


Rassemblement des députés de la Nupes en soutien à la rédaction du JDD en grève, Paris, 19 juillet 2023.  © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Je sais que j’ai tort. Je devrais m’en ficher et pour mieux dire m’en foutre. Mais j’ai un mauvais goût d’août amer au fond de la bouche. Il semblerait qu’il n’y ait rien à faire. Nos idées ont gagné mais rien n’a changé. Une grande partie des Français ignorent qui est Enzo. Ce jeune de 15 ans a été tué à la fin de juillet, rien que pour un méchant regard. Tué par deux voyous dont il n’est même pas la peine que j’écrive qui ils sont. Car s’ils ne l’étaient pas, on connaîtrait Enzo. Mais ni Le Monde ni France Inter n’ont parlé d’Enzo en raison de cet accord tacite et non écrit qui unit la presse convenue, je veux dire d’extrême gauche. Qu’elle soit privée, qu’elle soit publique. Les autorités d’occultation n’ont pas pris de vacances.

Mais il y a une potion aoûtienne plus amère encore : un mauvais clou chasse l’autre. Je me suis aperçu que j’avais oublié le pauvre Enzo quand je me suis préoccupé d’un autre crime occulté. Ce viol atroce d’une jeune femme à Cherbourg : son violeur lui a enfoncé dans le vagin un balai de 75 centimètres qui lui a perforé les viscères. Ensuite, il l’a torturée. À l’heure où j’écris ces lignes, elle est toujours dans le coma. Mais les féministes très progressistes, qui s’enflamment pour un geste inapproprié (même quand il est contesté par le mufle présumé), n’ont pas dit un mot sur ce crime d’exception. Aubry, l’Insoumise, a préféré twitter une vidéo sur les micros du Parlement européen qui ne seraient pas adaptés aux tenues des femmes (en réalité, si on comprend bien, c’est le nom, micro-cravate, et non la chose, qui est une offense aux femmes). J’allais oublier de vous dire, incidemment, que le bourreau récidiviste s’appelait Oumar N.

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Deux autres événementsn’auront rien fait pour me conférer l’auguste sérénité. Le premier concerne la croisade médiatique contre le JDD en général et Geoffroy Lejeune en particulier. Passe encore que Libération et Le Monde y participent. De la part de deux croisés de l’extrême gauche, c’est de sainte guerre. Mais que l’odieux visuel de sévices publics consacre des dizaines de reportages unilatéralement venimeux à trouver scandaleux qu’un journaliste d’« extrême droite » puisse rejoindre un titre respectable, quand on sait que le patron de sa matinale vient tout gauche de Libération, provoque chez moi une poussée d’urticaire aggravée par la chaleur ambiante.

Enfin, j’ai gardé le pire pour la fin : l’invitation de l’antisémite et homophobe Médine par la Rance Insoumise et EELV. Passe pour les Insoumis  qui assument depuis longtemps leur soumission à l’islamisme et à ses petits péchés mignons. Mais la justification de Marine Tondelier n’est pas piquée des hannetons menacés par la pollution. Il faudrait entendre l’auteur homophobe d’une déclaration antisémite (ou le contraire), dialoguer avec lui… parce qu’il est racisé. Dame Tondelier, pas genrée pour deux sous, est le Monsieur Jourdain du racisme bobo.

Pour tenter d’adoucir mon amertume estivale, je veux croire que l’extrême gauche, qui avait fait fond sur l’antiracisme vétilleux, a achevé de se déconsidérer lors de ses universités d’été.

Malgré le privilège rouge, malgré le privilège racisé, viendra l’automne pour les faiseurs de haine.

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Et si j’avais eu tort pour le Syndicat de la magistrature?

Le magistrat doit rester impartial politiquement, ce statut est clairement défini par la loi organique. Dès lors, Philippe Bilger s’émeut: pourquoi le Syndicat de la magistrature participe-t-il à la fête de l’Huma?


Il m’a suffi d’une seule année à Lille – de 1972 à 1973 – pour comprendre que le Syndicat de la magistrature ne servait pas la Justice mais s’en servait au nom d’une conception idéologique de gauche, voire d’extrême gauche. Les magistrats qui, comme moi, en son sein étaient hostiles à cet extrémisme partisan se trouvaient confrontés à cette alternative : demeurer et souffrir avec une parole inaudible ou partir. C’est ce que j’ai fait en créant une association « Justice nouvelle » qui n’a pas répondu à mes espérances. Pour la raison essentielle que des modérés étaient certes venus vers moi mais en me faisant regretter les quelques intelligences singulières que j’avais quittées en dépit de la calamité souvent absurde des délibérations collectives du Syndicat de la magistrature.

C’est un point important sur lequel on hésite à insister. Sans tomber dans une nostalgie de mauvais aloi, je soutiens qu’il y avait un gouffre entre les dirigeants du Syndicat de la magistrature d’alors et ceux d’aujourd’hui. Les premiers faisaient réfléchir, quoi qu’on en ait, et, comme ils intervenaient sur un terrain vierge, leurs idées et leur action, dans les années 1970, ont eu des effets positifs. Les excès et les outrances, déjà perceptibles, étaient en partie compensés par la liberté, l’ouverture et la dénonciation légitime de comportements judiciaires choquants. Un monde inutilement guindé était heureusement décorseté.

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La suite ne fut pas de la même eau. D’abord parce que le Syndicat de la magistrature s’étant vidé de ce qu’il avait eu de meilleur n’était plus en capacité d’offrir au monde judiciaire et à la société autre chose que des analyses partisanes et des attitudes collectives scandaleuses. Mais, surtout, à cause de cette aberration intellectuelle soutenue complaisamment, sans l’ombre d’un questionnement, que tout était politique, ce qui paraissait légitimer les pires partialités et les plus odieuses inégalités dans l’administration de la Justice. C’était gravement confondre le processus judiciaire qui doit intégrer, pour être équitable, singulier de l’être et pluriel social avec une idéologie polluant en amont toutes les délibérations et décisions essentiellement pénales.

Faux syndicat, vrai parti

Faut-il rappeler les mille exemples qui sans cesse remettaient sur le tapis démocratique l’interrogation sur le droit au syndicalisme judiciaire ? Les inféodations aux partis de gauche et d’extrême gauche lors des congrès du Syndicat de la magistrature, la participation à des manifestations clairement hostiles au pouvoir présidentiel dès lors qu’il n’était pas de gauche, le soutien systématique octroyé à des causes politiques et syndicales qui contestaient l’institution judiciaire et ses jugements, la perversion de pratiques judiciaires, inspirées par l’idéologie, qui s’en prenaient au patronat et à la police au prétexte des quelques policiers ou patrons renvoyés devant les tribunaux correctionnels, la détestation de certaines lois ou de tel ou tel président de la République, qui conduisait à des injustices, l’indulgence, voire la complaisance pour les émeutiers d’il y a quelques semaines, le mépris régulièrement diffusé à l’égard du sentiment populaire aspirant à l’ordre, à la sûreté des personnes, à la protection des biens et à la rigueur à l’égard des coupables avec le souhait de peines exécutées.

Le « mur des cons » du Syndicat de la magistrature, en 2013. Image: Capture d’écran Youtube.

Le Mur des cons, sur lequel j’avais l’honneur d’être, est venu ajouter de l’ignominie à ce qui prétendait n’être qu’une pochade et qui en réalité a rendu presque insurmontable le fossé entre la société et l’institution judiciaire, il a amplifié de manière dramatique la perte de confiance et d’estime du citoyen à l’égard des juges. Ce qui a suscité l’indignation, au-delà de l’abjection tournant en dérision le père d’une victime, le créateur d’une association en faveur des victimes ou moquant exclusivement certains politiques, est l’incroyable laxisme qui a prévalu au sujet de ce désastre dont nous sommes loin d’être encore revenus.

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Et pourtant, aussi bien dans mes écrits que dans mes propos, dans les conférences, dans les multiples circonstances où un magistrat, de surcroît devenu honoraire, a le droit de s’exprimer, longtemps, tout en dénonçant le scandale de ce syndicat politisé et ses effets délétères sur l’opinion publique, j’affirmais aussi qu’il était inconcevable qu’on le supprimât et que d’ailleurs aucun pouvoir n’en aurait l’envie ni le courage. Mon argumentation était de bonne foi et cependant, sans cesse, on me rétorquait, sur les réseaux sociaux ou ailleurs, que j’avais tort, on me mentionnait des textes, on stigmatisait l’impuissance des gouvernements. Le citoyen ne s’en laissait pas conter !

Si, avec ce billet, je vais faire en quelque sorte amende honorable, je ne suis pas décidé à battre ma coulpe tout seul. Faut-il oublier une grande part de la classe médiatique qui a durablement tressé des louanges à ce syndicalisme et vanté son opposition aux pouvoirs de droite, passé sous silence tous les gardes des Sceaux de gauche qui ont favorisé ce syndicalisme en l’installant confortablement dans les arcanes des décideurs et des hiérarchies, dans les rouages politiques, minimisé cette lâcheté qui n’a jamais incité les indignés à droite à franchir le pas opératoire de la suppression du Syndicat de la magistrature ? Convient-il d’exonérer de sa responsabilité le syndicalisme judiciaire centriste qui, au nom de sa propre sauvegarde et pour se faciliter l’action, par corporatisme aussi, n’a jamais mis en cause la dérive de ce faux syndicat, de ce vrai parti ?

Le parti-pris de « magistrats militants dans un cadre social »

Pourquoi alors s’émouvoir maintenant de ce qui affecte, infecte depuis si longtemps la Justice ?

Parce que nous avons un garde des Sceaux qui s’est dit « énervé », « excédé » par la participation du Syndicat de la magistrature à la fête de l’Humanité. Pour lui, « le Syndicat de la magistrature, ce n’est pas la Justice ».

Parce que malheureusement ce constat a été avéré avec la prestation honteuse de ces magistrats, en compagnie du Syndicat des avocats de France qui, lui, n’est tenu à aucune réserve politique, monologuant contre les violences policières, stigmatisant la police et osant même qualifier de « révoltés » ceux qu’une personne avait nommé « émeutiers parce qu’ils avaient dégradé et brûlé des bâtiments publics ».

Parce que ces mêmes magistrats se sont présentés, déniant être des juges politisés, comme des « magistrats militants dans un cadre social » en affichant donc sans vergogne le caractère partisan de leur implication dans cette fête organisée par le parti communiste français. Je suis persuadé que sollicités par LFI, ils n’auraient pas hésité à venir apporter leur approbation à Jean-Luc Mélenchon pour qui « la police tue » tandis que Fabien Roussel s’est toujours gardé à ce sujet d’une attitude non républicaine. Débordé sur sa gauche par le Syndicat de la magistrature !

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Parce que l’arrogance de cette exhibition montre bien qu’à force de laisser le ver prospérer, le fruit se détruit.

Parce que, saisi il y a plusieurs mois par le ministre Dupond-Moretti, le Conseil supérieur de la magistrature n’a toujours pas répondu aux trois questions posées, dont l’essentielle portait sur le droit de grève des magistrats (JDD). Si un jour la réflexion collective aboutit à un résultat, je doute fort qu’il soit sans la moindre équivoque. Ce qui laissera le pouvoir politique face à ses responsabilités. Celui d’aujourd’hui et celui de demain, de 2027.

Parce qu’il y a, de plus en plus, une incompréhension citoyenne face à cette partialité publique ostentatoire quand on sent intuitivement ou à la réflexion que l’acte de justice exige sérénité, prudence, équité et, plus que tout, impartialité et que l’absence de ces dispositions chez le magistrat fait craindre le pire à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont à faire avec l’institution. Ce superbe métier, cet honneur de raccommoder, de réparer, de sanctionner ne doivent plus être à la merci d’une conception dévoyée du droit, d’une perversion politicienne. Un magistrat est un serviteur, pas un militant.

Parce qu’il y a enfin dans le statut de la magistrature défini par la loi organique, dans son article 10, ces dispositions très claires qui n’ont été méconnues que par l’impuissance, la lâcheté ou la perversion politiques : « Toute délibération politique est interdite au corps judiciaire ; toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions ; est également interdite toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ».

Par quelque biais qu’on les interprète, elles concernent le Syndicat de la magistrature, ses dérives, ses préjugés et son idéologie. Et son absence totale de réserve.

On a pu longtemps être arrêté par une sorte de scrupule. Interdire n’est jamais gratifiant. Mais le Syndicat de la magistrature, dans son naufrage, entraîne bien plus que lui : la Justice, la confiance qu’elle doit susciter, le respect qu’elle doit inspirer.

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Suffirait-il, comme un sénateur l’avait proposé, lors de l’examen du projet de loi organique sur la Justice en juin 2023, de prescrire « le respect du principe d’impartialité pour les magistrats syndiqués » ? Ce qui devrait aller de soi et qui pourtant a été contesté au nom de la liberté d’expression. Ne faudrait-il pas, selon une revendication constante d’Eric Ciotti, par exemple en janvier 2023, « interdire l’appartenance syndicale des magistrats » ?

Ce qui a relevé longtemps d’un débat théorique, parce qu’apparemment rien ne pressait et qu’une sorte de tabou existait, est dorénavant inscrit dans une réflexion qui ne peut plus faire comme si le militantisme politique revendiqué par le Syndicat de la magistrature ne posait pas un immense problème dans notre démocratie. Celle-ci peut-elle se permettre d’avoir un tiers de la magistrature qui viole ouvertement ses principes et stigmatise les forces régaliennes qui la servent ?

