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Vox populo

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Newsweek

Bien sûr, nous ne sommes pas totalement ignares. Juste un peu. Si nous avons fait nos classes à l’école laïque, nous n’en avons pas, pour autant, perdu notre latin : que les gardiens du temple syntaxique se rassurent donc ! Si nous avons substitué le Vox populo (ablatif) au Vox populi (génitif), ce n’est pas sans raison. Mais en désespoir de cause.

Que demande le peuple ? Du pain, des jeux ? Que lui dire ? Non, trop facile ! On ne peut se résoudre à être démocrate – et à l’être, pour aggraver notre cas, sincèrement – en évacuant comme une question nulle et non avenue celle du du populisme. Personne, dans l’histoire histoire humaine ne l’a jamais fait : la démocratie se joue toujours au risque de la démagogie et du populisme. Elle n’ignore jamais, comme nous le rappelle Marcel Gauchet dans ce numéro, les enfants qu’elle-même procrée.[access capability= »lire_inedits »]

Certes, l’actualité immédiate nous sert comme sur un plateau une Europe dont le ventre serait encore fécond qui accoucha de la Bête. Enfin, un truc comme ça, un peu brechtien, très lugubre, mais qui fait peur.

A charge, la « une » de Newsweek dont les éditorialistes français ont fait, ces dernières semaines, leurs choux gras, puisqu’elle présentait Nicolas Sarkozy comme le parangon de la droite dure européenne. Une vague populiste gagnerait l’Europe ? Rien n’est moins sûr : les scores de l’extrême droite européenne sont, sensiblement, les mêmes depuis plus de vingt-cinq ans. à moins, bien sûr, que l’on nous parle d’un populisme sans frontière, qui gagnerait en ce moment droite et gauche. Causeur pose les questions.[/access]

Il faut sauver le soldat Taguieff

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« L’autre jour au fond d’un vallon, Un serpent piqua Jean Fréron ; Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut le serpent qui creva. Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête..

Ces lignes inscrites sur le mur facebook de Pierre-André Taguieff n’ont pas fini de faire parler d’elles. Attribuées à tort à l’un des meilleurs historiens français des idées, elles lui valent l’avanie du MRAP. Déjà, un appel solennel à la condamnation – et au boycott d’Israël – enjoint au CNRS et à Sciences Po de congédier leur turbulent chercheur.

Reconnaissons-le : s’en prendre à un nonagénaire humaniste émérite n’est pas du meilleur goût. C’est probablement la raison qui poussa Taguieff à retirer ce petit apologue de son mur puis à suspendre son compte Facebook, une fois assailli par les attaques.

Mais voilà, certains ont leurs coups de gueules. Et celui qui a signé ce pastiche a droit aux siens, y compris pour égratigner un membre du tribunal Russel sur les « crimes de guerre en Palestine », s’il juge sa palestinophilie trop complaisante envers le Hamas. N’en déplaise aux censeurs : en République, la liberté d’expression ne se borne pas aux limites fixées par les ligues de vertu. Que certain propalestiniens détestent Taguieff, soutien assumé d’Israël et pourfendeur du tiers-mondisme, c’est leur affaire. De là à menacer le droit à la privauté virtuelle, à la libre confrontation des opinions, voire à l’exercice de son métier, il y a un pas que nul ne saurait franchir, hormis le MRAP, bien entendu.

J’invite donc tous les lecteurs de Causeur à signer la pétition de soutien à Taguieff.

N.B : Hier, j’ai posté sur Facebook la bande-annonce du film Mon curé chez les Thaïlandaises. Bientôt un communiqué indigné du MRAP ?

On n’a pas toujours tort d’avoir peur

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Il arrive que des clients viennent à mon atelier pour me demander de restaurer un meuble qui ne manque pas de charme mais ne tient pas debout. Les tiroirs tombent par terre quand on arrive à les ouvrir et les portes ne ferment plus, même à coups de pied. Pardonnez-moi de vous le dire, monsieur Sitbon mais votre texte m’a fait le même effet. Dans ces cas-là, ma première envie est de foutre au feu ce que mon père (un pied-noir qui aurait un peu de mal à vivre avec son temps) aurait appelé du « travail d’Arabe » mais mon boulot, c’est de redresser ce qui n’est pas droit. Si vous le permettez, je vais tâcher de vous dégauchir tout ça.

« On n’a jamais raison d’avoir peur », dites-vous.

Les juifs d’Europe qui sont partis créer l’Etat d’Israël n’avaient pas raison d’avoir peur ? Et les chrétiens d’Irak ? De mes arrière-grands-pères, l’un a été déporté de Paris en 1942, l’autre a été égorgé à Alger en 1962. Ils auraient mieux fait d’avoir peur. Vous nous parlez d’ « une peur plus grosse que le danger ». Dieu vous entende ! S’il est grand, qu’il fasse que les musulmans en France deviennent des Français comme tout le monde mais beaucoup n’en prennent pas le chemin, contrairement à ce monde qui est venu chez nous pour devenir français et qui a fait la France, gardant au fond du cœur sa culture d’origine mais s’abstenant d’imposer sa loi et de jeter son identité à la gueule des autres.

Les Etats occidentaux accueillent tous des musulmans de toutes les façons, droit du sol ou du sang, intégration ou multiculturalisme, tolérance religieuse ou laïcité. Résultat, les accommodements raisonnables amènent la charia et partout où on le peut encore, on légifère pour limiter les dégâts. Riposte Laïque ne demande rien d’autre, tant qu’on peut encore faire la loi. Dites-nous donc dans quel pays où les musulmans sont majoritaires, l’autre croyant, le libre-penseur, l’homosexuel et tout ce qui n’est pas hallal peut vivre sans jamais avoir peur. Allez, rassurez-nous monsieur Sitbon, avant que les musulmans ne deviennent majoritaires en France.

« Comme le racisme les dégoûte, ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent »

Au contraire, comme nous ne sommes pas racistes à Causeur, et, j’en suis convaincu, à Riposte Laïque, nous disons ce que nous pensons sans complexes[1. Il y a cher Cyril, une différence de taille : à Causeur, nous ne pensons pas tous la même chose. Et, à titre personnel, cet alignement de tous sur une ligne qui rend le débat impossible me tiendra toujours éloignée de « Riposte Laïque ». Je trouve inquiétant qu’un groupe constitué pour lutter contre « une idéologie totalitaire » se hérisse dès qu’on refuse d’adopter son point de vue et sa grammaire. EL ]. Savez-vous que nous tenons (que RL me démente si je me trompe), Malek Boutih ou Hassan Chalgoumi, « l’imam des juifs », pour nos frères, et Malika Sorel ou Dounia Bouzar pour nos sœurs ? Savez-vous ce que dit Donia Bouzar ? « Interdire la burqa, ce n’est pas être raciste ou islamophobe, ce qui est islamophobe, c’est de croiser une femme en burqa sans en être indigné en considérant qu’après tout, c’est un truc d’Arabes ».

« Ramadan s’observe davantage que le carême. Ça vous dérange ? Va falloir vous y faire. Il y aura bientôt plus d’imams que de curés »

Entre nous, une pratique qui interdit de manger, de boire, de fumer et de baiser en plein jour ne me dérange pas, elle me consterne mais elle ne me regarde pas. C’est ça la laïcité. Mais quand les Français musulmans deviennent de plus en plus en plus musulmans, je peux m’en inquiéter au lieu de m’en réjouir. Et ce qui me dérange, c’est qu’on ne puisse pas ne pas faire Ramadan comme dans certains quartiers où vous pouvez vous faire lyncher pour avoir bu un café ou dans certaines cours d’école où les gosses se font casser la gueule quand ils sortent leurs goûters. Les imams ne me dérangent pas plus que Raël ou le Mandarom sauf quand ils prêchent le djihad. La République est laïque, pas islamique et quand elle perd des territoires, ça me dérange et je n’ai pas l’intention de m’y faire.

« Si pas cent mosquées, la rue Myrrha »

La rue est à tout le monde en général et à personne en particulier, on a la liberté d’y circuler mais pas celle de l’interdire aux autres même si son bon dieu l’exige une fois par semaine. C’est ça, l’espace public. Delanoë interdit aux cathos intégristes de se rassembler sur le parvis de Notre Dame avant le pèlerinage de Chartres. Ce qui est quand même pousser la laïcité un peu loin, à moins que ce ne soit un combat gay. Enfin quand on veut, on peut ! Et quand on est républicain, on doit ! La rue Myrrha, ce n’est pas un problème de place, c’est une démonstration de force islamiste. La Grande mosquée de Paris est vide à la même heure et parmi les musulmans qui débordent dans la rue, nombreux sont ceux qui viennent d’ailleurs, vous le sauriez si vous lisiez Riposte Laïque car on ne trouve pas ces infos dans Marianne où il n’y a pas de journalistes islamophobes. Dieu merci ?

Par ailleurs, la mosquée n’est pas un service public. On construit autant d’école qu’il faut pour les enfants à scolariser et assez de prisons pour mettre la société à l’abri des criminels. Combien de mosquées faudrait-il construire et jusqu’à quand pour suivre la démographie des musulmans pratiquants ? Comment font les autres religions ? Est-ce le rôle de l’Etat ? « Sauciflard et pinard ne règlent rien » dites-vous. Bien sûr que non, sauciflard et pinard ne donnent pas les réponses, ils posent les questions.

« Six millions, pas un journal. Pas un député. Pas une école »

Pourquoi faire ? Pourquoi acheter le journal quand on reçoit Al Manar, la chaine de télé du Hezbollah, depuis son balcon. Vous allez sur internet, monsieur Sitbon ? Vous devriez. On y trouve plein de Goebbels en djellabah, on y apprend que la lapidation a du bon ou que le 11 septembre, c’est un complot sioniste (mais c’est une idée qui dépasse l’oumma je vous l’accorde) et que ça se paiera quand viendra l’heure d’Eurabia. Un député, c’est trop tôt, 10% d’électeurs, ça ne fait pas une élection, attendez un peu, vous verrez un jour un vote ethnique digne du Gabon ou du Liban. Les résultats de la liste Euro-Palestine dans certains quartiers ne sont qu’un prélude. Pas d’écoles ? À quoi bon quand l’école laïque et républicaine cédant sous le nombre, devient hallal à la cantine et efface des programmes ce qui fâche. Dehors Charles Martel et Anne Franck, et bientôt Bonaparte l’esclavagiste.

