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Avec Emmanuel Macron, une économie sans solution

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Une analyse économique de Jean Messiha, Délégué National du Rassemblement National et Frédéric Amoudru, ancien cadre dirigeant d’une grande banque française


La crise sera grave. Très grave. Le président de la République l’a admis lui-même le 2 juillet devant la presse quotidienne régionale. Les dizaines de milliards déversés sur les entreprises et les ménages (chômage partiel, plans sectoriels, abandons ou reports de charges selon les cas) ne sont pas durables. Car ils ne sont pas tenables. Il va bien falloir que cela s’arrête un jour. Non seulement nos déficits atteignent déjà des niveaux invraisemblables, mais de nombreuses mesures de revalorisation sectorielles sont en cours – personnels soignants, enseignants – et on ne voit pas pourquoi d’autres catégories sociales s’estimant lésées ne viendraient pas bientôt se joindre au cortège.

Une rentrée apocalyptique?

Les entreprises l’ont bien compris. Constatant une reprise molle de la consommation et de l’investissement, des altérations pérennes de modèle économique induites par des changements de comportement des consommateurs, elles alignent plans sociaux sur plans sociaux. Le secteur de la distribution a été le premier à tirer (La Halle, Célio, Camaieu, Orchestra-Prémaman, etc.). Mais le transport (Air France), l’industrie (Airbus et Renault et toute leurs chaines de sous-traitance, de même que Nokia et tant d’autres) ne sont pas en reste. Une cascade, un Niagara d’emplois supprimés qui touchera des grands groupes mais aussi une myriade de TPE-PME qui meurent, elles, sans faire de bruits. Un désastre à venir. « Une rentrée apocalyptique » écrivait le 3 juillet Marc Landré patron du service économique du Figaro, quotidien qui n’est pas en opposition frontale à Jupiter.

L’histoire économique et sociale de ces dernières décennies a clairement montré que la concentration des richesses et du pouvoir aux mains d’une petite oligarchie mondialiste et mondialisée, servie par des classes politiques complices ou aveugles, pouvait largement nuire aux intérêts des nations et des peuples

Le nouveau gouvernement prépare un plan de relance, parait-il fortement axé sur la transition écologique, et devrait conditionner un modeste effort en faveur de l’industrie à une forte baisse des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour un secteur qui en émet 22% du total. Le chômage explose, des millions de familles vont se retrouver dans une souffrance sociale inouïe, nos déficits atteignent des sommets himalayens ; mais sous la pression des « Verts », la priorité ce sont les gaz à effets de serre dont nous sommes à l’échelle européenne un assez modeste contributeur par tête d’habitant.

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La priorité est ailleurs. Nous avons un problème immédiat : celui de la fonte des fonds propres de nos entreprises, et en particulier de nos TPE-PME, due aux pertes considérables subies pendant la crise. Nous l’avons traité dans une tribune intitulée « Recapitalisons l’entreprise France », parue le 6 juin dans Causeur. La réponse du gouvernement à cette menace est parcellaire et incomplète, avec certes des plans sectoriels, mais aucune stratégie globale.

CICE: un bilan mitigé

Mais nous savons aussi que notre pays souffre d’un problème structurel non-résolu (outre sa lancinante trilogie malheureuse et coûteuse  « immigration, identité, insécurité ») : le manque de compétitivité de son économie, due en particulier à un coût du travail qui n’est pas grevé par le niveau – du reste modéré – des salaires, mais par des charges sociales très élevées dès que l’on dépasse le SMIC. SMIC qui n’est pas le salaire de référence dans l’industrie, secteur clé pour notre redressement global.

Les 20 milliards du CICE avaient été un effort substantiel pour réduire ce fardeau. Mais avec une erreur fondamentale : n’y attacher aucune conditionnalité en termes de créations d’emplois, en particulier sur les moyennes et grandes entreprises dont la « contribution » à la délocalisation et la désindustrialisation du pays a été forte. Le bilan s’en est trouvé plus que mitigé. Hausse des dividendes, hausse de salaires pour les plus qualifiés, investissements à l’étranger, renforcement des marges et de la trésorerie et certes, concédons-le, des recrutements ici ou là. Mais les experts ont eu le plus grand mal à trouver un lien entre ces milliards payés par la collectivité et la forte création nette d’emplois attendue. Et pour cause…

Ayant compris que les Français ne se feraient plus avoir avec des baisses de cotisations sociales sans contreparties solides, le patronat, MEDEF en tête, s’attaque désormais aux « impôts de production » qui représenteraient 72 milliards d’euros et constitueraient un grave désavantage concurrentiel par rapport à nos grands rivaux économiques dont l’Allemagne. De quoi parle-t-on ?

  • D’environ 4 milliards d’euros de Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés basée sur le chiffre d’affaires et pesant plutôt sur les moyennes et grandes boites que les petites qui financent les régimes d’assurance vieillesse des travailleurs non-salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales (les « indépendants » pour faire simple) ;
  • D’environ 40 milliards de Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), de Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE), de Taxe sur le Foncier Bâti et de taxes foncières diverses que doivent acquitter la plupart des entreprises qui constituent ensemble une des sources majeures de financement de nos collectivités locales ;
  • Une myriade de petites taxes pour 4,5 milliards d’euros ;
  • Et enfin 26 milliards d’euros de charges liées la masse salariale dont le « versement transport » pour plus de 7 milliards qui contribue à financer nos transports publics.

Il est indiscutable que les entreprises françaises sont, au titre de ces divers impôts, sensiblement plus taxées que leurs concurrentes européennes (ne parlons même pas de l’Asie) et que cette surcharge explique une bonne part de nos problèmes économiques, surtout depuis l’abandon du Franc, monnaie ajustable, pour l’euro, monnaie fixe.

Le mouvement national doit écouter et demander des comptes aux gros industriels

Le patronat réclame 30 milliards d’euros de baisse de ces fameux impôts de production, affirmant la main sur le cœur qu’avec ce nouvel effort de la nation, colossal vous en conviendrez, la France redeviendra compétitive et que nous pourrons enfin entrer dans un cycle vertueux de créations d’emplois, de croissance et, in fine, de nouvelles recettes fiscales pour la collectivité.

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Ce chiffre n’est pas une hérésie en soi. Mais ces 30 milliards, il faudra les trouver sous forme de baisse de dépenses publiques un peu partout, de hausses d’impôts sur les ménages (toujours les mêmes) ou en creusant la dette devenue la solution « magique ». Problème : aucune de ces sources de financement n’est, à juste titre, acceptable pour une majorité de Français. Au-delà de la problématique financière, il n’est plus tolérable pour l’opinion de s’engager comme avec le CICE dans un processus de « donnant-reçu » et non de « donnant-donnant ». Où partiraient ces milliards ? Nous n’en savons rien. Il y aura sans doute des entreprises vertueuses qui, avec ces économies, investiront et recruteront dans notre pays. Mais combien d’autres, souvent les plus grandes, engagées depuis des années dans une logique d’arbitrage des coûts salariaux et des avantages fiscaux en Europe et dans le monde, empocheront le « cadeau » et en feront ce qu’elles voudront ?

Le mouvement national doit entendre la demande du monde économique français pour un allègement du poids fiscal qui pèse sur lui et aisément justifiée par les comparaisons faites par les instituts statistiques les plus sérieux. Mais il doit aussi expliquer à ce patronat et tout particulièrement aux grandes entreprises, aux ETI ainsi qu’aux « grosses PME » (plus de 50 salariés) que le temps n’est plus à la naïve confiance dans la vertu des mécanismes de marché, dans la croyance aux théories du « ruissellement » et autres sornettes.

La main invisible, qui peut encore y croire?

Le temps de l’État stratège est revenu, avec ses moyens qui peuvent être considérables, mais aussi ses exigences. Car l’État œuvre pour le bien public.  Nous vivons encore dans la théorie, certes modernisée et rhabillée, de la « main invisible d’Adam Smith » pour qui l’intérêt général se confond avec les sommes des intérêts individuels. Or l’histoire économique et sociale de ces dernières décennies a clairement montré que la concentration des richesses et du pouvoir aux mains d’une petite oligarchie mondialiste et mondialisée, servie par des classes politiques complices ou aveugles, pouvait largement nuire aux intérêts des nations et des peuples. De sorte que la stratégie de redressement de la France doit être pilotée et l’argent public consacré à cette grande mission doit être fléché vers ce qui sert le plus au pays : l’emploi. Pas d’emplois nets créés par l’entreprise, pas d’aides publiques. C’est clair, net et précis. Et c’est à prendre ou à laisser !

On nous répondra « complexité, bureaucratie, contraintes, lourdeur, ingérence, etc. ». L’éternelle antienne du laisser-faire, laisser-passer des libéraux, rajeunie dans un « donnez-nous l’argent, on saura quoi en faire ! ». L’hypothèse libérale de base d’un antagonisme viscéral entre le public et le privé doit être battue en brèche. La vérité est qu’il y aura bien assez d’entreprises et de patrons pour comprendre l’enjeu enthousiasmant de ce nouveau pacte productif et social et créer une dynamique vertueuse et autoentretenue.

Les élections cruciales de 2022 seront l’occasion pour les Français de faire un choix entre deux modèles. L’un toujours mondialiste, euro-fédéraliste, libre-échangiste, immigrationniste et insouciant aux immenses déséquilibres financiers du pays. L’autre tenant de l’échange juste et équilibré, favorable au retour de souverainetés nationales trop facilement abandonnées à la souveraineté européenne, rempart contre certaines immigrations au bilan très contestable et attaché au retour de nos équilibres financiers gages de l’indépendance de la France.

Sainte-Sophie transformée en mosquée: derrière la consternation…

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L’Occident se désole de voir l’ancienne basilique transformée en mosquée par Erdogan. En s’emparant de Constantinople en 1453, Mehmed II avait déjà fait recouvrir l’image du Christ qui ornait la coupole par une calligraphie arabe, et caché les visages des anges qui la soutiennent.


Après une procédure judiciaire dont nul n’ignorait que son résultat était joué d’avance, il n’aura donc fallu qu’un simple décret au président Erdogan pour redonner à Sainte-Sophie le statut qu’elle avait avant 1934, à savoir celui d’une mosquée.

La décision du sultan est cohérente

Ce geste pourrait sembler normal à un observateur détaché de considération symboliques : la société turque est actuellement musulmane dans une proportion très largement majoritaire, et elle s’est engagée depuis une vingtaine d’années dans une politique de ré-islamisation qui la conduit à remettre en cause peu à peu tout l’héritage laïc issu de l’époque kémaliste. D’un point de vue strictement utilitariste, il est donc totalement cohérent que le pouvoir affecte à la religion professée par sa population un édifice religieux aussi vaste.

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Mais le fait est que ni le geste d’Erdogan, ni sa réception en Occident, ne se cantonnent au registre strictement utilitaire. Car faire de Sainte-Sophie une mosquée n’est pas simplement changer l’affectation d’un musée : c’est poser un acte symbolique dont la portée conflictuelle ne peut être ignorée.

Une décision qui s’inscrit dans une Histoire longue

La basilique fut en effet construite au VIe siècle au cœur de Constantinople, précisément à l’époque où Justinien s’employait à reconquérir les terres de l’ancien empire d’occident en assumant la prétention à la domination universelle qui lui venait de Rome, bien qu’elle fût désormais placée sous le signe de la foi chrétienne. L’architecture même de la basilique fut donc conçue pour refléter cette ambition : elle fut dotée d’une gigantesque coupole, figure du cosmos, dominée par  l’image triomphante d’un « Christ pantokrator ». Pendant plus de neuf cents ans Sainte-Sophie fut ainsi le « saint des saints » de l’empire byzantin, le lieu du couronnement de ses souverains et le siège de ses Patriarches. Jusqu’à ce que le conquérant turc Mehmed II finisse par prendre la ville en 1453 pour en faire aussitôt sa capitale, transformant au passage la basilique en mosquée. Car les Ottomans reprirent à leur tour la prétention impériale de la seconde Rome, cette fois-ci sous le drapeau vert de l’islam : ils poursuivirent en son nom une vigoureuse politique d’expansion qui fit de la Sublime Porte le centre d’un empire étendu sur trois continents, de l’Afrique du Nord à la Mésopotamie et de la Hongrie au Yémen. A l’heure où la Turquie intervient politiquement face à l’Union Européenne, et militairement à la fois en Syrie et en Libye le symbole est donc on ne peut plus clair : l’empire est de retour, à la fois dans sa dimension politique (influence directe dans l’ancienne aire ottomane) et religieuse (promotion de l’islam face christianisme).

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Tous les partisans d’une entente paisible entre les religions ne peuvent que le déplorer, et ceux qui pensent que le « choc des civilisations » est un concept exclusivement occidental feraient bien d’y réfléchir…

Derrière les calligraphies

Une chose cependant semble échapper au président Erdogan, comme elle échappera certainement à la majorité des fidèles qui, le 24 juillet prochain, se presseront certainement pour la première prière musulmane célébrée dans la basilique depuis 1934 : le changement d’affectation d’un bâtiment, quel qu’il soit, ne sera jamais capable d’effacer sa destination première, pour laquelle il fut à la fois pensé et construit.

Lorsqu’on déambule à Cordoue sous les arcades rouges et blanches de la cathédrale, on ne peut ignorer que l’on est au sein d’un édifice conçu pour être une mosquée, dont le mihrab indiquera pour toujours la qibla. Et sous les calligraphies ottomanes, au sommet de la coupole de Sainte-Sophie, c’est à jamais l’image du Christ en gloire qui trônera sur l’univers…

Les Verts entendent «dégenrer» les cours d’écoles

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Les cours de récréation sont accusées par les élus EELV d’être conçues pour favoriser les activités des garçons, au détriment des filles. Avec leur sens des priorités bien connu, les mairies vertes entendent y remédier.


Alors que les dernières élections municipales ont montré à quel point notre démocratie était malade et à quel point le président qui devait la renouveler était rejeté, les commentateurs ont essayé de faire croire à un phénomène politique émergent : l’existence d’une vague verte, alors que les chiffres montrent à peine un clapotis. Du coup, puisqu’en politique, ce qui est cru peut fort opportunément occulter ce qui est réel, Europe-Ecologie-Les-Verts entend bien occuper le terrain qui lui est ainsi cédé et mettre en avant ses solutions pour l’avenir. Histoire de prendre date, comme on dit. Le parti veut donc mettre en avant ses expériences innovantes.

