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Jack-Alain Léger, la douleur de vivre

Écrivain au grand style, Jack-Alain Léger s’est illustré avec un égal génie à travers des dizaines de pamphlets et de romans difficilement trouvables aujourd’hui. Trop talentueux, trop tourmenté, il a été marginalisé par le milieu littéraire. Dix ans après son suicide, Jean Azarel recompose le puzzle d’une vie d’écorché.


Ça commence comme une tragédie. Comme si la vie d’un écrivain devait être écrite une bonne fois pour toutes par Sophocle. La mère de celui qui se cache derrière cinq pseudonymes, dont le plus célèbre est Jack-Alain Léger (1947-2013), a perdu un fils à la naissance. Elle devient dépressive, boit trop, fume beaucoup. Quelques jours avant de mettre au monde Daniel Théron, futur Jack-Alain Léger, elle tente de se tuer. Dans Autoportrait au loup (1982), autobiographie trash, presque introuvable aujourd’hui, ou alors à un prix prohibitif, l’écrivain, maudit dès la naissance, écrit : « Il fallait faire avec ça… Un ça de mort-né qui mort, à les entendre ces femmes, pleurait encore, vivait encore, les appelait la nuit – un ça de fou ! Vivre avec ce surmoi, avec des parents écrasés par la faute, errer, j’étais damné. »


Mélancolie destructrice

Daniel Théron portera toute sa vie les stigmates invisibles de la mélancolie destructrice. Dans l’un de ses livres – quarante romans, essais, pamphlets, dont deux jugés islamophobes – Le Bleu le bleu (1971) signé Dashiell Hedayat, l’écrivain, qui ne cesse de brouiller les pistes à la manière de Romain Gary, revient au frère mort-né, Louis, étranglé à la naissance par le cordon ombilical, d’où le visage bleu du bébé qui le hante.

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Il faudra supporter ça, et tant d’autres choses, la bipolarité décelée très tôt, un physique grassouillet, une homosexualité pas franchement assumée, la non-reconnaissance du milieu littéraire – toujours prêt à couper la tête de celui qui possède du style –, une vraie hargne de boxeur, une folie irradiant ses romans, et toujours la mère castratrice et adulée, cette mère qui meurt en 1971, le laissant dévasté, n’osant, malgré le caractère sacrilège de ses écrits, lui rendre hommage à la manière de Georges Bataille dans son livre profanateur Ma mère. Dans Autoportrait au loup, Léger avoue : « Mother, nous sommes des morts-vivants lorsque je pose ma joue sur ton ventre pour des confidences chuchotées dans l’abandon de tes gestes… Tes canines bleuissaient deux poinçons à mon cou lorsque tu m’embrassais. »

Le style, aucun doute, Jack-Alain Léger le possède. Mais ça ne suffit pas pour lui permettre de supporter sa silhouette de plus en plus alourdie par les anxiolytiques et les lecteurs de moins en moins nombreux. Comme il fut également chanteur, à la « voix incertaine, flûtée, traînante », on peut dire qu’il ressemblait un peu à Elvis Presley à la fin de sa vie, sans l’excentricité des costumes, même si l’écrivain le fut, excentrique dans ses tenues, à ses débuts.

Hautement dépressif, comme on est hautement toxique pour soi-même, incapable de gérer la répétitivité affligeante du quotidien, Jack-Alain Léger fait la demande d’être mis sous tutelle. L’avocat Emmanuel Pierrat, qui deviendra son exécuteur testamentaire, est désigné par un juge pour assumer ce rôle. Malgré un livre réussi, Zanzaro Circus (2012), l’écrivain est au bout du rouleau. Le 17 juillet 2013, Jack-Alain Léger se jette par la fenêtre de son appartement parisien, au huitième étage. L’été, à Paris, les rues désertes, écrasées de chaleur, donnent au malheur un poids insoutenable. C’est la chute finale. Un flash à la radio, dans la nuit, vient rompre le silence. On apprend la mort d’un romancier bourré de talent, caractériel, rancunier, batailleur, emmerdeur force 8, persécuté par ses pairs dont je tairai les noms, car beaucoup d’entre eux sévissent encore.

Dans Zanzaro Circus, la phrase affûtée, ce compagnon de débine, balance : « Je jure sur l’honneur, ami lecteur, que je n’invente rien, que ces pages sont du reportage sur le vif. Je n’ai pas d’imagination, mais une mémoire d’éléphant. »

Un écrivain sublimé

À l’instar d’un autre écrivain de grand talent, Yves Navarre, prix Goncourt 1980 pour Le Jardin d’acclimatation, les ouvrages de Jack-Alain Léger, publiés chez plusieurs éditeurs, sont difficilement trouvables. Heureusement que Cécile Guilbert est parvenue à en réunir trois aux éditions Denoël. Grâce à Jean Azarel, qui publie la première biographie de l’écrivain, il y aura, il faut l’espérer, d’autres initiatives pour faire découvrir l’auteur de Monsignore (1976), best-seller qui devint un film hollywoodien, hélas raté. Le livre d’Azarel s’appuie sur les témoignages de la famille, d’amis et d’éditeurs. Le puzzle de la vie de son sujet se reconstitue au fil des chapitres. C’est vivant, jamais lassant, car Jean Azarel est plus qu’un biographe, c’est un écrivain. Il fallait cette qualité rare pour nous faire revivre une telle personnalité fragmentée, et nous donner le goût de (re)lire un auteur travestissant son passé, parfois de mauvaise foi, refusant d’être considéré comme un parano, mais aux fulgurances géniales et à la causticité salutaire. Un homme ambivalent et libre. Tout ce qu’on aime pour mettre une bonne droite aux littérateurs.

Un mot encore. En 2001, sort le livre Ali le Magnifique, signé Paul Smaïl. C’est l’histoire d’un jeune beur, « épileptique comme l’Idiot », qui a été fasciné par la « société du Spectacle ». C’est drôle et émouvant à la fois, cette dénonciation des fringues haut de gamme, montres hors de prix, voitures inabordables qui mènent tout droit au désespoir et à l’assassinat. La gauche encense le livre aux vertus progressistes. Cécile Guilbert, interrogée par Jean Azarel, confirme : « Dans l’inconscient d’une certaine intelligentsia, Smaïl était le beur idéal, la justification d’un engagement politique et d’une forme de bien-penser. »

Smaïl, bien sûr, n’existe pas. Il se nomme Jack-Alain Léger. Les critiques, qui décernent les diplômes de moraline, se sont fait piéger par cette imposture de haut vol. Leur colère est homérique et leur vengeance digne de Zeus. On ne trompe pas impunément le tribunal de la bien-pensance sans encourir la peine maximale : la condamnation à l’oubli.


Jean Azarel, Vous direz que je suis tombé : vies et morts de Jack-Alain Léger, Séguier, 2023.

Jack-Alain Léger, Le Siècle des ténèbres – Le Roman – Jacob Jacobi (préf. Cécile Guilbert), Denoël, 2006.

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Lutte (musclée) contre le harcèlement scolaire: faudrait savoir ce qu’on veut!

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Un mineur de 14 ans a été interpellé lundi 18 septembre dans un collège d’Alfortville (94). Il est soupçonné de harcèlement transphobe et de menaces de mort vis-à-vis d’une autre élève, âgée de 15 ans. Mais, certains pensent que les policiers, ces grosses brutes, n’auraient pas dû entrer dans le collège.


Voici une série pour les amateurs d’inconséquence, exclusivement… L’inénarrable représentante de EELV – et amie du rappeur Médine – n’a pas apprécié que des policiers entrent dans une école pour y arrêter un élève présentant un danger pour une collégienne. D’autres figures médiatiques y sont allés de leur couplet anti-flic et ont avancé l’hypothèse d’un trauma collectif. Quant au drapeau arc en ciel, on ne l’a guère vu flotter, alors que l’élève harcelée aurait dû particulièrement émouvoir les militants homosexuels.

A lire aussi, Martin Pimentel: Une « loi Gayssot » contre les climatosceptiques? Vivement demain!

L’interpellation de l’élève harceleur par les policiers en plein milieu d’un cours dans un collège d’Alfortville a suscité une petite polémique déclenchant dans les rangs des professionnels de la révolte une salve de critiques et d’indignation surjouée mais terriblement mal placée.

Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Chuck Norris ne voit rien à redire : l’intervention était dans les règles

Au lendemain de l’arrestation, Marine Tondelier, chef de file de EELV, s’est ainsi offusquée sur le plateau des 4 Vérités, la matinale de Télématin, de l’action jugée disproportionnée des forces de l’ordre. Après des « années d’inaction, d’incompréhension sur le sujet, de déni parfois (…) tout d’un coup, on est dans Walker Texas Ranger » s’est-elle exclamée (on sent ici la punchline bien concoctée par l’équipe en charge des éléments de langage), fustigeant l’écart entre la lâcheté du « pas de vague » – encore bien implantée dans la hiérarchie de l’Education nationale comme en témoigne le suicide de Nicolas et la lettre du rectorat de Versailles – et le retour tonitruant de l’autorité régalienne.

Il est pour qui, le trauma ?

Autre réaction, celle d’une haute figure médiatique du progressisme multiculti, le rédacteur en chef de la revue de gauche Regards ; Pablo Pillaud-Vivien. Celui qui est aussi chroniqueur régulier dans l’émission « 22h max » sur BFMTV a, quant à lui, joué la carte de l’empathie en se mettant à la place des élèves qui ont assisté à l’arrestation de l’élève harceleur devant toute la classe. « Si ça crée un trauma dans toute la classe, je pense qu’il y a un souci ». C’est ben vrai !

Autrement dit, le « souci » n’est pas tant qu’une élève reçoive des menaces de mort et des insultes à caractère transphobe de la part d’un autre élève, mais que des policiers fassent leur travail de policier en charge de protéger et de réprimer. L’inversion des rôles est à sa comble. Si trauma il y a, il est en réalité plus à chercher du côté de la victime, de cette élève en transition de genre qui a subi des messages homophobes d’une rare violence verbale tels que « sale travelo », « on va tegourger [t’égorger] », « suicide toi sale pd », « j’ai une haine envers ta race », ou encore « tu mérites de mourir », « je vais te faire une Hitler ».

Et si, au contraire, cela calmait les esprits ?

Mais, quand bien même les élèves seraient choqués par cette intervention, certes inhabituelle mais légale, de la police au sein de leur établissement, ce n’est pas une si mauvaise chose. L’exemplarité ayant force de dissuasion, cette interpellation peut de nouveau susciter la peur de la sanction et contribuer à atténuer le sentiment d’impunité.

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Harcèlement, violence, lâcheté et morgue administrative: la chaîne fatale

On vit à une époque où le « name and shame » est dégainé à tout-va pour les entreprises accusées d’écocide ou pour des multinationales qui refusent de faire baisser les prix pour lutter contre l’inflation alimentaire ; en revanche, il ne serait pas convenable de faire honte aux élèves harceleurs devant toute leur classe… Continuer à prendre des pincettes alors que le degré de violence des mineurs est en perpétuel crescendo, cela relève d’un angélisme inconséquent !

Inconséquence, quand tu nous tiens… 

Par ailleurs, il est tout de même surprenant que ces deux figures politico médiatiques ayant toujours à cœur de défendre les discriminations que subissent des minorités, passent plus de temps à critiquer l’action de la police qu’à se réjouir de l’arrestation du harceleur avant que ses menaces deviennent réelles et se soldent par un suicide de plus ! 

Le ministre de l’Education réunit les recteurs d’académie en vision conférence, après le suicide de Nicolas, Paris, 18 septembre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

La communauté au drapeau arc-en-ciel et aux couleurs rose blanc bleu (c’est le drapeau des militants trans, mettez-vous un peu à la page en lisant les articles de Jeremy Stubbs), pourtant si exubérante lorsqu’il s’agit de défiler et de revendiquer de nouveaux droits, s’est également distinguée par son étonnant mutisme. L’élève trans harcelée n’a pas eu le droit à la mobilisation des militants LGBTQ+ pour condamner la transphobie du harceleur, contrairement à celle déployée pour Lucas harcelé à cause de son homosexualité. Son suicide avait alors suscité la stupeur et la condamnation de tous et en particulier celle des militants gays dont plusieurs associations avaient signé une tribune pour appeler Pap Ndiaye, notre (ex) ministre wokisé de l’Education Nationale, à lancer une conférence pour mieux lutter contre les LGBTphobies et le harcèlement scolaire.

Le retour du sanctuaire oublié

Aujourd’hui, la victime du harcèlement transphobe est donc passée au second plan. Elle fut occultée par l’interpellation de son bourreau, car aux yeux de la patronne des écologistes et du chroniqueur gauchiste, l’important était de condamner la police – et quoi de plus efficace pour critiquer l’action des forces de l’ordre, que de rappeler que l’école est « un sanctuaire ». Ah le sanctuaire !… Voilà un argument décisif, mais utilisé à géométrie variable. Brandi pour taper sur les flics, mais enterré pour défendre la laïcité. Car ceux qui martèlent que l’école doit être protégée du monde extérieur et que ses portes ne devraient pas s’ouvrir aux policiers sont les mêmes qui légitiment l’intrusion du port de tenues religieuses à l’école comme l’abaya ; tenue qui invisibilise le corps des femmes, bafoue la laïcité et éventre ce sanctuaire qu’est effectivement notre école républicaine.

A relire, du même auteur: Délais de décence à géométrie variable

À gauche, la haine du flic est plus forte que tout. Lorsqu’il s’agit d’alimenter la haine antiflic qui a encore retenti dans les rues de Paris, samedi 23 septembre, lors de la manif contre les violences-policières-et-le-racisme-systémique, tout est permis chez les gauchistes, y compris de sacrifier leurs propres convictions. Cela étant, et au-delà de cette polémique inutile, reste à savoir quelle sanction sera prise à l’encontre de l’élève harceleur et si ce dernier se verra dans l’obligation de rester éloigné de sa victime ou non. Le gouvernement a présenté mercredi son plan choc contre le harcèlement scolaire. Au-delà des cours d’empathie promis par Gabriel Attal, le plan prévoit notamment que toutes les situations de harcèlement seront systématiquement recensées, et qu’en cas de harcèlement grave, les terroristes des préaux seront écartés de l’établissement scolaire. Pour les travaux pratiques, Alfortville semble nous offrir un fantastique cas d’école…

Affaire Coutts: quand Nigel Farage obtient la tête des banquiers de NatWest

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Débancarisation. Randy Yaloz, président de Republicans Overseas France, nous dit quelles sont les leçons à tirer de la mésaventure de Nigel Farage.


On se souviendra de l’affaire de la « dé-bancarisation » de Nigel Farage qui a éclaté au mois de juin. L’ancien eurodéputé et chef successif de trois partis politiques (UKIP, le Brexit Party et le Reform Party), aujourd’hui animateur vedette de la chaîne d’infos, GB News, avait été informé par sa banque, Coutts, filiale du groupe NatWest, que ses comptes allaient être fermés. Aucune justification n’aurait été donnée par la banque pour motiver cette fermeture.

Différentes raisons ont circulé dans les médias par la suite : la somme qu’il avait sur ses comptes était insuffisante pour mériter les services d’une banque aussi prestigieuse (dont la famille royale est cliente) ; le compte d’une telle personnalité publique risquait d’être piraté à des fins de blanchiment de l’argent ; ou, plus scandaleuse encore, la ligne politique de M. Farage ne correspondait pas aux valeurs éthiques de la banque.

Nigel Farage dénonce, devant des journalistes, la hausse du nombre de migrants traversant clandestinement la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, Douvre, 12 août 2020 © Peter Summers/Getty Images/AFP

En tout cas, l’affaire s’est soldée par deux démissions d’envergure : celle d’Alison Rose, PDG du groupe NatWest, le 26 juillet, et celle de Peter Flavel, PDG de la banque Coutts, le lendemain. Mme Rose a reconnu une « grave erreur de jugement » consistant à mélanger opinions politiques et obligations professionnelles.

