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Plus de réseaux, moins d’infos

Les internautes utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer.


Similarweb, une société qui mesure le trafic mondial des sites internet, publie une étude chiffrée sur la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux. D’où il ressort que le partage en ligne des articles de presse a nettement régressé depuis trois ans. Alors qu’en 2020, un internaute passait en moyenne près de deux heures par mois à regarder des posts Facebook rédigés par des journalistes, il n’a consacré en août 2023 que vingt minutes de son temps à ce type de lecture. Les experts donnent plusieurs explications à une telle dégringolade. Il y a bien sûr la défiance grandissante de nos contemporains envers les médias, et la quasi-disparition du Covid, laquelle a rendu les organes de presse « autorisés » moins nécessaires à la vie quotidienne. Mais c’est aussi une série de décisions prises au sein même de Facebook qui a accéléré le phénomène.

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Suite à l’émeute au Capitole, les dirigeants de la plateforme ont promis de cesser de mettre en avant les posts à caractère politique. Puis, voyant le chinois TikTok leur tailler des croupières grâce à des contenus plus divertissants voire débilisants, ils ont encore davantage rogné la part des contenus sérieux promus par leur algorithme. Enfin, ils ont entamé un bras de fer avec les éditeurs de presse, de plus en plus nombreux à leur demander une rémunération. Au Canada, l’affaire est allée très loin puisque la loi oblige désormais Facebook à payer les médias. Résultat, les liens vers les articles d’information sont purement et simplement bloqués depuis début août au pays de la feuille d’érable.

Faut-il se réjouir que Facebook devienne à terme un simple lieu de commerce, d’amusement, de commérages et de charlatanerie, comme les places de village autrefois ? On se rassurera en remarquant qu’en parallèle, les sites de presse écrite voient leurs audiences directes se redresser. Avec une prime aux titres les plus installés. Par exemple, le Times de Londres a vu ces trois dernières années la courbe de ses abonnés numériques payants s’envoler de plus de 50 %, tout comme Le Figaro à Paris ou le Corriere della Serra à Milan. L’air de rien, la parenthèse de l’information gratuite et de qualité est peut-être en train de se refermer.

Aux Palestiniens, de bons baisers de Beyrouth

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Le puissant chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a tenu un discours important ce vendredi. Il devait notamment dire au monde si sa formation, soutenue par l’Iran et alliée du Hamas palestinien, entrerait dans le conflit.


Finalement, l’Iran a décidé de lâcher Gaza

C’est un conflit palestinien et non pas un conflit régional, vient de déclarer Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, dans un discours très médiatisé cet après-midi. Autrement dit, l’Iran a décidé de lâcher Gaza. Le Hamas avait pourtant fait son boulot, il a semé le chaos et a ouvert devant les mollahs des opportunités pour retirer des dividendes géopolitiques. Mais, ce n’est pas une raison suffisante pour risquer les intérêts de la maison mère pour la petite franchise palestinienne.

Et non, Nasrallah n’est pas du tout fâché parce que le Hamas a décidé tout seul dans son coin d’attaquer Israël le 7 octobre. Les amis palestiniens en ont parfaitement le droit, mais à présent qu’ils se débrouillent. Nous sommes avec eux de tout cœur et chérissons leurs martyrs. Et par ailleurs, explique Nasrallah, ce que nous faisons actuellement à partir du sud du Liban est énorme, inouï, sans précédent depuis la guerre de 2006… Mais si vous ne voyez ni ne sentez rien, c’est normal : car ce que nous faisons à la frontière israélienne est tellement puissant qu’uniquement les gens qui habitent à côté et bien sûr nos combattants peuvent s’en apercevoir… La preuve ? Le Hezbollah aurait déjà perdu 57 combattants, sans compter ceux perdus par ses auxiliaires locaux. Et pourquoi on ne voit rien ? Bonne question ! En fait, explique le secrétaire général, c’est parce qu’il s’agirait d’une bataille d’un autre genre tant au niveau des moyens que des cibles… Et puis cette petite escalade au nord oblige déjà Israël à consacrer des moyens importants qui de fait ne seront plus disponibles pour la campagne contre Gaza.

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Même pas peur, mais allez-y en premier

Selon Nasrallah, ce sont évidemment les Etats-Unis les véritables responsables de la guerre à Gaza, Israël n’étant qu’un simple exécutant. Mais, ajoute-t-il, malgré les forces américaines considérables dépêchées dans la région, le Hezbollah n’a pas pris peur. Cela n’a aucun effet sur ses décisions.

Si Monsieur le secrétaire général avait accepté des questions, il aurait été quand même intéressant de lui demander si la décision d’abandonner le Hamas à son sort à Gaza faisait bien ou non partie de ces décisions prises sans prendre en compte la présence de deux porte-avions au large du Liban. Bref, pour l’Iran et le Hezbollah, le message pour le Hamas est simple : courage ! Armons-nous… et partez !

Retrouvez les dernières analyses de Gil Mihaely et de Jeremy Stubbs, de retour de Tel Aviv, sur la guerre entre Israël et le Hamas, dans le nouvel épisode de notre podcast NDLR •

L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

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L’Iran ne cache pas faire de ses relations avec les pays d’Amérique du Sud l’une de ses « priorités » diplomatiques, depuis plusieurs années. Sa rhétorique anti-occidentale y trouve malheureusement des oreilles attentives.


Les récentes prises de position anti-Israël en Amérique du sud sont le résultat à la fois d’une adhésion à l’idéologie décoloniale et d’une influence iranienne de longue date.

Paradoxalement, le retour à la démocratie dans la région a favorisé dans les années 90-2000, l’expansion de cette idéologie qui entremêle anti-impérialisme, anti-occidentalisme, théorie de la domination et du « privilège blanc », antisémitisme antisioniste et défense des musulmans nouveaux « damnés de la terre ». Tandis que les pays latino-américains ressemblaient de plus en plus aux États-Unis et à l’Europe, où cette idéologie se développait également, ils se tournaient de plus en plus vers les nouvelles puissances émergentes anti-occidentales, notamment les dictatures chinoise, russe et iranienne qui ont très vite saisi cette opportunité pour leurs intérêts économiques et géostratégiques.

Mélenchon, Maduro, même topo !

Que le président vénézuélien Nicolas Maduro ait accusé dès le 9 octobre dernier, Israël de « génocide » contre les Palestiniens, après l’annonce israélienne d’une offensive à venir sur de la bande de Gaza, ne pouvait surprendre quiconque est un peu au fait de la vulgate chaviste et des liens désormais anciens entre les régimes vénézuélien et iranien. Au Venezuela, l’emprise islamiste a notamment été favorisée par la nouvelle Tricontinentale anti-impérialiste que Chavez avait tenté de créer en nouant des liens étroits avec les pays arabes et/ou musulmans, producteurs ou non de pétrole, et tout particulièrement avec l’Iran des mollahs. Le ministre de l’Intérieur et (!) de la Justice de 2008 à 2012, Tarek El Aissami, d’origine syro-libanaise a été une pièce majeure du dispositif, fournissant par exemple des passeports vénézuéliens à de nombreux terroristes islamistes.

De même, le communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères considérant l’immense pogrom commis par le Hamas comme « une conséquence de 75 ans de violation permanente des droits inaliénables du peuple palestinien et de la politique agressive et expansionniste d’Israël », n’a rien d’étonnant étant donné la matrice idéologique de Cuba et sa dépendance économique à l’égard des trois totalitarismes anti-Israël (russe, chinois et iranien). En revanche, les mesures brutales d’autres pays de la région à l’encontre de l’État d’Israël sont plus inquiétants.

La Bolivie rompt ses relations avec Israël, les ambassadeurs chilien et colombiens rappelés

Ainsi, mardi 31 octobre 2023, le gouvernement bolivien annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Israël en raison de l’offensive dans la bande de Gaza consécutive aux attaques menées par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre. Le même jour, le Chili et la Colombie rappelaient leurs ambassadeurs en Israël en signe de protestation dans le même sens. Le président colombien Gustavo Petro étant allé précédemment jusqu’à utiliser le terme de « néonazis » pour désigner les personnes « prêchant la destruction du peuple palestinien », et il avait comparé Gaza au camp d’Auschwitz. 

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Non sans fondement, dans sa réaction, Israël a qualifié ces décisions de « capitulation face au terrorisme et au régime des ayatollahs en Iran », selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien dans un communiqué. Hormis la parenthèse du mandat de Mauricio Macri en Argentine (2015-2019) et l’exception uruguayenne, l’ensemble de la région latino-américaine connait en effet à bas bruit, une mise sous influence iranienne depuis de longues années.

L’Iran a conduit une politique étrangère offensive dans la région, notamment depuis 2007 lorsqu’il devint étrangement membre de l’ALBA, cette association politico-économique « bolivarienne ». Et en octobre 2021, l’Iran affirmait encore vouloir « faire des pays d’Amérique latine l’une des priorités » de ses relations commerciales. Par ailleurs, le Hezbollah est bien implanté dans la région. Il s’y est investi dans le narcotrafic et le blanchiment d’argent à travers un réseau de casinos notamment. Mais il se présente également à visage découvert, comme dans l’espace de « la Triple frontière » (au croisement de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay) où il bénéficie du soutien financier et moral de communautés syro-libanaises influentes, autant musulmanes que chrétiennes, implantées depuis plusieurs décennies (et parfois dès la grande vague migratoire transatlantique entre 1880 et 1914). Une mosquée à Foz do Iguaçu (Brésil) et deux à Ciudad del Este (Paraguay), ainsi que deux sheiks – un dans chacun des deux pays -, témoignent ainsi ce cette présence affichée.

L’islamo-gauchiste et le populisme néo-péroniste font bon ménage en Argentine

En Argentine, on sait que plusieurs groupes terroristes islamistes sont actifs depuis les attentats de 1992 contre l’ambassade d’Israël et 1994 contre la mutuelle juive AMIA. En 2007, d’ailleurs, 6 millions de dollars en provenance du Venezuela aurait principalement été distribués à ces groupes basés à Buenos Aires. Mais cette manne aurait également servi à donner un coup de pouce à la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La convergence idéologique islamo-gauchiste avec le populisme néo-péroniste est d’ailleurs très cohérente : reconverti à la dénonciation « décolonialiste », le kirchnérisme exprime désormais le vieux penchant péroniste historique à l’antisémitisme, dans un antisionisme typique du justicialisme du « privilège blanc » qui s’est développé à travers le monde depuis les années 2000 et dont les Juifs, figurés comme des colonisateurs exterminateurs, avides et fourbes, font également les frais.  

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Certes, la fibre populiste se retrouve dans plusieurs pays latino-américains avec ses différentes idiosyncrasies. Par ailleurs, la présence de population d’origine syro-libanaise, et tout particulièrement arabe de Palestine comme au Chili qui a accueilli une forte immigration palestinienne dans les années 50-60, pèse dans la balance en faveur de manifestations de soutien à « la cause palestinienne ». Mais la généralisation récente des discours politiques et des prises de positions gouvernementales anti-Israël à travers toute la région, cette affirmation d’une hostilité latino-américaine à l’égard d’Israël, marque une nouvelle étape dans la constitution d’un bloc anti-occidental de plus en plus puissant à l’échelle internationale.

L’Amérique latine refuse désormais sa dimension « d’extrême-occident » comme pouvait la qualifier avec justesse Alain Rouquier dans les années 80. Aussi la région a-t-elle été pleinement partie prenante du lancement du mouvement « décolonial » dès les années 90 autour notamment des universitaires militants Enrique Dussel et Ramón Grosfoguel. Ceux-ci ne participaient-ils pas avec enthousiasme à « l’École de la pensée critique décoloniale », coordination internationale para-universitaire qui se réunit tous les ans à Caracas depuis 2016 (dans laquelle s’illustre aussi notamment la propagandiste indigéniste Houria Boutelja) ?

Le lointain passé colonial espagnol et l’hypertrophie de l’influence mythifiée des États-Unis font de la région un ancrage de choix pour l’idéologie décoloniale. Le « néolibéralisme » est conçu dans ce discours, davantage comme un système global tendant à asservir les masses du Sud que comme une catégorie économiciste décrivant la modalité actuelle du « stade suprême du capitalisme ». S’y articule alors un antisémitisme justicialiste que l’on retrouve systématiquement dans les déclarations condamnant Israël depuis une bonne vingtaine d’années. Mais que les massacres, les crimes contre l’humanité perpétrés par le Hamas contre plus de 1400 Israéliens, aient pu encore susciter jusqu’en Amérique latine cette sinistre rhétorique des « Juifs qui ont bien mérité ce qui leur arrive », cela constitue un signal d’alarme majeur auquel les démocraties occidentales doivent répondre impérativement avec clairvoyance et courage. Et en premier lieu, en ne faiblissant pas dans leur soutien matériel et moral à l’État d’Israël malgré l’émergence préoccupante de ce « Sud global » vindicatif, autoritaire et belliqueux.

Ahed Tamimi: la haine dévoilée

Ahed Tamimi, « artiste pallywoodienne » selon des médias britanniques, a franchi le pas de trop, celui qui dévoile ce que cachaient ses boucles blondes : elle est une barbare comme les autres.


Toute jeune, déjà…

Les « Français innocents[1] » ne connaissent pas Ahed Tamimi, cette blondinette dont l’existence et la célébrité tiennent dans ses agressions contre des soldats israéliens, armés mais immobiles, que ses parents mettent en scène depuis qu’elle a 7 ans, pour des réalisations Pallywoodiennes cadrées aux petits oignons[2].

La photo ci-dessous fait partie de celles qui ont valu à la fillette, en 2012, le prix Handala du courage, que Recep Tayyip Erdogan lui a remis en main propre à Istanbul[3].

En réalité, ces postures ont été immortalisées par une horde de photographes d’agences de presse mandatés par les parents Tamimi. Ils ont suivi la jeune fille alors qu’elle s’approchait d’un soldat israélien après l’autre, dans l’espoir de provoquer une réaction digne d’une caméra (c’est-à-dire violente). Celle-ci n’a jamais eu lieu, mais ce n’est pas faute d’efforts des metteurs en scène.

Capture d’écran vidéo www.youtube.com/watch?v=uartJGBVHwU

En 2015, Ahed Tamimi n’était pas encore devenue la Greta Thunberg de la lutte contre le réchauffement pacifique entre Juifs et Arabes. La photo ci-dessous la montre en train de mordre sauvagement le bras d’un jeune appelé israélien immobilisé au sol par des harpies palestiniennes au milieu d’une foule hostile[4].

