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À la schlague

Selon le criminologue Xavier Raufer, l’agressivité croissante de nombreux Algériens de France envers leur pays d’accueil ne doit pas être confondue avec la crise diplomatique ouverte entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Que ce soit chez eux ou chez les autres, les régimes autoritaires n’aiment jamais le désordre


Jean-Baptiste Roques. D’où vous vient votre connaissance de l’appareil d’État algérien ?

Xavier Raufer. À l’Institut de criminologie de Paris, où j’ai enseigné pendant près de vingt ans, j’ai eu beaucoup d’étudiants des pays du Maghreb, dont des Algériens. Certains sont devenus des hauts cadres de l’appareil régalien de leur pays. J’ai gardé le contact avec plusieurs d’entre eux. Et puis je me suis souvent rendu à Alger, pour des conférences et des échanges, et j’ai ainsi tissé des relations de qualité avec des personnalités du pouvoir, certaines de haut niveau.

Le « pouvoir », dites-vous, comment s’organise-t-il ?

J’y distingue, pour aller vite, trois cercles, dominant chacun une époque. Le premier cercle, héritier de l’armée des frontières, les troupes de Boumediène, a joué un rôle crucial vers la fin de la guerre d’indépendance. Sa conception du nationalisme algérien est plus patriotique que révolutionnaire. Ses chefs sont souvent issus du corps des sous-officiers de l’armée française. Dans la génération suivante, le deuxième cercle est celui qui a mené la guerre du régime contre le GIA [Groupe islamique armé, NDLR] pendant la décennie noire (1992-2002). Parmi eux, les plus influents sont ceux du renseignement, puisque c’est d’abord sur ce terrain que la partie a été gagnée pour le pouvoir. Enfin, plus récemment, il y a eu la montée en puissance de la gendarmerie, car la lutte contre l’immigration clandestine venue d’Afrique subsaharienne est devenue un enjeu capital pour le pays. Ils obtiennent d’ailleurs de bons résultats en la matière, sans souci majeur de la bienséance et des droits de l’homme.

Comment avez-vous pu vous faire accepter par des nationalistes algériens, vous qui avez milité dans la droite nationale française ?

Lors de mes premiers contacts, pour éviter tout drame ultérieur, j’ai exposé ça clairement à mes interlocuteurs qui, en riant, m’ont répondu que c’était le passé et qu’ils croyaient à la « paix des braves ». Moins explicitement, je les ai sentis agacés par ceux qui venaient faire des courbettes devant eux, l’extrême gauche, les anticolonialistes, etc. Le dialogue franc et ouvert avec l’ex-adversaire leur convient mieux. Surtout, ce sont des métiers où l’on est forcément réaliste. En 1848, lord Palmerston, Premier ministre de la reine Victoria, a tout dit à ce sujet : « Nous n’avons pas d’alliés éternels ni d’ennemis perpétuels. Nos intérêts sont éternels et perpétuels, et il est de notre devoir de les suivre. » Dans la sphère du régalien, on applique d’usage cette maxime, les Algériens comme les autres. Et par la suite en Algérie, je n’ai jamais plus entendu parler de la colonisation ni de la guerre d’indépendance.

À lire aussi, Elisabeth Lévy : Trouble allégeance

Quand on lit la presse algérienne et quand on regarde les vidéos des désormais fameux influenceurs algériens prêcheurs de haine, on a quand même le sentiment d’une rancune tenace envers la France.

C’est indéniable, mais cela affecte davantage les Algériens vivant en France que ceux d’Algérie. Pour la jeunesse algérienne, la guerre d’indépendance, c’est la préhistoire – comme Verdun pour les jeunes Français. Quand mes correspondants à Alger m’ont dit avoir éliminé le GIA de la wilaya d’Alger, j’ai demandé à voir ce qu’il en était. On m’a donné un guide, un vieux monsieur, et j’ai descendu toute la Casbah d’Alger, seul avec lui. Quand les habitants, étonnés, lui demandaient qui j’étais, les réactions étaient amicales. Rien à voir avec le ressentiment des Algériens de France.

Comment expliquez-vous qu’une frange de la jeunesse franco-algérienne se distingue par la délinquance, voire par la criminalité dans notre pays, à l’image de la fameuse DZ Mafia de Marseille, aux méthodes barbares ?

Pendant quarante ans, la Ve République a laissé proliférer sur son sol des quartiers hors contrôle. Alors qu’on en dénombrait 22 sous Mitterrand en juillet 1983, il y en a près de 1 400 à présent. La criminalité de voie publique, qui émane à 90 % de ces secteurs, on la doit à l’incurie de notre propre politique de sécurité ! Mais cela n’arrange ou n’enchante pas tellement les autorités algériennes. Au contraire, le régime d’Alger se méfie de sa diaspora. Un jour, je rencontre le directeur général de la Sûreté nationale à Alger ; dont le directeur de cabinet est alors un de mes anciens étudiants. Il me montre un graphique sur lequel une courbe suit l’évolution des braquages dans la wilaya d’Alger. Et souligne que les points hauts de la courbe sont ceux des périodes de vacances scolaires en France. Un homme clairement soucieux du comportement des jeunes Algériens de France rentrant au bled…

N’est-ce pas étrange de se sentir si peu responsable de ses propres ressortissants ?

Il faut toujours garder à l’esprit que les Algériens ne reconnaissent pas la binationalité. Quand un citoyen algérien se fait naturaliser français, ce qui suit devient, pour eux, l’affaire de la France. Résultat, les autorités d’Alger disent en substance à leurs homologues de Paris : « Les voyous franco-algériens sont votre problème. Faites ce qu’il faut avec eux, bonne chance ! » Sachant que la répression en Algérie ne fait pas dans le tendre. Le risque est sérieux d’échouer dans un baraquement en plein désert, par 50 degrés de chaleur, l’été…

C’est typique d’un régime militaire. En France, on ne traite pas comme ça les gens…

Vous avez raison. L’Algérie est restée une société dure, à cause des séquelles non pas tant de la guerre d’indépendance que de celle contre le GIA. Si l’on veut comprendre ce pays, et se faire respecter de lui, il ne faut jamais oublier que ce sont des officiers généraux formés à la dure, en URSS et en Allemagne de l’Est, qui l’ont façonné – et que leurs descendants directs y sont aux affaires. Ainsi, quand ces personnages ont vu le président Macron, en visite officielle chez eux, gémir que la colonisation avait été un crime contre l’humanité, ils ont été plus exaspérés qu’autre chose. Quelle paix des braves est-elle possible avec un individu prosterné ?

A qui profite le Djihad ?

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La messe noire du Hamas

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Le monde musulman n’a pas clairement condamné dans sa globalité les derniers exploits du Hamas, mouvement islamiste qui a notamment tué Kfir Bibas, un ennemi en couches culottes. Analyse.


On peine à trouver les mots pour dire l’obscénité de la mise en scène à laquelle s’est livré le Hamas autour des cercueils de Kfir, Ariel, Oded et d’une inconnue dont les islamistes ont mis le corps à la place de celui de Shiri. On songe à du grand guignol, pour la théâtralisation à la fois vulgaire et prétentieuse, ou aux raouts nazis, pour l’arrogance et la jubilation haineuse qui suintent de la foule. Mais c’est la journaliste israélienne Myriam Schermer, d’i24News, qui a trouvé les mots justes : c’était une messe noire – et je la remercie de m’avoir très aimablement permis de reprendre son intuition, et d’y réfléchir ici.

La une du « Parisien » du 21 février 2025 © D.R.

« Une messe noire » a-t-elle écrit sur X. « Nous avons affaire à un culte de mort qui croit au meurtre comme à un sacrifice divin. »

C’est exactement ça. Comment, alors, ne pas penser à cette tristement célèbre phrase de Khalid ibn al-Walid avant la Bataille des Chaînes, lui que le prophète de l’islam surnommait « le glaive dégaîné d’Allah » : « vous avez le choix entre la conversion, la soumission et la mort, car j’arrive avec des hommes qui aiment la mort comme vous vous aimez la vie », phrase reprise de nos jours par Mohammed Merah – continuité de l’horreur à travers les siècles ? Comment ne pas penser à la signification symbolique de l’Aïd el-Kébir, si différente de celle de l’histoire d’Abraham et d’Isaac malgré les ressemblances apparentes ? Mais il y a plus.

Surenchère sadique

Messe noire. Même le Secrétaire Général de l’ONU, pourtant très favorable à la « cause palestinienne », s’est senti obligé de réagir (on ne spéculera pas ici sur sa sincérité…). Même le mufti d’Arabie Saoudite et celui des Émirats Arabes Unis ont pris soin de condamner ce spectacle ignoble. Et comme l’a relevé Florence Bergeaud-Blackler, par contraste le silence des institutions officielles du culte musulman en France (soulignons néanmoins la position claire du toujours courageux Hassen Chalghoumi) mais aussi à l’échelon international (à l’heure où j’écris ces mots, pas une ligne de la Ligue Islamique Mondiale, pas une ligne de l’Organisation de la Coopération Islamique, pas une ligne d’Al-Azhar), ce silence n’en est que plus assourdissant.

Messe noire. C’est-à-dire adhésion consciente à l’abomination. Pas à une vision erronée du Bien, mais à une célébration délibérée et religieuse du Mal. C’était déjà le cas le 7-Octobre, dont la surenchère sadique (le Hamas n’a pas seulement violé, torturé et tué ses victimes, il les a violées, torturées et tuées sous les yeux de leurs parents, de leurs conjoints, de leurs enfants) couplée à la dimension religieuse (les cris de « Allah akbar » – ce qui ne signifie pas « Dieu est grand » mais « le dieu est plus grand », c’est-à-dire « le dieu de l’islam est plus grand que tout » – accompagnant cette razzia/pogrom) ne peuvent qu’évoquer ce que CG Jung disait de l’Allemagne en avril 1939 : « ils sont tous possédés par un dieu barbare ». Mais le 7-Octobre, on pouvait encore penser à l’effet amplificateur de la cruauté qui accompagne trop souvent la guerre, mélange sinistre d’instincts incontrôlés, de barbarie et d’ivresse du sang. Pas cette fois. Cette fois, des hommes et des femmes ont pris la décision posément réfléchie, de sang-froid, d’emmener leurs propres enfants faire la fête autour des corps de Kfir (il avait 10 mois lors de son ravissement, le plus jeune des otages) et d’Ariel (il avait quatre ans), morts étranglés par leurs ravisseurs.

À lire aussi : La barbarie moderne: un retour des ténèbres sous des masques multiples

Messe noire. Inversion perverse et méthodique de la réalité et de la morale – c’est ce que symbolisent ces éléments passés dans la culture populaire, le crucifix la tête en bas, les textes liturgiques récités à l’envers. Inversion perverse et méthodique des responsabilités : chez ceux qui prétendent qu’Israël serait responsable des morts des otages dans des frappes aériennes, alors que seul le Hamas est coupable des morts des boucliers humains qu’il utilise ; chez ceux qui ont écrit sur son cercueil que Shiri Bibas aurait été « arrêtée » le 7 octobre, comme si elle avait été une criminelle et ses ravisseurs des justiciers ; chez ceux qui prétendent que le Hamas aurait essayé de « protéger » les otages ; chez ceux qui tiennent des comptabilités morbides en jouant de fausses équivalences, car ainsi que l’a rappelé Gad Saad : « Un bébé qui n’a pas été ciblé meurt, victime collatérale d’une frappe aérienne, c’est une tragédie. Un bébé meurt des mains de ses ravisseurs en étant torturé à mort, c’est une violation de la décence humaine. Les deux bébés sont morts. Les deux étaient innocents. Les deux morts sont tragiques. Mais il n’y a aucune équivalence morale entre ces deux situations. » Perversion de ce dessin de Benyamin Netanyahu en vampire : on peut critiquer sa politique, mais il faut rappeler encore et encore que ce sont le Hamas et ses complices qui sont coupables des morts de Kfir, Ariel, Shiri, Oded, et de tous les autres.