L’attaque brutale de la débancarisation

S’attaquer aux finances d’un homme, disons-le au passage, est l’une des attaques les plus brutales qu’on puisse lui infliger avant de s’en prendre à sa personne physique. La Cour suprême des États-Unis ne s’y est pas trompée, en 2010, lorsqu’elle a rendu l’arrêt Citizens United v. Federal Election Commission qui protège la liberté d’expression des candidats aux élections. La fermeture de son compte bancaire met inévitablement un bâillon sur la bouche d’un homme politique : c’est donc que M. Farage a dérangé en haut lieu d’une manière autrement plus sérieuse qu’un « polémiste » qu’on jouerait à décrier dans les grandes émissions, mais qu’on continuerait à inviter encore et qu’on laisserait tranquille dans ce qui compte vraiment, signe que, en fin de compte, il rassure plus qu’il n’inquiète.

A lire aussi, Jeremy Stubbs: Woke: personne ne sait le définir? Attendez…

Des documents internes de la banque Coutts, qu’a pu se procurer M. Farage, sont sans appel : si M. Farage s’est vu fermer son compte, c’est parce que Mme Rose et M. Flavel l’estimaient « xénophobe et raciste » et que, enhardis par le climat de cancel culture de notre époque, ils se jugèrent sinon dans leur bon droit, du moins en position de force.

Quelles sont les leçons à tirer de la mésaventure de Nigel Farage ? Notons d’abord que M. Farage n’a pas tenu à garder les projecteurs braqués sur sa personne.  Au contraire, dès le 29 juillet, il a annoncé le lancement du site accountclosed.org « pour lutter contre les grandes banques qui nous ont laissé tomber », en recueillant en masse les témoignages de citoyens qui se sont vu fermer leur compte bancaire de manière abusive, afin d’engager des actions en justice de grande envergure.

Non content de la seule dénonciation des fermetures de compte abusives, il a condamné, dans la vidéo de lancement du site, l’inefficacité de la lutte menée par les banques contre la véritable fraude fiscale, avançant que « pour chaque livre d’argent blanchie trouvée dans le système bancaire britannique, le coût de son recouvrement est de cent livres ». Et de rappeler que ces mêmes banques qui se permettaient de fermer les comptes de certains de leurs clients étaient les mêmes qui, après la crise financière de 2008, avaient été renflouées avec l’argent du contribuable…

Dé-bancarisation : un problème aux proportions insoupçonnées

Dès le lendemain du lancement du site, M. Farage s’est dit « bouleversé par les expériences de dé-bancarisation de simples citoyens ». Il a affirmé que le chiffre de 5500 fermetures de compte avancé par le Sunday Times était en-deçà de la réalité et a conclu que « toutes les banques sont coupables ». En homme politique averti, il a réussi à montrer que l’injustice du système bancaire ne se limitait pas à des atteintes à sa seule personne, mais visait potentiellement les citoyens en général.

A ne pas manquer: «Cruella Braverman», la ministre britannique qui pense que la Convention de Genève sur les réfugiés n’est plus adaptée à l’époque

Par la suite, le quotidien, The Daily Mail, a révélé que 1000 comptes en banque seraient fermés tous les jours au Royaume-Uni, sans que les banques expliquent clairement ce qui motiverait la fermeture.

Nigel Farage a même pu faire cause commune avec une ancienne adversaire politique. Gina Miller, qui avait lancé une campagne contre le Brexit après le référendum et avait tenté d’entraver le processus de sortie de l’UE par des actions en justice, a révélé que son propre parti, True and Fair, aurait été informé par sa banque, Monzo, que son compte allait être fermé. Personne n’étant à l’abri, Grant Shapps, le secrétaire d’État à la Sécurité énergétique dans le gouvernement conservateur, a annoncé que lui et des membres de sa famille avaient été débancarisés à cause de son rôle politique. Le chancelier de l’Échiquier lui-même (titre du ministre des Finances outre-Manche) se serait vu refuser l’ouverture du compte à la banque Monzo. Des fuites dans la presse de messages échangés par les salariés de cette banque ont révélé qu’ils traitaient les conservateurs de « malfaisants » (« evil ») et disaient du très conservateur Jacob Rees-Mogg qu’il « rendrait un service au genre humain s’il quittait la politique ».

Au-delà du scandale que représente cette ingérence sournoise des banques dans le monde politique et, par là, dans le système démocratique, ce qui frappe ici c’est la capacité de Nigel Farage de transformer une affaire d’injustice personnelle en une croisade nationale, capacité qui fait de lui un des hommes politiques les plus influents de notre époque outre-Manche. Pour ceux qui souhaiteraient l’écouter et le rencontrer prochainement en personne en France, Nigel Farage participera, les 10 et 11 novembre prochains à Paris, à la première édition de la Worldwide Freedom Initiative, un forum qui sera une première dans son genre et par son échelle et dont l’objectif est de rassembler les leaders conservateurs du monde entier.

Quand « Blast : Le souffle de l’info » souffle sur les braises

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Le site d’extrême gauche, dont un « street reporter » était présent à la manif anti-police samedi dernier, a été accusé de manipulation des images.


« Blast : Le souffle de l’info » est un média en ligne qui existe depuis moins de trois ans mais qui s’est rapidement imposé dans le paysage médiatique, en raison d’une forte présence sur internet avec une chaîne YouTube dépassant les 850 000 abonnés. Bien que fondé par Denis Robert, ancien de Libération, la journaliste star du média est indéniablement Salomé Saqué. Spécialiste des questions économiques, à 28 ans, celle qui a publié Sois jeune et tais-toi (Payot), son premier ouvrage en mars dernier, a déjà été l’objet de plusieurs portraits très élogieux dans la presse mainstream comme Le Monde, Libération ou Télérama[1].

L’autre figure du média, bien que légèrement moins connue que la première, est Paloma Moritz. Spécialiste des questions écologiques, elle participe régulièrement à l’émission « C ce soir » sur France 5, où elle avait notamment, le 18 avril dernier, reproché à Hugo Clément d’avoir accepté l’invitation de Valeurs Actuelles pour débattre avec Jordan Bardella. La journaliste de Blast avait alors déclaré que « le RN n’est pas un parti comme un autre, c’est un parti raciste, xénophobe et anti-démocratique ».

Tout le gratin gauchiste convié sur YouTube

Plus généralement, la ligne éditoriale de Blast est celle d’une gauche anticapitaliste, écologiste, antiraciste et écoféministe. Proche des propositions des Économistes Atterrés, le média Blast est un mélange entre Le Monde Diplomatique et Reporterre. La quasi-totalité des invités reçus sur leur chaîne sont issus de la gauche radicale. Pêle-mêle, on peut citer François Bégaudeau, Nicolas Framont, Alain Damasio, Bernard Friot, Geoffroy de Lagasnerie, Fatima Ouassak ou encore Edwy Plenel.

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Une polémique est récemment venue entacher le média et l’honnêteté de ses journalistes. En effet, le samedi 23 septembre, des manifestations contre les « violences policières » se déroulaient dans de nombreuses villes dont la capitale. À la suite de la mort de Nahel, tué par un tir de policier lors d’un contrôle routier fin juin à Nanterre, des dizaines d’organisations de gauche comme LFI, EELV, la CGT ou encore le Syndicat de la Magistrature ont appelé à marcher « contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques ». Selon les organisateurs, 80 000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 15 000 à Paris. De son côté, le ministère de l’Intérieur a décompté seulement 31 000 personnes en tout dont 9 000 dans la capitale.

Mounia, la mère de Nahel, était présente à Paris. Elle a pris la parole, réclamant « une marche au calme s’il vous plaît. Pour ne pas les influencer, la police, à nous mettre des coups, à nous frapper, à nous faire une misère. Restons dans la paix s’il vous plaît. Continuez à marcher tranquille ». Il faut croire que son appel au calme n’a pas vraiment été entendu, car des manifestants-casseurs encagoulés ont violemment attaqué une voiture de police qui circulait boulevard de Clichy vers 16h30.

Le choc des images

Les images, notamment relayées par TF1 ou Le Parisien, montrent une voiture de police prise pour cible par une horde de manifestants violents. Alors que le véhicule essuie des tirs de projectiles et des coups de barre de fer et qu’il se retrouve bloqué par une voiture devant lui, l’empêchant de fuir, un policier décide alors de sortir du véhicule, arme à la main, et de mettre en joue les manifestants pour les contraindre à reculer. Ces derniers s’exécutent et le policier regagne son véhicule.

A lire ensuite, Céline Pina: Comparer la France à l’Iran, la tribune honteuse signée par Annie Ernaux

Seulement, c’est une vidéo beaucoup plus courte, et par conséquent amputée d’une grande partie du réel, que Blast a choisi de mettre en ligne. Dans cette vidéo de 55 secondes, accompagnée de la légende « Un policier sort son arme en pleine manifestation !», l’action ne débute pas avec la violence des manifestants, mais avec le policier qui sort son arme. Mise en ligne quelques minutes après l’attaque et visionnée 4,5 millions de fois, la vidéo a rapidement été considérée comme un cas d’école de propagande et de désinformation anti-police. Blast a été accusé d’avoir délibérément décontextualisé la scène, d’avoir volontairement omis les secondes qui précédaient pour faire accroire qu’un policier aurait dégainé sans cause apparente. L’occasion, comme le font si régulièrement de nombreux médias, de faire passer nos forces de l’ordre pour des cow-boys à la gâchette facile…

Si ce policier n’avait pas sorti son arme, la violence des manifestants se serait-elle arrêtée ? Il est permis d’en douter, d’autant que cette scène du 23 septembre n’est pas sans rappeler celle du 18 mai 2016. En marge de manifestations contre la loi Travail, Antonin Bernanos, antifa et arrière-petit-fils de l’écrivain catholique, s’attaquait à une voiture de police quai de Valmy. Après avoir détruit le pare-brise arrière du véhicule avec un plot, c’est à coups de barre de fer que son groupe frappait la voiture. Le policier au volant avait alors décidé de sortir et de faire face, à mains nues, à ses agresseurs. Résultat : une pluie de coups pour le policier. La présence seule d’un policier sur la chaussée n’est donc pas dissuasive. Qui nous dit que si ce policier n’avait pas sorti son arme samedi dernier, lui et ses collègues, n’auraient pas terminé brûlés vifs dans leur voiture comme les policiers de Viry-Châtillon le 8 octobre 2016 ou, plus récemment, comme ce policier, embrasé par un cocktail Molotov le 1er mai dernier lors d’une manifestation contre la réforme des retraites ?

Un communiqué aussi embarrassant qu’embarrassé

Dès le lendemain, le 24 septembre, Blast a dû se fendre d’un communiqué pour donner sa version des faits. Le média se défend d’avoir « manipulé une vidéo pour en cacher le contexte » et prétend que le journaliste sur le terrain, qui a rapporté ces images, n’était pas présent au début de l’action et n’a donc pas pu filmer la scène dans son entièreté. Il a donc commencé à filmer quand le policier a dégainé. « La vidéo concernée n’a été ni montée, ni coupée. Notre street reporter a publié ce qu’il a filmé, comme il a pu le filmer, au moment où il l’a filmé » ajoutent nos confrères en guise d’explications. Après avoir dénoncé « l’extrême droite » et la « fachosphère », Blast affirme, au sujet de sa vidéo controversée : « Qu’elle déplaise aux forces réactionnaires de ce pays n’est pas notre affaire ».

A lire aussi, Ingrid Riocreux: Violences au Stade de France : ne dites pas «racailles» mais dites… quoi?

Réactionnaires ? C’est vrai, nous l’assumons, nous sommes peut-être nostalgiques d’un temps où les journalistes faisaient consciencieusement leur travail, appliquant à la lettre la Charte des devoirs professionnels des journalistes français de 1918 qui stipule : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ». Situer dans son contexte ! Oui mais voilà, la charte mentionne également que le journalisme « demande du temps et des moyens, quel que soit le support ». Difficile d’avoir du temps quand on veut, à tout prix, être les premiers à diffuser une information. Vérifier une information « demande du temps » et, pour certains, faire le buzz n’attend pas.

« Le magazine Causeur, qui va toujours plus loin dans l’indécence et le sexisme », voilà ce qu’écrivait Salomé Saqué, le 26 septembre sur Twitter, à propos du dessin de Marsault dans le dernier numéro de Causeur (n’hésitez pas à vous le procurer si ce n’est pas encore fait, il est généralement bien planqué par les libraires). Est-il plus grave qu’un dessinateur humoristique soit indécent et sexiste dans, ce qui reste, des caricatures, ou qu’un journaliste professionnel fasse l’impasse sur une partie du réel pour donner une image biaisée de ce dernier et ainsi faire avancer son agenda idéologique ?


[1] Salomé Saqué, une météorite à la télévision (lemonde.fr) ; Salomé Saqué, la force intranquille – Libération (liberation.fr) ; Salomé Saqué, 26 ans, une journaliste avec du peps dedans (telerama.fr)

«Cruella Braverman», la ministre britannique qui pense que la Convention de Genève sur les réfugiés n’est plus adaptée à l’époque

La ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, a défrayé la chronique cette semaine, lors d’un discours donné à Washington DC sur l’immigration, qu’elle a qualifiée de « défi existentiel » pour l’Occident.


« La migration illégale et incontrôlée » constitue « un défi existentiel pour les institutions politiques et culturelles de l’Occident ». Cette vérité archi-simple, que la plupart de nos politiques ne veulent pas reconnaître et qu’ils ont même peur d’évoquer, est sortie de la bouche de la ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman, cette semaine. Ses propos francs ont provoqué l’ire de bon nombre de ses opposants en Grande-Bretagne, ainsi que d’artistes, surtout lorsqu’elle a remis en cause la Convention relative au statut des réfugiés – en accord avec son gouvernement.

Haro sur les traités et le multiculturalisme

Dans un discours donné le mardi 26 septembre, au think tank conservateur, American Entreprise Institute, à Washington DC, elle a enchaîné en exprimant une autre vérité qui devrait aller de soi : le « dogme du multiculturalisme » est un échec car il « n’oblige nullement les nouveaux arrivants à s’intégrer » et « il permet à des gens de venir s’installer dans notre société et d’y vivre une vie parallèle ». La conclusion qu’elle en a tirée est que les démocraties occidentales devraient remettre en cause et réviser les traités internationaux qui empêchent les nations de maîtriser leurs frontières : « Les politiques et les leaders d’opinion sont dans l’obligation de demander si la Convention relative au statut des réfugiés, et la façon dont elle a été interprétée au fil du temps par les tribunaux, est adaptée à notre époque moderne. Ou si elle a besoin d’être réformée ».

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Le bon sens même ? Avec une prévisibilité totale, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des ONG diverses et variées, et même le chanteur, Sir Elton John, se sont immédiatement jetés sur les propos de la ministre pour les condamner. Le HCR a nié que la Convention ait le moindre besoin d’être réformée ou même modifiée, tout en soulignant « le principe de partage des responsabilités » – autrement dit, le principe selon lequel chaque pays est obligé de traiter comme un réfugié toute personne sur son sol qui se prétend persécutée dans son propre pays.

« Cruella Braverman »

C’est le nouveau surnom très original donné cette année à la ministre britannique, en référence à la méchante des 101 Dalmatiens. Effectivement, Suella Braverman n’a jamais mâché ses mots sur la question migratoire. Et cette fois-ci, en affirmant qu’il ne suffit pas d’être gay ou femme pour obtenir le droit d’asile au Royaume-Uni, elle ne s’est pas fait beaucoup d’amis, bien au contraire. La chaîne Tiktok Screenshot, qui promeut les droits des femmes et des LGBTIQIA+ a dénoncé les propos « scandaleux » de Mme Braverman. La députée travailliste Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme du Labour, a dénoncé des propos « profondément clivants […] indignes de sa fonction », accusant Mme Braverman « d’avoir tellement perdu le contrôle de la politique de droit d’asile chaotique du Parti conservateur, qu’elle s’en prend aux personnes LGBT, dont elle fait des bouc-émissaires. » Même cette dialectique-là n’a pas semblé fonctionner dans l’espace médiatique britannique, ce qui est bien une nouveauté.