« Ils ne parlent (hélas) même plus leur langue »

Hélas ? Et quelle langue ? La langue musulmane ? Mais nos immigrés sont francophones. Nos aïeux (hélas ?) ont alphabétisés les leurs.

« L’islam est, pensez-vous, une abomination, il n’y a qu’à lire le Coran. Mais dis donc, tu as jeté un œil sur les autres livres sacrés ? »

Entre l’histoire de la loi, de l’amour et de la conquête, tous les textes ne se valent pas et certains exigent plus de sang que d’autres mais laissons les écrits aux théologiens. Ce sont les différentes pratiques des commandements divins chez les uns et surtout chez les autres qui nous inquiètent.

« La burqa t’ennuie ? Tu l’as interdite, tu devrais être content. Tu as vu comme c’est mieux depuis. Enfin, on respire »

Oui, je respire mieux dans un pays où on n’a plus le droit de mettre sa femme sous cloche en public et où celles qui l’enlèveront pour aller faire les courses ou chercher du travail respireront mieux aussi. Dans un pays où on ne porte plus dans la rue l’emblème d’un islam qui nous promet la mort, à vous et moi, où une musulmane peut trainer en justice son mari qui l’obligerait à la porter, je respire mieux, pas vous ? Permettre à l’individu de s’émanciper, d’échapper à l’emprise de sa communauté, c’est une belle idée, non ? Surtout à gauche.

« Les pays riches et libres sont métissés. Les homogènes crèvent de faim et de dictature »

Mais non ! Tous les goûts sont dans la nature et la vie est plus douce au Japon qu’au Liban. Par ailleurs, la France n’a pas attendu l’islam pour être diverse. Comme le dit Elisabeth Badinter : « une France multiraciale oui, une France multiculturelle non ». Sur ce point, il me semble que Causeur et Riposte laïque sont sur la même ligne. C’est l’observance stricte de la religion qui interdit le métissage. Vous savez ce que le port du foulard signifie ? Je cherche un bon musulman et je ne couche pas avec le blanc. Et il y a de plus en plus de foulards. Ce n’est pas à nous que le métissage pose problème, il ne faut pas nous confondre avec les identitaires de tous bords.

« Ils sont ici, ils resteront. C’est à prendre ou à laisser »

Heureusement que les hommes et femmes de France qui ont fait sa grandeur ne pensaient pas comme vous. Sans Charles Martel, Jeanne d’Arc ou Charles de Gaulle et ceux qui les ont suivis, sans ces Français qui se lèvent quand d’autres se couchent, je serai un peu moins fier d’appartenir à cette histoire, à ce pays. Pas vous ? Mais la laïcité sans faille que nous réclamons n’exige le départ de personne a priori. « Tout comme individus, rien comme peuple »,vous vous rappelez ? Ça nous a plutôt réussi, et si vous voulez mon avis, il faut continuer et en finir par exemple avec cette mauvaise habitude qu’ont les élus d’aller dîner au CRIF. Il faudrait même rajouter : tout comme individus, rien comme religion. Dans l’espace public, on ne veut voir que des Français, musulmans ou autres. La religion, on ne peut plus l’encadrer parce que dans l’état actuel de l’islam mondial, on ne peut plus la voir en peinture. Finis les accommodements déraisonnables. Ils ne peuvent pas manger de porc à la cantine, en quoi est-ce notre problème ? Que vont-ils faire ? Une grève de la faim ? Les femmes ne peuvent pas se baigner avec les hommes à la piscine ? Qu’elles restent au hammam. Elles ne peuvent pas être examinées par des médecins hommes, qu’elles changent d’hôpital ! En cas d’urgence ? Qu’ils s’en remettent à Dieu ou qu’ils aillent se faire voir ailleurs. Les musulmans capables de respecter ces conditions non négociables feront des Français, ceux qui ne craignent qu’Allah iront s’y soumettre sous d’autres cieux, la terre d’islam est vaste.

Si aujourd’hui la France est une nation et pas un agglomérat, si les bretons parlent la même langue que les corses et que tous s’en réjouissent à part quelques poseurs de bombes, c’est parce que la République a mené tout son petit monde à la baguette. Il faut un peu d’intransigeance pour que l’identité française donne à chaque Français l’estime de soi et à chaque immigré l’estime de la France. Et tout se passera bien car quand on se respecte, on force le respect. Il faudra faire comprendre aux élus que la tentation clientéliste ne paye pas car les laïques sont aussi des électeurs, et au marché que si le hallal attire des consommateurs, il peut aussi en repousser d’autres. Vous voyez, par exemple, je ne vais plus chez Quick et si ma banque se lance dans la finance islamique, j’en changerai et j’expliquerai à mon banquier pourquoi. Le vote et le boycott peuvent aussi être nos armes.

Une poigne de fer et une main tendue. Une République qui soutient un islam de France républicain, sans financements étrangers, qui adapte ses pratiques aux mœurs et aux lois françaises, dont les imams, les prêches et les contenus pédagogiques pourraient être vus par le ministère des Cultes (faisons confiance à Hortefeux). Ecoutons Hassan Chalgoumi, l’imam de Drancy, il sait comment faire. Mais il faut contrôler et exiger, pas laisser courir, faire des lois, comme pour la burqa. Vous êtes pour ?

Que les musulmans respectent nos valeurs, nos coutumes et nos rites s’ils veulent rester, c’est à prendre ou à laisser. Il nous appartient de fixer les règles. Et nous ferons des musulmans laïques. Notre tolérance, adaptation, lâcheté laisse des populations sous l’influence ou à la merci des islamistes et nous met en danger, notre fermeté rendra les musulmans, bon gré mal gré, plus laïques et fiers d’être Français.

Voilà monsieur Sitbon, je vous ai remis tout ça d’équerre. Ne me remerciez pas, je ne peux pas faire autrement, c’est mon job, c’est plus fort que moi.

Veni vidi Sarkozy

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Nicolas Saroky

Après quelques semaines, la lutte finale aura donc été remise à plus tard : c’est plutôt la fin de la lutte. Sans même un Grenelle de consolation, les tambours CGT et les trompettes CFDT ont replié leur attirail de kermesse et libéré leurs otages sans obtenir de rançon.

Pendant que la majorité des travailleurs se levait plus tôt que d’habitude pour essayer, par la route ou par le rail, d’aller travailler, c’est-à-dire d’échanger sa modeste utilité contre les moyens de sa subsistance, une minorité de fonctionnaires qui ne voit pas plus loin que le bout de ses avantages acquis tentait d’extorquer le maintien de ses privilèges contre la preuve de sa capacité de nuisance.

Ainsi, on a vu les marins corses − qui s’y connaissent en extorsion de fonds − obtenir dans une certaine discrétion que leur régime spécial ne soit pas touché par la réforme. On peut s’interroger sur la difficulté de leur travail. Vieillit-on plus vite en assurant la liaison Nice-Calvi sur un promène-couillons trois fois par semaine qu’en partant des mois sur un chalutier pêcher le thon jusqu’en Islande ? La réponse est non, mais la question n’est pas au désordre du jour.[access capability= »lire_inedits »]

Les dockers marseillais, qui luttaient à coup de pastis et de belote pour s’opposer à une réforme portuaire qui aurait relativisé la situation de monopole dont ils jouissent − et qui leur permet de tenir l’économie française par les couilles − ont rejoint le mouvement. Trente-sept grutiers qui gagnent 4000 euros par mois arrêtent le travail et la France est asphyxiée. Sont-ils à ce point compétents, rares et donc indispensables ? Non, ils sont juste invirables.

Le tableau des emmerdeurs professionnels ne serait pas complet sans les conducteurs de TGV qui se sont sentis solidaires de leurs camarades même pas menacés de cotiser et de partir à la retraite comme vous et moi, même pas inquiets pour l’avenir de leur prime de charbon mais solidaires. C’est beau, la lutte des classes ! Evidemment, ça aurait plus de gueule d’arracher des droits à un patronat combattif et intraitable qu’à des contribuables impuissants et consternés, mais on a les victoires qu’on peut. L’important, c’est de continuer le combat, surtout quand on ne risque rien.

Tout ça ne serait que grotesque si l’activité de ce petit monde du service public suffisait à financer ses retraites, mais ce n’est pas le cas et c’est là que le bât blesse. Depuis des décennies de mouvements sociaux et de blocages du pays, les millions d’agents de l’Etat qu’on a vus dans la rue ces temps-ci ont obtenu des conditions de départ à la retraite que le pays n’a plus les moyens d’assurer. Les cotisations des employés d’EDF, de la SNCF et d’autres qui partent les plus jeunes mais vivent les plus vieux ne suffisent plus à payer leurs pensions et c’est l’Etat, par l’emprunt − donc vous, moi et nos enfants −, qui mettons au bout pour environ 15 milliards chaque année.

Je suppose que les 70 % de Français qui, dans les sondages, ont soutenu le mouvement ignorent ces détails et ont voulu protester contre d’autres injustices. Il faut reconnaitre qu’en pleine affaire Woerth-Bettencourt, il n’est pas facile pour le péquin moyen de savoir qui, du gouvernement ou du tandem syndicat/opposition, est le plus gros baratineur, mais on voit bien, quand le prolétaire du privé soutient l’employé du public qui nous la joue « lutte des classes », qui est le dindon de la farce.

Les plus glougloutants dans l’histoire étant sans doute les lycéens qui, à l’appel d’irresponsables politiques et avec le concours ou l’impuissance du monde adulte et enseignant, sont descendus dans la rue. Comment résister à une telle invitation quand on a 14 ans ? Alors que, toute l’année, il faut travailler à l’école pour devenir un homme libre et gagner sa vie dignement, avec la grève on devient citoyen en séchant les cours, en braillant des âneries ou en brûlant des poubelles. Il est difficile de refuser à la jeunesse ce souffle dont nous avons tous aimé la caresse, ce sentiment d’une insurrection qui vient quand on s’empare de la rue et qu’on mobilise les forces de l’ordre, mais laisser croire à ces grands bébés un peu couillons qu’il en va de leur intérêt, c’est quand même la plus belle escroquerie de toute cette affaire.