L’aménagement urbain comme moyen de rétablir l’égalité femmes/hommes apparait pour ce qu’il est: une escroquerie intellectuelle

La dernière en date : les cours d’école « dégenrées ». Selon Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble : « Les cours d’école de nos enfants ressemblent à des parkings en bitume, brûlantes en été et trop réservées aux pratiques des garçons. La solution : débitumiser, dégenrer, végétaliser et potagiser! ». On ne sait pas trop si cela signifie que les femmes appartenant plutôt à la nature et les hommes à la culture – selon d’anciennes distinctions genrées – créer un potager au centre de la cour devrait les amener à réoccuper l’espace le plus visible. Et puis le potager, c’est l’étape avant la cuisine. Cela permet aux filles de s’adapter en douceur à leur futur biotope. À moins que la fille relevant de l’espace domestique, elle ne puisse trouver son bonheur qu’en faisant de la décoration végétale d’extérieur. En tout cas il est manifestement impensable qu’elle puisse aimer les jeux de ballon.

La stupidité le dispute à l’inefficacité

Autre problème, d’après la lecture « genrée » de la cour d’école, les garçons en occuperaient le centre et les filles, la périphérie. Or cette vision qui voit ceux qui sont en périphérie comme écarté du pouvoir ne serait-elle pas affreusement masculino-genrée ? la position de l’observateur est souvent décentrée, décalée pour être plus pertinente et recueillir le maximum d’informations. Le pouvoir ne s’exhibe pas toujours, et se décentrer peut être plein d’avantages. Mais surtout cette vision est marquée par un manque de nuance et de finesse qui amène à des positions politiques dont la stupidité le dispute à l’inefficacité. Il suffit de lire la présentation de cette question dans un organisme de formation pour élus à visée progressiste, monmandatlocal.fr. Au moins la présentation assume-t-elle sans complexe généralisation hâtive et simplification abusive : « La ville est faite par les hommes, ce qui a pour conséquence d’en faire un espace dédié aux pratiques masculines. Cela n’est pas surprenant dès lors que l’on considère que l’urbanisme reflète notre société et consiste en fait en la prescription inconsciente des rôles genrés. »

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Or pour qui est femme, le problème n’est pas tant l’urbanisme que l’éducation des hommes et leur environnement mental. Selon que ceux-ci ont été élevés et ont grandi dans un milieu pour qui l’égalité en dignité humaine et en droit des êtres humains est la base, ou selon qu’ils se sont construits en estimant qu’un sexe doit dominer l’autre, les réalités que les femmes auront à affronter seront différentes. Refuser l’égalité aux femmes, c’est en faire d’éternelles mineures, à jamais propriété de leurs pères, frères ou époux. C’est cette infériorité qui explique que dans certains quartiers seuls les hommes occupent l’espace public. Etant vouées à l’intime, les femmes n’ont rien à faire dehors. En revanche ce constat ne se vérifie pas partout, il suffit de se promener au cœur de Paris. Face à cette réalité, l’aménagement urbain comme moyen de rétablir l’égalité femmes/hommes apparait pour ce qu’il est : une escroquerie intellectuelle qui permet aux politiques de se laver les mains des droits des femmes tout en revendiquant un investissement féministe. Ils élèvent la tartufferie au rang d’art.

À Paris, les mêmes voulaient élargir les trottoirs

C’est ainsi que la recommandation de certaines féministes françaises, confrontées au harcèlement de rue que subissaient les femmes aux alentours de la Porte de la Chapelle – harcèlement lié à la présence de migrants et d’hommes éduqués dans un milieu où la femme n’est pas l’égale de l’homme mais sa servante ou sa proie – fut de proposer que l’on élargisse les trottoirs… Or le problème venait de mentalités archaïques, inadaptées à nos libertés civiles et réactivées par la montée d’un islam politique qui a fait du refus de l’égalité de la femme, le cheval de Troie de son attaque contre la démocratie et la laïcité. On voit donc que pour défendre l’égalité femme/homme, il ne suffit pas d’arracher le bitume des cours d’école. La dégradation de la condition de la femme dans certains territoires est d’abord liée à la réalité de sa condition d’inférieure dans la plupart des pays d’Afrique ou du Maghreb et est encore accentuée par l’emprise croissante d’une idéologie politico-religieuse qui la considère comme impure, fait du refus de l’égalité une prescription divine et lui demande d’exhiber son acceptation de sa condition inférieure par le port du voile.

Or ces exigences qui pèsent sur certaines catégories de femmes ne cessent de se renforcer. C’est cela qui devrait poser question aux politiques. Mais justement, sur ce dossier faire preuve de courage est coûteux, surtout en matière de clientélisme.

De la poudre aux yeux

Voilà pourquoi Eric Piolle « dégenre » à tout va à coups de pelleteuse, mais confronté à une offensive liée à l’islam politique et s’attaquant directement à l’égalité entre les hommes et les femmes dans sa ville, il s’est révélé parfaitement veule. En effet, Grenoble a été la cible de ces activistes d’Alliance citoyenne qui, de d’Aubervilliers à Lyon, essaient d’imposer le port du voile partout et jusque dans les bassins. Leur combat visant à installer par la force et le refus du règlement le burkini dans les piscines publiques a été très médiatisé et, là, le maire n’a rien eu à dire sur le sexisme revendiqué par ce signe qui fait de la femme un être sale et inférieur.

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Tout comme les écologistes politiques trichent en faisant du nucléaire, le mal absolu alors que les trajectoires identifiées par le GIEC pour lutter contre le réchauffement climatique s’appuient sur une part de nucléaire dans la stratégie énergétique, l’écologie politique se fourvoie en croyant qu’elle fera progresser la cause des femmes en réaménageant les espaces urbains et en faisant la promotion de l’écriture inclusive. Le pire c’est qu’elle le sait parfaitement et c’est justement parce qu’elle a renoncé à mener la lutte pour l’égalité qu’elle s’achète une conscience en tenant un discours sur le genre. Et si pour EELV la volonté de « dégenrer », loin d’être une étape dans la lutte pour l’égalité, n’en symbolisait que l’hypocrite abandon ?

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Roselyne Bachelot peut toujours se souvenir d’André Malraux les larmes aux yeux…

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Pas de culture française! Pas de drapeau français! Pas de soldat inconnu! Pas de réel défilé!


« Me retrouver hier dans le bureau d’André Malraux, les larmes me sont montées aux yeux. Parce que, figurez-vous que quand j’étais petite fille, avant que le Général de Gaulle revienne au pouvoir – je revois – André Malraux venait chez mes parents et il y avait une grande salle à manger et je me cachais sous la table de la salle à manger. J’étais la petite fille de la Vème République, comme j’ai intitulé un de mes livres, et j’écoutais tous ces gens extraordinaires, tous les compagnons de Résistance de mon père et j’ai écouté, petite fille, André Malraux discutant avec mon père. Tout ça, ça remontait en grandes bouffées. C’était assez… c’était d’une émotion puissante. » Ainsi s’exprimait Roselyne Bachelot, devant un journaliste du Parisien, au lendemain de sa nomination à la tête du ministère de la culture. Puissent lui remonter, au milieu de ses « grandes bouffées » de souvenirs, quelques déclarations d’André Malraux relatives à la France, à l’Europe, à l’art et à la politique :

– « Nous savons désormais qu’on ne sera pas d’autant plus homme qu’on sera moins français. » Roselyne Bachelot saura-t-elle pousser le gouvernement à rompre avec l’universalisme droit-de-l’hommiste qui ne cesse de diffamer l’identité française ?

– « Pour le meilleur comme pour le pire, nous sommes liés à la patrie. Et nous ne ferons pas l’Europe sans elle. » Saura-t-elle pousser ses amis à rompre avec une Europe qui ne fait que creuser la tombe de notre civilisation en enterrant les nations ?

– « Comme l’amour, l’art a ses impuissants et ses imposteurs. » Saura-t-elle rompre avec ces impuissants et ces imposteurs qui attendent de l’argent public qu’il transforme leurs citrouilles en carrosses ?

– « On ne fait pas de la politique avec de la morale, on n’en fait pas sans non plus. » Saura-t-elle se souvenir des deux termes de ce dilemme et ne pas se réfugier sous la table du conseil des ministres lorsque toute morale aura disparu de la vie politique.

On ne succède pas en même temps à Malraux et à Jack Lang

Aura-t-elle une force d’âme suffisante pour succéder à André Malraux et non pas à ce « cher » Franck Riester qui n’aura été qu’un énième successeur de Jack Lang ? Pour cela, il faudrait que, au-delà de la conscience de la situation matérielle dans laquelle se trouvent les Français, la ministre prenne de toute urgence la mesure de la situation spirituelle dégradée dans laquelle se trouve le pays depuis des années.

Quelle est cette situation ?

Pas de réel défilé militaire ce 14 juillet. Ainsi en a décidé le Président de la République. Mais l’Arc de Triomphe, d’où partaient nos armées pour descendre l’avenue des Champs-Elysées, sera bel et bien empaqueté à l’automne 2021 par Christo. Il vient de mourir ? Qu’à cela ne tienne ! Le projet est maintenu. L’Elysée l’a confirmé. A la différence du Pont-Neuf empaqueté en 1985, l’Arc de Triomphe n’est pas neutre. C’est un lieu emblématique, un lieu sacré de la Nation où repose un soldat français mort pour la Patrie et sous lequel se déroule quotidiennement le ravivage de la flamme du souvenir.

Se réinventer avec Christo pour mieux ensevelir l’idée de nation

Le Président Emmanuel Macron souhaiterait-il impressionner les Français par une réalisation spectaculaire et ainsi les amener, à la veille de l’élection présidentielle, à admettre que ce n’était pas sans raison qu’il avait déclaré à Lyon en février 2017 qu’il n’y avait pas de culture française ? Car Christo n’était pas français, il avait quitté la Bulgarie pour la France en 1958 et s’était installé en 1964 à New York où il avait pris la nationalité américaine.

Dimanche à Port-en-Bessin, Georges Seurat, 1888
Dimanche à Port-en-Bessin, Georges Seurat, 1888
La Fête nationale au Havre", Albert Marquet, 1906
La Fête nationale au Havre, Albert Marquet, 1906

« Moi, l’art français, je ne l’ai jamais vu », avait répété le candidat Macron quinze jours plus tard à Londres. Chaque Français pourra donc se « réinventer » avec le Président et ce d’autant plus aisément qu’il n’y a aucun art français dans cet empaquetage. Il n’y a même aucun art. Tout juste une manie de lilliputien rêvant de déménager les appartements de Gulliver.

En pleine crise des gilets jaunes, le pouvoir inaugurait au pied du grand escalier de l’Opéra Garnier deux pneus de tracteurs dorés à la feuille d’or. Devant cette réalisation d’un artiste dont la vulgarité est sans doute, aux yeux de ses promoteurs, la preuve qu’il n’y a pas de culture française, que fit l’opposition ? Comme à son habitude, elle se réfugia sous la table, craignant plus que tout d’être ringardisée par les médias.

A peine le pays sortait-il de la crise du coronavirus que l’on vit le pouvoir s’apprêter à mettre un genou à terre devant les manifestants anti-blancs, désavouer nos policiers, se mettre à douter devant des racialistes qui appelaient à déboulonner la statue de Colbert, et finalement livrer la place Charles-de-Gaulle et son Arc de Triomphe aux équipes de Christo. En octobre 2021, celles-ci « déboulonneront », à leur manière, l’effigie du soldat inconnu qui a sûrement à se faire pardonner d’avoir donné sa vie pour son pays.

L’idéologie diversitaire contre la France

Depuis une trentaine d’années, certains responsables politiques, certains ministres et pas des moindres, un président de chambre haute également, eurent entre les mains un projet d’exposition conçu au départ pour le bicentenaire de la Révolution française.

Intitulé Bleu, blanc, rouge, les couleurs de la France dans la peinture française, ce projet était aux antipodes du défilé que le publicitaire Jean-Paul Goude imagina à la demande du Président François Mitterrand pour célébrer, à rebours de toute idée de patrie et de nation, l’idéologie diversitaire. Avec près de cent-cinquante peintures, ce projet d’exposition se proposait de faire prendre conscience aux Français, notamment aux plus jeunes, du caractère singulier de leur drapeau : si celui-ci était l’emblème d’une révolution politique, il était aussi celui d’une révolution esthétique. Encore eût-il fallu que nos élus, à genoux devant Bruxelles, n’aient pas secrètement rayé de notre Constitution le second alinéa de son article 2 : « L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge ».

L’emblème d’une peinture révolutionnaire née en France

L’insistance avec laquelle nos plus grands peintres de Manet à Picasso se plurent à le faire figurer dans leurs œuvres et à en faire parfois le sujet essentiel de leurs tableaux ne laisse pas d’étonner. Accompagnant le développement de la peinture moderne, il s’est en effet prêté à tous les styles, comme si – au-delà du symbole de la révolution française – il entendait également devenir, avec les impressionnistes, les fauves et les cubistes, le symbole de la grande révolution de la peinture moderne. Aucun autre drapeau n’eut cet honneur.

Il existe à cela des raisons historiques. La rencontre entre la nouvelle génération de peintres en rupture avec l’art officiel de leur temps et les généreux pavoisements de la Troisième République en est une. Le sentiment patriotique, exacerbé par la défaite devant la Prusse en 1871 et la conscience d’appartenir à une nation en charge des progrès du genre humain jouèrent sans doute également leur rôle. La raison essentielle est cependant ailleurs : avec ses deux couleurs primaires de part et d’autre du blanc, notre drapeau se prêtait magnifiquement à cette aventure picturale qui consistait à soumettre davantage le sujet représenté à la palette du peintre.

Le rejet d’un art officiel

S’il est possible de lire dans La rue Montorgueil de Monet ou dans La rue Mosnier de Manet une adhésion aux valeurs de la République, nous sommes loin, avec ces deux œuvres, de cette Liberté guidant le peuple par laquelle Delacroix voulut faire connaître son approbation des trois journées de juillet 1830. Malgré l’admiration que lui portaient les jeunes générations et un rejet commun de l’académisme, Delacroix s’inscrivait dans la continuité du grand art de la Renaissance. Il en était en quelque sorte le dernier soubresaut.