Ce syndicat contraint à s’interroger sur la survie du syndicalisme judiciaire.

Quel pouvoir républicain aura l’audace d’une radicalité en me donnant modestement raison demain parce que j’ai eu tort hier ?

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Immigration et travail: à se taper la tête contre les murs

Immigration. Quand ils ne parviennent pas à recruter dans les métiers « en tension », les patrons ne sont évidemment pas opposés à la régularisation des sans-papiers. Le billet de Sophie de Menthon, qui défend un meilleur accueil des « gentils » et réclame qu’on éloigne enfin les « méchants »!


Au moment où le débarquement de migrants à Lampedusa occupe tous les esprits, il faudrait tout de même que l’on fasse un jour preuve de bon sens, et que le gouvernement commence à réfléchir, en toute objectivité, à régler les problèmes intérieurs qui sont les nôtres, en particulier celui du rapport entre immigration et emploi.
Besoin de logique, besoin de justice, besoin de pédagogie, en oubliant les hystériques du racisme sur le sujet et les extrêmes de tous bords.
Commençons par le commencement, et changeons une loi scélérate :
Pour un sans-papier, sur le territoire français, il faut travailler en toute illégalité, au moins deux ans et présenter 24 bulletins de salaire pour obtenir le droit de rester en France et de continuer à travailler. Donc, concrètement, le gouvernement encourage le travail illégal et le récompense. Qui peut m’expliquer ? Cela fait trop longtemps que dure cette schizophrénie, dans l’indifférence, l’hypocrisie, les contradictions, les incohérences et les dédales administratifs. STOP ! Cette situation aberrante touche un grand nombre de secteurs, actuellement en manque cruel de main-d’œuvre (restauration, nettoyage, bâtiment, sécurité, aide à domicile…). Dans le BTP, en région parisienne, un salarié sur deux est sans-papier.

Métiers en tension

C’est ce qu’on appelle « les métiers en tension ». Et bien sûr, non, virer tous les étrangers ne fera pas occuper ces emplois par des chômeurs français ! Cet état de fait suscite l’incompréhension totale des chefs d’entreprises, des syndicats et de ceux qui se plongent dans cette problématique insoluble. Alors, on fait semblant : le patron fait semblant ou ne reconnaît pas les faux papiers… mais il fait tout bien par ailleurs: il déclare le salarié, paie les charges, respecte le droit du travail. Même chose pour son salarié en situation irrégulière, et tout cela fonctionne à la satisfaction de tout le monde depuis le recrutement jusqu’à… un contrôle plus poussé. Par ailleurs, il faut arrêter de prétendre que ces salariés étrangers sont sous-payés : ils sont soumis a minima au SMIC et au Code du travail comme tous les autres, avec les mêmes droits. Nous cherchons des gens qui veulent et peuvent travailler, et nous les traitons convenablement, revendiquent les « coupables ».  

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Que les politiques fassent perdurer cette situation est une honte nationale. Qui mettra fin à ce système hypocrite et incohérent ? Le TRAVAIL doit être la clé du droit de séjour en France. Un travailleur étranger qui obtient un contrat de travail en bonne et due forme devrait pouvoir bénéficier d’un permis de séjour adapté, sur le modèle de la « Green Card » aux USA, ce qui permettrait à ce travailleur de bénéficier d’une carte de résident en France et d’y séjourner légalement le temps de son contrat de travail. Et, bien sûr, sans avoir le droit de faire venir sa famille ou alors dans des conditions à déterminer (que personne n’a le courage de déterminer). Par ailleurs, ne confondons pas « permis de séjour » lié au travail et régularisation complète.

Sophie de Menthon ne manque pas d’air

La pauvreté intellectuelle et morale de ceux qui ne « pensent » pas mais jonglent avec une bouillie idéologique sur ce sujet, entraine l’inéluctable et stupide tarte à la crème du « légaliser serait un appel d’air ».
Non ! Car cette régularisation est uniquement pour ceux qui travaillent déjà officiellement et donc sont intégrés. On pourrait très bien aussi, par la suite, ne laisser entrer en France à l’avenir que ceux qui sont munis d’une promesse d’embauche contrôlée avec permis de séjour le temps du contrat; le contrat terminé, l’immigré aurait deux mois pour retrouver un nouveau contrat et sinon il rentre dans son pays. Mais, direz-vous, de toute façon, on ne renvoie personne ou si peu… En tout cas, il serait urgent de renvoyer les individus qui posent un problème, ce serait déjà formidable. Actuellement, concernant la question migratoire, on mélange malheureusement tout, selon sa couleur politique: les sans-papiers, les cas sociaux à la rue, les sans boulot, les drogués, les caïds des banlieues, les vrais réfugiés, le regroupement familial (à arrêter ou limiter de toute urgence), les boat people, etc. Ce ne doit évidemment pas être le même traitement dans chaque cas, et je parle bien dans cette tribune des travailleurs. La « nouvelle loi immigration » a comme socle l’entreprise, mais bien sûr avec la menace coutumière de l’amende (4000€ pour emploi illégal, et 8000 si récidive). Qu’est-ce que cela résout?

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Ah si ! une innovation importante : les patrons devront désormais prendre sur le temps de travail de leurs salariés pour que ceux-ci apprennent le français ! Sauvés ? Cette nouvelle loi me fait l’impression d’un simple camouflage de notre situation migratoire qui ne touche pas aux sujets fondamentaux. Quid des cadeaux présidentiels faits à certains pays en autorisant un nombre déterminé d’émigrés (je pense à l’Algérie) ? Quid des expulsions ? Quid du laxisme et de la lenteur de la justice ? Certes, il convient de lutter contre l’emploi caché non déclaré, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Le vrai scandale, c’est l’emploi « illégal » tel que je l’évoquais; car l’illégalité, répétons-le encore et encore, est promue par l’État qui martèle que pour avoir le droit de travailler, il faut d’abord travailler sans en avoir le droit. À se taper la tête contre les murs, oui.

Lampedusa: un jour sans fin

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Les bateaux ne cessent d’arriver dans l’île italienne, distante de moins de 200 km des côtes tunisiennes. Gérald Darmanin annonce ce matin qu’il refusera l’accueil en France des clandestins débarqués à Lampedusa. Cet après-midi, on apprend qu’un centre d’accueil va être installé à Menton (06). Analyse.


Le nom Lampedusa fut longtemps connu comme celui porté par l’écrivain Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Ce prince et Grand d’Espagne fit dire à son personnage Tancredi cette phrase depuis tombée dans le langage courant : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ». Les images qui nous parviennent de la petite île de Lampedusa résonnent ici avec cruauté. Oui, si nous voulons que l’Europe reste telle qu’elle est, il faut que les politiques migratoires des États membres changent… et radicalement.

Depuis son accession au pouvoir, Giorgia Meloni a voulu jouer selon les règles de l’Union européenne. Comme rappelé dans un précédent article, l’Italie est un pays particulièrement vieillissant, même selon les standards continentaux. Sa natalité en berne l’oblige à trouver des solutions, notamment pour combler le vide de main d’œuvre dans les « petits métiers ». Pas de quoi toutefois expliquer la vague sans précédent d’arrivées irrégulières qui s’abat sur les côtes transalpines d’une botte plus que jamais flanc sud de l’Europe. Ainsi, le nombre de migrants illégaux a explosé depuis janvier 2023, atteignant des records sans précédents. Pour tout dire, sur dix personnes arrivées illégalement en Europe en 2023, huit sont passées par l’Italie.

La présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, Rome, 8 mai 2023 © LaPresse/Roberto Monaldo/Shutter/SIPA

Le départ français du Sahel produit déjà ses effets

Entre le lundi 11 et le mercredi 13 septembre, ce sont plus de 199 bateaux chargés de 8 500 personnes à leur bord qui ont accosté à Lampedusa. Les images qui nous parviennent montrent une île devenue Camp des Saints, submergée de jeunes hommes africains majoritairement venus du Sahel quand ils provenaient plutôt autrefois du Golfe de Guinée.

Les déstabilisations du Mali puis du Burkina-Faso et du Niger commencent déjà à produire leurs effets. Les mercenaires russes sont débordés, de même que les forces militaires locales. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable que ces masses d’hommes soient instrumentalisées contre l’Europe, ayant pour double effet de nous menacer et de vider un peu une région littéralement surpeuplée avec le plus haut taux de fécondité au monde.

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En 2019, une Giorgia Meloni en campagne, sous l’influence de Luigi di Maio, affirmait munie d’un billet de Franc CFA : « C’est ce qu’on appelle le franc CFA. C’est la monnaie coloniale que la France imprime pour 14 nations africaines, à laquelle elle applique le seigneuriage et en vertu de laquelle elle exploite les ressources de ces nations ». On passera sur le mensonge et la bêtise de la déclaration initiale, aucun pays bénéficiant de ce taux de change ne semblant vouloir le quitter, pas même ceux qui usent et abusent de la francophobie d’État, et Giorgia Meloni ayant depuis mis de l’eau dans son vin. Mais cette phrase en dit tout de même long sur l’inculture totale d’une bonne part des Européens s’agissant de l’Afrique et de ses dynamiques historiques.

Le départ de la France du Sahel n’est une bonne nouvelle pour aucun habitant du Vieux continent, surtout pour l’Italie. L’immigration était déjà très difficilement contrôlable, elle pourrait devenir demain impossible à juguler. Giorgia Meloni a engagé des réformes d’envergure depuis le début de l’année. Elle a notamment mis en place l’Etat d’urgence migratoire et grandement limité le régime de « protection spéciale renforcée ». Pourtant, toutes ces mesures ne suffisent pas à faire face à cette invasion quotidienne. Les bateaux ne cessent d’arriver.

Une Europe ouverte aux quatre vents

Ils auraient d’ailleurs tort de se priver, tant l’Europe est pour eux un Eldorado. La télévision burkinabaise le rappelait encore récemment, comme pour mieux encourager les candidats à l’exil : la France offre absolument tout. Couverture-maladie, accueil, aides en tous genres, protections des ONG et de la Justice, et même de l’argent de proche en espèces sonnantes et trébuchantes. Les appels d’air sont si nombreux qu’il semble vain d’en dresser de nouveau la liste par le menu. Giorgia Meloni n’a aucun atout dans son jeu pour enrayer cette spirale infernale.


Quand l’Europe est envahie, elle ne propose pas d’expulser mais de « répartir » les migrants clandestins. Démonstration est désormais faite : on ne peut pas régler ce problème en restant dans les clous. Matteo Salvini l’avait d’ailleurs en partie compris… ce qui entraina sa condamnation par la justice de son pays pour avoir tenté de refouler les bateaux…

Des solutions existent. Meloni avait d’ailleurs entamé des démarches intelligentes auprès de la Tunisie de Kaïs Saïed, démarches sabordées par les manœuvres de la gauche italienne et du Parlement européen. Notons d’ailleurs que les bateaux sont partis de Sfax, avec très certainement l’assentiment au moins tacite des autorités locales. Comment leur en vouloir ?

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Eux aussi subissent ce qui peut désormais être appelé une invasion. Si nous ne les aidons pas financièrement, ils ne feront pas le travail à notre place.

Un blocus naval ?

En sus d’une collaboration avec le Maghreb, les États européens doivent réviser drastiquement leur législation et réduire le pouvoir de nuisance des associations d’aides à l’immigration. C’est un impératif. N’en doutez point: tous ces militants pensent comme Jean-Luc Mélenchon, lequel vient de déclarer qu’une fois élu, il entamerait une « vague de régularisations massives ». Au fond, il est à se demander si l’emploi de la force n’est pas désormais nécessaire. Un blocus naval semble une solution « démagogique », mais comment faire autrement quand des milliers d’hommes débarquent sans nous demander l’autorisation, avec la complicité de passeurs et d’ONG qui les amènent en Europe en connaissance de cause, conscients de notre impuissance, de notre enchainement à des valeurs d’accueil qui se retournent désormais contre nous ?

Il s’agit d’un combat littéralement existentiel qui demande un effort spécifique de chaque État membre ainsi que de l’Union européenne toute entière. Nous ne devons plus céder au chantage émotionnel de l’extrême gauche. Quel message envoyons-nous au reste du monde quand nous montrons que 8 000 pauvres hères peuvent ainsi défier l’un des continents les plus riches ? Mateusz Morawiecki a raison de tancer l’Allemagne, Donald Tusk et Manfred Weber: il faut dire stop à l’immigration illégale. Quant à nous Français, il serait temps que nous mettions enfin nos actes en rapport avec nos discours. Gérald Darmanin a dit ce matin même à la radio que la France n’accepterait pas de migrants arrivés à Lampedusa. En début d’après-midi, nous apprenions qu’un centre d’accueil allait être installé à Menton, joyau de la Côte d’Azur. Plus tard, il sera trop tard.

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Harcèlement, violence, lâcheté et morgue administrative: la chaîne fatale

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Nicolas N*** est donc mort, pendu à une taie de traversin. Les courriers échangés entre ses parents et le rectorat de Versailles sont éloquents sur bien des points, dit notre chroniqueur : refus d’entendre, refus de voir, refus de dire, enseignants et administratifs sont le parfait exemple de la sagesse orientale et du déni français.