Alors, quelle connerie la grève ? Pas sûr. Il y a quelques années, une étude sur le monde du travail montrait que, dans les secteurs d’activité où la grève était difficile à mener, les arrêts-maladie étaient plus fréquents qu’ailleurs. Cette soupape « médicale » permettait aux travailleurs du privé (pour aller vite) de débrayer à peu près autant que leurs collèges du public qui avaient la grève plus facile. Arrêter les machines, sortir de la chaîne ou planter patrons, clients et usagers provisoirement et régulièrement serait une nécessité incontournable pour tous ceux qui subissent un boulot pas assez choisi. En dehors de tout enjeu et de tout objet, la grève serait au travailleur ce que la récréation est à l’écolier, d’où l’exaspération de ceux qui n’ont pas le droit de sortir devant ceux qui passent leur temps dans la cour et en sont récompensés au détriment des élèves plus studieux. Alors, cette fois-ci, les perturbateurs sont rentrés en classe sans bon point et ce n’est que justice. L’instituteur s’est montré ferme et juste, et c’est ce qu’on peut attendre de mieux.

Le gouvernement pour lequel j’ai voté a dit aux Français : « Je vous ai compris », mais a maintenu le cap. Après tant d’années immobiles, de réformes avortées, la France serait finalement réformable. C’est une question de volonté politique. On le savait tous, on attendait de voir. Il est venu, il a vaincu, on a vu.[/access]

Tapie cambriolé : suspects à la pelle

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Plus de cinq cent mille euros de bijoux, d’argenterie et de bibelots (j’adore la notion de bibelot à ce prix-là) ont été dérobés dans l’hôtel particulier de Bernard Tapie. On souhaite bien du plaisir aux policiers chargés de l’enquête. Certes, ils peuvent d’emblée écarter la piste de barbouzes plus ou moins proches du pouvoir, car Bernard Tapie a été chanteur, homme d’affaires, acteur, patron de club de foot, ministre, mais pas journaliste. Il n’y a donc rien chez lui qui puisse intéresser l’Elysée.

Il n’en reste pas moins une liste impressionnante de suspects qui auraient pu vouloir se refaire sur la bête en pratiquant la reprise individuelle : le Parti Radical de Gauche qui avait fondé beaucoup d’espoir sur l’homme le plus médiatique de la mitterrandie pour mettre fin à son « devenir-groupusculaire », ou bien vers Michel Rocard dont la liste aux Européennes de 1994 fut détruite en plein vol par le missile Nanard lancé par Mitterrand lui-même.

Il faudra aussi que nos fins limiers aient la fibre sociale de Maigret et s’orientent vers les employés des sociétés reprises par le Sauveur et qui se sont retrouvés au chômedu illico presto (Look, Terraillon, Manufrance, La Vie Claire), vers les footballeurs comme Jacques Glassman qui ont vu leur carrière ruinée au moment de l’affaire VA-OM, vers Jacques Mellick, le Fangio du Pas-de-Calais, qui est passé pour un con et a perdu sa mairie en faisant croire qu’il faisait Paris-Béthune à une moyenne de 200 km/h ou vers les élèves diplômés des écoles de commerces Bernard-Tapie, qui n’ont jamais réussi à placer une encyclopédie payable sur cinquante ans mais ont payé cher leur formation. À moins que quelques fonctionnaires du ministère des Finances aient décidé de jouer les monte-en-l’air après avoir trouvé un peu raide, en ces temps de disette budgétaire, de devoir faire un chèque de 210 millions d’euros à la plus improbable victime de notre temps.

Toussaint rouge

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Photo : peasap

1.
Les premiers étonnés furent les services du ministère de l’Intérieur. Les rapports étaient formels. En ce lundi de la Toussaint, vers midi, un rassemblement de grande ampleur semblait prendre forme sur la place de la République. On comptait des milliers de personnes qui affluaient par le boulevard Voltaire et le boulevard Magenta. Dans son bureau, Brice Hortefeux, qui cherchait une nouvelle couleur (rouge gland ?) pour qualifier le niveau d’alerte vigie pirate avant la manif du 6 novembre, se montra extrêmement surpris et contrarié.

2.
A Montreuil, au siège de la CGT, on téléphona à la CFDT. La CFDT téléphona à SUD. SUD téléphona à FO. FO téléphona à la CFTC. La CFTC téléphona à l’UNSA. L’UNSA téléphona à la CGT. La boucle était bouclée. Personne n’était au courant de rien. On s’était tous soupçonnés les uns les autres de vouloir « faire un coup » avant le 6, mais on fut rassuré. On envoya cependant des observateurs sur le terrain.
Pendant ce temps-là, la foule affluait toujours sur la place de la République.

3.
Au ministère, on demanda à la Préfecture de Police de faire le nécessaire. On envoya les CRS et puis aussi des hommes de la DCRI en éclaireurs avec mission, si possible, de s’infiltrer chez les manifestants. L’un d’entre eux, à peine arrivé, téléphona directement au Préfet de Police : « On ne peut pas les infiltrer, monsieur le Préfet ! Ils sont déguisés. Oui, c’est ça, déguisés ! Et c’est très ressemblant ! On croirait des vrais ! »
Le Préfet de Police faillit leur dire de se déguiser en clowns, ça leur rappellerait le coup de Tarnac. Mais il s’abstint prudemment. La DCRI avait un chef plutôt susceptible.

4.
A la CGT, on fut aussi légèrement dérouté. Les copains envoyés sur place parlaient d’ouvriers habillés comme dans les années trente ou de mineurs avec leurs barrettes en cuir. Et pourtant tout le monde savait que les derniers puits de mine en France avaient fermé au début du XXIème siècle pour cause de mondialisation. On voyait beaucoup de femmes, aussi, avec des tabliers, des blouses et des fichus.
Et le nombre ne cessait d’augmenter.

5.
« – Est-ce qu’il y a des jeunes ? demanda le ministre de l’Intérieur de plus en plus inquiet au Préfet de Police
– Oui, monsieur le ministre.
– Je le savais, je le savais. Des casseurs ! De la caillera ! Ah ah ! Rappeurs et compagnie ! Faites foncer dans le tas, provoquez-les, allez-y et que ça saute ! Cons je jeunes ! Et faites attention à ceux qui auraient des colis à la main, ce sont surement des anarchistes grecs !
– Ce n’est pas vraiment ce qu’on me rapporte, monsieur le ministre. La plupart sont hauts comme trois pommes et s’ils ont des casquettes, c’est pas le genre zyva. Plutôt genre poulbot, vous voyez ? Et puis, ils chantent de vieux trucs.
– Quoi, par exemple ?
– Euh… « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire/Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. » »

Pendant un bref instant, Brice Hortefeux se demanda s’il n’était pas en train de perdre pied, voire de devenir fou. Il aurait bien pris un rhum. Non, pas un rhum. Ce n’était pas une bonne idée.

6.
Sur un trottoir, un vieux monsieur regardait la place de la République, maintenant noire de monde. Il était bien content même si tout ces gens là étaient drôlement accoutrés. A un moment, il crut reconnaître son pote Paulo, avec qui il avait bossé chez Renaud à l’époque de l’île Seguin et avec qui, aussi, il avait fait les grèves de juin 36. Mais c’était pas possible. Paulo était mort en 43, fusillé comme otage communiste, au Mont Valérien. Pourtant, qu’est-ce qu’il lui ressemblait à Paulo, ce gonze…

7.
Le ministre de l’Intérieur décida vers 14 heures de faire charger les CRS. Après tout, cette manif n’était pas autorisée.
Place de la République, il y eut un profond désarroi chez les forces de l’ordre. Les grenades lacrymogènes ne semblaient nullement incommoder les manifestants. Pire, quand un commissaire de police ordonna à une compagnie de charger un groupe isolé, composé d’hommes barbus en redingote et haut de forme portant une banderole presque effacée qui proclamait « Vive la Commune », les tonfas et autres matraques traversèrent les corps sans les toucher.
Dans les mois qui suivirent, on nota une nette recrudescence de dépressions nerveuses chez les policiers présents ce jour-là.

8.
Laurence Ferrari, au 20 heures de TF1, eut l’air encore plus ahuri que d’habitude, en face de son invitée, une femme aux cheveux gris réunis dans un chignon très strict et vêtue d’une robe noire élimée montant haut sur le cou.
« – Mais enfin, Madame Louise Michel, quel est le sens de ce défilé qui a duré plus de dix heures ?
– Eh bien, l’ensemble du mouvement social depuis 1830 a voulu apporter son soutien à celui de 2010 que vous avez voulu enterrer un peu vite et nous avons ainsi assuré la jointure avec la manifestation prévue le 6 novembre, car un combat n’est jamais perdu d’avance. »

9.
Les syndicats dénombrèrent plusieurs millions de manifestants ce jour-là.
Après quelques heures de réflexion, le ministère de l’Intérieur donna sa propre estimation.
Il y aurait eu, ce 1er novembre, d’après la place Beauveau, zéro manifestant.
On n’allait pas compter les fantômes, en plus…

Matignon Académie

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Enfin voici venu l’heure de la finale de la Matignon-académie. La Matignon-académie fait moins d’audience que la Star-academy ou Secret-Story. En revanche, elle est actuellement très en vogue dans le secteur des éditorialistes de plus de cinquante ans.

Résumé des épisodes précédents :

Michelle, longtemps favorite, a été éliminée. Christine n’avait pas l’envie, ni la testostérone. Brice s’est fait détester par tous les téléspectateurs. Et la semaine dernière, l’option de la jeunesse a été écartée puisque les petits Baroin et Lemaire nous quittaient.

Restent donc en piste François, tenant du titre, et Jean-Louis. Nous rappelons que le jury ne compte qu’un juré, l’impitoyable Nicolas. Ce n’est pas la peine, chers téléspectateurs, de taper 1, ni de taper 2. Vous pouvez néanmoins envoyer vos SMS pour donner vos impressions et vos commentaires sur les derniers candidats en lice.

