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Référendum sur l’immigration: les Polonais présentent la France comme un repoussoir

Pologne: toujours plus à droite!


Référendum sur l’immigration: les Polonais présentent la France comme un repoussoir
Capture Twitter PIS

Refonte du règlement de Dublin. Le 15 octobre, les nationalistes au pouvoir invitent le peuple polonais à se prononcer par référendum sur quatre questions. Les Polonais souhaitent-ils « brader les actifs de l’État en les cédant à des entités étrangères » ? Soutiennent-ils « une éventuelle hausse de l’âge de la retraite » ? Sont-ils pour « l’admission de milliers d’immigrants illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique, conformément au mécanisme de relocalisation forcée imposé par la bureaucratie européenne » ? Veulent-ils que la barrière à la frontière avec la Biélorussie soit rouverte ? Analyse.


Les Polonais, dirigés par un Premier ministre « antisémite et d’extrême droite », dixit Emmanuel Macron, auront droit à un référendum sur l’immigration. Mais, pour le “facho” comme pour son adversaire modéré Donald Tusk, la France fait figure d’épouvantail.

Vilain petit canard européen

Ces Polonais de droite, au pouvoir depuis 2015, ne savent vraiment pas se tenir ! Dans leur résistance à l’immigration non-occidentale qui a tant enrichi d’autres pays européens, ils proposent un référendum, le 15 octobre prochain, qui coïncide avec les élections législatives. « Chantage! » fulmine le journal néerlandais NRC. Car consulter le peuple reviendrait à faire comprendre à l’Union européenne que la Pologne compte rester « blanche ». Une chroniqueuse du même quotidien, lu par les élites, accuse dans la foulée les opposants à l’immigration, Polonais et Hongrois en tête, « de mener des guerres culturelles hystériques ». Son ire vise évidemment la promesse de référendum faite aux Polonais, lesquels pourront donc se prononcer sur l’accord migratoire conclu en juin par les 27 membres de l’UE. La Pologne et la Hongrie votèrent contre, mais sont tenues de s’y plier quand même. Si le ‘non’ l’emporte, et le Premier ministre Mateusz Morawiecki s’y emploie, la Pologne se verra renforcée dans sa lutte contre Bruxelles. Le chef du gouvernement polonais vient de donner le coup d’envoi de la campagne référendaire avec une vidéo de villes en flammes, en proie à des émeutiers et des bandes de pilleurs. Un homme noir, le regard hystérique, lèche la lame d’un grand couteau menaçant. Dans cette allusion peu subtile aux horreurs que vient de connaître la France, le dirigeant du parti gouvernemental Droit et Justice (PiS), M. Jaroslaw Kaczynski, y va de son commentaire. « Nous sommes témoins de ce qui se passe dans les rues d’Europe. Voulez-vous connaître pareilles scènes d’horreur en Pologne? Voulez-vous cesser d’être les maîtres du destin de notre pays? »

Début juillet, M. Morawiecki avait déjà posté un message en présentant des familles polonaises passant du bon temps dans des parcs ensoleillés et bien entretenus, au moment même où « les jeunes des quartiers » tenaient un couteau à la gorge des Français. M. Morawiecki terminait son intervention avec un appel « pour des frontières sûres en Europe ».

M. Ciotti et Mme Le Pen observent le référendum polonais

Mateusz Morawiecki prend ainsi une revanche sur l’homme qui l’avait traité « d’antisémite d’extrême droite ». Le président français avait pris ombrage de la critique du Polonais quant à ses efforts vains de persuader Vladimir Poutine de retirer ses troupes d’Ukraine. Ce que M. Morawiecki avait comparé aux efforts d’apaiser Adolf Hitler. De plus, M. Macron accusait alors l’affreux Polonais d’avoir soutenu Marine Le Pen dans les mois précédant les élections présidentielles. M. Morawiecki ne peut cependant pas avoir insufflé à cette dernière l’idée d’un référendum sur l’immigration, car Mme Le Pen le promet depuis belle lurette ! Sur le tard, M. Eric Ciotti s’y est joint.