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Mais il faut noter que le Parti travailliste est de moins en moins opposé aux conservateurs sur le sujet migratoire, à défaut de pouvoir avancer des propositions crédibles sur le sujet, lequel fait partie des trois premières priorités des Britanniques aujourd’hui. Pour autant, les conservateurs sont en panne de crédibilité eux-aussi : leurs promesses d’arrêter l’immigration après le Brexit est un échec et leurs vociférations publiques contre les migrants illégaux ont rarement été suivies d’accomplissements concrets jusqu’à maintenant. Le projet très contesté d’envoi des migrants au Rwanda, entamé par Boris Johnson en avril 2022, en est le principal exemple.

Dérives d’interprétation

La Convention relative au statut des réfugiés, signée en 1951 et entrée en vigueur en 1954, avait pour objectif de résoudre les grandes difficultés qui ont suivi la fin de la Seconde guerre mondiale en 1945, fin qui a vu de très nombreuses personnes déjà déplacées ou désormais obligées de se mettre sur les routes. En 1967, le Protocole relatif au statut des réfugiés, adopté par la majorité des signataires de la Convention, a mis fin à toute restriction géographique et temporelle, en généralisant le système et les obligations qu’il imposait aux nations. L’obligation centrale permet à une personne se trouvant dans un pays étranger de faire valoir son droit d’asile si elle craint d’être « persécutée » en retournant dans son pays d’origine.

L’argument de Mme Braverman est le suivant : la jurisprudence des tribunaux a introduit petit à petit une dérive dans l’interprétation de cette obligation. Le critère fondamental pour prétendre au statut de réfugié est devenu moins la persécution que le fait d’être l’objet d’une forme de discrimination. Selon la ministre, être homosexuel ou une femme dans certains pays entraîne une discrimination mais ne suffit pas pour définir le statut de réfugié.

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Certes, le choix de ces exemples était peut-être imprudent et, nous l’avons vu, Braverman fut très critiquée. Cette dernière a alors tenté de se défendre par la suite en affirmant qu’elle parlait de migrants qui se prétendaient homosexuels pour avoir le statut de réfugié. Mais le principe n’est pas faux : selon la nouvelle interprétation de la Convention, on pourrait transférer en Europe ou Amérique du Nord une grand partie de la population de nombreux pays dans le monde. Mais où pose-t-on donc les limites ? Et, selon une objection justifiée qui est fréquemment soulevée, comment distinguer entre ceux qui fuient la persécution et ceux qui cherchent une vie meilleure sur le plan économique ?

Surtout, la ministre a raison de nous rappeler que tout pays voulant maîtriser ses propres frontières doit maîtriser les instances internationales qui, par un tropisme congénital, se considèrent comme les ennemies des frontières. Pour dompter ces institutions, il faut que les nations s’unissent (quelle ironie !) pour identifier l’obstacle et le surmonter.

Comparer la France à l’Iran, la tribune honteuse signée par Annie Ernaux

Notre chroniqueuse est tombée sur une tribune, sur le Club de Mediapart, qu’elle a trouvé honteuse et choquante car elle récupère le combat des femmes iraniennes pour le dépouiller de son sens et le remplacer par un salmigondis indigeste en novlangue militante progressiste qui dénonce l’ « islamophobie » supposée de la France.


Pendant qu’en Iran, les femmes se font violenter, violer et tuer par la théocratie iranienne car elles rejettent violemment le voile, un outil sexiste qui symbolise leur condition d’inférieure et l’impureté de leur corps, en France, quelques petites bourgeoises ultra-privilégiées froncent le nez.

Femme, Vie, Liberté !

Ces femmes Iraniennes, qui affirment que la liberté et les droits des femmes sont incompatibles avec le port du voile, ridiculisent une gauche néo-féministe qui fait de l’islam son nouvel horizon, des musulmans ses nouveaux opprimés et de la « liberté de porter le voile » un combat pour l’émancipation. Toutes ces postures sont ridiculisées par le courage et la force des Iraniennes qui désignent clairement le voile comme le symbole de leur oppression et montrent à la face du monde à quel point ce signe est sexiste et porteur de violences à l’égard des femmes.

Mais, nos petites bourgeoises parisiennes n’en ont cure. Pour Annie Ernaux, Assa Traoré, Adèle Haenel, Judith Butler mais aussi le Planning familial ou les Soulèvements de la terre, s’opposer au port du voile, c’est être islamophobe ! Alors, les militantes ont décidé de faire taire les Iraniennes, de nier leurs revendications et de les remplacer par les leurs. C’est ainsi que les voix autoproclamées du bien, du bon et du juste ont rédigé une tribune où le ridicule le dispute à la mauvaise maîtrise du français et à la phraséologie indigeste. En gros, il s’agit de faire un parallèle entre l’Iran et la France pour expliquer que les deux Etats répriment de la même manière les révolutions anticapitalistes qui s’y déroulent.

Un texte écrit avec les pieds

Oui, parce que non contente d’être écrite avec les pieds, on suppose que fort peu de neurones ont été sollicités pour une aussi mauvaise production.

Commençons donc par l’évacuation du cœur du combat des Iraniennes : leur refus du voile. « Au fil des mois et face à une répression sanguinaire, l’insurrection n’a cessé de se transformer. (…) Les organisations syndicales ont réclamé dans un communiqué unitaire historique des conditions de travail décentes, la fin des politiques écocides, de l’armement nucléaire, de la privatisation des espaces naturels; mais aussi l’égalité politique pour les femmes, les minorités ethniques, nationales et les LGBTQIA+. » Ouf ! le mot « voile » est évacué et la question de la femme ramenée au niveau d’un combat subalterne. Séquence déni parfaitement réussie.

Mais au cas où de vilains réactionnaires n’aient pas compris le message, nos grandes consciences progressistes vont le marteler. Je cite toujours les auteurs de la tribune : « La question n’est pas de porter ou non le voile. On ne le répètera jamais assez dans le contexte islamophobe français : c’est aux femmes de le décider pour elles-mêmes. Ce qui est en jeu dans le voile obligatoire en Iran, c’est le contrôle et l’assujettissement de tous les corps par l’État, dans l’objectif, pour une minorité, de s’accaparer les ressources. »

À partir de là, la rédactrice a dû retrouver de quoi fumer en aspirant sa moquette, car sa plume s’exalte, s’échauffe. Le mauvais lyrisme y gagne ce que la maitrise du français y perd. Il est d’ailleurs désolant qu’une écrivaine à qui a été donné le prix Nobel de littérature signe d’aussi mauvais textes… Mais jugez plutôt : « La République Islamique gouverne à travers un apartheid de genre et un racisme d’État. Elle ne tient que par le déploiement effréné d’un maintien de l’ordre ciselé selon les coordonnées raciales des populations à mettre au pas. » Vous n’avez rien compris à la dernière phrase ? C’est normal, elle ne veut rien dire. Après ce chef-d’œuvre abscons vient le cœur du propos : virer les Iraniennes-prétextes pour faire le procès de la France : « Toutes ces techniques infusent l’économie coloniale globale. Les vies ne se valent pas : cette réalité a été rappelée en France en juin 2023 par le meurtre de Nahel et la répression sanglante des mouvements de révolte qui ont suivis. » Je traduis : la France c’est comme l’Iran, en pire. Ici, on exécute les gens dans la rue. « Les pouvoirs occidentaux n’ont eu alors à la bouche qu’admiration pour le « courage des femmes iraniennes, tout en déroulant le tapis rouge à un féminisme libéral, islamophobe, et transphobe, qui prenait bien soin de séparer la lutte pour les droits des femmes de celles contre l’ensemble des oppressions contestées par les soulèvements révolutionnaires en Iran. » Pour ces enfants gâtés, l’égalité – qui est pourtant à la base de notre contrat social – et la question du droit des femmes ne sont pas de vrais problèmes. Refuser l’égalité au nom de la couleur de peau est une horreur. La refuser au nom du sexe, ça se discute si c’est l’islam qui l’exige. Bref la démocratie, l’égalité, rien de tout cela n’est réel.

Aucune différence entre une dictature islamique et une république laïque : « Car ce à quoi nous avons à faire ici comme là-bas, ce sont, sous des modalités différentes, des appareils d’États aux mains de franges radicalisées de la bourgeoisie, dont les discours, religieux ou laïcs, recouvrent de plus en plus mal un projet similaire et concurrent de captation des richesses et d’exploitation de tout ce qui est vivant. »

Allez, un dernier passage pour la route ?

« Il ne nous est jamais apparu aussi clairement que les discours sécuritaires, dont nous abreuvent quotidiennement les médias possédés par une oligarchie réactionnaire, désignent en réalité la sécurité des pelouses de golfs. Sécurité pour le capital jusqu’à ce que le monde crève. » Même Mediapart a trouvé le texte intellectuellement indigent, et l’a mis sur son blog et pas dans le journal.

Cette histoire peut sembler anecdotique, mais elle ne l’est pas

Notre collectif de dindes en faveur de Noël ne représente pas grand-chose, et, même si Annie Ernaux est prix Nobel, cela n’a pas tant marqué les Français. Elle n’est pas Camus et la France a été globalement indifférente à cet honneur qu’elle n’a guère compris.

Donc, cette tribune aurait pu n’être que ridicule, mais elle résonne avec une petite musique qui s’élève. Celle du « french bashing » et, surtout, celle qui fait passer la liberté religieuse avant tout. Or, il n’y a pas de liberté au sein de l’islamisme. La religion justifie le refus de l’égalité, à raison du sexe, de la pratique religieuse. Elle est incompatible avec une société politique fondée sur l’égalité. Il y a peu, à propos de l’interdiction du hijab par la France pour les JO de 2024, la porte-parole du haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a dit : « De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non. » Or, Si Marta Hurtado a sorti grandes orgues et violons, ce n’est pas pour défendre la liberté et l’égalité des femmes iraniennes, c’est pour tenir la main de leurs bourreaux et les aider à mieux les ensevelir sous le hijab. En effet, si l’ONU se laisse pousser le courage, ce n’est pas pour s’en prendre aux mollahs, mais pour attaquer la France. Notre crime : avoir interdit aux athlètes françaises de porter le voile islamique aux Jeux Olympiques en France.

Pour cela, la porte-parole du Haut-Commissariat reprend les éléments de langage des islamistes canal Frères musulmans ou des auteurs de la tribune de Mediapart et présente donc un asservissement réel comme une liberté : celle de s’habiller comme on le veut. Sauf qu’un uniforme/symbole comme le voile n’est pas un vêtement, c’est une marque de soumission et un message univoque adressé à l’extérieur. Avec le voile, il n’est pas question du choix vestimentaire des femmes mais bel et bien de mise en avant du refus de l’égalité à raison du sexe.

Fin de vie: l’embarras du choix

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Que faire de nos vieux ? C’est assurément une des questions qui taraudent le plus le président de la République et le gouvernement français. D’un côté, nos dirigeants ont ruiné le pays pour sauver nos aînés au moment de l’épidémie de COVID, n’hésitant pas à les maltraiter pour leur propre bien, et d’un autre côté, ils nous jouent régulièrement ce petit air si touchant de l’euthanasie et du suicide assisté au nom de la dignité humaine.


On comprend leur embarras : les vieux, ça coûte très cher au pays, mais ça vote en masse et bien ! L’idéal serait donc d’obtenir leur consentement à un départ anticipé en drapant ce dernier dans la toge de l’éthique collective et de la morale individuelle. On vous chouchoute tant que vous êtes en forme et raisonnables politiquement, et en échange vous n’insistez pas trop quand une maladie grave vous atteint. Enfin, une maladie grave ou une dépression, ou quand ça ne va pas trop, quoi…

Schizophrénie

C’est généralement cette schizophrénie hésitant entre l’idolâtrie de la vie (Olivier Rey) et la gestion bureaucratique et administrative de la mort qui tient lieu de débat lorsqu’on aborde la question du grand âge et de la maladie, les deux ne se confondant d’ailleurs pas. Une vision pour l’essentiel technique des choses, où la question du sens n’est guère soulevée.

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Avant de poser la question de la bonne mort (euthanasie), il serait pourtant bon de poser celle de la vie bonne et du bonheur (eudémonisme). Mais est-ce seulement possible dans une société dont le programme politique est l’hédonisme, c’est-à-dire le plaisir et l’absence de souffrance ? Un hédonisme consumériste qui reste en grande partie le projet de société de nos dirigeants, malgré leur conversion soudaine à la sobriété pour de douteuses raisons écologiques et géopolitiques. Et quand il ne s’agit pas d’hédonisme, c’est son exact contraire qui prévaut, notamment au sein des jeunes générations pour qui posséder une voiture, prendre l’avion, chercher de bons rendements agricoles ou faire des enfants sont autant de péchés capitaux. Entre consommation destructrice et mortification vertueuse, demeure-t-il une voie où puissent s’articuler réalisation personnelle et sens de la communauté ? Une voie qui ne ressemble pas à un suicide collectif pour sauver une humanité qui n’en demande pas tant ?

Cancel culture

Dans ce contexte, les vieux posent problème. Pas seulement parce qu’ils sont improductifs, mais aussi parce qu’ils gardent la mémoire et les réflexes d’autres époques où l’on pensait et se comportait différemment. L’effacement docile auquel on les invite (et auquel beaucoup semblent être prêts à céder) n’est ni plus ni moins qu’une annulation en bonne et due forme, un procès et une condamnation qui ne disent pas leur nom, et surtout le préalable à une table rase dont personne ne parle ouvertement et qui pourtant avance ses pions tous les jours par le biais de l’intelligence artificielle et du transhumanisme. Les vieux et leurs idées rances, leur argent liquide, leur maladresse vis-à-vis des outils numériques et leur goût pour le contact humain, font obstacle à la marche du nouveau monde. Il serait bon qu’ils disparaissent, qu’ils laissent la place, de leur plein gré, de leur propre mouvement.

Les pensions de retraites seront revalorisées de 5,2 % le 1er janvier 2024

Ce qui surprend un peu dans cette situation, c’est la facilité avec laquelle les personnes âgées et malades ont intégré cette vision portée sur elles. À l’heure des Prides en tout sens, il est certain qu’on ne verra pas nos aînés défiler dans les rues à l’occasion d’une Old Pride. On se demande même pourquoi le gouvernement vient d’annoncer la revalorisation de leur pension de retraite, de toute façon ils ne voteront jamais massivement pour Marine Le Pen ni pour Jean-Luc Mélenchon. Les vieux sont dociles, obéissants, civiques. Quand sera accompli le travail de propagande consistant à établir de manière définitive que tous les malheurs du monde sont dus au comportement égoïste, raciste et écocidaire des générations actuellement à la retraite, nul doute que par sens du devoir, ces dernières tireront leur révérence d’elles-mêmes. Peut-être lors de cérémonies de suicides citoyens, qui sait…

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À moins que…

À moins que des individus arrivés au bout du chemin que la société (ou leur santé) leur prescrit décident de se révolter et, n’ayant plus rien à perdre, se lancent dans des actions spectaculaires pour secouer le cocotier de la moraline contemporaine. On imagine assez bien un Jean-Paul Brighelli troquer sa plume et son clavier contre un cocktail Molotov ou une carabine à l’annonce d’un cancer incurable, faisant ainsi évoluer son combat contre l’effondrement ambiant par d’autres moyens. C’est d’ailleurs ce qu’a dû imaginer le gouvernement en lançant sa grande campagne de collecte d’armes clandestines à la fin de l’année dernière. On ne sait jamais, des fois que les caves vieux se rebiffent…

Une bonne mort

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Crise de nerfs au camp du bien

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Trois personnages de gauche en quête de hauteur


Le progressisme contemporain, c’est peut-être Montaigne qui en parle le mieux. Tania de Montaigne bien sûr, cette ancienne animatrice de Canal Plus, devenue romancière, dont le dernier livre, Sensibilités (Grasset), brocarde l’autocensure en train de s’imposer dans le milieu de l’édition au motif de “ne pas blesser” les minorités… et donc de les infantiliser. « Il y a un kidnapping du spectaculaire aux dépens de la pensée », déplorait-elle, lucide, hier dans Libération, alors qu’on l’interrogeait sur la gauche française.