Quelques observateurs s’indignent de la manipulation éhontée des femmes et des filles, de la maltraitance des enfants en Palestine et de l’exploitation artificielle de l’opinion publique par le biais de provocations calculées, d’affrontements mis en scène et de photographes placés à des endroits stratégiques. Mais ils sont peu nombreux. Le narratif de la mini-Jeanne d’Arc est trop séduisant pour que la réalité s’interpose entre lui et son public.

Même son âge a été truqué : chaque média indiquait une date de naissance différente, quelque part entre  1999 et 2004[5]. C’est le prix de l’éternelle jeunesse d’une Gavrochette antisémitiquement correcte. L’administration pénitentiaire israélienne a tranché : elle est née en 2000. Elle a aujourd’hui 23 ans, un âge où l’on doit assumer ses responsabilités.

Ahed Tamimi est l’Assa Traoré palestinienne

Les deux jeunes femmes sont issues chacune d’un clan mafieux. Elles sont mises en scène comme militantes de la cause de racisés qui n’en sont pas. Traoré a  mieux réussi dans la mode que Tamimi, probablement parce qu’elle est plus intelligente. Ou seulement plus prudente.

Ahed Tamimi a tellement l’impression que les médias lui pardonneront toujours tout, qu’elle escalade l’échelle des provocations plus vite que l’ascenseur social.

Le village de 550 habitants de Nabi Saleh, où règne son clan, était un hameau d’à peine cinq maisons à la fin du XIXe siècle, lorsque les Turcs régnaient sur la région. Il s’est lentement développé sous l’occupation militaire jordanienne (1948), puis a décliné lorsqu’Israël a remplacé la Jordanie, en 1967, avant de croître et de prospérer au cours des deux dernières décennies, en particulier grâce à la célébrité des Tamimi comme tueurs de Juifs.

Pendant la « marche du retour », il a été le théâtre de manifestations hebdomadaires. D’après Wikipédia anglais, c’est un endroit où de pacifiques habitants innocents sont agressés sans raison apparente. Dans la version arabe de Wikipédia, Nabi Saleh est un lieu de « résistance populaire » qui se vante d’avoir joué un rôle de premier plan dans deux Intifada, subissant des « centaines d’arrestations » et «17 martyrs sur l’autel de la liberté »[6].

Ahed Tamimi a été bien élevée : dans sa famille, on trouve plusieurs assassins de Juifs[7]. Le tableau de chasse le plus impressionnant appartient à sa tante, Ahlam Tamimi. Elle a été l’instigatrice de l’attaque terroriste contre la pizzeria Sbarro, à Jérusalem, qui a fait 15 victimes dont 8 mineurs et 130 blessés, en 2001[8]. Ahlan est l’héroïne incontestée de Nabi Saleh. Son courage pour avoir posé une bombe humaine dans une pizzeria, dans l’estimable objectif de tuer un maximum d’enfants juifs est encore célébré aujourd’hui.

Reconnue coupable par un tribunal israélien en octobre 2003, elle a été condamnée à 16 peines de prison à vie consécutives. Le président du tribunal, l’ayant entendue revendiquer fièrement les meurtres et les mutilations, a ajouté qu’Ahlan Tamimi ne devrait « pas être éligible à la grâce du commandant militaire, ni à une libération conditionnelle anticipée par tout autre moyen ». Pourtant, elle a été l’un des 1027 criminels échangés en 2011 contre le franco-israélien Guilad Shalit. Pendant son incarcération, chaque mois, au titre de la loi « pay for slay » (payer pour tuer), financée par l’UE et les USA, elle touchait de l’Autorité palestinienne une rémunération représentant 5 fois le salaire minimum palestinien.[9]

Elle vit désormais en Jordanie, où elle a épousé un autre de ses cousins, terroriste de métier, lui aussi. L’événement a été retransmis en direct sur les principales chaînes de télévision jordaniennes. Son mari a été expulsé vers le Qatar en 2020[10]. De son côté, elle soigne sa célébrité, et pas qu’au Moyen-Orient : elle a sa propre émission hebdomadaire (dont le titre en français est « Brises de liberté »[11]), promue par le Hamas, diffusée le week-end par satellite et en vidéo en continu sur les télévisions des foyers arabophones de tous les continents. 

Huit ans auparavant, leur cousin Said Tamimi avait tué un Juif habitant une implantation proche de Ramallah, un « colon » en français, dont le meurtre avait été célébré par une distribution de bonbons jusque dans les banlieues françaises, bien qu’à l’époque, il fût interdit de le mentionner.

Le père d’Ahed, Bassem, qui envoyait des enfants jeter des pierres aux soldats tout en se prétendant adepte de la non-violence, a fini par être arrêté pour incitation à la violence. Cela a séduit Amnesty International qui a dépensé une bonne partie de son budget pour lui organiser, en 2013, une tournée triomphale dans des universités américaines[12].

Bassem Tamimi reçoit un salaire de l’Autorité palestinienne, qui est financée par l’UNRWA, l’agence de l’ONU consacrée exclusivement aux « réfugiés palestiniens » de pères en fils depuis 1950. Mais, comme des milliers d’autres Arabes palestiniens payés par cette administration, il a admis dans le New York Times Magazine[13] qu’il n’a presque jamais besoin de se présenter à son bureau ou de travailler, tout en rejetant la faute sur les Israéliens. Ce qui va sans dire va encore mieux en le geignant.

Petite incitatrice au meurtre deviendra grande

Ahed Tamimi a commencé par faire campagne pour que le monde entier frappe des soldats israéliens, « qu’ils aient fait quelque chose ou pas[14] » :

C’est alors qu’elle a été arrêtée et condamnée à 8 mois de prison, non parce qu’elle avait « giflé un soldat », comme le prétend le chœur des journalistes dont « le terrain » est le fil AFP, mais parce qu’elle a incité, une fois de trop, au nettoyage ethnique des Juifs du Moyen-Orient.

Elle ne tient plus la vedette depuis sa sortie de prison. Elle y a passé son temps à réviser son bac et à prendre des « cours de cuisine avec ses codétenues.[15] » Du coup, elle a pris 20 kilos en huit mois.

À peine sortie de prison et fêtée à Nabi Saleh comme Issa[16] sorti du caveau, elle est passée à l’incitation nominative. En mars 2019, elle a appelé à l’assassinat d’un député israélien, Yehuda Glick : « Mon âme est dégoûtée quand je comprends qu’il reste en vie. Ce serait mieux s’il était mort. Je le déteste. Yehuda Glick est la personne la plus dégoûtante de la planète. D’après la religion, il est halal de le tuer », a-t-elle Instagrammé le 3 mars 2019[17] :

Ahed Tamimi : icône ou e-conne ?

Après le 7 octobre 2023, il y a eu un changement dans les opinions publiques occidentales : les antisémites se sont radicalisés et les autres ont pris conscience que des amateurs de décapitations infantiles pouvaient surgir du jour au lendemain au milieu de civils. L’enthousiasme des seconds vis-à-vis des « icônes de la résistance » a notoirement baissé.

Bien que les médias continuent à l’appeler « activiste » ou « militante », Ahed Tamimi fait partie de la première catégorie. Le 31 octobre 2023, elle s’est lâchée :« Notre message à la meute de colons – nous vous attendons dans toutes les villes de la Cisjordanie, de Hébron à Jénine. Nous vous égorgerons et vous vous direz que ce que Hitler vous a fait était une plaisanterie. Nous boirons votre sang et mangerons vos crânes. Allez, on vous attend.[18] »

Prenant en compte le virement à droite de leurs publics, les médias occidentaux ont fait mine de s’offusquer et de découvrir ce qui ne pouvait plus être celé, au moins depuis 2019.

 Ahed Tamimi, c’est la joie de tuer à l’état brut, en rien différente de celle des barbares du 7 octobre. On est loin de la réflexion désabusée des parents d’une des victimes de sa tante, qui avait 14 ans quand elle a été assassinée à la Pizzeria Sbarro :

« Nous nous demandons combien de fois l’opinion publique sur les vies complexes et la guerre non désirée dans lesquelles nous et nos voisins vivons, est formée par des personnes qui ne parlent pas les langues locales et ne connaissent pas grand-chose de l’histoire ou de la géographie. N’ayant ni la capacité ni parfois la volonté d’approfondir la question, ils doivent se contenter de lire des récits romancés, des fresques peintes sur les murs, des analyses politiques élaborées par des spécialistes des relations publiques, des photographies mises en scène et d’autres images tendancieuses.[19] »


[1] Dixit Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic.

[2] www.youtube.com/watch?v=CbwTgJsJqS0

[3] www.aljazeera.com/news/2017/12/20/palestinian-ahed-tamimi-arrested-by-israeli-forces/

[4] www.focusonisrael.org/tag/ahed-tamimi-shirley-temper/

[5] https://thisongoingwar.blogspot.com/2017/12/28-dec-17-so-how-old-is-tamimi-girl.html

[6] https://web.archive.org/web/20130520104602/http://ar.wikipedia.org/wiki/ال

[7] https://thisongoingwar.blogspot.com/2016/07/24-jul-16-sociopaths-savagery-and.html

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahed_Tamimi#

[9] Grille des salaires visible ici : www.jewishvirtuallibrary.org/palestinian-authority-financing-of-terrorism

[10] www.newarab.com/news/jordan-deports-husband-us-wanted-palestinian-ahlam-al-tamimi

[11] https://thisongoingwar.blogspot.com/search/label/Breezes%20of%20the%20Free

[12] www.tabletmag.com/sections/news/articles/why-is-amnesty-international-sponsoring-a-u-s-tour-for-a-palestinian-promoter-of-the-blood-libel

[13] www.nytimes.com/2013/03/17/magazine/is-this-where-the-third-intifada-will-start.html

[14]www.youtube.com/watch?v=TjMii7H22Fk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.israellycool.com

[15] https://mabatim.info/2018/08/05/ahed-al-tamimi-la-leonarda-palestinienne/

[16] Yeshoua en V.O., Jésus en français.

[17] www.israellycool.com/2019/03/03/shirley-temper-ahed-tamimi-encourages-murder-of-israeli-mk-yehuda-glick/

[18] www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1698760135-l-activiste-ahed-tamimi-aux-juifs-des-implantations-nous-vous-egorgerons-et-boirons-votre-sange

[19] https://thisongoingwar.blogspot.com/2013/03/17-mar-13-little-village-in-hills-and.html

La France d’après arrive, et elle n’est pas belle à voir

Cette France où l’extrême centre se radicalise et où la jeunesse n’emmerde plus le Front national fait peur, et elle vous fera presque regretter cette « gauche Velib » qui avait voté Macron lors de sa première élection… Explications.


Et si Jérôme Fourquet était un peu le fils caché d’André Siegfried, pionnier de la sociologie électorale du début du XXème siècle, et d’Emmanuel Todd, l’homme qui avec des cartes et des données avait prédit la chute de l’URSS dès 1976 ?

Après l’Archipel français, le très médiatique sondeur continue d’ausculter La France d’après (Seuil), une France à deux vitesses au moins, celle qui boit du café en capsule et celle qui le boit en dosette.

Dans L’Argent, Charles Péguy situait en 1880 le moment où le pays est passé du monde ancien à la modernité. Pour Jérôme Fourquet, une autre grande bascule, ce fut 1992. 1992, c’est le moment où la France vote Maastricht (de peu). 1992, c’est aussi le moment où l’usine de Renault de Billancourt ferme. 1992, c’est enfin l’ouverture de Disneyland…


Avec ce nouvel ouvrage stimulant, Jérôme Fourquet montre à travers une série de monographies régionales et de données statistiques l’état des esprits dans la France de Macron ; le lecteur apprend à distinguer la France qui mange au kebab de celle qui danse le country ; celle qui lit les pages saumons du Figaro et celle qui lit les pages Débats ; la France acquise à la laïcité de longue date et la France catholique zombie, qui ne va plus forcément à la messe mais qui a finalement boudé le parti animaliste lors des Européennes de 2019.

La macronie a changé de groupe sanguin

La séquence électorale de 2022 est passée par là, donnant son lot de précisions et de confirmations des grandes tendances à l’œuvre. Elle a continué d’accélérer la chute des deux anciens partis de gouvernement, le PS et LR. Emmanuel Macron est parvenu à se qualifier une deuxième fois au second tour, non sans avoir changé une partie de son socle électoral. Exit l’électorat de l’Est parisien, qui constituait encore le gros des troupes du macronisme de gauche en 2017, ce que Jérôme Fourquet appelle la gauche « Vélib’ ». Déçue par la tournure du premier quinquennat, elle est venue renforcer la Nupes cinq ans plus tard. En fait, Macron a vu un quart de son électorat du premier tour de 2017 disparaître dans la nature. S’il fallait chercher un archétype de cet électorat, on pourrait citer Cédric Villani, élu député LREM il y a six ans qui a fini candidat Nupes en juin 2022. Sur le média Le Crayon, Villani réagissait récemment à la déclaration d’amour d’Emmanuel Macron à « la bagnole » (le 24 septembre dernier dans une énième intervention télévisée) en des mots peu tendres, dénonçant « le demi-siècle » de retard du président, à la manière d’une Greta Thunberg à barbe et scarabée.

Cédric Villani, mathématicien, février 2017. SIPA.

Délesté de son aile gauche, le candidat Macron a en revanche fait le plein de voix parmi l’électorat filloniste de 2017. 37% des électeurs de François Fillon ont choisi Macron au premier tour en 2022. En fait, la mutation avait commencé dès les Européennes, en 2019, quelques semaines après que l’Ouest parisien a vu défiler sous ses fenêtres les gilets jaunes ; la liste du malheureux François-Xavier Bellamy et ses inquiétudes de prof de philo catholique n’avaient pas fait le poids face au macronisme, soudainement érigé en parti de l’Ordre. Fourquet compare cette mutation de la composition du vote macroniste à un changement de groupe sanguin chez un individu, phénomène extrêmement rare mais qui peut arriver à la suite d’une greffe de moelle épinière.

