Accueil Site Page 494

Capitulations et traîtrises ont assez duré

Avec nos politiques, coupables de passivité, les mouvements « antiracistes » sont responsables de la propagation de l’islamisme. Sous couvert d’antisionisme, ces faux gentils ont permis à la haine antijuive de se faire applaudir par la gauche perdue dans ses flatteries musulmanes.


Voyez comme ils mentent : les politiques et les faiseurs d’opinion feignent de découvrir l’affreux visage du Hamas antijuif et anti occidental. En réalité, les couards n’ont jamais voulu dire la vérité sur l’islamisme conquérant qui se déchaîne contre Israël. Depuis trente ans, les « élites » aplaties trompent les Français en récitant l’ode d’une « religion de paix et de tolérance ». Mais le sabre a toujours été l’allié de la « Pax islamica ». Pour avoir supporté avec d’autres le pilonnage des empêcheurs de dire, j’ai pu mesurer la lâcheté de ceux qui dénoncent des racistes et des islamophobes chez les lanceurs d’alerte. Si Boualem Sansal ou Malika Sorel avaient seulement été entendus, la nation n’en serait pas à craindre un scénario à l’israélienne dans ses cités islamisées. « Tous collectivement, nous avons été faibles », a dit Gérard Larcher, président du Sénat, le 11 octobre sur Europe 1, en se fondant dans la masse. Mais seule la lâcheté des dirigeants hébétés a fait le lit de la« peste brune » que Gérald Darmanin dénonçait en 2018, chez les gilets jaunes déboulant des provinces. Une fois de plus, le réel explose à la figure des dénégationnistes dans une violence qui se répand. Oui, la France abrite ses sicaires djihadistes et leurs collabos. Ils rêvent de guerre et de pogroms. Trois ans après la décapitation de Samuel Paty, Dominique Bernard, professeur de français, spécialiste de René Char et de Julien Gracq, a été égorgé, le 13 octobre, aux cris d’« Allah Akbar » dans son lycée d’Arras par un ancien élève fiché S. Le pire est partout envisageable. Cependant, les responsables du désastre ne s’excuseront jamais de leurs dénis ni de leur pleutrerie. La colère des Français dupés est immense.

Les mouvements « antiracistes », qui s’étaient opposés, en 2014, à l’expulsion de la famille du meurtrier d’Arras, sont les premiers responsables de la propagation islamiste. La voici révélée dans sa démence antisémite par le Hamas tueur d’enfants, de femmes et de vieillards. SOS Racisme, la Licra, le MRAP, la Cimade, la Ligue des droits de l’homme et autres sermonnaires s’acharnent encore sur les plus lucides pour les faire taire. L’historien de la Shoah Georges Bensoussan, poursuivi naguère en justice pour avoir dénoncé la judéophobie islamique, peut en témoigner. Les faux gentils ont permis à la haine antijuive de se faire applaudir, sous le faux nez de l’antisionisme, par la gauche perdue dans ses flatteries musulmanes. Les socialistes, communistes et écologistes, qui reprochent à Jean-Luc Mélenchon ses compromissions idéologiques avec le terrorisme palestinien et ses désinformations, étaient à ses côtés en novembre 2019 pour participer, avec les islamistes du CCIF hurlant « Allah Akbar ! », à la manifestation de la honte « contre l’islamophobie ». Les Frères musulmans, qui cornaquaient la démonstration parisienne, sont les mêmes qui soutiennent le Hamas à Gaza et accusent faussement les Israéliens d’y avoir tiré sur un hôpital servant de refuge à des civils. Les belles âmes collaborationnistes, encouragées par des élus tétanisés par l’islam, ont fait le lit de la bête immonde. Elle est prête à répondre aux ordres qui pourraient enflammer la contre-société.

A lire aussi : Faqueux haineux

« Je ne parlerai jamais d’“ennemi intérieur” », avait déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian après les attentats parisiens de 2015 signés par Daech. Ce raisonnement de vaincu reste celui de la classe politique pétocharde. Elle redoute la « stigmatisation » de la communauté musulmane, dont le silence face aux horreurs islamistes devient pourtant assourdissant. Le bilan de cette capitulation a été dressé par Emmanuel Macron le 12 octobre, dans un appel à « rester unis ». En réalité, le chef de l’État sait qu’un affrontement contre une « cinquième colonne » et ses alliés est envisageable. Les ingrédients d’une possible guerre civile ont été rendus possibles par une sacralisation irréfléchie de la société ouverte et « métissée ». Du nouveau Babel devait naître le meilleur, aux dires des penseurs en chaise longue d’un irénique cosmopolitisme. La « créolisation » a produit le pire, tant il était évident que les civilisations ne sont pas faites pour se fondre dans un universalisme abstrait. Henry Kissinger a évidemment raison quand il déclare à Politico, à propos des manifestations pro-Hamas : « C’est une grave erreur de faire entrer autant de gens de culture, de religion et de concepts totalement différents car cela créé un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays. » Cela fait trente ans que ce truisme est contesté par la prosélyte religion diversitaire.

Le scandale est de voir les falsificateurs pérorer encore. Or, il ne faut rien attendre de dirigeants dressés à penser faux. Les « élites »s’indignent soudainement de découvrir que des fonds de l’Union européenne arrivent dans les caisses du Hamas, que le Qatar, financier du mouvement terroriste, bénéficie en France d’avantages exorbitants octroyés notamment par Nicolas Sarkozy, que les Frères musulmans ont pignon sur rue et que Karim Benzema serait des leurs. In extremis, l’Assemblée nationale a annulé, après l’offensive du Hamas, l’invitation faite par la députée LFI Ersilia Soudais à Mariam Abu Daqqa, militante palestinienne du FPLP, terroriste jugée expulsable. Les plus lucides du gouvernement acceptent parfois, avec prudence, d’établir un lien entre le terrorisme et l’immigration de masse. Mais c’est en Suède, théâtre d’une guerre de gangs, que le Premier ministre Ulf Kristersson a osé dire, en appelant l’armée en renfort : « C’est l’immigration irresponsable et l’échec de l’intégration qui nous ont conduits à cette situation dramatique. » Dans la débandade, le RN se pose désormais en protecteur des juifs. Toutefois, c’est aux Français d’origine française (ils sont encore trois sur quatre, selon Michel Aubouin) et à tous ceux qui les ont rejoints au fil du temps, de prendre eux-mêmes la parole, par référendums, pour rappeler à leurs dirigeants faillis que capitulations et traîtrises ont assez duré. Le 7 octobre, Israël s’est montré vulnérable. La France l’est plus encore. Il est urgent de la secourir.

À l’Ouest, du nouveau!

Constance Courson, qui signe son premier roman, n’est vraiment pas le genre de féministe qui passe ses journées derrière un écran de smartphone afin de déconstruire l’homme blanc occidental…


La bonne nouvelle est apportée par le vent d’ouest. Il s’agit d’un premier roman, Le Corps de l’écrivain, signé Constance Courson. Sa maison d’éditions, La part Commune, se trouve à Rennes, la région Bretagne participe à la publication de l’ouvrage, et l’histoire commence dans les rues de Rennes. C’est peu dire que la Bretagne est à l’honneur ! Même si ce road trip nerveux s’achève dans la baie du Mont Saint-Michel, c’est-à-dire administrativement en Normandie…

Pérégrinations à la Kerouac

Si la Bretagne est donc à l’honneur, la littérature ne l’est pas moins. Celle des grands stylistes, révérée par Constance Courson. D’entrée de jeu, la narratrice, un peu le double de l’auteure, place la barre très haut. Elle cite Chateaubriand, Proust, Millet, des écrivains dont la phrase est ductile et serpente souvent sur une page entière, sans dérouter le lecteur. Courson s’inspire en partie de ces écrivains, sans jamais nous perdre dans les méandres de ses phrases, ce qui est une prouesse. Mais la narratrice aime prendre des risques. La vie bourgeoise, molle et pusillanime, ne la fait pas vibrer. Sa jeunesse ressemble à une pelouse plate, jusqu’au jour où l’œuvre de Jack Kerouac frappe à sa porte et l’incite à refaire le trajet de l’écrivain américain, quand celui-ci s’était rendu à Brest en 1965, sur les traces de son ancêtre breton. La narratrice prend son sac à dos, y fourre des carnets à remplir, met des couteaux dans ses poches, car l’époque l’exige, et c’est le départ pour l’aventure. Cette impulsion est donnée par la lecture, c’est émouvant car on ne croyait plus qu’une trentenaire pût répondre à l’appel de la route, des bois et de la mer. La narratrice va coucher dans la rue, rencontrer des personnages déréglés, alcooliques, drogués, elle va leur tenir tête, ne jamais flancher sous leurs coups, résister à leurs provocations de machos décérébrés. Mais n’allez pas faire d’elle une féministe qui passe ses journées derrière un écran de smartphone afin de déconstruire l’homme blanc occidental. Les formules de Courson frappent fort. Elle ne retient pas ses uppercuts. Le récit sent la tripe, les odeurs d’urine et de pieds ; les fluides corporels abondent. Elle met sa peau sur la table, « excitée par l’alcool et l’air marin ».

À lire aussi, du même auteur: Le bal de Radiguet

Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud…

Dans sa longue marche au milieu des fougères, dans de sombres forêts de chênes désertées depuis belle lurette des fées, elle tombe sur un curieux personnage, Médéric, un ex-légionnaire, entouré de quelques potes, anciens militaires eux aussi, qui savent manier la kalachnikov. Le soldat a fait la guerre « pour de vrai », pas dans un jeu virtuel ; il a combattu en Afghanistan, connaît les horreurs commises par les deux camps. Le récit de Médéric se superpose à celui de la randonnée de la narratrice. Le roman n’en est que meilleur. L’amour rôde également, mais il est impossible. Médéric croit aimer la narratrice, mais il ne peut chasser de son esprit une très jolie jeune femme que son groupe de militaires avait capturée dix ans auparavant en Afghanistan, « où elle combattait avec une vingtaine de djihadistes dont aucun n’avait dépassé les vingt-cinq ans », une femme qui se battait avec la même violence au ventre que les hommes. Si, si, ça existe.

Constance Coulon traque, avec courage, les mensonges et les dérives de la société contemporaine. Elle enrage de constater ce qu’elle fait dire, de façon triviale, à Médéric : « la langue française est tombée au ras des pâquerettes ». Il y a une très belle description de la traversée du goulet de Brest, en bateau ballotté par le clapot, après avoir longé les imposantes falaises de la côte. Ces décors naturels fortifient le style, déjà puissant, de Constance Courson. C’est à regret qu’on referme ce premier roman qui en appelle un deuxième. Comme le large, sur les hauteurs de Brest, nous invite au voyage, parfois sans retour.

Constance Courson, Le Corps de l’écrivain, Éditions La Part Commune.

Le corps de l'écrivain

Price: 17,50 €

14 used & new available from 1,55 €

Le facteur Chaval sonne toujours deux fois

Le Cherche Midi publie un recueil de dessins choisis et présentés par Philippe Geluck du plus incendiaire des caricaturistes du XXᵉ siècle.


À intervalles plus ou moins réguliers, Chaval, de son vrai nom Yvan Francis le Louarn (1915-1968) revient hanter l’histoire du dessin d’humour français. Tous les cinq ou dix ans, son trait sans rédemption possible, sec comme un coup de trique, à l’anarchisme non revendicatif, abyssal par sa profondeur, qui ne se veut pas rigolo du tout, agit comme un uppercut. Il met le feu à chaque page. Les lecteurs d’hier et d’aujourd’hui ne peuvent résister à la noirceur de ce bourgeois bien sous tous rapports qui finira par se suicider au gaz. On ne lui reconnaît aucun véritable successeur et cependant, tous les dessinateurs, de Cabu à Sempé, de Bretécher à Reiser, ont puisé dans cette œuvre asphyxiante, la force du désespoir et aussi les raisons de persévérer dans une profession jadis ingrate désormais mortifère. Chaval a semé la zizanie dans la presse écrite, à Match, au Nouvel Observateur, à Sud Ouest ou au Figaro Littéraire, en pratiquant une caricature éminemment politique sans s’attacher à un quelconque sujet d’actualité ; il fut le maître d’une forme d’illustration assassine à la violence sous-jacente et aux ressorts nihilistes. Chaval croque l’indifférence et la méchanceté des Hommes, le ridicule et le pathétique de personnages transparents qui ressemblent physiquement à Alexandre Vialatte ou à Jacques Dufilho, l’arrogance vaine des vies normales était peut-être sa seule minuscule joie intérieure. Il décale notre regard et désoriente nos réflexes de pensée par un style narratif radical. Ses légendes, raides et nerveuses, rappellent le talent d’un Félix Vallotton. Mais de quoi pouvait-il bien rire ? Pierre Ajame qui publia un livre posthume d’entretien avec lui, affirmait à la Radio Télévision Suisse en 1976 que Malraux parlant de l’Espagne pouvait l’amuser. Ce type-là commence à nous plaire. Dans son appartement « lugubre » de la rue Morère, près de la Porte d’Orléans, Chaval seul, à la misanthropie galopante et instable, fustige les cons, grand ensemble dans lequel il ne s’extrait pas. Chez lui, tout est con, dérisoire, futile, un peu las et un peu bête. Avec Chaval, le lecteur se prend directement un mur en pleine face et il en redemande. Il est sans filtre, donc nocif, donc indispensable. Il ne plairait pas à nos nouveaux inquisiteurs qui veulent, soit nous culpabiliser, soit nous éduquer, le dessin de Chaval se suffit à lui-même.

D.R

Chez lui, tout est con, dérisoire, futile, un peu las et un peu bête

D.R

Son esthétique puissamment débarrassée d’artifices doit beaucoup à son travail de graveur. « Il détestait le style artiste » affirmait Pierre Ajame. Il avait appris son métier à l’Académie des Beaux-Arts de Bordeaux et vénérait la technique pure. Il était classique, ce qui en faisait déjà, à son époque, un anticonformiste. Il préférait Buster Keaton à un Chaplin trop larmoyant. Il ne dirigeait pas son crayon contre le système, contre une autorité particulière et militait encore moins pour une cause. Sa dissidence naturelle, presque maladive, le poussait à voir l’absurdité du monde dans la banalité de comportements anodins. Sa légende noire aura été sa meilleure publicité pour durer dans le temps. Il reste le plus extrémiste des dessinateurs qui a réussi à ne pas se parjurer dans la vulgarité ou la provocation facile. Il aura été très loin dans l’humour à froid. Cet admirateur de Pierre Etaix et de Samuel Beckett, qui avait pour ami Bosc, réapparait donc régulièrement dans les rayons des librairies. Je me souviens d’avoir fait sa connaissance en 1995 avec le recueil Chaval inconnu déjà publié par Le Cherche Midi. L’éditeur continue cet automne son travail d’exploration en faisant paraître La vie selon Chaval, une sélection de dessins choisis par Philippe Geluck, l’un de ses plus grands fans. « Il traite des gens ordinaires et des sujets de tous les jours, mais dans une résolution qui agace ou subjugue. Cela ne ressemble à rien de ce qui existe, tant par les idées que par leur réalisation formelle » avertit le créateur du chat dans sa préface.  « Le public s’est-il rendu compte de l’immensité de ce qu’il apportait ? Je ne le pense pas » regrette le dessinateur belge. Chaval qui excellait dans le muet et était ravageur dans la phrase courte, ne risque pas de tomber dans l’anonymat. Car son absence de message est bien la seule chose compréhensible et audible dans notre société actuelle.