La rue Montorgueil, Monet 1878
La rue Montorgueil, Monet 1878
La Rue Mosnier aux drapeaux, Manet 1878
La Rue Mosnier aux drapeaux, Manet 1878

Pour Monet et ses amis, la distance avec le réel en dehors de laquelle il n’y a pas de création n’était ni celle des grands arts religieux depuis Sumer, ni celle, moins évidente, du rêve somptueux qui enivra l’Italie de Florence à Venise. Cette distance avec le réel était celle d’une peinture qui se voulait autonome, toute entière tendue vers ce que Georges Braque appellera le « fait pictural ». D’où la querelle, l’une des plus importantes de l’histoire de l’art, entre les Indépendants et les Officiels dont la virtuosité « photographique » au service de l’histoire et de la mythologie arracha ces mots à Cézanne : « Horriblement ressemblant ! ».

Vincent Van Gogh, 1886
Vincent Van Gogh, 1886

Si la révolution de 1789 fut une récusation de l’absolutisme royal et des privilèges, la révolution de la couleur et de la forme fut, avec les impressionnistes, les fauves puis les cubistes, une récusation de l’art officiel du XIXème siècle dont le contresens sur la nature de la création bénéficiait du soutien aveugle des institutions.

Il suffit de réunir une centaine d’œuvres où figure notre drapeau pour que celui-ci nous apparaisse comme appelé à abriter et symboliser le génie de la peinture moderne. Les Indépendants ne s’y sont pas trompés qui, saisissant l’opportunité que leur offraient nos fêtes du 14 juillet, nos rues pavoisées ou nos bords de mer, sont allés jusqu’à en faire l’un de leurs sujets de prédilection.

La France à l’origine d’une renaissance mondiale des arts ignorés

Ce n’est pas un hasard si cette révolution qui eut lieu en France et inaugura le règne de la liberté de l’artiste, fut à l’origine de la résurrection, sur tous les continents, des formes les moins idéalisées, les moins soumises au réel. Aussi notre drapeau, qui a fait le tour du monde avec nos plus grands peintres, loin d’être celui d’un pays replié sur lui-même, est-il celui d’un pays qui peut s’enorgueillir d’avoir ouvert la voie, pour la terre entière, à une fabuleuse renaissance d’œuvres longtemps considérées comme maladroites du fait du préjugé de l’art comme « imitation de la nature ».

L'Atelier à Marseille, Albert Marquet 1916
L’Atelier à Marseille, Albert Marquet 1916

Si, quittant les sentiers battus de la puérilité et de ce que l’on pourrait appeler le « contresens culturel par lâcheté », nos gouvernants avaient le souci de renforcer l’unité du pays par de grandes manifestations ne s’adressant ni à des individus ni à des consommateurs mais à des citoyens français fiers de ce que leur pays a apporté au monde, si la nouvelle ministre en charge des affaires culturelles avait l’ambition de renouer avec une certaine idée de la culture française et l’imagination de la partager avec un public le plus large possible, alors nous pourrions peut-être commencer de dire que la France est de retour.

André Mare, L’Armistice 1918, carnet de guerre
André Mare, L’Armistice 1918, carnet de guerre

 

Les couleurs de la France

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Richard Millet: hideux silence

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Richard Millet continue de publier mais demeure ostracisé


Deux livres de Richard Millet ont paru ces derniers mois, lesquels furent accompagnés d’un silence médiatique, qui bien qu’habituel depuis qu’est survenue sa mise au ban de la république des lettres, il y a bientôt huit ans, n’en est pas moins révoltant. Comment se peut-il que dans ce qui fût jadis la nation littéraire par excellence, un auteur traduit dans de multiples langues, plusieurs fois primé, auquel ont été consacrés thèses doctorales et numéros de revues littéraires, soit à ce point ignoré, désormais ?

Quel forfait a-t-il bien pu commettre pour mériter cela ?

Il serait probablement inutile de revenir une énième fois sur l’affaire dite Richard Millet, au sujet de laquelle tout ou presque a été dit, notamment par le remarquable livre de Muriel de Rengervé.

Cette affaire a moins tenu à une sincère critique, laquelle a peu ou prou disparu, qu’à une volonté de mise à mort d’un concurrent sulfureux, qui avait eu par ailleurs, le malheur d’ajouter à son talent d’écrivain, les succès d’édition.

La vertu satisfaite

Il est certain que la plupart des pétitionnaires qui exigèrent son licenciement, c’est-à-dire sa mort sociale, n’ont pas même pris le temps de lire L’éloge littéraire d’Anders Breivik, soutenant fallacieusement qu’il y était fait littéralement l’éloge d’un monstrueux assassin, de même que d’autres continuent d’affirmer que Millet se serait autoproclamé, être le dernier écrivain.

Cette paresse, toute contemporaine, ne serait blâmable, si elle ne s’était transformée en lynchage. Quelle satisfaction ont-ils pu trouver à obtenir la tête d’un homme et a fortiori l’un des leurs ? Comment des écrivains ont-ils pu vouloir faire taire un autre écrivain ? Cela, je ne me l’expliquerai jamais.

A lire aussi: Annie Ernaux atteinte par un terrible virus…

« Je n’ai jamais hué personne » a écrit Bernard Delvaille, cité à cette époque par Michel Crépu, alors Directeur de La Revue des Deux Mondes, dans Libération.

Pour ma part, je crois n’avoir jamais hué personne et j’espère ne jamais jeter la première pierre. Ce commandement, Annie Ernaux ou Tahar Ben Jelloun pour ne citer qu’eux, l’ont oublié et devraient aujourd’hui, se retournant sur leurs méfaits, être pris par la honte, si cette inquisition n’avait pas été mue sans doute par une sorte de satisfaction intérieure que donne la vertu.

C’est une chose assez hideuse que le succès

Richard Millet est, je le crois, un très grand écrivain, un missionnaire de la syntaxe, qui dans une quête quasi sacrée, s’attache à ne pas abandonner la langue française, laquelle survit ainsi encore dans ses livres.

Qui n’a pas lu Ma vie parmi les ombres, La Voix d’alto, Le goût des femmes laides ou La nouvelle Dolorès est passé à côté d’immanquables de la littérature contemporaine.

Le sentiment de la langue, L’enfer du roman, L’être-bœuf ou Israël depuis Beaufort valent aussi que l’on s’y arrête, ses romans n’étant pas, comme certains l’aimeraient, dissociables au sein de son œuvre.

Millet est un bloc. Un bloc certes, mais d’un granit qui présente désormais quelques fissures, usé qu’il est, tant par le temps et les épreuves, que par l’injustice dont il est victime.

A lire ensuite: Écrivains, ne donnez pas vos papiers!

Sans doute a-t-il fini par considérer que « c’est une chose assez hideuse que le succès » comme l’écrivait Victor Hugo. C’est là, la conviction d’un solitaire qui a, peut-être sans se le dire, cherché la déréliction, mais aussi ce par quoi se rassure celui qui a été voué aux gémonies.

Personne ne peut croire, en tout cas raisonnablement, qu’il puisse jouir ni de cette position sacrificielle, ni de cet ostracisme dont il est frappé. S’il y a quelque chose d’hideux dans le succès, il y a quelque chose qui ne l’est pas moins dans les chasses à l’homme et les purges. Il y a quelque chose d’hideux dans le silence qui l’entoure.

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L’amer dure trois ans


Andrea, ancien militant de droite un peu extrême et Laura, militante des droits de l’homme n’avaient pas grand chose en commun. Ils faillirent déjouer les pronostics et se marier, avant que Laura ne découvre le passé trouble de son compagnon. Récit


En Occident, le mariage est aujourd’hui moins une institution qu’un contrat. Si bien que chacun est libre de donner et de retirer son consentement au gré de ses envies. À Vicence (Vénétie), Andrea, 40 ans, en a fait l’amère expérience. Ce professeur de sport était tombé sous le charme de Laura, 31 ans, sur un ferry pour la Sardaigne. Le sportif, ancien ouvrier et militaire revenu à la vie civile, et la militante des droits de l’homme employée dans le commerce électronique faisaient la nique à tous les déterminismes. Du coup de foudre en 2014 à 2017, le couple filait le parfait amour. Au point de vouloir se marier et vivre ensemble.

Et voilà qu’à six mois des noces, Laura découvre des photos et des documents compromettants dans les affaires de son futur époux. Vingt ans plus tôt, Andrea a en effet frayé avec l’extrême droite et été accusé d’avoir passé à tabac deux jeunes homosexuels avec ses camarades de jeu. Dénoncé, puis innocenté par la police, le jeune homme avait tourné la page. Révulsée par ces révélations, Laura s’est alors résolue à ne plus épouser son promis, le laissant néanmoins casser sa tirelire pour louer le restaurant de la noce et préparer le domicile conjugal.

À dix jours du mariage, elle annonce son refus de convoler en lui balançant son passé extrémiste au visage. Andrea tente désespérément de la reconquérir, clame ne jamais avoir fait de mal à une mouche et ne plus se reconnaître dans l’excité qu’il était. Las, la cérémonie est annulée. Dépité, l’éconduit n’a plus qu’une solution légale pour noyer son chagrin : porter plainte et espérer récupérer une partie de son pécule en invoquant une rupture tardive d’engagement. Le 29 mai dernier, le tribunal de Bologne a ainsi condamné Laura à lui verser 30 000 euros pour réparation du préjudice subi. On savait grâce à Frédéric Beigbeder que l’amour durait trois ans. On connaît désormais son coût : 30 000 euros.

Automobile: la prime à la conversion suspendue à cause d’un bug!

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Depuis le début du mois juillet, il est devenu impossible de déposer un dossier pour profiter de la prime à la conversion ou du super-bonus écologique. Selon le gouvernement, il s’agit d’un problème technique temporaire. Un magnifique ratage! Il risque de casser la dynamique du marché des voitures électriques.


Annoncées par Emmanuel Macron le 26 mai et mises en place depuis le 1er juin, les aides de l’Etat pour l’achat d’une voiture sont suspendues… temporairement. Il est impossible depuis le début du mois de juillet de déposer un dossier pour profiter du super-bonus écologique et de la prime à la conversion. Le site officiel invite les automobilistes à se reconnecter à partir du 17 juillet pour une demande de bonus ou du 31 juillet pour la prime à la conversion. Que va-t-il se passer pour les voitures achetées entre temps? Nul ne le sait. Il est aujourd’hui impossible de savoir quelle date sera prise en compte pour l’attribution de la prime à la casse. S’agira-t-il de celle du bon de commande ou du dépôt de dossier sur le site du gouvernement?

Un cafouillage technique…

Et cela peut avoir des conséquences financières importantes pour les acheteurs…

Le gouvernement a prévu d’accorder les primes aux 200 000 premiers acheteurs. Que se passerait-il si le seuil des 200 000 ventes était atteint avant la…

>>> Lire la suite sur le site de Transitions & Energies <<<

Non, Elisabeth Lévy: Soral et Mila ce n’est pas pareil!

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Chère Elisabeth,

Je suis comme toi attaché à la liberté d’expression. Je suis très sensible à la beauté d’un ciel étoilé. J’adore le bruit des vagues qui s’allongent sur le sable. J’aime également beaucoup le chant des oiseaux. Autant dire que clamer son attachement à la liberté d’expression, c’est enfoncer des portes déjà largement ouvertes.

Tu déplores que les comptes YouTube d’Alain Soral et de Dieudonné aient été fermés. La censure t’horripile. Et je comprends que tu redoutes qu’elle s’applique, une fois en marche, à d’autres. Toi, moi, tous ceux qui ne pensent pas bien.

Là où je ne te suis plus

Jusque-là je peux sans trop de mal te suivre. Là où je ne te suis plus, c’est quand tu sous-entends que la liberté accordée à Mila vaut également pour Soral. Quel rapport y a t’il entre une gamine qui a trouvé légitime qu’on mette un doigt dans le cul du Prophète et un personnage dont le fonds de commerce est la haine glauque et meurtrière des Juifs ?

Reste que comme toi je souhaite que Soral et Dieudonné puissent s’exprimer. Mais mes raisons ne sont pas les tiennes. Moi je veux que les égouts – leur domicile – restent ouverts. Il est d’utilité publique qu’on puisse voir ce qu’il y a dedans. 

>>> Relire notre couverture de l’affaire Mila <<<

Je m’arroge le droit, et j’espère que tu ne me le contesteras pas, de choisir les victimes pour lesquelles j’ai de la compassion. La mort d’un papillon ou d’une libellule me rend triste. Celle d’un cloporte ou d’un cancrelat me laisse froid.

Je tiens Soral et Dieudonné pour des onanistes compulsifs. Il est vrai toutefois qu’ils se branlent en public. Ils vomissent et ça les fait bander. On applaudit leurs vomissures et ils jouissent.

Mon différend à moi

Ils me font irrésistiblement penser à ce personnage qui un soir de la Saint-Sylvestre se retrouve seul chez lui. Il ouvre son frigo, empoigne une bouteille de coca. D’une main il boit au goulot. L’autre est beaucoup plus bas. Et au moment de l’épectase, il s’écrie heureux : « Ah, le champagne et les femmes ! »

Pour être tout à fait honnête, je ne veux pas te cacher que j’ai un petit différend personnel avec Soral. Un jour j’avais écrit un article qui ne lui voulait pas du bien, il me consacra un texte sur son site Egalité et Réconciliation. Il me faisait savoir qu’il voulait m’écarter les cuisses et m’enculer sans vaseline. C’était plutôt banal. La suite fut plus originale. Il se demanda si ma sensibilité juive ne venait pas du fait que ma famille « avait péri par combustion en Pologne ». Je suis donc totalement et violemment subjectif concernant Soral. Et je pense, chère Elisabeth, que tu peux le comprendre.

Tik Tok rend Mélenchon toc toc


Pour séduire une jeunesse qui boude les urnes et retarder la dégringolade de son mouvement, le leader de gauche semble prêt à toutes les excentricités…


Les politiques, les jeunes et les réseaux sociaux : c’est une longue histoire de malaise !

En 2009 on se souvient de la tentative de lipdub ratée de l’UMP, où l’on voyait les ténors du parti se trémousser aux côtés de jeunes sarkozystes sur un refrain aussi niais qu’entêtant : «Tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher, venez chanter…» Les critiques et les moqueries avaient alors fusé, tant l’idée et la réalisation étaient risibles.

Ridicule

Le ridicule ne tuant pas, la classe politique française multiplie depuis les tentatives d’incursion sur les réseaux sociaux, tentatives menant le plus souvent à de cuisants échecs.

En 2016, François Hollande décide d’ouvrir son compte Snapchat. Cette opération séduction avait pour objectif de renouer le dialogue avec la jeunesse, vent debout contre la loi El Khomri, accusée de la mener tout droit à la précarité.