Et la Palme du ridicule est attribuée à…

Reste à savoir qui sont les kidpappeurs d’intelligence. À La France insoumise, il ne faut pas chercher longtemps pour les trouver. Prenez Sophia Chirikou par exemple. Le 21 septembre, sur Facebook, la députée LFI nous a fait une crise d’ado en comparant carrément Fabien Roussel au pro-nazi Jacques Doriot ! Une agit-prop de niveau collège aussitôt relayée sur les réseaux sociaux par son comparse Jean Luc-Mélenchon. Tout cela pour punir le secrétaire national du PCF d’avoir osé, quelques jours plus tôt sur France Info, critiquer un slogan, non moins puéril, de l’extrême gauche factieuse: “tout le monde déteste la police”. 

À lire aussi, Elisabeth Lévy: A gauche, la défaite en chantant

Et puis le kidnapping de l’intelligence a continué le jour de ladite manifestation, samedi dernier. Cette fois, c’est Sandrine Rousseau qui a agi seule, sur Twitter/X, en accusant un agent des forces de l’ordre, qui patrouillait non loin du cortège, de comportement « inadmissible ». Qu’avait donc fait le policier pour mériter un tel courroux ? Juste son métier. Afin de calmer un black bloc qui tentait de défoncer sa voiture de service à coup de barre de fer, le gardien de la paix a dégainé son arme, avec sang-froid et sans tirer bien sûr. Un geste parfaitement justifié et maîtrisé, comme en attestent les diverses vidéos des “street reporters” qui ont vite tourné en boucle sur la toile. Cela n’empêchera pas la députée de réitérer le lendemain sur LCI ses cris d’orfraie.

« Travail famille patrie » contre goulag macroniste

Dernier kidnapping de l’intelligence en date, pas plus tard qu’avant-hier. Dans un tweet effarouché, Olivier Véran a accusé le député RN Jocelyn Dessigny de cacher « sous le vernis, le rance », comprenez la phallocratie, le repli sur soi, le pétainisme. Le malheureux élu mariniste avait pourtant rappelé une évidence: « Si elles le souhaitent », venait-il de déclarer à l’Assemblée nationale, « il vaut mieux que les mères au foyer “s’occupent de leurs enfants“ », plutôt que de faire des heures obligatoires afin d’avoir droit au RSA. Sans doute l’expression “mère au foyer” aura-t-elle suffi à déclencher chez le porte-parole du gouvernement ce réflexe pavlovien classique qui fait voir à certains la bête immonde là où il n’y a que du bon sens.

À lire ensuite, Ivan Rioufol: L’humain, cet encombrant qui irrite la pensée «progressiste»

On n’a certes pas attendu 2023 pour assister à gauche à un festival de la bêtise et de l’outrance. N’oublions pas que l’an dernier à la même période, Mme Obono lançait « mangez vos morts » à « ceux qui instrumentalisent la lutte des femmes en Iran »… Reconnaissons cependant que nous avons en cette rentrée un cru exceptionnel ! Comment expliquer que le camp du bien soit devenu à ce point une caricature de lui-même ?

Tentons une hypothèse: Marine Le Pen n’a jamais été aussi lisse, aussi calme, aussi silencieuse. Alors que l’actualité lui offrirait chaque jour l’occasion de s’époumoner, par exemple sur l’abaya, Lampedusa ou le non-lieu dans l’affaire Adama Traoré, pas la moindre petite phrase, pas un mot plus haut que l’autre, aucune récupération. Bref plus rien pour mettre en branle une gauche dont la seule raison d’exister est de faire barrage aux dérapages. Tels des acteurs de Hollywood privés de contrats par la grève des scénaristes, les ténors de la bien-pensance n’ont dès lors d’autre choix que de faire leurs échauffements de voix sur de vieilles partitions. Or, si le timbre porte toujours autant, le spectacle, lui, est devenu un théâtre de l’absurde.

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Elisabeth Lévy : « Ne pas travailler est un choix parfaitement respectable, mais qui a un prix »

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Le migrant, citoyen du monde

La charité radicale du pape est également théologiquement irresponsable, avancent certains.


Le problème migratoire restera le grand combat du pontificat du pape François. Lors de son voyage de décembre 2021, à Nicosie, le pape appelait de ses vœux, devant les migrants,  « une humanité sans murs de séparation avec, non plus des étrangers, mais seulement des citoyens ». Et le pape de ramener, derechef, dans son avion, 50 citoyens du monde. Au bout des cinq voyages qui ont suivi (Lampedusa, Grèce, Lesbos, Égypte, Maroc) jusqu’à celui de Marseille, le message papal n’a pas changé sur l’accueil inconditionnel de l’étranger. Pourquoi ce message, inspiré, apparemment, par une charité radicale, a-t-il paru à beaucoup irresponsable ? Pour une raison théologique. 

Le Vieux continent mal en point

À la différence du pape Benoît XVI qui, mettant ses pas dans la Tradition, voyait, dans l’Europe, la brebis féconde de l’Évangile devenue inféconde, grasse devenue maigre, mal en point qu’il fallait remettre sur ses pattes, mais infiniment riche de son passé et de sa filiation, le pape François, faisant fi de l’Histoire, voit dans l’Europe une « vieille femme stérile » dont on ne peut plus rien attendre. L’Europe, pour lui, c’est fini, et le christianisme doit prendre un départ, à frais nouveaux, dans un nouveau monde régénéré par les migrations. C’est ainsi que le Migrant, comme en témoigne le monument de la place Saint-Pierre, devient la figure christique d’une nouvelle Église. Dès lors, est-ce exagéré de percevoir dans la pensée bergoglienne une filiation avec la pensée de Joachim de Flore, père spirituel de François d’Assise, et auteur d’un livre dont la théorie des âges, très inspirante, a fait florès à travers les siècles jusqu’à nous ?

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Ce moine calabrais du XIIème siècle, prophète pour les uns (Dante), hérétique pour d’autres, pensait que l’histoire de l’Église correspondait à une structure ternaire de la Trinité. Après le temps du Père et de sa loi dure, venait le temps du Fils plus tempérée. Puis le temps de l’Église : l’Église spirituelle, enivrant les cœurs d’amour, où la liberté remplaçait la loi, et qui voyait la réconciliation entre Orient et Occident, Juifs et chrétiens. C’est ainsi que, par l’entremise d’une partie du mouvement franciscain qui se croyait « la nouvelle Vraie Église spirituelle » opposée à la papauté mondaine, l’idée de l’ère nouvelle d’un « Évangile éternel » provoqua des débats théologiques considérables : une division ternaire de l’Histoire n’existant pas puisque c’est toute l’Histoire qui est le temps du Dieu trinitaire. « L’hérésie »  de Joachim de Flore prit fin, l’ordre de Flore disparut au XVIème siècle, mais pas son influence que l’on retrouva partout : chez Luther, Hegel, Michelet, Sand, Eliot, Huysmans, Bloy, Mircea Eliade. Et nul doute qu’à notre époque on ne trouve, dans l’Église, des traces nombreuses d’une gnose florienne. Sans la transcendance du Père, l’Église devient une ONG où la figure du Christ, devenue périphérique, s’efface devant celle du migrant. L’Esprit, porté par l’air du temps, se dissout dans l’horizontalité : égalitarisme, démocratisation, vivre ensemble, œcuménisme sans transcendance qui absorbe la Révélation.

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Vision miséricordieuse coupée des réalités

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » avait dit aussi le pape à Nicosie. Cette phrase ne veut pas dire grand-chose. Car il n’y a pas de civilisations sans murs ni frontières qui protègent et délimitent un espace de liberté. Sans murs ni frontières prospèrent violence et injustice— dont témoignent les réseaux de passeurs mafieux. Sans frontières l’Europe se déchire. Sans frontières les pays perdent leur âme. Dans son appel inconditionnel à l’accueil des migrants, le pape ne distingue pas la dignité imprescriptible de la personne, de la prise en considération du bien commun. Sa vision « miséricordieuse » coupée des réalités fait le jeu du mondialisme. « Que les blessés de la vie trouvent un port sûr dans votre regard, un encouragement dans votre étreinte, une caresse dans vos mains capables d’essuyer les larmes » a-t-il dit face à la mer. Ce propos sentimental a-t-il mis la larme à l’œil de la Bonne Mère ? Qui n’est pour une Méditerranée fraternelle ? Sauf qu’il ne s’agit pas, dans le phénomène migratoire qui touche la France et l’Europe, d’un « croisement tendre de regards dont la Bonne Mère serait la protagoniste », mais de prévenir un tsunami. Le droit à migrer est une chimère qui mène au chaos. D’autant plus que le pape François ne prend jamais en compte la religion des nouveaux arrivants, ce qui est préoccupant.

Un Pape qui parle comme Mélenchon…

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La visite du Pape à Marseille nous a rappelé que politique et religion ont rarement fait bon ménage. La charité ne revient pas à s’oublier soi-même. Tout homme sauve son prochain en grande détresse, oui. Mais il ne l’installe pas pour autant ad vitam æternam chez lui, au risque d’y perdre sa maison et de mettre sa famille en danger.


La visite du Pape François à Marseille a d’abord suscité l’ire de l’extrême-gauche française, trop heureuse de pouvoir tirer sur Emmanuel Macron après que ce dernier a annoncé sa volonté de participer à une messe donnée par le Souverain pontife. Tous les anticléricaux, le plus souvent de posture, y sont allés de leurs commentaires outrés sur cette grave rupture entre l’État français et sa sacro-sainte laïcité de combat. Pourtant, on pouvait se douter que les jugements se raviseraient bien vite, tant le Pape François est aligné avec les positions les plus radicales de la gauche sans-frontiériste en matière de politique migratoire – et pas seulement, du reste.

L’immigration est une chance pour la France, c’est bien connu

Habité, fanatique et hémiplégique, François n’a pas eu de mots trop durs pour le pays qui l’accueillait et ses habitants. Profitant de l’appel d’air que lui offrait le récent débarquement de milliers de migrants sur la petite île italienne de Lampedusa, le Pape a multiplié les admonestations et les injonctions à l’endroit de ces Européens égoïstes qu’il méprise. Ainsi a-t-il affirmé que « des nationalismes archaïques et belliqueux veulent faire disparaître les rêves de la communauté des nations ». Il fallait évidemment entendre par là les nationalismes européens et non les impérialismes post-soviétiques ou sud-américains qu’il n’ose en revanche jamais publiquement tancer.

Le « nationalisme français », François lui a demandé de ne pas considérer ceux qui se « réfugient chez lui » comme un fardeau à porter mais comme une chance. Une chance pour notre ruralité d’ailleurs, puisqu’il a affirmé dans l’avion qui le ramenait au Vatican que « certains petits villages sont vides, n’y subsistant qu’une vingtaine d’anciens » et qu’il fallait « qu’ils fassent des efforts pour accueillir des migrants qui représentent de la main d’œuvre ». Que n’y avons-nous point pensé avant ! Biblique : des hommes dans la force de l’âge qui ont tout fait pour échapper à la vie agraire chez eux rêvent de s’enfermer dans des petits villages sans activité économique…

À Rome, fais comme les Romains

Estimant « marquer l’histoire » par son discours, le Pape n’a pas eu une once de considération pour l’Europe, ni même de bon sens élémentaire. Cet humanisme chrétien absolu qu’il prône est contraire à l’harmonie, reproduisant les ingrédients qui ont conduit au fameux épisode biblique de la Tour de Babel. Le Pape a le droit d’exprimer une opinion politique, il ne lui est toutefois pas interdit de réfléchir. Pis encore, ne se contentant pas de la question migratoire, François s’est directement attaqué aux politiques d’intégration françaises : « Le modèle d’assimilation français ne tient pas compte des différences et reste rigide dans ses paradigmes, fait prévaloir l’idée sur la réalité et compromet l’avenir en augmentant la distance et la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance ».

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S’il y a du vrai sur l’assimilation, qui ne saurait être une politique massive mais bien une démarche individuelle de l’immigré qui en fait le choix, on se demande bien comment le Pape se permet une telle sortie. Fallait-il lui envoyer un Guillaume de Nogaret pour l’enfermer à double tour à Avignon après l’avoir soufflé ? Benoît XVI, son prédécesseur, n’avait pas reproché aux Européens leur manque d’humanité, ni sous-entendu que ces derniers laissaient les migrants se noyer en Mer méditerranée – ce qui est un mensonge patenté. Il avait, tout au contraire, indiqué que si toute personne détient « le droit à immigrer », les États n’en ont pas moins de leur côté « le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières ». Il ajoutait même, à rebours de notre théologien de la libération, que les immigrés ont « le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale ».

Rendre à César ce qui est à César

L’Autrichien était moins populaire auprès des non-catholiques que ne l’est l’Argentin, mais il avait le mérite d’être un véritable humaniste et non un révolutionnaire. Contrairement à toute l’extrême gauche française, qui de Houria Bouteldja en passant par Cédric Herrou a manifesté sa joie, je ne vais pas me lancer ici dans une exégèse sophistiquée de l’Évangile ou du Dogme pour dire qui de François ou d’autres ont raison, ni même ergoter sur l’infaillibilité papale. Cet épisode rappellera justement à ceux qui en doutaient que politique et religion ont rarement fait bon ménage, surtout sous nos latitudes hexagonales. Le Pape a d’ailleurs une dent contre les Français, tous les Français, qu’il assimile soit à des jouisseurs post-modernes déchristianisés, soit, quand ils sont encore catholiques pratiquants, à des traditionnalistes plus attachés à la lettre qu’à l’esprit du christianisme dont il croit être le plus parfait représentant, saint déjà auréolé. Son discours est dangereux car il encourage les Africains à migrer mais aussi à nous haïr.

Sous le modeste perce donc l’immodestie. Sous l’humaniste, un fond d’inhumanité. Car, qui peut aujourd’hui en conscience estimer que les grandes migrations du temps sont une chance pour l’Europe ou l’Afrique ? Qui peut considérer que la démographie sahélienne est un atout pour l’humanité ? Croissez et multipliez ? Certes, mais pas inconsciemment. Au fond, la pensée papale est nihiliste. Il fait des civilisations et des nations des variables d’ajustement du projet de Cité de Dieu augustinienne, comme si le salut des âmes valait bien le sacrifice des lents et patients travaux des hommes. Son inspirateur n’est autre que Carlos Maria Martini, jésuite italien, cardinal et archevêque de Milan mort en 2012. Un millénariste aveuglé par l’eschatologie testamentaire pour qui l’immigration était « une opportunité historique pour l’avenir de l’Europe… un grand appel de la Providence pour un nouveau mode de vie ». Les habitants de la Porte de la Chapelle se réjouissent sûrement de cette « providence », ainsi que le contribuable français…

Comme si souffrir et porter le « fardeau » était obligatoire. La charité ne revient pourtant pas à s’oublier soi-même. Tout homme sauvera son prochain en grande détresse. Il ne l’installera pas pour autant ad vitam aeternam chez lui, au risque d’y perdre sa maison et de mettre sa famille en danger. Si le Pape a donc tout loisir de rappeler aux catholiques leurs devoirs de chrétiens, les Français se passeront de ses conseils.

Jack-Alain Léger, la douleur de vivre

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Jacques-Alain Léger. © JEAN-PHILIPPE BALTEL/SIPA

Écrivain au grand style, Jack-Alain Léger s’est illustré avec un égal génie à travers des dizaines de pamphlets et de romans difficilement trouvables aujourd’hui. Trop talentueux, trop tourmenté, il a été marginalisé par le milieu littéraire. Dix ans après son suicide, Jean Azarel recompose le puzzle d’une vie d’écorché.