La vie selon Chaval – Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck – Le Cherche Midi

La Vie selon Chaval - Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck

Price: 16,50 €

10 used & new available from 9,18 €

Les tribulations méditerranéennes de Josiane Sberro-Hania

0

L’École de l’exil, de Josiane Sberro-Hania, apporte avec émotion sa pierre à la construction de l’histoire ignorée des Juifs en pays arabes


 « Le pépiement assourdissant des moineaux dans les arbres, et nous dans la rue. Nous les enfants. Aussi loin qu’il m’en souvienne, Gabès représente pour moi un inoubliable terrain de jeux. Le centre de la ville est en notre possession totale. Hormis l’heure de la sacro-sainte sieste où les voix elles-mêmes se font murmure pour ne pas réveiller l’ire paternelle. » (p.15) C’est le temps de l’insouciance : « « J’ignorais alors, que le statut social ou la notoriété, évitaient à un enfant juif, l’infamie de l’école juive. » (p.51) « Il me reste de Sousse, la nostalgie du collège, de ses blouses grises, de l’étude et de l’amitié. Mais Sousse est avant toute chose, l’univers de la mer. » (p.57)

Un récit éclairant

Le livre de Josiane Sberro-Hania c’est d’abord un récit haletant et passionné qui se lit comme un roman, avec toutes ces images, ces couleurs, ces odeurs, ces sons, et ce débordement de sentiments contradictoires. Dès les premières pages, on est plongés dans cette Tunisie du protectorat français des années 30 et c’est Josiane enfant, vive et sensible qui nous prend par la main. Puis le temps passe et très vite l’Histoire s’impose avec la profondeur du passé et les perspectives incertaines de l’avenir. L’École de l’exil permet en effet plusieurs niveaux de lecture.

Le livre de Josiane Sberro-Hania, s’il nous parle d’une « école » bien singulière, et de toutes ces écoles où elle a tant appris et enseigné aussi, ne nous fait pas la leçon ni ne prétend analyser de façon péremptoire les racines du conflit israélo-arabe. Pourtant, il nous éclaire. Comme le dit Georges Bensoussan, si « les commencements et les origines ne dessinent pas un destin », ils n’en tracent pas moins « les linéaments d’un terreau culturel fait des événements du quotidien les plus ordinaires, les plus véniels, les plus grossiers et les plus anodins. Des faits minuscules qui nous parlent davantage que les discours savants, qui disent la vérité d’un monde et d’un temps.[1] » Josiane Sberro-Hania, à travers le récit personnel, sensible et exaltant, de ses « tribulations méditerranéennes », apporte ainsi sa pierre à la construction de l’histoire ignorée des Juifs en pays arabes.

Israël, une épopée humaine

Et on comprend, mieux, on ressent, ce qu’Israël représente pour tous les Juifs, ceux d’Europe comme ceux de Méditerranée. « Ce jour de 1947 inoubliable pour moi, dans le salon aux volets clos. C’était un vendredi. (…) Les grands-mères qui avaient connu l’une le pogrom de Tripoli l’autre le pogrom de Gabès sanglotaient sans retenue ». (pp.48-49) Les années 50 annoncent alors une toute nouvelle époque : « Nous allions vivre au kibboutz en Israël, l’aventure idéale et rêvée, de la vie collective des années cinquante, dans ce pays tout neuf. Inoubliable épopée humaine ! Un lieu qui m’a définitivement formée à la vie. » (p.97)

A lire aussi, Michael Shurkin: «Face au Sud global, il faut que l’Occident serre les rangs!»

« Pour la conscience postcoloniale qui fait du monde arabo-musulman la figure de l’opprimé, il est difficile de concevoir qu’autour de la Méditerranée, bien avant l’arrivée des Européens, ce monde avait été synonyme de servitude et d’esclavage pour des millions d’hommes et de femmes. » (Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes) En Europe, on ignore aussi souvent la force du sionisme historique au Maghreb et au Moyen-Orient. Car ce n’est pas seulement parce qu’ils ont été chassés des pays arabes (expulsés ou forcés violemment et sournoisement à quitter leur terre et leur maison en y abandonnant tous leurs biens et les sépultures de leurs aïeux) que ces Juifs-là ont rejoint Israël, mais aussi poussés par ce même enthousiasme idéaliste qui avait conduit les premiers Ashkénazes en Palestine. Cette exaltante aventure de l’aliyah, de la fuite clandestine de Tunisie jusqu’au kibboutz socialiste de Negba, sur cette terre aride et pourtant si douce du jeune État juif, en passant par la préparation à la traversée et à la vie spartiate des champs, Josiane Sberro-Hania nous la fait vivre avec toutes ses découvertes, ses amours et ses rires, mais aussi ses peurs et ses déchirements.

Nouvelles peurs

Elle n’édulcore pas l’antijudaïsme et « le processus de domination (la dhimmitude) qui a marqué des générations de Juifs d’Orient » car elle ne donne pas dans « la folklorisation » qui réduit le monde à des coutumes. Mais si elle ne souscrit pas à la « mythification » d’un passé imaginaire projetant une harmonie idyllique entre Juifs et musulmans, elle qui connaît toutes les nuances de la cohabitation, elle refuse également de croire que l’antagonisme serait insurmontable. Revenue en France, elle n’aura de cesse avec son mari Raoul Sberro, de travailler à l’ouverture d’esprit et à l’intégration des enfants d’immigrés. Déployant une énergie incroyable et un courage de tous les instants, Josiane veut transmettre ce que la France lui a donné, tout autant que la culture juive et l’esprit de tolérance. Car pour Josiane, c’est un tout. « Avec des enseignants comme Duvignaud, Jankélévitch, Marientras, nous étions marqués au fer rouge de la soif de comprendre, de connaitre. Nous sortions de leurs cours, saisis de la vibration de leur émotion. Tels des fruits brusquement mûris par une canicule inattendue, débordants d’une sève épaisse, prête à se déverser. » (p.161)

Notre contributrice Renée Fregosi avec Josiane Sberro-Hania, Paris.

C’est ainsi qu’avec la même force et la même émotion elle élargit son horizon méditerranéen à la Grèce, de la triste période de la dictature des Colonels à l’époque actuelle, de l’Ami Niko, ce Zorba le Grec si émouvant lui aussi, aux jeunes Juifs refondant une communauté à Salonique. « Salonique reste pour moi, l’exemple même de l’amour de la vie insufflé à ces enfants de déportés dont les parents hurlent avant de disparaître : « Va-t’en », « Cours sans te retourner », « Existe ! »  Cette foule d’enfants martyrs n’a laissé aucune place à la détestation, à l’humiliation destructrice transmise de pères en fils dans d’autres sociétés. » (p.218) Émotion, joie, espoir, empathie.

Mais bien sûr aujourd’hui, la tristesse, l’angoisse et la colère nous saisissent également après avoir refermé le livre. Pas seulement à cause de la nostalgie ou des regrets des occasions manquées. Le massacre et les crimes contre l’humanité perpétrés sur le sol israélien, dans des kibboutzim de gauche notamment, par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre, comme l’aveuglement persistant de l’Occident ou pire sa lâcheté, nous font une fois encore redouter l’anéantissement d’Israël. Cette crainte fait écho à celle de Josiane face à « l’exode des enfants juifs, boutés de l’Éducation nationale par la violence des cours de récréation sans avoir jamais suscité, la moindre levée de colère ou de bouclier pour les protéger. Faudra-t-il encore s’exiler pour les mettre à l’abri ? » (p.239) Et puis, nous serrons le livre entre nos mains et nous retrouvons la flamme qui anime Josiane : oui, Israël vivra !

Josiane Sberro-Hania, L’École de l’exil. Tribulations méditerranéennes, Éditions Balland 2023

L'école de l'exil. Tribulations méditerranéennes: Tribulations méditerranéennes

Price: 19,00 €

16 used & new available from 3,04 €


[1] Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes, Éditions Tallandier 2021

De Faurisson à Mélenchon, la vérité si je mens!

Le 7 octobre, le Hamas s’est livré à une bacchanale nazie version islamiste. Mais après ce crime contre l’humanité, on n’a pas vu l’humanité unie se dresser contre les meurtriers. Tandis que de nombreux pays du Sud se sentent solidaires de l’internationale Djihadiste qui, du Hamas à Arras, met sous tension les sociétés ouvertes, en France, la gauche antisioniste de Mélenchon se déshonore par sa complaisance cynique envers l’islamisme. Elle nourrit le négationnisme d’atmosphère qui sévit dans nos quartiers islamisés.


Je ne sais pas s’il y aura un avant et un après 7 octobre – et si c’est le cas, il est possible que l’après soit pire qu’avant. Rien ne sera plus comme avant, on a donné. Souvent. Après le 11-Septembre. Après Merah. Après Charlie. Après le Bataclan et en tant d’autres sinistres occasions. Et puis, une fois les bougies consumées et les fleurs fanées, nous revenons à nos problèmes de retraites et de punaises de lit. Les sociétés humaines ont l’estomac bien accroché. Heureusement d’ailleurs. On a fait de la poésie après Auschwitz, on continue à vivre après l’ordalie sanglante du Hamas.

« J’ai tué dix juifs, j’ai leur sang sur les mains ! Maman, ton fils est un héros. »

N’empêche, ces âmes broyées, ces corps suppliciés, ces joyeux dîners de shabbat qui ont basculé dans un enfer indescriptible, cette rave party devenue un cimetière à ciel ouvert nous hanteront longtemps, à jamais serait-on tenté de dire si on ne connaissait pas la salutaire capacité d’oubli des humains.
Certains ont tenu à voir de leurs yeux – en fouinant un peu sur le web, on trouve aisément, semble-t-il, les vidéos réalisées par les tueurs-pilleurs du Hamas et diffusées comme autant d’exploits – jusqu’à ce que leurs chefs réalisent peut-être que tout ça faisait de la mauvaise publicité.

Beaucoup ont choisi de s’épargner ces images, par peur de profaner ou peut-être de ne plus pouvoir penser. Les récits de ceux qui ont vu et qui peinent à trouver les mots – secouristes, soldats, journalistes…– ne sont pas moins suffocants. Enfants torturés devant leurs parents. Parents assassinés devant leurs enfants. Corps mutilés. Femmes éventrées et violées. Une orgie de haine anti-juive, résumée par un membre de la Zaka, le service religieux qui s’emploie à restaurer l’intégrité des corps : « Le Hamas voulait transformer nos noms en chiffres. J’essaie de transformer les chiffres en noms. » Dans un enregistrement diffusé par l’armée, on entend un terroriste qui appelle sa famille avec le téléphone d’une femme qu’il vient de tuer. Sa voix monte dans les aigus sous l’effet de l’exaltation : « J’ai tué dix juifs, j’ai leur sang sur les mains ! Maman, ton fils est un héros. » Et ses parents de le féliciter : « Tue-les tous ! »

À force de la voir convoquée tous les quatre matins, l’hypothèse Hitler avait perdu toute substance. Mais cette fois, ça y ressemble trop pour qu’on n’y pense pas. On a assisté à une bacchanale nazie version islamiste. Ainsi, derrière les soudards entraînés pour ça, des hommes ordinaires, des paysans du coin qui, la veille, devaient boire le café avec leurs victimes, se sont joints et ont profité de l’occasion pour s’emparer d’un butin. Comme l’a observé Guillaume Erner, Marx s’est trompé. L’histoire se répète. Mais pas en farce.

Le souvenir du négationnisme de la Shoah et des dégâts qu’il a faits dans le monde arabe – où on prête aux Juifs une puissance suffisante pour avoir fait avaler ce bobard au monde entier – a peut-être pesé sur la décision de Tsahal d’inviter la presse internationale à visionner l’horreur, captée notamment par la vidéosurveillance des kibboutz martyrs. Dans l’émission de Frédéric Taddéï sur CNews, on avait entendu une certaine Laetitia Bucaille, payée par nos impôts, s’exclamer : « Je ne dis pas qu’ils n’ont pas existé, ces bébés éventrés, mais je ne les ai pas vus. » Ce combat est largement perdu : on aura beau lui montrer des images irréfutables, une partie de la rue musulmane, de Saint-Denis à Tunis, restera convaincue que c’est un coup des juifs. C’est peut-être l’aspect le plus inédit de la situation. Alors que nous sommes submergés par un flot constant d’images et de paroles, la question de la vérité devient subalterne. Chacun choisit la sienne, en fonction de ses marottes idéologiques – encouragées par des algorithmes. Sur ce front, on a assisté à une véritable faillite des médias occidentaux qui ont presque tous repris sans discussion un bidonnage du Hamas accusant Israël d’avoir tué 500 personnes dans un hôpital. Quelques jours plus tard, Le Monde se fend d’un texte d’excuses controuvé : « Les investigations sur l’origine de ce drame continuent, mais ces éléments concordants nous conduisent aujourd’hui à considérer que nous avons manqué de prudence, le 17 octobre, en reprenant les informations sur cette explosion en provenance du Hamas », écrit la direction de la rédaction, avant de préciser que les journalistes n’avaient pas accès au sud d’Israël. Si notre quotidien de référence a pris pour argent comptant les informations du Hamas, c’est à cause de l’armée israélienne. On suppose qu’à Gaza, ses reporters travaillent en toute liberté. 

Révisionnisme soft

Dans une partie de la gauche française, un révisionnisme soft se déploie. Même Aymeric Caron admet que le Hamas s’est rendu coupable de crimes ignobles, mais pour tracer immédiatement un signe d’égalité entre ces crimes et ceux de l’armée israélienne. Et plus les jours passeront, plus les civils souffriront et mourront, plus cette cécité se répandra. Or, si toutes les vies se valent, toutes les morts ne s’équivalent pas. Les civils palestiniens ne sont pas la cible des bombardements israéliens. Israël, dit-on, peut se défendre dans le cadre du droit humanitaire. Mais personne n’a le mode d’emploi, alors que l’ennemi n’est pas une armée mais un mouvement terroriste qui, précisément, se fond dans la population.

Dans ce chaos, les appels à remettre sur les rails la solution à deux États sont purement incantatoires. Sur le papier, elle semble d’une logique imparable. Mais combien de temps faudra-t-il pour faire émerger en Palestine une génération qui n’ait pas été droguée à la haine des juifs ? Après 1945, l’occupation de l’Allemagne a permis de laisser passer une génération – la « dénazification » a largement consisté à mettre les nazis à la fenêtre. On ne voit pas quelle puissance serait à même de mener à bien cette entreprise de rééducation collective. Au passage, on peut se demander si l’élévation de leur destin au rang de cause emblématique des gauches européennes a vraiment aidé les Palestiniens.