L’humour est l’essence même de Snapchat, on aurait pu s’attendre à de l’autodérision, avec notre président d’alors, à la blague si facile… Raté : ses « stories » furent d’un ennui mortel, avec la diffusion de vidéos mettant en scène ses visites officielles, rythmées par les poignées de mains et les discours sans qu’aucun filtre, émoji, ou texte de couleur ne viennent nouer une relation originale et directe avec son audience. Reconnaissons toutefois que si l’on avait découvert le visage du chef de l’État orné d’oreilles de lapin, de moustaches de chat ou en train de vomir des arcs-en-ciel devant une interview télévisée de Nicolas Sarkozy, cela aurait également suscité les moqueries.

Le discrédit des politiques français s’accentue

Concilier le sérieux du discours politique avec l’usage des codes des réseaux sociaux sans tomber dans l’écueil du ridicule et du discrédit est très difficile.

tiktok-illustrationLe dernier exemple en date remonte à la semaine dernière. On a eu droit à une bataille entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon par Tik Tok interposés. Tik Tok est ce réseau social chinois qui fait fureur chez les 13-25 ans. Les deux hommes politiques se sont précipités dessus, pour essayer de tirer parti de cette viralité chinoise non létale, et pour y adresser leurs messages respectifs à une jeunesse boudant les urnes. C’était tourner le dos à l’impératif de souveraineté, censé être devenu une priorité dans leurs agendas politiques respectifs, mais passons… nous ne sommes plus à un paradoxe près.

Le Chef de l’État a donc ouvert son compte Tik Tok pour féliciter les jeunes bacheliers le jour des résultats, édition marquée par un record historique de réussite grâce à l’absence d’épreuves. Merci le virus ! Ton léger et solennel, message qui dure une minute, cela nous change des vingt minutes habituelles de ses sermons officiels. C’était plutôt réussi.

Mais cette vidéo a beau être courte, elle n’est pas très appropriée non plus, ce réseau social étant dédié au partage de vidéos musicales, où l’on voit des adolescents s’adonner à des chorégraphies ou à des playbacks dignes des pires karaokés…

Hors de ma vue

Chez les Insoumis, en revanche, il semble que les community managers maitrisent un peu mieux les codes de ce nouveau réseau social. Mélenchon s’est donc lancé à son tour sur Tik Tok. Pour sa première vidéo, le leader de la gauche radicale a fait son show et riposte à Macron. On le voit place de la République, pointant du doigt la station de métro du même nom, et rappelant ainsi son coup d’éclat d’autocrate irrévérencieux lancé aux policiers lors des perquisitions au siège de son parti : « La République c’est moi ! ». À la France insoumise, on trouve apparemment cela drôle.

Le vieux leader de la gauche radicale n’a pas tenté une figure de hip hop. Il ne s’essaye pas non plus à la « floss dance », cette danse qui consiste à balancer les bras devant et derrière son dos. Il poursuit avec une pique, bien adaptée aux codes de Tik Tok, et opte pour un chanson qui cartonne auprès des ados. Il cite la phrase rendue célèbre par la faute grammaticale du morceau « Anissa » de Wejdene: « tu hors de ma vu » :

« Il t’appelle pour ton bac, toi tu parles à Macron ? Mais moi je m’appelle Mélenchon. Tu hors de ma vue, va voir ton Parcoursup ».

Le tribun est donc prêt à sacrifier la langue de Molière et son art maitrisé du discours sur l’autel du charabia de cour d’école, pour paraître moderne et séduire des jeunes de plus en plus fâchés avec la politique. On vous laisse apprécier l’exécution, dans la vidéo ci-dessus.

L’été 2020 devait être « apprenant et culturel », c’est mal parti.

Libye: Erdogan met les gaz


Divisée entre deux camps rivaux soutenus par des puissances étrangères, la Libye est devenue un nouveau front de la guerre mondiale contre le djihadisme. Profitant du conflit pour remettre un pied en Afrique du Nord, la Turquie espère faire main basse sur le gaz offshore.


 

« Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin. » C’est par cette formule on ne peut plus directe qu’Emmanuel Macron a exprimé le mécontentement de la France après l’intervention militaire turque dans ce pays en proie à la guerre civile depuis la chute de Kadhafi en 2011. En septembre de cette même année 2011, un autre président français, Nicolas Sarkozy, premier chef d’État occidental à faire le voyage à Tripoli depuis la chute de Kadhafi, avait été accueilli en grand vainqueur et acclamé par la foule. Sarkozy pensait alors que la France allait cueillir les fruits de son intervention militaire, menée six mois plus tôt en plein printemps arabe, pour soutenir les rebelles et sauver leur bastion de Benghazi.

Avec l’approbation des Nations unies, l’OTAN était intervenue pour empêcher l’armée de Kadhafi de détruire Benghazi. L’aviation de l’OTAN, essentiellement franco-britannique, avait accompli rapidement sa mission. Sans mettre en doute la probabilité du massacre annoncé, son empêchement fut probablement le seul et unique succès de la coalition dirigée par la France. L’espoir d’un monde arabe rompant avec l’autoritarisme et rejoignant l’Occident démocrate et libéral s’est brisé sur les dures réalités géopolitiques et anthropologiques. La Russie avait accepté à contrecœur de soutenir une intervention humanitaire qui a tourné à l’opération de changement de régime. Elle a retenu la leçon. En Syrie, Moscou a dit niet aux Occidentaux et lancé une intervention aérienne aussi brutale qu’efficace pour sauver le régime d’Assad. Quant à la population de Benghazi, sauvée in extremis en février 2011, elle a ensuite payé un lourd tribut aux guerres fratricides entre milices, sans parler de l’attaque de la mission diplomatique américaine locale en septembre 2012, un an presque jour pour jour après la visite triomphale de Sarkozy.

Tripoli contre Benghazi

Aujourd’hui, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan soutient l’administration de Tripoli de Fayez al-Sarraj, qui dirige formellement le GNA (gouvernement d’union nationale). Formé en 2016 sous l’égide de l’ONU pour sortir de la deuxième guerre civile libyenne, il s’agit d’une coalition instable de groupes islamistes, d’autonomistes régionaux originaires de la ville côtière de Misrata et de la minorité berbère, ainsi que de milices urbaines qui ressemblent à s’y méprendre à des gangs criminels.

Erdogan est en train de « syrianiser » la moitié de la Méditerranée

Face au GNA, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la France et la Russie soutiennent Khalifa Haftar – ancien bras droit de Kadhafi depuis le coup d’État de septembre 1969 devenu son pire ennemi – et une Assemblée nationale rivale installée à Tobrouk. L’« armée nationale libyenne », sous le contrôle de Haftar, est constituée de membres de tribus cyrénaïques ainsi que de mercenaires du Soudan et du Tchad. Elle est soutenue par la Russie, à travers des mercenaires et probablement de l’aviation.

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Pourquoi la France a-t-elle décidé de soutenir Haftar ? L’artisan de cette alliance, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense lors de l’intervention française au Mali, à partir de 2013, était très sensible à la question migratoire, surtout après la crise de 2015. Les Français connaissaient déjà Haftar, qui leur semblait être l’homme de la situation, une personne capable de rassurer aussi bien militairement que sur le plan économique et politique.

Le maréchal libyen est soutenu par le président égyptien Sissi, un bon client de l’industrie militaire française (surtout des Rafale, dont Le Drian a joué un rôle important dans la vente à l’Égypte). Autre ami commun : les Émirats arabes unis, partenaire stratégique de Paris, de Haftar et de l’Égypte. Petit à petit, le vieux maréchal arrive à s’imposer comme l’homme de Paris en Libye, seul à même d’unifier et de pacifier le pays en mettant dehors les djihadistes et en fermant au passage l’autoroute migratoire. Quand Emmanuel Macron arrive à l’Élysée, il nomme Le Drian au Quai d’Orsay et essaie de rapprocher les deux rivaux libyens, Haftar et al-Sarraj. L’initiative française échoue et Macron, suivant la ligne Le Drian (qui n’est pas dénuée de pertinence par ailleurs), décide de parier sur Haftar. L’homme de Benghazi, dont la dernière visite à l’Élysée date du 9 mars dernier, semble alors être un cheval gagnant. En avril, ayant pris le contrôle de presque tout le pays, ses forces lancent une offensive pour s’emparer de la capitale. Cette attaque précipite l’intervention turque pour sauver le gouvernement de Tripoli, ce qui change la donne.

Logique expansionniste turque

Avec une grande habileté, Ankara a mis sur pied une force efficace appuyée à la fois sur 2 000 mercenaires syriens et une structure de commandement et de soutien turque avec drones, blindés et conseillers militaires.

Comme la Russie en Syrie, la Turquie a réussi à fusionner ses capacités technologiques et militaires avec des troupes mercenaires pour forger un outil opérationnel efficace, qui vient de changer le cours de la guerre. Mises en échec, les forces de Haftar se sont retirées vers l’est. À la mi-juin, le ministre turc des Affaires étrangères et le chef des services de renseignement d’Ankara, Hakan Fidan, se sont rendus à Tripoli pour annoncer une nouvelle ère de coopération entre les deux pays. Cette nouvelle donne ne plaît guère aux (autres) pays de l’OTAN, organisation dont la Turquie est toujours membre : la logique expansionniste turque inquiète en Europe et au-delà. Peu avant d’intervenir militairement en Libye, le gouvernement turc avait signé avec le GNA – alors menacé à Tripoli par l’avance des troupes de Haftar – un protocole d’accord partageant entre les deux signataires une grande partie de la Méditerranée orientale et ses abondants gisements sous-marins de pétrole et de gaz. Plus grave encore, en coupant la Méditerranée en deux bassins, l’alliance Tripoli-Ankara assure à la Turquie un droit de veto sur la construction de gazoducs entre l’est et l’ouest de la mer, interdisant du même coup à la Grèce, à Chypre, à Israël et à l’Égypte d’exporter leur gaz vers l’Europe. Ce protocole d’accord, qui voyait la Turquie revendiquer les eaux grecques jusqu’aux côtes crétoises, est un chiffon rouge pour la France et les États-Unis.

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La découverte de gisements de pétrole sous la Méditerranée orientale avait déjà entraîné la région dans une sorte de guerre froide, la Grèce et Chypre ayant mis sur pied une coalition régionale de défense et d’énergie aux côtés d’Israël et de l’Égypte, face à leur adversaire commun : la Turquie d’Erdogan. Les États-Unis soutiennent cette alliance antiturque, considérant qu’un futur gazoduc de la Méditerranée orientale (que la Turquie espère bloquer grâce à son accord avec le GNA) rivalisera avec les exportations des hydrocarbures de la Russie vers l’UE, et réduira ainsi l’influence russe sur l’Allemagne et l’Europe centrale, qui auront deux sources d’approvisionnement au lieu d’une seule. Encore un casse-tête pour l’OTAN…

Macron face à Erdogan

Dans ce contexte, la France, de plus en plus hostile à la Turquie, signe son retour stratégique en Méditerranée orientale, menant des exercices navals et aériens conjoints et déployant des vaisseaux de la Marine nationale pour empêcher l’empiétement turc dans les eaux grecques et chypriotes.

Sur le plan de la diplomatie et de la communication, Emmanuel Macron est devenu le critique le plus féroce d’Erdogan au sein de l’OTAN, accusant le gouvernement turc de soutenir l’État islamique en Syrie, de déstabiliser la région par ses guerres contre les alliés kurdes syriens des États-Unis et d’accélérer la fin (la fameuse « mort cérébrale ») de l’Alliance atlantique. La diplomatie turque a rétorqué que c’était plutôt le soutien de la France au « putschiste et au pirate Haftar » contre un gouvernement (le GNA) formé sous l’égide de l’ONU qui exacerbait la crise libyenne…

Résumons : dans une situation qui pourrait aboutir à une guerre, la France se range dans le camp de la Russie face à un pays membre de l’OTAN. En effet, alors que les forces de Haftar se replient vers l’est du pays, l’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi menace d’intervenir directement si les forces turco-tripolitaines avancent vers Benghazi. Résultat temporaire : sur le territoire qui, sur les cartes, est appelé Libye, deux entités belligérantes, respectivement soutenues par des puissances régionales rivales, sont en train d’émerger aux portes sud de l’Europe.

« Syrianisation » de la Méditerranée

Pour la France et l’Union européenne, le chaos qui s’installe dans la durée en Libye est un double désastre stratégique. D’une part le pays est (re)devenu une base arrière du terrorisme vers le Sahel et l’Europe : l’auteur de l’attentat de Reading, le 20 juin, était libyen, tout comme celui de Manchester en 2017. D’autre part, il est le point de départ de nombreux réseaux permettant aux migrants de traverser la Méditerranée. On imagine sans peine, mais non sans effroi, ce que pourrait faire Erdogan – qui a déjà montré ses talents de maître-chanteur au sujet des frontières orientales de l’UE – s’il maîtrisait un second nœud d’immigration clandestine vers l’Europe.

De même, l’ambiguïté de la Turquie à l’égard des djihadistes en Syrie n’est de bon augure ni pour la Libye ni pour le Sahel, où les forces françaises, africaines et européennes luttent contre Al-Qaïda. On comprend pourquoi, fin mai, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Jean-Yves Le Drian a parlé d’une « “syrianisation” de la Libye ». On peut même aller plus loin : Erdogan est en train de fusionner les deux zones de conflits – la guerre syrienne et la bataille pour le contrôle de la Libye – afin de « syrianiser » la moitié de la Méditerranée.

En 1911, l’Italie chassait l’Empire ottoman de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque (que leurs nouveaux maîtres appelaient désormais « Libye »). De l’Algérie au Liban en passant par l’Égypte, les puissances européennes ont pris le contrôle du Maghreb et du Machrek aux dépens des Turcs. Plus d’un siècle après, le retour en force de la Turquie dans cette région ressemble à une revanche symbolique.

Avec Emmanuel Macron, une économie sans solution

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Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre Jean Castex, le 14 juillet 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22472991_000051

Une analyse économique de Jean Messiha, Délégué National du Rassemblement National et Frédéric Amoudru, ancien cadre dirigeant d’une grande banque française


La crise sera grave. Très grave. Le président de la République l’a admis lui-même le 2 juillet devant la presse quotidienne régionale. Les dizaines de milliards déversés sur les entreprises et les ménages (chômage partiel, plans sectoriels, abandons ou reports de charges selon les cas) ne sont pas durables. Car ils ne sont pas tenables. Il va bien falloir que cela s’arrête un jour. Non seulement nos déficits atteignent déjà des niveaux invraisemblables, mais de nombreuses mesures de revalorisation sectorielles sont en cours – personnels soignants, enseignants – et on ne voit pas pourquoi d’autres catégories sociales s’estimant lésées ne viendraient pas bientôt se joindre au cortège.