Surtout, le vote Macron est celui des vainqueursde la mondialisation. Fourquet décortique les scores du candidat LREM dans le vignoble bourguignon, territoire qui exporte très bien ses vins et fait vivre tout un tas de professions qui gravitent autour de la vigne. Les scores du président Macron, élevés (43,6% au premier tour à Volnay, 41,3% à Pommard) sont presque corrélés à la qualité des crus ; on pourrait se rendre à la foire aux vins avec une carte électorale. Dans le bordelais, en revanche, où des groupes financiers ont mis la main sur beaucoup de châteaux et où la viticulture emploie principalement une main d’œuvre d’Europe de l’Est et du Maghreb, la rente du vin fait vivre moins de monde, et moins bien : au premier tour, Macron domine à Saint-Emilion mais Marine Le Pen l’emporte dans le Médoc. Quant à l’ancien Languedoc-Roussillon, malgré un effort de montée en gamme, le pays vit bien plus chichement et est un bastion du lepenisme.

Des îlots de prospérité en plein cœur de la France périphérique

Il y a également la France des stations balnéaires, des stations de ski, les frontières suisses et luxembourgeoises qui constituent des halos privilégiés en plein cœur de la France périphérique. Dans une très grande couronne encerclant l’Île-de-France (ce que Fourquet appelle « la marge francilienne »), comprenant l’Eure, la Somme, la Seine-et-Marne, l’Yonne et le Loiret, l’auteur détecte une sorte de no man’s land pavillonnaire, constituée d’une population perpétuellement sur la route, regardant le cours du gasoil à la pompe comme le peuple parisien regardait le cours du blé à la mi-juillet 1789. Des territoires qui ne sont pas encore Paris, plus tout à fait la Bourgogne, la Normandie ou la Picardie, où les habitants n’ont pas d’identité régionale forte, où l’on n’a pas de club de foot majeur à supporter. Ces territoires ont été le terreau de la révolte des gilets jaunes (quelques figures du mouvement en étaient issues) et ont aussi envoyé plusieurs députés RN en juin 2022 à l’Assemblée nationale. Au milieu de ces territoires acquis au RN, quelques communes font de la résistance et placent en tête le candidat Macron : Fontainebleau, Barbizon, Chantilly ou Giverny. La France des châteaux et des musées tient le choc, au même titre que certains territoires privilégiés comme le Luberon. Comme si France avait créé des gated communauties (ces quartiers résidentiels fermés qui existent en Amérique du Sud et du Nord) mais « à la française », sans clôture ou gardes armés, mais épargnés par la marginalisation grâce aux sites touristiques ou aux vignobles prestigieux qu’ils renferment. Dans la France archipélisée, des îlots de prospérité se distinguent, délimités par le limes entre votre RN et votre LREM.

Dans l’ensemble du pays, des conflits d’usage du territoire apparaissent un peu partout, opposant ceux qui doivent se déplacer ou ceux qui vivent ou vivaient d’une industrie polluante d’un côté, et les partisans d’une France bucolique et écolo de l’autre. Dans la Vologne, la nette amélioration de la qualité de l’eau, à la suite des fermetures d’usine, a permis d’accueillir certaines épreuves du championnat du monde de pêche à la truite ; ce qui n’a pas tellement calmé la grogne des anciens ouvriers du coin, définitivement acquis à Marine Le Pen. Ça nous renvoie au débat qui avait opposé Arnaud Montebourg, champion de la démondialisation, à Michel Houellebecq, favorable à une France des hôtels et des spas, au début des années 2010. En 2013, l’écrivain répondait ainsi au Point :

« Je ne tiens pas à en faire état excessivement, mais je suis issu d’un milieu pauvre, j’ai été élevé par mes grands-parents, qui étaient des prolétaires, et certains dans leur famille avaient effectivement travaillé dans les hauts-fourneaux. Leur témoignage était unanime : c’était l’enfer. Ils avaient quitté leurs campagnes poussés par une misère atroce et ils s’étaient retrouvés en enfer ; leur grande crainte, c’était de mourir avant d’avoir pu profiter de leur retraite, leur grande crainte était de se tuer à la tâche, et ce n’était pas une hyperbole. Ouvrier d’usine à la chaîne, c’est quand même une condition inhumaine et ignoble. Donc, moi, la nostalgie des hauts-fourneaux, je ne marche pas bien là-dedans. C’est un peu égoïste, mais, si les damnés de la terre sont maintenant des Indonésiens, ma première réaction n’est pas de m’en plaindre » 

L’extrême centre se radicalise

Fourquet dessine un bloc élitaire qui a renforcé sa conscience de classe et sa cohérence idéologique avec l’apparition d’Emmanuel Macron. Il est plus européiste qu’il ne l’était au moment de Maastricht. Les élites qui votaient jadis le PS, le RPR et l’UDF avaient chacune leurs valeurs propres. Avec la macronie, elles se sont fondues dans un même ensemble de valeurs. En quelque sorte, l’extrême centre, lui aussi, s’est radicalisé ; réuni dans la macronie, il peut désormais se passer du vote populaire, réparti entre le RN et LFI, durablement irréconciliables. Le bloc élitaire est plus international, plus mondialisé. L’Express serait son bulletin paroissial. Jadis sédentaires, les Français des winners de la mondialisation travaillent plus volontiers à l’étranger qu’au moment de Maastricht. Ils parlent aussi davantage l’anglais, aussi nécessaire pour s’intégrer dans la mondialisation que ne l’était le latin pour entrer dans le clergé au Moyen Âge. Malgré un déficit commercial qui s’est alourdi, la France exporte beaucoup plus de biens qu’en 1992 ; toute une population tire profit de la mondialisation et n’a pas du tout envie que les frontières se referment. Le Rassemblement national lui fait à peu près autant horreur que la France insoumise.

La jeunesse n’emmerde plus le Front National

Fourquet repère des constantes et surtout des ruptures. Les ruptures, c’est la disparition du communisme municipal en Seine-Saint-Denis, où les maires chaudronniers ont été remplacés par des édiles consultants en marketing. C’est la fin des Marie et des Maria en Corse, mais aussi des lucioles, les premières, victimes d’une déchristianisation récente mais massive, les secondes d’une bétonisation de l’Île de Beauté, à grand renfort de centres commerciaux et de parkings. Les jeunes corses boudent les processions villageoises, pour préférer les concerts de maître Gim’s même si le vote nationaliste corse se porte bien.

Fourquet observe aussi l’évolution des classes d’âge : les 18-24 ans de 2002, qui ne votaient Jean-Marie Le Pen qu’à hauteur de 7% au second tour, ont désormais entre 38 et 44 ans. En 2022, ils ont voté pour la fille de ce dernier à hauteur de… 47%. C’est comme si cette jeunesse, qui « emmerdait » jadis le Front National avec Bérurier Noir, avait depuis téléchargé les morceaux de Docteur Merlin ! Et puis, il y a aussi des étrangetés, presque imperceptibles depuis Paris. Les Bonnets rouges bretons, le vote régionaliste alsacien, le parti animaliste et surtout Jean Lassalle. Ce dernier, perçu au-dessus d’un axe La Rochelle-Oyonnax comme un poète félibre pas toujours compréhensible, fait de très beaux scores en dessous, non seulement dans ses Pyrénées natales, mais aussi dans les autres régions montagnardes, à commencer par la Corse. Fourquet propose même un graphique corrélant l’altitude de la commune et l’ampleur du vote Lassalle : entre 750 et 1 500 mètres d’altitude, Lassalle est à deux doigts de décrocher le maillot du meilleur grimpeur. Il s’essouffle en revanche quand on approche des stations de ski luxueuses.

A défaut de lire dans le marc de café, Jérôme Fourquet distingue la France qui le boit en capsule de celle qui le boit en dosette. A la fin, il propose toutefois une prospective au sujet des trois blocs électoraux : LREM, RN et LFI. Aujourd’hui, le Rassemblement national apparaît aux yeux de Fourquet comme le bloc le plus solide ; sa victoire en 2027 semble de moins en moins inenvisageable. Il y a en fait une course contre la montre entre l’ensauvagement du pays (l’auteur consacre de nombreuses pages à l’impressionnante montée de la violence dans la société) qui pousse une partie de l’électorat dans les bras de Marine Le Pen, et le raidissement du bloc élitaire qui ne veut surtout pas sortir de la mondialisation.

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Affaire Guillaume Meurice: aujourd’hui, on doit se contenter de peu!

Le comique de France inter Guillaume Meurice a été opportunément critiqué par sa directrice, Adèle Van Reeth (à droite, sur notre photo), suite à ses propos douteux, et c’est heureux. Il faut s’en contenter, alors que d’autres manifestations plus déplorables de la détestation d’Israël ou des juifs sont constatées dans le pays.


Ce billet ne va pas briller par l’optimisme ni respirer la joie de vivre mais dans ce monde fou, qui pourrait faire la fine bouche et, au prétexte que les enthousiasmes nous sont interdits, ne pas égrener quelques petites joies ? Dans un univers qui, en France comme ailleurs, porte plus au désespoir qu’à l’allégresse, on me pardonnera donc, au risque de cultiver le minimalisme, de me satisfaire de presque rien, de piécettes susceptibles de redonner un peu le moral. Kylian Mbappé a heureusement fait oublier ses bêtises angéliques sur la mort de Nahel avec son extrême et discrète générosité pour les enfants dont il est l’idole, notamment avec l’association Premiers de cordée. On peut discuter la pertinence de sa phrase – « Mes erreurs guident les jeunes autant que mes succès »[1] – mais on voit bien ce qu’il veut signifier.

Justification vaniteuse

À la suite de l’insulte antisémite proférée sur France Inter par Guillaume Meurice – Benyamin Netanyahou, « une sorte de nazi sans prépuce »[2] – et de sa justification vaniteuse selon laquelle il s’inscrirait dans la lignée de Georges Brassens, bien avant que la plainte portée contre lui aboutisse peut-être à une condamnation, il convient de saluer la critique formulée par la directrice de cette radio, Adèle Van Reeth. Elle a exprimé plus que son malaise face à cette ignominie verbale alors que le pogrom du 7 octobre était encore dans toutes les têtes, les douleurs et les mémoires. Il n’y aurait pas lieu de se féliciter de cette réaction directoriale si nous n’avions pas été habitués depuis des années à une totale passivité, sur ce plan, de la hiérarchie de Radio France et de France Inter. Je ne sais pas si Adèle Van Reeth, qui a déjà déplacé au dimanche soir la bande de Charline Vanhoenacker, ira jusqu’à une sanction disciplinaire mais peu importe au fond : quelque chose a bougé, pour une fois, dans la radio publique ; et c’est bon.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc

Guillaume Meurice a refusé de s’excuser mais a heureusement trouvé le prétexte d’une dénonciation par un député RN[3] pour se retrouver sur un terrain qu’il affectionne mais qui n’a rien à voir avec la « saleté » qu’il a proférée : un parti créé « par les SS » n’aurait pas droit de critiquer son « une sorte de nazi sans prépuce ». Adèle Van Reeth a clos ce débat en ajoutant ceci qui est limpide : « pour beaucoup, une limite a été franchie: non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité ».

Une jeunesse inquiétante, Mélenchon contesté à gauche

Les propos antisémites tenus dans le métro par un groupe de tout jeunes, ont entraîné l’ouverture d’une enquête et scandalisé. Il s’agit moins à mon sens d’un « antisémitisme décomplexé » – qui, parmi eux, avait la moindre culture historique ? – que d’une provocation suprême cherchant à choquer par ce qui aujourd’hui est le péché capital : l’antisémitisme, le racisme et le nazisme. Moins un acte politique qu’une pochade collective très saumâtre !

En tout cas elle a été prise au tragique et c’est tant mieux. Avec, il est vrai, en plus, la multitude des propos et actes antisémites que l’horreur du 7 octobre, selon une logique odieuse et épouvantablement contagieuse, a engendrés. La barbarie plus comme excitant que tel un absolu repoussoir !

A lire aussi, du même auteur: Le français est pour tout le monde…

En abordant un thème politique, il me semble que le citoyen que je suis, quoi qu’il pense par ailleurs, est fondé à se réjouir quand il constate le délitement de la Nupes et surtout que, les langues se déliant et la crainte se dissipant, Jean-Luc Mélenchon est de plus en plus contesté. Non pas seulement comme hier pour ses excès, ses fureurs et un pouvoir personnel longtemps indiscuté mais pour ce que, depuis quelque temps, il a de profondément négatif à l’égard de son propre camp. Comme s’il n’était animé que par une unique obsession : avoir tort contre tous et s’en faire une gloire. On n’a jamais attaché assez d’importance à la trajectoire jusqu’au-boutiste d’un Mélenchon acharné à faire oublier, par ses délires extrémistes, le traditionnel militant mitterrandien sénateur et secrétaire d’Etat qu’il a été. Le retour des gauches « irréconciliables » est une excellente nouvelle et comment ne pas apprécier à sa juste valeur cette affirmation de Pierre Jouvet, secrétaire national du PS en charge des élections : « Mélenchon apparaît comme une personnalité plus effrayante que Le Pen »[4].

J’ai conscience d’offrir peu de grain à moudre à ceux qui rêveraient de grands espaces et de belles exaltations mais acceptons qu’en cette période, ce soit déjà beaucoup que le moindre mal, à défaut d’un bien plus stimulant.


[1] https://www.leparisien.fr/sports/football/psg/les-confidences-de-mbappe-sur-son-role-avec-les-jeunes-mes-erreurs-les-guident-autant-que-mes-reussites-01-11-2023-MKQN34W5NRBE5MTVPJ6ISX7U2Q.php

[2] https://www.causeur.fr/guillaume-meurice-bal-de-la-quenelle-tragique-a-france-inter-un-porc-268897

[3] Thomas Ménagé NDLR

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/pierre-jouvet-ps-melenchon-apparait-comme-une-personnalite-plus-effrayante-que-le-pen-20231101

La France et le Kazakhstan intensifient leur collaboration à la suite de la visite d’Emmanuel Macron

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Accueilli au Kazakhstan le 1er novembre, le président Emmanuel Macron a effectué sa première visite officielle, répondant à l’invitation de son homologue kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev. Les deux présidents se sont réunis à l’Akorda, le palais présidentiel, après une cérémonie d’accueil en l’honneur de la France.


