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Les plages de Sophie


Les plages de Sophie
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Aujourd’hui, Nice


« Si tu avais connu/ la miss Baie des Anges à moitié nue/ les voitures de sport sur les avenues/ tu regretterais tout ça », chantait Hervé Fornieri, alias Dick Rivers, un de nos Niçois célèbres. Cette chanson a un délicieux parfum rétro de Riviera, de jeunes hommes en Vespa tournant autour de jeunes filles habillées comme Bardot. Nice est une métropole – c’est la cinquième ville de France – et possède une aura à la fois littéraire et artistique. Nietzsche, Matisse, Modiano, Le Clézio, et même le très irlandais James Joyce l’ont célébrée ou y trouvèrent de l’inspiration.

Il faut dire qu’il y a de quoi. Cette ville est unique. Elle fait penser aujourd’hui à une femme sur le retour, qui vit sur sa splendeur passée, en sirotant des Campari, comme dans la chanson de Neil Hannon : « A lady of a certain age ».

Plage publique

Ses palaces sont un peu délabrés, malgré les portiers vêtus d’uniformes rouges qui font les vigies, vestiges d’un temps, d’un passé, où descendaient au Negresco des têtes couronnées, et où Sissi soignait sa mélancolie. Notre collaborateur Pierre Cormary a écrit, il y a quelques années, un très bel article sur cette ville chère à son cœur : « Son effervescence, vieille et estudiantine, bourgeoise, cosmopolite et identitaire. L’ambiance Satyricon qui y règne avec ses odeurs d’ordures suaves, ses freaks qui mendient sous les arcades de l’avenue Jean Médecin, ses filles de l’Est que l’on lorgne dès l’arrivée en gare de Nice-ville »…

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Il est vrai que Nice n’est pas une ville reposante, et pas vraiement une station balnéaire à part pour les quelques fortunés qui vont de leurs hôtels de luxe à leurs plages privées, où leurs matelas loués à prix d’or les empêchent de souffrir des galets. La plage publique, en revanche, est à tout le monde, et ses galets, qui font mal aux pieds et aux fesses, aussi. Elle a des allures pasoliennes : de jeunes garçons y jouent au foot, de grosses dames y dégustent des glaces, des familles pique-niquent. La vie, quoi. L’azur implacable fait que l’on y reste, l’eau est sûrement polluée mais elle est chaude, et quand le soir tombe, il y règne une atmosphère de dolce vita. On y retrouve l’Eternité et « la mer allée avec le soleil » de Rimbaud.

La Riviera et les rockers

Je n’ai vu qu’une fois Nice sous la grisaille, on aurait dit la fin d’une soirée en boite de nuit, quand les derniers couples se forment et s’embrassent, et que les derniers alcooliques titubent. Si l’on veut trouver une atmosphère plus « bain de mer », Villefranche-sur-Mer n’est qu’à quelques encablures, avec sa petite église aux vitraux peints par Cocteau… Les Stones y ont commencé à enregistrer « Exile on the main street », dans la somptueuse villa « Nellcote », qui surplombe la Baie. La Côte d’Azur est parsemée de légendes.

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Étonnamment, la douce atmosphère de la Riviera a beaucoup inspiré les rockers, pas seulement Dick Rivers. Nice est une des capitales en France du rock garage, un rock année 60, au son un peu sale et primitif, qui tient son nom des répétitions des musiciens dans les garages familiaux. En 1980, le groupe anglais de new wave punk  The Stranglers  y donna un concert où, suite à des problèmes techniques, le public a tout cassé. Cela leur inspira une chanson : « Nice in Nice ».

Et que dire de la cuisine niçoise ? Sûrement une des plus savoureuses au monde : sa célèbre salade, bien entendu, à propos de laquelle nous pourrions polémiquer des heures (pas de haricots verts mais des artichauts poivrades), ses petits farcis ou la socca, plat de pauvres par excellence (de délicieuses galettes de farine de pois chiches). Et j’en passe… Notre regretté Dick Rivers a eu bien tort de « brûler son hash contre un hamburger ».

A relire: Houlgate, Narbonne.




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