Ce n’est pas la première fois que la promesse européenne de 1945 – Plus jamais ça ! – est ainsi piétinée à grande échelle, les Cambodgiens, Tutsis et « Hutus modérés » rwandais, et d’autres groupes massacrés à bas bruit, peuvent en témoigner. Mais le Cambodge, l’Afrique subsaharienne, c’est loin. On me dira que la Palestine aussi. Justement non. Presque chaque Européen a une opinion sur le conflit, signe que, dans les imaginaires collectifs, c’est la porte à côté. D’abord parce qu’Israël est un enfant de l’Europe, ensuite parce c’est une tentative baroque pour créer un Occident oriental ou, comme le montre Pierre Vermeren (pages 46-48), une société multiculturelle dans une aire rétive à l’altérité. Ce que les djihadistes veulent effacer, c’est à la fois un État juif et un État démocratique (aussi imparfaitement soit-il l’un et l’autre…).

Qu’on ne s’y trompe pas. La société ouverte qu’ils vomissent là-bas, leurs semblables la détestent ici, pas seulement parce qu’elle les oblige à voir, sans les avoir, des filles court vêtues, mais aussi parce qu’elle affaiblit le pouvoir du groupe et de ses chefs sur les individus, particulièrement sur les femmes. On tient moins facilement ses filles en France qu’en Algérie ou en Anatolie. Du moins, c’était vrai jusqu’à ce que la France se transforme en société multiculturelle où chacun vit selon ses normes et ses mœurs.

Quelques jours après l’attaque du Hamas contre Israël, Dominique Bernard, un professeur de français était assassiné à Arras. Peu importe que Mohammed Mogouchkov ait ou non entendu l’appel du chef du Hamas à faire de ce vendredi 13 octobre un jour de colère, c’est bien la même idéologie qui a frappé à KfarAza, Arras et Bruxelles, comme elle avait frappé à Paris, Nice, Madrid, Londres, New York et Washington. S’agit-il d’un conflit de civilisation voire, comme le pense Boualem Sansal, d’une « guerre sainte qui se poursuit depuis l’avènement de l’islam, sur tous les plans et tous les fronts, qui ici œuvre à la destruction des Juifs et d’Israël, là en plusieurs endroits du Moyen-Orient à la destruction des chrétiens, et ailleurs à l’extermination des athées, des apostats, des mécréants, des corrompus » ? On ne devrait pas sous-estimer le fait que, dans le cadre de la nouvelle guerre froide, cette internationale bénéficie de la sympathie, voire du soutien avéré de nombre de pays de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global, qui assistent avec gourmandise à la destitution de l’imperium occidental. Le Hamas a beau être coupable de crimes contre l’humanité, on ne voit pas l’humanité se dresser contre lui. On n’entendra pas les mélenchonistes scander « tout le monde déteste le Hamas ».

Emmanuel Macron rencontre Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, Ramallah, 24 octobre 2023 © AP Photo/Christophe Ena/SIPA

Au-delà des controverses sémantiques, les nations d’Occident sont clairement mises au défi par une internationale qui, contrairement à ses ancêtres révolutionnaires, ne va pas s’embourber dans les appartenances nationales. Certes, écartelé entre au moins deux têtes – sunnite et chiite –, le djihadisme n’est pas près de réaliser son unification planétaire. Mais cette rivalité n’affecte guère le djihadisme d’atmosphère dont Gilles Kepel a observé la naissance et la diffusion dans les sociétés musulmanes du monde entier par des influenceurs numériques et autres « entrepreneurs de haine » (voir l’entretien qu’il nous a accordé pages 40-45).

Du Hamas à Arras

La conclusion, c’est que le Hamas est parmi nous, dans les quartiers islamisés de cette Europe dont l’islam politique a fait sa terre de mission. Certes, il n’y a pas en Seine-Saint-Denis ou à Molenbeek des dizaines de milliers de terroristes entraînés, capables de se livrer à un pogrom de grande ampleur – on l’espère en tout cas. Mais outre le fait qu’il reste sans doute des donneurs d’ordre capables d’organiser depuis l’étranger des opérations quasi militaires, le djihad artisanal peut frapper n’importe où. Cependant, ce qui menace la cohésion de nos sociétés plus encore que cette violence aveugle mais ultra-minoritaire, c’est la sécession silencieuse de tous les djihadistes de cœur, ceux qui se réjouissent quand un kouffar tombe. Même Alain Juppé, autrefois propagandiste de l’identité heureuse, se demande – sans répondre – si l’islam est compatible avec la République. Il est d’autant plus difficile de mesurer l’ampleur de l’imprégnation islamiste que personne ne tient à savoir. Les mêmes qui déplorent le lundi une épidémie d’abayas dans certains établissements décréteront le mardi qu’il s’agit d’une toute petite minorité et que l’écrasante majorité de nos concitoyens musulmans ne mange pas de ce pain-là. Peut-être. La plupart redoutent assez d’être désignés comme traîtres à leur identité pour se taire. Et ce sont des juifs qui cachent leur mézouzah.

Si l’offensive djihadiste vise toutes les nations occidentales, l’idée, sortie du chapeau d’Emmanuel Macron, selon laquelle elle pourrait être combattue par une vaste coalition est pour le moins farfelue. La France et l’Europe sont attaquées, mais elles ne sont pas en guerre. L’urgence, pour nous, est de mener le combat idéologique. Contre les islamistes et peut-être plus encore contre leurs alliés insoumis et extrême gauchistes. Beaucoup, comme votre servante, pensaient que Mélenchon et sa clique islamo-gauchiste s’étaient définitivement déconsidérés en refusant de qualifier l’attaque du 7 octobre de terroriste. Les premiers sondages réalisés depuis laissent penser qu’il n’en est rien et que leur calcul infect pourrait s’avérer gagnant, en solidifiant le vote musulman en leur faveur sans décourager l’électeur bobo qui joue à la résistance en criant « tout le monde déteste la police ». Il faut croire que, pour ces insoumis décomplexés, l’antisémitisme et l’islamisme sont des points de détail de l’histoire qui s’écrit.

Quand le vieux sage de la droite néerlandaise se fait plumer par une ancienne islamiste

0

Pays-Bas. C’est la belle histoire de la semaine. Vieux sage de la droite néerlandaise, M. Frits Bolkestein aurait été victime d’une arnaque commise par l’ex-terroriste islamiste qu’il avait prise sous son aile.


Confirmée par sa famille, la nouvelle a de quoi secouer la ronronnante campagne pour les élections législatives qui se tiendront le 22 novembre. L’hebdomadaire HP/DeTijd a affirmé, lundi 30 octobre1, que l’ex-terroriste Soumaya Sahla, repentie après avoir purgé une peine de prison, est soupçonnée d’avoir soutiré quelque 100 000 euros à M. Bolkestein, homme de 90 ans dans un état grabataire. Son neveu, Martijn, accuse la Néerlando-marocaine d’abus de confiance. Entre 2018 et 2021, son oncle aurait payé loyers, études universitaires, voyages et « argent de poche » de la jeune femme.

Des quelques 100 000 euros qu’elle aurait subtilisés, selon Martijn Bolkestein, 20 000 euros auraient été directement retirés dans des distributeurs avec la carte bancaire du vieux monsieur, lequel, gravement malade, ne sortait pourtant guère de chez lui selon le neveu.

Exclusion du parti et réactions de l’opposition

M. Bolkestein est ancien député du parti libéral conservateur VVD, parti au sein duquel Mme Sahla faisait figure d’experte en… « terrorisme et déradicalisation ». Après les révélations de HP/De Tijd, le VVD du Premier ministre démissionnaire Mark Rutte l’a immédiatement exclue. Le président du parti juge tout à fait crédible les accusations de « subtilisation de sommes d’argent considérables appartenant à notre membre d’honneur dans une période où il se trouvait dans un état vulnérable ».

Fonda Sahla. D.R.

Le parti aurait dû la radier depuis longtemps, a persiflé M. Geert Wilders, député de droite ! Ce dernier fut un temps menacé de mort par le groupe terroriste dissous auquel appartenait Mme Sahla, le Hofstadgroep. Et M. Wilders avait déjà manifesté par le passé son mécontentement de croiser dans les couloirs du parlement Soumaya Sahla accompagnée de sa sœur Fonda, strictement voilée et députée du parti de centre-gauche D66.

De la prison à la politique

En 2005, Soumaya Sahla fut condamnée à trois ans de prison ferme pour détention illégale d’armes et appartenance à une organisation terroriste islamiste. Un de ses membres, Mohammed Bouyeri, avait été condamné à la perpétuité pour l’assassinat de Theo van Gogh en 2004. Le mari de Mme Sahla, née en 1983 à La Haye dans une famille marocaine, faisait partie lui-aussi de la bande. Peu avant son arrestation, la police l’avait mise sur écoute et avait découvert qu’elle pressait une autre de ses sœurs de lui fournir les adresses de certains politiciens de droite, dont M. Wilders… À son procès, Mme Sahla affirmait avoir voulu les persuader pacifiquement à se convertir à l’islam. En 2008, après avoir purgé sa peine, et ayant abjuré le terrorisme en prison, elle entama des études de politicologie et devint membre du VVD. Elle s’y frotta aux huiles du parti, dont M. Bolkestein qui, informé de son passé, mit un point d’honneur à l’aider à se refaire une vie rangée – comme conseillère dans un domaine où elle avait été aux premières loges.

A lire aussi: Ahed Tamimi: la haine dévoilée

Ce qui fit froncer bien des sourcils au sein du parti, où, cependant, on ne refusait rien à M. Bolkestein. Ce dernier doit son statut inébranlable de sage non pas à ses carrières parlementaires, ministérielles ou comme commissaire européen (1999-2004), mais à son rôle d’intellectuel courageux à une époque où les intellos étaient tous censés être de gauche. Pendant les années 1990, M. Bolkestein battait en brèche ce monopole, fustigeant le laxisme de la société hollandaise en matière d’immigration et la société multiculturelle adulée par la gauche mais vomie du peuple. M. Bolkestein, universitaire surdiplômé, exigea vainement pendant des années des excuses aux « cocollabos » ayant défendu des régimes communistes, en Europe et ailleurs.

Après s’être retiré de la politique active, M. Bolkestein resta la vedette incontestée des meetings de son parti, jusqu’à ce que sa santé de plus en plus fragile ne l’oblige à s’effacer. Le grand âge avait-il entamé ses capacités intellectuelles ? Des critiques au sein du parti osent timidement le suggérer, apportant comme ‘preuve’ les photos où M. Bolkestein pose, avec un sourire béat, à côté de l’islamiste reconvertie en politique. Elle lève les yeux vers celui qu’elle décrit comme son ‘mentor’, et qui la considérerait comme ‘sa fille’.

Chic, encore un procès !

Mme Sahla nie en bloc les accusations et a porté plainte contre Martijn Bolkestein pour diffamation. Elle maintient que M. Bolkestein s’était porté garant pour ses besoins financiers de son plein gré pendant qu’elle préparait sa soutenance de thèse universitaire. L’un de ses professeurs, M. Andreas Kinneging, connu pour avoir menacé de passer à tabac un journaliste, et accusé par des étudiants de harcèlement et d’intimidation, la soutient. Il accuse HP/De Tijd de pratiquer un journalisme de caniveau. Et témoigne que pendant la période où la prétendue extraction de fonds avait lieu, son ami M. Bolkestein s’était en connaissance de cause porté garant pour les besoins financiers de sa protégée.

Le VVD, très embarrassé, n’a pas permis à Mme Sahla de se défendre et l’a donc expulsée sur le champ, content sans doute de s’être débarrassé d’une personne dont la présence nuisait à l’image d’un parti qui, en période électorale, aime à se présenter plus à droite qu’il n’est véritablement. La concurrence de M. Wilders, qui se vante d’avoir enfin eu la tête de Mme Sahla, est sans pitié.

  1. https://www.hpdetijd.nl/2023-10-30/het-wonderbaarlijke-verhaal-van-ex-terroriste-soumaya-sahla-steeds-een-handdruk-verwijderd-van-de-macht/ ↩︎

Le silence des musulmans

L’anthropologue Fadila Maaroufi déplore l’ambiguïté d’une grande partie de la population arabo-musulmane de France. Elle l’explique par l’islamisme d’atmosphère dans lequel beaucoup vivent.


Militante contre les fondamentalismes, Fadila Maaroufi anime le Café laïque qui organise des conférences à Bruxelles et à Paris.

Causeur. Comment réagit la jeunesse musulmane en Europe face au pogrom en Israël ?

Fadila Maaroufi. La jeunesse musulmane, cible principale des Frères musulmans, a été abreuvée d’une propagande haineuse contre les juifs, qui rencontre une culture arabo-musulmane déjà marquée par l’antisémitisme. Au sein des familles, entre musulmans, on ne parle pas d’Israël ou du gouvernement israélien, mais des juifs. D’ailleurs,« juif » est une insulte parfaitement assumée quand on est entre musulmans.

A lire aussi : Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

Ce qu’a fait le Hamas renvoie au nazisme. Face à des crimes contre l’humanité, le silence d’une grande partie de la population arabo-musulmane est pesant. On n’entend pas la Grande Mosquée de Paris, par exemple. Quand cette population s’exprime, c’est pour se rassembler dans des manifestations pro palestiniennes où on scande « Israël assassin ! » et même « Allahou Akbar ! », mot d’ordre des terroristes qui ont massacré des civils et tué des enfants.

Pourquoi l’indignation n’est-elle pas unanime ?

L’Europe tombe comme d’habitude dans le piège de la victimisation des assassins. Une partie de la classe politique est ambiguë, voire préfère faire le procès d’Israël que celui du Hamas. Cela n’aide pas des populations travaillées par les militants de l’islam politique à ouvrir les yeux. De surcroît, dès qu’un crime atroce est commis par un islamiste, une histoire d’agression de musulman ou de femme voilée est mise sur les réseaux sociaux. Ainsi, suite à l’attentat qui a coûté la vie à deux Suédois à Bruxelles, une militante pro-voile a tweeté sur une invérifiable tentative de meurtre d’une voilée. Cette communication vise à couper la communauté musulmane de l’émotion collective nationale pour la recentrer sur le sentiment de persécution qu’exploitent les islamistes.

A lire aussi : Où sont les «Je suis Shani»?

La population arabo-musulmane en Europe craint-elle de subir des représailles ou d’être assimilée aux militants du Hamas ?

En tout cas, ces inquiétudes ne se traduisent pas dans les faits. En France, c’est même le contraire : les musulmans sont les plus épargnés par les actes. En revanche, on a assisté à une explosion des actes antisémites juste après le massacre des juifs. Beaucoup de jeunes arabo-musulmans ont été imbibés par une propagande atroce sur la façon dont les juifs ou l’Occident traitent prétendument les musulmans. Même en Europe, ils vivent au rythme de TikTok, des chaînes moyen-orientales, de médias comme AJ+ destinée aux jeunes musulmans d’Occident, bref dans un écosystème islamiste qui cautionne le djihad. Ce djihadisme n’est pas d’atmosphère, il est très concret (coups de couteau, attentats, menaces…). Pour les jeunes, le Hamas et la Palestine sont des références incontournables.

Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

0

Chez nos voisins du nord, on aime aussi beaucoup comparer les juifs aux nazis, comme un certain comique de chez nous.


La gauche belge, qui n’échappe pas plus à l’antisémitisme que l’ensemble de la gauche européenne, ne se cache plus. Lors de l’attaque du Hamas, apte, par sa férocité, sa cruauté et sa bestialité, à révulser tout être humain, elle a voulu « contextualiser » les faits quand il ne s’agissait pas, purement et simplement, de renvoyer dos-à-dos agresseur et agressé. Certains voient dans cet antisémitisme le prix à payer à leur nouvel électorat, d’autres rappellent que la gauche, dans ses textes fondateurs, est ontologiquement antisémite. N’oublions pas que le capital est, comme chacun sait, entre les doigts – crochus – des Juifs en général et d’Israël en particulier !

Mais cet antisémitisme socialiste assumé a fini par faire revenir dans nos mémoires la seconde moitié des années trente allemandes. Les reductio ad Hitlerum sont le plus souvent sans objet et même franchement casse-pieds, mais force est reconnaître qu’en ce cas, il y avait un cousinage des plus malsains.

Inversions accusatoires

Dans ce cas, il existe pour se défendre une technique éprouvée : l’accusation inversée. Pour ceux qui ne connaîtraient cette étonnante stratégie, voici un bref explicatif. Vous cognez régulièrement votre femme et vous sentez une réelle désapprobation poindre dans votre entourage. Vous ne faites ni une, ni deux, vous accusez votre épouse d’être violente. Sur un malentendu, ça peut marcher, comme disaient les Bronzés.

A lire aussi, Nicolas de Pape: Massacres en Israël: la gauche française vous agace? Attendez d’entendre la gauche belge…

Deux leaders socialistes belges ont donc pensé qu’ils tenaient là la tactique idoine pour se dédouaner. Leur antisémitisme, rebaptisé antisionisme, évoque pour beaucoup une parenté avec le nazisme ? N’hésitons plus et accusons sans vergogne les Israéliens de nazisme !

Et il ne s’agit pas de troisièmes couteaux du Parti Socialiste ! Tout d’abord, André Flahaut, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Chambre, a jugé judicieux de tweeter que « Gaza aujourd’hui, c’est Varsovie hier », faisant référence au tristement célèbre ghetto de Varsovie, où des dizaines de milliers de Juifs arrêtés furent envoyés à Treblinka. Pour la petite histoire, l’actuelle présidente de la Chambre, Éliane Tillieux, socialiste elle aussi, a “aimé” la publication d’André Flahaut, puis s’est rétractée.

André Flahaut n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il adore comparer Israël au IIIème Reich, c’est son grand passe-temps. En 2008 déjà, lors d’une manifestation pro palestinienne, il avait établi une comparaison entre la politique d’Israël et le nazisme et fut d’ailleurs condamné pour cela à la suite d’une plainte du CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique).

A lire aussi, Ivan Rioufol: Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

Le deuxième larron à tenter l’accusation inversée pour se dédouaner de sa puante compassion pour les terroristes gazaouis est Jean-Pascal Labille, ancien ministre fédéral. Le PS l’a recasé comme secrétaire général de Solidaris, la puissante mutualité socialiste. Et donc ce distingué Secrétaire général a posté sur les réseaux sociaux un visuel assez explicite où l’enclave palestinienne, dégoulinante de sang est mitraillée par Tsahal sous le regard bienveillant de l’UE et des États-Unis. Sur les murs de cette enclave est dessinée l’étoile de David mélangée à une croix gammée. Jean-Pascal Labille s’est depuis excusé parce qu’on l’avait mal compris. Ce qui est assez curieux, d’ailleurs. Moi, quand on me comprend mal, je ne m’excuse pas, je répète.

Aphrodisiaque

Et puisqu’à l’instar des LFI, les socialistes belges souhaitent à toute force établir des comparaisons avec l’Allemagne nazie, je leur proposerais plutôt de visionner les images de l’aéroport du Daguestan où des hordes de musulmans, ayant appris l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, se sont livrés à une chasse aux Juifs qui rappelle avec insistance les rafles chères aux Nazis et les pogroms qui suivirent.

Mais les socialistes partagent avec nos invités du désert une haine irrationnelle contre Israël, que beaucoup d’entre eux seraient incapables de situer sur une carte. Après tout, Hassan II n’affirmait-il pas que « le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque des pays arabes » ? Si ça se trouve, nos socialos ramollis ont simplement envie de bander !

Israël et la Palestine: deux États…

Une solution, vraiment?


Depuis 1993, la « bien-pensance » qui psalmodie l’antienne politiquement correcte de la solution dite « à deux États » est, de mon point de vue, dans le déni des réalités. N’osant pas dire les choses qui fâchent telles qu’elles sont, ses partisans les projettent telles qu’ils voudraient qu’elles fussent.

Le premier constat que je fais, c’est que le « peuple palestinien » n’a jamais existé à proprement parler.

Le généticien Michael Hammer de l’Université de l’Arizona a découvert que le chromosome Y des Arabes du Moyen-Orient est quasiment « impossible à distinguer de celui des Juifs ». L’équipe de la généticienne Ariella Oppenheim de l’Université de Jérusalem a entrepris une étude complémentaire à la précédente en se focalisant sur des Juifs ashkénazes et séfarades versus des Arabes israéliens et palestiniens ; la conclusion est que ces hommes ont « des ancêtres communs au cours des derniers milliers d’années ». Ces résultats correspondent aux récits historiques selon lesquels certains Arabes musulmans descendent de chrétiens et de juifs qui vivaient dans le sud du Levant, une région qui comprend Israël et le Sinaï. Ils seraient les descendants d’un noyau de population vivant dans la région depuis la préhistoire. Encore au début du XXème siècle, les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique, sont qualifiés de « Palestiniens ».

A lire aussi, Ivan Rioufol: Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

À titre anecdotique, j’ai dans mon ADN autant de gènes asiatiques de l’ouest, caucasiens et turcs, que de gènes juifs misrahi irakiens et israéliens… Alors que je suis née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge !

Le deuxième problème, à mes yeux, c’est que le sentiment d’appartenance nationale n’existe que s’il est représenté par une histoire qui le structure et par des dirigeants qui le personnifient ; s’il reste une abstraction sémantique, il ne peut y avoir de vrai appartenance patriotique au-delà de l’exaltation du moment.

Or, qui « est » aujourd’hui « le peuple palestinien » ?

Objectivement, « le peuple palestinien » est une projection romantique du ressenti identitaire de ce que l’on appelle la « rue arabe » au Moyen-Orient, du lexique humanitaire des ONG… et de la propagande islamo-gauchiste verte et rouge du 9 cube dont la plupart des habitants n’ont jamais mis les pieds en « Palestine » !

Après la mort de Yasser Arafat, les positions molles et ambiguës de Mahmoud Abbas l’ont totalement démonétisé, lui et son parti, le Fatah. Aucun leader politique charismatique ne s’étant imposé, ce sont les religieux qui ont pris la main et en l’occurrence les terroristes islamistes de la branche armée du Hamas.

Qu’en vingt ans, pas un seul Palestinien dans le monde ne soit rentré au bercail pour incarner la « nation palestinienne » peut interroger… Alors même que la diaspora est riche de plusieurs millions de cerveaux brillants, de la Jordanie au Chili, en passant par la Syrie et le Liban ; sans oublier Londres, New-York et les principales places financières du monde, où l’on retrouve des « Palestiniens » dans les conseils d’administration de la plupart des multinationales ! À l’évidence, cette élite intellectuelle et économique, idéologiquement acquise à la création d’un État palestinien, a fait, depuis bien longtemps, sa vie et sa réussite sur les quatre continents. Et aucun de ces Palestiniens ne semble avoir eu la vocation d’incarner le Petit Père de la Nation palestinienne !

A lire aussi: Causeur: Octobre noir. Du Hamas à Arras, l’internationale de la barbarie

Un dernier point qui me semble important à considérer, et qui n’est guère évoqué : l’État Palestine, ainsi créé, compterait aujourd’hui un peu plus de 5 millions d’habitants. L’un des plus petits pays du monde, dont les ressources, l’IDH (Indice de Développement Humain), le PIB national et le revenu par habitant n’auront rien à voir avec la situation économique de l’État d’Israël, son voisin, avec lequel il devra partager, entre autres, Jérusalem et le shekel…

Car, si la bien-pensance humaniste et progressiste accuse les Israéliens d’être les vils « colonisateurs » des Palestiniens et considère ces derniers comme des « résistants », cette même bien-pensance oublie que les juifs ont été les premiers « colons » sur la terre d’Israël. Que s’il existe un écart économique abyssal entre Israël et ses voisins « palestiniens », c’est grâce au travail titanesque accompli en 75 ans par les juifs pour faire de leur pays ce qu’il est aujourd’hui.

Alors, avant de ressortir du chapeau une fois de plus la solution miracle des deux États, on devrait se poser la question : s’il n’y a pas un seul juif qui vit et travaille dans les territoires « palestiniens » et qu’en revanche, on compte plus de 20% d’arabo-musulmans israéliens établis en Israël ; auxquels s’ajoutent ceux qui viennent y travailler tous les jours… Ce n’est sans doute pas sans raisons.

«Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

0

Islamisme. Si Gabriel Attal a donné des consignes claires pour que les élèves ne rentrent plus dans nos établissements scolaires en abayas ou qamis, il laisse les « mamans voilées » s’afficher aux côtés des élèves lors des sorties scolaires.


Provocation, intimidation, menace et victimisation… Telle est la stratégie des islamistes et de leurs relais pour avancer leur idéologie dans la société française. Le maire de Francheville dans le Rhône est la dernière cible de cet islam politique en apparence inoffensif mais réellement conquérant. 

En effet, l’édile a refusé de se prendre en photo aux côtés d’une étudiante qui portait le voile lors d’une cérémonie de remise des prix pour les bacheliers. Cette séquence aura eu pour effet immédiat une véritable fatwa lancée sur les réseaux sociaux par une nuée d’intégristes et de fanatiques, dont le CCIE (ex CCIF), officine islamiste dissoute par le ministère de l’Intérieur en 2021 puis reconstituée. 

Être jeté en pâture pour avoir osé défendre nos principes républicains et nos valeurs, c’est ce que subissent bon nombre de professeurs, quotidiennement, au sein de leurs établissements scolaires, et même en dehors. Pour tenter de faire appliquer le principe de laïcité à l’école, la loi du 15 mars 2004 a instauré l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics. Quel est le bilan vingt ans plus tard ? Une explosion des atteintes à la laïcité (+150% sur l’année 2022), une recrudescence des revendications politico-religieuses, un débat de société sur les tenues islamiques, un professeur d’histoire-géographie décapité en 2020, un professeur de français égorgé en 2023. 

Non, l’islamisme ne recule pas. Il progresse et colonise inlassablement au rythme des reculades régulières de l’État régalien devenu peu à peu l’État régaRIEN. 

Plus de trente ans après l’affaire dite des « foulards de Creil », aucune offensive républicaine et laïque n’a été menée contre ceux qui nous haïssent et veulent remplacer nos lois et notre mode de vie. Pire, l’inaction voire le refus d’agir contre ces fossoyeurs de la République nous conduit aujourd’hui dans une impasse : l’assimilation a été abandonnée en rase campagne, l’intégration a montré l’étendue de ses échecs. Depuis des années, par lâcheté, clientélisme ou électoralisme, certains irresponsables ont même contribué à alimenter le carburant de l’islamisme et à laisser se propager cette idéologie totalitaire.

A lire aussi, Barbara Lefebvre: Creil 1989-2019: du déni à la soumission

L’école devait être un rempart infranchissable. Elle est aujourd’hui une proie facile. 

L’entrisme islamiste se combat au sein même de l’école de la République, mais doit être banni partout dans le cadre scolaire. Dès lors, comment peut-on accepter que des parents puissent manifester leur appartenance religieuse lors des sorties scolaires ? Comment tolérer que des jeunes filles portant l’uniforme islamiste puissent recevoir un prix ou un diplôme des mains du proviseur, du recteur ou du préfet ?

Récemment, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, s’est dit opposé à la lutte contre le prosélytisme religieux au « nom du droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires ». Derrière l’interdiction des abayas, le laxisme reste la marque de fabrique de ce gouvernement qui refuse d’agir concrètement préférant les coups de communication. D’autres invoquent des arguments absurdes, préférant nous expliquer que l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices signerait la fin des sorties scolaires, et ce, par manque d’accompagnateurs. Ce qu’il faut comprendre, en réalité, c’est que les femmes non-voilées dans certains quartiers français ne sont plus qu’une minorité.

Pour répondre aux défis et aux menaces de l’islamisme qui gangrène aujourd’hui l’école de la République, la législation actuelle donne libre cours à l’interprétation en ce qui concerne la neutralité religieuse relative aux activités organisées dans le cadre scolaire mais en dehors des établissements d’enseignement. Une incohérence sans nom, puisque le périmètre de la loi n’interdit pas le port de signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires, des voyages scolaires ou de tous les événements sportifs, festifs ou honorifiques en lien avec l’Éducation nationale.

Ainsi, une mère accompagnatrice peut porter son voile lorsqu’elle accompagne les élèves en sortie scolaire alors que ces dernières sont soumises à la loi du 15 mars 2004 quand elles franchissent le seuil de leur établissement. De même, une élève est en droit de se présenter vêtue d’un voile islamique ou en abaya à une cérémonie de remise des prix ou à une compétition sportive, pourtant étroitement liées à sa scolarité.

A lire aussi: Causeur #117: Octobre noir. Du Hamas à Arras, l’internationale de la barbarie

Si un certain nombre d’accompagnatrices scolaires ou d’élèves profitent inconsciemment de ces incohérences réglementaires au nom de la liberté de culte, les failles de la loi de 2004 sont aussi exploitées par les promoteurs d’un islam politique qui vise à concurrencer la République dans l’espace public et notamment à l’école. Face à ces contradictions et parce qu’il y a urgence à s’opposer au communautarisme islamiste, j’ai déposé une proposition de loi avec mes collègues députés RN qui vise à interdire le port de signes ou de tenues manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse ou politique dans les sorties et les activités organisées dans le cadre scolaire.

Le voile n’est pas un couvre-chef anodin ; il est un symbole de soumission et de régression, un étendard islamiste qui, chaque jour, gagne du terrain. L’islamisme ne s’arrête, hélas, pas aux portes de l’école. Il gangrène et tue, impunément, là où la République française se trouve. Le combattre, c’est rejeter toute compromission et condamner la complaisance. Le combattre, c’est déjà interdire ses manifestations et ses symboles partout et tout le temps.

© Pascal Fayolle/SIPA

Capitulations et traîtrises ont assez duré

0
D.R

Avec nos politiques, coupables de passivité, les mouvements « antiracistes » sont responsables de la propagation de l’islamisme. Sous couvert d’antisionisme, ces faux gentils ont permis à la haine antijuive de se faire applaudir par la gauche perdue dans ses flatteries musulmanes.