Les discussions ont porté sur l’état et les perspectives du partenariat stratégique entre les deux pays, avec un accent sur l’élargissement de la coopération dans les secteurs économique, commercial, de l’énergie, des transports, de la culture, et de l’humanitaire. Le président Tokaïev a souligné le rôle de la France en tant que partenaire essentiel du Kazakhstan en Europe, en notant une augmentation significative des échanges commerciaux. À ce titre, le Kazakhstan est le premier partenaire économique de la France en Asie centrale, avec un volume d’échanges variant entre 2 et 6 milliards de dollars annuellement, dont 80% sont les exportations kazakhstanaises.

Ancrer la présence française en Asie centrale

Le président français a, en retour, invité Tokaïev à Paris en 2024 pour être l’invité d’honneur du Forum de la Paix.

A lire aussi: La leader taïwanaise face à la menace chinoise

Cette visite, et les annonces de projets futurs, renouvellent le lien stratégique qui unit les deux pays. Emmanuel Macron l’a répété plusieurs fois au cours de sa visite, et notamment au Forum des entrepreneurs organisé pour l’occasion, les partenariats au Kazakhstan permettent à la France de trouver sa souveraineté énergétique, économique, et géopolitique. Le pays est un point de projection stratégique pour que la France s’affirme au plus près des concurrents russe et chinois. Étant progressivement remplacée en Afrique par la Russie, la France se concentre en retour sur un pays qui prend ses distances avec Moscou. C’est là-dessus que les intérêts de Paris et d’Astana convergent, le Kazakhstan cherchant lui à s’émanciper de l’influence russe.

Renforcer les liens culturels et humains

En plus de la signature de contrats dans la santé, l’agriculture, l’énergie et les transports, le président français a aussi annoncé à l’issue de son entretien avec Tokaïev l’ouverture prochaine d’une université franco-kazakhstanaise à Astana. Le Kazakhstan va financer lui-même le projet et ambitionne un partenariat élitiste, nous a confié le Ministre des Sciences et de l’enseignement supérieur, Sayasat Nurbek.

Les présidents français et kazakhstanais ont aussi conjointement annoncé le renforcement de l’enseignement du français dans les écoles kazakhes. Le président Macron a été ovationné par les étudiants kazakhstanais après un long temps de questions/réponses, ce qui montre la réussite de la France dans la scolarité du pays. Au moment où la France est chassée d’Afrique, le renforcement de ses liens économiques et diplomatiques en Asie centrale lui permet une réorientation stratégique au sein de l’Eurasie, une zone cruciale tant par la présence des Routes de la Soie que par le réveil politique et économique des pays de la région. Ce faisant, la France accélère sa présence dans une région où ses entreprises sont présentes depuis 1992 et la disparition de l’URSS et où de nombreuses potentialités économiques s’ouvrent à son industrie…

En Israël, Zemmour fait salle comble

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En affirmant que les Israéliens sont nos garde-frontières dans une nouvelle guerre de civilisations, le leader du parti « Reconquête » fait un tabac auprès des Français juifs ayant réalisé leur alyah.


Il faut croire que les consignes du CRIF – pas une voix juive pour Zemmour ­- ne sont pas parvenues à Netanya. Mercredi soir, le fondateur de « Reconquête » a reçu un accueil triomphal dans cette cité balnéaire sise à une trentaine de kilomètres au nord de Tel Aviv. Un bon millier de personnes se sont déplacées, aussi a-t-il fallu trouver en urgence une salle plus grande.

Eux ou nous

Netanya, c’est un petit bout de France en Israël. Dans les rues, les magasins, les bistrots, on entend plus le français, souvent mâtiné d’un vieux reste d’accent pied-noir, que l’hébreu. Nombre de juifs français ont choisi d’émigrer pour fuir les territoires perdus, leur insécurité, leur islamisation et leur antisémitisme. Beaucoup, comme les parents de Zemmour, ont passionnément aimé la France : « vous avez chanté avec Aznavour, ri avec de Funès et tellement aimé Brigitte Bardot », résume le natif de Constantine. Et puis, ils ont dû retirer leurs enfants de l’école publique, certains ont entendu crier « mort aux juifs » sous leurs fenêtres. Zemmour évoque Jacqueline, qui a quitté la porte de Vincennes après l’attentat de l’Hyper Casher. Elle voulait que ses enfants soient en sécurité. Son fils Nathan, 20 ans, est mort le 7 octobre en se défendant avec courage, observe l’orateur avant d’inviter la salle à se recueillir.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Israël, une frontière civilisationnelle

En d’autres périodes, la venue de Zemmour se serait déroulée dans une sympathique ambiance de juifs couscous. Mais l’atmosphère n’est pas à la vérité si je mens. « C’est eux ou nous », résume le député Yossi Taieb, membre du Shas (parti religieux séfarade). « Ce sera nous !!! », scande la salle. Am Israël Haï »  – le peuple d’Israël vivra : le chant, entonné sur toutes les bases militaires du pays pour se donner du cœur au ventre, monte de centaines de poitrines.

L’antisémitisme dans l’hexagone inquiète

Comme tous les Israéliens, les habitants de Netanya suivent avec angoisse les nouvelles du front, pleurant chaque soldat tombé au combat comme s’il était leur fils ou leur frère. Mais en plus eux se demandent ce qui se passe dans le pays qu’ils ont quitté, où tous conservent famille et amis. Alors que l’effet loupe des informations leur donne le sentiment que la France est livrée à des hordes antisémites, ils se sentent poursuivis par le malheur. « Vous avez été chassés du Maghreb et le Maghreb vous a suivis » : Zemmour enrage que des gens qui aimaient la France aient dû la quitter, tandis qu’on accueillait tant d’autres qui la détestent. Murmure approbateur dans la salle. Zemmour les comprenait là-bas, il les comprend ici. Il sait bien qu’ils n’ont pas choisi l’alyah pour échapper à « l’extrême droite ».  D’ailleurs, beaucoup ont fait le combo : Zemmour au premier tour, Marine au second.

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Les Israéliens aiment penser qu’ils se battent pour l’Occident tout entier. Ils se sentent moins seuls. Et justement, c’est ce qu’est venu leur dire Zemmour, encore secoué par sa visite de Kfar Aza, l’un des kibboutz martyres: « Les barbares sont à vos portes. Les barbares sont à vos portes. Votre combat dépasse les frontières d’Israël ». « Enfin, le monde ouvre les yeux », commente Roger, la soixantaine replète. Sur la scène, l’orateur parle de la chasse aux juifs qui sévit partout, du cri Allahu Akbar qui résonne partout et que d’aucuns, ironise-t-il, veulent faire passer pour un cri de paix. « C’est une guerre de la civilisation judéo-chrétienne contre la civilisation islamique. Un affrontement millénaire se prépare qui décidera de notre survie, de notre liberté ». Voire. En admettant qu’il existe encore quelque chose que l’on puisse appeler civilisation judéo-chrétienne, nous menons le combat à coups de bougies, de nounours et de « nous ne cèderons pas ». Ici, chacun a un enfant ou un ami au front. C’est comme ça tout le monde doit y passer, dit Michaël, deux fils au combat. Dans Soumission, Houellebecq parlait de ces Français qui n’ont pas d’Israël. Pour ces Israéliens qui continuent à parler l’hébreu (et l’anglais) avec notre épouvantable accent, il n’y a plus de retour possible. La France, c’est du passé.

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Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc

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C’est en prononçant le mot « prépuce », et pas le mot « nazi », que Guillaume Meurice a basculé dans l’insulte raciste dimanche dernier sur France Inter.


Meurice Pabon

Quatre jours après son forfait, il n’a toujours pas fait amende honorable. Dimanche dernier, un comique nommé Guillaume Meurice a, au cours de sa chronique hebdomadaire sur France Inter, trouvé drôle de qualifier Benyamin Nétanyahou de « sorte de nazi, mais sans prépuce ». On en est là. En 2023, il est possible, au micro d’une chaîne d’État, de se gausser des origines d’une personne, juives en l’occurrence, l’allusion au prépuce renvoyant évidemment au commandement de circoncision prescrit par le Talmud pour les nouveaux nés.

Depuis, pas la moindre excuse. Juste un léger embarras au sein de la Maison ronde. Mardi, la directrice de l’antenne, Adèle Van Reeth a fait un communiqué alambiqué, pour exprimer son « malaise » et indiquer qu’à ses yeux, Guillaume Meurice a simplement commis une « outrance », à l’humour « discutable ». Hier, la productrice de l’émission, Charline Vanhoenacker, a quant à elle publié une lettre ouverte à ses auditeurs, où, se drapant dans la défense de la liberté d’expression, elle se dit « profondément navrée »… qu’on ait mal interprété le sketch. A l’en croire, le seul tort de Guillaume Meurice serait d’avoir « mal jaugé » la tension actuelle liée au conflit entre Israël et le Hamas !

Guillaume Meurice a plus de chance que Tex

Bref, aucune sanction en interne, pas même une demande d’explications à l’employé fautif. Signe d’une curieuse hiérarchie des valeurs en vigueur au sein de l’audiovisuel public, l’animateur Tex n’avait pas eu, il y a cinq ans, droit à autant de magnanimité après une plaisanterie, tout aussi mauvaise et intolérable, mais sur les femmes battues. Il avait été viré de France Télévisions sur le champ.

Les contempteurs de Guillaume Meurice lui reprochent d’avoir nazifié un juif. On peut comprendre qu’un amalgame aussi dégueulasse les choque, surtout si vite après le pogrome islamiste du 7 octobre. Mais le problème n’est pas là en réalité. La satire politique, même violente, injuste, diffamatoire, appartient à la tradition française – tout comme elle est du reste monnaie courante au pays de M. Netanyahou, grande démocratie où il arrive que celui-ci se fasse également traiter de nazi par ses opposants les plus radicaux.

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Dans les pays libres qui sont les nôtres, le droit à la caricature est d’ailleurs si vaste que même les attaques sur le physique sont autorisées envers les puissants. Seulement ce droit n’est pas absolu. Il existe une limite, qui nous a été rappelée récemment par la condamnation de Valeurs actuelles suite à une illustration représentant la députée noire Danièle Obono en esclave africaine : en France, il est interdit d’injurier qui que ce soit à raison de ses origines. Même d’une députée, même d’un chef de gouvernement. C’est pourtant bien ce qu’a fait impunément un comique il y a trois jours sur la radio la plus écoutée de France.

Les cibles de l’humour France-interien sont toujours faciles

Guillaume Meurice a pris certes un risque judiciaire limité en tirant, comme souvent dans ses sketchs, sur une ambulance. On imagine aisément que Benyamin Netanyahou a d’autres chats à fouetter, surtout par les temps qui courent, et qu’il ne demandera pas réparation devant les tribunaux pour cet antisémitisme au petit pied. Reste que l’instance de régulation de l’audiovisuel, l’Arcom, a quand même été saisie et qu’elle pourrait tout de même ne pas laisser l’infamie sans réponse.

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En attendant, Guillaume Meurice a jugé intelligent de brandir une carte joker. « Je suis Charlie » a-t-il tweeté avant-hier, bien sûr sans faire référence à la blague du prépuce, mais chacun aura compris qu’il plaide là le droit à l’humour bête et méchant. Il serait peut-être utile de lui rappeler, ainsi qu’à ses patronnes, que le cahier des charges de France Inter, élaboré aux fins de justifier des centaines de millions d’euros de dotation publique annuelle, ne lui donne par pour mission de faire commerce de provocation ni de jeter de l’huile sur le feu, bien au contraire.

Il lui serait surtout indispensable d’apprendre que tout n’est pas permis, y compris à Charlie Hebdo, où l’on n’a pas hésité à se séparer du dessinateur Siné en 2008… à cause d’une blague raciste du même tonneau visant un fils de Nicolas Sarkozy. Quoiqu’il en dise, Guillaume Meurice n’est pas digne de Charlie. Il n’est d’ailleurs même pas digne de Valeurs actuelles, qui avait en son temps eu la décence de demander pardon pour son outrance.

Réalisme progressiste

« La force du hijab », loufoque Statue de la Liberté en Angleterre, est le dernier chef-d’œuvre de Luke Perry, artiste officiel du réalisme progressiste…


Birmingham est la deuxième ville britannique après Londres. Smethwick est une banlieue de Birmingham. Fin septembre, Smethwick se félicitait d’accueillir une sculpture monumentale de femme voilée. L’œuvre en acier, de cinq mètres de haut, s’intitule The Strength of the Hijab (« La Force du hijab »). Sous le visage géant enfoulardé, sculpté à pans coupés façon réalisme socialiste, on lit, gravé dans l’acier : « La force du hijab : une femme a le droit d’être aimée et respectée quel que soit son choix vestimentaire. » Un exemple chimiquement pur de rhétorique islamo-féministe. Esthétiquement, c’est un peu lourd. Dans la presse britannique, il est précisé que l’objet pèse une tonne… L’initiative vient de Legacy WM, association immigrationniste financée par des institutions publiques, dont la Ville de Birmingham. L’annonce de l’inauguration du monument est venue une semaine après que la ville s’est déclarée en faillite ; mais pour l’art, on ne compte pas. La population de Birmingham comprend 30 % de musulmans et un total de 51,4 % de minorités ethniques. C’est claironné sur le site web de la ville, fière de devenir la première métropole « super-diverse » (où les Blancs sont minoritaires), étant entendu que « la super-diversité est une force » (sic).

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Hommage, donc, aux femmes voilées. Luke Perry, l’auteur de l’œuvre, a voulu offrir plus de visibilité aux femmes qui portent le hijab et dit avoir conçu la sculpture dans l’optique d’unifier le pays. L’unité par le hijab, la visibilité par le voile… Luke Perry est un récidiviste. À la force du chalumeau, il encombre la région avec ses mégacélébrations des minorités. En 2022, deux rubans métalliques de six mètres de haut, mémorial du sida. L’été dernier, une composition puérile chantant la contribution des Noirs à l’histoire britannique. Luke Perry est l’artiste officiel du réalisme progressiste. Ses œuvres promeuvent les idéaux du nouveau monde. Il y avait le Treptower Park à Berlin, le Memento Park à Budapest. Voici le Perry Park dans les Midlands anglais. Sauve qui peut !

Plus de réseaux, moins d’infos

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D.R

Les internautes utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer.