Une rentrée apocalyptique?

Les entreprises l’ont bien compris. Constatant une reprise molle de la consommation et de l’investissement, des altérations pérennes de modèle économique induites par des changements de comportement des consommateurs, elles alignent plans sociaux sur plans sociaux. Le secteur de la distribution a été le premier à tirer (La Halle, Célio, Camaieu, Orchestra-Prémaman, etc.). Mais le transport (Air France), l’industrie (Airbus et Renault et toute leurs chaines de sous-traitance, de même que Nokia et tant d’autres) ne sont pas en reste. Une cascade, un Niagara d’emplois supprimés qui touchera des grands groupes mais aussi une myriade de TPE-PME qui meurent, elles, sans faire de bruits. Un désastre à venir. « Une rentrée apocalyptique » écrivait le 3 juillet Marc Landré patron du service économique du Figaro, quotidien qui n’est pas en opposition frontale à Jupiter.

L’histoire économique et sociale de ces dernières décennies a clairement montré que la concentration des richesses et du pouvoir aux mains d’une petite oligarchie mondialiste et mondialisée, servie par des classes politiques complices ou aveugles, pouvait largement nuire aux intérêts des nations et des peuples

Le nouveau gouvernement prépare un plan de relance, parait-il fortement axé sur la transition écologique, et devrait conditionner un modeste effort en faveur de l’industrie à une forte baisse des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour un secteur qui en émet 22% du total. Le chômage explose, des millions de familles vont se retrouver dans une souffrance sociale inouïe, nos déficits atteignent des sommets himalayens ; mais sous la pression des « Verts », la priorité ce sont les gaz à effets de serre dont nous sommes à l’échelle européenne un assez modeste contributeur par tête d’habitant.

A lire aussi: Recapitalisons l’entreprise France

La priorité est ailleurs. Nous avons un problème immédiat : celui de la fonte des fonds propres de nos entreprises, et en particulier de nos TPE-PME, due aux pertes considérables subies pendant la crise. Nous l’avons traité dans une tribune intitulée « Recapitalisons l’entreprise France », parue le 6 juin dans Causeur. La réponse du gouvernement à cette menace est parcellaire et incomplète, avec certes des plans sectoriels, mais aucune stratégie globale.

CICE: un bilan mitigé

Mais nous savons aussi que notre pays souffre d’un problème structurel non-résolu (outre sa lancinante trilogie malheureuse et coûteuse  « immigration, identité, insécurité ») : le manque de compétitivité de son économie, due en particulier à un coût du travail qui n’est pas grevé par le niveau – du reste modéré – des salaires, mais par des charges sociales très élevées dès que l’on dépasse le SMIC. SMIC qui n’est pas le salaire de référence dans l’industrie, secteur clé pour notre redressement global.

Les 20 milliards du CICE avaient été un effort substantiel pour réduire ce fardeau. Mais avec une erreur fondamentale : n’y attacher aucune conditionnalité en termes de créations d’emplois, en particulier sur les moyennes et grandes entreprises dont la « contribution » à la délocalisation et la désindustrialisation du pays a été forte. Le bilan s’en est trouvé plus que mitigé. Hausse des dividendes, hausse de salaires pour les plus qualifiés, investissements à l’étranger, renforcement des marges et de la trésorerie et certes, concédons-le, des recrutements ici ou là. Mais les experts ont eu le plus grand mal à trouver un lien entre ces milliards payés par la collectivité et la forte création nette d’emplois attendue. Et pour cause…

Ayant compris que les Français ne se feraient plus avoir avec des baisses de cotisations sociales sans contreparties solides, le patronat, MEDEF en tête, s’attaque désormais aux « impôts de production » qui représenteraient 72 milliards d’euros et constitueraient un grave désavantage concurrentiel par rapport à nos grands rivaux économiques dont l’Allemagne. De quoi parle-t-on ?

  • D’environ 4 milliards d’euros de Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés basée sur le chiffre d’affaires et pesant plutôt sur les moyennes et grandes boites que les petites qui financent les régimes d’assurance vieillesse des travailleurs non-salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales (les « indépendants » pour faire simple) ;
  • D’environ 40 milliards de Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), de Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE), de Taxe sur le Foncier Bâti et de taxes foncières diverses que doivent acquitter la plupart des entreprises qui constituent ensemble une des sources majeures de financement de nos collectivités locales ;
  • Une myriade de petites taxes pour 4,5 milliards d’euros ;
  • Et enfin 26 milliards d’euros de charges liées la masse salariale dont le « versement transport » pour plus de 7 milliards qui contribue à financer nos transports publics.

Il est indiscutable que les entreprises françaises sont, au titre de ces divers impôts, sensiblement plus taxées que leurs concurrentes européennes (ne parlons même pas de l’Asie) et que cette surcharge explique une bonne part de nos problèmes économiques, surtout depuis l’abandon du Franc, monnaie ajustable, pour l’euro, monnaie fixe.

Le mouvement national doit écouter et demander des comptes aux gros industriels

Le patronat réclame 30 milliards d’euros de baisse de ces fameux impôts de production, affirmant la main sur le cœur qu’avec ce nouvel effort de la nation, colossal vous en conviendrez, la France redeviendra compétitive et que nous pourrons enfin entrer dans un cycle vertueux de créations d’emplois, de croissance et, in fine, de nouvelles recettes fiscales pour la collectivité.

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Ce chiffre n’est pas une hérésie en soi. Mais ces 30 milliards, il faudra les trouver sous forme de baisse de dépenses publiques un peu partout, de hausses d’impôts sur les ménages (toujours les mêmes) ou en creusant la dette devenue la solution « magique ». Problème : aucune de ces sources de financement n’est, à juste titre, acceptable pour une majorité de Français. Au-delà de la problématique financière, il n’est plus tolérable pour l’opinion de s’engager comme avec le CICE dans un processus de « donnant-reçu » et non de « donnant-donnant ». Où partiraient ces milliards ? Nous n’en savons rien. Il y aura sans doute des entreprises vertueuses qui, avec ces économies, investiront et recruteront dans notre pays. Mais combien d’autres, souvent les plus grandes, engagées depuis des années dans une logique d’arbitrage des coûts salariaux et des avantages fiscaux en Europe et dans le monde, empocheront le « cadeau » et en feront ce qu’elles voudront ?

Le mouvement national doit entendre la demande du monde économique français pour un allègement du poids fiscal qui pèse sur lui et aisément justifiée par les comparaisons faites par les instituts statistiques les plus sérieux. Mais il doit aussi expliquer à ce patronat et tout particulièrement aux grandes entreprises, aux ETI ainsi qu’aux « grosses PME » (plus de 50 salariés) que le temps n’est plus à la naïve confiance dans la vertu des mécanismes de marché, dans la croyance aux théories du « ruissellement » et autres sornettes.

La main invisible, qui peut encore y croire?

Le temps de l’État stratège est revenu, avec ses moyens qui peuvent être considérables, mais aussi ses exigences. Car l’État œuvre pour le bien public.  Nous vivons encore dans la théorie, certes modernisée et rhabillée, de la « main invisible d’Adam Smith » pour qui l’intérêt général se confond avec les sommes des intérêts individuels. Or l’histoire économique et sociale de ces dernières décennies a clairement montré que la concentration des richesses et du pouvoir aux mains d’une petite oligarchie mondialiste et mondialisée, servie par des classes politiques complices ou aveugles, pouvait largement nuire aux intérêts des nations et des peuples. De sorte que la stratégie de redressement de la France doit être pilotée et l’argent public consacré à cette grande mission doit être fléché vers ce qui sert le plus au pays : l’emploi. Pas d’emplois nets créés par l’entreprise, pas d’aides publiques. C’est clair, net et précis. Et c’est à prendre ou à laisser !

On nous répondra « complexité, bureaucratie, contraintes, lourdeur, ingérence, etc. ». L’éternelle antienne du laisser-faire, laisser-passer des libéraux, rajeunie dans un « donnez-nous l’argent, on saura quoi en faire ! ». L’hypothèse libérale de base d’un antagonisme viscéral entre le public et le privé doit être battue en brèche. La vérité est qu’il y aura bien assez d’entreprises et de patrons pour comprendre l’enjeu enthousiasmant de ce nouveau pacte productif et social et créer une dynamique vertueuse et autoentretenue.

Les élections cruciales de 2022 seront l’occasion pour les Français de faire un choix entre deux modèles. L’un toujours mondialiste, euro-fédéraliste, libre-échangiste, immigrationniste et insouciant aux immenses déséquilibres financiers du pays. L’autre tenant de l’échange juste et équilibré, favorable au retour de souverainetés nationales trop facilement abandonnées à la souveraineté européenne, rempart contre certaines immigrations au bilan très contestable et attaché au retour de nos équilibres financiers gages de l’indépendance de la France.

Sainte-Sophie transformée en mosquée: derrière la consternation…

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Sainte Sophie à Istanbul. En haut à droite, la coupole © FRED SCHEIBER/SIPA/SIPA Numéro de reportage: 00972561_000002

L’Occident se désole de voir l’ancienne basilique transformée en mosquée par Erdogan. En s’emparant de Constantinople en 1453, Mehmed II avait déjà fait recouvrir l’image du Christ qui ornait la coupole par une calligraphie arabe, et caché les visages des anges qui la soutiennent.


Après une procédure judiciaire dont nul n’ignorait que son résultat était joué d’avance, il n’aura donc fallu qu’un simple décret au président Erdogan pour redonner à Sainte-Sophie le statut qu’elle avait avant 1934, à savoir celui d’une mosquée.

La décision du sultan est cohérente

Ce geste pourrait sembler normal à un observateur détaché de considération symboliques : la société turque est actuellement musulmane dans une proportion très largement majoritaire, et elle s’est engagée depuis une vingtaine d’années dans une politique de ré-islamisation qui la conduit à remettre en cause peu à peu tout l’héritage laïc issu de l’époque kémaliste. D’un point de vue strictement utilitariste, il est donc totalement cohérent que le pouvoir affecte à la religion professée par sa population un édifice religieux aussi vaste.

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Mais le fait est que ni le geste d’Erdogan, ni sa réception en Occident, ne se cantonnent au registre strictement utilitaire. Car faire de Sainte-Sophie une mosquée n’est pas simplement changer l’affectation d’un musée : c’est poser un acte symbolique dont la portée conflictuelle ne peut être ignorée.

Une décision qui s’inscrit dans une Histoire longue

La basilique fut en effet construite au VIe siècle au cœur de Constantinople, précisément à l’époque où Justinien s’employait à reconquérir les terres de l’ancien empire d’occident en assumant la prétention à la domination universelle qui lui venait de Rome, bien qu’elle fût désormais placée sous le signe de la foi chrétienne. L’architecture même de la basilique fut donc conçue pour refléter cette ambition : elle fut dotée d’une gigantesque coupole, figure du cosmos, dominée par  l’image triomphante d’un « Christ pantokrator ». Pendant plus de neuf cents ans Sainte-Sophie fut ainsi le « saint des saints » de l’empire byzantin, le lieu du couronnement de ses souverains et le siège de ses Patriarches. Jusqu’à ce que le conquérant turc Mehmed II finisse par prendre la ville en 1453 pour en faire aussitôt sa capitale, transformant au passage la basilique en mosquée. Car les Ottomans reprirent à leur tour la prétention impériale de la seconde Rome, cette fois-ci sous le drapeau vert de l’islam : ils poursuivirent en son nom une vigoureuse politique d’expansion qui fit de la Sublime Porte le centre d’un empire étendu sur trois continents, de l’Afrique du Nord à la Mésopotamie et de la Hongrie au Yémen. A l’heure où la Turquie intervient politiquement face à l’Union Européenne, et militairement à la fois en Syrie et en Libye le symbole est donc on ne peut plus clair : l’empire est de retour, à la fois dans sa dimension politique (influence directe dans l’ancienne aire ottomane) et religieuse (promotion de l’islam face christianisme).

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Tous les partisans d’une entente paisible entre les religions ne peuvent que le déplorer, et ceux qui pensent que le « choc des civilisations » est un concept exclusivement occidental feraient bien d’y réfléchir…

Derrière les calligraphies

Une chose cependant semble échapper au président Erdogan, comme elle échappera certainement à la majorité des fidèles qui, le 24 juillet prochain, se presseront certainement pour la première prière musulmane célébrée dans la basilique depuis 1934 : le changement d’affectation d’un bâtiment, quel qu’il soit, ne sera jamais capable d’effacer sa destination première, pour laquelle il fut à la fois pensé et construit.

Lorsqu’on déambule à Cordoue sous les arcades rouges et blanches de la cathédrale, on ne peut ignorer que l’on est au sein d’un édifice conçu pour être une mosquée, dont le mihrab indiquera pour toujours la qibla. Et sous les calligraphies ottomanes, au sommet de la coupole de Sainte-Sophie, c’est à jamais l’image du Christ en gloire qui trônera sur l’univers…

Les Verts entendent «dégenrer» les cours d’écoles

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Eric Piolle © ALLILI MOURAD/SIPA Numéro de reportage: 00970154_000036

Les cours de récréation sont accusées par les élus EELV d’être conçues pour favoriser les activités des garçons, au détriment des filles. Avec leur sens des priorités bien connu, les mairies vertes entendent y remédier.


Alors que les dernières élections municipales ont montré à quel point notre démocratie était malade et à quel point le président qui devait la renouveler était rejeté, les commentateurs ont essayé de faire croire à un phénomène politique émergent : l’existence d’une vague verte, alors que les chiffres montrent à peine un clapotis. Du coup, puisqu’en politique, ce qui est cru peut fort opportunément occulter ce qui est réel, Europe-Ecologie-Les-Verts entend bien occuper le terrain qui lui est ainsi cédé et mettre en avant ses solutions pour l’avenir. Histoire de prendre date, comme on dit. Le parti veut donc mettre en avant ses expériences innovantes.