La morale retournée

C’était une messe noire, cérémonie offrant au Mal le sang et la souffrance des innocents, dans un retournement volontaire de toute morale. Le Hamas n’est pas stupide, il n’a pas commis une erreur de communication. Nous aimerions croire qu’il vient de perdre tout crédit aux yeux de l’opinion internationale – et pas seulement lui, toutes les organisations qui ont participé à cette célébration au sens propre diabolique : Fatah, FPLP…. Mais ne nous mentons pas à nous-mêmes : le 7-Octobre était déjà un sommet dans l’horreur, volontairement célébré par ses auteurs, volontairement diffusé, volontairement montré, et a-t-il valu aux islamistes la réprobation mondiale ? Non, hélas. Au contraire, même. La débauche de sadisme du Hamas a avivé les plus sombres appétits chez ses partisans. Qu’il se permette tout, même le pire, et qu’il ne s’en cache pas, n’a fait que galvaniser ses soutiens. Même parmi ceux qui condamnent la mise en scène autour des cercueils, ce qui est bien le minimum, il en reste trop qui refusent encore de condamner le Hamas lui-même.

À lire aussi : Au revoir les enfants

Le jour même de cette messe noire, Emmanuel Macron jugeait bon de nous exhorter à « faire nation », y compris donc avec ceux pour qui le Hamas est une « résistance ». C’est au-delà de l’indécence. Mais qu’attendre d’autre de celui dont un Premier ministre avait appelé à « faire barrage » en votant LFI, et dont les partisans ont nommé cette compromission « Front républicain » ? L’Ukraine n’est qu’un prétexte.

Une horreur islamiste en chasse une autre

Alors que je m’apprêtais à envoyer ce texte à la rédaction de Causeur, je découvre qu’une attaque vraisemblablement terroriste a eu lieu à Mulhouse pendant que j’écrivais. Un homme de 69 ans est mort – il semble qu’il se soit interposé entre l’assassin et ses premières cibles : si c’est vrai, cet homme est un héros, et la France devra lui rendre hommage et veiller sur ses proches. Il y aurait plusieurs blessés, puissent-ils se rétablir au plus vite. Le tueur est Algérien, sous OQTF, déjà condamné pour avoir appelé au jihad « contre les mécréants », fiché au FSPRT. Mais toujours sur notre sol, et toujours en liberté. Parce que l’Algérie a refusé 10 fois – 10 fois ! – de le reprendre. Et que la République s’est couchée devant l’Algérie. Parce qu’un tribunal a refusé la prolongation de sa rétention administrative. Et que la République se contente de cet état du droit, sans jamais confronter les juges aux conséquences de leurs décisions, sans que jamais les élus ne modifient les textes qui conduisent à l’absurde. Une fois encore, la République a donc choisi de sacrifier des innocents. Ce n’est pas une fatalité. C’est un choix. Il est grand temps que la France demande des comptes à la République.

Bien sûr, sans surprise aucune – ce qui, en soi, en dit long – les dernières informations confirment qu’à l’image des hordes qui ont violé, torturé, massacré le 7-Octobre, le tueur a hurlé « Allah akbar », « le dieu de l’islam est plus grand que tout ». Ce dieu dont le prophète, d’après l’orthodoxie de sa propre religion, promeut les conversions forcées et la violence contre les apostats (hadiths n°8 et n°14 d’An-Nawawi, par exemple). Ce dieu qui, d’après son propre livre sacré, encourage l’esclavage sexuel des captives de guerre (sourate 4 versets 3 et 24, sourate 2 verset 6, sourate versets 50 et 52, sourate 70 verset 30) et appelle à la lutte armée contre les « mécréants » (sourate 2 versets 191 et 193, sourate 4 versets 71 à 77, 84, 89, 95, sourate 5 verset 33, sourate 8 verset 39, sourate 9 versets 5, 29, 38, 39, 73, ad nauseam)…. Nombre de musulmans, on le sait, valent bien mieux que ces préceptes et n’ont pas du tout en tête de les mettre en pratique – voire, en leur for intérieur, les rejettent. Mais ces préceptes demeurent, protégés dans les courants orthodoxes de l’islam par la sacralité du livre qui les proclame, alors qu’ils devraient être clairement désavoués, et que les versets et hadiths qui les énoncent devraient être explicitement condamnés. Ils demeurent, et leur influence est un poison. Ils demeurent, officiellement réputés d’origine « divine », à la disposition de tous ceux qui veulent s’en servir pour ouvrir les portes de l’horreur.

Messe noire.
« Si les dieux sont mauvais, » écrivait Euripide « alors ce ne sont pas des dieux. »


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Biathlon: saisie record des Douanes françaises!

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Lors des championnats du monde de biathlon (sport qui conjugue ski nordique et tir à la carabine), clôturés dimanche 23 février, la France a brillé et remporté 13 médailles en 12 courses. Grâce à ses douaniers et douanières, bien épaulés par l’Armée…


Il y a un siècle, quand on apercevait sur les sommets enneigés un skieur en uniforme avec un fusil à l’épaule, c’était un douanier qui pourchassait les contrebandiers… Aujourd’hui quand on voit à la télé un skieur en combinaison moulante avec une carabine en bandoulière, c’est souvent un douanier, mais parti à la chasse aux médailles… La surveillance des frontières étant devenue une activité très limitée par les accords de libre circulation de l’Union Européenne, certains douaniers sont devenus biathlètes, des sportifs de haut niveau qui, fonctionnaires du ministère du Budget, rapportent de l’or et de l’argent, denrées rares par les temps qui courent à Bercy.

Lors des championnats du monde de Lenzerheide en Suisse, la France a ainsi fait un carton en saisissant 13 médailles (6 d’or, 2 d’argent, 5 de bronze). Avec une contribution directe (5 médailles individuelles) et indirecte (4 médailles en relais), mention spéciale aux Douanes, représentées par Emilien Jacquelin, Quentin Fillon-Maillet, Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet, ces deux dernières (mais jamais en course) étant licenciées en Savoie au Club des Sports des Saisies, cela ne s’invente pas.

Le palmarès est complété avec le renfort de l’Armée (3 médailles en relais, 3 médailles individuelles) qui au lever des couleurs présentait le sergent Lou Jeanmonnot, le sergent Eric Perrot et deux frangins des Vosges, le sergent Fabien Claude et le caporal Emilien Claude.

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Et la relève est assurée avec une jeune étudiante en Sciences du sport, Océane Michelon, 22 ans et 2 médailles, l’or en relais dames et l’argent lors de la Mass-star, la course des courses.1

De cette performance exceptionnelle une presse jamais enchantée par les collectifs non métissés ne fera pas forcément ses gros titres, parce que le biathlon, discipline de ski nordique, n’est pas un sport multiculturel mais une discipline «uniforme ». C’est un sport de Blancs sur fond blanc. Il ne doit rien à l’immigration. La seule neige qui tombe sur les banlieues n’est pas pour skier mais à sniffer, et le seul tir qui y est pratiqué n’est pas sportif mais criminel, avec uniquement des courses poursuites avec la police.

L’exploit est pourtant là : au tableau des médailles, la France a devancé la Suède, l’Allemagne, les États-Unis, l’Italie… et dominé la Norvège (seulement 9 médailles), nation reine qui pour le coup a perdu la tête. Avant les championnats, pressentant les succès français, l’ancien grand champion norvégien Ole Einar Bjoerndalen avait déjà dédouané ses compatriotes : « Chez nous il n’y a pas l’armée ou les douanes pour nous aider, on n’a pas de sécurité ». Mauvais perdant, il oublie que tous les Norvégiens naissent avec des skis aux pieds.


  1. ↩︎

Le détail des médaillés

DOUANES

Quentin FILLON MAILLET (l’or en relais simple, l’argent en relais hommes et deux médailles de bronze individuelles)
Émilien JACQUELIN (l’or en relais mixte)

Justine BRAISAZ-BOUCHET (l’or en relais dames, une médaille d’or et une médaille de bronze à titre individuel)
Julia SIMON (l’or en relais mixte, relais simple et relais dames, et une médaille d’or individuelle)

ARMEE

Éric PERROT – (l’or en relais mixte, l’argent en relais hommes, l’or et le bronze en individuel)

Émilien CLAUDE (l’argent en relais hommes)

Fabien CLAUDE (l’argent en relais hommes)

Lou JEANMONNOT (l’or en relais mixte et relais dames, le bronze à titre individuel)

STAGIAIRE

Océane MICHELON (l’or en relais dames, l’argent en individuel)

Mauvais geste

Jordan Bardella a annulé son intervention à la CPAC de Washington après qu’un geste assimilé à un salut nazi a été effectué par Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump. En réponse, Bannon s’est emporté et a violemment critiqué Bardella : « Jordan Bardella est une petite fille et un lâche. Il ne dirigera jamais la France. Il est pire que Macron. »


Nous avions eu celui d’Elon Musk en marge des célébrations de l’investiture présidentielle de Donald Trump. Nous avons eu, vendredi dernier, celui de Steve Bannon, à la tribune d’un rassemblement  international de conservateurs. Bras tendu, paume vers le bas dans l’un et l’autre cas. Également dans l’un et l’autre cas, on aura prétendu qu’il ne fallait y voir rien de plus qu’un coucou au public. Cependant, il y a maintes et maintes manières de saluer la foule. Depuis la chute du nazisme en 1945, des centaines, des milliers d’orateurs politiques de par le monde ont, dans la fièvre des meetings, salué du geste leurs militants. Une constante : tous avaient soin d’éviter une éventuelle assimilation au salut nazi. Manifestement, on n’en est plus exactement là. On s’y risque, on ose, on s’autorise la transgression. Comme si on cherchait à tester la recevabilité populaire de cette gestuelle si puissamment, si violemment connotée. On lâche le geste, une première fois, puis une seconde. On prétend qu’il ne s’agit nullement de ce qu’on croit, qu’on se méprend. Et on affirme que ceux qui trouvent à y redire, tel Jordan Bardella qui a renoncé à prendre la parole lors de ce rassemblement, ne sont que des « lâches », des fillettes, des petits garçons qui font pipi dans leur culotte. Bref des sous-hommes – pendant que nous y sommes, allons-y! – , oui des sous-hommes ceux-là mêmes que M. Bannon se fait un plaisir « d’emmerder » (sic). Et c’est bien là que le masque tombe. Parce que si certains peuvent encore feindre de croire à l’innocence du geste, le réquisitoire suscité par la prise de distance du président du R.N, lui, s’inscrit dans le droit fil de la rhétorique nazie. Tout y est : ne pas adhérer, ne pas souscrire, ne pas se soumettre c’est être un lâche. Quant à la lâcheté elle serait par essence une tare féminine, une déficience de fillette, une débilité de mioche qui pisse sous lui. Alors que le mâle, le vrai, le mâle de race – mais oui, puisque nous y voilà allons-y gaiement cette fois encore ! – ne se pose pas la moindre question et souscrit.

Je suis de ceux à qui ces gestes-là soulèvent le cœur, glacent les reins, vrillent l’esprit. Ils ne passent pas. (Pour autant, il ne me semble pas que j’en sois encore à m’oublier sous moi ?…) 

La droite doit, selon moi, se montrer désormais extrêmement vigilante, impitoyablement intransigeante sur ces écarts qui ne sont insignifiants qu’en apparence. La gauche s’est laissé gangrener par la lèpre d’une radicalisation sournoise et délétère qui l’a débordée et dont elle ne parvient plus à maîtriser les dérives. Si elle n’y prend garde – de geste esquissé en geste assumé qui de la tribune gagne petit à petit la salle – la droite peut se trouver polluée, engluée dans ces immondes scories, entraînée dans une identique et tout aussi tragique impasse. Aussi, en un mot comme en cent : à mon humble avis, un salutaire et vigoureux coup de pompe dans le train des fauteurs de mauvais geste s’impose. Dès maintenant.

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Ces chaînes qu’on abat: petit mode d’emploi

Les éventuels scandales ou dérapages à l’antenne ne sont que des prétextes : un système politique et médiatique endogame est ravi de pouvoir faire taire les esprits trop libres s’exprimant sur C8. Une minable comédie totalitaire, observe notre chroniqueur


L’Arcom est un obstacle à la démocratie et à la liberté d’expression. L’autorité de régulation de l’audiovisuel, qui a obtenu du Conseil d’Etat, mercredi, la confirmation de l’éviction de C8 et de NRJ 12 de la TNT à la fin de ce mois, est un instrument politique au service de la pensée officielle. Son président, qui fait surveiller le contenu des débats télévisés, est d’ailleurs choisi par le chef de l’Etat.