Ça commence comme une tragédie. Comme si la vie d’un écrivain devait être écrite une bonne fois pour toutes par Sophocle. La mère de celui qui se cache derrière cinq pseudonymes, dont le plus célèbre est Jack-Alain Léger (1947-2013), a perdu un fils à la naissance. Elle devient dépressive, boit trop, fume beaucoup. Quelques jours avant de mettre au monde Daniel Théron, futur Jack-Alain Léger, elle tente de se tuer. Dans Autoportrait au loup (1982), autobiographie trash, presque introuvable aujourd’hui, ou alors à un prix prohibitif, l’écrivain, maudit dès la naissance, écrit : « Il fallait faire avec ça… Un ça de mort-né qui mort, à les entendre ces femmes, pleurait encore, vivait encore, les appelait la nuit – un ça de fou ! Vivre avec ce surmoi, avec des parents écrasés par la faute, errer, j’étais damné. »


Mélancolie destructrice

Daniel Théron portera toute sa vie les stigmates invisibles de la mélancolie destructrice. Dans l’un de ses livres – quarante romans, essais, pamphlets, dont deux jugés islamophobes – Le Bleu le bleu (1971) signé Dashiell Hedayat, l’écrivain, qui ne cesse de brouiller les pistes à la manière de Romain Gary, revient au frère mort-né, Louis, étranglé à la naissance par le cordon ombilical, d’où le visage bleu du bébé qui le hante.

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Il faudra supporter ça, et tant d’autres choses, la bipolarité décelée très tôt, un physique grassouillet, une homosexualité pas franchement assumée, la non-reconnaissance du milieu littéraire – toujours prêt à couper la tête de celui qui possède du style –, une vraie hargne de boxeur, une folie irradiant ses romans, et toujours la mère castratrice et adulée, cette mère qui meurt en 1971, le laissant dévasté, n’osant, malgré le caractère sacrilège de ses écrits, lui rendre hommage à la manière de Georges Bataille dans son livre profanateur Ma mère. Dans Autoportrait au loup, Léger avoue : « Mother, nous sommes des morts-vivants lorsque je pose ma joue sur ton ventre pour des confidences chuchotées dans l’abandon de tes gestes… Tes canines bleuissaient deux poinçons à mon cou lorsque tu m’embrassais. »

Le style, aucun doute, Jack-Alain Léger le possède. Mais ça ne suffit pas pour lui permettre de supporter sa silhouette de plus en plus alourdie par les anxiolytiques et les lecteurs de moins en moins nombreux. Comme il fut également chanteur, à la « voix incertaine, flûtée, traînante », on peut dire qu’il ressemblait un peu à Elvis Presley à la fin de sa vie, sans l’excentricité des costumes, même si l’écrivain le fut, excentrique dans ses tenues, à ses débuts.

Hautement dépressif, comme on est hautement toxique pour soi-même, incapable de gérer la répétitivité affligeante du quotidien, Jack-Alain Léger fait la demande d’être mis sous tutelle. L’avocat Emmanuel Pierrat, qui deviendra son exécuteur testamentaire, est désigné par un juge pour assumer ce rôle. Malgré un livre réussi, Zanzaro Circus (2012), l’écrivain est au bout du rouleau. Le 17 juillet 2013, Jack-Alain Léger se jette par la fenêtre de son appartement parisien, au huitième étage. L’été, à Paris, les rues désertes, écrasées de chaleur, donnent au malheur un poids insoutenable. C’est la chute finale. Un flash à la radio, dans la nuit, vient rompre le silence. On apprend la mort d’un romancier bourré de talent, caractériel, rancunier, batailleur, emmerdeur force 8, persécuté par ses pairs dont je tairai les noms, car beaucoup d’entre eux sévissent encore.

Dans Zanzaro Circus, la phrase affûtée, ce compagnon de débine, balance : « Je jure sur l’honneur, ami lecteur, que je n’invente rien, que ces pages sont du reportage sur le vif. Je n’ai pas d’imagination, mais une mémoire d’éléphant. »

Un écrivain sublimé

À l’instar d’un autre écrivain de grand talent, Yves Navarre, prix Goncourt 1980 pour Le Jardin d’acclimatation, les ouvrages de Jack-Alain Léger, publiés chez plusieurs éditeurs, sont difficilement trouvables. Heureusement que Cécile Guilbert est parvenue à en réunir trois aux éditions Denoël. Grâce à Jean Azarel, qui publie la première biographie de l’écrivain, il y aura, il faut l’espérer, d’autres initiatives pour faire découvrir l’auteur de Monsignore (1976), best-seller qui devint un film hollywoodien, hélas raté. Le livre d’Azarel s’appuie sur les témoignages de la famille, d’amis et d’éditeurs. Le puzzle de la vie de son sujet se reconstitue au fil des chapitres. C’est vivant, jamais lassant, car Jean Azarel est plus qu’un biographe, c’est un écrivain. Il fallait cette qualité rare pour nous faire revivre une telle personnalité fragmentée, et nous donner le goût de (re)lire un auteur travestissant son passé, parfois de mauvaise foi, refusant d’être considéré comme un parano, mais aux fulgurances géniales et à la causticité salutaire. Un homme ambivalent et libre. Tout ce qu’on aime pour mettre une bonne droite aux littérateurs.

Un mot encore. En 2001, sort le livre Ali le Magnifique, signé Paul Smaïl. C’est l’histoire d’un jeune beur, « épileptique comme l’Idiot », qui a été fasciné par la « société du Spectacle ». C’est drôle et émouvant à la fois, cette dénonciation des fringues haut de gamme, montres hors de prix, voitures inabordables qui mènent tout droit au désespoir et à l’assassinat. La gauche encense le livre aux vertus progressistes. Cécile Guilbert, interrogée par Jean Azarel, confirme : « Dans l’inconscient d’une certaine intelligentsia, Smaïl était le beur idéal, la justification d’un engagement politique et d’une forme de bien-penser. »

Smaïl, bien sûr, n’existe pas. Il se nomme Jack-Alain Léger. Les critiques, qui décernent les diplômes de moraline, se sont fait piéger par cette imposture de haut vol. Leur colère est homérique et leur vengeance digne de Zeus. On ne trompe pas impunément le tribunal de la bien-pensance sans encourir la peine maximale : la condamnation à l’oubli.


Jean Azarel, Vous direz que je suis tombé : vies et morts de Jack-Alain Léger, Séguier, 2023.

Jack-Alain Léger, Le Siècle des ténèbres – Le Roman – Jacob Jacobi (préf. Cécile Guilbert), Denoël, 2006.

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Lutte (musclée) contre le harcèlement scolaire: faudrait savoir ce qu’on veut!

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Image d'illustration Unsplash

Un mineur de 14 ans a été interpellé lundi 18 septembre dans un collège d’Alfortville (94). Il est soupçonné de harcèlement transphobe et de menaces de mort vis-à-vis d’une autre élève, âgée de 15 ans. Mais, certains pensent que les policiers, ces grosses brutes, n’auraient pas dû entrer dans le collège.


Voici une série pour les amateurs d’inconséquence, exclusivement… L’inénarrable représentante de EELV – et amie du rappeur Médine – n’a pas apprécié que des policiers entrent dans une école pour y arrêter un élève présentant un danger pour une collégienne. D’autres figures médiatiques y sont allés de leur couplet anti-flic et ont avancé l’hypothèse d’un trauma collectif. Quant au drapeau arc en ciel, on ne l’a guère vu flotter, alors que l’élève harcelée aurait dû particulièrement émouvoir les militants homosexuels.

A lire aussi, Martin Pimentel: Une « loi Gayssot » contre les climatosceptiques? Vivement demain!

L’interpellation de l’élève harceleur par les policiers en plein milieu d’un cours dans un collège d’Alfortville a suscité une petite polémique déclenchant dans les rangs des professionnels de la révolte une salve de critiques et d’indignation surjouée mais terriblement mal placée.

Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Chuck Norris ne voit rien à redire : l’intervention était dans les règles

Au lendemain de l’arrestation, Marine Tondelier, chef de file de EELV, s’est ainsi offusquée sur le plateau des 4 Vérités, la matinale de Télématin, de l’action jugée disproportionnée des forces de l’ordre. Après des « années d’inaction, d’incompréhension sur le sujet, de déni parfois (…) tout d’un coup, on est dans Walker Texas Ranger » s’est-elle exclamée (on sent ici la punchline bien concoctée par l’équipe en charge des éléments de langage), fustigeant l’écart entre la lâcheté du « pas de vague » – encore bien implantée dans la hiérarchie de l’Education nationale comme en témoigne le suicide de Nicolas et la lettre du rectorat de Versailles – et le retour tonitruant de l’autorité régalienne.

Il est pour qui, le trauma ?

Autre réaction, celle d’une haute figure médiatique du progressisme multiculti, le rédacteur en chef de la revue de gauche Regards ; Pablo Pillaud-Vivien. Celui qui est aussi chroniqueur régulier dans l’émission « 22h max » sur BFMTV a, quant à lui, joué la carte de l’empathie en se mettant à la place des élèves qui ont assisté à l’arrestation de l’élève harceleur devant toute la classe. « Si ça crée un trauma dans toute la classe, je pense qu’il y a un souci ». C’est ben vrai !

Autrement dit, le « souci » n’est pas tant qu’une élève reçoive des menaces de mort et des insultes à caractère transphobe de la part d’un autre élève, mais que des policiers fassent leur travail de policier en charge de protéger et de réprimer. L’inversion des rôles est à sa comble. Si trauma il y a, il est en réalité plus à chercher du côté de la victime, de cette élève en transition de genre qui a subi des messages homophobes d’une rare violence verbale tels que « sale travelo », « on va tegourger [t’égorger] », « suicide toi sale pd », « j’ai une haine envers ta race », ou encore « tu mérites de mourir », « je vais te faire une Hitler ».

Et si, au contraire, cela calmait les esprits ?

Mais, quand bien même les élèves seraient choqués par cette intervention, certes inhabituelle mais légale, de la police au sein de leur établissement, ce n’est pas une si mauvaise chose. L’exemplarité ayant force de dissuasion, cette interpellation peut de nouveau susciter la peur de la sanction et contribuer à atténuer le sentiment d’impunité.

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Harcèlement, violence, lâcheté et morgue administrative: la chaîne fatale

On vit à une époque où le « name and shame » est dégainé à tout-va pour les entreprises accusées d’écocide ou pour des multinationales qui refusent de faire baisser les prix pour lutter contre l’inflation alimentaire ; en revanche, il ne serait pas convenable de faire honte aux élèves harceleurs devant toute leur classe… Continuer à prendre des pincettes alors que le degré de violence des mineurs est en perpétuel crescendo, cela relève d’un angélisme inconséquent !

Inconséquence, quand tu nous tiens… 

Par ailleurs, il est tout de même surprenant que ces deux figures politico médiatiques ayant toujours à cœur de défendre les discriminations que subissent des minorités, passent plus de temps à critiquer l’action de la police qu’à se réjouir de l’arrestation du harceleur avant que ses menaces deviennent réelles et se soldent par un suicide de plus ! 

Le ministre de l’Education réunit les recteurs d’académie en vision conférence, après le suicide de Nicolas, Paris, 18 septembre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

La communauté au drapeau arc-en-ciel et aux couleurs rose blanc bleu (c’est le drapeau des militants trans, mettez-vous un peu à la page en lisant les articles de Jeremy Stubbs), pourtant si exubérante lorsqu’il s’agit de défiler et de revendiquer de nouveaux droits, s’est également distinguée par son étonnant mutisme. L’élève trans harcelée n’a pas eu le droit à la mobilisation des militants LGBTQ+ pour condamner la transphobie du harceleur, contrairement à celle déployée pour Lucas harcelé à cause de son homosexualité. Son suicide avait alors suscité la stupeur et la condamnation de tous et en particulier celle des militants gays dont plusieurs associations avaient signé une tribune pour appeler Pap Ndiaye, notre (ex) ministre wokisé de l’Education Nationale, à lancer une conférence pour mieux lutter contre les LGBTphobies et le harcèlement scolaire.

Le retour du sanctuaire oublié

Aujourd’hui, la victime du harcèlement transphobe est donc passée au second plan. Elle fut occultée par l’interpellation de son bourreau, car aux yeux de la patronne des écologistes et du chroniqueur gauchiste, l’important était de condamner la police – et quoi de plus efficace pour critiquer l’action des forces de l’ordre, que de rappeler que l’école est « un sanctuaire ». Ah le sanctuaire !… Voilà un argument décisif, mais utilisé à géométrie variable. Brandi pour taper sur les flics, mais enterré pour défendre la laïcité. Car ceux qui martèlent que l’école doit être protégée du monde extérieur et que ses portes ne devraient pas s’ouvrir aux policiers sont les mêmes qui légitiment l’intrusion du port de tenues religieuses à l’école comme l’abaya ; tenue qui invisibilise le corps des femmes, bafoue la laïcité et éventre ce sanctuaire qu’est effectivement notre école républicaine.

A relire, du même auteur: Délais de décence à géométrie variable

À gauche, la haine du flic est plus forte que tout. Lorsqu’il s’agit d’alimenter la haine antiflic qui a encore retenti dans les rues de Paris, samedi 23 septembre, lors de la manif contre les violences-policières-et-le-racisme-systémique, tout est permis chez les gauchistes, y compris de sacrifier leurs propres convictions. Cela étant, et au-delà de cette polémique inutile, reste à savoir quelle sanction sera prise à l’encontre de l’élève harceleur et si ce dernier se verra dans l’obligation de rester éloigné de sa victime ou non. Le gouvernement a présenté mercredi son plan choc contre le harcèlement scolaire. Au-delà des cours d’empathie promis par Gabriel Attal, le plan prévoit notamment que toutes les situations de harcèlement seront systématiquement recensées, et qu’en cas de harcèlement grave, les terroristes des préaux seront écartés de l’établissement scolaire. Pour les travaux pratiques, Alfortville semble nous offrir un fantastique cas d’école…

Affaire Coutts: quand Nigel Farage obtient la tête des banquiers de NatWest

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Alison Rose, patronne de NatWest, ici photographiée en mars 2023, a tiré sa révérence après l'affaire Farage... © Daniel Leal/WPA Pool/Shutterstoc/SIPA

Débancarisation. Randy Yaloz, président de Republicans Overseas France, nous dit quelles sont les leçons à tirer de la mésaventure de Nigel Farage.


On se souviendra de l’affaire de la « dé-bancarisation » de Nigel Farage qui a éclaté au mois de juin. L’ancien eurodéputé et chef successif de trois partis politiques (UKIP, le Brexit Party et le Reform Party), aujourd’hui animateur vedette de la chaîne d’infos, GB News, avait été informé par sa banque, Coutts, filiale du groupe NatWest, que ses comptes allaient être fermés. Aucune justification n’aurait été donnée par la banque pour motiver cette fermeture.

Différentes raisons ont circulé dans les médias par la suite : la somme qu’il avait sur ses comptes était insuffisante pour mériter les services d’une banque aussi prestigieuse (dont la famille royale est cliente) ; le compte d’une telle personnalité publique risquait d’être piraté à des fins de blanchiment de l’argent ; ou, plus scandaleuse encore, la ligne politique de M. Farage ne correspondait pas aux valeurs éthiques de la banque.

Nigel Farage dénonce, devant des journalistes, la hausse du nombre de migrants traversant clandestinement la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, Douvre, 12 août 2020 © Peter Summers/Getty Images/AFP

En tout cas, l’affaire s’est soldée par deux démissions d’envergure : celle d’Alison Rose, PDG du groupe NatWest, le 26 juillet, et celle de Peter Flavel, PDG de la banque Coutts, le lendemain. Mme Rose a reconnu une « grave erreur de jugement » consistant à mélanger opinions politiques et obligations professionnelles.