L’affaire commence au mois de mars. Charline Avenel, amie personnelle d’Emmanuel Macron (elle appartient à cette cuvée « Léopold Sedar Senghor » de l’ENA qui est l’équivalent en macronie de ce que fut la promotion Voltaire en hollandie) était encore rectrice de Versailles —, elle n’est partie que l’été dernier pantoufler dans un organisme lucratif. Mais les faits remontent encore plus loin : depuis des mois Nicolas N***, jeune Guadeloupéen scolarisé dans un lycée professionnel de Poissy, dans les Yvelines, était harcelé par deux petites racailles. Du genre sans doute qui n’aime pas les Noirs, même si Nicolas avait le teint fort clair. Un gentil garçon, assidu, attentif, et qui croyait, a expliqué sa mère, en la justice des adultes.

Eh bien il a vu ce qu’étaient les enfants — « cet âge et sans pitié », disait fort bien La Fontaine — et ce que sont les adultes. Et il ne l’a pas supporté. Il avait changé d’établissement début septembre (alors même qu’Attal souhaitait que ce soient les harceleurs qui soient déplacés), il était retombé du haut de ses illusions, il n’est pas allé au bout de la première semaine de la rentrée. Même s’il avait d’autres soucis, ce fut sans doute la goutte d’eau qui, au dernier moment, pousse l’esprit à parier sur la mort, comme dit Camus.

La culpabilité change de camp

Du côté des copains, rien que de très ordinaire. « T’es nul, t’es moche, ta mère est une pute, ta sœur aussi, … » — on connaît le refrain. C’est du côté des adultes que les dysfonctionnements les plus criants ont vu le jour. Entre les profs qui n’ont pas voulu voir (le prof principal arguant que les altercations avaient eu lieu hors établissement, désolé, faites-vous péter la gueule dans l’enceinte du bahut, et une autre témoin des invectives mais qui a prudemment choisi de ne pas intervenir), le proviseur qui a émis un doute préalable (il évoque « une situation ressentie comme harcelante » afin d’éviter le mot harcèlement, qui est un délit punissable, depuis mars 2022, de dix années de prison, ne dramatisons pas…) et le rectorat enfin qui pour défendre ses agents, comme la loi lui en fait l’obligation, menace carrément de porter plainte pour plainte abusive (la famille avait déposé une main courante), précisant que le tarif d’une telle médisance est de cinq ans de prison et 45 000€ d’amende, les parents de Nicolas ont eu l’embarras du choix, entre couardise, morgue, et violence de l’appareil d’État. Même soutenu par ses parents, que vouliez-vous que fasse un jeune homme qui a dû se sentir méprisé et abandonné par ceux-là mêmes sur lesquels il comptait ? La culpabilité avait changé de camp (voir le courrier reproduit en bas de page).

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Sur les réseaux sociaux, il est des enseignants qui tentent de justifier l’attitude de leurs collègues. Esprit de corps des minables. Ils sont de la même race que ceux qui, à Conflans, refusent que leur collège prenne le nom de Samuel-Paty. Même s’il est des plaintes abusives, parfois même des agressions de parents tout à fait injustifiées, il faut tout prendre au sérieux, quand on sait qu’à la clef il y a un suicide possible. C’est fragile, un gamin.

En 45 ans, j’ai eu à intervenir deux fois sur des faits de harcèlement. La première fois, c’était sous mes yeux : j’ai pris le harceleur par l’oreille, en lui expliquant que s’il bougeait je la lui arrachais, et je l’ai traîné chez le principal. Mais j’ai la carrure pour ça. La seconde fois, nous avons réagi en bloc, obtenu immédiatement l’exclusion temporaire des harceleurs, et en conseil de discipline, leur radiation des concours qu’ils préparaient.

Le proviseur prudent toujours en place

Le plus beau, si je puis dire, c’est que ces enseignants aveugles enseignent toujours. Que ce proviseur prudent est toujours en place. Que l’administratif pète-sec qui a écrit au nom de l’institution n’a pas été suspendu : il sera peut-être déplacé sur un poste équivalent, le temps de se faire oublier. Et que les deux crapules qui harcelaient Nicolas ont fait une rentrée normale dans leur lycée. Leur statut nouveau leur a sans doute valu une promotion dans la voyoucratie locale.

C’est toute une chaîne de responsables qu’il faut traîner devant les tribunaux pour comportements ayant entraîné la mort sans intention de la donner, propos racistes (je ne peux croire que la couleur de peau de Nicolas n’a pas joué un rôle dans ce harcèlement, il y a des ethnies entières en banlieue qui détestent les Noirs) et non-assistance à personne en danger. Alors, chers collègues adeptes du « pas de vagues », vous arrivez toujours à vous regarder dans un miroir le matin ?

Le fait est qu’il devrait y avoir une enquête de police — automatique après un suicide — et surtout une enquête administrative pour démêler le vrai du faux. Il y a des plaintes pour harcèlement qui n’ont d’autre raison que d’obtenir un changement d’établissement. J’aimerais croire que des sanctions seront prises, quand on aura établi que des dysfonctionnements graves ont eu lieu. Mais j’en doute — ou alors, dans tant de temps, que la mort du gamin se sera diluée dans les espaces bureaucratiques. « Bonne justice est prompte », disait Henri IV. Oui, mais ça, c’était avant.


Suicide de Nicolas: l’opinion veut des têtes maintenant, celle de Charline Avenel…

Chaque matin, Elisabeth Lévy donne son avis sur l’actualité dans la matinale de Sud Radio, après le journal de 8 heures.

«Nous demandons la suppression du droit du sol à Mayotte»

Sans maîtrise de ses frontières (maritimes), Mayotte connaît une explosion migratoire et une flambée de violences sans précédent. Pour enrayer ce cycle infernal, Gérald Darmanin a lancé en avril l’opération Wuambushu. Mansour Kamardine, député LR de ce 101e département français, applaudit mais attend encore plus de fermeté.


Causeur. Quel était le contexte de l’opération Wuambushu ?

Mansour Kamardine. L’opération de reconquête des territoires perdus et de restauration de l’État de droit à Mayotte a été lancée dans un contexte particulièrement tendu. La multiplication des agressions barbares contre les personnes et les biens par des hordes de jeunes sauvageons d’origine étrangère avait créé un climat de terreur sur l’ensemble du département et la population, qu’elle soit française ou étrangère en situation régulière, voulait une reprise en main ferme des questions régaliennes.

En quoi consiste précisément l’opération ?

Elle s’articule autour de trois axes : le démantèlement des bandes criminelles, la destruction de l’habitat illégal dangereux et indigne, et l’amplification de la reconduite à la frontière des clandestins, pour la plupart comoriens. Les objectifs du premier axe ont été atteints, puisque 75 bandes criminelles ont été démantelées et leurs chefs présentés à la justice. Le travail se poursuit pour neutraliser les réseaux criminels transnationaux de trafics d’êtres humains et leurs complices locaux. La destruction de bidonvilles a pris un sérieux retard en raison d’un véritable harcèlement judiciaire orchestré par les obsédés des droits des clandestins, qui sont des associations subventionnées et appuyées par des magistrats, adhérant notamment au Syndicat de la magistrature. Néanmoins, nous avons bon espoir que l’objectif de récupération des terrains spoliés soit atteint à la fin de l’année. En ce qui concerne le troisième axe, les manœuvres des autorités comoriennes, amplifiées par le manque de fermeté et d’habileté du Quai d’Orsay, ont conduit à un important « retard à l’allumage », mais les reconduites de clandestins ont retrouvé un rythme conséquent.

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Pouvez-vous nous rappeler les règles de naturalisation, dérogatoires au droit commun national, en vigueur sur l’île ?

Depuis 2018, un enfant né de parents étrangers peut obtenir la nationalité française à 18 ans à condition d’avoir vécu en France pendant au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans (comme en métropole) et à la condition supplémentaire de démontrer que l’un de ses parents était en situation régulière sur le territoire français depuis au moins trois mois au moment de sa naissance. Le gouvernement envisage de porter à douze mois le temps de présence légale d’au moins l’un des parents avant la naissance de la personne concernée. Nous demandons davantage, soit purement et simplement la suppression du droit du sol à Mayotte, afin de réserver l’acquisition de la nationalité française à la filiation et à la naturalisation, comme c’était le cas à Mayotte avant 1994.

La métropole peut-elle s’inspirer de l’exemple de Mayotte dans sa propre lutte contre l’immigration illégale ?

Pourquoi pas ! En effet, la situation actuelle de Mayotte est une fenêtre ouverte sur un avenir possible en métropole. Si nous n’arrivons pas à maîtriser nos frontières sur une île de 374 km², située à 70 km de pleine mer des côtes des Comores, où vivent 800 000 personnes, comment pourrions-nous maîtriser nos frontières européennes, avec Gibraltar qui se trouve à seulement 14 km de l’Afrique et de ses 1,2 milliard d’habitants ? Si nous échouons à Mayotte, nous échouerons en Europe. Nos compatriotes, dans leur immense majorité, ne sont ni racistes ni xénophobes. Ils expriment néanmoins leur volonté d’affirmer leur souveraineté en matière d’immigration. Il appartient aux Français de décider qui ils acceptent et qui ils refusent sur leur territoire.

On a entendu Edwy Plenel et d’autres figures de gauche dire que Mayotte et les Comores sont ethniquement un même peuple et que la frontière était une absurdité. Que vous inspirent de tels propos ?

J’observe chez les « belles âmes » de la gauche morale une méconnaissance patente de l’histoire, de la sociologie, de la linguistique et de la géographie du canal du Mozambique. Il n’y a pas dans cette partie du monde de peuple comorien. Il y a un peuple grand-comorien qui s’exprime dans une langue en tout point identique à celle des populations de la côte tanzanienne, mais aussi un peuple anjouanais, un peuple mohélien, un peuple malgache et un peuple français représenté par les Mahorais qui s’expriment tant en dialecte swahili qu’en dialecte malgache et en français. Surtout, j’ai découvert avec stupéfaction que cette gauche morale avait une conception ethnique de la nation, ce qui la rend finalement plus proche des idéologues nazis que des penseurs des Lumières. Toute ma vie, je me battrai contre cette conception nauséabonde de la Nation.

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D’où ce paradoxe : sur les plateaux TV, on a vu des Blancs accuser de racisme des Noirs musulmans qui souhaitent réguler l’immigration à Mayotte…

La gauche morale et l’extrême gauche ne savent plus où elles habitent ! Leur seule boussole est désormais la défense permanente et systématique des étrangers, surtout si ceux-ci sont en infraction au regard du droit. Les victimes, comme les Mahorais qui subissent les conséquences de l’immigration clandestine massive, sont traitées de bourreaux et les bourreaux sont protégés comme des victimes. Cette gauche à l’envers, qui insulte, au sens propre, tous ceux qui ne pensent pas comme elle, est en collapsus intellectuel. Elle est totalement aspirée par le marketing électoral des stratèges du Parti démocrate américain des années 1990. Ils sont passés de Karl Marx à Hillary Clinton. Tout un parcours !

Vous êtes député LR. La départementalisation du territoire sous Sarkozy a-t-elle selon vous permis de réguler le phénomène ? N’a-t-elle pas créé un appel d’air ?

Absolument pas ! Les trois principaux appels d’air à l’immigration clandestine sont l’accès à la nationalité, l’accès à l’école gratuite pour tous et l’accès à la santé gratuite pour tous. Les origines de la pression migratoire sont donc totalement extérieures à la départementalisation. Ce qui a rendu la situation explosive, ce sont la volonté délibérée, sous François Hollande, de laisser se développer la submersion migratoire de Mayotte à partir de 2012, l’activité ambiguë du Quai d’Orsay et l’échec de l’indépendance des Comores. Nous pouvons donc parachever la départementalisation, tout en coupant les trois principales pompes aspirantes de l’immigration. C’est même un devoir républicain.

Quand Mélenchon se bat la coulpe

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Dans une relative indifférence médiatique, le lider maximo vient de s’excuser publiquement d’avoir soutenu les émeutes de banlieue en juin dernier. Mais ne comptez pas non plus sur lui pour s’assagir complètement. Ses fans lui en voudraient trop.


En 1901, dans Que faire, Lénine écrivait une formule connue de tous les militants d’extrême gauche chevronnés, à commencer par les trotskistes : « Ce qui serait terrible, ce serait l’obstination dans l’erreur, une fausse honte à la reconnaître et à la corriger. »  Lundi dernier à Paris, on peut supposer que Jean-Luc Mélenchon s’est récité à lui-même ces quelques mots canoniques avant de concéder, au détour d’un discours en hommage à Salvador Allende, ses coupables errances durant les récentes émeutes de banlieue.

Le sens de la litote

« N’oublions pas non plus nos erreurs, a-t-il lancé. Je parle des miennes, et de celles de quelques-uns d’entre nous ici, d’avoir cru que la violence de guérilla urbaine pouvait venir à bout d’un régime, et que c’était une méthode qui pouvait avoir du succès. » Une allusion tout à fait implicite à la complaisance qui a été la sienne au début de l’été, quand la violence s’est déchaînée dans les rues de nos cités, avec plus 2 500 bâtiments dégradés, dont seules les écoles et les médiathèques méritaient, à ses yeux, d’être épargnées.