Présentation des finalistes :

À tout seigneur, tout honneur, François a déjà gagné la Matignon-académie en 2007. Il nous vient de Sablé-sur-Sarthe. Il aime l’alpinisme, l’automobile et les bilans comptables. Ses atouts : il est a-du-lé par les députés UMP qui lui font un triomphe chaque semaine et il ne se plaint pas quand on l’humilie. Ses handicaps : il a pris un peu la grosse tête et il est a-du-lé par Jean-Michel Aphatie.

Jean-Louis, lui, vient de Valenciennes. Il s’est relouqué dans le but de plaire au jury qui n’aime pas quand on se néglige. Il aime le foot, la belote et les Grenelles. Ses atouts : il est dé-tes-té par Jean-Michel Aphatie, il a l’avantage de la nouveauté et il ne se plaindra pas non plus lorsqu’on l’humiliera. Ses handicaps : les députés l’appellent Columbo et il a une image[1. Assez surfaite, d’ailleurs.] de poivrot.

Le jury décidera quand bon lui semblera. On dit que ce sera sans doute ce mois-ci mais on n’est pas à l’abri d’une prolongation. D’ici là, les deux candidats sont incités à poursuivre leurs tentatives de séduction. Chansons, poèmes, démonstration de claquettes et performances athlétiques sont au programme.

Le péril jeune en vacances

Le "mouvement lycéen" : radical, citoyen et vacancier.

Avec les vacances de la Toussaint, le « mouvement lycéen » est entré dans une phase de ralentissement. Quelques centaines d’étudiants se sont rassemblés le 26 octobre. Sans les jeunes socialistes, ceux du Front de gauche, de la FSU et de la CNT, ils auraient eu piteuse allure.

Présenté comme radical et citoyen, ce mouvement de la jeunesse ne s’est pas essoufflé à cause de Sarko, l’homme de fer, mais en raison de l’absence de ces ados pré-pubères qui, après avoir quitté les bancs de l’école, ont déserté les rues pour se retirer sur d’autres terres.

Les jeunes dans la galère ont donc mis le cap sur les vacances. Il faut dire qu’ils avaient besoin de reprendre des forces : battre le pavé en gesticulant et en hurlant à tue-tête pendant des heures, ça fatigue ! À ce propos, les heures passées à manifester ne devraient-elles pas être comptabilisées dans le calcul des retraites ?[access capability= »lire_inedits »]

Le droit de partir en vacances a donc été plus fort que le droit de manifester et tout le monde trouve ça normal, à commencer par les organisations syndicales lycéennes et étudiantes.
Partir en vacances alors même que la réforme sur les retraites, perçue comme injuste et illégitime, est à deux doigt d’être promulguée ? L’indifférence des leaders du mouvement protestataire est absolument fascinante. Ne s’agit-il pas d’une désertion ? Un militant en vacances, n’est-ce pas un oxymore en période de lutte ?

Où est passée l’éthique de conviction ?

Un militant à mi-temps, ça n’existe pas. Où est donc passée, dans cette mobilisation de la jeunesse, l’éthique de conviction, principe structurant de l’action syndicale, comme le remarquait Max Weber dans Le Savant et le politique ? Serait-elle active seulement le temps d’une manif et visible momentanément sur les profils Facebook ? Ou alors, il faut croire que l’enjeu de la mobilisation n’est pas aussi crucial que le clament les syndicats et l’opposition.

Le pire, c’est que le dilemme moral ne s’est même pas posé. Absence totale de cas de conscience. On n’a pas observé le moindre déchirement entre le plaisir privé et le devoir, pas la moindre tempête sous les crânes lycéens, peut-être parce que leurs maîtres-protestateurs, les présidents de la FIDL et de l’UNEF, ne les ont pas appelés au devoir de faire la grève de leurs vacances. Pourtant, cet appel aurait été doublement payant, pour la dynamique du mouvement et pour la crédibilité de l’engagement politique des jeunes, célébré avec enthousiasme au plus fort de la mobilisation.

C’est que le mot « devoir » aurait réactivé la glande sébacée de nos ados. Alors, non merci ! Pas touche aux vacances des lycéens, bien plus sacrées que l’union avec les salariés et les retraités. Faut pas charrier : déjà que les vieux vont piquer les boulots des jeunes… Si, en prime, ils les privent de leurs vacances, ils vont finir par la faire pour de bon, cette révolution. [/access]

Tout a un prix

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Causeur n’est pas seulement un salon où l’on cause, on y lit également. Et point maladroitement, si l’on en juge par les résultats d’attribution des premiers prix littéraires : Maillé-le-très-brillant-timide, l’homme du plateau de Millevaches, comme l’autre l’était de la plaine, pertinent autant qu’on peut l’être, impertinent comme on l’est rarement, Bruno Maillé, donc, avait vanté les qualités de La Croisade des enfants, de Florina Ilis Roman hanté en Transylvanie – Causeur.fr. Résonnez musettes ! Le livre reçut le prix Courrier International Florina Ilis : on vous avait prévenu – Causeur.fr.
Or, voici quelque temps, votre humble et dévoué serviteur chantait les louanges du roman de Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont Dessine-moi un beau pontCauseur.fr. Sonnez grelots ! Le prix Médicis lui a été attribué, à l’unanimité. Nous sommes très heureux de constater que les jurés de ces deux aréopages partagent les goûts de Causeur en matière de littérature : on ne peut pas toujours être en désaccord avec tout le monde…

La France perd-elle son AME ?

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L’AME (aide médicale d’Etat) permet aux étrangers en situation irrégulière d’être soignés gratuitement sur le sol français. Comme toutes les aides sociales, ce dispositif constitue une incitation à l’immigration illégale : on peut trouver dans les pays d’Afrique et du Maghreb un fascicule rédigé en français et en arabe qui explique comment en bénéficier. Il peut paraître paradoxal que des immigrés entrés en France clandestinement puissent voir leurs frais de santé pris en charge par l’Etat, comme ils peuvent travailler, se loger ou scolariser leurs enfants. Mais la République peut s’honorer de traiter avec humanité les hommes et les femmes qui résident sur son territoire, légalement ou pas.

Comme on pouvait s’y attendre, le système dérape, victime de dérives, de fraudes et d’abus. Dominique Tian, Député UMP et membre de la Commission des Affaires sociales, déclare dans une interview que « sur les contrôles effectués en 2009 dans 106 caisses primaires d’assurance maladie sur 5% des bénéficiaires de l’AME, il est montré que 50% des dossiers sont faux. Une étude de l’Onu met en avant des trafics organisés, indiquant que 20 à 25% du Subutex (substitut à l’héroïne, ndlr) distribué via l’AME, part vers des marchés illicites. »

Un article paru il y a quelques semaines dans Libération racontait l’histoire d’un Camerounais polygame, mari de deux femmes et père de 7 enfants restés au pays, qui rencontre une femme en France. Tous deux sont clandestins, l’homme est séropositif et la femme ne parvient pas à tomber enceinte. En effet, le couple désire avoir un enfant et demande à bénéficier de l’AME pour une fécondation in vitro. L’aide est accordée et la femme qui vit en foyer attend aujourd’hui un heureux événement.

Cette générosité a un coût. En 2009, 540 millions d’euros ont été débloqués pour soigner 215000 sans-papiers et la somme augmente chaque année. Pour réduire les déficits et la dette sociale, le gouvernement qui impose aux Français des réductions constantes des remboursements de leurs médicaments ou de leurs frais d’hôpitaux, envisage de restreindre l’accès et de poser quelques modestes conditions à l’obtention de cette aide.

Les députés UMP qui demandent une réforme souhaitent notamment que la fécondation in vitro soit exclue de ce dispositif ainsi que le traitement des pathologies qui sont traitées dans le pays d’origine des demandeurs s’ils résident à moins de 20 kilomètres d’un centre de soins et demandent que les bénéficiaires participent aux frais à hauteur de 30 euros par an, ce qui couvrirait 1% des coûts. L’aide serait aussi limitée aux conjoints et aux enfants et contrôlée par les préfectures.

Même si l’AME est réformée, la France restera le pays le plus généreux du monde avec ses immigrés clandestins

L’urgence médicale n’est pas menacée et les étrangers qui ont un besoin vital de soins seront toujours admis à l’hôpital avec femme et enfants. Malgré cela, les restrictions envisagées provoquent des réactions indignées des associations d’aide aux sans-papiers, de certains humanitaires qui jugent que la déontologie médicale n’admet aucune limite et de certains députés de l’opposition qui parlent, comme c’est original, de stigmatisation des immigrés et de discrimination entre malades français et étrangers.

J’aimerais entendre ces âmes généreuses expliquer aux étrangers entrés chez nous légalement, qui respectent nos lois, payent des impôts et cotisent aux caisses d’assurance- maladie au nom de quel droit des immigrés entrés illégalement devraient bénéficier de plus de droits qu’eux.

J’attends leurs arguments quand ils tenteront de convaincre les Français qui se serrent la ceinture pour éviter la ruine et dont certains n’ont plus les moyens de se soigner que seul ce poste budgétaire ne saurait souffrir la moindre mesure d’économies.
La France est le pays le plus généreux du monde avec ses immigrés clandestins et le restera même si l’AME est réformée. Si rien ne change, elle perdra les moyens nécessaires à l’intégration et à la générosité, ce qui est un peu la même chose. Dissuader l’immigration illégale qui empêche l’intégration et limiter des déficits qui menacent la pérennité des systèmes de protection sociale, sans renoncer à porter assistance à des personnes en danger, c’est l’équilibre qu’il nous faut trouver. Garder ce que nos ainés ont bâti sans perdre notre âme, entre une gauche généreuse et irresponsable et une extrême droite qui rêve d’un protectionnisme ethnique, c’est ce qu’on peut espérer de mieux pour la République. Mettons là sur la voie du milieu. Et restons zen.