L’aménagement urbain comme moyen de rétablir l’égalité femmes/hommes apparait pour ce qu’il est: une escroquerie intellectuelle

La dernière en date : les cours d’école « dégenrées ». Selon Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble : « Les cours d’école de nos enfants ressemblent à des parkings en bitume, brûlantes en été et trop réservées aux pratiques des garçons. La solution : débitumiser, dégenrer, végétaliser et potagiser! ». On ne sait pas trop si cela signifie que les femmes appartenant plutôt à la nature et les hommes à la culture – selon d’anciennes distinctions genrées – créer un potager au centre de la cour devrait les amener à réoccuper l’espace le plus visible. Et puis le potager, c’est l’étape avant la cuisine. Cela permet aux filles de s’adapter en douceur à leur futur biotope. À moins que la fille relevant de l’espace domestique, elle ne puisse trouver son bonheur qu’en faisant de la décoration végétale d’extérieur. En tout cas il est manifestement impensable qu’elle puisse aimer les jeux de ballon.

La stupidité le dispute à l’inefficacité

Autre problème, d’après la lecture « genrée » de la cour d’école, les garçons en occuperaient le centre et les filles, la périphérie. Or cette vision qui voit ceux qui sont en périphérie comme écarté du pouvoir ne serait-elle pas affreusement masculino-genrée ? la position de l’observateur est souvent décentrée, décalée pour être plus pertinente et recueillir le maximum d’informations. Le pouvoir ne s’exhibe pas toujours, et se décentrer peut être plein d’avantages. Mais surtout cette vision est marquée par un manque de nuance et de finesse qui amène à des positions politiques dont la stupidité le dispute à l’inefficacité. Il suffit de lire la présentation de cette question dans un organisme de formation pour élus à visée progressiste, monmandatlocal.fr. Au moins la présentation assume-t-elle sans complexe généralisation hâtive et simplification abusive : « La ville est faite par les hommes, ce qui a pour conséquence d’en faire un espace dédié aux pratiques masculines. Cela n’est pas surprenant dès lors que l’on considère que l’urbanisme reflète notre société et consiste en fait en la prescription inconsciente des rôles genrés. »

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Or pour qui est femme, le problème n’est pas tant l’urbanisme que l’éducation des hommes et leur environnement mental. Selon que ceux-ci ont été élevés et ont grandi dans un milieu pour qui l’égalité en dignité humaine et en droit des êtres humains est la base, ou selon qu’ils se sont construits en estimant qu’un sexe doit dominer l’autre, les réalités que les femmes auront à affronter seront différentes. Refuser l’égalité aux femmes, c’est en faire d’éternelles mineures, à jamais propriété de leurs pères, frères ou époux. C’est cette infériorité qui explique que dans certains quartiers seuls les hommes occupent l’espace public. Etant vouées à l’intime, les femmes n’ont rien à faire dehors. En revanche ce constat ne se vérifie pas partout, il suffit de se promener au cœur de Paris. Face à cette réalité, l’aménagement urbain comme moyen de rétablir l’égalité femmes/hommes apparait pour ce qu’il est : une escroquerie intellectuelle qui permet aux politiques de se laver les mains des droits des femmes tout en revendiquant un investissement féministe. Ils élèvent la tartufferie au rang d’art.

À Paris, les mêmes voulaient élargir les trottoirs

C’est ainsi que la recommandation de certaines féministes françaises, confrontées au harcèlement de rue que subissaient les femmes aux alentours de la Porte de la Chapelle – harcèlement lié à la présence de migrants et d’hommes éduqués dans un milieu où la femme n’est pas l’égale de l’homme mais sa servante ou sa proie – fut de proposer que l’on élargisse les trottoirs… Or le problème venait de mentalités archaïques, inadaptées à nos libertés civiles et réactivées par la montée d’un islam politique qui a fait du refus de l’égalité de la femme, le cheval de Troie de son attaque contre la démocratie et la laïcité. On voit donc que pour défendre l’égalité femme/homme, il ne suffit pas d’arracher le bitume des cours d’école. La dégradation de la condition de la femme dans certains territoires est d’abord liée à la réalité de sa condition d’inférieure dans la plupart des pays d’Afrique ou du Maghreb et est encore accentuée par l’emprise croissante d’une idéologie politico-religieuse qui la considère comme impure, fait du refus de l’égalité une prescription divine et lui demande d’exhiber son acceptation de sa condition inférieure par le port du voile.

Or ces exigences qui pèsent sur certaines catégories de femmes ne cessent de se renforcer. C’est cela qui devrait poser question aux politiques. Mais justement, sur ce dossier faire preuve de courage est coûteux, surtout en matière de clientélisme.

De la poudre aux yeux

Voilà pourquoi Eric Piolle « dégenre » à tout va à coups de pelleteuse, mais confronté à une offensive liée à l’islam politique et s’attaquant directement à l’égalité entre les hommes et les femmes dans sa ville, il s’est révélé parfaitement veule. En effet, Grenoble a été la cible de ces activistes d’Alliance citoyenne qui, de d’Aubervilliers à Lyon, essaient d’imposer le port du voile partout et jusque dans les bassins. Leur combat visant à installer par la force et le refus du règlement le burkini dans les piscines publiques a été très médiatisé et, là, le maire n’a rien eu à dire sur le sexisme revendiqué par ce signe qui fait de la femme un être sale et inférieur.

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Tout comme les écologistes politiques trichent en faisant du nucléaire, le mal absolu alors que les trajectoires identifiées par le GIEC pour lutter contre le réchauffement climatique s’appuient sur une part de nucléaire dans la stratégie énergétique, l’écologie politique se fourvoie en croyant qu’elle fera progresser la cause des femmes en réaménageant les espaces urbains et en faisant la promotion de l’écriture inclusive. Le pire c’est qu’elle le sait parfaitement et c’est justement parce qu’elle a renoncé à mener la lutte pour l’égalité qu’elle s’achète une conscience en tenant un discours sur le genre. Et si pour EELV la volonté de « dégenrer », loin d’être une étape dans la lutte pour l’égalité, n’en symbolisait que l’hypocrite abandon ?

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Roselyne Bachelot peut toujours se souvenir d’André Malraux les larmes aux yeux…

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Albert Marquet, L'Atelier à Marseille, 1916

Pas de culture française! Pas de drapeau français! Pas de soldat inconnu! Pas de réel défilé!


« Me retrouver hier dans le bureau d’André Malraux, les larmes me sont montées aux yeux. Parce que, figurez-vous que quand j’étais petite fille, avant que le Général de Gaulle revienne au pouvoir – je revois – André Malraux venait chez mes parents et il y avait une grande salle à manger et je me cachais sous la table de la salle à manger. J’étais la petite fille de la Vème République, comme j’ai intitulé un de mes livres, et j’écoutais tous ces gens extraordinaires, tous les compagnons de Résistance de mon père et j’ai écouté, petite fille, André Malraux discutant avec mon père. Tout ça, ça remontait en grandes bouffées. C’était assez… c’était d’une émotion puissante. » Ainsi s’exprimait Roselyne Bachelot, devant un journaliste du Parisien, au lendemain de sa nomination à la tête du ministère de la culture. Puissent lui remonter, au milieu de ses « grandes bouffées » de souvenirs, quelques déclarations d’André Malraux relatives à la France, à l’Europe, à l’art et à la politique :

– « Nous savons désormais qu’on ne sera pas d’autant plus homme qu’on sera moins français. » Roselyne Bachelot saura-t-elle pousser le gouvernement à rompre avec l’universalisme droit-de-l’hommiste qui ne cesse de diffamer l’identité française ?

– « Pour le meilleur comme pour le pire, nous sommes liés à la patrie. Et nous ne ferons pas l’Europe sans elle. » Saura-t-elle pousser ses amis à rompre avec une Europe qui ne fait que creuser la tombe de notre civilisation en enterrant les nations ?

– « Comme l’amour, l’art a ses impuissants et ses imposteurs. » Saura-t-elle rompre avec ces impuissants et ces imposteurs qui attendent de l’argent public qu’il transforme leurs citrouilles en carrosses ?

– « On ne fait pas de la politique avec de la morale, on n’en fait pas sans non plus. » Saura-t-elle se souvenir des deux termes de ce dilemme et ne pas se réfugier sous la table du conseil des ministres lorsque toute morale aura disparu de la vie politique.

On ne succède pas en même temps à Malraux et à Jack Lang

Aura-t-elle une force d’âme suffisante pour succéder à André Malraux et non pas à ce « cher » Franck Riester qui n’aura été qu’un énième successeur de Jack Lang ? Pour cela, il faudrait que, au-delà de la conscience de la situation matérielle dans laquelle se trouvent les Français, la ministre prenne de toute urgence la mesure de la situation spirituelle dégradée dans laquelle se trouve le pays depuis des années.

Quelle est cette situation ?

Pas de réel défilé militaire ce 14 juillet. Ainsi en a décidé le Président de la République. Mais l’Arc de Triomphe, d’où partaient nos armées pour descendre l’avenue des Champs-Elysées, sera bel et bien empaqueté à l’automne 2021 par Christo. Il vient de mourir ? Qu’à cela ne tienne ! Le projet est maintenu. L’Elysée l’a confirmé. A la différence du Pont-Neuf empaqueté en 1985, l’Arc de Triomphe n’est pas neutre. C’est un lieu emblématique, un lieu sacré de la Nation où repose un soldat français mort pour la Patrie et sous lequel se déroule quotidiennement le ravivage de la flamme du souvenir.

Se réinventer avec Christo pour mieux ensevelir l’idée de nation

Le Président Emmanuel Macron souhaiterait-il impressionner les Français par une réalisation spectaculaire et ainsi les amener, à la veille de l’élection présidentielle, à admettre que ce n’était pas sans raison qu’il avait déclaré à Lyon en février 2017 qu’il n’y avait pas de culture française ? Car Christo n’était pas français, il avait quitté la Bulgarie pour la France en 1958 et s’était installé en 1964 à New York où il avait pris la nationalité américaine.

Dimanche à Port-en-Bessin, Georges Seurat, 1888
Dimanche à Port-en-Bessin, Georges Seurat, 1888
La Fête nationale au Havre", Albert Marquet, 1906
La Fête nationale au Havre, Albert Marquet, 1906

« Moi, l’art français, je ne l’ai jamais vu », avait répété le candidat Macron quinze jours plus tard à Londres. Chaque Français pourra donc se « réinventer » avec le Président et ce d’autant plus aisément qu’il n’y a aucun art français dans cet empaquetage. Il n’y a même aucun art. Tout juste une manie de lilliputien rêvant de déménager les appartements de Gulliver.

En pleine crise des gilets jaunes, le pouvoir inaugurait au pied du grand escalier de l’Opéra Garnier deux pneus de tracteurs dorés à la feuille d’or. Devant cette réalisation d’un artiste dont la vulgarité est sans doute, aux yeux de ses promoteurs, la preuve qu’il n’y a pas de culture française, que fit l’opposition ? Comme à son habitude, elle se réfugia sous la table, craignant plus que tout d’être ringardisée par les médias.

A peine le pays sortait-il de la crise du coronavirus que l’on vit le pouvoir s’apprêter à mettre un genou à terre devant les manifestants anti-blancs, désavouer nos policiers, se mettre à douter devant des racialistes qui appelaient à déboulonner la statue de Colbert, et finalement livrer la place Charles-de-Gaulle et son Arc de Triomphe aux équipes de Christo. En octobre 2021, celles-ci « déboulonneront », à leur manière, l’effigie du soldat inconnu qui a sûrement à se faire pardonner d’avoir donné sa vie pour son pays.

L’idéologie diversitaire contre la France

Depuis une trentaine d’années, certains responsables politiques, certains ministres et pas des moindres, un président de chambre haute également, eurent entre les mains un projet d’exposition conçu au départ pour le bicentenaire de la Révolution française.

Intitulé Bleu, blanc, rouge, les couleurs de la France dans la peinture française, ce projet était aux antipodes du défilé que le publicitaire Jean-Paul Goude imagina à la demande du Président François Mitterrand pour célébrer, à rebours de toute idée de patrie et de nation, l’idéologie diversitaire. Avec près de cent-cinquante peintures, ce projet d’exposition se proposait de faire prendre conscience aux Français, notamment aux plus jeunes, du caractère singulier de leur drapeau : si celui-ci était l’emblème d’une révolution politique, il était aussi celui d’une révolution esthétique. Encore eût-il fallu que nos élus, à genoux devant Bruxelles, n’aient pas secrètement rayé de notre Constitution le second alinéa de son article 2 : « L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge ».

L’emblème d’une peinture révolutionnaire née en France

L’insistance avec laquelle nos plus grands peintres de Manet à Picasso se plurent à le faire figurer dans leurs œuvres et à en faire parfois le sujet essentiel de leurs tableaux ne laisse pas d’étonner. Accompagnant le développement de la peinture moderne, il s’est en effet prêté à tous les styles, comme si – au-delà du symbole de la révolution française – il entendait également devenir, avec les impressionnistes, les fauves et les cubistes, le symbole de la grande révolution de la peinture moderne. Aucun autre drapeau n’eut cet honneur.

Il existe à cela des raisons historiques. La rencontre entre la nouvelle génération de peintres en rupture avec l’art officiel de leur temps et les généreux pavoisements de la Troisième République en est une. Le sentiment patriotique, exacerbé par la défaite devant la Prusse en 1871 et la conscience d’appartenir à une nation en charge des progrès du genre humain jouèrent sans doute également leur rôle. La raison essentielle est cependant ailleurs : avec ses deux couleurs primaires de part et d’autre du blanc, notre drapeau se prêtait magnifiquement à cette aventure picturale qui consistait à soumettre davantage le sujet représenté à la palette du peintre.

Le rejet d’un art officiel

S’il est possible de lire dans La rue Montorgueil de Monet ou dans La rue Mosnier de Manet une adhésion aux valeurs de la République, nous sommes loin, avec ces deux œuvres, de cette Liberté guidant le peuple par laquelle Delacroix voulut faire connaître son approbation des trois journées de juillet 1830. Malgré l’admiration que lui portaient les jeunes générations et un rejet commun de l’académisme, Delacroix s’inscrivait dans la continuité du grand art de la Renaissance. Il en était en quelque sorte le dernier soubresaut.