Rappels à l’ordre

En l’occurrence, s’agissant de C8 (400 salariés), l’Arcom a voulu punir une des chaînes du groupe Bolloré, coupable d’excès de liberté à travers Cyril Hanouna. Or, comme j’ai pu le mesurer pour avoir été la cible de quelques-uns de ses « rappels à l’ordre » pour des propos sur CNews, la manipulation des faits, l’intimidation, la censure sont des procédés de voyous qu’applique cette officine militante. Je les rappelle ici, en illustration du conseil de Taine : « Tenez-vous en à l’essentiel, c’est-à-dire à l’anecdote ». Car la malhonnêteté des manœuvres témoigne, au-delà de mon cas, d’une volonté de salir la chaîne. Je passe sur mon exclusion, sous la pression de l’Arcom, de l’antenne de CNews durant quatre semaines en juin dernier, au nom d’un équilibre des temps de paroles pour les législatives. Surtout, par deux fois, ce même tribunal arbitraire a usé d’accusations fabriquées par des groupes de pression. Je rappelle rapidement la première fausse « polémique » : elle avait été créée parce que j’avais en effet déclaré, le 21 avril 2017, que 50% des jeunes musulmans (15-25 ans) se réclamaient, en France, de la loi islamique (la charia), appliquée par l’Etat islamique. J’avais été accusé de mensonge et d’islamophobie. Or, je commentais un sondage de l’Institut Montaigne de septembre 2016. Ce pourcentage a depuis largement augmenté. L’Arcom avait choisi de ne suivre que l’islamosphère, sans regarder les éléments de mon commentaire. J’avais été présumé coupable.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: L’État de droit, c’est de gauche!

Minable comédie totalitaire

La deuxième accusation portée par l’Arcom est plus grave. Elle concerne une déformation malveillante d’une analyse tenue dans L’Heure des pros 2, le 2 février 2022. Je m’en suis déjà expliqué. Le Monde daté de vendredi avalise à nouveau ce travail de faussaire, sous la signature d’Aude Dassonville. A l’époque, je voulais rappeler, dans une critique des excès de la politique hygiéniste sur le Covid et en réponse à un parallèle fait par Didier Raoult sur un risque de dérive concentrationnaire, que le ghetto de Varsovie avait été créé en 1940 par les nazis au prétexte d’instituer une « zone d’épidémie ». Ce fait historique est incontestable. Mais l’Arcom, emboitant le pas à une cabale lancée par un journaliste de Télérama à cause de mes critiques contre les vaccins expérimentaux, avait feint de croire que je justifiais la politique nazie, sans rien vouloir entendre du sens de ma démonstration ni même de mes clarifications écrites. Elle en profitait pour accuser CNews de manque « d’honnêteté et de rigueur » dans la conduite du débat. Or la Cour européenne des droits de l’homme, dans une décision du 6 février rejetant un recours de CNews sur cette affaire, est venue elle aussi cautionner cette manipulation de mes propos, en les jugeant même « sans ambiguïté » et en introduisant de surcroit une suggestion diffamante sur une possible « négation de faits historiques ». Les procès staliniens procédaient de la sorte. Certes, je n’ai été condamné à rien dans cette minable comédie totalitaire. Mais les bidouillages du système démontrent que CNews reste la chaîne à abattre. Tous les coups restent permis.

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Beat Generation

La Philharmonie de Paris pousse les meubles, accroche une boule à facette au plafond et monte le son pour une exposition consacrée à la Disco jusqu’au 17 août 2025. Des rues de New-York aux platines, quand cette musique issue des minorités était majoritaire et populaire…


Il y eut bien quelques mauvais coucheurs dans le courant des années 1970. Réfractaires au beat et à la simplicité métronomique. Arcboutés à leur rock croulant et jaloux de leur pré-carré musical, comme avant eux, les puristes du jazz se disloquèrent en chapelles assassines. Certains allèrent même jusqu’à brûler les disques disco car ils avaient perdu la bataille commerciale, notamment sur les ondes américaines. La radio avait choisi son camp, les corps qui ondulent et les peaux qui se frôlent dans un feulement érotique, sous la chaleur d’un club enfumé, avec comme seule destinée, le petit matin. La joie de sortir d’une discothèque, huileux, en sueur et heureux, et puis de reprendre son boulot alimentaire, dans une administration tatillonne ou une grande entreprise prédatrice.

Dernière extase avant la globalisation

La Disco avait anticipé le spleen de la globalisation, elle était son remède, cette porte de sortie éphémère qui accepte la veulerie du monde mais nous réserve quelques heures d’extase. La nuit, tout est permis. Car la Disco est sexuelle et cathartique. Elle ne minaude pas comme le rock puritain qui se pratique dans des garages entre garçons empêchés. Explicite, démonstrative, charnelle, voyeuriste, sans dessein politique si ce n’est faire la fête, courtermiste, ne promettant pas de jours meilleurs, plutôt une accalmie passagère. La Disco est une musique de l’instant, du partage, en compagnie d’inconnus, elle rebat les cartes, le temps d’une soirée. Elle raccommode les âmes esseulées sur des sons trafiqués et des voix perchées ; les aigus, les paillettes, les talons, les frasques, les divas et les bannis ne lui font pas peur. Tous les faux rebelles en blouson clouté, lourdaud avec leur purée électrique à saturation, martyrs en carton-pâte, en prirent pour cinq ans.

A lire aussi, du même auteur: La fin du Macumba

Entre 1975 et 1980, ils disparurent du paysage. Tous les groupes de rock, des Rolling Stones à Blondie firent allégeance à la Disco, ils obtinrent même à cette occasion leur plus grand succès. La Disco était bénéficiaire, trop bénéficiaire, la crue était prévisible, le cinéma, la mode, les corn flakes, tout se vendait sous le label Disco. On dansait Disco, on s’habillait Disco, on se divertissait Disco. La surproduction lui coupa les ailes et aussi, elle fut victime d’un délit de sale gueule. La Disco n’était pas assez sérieuse, elle était l’avatar d’un consumérisme sans fin, les raisonneurs la prirent en grippe, on devait avoir un peu honte d’être Disco, elle était trop populaire pour être idéologiquement crédible.

Pas sectaire, pas communautariste

La Philharmonie revient sur ses origines, elle retrace son explosion dans une « Grosse Pomme » en crise budgétaire, sécuritaire et complètement à l’abandon, dans une Amérique parcellisée où les communautés homosexuelles se cachaient pour s’aimer et danser ensemble. La Disco est née dans les quartiers pauvres, chez les afro-américains par l’entremise de DJ latinos et italiens ; pas sectaire, pas bégueule, elle n’avait pas vocation à rester dans l’entre-soi. L’exposition n’oublie pas ses racines françaises. Nous n’avons pas de pétrole mais nous avons inventé la discothèque après-guerre. De Cerrone à Patrick Juvet, des visionnaires Jacques Morali et Henri Belolo, sans oublier la Queen Sheila et son indétrônable « Spacer », les Français ont apporté à la Disco, un son que, je qualifierais, de boulevardier, avec des relents de bords de Marne, un populisme gouailleur et entraînant.

L’exposition ne manque pas de charme dans un décor éclairé au stroboscope, elle présente des costumes de scènes, l’évolution du matériel audio (Revox), des photos du Studio 54 et des fiertés militantes ; bien sûr, il y a Travolta, Donna et Diana, l’extatique Sylvester et le non moins charismatique Teddy Pendergrass. À voir également la belle série Paradise Discothèque du Turinois Antonio La Grotta qui a photographié les ruines des boîtes-usines italiennes des années 1980 : Colosseo, Divina, Egyptia, Ultimo Impero…Et surtout la bande-son permanente est un appel démoniaque à danser ; quand vous entrez dans une expo et que les voix de Thelma Houston et de Eartha Kitt résonnent, vous avez le sourire et une pêche d’enfer.

Informations pratiques: https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/27966-disco

Monsieur Nostalgie

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Les joyaux de l’Opéra

La bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris dévoile une partie de son éblouissante collection de bijoux de scène. Des pièces d’orfèvrerie qui relèvent de la haute joaillerie et qui, pour certaines, remontent à la Restauration. L’histoire de ces tiares, diadèmes, couronnes et colliers regorgeant de perles et de brillants est, en soi, un conte de fées.


Il était une fois un puissant royaume dont le roi se nommait Opéra et la reine s’appelait Danse. Ils régnaient dans un splendide palais au sein duquel existait une salle fort retirée, enfouie dans les brumes de l’oubli. Personne à la Cour n’en savait la destination et nul depuis des lustres n’aurait pensé s’y hasarder. Or, il advint que la clef de cette chambre mystérieuse fut un jour remise à une noble dame nouvellement arrivée et qui reçut le commandement d’en retirer tout ce qui s’y pouvait receler. C’était une bien étrange aventure qui survenait là. La dame n’avait nulle conscience de la tâche dont on la chargeait. Et quand il lui fut enfin donné d’ouvrir cette porte, elle pensa sur le seuil défaillir d’étonnement : dans les vitrines qui tapissaient les murailles, sur des tables immenses, dans les armoires, ce n’était que ruissellement de couronnes, de diadèmes, de tiares, de colliers, de pectoraux, de bracelets, de broches, de pendentifs ; que cascades de diamants, d’émeraudes, de rubis, de saphirs, d’améthystes et de perles fines.

Si l’on écrivait encore des contes à la manière de jadis, voilà comment on pourrait relater l’extraordinaire aventure qui advint en 1980 à une dame détachée, à sa demande, par l’Éducation nationale, auprès de l’Opéra de Paris. À peine installée dans les murs de l’institution, Danièle Fouache fut effectivement chargée de libérer une vaste pièce perdue dans l’immensité du Palais Garnier afin de ménager un nouvel espace qu’on destinait aux ateliers de confection de costumes, et d’en déposer pêle-mêle le contenu dans les combles. « On m’avait donc confié la clef de la mystérieuse chambre et tout comme l’héroïne de Barbe bleue, j’en ouvris la porte dans une parfaite ignorance de ce qui m’attendait. Et comme je suis émotive, je faillis m’évanouir en découvrant le contenu ! »

À lire aussi, Raphaël de Gubernatis : Le « Boléro », les mystères d’un chef-d’œuvre

Près de 10 000 joyaux étaient accumulés là sans que nul, alors, ne s’en soucie : des ornements accumulés depuis l’inauguration de l’Opéra en 1875 et qu’avaient portés toutes les impératrices, les princesses, les rois, les tsars, les princes, les courtisanes, les bayadères des opéras et des ballets du répertoire. « L’Opéra n’était en ce temps qu’une maison de production, soupire Danièle Fouache. On y vivait au rythme de la saison lyrique et chorégraphique et on n’y avait pas encore acquis la notion de conservation du patrimoine. » Tout était relégué là sans qu’il n’y ait personne pour soupçonner la richesse, l’ampleur et l’intérêt de ces merveilles. Ainsi s’était assoupi un fabuleux trésor sur lequel ne veillait nul terrible dragon, et dans lequel, parfois, des costumiers barbares s’en allaient puiser, démontant, saccageant sans vergogne ces merveilles de la joaillerie pour créer à moindres frais de nouveaux ornements.

Des bijoux dignes des maisons royales

Ces bijoux magnifiques, destinés à exalter des personnages hors norme et à resplendir de loin, avaient été dessinés par des décorateurs, des costumiers fameux et façonnés par les orfèvres des quartiers du Marais, ceux-là mêmes qui œuvraient pour les grands joailliers de la place Vendôme. Puis, dès les années 1930, par souci d’économie et parce que le goût avait changé, par les ateliers mêmes de l’Opéra.