Vox populo

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Newsweek

Newsweek

Bien sûr, nous ne sommes pas totalement ignares. Juste un peu. Si nous avons fait nos classes à l’école laïque, nous n’en avons pas, pour autant, perdu notre latin : que les gardiens du temple syntaxique se rassurent donc ! Si nous avons substitué le Vox populo (ablatif) au Vox populi (génitif), ce n’est pas sans raison. Mais en désespoir de cause.

Que demande le peuple ? Du pain, des jeux ? Que lui dire ? Non, trop facile ! On ne peut se résoudre à être démocrate – et à l’être, pour aggraver notre cas, sincèrement – en évacuant comme une question nulle et non avenue celle du du populisme. Personne, dans l’histoire histoire humaine ne l’a jamais fait : la démocratie se joue toujours au risque de la démagogie et du populisme. Elle n’ignore jamais, comme nous le rappelle Marcel Gauchet dans ce numéro, les enfants qu’elle-même procrée.[access capability= »lire_inedits »]

Certes, l’actualité immédiate nous sert comme sur un plateau une Europe dont le ventre serait encore fécond qui accoucha de la Bête. Enfin, un truc comme ça, un peu brechtien, très lugubre, mais qui fait peur.

A charge, la « une » de Newsweek dont les éditorialistes français ont fait, ces dernières semaines, leurs choux gras, puisqu’elle présentait Nicolas Sarkozy comme le parangon de la droite dure européenne. Une vague populiste gagnerait l’Europe ? Rien n’est moins sûr : les scores de l’extrême droite européenne sont, sensiblement, les mêmes depuis plus de vingt-cinq ans. à moins, bien sûr, que l’on nous parle d’un populisme sans frontière, qui gagnerait en ce moment droite et gauche. Causeur pose les questions.[/access]

Il faut sauver le soldat Taguieff

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« L’autre jour au fond d’un vallon, Un serpent piqua Jean Fréron ; Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut le serpent qui creva. Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête..

Ces lignes inscrites sur le mur facebook de Pierre-André Taguieff n’ont pas fini de faire parler d’elles. Attribuées à tort à l’un des meilleurs historiens français des idées, elles lui valent l’avanie du MRAP. Déjà, un appel solennel à la condamnation – et au boycott d’Israël – enjoint au CNRS et à Sciences Po de congédier leur turbulent chercheur.

Reconnaissons-le : s’en prendre à un nonagénaire humaniste émérite n’est pas du meilleur goût. C’est probablement la raison qui poussa Taguieff à retirer ce petit apologue de son mur puis à suspendre son compte Facebook, une fois assailli par les attaques.

Mais voilà, certains ont leurs coups de gueules. Et celui qui a signé ce pastiche a droit aux siens, y compris pour égratigner un membre du tribunal Russel sur les « crimes de guerre en Palestine », s’il juge sa palestinophilie trop complaisante envers le Hamas. N’en déplaise aux censeurs : en République, la liberté d’expression ne se borne pas aux limites fixées par les ligues de vertu. Que certain propalestiniens détestent Taguieff, soutien assumé d’Israël et pourfendeur du tiers-mondisme, c’est leur affaire. De là à menacer le droit à la privauté virtuelle, à la libre confrontation des opinions, voire à l’exercice de son métier, il y a un pas que nul ne saurait franchir, hormis le MRAP, bien entendu.

J’invite donc tous les lecteurs de Causeur à signer la pétition de soutien à Taguieff.

N.B : Hier, j’ai posté sur Facebook la bande-annonce du film Mon curé chez les Thaïlandaises. Bientôt un communiqué indigné du MRAP ?

On n’a pas toujours tort d’avoir peur

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Il arrive que des clients viennent à mon atelier pour me demander de restaurer un meuble qui ne manque pas de charme mais ne tient pas debout. Les tiroirs tombent par terre quand on arrive à les ouvrir et les portes ne ferment plus, même à coups de pied. Pardonnez-moi de vous le dire, monsieur Sitbon mais votre texte m’a fait le même effet. Dans ces cas-là, ma première envie est de foutre au feu ce que mon père (un pied-noir qui aurait un peu de mal à vivre avec son temps) aurait appelé du « travail d’Arabe » mais mon boulot, c’est de redresser ce qui n’est pas droit. Si vous le permettez, je vais tâcher de vous dégauchir tout ça.

« On n’a jamais raison d’avoir peur », dites-vous.

Les juifs d’Europe qui sont partis créer l’Etat d’Israël n’avaient pas raison d’avoir peur ? Et les chrétiens d’Irak ? De mes arrière-grands-pères, l’un a été déporté de Paris en 1942, l’autre a été égorgé à Alger en 1962. Ils auraient mieux fait d’avoir peur. Vous nous parlez d’ « une peur plus grosse que le danger ». Dieu vous entende ! S’il est grand, qu’il fasse que les musulmans en France deviennent des Français comme tout le monde mais beaucoup n’en prennent pas le chemin, contrairement à ce monde qui est venu chez nous pour devenir français et qui a fait la France, gardant au fond du cœur sa culture d’origine mais s’abstenant d’imposer sa loi et de jeter son identité à la gueule des autres.

Les Etats occidentaux accueillent tous des musulmans de toutes les façons, droit du sol ou du sang, intégration ou multiculturalisme, tolérance religieuse ou laïcité. Résultat, les accommodements raisonnables amènent la charia et partout où on le peut encore, on légifère pour limiter les dégâts. Riposte Laïque ne demande rien d’autre, tant qu’on peut encore faire la loi. Dites-nous donc dans quel pays où les musulmans sont majoritaires, l’autre croyant, le libre-penseur, l’homosexuel et tout ce qui n’est pas hallal peut vivre sans jamais avoir peur. Allez, rassurez-nous monsieur Sitbon, avant que les musulmans ne deviennent majoritaires en France.

« Comme le racisme les dégoûte, ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent »

Au contraire, comme nous ne sommes pas racistes à Causeur, et, j’en suis convaincu, à Riposte Laïque, nous disons ce que nous pensons sans complexes[1. Il y a cher Cyril, une différence de taille : à Causeur, nous ne pensons pas tous la même chose. Et, à titre personnel, cet alignement de tous sur une ligne qui rend le débat impossible me tiendra toujours éloignée de « Riposte Laïque ». Je trouve inquiétant qu’un groupe constitué pour lutter contre « une idéologie totalitaire » se hérisse dès qu’on refuse d’adopter son point de vue et sa grammaire. EL ]. Savez-vous que nous tenons (que RL me démente si je me trompe), Malek Boutih ou Hassan Chalgoumi, « l’imam des juifs », pour nos frères, et Malika Sorel ou Dounia Bouzar pour nos sœurs ? Savez-vous ce que dit Donia Bouzar ? « Interdire la burqa, ce n’est pas être raciste ou islamophobe, ce qui est islamophobe, c’est de croiser une femme en burqa sans en être indigné en considérant qu’après tout, c’est un truc d’Arabes ».

« Ramadan s’observe davantage que le carême. Ça vous dérange ? Va falloir vous y faire. Il y aura bientôt plus d’imams que de curés »

Entre nous, une pratique qui interdit de manger, de boire, de fumer et de baiser en plein jour ne me dérange pas, elle me consterne mais elle ne me regarde pas. C’est ça la laïcité. Mais quand les Français musulmans deviennent de plus en plus en plus musulmans, je peux m’en inquiéter au lieu de m’en réjouir. Et ce qui me dérange, c’est qu’on ne puisse pas ne pas faire Ramadan comme dans certains quartiers où vous pouvez vous faire lyncher pour avoir bu un café ou dans certaines cours d’école où les gosses se font casser la gueule quand ils sortent leurs goûters. Les imams ne me dérangent pas plus que Raël ou le Mandarom sauf quand ils prêchent le djihad. La République est laïque, pas islamique et quand elle perd des territoires, ça me dérange et je n’ai pas l’intention de m’y faire.

« Si pas cent mosquées, la rue Myrrha »

La rue est à tout le monde en général et à personne en particulier, on a la liberté d’y circuler mais pas celle de l’interdire aux autres même si son bon dieu l’exige une fois par semaine. C’est ça, l’espace public. Delanoë interdit aux cathos intégristes de se rassembler sur le parvis de Notre Dame avant le pèlerinage de Chartres. Ce qui est quand même pousser la laïcité un peu loin, à moins que ce ne soit un combat gay. Enfin quand on veut, on peut ! Et quand on est républicain, on doit ! La rue Myrrha, ce n’est pas un problème de place, c’est une démonstration de force islamiste. La Grande mosquée de Paris est vide à la même heure et parmi les musulmans qui débordent dans la rue, nombreux sont ceux qui viennent d’ailleurs, vous le sauriez si vous lisiez Riposte Laïque car on ne trouve pas ces infos dans Marianne où il n’y a pas de journalistes islamophobes. Dieu merci ?

Par ailleurs, la mosquée n’est pas un service public. On construit autant d’école qu’il faut pour les enfants à scolariser et assez de prisons pour mettre la société à l’abri des criminels. Combien de mosquées faudrait-il construire et jusqu’à quand pour suivre la démographie des musulmans pratiquants ? Comment font les autres religions ? Est-ce le rôle de l’Etat ? « Sauciflard et pinard ne règlent rien » dites-vous. Bien sûr que non, sauciflard et pinard ne donnent pas les réponses, ils posent les questions.

« Six millions, pas un journal. Pas un député. Pas une école »

Pourquoi faire ? Pourquoi acheter le journal quand on reçoit Al Manar, la chaine de télé du Hezbollah, depuis son balcon. Vous allez sur internet, monsieur Sitbon ? Vous devriez. On y trouve plein de Goebbels en djellabah, on y apprend que la lapidation a du bon ou que le 11 septembre, c’est un complot sioniste (mais c’est une idée qui dépasse l’oumma je vous l’accorde) et que ça se paiera quand viendra l’heure d’Eurabia. Un député, c’est trop tôt, 10% d’électeurs, ça ne fait pas une élection, attendez un peu, vous verrez un jour un vote ethnique digne du Gabon ou du Liban. Les résultats de la liste Euro-Palestine dans certains quartiers ne sont qu’un prélude. Pas d’écoles ? À quoi bon quand l’école laïque et républicaine cédant sous le nombre, devient hallal à la cantine et efface des programmes ce qui fâche. Dehors Charles Martel et Anne Franck, et bientôt Bonaparte l’esclavagiste.