L’attaque brutale de la débancarisation

S’attaquer aux finances d’un homme, disons-le au passage, est l’une des attaques les plus brutales qu’on puisse lui infliger avant de s’en prendre à sa personne physique. La Cour suprême des États-Unis ne s’y est pas trompée, en 2010, lorsqu’elle a rendu l’arrêt Citizens United v. Federal Election Commission qui protège la liberté d’expression des candidats aux élections. La fermeture de son compte bancaire met inévitablement un bâillon sur la bouche d’un homme politique : c’est donc que M. Farage a dérangé en haut lieu d’une manière autrement plus sérieuse qu’un « polémiste » qu’on jouerait à décrier dans les grandes émissions, mais qu’on continuerait à inviter encore et qu’on laisserait tranquille dans ce qui compte vraiment, signe que, en fin de compte, il rassure plus qu’il n’inquiète.

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Des documents internes de la banque Coutts, qu’a pu se procurer M. Farage, sont sans appel : si M. Farage s’est vu fermer son compte, c’est parce que Mme Rose et M. Flavel l’estimaient « xénophobe et raciste » et que, enhardis par le climat de cancel culture de notre époque, ils se jugèrent sinon dans leur bon droit, du moins en position de force.

Quelles sont les leçons à tirer de la mésaventure de Nigel Farage ? Notons d’abord que M. Farage n’a pas tenu à garder les projecteurs braqués sur sa personne.  Au contraire, dès le 29 juillet, il a annoncé le lancement du site accountclosed.org « pour lutter contre les grandes banques qui nous ont laissé tomber », en recueillant en masse les témoignages de citoyens qui se sont vu fermer leur compte bancaire de manière abusive, afin d’engager des actions en justice de grande envergure.

Non content de la seule dénonciation des fermetures de compte abusives, il a condamné, dans la vidéo de lancement du site, l’inefficacité de la lutte menée par les banques contre la véritable fraude fiscale, avançant que « pour chaque livre d’argent blanchie trouvée dans le système bancaire britannique, le coût de son recouvrement est de cent livres ». Et de rappeler que ces mêmes banques qui se permettaient de fermer les comptes de certains de leurs clients étaient les mêmes qui, après la crise financière de 2008, avaient été renflouées avec l’argent du contribuable…

Dé-bancarisation : un problème aux proportions insoupçonnées

Dès le lendemain du lancement du site, M. Farage s’est dit « bouleversé par les expériences de dé-bancarisation de simples citoyens ». Il a affirmé que le chiffre de 5500 fermetures de compte avancé par le Sunday Times était en-deçà de la réalité et a conclu que « toutes les banques sont coupables ». En homme politique averti, il a réussi à montrer que l’injustice du système bancaire ne se limitait pas à des atteintes à sa seule personne, mais visait potentiellement les citoyens en général.

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Par la suite, le quotidien, The Daily Mail, a révélé que 1000 comptes en banque seraient fermés tous les jours au Royaume-Uni, sans que les banques expliquent clairement ce qui motiverait la fermeture.

Nigel Farage a même pu faire cause commune avec une ancienne adversaire politique. Gina Miller, qui avait lancé une campagne contre le Brexit après le référendum et avait tenté d’entraver le processus de sortie de l’UE par des actions en justice, a révélé que son propre parti, True and Fair, aurait été informé par sa banque, Monzo, que son compte allait être fermé. Personne n’étant à l’abri, Grant Shapps, le secrétaire d’État à la Sécurité énergétique dans le gouvernement conservateur, a annoncé que lui et des membres de sa famille avaient été débancarisés à cause de son rôle politique. Le chancelier de l’Échiquier lui-même (titre du ministre des Finances outre-Manche) se serait vu refuser l’ouverture du compte à la banque Monzo. Des fuites dans la presse de messages échangés par les salariés de cette banque ont révélé qu’ils traitaient les conservateurs de « malfaisants » (« evil ») et disaient du très conservateur Jacob Rees-Mogg qu’il « rendrait un service au genre humain s’il quittait la politique ».

Au-delà du scandale que représente cette ingérence sournoise des banques dans le monde politique et, par là, dans le système démocratique, ce qui frappe ici c’est la capacité de Nigel Farage de transformer une affaire d’injustice personnelle en une croisade nationale, capacité qui fait de lui un des hommes politiques les plus influents de notre époque outre-Manche. Pour ceux qui souhaiteraient l’écouter et le rencontrer prochainement en personne en France, Nigel Farage participera, les 10 et 11 novembre prochains à Paris, à la première édition de la Worldwide Freedom Initiative, un forum qui sera une première dans son genre et par son échelle et dont l’objectif est de rassembler les leaders conservateurs du monde entier.

Quand « Blast : Le souffle de l’info » souffle sur les braises

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Paris, 23 septembre 2023 © Fiora GARENZI/SIPA

Le site d’extrême gauche, dont un « street reporter » était présent à la manif anti-police samedi dernier, a été accusé de manipulation des images.


« Blast : Le souffle de l’info » est un média en ligne qui existe depuis moins de trois ans mais qui s’est rapidement imposé dans le paysage médiatique, en raison d’une forte présence sur internet avec une chaîne YouTube dépassant les 850 000 abonnés. Bien que fondé par Denis Robert, ancien de Libération, la journaliste star du média est indéniablement Salomé Saqué. Spécialiste des questions économiques, à 28 ans, celle qui a publié Sois jeune et tais-toi (Payot), son premier ouvrage en mars dernier, a déjà été l’objet de plusieurs portraits très élogieux dans la presse mainstream comme Le Monde, Libération ou Télérama[1].

L’autre figure du média, bien que légèrement moins connue que la première, est Paloma Moritz. Spécialiste des questions écologiques, elle participe régulièrement à l’émission « C ce soir » sur France 5, où elle avait notamment, le 18 avril dernier, reproché à Hugo Clément d’avoir accepté l’invitation de Valeurs Actuelles pour débattre avec Jordan Bardella. La journaliste de Blast avait alors déclaré que « le RN n’est pas un parti comme un autre, c’est un parti raciste, xénophobe et anti-démocratique ».

Tout le gratin gauchiste convié sur YouTube

Plus généralement, la ligne éditoriale de Blast est celle d’une gauche anticapitaliste, écologiste, antiraciste et écoféministe. Proche des propositions des Économistes Atterrés, le média Blast est un mélange entre Le Monde Diplomatique et Reporterre. La quasi-totalité des invités reçus sur leur chaîne sont issus de la gauche radicale. Pêle-mêle, on peut citer François Bégaudeau, Nicolas Framont, Alain Damasio, Bernard Friot, Geoffroy de Lagasnerie, Fatima Ouassak ou encore Edwy Plenel.

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Une polémique est récemment venue entacher le média et l’honnêteté de ses journalistes. En effet, le samedi 23 septembre, des manifestations contre les « violences policières » se déroulaient dans de nombreuses villes dont la capitale. À la suite de la mort de Nahel, tué par un tir de policier lors d’un contrôle routier fin juin à Nanterre, des dizaines d’organisations de gauche comme LFI, EELV, la CGT ou encore le Syndicat de la Magistrature ont appelé à marcher « contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques ». Selon les organisateurs, 80 000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 15 000 à Paris. De son côté, le ministère de l’Intérieur a décompté seulement 31 000 personnes en tout dont 9 000 dans la capitale.

Mounia, la mère de Nahel, était présente à Paris. Elle a pris la parole, réclamant « une marche au calme s’il vous plaît. Pour ne pas les influencer, la police, à nous mettre des coups, à nous frapper, à nous faire une misère. Restons dans la paix s’il vous plaît. Continuez à marcher tranquille ». Il faut croire que son appel au calme n’a pas vraiment été entendu, car des manifestants-casseurs encagoulés ont violemment attaqué une voiture de police qui circulait boulevard de Clichy vers 16h30.

Le choc des images

Les images, notamment relayées par TF1 ou Le Parisien, montrent une voiture de police prise pour cible par une horde de manifestants violents. Alors que le véhicule essuie des tirs de projectiles et des coups de barre de fer et qu’il se retrouve bloqué par une voiture devant lui, l’empêchant de fuir, un policier décide alors de sortir du véhicule, arme à la main, et de mettre en joue les manifestants pour les contraindre à reculer. Ces derniers s’exécutent et le policier regagne son véhicule.

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Seulement, c’est une vidéo beaucoup plus courte, et par conséquent amputée d’une grande partie du réel, que Blast a choisi de mettre en ligne. Dans cette vidéo de 55 secondes, accompagnée de la légende « Un policier sort son arme en pleine manifestation !», l’action ne débute pas avec la violence des manifestants, mais avec le policier qui sort son arme. Mise en ligne quelques minutes après l’attaque et visionnée 4,5 millions de fois, la vidéo a rapidement été considérée comme un cas d’école de propagande et de désinformation anti-police. Blast a été accusé d’avoir délibérément décontextualisé la scène, d’avoir volontairement omis les secondes qui précédaient pour faire accroire qu’un policier aurait dégainé sans cause apparente. L’occasion, comme le font si régulièrement de nombreux médias, de faire passer nos forces de l’ordre pour des cow-boys à la gâchette facile…

Si ce policier n’avait pas sorti son arme, la violence des manifestants se serait-elle arrêtée ? Il est permis d’en douter, d’autant que cette scène du 23 septembre n’est pas sans rappeler celle du 18 mai 2016. En marge de manifestations contre la loi Travail, Antonin Bernanos, antifa et arrière-petit-fils de l’écrivain catholique, s’attaquait à une voiture de police quai de Valmy. Après avoir détruit le pare-brise arrière du véhicule avec un plot, c’est à coups de barre de fer que son groupe frappait la voiture. Le policier au volant avait alors décidé de sortir et de faire face, à mains nues, à ses agresseurs. Résultat : une pluie de coups pour le policier. La présence seule d’un policier sur la chaussée n’est donc pas dissuasive. Qui nous dit que si ce policier n’avait pas sorti son arme samedi dernier, lui et ses collègues, n’auraient pas terminé brûlés vifs dans leur voiture comme les policiers de Viry-Châtillon le 8 octobre 2016 ou, plus récemment, comme ce policier, embrasé par un cocktail Molotov le 1er mai dernier lors d’une manifestation contre la réforme des retraites ?

Un communiqué aussi embarrassant qu’embarrassé

Dès le lendemain, le 24 septembre, Blast a dû se fendre d’un communiqué pour donner sa version des faits. Le média se défend d’avoir « manipulé une vidéo pour en cacher le contexte » et prétend que le journaliste sur le terrain, qui a rapporté ces images, n’était pas présent au début de l’action et n’a donc pas pu filmer la scène dans son entièreté. Il a donc commencé à filmer quand le policier a dégainé. « La vidéo concernée n’a été ni montée, ni coupée. Notre street reporter a publié ce qu’il a filmé, comme il a pu le filmer, au moment où il l’a filmé » ajoutent nos confrères en guise d’explications. Après avoir dénoncé « l’extrême droite » et la « fachosphère », Blast affirme, au sujet de sa vidéo controversée : « Qu’elle déplaise aux forces réactionnaires de ce pays n’est pas notre affaire ».

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Réactionnaires ? C’est vrai, nous l’assumons, nous sommes peut-être nostalgiques d’un temps où les journalistes faisaient consciencieusement leur travail, appliquant à la lettre la Charte des devoirs professionnels des journalistes français de 1918 qui stipule : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ». Situer dans son contexte ! Oui mais voilà, la charte mentionne également que le journalisme « demande du temps et des moyens, quel que soit le support ». Difficile d’avoir du temps quand on veut, à tout prix, être les premiers à diffuser une information. Vérifier une information « demande du temps » et, pour certains, faire le buzz n’attend pas.

« Le magazine Causeur, qui va toujours plus loin dans l’indécence et le sexisme », voilà ce qu’écrivait Salomé Saqué, le 26 septembre sur Twitter, à propos du dessin de Marsault dans le dernier numéro de Causeur (n’hésitez pas à vous le procurer si ce n’est pas encore fait, il est généralement bien planqué par les libraires). Est-il plus grave qu’un dessinateur humoristique soit indécent et sexiste dans, ce qui reste, des caricatures, ou qu’un journaliste professionnel fasse l’impasse sur une partie du réel pour donner une image biaisée de ce dernier et ainsi faire avancer son agenda idéologique ?


[1] Salomé Saqué, une météorite à la télévision (lemonde.fr) ; Salomé Saqué, la force intranquille – Libération (liberation.fr) ; Salomé Saqué, 26 ans, une journaliste avec du peps dedans (telerama.fr)

«Cruella Braverman», la ministre britannique qui pense que la Convention de Genève sur les réfugiés n’est plus adaptée à l’époque

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Suella Braverman devant les membres de l'American Enterprise Institute, Washington DC, mardi 26 septembre 2023. © Kevin Wolf/AP/SIPA

La ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, a défrayé la chronique cette semaine, lors d’un discours donné à Washington DC sur l’immigration, qu’elle a qualifiée de « défi existentiel » pour l’Occident.


« La migration illégale et incontrôlée » constitue « un défi existentiel pour les institutions politiques et culturelles de l’Occident ». Cette vérité archi-simple, que la plupart de nos politiques ne veulent pas reconnaître et qu’ils ont même peur d’évoquer, est sortie de la bouche de la ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman, cette semaine. Ses propos francs ont provoqué l’ire de bon nombre de ses opposants en Grande-Bretagne, ainsi que d’artistes, surtout lorsqu’elle a remis en cause la Convention relative au statut des réfugiés – en accord avec son gouvernement.

Haro sur les traités et le multiculturalisme

Dans un discours donné le mardi 26 septembre, au think tank conservateur, American Entreprise Institute, à Washington DC, elle a enchaîné en exprimant une autre vérité qui devrait aller de soi : le « dogme du multiculturalisme » est un échec car il « n’oblige nullement les nouveaux arrivants à s’intégrer » et « il permet à des gens de venir s’installer dans notre société et d’y vivre une vie parallèle ». La conclusion qu’elle en a tirée est que les démocraties occidentales devraient remettre en cause et réviser les traités internationaux qui empêchent les nations de maîtriser leurs frontières : « Les politiques et les leaders d’opinion sont dans l’obligation de demander si la Convention relative au statut des réfugiés, et la façon dont elle a été interprétée au fil du temps par les tribunaux, est adaptée à notre époque moderne. Ou si elle a besoin d’être réformée ».

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Le bon sens même ? Avec une prévisibilité totale, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des ONG diverses et variées, et même le chanteur, Sir Elton John, se sont immédiatement jetés sur les propos de la ministre pour les condamner. Le HCR a nié que la Convention ait le moindre besoin d’être réformée ou même modifiée, tout en soulignant « le principe de partage des responsabilités » – autrement dit, le principe selon lequel chaque pays est obligé de traiter comme un réfugié toute personne sur son sol qui se prétend persécutée dans son propre pays.

« Cruella Braverman »

C’est le nouveau surnom très original donné cette année à la ministre britannique, en référence à la méchante des 101 Dalmatiens. Effectivement, Suella Braverman n’a jamais mâché ses mots sur la question migratoire. Et cette fois-ci, en affirmant qu’il ne suffit pas d’être gay ou femme pour obtenir le droit d’asile au Royaume-Uni, elle ne s’est pas fait beaucoup d’amis, bien au contraire. La chaîne Tiktok Screenshot, qui promeut les droits des femmes et des LGBTIQIA+ a dénoncé les propos « scandaleux » de Mme Braverman. La députée travailliste Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme du Labour, a dénoncé des propos « profondément clivants […] indignes de sa fonction », accusant Mme Braverman « d’avoir tellement perdu le contrôle de la politique de droit d’asile chaotique du Parti conservateur, qu’elle s’en prend aux personnes LGBT, dont elle fait des bouc-émissaires. » Même cette dialectique-là n’a pas semblé fonctionner dans l’espace médiatique britannique, ce qui est bien une nouveauté.