Voyez comme ils mentent : les politiques et les faiseurs d’opinion feignent de découvrir l’affreux visage du Hamas antijuif et anti occidental. En réalité, les couards n’ont jamais voulu dire la vérité sur l’islamisme conquérant qui se déchaîne contre Israël. Depuis trente ans, les « élites » aplaties trompent les Français en récitant l’ode d’une « religion de paix et de tolérance ». Mais le sabre a toujours été l’allié de la « Pax islamica ». Pour avoir supporté avec d’autres le pilonnage des empêcheurs de dire, j’ai pu mesurer la lâcheté de ceux qui dénoncent des racistes et des islamophobes chez les lanceurs d’alerte. Si Boualem Sansal ou Malika Sorel avaient seulement été entendus, la nation n’en serait pas à craindre un scénario à l’israélienne dans ses cités islamisées. « Tous collectivement, nous avons été faibles », a dit Gérard Larcher, président du Sénat, le 11 octobre sur Europe 1, en se fondant dans la masse. Mais seule la lâcheté des dirigeants hébétés a fait le lit de la« peste brune » que Gérald Darmanin dénonçait en 2018, chez les gilets jaunes déboulant des provinces. Une fois de plus, le réel explose à la figure des dénégationnistes dans une violence qui se répand. Oui, la France abrite ses sicaires djihadistes et leurs collabos. Ils rêvent de guerre et de pogroms. Trois ans après la décapitation de Samuel Paty, Dominique Bernard, professeur de français, spécialiste de René Char et de Julien Gracq, a été égorgé, le 13 octobre, aux cris d’« Allah Akbar » dans son lycée d’Arras par un ancien élève fiché S. Le pire est partout envisageable. Cependant, les responsables du désastre ne s’excuseront jamais de leurs dénis ni de leur pleutrerie. La colère des Français dupés est immense.

Les mouvements « antiracistes », qui s’étaient opposés, en 2014, à l’expulsion de la famille du meurtrier d’Arras, sont les premiers responsables de la propagation islamiste. La voici révélée dans sa démence antisémite par le Hamas tueur d’enfants, de femmes et de vieillards. SOS Racisme, la Licra, le MRAP, la Cimade, la Ligue des droits de l’homme et autres sermonnaires s’acharnent encore sur les plus lucides pour les faire taire. L’historien de la Shoah Georges Bensoussan, poursuivi naguère en justice pour avoir dénoncé la judéophobie islamique, peut en témoigner. Les faux gentils ont permis à la haine antijuive de se faire applaudir, sous le faux nez de l’antisionisme, par la gauche perdue dans ses flatteries musulmanes. Les socialistes, communistes et écologistes, qui reprochent à Jean-Luc Mélenchon ses compromissions idéologiques avec le terrorisme palestinien et ses désinformations, étaient à ses côtés en novembre 2019 pour participer, avec les islamistes du CCIF hurlant « Allah Akbar ! », à la manifestation de la honte « contre l’islamophobie ». Les Frères musulmans, qui cornaquaient la démonstration parisienne, sont les mêmes qui soutiennent le Hamas à Gaza et accusent faussement les Israéliens d’y avoir tiré sur un hôpital servant de refuge à des civils. Les belles âmes collaborationnistes, encouragées par des élus tétanisés par l’islam, ont fait le lit de la bête immonde. Elle est prête à répondre aux ordres qui pourraient enflammer la contre-société.

A lire aussi : Faqueux haineux

« Je ne parlerai jamais d’“ennemi intérieur” », avait déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian après les attentats parisiens de 2015 signés par Daech. Ce raisonnement de vaincu reste celui de la classe politique pétocharde. Elle redoute la « stigmatisation » de la communauté musulmane, dont le silence face aux horreurs islamistes devient pourtant assourdissant. Le bilan de cette capitulation a été dressé par Emmanuel Macron le 12 octobre, dans un appel à « rester unis ». En réalité, le chef de l’État sait qu’un affrontement contre une « cinquième colonne » et ses alliés est envisageable. Les ingrédients d’une possible guerre civile ont été rendus possibles par une sacralisation irréfléchie de la société ouverte et « métissée ». Du nouveau Babel devait naître le meilleur, aux dires des penseurs en chaise longue d’un irénique cosmopolitisme. La « créolisation » a produit le pire, tant il était évident que les civilisations ne sont pas faites pour se fondre dans un universalisme abstrait. Henry Kissinger a évidemment raison quand il déclare à Politico, à propos des manifestations pro-Hamas : « C’est une grave erreur de faire entrer autant de gens de culture, de religion et de concepts totalement différents car cela créé un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays. » Cela fait trente ans que ce truisme est contesté par la prosélyte religion diversitaire.

Le scandale est de voir les falsificateurs pérorer encore. Or, il ne faut rien attendre de dirigeants dressés à penser faux. Les « élites »s’indignent soudainement de découvrir que des fonds de l’Union européenne arrivent dans les caisses du Hamas, que le Qatar, financier du mouvement terroriste, bénéficie en France d’avantages exorbitants octroyés notamment par Nicolas Sarkozy, que les Frères musulmans ont pignon sur rue et que Karim Benzema serait des leurs. In extremis, l’Assemblée nationale a annulé, après l’offensive du Hamas, l’invitation faite par la députée LFI Ersilia Soudais à Mariam Abu Daqqa, militante palestinienne du FPLP, terroriste jugée expulsable. Les plus lucides du gouvernement acceptent parfois, avec prudence, d’établir un lien entre le terrorisme et l’immigration de masse. Mais c’est en Suède, théâtre d’une guerre de gangs, que le Premier ministre Ulf Kristersson a osé dire, en appelant l’armée en renfort : « C’est l’immigration irresponsable et l’échec de l’intégration qui nous ont conduits à cette situation dramatique. » Dans la débandade, le RN se pose désormais en protecteur des juifs. Toutefois, c’est aux Français d’origine française (ils sont encore trois sur quatre, selon Michel Aubouin) et à tous ceux qui les ont rejoints au fil du temps, de prendre eux-mêmes la parole, par référendums, pour rappeler à leurs dirigeants faillis que capitulations et traîtrises ont assez duré. Le 7 octobre, Israël s’est montré vulnérable. La France l’est plus encore. Il est urgent de la secourir.

À l’Ouest, du nouveau!

0
Constance Courson publie "Le corps de l'écrivain", son premier roman. D.R.

Constance Courson, qui signe son premier roman, n’est vraiment pas le genre de féministe qui passe ses journées derrière un écran de smartphone afin de déconstruire l’homme blanc occidental…


La bonne nouvelle est apportée par le vent d’ouest. Il s’agit d’un premier roman, Le Corps de l’écrivain, signé Constance Courson. Sa maison d’éditions, La part Commune, se trouve à Rennes, la région Bretagne participe à la publication de l’ouvrage, et l’histoire commence dans les rues de Rennes. C’est peu dire que la Bretagne est à l’honneur ! Même si ce road trip nerveux s’achève dans la baie du Mont Saint-Michel, c’est-à-dire administrativement en Normandie…

Pérégrinations à la Kerouac

Si la Bretagne est donc à l’honneur, la littérature ne l’est pas moins. Celle des grands stylistes, révérée par Constance Courson. D’entrée de jeu, la narratrice, un peu le double de l’auteure, place la barre très haut. Elle cite Chateaubriand, Proust, Millet, des écrivains dont la phrase est ductile et serpente souvent sur une page entière, sans dérouter le lecteur. Courson s’inspire en partie de ces écrivains, sans jamais nous perdre dans les méandres de ses phrases, ce qui est une prouesse. Mais la narratrice aime prendre des risques. La vie bourgeoise, molle et pusillanime, ne la fait pas vibrer. Sa jeunesse ressemble à une pelouse plate, jusqu’au jour où l’œuvre de Jack Kerouac frappe à sa porte et l’incite à refaire le trajet de l’écrivain américain, quand celui-ci s’était rendu à Brest en 1965, sur les traces de son ancêtre breton. La narratrice prend son sac à dos, y fourre des carnets à remplir, met des couteaux dans ses poches, car l’époque l’exige, et c’est le départ pour l’aventure. Cette impulsion est donnée par la lecture, c’est émouvant car on ne croyait plus qu’une trentenaire pût répondre à l’appel de la route, des bois et de la mer. La narratrice va coucher dans la rue, rencontrer des personnages déréglés, alcooliques, drogués, elle va leur tenir tête, ne jamais flancher sous leurs coups, résister à leurs provocations de machos décérébrés. Mais n’allez pas faire d’elle une féministe qui passe ses journées derrière un écran de smartphone afin de déconstruire l’homme blanc occidental. Les formules de Courson frappent fort. Elle ne retient pas ses uppercuts. Le récit sent la tripe, les odeurs d’urine et de pieds ; les fluides corporels abondent. Elle met sa peau sur la table, « excitée par l’alcool et l’air marin ».

À lire aussi, du même auteur: Le bal de Radiguet

Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud…

Dans sa longue marche au milieu des fougères, dans de sombres forêts de chênes désertées depuis belle lurette des fées, elle tombe sur un curieux personnage, Médéric, un ex-légionnaire, entouré de quelques potes, anciens militaires eux aussi, qui savent manier la kalachnikov. Le soldat a fait la guerre « pour de vrai », pas dans un jeu virtuel ; il a combattu en Afghanistan, connaît les horreurs commises par les deux camps. Le récit de Médéric se superpose à celui de la randonnée de la narratrice. Le roman n’en est que meilleur. L’amour rôde également, mais il est impossible. Médéric croit aimer la narratrice, mais il ne peut chasser de son esprit une très jolie jeune femme que son groupe de militaires avait capturée dix ans auparavant en Afghanistan, « où elle combattait avec une vingtaine de djihadistes dont aucun n’avait dépassé les vingt-cinq ans », une femme qui se battait avec la même violence au ventre que les hommes. Si, si, ça existe.

Constance Coulon traque, avec courage, les mensonges et les dérives de la société contemporaine. Elle enrage de constater ce qu’elle fait dire, de façon triviale, à Médéric : « la langue française est tombée au ras des pâquerettes ». Il y a une très belle description de la traversée du goulet de Brest, en bateau ballotté par le clapot, après avoir longé les imposantes falaises de la côte. Ces décors naturels fortifient le style, déjà puissant, de Constance Courson. C’est à regret qu’on referme ce premier roman qui en appelle un deuxième. Comme le large, sur les hauteurs de Brest, nous invite au voyage, parfois sans retour.

Constance Courson, Le Corps de l’écrivain, Éditions La Part Commune.

Le corps de l'écrivain

Price: 17,50 €

14 used & new available from 1,55 €

Le facteur Chaval sonne toujours deux fois

0
D.R

Le Cherche Midi publie un recueil de dessins choisis et présentés par Philippe Geluck du plus incendiaire des caricaturistes du XXᵉ siècle.


À intervalles plus ou moins réguliers, Chaval, de son vrai nom Yvan Francis le Louarn (1915-1968) revient hanter l’histoire du dessin d’humour français. Tous les cinq ou dix ans, son trait sans rédemption possible, sec comme un coup de trique, à l’anarchisme non revendicatif, abyssal par sa profondeur, qui ne se veut pas rigolo du tout, agit comme un uppercut. Il met le feu à chaque page. Les lecteurs d’hier et d’aujourd’hui ne peuvent résister à la noirceur de ce bourgeois bien sous tous rapports qui finira par se suicider au gaz. On ne lui reconnaît aucun véritable successeur et cependant, tous les dessinateurs, de Cabu à Sempé, de Bretécher à Reiser, ont puisé dans cette œuvre asphyxiante, la force du désespoir et aussi les raisons de persévérer dans une profession jadis ingrate désormais mortifère. Chaval a semé la zizanie dans la presse écrite, à Match, au Nouvel Observateur, à Sud Ouest ou au Figaro Littéraire, en pratiquant une caricature éminemment politique sans s’attacher à un quelconque sujet d’actualité ; il fut le maître d’une forme d’illustration assassine à la violence sous-jacente et aux ressorts nihilistes. Chaval croque l’indifférence et la méchanceté des Hommes, le ridicule et le pathétique de personnages transparents qui ressemblent physiquement à Alexandre Vialatte ou à Jacques Dufilho, l’arrogance vaine des vies normales était peut-être sa seule minuscule joie intérieure. Il décale notre regard et désoriente nos réflexes de pensée par un style narratif radical. Ses légendes, raides et nerveuses, rappellent le talent d’un Félix Vallotton. Mais de quoi pouvait-il bien rire ? Pierre Ajame qui publia un livre posthume d’entretien avec lui, affirmait à la Radio Télévision Suisse en 1976 que Malraux parlant de l’Espagne pouvait l’amuser. Ce type-là commence à nous plaire. Dans son appartement « lugubre » de la rue Morère, près de la Porte d’Orléans, Chaval seul, à la misanthropie galopante et instable, fustige les cons, grand ensemble dans lequel il ne s’extrait pas. Chez lui, tout est con, dérisoire, futile, un peu las et un peu bête. Avec Chaval, le lecteur se prend directement un mur en pleine face et il en redemande. Il est sans filtre, donc nocif, donc indispensable. Il ne plairait pas à nos nouveaux inquisiteurs qui veulent, soit nous culpabiliser, soit nous éduquer, le dessin de Chaval se suffit à lui-même.

D.R

Chez lui, tout est con, dérisoire, futile, un peu las et un peu bête

D.R

Son esthétique puissamment débarrassée d’artifices doit beaucoup à son travail de graveur. « Il détestait le style artiste » affirmait Pierre Ajame. Il avait appris son métier à l’Académie des Beaux-Arts de Bordeaux et vénérait la technique pure. Il était classique, ce qui en faisait déjà, à son époque, un anticonformiste. Il préférait Buster Keaton à un Chaplin trop larmoyant. Il ne dirigeait pas son crayon contre le système, contre une autorité particulière et militait encore moins pour une cause. Sa dissidence naturelle, presque maladive, le poussait à voir l’absurdité du monde dans la banalité de comportements anodins. Sa légende noire aura été sa meilleure publicité pour durer dans le temps. Il reste le plus extrémiste des dessinateurs qui a réussi à ne pas se parjurer dans la vulgarité ou la provocation facile. Il aura été très loin dans l’humour à froid. Cet admirateur de Pierre Etaix et de Samuel Beckett, qui avait pour ami Bosc, réapparait donc régulièrement dans les rayons des librairies. Je me souviens d’avoir fait sa connaissance en 1995 avec le recueil Chaval inconnu déjà publié par Le Cherche Midi. L’éditeur continue cet automne son travail d’exploration en faisant paraître La vie selon Chaval, une sélection de dessins choisis par Philippe Geluck, l’un de ses plus grands fans. « Il traite des gens ordinaires et des sujets de tous les jours, mais dans une résolution qui agace ou subjugue. Cela ne ressemble à rien de ce qui existe, tant par les idées que par leur réalisation formelle » avertit le créateur du chat dans sa préface.  « Le public s’est-il rendu compte de l’immensité de ce qu’il apportait ? Je ne le pense pas » regrette le dessinateur belge. Chaval qui excellait dans le muet et était ravageur dans la phrase courte, ne risque pas de tomber dans l’anonymat. Car son absence de message est bien la seule chose compréhensible et audible dans notre société actuelle.