« Ils ne parlent (hélas) même plus leur langue »

Hélas ? Et quelle langue ? La langue musulmane ? Mais nos immigrés sont francophones. Nos aïeux (hélas ?) ont alphabétisés les leurs.

« L’islam est, pensez-vous, une abomination, il n’y a qu’à lire le Coran. Mais dis donc, tu as jeté un œil sur les autres livres sacrés ? »

Entre l’histoire de la loi, de l’amour et de la conquête, tous les textes ne se valent pas et certains exigent plus de sang que d’autres mais laissons les écrits aux théologiens. Ce sont les différentes pratiques des commandements divins chez les uns et surtout chez les autres qui nous inquiètent.

« La burqa t’ennuie ? Tu l’as interdite, tu devrais être content. Tu as vu comme c’est mieux depuis. Enfin, on respire »

Oui, je respire mieux dans un pays où on n’a plus le droit de mettre sa femme sous cloche en public et où celles qui l’enlèveront pour aller faire les courses ou chercher du travail respireront mieux aussi. Dans un pays où on ne porte plus dans la rue l’emblème d’un islam qui nous promet la mort, à vous et moi, où une musulmane peut trainer en justice son mari qui l’obligerait à la porter, je respire mieux, pas vous ? Permettre à l’individu de s’émanciper, d’échapper à l’emprise de sa communauté, c’est une belle idée, non ? Surtout à gauche.

« Les pays riches et libres sont métissés. Les homogènes crèvent de faim et de dictature »

Mais non ! Tous les goûts sont dans la nature et la vie est plus douce au Japon qu’au Liban. Par ailleurs, la France n’a pas attendu l’islam pour être diverse. Comme le dit Elisabeth Badinter : « une France multiraciale oui, une France multiculturelle non ». Sur ce point, il me semble que Causeur et Riposte laïque sont sur la même ligne. C’est l’observance stricte de la religion qui interdit le métissage. Vous savez ce que le port du foulard signifie ? Je cherche un bon musulman et je ne couche pas avec le blanc. Et il y a de plus en plus de foulards. Ce n’est pas à nous que le métissage pose problème, il ne faut pas nous confondre avec les identitaires de tous bords.

« Ils sont ici, ils resteront. C’est à prendre ou à laisser »

Heureusement que les hommes et femmes de France qui ont fait sa grandeur ne pensaient pas comme vous. Sans Charles Martel, Jeanne d’Arc ou Charles de Gaulle et ceux qui les ont suivis, sans ces Français qui se lèvent quand d’autres se couchent, je serai un peu moins fier d’appartenir à cette histoire, à ce pays. Pas vous ? Mais la laïcité sans faille que nous réclamons n’exige le départ de personne a priori. « Tout comme individus, rien comme peuple »,vous vous rappelez ? Ça nous a plutôt réussi, et si vous voulez mon avis, il faut continuer et en finir par exemple avec cette mauvaise habitude qu’ont les élus d’aller dîner au CRIF. Il faudrait même rajouter : tout comme individus, rien comme religion. Dans l’espace public, on ne veut voir que des Français, musulmans ou autres. La religion, on ne peut plus l’encadrer parce que dans l’état actuel de l’islam mondial, on ne peut plus la voir en peinture. Finis les accommodements déraisonnables. Ils ne peuvent pas manger de porc à la cantine, en quoi est-ce notre problème ? Que vont-ils faire ? Une grève de la faim ? Les femmes ne peuvent pas se baigner avec les hommes à la piscine ? Qu’elles restent au hammam. Elles ne peuvent pas être examinées par des médecins hommes, qu’elles changent d’hôpital ! En cas d’urgence ? Qu’ils s’en remettent à Dieu ou qu’ils aillent se faire voir ailleurs. Les musulmans capables de respecter ces conditions non négociables feront des Français, ceux qui ne craignent qu’Allah iront s’y soumettre sous d’autres cieux, la terre d’islam est vaste.

Si aujourd’hui la France est une nation et pas un agglomérat, si les bretons parlent la même langue que les corses et que tous s’en réjouissent à part quelques poseurs de bombes, c’est parce que la République a mené tout son petit monde à la baguette. Il faut un peu d’intransigeance pour que l’identité française donne à chaque Français l’estime de soi et à chaque immigré l’estime de la France. Et tout se passera bien car quand on se respecte, on force le respect. Il faudra faire comprendre aux élus que la tentation clientéliste ne paye pas car les laïques sont aussi des électeurs, et au marché que si le hallal attire des consommateurs, il peut aussi en repousser d’autres. Vous voyez, par exemple, je ne vais plus chez Quick et si ma banque se lance dans la finance islamique, j’en changerai et j’expliquerai à mon banquier pourquoi. Le vote et le boycott peuvent aussi être nos armes.

Une poigne de fer et une main tendue. Une République qui soutient un islam de France républicain, sans financements étrangers, qui adapte ses pratiques aux mœurs et aux lois françaises, dont les imams, les prêches et les contenus pédagogiques pourraient être vus par le ministère des Cultes (faisons confiance à Hortefeux). Ecoutons Hassan Chalgoumi, l’imam de Drancy, il sait comment faire. Mais il faut contrôler et exiger, pas laisser courir, faire des lois, comme pour la burqa. Vous êtes pour ?

Que les musulmans respectent nos valeurs, nos coutumes et nos rites s’ils veulent rester, c’est à prendre ou à laisser. Il nous appartient de fixer les règles. Et nous ferons des musulmans laïques. Notre tolérance, adaptation, lâcheté laisse des populations sous l’influence ou à la merci des islamistes et nous met en danger, notre fermeté rendra les musulmans, bon gré mal gré, plus laïques et fiers d’être Français.

Voilà monsieur Sitbon, je vous ai remis tout ça d’équerre. Ne me remerciez pas, je ne peux pas faire autrement, c’est mon job, c’est plus fort que moi.

Veni vidi Sarkozy

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Nicolas Saroky
La réforme des retraites : une victoire pour le président de la République ?

Nicolas Saroky

Après quelques semaines, la lutte finale aura donc été remise à plus tard : c’est plutôt la fin de la lutte. Sans même un Grenelle de consolation, les tambours CGT et les trompettes CFDT ont replié leur attirail de kermesse et libéré leurs otages sans obtenir de rançon.

Pendant que la majorité des travailleurs se levait plus tôt que d’habitude pour essayer, par la route ou par le rail, d’aller travailler, c’est-à-dire d’échanger sa modeste utilité contre les moyens de sa subsistance, une minorité de fonctionnaires qui ne voit pas plus loin que le bout de ses avantages acquis tentait d’extorquer le maintien de ses privilèges contre la preuve de sa capacité de nuisance.

Ainsi, on a vu les marins corses − qui s’y connaissent en extorsion de fonds − obtenir dans une certaine discrétion que leur régime spécial ne soit pas touché par la réforme. On peut s’interroger sur la difficulté de leur travail. Vieillit-on plus vite en assurant la liaison Nice-Calvi sur un promène-couillons trois fois par semaine qu’en partant des mois sur un chalutier pêcher le thon jusqu’en Islande ? La réponse est non, mais la question n’est pas au désordre du jour.[access capability= »lire_inedits »]

Les dockers marseillais, qui luttaient à coup de pastis et de belote pour s’opposer à une réforme portuaire qui aurait relativisé la situation de monopole dont ils jouissent − et qui leur permet de tenir l’économie française par les couilles − ont rejoint le mouvement. Trente-sept grutiers qui gagnent 4000 euros par mois arrêtent le travail et la France est asphyxiée. Sont-ils à ce point compétents, rares et donc indispensables ? Non, ils sont juste invirables.

Le tableau des emmerdeurs professionnels ne serait pas complet sans les conducteurs de TGV qui se sont sentis solidaires de leurs camarades même pas menacés de cotiser et de partir à la retraite comme vous et moi, même pas inquiets pour l’avenir de leur prime de charbon mais solidaires. C’est beau, la lutte des classes ! Evidemment, ça aurait plus de gueule d’arracher des droits à un patronat combattif et intraitable qu’à des contribuables impuissants et consternés, mais on a les victoires qu’on peut. L’important, c’est de continuer le combat, surtout quand on ne risque rien.

Tout ça ne serait que grotesque si l’activité de ce petit monde du service public suffisait à financer ses retraites, mais ce n’est pas le cas et c’est là que le bât blesse. Depuis des décennies de mouvements sociaux et de blocages du pays, les millions d’agents de l’Etat qu’on a vus dans la rue ces temps-ci ont obtenu des conditions de départ à la retraite que le pays n’a plus les moyens d’assurer. Les cotisations des employés d’EDF, de la SNCF et d’autres qui partent les plus jeunes mais vivent les plus vieux ne suffisent plus à payer leurs pensions et c’est l’Etat, par l’emprunt − donc vous, moi et nos enfants −, qui mettons au bout pour environ 15 milliards chaque année.

Je suppose que les 70 % de Français qui, dans les sondages, ont soutenu le mouvement ignorent ces détails et ont voulu protester contre d’autres injustices. Il faut reconnaitre qu’en pleine affaire Woerth-Bettencourt, il n’est pas facile pour le péquin moyen de savoir qui, du gouvernement ou du tandem syndicat/opposition, est le plus gros baratineur, mais on voit bien, quand le prolétaire du privé soutient l’employé du public qui nous la joue « lutte des classes », qui est le dindon de la farce.

Les plus glougloutants dans l’histoire étant sans doute les lycéens qui, à l’appel d’irresponsables politiques et avec le concours ou l’impuissance du monde adulte et enseignant, sont descendus dans la rue. Comment résister à une telle invitation quand on a 14 ans ? Alors que, toute l’année, il faut travailler à l’école pour devenir un homme libre et gagner sa vie dignement, avec la grève on devient citoyen en séchant les cours, en braillant des âneries ou en brûlant des poubelles. Il est difficile de refuser à la jeunesse ce souffle dont nous avons tous aimé la caresse, ce sentiment d’une insurrection qui vient quand on s’empare de la rue et qu’on mobilise les forces de l’ordre, mais laisser croire à ces grands bébés un peu couillons qu’il en va de leur intérêt, c’est quand même la plus belle escroquerie de toute cette affaire.