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Passons sur son sens de la litote – car ils ne sont pas seulement “quelques-uns” à avoir fauté : tous les cadres de La France insoumise, sans exception (sans doute quelques-uns étaient-ils terrorisés), ont accepté sans broncher les outrances du leader historique. Et reconnaissons les faits: celui qui est aujourd’hui président de l’Institut La Boétie vient de faire son mea culpa, et a reconnu en toute transparence que son refus d’appeler au calme en juin dernier était un message d’approbation, si ce n’est d’encouragement.

Pour se donner le beau rôle, l’ex-lambertise, qui arborait ce jour-là une surprenante cocarde tricolore à la boutonnière au lieu de son habituelle triangle rouge de déporté politique, a même surenchéri : « Je dis aux plus jeunes d’entre nous: ne commettez pas la même erreur que nous, souvenez-vous que rien ne vaut au-dessus de la démocratie et de la mobilisation populaire. Rien n’est plus fort que la volonté des masses quand elle s’exprime par une volonté politique et l’installation d’un pouvoir légal. »  N’en jetez plus.

Fabien Roussel ? Beaucoup trop violent pour Mélenchon

Trois jours plus tard, Jean-Luc Mélenchon enfonçait d’ailleurs le clou (certes pour contrarier ses alliés communistes – on ne se refait pas) en condamnant sur X/Twitter « l’initiative violente » du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, qui venait d’appeler sur France Info à se rassembler devant les préfectures, voire à les « envahir » en guise de protestation contre la « vie chère ». Pour un peu, on reconnaîtrait à l’ancien député de Marseille le droit de dire : « la République c’est moi ».

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Mais revenons au discours de lundi dernier. Évidemment, devant un parterre d’huiles du mouvement, parmi lesquelles Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon ne pouvait se contenter d’un simple repentir. Il devait quand même à ses admirateurs un ou deux de ces déhanchés qui ont fait sa réputation. N’a-t-il pas promis jadis qu’il était “le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas” ? Alors, tel Johnny Hallyday entonnant “Allumer le feu” à la fin d’un concert, l’Insoumis a repris le show habituel, a insulté Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, attaquant carrément leur physique, les taxant de “visage bestial”, les comparant à Augusto Pinochet. Rien que ça ! Comment ça, vous dites qu’il est un Donald Trump de gauche ? A moins, que vous ne pensiez à la “culture du harcèlement” ?

La parole est à la défense. Dans Napoléon le petit, Victor Hugo écrivait: « La tribune française, c’est la bouche ouverte de l’esprit humain, faisant le chaos pour en tirer la vie, faisant la révolution pour en tirer la République. » Tant qu’il reste sur une estrade à distribuer des noms d’oiseaux, Jean-Luc Mélenchon ne fait pas de mal à grand monde. Un psychanalyste saluerait sans doute les effets salutaires d’une telle parole cathartique sur les deux publics cibles de l’extrême gauche : le personnel de l’Education nationale et la jeunesse des banlieues, deux populations particulièrement sensibles à la puissance du verbe – Médine ne dirait pas le contraire. Un publicitaire, lui, conseillerait peut-être à La France insoumise d’imiter le logo en forme de mégaphone du Nouveau Parti anticapitaliste et d’adopter enfin l’emblème qu’elle mérite: un bâton de guignol.

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Mathilde Panot: quand la tentative de récupérer le combat des Iraniennes tourne au fiasco

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La chef de file des Insoumis à l’Assemblée nationale a osé reprendre le slogan « Femme, Vie, Liberté » des femmes iraniennes en lutte contre les mollahs. Mais, peut-on vraiment prétendre être du côté de la malheureuse Mahsa Amini sans évoquer l’islam, l’islamisme ou même le voile ? Et en pourfendant le reste du temps « l’islamophobie » supposée de notre République laïque ? Céline Pina dénonce une hypocrisie. Pire, une tartufferie.  


À la LFI, ils osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnait. Nouvel épisode en date : après avoir servi la soupe à Médine, l’islamiste qui s’ignore, Mathilde Panot essaie de récupérer le très populaire combat des Iraniennes. Le problème c’est que lorsqu’on est en pleine dissonance cognitive, ce n’est pas sa vertu que l’on montre mais son hypocrisie que l’on exhibe.

Cette récupération politique, qui émane d’un parti défendant l’abaya, ne passe pas

Cela fait un an que Mahsa Amini est morte sous les coups de la police de la vertu pour un voile mal ajusté. Depuis, les Iraniennes ont montré ce qu’était réellement le voile : un outil d’ensevelissement de la femme, qui l’infériorise et témoigne de son impureté. Le voile n’est pas un vêtement, c’est un marqueur et aujourd’hui un marqueur du pouvoir et de l’emprise des islamistes. Le voile est le symbole de l’oppression des Iraniennes et leur choix de l’ôter, l’affirmation de leur volonté de retrouver leur liberté.

Il était donc très agaçant de voir les têtes d’affiches de LFI poser avec leur petit panneau « Femme, Vie, Liberté » en réussissant l’exploit de ne jamais mentionner le voile (pourtant au cœur de ce combat) ni l’islam, ni l’islamisme.

Les coutures grossières de l’islamo-gauchisme

Il fallait oser ? Mathilde Panot l’a fait. Et elle s’est pris une volée de bois vert, les internautes lui rappelant que dans un tweet récent, datant du 8 septembre, elle avait dénoncé, en anglais, l’ « islamophobie » de la France, car celle-ci « combattait le port du voile ». Le tout dans le cadre de la défense du port de l’abaya, autre marqueur islamiste, que certains tentent ici d’imposer dans les salles de classe des collèges et lycées.

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!

Autre élément amusant : une note de contexte a été ajouté au tweet racoleur de la député qui souligne encore plus la fourberie de sa posture ; en effet celle-ci pose, poing levé, avec une image de Mahsa Amini voilée. Or, c’est en ôtant leur hidjab que les Iraniennes expriment leur révolte. Avoir choisi une image de la femme qui l’incarne portant le voile a été perçu par beaucoup comme le révélateur inconscient de la déloyauté de LFI dans ce combat.

Défendre une vision rétrograde de l’islam en France, pour faire semblant de la combattre en Iran, est déjà assez détestable. Mais à cela s’ajoute le fait de prôner l’émancipation pour les femmes iraniennes, tout en la refusant de fait à la femme musulmane française. Celle-ci doit bien baigner dans son élément communautaro-islamiste et porter scrupuleusement son voile, faute de quoi LFI se verrait orpheline de combat victimaire et ne pourrait intenter de procès en islamophobie au pays, à sa droite ou à ses actuels dirigeants centristes.

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Sacrifier les femmes musulmanes pour s’attirer les bonnes grâces des barbus et pouvoir hurler à l’oppression et au racisme, voilà le vrai combat de Mathilde Panot et compagnie. Finalement, le petit bourgeois blanc LFI du XXIème siècle qui sait ce qui est mieux pour le « racisé », ressemble beaucoup au colonialiste blanc du XIXème qui savait ce qui était bon pour les colonisés… C’est toute l’ironie de l’histoire.

Silence coupable

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Souris mâchée, soirée gâchée: les barbares sont aussi en classes prépas

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D.R.

On ne dit plus « bizutage », on dit « soirée d’intégration ». Mais ce qui était autrefois prétexte à des débordements d’un goût douteux est devenu l’occasion de scène de barbarie, comme en témoigne l’affaire de la souris croquée vivante par un élève de classes préparatoires du lycée Thiers, à Marseille. Notre chroniqueur, qui y enseigna, s’en indigne — et la rédaction de Causeur avec lui.


Et d’abord, les faits. Lors d’une « soirée d’intégration », un élève de classe préparatoire du lycée Thiers, à Marseille, a mis dans sa bouche la souris apprivoisée d’une camarade, et l’a tout simplement croquée — vivante.
Même Néandertal les faisait cuire avant de les déguster…

Le rectorat d’Aix-Marseille n’a pas souhaité faire de commentaires, les faits se déroulant lors d’une « soirée arrosée hors du lycée ». Il reconnaît toutefois une « affaire choquante ». La direction du Lycée Thiers de Marseille n’a pas souhaité non plus s’exprimer sur le sujet. 

Je suis scandalisé. Non seulement en tant qu’ami des bêtes (et la Fondation 30 millions d’amis a annoncé son intention de porter plainte), mais en tant qu’ex-enseignant de ces mêmes classes prépas dans ce même lycée.

A relire, du même auteur: Harcèlement, violence, lâcheté et morgue administrative: la chaîne fatale

Il y a quelques années, une racaille des Quartiers Nord avait eu l’intelligence de se faire filmer en train de fracasser un chaton contre un mur. Arrêté, il avait été condamné à un an ferme (la peine maximale, pour cruauté envers les animaux, est de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende), et envoyé aux Baumettes, où quelques durs incarcérés là-bas, qui ont obtenu l’autorisation d’avoir un chat dans leur cellule, lui ont expliqué le respect que l’on doit aux bêtes. À Brest, en 2014, c’est tout un groupe de jeune gens qui s’est « amusé » à torturer un chaton. Plus la proie est petite et sans défense, plus la cruauté des sadiques s’exerce impunément.

L’attitude pour le moins réservée du recteur est inexplicable. L’élève en question devrait déjà être renvoyé du lycée, à titre conservatoire, et rayé de toutes les prépas à tous les concours, en attendant une condamnation en justice.

Parce que tuer ainsi une souris témoigne d’une dégradation mentale irrattrapable. Tenez, un exemple :

« La première fois qu’il éprouva ces « sensations », il sortit pour aller étrangler un chat. Après cela, il se sentit « soulagé » pendant tout un mois. En novembre, ce fut un grand chien de berger (…) Après avoir dû, pendant deux mois, se contenter d’oies et de poules, il se risqua à égorger un vagabond endormi. »
C’est ainsi que Ian Fleming décrit la jeunesse de Donovan Grant, dans Bons baisers de Russie.

A lire aussi, du même auteur: Génération connards

Je ne gloserai pas sur « qui gobe un œuf tue un bœuf » ; Mais ce dont témoigne cette répugnante affaire, c’est de l’ensauvagement, (la « brutalization », disait l’historien américain George Mosse) de la société française. Et plus seulement dans les quartiers déshérités où l’éducation est désormais limitée à la portion congrue. Non : même chez les enfants des CSP+, l’absence de conscience morale, la restriction nécessaire au niveau du Surmoi, n’existent plus. Les barbares sont parmi nous.

J’appelle le nouveau proviseur du lycée Thiers et l’administration centrale à, prendre immédiatement les mesures de protection des élèves qui s’imposent. Un étudiant capable d’un tel acte de cruauté, quel que soit le prétexte alcoolisé dont il ornementera cette sinistre histoire, quel que soit le repentir dont il affichera les marques, est capable de tout — et du reste. Et du pire.

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Le gâteux, le pas gâté et le raté

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Kevin McCarthy a lancé le premier acte de la procédure de destitution à l’encontre du président Joe Biden. En toute logique, normalement, cela devrait marquer un moment d’inquiétude, voire d’angoisse, dans le camp Biden. Or les Démocrates semblent indifférents, voire contents… En effet, le parti Républicain va mal en réalité, et cette procédure en est le reflet. Harold Hyman raconte et analyse.


Le 12 septembre, Kevin McCarthy a finalement ordonné une enquête pour voir s’il y a matière à impeachment. La chose la plus étonnante, dans ce nouveau chapitre d’un feuilleton politico-judiciaire américain sans fin, c’est sa très faible possibilité de réussite ! Le président de la Chambre des représentants des États-Unis a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire, qui dira si l’on peut constituer une commission parlementaire d’enquête à charge et à décharge, ce qui marquerait le début formel de l’impeachment. Mais cela prendrait de nombreuses semaines, et paralyserait les travaux de la Chambre. Est-ce que les députés républicains eux-mêmes accepteraient l’ouverture de la phase « impeachment » ?  14 députés ont gagné dans des zones qui ont majoritairement choisi Biden président. Ces quatorze élus, déjà, n’auraient aucune envie d’autoriser un impeachment car ils craignent pour leur réélection. 

McCarthy sous pression

Sur le fond, il n’y a pas une masse incontournable de faits incriminants ni même nouveaux. Les sénateurs Républicains ont déjà mené une enquête en 2020 contre Joe Biden, avec les mêmes éléments qui sont maintenant ressuscités par M. McCarthy. Ce dernier, de tendance modérée, est l’un des présidents de la Chambre les plus mal installés, suite aux concessions explicites accordées à son aile droite populiste dans un « pacte » qui permet à un seul député d’exiger sa révocation du perchoir. Le chef de file de ce groupe est Matt Gaetz, de Floride, qui a trouvé l’ouverture de cette nouvelle enquête parfaitement insuffisante, et a dénoncé le manque de sincérité de M. McCarthy – « Les mots du président de la chambre ne sont pas sincères ! ». Il menace à présent de renverser le président de son perchoir, et il en a le pouvoir.

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En clair, McCarthy a été pressuré pour ouvrir cette enquête, afin de garder son poste et de maintenir le bon financement du gouvernement fédéral qui aurait pu être paralysé le 30 septembre avec un énième risque de « shut-down ». Mais McCarthy pense que le public américain ne veut ni shut-down, ni impeachment, et donc c’est Matt Gaetz qui pourrait être submergé et le ridicule pacte enterré… En tout état de cause, Biden ne risque pas la destitution car le Sénat, qui devrait agir comme jury, est à majorité démocrate. La première guéguerre civile a lieu au sein du parti Républicain.