Certes, à l’exception de la turquoise, de l’opale ou du corail, les pierreries sont fausses, les perles sont faites de verre soufflé dans lequel on a instillé quelque liquide afin de leur conférer le plus bel orient. Mais le raffinement et la splendeur des parures créées par les ateliers d’orfèvres étaient parfaitement semblables aux ouvrages de la haute joaillerie. Avec des bijoux de scène dont les plus anciens datent peut-être de la Restauration, l’ensemble est unique au monde. Et personne n’en avait conscience. Comme on n’avait pas eu conscience, au début de la Troisième République, de l’immense valeur historique et vénale que représentait l’ensemble des joyaux de la Couronne : 77 486 pierres et perles composant des chefs-d’œuvre furent dispersées, vendues à perte en 1887 par haine de la monarchie et par mépris républicain du patrimoine.

Et comment les faire resplendir…

En 2004, un quart de siècle après cette découverte, lors d’une exposition malicieusement titrée « L’Air des bijoux » (on avait encore quelque esprit), près de 400 pièces d’orfèvrerie ont été présentées dans la rotonde des abonnés, à l’Opéra, caverne idéale pour abriter de tels trésors et qui s’est fait l’écho, durant six mois, de celle d’Ali Baba. Des trésors alors restaurés par les élèves du lycée de la bijouterie Nicolas-Flamel, à Paris.

A lire aussi: Le plaisir d’être trompé

Vingt ans plus tard, alors que 4 000 de ces ornements sont désormais sous la sauvegarde de la bibliothèque-musée de l’Opéra, et donc de la Bibliothèque nationale, on ne montre que 70 pièces de ce trésor de légende. Un rien dans cette immensité qui fait immanquablement penser aux présents qu’offre l’Inca à Tintin dans Le Temple du soleil avant de lui découvrir, pour taire ses scrupules, les centaines de jarres débordantes d’or et de pierreries alignées dans une gigantesque salle souterraine ; mais un rien d’un luxe inouï, digne d’être confronté aux joyaux des maisons souveraines d’Europe, et porté par tous les héros et les héroïnes du répertoire.

Jusque-là, leur seule magnificence avait suffi pour exposer ces joyaux. Avec le temps est apparue la nécessité d’étoffer le propos : les 70 ornements sont présentés dans un tout autre esprit. Aujourd’hui, des recherches poussées les resituent au cœur des ouvrages lyriques ou chorégraphiques pour lesquels ils ont été créés et rappellent les artistes qui les ont portés. Et grâce aux maquettes de décors, aux affiches, aux vidéos, on les redécouvre dans le cadre au sein duquel ils ont resplendi.

« Bijoux de scène de l’Opéra de Paris ». Jusqu’au 28 mars 2025, bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris.

Adieu, Daniel !

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Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


Le peintre amiénois Daniel Grardel est décédé, au cours de la nuit du samedi 15 au dimanche 16 février ; son corps a été retrouvé par un promeneur, dimanche matin, sur une plage de Concarneau (Finistère). Il était mon ami. Daniel était un homme épatant, généreux, drôle, terriblement littéraire et rock’n’roll.

Toute sa carrière professionnelle avait été celle d’un instituteur (il aimait ce mot qui représentait une autre époque au cours de laquelle la République tenait encore un rôle primordial dans la société française) ; il avait enseigné à Aubigny, à Corbie, puis à Amiens. Mais la grande passion de sa vie, c’était la peinture. Il s’y adonnait avec une gourmandise et une volupté rares.

A l’instar d’un Clovis Trouille, ses toiles pouvaient être provocatrices ; on y voyait des filles peu vêtues, souvent en galantes compagnies et/ou en capiteuses positions. Il se moquait du puritanisme désolant et castrateur, de l’ultra-féminisme navrant et imbécile, du wokisme buté et intolérant. Il vénérait le vrai rock’n’roll, celui de sixties et seventies, la chanson française qui n’avait pas froid aux moustaches. Tout cela l’avait conduit à se lier d’une forte amitié au chanteur Lucky Blondo à qui il rendait souvent visite à Concarneau. (C’était le cas en ce funeste week-end.)

Toutes ces passions et ces valeurs, nous réunissaient également ; elles consolidaient notre vieille connivence. Lorsqu’en 2009, il avait fallu illustrer mon recueil de nouvelles assez épicées, Petite garce, Jean-Yves Reuzeau, éditeur du Castor astral, et moi-même, avions tout naturellement fait appel à son talent ; il nous avait peint une adorable brune en nuisette, posant de dos sous le regard émerveillé d’un homme qui ressemblait fort à Serge Gainsbourg.

C’est encore lui qui, fin 2023, avait adapté trois de mes nouvelles en bandes dessinées pour le recueil L’Hibernation (éditions des Soleils bleus). Ce fut l’occasion de rencontres rigolotes et festives. Il y avait aussi, entre nous, des coïncidences qui nous faisaient sourire : lorsque ma chronique Les Dessous chics quitta les colonnes du Courrier picard pour être hébergées par le site web de Causeur, le premier texte que je livrai lui était consacré.

Il avait eu la bonne idée de réunir à la galerie de La Dodane, dans le quartier Saint-Leu, à Amiens, quelques-unes de ses œuvres, et des écrivains qui, chaque jour, venaient signer leurs ouvrages et rencontrer les lecteurs. Je faisais bien sûr partie de l’événement qui connut un vif succès.

Or, en 2005, quand je lançais mon prône dominical dans le quotidien de Picardie, dans ce premier article j’évoquais mon Daniel et sa rencontre manquée, au cours de l’été 1998, avec l’une de ses idoles, Nino Ferrer, qui venait de choisir de passer à l’Orient éternel des bluesmen blancs. Aujourd’hui, c’est toi, l’ami, qui nous quitte. Ta peinture foraine, colorée et sensuelle reste avec nous, imparable, singulière et forte. Tu nous manques déjà. Je ne t’oublierai pas.

Sur l’élégance masculine (donc anglaise…)

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Savoir s’habiller avec classe et élégance, c’est tout un art ! Le Guide du style classique et sartorial nous propose une claire synthèse sur les fondamentaux de l’élégance masculine, du costume aux chaussures, en passant par la cravate.


Au milieu d’un avachissement devenu la règle, avec cette peur panique, si générale, de sortir du lot grisâtre et synthétique, tâcher d’incarner un idéal d’excellence et d’autonomie, incarner chacun à sa manière la rébellion du gentilhomme contre la barbarie contemporaine me semblent de jolis défis pour les Insulaires d’aujourd’hui. Offrir aux regards une silhouette intemporelle, avec juste assez de désinvolture, n’est-ce pas pratiquer une diététique pour lutter contre la douleur que suscite le monde moderne ? Par sa posture, incarner le vestige, le revenant, celui qui, debout au milieu des ruines, témoigne de sa différence, quel exaltant programme ! Cette posture a été illustrée par quelques essais classiques : les introuvables De l’Élégance masculine, de la regrettée Tatiana Tolstoï, et Le Chic anglais, de l’illustre James Darwen (1990 ; les livres illustrés de l’Américain Bruce Boyer, du Britannique James Sherwood ou du Français Julien Scavini, lui-même tailleur. Sans oublier le Chouan des villes, dont j’ai parlé ailleurs).

A lire aussi du même auteur: L’élégance masculine, ce savoir-vivre

Voilà qu’un collectif regroupé autour des éditions de l’Honnête Homme – tout un programme ! – nous propose une claire synthèse sur les fondamentaux de l’élégance masculine, celle, classique au suprême du gentleman d’aujourd’hui. Après avoir défini le style classique comme une discipline, voire comme une ascèse, à mille lieues de la mode qui vieillit si vite (et coûte un bras pour des résultats parfois pitoyables), nos mystérieux rédacteurs réunis en soviet étudient les pièces de la garde-robe classique, sobre à souhait et adaptée à toutes les situations. Le modèle ? L’ancien Prince de Galles, devenu Charles III, bien entendu ! Comment choisir un costume ? Anglais ou italien (je connais ma réponse) ? Et la cravate ? Les chaussures ? Le pardessus ? Par trop française, leur vision manque parfois de cette fantaisie, de cette touche d’humour British qui font la différence. Rien sur les chapeaux ni sur les bijoux (mais un gentilhomme porte-t-il des bijoux ?). En revanche, un précieux annuaire des grandes maisons et des tuyaux pour trouver de belles pièces en seconde main, car l’élégance n’est pas une question d’argent, mais bien de goût et de méthode. L’allusion au port du scapulaire, tout à la fin, étonne par son caractère un tantinet incongru… ne manquant pas d’une sorte de panache.


Le Guide du style classique et sartorial, Editions de l’Honnête Homme, 250 pages.

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Mime la mort

Avec Thanatose, Frédéric Bécourt signe un roman acide sur une époque où la virtualité l’emporte sur le réel.


Frédéric Bécourt publie un roman tous les deux ans ; c’est un rythme élevé que je lui souhaite de tenir. Je m’étais fait l’écho – enthousiaste – de ses deux premiers romans, dans Causeur, où son univers, proche de Michel Houellebecq, n’était pas tendre avec notre époque, c’est le moins que l’on puisse écrire. Ses héros n’étaient pas au mieux de leur forme, et le gris était la couleur dominante. Avec Thanatose, Guillaume Labarthe, le personnage principal, est même carrément mort. Enfin, pas tout à fait. Il simule la mort, semble-t-il malgré lui. C’est un phénomène assez rare, observé chez quelques espèces animales, notamment l’araignée, désigné sous le vocable scientifique de « thanatose ».

Époque épatante

Guillaume est un garçon falot, sans colonne vertébrale, comme il en existe tant de nos jours. À bientôt trente ans, il vit encore chez sa mère, l’acariâtre Mina, autocentrée, heureuse de « posséder » encore sa progéniture. Le père est mort, il ne sera nommé « papa » qu’à la dernière page du roman. Dire que le contexte familial est peu épanouissant relève de la litote. Il sort rarement, car il gagne sa vie sur internet, comme coach en jeux vidéo. L’époque est épatante, non ? Il a cependant une compagne, Alice. Un jour, elle lui propose de participer à une distribution de colis alimentaires à la permanence du Secours Catholique, située dans le quatorzième arrondissement de la capitale. Ça part d’un bon sentiment tout ça. Mais un marginal, sans volonté terroriste religieuse revendiquée, je le précise, entre dans la petite permanence et tire dans le tas. Bilan : quatre morts, dont la gentille Alice. Guillaume, quant à lui, il tombe, même pas mort, juste « sans vie », le coup de la thanatose.

À lire aussi, Pascal Louvrier : Frédéric Bécourt ou le vent printanier

Sorti de l’hôpital, il recommence son petit train train quotidien, égoïste et porté sur le virtuel. Dans le métaverse, il va retrouver le double de sa compagne, bien morte elle, sous la forme de l’avatar « calisson2803 », le surnom que lui donnait son père quand elle était une gamine. Il y a alors des échanges nocturnes sur la toile. L’avatar sait taper là où la cicatrice reste douloureuse. « Si t’étais un homme tu serais mort à ma place », balance « calisson2803 ».

Réalité parallèle

Bécourt se lance alors dans une critique aigre-douce du monde contemporain dominé paradoxalement par la virtualité et le rationalisme. La clé de ce dialogue virtuel est peut-être donnée par le Dr Hamani, une « jolie brune un peu trop maigre », psy de quarante ans. Extrait : « (…) votre psychisme, déclare doctement Hamani, refuse de traiter ce qui vous est arrivé. Il ne nie pas les événements, si vous voulez, mais il les repousse en fabriquant une autre réalité. » Et encore : « En réalité, il s’agit d’une question de survie pour lui : il n’a pas la faculté de s’adapter, alors il se ment. »

Bécourt, en prenant soudain de l’altitude, souligne ce qui est en train de gravement nuire à notre civilisation.

Frédéric Bécourt, Thanatose, Héliopoles. 258 pages

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À la schlague

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Xavier Raufer © IBO/SIPA

Selon le criminologue Xavier Raufer, l’agressivité croissante de nombreux Algériens de France envers leur pays d’accueil ne doit pas être confondue avec la crise diplomatique ouverte entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Que ce soit chez eux ou chez les autres, les régimes autoritaires n’aiment jamais le désordre


Jean-Baptiste Roques. D’où vous vient votre connaissance de l’appareil d’État algérien ?