Alors, quelle connerie la grève ? Pas sûr. Il y a quelques années, une étude sur le monde du travail montrait que, dans les secteurs d’activité où la grève était difficile à mener, les arrêts-maladie étaient plus fréquents qu’ailleurs. Cette soupape « médicale » permettait aux travailleurs du privé (pour aller vite) de débrayer à peu près autant que leurs collèges du public qui avaient la grève plus facile. Arrêter les machines, sortir de la chaîne ou planter patrons, clients et usagers provisoirement et régulièrement serait une nécessité incontournable pour tous ceux qui subissent un boulot pas assez choisi. En dehors de tout enjeu et de tout objet, la grève serait au travailleur ce que la récréation est à l’écolier, d’où l’exaspération de ceux qui n’ont pas le droit de sortir devant ceux qui passent leur temps dans la cour et en sont récompensés au détriment des élèves plus studieux. Alors, cette fois-ci, les perturbateurs sont rentrés en classe sans bon point et ce n’est que justice. L’instituteur s’est montré ferme et juste, et c’est ce qu’on peut attendre de mieux.

Le gouvernement pour lequel j’ai voté a dit aux Français : « Je vous ai compris », mais a maintenu le cap. Après tant d’années immobiles, de réformes avortées, la France serait finalement réformable. C’est une question de volonté politique. On le savait tous, on attendait de voir. Il est venu, il a vaincu, on a vu.[/access]

Tapie cambriolé : suspects à la pelle

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Plus de cinq cent mille euros de bijoux, d’argenterie et de bibelots (j’adore la notion de bibelot à ce prix-là) ont été dérobés dans l’hôtel particulier de Bernard Tapie. On souhaite bien du plaisir aux policiers chargés de l’enquête. Certes, ils peuvent d’emblée écarter la piste de barbouzes plus ou moins proches du pouvoir, car Bernard Tapie a été chanteur, homme d’affaires, acteur, patron de club de foot, ministre, mais pas journaliste. Il n’y a donc rien chez lui qui puisse intéresser l’Elysée.

Il n’en reste pas moins une liste impressionnante de suspects qui auraient pu vouloir se refaire sur la bête en pratiquant la reprise individuelle : le Parti Radical de Gauche qui avait fondé beaucoup d’espoir sur l’homme le plus médiatique de la mitterrandie pour mettre fin à son « devenir-groupusculaire », ou bien vers Michel Rocard dont la liste aux Européennes de 1994 fut détruite en plein vol par le missile Nanard lancé par Mitterrand lui-même.

Il faudra aussi que nos fins limiers aient la fibre sociale de Maigret et s’orientent vers les employés des sociétés reprises par le Sauveur et qui se sont retrouvés au chômedu illico presto (Look, Terraillon, Manufrance, La Vie Claire), vers les footballeurs comme Jacques Glassman qui ont vu leur carrière ruinée au moment de l’affaire VA-OM, vers Jacques Mellick, le Fangio du Pas-de-Calais, qui est passé pour un con et a perdu sa mairie en faisant croire qu’il faisait Paris-Béthune à une moyenne de 200 km/h ou vers les élèves diplômés des écoles de commerces Bernard-Tapie, qui n’ont jamais réussi à placer une encyclopédie payable sur cinquante ans mais ont payé cher leur formation. À moins que quelques fonctionnaires du ministère des Finances aient décidé de jouer les monte-en-l’air après avoir trouvé un peu raide, en ces temps de disette budgétaire, de devoir faire un chèque de 210 millions d’euros à la plus improbable victime de notre temps.

Toussaint rouge

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Photo : peasap
Photo : peasap

1.
Les premiers étonnés furent les services du ministère de l’Intérieur. Les rapports étaient formels. En ce lundi de la Toussaint, vers midi, un rassemblement de grande ampleur semblait prendre forme sur la place de la République. On comptait des milliers de personnes qui affluaient par le boulevard Voltaire et le boulevard Magenta. Dans son bureau, Brice Hortefeux, qui cherchait une nouvelle couleur (rouge gland ?) pour qualifier le niveau d’alerte vigie pirate avant la manif du 6 novembre, se montra extrêmement surpris et contrarié.

2.
A Montreuil, au siège de la CGT, on téléphona à la CFDT. La CFDT téléphona à SUD. SUD téléphona à FO. FO téléphona à la CFTC. La CFTC téléphona à l’UNSA. L’UNSA téléphona à la CGT. La boucle était bouclée. Personne n’était au courant de rien. On s’était tous soupçonnés les uns les autres de vouloir « faire un coup » avant le 6, mais on fut rassuré. On envoya cependant des observateurs sur le terrain.
Pendant ce temps-là, la foule affluait toujours sur la place de la République.

3.
Au ministère, on demanda à la Préfecture de Police de faire le nécessaire. On envoya les CRS et puis aussi des hommes de la DCRI en éclaireurs avec mission, si possible, de s’infiltrer chez les manifestants. L’un d’entre eux, à peine arrivé, téléphona directement au Préfet de Police : « On ne peut pas les infiltrer, monsieur le Préfet ! Ils sont déguisés. Oui, c’est ça, déguisés ! Et c’est très ressemblant ! On croirait des vrais ! »
Le Préfet de Police faillit leur dire de se déguiser en clowns, ça leur rappellerait le coup de Tarnac. Mais il s’abstint prudemment. La DCRI avait un chef plutôt susceptible.

4.
A la CGT, on fut aussi légèrement dérouté. Les copains envoyés sur place parlaient d’ouvriers habillés comme dans les années trente ou de mineurs avec leurs barrettes en cuir. Et pourtant tout le monde savait que les derniers puits de mine en France avaient fermé au début du XXIème siècle pour cause de mondialisation. On voyait beaucoup de femmes, aussi, avec des tabliers, des blouses et des fichus.
Et le nombre ne cessait d’augmenter.

5.
« – Est-ce qu’il y a des jeunes ? demanda le ministre de l’Intérieur de plus en plus inquiet au Préfet de Police
– Oui, monsieur le ministre.
– Je le savais, je le savais. Des casseurs ! De la caillera ! Ah ah ! Rappeurs et compagnie ! Faites foncer dans le tas, provoquez-les, allez-y et que ça saute ! Cons je jeunes ! Et faites attention à ceux qui auraient des colis à la main, ce sont surement des anarchistes grecs !
– Ce n’est pas vraiment ce qu’on me rapporte, monsieur le ministre. La plupart sont hauts comme trois pommes et s’ils ont des casquettes, c’est pas le genre zyva. Plutôt genre poulbot, vous voyez ? Et puis, ils chantent de vieux trucs.
– Quoi, par exemple ?
– Euh… « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire/Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. » »

Pendant un bref instant, Brice Hortefeux se demanda s’il n’était pas en train de perdre pied, voire de devenir fou. Il aurait bien pris un rhum. Non, pas un rhum. Ce n’était pas une bonne idée.

6.
Sur un trottoir, un vieux monsieur regardait la place de la République, maintenant noire de monde. Il était bien content même si tout ces gens là étaient drôlement accoutrés. A un moment, il crut reconnaître son pote Paulo, avec qui il avait bossé chez Renaud à l’époque de l’île Seguin et avec qui, aussi, il avait fait les grèves de juin 36. Mais c’était pas possible. Paulo était mort en 43, fusillé comme otage communiste, au Mont Valérien. Pourtant, qu’est-ce qu’il lui ressemblait à Paulo, ce gonze…

7.
Le ministre de l’Intérieur décida vers 14 heures de faire charger les CRS. Après tout, cette manif n’était pas autorisée.
Place de la République, il y eut un profond désarroi chez les forces de l’ordre. Les grenades lacrymogènes ne semblaient nullement incommoder les manifestants. Pire, quand un commissaire de police ordonna à une compagnie de charger un groupe isolé, composé d’hommes barbus en redingote et haut de forme portant une banderole presque effacée qui proclamait « Vive la Commune », les tonfas et autres matraques traversèrent les corps sans les toucher.
Dans les mois qui suivirent, on nota une nette recrudescence de dépressions nerveuses chez les policiers présents ce jour-là.

8.
Laurence Ferrari, au 20 heures de TF1, eut l’air encore plus ahuri que d’habitude, en face de son invitée, une femme aux cheveux gris réunis dans un chignon très strict et vêtue d’une robe noire élimée montant haut sur le cou.
« – Mais enfin, Madame Louise Michel, quel est le sens de ce défilé qui a duré plus de dix heures ?
– Eh bien, l’ensemble du mouvement social depuis 1830 a voulu apporter son soutien à celui de 2010 que vous avez voulu enterrer un peu vite et nous avons ainsi assuré la jointure avec la manifestation prévue le 6 novembre, car un combat n’est jamais perdu d’avance. »

9.
Les syndicats dénombrèrent plusieurs millions de manifestants ce jour-là.
Après quelques heures de réflexion, le ministère de l’Intérieur donna sa propre estimation.
Il y aurait eu, ce 1er novembre, d’après la place Beauveau, zéro manifestant.
On n’allait pas compter les fantômes, en plus…

Matignon Académie

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Enfin voici venu l’heure de la finale de la Matignon-académie. La Matignon-académie fait moins d’audience que la Star-academy ou Secret-Story. En revanche, elle est actuellement très en vogue dans le secteur des éditorialistes de plus de cinquante ans.

Résumé des épisodes précédents :

Michelle, longtemps favorite, a été éliminée. Christine n’avait pas l’envie, ni la testostérone. Brice s’est fait détester par tous les téléspectateurs. Et la semaine dernière, l’option de la jeunesse a été écartée puisque les petits Baroin et Lemaire nous quittaient.