Soupçons de corruption et… de sénilité

Cependant, une enquête pourrait exhumer des éléments embarrassants. Les députés partent à la pêche pour voir quel nouveau méfait ils pourraient accrocher à leur tableau de chasse grâce à leurs pouvoirs d’enquête. Les récentes  allégations incriminantes contre Joe Biden sont très minces: il serait venu à des dîners payants organisés par son fils. Comment prouver qu’il a discuté d’avantages pécuniaires contre une influence politique, alors que Biden, alors vice-président, n’est resté que quelques minutes, à parler de la météo et serrer quelques mains ? Ceci s’ajouterait en tout cas aux allégations de corruption de Hunter Biden lorsqu’il a travaillé pour une société gazière ukrainienne, et de corruption collatérale de Joe Biden, alors vice-président. Juridiquement, l’affaire ukrainienne est très mince, et il est sûr que Joe n’a rien touché ni rien manigancé en faveur des intérêts de Hunter en Ukraine, même s’il était vaguement au courant. Le but de cette marche mort-née vers un impeachment est de salir la réputation de Biden, candidat à la réélection. 

Mais le camp démocrate a un souci plus préoccupant. Sans doute que l’âge de Biden est devenu un sujet majeur et électoralement délicat. Même un journal français d’ordinaire très favorable aux progressistes, comme Le Monde, le reconnait désormais. Alors que jusqu’à présent, tous ceux qui évoquaient la santé du président américain étaient renvoyés dans le marigot complotiste. Un récent sondage d’Associated Press-NORC montre que 77% des sondés, et 69% des Démocrates, pensent que Joe Biden est trop vieux pour être efficace lors d’un deuxième mandat. De nombreux Démocrates vous le diront en confidence, avec ce codicille touchant : il a l’air gaga, mais pourtant il s’en sort très bien finalement ! Le candidat Trump serait en outre lui aussi âgé, il n’est que de trois ans le cadet de Biden, et l’un comme l’autre ont une mémoire parfois défaillante. Seulement, comme Biden aime à restituer des faits et des souvenirs, il se trompe davantage que le milliardaire… En plus, l’actuel président a des moments de désorientation cognitive. Trump, qui ne semble lui jamais désorienté, préfère parler avec des superlatifs, et use de questions rhétoriques. Il produit ainsi un bon paravent à ses éventuelles lacunes. 

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Dans le camp Démocrate,  il n’y a personne pour concurrencer Biden. Pourtant, à supposer que Joe Biden accepte de s’éclipser, la torche retomberait naturellement entre les mains de la vice-présidente. Reste que dans l’histoire politique américaine, c’est souvent sans grand succès que les numéros 2 sont recyclés en tant que candidats à la succession. Nixon, huit ans le vice-président du président Eisenhower, se lança directement dans l’arène en 1960, perdant la présidence remportée alors par John Fitzgerald Kennedy. Le vice-président de Lyndon Johnson, Hubert Humphrey, fut battu par Nixon sur le retour en 1968. George Bush père fut l’un des rares à directement l’emporter après huit ans à la vice-présidence. Kamala Harris, très faible dans les sondages, ferait bien de passer son tour, quitte à rebondir ultérieurement. Dans le parti Démocrate, un facteur de division vient en outre compliquer l’affaire: il s’agit de la bataille entre la gauche sociétale et les modérés. Biden est l’un des rares modérés à pouvoir maintenir la gauche dans le giron du parti, et il a aussi l’avantage d’attirer un électorat indépendant centriste qui ne voit que lui d’acceptable en anti-Trump… Ce scrutin de 2024 fera bouger toutes les lignes.

Donald versus Hunter

Le grand chamboulement politique de 2024 est d’autant plus évident que chez les Républicains, la campagne des primaires a commencé. La plupart des candidats veulent y être Trump à la place de Trump, comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Certes, quelques postulants, plus rares, se voient en alternative avec une nouvelle forme de républicanisme, plus probe, en tout cas moins suspecte d’accointances russes. Il s’agit de Nikki Haley, ex-gouverneure de Virginie et ex-ambassadrice états-unienne à l’ONU, et de Chris Christie, ex-gouverneur de centre-droit du New Jersey qui avait pourtant été parmi les premiers à se rallier à Trump (en 2015) avant de le renier après le scrutin de novembre 2020, et bien avant l’assaut sur le Capitole. Néanmoins, si Trump reste plus populaire dans les intentions des électeurs Républicains que tous les autres candidats réunis, les inculpations et les procès pourraient finir par jouer. Il suffirait que suffisamment de Républicains cessent de croire en Trump le sauveur, ou encore que Trump soit incarcéré, pour tuer la foi en son retour.

L’entrepreneur Vivek Ramaswamy et l’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley, Milwaukee, 23 août 2023 © Morry Gash/AP/SIPA

Ce scénario reste à écrire, car Trump ne pourra sortir indemne de tous ses revers judiciaires. Il y aura des secousses et des révélations. L’on aura une campagne qui sera accompagnée d’un feuilleton judiciaire : les turpitudes de Trump et les magouilles de Hunter Biden. Une telle descente dans la jungle politico-judiciaire marquera assurément l’histoire du pays. Donald versus Hunter.

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Le mois d’août amer de Gilles-William Goldnadel

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Gilles-William Goldnadel © Hannah Assouline

Notre ami Goldnadel, avocat et essayiste, pourfend cette gauche médiatico-politique selon laquelle on est trop pâle pour être victime et trop bronzé pour être coupable. Quant à l’hystérie qui a entouré la nomination de Geoffroy Lejeune au JDD et l’invitation mielleuse de Médine chez EELV, elles lui laissent un mauvais goût dans la bouche…


Rassemblement des députés de la Nupes en soutien à la rédaction du JDD en grève, Paris, 19 juillet 2023.  © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Je sais que j’ai tort. Je devrais m’en ficher et pour mieux dire m’en foutre. Mais j’ai un mauvais goût d’août amer au fond de la bouche. Il semblerait qu’il n’y ait rien à faire. Nos idées ont gagné mais rien n’a changé. Une grande partie des Français ignorent qui est Enzo. Ce jeune de 15 ans a été tué à la fin de juillet, rien que pour un méchant regard. Tué par deux voyous dont il n’est même pas la peine que j’écrive qui ils sont. Car s’ils ne l’étaient pas, on connaîtrait Enzo. Mais ni Le Monde ni France Inter n’ont parlé d’Enzo en raison de cet accord tacite et non écrit qui unit la presse convenue, je veux dire d’extrême gauche. Qu’elle soit privée, qu’elle soit publique. Les autorités d’occultation n’ont pas pris de vacances.

Mais il y a une potion aoûtienne plus amère encore : un mauvais clou chasse l’autre. Je me suis aperçu que j’avais oublié le pauvre Enzo quand je me suis préoccupé d’un autre crime occulté. Ce viol atroce d’une jeune femme à Cherbourg : son violeur lui a enfoncé dans le vagin un balai de 75 centimètres qui lui a perforé les viscères. Ensuite, il l’a torturée. À l’heure où j’écris ces lignes, elle est toujours dans le coma. Mais les féministes très progressistes, qui s’enflamment pour un geste inapproprié (même quand il est contesté par le mufle présumé), n’ont pas dit un mot sur ce crime d’exception. Aubry, l’Insoumise, a préféré twitter une vidéo sur les micros du Parlement européen qui ne seraient pas adaptés aux tenues des femmes (en réalité, si on comprend bien, c’est le nom, micro-cravate, et non la chose, qui est une offense aux femmes). J’allais oublier de vous dire, incidemment, que le bourreau récidiviste s’appelait Oumar N.

A lire aussi, Elisabeth Lévy : A gauche, la défaite en chantant

Deux autres événementsn’auront rien fait pour me conférer l’auguste sérénité. Le premier concerne la croisade médiatique contre le JDD en général et Geoffroy Lejeune en particulier. Passe encore que Libération et Le Monde y participent. De la part de deux croisés de l’extrême gauche, c’est de sainte guerre. Mais que l’odieux visuel de sévices publics consacre des dizaines de reportages unilatéralement venimeux à trouver scandaleux qu’un journaliste d’« extrême droite » puisse rejoindre un titre respectable, quand on sait que le patron de sa matinale vient tout gauche de Libération, provoque chez moi une poussée d’urticaire aggravée par la chaleur ambiante.

Enfin, j’ai gardé le pire pour la fin : l’invitation de l’antisémite et homophobe Médine par la Rance Insoumise et EELV. Passe pour les Insoumis  qui assument depuis longtemps leur soumission à l’islamisme et à ses petits péchés mignons. Mais la justification de Marine Tondelier n’est pas piquée des hannetons menacés par la pollution. Il faudrait entendre l’auteur homophobe d’une déclaration antisémite (ou le contraire), dialoguer avec lui… parce qu’il est racisé. Dame Tondelier, pas genrée pour deux sous, est le Monsieur Jourdain du racisme bobo.

Pour tenter d’adoucir mon amertume estivale, je veux croire que l’extrême gauche, qui avait fait fond sur l’antiracisme vétilleux, a achevé de se déconsidérer lors de ses universités d’été.

Malgré le privilège rouge, malgré le privilège racisé, viendra l’automne pour les faiseurs de haine.

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Et si j’avais eu tort pour le Syndicat de la magistrature?

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Le Syndicat de la magistrature, présent à la fête de l'Humanité, le 16 et 17 septembre 2023. Capture d'écran Youtube/Journal l'Humanité.

Le magistrat doit rester impartial politiquement, ce statut est clairement défini par la loi organique. Dès lors, Philippe Bilger s’émeut: pourquoi le Syndicat de la magistrature participe-t-il à la fête de l’Huma?


Il m’a suffi d’une seule année à Lille – de 1972 à 1973 – pour comprendre que le Syndicat de la magistrature ne servait pas la Justice mais s’en servait au nom d’une conception idéologique de gauche, voire d’extrême gauche. Les magistrats qui, comme moi, en son sein étaient hostiles à cet extrémisme partisan se trouvaient confrontés à cette alternative : demeurer et souffrir avec une parole inaudible ou partir. C’est ce que j’ai fait en créant une association « Justice nouvelle » qui n’a pas répondu à mes espérances. Pour la raison essentielle que des modérés étaient certes venus vers moi mais en me faisant regretter les quelques intelligences singulières que j’avais quittées en dépit de la calamité souvent absurde des délibérations collectives du Syndicat de la magistrature.

C’est un point important sur lequel on hésite à insister. Sans tomber dans une nostalgie de mauvais aloi, je soutiens qu’il y avait un gouffre entre les dirigeants du Syndicat de la magistrature d’alors et ceux d’aujourd’hui. Les premiers faisaient réfléchir, quoi qu’on en ait, et, comme ils intervenaient sur un terrain vierge, leurs idées et leur action, dans les années 1970, ont eu des effets positifs. Les excès et les outrances, déjà perceptibles, étaient en partie compensés par la liberté, l’ouverture et la dénonciation légitime de comportements judiciaires choquants. Un monde inutilement guindé était heureusement décorseté.

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La suite ne fut pas de la même eau. D’abord parce que le Syndicat de la magistrature s’étant vidé de ce qu’il avait eu de meilleur n’était plus en capacité d’offrir au monde judiciaire et à la société autre chose que des analyses partisanes et des attitudes collectives scandaleuses. Mais, surtout, à cause de cette aberration intellectuelle soutenue complaisamment, sans l’ombre d’un questionnement, que tout était politique, ce qui paraissait légitimer les pires partialités et les plus odieuses inégalités dans l’administration de la Justice. C’était gravement confondre le processus judiciaire qui doit intégrer, pour être équitable, singulier de l’être et pluriel social avec une idéologie polluant en amont toutes les délibérations et décisions essentiellement pénales.

Faux syndicat, vrai parti

Faut-il rappeler les mille exemples qui sans cesse remettaient sur le tapis démocratique l’interrogation sur le droit au syndicalisme judiciaire ? Les inféodations aux partis de gauche et d’extrême gauche lors des congrès du Syndicat de la magistrature, la participation à des manifestations clairement hostiles au pouvoir présidentiel dès lors qu’il n’était pas de gauche, le soutien systématique octroyé à des causes politiques et syndicales qui contestaient l’institution judiciaire et ses jugements, la perversion de pratiques judiciaires, inspirées par l’idéologie, qui s’en prenaient au patronat et à la police au prétexte des quelques policiers ou patrons renvoyés devant les tribunaux correctionnels, la détestation de certaines lois ou de tel ou tel président de la République, qui conduisait à des injustices, l’indulgence, voire la complaisance pour les émeutiers d’il y a quelques semaines, le mépris régulièrement diffusé à l’égard du sentiment populaire aspirant à l’ordre, à la sûreté des personnes, à la protection des biens et à la rigueur à l’égard des coupables avec le souhait de peines exécutées.

Le « mur des cons » du Syndicat de la magistrature, en 2013. Image: Capture d’écran Youtube.

Le Mur des cons, sur lequel j’avais l’honneur d’être, est venu ajouter de l’ignominie à ce qui prétendait n’être qu’une pochade et qui en réalité a rendu presque insurmontable le fossé entre la société et l’institution judiciaire, il a amplifié de manière dramatique la perte de confiance et d’estime du citoyen à l’égard des juges. Ce qui a suscité l’indignation, au-delà de l’abjection tournant en dérision le père d’une victime, le créateur d’une association en faveur des victimes ou moquant exclusivement certains politiques, est l’incroyable laxisme qui a prévalu au sujet de ce désastre dont nous sommes loin d’être encore revenus.