Xavier Raufer. À l’Institut de criminologie de Paris, où j’ai enseigné pendant près de vingt ans, j’ai eu beaucoup d’étudiants des pays du Maghreb, dont des Algériens. Certains sont devenus des hauts cadres de l’appareil régalien de leur pays. J’ai gardé le contact avec plusieurs d’entre eux. Et puis je me suis souvent rendu à Alger, pour des conférences et des échanges, et j’ai ainsi tissé des relations de qualité avec des personnalités du pouvoir, certaines de haut niveau.

Le « pouvoir », dites-vous, comment s’organise-t-il ?

J’y distingue, pour aller vite, trois cercles, dominant chacun une époque. Le premier cercle, héritier de l’armée des frontières, les troupes de Boumediène, a joué un rôle crucial vers la fin de la guerre d’indépendance. Sa conception du nationalisme algérien est plus patriotique que révolutionnaire. Ses chefs sont souvent issus du corps des sous-officiers de l’armée française. Dans la génération suivante, le deuxième cercle est celui qui a mené la guerre du régime contre le GIA [Groupe islamique armé, NDLR] pendant la décennie noire (1992-2002). Parmi eux, les plus influents sont ceux du renseignement, puisque c’est d’abord sur ce terrain que la partie a été gagnée pour le pouvoir. Enfin, plus récemment, il y a eu la montée en puissance de la gendarmerie, car la lutte contre l’immigration clandestine venue d’Afrique subsaharienne est devenue un enjeu capital pour le pays. Ils obtiennent d’ailleurs de bons résultats en la matière, sans souci majeur de la bienséance et des droits de l’homme.

Comment avez-vous pu vous faire accepter par des nationalistes algériens, vous qui avez milité dans la droite nationale française ?

Lors de mes premiers contacts, pour éviter tout drame ultérieur, j’ai exposé ça clairement à mes interlocuteurs qui, en riant, m’ont répondu que c’était le passé et qu’ils croyaient à la « paix des braves ». Moins explicitement, je les ai sentis agacés par ceux qui venaient faire des courbettes devant eux, l’extrême gauche, les anticolonialistes, etc. Le dialogue franc et ouvert avec l’ex-adversaire leur convient mieux. Surtout, ce sont des métiers où l’on est forcément réaliste. En 1848, lord Palmerston, Premier ministre de la reine Victoria, a tout dit à ce sujet : « Nous n’avons pas d’alliés éternels ni d’ennemis perpétuels. Nos intérêts sont éternels et perpétuels, et il est de notre devoir de les suivre. » Dans la sphère du régalien, on applique d’usage cette maxime, les Algériens comme les autres. Et par la suite en Algérie, je n’ai jamais plus entendu parler de la colonisation ni de la guerre d’indépendance.

À lire aussi, Elisabeth Lévy : Trouble allégeance

Quand on lit la presse algérienne et quand on regarde les vidéos des désormais fameux influenceurs algériens prêcheurs de haine, on a quand même le sentiment d’une rancune tenace envers la France.

C’est indéniable, mais cela affecte davantage les Algériens vivant en France que ceux d’Algérie. Pour la jeunesse algérienne, la guerre d’indépendance, c’est la préhistoire – comme Verdun pour les jeunes Français. Quand mes correspondants à Alger m’ont dit avoir éliminé le GIA de la wilaya d’Alger, j’ai demandé à voir ce qu’il en était. On m’a donné un guide, un vieux monsieur, et j’ai descendu toute la Casbah d’Alger, seul avec lui. Quand les habitants, étonnés, lui demandaient qui j’étais, les réactions étaient amicales. Rien à voir avec le ressentiment des Algériens de France.

Comment expliquez-vous qu’une frange de la jeunesse franco-algérienne se distingue par la délinquance, voire par la criminalité dans notre pays, à l’image de la fameuse DZ Mafia de Marseille, aux méthodes barbares ?

Pendant quarante ans, la Ve République a laissé proliférer sur son sol des quartiers hors contrôle. Alors qu’on en dénombrait 22 sous Mitterrand en juillet 1983, il y en a près de 1 400 à présent. La criminalité de voie publique, qui émane à 90 % de ces secteurs, on la doit à l’incurie de notre propre politique de sécurité ! Mais cela n’arrange ou n’enchante pas tellement les autorités algériennes. Au contraire, le régime d’Alger se méfie de sa diaspora. Un jour, je rencontre le directeur général de la Sûreté nationale à Alger ; dont le directeur de cabinet est alors un de mes anciens étudiants. Il me montre un graphique sur lequel une courbe suit l’évolution des braquages dans la wilaya d’Alger. Et souligne que les points hauts de la courbe sont ceux des périodes de vacances scolaires en France. Un homme clairement soucieux du comportement des jeunes Algériens de France rentrant au bled…

N’est-ce pas étrange de se sentir si peu responsable de ses propres ressortissants ?

Il faut toujours garder à l’esprit que les Algériens ne reconnaissent pas la binationalité. Quand un citoyen algérien se fait naturaliser français, ce qui suit devient, pour eux, l’affaire de la France. Résultat, les autorités d’Alger disent en substance à leurs homologues de Paris : « Les voyous franco-algériens sont votre problème. Faites ce qu’il faut avec eux, bonne chance ! » Sachant que la répression en Algérie ne fait pas dans le tendre. Le risque est sérieux d’échouer dans un baraquement en plein désert, par 50 degrés de chaleur, l’été…

C’est typique d’un régime militaire. En France, on ne traite pas comme ça les gens…

Vous avez raison. L’Algérie est restée une société dure, à cause des séquelles non pas tant de la guerre d’indépendance que de celle contre le GIA. Si l’on veut comprendre ce pays, et se faire respecter de lui, il ne faut jamais oublier que ce sont des officiers généraux formés à la dure, en URSS et en Allemagne de l’Est, qui l’ont façonné – et que leurs descendants directs y sont aux affaires. Ainsi, quand ces personnages ont vu le président Macron, en visite officielle chez eux, gémir que la colonisation avait été un crime contre l’humanité, ils ont été plus exaspérés qu’autre chose. Quelle paix des braves est-elle possible avec un individu prosterné ?

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La messe noire du Hamas

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Des civils palestiniens assistent à la remise des dépouilles des otages, bande de Gaza, le 20 février 2025 © Omar Ashtawy apaimages/SIPA

Le monde musulman n’a pas clairement condamné dans sa globalité les derniers exploits du Hamas, mouvement islamiste qui a notamment tué Kfir Bibas, un ennemi en couches culottes. Analyse.


On peine à trouver les mots pour dire l’obscénité de la mise en scène à laquelle s’est livré le Hamas autour des cercueils de Kfir, Ariel, Oded et d’une inconnue dont les islamistes ont mis le corps à la place de celui de Shiri. On songe à du grand guignol, pour la théâtralisation à la fois vulgaire et prétentieuse, ou aux raouts nazis, pour l’arrogance et la jubilation haineuse qui suintent de la foule. Mais c’est la journaliste israélienne Myriam Schermer, d’i24News, qui a trouvé les mots justes : c’était une messe noire – et je la remercie de m’avoir très aimablement permis de reprendre son intuition, et d’y réfléchir ici.

La une du « Parisien » du 21 février 2025 © D.R.

« Une messe noire » a-t-elle écrit sur X. « Nous avons affaire à un culte de mort qui croit au meurtre comme à un sacrifice divin. »

C’est exactement ça. Comment, alors, ne pas penser à cette tristement célèbre phrase de Khalid ibn al-Walid avant la Bataille des Chaînes, lui que le prophète de l’islam surnommait « le glaive dégaîné d’Allah » : « vous avez le choix entre la conversion, la soumission et la mort, car j’arrive avec des hommes qui aiment la mort comme vous vous aimez la vie », phrase reprise de nos jours par Mohammed Merah – continuité de l’horreur à travers les siècles ? Comment ne pas penser à la signification symbolique de l’Aïd el-Kébir, si différente de celle de l’histoire d’Abraham et d’Isaac malgré les ressemblances apparentes ? Mais il y a plus.

Surenchère sadique

Messe noire. Même le Secrétaire Général de l’ONU, pourtant très favorable à la « cause palestinienne », s’est senti obligé de réagir (on ne spéculera pas ici sur sa sincérité…). Même le mufti d’Arabie Saoudite et celui des Émirats Arabes Unis ont pris soin de condamner ce spectacle ignoble. Et comme l’a relevé Florence Bergeaud-Blackler, par contraste le silence des institutions officielles du culte musulman en France (soulignons néanmoins la position claire du toujours courageux Hassen Chalghoumi) mais aussi à l’échelon international (à l’heure où j’écris ces mots, pas une ligne de la Ligue Islamique Mondiale, pas une ligne de l’Organisation de la Coopération Islamique, pas une ligne d’Al-Azhar), ce silence n’en est que plus assourdissant.

Messe noire. C’est-à-dire adhésion consciente à l’abomination. Pas à une vision erronée du Bien, mais à une célébration délibérée et religieuse du Mal. C’était déjà le cas le 7-Octobre, dont la surenchère sadique (le Hamas n’a pas seulement violé, torturé et tué ses victimes, il les a violées, torturées et tuées sous les yeux de leurs parents, de leurs conjoints, de leurs enfants) couplée à la dimension religieuse (les cris de « Allah akbar » – ce qui ne signifie pas « Dieu est grand » mais « le dieu est plus grand », c’est-à-dire « le dieu de l’islam est plus grand que tout » – accompagnant cette razzia/pogrom) ne peuvent qu’évoquer ce que CG Jung disait de l’Allemagne en avril 1939 : « ils sont tous possédés par un dieu barbare ». Mais le 7-Octobre, on pouvait encore penser à l’effet amplificateur de la cruauté qui accompagne trop souvent la guerre, mélange sinistre d’instincts incontrôlés, de barbarie et d’ivresse du sang. Pas cette fois. Cette fois, des hommes et des femmes ont pris la décision posément réfléchie, de sang-froid, d’emmener leurs propres enfants faire la fête autour des corps de Kfir (il avait 10 mois lors de son ravissement, le plus jeune des otages) et d’Ariel (il avait quatre ans), morts étranglés par leurs ravisseurs.

À lire aussi : La barbarie moderne: un retour des ténèbres sous des masques multiples

Messe noire. Inversion perverse et méthodique de la réalité et de la morale – c’est ce que symbolisent ces éléments passés dans la culture populaire, le crucifix la tête en bas, les textes liturgiques récités à l’envers. Inversion perverse et méthodique des responsabilités : chez ceux qui prétendent qu’Israël serait responsable des morts des otages dans des frappes aériennes, alors que seul le Hamas est coupable des morts des boucliers humains qu’il utilise ; chez ceux qui ont écrit sur son cercueil que Shiri Bibas aurait été « arrêtée » le 7 octobre, comme si elle avait été une criminelle et ses ravisseurs des justiciers ; chez ceux qui prétendent que le Hamas aurait essayé de « protéger » les otages ; chez ceux qui tiennent des comptabilités morbides en jouant de fausses équivalences, car ainsi que l’a rappelé Gad Saad : « Un bébé qui n’a pas été ciblé meurt, victime collatérale d’une frappe aérienne, c’est une tragédie. Un bébé meurt des mains de ses ravisseurs en étant torturé à mort, c’est une violation de la décence humaine. Les deux bébés sont morts. Les deux étaient innocents. Les deux morts sont tragiques. Mais il n’y a aucune équivalence morale entre ces deux situations. » Perversion de ce dessin de Benyamin Netanyahu en vampire : on peut critiquer sa politique, mais il faut rappeler encore et encore que ce sont le Hamas et ses complices qui sont coupables des morts de Kfir, Ariel, Shiri, Oded, et de tous les autres.

