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Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!

En interdisant les abayas à l'école, le gouvernement français tente de maîtriser la montée du communautarisme


Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!
Gabriel Attal et Emmanuel Macron visitent un lycée professionnel à Orange (84), 1er septembre 2023 © Blondet Eliot -POOL/SIPA

Avec un petit mot de trois syllabes, Gabriel Attal a occulté tout ce qui, dans l’École, pose problème. Il a aussi fragmenté l’opposition, marqué sa différence avec son prédécesseur, et s’est imposé comme champion de la laïcité pure et dure. Et si l’abaya était le petit doigt qui cache la forêt, se demande notre chroniqueur ?


A-ba-ya : sans doute les petites musulmanes qui s’enveloppent de sacs-poubelles ont-elles ainsi appris à déchiffrer le français en invertissant les syllabes du traditionnel b-a-ba. Parce qu’il s’agit bien d’une perversion de la culture française. Et même pire : il s’agit d’un déni de l’essence française.

Boucliers à fondamentalistes ou ados en crise ?

Que ce tissu informe soit cultuel ou culturel m’importe peu. Il y a longtemps que les musulmans jouent de l’ambiguïté, sous prétexte que les mosquées abritent aussi une bibliothèque — ce qui leur permet de déclarer comme « associations régies par la loi de 1901 » des groupes parfaitement sectaires. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il s’agit d’un vêtement communautariste importé d’un Moyen-Orient où le statut de la femme sort rarement du caniveau. Que des féministes ou des LFIstes défendent le voile et l’abaya donne une idée du mépris de la femme qu’ils développent inconsciemment. Sous prétexte de draguer les « nouveaux prolétaires », comme disait Terra Nova, quitte à sacrifier sur l’autel des ambitions électorales le prolétariat français, une certaine gauche française est prête à justifier les pires dérives religieuses. Qu’en aurait pensé Karl Marx, camarades ? Vous vous asseyez sur l’aliénation de donzelles prêtes à servir de bouclier à des fondamentalistes : ce n’est pas joli-joli.

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D’autant que certains musulmans ont le courage de dire la vérité. « Faire de l’abaya un simple « vêtement de mode » ou le mettre sur le compte d’une simple crise d’adolescence est nier par pur clientélisme qu’elle manifeste l’adhésion à un islam politique qui poursuit un projet politique dont l’invisibilité de la femme fait partie. Le nier est a minima de l’ignorance, au pire de la désinformation et de la manipulation. Au détriment des jeunes femmes françaises musulmanes. Il s’agit là tout simplement d’une stratégie entriste pensée par les Radicaux pour leur projet politique. » Ainsi s’exprime l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, sur Twitter. Evidemment, les intégristes algériens l’ont immédiatement fustigé — preuve s’il en fallait que c’est bien d’une guerre que l’on parle.

Relisez la Constitution !

Le fait est que l’abaya (ou le voile, ou la qami, ou les babouches portées avec des chaussettes — une mode immonde qui fait fureur —, ou n’importe laquelle des défroques que des influenceuses subventionnées par des petits malins vantent sur les réseaux sociaux) est un vêtement communautariste. Et c’est sur ce point qu’il faut fonder son interdiction, non seulement à l’Ecole, mais dans tout l’espace public.

« La République est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale » : c’est le premier article de la Constitution. Tout ce qui contrevient à cette unité est hors la loi. Communautariste, dans le langage révolutionnaire qu’affectionne Mélenchon, se dit « factieux ». Le Lider Maximo de la Canebière se rappelle-t-il ce que l’on faisait aux « factieux » sous la Convention ? On les divisait en deux parties inégales. Les factieux tombaient dans le panier de la bascule à Charlot.

D’autant que les gamines décervelées qui portent ces sacs sont françaises, et ne peuvent ignorer la loi française. Les extrémistes, tout comme les racailles qui dévastent régulièrement nos cités, sont français. Il faut leur appliquer la loi d’une nation « une et indivisible ».

Et de culture, il ne peut n’y en avoir qu’une, celle du pays et de la classe qui le dirige. Il n’y a pas de « culture jeune », ni de « culture musulmane » — pas en France en tout cas.

Qu’est-ce qu’un factieux ? C’est un individu qui cherche à fractionner la république. Les communautaristes ont la même ambition : créer des bantoustans islamiques, comme en Angleterre, et un jour (le Temps n’existe pas, pour une religion qui vénère un dieu incréé), réunifier le pays sous la bannière verte d’un islam unifié.

Puis régler les comptes.

Les ennemis ne respectent que la force

Ce n’est pas être islamophobe que d’écrire cela : c’est un fait. Une minorité d’activistes cherche à éparpiller la république façon puzzle. Le problème est que les musulmans qui n’adhèrent pas à cette volonté de conquête se taisent, dans leur immense majorité. Parce que c’est la peur qui est le principal levier de ces conquérants.
Eh bien, il faut que la peur change de camp. Nous n’avons pas à respecter qui veut notre disparition. Interdire l’abaya est un tout premier pas. Faire respecter par le dialogue cette interdiction sera problématique. Il faudra sans doute la faire respecter par la force — d’autant que les ennemis ne respectent en fait que la force. Poutine l’a expliqué en détail aux Tchétchènes, Xi Jinping l’explique aux minorités musulmanes chinoises.

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Aucun Juif n’a protesté en 2004 contre l’interdiction de porter une kippa en classe. C’est que les Juifs ont toujours cherché à s’intégrer, en France, comme l’a magnifiquement raconté Pierre Birbaum en 2013 dans La République et le cochon. Mais les musulmans intégristes ne veulent surtout ni s’intégrer, ni s’assimiler. Les pédagogues qui s’insurgent contre l’enseignement d’une Histoire de France qui aurait ces objectifs sont tout bonnement des traîtres à la patrie.

J’ai par ailleurs expliqué dans une tribune du Figaro que l’interdiction de l’abaya était un joli coup de Gabriel Attal. Mais il reste bien des chantiers, autrement importants, dans l’Education nationale — entre autres réinventer l’enseignement de l’Histoire de façon à faire des Français, et pas une mosaïque d’opinions divergentes. Je doute que le nouveau ministre, qui lorgne vers la mairie de Paris, ait le temps ou l’ambition de s’y consacrer. Ce n’est pas de réformettes que ce pays a besoin : il faut renverser la table.

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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