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Mais il faut noter que le Parti travailliste est de moins en moins opposé aux conservateurs sur le sujet migratoire, à défaut de pouvoir avancer des propositions crédibles sur le sujet, lequel fait partie des trois premières priorités des Britanniques aujourd’hui. Pour autant, les conservateurs sont en panne de crédibilité eux-aussi : leurs promesses d’arrêter l’immigration après le Brexit est un échec et leurs vociférations publiques contre les migrants illégaux ont rarement été suivies d’accomplissements concrets jusqu’à maintenant. Le projet très contesté d’envoi des migrants au Rwanda, entamé par Boris Johnson en avril 2022, en est le principal exemple.

Dérives d’interprétation

La Convention relative au statut des réfugiés, signée en 1951 et entrée en vigueur en 1954, avait pour objectif de résoudre les grandes difficultés qui ont suivi la fin de la Seconde guerre mondiale en 1945, fin qui a vu de très nombreuses personnes déjà déplacées ou désormais obligées de se mettre sur les routes. En 1967, le Protocole relatif au statut des réfugiés, adopté par la majorité des signataires de la Convention, a mis fin à toute restriction géographique et temporelle, en généralisant le système et les obligations qu’il imposait aux nations. L’obligation centrale permet à une personne se trouvant dans un pays étranger de faire valoir son droit d’asile si elle craint d’être « persécutée » en retournant dans son pays d’origine.

L’argument de Mme Braverman est le suivant : la jurisprudence des tribunaux a introduit petit à petit une dérive dans l’interprétation de cette obligation. Le critère fondamental pour prétendre au statut de réfugié est devenu moins la persécution que le fait d’être l’objet d’une forme de discrimination. Selon la ministre, être homosexuel ou une femme dans certains pays entraîne une discrimination mais ne suffit pas pour définir le statut de réfugié.

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Certes, le choix de ces exemples était peut-être imprudent et, nous l’avons vu, Braverman fut très critiquée. Cette dernière a alors tenté de se défendre par la suite en affirmant qu’elle parlait de migrants qui se prétendaient homosexuels pour avoir le statut de réfugié. Mais le principe n’est pas faux : selon la nouvelle interprétation de la Convention, on pourrait transférer en Europe ou Amérique du Nord une grand partie de la population de nombreux pays dans le monde. Mais où pose-t-on donc les limites ? Et, selon une objection justifiée qui est fréquemment soulevée, comment distinguer entre ceux qui fuient la persécution et ceux qui cherchent une vie meilleure sur le plan économique ?

Surtout, la ministre a raison de nous rappeler que tout pays voulant maîtriser ses propres frontières doit maîtriser les instances internationales qui, par un tropisme congénital, se considèrent comme les ennemies des frontières. Pour dompter ces institutions, il faut que les nations s’unissent (quelle ironie !) pour identifier l’obstacle et le surmonter.

Comparer la France à l’Iran, la tribune honteuse signée par Annie Ernaux

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Annie Ernaux © Hannah Assouline

Notre chroniqueuse est tombée sur une tribune, sur le Club de Mediapart, qu’elle a trouvé honteuse et choquante car elle récupère le combat des femmes iraniennes pour le dépouiller de son sens et le remplacer par un salmigondis indigeste en novlangue militante progressiste qui dénonce l’ « islamophobie » supposée de la France.


Pendant qu’en Iran, les femmes se font violenter, violer et tuer par la théocratie iranienne car elles rejettent violemment le voile, un outil sexiste qui symbolise leur condition d’inférieure et l’impureté de leur corps, en France, quelques petites bourgeoises ultra-privilégiées froncent le nez.

Femme, Vie, Liberté !

Ces femmes Iraniennes, qui affirment que la liberté et les droits des femmes sont incompatibles avec le port du voile, ridiculisent une gauche néo-féministe qui fait de l’islam son nouvel horizon, des musulmans ses nouveaux opprimés et de la « liberté de porter le voile » un combat pour l’émancipation. Toutes ces postures sont ridiculisées par le courage et la force des Iraniennes qui désignent clairement le voile comme le symbole de leur oppression et montrent à la face du monde à quel point ce signe est sexiste et porteur de violences à l’égard des femmes.

Mais, nos petites bourgeoises parisiennes n’en ont cure. Pour Annie Ernaux, Assa Traoré, Adèle Haenel, Judith Butler mais aussi le Planning familial ou les Soulèvements de la terre, s’opposer au port du voile, c’est être islamophobe ! Alors, les militantes ont décidé de faire taire les Iraniennes, de nier leurs revendications et de les remplacer par les leurs. C’est ainsi que les voix autoproclamées du bien, du bon et du juste ont rédigé une tribune où le ridicule le dispute à la mauvaise maîtrise du français et à la phraséologie indigeste. En gros, il s’agit de faire un parallèle entre l’Iran et la France pour expliquer que les deux Etats répriment de la même manière les révolutions anticapitalistes qui s’y déroulent.

Un texte écrit avec les pieds

Oui, parce que non contente d’être écrite avec les pieds, on suppose que fort peu de neurones ont été sollicités pour une aussi mauvaise production.

Commençons donc par l’évacuation du cœur du combat des Iraniennes : leur refus du voile. « Au fil des mois et face à une répression sanguinaire, l’insurrection n’a cessé de se transformer. (…) Les organisations syndicales ont réclamé dans un communiqué unitaire historique des conditions de travail décentes, la fin des politiques écocides, de l’armement nucléaire, de la privatisation des espaces naturels; mais aussi l’égalité politique pour les femmes, les minorités ethniques, nationales et les LGBTQIA+. » Ouf ! le mot « voile » est évacué et la question de la femme ramenée au niveau d’un combat subalterne. Séquence déni parfaitement réussie.

Mais au cas où de vilains réactionnaires n’aient pas compris le message, nos grandes consciences progressistes vont le marteler. Je cite toujours les auteurs de la tribune : « La question n’est pas de porter ou non le voile. On ne le répètera jamais assez dans le contexte islamophobe français : c’est aux femmes de le décider pour elles-mêmes. Ce qui est en jeu dans le voile obligatoire en Iran, c’est le contrôle et l’assujettissement de tous les corps par l’État, dans l’objectif, pour une minorité, de s’accaparer les ressources. »

À partir de là, la rédactrice a dû retrouver de quoi fumer en aspirant sa moquette, car sa plume s’exalte, s’échauffe. Le mauvais lyrisme y gagne ce que la maitrise du français y perd. Il est d’ailleurs désolant qu’une écrivaine à qui a été donné le prix Nobel de littérature signe d’aussi mauvais textes… Mais jugez plutôt : « La République Islamique gouverne à travers un apartheid de genre et un racisme d’État. Elle ne tient que par le déploiement effréné d’un maintien de l’ordre ciselé selon les coordonnées raciales des populations à mettre au pas. » Vous n’avez rien compris à la dernière phrase ? C’est normal, elle ne veut rien dire. Après ce chef-d’œuvre abscons vient le cœur du propos : virer les Iraniennes-prétextes pour faire le procès de la France : « Toutes ces techniques infusent l’économie coloniale globale. Les vies ne se valent pas : cette réalité a été rappelée en France en juin 2023 par le meurtre de Nahel et la répression sanglante des mouvements de révolte qui ont suivis. » Je traduis : la France c’est comme l’Iran, en pire. Ici, on exécute les gens dans la rue. « Les pouvoirs occidentaux n’ont eu alors à la bouche qu’admiration pour le « courage des femmes iraniennes, tout en déroulant le tapis rouge à un féminisme libéral, islamophobe, et transphobe, qui prenait bien soin de séparer la lutte pour les droits des femmes de celles contre l’ensemble des oppressions contestées par les soulèvements révolutionnaires en Iran. » Pour ces enfants gâtés, l’égalité – qui est pourtant à la base de notre contrat social – et la question du droit des femmes ne sont pas de vrais problèmes. Refuser l’égalité au nom de la couleur de peau est une horreur. La refuser au nom du sexe, ça se discute si c’est l’islam qui l’exige. Bref la démocratie, l’égalité, rien de tout cela n’est réel.

Aucune différence entre une dictature islamique et une république laïque : « Car ce à quoi nous avons à faire ici comme là-bas, ce sont, sous des modalités différentes, des appareils d’États aux mains de franges radicalisées de la bourgeoisie, dont les discours, religieux ou laïcs, recouvrent de plus en plus mal un projet similaire et concurrent de captation des richesses et d’exploitation de tout ce qui est vivant. »

Allez, un dernier passage pour la route ?

« Il ne nous est jamais apparu aussi clairement que les discours sécuritaires, dont nous abreuvent quotidiennement les médias possédés par une oligarchie réactionnaire, désignent en réalité la sécurité des pelouses de golfs. Sécurité pour le capital jusqu’à ce que le monde crève. » Même Mediapart a trouvé le texte intellectuellement indigent, et l’a mis sur son blog et pas dans le journal.

Cette histoire peut sembler anecdotique, mais elle ne l’est pas

Notre collectif de dindes en faveur de Noël ne représente pas grand-chose, et, même si Annie Ernaux est prix Nobel, cela n’a pas tant marqué les Français. Elle n’est pas Camus et la France a été globalement indifférente à cet honneur qu’elle n’a guère compris.

Donc, cette tribune aurait pu n’être que ridicule, mais elle résonne avec une petite musique qui s’élève. Celle du « french bashing » et, surtout, celle qui fait passer la liberté religieuse avant tout. Or, il n’y a pas de liberté au sein de l’islamisme. La religion justifie le refus de l’égalité, à raison du sexe, de la pratique religieuse. Elle est incompatible avec une société politique fondée sur l’égalité. Il y a peu, à propos de l’interdiction du hijab par la France pour les JO de 2024, la porte-parole du haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a dit : « De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non. » Or, Si Marta Hurtado a sorti grandes orgues et violons, ce n’est pas pour défendre la liberté et l’égalité des femmes iraniennes, c’est pour tenir la main de leurs bourreaux et les aider à mieux les ensevelir sous le hijab. En effet, si l’ONU se laisse pousser le courage, ce n’est pas pour s’en prendre aux mollahs, mais pour attaquer la France. Notre crime : avoir interdit aux athlètes françaises de porter le voile islamique aux Jeux Olympiques en France.

Pour cela, la porte-parole du Haut-Commissariat reprend les éléments de langage des islamistes canal Frères musulmans ou des auteurs de la tribune de Mediapart et présente donc un asservissement réel comme une liberté : celle de s’habiller comme on le veut. Sauf qu’un uniforme/symbole comme le voile n’est pas un vêtement, c’est une marque de soumission et un message univoque adressé à l’extérieur. Avec le voile, il n’est pas question du choix vestimentaire des femmes mais bel et bien de mise en avant du refus de l’égalité à raison du sexe.

Fin de vie: l’embarras du choix

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De gauche à droite, Brigitte Macron, Line Renaud et Emmanuel Macron, 2 septembre 2022 © LUDOVIC MARIN-POOL/SIPA

Que faire de nos vieux ? C’est assurément une des questions qui taraudent le plus le président de la République et le gouvernement français. D’un côté, nos dirigeants ont ruiné le pays pour sauver nos aînés au moment de l’épidémie de COVID, n’hésitant pas à les maltraiter pour leur propre bien, et d’un autre côté, ils nous jouent régulièrement ce petit air si touchant de l’euthanasie et du suicide assisté au nom de la dignité humaine.


On comprend leur embarras : les vieux, ça coûte très cher au pays, mais ça vote en masse et bien ! L’idéal serait donc d’obtenir leur consentement à un départ anticipé en drapant ce dernier dans la toge de l’éthique collective et de la morale individuelle. On vous chouchoute tant que vous êtes en forme et raisonnables politiquement, et en échange vous n’insistez pas trop quand une maladie grave vous atteint. Enfin, une maladie grave ou une dépression, ou quand ça ne va pas trop, quoi…

Schizophrénie

C’est généralement cette schizophrénie hésitant entre l’idolâtrie de la vie (Olivier Rey) et la gestion bureaucratique et administrative de la mort qui tient lieu de débat lorsqu’on aborde la question du grand âge et de la maladie, les deux ne se confondant d’ailleurs pas. Une vision pour l’essentiel technique des choses, où la question du sens n’est guère soulevée.

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Avant de poser la question de la bonne mort (euthanasie), il serait pourtant bon de poser celle de la vie bonne et du bonheur (eudémonisme). Mais est-ce seulement possible dans une société dont le programme politique est l’hédonisme, c’est-à-dire le plaisir et l’absence de souffrance ? Un hédonisme consumériste qui reste en grande partie le projet de société de nos dirigeants, malgré leur conversion soudaine à la sobriété pour de douteuses raisons écologiques et géopolitiques. Et quand il ne s’agit pas d’hédonisme, c’est son exact contraire qui prévaut, notamment au sein des jeunes générations pour qui posséder une voiture, prendre l’avion, chercher de bons rendements agricoles ou faire des enfants sont autant de péchés capitaux. Entre consommation destructrice et mortification vertueuse, demeure-t-il une voie où puissent s’articuler réalisation personnelle et sens de la communauté ? Une voie qui ne ressemble pas à un suicide collectif pour sauver une humanité qui n’en demande pas tant ?

Cancel culture

Dans ce contexte, les vieux posent problème. Pas seulement parce qu’ils sont improductifs, mais aussi parce qu’ils gardent la mémoire et les réflexes d’autres époques où l’on pensait et se comportait différemment. L’effacement docile auquel on les invite (et auquel beaucoup semblent être prêts à céder) n’est ni plus ni moins qu’une annulation en bonne et due forme, un procès et une condamnation qui ne disent pas leur nom, et surtout le préalable à une table rase dont personne ne parle ouvertement et qui pourtant avance ses pions tous les jours par le biais de l’intelligence artificielle et du transhumanisme. Les vieux et leurs idées rances, leur argent liquide, leur maladresse vis-à-vis des outils numériques et leur goût pour le contact humain, font obstacle à la marche du nouveau monde. Il serait bon qu’ils disparaissent, qu’ils laissent la place, de leur plein gré, de leur propre mouvement.

Les pensions de retraites seront revalorisées de 5,2 % le 1er janvier 2024

Ce qui surprend un peu dans cette situation, c’est la facilité avec laquelle les personnes âgées et malades ont intégré cette vision portée sur elles. À l’heure des Prides en tout sens, il est certain qu’on ne verra pas nos aînés défiler dans les rues à l’occasion d’une Old Pride. On se demande même pourquoi le gouvernement vient d’annoncer la revalorisation de leur pension de retraite, de toute façon ils ne voteront jamais massivement pour Marine Le Pen ni pour Jean-Luc Mélenchon. Les vieux sont dociles, obéissants, civiques. Quand sera accompli le travail de propagande consistant à établir de manière définitive que tous les malheurs du monde sont dus au comportement égoïste, raciste et écocidaire des générations actuellement à la retraite, nul doute que par sens du devoir, ces dernières tireront leur révérence d’elles-mêmes. Peut-être lors de cérémonies de suicides citoyens, qui sait…

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À moins que…

À moins que des individus arrivés au bout du chemin que la société (ou leur santé) leur prescrit décident de se révolter et, n’ayant plus rien à perdre, se lancent dans des actions spectaculaires pour secouer le cocotier de la moraline contemporaine. On imagine assez bien un Jean-Paul Brighelli troquer sa plume et son clavier contre un cocktail Molotov ou une carabine à l’annonce d’un cancer incurable, faisant ainsi évoluer son combat contre l’effondrement ambiant par d’autres moyens. C’est d’ailleurs ce qu’a dû imaginer le gouvernement en lançant sa grande campagne de collecte d’armes clandestines à la fin de l’année dernière. On ne sait jamais, des fois que les caves vieux se rebiffent…

Une bonne mort

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Crise de nerfs au camp du bien

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Jocelyn Dessigny, député RN de la 5ᵉ circonscription de l'Aisne. D.R.

