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Lampedusa: un jour sans fin

L’immigration africaine clandestine hors contrôle tétanise l’Europe


Lampedusa: un jour sans fin
Ile de Lampedusa, Italie, 16 septembre 2023 © Cecilia Fabiano/LaPresse cecilia/SIPA

Les bateaux ne cessent d’arriver dans l’île italienne, distante de moins de 200 km des côtes tunisiennes. Gérald Darmanin annonce ce matin qu’il refusera l’accueil en France des clandestins débarqués à Lampedusa. Cet après-midi, on apprend qu’un centre d’accueil va être installé à Menton (06). Analyse.


Le nom Lampedusa fut longtemps connu comme celui porté par l’écrivain Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Ce prince et Grand d’Espagne fit dire à son personnage Tancredi cette phrase depuis tombée dans le langage courant : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ». Les images qui nous parviennent de la petite île de Lampedusa résonnent ici avec cruauté. Oui, si nous voulons que l’Europe reste telle qu’elle est, il faut que les politiques migratoires des États membres changent… et radicalement.

Depuis son accession au pouvoir, Giorgia Meloni a voulu jouer selon les règles de l’Union européenne. Comme rappelé dans un précédent article, l’Italie est un pays particulièrement vieillissant, même selon les standards continentaux. Sa natalité en berne l’oblige à trouver des solutions, notamment pour combler le vide de main d’œuvre dans les « petits métiers ». Pas de quoi toutefois expliquer la vague sans précédent d’arrivées irrégulières qui s’abat sur les côtes transalpines d’une botte plus que jamais flanc sud de l’Europe. Ainsi, le nombre de migrants illégaux a explosé depuis janvier 2023, atteignant des records sans précédents. Pour tout dire, sur dix personnes arrivées illégalement en Europe en 2023, huit sont passées par l’Italie.

La présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, Rome, 8 mai 2023 © LaPresse/Roberto Monaldo/Shutter/SIPA

Le départ français du Sahel produit déjà ses effets

Entre le lundi 11 et le mercredi 13 septembre, ce sont plus de 199 bateaux chargés de 8 500 personnes à leur bord qui ont accosté à Lampedusa. Les images qui nous parviennent montrent une île devenue Camp des Saints, submergée de jeunes hommes africains majoritairement venus du Sahel quand ils provenaient plutôt autrefois du Golfe de Guinée.

Les déstabilisations du Mali puis du Burkina-Faso et du Niger commencent déjà à produire leurs effets. Les mercenaires russes sont débordés, de même que les forces militaires locales. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable que ces masses d’hommes soient instrumentalisées contre l’Europe, ayant pour double effet de nous menacer et de vider un peu une région littéralement surpeuplée avec le plus haut taux de fécondité au monde.

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En 2019, une Giorgia Meloni en campagne, sous l’influence de Luigi di Maio, affirmait munie d’un billet de Franc CFA : « C’est ce qu’on appelle le franc CFA. C’est la monnaie coloniale que la France imprime pour 14 nations africaines, à laquelle elle applique le seigneuriage et en vertu de laquelle elle exploite les ressources de ces nations ». On passera sur le mensonge et la bêtise de la déclaration initiale, aucun pays bénéficiant de ce taux de change ne semblant vouloir le quitter, pas même ceux qui usent et abusent de la francophobie d’État, et Giorgia Meloni ayant depuis mis de l’eau dans son vin. Mais cette phrase en dit tout de même long sur l’inculture totale d’une bonne part des Européens s’agissant de l’Afrique et de ses dynamiques historiques.

Le départ de la France du Sahel n’est une bonne nouvelle pour aucun habitant du Vieux continent, surtout pour l’Italie. L’immigration était déjà très difficilement contrôlable, elle pourrait devenir demain impossible à juguler. Giorgia Meloni a engagé des réformes d’envergure depuis le début de l’année. Elle a notamment mis en place l’Etat d’urgence migratoire et grandement limité le régime de « protection spéciale renforcée ». Pourtant, toutes ces mesures ne suffisent pas à faire face à cette invasion quotidienne. Les bateaux ne cessent d’arriver.

Une Europe ouverte aux quatre vents

Ils auraient d’ailleurs tort de se priver, tant l’Europe est pour eux un Eldorado. La télévision burkinabaise le rappelait encore récemment, comme pour mieux encourager les candidats à l’exil : la France offre absolument tout. Couverture-maladie, accueil, aides en tous genres, protections des ONG et de la Justice, et même de l’argent de proche en espèces sonnantes et trébuchantes. Les appels d’air sont si nombreux qu’il semble vain d’en dresser de nouveau la liste par le menu. Giorgia Meloni n’a aucun atout dans son jeu pour enrayer cette spirale infernale.


Quand l’Europe est envahie, elle ne propose pas d’expulser mais de « répartir » les migrants clandestins. Démonstration est désormais faite : on ne peut pas régler ce problème en restant dans les clous. Matteo Salvini l’avait d’ailleurs en partie compris… ce qui entraina sa condamnation par la justice de son pays pour avoir tenté de refouler les bateaux…

Des solutions existent. Meloni avait d’ailleurs entamé des démarches intelligentes auprès de la Tunisie de Kaïs Saïed, démarches sabordées par les manœuvres de la gauche italienne et du Parlement européen. Notons d’ailleurs que les bateaux sont partis de Sfax, avec très certainement l’assentiment au moins tacite des autorités locales. Comment leur en vouloir ?

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Eux aussi subissent ce qui peut désormais être appelé une invasion. Si nous ne les aidons pas financièrement, ils ne feront pas le travail à notre place.

Un blocus naval ?

En sus d’une collaboration avec le Maghreb, les États européens doivent réviser drastiquement leur législation et réduire le pouvoir de nuisance des associations d’aides à l’immigration. C’est un impératif. N’en doutez point: tous ces militants pensent comme Jean-Luc Mélenchon, lequel vient de déclarer qu’une fois élu, il entamerait une « vague de régularisations massives ». Au fond, il est à se demander si l’emploi de la force n’est pas désormais nécessaire. Un blocus naval semble une solution « démagogique », mais comment faire autrement quand des milliers d’hommes débarquent sans nous demander l’autorisation, avec la complicité de passeurs et d’ONG qui les amènent en Europe en connaissance de cause, conscients de notre impuissance, de notre enchainement à des valeurs d’accueil qui se retournent désormais contre nous ?

Il s’agit d’un combat littéralement existentiel qui demande un effort spécifique de chaque État membre ainsi que de l’Union européenne toute entière. Nous ne devons plus céder au chantage émotionnel de l’extrême gauche. Quel message envoyons-nous au reste du monde quand nous montrons que 8 000 pauvres hères peuvent ainsi défier l’un des continents les plus riches ? Mateusz Morawiecki a raison de tancer l’Allemagne, Donald Tusk et Manfred Weber: il faut dire stop à l’immigration illégale. Quant à nous Français, il serait temps que nous mettions enfin nos actes en rapport avec nos discours. Gérald Darmanin a dit ce matin même à la radio que la France n’accepterait pas de migrants arrivés à Lampedusa. En début d’après-midi, nous apprenions qu’un centre d’accueil allait être installé à Menton, joyau de la Côte d’Azur. Plus tard, il sera trop tard.

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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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