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Et pourtant, aussi bien dans mes écrits que dans mes propos, dans les conférences, dans les multiples circonstances où un magistrat, de surcroît devenu honoraire, a le droit de s’exprimer, longtemps, tout en dénonçant le scandale de ce syndicat politisé et ses effets délétères sur l’opinion publique, j’affirmais aussi qu’il était inconcevable qu’on le supprimât et que d’ailleurs aucun pouvoir n’en aurait l’envie ni le courage. Mon argumentation était de bonne foi et cependant, sans cesse, on me rétorquait, sur les réseaux sociaux ou ailleurs, que j’avais tort, on me mentionnait des textes, on stigmatisait l’impuissance des gouvernements. Le citoyen ne s’en laissait pas conter !

Si, avec ce billet, je vais faire en quelque sorte amende honorable, je ne suis pas décidé à battre ma coulpe tout seul. Faut-il oublier une grande part de la classe médiatique qui a durablement tressé des louanges à ce syndicalisme et vanté son opposition aux pouvoirs de droite, passé sous silence tous les gardes des Sceaux de gauche qui ont favorisé ce syndicalisme en l’installant confortablement dans les arcanes des décideurs et des hiérarchies, dans les rouages politiques, minimisé cette lâcheté qui n’a jamais incité les indignés à droite à franchir le pas opératoire de la suppression du Syndicat de la magistrature ? Convient-il d’exonérer de sa responsabilité le syndicalisme judiciaire centriste qui, au nom de sa propre sauvegarde et pour se faciliter l’action, par corporatisme aussi, n’a jamais mis en cause la dérive de ce faux syndicat, de ce vrai parti ?

Le parti-pris de « magistrats militants dans un cadre social »

Pourquoi alors s’émouvoir maintenant de ce qui affecte, infecte depuis si longtemps la Justice ?

Parce que nous avons un garde des Sceaux qui s’est dit « énervé », « excédé » par la participation du Syndicat de la magistrature à la fête de l’Humanité. Pour lui, « le Syndicat de la magistrature, ce n’est pas la Justice ».

Parce que malheureusement ce constat a été avéré avec la prestation honteuse de ces magistrats, en compagnie du Syndicat des avocats de France qui, lui, n’est tenu à aucune réserve politique, monologuant contre les violences policières, stigmatisant la police et osant même qualifier de « révoltés » ceux qu’une personne avait nommé « émeutiers parce qu’ils avaient dégradé et brûlé des bâtiments publics ».

Parce que ces mêmes magistrats se sont présentés, déniant être des juges politisés, comme des « magistrats militants dans un cadre social » en affichant donc sans vergogne le caractère partisan de leur implication dans cette fête organisée par le parti communiste français. Je suis persuadé que sollicités par LFI, ils n’auraient pas hésité à venir apporter leur approbation à Jean-Luc Mélenchon pour qui « la police tue » tandis que Fabien Roussel s’est toujours gardé à ce sujet d’une attitude non républicaine. Débordé sur sa gauche par le Syndicat de la magistrature !

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Parce que l’arrogance de cette exhibition montre bien qu’à force de laisser le ver prospérer, le fruit se détruit.

Parce que, saisi il y a plusieurs mois par le ministre Dupond-Moretti, le Conseil supérieur de la magistrature n’a toujours pas répondu aux trois questions posées, dont l’essentielle portait sur le droit de grève des magistrats (JDD). Si un jour la réflexion collective aboutit à un résultat, je doute fort qu’il soit sans la moindre équivoque. Ce qui laissera le pouvoir politique face à ses responsabilités. Celui d’aujourd’hui et celui de demain, de 2027.

Parce qu’il y a, de plus en plus, une incompréhension citoyenne face à cette partialité publique ostentatoire quand on sent intuitivement ou à la réflexion que l’acte de justice exige sérénité, prudence, équité et, plus que tout, impartialité et que l’absence de ces dispositions chez le magistrat fait craindre le pire à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont à faire avec l’institution. Ce superbe métier, cet honneur de raccommoder, de réparer, de sanctionner ne doivent plus être à la merci d’une conception dévoyée du droit, d’une perversion politicienne. Un magistrat est un serviteur, pas un militant.

Parce qu’il y a enfin dans le statut de la magistrature défini par la loi organique, dans son article 10, ces dispositions très claires qui n’ont été méconnues que par l’impuissance, la lâcheté ou la perversion politiques : « Toute délibération politique est interdite au corps judiciaire ; toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions ; est également interdite toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ».

Par quelque biais qu’on les interprète, elles concernent le Syndicat de la magistrature, ses dérives, ses préjugés et son idéologie. Et son absence totale de réserve.

On a pu longtemps être arrêté par une sorte de scrupule. Interdire n’est jamais gratifiant. Mais le Syndicat de la magistrature, dans son naufrage, entraîne bien plus que lui : la Justice, la confiance qu’elle doit susciter, le respect qu’elle doit inspirer.

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Suffirait-il, comme un sénateur l’avait proposé, lors de l’examen du projet de loi organique sur la Justice en juin 2023, de prescrire « le respect du principe d’impartialité pour les magistrats syndiqués » ? Ce qui devrait aller de soi et qui pourtant a été contesté au nom de la liberté d’expression. Ne faudrait-il pas, selon une revendication constante d’Eric Ciotti, par exemple en janvier 2023, « interdire l’appartenance syndicale des magistrats » ?

Ce qui a relevé longtemps d’un débat théorique, parce qu’apparemment rien ne pressait et qu’une sorte de tabou existait, est dorénavant inscrit dans une réflexion qui ne peut plus faire comme si le militantisme politique revendiqué par le Syndicat de la magistrature ne posait pas un immense problème dans notre démocratie. Celle-ci peut-elle se permettre d’avoir un tiers de la magistrature qui viole ouvertement ses principes et stigmatise les forces régaliennes qui la servent ?

Ce syndicat contraint à s’interroger sur la survie du syndicalisme judiciaire.

Quel pouvoir républicain aura l’audace d’une radicalité en me donnant modestement raison demain parce que j’ai eu tort hier ?

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Immigration et travail: à se taper la tête contre les murs

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Immigration. Quand ils ne parviennent pas à recruter dans les métiers « en tension », les patrons ne sont évidemment pas opposés à la régularisation des sans-papiers. Le billet de Sophie de Menthon, qui défend un meilleur accueil des « gentils » et réclame qu’on éloigne enfin les « méchants »!


Au moment où le débarquement de migrants à Lampedusa occupe tous les esprits, il faudrait tout de même que l’on fasse un jour preuve de bon sens, et que le gouvernement commence à réfléchir, en toute objectivité, à régler les problèmes intérieurs qui sont les nôtres, en particulier celui du rapport entre immigration et emploi.
Besoin de logique, besoin de justice, besoin de pédagogie, en oubliant les hystériques du racisme sur le sujet et les extrêmes de tous bords.
Commençons par le commencement, et changeons une loi scélérate :
Pour un sans-papier, sur le territoire français, il faut travailler en toute illégalité, au moins deux ans et présenter 24 bulletins de salaire pour obtenir le droit de rester en France et de continuer à travailler. Donc, concrètement, le gouvernement encourage le travail illégal et le récompense. Qui peut m’expliquer ? Cela fait trop longtemps que dure cette schizophrénie, dans l’indifférence, l’hypocrisie, les contradictions, les incohérences et les dédales administratifs. STOP ! Cette situation aberrante touche un grand nombre de secteurs, actuellement en manque cruel de main-d’œuvre (restauration, nettoyage, bâtiment, sécurité, aide à domicile…). Dans le BTP, en région parisienne, un salarié sur deux est sans-papier.

Métiers en tension

C’est ce qu’on appelle « les métiers en tension ». Et bien sûr, non, virer tous les étrangers ne fera pas occuper ces emplois par des chômeurs français ! Cet état de fait suscite l’incompréhension totale des chefs d’entreprises, des syndicats et de ceux qui se plongent dans cette problématique insoluble. Alors, on fait semblant : le patron fait semblant ou ne reconnaît pas les faux papiers… mais il fait tout bien par ailleurs: il déclare le salarié, paie les charges, respecte le droit du travail. Même chose pour son salarié en situation irrégulière, et tout cela fonctionne à la satisfaction de tout le monde depuis le recrutement jusqu’à… un contrôle plus poussé. Par ailleurs, il faut arrêter de prétendre que ces salariés étrangers sont sous-payés : ils sont soumis a minima au SMIC et au Code du travail comme tous les autres, avec les mêmes droits. Nous cherchons des gens qui veulent et peuvent travailler, et nous les traitons convenablement, revendiquent les « coupables ».  

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Que les politiques fassent perdurer cette situation est une honte nationale. Qui mettra fin à ce système hypocrite et incohérent ? Le TRAVAIL doit être la clé du droit de séjour en France. Un travailleur étranger qui obtient un contrat de travail en bonne et due forme devrait pouvoir bénéficier d’un permis de séjour adapté, sur le modèle de la « Green Card » aux USA, ce qui permettrait à ce travailleur de bénéficier d’une carte de résident en France et d’y séjourner légalement le temps de son contrat de travail. Et, bien sûr, sans avoir le droit de faire venir sa famille ou alors dans des conditions à déterminer (que personne n’a le courage de déterminer). Par ailleurs, ne confondons pas « permis de séjour » lié au travail et régularisation complète.

Sophie de Menthon ne manque pas d’air

La pauvreté intellectuelle et morale de ceux qui ne « pensent » pas mais jonglent avec une bouillie idéologique sur ce sujet, entraine l’inéluctable et stupide tarte à la crème du « légaliser serait un appel d’air ».
Non ! Car cette régularisation est uniquement pour ceux qui travaillent déjà officiellement et donc sont intégrés. On pourrait très bien aussi, par la suite, ne laisser entrer en France à l’avenir que ceux qui sont munis d’une promesse d’embauche contrôlée avec permis de séjour le temps du contrat; le contrat terminé, l’immigré aurait deux mois pour retrouver un nouveau contrat et sinon il rentre dans son pays. Mais, direz-vous, de toute façon, on ne renvoie personne ou si peu… En tout cas, il serait urgent de renvoyer les individus qui posent un problème, ce serait déjà formidable. Actuellement, concernant la question migratoire, on mélange malheureusement tout, selon sa couleur politique: les sans-papiers, les cas sociaux à la rue, les sans boulot, les drogués, les caïds des banlieues, les vrais réfugiés, le regroupement familial (à arrêter ou limiter de toute urgence), les boat people, etc. Ce ne doit évidemment pas être le même traitement dans chaque cas, et je parle bien dans cette tribune des travailleurs. La « nouvelle loi immigration » a comme socle l’entreprise, mais bien sûr avec la menace coutumière de l’amende (4000€ pour emploi illégal, et 8000 si récidive). Qu’est-ce que cela résout?

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Ah si ! une innovation importante : les patrons devront désormais prendre sur le temps de travail de leurs salariés pour que ceux-ci apprennent le français ! Sauvés ? Cette nouvelle loi me fait l’impression d’un simple camouflage de notre situation migratoire qui ne touche pas aux sujets fondamentaux. Quid des cadeaux présidentiels faits à certains pays en autorisant un nombre déterminé d’émigrés (je pense à l’Algérie) ? Quid des expulsions ? Quid du laxisme et de la lenteur de la justice ? Certes, il convient de lutter contre l’emploi caché non déclaré, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Le vrai scandale, c’est l’emploi « illégal » tel que je l’évoquais; car l’illégalité, répétons-le encore et encore, est promue par l’État qui martèle que pour avoir le droit de travailler, il faut d’abord travailler sans en avoir le droit. À se taper la tête contre les murs, oui.

Lampedusa: un jour sans fin

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Ile de Lampedusa, Italie, 16 septembre 2023 © Cecilia Fabiano/LaPresse cecilia/SIPA

Les bateaux ne cessent d’arriver dans l’île italienne, distante de moins de 200 km des côtes tunisiennes. Gérald Darmanin annonce ce matin qu’il refusera l’accueil en France des clandestins débarqués à Lampedusa. Cet après-midi, on apprend qu’un centre d’accueil va être installé à Menton (06). Analyse.


Le nom Lampedusa fut longtemps connu comme celui porté par l’écrivain Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Ce prince et Grand d’Espagne fit dire à son personnage Tancredi cette phrase depuis tombée dans le langage courant : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ». Les images qui nous parviennent de la petite île de Lampedusa résonnent ici avec cruauté. Oui, si nous voulons que l’Europe reste telle qu’elle est, il faut que les politiques migratoires des États membres changent… et radicalement.

Depuis son accession au pouvoir, Giorgia Meloni a voulu jouer selon les règles de l’Union européenne. Comme rappelé dans un précédent article, l’Italie est un pays particulièrement vieillissant, même selon les standards continentaux. Sa natalité en berne l’oblige à trouver des solutions, notamment pour combler le vide de main d’œuvre dans les « petits métiers ». Pas de quoi toutefois expliquer la vague sans précédent d’arrivées irrégulières qui s’abat sur les côtes transalpines d’une botte plus que jamais flanc sud de l’Europe. Ainsi, le nombre de migrants illégaux a explosé depuis janvier 2023, atteignant des records sans précédents. Pour tout dire, sur dix personnes arrivées illégalement en Europe en 2023, huit sont passées par l’Italie.

La présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, Rome, 8 mai 2023 © LaPresse/Roberto Monaldo/Shutter/SIPA

Le départ français du Sahel produit déjà ses effets

Entre le lundi 11 et le mercredi 13 septembre, ce sont plus de 199 bateaux chargés de 8 500 personnes à leur bord qui ont accosté à Lampedusa. Les images qui nous parviennent montrent une île devenue Camp des Saints, submergée de jeunes hommes africains majoritairement venus du Sahel quand ils provenaient plutôt autrefois du Golfe de Guinée.

Les déstabilisations du Mali puis du Burkina-Faso et du Niger commencent déjà à produire leurs effets. Les mercenaires russes sont débordés, de même que les forces militaires locales. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable que ces masses d’hommes soient instrumentalisées contre l’Europe, ayant pour double effet de nous menacer et de vider un peu une région littéralement surpeuplée avec le plus haut taux de fécondité au monde.

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En 2019, une Giorgia Meloni en campagne, sous l’influence de Luigi di Maio, affirmait munie d’un billet de Franc CFA : « C’est ce qu’on appelle le franc CFA. C’est la monnaie coloniale que la France imprime pour 14 nations africaines, à laquelle elle applique le seigneuriage et en vertu de laquelle elle exploite les ressources de ces nations ». On passera sur le mensonge et la bêtise de la déclaration initiale, aucun pays bénéficiant de ce taux de change ne semblant vouloir le quitter, pas même ceux qui usent et abusent de la francophobie d’État, et Giorgia Meloni ayant depuis mis de l’eau dans son vin. Mais cette phrase en dit tout de même long sur l’inculture totale d’une bonne part des Européens s’agissant de l’Afrique et de ses dynamiques historiques.

Le départ de la France du Sahel n’est une bonne nouvelle pour aucun habitant du Vieux continent, surtout pour l’Italie. L’immigration était déjà très difficilement contrôlable, elle pourrait devenir demain impossible à juguler. Giorgia Meloni a engagé des réformes d’envergure depuis le début de l’année. Elle a notamment mis en place l’Etat d’urgence migratoire et grandement limité le régime de « protection spéciale renforcée ». Pourtant, toutes ces mesures ne suffisent pas à faire face à cette invasion quotidienne. Les bateaux ne cessent d’arriver.

Une Europe ouverte aux quatre vents

Ils auraient d’ailleurs tort de se priver, tant l’Europe est pour eux un Eldorado. La télévision burkinabaise le rappelait encore récemment, comme pour mieux encourager les candidats à l’exil : la France offre absolument tout. Couverture-maladie, accueil, aides en tous genres, protections des ONG et de la Justice, et même de l’argent de proche en espèces sonnantes et trébuchantes. Les appels d’air sont si nombreux qu’il semble vain d’en dresser de nouveau la liste par le menu. Giorgia Meloni n’a aucun atout dans son jeu pour enrayer cette spirale infernale.


Quand l’Europe est envahie, elle ne propose pas d’expulser mais de « répartir » les migrants clandestins. Démonstration est désormais faite : on ne peut pas régler ce problème en restant dans les clous. Matteo Salvini l’avait d’ailleurs en partie compris… ce qui entraina sa condamnation par la justice de son pays pour avoir tenté de refouler les bateaux…

Des solutions existent. Meloni avait d’ailleurs entamé des démarches intelligentes auprès de la Tunisie de Kaïs Saïed, démarches sabordées par les manœuvres de la gauche italienne et du Parlement européen. Notons d’ailleurs que les bateaux sont partis de Sfax, avec très certainement l’assentiment au moins tacite des autorités locales. Comment leur en vouloir ?

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Eux aussi subissent ce qui peut désormais être appelé une invasion. Si nous ne les aidons pas financièrement, ils ne feront pas le travail à notre place.

Un blocus naval ?

En sus d’une collaboration avec le Maghreb, les États européens doivent réviser drastiquement leur législation et réduire le pouvoir de nuisance des associations d’aides à l’immigration. C’est un impératif. N’en doutez point: tous ces militants pensent comme Jean-Luc Mélenchon, lequel vient de déclarer qu’une fois élu, il entamerait une « vague de régularisations massives ». Au fond, il est à se demander si l’emploi de la force n’est pas désormais nécessaire. Un blocus naval semble une solution « démagogique », mais comment faire autrement quand des milliers d’hommes débarquent sans nous demander l’autorisation, avec la complicité de passeurs et d’ONG qui les amènent en Europe en connaissance de cause, conscients de notre impuissance, de notre enchainement à des valeurs d’accueil qui se retournent désormais contre nous ?

Il s’agit d’un combat littéralement existentiel qui demande un effort spécifique de chaque État membre ainsi que de l’Union européenne toute entière. Nous ne devons plus céder au chantage émotionnel de l’extrême gauche. Quel message envoyons-nous au reste du monde quand nous montrons que 8 000 pauvres hères peuvent ainsi défier l’un des continents les plus riches ? Mateusz Morawiecki a raison de tancer l’Allemagne, Donald Tusk et Manfred Weber: il faut dire stop à l’immigration illégale. Quant à nous Français, il serait temps que nous mettions enfin nos actes en rapport avec nos discours. Gérald Darmanin a dit ce matin même à la radio que la France n’accepterait pas de migrants arrivés à Lampedusa. En début d’après-midi, nous apprenions qu’un centre d’accueil allait être installé à Menton, joyau de la Côte d’Azur. Plus tard, il sera trop tard.

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Harcèlement, violence, lâcheté et morgue administrative: la chaîne fatale

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Le ministre de l'Education Gabriel Attal, Châteauneuf-en-Thymerais (28), 15 septembre 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Nicolas N*** est donc mort, pendu à une taie de traversin. Les courriers échangés entre ses parents et le rectorat de Versailles sont éloquents sur bien des points, dit notre chroniqueur : refus d’entendre, refus de voir, refus de dire, enseignants et administratifs sont le parfait exemple de la sagesse orientale et du déni français.


L’affaire commence au mois de mars. Charline Avenel, amie personnelle d’Emmanuel Macron (elle appartient à cette cuvée « Léopold Sedar Senghor » de l’ENA qui est l’équivalent en macronie de ce que fut la promotion Voltaire en hollandie) était encore rectrice de Versailles —, elle n’est partie que l’été dernier pantoufler dans un organisme lucratif. Mais les faits remontent encore plus loin : depuis des mois Nicolas N***, jeune Guadeloupéen scolarisé dans un lycée professionnel de Poissy, dans les Yvelines, était harcelé par deux petites racailles. Du genre sans doute qui n’aime pas les Noirs, même si Nicolas avait le teint fort clair. Un gentil garçon, assidu, attentif, et qui croyait, a expliqué sa mère, en la justice des adultes.

Eh bien il a vu ce qu’étaient les enfants — « cet âge et sans pitié », disait fort bien La Fontaine — et ce que sont les adultes. Et il ne l’a pas supporté. Il avait changé d’établissement début septembre (alors même qu’Attal souhaitait que ce soient les harceleurs qui soient déplacés), il était retombé du haut de ses illusions, il n’est pas allé au bout de la première semaine de la rentrée. Même s’il avait d’autres soucis, ce fut sans doute la goutte d’eau qui, au dernier moment, pousse l’esprit à parier sur la mort, comme dit Camus.

La culpabilité change de camp

Du côté des copains, rien que de très ordinaire. « T’es nul, t’es moche, ta mère est une pute, ta sœur aussi, … » — on connaît le refrain. C’est du côté des adultes que les dysfonctionnements les plus criants ont vu le jour. Entre les profs qui n’ont pas voulu voir (le prof principal arguant que les altercations avaient eu lieu hors établissement, désolé, faites-vous péter la gueule dans l’enceinte du bahut, et une autre témoin des invectives mais qui a prudemment choisi de ne pas intervenir), le proviseur qui a émis un doute préalable (il évoque « une situation ressentie comme harcelante » afin d’éviter le mot harcèlement, qui est un délit punissable, depuis mars 2022, de dix années de prison, ne dramatisons pas…) et le rectorat enfin qui pour défendre ses agents, comme la loi lui en fait l’obligation, menace carrément de porter plainte pour plainte abusive (la famille avait déposé une main courante), précisant que le tarif d’une telle médisance est de cinq ans de prison et 45 000€ d’amende, les parents de Nicolas ont eu l’embarras du choix, entre couardise, morgue, et violence de l’appareil d’État. Même soutenu par ses parents, que vouliez-vous que fasse un jeune homme qui a dû se sentir méprisé et abandonné par ceux-là mêmes sur lesquels il comptait ? La culpabilité avait changé de camp (voir le courrier reproduit en bas de page).

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Sur les réseaux sociaux, il est des enseignants qui tentent de justifier l’attitude de leurs collègues. Esprit de corps des minables. Ils sont de la même race que ceux qui, à Conflans, refusent que leur collège prenne le nom de Samuel-Paty. Même s’il est des plaintes abusives, parfois même des agressions de parents tout à fait injustifiées, il faut tout prendre au sérieux, quand on sait qu’à la clef il y a un suicide possible. C’est fragile, un gamin.

En 45 ans, j’ai eu à intervenir deux fois sur des faits de harcèlement. La première fois, c’était sous mes yeux : j’ai pris le harceleur par l’oreille, en lui expliquant que s’il bougeait je la lui arrachais, et je l’ai traîné chez le principal. Mais j’ai la carrure pour ça. La seconde fois, nous avons réagi en bloc, obtenu immédiatement l’exclusion temporaire des harceleurs, et en conseil de discipline, leur radiation des concours qu’ils préparaient.

Le proviseur prudent toujours en place

Le plus beau, si je puis dire, c’est que ces enseignants aveugles enseignent toujours. Que ce proviseur prudent est toujours en place. Que l’administratif pète-sec qui a écrit au nom de l’institution n’a pas été suspendu : il sera peut-être déplacé sur un poste équivalent, le temps de se faire oublier. Et que les deux crapules qui harcelaient Nicolas ont fait une rentrée normale dans leur lycée. Leur statut nouveau leur a sans doute valu une promotion dans la voyoucratie locale.

C’est toute une chaîne de responsables qu’il faut traîner devant les tribunaux pour comportements ayant entraîné la mort sans intention de la donner, propos racistes (je ne peux croire que la couleur de peau de Nicolas n’a pas joué un rôle dans ce harcèlement, il y a des ethnies entières en banlieue qui détestent les Noirs) et non-assistance à personne en danger. Alors, chers collègues adeptes du « pas de vagues », vous arrivez toujours à vous regarder dans un miroir le matin ?

Le fait est qu’il devrait y avoir une enquête de police — automatique après un suicide — et surtout une enquête administrative pour démêler le vrai du faux. Il y a des plaintes pour harcèlement qui n’ont d’autre raison que d’obtenir un changement d’établissement. J’aimerais croire que des sanctions seront prises, quand on aura établi que des dysfonctionnements graves ont eu lieu. Mais j’en doute — ou alors, dans tant de temps, que la mort du gamin se sera diluée dans les espaces bureaucratiques. « Bonne justice est prompte », disait Henri IV. Oui, mais ça, c’était avant.


Suicide de Nicolas: l’opinion veut des têtes maintenant, celle de Charline Avenel…

Chaque matin, Elisabeth Lévy donne son avis sur l’actualité dans la matinale de Sud Radio, après le journal de 8 heures.

«Nous demandons la suppression du droit du sol à Mayotte»

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Mansour Kamardine, député LR de la 2e circonscription de Mayotte. © Hannah Assouline

Sans maîtrise de ses frontières (maritimes), Mayotte connaît une explosion migratoire et une flambée de violences sans précédent. Pour enrayer ce cycle infernal, Gérald Darmanin a lancé en avril l’opération Wuambushu. Mansour Kamardine, député LR de ce 101e département français, applaudit mais attend encore plus de fermeté.


Causeur. Quel était le contexte de l’opération Wuambushu ?

Mansour Kamardine. L’opération de reconquête des territoires perdus et de restauration de l’État de droit à Mayotte a été lancée dans un contexte particulièrement tendu. La multiplication des agressions barbares contre les personnes et les biens par des hordes de jeunes sauvageons d’origine étrangère avait créé un climat de terreur sur l’ensemble du département et la population, qu’elle soit française ou étrangère en situation régulière, voulait une reprise en main ferme des questions régaliennes.

En quoi consiste précisément l’opération ?

Elle s’articule autour de trois axes : le démantèlement des bandes criminelles, la destruction de l’habitat illégal dangereux et indigne, et l’amplification de la reconduite à la frontière des clandestins, pour la plupart comoriens. Les objectifs du premier axe ont été atteints, puisque 75 bandes criminelles ont été démantelées et leurs chefs présentés à la justice. Le travail se poursuit pour neutraliser les réseaux criminels transnationaux de trafics d’êtres humains et leurs complices locaux. La destruction de bidonvilles a pris un sérieux retard en raison d’un véritable harcèlement judiciaire orchestré par les obsédés des droits des clandestins, qui sont des associations subventionnées et appuyées par des magistrats, adhérant notamment au Syndicat de la magistrature. Néanmoins, nous avons bon espoir que l’objectif de récupération des terrains spoliés soit atteint à la fin de l’année. En ce qui concerne le troisième axe, les manœuvres des autorités comoriennes, amplifiées par le manque de fermeté et d’habileté du Quai d’Orsay, ont conduit à un important « retard à l’allumage », mais les reconduites de clandestins ont retrouvé un rythme conséquent.