La vie selon Chaval – Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck – Le Cherche Midi

La Vie selon Chaval - Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck

Price: 16,50 €

10 used & new available from 9,18 €

Les tribulations méditerranéennes de Josiane Sberro-Hania

0
D.R.

L’École de l’exil, de Josiane Sberro-Hania, apporte avec émotion sa pierre à la construction de l’histoire ignorée des Juifs en pays arabes


 « Le pépiement assourdissant des moineaux dans les arbres, et nous dans la rue. Nous les enfants. Aussi loin qu’il m’en souvienne, Gabès représente pour moi un inoubliable terrain de jeux. Le centre de la ville est en notre possession totale. Hormis l’heure de la sacro-sainte sieste où les voix elles-mêmes se font murmure pour ne pas réveiller l’ire paternelle. » (p.15) C’est le temps de l’insouciance : « « J’ignorais alors, que le statut social ou la notoriété, évitaient à un enfant juif, l’infamie de l’école juive. » (p.51) « Il me reste de Sousse, la nostalgie du collège, de ses blouses grises, de l’étude et de l’amitié. Mais Sousse est avant toute chose, l’univers de la mer. » (p.57)

Un récit éclairant

Le livre de Josiane Sberro-Hania c’est d’abord un récit haletant et passionné qui se lit comme un roman, avec toutes ces images, ces couleurs, ces odeurs, ces sons, et ce débordement de sentiments contradictoires. Dès les premières pages, on est plongés dans cette Tunisie du protectorat français des années 30 et c’est Josiane enfant, vive et sensible qui nous prend par la main. Puis le temps passe et très vite l’Histoire s’impose avec la profondeur du passé et les perspectives incertaines de l’avenir. L’École de l’exil permet en effet plusieurs niveaux de lecture.

Le livre de Josiane Sberro-Hania, s’il nous parle d’une « école » bien singulière, et de toutes ces écoles où elle a tant appris et enseigné aussi, ne nous fait pas la leçon ni ne prétend analyser de façon péremptoire les racines du conflit israélo-arabe. Pourtant, il nous éclaire. Comme le dit Georges Bensoussan, si « les commencements et les origines ne dessinent pas un destin », ils n’en tracent pas moins « les linéaments d’un terreau culturel fait des événements du quotidien les plus ordinaires, les plus véniels, les plus grossiers et les plus anodins. Des faits minuscules qui nous parlent davantage que les discours savants, qui disent la vérité d’un monde et d’un temps.[1] » Josiane Sberro-Hania, à travers le récit personnel, sensible et exaltant, de ses « tribulations méditerranéennes », apporte ainsi sa pierre à la construction de l’histoire ignorée des Juifs en pays arabes.

Israël, une épopée humaine

Et on comprend, mieux, on ressent, ce qu’Israël représente pour tous les Juifs, ceux d’Europe comme ceux de Méditerranée. « Ce jour de 1947 inoubliable pour moi, dans le salon aux volets clos. C’était un vendredi. (…) Les grands-mères qui avaient connu l’une le pogrom de Tripoli l’autre le pogrom de Gabès sanglotaient sans retenue ». (pp.48-49) Les années 50 annoncent alors une toute nouvelle époque : « Nous allions vivre au kibboutz en Israël, l’aventure idéale et rêvée, de la vie collective des années cinquante, dans ce pays tout neuf. Inoubliable épopée humaine ! Un lieu qui m’a définitivement formée à la vie. » (p.97)

A lire aussi, Michael Shurkin: «Face au Sud global, il faut que l’Occident serre les rangs!»

« Pour la conscience postcoloniale qui fait du monde arabo-musulman la figure de l’opprimé, il est difficile de concevoir qu’autour de la Méditerranée, bien avant l’arrivée des Européens, ce monde avait été synonyme de servitude et d’esclavage pour des millions d’hommes et de femmes. » (Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes) En Europe, on ignore aussi souvent la force du sionisme historique au Maghreb et au Moyen-Orient. Car ce n’est pas seulement parce qu’ils ont été chassés des pays arabes (expulsés ou forcés violemment et sournoisement à quitter leur terre et leur maison en y abandonnant tous leurs biens et les sépultures de leurs aïeux) que ces Juifs-là ont rejoint Israël, mais aussi poussés par ce même enthousiasme idéaliste qui avait conduit les premiers Ashkénazes en Palestine. Cette exaltante aventure de l’aliyah, de la fuite clandestine de Tunisie jusqu’au kibboutz socialiste de Negba, sur cette terre aride et pourtant si douce du jeune État juif, en passant par la préparation à la traversée et à la vie spartiate des champs, Josiane Sberro-Hania nous la fait vivre avec toutes ses découvertes, ses amours et ses rires, mais aussi ses peurs et ses déchirements.

Nouvelles peurs

Elle n’édulcore pas l’antijudaïsme et « le processus de domination (la dhimmitude) qui a marqué des générations de Juifs d’Orient » car elle ne donne pas dans « la folklorisation » qui réduit le monde à des coutumes. Mais si elle ne souscrit pas à la « mythification » d’un passé imaginaire projetant une harmonie idyllique entre Juifs et musulmans, elle qui connaît toutes les nuances de la cohabitation, elle refuse également de croire que l’antagonisme serait insurmontable. Revenue en France, elle n’aura de cesse avec son mari Raoul Sberro, de travailler à l’ouverture d’esprit et à l’intégration des enfants d’immigrés. Déployant une énergie incroyable et un courage de tous les instants, Josiane veut transmettre ce que la France lui a donné, tout autant que la culture juive et l’esprit de tolérance. Car pour Josiane, c’est un tout. « Avec des enseignants comme Duvignaud, Jankélévitch, Marientras, nous étions marqués au fer rouge de la soif de comprendre, de connaitre. Nous sortions de leurs cours, saisis de la vibration de leur émotion. Tels des fruits brusquement mûris par une canicule inattendue, débordants d’une sève épaisse, prête à se déverser. » (p.161)

Notre contributrice Renée Fregosi avec Josiane Sberro-Hania, Paris.

C’est ainsi qu’avec la même force et la même émotion elle élargit son horizon méditerranéen à la Grèce, de la triste période de la dictature des Colonels à l’époque actuelle, de l’Ami Niko, ce Zorba le Grec si émouvant lui aussi, aux jeunes Juifs refondant une communauté à Salonique. « Salonique reste pour moi, l’exemple même de l’amour de la vie insufflé à ces enfants de déportés dont les parents hurlent avant de disparaître : « Va-t’en », « Cours sans te retourner », « Existe ! »  Cette foule d’enfants martyrs n’a laissé aucune place à la détestation, à l’humiliation destructrice transmise de pères en fils dans d’autres sociétés. » (p.218) Émotion, joie, espoir, empathie.

Mais bien sûr aujourd’hui, la tristesse, l’angoisse et la colère nous saisissent également après avoir refermé le livre. Pas seulement à cause de la nostalgie ou des regrets des occasions manquées. Le massacre et les crimes contre l’humanité perpétrés sur le sol israélien, dans des kibboutzim de gauche notamment, par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre, comme l’aveuglement persistant de l’Occident ou pire sa lâcheté, nous font une fois encore redouter l’anéantissement d’Israël. Cette crainte fait écho à celle de Josiane face à « l’exode des enfants juifs, boutés de l’Éducation nationale par la violence des cours de récréation sans avoir jamais suscité, la moindre levée de colère ou de bouclier pour les protéger. Faudra-t-il encore s’exiler pour les mettre à l’abri ? » (p.239) Et puis, nous serrons le livre entre nos mains et nous retrouvons la flamme qui anime Josiane : oui, Israël vivra !

Josiane Sberro-Hania, L’École de l’exil. Tribulations méditerranéennes, Éditions Balland 2023

L'école de l'exil. Tribulations méditerranéennes: Tribulations méditerranéennes

Price: 19,00 €

16 used & new available from 3,04 €


[1] Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes, Éditions Tallandier 2021

De Faurisson à Mélenchon, la vérité si je mens!

0
Rassemblement en soutien avec la Palestine, Paris, 12 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Le 7 octobre, le Hamas s’est livré à une bacchanale nazie version islamiste. Mais après ce crime contre l’humanité, on n’a pas vu l’humanité unie se dresser contre les meurtriers. Tandis que de nombreux pays du Sud se sentent solidaires de l’internationale Djihadiste qui, du Hamas à Arras, met sous tension les sociétés ouvertes, en France, la gauche antisioniste de Mélenchon se déshonore par sa complaisance cynique envers l’islamisme. Elle nourrit le négationnisme d’atmosphère qui sévit dans nos quartiers islamisés.


Je ne sais pas s’il y aura un avant et un après 7 octobre – et si c’est le cas, il est possible que l’après soit pire qu’avant. Rien ne sera plus comme avant, on a donné. Souvent. Après le 11-Septembre. Après Merah. Après Charlie. Après le Bataclan et en tant d’autres sinistres occasions. Et puis, une fois les bougies consumées et les fleurs fanées, nous revenons à nos problèmes de retraites et de punaises de lit. Les sociétés humaines ont l’estomac bien accroché. Heureusement d’ailleurs. On a fait de la poésie après Auschwitz, on continue à vivre après l’ordalie sanglante du Hamas.

« J’ai tué dix juifs, j’ai leur sang sur les mains ! Maman, ton fils est un héros. »

N’empêche, ces âmes broyées, ces corps suppliciés, ces joyeux dîners de shabbat qui ont basculé dans un enfer indescriptible, cette rave party devenue un cimetière à ciel ouvert nous hanteront longtemps, à jamais serait-on tenté de dire si on ne connaissait pas la salutaire capacité d’oubli des humains.
Certains ont tenu à voir de leurs yeux – en fouinant un peu sur le web, on trouve aisément, semble-t-il, les vidéos réalisées par les tueurs-pilleurs du Hamas et diffusées comme autant d’exploits – jusqu’à ce que leurs chefs réalisent peut-être que tout ça faisait de la mauvaise publicité.

Beaucoup ont choisi de s’épargner ces images, par peur de profaner ou peut-être de ne plus pouvoir penser. Les récits de ceux qui ont vu et qui peinent à trouver les mots – secouristes, soldats, journalistes…– ne sont pas moins suffocants. Enfants torturés devant leurs parents. Parents assassinés devant leurs enfants. Corps mutilés. Femmes éventrées et violées. Une orgie de haine anti-juive, résumée par un membre de la Zaka, le service religieux qui s’emploie à restaurer l’intégrité des corps : « Le Hamas voulait transformer nos noms en chiffres. J’essaie de transformer les chiffres en noms. » Dans un enregistrement diffusé par l’armée, on entend un terroriste qui appelle sa famille avec le téléphone d’une femme qu’il vient de tuer. Sa voix monte dans les aigus sous l’effet de l’exaltation : « J’ai tué dix juifs, j’ai leur sang sur les mains ! Maman, ton fils est un héros. » Et ses parents de le féliciter : « Tue-les tous ! »

À force de la voir convoquée tous les quatre matins, l’hypothèse Hitler avait perdu toute substance. Mais cette fois, ça y ressemble trop pour qu’on n’y pense pas. On a assisté à une bacchanale nazie version islamiste. Ainsi, derrière les soudards entraînés pour ça, des hommes ordinaires, des paysans du coin qui, la veille, devaient boire le café avec leurs victimes, se sont joints et ont profité de l’occasion pour s’emparer d’un butin. Comme l’a observé Guillaume Erner, Marx s’est trompé. L’histoire se répète. Mais pas en farce.

Le souvenir du négationnisme de la Shoah et des dégâts qu’il a faits dans le monde arabe – où on prête aux Juifs une puissance suffisante pour avoir fait avaler ce bobard au monde entier – a peut-être pesé sur la décision de Tsahal d’inviter la presse internationale à visionner l’horreur, captée notamment par la vidéosurveillance des kibboutz martyrs. Dans l’émission de Frédéric Taddéï sur CNews, on avait entendu une certaine Laetitia Bucaille, payée par nos impôts, s’exclamer : « Je ne dis pas qu’ils n’ont pas existé, ces bébés éventrés, mais je ne les ai pas vus. » Ce combat est largement perdu : on aura beau lui montrer des images irréfutables, une partie de la rue musulmane, de Saint-Denis à Tunis, restera convaincue que c’est un coup des juifs. C’est peut-être l’aspect le plus inédit de la situation. Alors que nous sommes submergés par un flot constant d’images et de paroles, la question de la vérité devient subalterne. Chacun choisit la sienne, en fonction de ses marottes idéologiques – encouragées par des algorithmes. Sur ce front, on a assisté à une véritable faillite des médias occidentaux qui ont presque tous repris sans discussion un bidonnage du Hamas accusant Israël d’avoir tué 500 personnes dans un hôpital. Quelques jours plus tard, Le Monde se fend d’un texte d’excuses controuvé : « Les investigations sur l’origine de ce drame continuent, mais ces éléments concordants nous conduisent aujourd’hui à considérer que nous avons manqué de prudence, le 17 octobre, en reprenant les informations sur cette explosion en provenance du Hamas », écrit la direction de la rédaction, avant de préciser que les journalistes n’avaient pas accès au sud d’Israël. Si notre quotidien de référence a pris pour argent comptant les informations du Hamas, c’est à cause de l’armée israélienne. On suppose qu’à Gaza, ses reporters travaillent en toute liberté. 

Révisionnisme soft

Dans une partie de la gauche française, un révisionnisme soft se déploie. Même Aymeric Caron admet que le Hamas s’est rendu coupable de crimes ignobles, mais pour tracer immédiatement un signe d’égalité entre ces crimes et ceux de l’armée israélienne. Et plus les jours passeront, plus les civils souffriront et mourront, plus cette cécité se répandra. Or, si toutes les vies se valent, toutes les morts ne s’équivalent pas. Les civils palestiniens ne sont pas la cible des bombardements israéliens. Israël, dit-on, peut se défendre dans le cadre du droit humanitaire. Mais personne n’a le mode d’emploi, alors que l’ennemi n’est pas une armée mais un mouvement terroriste qui, précisément, se fond dans la population.

Dans ce chaos, les appels à remettre sur les rails la solution à deux États sont purement incantatoires. Sur le papier, elle semble d’une logique imparable. Mais combien de temps faudra-t-il pour faire émerger en Palestine une génération qui n’ait pas été droguée à la haine des juifs ? Après 1945, l’occupation de l’Allemagne a permis de laisser passer une génération – la « dénazification » a largement consisté à mettre les nazis à la fenêtre. On ne voit pas quelle puissance serait à même de mener à bien cette entreprise de rééducation collective. Au passage, on peut se demander si l’élévation de leur destin au rang de cause emblématique des gauches européennes a vraiment aidé les Palestiniens.