La morale retournée

C’était une messe noire, cérémonie offrant au Mal le sang et la souffrance des innocents, dans un retournement volontaire de toute morale. Le Hamas n’est pas stupide, il n’a pas commis une erreur de communication. Nous aimerions croire qu’il vient de perdre tout crédit aux yeux de l’opinion internationale – et pas seulement lui, toutes les organisations qui ont participé à cette célébration au sens propre diabolique : Fatah, FPLP…. Mais ne nous mentons pas à nous-mêmes : le 7-Octobre était déjà un sommet dans l’horreur, volontairement célébré par ses auteurs, volontairement diffusé, volontairement montré, et a-t-il valu aux islamistes la réprobation mondiale ? Non, hélas. Au contraire, même. La débauche de sadisme du Hamas a avivé les plus sombres appétits chez ses partisans. Qu’il se permette tout, même le pire, et qu’il ne s’en cache pas, n’a fait que galvaniser ses soutiens. Même parmi ceux qui condamnent la mise en scène autour des cercueils, ce qui est bien le minimum, il en reste trop qui refusent encore de condamner le Hamas lui-même.

À lire aussi : Au revoir les enfants

Le jour même de cette messe noire, Emmanuel Macron jugeait bon de nous exhorter à « faire nation », y compris donc avec ceux pour qui le Hamas est une « résistance ». C’est au-delà de l’indécence. Mais qu’attendre d’autre de celui dont un Premier ministre avait appelé à « faire barrage » en votant LFI, et dont les partisans ont nommé cette compromission « Front républicain » ? L’Ukraine n’est qu’un prétexte.

Une horreur islamiste en chasse une autre

Alors que je m’apprêtais à envoyer ce texte à la rédaction de Causeur, je découvre qu’une attaque vraisemblablement terroriste a eu lieu à Mulhouse pendant que j’écrivais. Un homme de 69 ans est mort – il semble qu’il se soit interposé entre l’assassin et ses premières cibles : si c’est vrai, cet homme est un héros, et la France devra lui rendre hommage et veiller sur ses proches. Il y aurait plusieurs blessés, puissent-ils se rétablir au plus vite. Le tueur est Algérien, sous OQTF, déjà condamné pour avoir appelé au jihad « contre les mécréants », fiché au FSPRT. Mais toujours sur notre sol, et toujours en liberté. Parce que l’Algérie a refusé 10 fois – 10 fois ! – de le reprendre. Et que la République s’est couchée devant l’Algérie. Parce qu’un tribunal a refusé la prolongation de sa rétention administrative. Et que la République se contente de cet état du droit, sans jamais confronter les juges aux conséquences de leurs décisions, sans que jamais les élus ne modifient les textes qui conduisent à l’absurde. Une fois encore, la République a donc choisi de sacrifier des innocents. Ce n’est pas une fatalité. C’est un choix. Il est grand temps que la France demande des comptes à la République.

Bien sûr, sans surprise aucune – ce qui, en soi, en dit long – les dernières informations confirment qu’à l’image des hordes qui ont violé, torturé, massacré le 7-Octobre, le tueur a hurlé « Allah akbar », « le dieu de l’islam est plus grand que tout ». Ce dieu dont le prophète, d’après l’orthodoxie de sa propre religion, promeut les conversions forcées et la violence contre les apostats (hadiths n°8 et n°14 d’An-Nawawi, par exemple). Ce dieu qui, d’après son propre livre sacré, encourage l’esclavage sexuel des captives de guerre (sourate 4 versets 3 et 24, sourate 2 verset 6, sourate versets 50 et 52, sourate 70 verset 30) et appelle à la lutte armée contre les « mécréants » (sourate 2 versets 191 et 193, sourate 4 versets 71 à 77, 84, 89, 95, sourate 5 verset 33, sourate 8 verset 39, sourate 9 versets 5, 29, 38, 39, 73, ad nauseam)…. Nombre de musulmans, on le sait, valent bien mieux que ces préceptes et n’ont pas du tout en tête de les mettre en pratique – voire, en leur for intérieur, les rejettent. Mais ces préceptes demeurent, protégés dans les courants orthodoxes de l’islam par la sacralité du livre qui les proclame, alors qu’ils devraient être clairement désavoués, et que les versets et hadiths qui les énoncent devraient être explicitement condamnés. Ils demeurent, et leur influence est un poison. Ils demeurent, officiellement réputés d’origine « divine », à la disposition de tous ceux qui veulent s’en servir pour ouvrir les portes de l’horreur.

Messe noire.
« Si les dieux sont mauvais, » écrivait Euripide « alors ce ne sont pas des dieux. »


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Biathlon: saisie record des Douanes françaises!

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Le Français Eric Perrot, au centre, dirige un groupe d'athlètes lors de la course de départ en masse masculine lors des Championnats du monde de biathlon, le dimanche 23 février 2025, à Lenzerheide, en Suisse © Gian Ehrenzeller/AP/SIPA

Lors des championnats du monde de biathlon (sport qui conjugue ski nordique et tir à la carabine), clôturés dimanche 23 février, la France a brillé et remporté 13 médailles en 12 courses. Grâce à ses douaniers et douanières, bien épaulés par l’Armée…


Il y a un siècle, quand on apercevait sur les sommets enneigés un skieur en uniforme avec un fusil à l’épaule, c’était un douanier qui pourchassait les contrebandiers… Aujourd’hui quand on voit à la télé un skieur en combinaison moulante avec une carabine en bandoulière, c’est souvent un douanier, mais parti à la chasse aux médailles… La surveillance des frontières étant devenue une activité très limitée par les accords de libre circulation de l’Union Européenne, certains douaniers sont devenus biathlètes, des sportifs de haut niveau qui, fonctionnaires du ministère du Budget, rapportent de l’or et de l’argent, denrées rares par les temps qui courent à Bercy.

Lors des championnats du monde de Lenzerheide en Suisse, la France a ainsi fait un carton en saisissant 13 médailles (6 d’or, 2 d’argent, 5 de bronze). Avec une contribution directe (5 médailles individuelles) et indirecte (4 médailles en relais), mention spéciale aux Douanes, représentées par Emilien Jacquelin, Quentin Fillon-Maillet, Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet, ces deux dernières (mais jamais en course) étant licenciées en Savoie au Club des Sports des Saisies, cela ne s’invente pas.

Le palmarès est complété avec le renfort de l’Armée (3 médailles en relais, 3 médailles individuelles) qui au lever des couleurs présentait le sergent Lou Jeanmonnot, le sergent Eric Perrot et deux frangins des Vosges, le sergent Fabien Claude et le caporal Emilien Claude.

À lire aussi du même auteur : XV de France: pas encore au point!

Et la relève est assurée avec une jeune étudiante en Sciences du sport, Océane Michelon, 22 ans et 2 médailles, l’or en relais dames et l’argent lors de la Mass-star, la course des courses.1

De cette performance exceptionnelle une presse jamais enchantée par les collectifs non métissés ne fera pas forcément ses gros titres, parce que le biathlon, discipline de ski nordique, n’est pas un sport multiculturel mais une discipline «uniforme ». C’est un sport de Blancs sur fond blanc. Il ne doit rien à l’immigration. La seule neige qui tombe sur les banlieues n’est pas pour skier mais à sniffer, et le seul tir qui y est pratiqué n’est pas sportif mais criminel, avec uniquement des courses poursuites avec la police.

L’exploit est pourtant là : au tableau des médailles, la France a devancé la Suède, l’Allemagne, les États-Unis, l’Italie… et dominé la Norvège (seulement 9 médailles), nation reine qui pour le coup a perdu la tête. Avant les championnats, pressentant les succès français, l’ancien grand champion norvégien Ole Einar Bjoerndalen avait déjà dédouané ses compatriotes : « Chez nous il n’y a pas l’armée ou les douanes pour nous aider, on n’a pas de sécurité ». Mauvais perdant, il oublie que tous les Norvégiens naissent avec des skis aux pieds.


  1. ↩︎

Le détail des médaillés

DOUANES

Quentin FILLON MAILLET (l’or en relais simple, l’argent en relais hommes et deux médailles de bronze individuelles)
Émilien JACQUELIN (l’or en relais mixte)

Justine BRAISAZ-BOUCHET (l’or en relais dames, une médaille d’or et une médaille de bronze à titre individuel)
Julia SIMON (l’or en relais mixte, relais simple et relais dames, et une médaille d’or individuelle)

ARMEE

Éric PERROT – (l’or en relais mixte, l’argent en relais hommes, l’or et le bronze en individuel)

Émilien CLAUDE (l’argent en relais hommes)

Fabien CLAUDE (l’argent en relais hommes)

Lou JEANMONNOT (l’or en relais mixte et relais dames, le bronze à titre individuel)

STAGIAIRE

Océane MICHELON (l’or en relais dames, l’argent en individuel)

Mauvais geste

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Steve Bannon, Washington, 20 février 2025 © UPI/Newscom/SIPA

Jordan Bardella a annulé son intervention à la CPAC de Washington après qu’un geste assimilé à un salut nazi a été effectué par Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump. En réponse, Bannon s’est emporté et a violemment critiqué Bardella : « Jordan Bardella est une petite fille et un lâche. Il ne dirigera jamais la France. Il est pire que Macron. »


Nous avions eu celui d’Elon Musk en marge des célébrations de l’investiture présidentielle de Donald Trump. Nous avons eu, vendredi dernier, celui de Steve Bannon, à la tribune d’un rassemblement  international de conservateurs. Bras tendu, paume vers le bas dans l’un et l’autre cas. Également dans l’un et l’autre cas, on aura prétendu qu’il ne fallait y voir rien de plus qu’un coucou au public. Cependant, il y a maintes et maintes manières de saluer la foule. Depuis la chute du nazisme en 1945, des centaines, des milliers d’orateurs politiques de par le monde ont, dans la fièvre des meetings, salué du geste leurs militants. Une constante : tous avaient soin d’éviter une éventuelle assimilation au salut nazi. Manifestement, on n’en est plus exactement là. On s’y risque, on ose, on s’autorise la transgression. Comme si on cherchait à tester la recevabilité populaire de cette gestuelle si puissamment, si violemment connotée. On lâche le geste, une première fois, puis une seconde. On prétend qu’il ne s’agit nullement de ce qu’on croit, qu’on se méprend. Et on affirme que ceux qui trouvent à y redire, tel Jordan Bardella qui a renoncé à prendre la parole lors de ce rassemblement, ne sont que des « lâches », des fillettes, des petits garçons qui font pipi dans leur culotte. Bref des sous-hommes – pendant que nous y sommes, allons-y! – , oui des sous-hommes ceux-là mêmes que M. Bannon se fait un plaisir « d’emmerder » (sic). Et c’est bien là que le masque tombe. Parce que si certains peuvent encore feindre de croire à l’innocence du geste, le réquisitoire suscité par la prise de distance du président du R.N, lui, s’inscrit dans le droit fil de la rhétorique nazie. Tout y est : ne pas adhérer, ne pas souscrire, ne pas se soumettre c’est être un lâche. Quant à la lâcheté elle serait par essence une tare féminine, une déficience de fillette, une débilité de mioche qui pisse sous lui. Alors que le mâle, le vrai, le mâle de race – mais oui, puisque nous y voilà allons-y gaiement cette fois encore ! – ne se pose pas la moindre question et souscrit.

Je suis de ceux à qui ces gestes-là soulèvent le cœur, glacent les reins, vrillent l’esprit. Ils ne passent pas. (Pour autant, il ne me semble pas que j’en sois encore à m’oublier sous moi ?…) 

La droite doit, selon moi, se montrer désormais extrêmement vigilante, impitoyablement intransigeante sur ces écarts qui ne sont insignifiants qu’en apparence. La gauche s’est laissé gangrener par la lèpre d’une radicalisation sournoise et délétère qui l’a débordée et dont elle ne parvient plus à maîtriser les dérives. Si elle n’y prend garde – de geste esquissé en geste assumé qui de la tribune gagne petit à petit la salle – la droite peut se trouver polluée, engluée dans ces immondes scories, entraînée dans une identique et tout aussi tragique impasse. Aussi, en un mot comme en cent : à mon humble avis, un salutaire et vigoureux coup de pompe dans le train des fauteurs de mauvais geste s’impose. Dès maintenant.