Similarweb, une société qui mesure le trafic mondial des sites internet, publie une étude chiffrée sur la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux. D’où il ressort que le partage en ligne des articles de presse a nettement régressé depuis trois ans. Alors qu’en 2020, un internaute passait en moyenne près de deux heures par mois à regarder des posts Facebook rédigés par des journalistes, il n’a consacré en août 2023 que vingt minutes de son temps à ce type de lecture. Les experts donnent plusieurs explications à une telle dégringolade. Il y a bien sûr la défiance grandissante de nos contemporains envers les médias, et la quasi-disparition du Covid, laquelle a rendu les organes de presse « autorisés » moins nécessaires à la vie quotidienne. Mais c’est aussi une série de décisions prises au sein même de Facebook qui a accéléré le phénomène.

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Suite à l’émeute au Capitole, les dirigeants de la plateforme ont promis de cesser de mettre en avant les posts à caractère politique. Puis, voyant le chinois TikTok leur tailler des croupières grâce à des contenus plus divertissants voire débilisants, ils ont encore davantage rogné la part des contenus sérieux promus par leur algorithme. Enfin, ils ont entamé un bras de fer avec les éditeurs de presse, de plus en plus nombreux à leur demander une rémunération. Au Canada, l’affaire est allée très loin puisque la loi oblige désormais Facebook à payer les médias. Résultat, les liens vers les articles d’information sont purement et simplement bloqués depuis début août au pays de la feuille d’érable.

Faut-il se réjouir que Facebook devienne à terme un simple lieu de commerce, d’amusement, de commérages et de charlatanerie, comme les places de village autrefois ? On se rassurera en remarquant qu’en parallèle, les sites de presse écrite voient leurs audiences directes se redresser. Avec une prime aux titres les plus installés. Par exemple, le Times de Londres a vu ces trois dernières années la courbe de ses abonnés numériques payants s’envoler de plus de 50 %, tout comme Le Figaro à Paris ou le Corriere della Serra à Milan. L’air de rien, la parenthèse de l’information gratuite et de qualité est peut-être en train de se refermer.

Aux Palestiniens, de bons baisers de Beyrouth

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Des supporters du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, attendent son discours, Beyrouth, Liban, 3 novembre 2023 © Hussein Malla/AP/SIPA

Le puissant chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a tenu un discours important ce vendredi. Il devait notamment dire au monde si sa formation, soutenue par l’Iran et alliée du Hamas palestinien, entrerait dans le conflit.


Finalement, l’Iran a décidé de lâcher Gaza

C’est un conflit palestinien et non pas un conflit régional, vient de déclarer Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, dans un discours très médiatisé cet après-midi. Autrement dit, l’Iran a décidé de lâcher Gaza. Le Hamas avait pourtant fait son boulot, il a semé le chaos et a ouvert devant les mollahs des opportunités pour retirer des dividendes géopolitiques. Mais, ce n’est pas une raison suffisante pour risquer les intérêts de la maison mère pour la petite franchise palestinienne.

Et non, Nasrallah n’est pas du tout fâché parce que le Hamas a décidé tout seul dans son coin d’attaquer Israël le 7 octobre. Les amis palestiniens en ont parfaitement le droit, mais à présent qu’ils se débrouillent. Nous sommes avec eux de tout cœur et chérissons leurs martyrs. Et par ailleurs, explique Nasrallah, ce que nous faisons actuellement à partir du sud du Liban est énorme, inouï, sans précédent depuis la guerre de 2006… Mais si vous ne voyez ni ne sentez rien, c’est normal : car ce que nous faisons à la frontière israélienne est tellement puissant qu’uniquement les gens qui habitent à côté et bien sûr nos combattants peuvent s’en apercevoir… La preuve ? Le Hezbollah aurait déjà perdu 57 combattants, sans compter ceux perdus par ses auxiliaires locaux. Et pourquoi on ne voit rien ? Bonne question ! En fait, explique le secrétaire général, c’est parce qu’il s’agirait d’une bataille d’un autre genre tant au niveau des moyens que des cibles… Et puis cette petite escalade au nord oblige déjà Israël à consacrer des moyens importants qui de fait ne seront plus disponibles pour la campagne contre Gaza.

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Même pas peur, mais allez-y en premier

Selon Nasrallah, ce sont évidemment les Etats-Unis les véritables responsables de la guerre à Gaza, Israël n’étant qu’un simple exécutant. Mais, ajoute-t-il, malgré les forces américaines considérables dépêchées dans la région, le Hezbollah n’a pas pris peur. Cela n’a aucun effet sur ses décisions.

Si Monsieur le secrétaire général avait accepté des questions, il aurait été quand même intéressant de lui demander si la décision d’abandonner le Hamas à son sort à Gaza faisait bien ou non partie de ces décisions prises sans prendre en compte la présence de deux porte-avions au large du Liban. Bref, pour l’Iran et le Hezbollah, le message pour le Hamas est simple : courage ! Armons-nous… et partez !

Retrouvez les dernières analyses de Gil Mihaely et de Jeremy Stubbs, de retour de Tel Aviv, sur la guerre entre Israël et le Hamas, dans le nouvel épisode de notre podcast NDLR •

L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

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Des manifestants réclament "justice" à Buenos Aires, Argentine, dans l'affaire de l'attentat de l'Amia de 1994 18 juillet 2014 © Natacha Pisarenko/AP/SIPA

L’Iran ne cache pas faire de ses relations avec les pays d’Amérique du Sud l’une de ses « priorités » diplomatiques, depuis plusieurs années. Sa rhétorique anti-occidentale y trouve malheureusement des oreilles attentives.


Les récentes prises de position anti-Israël en Amérique du sud sont le résultat à la fois d’une adhésion à l’idéologie décoloniale et d’une influence iranienne de longue date.

Paradoxalement, le retour à la démocratie dans la région a favorisé dans les années 90-2000, l’expansion de cette idéologie qui entremêle anti-impérialisme, anti-occidentalisme, théorie de la domination et du « privilège blanc », antisémitisme antisioniste et défense des musulmans nouveaux « damnés de la terre ». Tandis que les pays latino-américains ressemblaient de plus en plus aux États-Unis et à l’Europe, où cette idéologie se développait également, ils se tournaient de plus en plus vers les nouvelles puissances émergentes anti-occidentales, notamment les dictatures chinoise, russe et iranienne qui ont très vite saisi cette opportunité pour leurs intérêts économiques et géostratégiques.

Mélenchon, Maduro, même topo !

Que le président vénézuélien Nicolas Maduro ait accusé dès le 9 octobre dernier, Israël de « génocide » contre les Palestiniens, après l’annonce israélienne d’une offensive à venir sur de la bande de Gaza, ne pouvait surprendre quiconque est un peu au fait de la vulgate chaviste et des liens désormais anciens entre les régimes vénézuélien et iranien. Au Venezuela, l’emprise islamiste a notamment été favorisée par la nouvelle Tricontinentale anti-impérialiste que Chavez avait tenté de créer en nouant des liens étroits avec les pays arabes et/ou musulmans, producteurs ou non de pétrole, et tout particulièrement avec l’Iran des mollahs. Le ministre de l’Intérieur et (!) de la Justice de 2008 à 2012, Tarek El Aissami, d’origine syro-libanaise a été une pièce majeure du dispositif, fournissant par exemple des passeports vénézuéliens à de nombreux terroristes islamistes.

De même, le communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères considérant l’immense pogrom commis par le Hamas comme « une conséquence de 75 ans de violation permanente des droits inaliénables du peuple palestinien et de la politique agressive et expansionniste d’Israël », n’a rien d’étonnant étant donné la matrice idéologique de Cuba et sa dépendance économique à l’égard des trois totalitarismes anti-Israël (russe, chinois et iranien). En revanche, les mesures brutales d’autres pays de la région à l’encontre de l’État d’Israël sont plus inquiétants.

La Bolivie rompt ses relations avec Israël, les ambassadeurs chilien et colombiens rappelés

Ainsi, mardi 31 octobre 2023, le gouvernement bolivien annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Israël en raison de l’offensive dans la bande de Gaza consécutive aux attaques menées par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre. Le même jour, le Chili et la Colombie rappelaient leurs ambassadeurs en Israël en signe de protestation dans le même sens. Le président colombien Gustavo Petro étant allé précédemment jusqu’à utiliser le terme de « néonazis » pour désigner les personnes « prêchant la destruction du peuple palestinien », et il avait comparé Gaza au camp d’Auschwitz. 

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Non sans fondement, dans sa réaction, Israël a qualifié ces décisions de « capitulation face au terrorisme et au régime des ayatollahs en Iran », selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien dans un communiqué. Hormis la parenthèse du mandat de Mauricio Macri en Argentine (2015-2019) et l’exception uruguayenne, l’ensemble de la région latino-américaine connait en effet à bas bruit, une mise sous influence iranienne depuis de longues années.

L’Iran a conduit une politique étrangère offensive dans la région, notamment depuis 2007 lorsqu’il devint étrangement membre de l’ALBA, cette association politico-économique « bolivarienne ». Et en octobre 2021, l’Iran affirmait encore vouloir « faire des pays d’Amérique latine l’une des priorités » de ses relations commerciales. Par ailleurs, le Hezbollah est bien implanté dans la région. Il s’y est investi dans le narcotrafic et le blanchiment d’argent à travers un réseau de casinos notamment. Mais il se présente également à visage découvert, comme dans l’espace de « la Triple frontière » (au croisement de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay) où il bénéficie du soutien financier et moral de communautés syro-libanaises influentes, autant musulmanes que chrétiennes, implantées depuis plusieurs décennies (et parfois dès la grande vague migratoire transatlantique entre 1880 et 1914). Une mosquée à Foz do Iguaçu (Brésil) et deux à Ciudad del Este (Paraguay), ainsi que deux sheiks – un dans chacun des deux pays -, témoignent ainsi ce cette présence affichée.

L’islamo-gauchiste et le populisme néo-péroniste font bon ménage en Argentine

En Argentine, on sait que plusieurs groupes terroristes islamistes sont actifs depuis les attentats de 1992 contre l’ambassade d’Israël et 1994 contre la mutuelle juive AMIA. En 2007, d’ailleurs, 6 millions de dollars en provenance du Venezuela aurait principalement été distribués à ces groupes basés à Buenos Aires. Mais cette manne aurait également servi à donner un coup de pouce à la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La convergence idéologique islamo-gauchiste avec le populisme néo-péroniste est d’ailleurs très cohérente : reconverti à la dénonciation « décolonialiste », le kirchnérisme exprime désormais le vieux penchant péroniste historique à l’antisémitisme, dans un antisionisme typique du justicialisme du « privilège blanc » qui s’est développé à travers le monde depuis les années 2000 et dont les Juifs, figurés comme des colonisateurs exterminateurs, avides et fourbes, font également les frais.  

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Certes, la fibre populiste se retrouve dans plusieurs pays latino-américains avec ses différentes idiosyncrasies. Par ailleurs, la présence de population d’origine syro-libanaise, et tout particulièrement arabe de Palestine comme au Chili qui a accueilli une forte immigration palestinienne dans les années 50-60, pèse dans la balance en faveur de manifestations de soutien à « la cause palestinienne ». Mais la généralisation récente des discours politiques et des prises de positions gouvernementales anti-Israël à travers toute la région, cette affirmation d’une hostilité latino-américaine à l’égard d’Israël, marque une nouvelle étape dans la constitution d’un bloc anti-occidental de plus en plus puissant à l’échelle internationale.

L’Amérique latine refuse désormais sa dimension « d’extrême-occident » comme pouvait la qualifier avec justesse Alain Rouquier dans les années 80. Aussi la région a-t-elle été pleinement partie prenante du lancement du mouvement « décolonial » dès les années 90 autour notamment des universitaires militants Enrique Dussel et Ramón Grosfoguel. Ceux-ci ne participaient-ils pas avec enthousiasme à « l’École de la pensée critique décoloniale », coordination internationale para-universitaire qui se réunit tous les ans à Caracas depuis 2016 (dans laquelle s’illustre aussi notamment la propagandiste indigéniste Houria Boutelja) ?

Le lointain passé colonial espagnol et l’hypertrophie de l’influence mythifiée des États-Unis font de la région un ancrage de choix pour l’idéologie décoloniale. Le « néolibéralisme » est conçu dans ce discours, davantage comme un système global tendant à asservir les masses du Sud que comme une catégorie économiciste décrivant la modalité actuelle du « stade suprême du capitalisme ». S’y articule alors un antisémitisme justicialiste que l’on retrouve systématiquement dans les déclarations condamnant Israël depuis une bonne vingtaine d’années. Mais que les massacres, les crimes contre l’humanité perpétrés par le Hamas contre plus de 1400 Israéliens, aient pu encore susciter jusqu’en Amérique latine cette sinistre rhétorique des « Juifs qui ont bien mérité ce qui leur arrive », cela constitue un signal d’alarme majeur auquel les démocraties occidentales doivent répondre impérativement avec clairvoyance et courage. Et en premier lieu, en ne faiblissant pas dans leur soutien matériel et moral à l’État d’Israël malgré l’émergence préoccupante de ce « Sud global » vindicatif, autoritaire et belliqueux.

Ahed Tamimi: la haine dévoilée

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La militante Ahed Tamimi photographiée en 2018 © Heidi Levine/SIPA

Ahed Tamimi, « artiste pallywoodienne » selon des médias britanniques, a franchi le pas de trop, celui qui dévoile ce que cachaient ses boucles blondes : elle est une barbare comme les autres.


Toute jeune, déjà…

Les « Français innocents[1] » ne connaissent pas Ahed Tamimi, cette blondinette dont l’existence et la célébrité tiennent dans ses agressions contre des soldats israéliens, armés mais immobiles, que ses parents mettent en scène depuis qu’elle a 7 ans, pour des réalisations Pallywoodiennes cadrées aux petits oignons[2].

La photo ci-dessous fait partie de celles qui ont valu à la fillette, en 2012, le prix Handala du courage, que Recep Tayyip Erdogan lui a remis en main propre à Istanbul[3].

En réalité, ces postures ont été immortalisées par une horde de photographes d’agences de presse mandatés par les parents Tamimi. Ils ont suivi la jeune fille alors qu’elle s’approchait d’un soldat israélien après l’autre, dans l’espoir de provoquer une réaction digne d’une caméra (c’est-à-dire violente). Celle-ci n’a jamais eu lieu, mais ce n’est pas faute d’efforts des metteurs en scène.