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Ils suivront donc de près le référendum en Pologne, où les électeurs doivent répondre à la question: « Soutenez-vous l’entrée dans notre pays de milliers d’immigrants illégaux provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique sous le système de déplacement mécanique que la bureaucratie européenne est en train de nous imposer ? » Varsovie tance bien ainsi le volet du Pacte sur l’asile et la migration qui force les pays-membres à partager le fardeau de migrants arrivant massivement dans des pays comme l’Italie ou la Grèce. Les pays réfractaires encourent une amende, déguisée en contribution volontaire aux pays en détresse migratoire. La Pologne estime qu’avec l’accueil d’un million d’Ukrainiens, elle n’a pas de leçons à recevoir sur l’hospitalité.

En fait, les illégaux susmentionnés se trouvent déjà massivement à ses portes, en Biélorussie. Depuis le début de l’année, environ 19 000 personnes y attendent leur chance d’entrer en Pologne, contre 16 000 pour l’année dernière. Ces chiffres proviennent du chef des gardes-frontières polonais, cité mi-août par l’agence Reuters. Tout comme en 2021, ces pauvres migrants ont été ‘invités’ par le dictateur Alexandre Loukachenko, qui les utilise comme des armes de déstabilisation massives. Pas étonnant alors que la Pologne érige des barrières et déploie de plus en plus de militaires, faisant fi des appels d’organisations humanitaires à ouvrir ses frontières. Si la Pologne cède, le voisin fou n’hésitera pas à gonfler les rangs de sa ‘légion du désespoir’ qui rappelle l’armada de miséreux du Camp des Saints de l’écrivain Jean Raspail.

Voyage, voyage…

Pendant l’été qui tire à sa fin, les Polonais ont beaucoup voyagé en Europe.

Aux Pays-Bas, le gouvernement se fracassa sur un projet de loi restreignant le regroupement familial. Sur ces entrefaites, la population voisine d’un centre de réfugiés formait des ‘milices’ pour combatte des malfrats nord-africains qui y étaient hébergés.  

En France, nos touristes polonais avaient l’impression de s’être fourvoyés dans une guerre civile. A Londres et à Birmingham, ils ont pu constater que la population blanche d’hier y a été majoritairement remplacée par des migrants de feu l’Empire britannique. Le journal Mail on Sunday a révélé que des conseillers du maire musulman de Londres, Sadiq Khan, jugèrent une photo d’une jeune famille blanche, se promenant le long de la Tamise, « non représentative des Londoniens ». L’indignation fait oublier que cette observation était exacte !

A Berlin, et dans d’autres villes de province de la si proche Allemagne, nos Polonais en vadrouille constatèrent que la population s’y est considérablement obscurcie depuis qu’Angela Merkel a ouvert les vannes en 2015 et 2016. Le sociologue néerlandais Ruud Koopmans, professeur à l’université Humboldt de Berlin, a relevé dans son récent livre L’Industrie de l’Asile les chiffres de criminalité élevés parmi ces nouveaux Allemands. Ce qui n’aura pas échappé à l’attention des autorités polonaises, alors que le référendum sur l’immigration approche.

Bien sûr, le référendum organisé par la Pologne fleure bon le stratagème des ultra-conservateurs du parti PiS permettant d’accuser l’opposition d’‘immigrationnisme’. Mais, la coalition de centre-droit Plate-forme civique, dirigée par l’ex-Premier ministre Donald Tusk, fin connaisseur de l’Union européenne, a flairé le piège. M. Tusk a ainsi fait savoir que les récentes images du chaos en France l’avaient lui aussi « profondément choqué ». Et a laissé transparaître qu’en cas de victoire aux législatives, il ne suivra pas la politique migratoire néfaste d’autres pays. Dans un message vidéo, il reproche même au gouvernement de recruter des extra-Européens pour faire des travaux dédaignés par des Polonais de plus en plus prospères grâce à leur appartenance à l’U.E. honnie. Selon Varsovie, il s’agit d’ ‘immigration contrôlée’. M. Tusk ne s’est pas montré rassuré et a averti: “Les Polonais doivent reprendre le contrôle de leur pays et de leurs frontières.” Son opposant conservateur ne saura pas mieux dire !




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Journaliste hollandais.

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