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Ces chaînes qu’on abat: petit mode d’emploi

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Le journaliste et polémiste Ivan Rioufol © Hannah Assouline

Les éventuels scandales ou dérapages à l’antenne ne sont que des prétextes : un système politique et médiatique endogame est ravi de pouvoir faire taire les esprits trop libres s’exprimant sur C8. Une minable comédie totalitaire, observe notre chroniqueur


L’Arcom est un obstacle à la démocratie et à la liberté d’expression. L’autorité de régulation de l’audiovisuel, qui a obtenu du Conseil d’Etat, mercredi, la confirmation de l’éviction de C8 et de NRJ 12 de la TNT à la fin de ce mois, est un instrument politique au service de la pensée officielle. Son président, qui fait surveiller le contenu des débats télévisés, est d’ailleurs choisi par le chef de l’Etat.

Rappels à l’ordre

En l’occurrence, s’agissant de C8 (400 salariés), l’Arcom a voulu punir une des chaînes du groupe Bolloré, coupable d’excès de liberté à travers Cyril Hanouna. Or, comme j’ai pu le mesurer pour avoir été la cible de quelques-uns de ses « rappels à l’ordre » pour des propos sur CNews, la manipulation des faits, l’intimidation, la censure sont des procédés de voyous qu’applique cette officine militante. Je les rappelle ici, en illustration du conseil de Taine : « Tenez-vous en à l’essentiel, c’est-à-dire à l’anecdote ». Car la malhonnêteté des manœuvres témoigne, au-delà de mon cas, d’une volonté de salir la chaîne. Je passe sur mon exclusion, sous la pression de l’Arcom, de l’antenne de CNews durant quatre semaines en juin dernier, au nom d’un équilibre des temps de paroles pour les législatives. Surtout, par deux fois, ce même tribunal arbitraire a usé d’accusations fabriquées par des groupes de pression. Je rappelle rapidement la première fausse « polémique » : elle avait été créée parce que j’avais en effet déclaré, le 21 avril 2017, que 50% des jeunes musulmans (15-25 ans) se réclamaient, en France, de la loi islamique (la charia), appliquée par l’Etat islamique. J’avais été accusé de mensonge et d’islamophobie. Or, je commentais un sondage de l’Institut Montaigne de septembre 2016. Ce pourcentage a depuis largement augmenté. L’Arcom avait choisi de ne suivre que l’islamosphère, sans regarder les éléments de mon commentaire. J’avais été présumé coupable.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: L’État de droit, c’est de gauche!

Minable comédie totalitaire

La deuxième accusation portée par l’Arcom est plus grave. Elle concerne une déformation malveillante d’une analyse tenue dans L’Heure des pros 2, le 2 février 2022. Je m’en suis déjà expliqué. Le Monde daté de vendredi avalise à nouveau ce travail de faussaire, sous la signature d’Aude Dassonville. A l’époque, je voulais rappeler, dans une critique des excès de la politique hygiéniste sur le Covid et en réponse à un parallèle fait par Didier Raoult sur un risque de dérive concentrationnaire, que le ghetto de Varsovie avait été créé en 1940 par les nazis au prétexte d’instituer une « zone d’épidémie ». Ce fait historique est incontestable. Mais l’Arcom, emboitant le pas à une cabale lancée par un journaliste de Télérama à cause de mes critiques contre les vaccins expérimentaux, avait feint de croire que je justifiais la politique nazie, sans rien vouloir entendre du sens de ma démonstration ni même de mes clarifications écrites. Elle en profitait pour accuser CNews de manque « d’honnêteté et de rigueur » dans la conduite du débat. Or la Cour européenne des droits de l’homme, dans une décision du 6 février rejetant un recours de CNews sur cette affaire, est venue elle aussi cautionner cette manipulation de mes propos, en les jugeant même « sans ambiguïté » et en introduisant de surcroit une suggestion diffamante sur une possible « négation de faits historiques ». Les procès staliniens procédaient de la sorte. Certes, je n’ai été condamné à rien dans cette minable comédie totalitaire. Mais les bidouillages du système démontrent que CNews reste la chaîne à abattre. Tous les coups restent permis.

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Beat Generation

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Aquarius 2014 (Détail) © François Prost

La Philharmonie de Paris pousse les meubles, accroche une boule à facette au plafond et monte le son pour une exposition consacrée à la Disco jusqu’au 17 août 2025. Des rues de New-York aux platines, quand cette musique issue des minorités était majoritaire et populaire…


Il y eut bien quelques mauvais coucheurs dans le courant des années 1970. Réfractaires au beat et à la simplicité métronomique. Arcboutés à leur rock croulant et jaloux de leur pré-carré musical, comme avant eux, les puristes du jazz se disloquèrent en chapelles assassines. Certains allèrent même jusqu’à brûler les disques disco car ils avaient perdu la bataille commerciale, notamment sur les ondes américaines. La radio avait choisi son camp, les corps qui ondulent et les peaux qui se frôlent dans un feulement érotique, sous la chaleur d’un club enfumé, avec comme seule destinée, le petit matin. La joie de sortir d’une discothèque, huileux, en sueur et heureux, et puis de reprendre son boulot alimentaire, dans une administration tatillonne ou une grande entreprise prédatrice.

Dernière extase avant la globalisation

La Disco avait anticipé le spleen de la globalisation, elle était son remède, cette porte de sortie éphémère qui accepte la veulerie du monde mais nous réserve quelques heures d’extase. La nuit, tout est permis. Car la Disco est sexuelle et cathartique. Elle ne minaude pas comme le rock puritain qui se pratique dans des garages entre garçons empêchés. Explicite, démonstrative, charnelle, voyeuriste, sans dessein politique si ce n’est faire la fête, courtermiste, ne promettant pas de jours meilleurs, plutôt une accalmie passagère. La Disco est une musique de l’instant, du partage, en compagnie d’inconnus, elle rebat les cartes, le temps d’une soirée. Elle raccommode les âmes esseulées sur des sons trafiqués et des voix perchées ; les aigus, les paillettes, les talons, les frasques, les divas et les bannis ne lui font pas peur. Tous les faux rebelles en blouson clouté, lourdaud avec leur purée électrique à saturation, martyrs en carton-pâte, en prirent pour cinq ans.

A lire aussi, du même auteur: La fin du Macumba

Entre 1975 et 1980, ils disparurent du paysage. Tous les groupes de rock, des Rolling Stones à Blondie firent allégeance à la Disco, ils obtinrent même à cette occasion leur plus grand succès. La Disco était bénéficiaire, trop bénéficiaire, la crue était prévisible, le cinéma, la mode, les corn flakes, tout se vendait sous le label Disco. On dansait Disco, on s’habillait Disco, on se divertissait Disco. La surproduction lui coupa les ailes et aussi, elle fut victime d’un délit de sale gueule. La Disco n’était pas assez sérieuse, elle était l’avatar d’un consumérisme sans fin, les raisonneurs la prirent en grippe, on devait avoir un peu honte d’être Disco, elle était trop populaire pour être idéologiquement crédible.

Pas sectaire, pas communautariste

La Philharmonie revient sur ses origines, elle retrace son explosion dans une « Grosse Pomme » en crise budgétaire, sécuritaire et complètement à l’abandon, dans une Amérique parcellisée où les communautés homosexuelles se cachaient pour s’aimer et danser ensemble. La Disco est née dans les quartiers pauvres, chez les afro-américains par l’entremise de DJ latinos et italiens ; pas sectaire, pas bégueule, elle n’avait pas vocation à rester dans l’entre-soi. L’exposition n’oublie pas ses racines françaises. Nous n’avons pas de pétrole mais nous avons inventé la discothèque après-guerre. De Cerrone à Patrick Juvet, des visionnaires Jacques Morali et Henri Belolo, sans oublier la Queen Sheila et son indétrônable « Spacer », les Français ont apporté à la Disco, un son que, je qualifierais, de boulevardier, avec des relents de bords de Marne, un populisme gouailleur et entraînant.

L’exposition ne manque pas de charme dans un décor éclairé au stroboscope, elle présente des costumes de scènes, l’évolution du matériel audio (Revox), des photos du Studio 54 et des fiertés militantes ; bien sûr, il y a Travolta, Donna et Diana, l’extatique Sylvester et le non moins charismatique Teddy Pendergrass. À voir également la belle série Paradise Discothèque du Turinois Antonio La Grotta qui a photographié les ruines des boîtes-usines italiennes des années 1980 : Colosseo, Divina, Egyptia, Ultimo Impero…Et surtout la bande-son permanente est un appel démoniaque à danser ; quand vous entrez dans une expo et que les voix de Thelma Houston et de Eartha Kitt résonnent, vous avez le sourire et une pêche d’enfer.

Informations pratiques: https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/27966-disco

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Les joyaux de l’Opéra

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Broche pour Lohengrin et la princesse lointaine, 1912 © Charles Duprat, OnP

La bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris dévoile une partie de son éblouissante collection de bijoux de scène. Des pièces d’orfèvrerie qui relèvent de la haute joaillerie et qui, pour certaines, remontent à la Restauration. L’histoire de ces tiares, diadèmes, couronnes et colliers regorgeant de perles et de brillants est, en soi, un conte de fées.


Il était une fois un puissant royaume dont le roi se nommait Opéra et la reine s’appelait Danse. Ils régnaient dans un splendide palais au sein duquel existait une salle fort retirée, enfouie dans les brumes de l’oubli. Personne à la Cour n’en savait la destination et nul depuis des lustres n’aurait pensé s’y hasarder. Or, il advint que la clef de cette chambre mystérieuse fut un jour remise à une noble dame nouvellement arrivée et qui reçut le commandement d’en retirer tout ce qui s’y pouvait receler. C’était une bien étrange aventure qui survenait là. La dame n’avait nulle conscience de la tâche dont on la chargeait. Et quand il lui fut enfin donné d’ouvrir cette porte, elle pensa sur le seuil défaillir d’étonnement : dans les vitrines qui tapissaient les murailles, sur des tables immenses, dans les armoires, ce n’était que ruissellement de couronnes, de diadèmes, de tiares, de colliers, de pectoraux, de bracelets, de broches, de pendentifs ; que cascades de diamants, d’émeraudes, de rubis, de saphirs, d’améthystes et de perles fines.

Si l’on écrivait encore des contes à la manière de jadis, voilà comment on pourrait relater l’extraordinaire aventure qui advint en 1980 à une dame détachée, à sa demande, par l’Éducation nationale, auprès de l’Opéra de Paris. À peine installée dans les murs de l’institution, Danièle Fouache fut effectivement chargée de libérer une vaste pièce perdue dans l’immensité du Palais Garnier afin de ménager un nouvel espace qu’on destinait aux ateliers de confection de costumes, et d’en déposer pêle-mêle le contenu dans les combles. « On m’avait donc confié la clef de la mystérieuse chambre et tout comme l’héroïne de Barbe bleue, j’en ouvris la porte dans une parfaite ignorance de ce qui m’attendait. Et comme je suis émotive, je faillis m’évanouir en découvrant le contenu ! »

À lire aussi, Raphaël de Gubernatis : Le « Boléro », les mystères d’un chef-d’œuvre

Près de 10 000 joyaux étaient accumulés là sans que nul, alors, ne s’en soucie : des ornements accumulés depuis l’inauguration de l’Opéra en 1875 et qu’avaient portés toutes les impératrices, les princesses, les rois, les tsars, les princes, les courtisanes, les bayadères des opéras et des ballets du répertoire. « L’Opéra n’était en ce temps qu’une maison de production, soupire Danièle Fouache. On y vivait au rythme de la saison lyrique et chorégraphique et on n’y avait pas encore acquis la notion de conservation du patrimoine. » Tout était relégué là sans qu’il n’y ait personne pour soupçonner la richesse, l’ampleur et l’intérêt de ces merveilles. Ainsi s’était assoupi un fabuleux trésor sur lequel ne veillait nul terrible dragon, et dans lequel, parfois, des costumiers barbares s’en allaient puiser, démontant, saccageant sans vergogne ces merveilles de la joaillerie pour créer à moindres frais de nouveaux ornements.

Des bijoux dignes des maisons royales

Ces bijoux magnifiques, destinés à exalter des personnages hors norme et à resplendir de loin, avaient été dessinés par des décorateurs, des costumiers fameux et façonnés par les orfèvres des quartiers du Marais, ceux-là mêmes qui œuvraient pour les grands joailliers de la place Vendôme. Puis, dès les années 1930, par souci d’économie et parce que le goût avait changé, par les ateliers mêmes de l’Opéra.