Capture d’écran vidéo www.youtube.com/watch?v=uartJGBVHwU

En 2015, Ahed Tamimi n’était pas encore devenue la Greta Thunberg de la lutte contre le réchauffement pacifique entre Juifs et Arabes. La photo ci-dessous la montre en train de mordre sauvagement le bras d’un jeune appelé israélien immobilisé au sol par des harpies palestiniennes au milieu d’une foule hostile[4].

Quelques observateurs s’indignent de la manipulation éhontée des femmes et des filles, de la maltraitance des enfants en Palestine et de l’exploitation artificielle de l’opinion publique par le biais de provocations calculées, d’affrontements mis en scène et de photographes placés à des endroits stratégiques. Mais ils sont peu nombreux. Le narratif de la mini-Jeanne d’Arc est trop séduisant pour que la réalité s’interpose entre lui et son public.

Même son âge a été truqué : chaque média indiquait une date de naissance différente, quelque part entre  1999 et 2004[5]. C’est le prix de l’éternelle jeunesse d’une Gavrochette antisémitiquement correcte. L’administration pénitentiaire israélienne a tranché : elle est née en 2000. Elle a aujourd’hui 23 ans, un âge où l’on doit assumer ses responsabilités.

Ahed Tamimi est l’Assa Traoré palestinienne

Les deux jeunes femmes sont issues chacune d’un clan mafieux. Elles sont mises en scène comme militantes de la cause de racisés qui n’en sont pas. Traoré a  mieux réussi dans la mode que Tamimi, probablement parce qu’elle est plus intelligente. Ou seulement plus prudente.

Ahed Tamimi a tellement l’impression que les médias lui pardonneront toujours tout, qu’elle escalade l’échelle des provocations plus vite que l’ascenseur social.

Le village de 550 habitants de Nabi Saleh, où règne son clan, était un hameau d’à peine cinq maisons à la fin du XIXe siècle, lorsque les Turcs régnaient sur la région. Il s’est lentement développé sous l’occupation militaire jordanienne (1948), puis a décliné lorsqu’Israël a remplacé la Jordanie, en 1967, avant de croître et de prospérer au cours des deux dernières décennies, en particulier grâce à la célébrité des Tamimi comme tueurs de Juifs.

Pendant la « marche du retour », il a été le théâtre de manifestations hebdomadaires. D’après Wikipédia anglais, c’est un endroit où de pacifiques habitants innocents sont agressés sans raison apparente. Dans la version arabe de Wikipédia, Nabi Saleh est un lieu de « résistance populaire » qui se vante d’avoir joué un rôle de premier plan dans deux Intifada, subissant des « centaines d’arrestations » et «17 martyrs sur l’autel de la liberté »[6].

Ahed Tamimi a été bien élevée : dans sa famille, on trouve plusieurs assassins de Juifs[7]. Le tableau de chasse le plus impressionnant appartient à sa tante, Ahlam Tamimi. Elle a été l’instigatrice de l’attaque terroriste contre la pizzeria Sbarro, à Jérusalem, qui a fait 15 victimes dont 8 mineurs et 130 blessés, en 2001[8]. Ahlan est l’héroïne incontestée de Nabi Saleh. Son courage pour avoir posé une bombe humaine dans une pizzeria, dans l’estimable objectif de tuer un maximum d’enfants juifs est encore célébré aujourd’hui.

Reconnue coupable par un tribunal israélien en octobre 2003, elle a été condamnée à 16 peines de prison à vie consécutives. Le président du tribunal, l’ayant entendue revendiquer fièrement les meurtres et les mutilations, a ajouté qu’Ahlan Tamimi ne devrait « pas être éligible à la grâce du commandant militaire, ni à une libération conditionnelle anticipée par tout autre moyen ». Pourtant, elle a été l’un des 1027 criminels échangés en 2011 contre le franco-israélien Guilad Shalit. Pendant son incarcération, chaque mois, au titre de la loi « pay for slay » (payer pour tuer), financée par l’UE et les USA, elle touchait de l’Autorité palestinienne une rémunération représentant 5 fois le salaire minimum palestinien.[9]

Elle vit désormais en Jordanie, où elle a épousé un autre de ses cousins, terroriste de métier, lui aussi. L’événement a été retransmis en direct sur les principales chaînes de télévision jordaniennes. Son mari a été expulsé vers le Qatar en 2020[10]. De son côté, elle soigne sa célébrité, et pas qu’au Moyen-Orient : elle a sa propre émission hebdomadaire (dont le titre en français est « Brises de liberté »[11]), promue par le Hamas, diffusée le week-end par satellite et en vidéo en continu sur les télévisions des foyers arabophones de tous les continents. 

Huit ans auparavant, leur cousin Said Tamimi avait tué un Juif habitant une implantation proche de Ramallah, un « colon » en français, dont le meurtre avait été célébré par une distribution de bonbons jusque dans les banlieues françaises, bien qu’à l’époque, il fût interdit de le mentionner.

Le père d’Ahed, Bassem, qui envoyait des enfants jeter des pierres aux soldats tout en se prétendant adepte de la non-violence, a fini par être arrêté pour incitation à la violence. Cela a séduit Amnesty International qui a dépensé une bonne partie de son budget pour lui organiser, en 2013, une tournée triomphale dans des universités américaines[12].

Bassem Tamimi reçoit un salaire de l’Autorité palestinienne, qui est financée par l’UNRWA, l’agence de l’ONU consacrée exclusivement aux « réfugiés palestiniens » de pères en fils depuis 1950. Mais, comme des milliers d’autres Arabes palestiniens payés par cette administration, il a admis dans le New York Times Magazine[13] qu’il n’a presque jamais besoin de se présenter à son bureau ou de travailler, tout en rejetant la faute sur les Israéliens. Ce qui va sans dire va encore mieux en le geignant.

Petite incitatrice au meurtre deviendra grande

Ahed Tamimi a commencé par faire campagne pour que le monde entier frappe des soldats israéliens, « qu’ils aient fait quelque chose ou pas[14] » :

C’est alors qu’elle a été arrêtée et condamnée à 8 mois de prison, non parce qu’elle avait « giflé un soldat », comme le prétend le chœur des journalistes dont « le terrain » est le fil AFP, mais parce qu’elle a incité, une fois de trop, au nettoyage ethnique des Juifs du Moyen-Orient.

Elle ne tient plus la vedette depuis sa sortie de prison. Elle y a passé son temps à réviser son bac et à prendre des « cours de cuisine avec ses codétenues.[15] » Du coup, elle a pris 20 kilos en huit mois.

À peine sortie de prison et fêtée à Nabi Saleh comme Issa[16] sorti du caveau, elle est passée à l’incitation nominative. En mars 2019, elle a appelé à l’assassinat d’un député israélien, Yehuda Glick : « Mon âme est dégoûtée quand je comprends qu’il reste en vie. Ce serait mieux s’il était mort. Je le déteste. Yehuda Glick est la personne la plus dégoûtante de la planète. D’après la religion, il est halal de le tuer », a-t-elle Instagrammé le 3 mars 2019[17] :

Ahed Tamimi : icône ou e-conne ?

Après le 7 octobre 2023, il y a eu un changement dans les opinions publiques occidentales : les antisémites se sont radicalisés et les autres ont pris conscience que des amateurs de décapitations infantiles pouvaient surgir du jour au lendemain au milieu de civils. L’enthousiasme des seconds vis-à-vis des « icônes de la résistance » a notoirement baissé.

Bien que les médias continuent à l’appeler « activiste » ou « militante », Ahed Tamimi fait partie de la première catégorie. Le 31 octobre 2023, elle s’est lâchée :« Notre message à la meute de colons – nous vous attendons dans toutes les villes de la Cisjordanie, de Hébron à Jénine. Nous vous égorgerons et vous vous direz que ce que Hitler vous a fait était une plaisanterie. Nous boirons votre sang et mangerons vos crânes. Allez, on vous attend.[18] »

Prenant en compte le virement à droite de leurs publics, les médias occidentaux ont fait mine de s’offusquer et de découvrir ce qui ne pouvait plus être celé, au moins depuis 2019.

 Ahed Tamimi, c’est la joie de tuer à l’état brut, en rien différente de celle des barbares du 7 octobre. On est loin de la réflexion désabusée des parents d’une des victimes de sa tante, qui avait 14 ans quand elle a été assassinée à la Pizzeria Sbarro :

« Nous nous demandons combien de fois l’opinion publique sur les vies complexes et la guerre non désirée dans lesquelles nous et nos voisins vivons, est formée par des personnes qui ne parlent pas les langues locales et ne connaissent pas grand-chose de l’histoire ou de la géographie. N’ayant ni la capacité ni parfois la volonté d’approfondir la question, ils doivent se contenter de lire des récits romancés, des fresques peintes sur les murs, des analyses politiques élaborées par des spécialistes des relations publiques, des photographies mises en scène et d’autres images tendancieuses.[19] »


[1] Dixit Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic.

[2] www.youtube.com/watch?v=CbwTgJsJqS0

[3] www.aljazeera.com/news/2017/12/20/palestinian-ahed-tamimi-arrested-by-israeli-forces/

[4] www.focusonisrael.org/tag/ahed-tamimi-shirley-temper/

[5] https://thisongoingwar.blogspot.com/2017/12/28-dec-17-so-how-old-is-tamimi-girl.html

[6] https://web.archive.org/web/20130520104602/http://ar.wikipedia.org/wiki/ال

[7] https://thisongoingwar.blogspot.com/2016/07/24-jul-16-sociopaths-savagery-and.html

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahed_Tamimi#

[9] Grille des salaires visible ici : www.jewishvirtuallibrary.org/palestinian-authority-financing-of-terrorism

[10] www.newarab.com/news/jordan-deports-husband-us-wanted-palestinian-ahlam-al-tamimi

[11] https://thisongoingwar.blogspot.com/search/label/Breezes%20of%20the%20Free

[12] www.tabletmag.com/sections/news/articles/why-is-amnesty-international-sponsoring-a-u-s-tour-for-a-palestinian-promoter-of-the-blood-libel

[13] www.nytimes.com/2013/03/17/magazine/is-this-where-the-third-intifada-will-start.html

[14]www.youtube.com/watch?v=TjMii7H22Fk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.israellycool.com

[15] https://mabatim.info/2018/08/05/ahed-al-tamimi-la-leonarda-palestinienne/

[16] Yeshoua en V.O., Jésus en français.

[17] www.israellycool.com/2019/03/03/shirley-temper-ahed-tamimi-encourages-murder-of-israeli-mk-yehuda-glick/

[18] www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1698760135-l-activiste-ahed-tamimi-aux-juifs-des-implantations-nous-vous-egorgerons-et-boirons-votre-sange

[19] https://thisongoingwar.blogspot.com/2013/03/17-mar-13-little-village-in-hills-and.html

La France d’après arrive, et elle n’est pas belle à voir

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Jérôme Fourquet. Photo : Hannah Assouline.

Cette France où l’extrême centre se radicalise et où la jeunesse n’emmerde plus le Front national fait peur, et elle vous fera presque regretter cette « gauche Velib » qui avait voté Macron lors de sa première élection… Explications.


Et si Jérôme Fourquet était un peu le fils caché d’André Siegfried, pionnier de la sociologie électorale du début du XXème siècle, et d’Emmanuel Todd, l’homme qui avec des cartes et des données avait prédit la chute de l’URSS dès 1976 ?

Après l’Archipel français, le très médiatique sondeur continue d’ausculter La France d’après (Seuil), une France à deux vitesses au moins, celle qui boit du café en capsule et celle qui le boit en dosette.

Dans L’Argent, Charles Péguy situait en 1880 le moment où le pays est passé du monde ancien à la modernité. Pour Jérôme Fourquet, une autre grande bascule, ce fut 1992. 1992, c’est le moment où la France vote Maastricht (de peu). 1992, c’est aussi le moment où l’usine de Renault de Billancourt ferme. 1992, c’est enfin l’ouverture de Disneyland…


Avec ce nouvel ouvrage stimulant, Jérôme Fourquet montre à travers une série de monographies régionales et de données statistiques l’état des esprits dans la France de Macron ; le lecteur apprend à distinguer la France qui mange au kebab de celle qui danse le country ; celle qui lit les pages saumons du Figaro et celle qui lit les pages Débats ; la France acquise à la laïcité de longue date et la France catholique zombie, qui ne va plus forcément à la messe mais qui a finalement boudé le parti animaliste lors des Européennes de 2019.

La macronie a changé de groupe sanguin

La séquence électorale de 2022 est passée par là, donnant son lot de précisions et de confirmations des grandes tendances à l’œuvre. Elle a continué d’accélérer la chute des deux anciens partis de gouvernement, le PS et LR. Emmanuel Macron est parvenu à se qualifier une deuxième fois au second tour, non sans avoir changé une partie de son socle électoral. Exit l’électorat de l’Est parisien, qui constituait encore le gros des troupes du macronisme de gauche en 2017, ce que Jérôme Fourquet appelle la gauche « Vélib’ ». Déçue par la tournure du premier quinquennat, elle est venue renforcer la Nupes cinq ans plus tard. En fait, Macron a vu un quart de son électorat du premier tour de 2017 disparaître dans la nature. S’il fallait chercher un archétype de cet électorat, on pourrait citer Cédric Villani, élu député LREM il y a six ans qui a fini candidat Nupes en juin 2022. Sur le média Le Crayon, Villani réagissait récemment à la déclaration d’amour d’Emmanuel Macron à « la bagnole » (le 24 septembre dernier dans une énième intervention télévisée) en des mots peu tendres, dénonçant « le demi-siècle » de retard du président, à la manière d’une Greta Thunberg à barbe et scarabée.

Cédric Villani, mathématicien, février 2017. SIPA.

Délesté de son aile gauche, le candidat Macron a en revanche fait le plein de voix parmi l’électorat filloniste de 2017. 37% des électeurs de François Fillon ont choisi Macron au premier tour en 2022. En fait, la mutation avait commencé dès les Européennes, en 2019, quelques semaines après que l’Ouest parisien a vu défiler sous ses fenêtres les gilets jaunes ; la liste du malheureux François-Xavier Bellamy et ses inquiétudes de prof de philo catholique n’avaient pas fait le poids face au macronisme, soudainement érigé en parti de l’Ordre. Fourquet compare cette mutation de la composition du vote macroniste à un changement de groupe sanguin chez un individu, phénomène extrêmement rare mais qui peut arriver à la suite d’une greffe de moelle épinière.