Restent donc en piste François, tenant du titre, et Jean-Louis. Nous rappelons que le jury ne compte qu’un juré, l’impitoyable Nicolas. Ce n’est pas la peine, chers téléspectateurs, de taper 1, ni de taper 2. Vous pouvez néanmoins envoyer vos SMS pour donner vos impressions et vos commentaires sur les derniers candidats en lice.

Présentation des finalistes :

À tout seigneur, tout honneur, François a déjà gagné la Matignon-académie en 2007. Il nous vient de Sablé-sur-Sarthe. Il aime l’alpinisme, l’automobile et les bilans comptables. Ses atouts : il est a-du-lé par les députés UMP qui lui font un triomphe chaque semaine et il ne se plaint pas quand on l’humilie. Ses handicaps : il a pris un peu la grosse tête et il est a-du-lé par Jean-Michel Aphatie.

Jean-Louis, lui, vient de Valenciennes. Il s’est relouqué dans le but de plaire au jury qui n’aime pas quand on se néglige. Il aime le foot, la belote et les Grenelles. Ses atouts : il est dé-tes-té par Jean-Michel Aphatie, il a l’avantage de la nouveauté et il ne se plaindra pas non plus lorsqu’on l’humiliera. Ses handicaps : les députés l’appellent Columbo et il a une image[1. Assez surfaite, d’ailleurs.] de poivrot.

Le jury décidera quand bon lui semblera. On dit que ce sera sans doute ce mois-ci mais on n’est pas à l’abri d’une prolongation. D’ici là, les deux candidats sont incités à poursuivre leurs tentatives de séduction. Chansons, poèmes, démonstration de claquettes et performances athlétiques sont au programme.

Le péril jeune en vacances

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Le
Le "mouvement lycéen" : radical, citoyen et vacancier.

Le "mouvement lycéen" : radical, citoyen et vacancier.

Avec les vacances de la Toussaint, le « mouvement lycéen » est entré dans une phase de ralentissement. Quelques centaines d’étudiants se sont rassemblés le 26 octobre. Sans les jeunes socialistes, ceux du Front de gauche, de la FSU et de la CNT, ils auraient eu piteuse allure.

Présenté comme radical et citoyen, ce mouvement de la jeunesse ne s’est pas essoufflé à cause de Sarko, l’homme de fer, mais en raison de l’absence de ces ados pré-pubères qui, après avoir quitté les bancs de l’école, ont déserté les rues pour se retirer sur d’autres terres.

Les jeunes dans la galère ont donc mis le cap sur les vacances. Il faut dire qu’ils avaient besoin de reprendre des forces : battre le pavé en gesticulant et en hurlant à tue-tête pendant des heures, ça fatigue ! À ce propos, les heures passées à manifester ne devraient-elles pas être comptabilisées dans le calcul des retraites ?[access capability= »lire_inedits »]

Le droit de partir en vacances a donc été plus fort que le droit de manifester et tout le monde trouve ça normal, à commencer par les organisations syndicales lycéennes et étudiantes.
Partir en vacances alors même que la réforme sur les retraites, perçue comme injuste et illégitime, est à deux doigt d’être promulguée ? L’indifférence des leaders du mouvement protestataire est absolument fascinante. Ne s’agit-il pas d’une désertion ? Un militant en vacances, n’est-ce pas un oxymore en période de lutte ?

Où est passée l’éthique de conviction ?

Un militant à mi-temps, ça n’existe pas. Où est donc passée, dans cette mobilisation de la jeunesse, l’éthique de conviction, principe structurant de l’action syndicale, comme le remarquait Max Weber dans Le Savant et le politique ? Serait-elle active seulement le temps d’une manif et visible momentanément sur les profils Facebook ? Ou alors, il faut croire que l’enjeu de la mobilisation n’est pas aussi crucial que le clament les syndicats et l’opposition.

Le pire, c’est que le dilemme moral ne s’est même pas posé. Absence totale de cas de conscience. On n’a pas observé le moindre déchirement entre le plaisir privé et le devoir, pas la moindre tempête sous les crânes lycéens, peut-être parce que leurs maîtres-protestateurs, les présidents de la FIDL et de l’UNEF, ne les ont pas appelés au devoir de faire la grève de leurs vacances. Pourtant, cet appel aurait été doublement payant, pour la dynamique du mouvement et pour la crédibilité de l’engagement politique des jeunes, célébré avec enthousiasme au plus fort de la mobilisation.

C’est que le mot « devoir » aurait réactivé la glande sébacée de nos ados. Alors, non merci ! Pas touche aux vacances des lycéens, bien plus sacrées que l’union avec les salariés et les retraités. Faut pas charrier : déjà que les vieux vont piquer les boulots des jeunes… Si, en prime, ils les privent de leurs vacances, ils vont finir par la faire pour de bon, cette révolution. [/access]

Tout a un prix

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Causeur n’est pas seulement un salon où l’on cause, on y lit également. Et point maladroitement, si l’on en juge par les résultats d’attribution des premiers prix littéraires : Maillé-le-très-brillant-timide, l’homme du plateau de Millevaches, comme l’autre l’était de la plaine, pertinent autant qu’on peut l’être, impertinent comme on l’est rarement, Bruno Maillé, donc, avait vanté les qualités de La Croisade des enfants, de Florina Ilis Roman hanté en Transylvanie – Causeur.fr. Résonnez musettes ! Le livre reçut le prix Courrier International Florina Ilis : on vous avait prévenu – Causeur.fr.
Or, voici quelque temps, votre humble et dévoué serviteur chantait les louanges du roman de Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont Dessine-moi un beau pontCauseur.fr. Sonnez grelots ! Le prix Médicis lui a été attribué, à l’unanimité. Nous sommes très heureux de constater que les jurés de ces deux aréopages partagent les goûts de Causeur en matière de littérature : on ne peut pas toujours être en désaccord avec tout le monde…

La France perd-elle son AME ?

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L’AME (aide médicale d’Etat) permet aux étrangers en situation irrégulière d’être soignés gratuitement sur le sol français. Comme toutes les aides sociales, ce dispositif constitue une incitation à l’immigration illégale : on peut trouver dans les pays d’Afrique et du Maghreb un fascicule rédigé en français et en arabe qui explique comment en bénéficier. Il peut paraître paradoxal que des immigrés entrés en France clandestinement puissent voir leurs frais de santé pris en charge par l’Etat, comme ils peuvent travailler, se loger ou scolariser leurs enfants. Mais la République peut s’honorer de traiter avec humanité les hommes et les femmes qui résident sur son territoire, légalement ou pas.

Comme on pouvait s’y attendre, le système dérape, victime de dérives, de fraudes et d’abus. Dominique Tian, Député UMP et membre de la Commission des Affaires sociales, déclare dans une interview que « sur les contrôles effectués en 2009 dans 106 caisses primaires d’assurance maladie sur 5% des bénéficiaires de l’AME, il est montré que 50% des dossiers sont faux. Une étude de l’Onu met en avant des trafics organisés, indiquant que 20 à 25% du Subutex (substitut à l’héroïne, ndlr) distribué via l’AME, part vers des marchés illicites. »

Un article paru il y a quelques semaines dans Libération racontait l’histoire d’un Camerounais polygame, mari de deux femmes et père de 7 enfants restés au pays, qui rencontre une femme en France. Tous deux sont clandestins, l’homme est séropositif et la femme ne parvient pas à tomber enceinte. En effet, le couple désire avoir un enfant et demande à bénéficier de l’AME pour une fécondation in vitro. L’aide est accordée et la femme qui vit en foyer attend aujourd’hui un heureux événement.

Cette générosité a un coût. En 2009, 540 millions d’euros ont été débloqués pour soigner 215000 sans-papiers et la somme augmente chaque année. Pour réduire les déficits et la dette sociale, le gouvernement qui impose aux Français des réductions constantes des remboursements de leurs médicaments ou de leurs frais d’hôpitaux, envisage de restreindre l’accès et de poser quelques modestes conditions à l’obtention de cette aide.

Les députés UMP qui demandent une réforme souhaitent notamment que la fécondation in vitro soit exclue de ce dispositif ainsi que le traitement des pathologies qui sont traitées dans le pays d’origine des demandeurs s’ils résident à moins de 20 kilomètres d’un centre de soins et demandent que les bénéficiaires participent aux frais à hauteur de 30 euros par an, ce qui couvrirait 1% des coûts. L’aide serait aussi limitée aux conjoints et aux enfants et contrôlée par les préfectures.

Même si l’AME est réformée, la France restera le pays le plus généreux du monde avec ses immigrés clandestins

L’urgence médicale n’est pas menacée et les étrangers qui ont un besoin vital de soins seront toujours admis à l’hôpital avec femme et enfants. Malgré cela, les restrictions envisagées provoquent des réactions indignées des associations d’aide aux sans-papiers, de certains humanitaires qui jugent que la déontologie médicale n’admet aucune limite et de certains députés de l’opposition qui parlent, comme c’est original, de stigmatisation des immigrés et de discrimination entre malades français et étrangers.

J’aimerais entendre ces âmes généreuses expliquer aux étrangers entrés chez nous légalement, qui respectent nos lois, payent des impôts et cotisent aux caisses d’assurance- maladie au nom de quel droit des immigrés entrés illégalement devraient bénéficier de plus de droits qu’eux.

J’attends leurs arguments quand ils tenteront de convaincre les Français qui se serrent la ceinture pour éviter la ruine et dont certains n’ont plus les moyens de se soigner que seul ce poste budgétaire ne saurait souffrir la moindre mesure d’économies.
La France est le pays le plus généreux du monde avec ses immigrés clandestins et le restera même si l’AME est réformée. Si rien ne change, elle perdra les moyens nécessaires à l’intégration et à la générosité, ce qui est un peu la même chose. Dissuader l’immigration illégale qui empêche l’intégration et limiter des déficits qui menacent la pérennité des systèmes de protection sociale, sans renoncer à porter assistance à des personnes en danger, c’est l’équilibre qu’il nous faut trouver. Garder ce que nos ainés ont bâti sans perdre notre âme, entre une gauche généreuse et irresponsable et une extrême droite qui rêve d’un protectionnisme ethnique, c’est ce qu’on peut espérer de mieux pour la République. Mettons là sur la voie du milieu. Et restons zen.