Certes, à l’exception de la turquoise, de l’opale ou du corail, les pierreries sont fausses, les perles sont faites de verre soufflé dans lequel on a instillé quelque liquide afin de leur conférer le plus bel orient. Mais le raffinement et la splendeur des parures créées par les ateliers d’orfèvres étaient parfaitement semblables aux ouvrages de la haute joaillerie. Avec des bijoux de scène dont les plus anciens datent peut-être de la Restauration, l’ensemble est unique au monde. Et personne n’en avait conscience. Comme on n’avait pas eu conscience, au début de la Troisième République, de l’immense valeur historique et vénale que représentait l’ensemble des joyaux de la Couronne : 77 486 pierres et perles composant des chefs-d’œuvre furent dispersées, vendues à perte en 1887 par haine de la monarchie et par mépris républicain du patrimoine.

Et comment les faire resplendir…

En 2004, un quart de siècle après cette découverte, lors d’une exposition malicieusement titrée « L’Air des bijoux » (on avait encore quelque esprit), près de 400 pièces d’orfèvrerie ont été présentées dans la rotonde des abonnés, à l’Opéra, caverne idéale pour abriter de tels trésors et qui s’est fait l’écho, durant six mois, de celle d’Ali Baba. Des trésors alors restaurés par les élèves du lycée de la bijouterie Nicolas-Flamel, à Paris.

A lire aussi: Le plaisir d’être trompé

Vingt ans plus tard, alors que 4 000 de ces ornements sont désormais sous la sauvegarde de la bibliothèque-musée de l’Opéra, et donc de la Bibliothèque nationale, on ne montre que 70 pièces de ce trésor de légende. Un rien dans cette immensité qui fait immanquablement penser aux présents qu’offre l’Inca à Tintin dans Le Temple du soleil avant de lui découvrir, pour taire ses scrupules, les centaines de jarres débordantes d’or et de pierreries alignées dans une gigantesque salle souterraine ; mais un rien d’un luxe inouï, digne d’être confronté aux joyaux des maisons souveraines d’Europe, et porté par tous les héros et les héroïnes du répertoire.

Jusque-là, leur seule magnificence avait suffi pour exposer ces joyaux. Avec le temps est apparue la nécessité d’étoffer le propos : les 70 ornements sont présentés dans un tout autre esprit. Aujourd’hui, des recherches poussées les resituent au cœur des ouvrages lyriques ou chorégraphiques pour lesquels ils ont été créés et rappellent les artistes qui les ont portés. Et grâce aux maquettes de décors, aux affiches, aux vidéos, on les redécouvre dans le cadre au sein duquel ils ont resplendi.

« Bijoux de scène de l’Opéra de Paris ». Jusqu’au 28 mars 2025, bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris.

Adieu, Daniel !

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Daniel Grardel, peintre amiénois © D.R.

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


Le peintre amiénois Daniel Grardel est décédé, au cours de la nuit du samedi 15 au dimanche 16 février ; son corps a été retrouvé par un promeneur, dimanche matin, sur une plage de Concarneau (Finistère). Il était mon ami. Daniel était un homme épatant, généreux, drôle, terriblement littéraire et rock’n’roll.

Toute sa carrière professionnelle avait été celle d’un instituteur (il aimait ce mot qui représentait une autre époque au cours de laquelle la République tenait encore un rôle primordial dans la société française) ; il avait enseigné à Aubigny, à Corbie, puis à Amiens. Mais la grande passion de sa vie, c’était la peinture. Il s’y adonnait avec une gourmandise et une volupté rares.

A l’instar d’un Clovis Trouille, ses toiles pouvaient être provocatrices ; on y voyait des filles peu vêtues, souvent en galantes compagnies et/ou en capiteuses positions. Il se moquait du puritanisme désolant et castrateur, de l’ultra-féminisme navrant et imbécile, du wokisme buté et intolérant. Il vénérait le vrai rock’n’roll, celui de sixties et seventies, la chanson française qui n’avait pas froid aux moustaches. Tout cela l’avait conduit à se lier d’une forte amitié au chanteur Lucky Blondo à qui il rendait souvent visite à Concarneau. (C’était le cas en ce funeste week-end.)

Toutes ces passions et ces valeurs, nous réunissaient également ; elles consolidaient notre vieille connivence. Lorsqu’en 2009, il avait fallu illustrer mon recueil de nouvelles assez épicées, Petite garce, Jean-Yves Reuzeau, éditeur du Castor astral, et moi-même, avions tout naturellement fait appel à son talent ; il nous avait peint une adorable brune en nuisette, posant de dos sous le regard émerveillé d’un homme qui ressemblait fort à Serge Gainsbourg.

C’est encore lui qui, fin 2023, avait adapté trois de mes nouvelles en bandes dessinées pour le recueil L’Hibernation (éditions des Soleils bleus). Ce fut l’occasion de rencontres rigolotes et festives. Il y avait aussi, entre nous, des coïncidences qui nous faisaient sourire : lorsque ma chronique Les Dessous chics quitta les colonnes du Courrier picard pour être hébergées par le site web de Causeur, le premier texte que je livrai lui était consacré.

Il avait eu la bonne idée de réunir à la galerie de La Dodane, dans le quartier Saint-Leu, à Amiens, quelques-unes de ses œuvres, et des écrivains qui, chaque jour, venaient signer leurs ouvrages et rencontrer les lecteurs. Je faisais bien sûr partie de l’événement qui connut un vif succès.

Or, en 2005, quand je lançais mon prône dominical dans le quotidien de Picardie, dans ce premier article j’évoquais mon Daniel et sa rencontre manquée, au cours de l’été 1998, avec l’une de ses idoles, Nino Ferrer, qui venait de choisir de passer à l’Orient éternel des bluesmen blancs. Aujourd’hui, c’est toi, l’ami, qui nous quitte. Ta peinture foraine, colorée et sensuelle reste avec nous, imparable, singulière et forte. Tu nous manques déjà. Je ne t’oublierai pas.

Sur l’élégance masculine (donc anglaise…)

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Le prince de Galles enfile une chemise et une cravate après un match de polo à Windsor, 1 janvier 1970 © HUSSEIN ANWAR/SIPA

Savoir s’habiller avec classe et élégance, c’est tout un art ! Le Guide du style classique et sartorial nous propose une claire synthèse sur les fondamentaux de l’élégance masculine, du costume aux chaussures, en passant par la cravate.


Au milieu d’un avachissement devenu la règle, avec cette peur panique, si générale, de sortir du lot grisâtre et synthétique, tâcher d’incarner un idéal d’excellence et d’autonomie, incarner chacun à sa manière la rébellion du gentilhomme contre la barbarie contemporaine me semblent de jolis défis pour les Insulaires d’aujourd’hui. Offrir aux regards une silhouette intemporelle, avec juste assez de désinvolture, n’est-ce pas pratiquer une diététique pour lutter contre la douleur que suscite le monde moderne ? Par sa posture, incarner le vestige, le revenant, celui qui, debout au milieu des ruines, témoigne de sa différence, quel exaltant programme ! Cette posture a été illustrée par quelques essais classiques : les introuvables De l’Élégance masculine, de la regrettée Tatiana Tolstoï, et Le Chic anglais, de l’illustre James Darwen (1990 ; les livres illustrés de l’Américain Bruce Boyer, du Britannique James Sherwood ou du Français Julien Scavini, lui-même tailleur. Sans oublier le Chouan des villes, dont j’ai parlé ailleurs).

A lire aussi du même auteur: L’élégance masculine, ce savoir-vivre

Voilà qu’un collectif regroupé autour des éditions de l’Honnête Homme – tout un programme ! – nous propose une claire synthèse sur les fondamentaux de l’élégance masculine, celle, classique au suprême du gentleman d’aujourd’hui. Après avoir défini le style classique comme une discipline, voire comme une ascèse, à mille lieues de la mode qui vieillit si vite (et coûte un bras pour des résultats parfois pitoyables), nos mystérieux rédacteurs réunis en soviet étudient les pièces de la garde-robe classique, sobre à souhait et adaptée à toutes les situations. Le modèle ? L’ancien Prince de Galles, devenu Charles III, bien entendu ! Comment choisir un costume ? Anglais ou italien (je connais ma réponse) ? Et la cravate ? Les chaussures ? Le pardessus ? Par trop française, leur vision manque parfois de cette fantaisie, de cette touche d’humour British qui font la différence. Rien sur les chapeaux ni sur les bijoux (mais un gentilhomme porte-t-il des bijoux ?). En revanche, un précieux annuaire des grandes maisons et des tuyaux pour trouver de belles pièces en seconde main, car l’élégance n’est pas une question d’argent, mais bien de goût et de méthode. L’allusion au port du scapulaire, tout à la fin, étonne par son caractère un tantinet incongru… ne manquant pas d’une sorte de panache.


Le Guide du style classique et sartorial, Editions de l’Honnête Homme, 250 pages.

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Mime la mort

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Frédéric Bécourt © Olivier Allard

Avec Thanatose, Frédéric Bécourt signe un roman acide sur une époque où la virtualité l’emporte sur le réel.


Frédéric Bécourt publie un roman tous les deux ans ; c’est un rythme élevé que je lui souhaite de tenir. Je m’étais fait l’écho – enthousiaste – de ses deux premiers romans, dans Causeur, où son univers, proche de Michel Houellebecq, n’était pas tendre avec notre époque, c’est le moins que l’on puisse écrire. Ses héros n’étaient pas au mieux de leur forme, et le gris était la couleur dominante. Avec Thanatose, Guillaume Labarthe, le personnage principal, est même carrément mort. Enfin, pas tout à fait. Il simule la mort, semble-t-il malgré lui. C’est un phénomène assez rare, observé chez quelques espèces animales, notamment l’araignée, désigné sous le vocable scientifique de « thanatose ».

Époque épatante

Guillaume est un garçon falot, sans colonne vertébrale, comme il en existe tant de nos jours. À bientôt trente ans, il vit encore chez sa mère, l’acariâtre Mina, autocentrée, heureuse de « posséder » encore sa progéniture. Le père est mort, il ne sera nommé « papa » qu’à la dernière page du roman. Dire que le contexte familial est peu épanouissant relève de la litote. Il sort rarement, car il gagne sa vie sur internet, comme coach en jeux vidéo. L’époque est épatante, non ? Il a cependant une compagne, Alice. Un jour, elle lui propose de participer à une distribution de colis alimentaires à la permanence du Secours Catholique, située dans le quatorzième arrondissement de la capitale. Ça part d’un bon sentiment tout ça. Mais un marginal, sans volonté terroriste religieuse revendiquée, je le précise, entre dans la petite permanence et tire dans le tas. Bilan : quatre morts, dont la gentille Alice. Guillaume, quant à lui, il tombe, même pas mort, juste « sans vie », le coup de la thanatose.

À lire aussi, Pascal Louvrier : Frédéric Bécourt ou le vent printanier

Sorti de l’hôpital, il recommence son petit train train quotidien, égoïste et porté sur le virtuel. Dans le métaverse, il va retrouver le double de sa compagne, bien morte elle, sous la forme de l’avatar « calisson2803 », le surnom que lui donnait son père quand elle était une gamine. Il y a alors des échanges nocturnes sur la toile. L’avatar sait taper là où la cicatrice reste douloureuse. « Si t’étais un homme tu serais mort à ma place », balance « calisson2803 ».

Réalité parallèle

Bécourt se lance alors dans une critique aigre-douce du monde contemporain dominé paradoxalement par la virtualité et le rationalisme. La clé de ce dialogue virtuel est peut-être donnée par le Dr Hamani, une « jolie brune un peu trop maigre », psy de quarante ans. Extrait : « (…) votre psychisme, déclare doctement Hamani, refuse de traiter ce qui vous est arrivé. Il ne nie pas les événements, si vous voulez, mais il les repousse en fabriquant une autre réalité. » Et encore : « En réalité, il s’agit d’une question de survie pour lui : il n’a pas la faculté de s’adapter, alors il se ment. »

Bécourt, en prenant soudain de l’altitude, souligne ce qui est en train de gravement nuire à notre civilisation.

Frédéric Bécourt, Thanatose, Héliopoles. 258 pages

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