Surtout, le vote Macron est celui des vainqueursde la mondialisation. Fourquet décortique les scores du candidat LREM dans le vignoble bourguignon, territoire qui exporte très bien ses vins et fait vivre tout un tas de professions qui gravitent autour de la vigne. Les scores du président Macron, élevés (43,6% au premier tour à Volnay, 41,3% à Pommard) sont presque corrélés à la qualité des crus ; on pourrait se rendre à la foire aux vins avec une carte électorale. Dans le bordelais, en revanche, où des groupes financiers ont mis la main sur beaucoup de châteaux et où la viticulture emploie principalement une main d’œuvre d’Europe de l’Est et du Maghreb, la rente du vin fait vivre moins de monde, et moins bien : au premier tour, Macron domine à Saint-Emilion mais Marine Le Pen l’emporte dans le Médoc. Quant à l’ancien Languedoc-Roussillon, malgré un effort de montée en gamme, le pays vit bien plus chichement et est un bastion du lepenisme.

Des îlots de prospérité en plein cœur de la France périphérique

Il y a également la France des stations balnéaires, des stations de ski, les frontières suisses et luxembourgeoises qui constituent des halos privilégiés en plein cœur de la France périphérique. Dans une très grande couronne encerclant l’Île-de-France (ce que Fourquet appelle « la marge francilienne »), comprenant l’Eure, la Somme, la Seine-et-Marne, l’Yonne et le Loiret, l’auteur détecte une sorte de no man’s land pavillonnaire, constituée d’une population perpétuellement sur la route, regardant le cours du gasoil à la pompe comme le peuple parisien regardait le cours du blé à la mi-juillet 1789. Des territoires qui ne sont pas encore Paris, plus tout à fait la Bourgogne, la Normandie ou la Picardie, où les habitants n’ont pas d’identité régionale forte, où l’on n’a pas de club de foot majeur à supporter. Ces territoires ont été le terreau de la révolte des gilets jaunes (quelques figures du mouvement en étaient issues) et ont aussi envoyé plusieurs députés RN en juin 2022 à l’Assemblée nationale. Au milieu de ces territoires acquis au RN, quelques communes font de la résistance et placent en tête le candidat Macron : Fontainebleau, Barbizon, Chantilly ou Giverny. La France des châteaux et des musées tient le choc, au même titre que certains territoires privilégiés comme le Luberon. Comme si France avait créé des gated communauties (ces quartiers résidentiels fermés qui existent en Amérique du Sud et du Nord) mais « à la française », sans clôture ou gardes armés, mais épargnés par la marginalisation grâce aux sites touristiques ou aux vignobles prestigieux qu’ils renferment. Dans la France archipélisée, des îlots de prospérité se distinguent, délimités par le limes entre votre RN et votre LREM.

Dans l’ensemble du pays, des conflits d’usage du territoire apparaissent un peu partout, opposant ceux qui doivent se déplacer ou ceux qui vivent ou vivaient d’une industrie polluante d’un côté, et les partisans d’une France bucolique et écolo de l’autre. Dans la Vologne, la nette amélioration de la qualité de l’eau, à la suite des fermetures d’usine, a permis d’accueillir certaines épreuves du championnat du monde de pêche à la truite ; ce qui n’a pas tellement calmé la grogne des anciens ouvriers du coin, définitivement acquis à Marine Le Pen. Ça nous renvoie au débat qui avait opposé Arnaud Montebourg, champion de la démondialisation, à Michel Houellebecq, favorable à une France des hôtels et des spas, au début des années 2010. En 2013, l’écrivain répondait ainsi au Point :

« Je ne tiens pas à en faire état excessivement, mais je suis issu d’un milieu pauvre, j’ai été élevé par mes grands-parents, qui étaient des prolétaires, et certains dans leur famille avaient effectivement travaillé dans les hauts-fourneaux. Leur témoignage était unanime : c’était l’enfer. Ils avaient quitté leurs campagnes poussés par une misère atroce et ils s’étaient retrouvés en enfer ; leur grande crainte, c’était de mourir avant d’avoir pu profiter de leur retraite, leur grande crainte était de se tuer à la tâche, et ce n’était pas une hyperbole. Ouvrier d’usine à la chaîne, c’est quand même une condition inhumaine et ignoble. Donc, moi, la nostalgie des hauts-fourneaux, je ne marche pas bien là-dedans. C’est un peu égoïste, mais, si les damnés de la terre sont maintenant des Indonésiens, ma première réaction n’est pas de m’en plaindre » 

L’extrême centre se radicalise

Fourquet dessine un bloc élitaire qui a renforcé sa conscience de classe et sa cohérence idéologique avec l’apparition d’Emmanuel Macron. Il est plus européiste qu’il ne l’était au moment de Maastricht. Les élites qui votaient jadis le PS, le RPR et l’UDF avaient chacune leurs valeurs propres. Avec la macronie, elles se sont fondues dans un même ensemble de valeurs. En quelque sorte, l’extrême centre, lui aussi, s’est radicalisé ; réuni dans la macronie, il peut désormais se passer du vote populaire, réparti entre le RN et LFI, durablement irréconciliables. Le bloc élitaire est plus international, plus mondialisé. L’Express serait son bulletin paroissial. Jadis sédentaires, les Français des winners de la mondialisation travaillent plus volontiers à l’étranger qu’au moment de Maastricht. Ils parlent aussi davantage l’anglais, aussi nécessaire pour s’intégrer dans la mondialisation que ne l’était le latin pour entrer dans le clergé au Moyen Âge. Malgré un déficit commercial qui s’est alourdi, la France exporte beaucoup plus de biens qu’en 1992 ; toute une population tire profit de la mondialisation et n’a pas du tout envie que les frontières se referment. Le Rassemblement national lui fait à peu près autant horreur que la France insoumise.

La jeunesse n’emmerde plus le Front National

Fourquet repère des constantes et surtout des ruptures. Les ruptures, c’est la disparition du communisme municipal en Seine-Saint-Denis, où les maires chaudronniers ont été remplacés par des édiles consultants en marketing. C’est la fin des Marie et des Maria en Corse, mais aussi des lucioles, les premières, victimes d’une déchristianisation récente mais massive, les secondes d’une bétonisation de l’Île de Beauté, à grand renfort de centres commerciaux et de parkings. Les jeunes corses boudent les processions villageoises, pour préférer les concerts de maître Gim’s même si le vote nationaliste corse se porte bien.

Fourquet observe aussi l’évolution des classes d’âge : les 18-24 ans de 2002, qui ne votaient Jean-Marie Le Pen qu’à hauteur de 7% au second tour, ont désormais entre 38 et 44 ans. En 2022, ils ont voté pour la fille de ce dernier à hauteur de… 47%. C’est comme si cette jeunesse, qui « emmerdait » jadis le Front National avec Bérurier Noir, avait depuis téléchargé les morceaux de Docteur Merlin ! Et puis, il y a aussi des étrangetés, presque imperceptibles depuis Paris. Les Bonnets rouges bretons, le vote régionaliste alsacien, le parti animaliste et surtout Jean Lassalle. Ce dernier, perçu au-dessus d’un axe La Rochelle-Oyonnax comme un poète félibre pas toujours compréhensible, fait de très beaux scores en dessous, non seulement dans ses Pyrénées natales, mais aussi dans les autres régions montagnardes, à commencer par la Corse. Fourquet propose même un graphique corrélant l’altitude de la commune et l’ampleur du vote Lassalle : entre 750 et 1 500 mètres d’altitude, Lassalle est à deux doigts de décrocher le maillot du meilleur grimpeur. Il s’essouffle en revanche quand on approche des stations de ski luxueuses.

A défaut de lire dans le marc de café, Jérôme Fourquet distingue la France qui le boit en capsule de celle qui le boit en dosette. A la fin, il propose toutefois une prospective au sujet des trois blocs électoraux : LREM, RN et LFI. Aujourd’hui, le Rassemblement national apparaît aux yeux de Fourquet comme le bloc le plus solide ; sa victoire en 2027 semble de moins en moins inenvisageable. Il y a en fait une course contre la montre entre l’ensauvagement du pays (l’auteur consacre de nombreuses pages à l’impressionnante montée de la violence dans la société) qui pousse une partie de l’électorat dans les bras de Marine Le Pen, et le raidissement du bloc élitaire qui ne veut surtout pas sortir de la mondialisation.

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Affaire Guillaume Meurice: aujourd’hui, on doit se contenter de peu!

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La présidente de Radio France Sibyle Veil et la directrice de France inter Adèle Van Reeth, Paris, 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Le comique de France inter Guillaume Meurice a été opportunément critiqué par sa directrice, Adèle Van Reeth (à droite, sur notre photo), suite à ses propos douteux, et c’est heureux. Il faut s’en contenter, alors que d’autres manifestations plus déplorables de la détestation d’Israël ou des juifs sont constatées dans le pays.


Ce billet ne va pas briller par l’optimisme ni respirer la joie de vivre mais dans ce monde fou, qui pourrait faire la fine bouche et, au prétexte que les enthousiasmes nous sont interdits, ne pas égrener quelques petites joies ? Dans un univers qui, en France comme ailleurs, porte plus au désespoir qu’à l’allégresse, on me pardonnera donc, au risque de cultiver le minimalisme, de me satisfaire de presque rien, de piécettes susceptibles de redonner un peu le moral. Kylian Mbappé a heureusement fait oublier ses bêtises angéliques sur la mort de Nahel avec son extrême et discrète générosité pour les enfants dont il est l’idole, notamment avec l’association Premiers de cordée. On peut discuter la pertinence de sa phrase – « Mes erreurs guident les jeunes autant que mes succès »[1] – mais on voit bien ce qu’il veut signifier.

Justification vaniteuse

À la suite de l’insulte antisémite proférée sur France Inter par Guillaume Meurice – Benyamin Netanyahou, « une sorte de nazi sans prépuce »[2] – et de sa justification vaniteuse selon laquelle il s’inscrirait dans la lignée de Georges Brassens, bien avant que la plainte portée contre lui aboutisse peut-être à une condamnation, il convient de saluer la critique formulée par la directrice de cette radio, Adèle Van Reeth. Elle a exprimé plus que son malaise face à cette ignominie verbale alors que le pogrom du 7 octobre était encore dans toutes les têtes, les douleurs et les mémoires. Il n’y aurait pas lieu de se féliciter de cette réaction directoriale si nous n’avions pas été habitués depuis des années à une totale passivité, sur ce plan, de la hiérarchie de Radio France et de France Inter. Je ne sais pas si Adèle Van Reeth, qui a déjà déplacé au dimanche soir la bande de Charline Vanhoenacker, ira jusqu’à une sanction disciplinaire mais peu importe au fond : quelque chose a bougé, pour une fois, dans la radio publique ; et c’est bon.

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Guillaume Meurice a refusé de s’excuser mais a heureusement trouvé le prétexte d’une dénonciation par un député RN[3] pour se retrouver sur un terrain qu’il affectionne mais qui n’a rien à voir avec la « saleté » qu’il a proférée : un parti créé « par les SS » n’aurait pas droit de critiquer son « une sorte de nazi sans prépuce ». Adèle Van Reeth a clos ce débat en ajoutant ceci qui est limpide : « pour beaucoup, une limite a été franchie: non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité ».

Une jeunesse inquiétante, Mélenchon contesté à gauche

Les propos antisémites tenus dans le métro par un groupe de tout jeunes, ont entraîné l’ouverture d’une enquête et scandalisé. Il s’agit moins à mon sens d’un « antisémitisme décomplexé » – qui, parmi eux, avait la moindre culture historique ? – que d’une provocation suprême cherchant à choquer par ce qui aujourd’hui est le péché capital : l’antisémitisme, le racisme et le nazisme. Moins un acte politique qu’une pochade collective très saumâtre !

En tout cas elle a été prise au tragique et c’est tant mieux. Avec, il est vrai, en plus, la multitude des propos et actes antisémites que l’horreur du 7 octobre, selon une logique odieuse et épouvantablement contagieuse, a engendrés. La barbarie plus comme excitant que tel un absolu repoussoir !

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En abordant un thème politique, il me semble que le citoyen que je suis, quoi qu’il pense par ailleurs, est fondé à se réjouir quand il constate le délitement de la Nupes et surtout que, les langues se déliant et la crainte se dissipant, Jean-Luc Mélenchon est de plus en plus contesté. Non pas seulement comme hier pour ses excès, ses fureurs et un pouvoir personnel longtemps indiscuté mais pour ce que, depuis quelque temps, il a de profondément négatif à l’égard de son propre camp. Comme s’il n’était animé que par une unique obsession : avoir tort contre tous et s’en faire une gloire. On n’a jamais attaché assez d’importance à la trajectoire jusqu’au-boutiste d’un Mélenchon acharné à faire oublier, par ses délires extrémistes, le traditionnel militant mitterrandien sénateur et secrétaire d’Etat qu’il a été. Le retour des gauches « irréconciliables » est une excellente nouvelle et comment ne pas apprécier à sa juste valeur cette affirmation de Pierre Jouvet, secrétaire national du PS en charge des élections : « Mélenchon apparaît comme une personnalité plus effrayante que Le Pen »[4].

J’ai conscience d’offrir peu de grain à moudre à ceux qui rêveraient de grands espaces et de belles exaltations mais acceptons qu’en cette période, ce soit déjà beaucoup que le moindre mal, à défaut d’un bien plus stimulant.


[1] https://www.leparisien.fr/sports/football/psg/les-confidences-de-mbappe-sur-son-role-avec-les-jeunes-mes-erreurs-les-guident-autant-que-mes-reussites-01-11-2023-MKQN34W5NRBE5MTVPJ6ISX7U2Q.php

[2] https://www.causeur.fr/guillaume-meurice-bal-de-la-quenelle-tragique-a-france-inter-un-porc-268897

[3] Thomas Ménagé NDLR

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/pierre-jouvet-ps-melenchon-apparait-comme-une-personnalite-plus-effrayante-que-le-pen-20231101

La France et le Kazakhstan intensifient leur collaboration à la suite de la visite d’Emmanuel Macron

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Astana, 1er novembre 2023 © AP/SIPA

Accueilli au Kazakhstan le 1er novembre, le président Emmanuel Macron a effectué sa première visite officielle, répondant à l’invitation de son homologue kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev. Les deux présidents se sont réunis à l’Akorda, le palais présidentiel, après une cérémonie d’accueil en l’honneur de la France.


