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Israël et la Palestine: deux États…

Un billet d'Anne Mansouret


Israël et la Palestine: deux États…
Ramallah, 24 octobre 2023 © Christophe Ena-POOL/SIPA

Une solution, vraiment?


Depuis 1993, la « bien-pensance » qui psalmodie l’antienne politiquement correcte de la solution dite « à deux États » est, de mon point de vue, dans le déni des réalités. N’osant pas dire les choses qui fâchent telles qu’elles sont, ses partisans les projettent telles qu’ils voudraient qu’elles fussent.

Le premier constat que je fais, c’est que le « peuple palestinien » n’a jamais existé à proprement parler.

Le généticien Michael Hammer de l’Université de l’Arizona a découvert que le chromosome Y des Arabes du Moyen-Orient est quasiment « impossible à distinguer de celui des Juifs ». L’équipe de la généticienne Ariella Oppenheim de l’Université de Jérusalem a entrepris une étude complémentaire à la précédente en se focalisant sur des Juifs ashkénazes et séfarades versus des Arabes israéliens et palestiniens ; la conclusion est que ces hommes ont « des ancêtres communs au cours des derniers milliers d’années ». Ces résultats correspondent aux récits historiques selon lesquels certains Arabes musulmans descendent de chrétiens et de juifs qui vivaient dans le sud du Levant, une région qui comprend Israël et le Sinaï. Ils seraient les descendants d’un noyau de population vivant dans la région depuis la préhistoire. Encore au début du XXème siècle, les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique, sont qualifiés de « Palestiniens ».

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À titre anecdotique, j’ai dans mon ADN autant de gènes asiatiques de l’ouest, caucasiens et turcs, que de gènes juifs misrahi irakiens et israéliens… Alors que je suis née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge !

Le deuxième problème, à mes yeux, c’est que le sentiment d’appartenance nationale n’existe que s’il est représenté par une histoire qui le structure et par des dirigeants qui le personnifient ; s’il reste une abstraction sémantique, il ne peut y avoir de vrai appartenance patriotique au-delà de l’exaltation du moment.

Or, qui « est » aujourd’hui « le peuple palestinien » ?

Objectivement, « le peuple palestinien » est une projection romantique du ressenti identitaire de ce que l’on appelle la « rue arabe » au Moyen-Orient, du lexique humanitaire des ONG… et de la propagande islamo-gauchiste verte et rouge du 9 cube dont la plupart des habitants n’ont jamais mis les pieds en « Palestine » !

Après la mort de Yasser Arafat, les positions molles et ambiguës de Mahmoud Abbas l’ont totalement démonétisé, lui et son parti, le Fatah. Aucun leader politique charismatique ne s’étant imposé, ce sont les religieux qui ont pris la main et en l’occurrence les terroristes islamistes de la branche armée du Hamas.

Qu’en vingt ans, pas un seul Palestinien dans le monde ne soit rentré au bercail pour incarner la « nation palestinienne » peut interroger… Alors même que la diaspora est riche de plusieurs millions de cerveaux brillants, de la Jordanie au Chili, en passant par la Syrie et le Liban ; sans oublier Londres, New-York et les principales places financières du monde, où l’on retrouve des « Palestiniens » dans les conseils d’administration de la plupart des multinationales ! À l’évidence, cette élite intellectuelle et économique, idéologiquement acquise à la création d’un État palestinien, a fait, depuis bien longtemps, sa vie et sa réussite sur les quatre continents. Et aucun de ces Palestiniens ne semble avoir eu la vocation d’incarner le Petit Père de la Nation palestinienne !

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Un dernier point qui me semble important à considérer, et qui n’est guère évoqué : l’État Palestine, ainsi créé, compterait aujourd’hui un peu plus de 5 millions d’habitants. L’un des plus petits pays du monde, dont les ressources, l’IDH (Indice de Développement Humain), le PIB national et le revenu par habitant n’auront rien à voir avec la situation économique de l’État d’Israël, son voisin, avec lequel il devra partager, entre autres, Jérusalem et le shekel…

Car, si la bien-pensance humaniste et progressiste accuse les Israéliens d’être les vils « colonisateurs » des Palestiniens et considère ces derniers comme des « résistants », cette même bien-pensance oublie que les juifs ont été les premiers « colons » sur la terre d’Israël. Que s’il existe un écart économique abyssal entre Israël et ses voisins « palestiniens », c’est grâce au travail titanesque accompli en 75 ans par les juifs pour faire de leur pays ce qu’il est aujourd’hui.

Alors, avant de ressortir du chapeau une fois de plus la solution miracle des deux États, on devrait se poser la question : s’il n’y a pas un seul juif qui vit et travaille dans les territoires « palestiniens » et qu’en revanche, on compte plus de 20% d’arabo-musulmans israéliens établis en Israël ; auxquels s’ajoutent ceux qui viennent y travailler tous les jours… Ce n’est sans doute pas sans raisons.




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Femme politique française. Ancienne membre du Parti socialiste et du MRG.

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