La rue Montorgueil, Monet 1878
La rue Montorgueil, Monet 1878
La Rue Mosnier aux drapeaux, Manet 1878
La Rue Mosnier aux drapeaux, Manet 1878

Pour Monet et ses amis, la distance avec le réel en dehors de laquelle il n’y a pas de création n’était ni celle des grands arts religieux depuis Sumer, ni celle, moins évidente, du rêve somptueux qui enivra l’Italie de Florence à Venise. Cette distance avec le réel était celle d’une peinture qui se voulait autonome, toute entière tendue vers ce que Georges Braque appellera le « fait pictural ». D’où la querelle, l’une des plus importantes de l’histoire de l’art, entre les Indépendants et les Officiels dont la virtuosité « photographique » au service de l’histoire et de la mythologie arracha ces mots à Cézanne : « Horriblement ressemblant ! ».

Vincent Van Gogh, 1886
Vincent Van Gogh, 1886

Si la révolution de 1789 fut une récusation de l’absolutisme royal et des privilèges, la révolution de la couleur et de la forme fut, avec les impressionnistes, les fauves puis les cubistes, une récusation de l’art officiel du XIXème siècle dont le contresens sur la nature de la création bénéficiait du soutien aveugle des institutions.

Il suffit de réunir une centaine d’œuvres où figure notre drapeau pour que celui-ci nous apparaisse comme appelé à abriter et symboliser le génie de la peinture moderne. Les Indépendants ne s’y sont pas trompés qui, saisissant l’opportunité que leur offraient nos fêtes du 14 juillet, nos rues pavoisées ou nos bords de mer, sont allés jusqu’à en faire l’un de leurs sujets de prédilection.

La France à l’origine d’une renaissance mondiale des arts ignorés

Ce n’est pas un hasard si cette révolution qui eut lieu en France et inaugura le règne de la liberté de l’artiste, fut à l’origine de la résurrection, sur tous les continents, des formes les moins idéalisées, les moins soumises au réel. Aussi notre drapeau, qui a fait le tour du monde avec nos plus grands peintres, loin d’être celui d’un pays replié sur lui-même, est-il celui d’un pays qui peut s’enorgueillir d’avoir ouvert la voie, pour la terre entière, à une fabuleuse renaissance d’œuvres longtemps considérées comme maladroites du fait du préjugé de l’art comme « imitation de la nature ».

L'Atelier à Marseille, Albert Marquet 1916
L’Atelier à Marseille, Albert Marquet 1916

Si, quittant les sentiers battus de la puérilité et de ce que l’on pourrait appeler le « contresens culturel par lâcheté », nos gouvernants avaient le souci de renforcer l’unité du pays par de grandes manifestations ne s’adressant ni à des individus ni à des consommateurs mais à des citoyens français fiers de ce que leur pays a apporté au monde, si la nouvelle ministre en charge des affaires culturelles avait l’ambition de renouer avec une certaine idée de la culture française et l’imagination de la partager avec un public le plus large possible, alors nous pourrions peut-être commencer de dire que la France est de retour.

André Mare, L’Armistice 1918, carnet de guerre
André Mare, L’Armistice 1918, carnet de guerre

 

Les couleurs de la France

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Richard Millet: hideux silence

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Richard Millet en 2005. Photographe : Hannah Assouline

Richard Millet continue de publier mais demeure ostracisé


Deux livres de Richard Millet ont paru ces derniers mois, lesquels furent accompagnés d’un silence médiatique, qui bien qu’habituel depuis qu’est survenue sa mise au ban de la république des lettres, il y a bientôt huit ans, n’en est pas moins révoltant. Comment se peut-il que dans ce qui fût jadis la nation littéraire par excellence, un auteur traduit dans de multiples langues, plusieurs fois primé, auquel ont été consacrés thèses doctorales et numéros de revues littéraires, soit à ce point ignoré, désormais ?

Quel forfait a-t-il bien pu commettre pour mériter cela ?

Il serait probablement inutile de revenir une énième fois sur l’affaire dite Richard Millet, au sujet de laquelle tout ou presque a été dit, notamment par le remarquable livre de Muriel de Rengervé.

Cette affaire a moins tenu à une sincère critique, laquelle a peu ou prou disparu, qu’à une volonté de mise à mort d’un concurrent sulfureux, qui avait eu par ailleurs, le malheur d’ajouter à son talent d’écrivain, les succès d’édition.

La vertu satisfaite

Il est certain que la plupart des pétitionnaires qui exigèrent son licenciement, c’est-à-dire sa mort sociale, n’ont pas même pris le temps de lire L’éloge littéraire d’Anders Breivik, soutenant fallacieusement qu’il y était fait littéralement l’éloge d’un monstrueux assassin, de même que d’autres continuent d’affirmer que Millet se serait autoproclamé, être le dernier écrivain.

Cette paresse, toute contemporaine, ne serait blâmable, si elle ne s’était transformée en lynchage. Quelle satisfaction ont-ils pu trouver à obtenir la tête d’un homme et a fortiori l’un des leurs ? Comment des écrivains ont-ils pu vouloir faire taire un autre écrivain ? Cela, je ne me l’expliquerai jamais.

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« Je n’ai jamais hué personne » a écrit Bernard Delvaille, cité à cette époque par Michel Crépu, alors Directeur de La Revue des Deux Mondes, dans Libération.

Pour ma part, je crois n’avoir jamais hué personne et j’espère ne jamais jeter la première pierre. Ce commandement, Annie Ernaux ou Tahar Ben Jelloun pour ne citer qu’eux, l’ont oublié et devraient aujourd’hui, se retournant sur leurs méfaits, être pris par la honte, si cette inquisition n’avait pas été mue sans doute par une sorte de satisfaction intérieure que donne la vertu.

C’est une chose assez hideuse que le succès

Richard Millet est, je le crois, un très grand écrivain, un missionnaire de la syntaxe, qui dans une quête quasi sacrée, s’attache à ne pas abandonner la langue française, laquelle survit ainsi encore dans ses livres.

Qui n’a pas lu Ma vie parmi les ombres, La Voix d’alto, Le goût des femmes laides ou La nouvelle Dolorès est passé à côté d’immanquables de la littérature contemporaine.

Le sentiment de la langue, L’enfer du roman, L’être-bœuf ou Israël depuis Beaufort valent aussi que l’on s’y arrête, ses romans n’étant pas, comme certains l’aimeraient, dissociables au sein de son œuvre.

Millet est un bloc. Un bloc certes, mais d’un granit qui présente désormais quelques fissures, usé qu’il est, tant par le temps et les épreuves, que par l’injustice dont il est victime.

A lire ensuite: Écrivains, ne donnez pas vos papiers!

Sans doute a-t-il fini par considérer que « c’est une chose assez hideuse que le succès » comme l’écrivait Victor Hugo. C’est là, la conviction d’un solitaire qui a, peut-être sans se le dire, cherché la déréliction, mais aussi ce par quoi se rassure celui qui a été voué aux gémonies.

Personne ne peut croire, en tout cas raisonnablement, qu’il puisse jouir ni de cette position sacrificielle, ni de cet ostracisme dont il est frappé. S’il y a quelque chose d’hideux dans le succès, il y a quelque chose qui ne l’est pas moins dans les chasses à l’homme et les purges. Il y a quelque chose d’hideux dans le silence qui l’entoure.

L'Affaire Richard Millet: CRITIQUE DE LA BIEN-PENSANCE

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L’amer dure trois ans

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© D.R.

Andrea, ancien militant de droite un peu extrême et Laura, militante des droits de l’homme n’avaient pas grand chose en commun. Ils faillirent déjouer les pronostics et se marier, avant que Laura ne découvre le passé trouble de son compagnon. Récit


En Occident, le mariage est aujourd’hui moins une institution qu’un contrat. Si bien que chacun est libre de donner et de retirer son consentement au gré de ses envies. À Vicence (Vénétie), Andrea, 40 ans, en a fait l’amère expérience. Ce professeur de sport était tombé sous le charme de Laura, 31 ans, sur un ferry pour la Sardaigne. Le sportif, ancien ouvrier et militaire revenu à la vie civile, et la militante des droits de l’homme employée dans le commerce électronique faisaient la nique à tous les déterminismes. Du coup de foudre en 2014 à 2017, le couple filait le parfait amour. Au point de vouloir se marier et vivre ensemble.

Et voilà qu’à six mois des noces, Laura découvre des photos et des documents compromettants dans les affaires de son futur époux. Vingt ans plus tôt, Andrea a en effet frayé avec l’extrême droite et été accusé d’avoir passé à tabac deux jeunes homosexuels avec ses camarades de jeu. Dénoncé, puis innocenté par la police, le jeune homme avait tourné la page. Révulsée par ces révélations, Laura s’est alors résolue à ne plus épouser son promis, le laissant néanmoins casser sa tirelire pour louer le restaurant de la noce et préparer le domicile conjugal.

À dix jours du mariage, elle annonce son refus de convoler en lui balançant son passé extrémiste au visage. Andrea tente désespérément de la reconquérir, clame ne jamais avoir fait de mal à une mouche et ne plus se reconnaître dans l’excité qu’il était. Las, la cérémonie est annulée. Dépité, l’éconduit n’a plus qu’une solution légale pour noyer son chagrin : porter plainte et espérer récupérer une partie de son pécule en invoquant une rupture tardive d’engagement. Le 29 mai dernier, le tribunal de Bologne a ainsi condamné Laura à lui verser 30 000 euros pour réparation du préjudice subi. On savait grâce à Frédéric Beigbeder que l’amour durait trois ans. On connaît désormais son coût : 30 000 euros.

Automobile: la prime à la conversion suspendue à cause d’un bug!

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Transitions & Energies

Depuis le début du mois juillet, il est devenu impossible de déposer un dossier pour profiter de la prime à la conversion ou du super-bonus écologique. Selon le gouvernement, il s’agit d’un problème technique temporaire. Un magnifique ratage! Il risque de casser la dynamique du marché des voitures électriques.


Annoncées par Emmanuel Macron le 26 mai et mises en place depuis le 1er juin, les aides de l’Etat pour l’achat d’une voiture sont suspendues… temporairement. Il est impossible depuis le début du mois de juillet de déposer un dossier pour profiter du super-bonus écologique et de la prime à la conversion. Le site officiel invite les automobilistes à se reconnecter à partir du 17 juillet pour une demande de bonus ou du 31 juillet pour la prime à la conversion. Que va-t-il se passer pour les voitures achetées entre temps? Nul ne le sait. Il est aujourd’hui impossible de savoir quelle date sera prise en compte pour l’attribution de la prime à la casse. S’agira-t-il de celle du bon de commande ou du dépôt de dossier sur le site du gouvernement?

Un cafouillage technique…

Et cela peut avoir des conséquences financières importantes pour les acheteurs…

Le gouvernement a prévu d’accorder les primes aux 200 000 premiers acheteurs. Que se passerait-il si le seuil des 200 000 ventes était atteint avant la…

>>> Lire la suite sur le site de Transitions & Energies <<<

Non, Elisabeth Lévy: Soral et Mila ce n’est pas pareil!

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Alain Soral © Martin BUREAU / AFP

Chère Elisabeth,

Je suis comme toi attaché à la liberté d’expression. Je suis très sensible à la beauté d’un ciel étoilé. J’adore le bruit des vagues qui s’allongent sur le sable. J’aime également beaucoup le chant des oiseaux. Autant dire que clamer son attachement à la liberté d’expression, c’est enfoncer des portes déjà largement ouvertes.

Tu déplores que les comptes YouTube d’Alain Soral et de Dieudonné aient été fermés. La censure t’horripile. Et je comprends que tu redoutes qu’elle s’applique, une fois en marche, à d’autres. Toi, moi, tous ceux qui ne pensent pas bien.

Là où je ne te suis plus

Jusque-là je peux sans trop de mal te suivre. Là où je ne te suis plus, c’est quand tu sous-entends que la liberté accordée à Mila vaut également pour Soral. Quel rapport y a t’il entre une gamine qui a trouvé légitime qu’on mette un doigt dans le cul du Prophète et un personnage dont le fonds de commerce est la haine glauque et meurtrière des Juifs ?

Reste que comme toi je souhaite que Soral et Dieudonné puissent s’exprimer. Mais mes raisons ne sont pas les tiennes. Moi je veux que les égouts – leur domicile – restent ouverts. Il est d’utilité publique qu’on puisse voir ce qu’il y a dedans. 

>>> Relire notre couverture de l’affaire Mila <<<

Je m’arroge le droit, et j’espère que tu ne me le contesteras pas, de choisir les victimes pour lesquelles j’ai de la compassion. La mort d’un papillon ou d’une libellule me rend triste. Celle d’un cloporte ou d’un cancrelat me laisse froid.

Je tiens Soral et Dieudonné pour des onanistes compulsifs. Il est vrai toutefois qu’ils se branlent en public. Ils vomissent et ça les fait bander. On applaudit leurs vomissures et ils jouissent.

Mon différend à moi

Ils me font irrésistiblement penser à ce personnage qui un soir de la Saint-Sylvestre se retrouve seul chez lui. Il ouvre son frigo, empoigne une bouteille de coca. D’une main il boit au goulot. L’autre est beaucoup plus bas. Et au moment de l’épectase, il s’écrie heureux : « Ah, le champagne et les femmes ! »

Pour être tout à fait honnête, je ne veux pas te cacher que j’ai un petit différend personnel avec Soral. Un jour j’avais écrit un article qui ne lui voulait pas du bien, il me consacra un texte sur son site Egalité et Réconciliation. Il me faisait savoir qu’il voulait m’écarter les cuisses et m’enculer sans vaseline. C’était plutôt banal. La suite fut plus originale. Il se demanda si ma sensibilité juive ne venait pas du fait que ma famille « avait péri par combustion en Pologne ». Je suis donc totalement et violemment subjectif concernant Soral. Et je pense, chère Elisabeth, que tu peux le comprendre.

Les effacés de la terre

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Tik Tok rend Mélenchon toc toc

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Jean-Luc Mélenchon en juin 2020 © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage: 00967299_000028

Pour séduire une jeunesse qui boude les urnes et retarder la dégringolade de son mouvement, le leader de gauche semble prêt à toutes les excentricités…


Les politiques, les jeunes et les réseaux sociaux : c’est une longue histoire de malaise !

En 2009 on se souvient de la tentative de lipdub ratée de l’UMP, où l’on voyait les ténors du parti se trémousser aux côtés de jeunes sarkozystes sur un refrain aussi niais qu’entêtant : «Tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher, venez chanter…» Les critiques et les moqueries avaient alors fusé, tant l’idée et la réalisation étaient risibles.

Ridicule

Le ridicule ne tuant pas, la classe politique française multiplie depuis les tentatives d’incursion sur les réseaux sociaux, tentatives menant le plus souvent à de cuisants échecs.