Les discussions ont porté sur l’état et les perspectives du partenariat stratégique entre les deux pays, avec un accent sur l’élargissement de la coopération dans les secteurs économique, commercial, de l’énergie, des transports, de la culture, et de l’humanitaire. Le président Tokaïev a souligné le rôle de la France en tant que partenaire essentiel du Kazakhstan en Europe, en notant une augmentation significative des échanges commerciaux. À ce titre, le Kazakhstan est le premier partenaire économique de la France en Asie centrale, avec un volume d’échanges variant entre 2 et 6 milliards de dollars annuellement, dont 80% sont les exportations kazakhstanaises.

Ancrer la présence française en Asie centrale

Le président français a, en retour, invité Tokaïev à Paris en 2024 pour être l’invité d’honneur du Forum de la Paix.

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Cette visite, et les annonces de projets futurs, renouvellent le lien stratégique qui unit les deux pays. Emmanuel Macron l’a répété plusieurs fois au cours de sa visite, et notamment au Forum des entrepreneurs organisé pour l’occasion, les partenariats au Kazakhstan permettent à la France de trouver sa souveraineté énergétique, économique, et géopolitique. Le pays est un point de projection stratégique pour que la France s’affirme au plus près des concurrents russe et chinois. Étant progressivement remplacée en Afrique par la Russie, la France se concentre en retour sur un pays qui prend ses distances avec Moscou. C’est là-dessus que les intérêts de Paris et d’Astana convergent, le Kazakhstan cherchant lui à s’émanciper de l’influence russe.

Renforcer les liens culturels et humains

En plus de la signature de contrats dans la santé, l’agriculture, l’énergie et les transports, le président français a aussi annoncé à l’issue de son entretien avec Tokaïev l’ouverture prochaine d’une université franco-kazakhstanaise à Astana. Le Kazakhstan va financer lui-même le projet et ambitionne un partenariat élitiste, nous a confié le Ministre des Sciences et de l’enseignement supérieur, Sayasat Nurbek.

Les présidents français et kazakhstanais ont aussi conjointement annoncé le renforcement de l’enseignement du français dans les écoles kazakhes. Le président Macron a été ovationné par les étudiants kazakhstanais après un long temps de questions/réponses, ce qui montre la réussite de la France dans la scolarité du pays. Au moment où la France est chassée d’Afrique, le renforcement de ses liens économiques et diplomatiques en Asie centrale lui permet une réorientation stratégique au sein de l’Eurasie, une zone cruciale tant par la présence des Routes de la Soie que par le réveil politique et économique des pays de la région. Ce faisant, la France accélère sa présence dans une région où ses entreprises sont présentes depuis 1992 et la disparition de l’URSS et où de nombreuses potentialités économiques s’ouvrent à son industrie…

En Israël, Zemmour fait salle comble

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Eric Zemmour à Netanya, Israël, 1er novembre 2023. D.R.

En affirmant que les Israéliens sont nos garde-frontières dans une nouvelle guerre de civilisations, le leader du parti « Reconquête » fait un tabac auprès des Français juifs ayant réalisé leur alyah.


Il faut croire que les consignes du CRIF – pas une voix juive pour Zemmour ­- ne sont pas parvenues à Netanya. Mercredi soir, le fondateur de « Reconquête » a reçu un accueil triomphal dans cette cité balnéaire sise à une trentaine de kilomètres au nord de Tel Aviv. Un bon millier de personnes se sont déplacées, aussi a-t-il fallu trouver en urgence une salle plus grande.

Eux ou nous

Netanya, c’est un petit bout de France en Israël. Dans les rues, les magasins, les bistrots, on entend plus le français, souvent mâtiné d’un vieux reste d’accent pied-noir, que l’hébreu. Nombre de juifs français ont choisi d’émigrer pour fuir les territoires perdus, leur insécurité, leur islamisation et leur antisémitisme. Beaucoup, comme les parents de Zemmour, ont passionnément aimé la France : « vous avez chanté avec Aznavour, ri avec de Funès et tellement aimé Brigitte Bardot », résume le natif de Constantine. Et puis, ils ont dû retirer leurs enfants de l’école publique, certains ont entendu crier « mort aux juifs » sous leurs fenêtres. Zemmour évoque Jacqueline, qui a quitté la porte de Vincennes après l’attentat de l’Hyper Casher. Elle voulait que ses enfants soient en sécurité. Son fils Nathan, 20 ans, est mort le 7 octobre en se défendant avec courage, observe l’orateur avant d’inviter la salle à se recueillir.

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En d’autres périodes, la venue de Zemmour se serait déroulée dans une sympathique ambiance de juifs couscous. Mais l’atmosphère n’est pas à la vérité si je mens. « C’est eux ou nous », résume le député Yossi Taieb, membre du Shas (parti religieux séfarade). « Ce sera nous !!! », scande la salle. Am Israël Haï »  – le peuple d’Israël vivra : le chant, entonné sur toutes les bases militaires du pays pour se donner du cœur au ventre, monte de centaines de poitrines.

L’antisémitisme dans l’hexagone inquiète

Comme tous les Israéliens, les habitants de Netanya suivent avec angoisse les nouvelles du front, pleurant chaque soldat tombé au combat comme s’il était leur fils ou leur frère. Mais en plus eux se demandent ce qui se passe dans le pays qu’ils ont quitté, où tous conservent famille et amis. Alors que l’effet loupe des informations leur donne le sentiment que la France est livrée à des hordes antisémites, ils se sentent poursuivis par le malheur. « Vous avez été chassés du Maghreb et le Maghreb vous a suivis » : Zemmour enrage que des gens qui aimaient la France aient dû la quitter, tandis qu’on accueillait tant d’autres qui la détestent. Murmure approbateur dans la salle. Zemmour les comprenait là-bas, il les comprend ici. Il sait bien qu’ils n’ont pas choisi l’alyah pour échapper à « l’extrême droite ».  D’ailleurs, beaucoup ont fait le combo : Zemmour au premier tour, Marine au second.

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Les Israéliens aiment penser qu’ils se battent pour l’Occident tout entier. Ils se sentent moins seuls. Et justement, c’est ce qu’est venu leur dire Zemmour, encore secoué par sa visite de Kfar Aza, l’un des kibboutz martyres: « Les barbares sont à vos portes. Les barbares sont à vos portes. Votre combat dépasse les frontières d’Israël ». « Enfin, le monde ouvre les yeux », commente Roger, la soixantaine replète. Sur la scène, l’orateur parle de la chasse aux juifs qui sévit partout, du cri Allahu Akbar qui résonne partout et que d’aucuns, ironise-t-il, veulent faire passer pour un cri de paix. « C’est une guerre de la civilisation judéo-chrétienne contre la civilisation islamique. Un affrontement millénaire se prépare qui décidera de notre survie, de notre liberté ». Voire. En admettant qu’il existe encore quelque chose que l’on puisse appeler civilisation judéo-chrétienne, nous menons le combat à coups de bougies, de nounours et de « nous ne cèderons pas ». Ici, chacun a un enfant ou un ami au front. C’est comme ça tout le monde doit y passer, dit Michaël, deux fils au combat. Dans Soumission, Houellebecq parlait de ces Français qui n’ont pas d’Israël. Pour ces Israéliens qui continuent à parler l’hébreu (et l’anglais) avec notre épouvantable accent, il n’y a plus de retour possible. La France, c’est du passé.

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Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc

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L'humoriste français Guillaume Meurice © BALTEL/SIPA

C’est en prononçant le mot « prépuce », et pas le mot « nazi », que Guillaume Meurice a basculé dans l’insulte raciste dimanche dernier sur France Inter.


Meurice Pabon

Quatre jours après son forfait, il n’a toujours pas fait amende honorable. Dimanche dernier, un comique nommé Guillaume Meurice a, au cours de sa chronique hebdomadaire sur France Inter, trouvé drôle de qualifier Benyamin Nétanyahou de « sorte de nazi, mais sans prépuce ». On en est là. En 2023, il est possible, au micro d’une chaîne d’État, de se gausser des origines d’une personne, juives en l’occurrence, l’allusion au prépuce renvoyant évidemment au commandement de circoncision prescrit par le Talmud pour les nouveaux nés.

Depuis, pas la moindre excuse. Juste un léger embarras au sein de la Maison ronde. Mardi, la directrice de l’antenne, Adèle Van Reeth a fait un communiqué alambiqué, pour exprimer son « malaise » et indiquer qu’à ses yeux, Guillaume Meurice a simplement commis une « outrance », à l’humour « discutable ». Hier, la productrice de l’émission, Charline Vanhoenacker, a quant à elle publié une lettre ouverte à ses auditeurs, où, se drapant dans la défense de la liberté d’expression, elle se dit « profondément navrée »… qu’on ait mal interprété le sketch. A l’en croire, le seul tort de Guillaume Meurice serait d’avoir « mal jaugé » la tension actuelle liée au conflit entre Israël et le Hamas !

Guillaume Meurice a plus de chance que Tex

Bref, aucune sanction en interne, pas même une demande d’explications à l’employé fautif. Signe d’une curieuse hiérarchie des valeurs en vigueur au sein de l’audiovisuel public, l’animateur Tex n’avait pas eu, il y a cinq ans, droit à autant de magnanimité après une plaisanterie, tout aussi mauvaise et intolérable, mais sur les femmes battues. Il avait été viré de France Télévisions sur le champ.

Les contempteurs de Guillaume Meurice lui reprochent d’avoir nazifié un juif. On peut comprendre qu’un amalgame aussi dégueulasse les choque, surtout si vite après le pogrome islamiste du 7 octobre. Mais le problème n’est pas là en réalité. La satire politique, même violente, injuste, diffamatoire, appartient à la tradition française – tout comme elle est du reste monnaie courante au pays de M. Netanyahou, grande démocratie où il arrive que celui-ci se fasse également traiter de nazi par ses opposants les plus radicaux.

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Dans les pays libres qui sont les nôtres, le droit à la caricature est d’ailleurs si vaste que même les attaques sur le physique sont autorisées envers les puissants. Seulement ce droit n’est pas absolu. Il existe une limite, qui nous a été rappelée récemment par la condamnation de Valeurs actuelles suite à une illustration représentant la députée noire Danièle Obono en esclave africaine : en France, il est interdit d’injurier qui que ce soit à raison de ses origines. Même d’une députée, même d’un chef de gouvernement. C’est pourtant bien ce qu’a fait impunément un comique il y a trois jours sur la radio la plus écoutée de France.

Les cibles de l’humour France-interien sont toujours faciles

Guillaume Meurice a pris certes un risque judiciaire limité en tirant, comme souvent dans ses sketchs, sur une ambulance. On imagine aisément que Benyamin Netanyahou a d’autres chats à fouetter, surtout par les temps qui courent, et qu’il ne demandera pas réparation devant les tribunaux pour cet antisémitisme au petit pied. Reste que l’instance de régulation de l’audiovisuel, l’Arcom, a quand même été saisie et qu’elle pourrait tout de même ne pas laisser l’infamie sans réponse.

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En attendant, Guillaume Meurice a jugé intelligent de brandir une carte joker. « Je suis Charlie » a-t-il tweeté avant-hier, bien sûr sans faire référence à la blague du prépuce, mais chacun aura compris qu’il plaide là le droit à l’humour bête et méchant. Il serait peut-être utile de lui rappeler, ainsi qu’à ses patronnes, que le cahier des charges de France Inter, élaboré aux fins de justifier des centaines de millions d’euros de dotation publique annuelle, ne lui donne par pour mission de faire commerce de provocation ni de jeter de l’huile sur le feu, bien au contraire.

Il lui serait surtout indispensable d’apprendre que tout n’est pas permis, y compris à Charlie Hebdo, où l’on n’a pas hésité à se séparer du dessinateur Siné en 2008… à cause d’une blague raciste du même tonneau visant un fils de Nicolas Sarkozy. Quoiqu’il en dise, Guillaume Meurice n’est pas digne de Charlie. Il n’est d’ailleurs même pas digne de Valeurs actuelles, qui avait en son temps eu la décence de demander pardon pour son outrance.

Réalisme progressiste

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D.R

« La force du hijab », loufoque Statue de la Liberté en Angleterre, est le dernier chef-d’œuvre de Luke Perry, artiste officiel du réalisme progressiste…


Birmingham est la deuxième ville britannique après Londres. Smethwick est une banlieue de Birmingham. Fin septembre, Smethwick se félicitait d’accueillir une sculpture monumentale de femme voilée. L’œuvre en acier, de cinq mètres de haut, s’intitule The Strength of the Hijab (« La Force du hijab »). Sous le visage géant enfoulardé, sculpté à pans coupés façon réalisme socialiste, on lit, gravé dans l’acier : « La force du hijab : une femme a le droit d’être aimée et respectée quel que soit son choix vestimentaire. » Un exemple chimiquement pur de rhétorique islamo-féministe. Esthétiquement, c’est un peu lourd. Dans la presse britannique, il est précisé que l’objet pèse une tonne… L’initiative vient de Legacy WM, association immigrationniste financée par des institutions publiques, dont la Ville de Birmingham. L’annonce de l’inauguration du monument est venue une semaine après que la ville s’est déclarée en faillite ; mais pour l’art, on ne compte pas. La population de Birmingham comprend 30 % de musulmans et un total de 51,4 % de minorités ethniques. C’est claironné sur le site web de la ville, fière de devenir la première métropole « super-diverse » (où les Blancs sont minoritaires), étant entendu que « la super-diversité est une force » (sic).

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Hommage, donc, aux femmes voilées. Luke Perry, l’auteur de l’œuvre, a voulu offrir plus de visibilité aux femmes qui portent le hijab et dit avoir conçu la sculpture dans l’optique d’unifier le pays. L’unité par le hijab, la visibilité par le voile… Luke Perry est un récidiviste. À la force du chalumeau, il encombre la région avec ses mégacélébrations des minorités. En 2022, deux rubans métalliques de six mètres de haut, mémorial du sida. L’été dernier, une composition puérile chantant la contribution des Noirs à l’histoire britannique. Luke Perry est l’artiste officiel du réalisme progressiste. Ses œuvres promeuvent les idéaux du nouveau monde. Il y avait le Treptower Park à Berlin, le Memento Park à Budapest. Voici le Perry Park dans les Midlands anglais. Sauve qui peut !

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