Trois personnages de gauche en quête de hauteur


Le progressisme contemporain, c’est peut-être Montaigne qui en parle le mieux. Tania de Montaigne bien sûr, cette ancienne animatrice de Canal Plus, devenue romancière, dont le dernier livre, Sensibilités (Grasset), brocarde l’autocensure en train de s’imposer dans le milieu de l’édition au motif de “ne pas blesser” les minorités… et donc de les infantiliser. « Il y a un kidnapping du spectaculaire aux dépens de la pensée », déplorait-elle, lucide, hier dans Libération, alors qu’on l’interrogeait sur la gauche française.

Et la Palme du ridicule est attribuée à…

Reste à savoir qui sont les kidpappeurs d’intelligence. À La France insoumise, il ne faut pas chercher longtemps pour les trouver. Prenez Sophia Chirikou par exemple. Le 21 septembre, sur Facebook, la députée LFI nous a fait une crise d’ado en comparant carrément Fabien Roussel au pro-nazi Jacques Doriot ! Une agit-prop de niveau collège aussitôt relayée sur les réseaux sociaux par son comparse Jean Luc-Mélenchon. Tout cela pour punir le secrétaire national du PCF d’avoir osé, quelques jours plus tôt sur France Info, critiquer un slogan, non moins puéril, de l’extrême gauche factieuse: “tout le monde déteste la police”. 

À lire aussi, Elisabeth Lévy: A gauche, la défaite en chantant

Et puis le kidnapping de l’intelligence a continué le jour de ladite manifestation, samedi dernier. Cette fois, c’est Sandrine Rousseau qui a agi seule, sur Twitter/X, en accusant un agent des forces de l’ordre, qui patrouillait non loin du cortège, de comportement « inadmissible ». Qu’avait donc fait le policier pour mériter un tel courroux ? Juste son métier. Afin de calmer un black bloc qui tentait de défoncer sa voiture de service à coup de barre de fer, le gardien de la paix a dégainé son arme, avec sang-froid et sans tirer bien sûr. Un geste parfaitement justifié et maîtrisé, comme en attestent les diverses vidéos des “street reporters” qui ont vite tourné en boucle sur la toile. Cela n’empêchera pas la députée de réitérer le lendemain sur LCI ses cris d’orfraie.

« Travail famille patrie » contre goulag macroniste

Dernier kidnapping de l’intelligence en date, pas plus tard qu’avant-hier. Dans un tweet effarouché, Olivier Véran a accusé le député RN Jocelyn Dessigny de cacher « sous le vernis, le rance », comprenez la phallocratie, le repli sur soi, le pétainisme. Le malheureux élu mariniste avait pourtant rappelé une évidence: « Si elles le souhaitent », venait-il de déclarer à l’Assemblée nationale, « il vaut mieux que les mères au foyer “s’occupent de leurs enfants“ », plutôt que de faire des heures obligatoires afin d’avoir droit au RSA. Sans doute l’expression “mère au foyer” aura-t-elle suffi à déclencher chez le porte-parole du gouvernement ce réflexe pavlovien classique qui fait voir à certains la bête immonde là où il n’y a que du bon sens.

À lire ensuite, Ivan Rioufol: L’humain, cet encombrant qui irrite la pensée «progressiste»

On n’a certes pas attendu 2023 pour assister à gauche à un festival de la bêtise et de l’outrance. N’oublions pas que l’an dernier à la même période, Mme Obono lançait « mangez vos morts » à « ceux qui instrumentalisent la lutte des femmes en Iran »… Reconnaissons cependant que nous avons en cette rentrée un cru exceptionnel ! Comment expliquer que le camp du bien soit devenu à ce point une caricature de lui-même ?

Tentons une hypothèse: Marine Le Pen n’a jamais été aussi lisse, aussi calme, aussi silencieuse. Alors que l’actualité lui offrirait chaque jour l’occasion de s’époumoner, par exemple sur l’abaya, Lampedusa ou le non-lieu dans l’affaire Adama Traoré, pas la moindre petite phrase, pas un mot plus haut que l’autre, aucune récupération. Bref plus rien pour mettre en branle une gauche dont la seule raison d’exister est de faire barrage aux dérapages. Tels des acteurs de Hollywood privés de contrats par la grève des scénaristes, les ténors de la bien-pensance n’ont dès lors d’autre choix que de faire leurs échauffements de voix sur de vieilles partitions. Or, si le timbre porte toujours autant, le spectacle, lui, est devenu un théâtre de l’absurde.

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Elisabeth Lévy : « Ne pas travailler est un choix parfaitement respectable, mais qui a un prix »

Retrouvez notre directrice de la rédaction dans la matinale de Sud Radio du lundi au jeudi, à partir de 8h10

Le migrant, citoyen du monde

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Marseille, 23 septembre 2023 © Grzegorz Galazka/SIPA

La charité radicale du pape est également théologiquement irresponsable, avancent certains.


Le problème migratoire restera le grand combat du pontificat du pape François. Lors de son voyage de décembre 2021, à Nicosie, le pape appelait de ses vœux, devant les migrants,  « une humanité sans murs de séparation avec, non plus des étrangers, mais seulement des citoyens ». Et le pape de ramener, derechef, dans son avion, 50 citoyens du monde. Au bout des cinq voyages qui ont suivi (Lampedusa, Grèce, Lesbos, Égypte, Maroc) jusqu’à celui de Marseille, le message papal n’a pas changé sur l’accueil inconditionnel de l’étranger. Pourquoi ce message, inspiré, apparemment, par une charité radicale, a-t-il paru à beaucoup irresponsable ? Pour une raison théologique. 

Le Vieux continent mal en point

À la différence du pape Benoît XVI qui, mettant ses pas dans la Tradition, voyait, dans l’Europe, la brebis féconde de l’Évangile devenue inféconde, grasse devenue maigre, mal en point qu’il fallait remettre sur ses pattes, mais infiniment riche de son passé et de sa filiation, le pape François, faisant fi de l’Histoire, voit dans l’Europe une « vieille femme stérile » dont on ne peut plus rien attendre. L’Europe, pour lui, c’est fini, et le christianisme doit prendre un départ, à frais nouveaux, dans un nouveau monde régénéré par les migrations. C’est ainsi que le Migrant, comme en témoigne le monument de la place Saint-Pierre, devient la figure christique d’une nouvelle Église. Dès lors, est-ce exagéré de percevoir dans la pensée bergoglienne une filiation avec la pensée de Joachim de Flore, père spirituel de François d’Assise, et auteur d’un livre dont la théorie des âges, très inspirante, a fait florès à travers les siècles jusqu’à nous ?

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Ce moine calabrais du XIIème siècle, prophète pour les uns (Dante), hérétique pour d’autres, pensait que l’histoire de l’Église correspondait à une structure ternaire de la Trinité. Après le temps du Père et de sa loi dure, venait le temps du Fils plus tempérée. Puis le temps de l’Église : l’Église spirituelle, enivrant les cœurs d’amour, où la liberté remplaçait la loi, et qui voyait la réconciliation entre Orient et Occident, Juifs et chrétiens. C’est ainsi que, par l’entremise d’une partie du mouvement franciscain qui se croyait « la nouvelle Vraie Église spirituelle » opposée à la papauté mondaine, l’idée de l’ère nouvelle d’un « Évangile éternel » provoqua des débats théologiques considérables : une division ternaire de l’Histoire n’existant pas puisque c’est toute l’Histoire qui est le temps du Dieu trinitaire. « L’hérésie »  de Joachim de Flore prit fin, l’ordre de Flore disparut au XVIème siècle, mais pas son influence que l’on retrouva partout : chez Luther, Hegel, Michelet, Sand, Eliot, Huysmans, Bloy, Mircea Eliade. Et nul doute qu’à notre époque on ne trouve, dans l’Église, des traces nombreuses d’une gnose florienne. Sans la transcendance du Père, l’Église devient une ONG où la figure du Christ, devenue périphérique, s’efface devant celle du migrant. L’Esprit, porté par l’air du temps, se dissout dans l’horizontalité : égalitarisme, démocratisation, vivre ensemble, œcuménisme sans transcendance qui absorbe la Révélation.

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Vision miséricordieuse coupée des réalités

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » avait dit aussi le pape à Nicosie. Cette phrase ne veut pas dire grand-chose. Car il n’y a pas de civilisations sans murs ni frontières qui protègent et délimitent un espace de liberté. Sans murs ni frontières prospèrent violence et injustice— dont témoignent les réseaux de passeurs mafieux. Sans frontières l’Europe se déchire. Sans frontières les pays perdent leur âme. Dans son appel inconditionnel à l’accueil des migrants, le pape ne distingue pas la dignité imprescriptible de la personne, de la prise en considération du bien commun. Sa vision « miséricordieuse » coupée des réalités fait le jeu du mondialisme. « Que les blessés de la vie trouvent un port sûr dans votre regard, un encouragement dans votre étreinte, une caresse dans vos mains capables d’essuyer les larmes » a-t-il dit face à la mer. Ce propos sentimental a-t-il mis la larme à l’œil de la Bonne Mère ? Qui n’est pour une Méditerranée fraternelle ? Sauf qu’il ne s’agit pas, dans le phénomène migratoire qui touche la France et l’Europe, d’un « croisement tendre de regards dont la Bonne Mère serait la protagoniste », mais de prévenir un tsunami. Le droit à migrer est une chimère qui mène au chaos. D’autant plus que le pape François ne prend jamais en compte la religion des nouveaux arrivants, ce qui est préoccupant.

Un Pape qui parle comme Mélenchon…

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Marseille, 23 septembre 2023 © Alain Robert /Jacques wit/SIPA

La visite du Pape à Marseille nous a rappelé que politique et religion ont rarement fait bon ménage. La charité ne revient pas à s’oublier soi-même. Tout homme sauve son prochain en grande détresse, oui. Mais il ne l’installe pas pour autant ad vitam æternam chez lui, au risque d’y perdre sa maison et de mettre sa famille en danger.


La visite du Pape François à Marseille a d’abord suscité l’ire de l’extrême-gauche française, trop heureuse de pouvoir tirer sur Emmanuel Macron après que ce dernier a annoncé sa volonté de participer à une messe donnée par le Souverain pontife. Tous les anticléricaux, le plus souvent de posture, y sont allés de leurs commentaires outrés sur cette grave rupture entre l’État français et sa sacro-sainte laïcité de combat. Pourtant, on pouvait se douter que les jugements se raviseraient bien vite, tant le Pape François est aligné avec les positions les plus radicales de la gauche sans-frontiériste en matière de politique migratoire – et pas seulement, du reste.

L’immigration est une chance pour la France, c’est bien connu

Habité, fanatique et hémiplégique, François n’a pas eu de mots trop durs pour le pays qui l’accueillait et ses habitants. Profitant de l’appel d’air que lui offrait le récent débarquement de milliers de migrants sur la petite île italienne de Lampedusa, le Pape a multiplié les admonestations et les injonctions à l’endroit de ces Européens égoïstes qu’il méprise. Ainsi a-t-il affirmé que « des nationalismes archaïques et belliqueux veulent faire disparaître les rêves de la communauté des nations ». Il fallait évidemment entendre par là les nationalismes européens et non les impérialismes post-soviétiques ou sud-américains qu’il n’ose en revanche jamais publiquement tancer.

Le « nationalisme français », François lui a demandé de ne pas considérer ceux qui se « réfugient chez lui » comme un fardeau à porter mais comme une chance. Une chance pour notre ruralité d’ailleurs, puisqu’il a affirmé dans l’avion qui le ramenait au Vatican que « certains petits villages sont vides, n’y subsistant qu’une vingtaine d’anciens » et qu’il fallait « qu’ils fassent des efforts pour accueillir des migrants qui représentent de la main d’œuvre ». Que n’y avons-nous point pensé avant ! Biblique : des hommes dans la force de l’âge qui ont tout fait pour échapper à la vie agraire chez eux rêvent de s’enfermer dans des petits villages sans activité économique…

À Rome, fais comme les Romains

Estimant « marquer l’histoire » par son discours, le Pape n’a pas eu une once de considération pour l’Europe, ni même de bon sens élémentaire. Cet humanisme chrétien absolu qu’il prône est contraire à l’harmonie, reproduisant les ingrédients qui ont conduit au fameux épisode biblique de la Tour de Babel. Le Pape a le droit d’exprimer une opinion politique, il ne lui est toutefois pas interdit de réfléchir. Pis encore, ne se contentant pas de la question migratoire, François s’est directement attaqué aux politiques d’intégration françaises : « Le modèle d’assimilation français ne tient pas compte des différences et reste rigide dans ses paradigmes, fait prévaloir l’idée sur la réalité et compromet l’avenir en augmentant la distance et la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance ».

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S’il y a du vrai sur l’assimilation, qui ne saurait être une politique massive mais bien une démarche individuelle de l’immigré qui en fait le choix, on se demande bien comment le Pape se permet une telle sortie. Fallait-il lui envoyer un Guillaume de Nogaret pour l’enfermer à double tour à Avignon après l’avoir soufflé ? Benoît XVI, son prédécesseur, n’avait pas reproché aux Européens leur manque d’humanité, ni sous-entendu que ces derniers laissaient les migrants se noyer en Mer méditerranée – ce qui est un mensonge patenté. Il avait, tout au contraire, indiqué que si toute personne détient « le droit à immigrer », les États n’en ont pas moins de leur côté « le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières ». Il ajoutait même, à rebours de notre théologien de la libération, que les immigrés ont « le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale ».

Rendre à César ce qui est à César

L’Autrichien était moins populaire auprès des non-catholiques que ne l’est l’Argentin, mais il avait le mérite d’être un véritable humaniste et non un révolutionnaire. Contrairement à toute l’extrême gauche française, qui de Houria Bouteldja en passant par Cédric Herrou a manifesté sa joie, je ne vais pas me lancer ici dans une exégèse sophistiquée de l’Évangile ou du Dogme pour dire qui de François ou d’autres ont raison, ni même ergoter sur l’infaillibilité papale. Cet épisode rappellera justement à ceux qui en doutaient que politique et religion ont rarement fait bon ménage, surtout sous nos latitudes hexagonales. Le Pape a d’ailleurs une dent contre les Français, tous les Français, qu’il assimile soit à des jouisseurs post-modernes déchristianisés, soit, quand ils sont encore catholiques pratiquants, à des traditionnalistes plus attachés à la lettre qu’à l’esprit du christianisme dont il croit être le plus parfait représentant, saint déjà auréolé. Son discours est dangereux car il encourage les Africains à migrer mais aussi à nous haïr.

Sous le modeste perce donc l’immodestie. Sous l’humaniste, un fond d’inhumanité. Car, qui peut aujourd’hui en conscience estimer que les grandes migrations du temps sont une chance pour l’Europe ou l’Afrique ? Qui peut considérer que la démographie sahélienne est un atout pour l’humanité ? Croissez et multipliez ? Certes, mais pas inconsciemment. Au fond, la pensée papale est nihiliste. Il fait des civilisations et des nations des variables d’ajustement du projet de Cité de Dieu augustinienne, comme si le salut des âmes valait bien le sacrifice des lents et patients travaux des hommes. Son inspirateur n’est autre que Carlos Maria Martini, jésuite italien, cardinal et archevêque de Milan mort en 2012. Un millénariste aveuglé par l’eschatologie testamentaire pour qui l’immigration était « une opportunité historique pour l’avenir de l’Europe… un grand appel de la Providence pour un nouveau mode de vie ». Les habitants de la Porte de la Chapelle se réjouissent sûrement de cette « providence », ainsi que le contribuable français…

Comme si souffrir et porter le « fardeau » était obligatoire. La charité ne revient pourtant pas à s’oublier soi-même. Tout homme sauvera son prochain en grande détresse. Il ne l’installera pas pour autant ad vitam aeternam chez lui, au risque d’y perdre sa maison et de mettre sa famille en danger. Si le Pape a donc tout loisir de rappeler aux catholiques leurs devoirs de chrétiens, les Français se passeront de ses conseils.