En 2016, François Hollande décide d’ouvrir son compte Snapchat. Cette opération séduction avait pour objectif de renouer le dialogue avec la jeunesse, vent debout contre la loi El Khomri, accusée de la mener tout droit à la précarité.

L’humour est l’essence même de Snapchat, on aurait pu s’attendre à de l’autodérision, avec notre président d’alors, à la blague si facile… Raté : ses « stories » furent d’un ennui mortel, avec la diffusion de vidéos mettant en scène ses visites officielles, rythmées par les poignées de mains et les discours sans qu’aucun filtre, émoji, ou texte de couleur ne viennent nouer une relation originale et directe avec son audience. Reconnaissons toutefois que si l’on avait découvert le visage du chef de l’État orné d’oreilles de lapin, de moustaches de chat ou en train de vomir des arcs-en-ciel devant une interview télévisée de Nicolas Sarkozy, cela aurait également suscité les moqueries.

Le discrédit des politiques français s’accentue

Concilier le sérieux du discours politique avec l’usage des codes des réseaux sociaux sans tomber dans l’écueil du ridicule et du discrédit est très difficile.

tiktok-illustrationLe dernier exemple en date remonte à la semaine dernière. On a eu droit à une bataille entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon par Tik Tok interposés. Tik Tok est ce réseau social chinois qui fait fureur chez les 13-25 ans. Les deux hommes politiques se sont précipités dessus, pour essayer de tirer parti de cette viralité chinoise non létale, et pour y adresser leurs messages respectifs à une jeunesse boudant les urnes. C’était tourner le dos à l’impératif de souveraineté, censé être devenu une priorité dans leurs agendas politiques respectifs, mais passons… nous ne sommes plus à un paradoxe près.

Le Chef de l’État a donc ouvert son compte Tik Tok pour féliciter les jeunes bacheliers le jour des résultats, édition marquée par un record historique de réussite grâce à l’absence d’épreuves. Merci le virus ! Ton léger et solennel, message qui dure une minute, cela nous change des vingt minutes habituelles de ses sermons officiels. C’était plutôt réussi.

Mais cette vidéo a beau être courte, elle n’est pas très appropriée non plus, ce réseau social étant dédié au partage de vidéos musicales, où l’on voit des adolescents s’adonner à des chorégraphies ou à des playbacks dignes des pires karaokés…

Hors de ma vue

Chez les Insoumis, en revanche, il semble que les community managers maitrisent un peu mieux les codes de ce nouveau réseau social. Mélenchon s’est donc lancé à son tour sur Tik Tok. Pour sa première vidéo, le leader de la gauche radicale a fait son show et riposte à Macron. On le voit place de la République, pointant du doigt la station de métro du même nom, et rappelant ainsi son coup d’éclat d’autocrate irrévérencieux lancé aux policiers lors des perquisitions au siège de son parti : « La République c’est moi ! ». À la France insoumise, on trouve apparemment cela drôle.

Le vieux leader de la gauche radicale n’a pas tenté une figure de hip hop. Il ne s’essaye pas non plus à la « floss dance », cette danse qui consiste à balancer les bras devant et derrière son dos. Il poursuit avec une pique, bien adaptée aux codes de Tik Tok, et opte pour un chanson qui cartonne auprès des ados. Il cite la phrase rendue célèbre par la faute grammaticale du morceau « Anissa » de Wejdene: « tu hors de ma vu » :

« Il t’appelle pour ton bac, toi tu parles à Macron ? Mais moi je m’appelle Mélenchon. Tu hors de ma vue, va voir ton Parcoursup ».

Le tribun est donc prêt à sacrifier la langue de Molière et son art maitrisé du discours sur l’autel du charabia de cour d’école, pour paraître moderne et séduire des jeunes de plus en plus fâchés avec la politique. On vous laisse apprécier l’exécution, dans la vidéo ci-dessus.

L’été 2020 devait être « apprenant et culturel », c’est mal parti.

Libye: Erdogan met les gaz

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Conférence de presse du président turc Recep Tayyip Erdogan et du Premier ministre libyen Fayez el-Sarraj, Ankara, 4 juin 2020 (c) Murat Kula / Anadolu Agency . AFP

Divisée entre deux camps rivaux soutenus par des puissances étrangères, la Libye est devenue un nouveau front de la guerre mondiale contre le djihadisme. Profitant du conflit pour remettre un pied en Afrique du Nord, la Turquie espère faire main basse sur le gaz offshore.


 

« Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin. » C’est par cette formule on ne peut plus directe qu’Emmanuel Macron a exprimé le mécontentement de la France après l’intervention militaire turque dans ce pays en proie à la guerre civile depuis la chute de Kadhafi en 2011. En septembre de cette même année 2011, un autre président français, Nicolas Sarkozy, premier chef d’État occidental à faire le voyage à Tripoli depuis la chute de Kadhafi, avait été accueilli en grand vainqueur et acclamé par la foule. Sarkozy pensait alors que la France allait cueillir les fruits de son intervention militaire, menée six mois plus tôt en plein printemps arabe, pour soutenir les rebelles et sauver leur bastion de Benghazi.

Avec l’approbation des Nations unies, l’OTAN était intervenue pour empêcher l’armée de Kadhafi de détruire Benghazi. L’aviation de l’OTAN, essentiellement franco-britannique, avait accompli rapidement sa mission. Sans mettre en doute la probabilité du massacre annoncé, son empêchement fut probablement le seul et unique succès de la coalition dirigée par la France. L’espoir d’un monde arabe rompant avec l’autoritarisme et rejoignant l’Occident démocrate et libéral s’est brisé sur les dures réalités géopolitiques et anthropologiques. La Russie avait accepté à contrecœur de soutenir une intervention humanitaire qui a tourné à l’opération de changement de régime. Elle a retenu la leçon. En Syrie, Moscou a dit niet aux Occidentaux et lancé une intervention aérienne aussi brutale qu’efficace pour sauver le régime d’Assad. Quant à la population de Benghazi, sauvée in extremis en février 2011, elle a ensuite payé un lourd tribut aux guerres fratricides entre milices, sans parler de l’attaque de la mission diplomatique américaine locale en septembre 2012, un an presque jour pour jour après la visite triomphale de Sarkozy.

Tripoli contre Benghazi

Aujourd’hui, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan soutient l’administration de Tripoli de Fayez al-Sarraj, qui dirige formellement le GNA (gouvernement d’union nationale). Formé en 2016 sous l’égide de l’ONU pour sortir de la deuxième guerre civile libyenne, il s’agit d’une coalition instable de groupes islamistes, d’autonomistes régionaux originaires de la ville côtière de Misrata et de la minorité berbère, ainsi que de milices urbaines qui ressemblent à s’y méprendre à des gangs criminels.

Erdogan est en train de « syrianiser » la moitié de la Méditerranée

Face au GNA, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la France et la Russie soutiennent Khalifa Haftar – ancien bras droit de Kadhafi depuis le coup d’État de septembre 1969 devenu son pire ennemi – et une Assemblée nationale rivale installée à Tobrouk. L’« armée nationale libyenne », sous le contrôle de Haftar, est constituée de membres de tribus cyrénaïques ainsi que de mercenaires du Soudan et du Tchad. Elle est soutenue par la Russie, à travers des mercenaires et probablement de l’aviation.

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Pourquoi la France a-t-elle décidé de soutenir Haftar ? L’artisan de cette alliance, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense lors de l’intervention française au Mali, à partir de 2013, était très sensible à la question migratoire, surtout après la crise de 2015. Les Français connaissaient déjà Haftar, qui leur semblait être l’homme de la situation, une personne capable de rassurer aussi bien militairement que sur le plan économique et politique.

Le maréchal libyen est soutenu par le président égyptien Sissi, un bon client de l’industrie militaire française (surtout des Rafale, dont Le Drian a joué un rôle important dans la vente à l’Égypte). Autre ami commun : les Émirats arabes unis, partenaire stratégique de Paris, de Haftar et de l’Égypte. Petit à petit, le vieux maréchal arrive à s’imposer comme l’homme de Paris en Libye, seul à même d’unifier et de pacifier le pays en mettant dehors les djihadistes et en fermant au passage l’autoroute migratoire. Quand Emmanuel Macron arrive à l’Élysée, il nomme Le Drian au Quai d’Orsay et essaie de rapprocher les deux rivaux libyens, Haftar et al-Sarraj. L’initiative française échoue et Macron, suivant la ligne Le Drian (qui n’est pas dénuée de pertinence par ailleurs), décide de parier sur Haftar. L’homme de Benghazi, dont la dernière visite à l’Élysée date du 9 mars dernier, semble alors être un cheval gagnant. En avril, ayant pris le contrôle de presque tout le pays, ses forces lancent une offensive pour s’emparer de la capitale. Cette attaque précipite l’intervention turque pour sauver le gouvernement de Tripoli, ce qui change la donne.

Logique expansionniste turque

Avec une grande habileté, Ankara a mis sur pied une force efficace appuyée à la fois sur 2 000 mercenaires syriens et une structure de commandement et de soutien turque avec drones, blindés et conseillers militaires.

Comme la Russie en Syrie, la Turquie a réussi à fusionner ses capacités technologiques et militaires avec des troupes mercenaires pour forger un outil opérationnel efficace, qui vient de changer le cours de la guerre. Mises en échec, les forces de Haftar se sont retirées vers l’est. À la mi-juin, le ministre turc des Affaires étrangères et le chef des services de renseignement d’Ankara, Hakan Fidan, se sont rendus à Tripoli pour annoncer une nouvelle ère de coopération entre les deux pays. Cette nouvelle donne ne plaît guère aux (autres) pays de l’OTAN, organisation dont la Turquie est toujours membre : la logique expansionniste turque inquiète en Europe et au-delà. Peu avant d’intervenir militairement en Libye, le gouvernement turc avait signé avec le GNA – alors menacé à Tripoli par l’avance des troupes de Haftar – un protocole d’accord partageant entre les deux signataires une grande partie de la Méditerranée orientale et ses abondants gisements sous-marins de pétrole et de gaz. Plus grave encore, en coupant la Méditerranée en deux bassins, l’alliance Tripoli-Ankara assure à la Turquie un droit de veto sur la construction de gazoducs entre l’est et l’ouest de la mer, interdisant du même coup à la Grèce, à Chypre, à Israël et à l’Égypte d’exporter leur gaz vers l’Europe. Ce protocole d’accord, qui voyait la Turquie revendiquer les eaux grecques jusqu’aux côtes crétoises, est un chiffon rouge pour la France et les États-Unis.

À lire aussi: Iran / Israël: déjà vingt ans de guerre secrète

La découverte de gisements de pétrole sous la Méditerranée orientale avait déjà entraîné la région dans une sorte de guerre froide, la Grèce et Chypre ayant mis sur pied une coalition régionale de défense et d’énergie aux côtés d’Israël et de l’Égypte, face à leur adversaire commun : la Turquie d’Erdogan. Les États-Unis soutiennent cette alliance antiturque, considérant qu’un futur gazoduc de la Méditerranée orientale (que la Turquie espère bloquer grâce à son accord avec le GNA) rivalisera avec les exportations des hydrocarbures de la Russie vers l’UE, et réduira ainsi l’influence russe sur l’Allemagne et l’Europe centrale, qui auront deux sources d’approvisionnement au lieu d’une seule. Encore un casse-tête pour l’OTAN…

Macron face à Erdogan

Dans ce contexte, la France, de plus en plus hostile à la Turquie, signe son retour stratégique en Méditerranée orientale, menant des exercices navals et aériens conjoints et déployant des vaisseaux de la Marine nationale pour empêcher l’empiétement turc dans les eaux grecques et chypriotes.

Sur le plan de la diplomatie et de la communication, Emmanuel Macron est devenu le critique le plus féroce d’Erdogan au sein de l’OTAN, accusant le gouvernement turc de soutenir l’État islamique en Syrie, de déstabiliser la région par ses guerres contre les alliés kurdes syriens des États-Unis et d’accélérer la fin (la fameuse « mort cérébrale ») de l’Alliance atlantique. La diplomatie turque a rétorqué que c’était plutôt le soutien de la France au « putschiste et au pirate Haftar » contre un gouvernement (le GNA) formé sous l’égide de l’ONU qui exacerbait la crise libyenne…

Résumons : dans une situation qui pourrait aboutir à une guerre, la France se range dans le camp de la Russie face à un pays membre de l’OTAN. En effet, alors que les forces de Haftar se replient vers l’est du pays, l’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi menace d’intervenir directement si les forces turco-tripolitaines avancent vers Benghazi. Résultat temporaire : sur le territoire qui, sur les cartes, est appelé Libye, deux entités belligérantes, respectivement soutenues par des puissances régionales rivales, sont en train d’émerger aux portes sud de l’Europe.

« Syrianisation » de la Méditerranée

Pour la France et l’Union européenne, le chaos qui s’installe dans la durée en Libye est un double désastre stratégique. D’une part le pays est (re)devenu une base arrière du terrorisme vers le Sahel et l’Europe : l’auteur de l’attentat de Reading, le 20 juin, était libyen, tout comme celui de Manchester en 2017. D’autre part, il est le point de départ de nombreux réseaux permettant aux migrants de traverser la Méditerranée. On imagine sans peine, mais non sans effroi, ce que pourrait faire Erdogan – qui a déjà montré ses talents de maître-chanteur au sujet des frontières orientales de l’UE – s’il maîtrisait un second nœud d’immigration clandestine vers l’Europe.

De même, l’ambiguïté de la Turquie à l’égard des djihadistes en Syrie n’est de bon augure ni pour la Libye ni pour le Sahel, où les forces françaises, africaines et européennes luttent contre Al-Qaïda. On comprend pourquoi, fin mai, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Jean-Yves Le Drian a parlé d’une « “syrianisation” de la Libye ». On peut même aller plus loin : Erdogan est en train de fusionner les deux zones de conflits – la guerre syrienne et la bataille pour le contrôle de la Libye – afin de « syrianiser » la moitié de la Méditerranée.

En 1911, l’Italie chassait l’Empire ottoman de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque (que leurs nouveaux maîtres appelaient désormais « Libye »). De l’Algérie au Liban en passant par l’Égypte, les puissances européennes ont pris le contrôle du Maghreb et du Machrek aux dépens des Turcs. Plus d’un siècle après, le retour en force de la Turquie dans cette région ressemble à une revanche symbolique.