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Pouvez-vous nous rappeler les règles de naturalisation, dérogatoires au droit commun national, en vigueur sur l’île ?

Depuis 2018, un enfant né de parents étrangers peut obtenir la nationalité française à 18 ans à condition d’avoir vécu en France pendant au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans (comme en métropole) et à la condition supplémentaire de démontrer que l’un de ses parents était en situation régulière sur le territoire français depuis au moins trois mois au moment de sa naissance. Le gouvernement envisage de porter à douze mois le temps de présence légale d’au moins l’un des parents avant la naissance de la personne concernée. Nous demandons davantage, soit purement et simplement la suppression du droit du sol à Mayotte, afin de réserver l’acquisition de la nationalité française à la filiation et à la naturalisation, comme c’était le cas à Mayotte avant 1994.

La métropole peut-elle s’inspirer de l’exemple de Mayotte dans sa propre lutte contre l’immigration illégale ?

Pourquoi pas ! En effet, la situation actuelle de Mayotte est une fenêtre ouverte sur un avenir possible en métropole. Si nous n’arrivons pas à maîtriser nos frontières sur une île de 374 km², située à 70 km de pleine mer des côtes des Comores, où vivent 800 000 personnes, comment pourrions-nous maîtriser nos frontières européennes, avec Gibraltar qui se trouve à seulement 14 km de l’Afrique et de ses 1,2 milliard d’habitants ? Si nous échouons à Mayotte, nous échouerons en Europe. Nos compatriotes, dans leur immense majorité, ne sont ni racistes ni xénophobes. Ils expriment néanmoins leur volonté d’affirmer leur souveraineté en matière d’immigration. Il appartient aux Français de décider qui ils acceptent et qui ils refusent sur leur territoire.

On a entendu Edwy Plenel et d’autres figures de gauche dire que Mayotte et les Comores sont ethniquement un même peuple et que la frontière était une absurdité. Que vous inspirent de tels propos ?

J’observe chez les « belles âmes » de la gauche morale une méconnaissance patente de l’histoire, de la sociologie, de la linguistique et de la géographie du canal du Mozambique. Il n’y a pas dans cette partie du monde de peuple comorien. Il y a un peuple grand-comorien qui s’exprime dans une langue en tout point identique à celle des populations de la côte tanzanienne, mais aussi un peuple anjouanais, un peuple mohélien, un peuple malgache et un peuple français représenté par les Mahorais qui s’expriment tant en dialecte swahili qu’en dialecte malgache et en français. Surtout, j’ai découvert avec stupéfaction que cette gauche morale avait une conception ethnique de la nation, ce qui la rend finalement plus proche des idéologues nazis que des penseurs des Lumières. Toute ma vie, je me battrai contre cette conception nauséabonde de la Nation.

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D’où ce paradoxe : sur les plateaux TV, on a vu des Blancs accuser de racisme des Noirs musulmans qui souhaitent réguler l’immigration à Mayotte…

La gauche morale et l’extrême gauche ne savent plus où elles habitent ! Leur seule boussole est désormais la défense permanente et systématique des étrangers, surtout si ceux-ci sont en infraction au regard du droit. Les victimes, comme les Mahorais qui subissent les conséquences de l’immigration clandestine massive, sont traitées de bourreaux et les bourreaux sont protégés comme des victimes. Cette gauche à l’envers, qui insulte, au sens propre, tous ceux qui ne pensent pas comme elle, est en collapsus intellectuel. Elle est totalement aspirée par le marketing électoral des stratèges du Parti démocrate américain des années 1990. Ils sont passés de Karl Marx à Hillary Clinton. Tout un parcours !

Vous êtes député LR. La départementalisation du territoire sous Sarkozy a-t-elle selon vous permis de réguler le phénomène ? N’a-t-elle pas créé un appel d’air ?

Absolument pas ! Les trois principaux appels d’air à l’immigration clandestine sont l’accès à la nationalité, l’accès à l’école gratuite pour tous et l’accès à la santé gratuite pour tous. Les origines de la pression migratoire sont donc totalement extérieures à la départementalisation. Ce qui a rendu la situation explosive, ce sont la volonté délibérée, sous François Hollande, de laisser se développer la submersion migratoire de Mayotte à partir de 2012, l’activité ambiguë du Quai d’Orsay et l’échec de l’indépendance des Comores. Nous pouvons donc parachever la départementalisation, tout en coupant les trois principales pompes aspirantes de l’immigration. C’est même un devoir républicain.

Quand Mélenchon se bat la coulpe

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Jean-Luc Mélenchon au Plessis-Pâte (91), 15 septembre 2023 © MPP/SIPA

Dans une relative indifférence médiatique, le lider maximo vient de s’excuser publiquement d’avoir soutenu les émeutes de banlieue en juin dernier. Mais ne comptez pas non plus sur lui pour s’assagir complètement. Ses fans lui en voudraient trop.


En 1901, dans Que faire, Lénine écrivait une formule connue de tous les militants d’extrême gauche chevronnés, à commencer par les trotskistes : « Ce qui serait terrible, ce serait l’obstination dans l’erreur, une fausse honte à la reconnaître et à la corriger. »  Lundi dernier à Paris, on peut supposer que Jean-Luc Mélenchon s’est récité à lui-même ces quelques mots canoniques avant de concéder, au détour d’un discours en hommage à Salvador Allende, ses coupables errances durant les récentes émeutes de banlieue.

Le sens de la litote

« N’oublions pas non plus nos erreurs, a-t-il lancé. Je parle des miennes, et de celles de quelques-uns d’entre nous ici, d’avoir cru que la violence de guérilla urbaine pouvait venir à bout d’un régime, et que c’était une méthode qui pouvait avoir du succès. » Une allusion tout à fait implicite à la complaisance qui a été la sienne au début de l’été, quand la violence s’est déchaînée dans les rues de nos cités, avec plus 2 500 bâtiments dégradés, dont seules les écoles et les médiathèques méritaient, à ses yeux, d’être épargnées.

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Passons sur son sens de la litote – car ils ne sont pas seulement “quelques-uns” à avoir fauté : tous les cadres de La France insoumise, sans exception (sans doute quelques-uns étaient-ils terrorisés), ont accepté sans broncher les outrances du leader historique. Et reconnaissons les faits: celui qui est aujourd’hui président de l’Institut La Boétie vient de faire son mea culpa, et a reconnu en toute transparence que son refus d’appeler au calme en juin dernier était un message d’approbation, si ce n’est d’encouragement.

Pour se donner le beau rôle, l’ex-lambertise, qui arborait ce jour-là une surprenante cocarde tricolore à la boutonnière au lieu de son habituelle triangle rouge de déporté politique, a même surenchéri : « Je dis aux plus jeunes d’entre nous: ne commettez pas la même erreur que nous, souvenez-vous que rien ne vaut au-dessus de la démocratie et de la mobilisation populaire. Rien n’est plus fort que la volonté des masses quand elle s’exprime par une volonté politique et l’installation d’un pouvoir légal. »  N’en jetez plus.

Fabien Roussel ? Beaucoup trop violent pour Mélenchon

Trois jours plus tard, Jean-Luc Mélenchon enfonçait d’ailleurs le clou (certes pour contrarier ses alliés communistes – on ne se refait pas) en condamnant sur X/Twitter « l’initiative violente » du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, qui venait d’appeler sur France Info à se rassembler devant les préfectures, voire à les « envahir » en guise de protestation contre la « vie chère ». Pour un peu, on reconnaîtrait à l’ancien député de Marseille le droit de dire : « la République c’est moi ».

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Mais revenons au discours de lundi dernier. Évidemment, devant un parterre d’huiles du mouvement, parmi lesquelles Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon ne pouvait se contenter d’un simple repentir. Il devait quand même à ses admirateurs un ou deux de ces déhanchés qui ont fait sa réputation. N’a-t-il pas promis jadis qu’il était “le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas” ? Alors, tel Johnny Hallyday entonnant “Allumer le feu” à la fin d’un concert, l’Insoumis a repris le show habituel, a insulté Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, attaquant carrément leur physique, les taxant de “visage bestial”, les comparant à Augusto Pinochet. Rien que ça ! Comment ça, vous dites qu’il est un Donald Trump de gauche ? A moins, que vous ne pensiez à la “culture du harcèlement” ?

La parole est à la défense. Dans Napoléon le petit, Victor Hugo écrivait: « La tribune française, c’est la bouche ouverte de l’esprit humain, faisant le chaos pour en tirer la vie, faisant la révolution pour en tirer la République. » Tant qu’il reste sur une estrade à distribuer des noms d’oiseaux, Jean-Luc Mélenchon ne fait pas de mal à grand monde. Un psychanalyste saluerait sans doute les effets salutaires d’une telle parole cathartique sur les deux publics cibles de l’extrême gauche : le personnel de l’Education nationale et la jeunesse des banlieues, deux populations particulièrement sensibles à la puissance du verbe – Médine ne dirait pas le contraire. Un publicitaire, lui, conseillerait peut-être à La France insoumise d’imiter le logo en forme de mégaphone du Nouveau Parti anticapitaliste et d’adopter enfin l’emblème qu’elle mérite: un bâton de guignol.

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Mathilde Panot: quand la tentative de récupérer le combat des Iraniennes tourne au fiasco

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La députée d'extrême gauche Mathilde Panot. Photo: Twitter

La chef de file des Insoumis à l’Assemblée nationale a osé reprendre le slogan « Femme, Vie, Liberté » des femmes iraniennes en lutte contre les mollahs. Mais, peut-on vraiment prétendre être du côté de la malheureuse Mahsa Amini sans évoquer l’islam, l’islamisme ou même le voile ? Et en pourfendant le reste du temps « l’islamophobie » supposée de notre République laïque ? Céline Pina dénonce une hypocrisie. Pire, une tartufferie.  


À la LFI, ils osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnait. Nouvel épisode en date : après avoir servi la soupe à Médine, l’islamiste qui s’ignore, Mathilde Panot essaie de récupérer le très populaire combat des Iraniennes. Le problème c’est que lorsqu’on est en pleine dissonance cognitive, ce n’est pas sa vertu que l’on montre mais son hypocrisie que l’on exhibe.

Cette récupération politique, qui émane d’un parti défendant l’abaya, ne passe pas

Cela fait un an que Mahsa Amini est morte sous les coups de la police de la vertu pour un voile mal ajusté. Depuis, les Iraniennes ont montré ce qu’était réellement le voile : un outil d’ensevelissement de la femme, qui l’infériorise et témoigne de son impureté. Le voile n’est pas un vêtement, c’est un marqueur et aujourd’hui un marqueur du pouvoir et de l’emprise des islamistes. Le voile est le symbole de l’oppression des Iraniennes et leur choix de l’ôter, l’affirmation de leur volonté de retrouver leur liberté.

Il était donc très agaçant de voir les têtes d’affiches de LFI poser avec leur petit panneau « Femme, Vie, Liberté » en réussissant l’exploit de ne jamais mentionner le voile (pourtant au cœur de ce combat) ni l’islam, ni l’islamisme.

Les coutures grossières de l’islamo-gauchisme

Il fallait oser ? Mathilde Panot l’a fait. Et elle s’est pris une volée de bois vert, les internautes lui rappelant que dans un tweet récent, datant du 8 septembre, elle avait dénoncé, en anglais, l’ « islamophobie » de la France, car celle-ci « combattait le port du voile ». Le tout dans le cadre de la défense du port de l’abaya, autre marqueur islamiste, que certains tentent ici d’imposer dans les salles de classe des collèges et lycées.

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!

Autre élément amusant : une note de contexte a été ajouté au tweet racoleur de la député qui souligne encore plus la fourberie de sa posture ; en effet celle-ci pose, poing levé, avec une image de Mahsa Amini voilée. Or, c’est en ôtant leur hidjab que les Iraniennes expriment leur révolte. Avoir choisi une image de la femme qui l’incarne portant le voile a été perçu par beaucoup comme le révélateur inconscient de la déloyauté de LFI dans ce combat.

Défendre une vision rétrograde de l’islam en France, pour faire semblant de la combattre en Iran, est déjà assez détestable. Mais à cela s’ajoute le fait de prôner l’émancipation pour les femmes iraniennes, tout en la refusant de fait à la femme musulmane française. Celle-ci doit bien baigner dans son élément communautaro-islamiste et porter scrupuleusement son voile, faute de quoi LFI se verrait orpheline de combat victimaire et ne pourrait intenter de procès en islamophobie au pays, à sa droite ou à ses actuels dirigeants centristes.

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Sacrifier les femmes musulmanes pour s’attirer les bonnes grâces des barbus et pouvoir hurler à l’oppression et au racisme, voilà le vrai combat de Mathilde Panot et compagnie. Finalement, le petit bourgeois blanc LFI du XXIème siècle qui sait ce qui est mieux pour le « racisé », ressemble beaucoup au colonialiste blanc du XIXème qui savait ce qui était bon pour les colonisés… C’est toute l’ironie de l’histoire.

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