Ce n’est pas la première fois que la promesse européenne de 1945 – Plus jamais ça ! – est ainsi piétinée à grande échelle, les Cambodgiens, Tutsis et « Hutus modérés » rwandais, et d’autres groupes massacrés à bas bruit, peuvent en témoigner. Mais le Cambodge, l’Afrique subsaharienne, c’est loin. On me dira que la Palestine aussi. Justement non. Presque chaque Européen a une opinion sur le conflit, signe que, dans les imaginaires collectifs, c’est la porte à côté. D’abord parce qu’Israël est un enfant de l’Europe, ensuite parce c’est une tentative baroque pour créer un Occident oriental ou, comme le montre Pierre Vermeren (pages 46-48), une société multiculturelle dans une aire rétive à l’altérité. Ce que les djihadistes veulent effacer, c’est à la fois un État juif et un État démocratique (aussi imparfaitement soit-il l’un et l’autre…).

Qu’on ne s’y trompe pas. La société ouverte qu’ils vomissent là-bas, leurs semblables la détestent ici, pas seulement parce qu’elle les oblige à voir, sans les avoir, des filles court vêtues, mais aussi parce qu’elle affaiblit le pouvoir du groupe et de ses chefs sur les individus, particulièrement sur les femmes. On tient moins facilement ses filles en France qu’en Algérie ou en Anatolie. Du moins, c’était vrai jusqu’à ce que la France se transforme en société multiculturelle où chacun vit selon ses normes et ses mœurs.

Quelques jours après l’attaque du Hamas contre Israël, Dominique Bernard, un professeur de français était assassiné à Arras. Peu importe que Mohammed Mogouchkov ait ou non entendu l’appel du chef du Hamas à faire de ce vendredi 13 octobre un jour de colère, c’est bien la même idéologie qui a frappé à KfarAza, Arras et Bruxelles, comme elle avait frappé à Paris, Nice, Madrid, Londres, New York et Washington. S’agit-il d’un conflit de civilisation voire, comme le pense Boualem Sansal, d’une « guerre sainte qui se poursuit depuis l’avènement de l’islam, sur tous les plans et tous les fronts, qui ici œuvre à la destruction des Juifs et d’Israël, là en plusieurs endroits du Moyen-Orient à la destruction des chrétiens, et ailleurs à l’extermination des athées, des apostats, des mécréants, des corrompus » ? On ne devrait pas sous-estimer le fait que, dans le cadre de la nouvelle guerre froide, cette internationale bénéficie de la sympathie, voire du soutien avéré de nombre de pays de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global, qui assistent avec gourmandise à la destitution de l’imperium occidental. Le Hamas a beau être coupable de crimes contre l’humanité, on ne voit pas l’humanité se dresser contre lui. On n’entendra pas les mélenchonistes scander « tout le monde déteste le Hamas ».

Emmanuel Macron rencontre Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, Ramallah, 24 octobre 2023 © AP Photo/Christophe Ena/SIPA

Au-delà des controverses sémantiques, les nations d’Occident sont clairement mises au défi par une internationale qui, contrairement à ses ancêtres révolutionnaires, ne va pas s’embourber dans les appartenances nationales. Certes, écartelé entre au moins deux têtes – sunnite et chiite –, le djihadisme n’est pas près de réaliser son unification planétaire. Mais cette rivalité n’affecte guère le djihadisme d’atmosphère dont Gilles Kepel a observé la naissance et la diffusion dans les sociétés musulmanes du monde entier par des influenceurs numériques et autres « entrepreneurs de haine » (voir l’entretien qu’il nous a accordé pages 40-45).

Du Hamas à Arras

La conclusion, c’est que le Hamas est parmi nous, dans les quartiers islamisés de cette Europe dont l’islam politique a fait sa terre de mission. Certes, il n’y a pas en Seine-Saint-Denis ou à Molenbeek des dizaines de milliers de terroristes entraînés, capables de se livrer à un pogrom de grande ampleur – on l’espère en tout cas. Mais outre le fait qu’il reste sans doute des donneurs d’ordre capables d’organiser depuis l’étranger des opérations quasi militaires, le djihad artisanal peut frapper n’importe où. Cependant, ce qui menace la cohésion de nos sociétés plus encore que cette violence aveugle mais ultra-minoritaire, c’est la sécession silencieuse de tous les djihadistes de cœur, ceux qui se réjouissent quand un kouffar tombe. Même Alain Juppé, autrefois propagandiste de l’identité heureuse, se demande – sans répondre – si l’islam est compatible avec la République. Il est d’autant plus difficile de mesurer l’ampleur de l’imprégnation islamiste que personne ne tient à savoir. Les mêmes qui déplorent le lundi une épidémie d’abayas dans certains établissements décréteront le mardi qu’il s’agit d’une toute petite minorité et que l’écrasante majorité de nos concitoyens musulmans ne mange pas de ce pain-là. Peut-être. La plupart redoutent assez d’être désignés comme traîtres à leur identité pour se taire. Et ce sont des juifs qui cachent leur mézouzah.

Si l’offensive djihadiste vise toutes les nations occidentales, l’idée, sortie du chapeau d’Emmanuel Macron, selon laquelle elle pourrait être combattue par une vaste coalition est pour le moins farfelue. La France et l’Europe sont attaquées, mais elles ne sont pas en guerre. L’urgence, pour nous, est de mener le combat idéologique. Contre les islamistes et peut-être plus encore contre leurs alliés insoumis et extrême gauchistes. Beaucoup, comme votre servante, pensaient que Mélenchon et sa clique islamo-gauchiste s’étaient définitivement déconsidérés en refusant de qualifier l’attaque du 7 octobre de terroriste. Les premiers sondages réalisés depuis laissent penser qu’il n’en est rien et que leur calcul infect pourrait s’avérer gagnant, en solidifiant le vote musulman en leur faveur sans décourager l’électeur bobo qui joue à la résistance en criant « tout le monde déteste la police ». Il faut croire que, pour ces insoumis décomplexés, l’antisémitisme et l’islamisme sont des points de détail de l’histoire qui s’écrit.

Quand le vieux sage de la droite néerlandaise se fait plumer par une ancienne islamiste

0
L'ancien ministre de la Défense hollandais Frits Bolkestein et Soumaya Sahla. D.R.

Pays-Bas. C’est la belle histoire de la semaine. Vieux sage de la droite néerlandaise, M. Frits Bolkestein aurait été victime d’une arnaque commise par l’ex-terroriste islamiste qu’il avait prise sous son aile.


Confirmée par sa famille, la nouvelle a de quoi secouer la ronronnante campagne pour les élections législatives qui se tiendront le 22 novembre. L’hebdomadaire HP/DeTijd a affirmé, lundi 30 octobre1, que l’ex-terroriste Soumaya Sahla, repentie après avoir purgé une peine de prison, est soupçonnée d’avoir soutiré quelque 100 000 euros à M. Bolkestein, homme de 90 ans dans un état grabataire. Son neveu, Martijn, accuse la Néerlando-marocaine d’abus de confiance. Entre 2018 et 2021, son oncle aurait payé loyers, études universitaires, voyages et « argent de poche » de la jeune femme.

Des quelques 100 000 euros qu’elle aurait subtilisés, selon Martijn Bolkestein, 20 000 euros auraient été directement retirés dans des distributeurs avec la carte bancaire du vieux monsieur, lequel, gravement malade, ne sortait pourtant guère de chez lui selon le neveu.

Exclusion du parti et réactions de l’opposition

M. Bolkestein est ancien député du parti libéral conservateur VVD, parti au sein duquel Mme Sahla faisait figure d’experte en… « terrorisme et déradicalisation ». Après les révélations de HP/De Tijd, le VVD du Premier ministre démissionnaire Mark Rutte l’a immédiatement exclue. Le président du parti juge tout à fait crédible les accusations de « subtilisation de sommes d’argent considérables appartenant à notre membre d’honneur dans une période où il se trouvait dans un état vulnérable ».

Fonda Sahla. D.R.

Le parti aurait dû la radier depuis longtemps, a persiflé M. Geert Wilders, député de droite ! Ce dernier fut un temps menacé de mort par le groupe terroriste dissous auquel appartenait Mme Sahla, le Hofstadgroep. Et M. Wilders avait déjà manifesté par le passé son mécontentement de croiser dans les couloirs du parlement Soumaya Sahla accompagnée de sa sœur Fonda, strictement voilée et députée du parti de centre-gauche D66.

De la prison à la politique

En 2005, Soumaya Sahla fut condamnée à trois ans de prison ferme pour détention illégale d’armes et appartenance à une organisation terroriste islamiste. Un de ses membres, Mohammed Bouyeri, avait été condamné à la perpétuité pour l’assassinat de Theo van Gogh en 2004. Le mari de Mme Sahla, née en 1983 à La Haye dans une famille marocaine, faisait partie lui-aussi de la bande. Peu avant son arrestation, la police l’avait mise sur écoute et avait découvert qu’elle pressait une autre de ses sœurs de lui fournir les adresses de certains politiciens de droite, dont M. Wilders… À son procès, Mme Sahla affirmait avoir voulu les persuader pacifiquement à se convertir à l’islam. En 2008, après avoir purgé sa peine, et ayant abjuré le terrorisme en prison, elle entama des études de politicologie et devint membre du VVD. Elle s’y frotta aux huiles du parti, dont M. Bolkestein qui, informé de son passé, mit un point d’honneur à l’aider à se refaire une vie rangée – comme conseillère dans un domaine où elle avait été aux premières loges.

A lire aussi: Ahed Tamimi: la haine dévoilée

Ce qui fit froncer bien des sourcils au sein du parti, où, cependant, on ne refusait rien à M. Bolkestein. Ce dernier doit son statut inébranlable de sage non pas à ses carrières parlementaires, ministérielles ou comme commissaire européen (1999-2004), mais à son rôle d’intellectuel courageux à une époque où les intellos étaient tous censés être de gauche. Pendant les années 1990, M. Bolkestein battait en brèche ce monopole, fustigeant le laxisme de la société hollandaise en matière d’immigration et la société multiculturelle adulée par la gauche mais vomie du peuple. M. Bolkestein, universitaire surdiplômé, exigea vainement pendant des années des excuses aux « cocollabos » ayant défendu des régimes communistes, en Europe et ailleurs.

Après s’être retiré de la politique active, M. Bolkestein resta la vedette incontestée des meetings de son parti, jusqu’à ce que sa santé de plus en plus fragile ne l’oblige à s’effacer. Le grand âge avait-il entamé ses capacités intellectuelles ? Des critiques au sein du parti osent timidement le suggérer, apportant comme ‘preuve’ les photos où M. Bolkestein pose, avec un sourire béat, à côté de l’islamiste reconvertie en politique. Elle lève les yeux vers celui qu’elle décrit comme son ‘mentor’, et qui la considérerait comme ‘sa fille’.

Chic, encore un procès !

Mme Sahla nie en bloc les accusations et a porté plainte contre Martijn Bolkestein pour diffamation. Elle maintient que M. Bolkestein s’était porté garant pour ses besoins financiers de son plein gré pendant qu’elle préparait sa soutenance de thèse universitaire. L’un de ses professeurs, M. Andreas Kinneging, connu pour avoir menacé de passer à tabac un journaliste, et accusé par des étudiants de harcèlement et d’intimidation, la soutient. Il accuse HP/De Tijd de pratiquer un journalisme de caniveau. Et témoigne que pendant la période où la prétendue extraction de fonds avait lieu, son ami M. Bolkestein s’était en connaissance de cause porté garant pour les besoins financiers de sa protégée.

Le VVD, très embarrassé, n’a pas permis à Mme Sahla de se défendre et l’a donc expulsée sur le champ, content sans doute de s’être débarrassé d’une personne dont la présence nuisait à l’image d’un parti qui, en période électorale, aime à se présenter plus à droite qu’il n’est véritablement. La concurrence de M. Wilders, qui se vante d’avoir enfin eu la tête de Mme Sahla, est sans pitié.

  1. https://www.hpdetijd.nl/2023-10-30/het-wonderbaarlijke-verhaal-van-ex-terroriste-soumaya-sahla-steeds-een-handdruk-verwijderd-van-de-macht/ ↩︎

Le silence des musulmans

0
Fadila Maaroufi. D.R

L’anthropologue Fadila Maaroufi déplore l’ambiguïté d’une grande partie de la population arabo-musulmane de France. Elle l’explique par l’islamisme d’atmosphère dans lequel beaucoup vivent.


Militante contre les fondamentalismes, Fadila Maaroufi anime le Café laïque qui organise des conférences à Bruxelles et à Paris.

Causeur. Comment réagit la jeunesse musulmane en Europe face au pogrom en Israël ?

Fadila Maaroufi. La jeunesse musulmane, cible principale des Frères musulmans, a été abreuvée d’une propagande haineuse contre les juifs, qui rencontre une culture arabo-musulmane déjà marquée par l’antisémitisme. Au sein des familles, entre musulmans, on ne parle pas d’Israël ou du gouvernement israélien, mais des juifs. D’ailleurs,« juif » est une insulte parfaitement assumée quand on est entre musulmans.

A lire aussi : Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

Ce qu’a fait le Hamas renvoie au nazisme. Face à des crimes contre l’humanité, le silence d’une grande partie de la population arabo-musulmane est pesant. On n’entend pas la Grande Mosquée de Paris, par exemple. Quand cette population s’exprime, c’est pour se rassembler dans des manifestations pro palestiniennes où on scande « Israël assassin ! » et même « Allahou Akbar ! », mot d’ordre des terroristes qui ont massacré des civils et tué des enfants.

Pourquoi l’indignation n’est-elle pas unanime ?

L’Europe tombe comme d’habitude dans le piège de la victimisation des assassins. Une partie de la classe politique est ambiguë, voire préfère faire le procès d’Israël que celui du Hamas. Cela n’aide pas des populations travaillées par les militants de l’islam politique à ouvrir les yeux. De surcroît, dès qu’un crime atroce est commis par un islamiste, une histoire d’agression de musulman ou de femme voilée est mise sur les réseaux sociaux. Ainsi, suite à l’attentat qui a coûté la vie à deux Suédois à Bruxelles, une militante pro-voile a tweeté sur une invérifiable tentative de meurtre d’une voilée. Cette communication vise à couper la communauté musulmane de l’émotion collective nationale pour la recentrer sur le sentiment de persécution qu’exploitent les islamistes.

A lire aussi : Où sont les «Je suis Shani»?

La population arabo-musulmane en Europe craint-elle de subir des représailles ou d’être assimilée aux militants du Hamas ?

En tout cas, ces inquiétudes ne se traduisent pas dans les faits. En France, c’est même le contraire : les musulmans sont les plus épargnés par les actes. En revanche, on a assisté à une explosion des actes antisémites juste après le massacre des juifs. Beaucoup de jeunes arabo-musulmans ont été imbibés par une propagande atroce sur la façon dont les juifs ou l’Occident traitent prétendument les musulmans. Même en Europe, ils vivent au rythme de TikTok, des chaînes moyen-orientales, de médias comme AJ+ destinée aux jeunes musulmans d’Occident, bref dans un écosystème islamiste qui cautionne le djihad. Ce djihadisme n’est pas d’atmosphère, il est très concret (coups de couteau, attentats, menaces…). Pour les jeunes, le Hamas et la Palestine sont des références incontournables.

Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

0
La socialiste Éliane Tillieux, présidente de la Chambre des représentants de Belgique, Image d'archive © Shutterstock/SIPA

Chez nos voisins du nord, on aime aussi beaucoup comparer les juifs aux nazis, comme un certain comique de chez nous.


La gauche belge, qui n’échappe pas plus à l’antisémitisme que l’ensemble de la gauche européenne, ne se cache plus. Lors de l’attaque du Hamas, apte, par sa férocité, sa cruauté et sa bestialité, à révulser tout être humain, elle a voulu « contextualiser » les faits quand il ne s’agissait pas, purement et simplement, de renvoyer dos-à-dos agresseur et agressé. Certains voient dans cet antisémitisme le prix à payer à leur nouvel électorat, d’autres rappellent que la gauche, dans ses textes fondateurs, est ontologiquement antisémite. N’oublions pas que le capital est, comme chacun sait, entre les doigts – crochus – des Juifs en général et d’Israël en particulier !

Mais cet antisémitisme socialiste assumé a fini par faire revenir dans nos mémoires la seconde moitié des années trente allemandes. Les reductio ad Hitlerum sont le plus souvent sans objet et même franchement casse-pieds, mais force est reconnaître qu’en ce cas, il y avait un cousinage des plus malsains.

Inversions accusatoires

Dans ce cas, il existe pour se défendre une technique éprouvée : l’accusation inversée. Pour ceux qui ne connaîtraient cette étonnante stratégie, voici un bref explicatif. Vous cognez régulièrement votre femme et vous sentez une réelle désapprobation poindre dans votre entourage. Vous ne faites ni une, ni deux, vous accusez votre épouse d’être violente. Sur un malentendu, ça peut marcher, comme disaient les Bronzés.

A lire aussi, Nicolas de Pape: Massacres en Israël: la gauche française vous agace? Attendez d’entendre la gauche belge…

Deux leaders socialistes belges ont donc pensé qu’ils tenaient là la tactique idoine pour se dédouaner. Leur antisémitisme, rebaptisé antisionisme, évoque pour beaucoup une parenté avec le nazisme ? N’hésitons plus et accusons sans vergogne les Israéliens de nazisme !

Et il ne s’agit pas de troisièmes couteaux du Parti Socialiste ! Tout d’abord, André Flahaut, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Chambre, a jugé judicieux de tweeter que « Gaza aujourd’hui, c’est Varsovie hier », faisant référence au tristement célèbre ghetto de Varsovie, où des dizaines de milliers de Juifs arrêtés furent envoyés à Treblinka. Pour la petite histoire, l’actuelle présidente de la Chambre, Éliane Tillieux, socialiste elle aussi, a “aimé” la publication d’André Flahaut, puis s’est rétractée.

André Flahaut n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il adore comparer Israël au IIIème Reich, c’est son grand passe-temps. En 2008 déjà, lors d’une manifestation pro palestinienne, il avait établi une comparaison entre la politique d’Israël et le nazisme et fut d’ailleurs condamné pour cela à la suite d’une plainte du CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique).

A lire aussi, Ivan Rioufol: Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

Le deuxième larron à tenter l’accusation inversée pour se dédouaner de sa puante compassion pour les terroristes gazaouis est Jean-Pascal Labille, ancien ministre fédéral. Le PS l’a recasé comme secrétaire général de Solidaris, la puissante mutualité socialiste. Et donc ce distingué Secrétaire général a posté sur les réseaux sociaux un visuel assez explicite où l’enclave palestinienne, dégoulinante de sang est mitraillée par Tsahal sous le regard bienveillant de l’UE et des États-Unis. Sur les murs de cette enclave est dessinée l’étoile de David mélangée à une croix gammée. Jean-Pascal Labille s’est depuis excusé parce qu’on l’avait mal compris. Ce qui est assez curieux, d’ailleurs. Moi, quand on me comprend mal, je ne m’excuse pas, je répète.

Aphrodisiaque

Et puisqu’à l’instar des LFI, les socialistes belges souhaitent à toute force établir des comparaisons avec l’Allemagne nazie, je leur proposerais plutôt de visionner les images de l’aéroport du Daguestan où des hordes de musulmans, ayant appris l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, se sont livrés à une chasse aux Juifs qui rappelle avec insistance les rafles chères aux Nazis et les pogroms qui suivirent.

Mais les socialistes partagent avec nos invités du désert une haine irrationnelle contre Israël, que beaucoup d’entre eux seraient incapables de situer sur une carte. Après tout, Hassan II n’affirmait-il pas que « le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque des pays arabes » ? Si ça se trouve, nos socialos ramollis ont simplement envie de bander !

Israël et la Palestine: deux États…

0
Ramallah, 24 octobre 2023 © Christophe Ena-POOL/SIPA

Une solution, vraiment?


Depuis 1993, la « bien-pensance » qui psalmodie l’antienne politiquement correcte de la solution dite « à deux États » est, de mon point de vue, dans le déni des réalités. N’osant pas dire les choses qui fâchent telles qu’elles sont, ses partisans les projettent telles qu’ils voudraient qu’elles fussent.

Le premier constat que je fais, c’est que le « peuple palestinien » n’a jamais existé à proprement parler.

Le généticien Michael Hammer de l’Université de l’Arizona a découvert que le chromosome Y des Arabes du Moyen-Orient est quasiment « impossible à distinguer de celui des Juifs ». L’équipe de la généticienne Ariella Oppenheim de l’Université de Jérusalem a entrepris une étude complémentaire à la précédente en se focalisant sur des Juifs ashkénazes et séfarades versus des Arabes israéliens et palestiniens ; la conclusion est que ces hommes ont « des ancêtres communs au cours des derniers milliers d’années ». Ces résultats correspondent aux récits historiques selon lesquels certains Arabes musulmans descendent de chrétiens et de juifs qui vivaient dans le sud du Levant, une région qui comprend Israël et le Sinaï. Ils seraient les descendants d’un noyau de population vivant dans la région depuis la préhistoire. Encore au début du XXème siècle, les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique, sont qualifiés de « Palestiniens ».

A lire aussi, Ivan Rioufol: Les Israéliens face à la guerre: «On s’est endormis»

À titre anecdotique, j’ai dans mon ADN autant de gènes asiatiques de l’ouest, caucasiens et turcs, que de gènes juifs misrahi irakiens et israéliens… Alors que je suis née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge !

Le deuxième problème, à mes yeux, c’est que le sentiment d’appartenance nationale n’existe que s’il est représenté par une histoire qui le structure et par des dirigeants qui le personnifient ; s’il reste une abstraction sémantique, il ne peut y avoir de vrai appartenance patriotique au-delà de l’exaltation du moment.

Or, qui « est » aujourd’hui « le peuple palestinien » ?

Objectivement, « le peuple palestinien » est une projection romantique du ressenti identitaire de ce que l’on appelle la « rue arabe » au Moyen-Orient, du lexique humanitaire des ONG… et de la propagande islamo-gauchiste verte et rouge du 9 cube dont la plupart des habitants n’ont jamais mis les pieds en « Palestine » !

Après la mort de Yasser Arafat, les positions molles et ambiguës de Mahmoud Abbas l’ont totalement démonétisé, lui et son parti, le Fatah. Aucun leader politique charismatique ne s’étant imposé, ce sont les religieux qui ont pris la main et en l’occurrence les terroristes islamistes de la branche armée du Hamas.

Qu’en vingt ans, pas un seul Palestinien dans le monde ne soit rentré au bercail pour incarner la « nation palestinienne » peut interroger… Alors même que la diaspora est riche de plusieurs millions de cerveaux brillants, de la Jordanie au Chili, en passant par la Syrie et le Liban ; sans oublier Londres, New-York et les principales places financières du monde, où l’on retrouve des « Palestiniens » dans les conseils d’administration de la plupart des multinationales ! À l’évidence, cette élite intellectuelle et économique, idéologiquement acquise à la création d’un État palestinien, a fait, depuis bien longtemps, sa vie et sa réussite sur les quatre continents. Et aucun de ces Palestiniens ne semble avoir eu la vocation d’incarner le Petit Père de la Nation palestinienne !

A lire aussi: Causeur: Octobre noir. Du Hamas à Arras, l’internationale de la barbarie

Un dernier point qui me semble important à considérer, et qui n’est guère évoqué : l’État Palestine, ainsi créé, compterait aujourd’hui un peu plus de 5 millions d’habitants. L’un des plus petits pays du monde, dont les ressources, l’IDH (Indice de Développement Humain), le PIB national et le revenu par habitant n’auront rien à voir avec la situation économique de l’État d’Israël, son voisin, avec lequel il devra partager, entre autres, Jérusalem et le shekel…

Car, si la bien-pensance humaniste et progressiste accuse les Israéliens d’être les vils « colonisateurs » des Palestiniens et considère ces derniers comme des « résistants », cette même bien-pensance oublie que les juifs ont été les premiers « colons » sur la terre d’Israël. Que s’il existe un écart économique abyssal entre Israël et ses voisins « palestiniens », c’est grâce au travail titanesque accompli en 75 ans par les juifs pour faire de leur pays ce qu’il est aujourd’hui.

Alors, avant de ressortir du chapeau une fois de plus la solution miracle des deux États, on devrait se poser la question : s’il n’y a pas un seul juif qui vit et travaille dans les territoires « palestiniens » et qu’en revanche, on compte plus de 20% d’arabo-musulmans israéliens établis en Israël ; auxquels s’ajoutent ceux qui viennent y travailler tous les jours… Ce n’est sans doute pas sans raisons.

«Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

0
Julien Odoul (RN), député de la 3ème circonscription de l'Yonne. D.R.

Islamisme. Si Gabriel Attal a donné des consignes claires pour que les élèves ne rentrent plus dans nos établissements scolaires en abayas ou qamis, il laisse les « mamans voilées » s’afficher aux côtés des élèves lors des sorties scolaires.


Provocation, intimidation, menace et victimisation… Telle est la stratégie des islamistes et de leurs relais pour avancer leur idéologie dans la société française. Le maire de Francheville dans le Rhône est la dernière cible de cet islam politique en apparence inoffensif mais réellement conquérant. 

En effet, l’édile a refusé de se prendre en photo aux côtés d’une étudiante qui portait le voile lors d’une cérémonie de remise des prix pour les bacheliers. Cette séquence aura eu pour effet immédiat une véritable fatwa lancée sur les réseaux sociaux par une nuée d’intégristes et de fanatiques, dont le CCIE (ex CCIF), officine islamiste dissoute par le ministère de l’Intérieur en 2021 puis reconstituée. 

Être jeté en pâture pour avoir osé défendre nos principes républicains et nos valeurs, c’est ce que subissent bon nombre de professeurs, quotidiennement, au sein de leurs établissements scolaires, et même en dehors. Pour tenter de faire appliquer le principe de laïcité à l’école, la loi du 15 mars 2004 a instauré l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics. Quel est le bilan vingt ans plus tard ? Une explosion des atteintes à la laïcité (+150% sur l’année 2022), une recrudescence des revendications politico-religieuses, un débat de société sur les tenues islamiques, un professeur d’histoire-géographie décapité en 2020, un professeur de français égorgé en 2023. 

Non, l’islamisme ne recule pas. Il progresse et colonise inlassablement au rythme des reculades régulières de l’État régalien devenu peu à peu l’État régaRIEN. 

Plus de trente ans après l’affaire dite des « foulards de Creil », aucune offensive républicaine et laïque n’a été menée contre ceux qui nous haïssent et veulent remplacer nos lois et notre mode de vie. Pire, l’inaction voire le refus d’agir contre ces fossoyeurs de la République nous conduit aujourd’hui dans une impasse : l’assimilation a été abandonnée en rase campagne, l’intégration a montré l’étendue de ses échecs. Depuis des années, par lâcheté, clientélisme ou électoralisme, certains irresponsables ont même contribué à alimenter le carburant de l’islamisme et à laisser se propager cette idéologie totalitaire.

A lire aussi, Barbara Lefebvre: Creil 1989-2019: du déni à la soumission

L’école devait être un rempart infranchissable. Elle est aujourd’hui une proie facile. 

L’entrisme islamiste se combat au sein même de l’école de la République, mais doit être banni partout dans le cadre scolaire. Dès lors, comment peut-on accepter que des parents puissent manifester leur appartenance religieuse lors des sorties scolaires ? Comment tolérer que des jeunes filles portant l’uniforme islamiste puissent recevoir un prix ou un diplôme des mains du proviseur, du recteur ou du préfet ?

Récemment, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, s’est dit opposé à la lutte contre le prosélytisme religieux au « nom du droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires ». Derrière l’interdiction des abayas, le laxisme reste la marque de fabrique de ce gouvernement qui refuse d’agir concrètement préférant les coups de communication. D’autres invoquent des arguments absurdes, préférant nous expliquer que l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices signerait la fin des sorties scolaires, et ce, par manque d’accompagnateurs. Ce qu’il faut comprendre, en réalité, c’est que les femmes non-voilées dans certains quartiers français ne sont plus qu’une minorité.

Pour répondre aux défis et aux menaces de l’islamisme qui gangrène aujourd’hui l’école de la République, la législation actuelle donne libre cours à l’interprétation en ce qui concerne la neutralité religieuse relative aux activités organisées dans le cadre scolaire mais en dehors des établissements d’enseignement. Une incohérence sans nom, puisque le périmètre de la loi n’interdit pas le port de signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires, des voyages scolaires ou de tous les événements sportifs, festifs ou honorifiques en lien avec l’Éducation nationale.

Ainsi, une mère accompagnatrice peut porter son voile lorsqu’elle accompagne les élèves en sortie scolaire alors que ces dernières sont soumises à la loi du 15 mars 2004 quand elles franchissent le seuil de leur établissement. De même, une élève est en droit de se présenter vêtue d’un voile islamique ou en abaya à une cérémonie de remise des prix ou à une compétition sportive, pourtant étroitement liées à sa scolarité.

A lire aussi: Causeur #117: Octobre noir. Du Hamas à Arras, l’internationale de la barbarie

Si un certain nombre d’accompagnatrices scolaires ou d’élèves profitent inconsciemment de ces incohérences réglementaires au nom de la liberté de culte, les failles de la loi de 2004 sont aussi exploitées par les promoteurs d’un islam politique qui vise à concurrencer la République dans l’espace public et notamment à l’école. Face à ces contradictions et parce qu’il y a urgence à s’opposer au communautarisme islamiste, j’ai déposé une proposition de loi avec mes collègues députés RN qui vise à interdire le port de signes ou de tenues manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse ou politique dans les sorties et les activités organisées dans le cadre scolaire.

Le voile n’est pas un couvre-chef anodin ; il est un symbole de soumission et de régression, un étendard islamiste qui, chaque jour, gagne du terrain. L’islamisme ne s’arrête, hélas, pas aux portes de l’école. Il gangrène et tue, impunément, là où la République française se trouve. Le combattre, c’est rejeter toute compromission et condamner la complaisance. Le combattre, c’est déjà interdire ses manifestations et ses symboles partout et tout le temps.

© Pascal Fayolle/SIPA