Anthony Albanese, le chef du gouvernement socialiste en Australie, est typique de ces femmes et hommes politiques de gauche qui prennent fait et cause pour les Palestiniens au point d’oublier de protéger leurs concitoyens juifs. Tribune.
Des images présentées dans un reportage de la chaîne Sky News Australia il y a deux ans viennent de refaire surface. Diffusées sur les réseaux sociaux, elles montrent le Premier ministre australien, Anthony Albanese, sous une banderole « Arrêtez le massacre israélien, libérez la Palestine », lors d’un rassemblement propalestinien à l’époque de la deuxième intifada (2000-2005).
Circonstances atténuantes ?
Ce énième épisode de violences palestino-israéliennes avait commencé, selon les versions, par la visite du député Ariel Sharon sur le Mont du Temple (de Salomon) le 28 septembre 2000, ou le surlendemain, par la diffusion mondiale (et gratuite) par France 2 d’une accusation de meurtre contre un enfant au moyen de balles israéliennes.
Dans le premier cas, le passage sans incident d’un Israélien à kippa sur ce que l’Autorité palestinienne (AP) et les médias français appellent « l’Esplanade des mosquées » depuis que les lieux ont été libérés de l’occupation jordanienne a été considéré, après-coup, comme une provocation insupportable : « La mosquée Al-Aqsa est à nous. L’église du Saint-Sépulcre est également à nous. Les Juifs n’ont pas le droit de profaner la mosquée avec leurs pieds fétides, nous ne les laisserons pas faire. » (Mahmoud Abbas, 17/09/2015)
La version « provocation » a été contredite à plusieurs reprises par Yasser Arafat, alors Président de l’AP, par son ministre de la communication, Imad Faludji, puis par sa veuve Suha, qui a déclaré avoir essayé de le convaincre de ne pas torpiller les Accords d’Oslo, quand il lui avait déclaré : « Je vais lancer une intifada. Ils veulent que je trahisse la cause palestinienne. Ils veulent que je renonce à nos principes, mais je ne le ferai pas ». Les principes en question étaient la violence et les négociations de paix.
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Que ce soit du fait des reportages citant les quelques minutes d’Ariel Sharon sur le Mont du Temple (en territoire israélien, donc) comme un casus belli incontestable ou « grâce à » la campagne mondiale anti-israélienne menée sous l’effigie du petit Mohammed al-Dura, il fallait être un polyglotte d’une curiosité insatiable pour connaître les faits (par opposition aux émotions idéologiquement enrobées) et ne pas haïr la soldatesque universellement accusée d’assassinat volontaire.
On ne comprend donc pas pourquoi, après les meurtres de Bondi Beach, il est reproché à Albanese son enthousiasme de jeunesse. Y aurait-il autre chose ?
Propalestinien ou anti-judéo-israélien ?
D’aucuns comparent aujourd’hui Albanese Anthony à son homonyme Albanese Francesca, championne olympique de la discipline Israel-bashing. Beaucoup de manifestants ignorent la différence entre propalestinisme et antisémitisme et entre antisionisme et hitlérisme. En témoigne la vidéo tournée par la mission « Canari dans la mine » et titrée « le mouvement « pro-Palestine » souffre du virus Hitler ». On y voit des manifestants en keffieh faire le salut hitlérien en se vantant de « ne pas avoir peur de leurs opinions », pendant que d’autres se contentent d’alterner les slogans : un coup « Free Palestine », un coup « A-dolf-Hi-tler, A-dolf-Hi-tler ! » et pour les participants, souhaiter « qu’on tue tous les Juifs » semble aller de soi.
Soyons lucides : si les gouvernements occidentaux protègent les synagogues et les écoles juives, c’est qu’ils savent que l’anti-israélisme n’est rien d’autre qu’un banal antisémitisme. Partout, dans notre pays comme aux antipodes. « Down under », là-bas tout au sud, l’incitation à la haine a été tolérée, minimisée ou ignorée par le gouvernement fédéral d’Albanese qui ne voyait que des tensions intercommunautaires. Mais il n’y avait pas deux communautés face à face, seulement la discrimination raciale d’un tout petit groupe (environ 100 000 individus sur une population totale de 27 millions), par un nombre d’agresseurs en croissance exponentielle.
Albanese est, comme tous les dirigeants, sensible aux réservoirs de suffrages. C’est là que son tropisme palestiniste entre en ligne de compte dans sa réaction à la possibilité d’un pogrom contre les Juifs australiens : lorsque, le surlendemain du 7-octobre, une foule d’excités a envahi l’Opéra de Sydney, brûlant des drapeaux israéliens et scandant des menaces contre les Juifs, pas contre les Autorités israéliennes, la consigne donnée à la police n’a pas été de disperser les manifestants, mais de conseiller le calme à la communauté juive.
De l’huile sur le feu
Anthony Albanese n’a rien fait pour protéger ses concitoyens juifs. Au contraire, il a jeté de l’huile sur le feu, en condamnant Israël. Son ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, et celui de l’Emploi et des relations au travail, Tony Burke, tous deux appartenant à son parti socialiste, l’ont aidé à porter les seaux de combustible, en accusant Israël de génocide, alors même que la population de Gaza a augmenté pendant les deux ans de guerre, comme le compile le CIA World Factbook.
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L’attentat de Bondi n’était pas une déclaration politique. Il ne s’agissait pas d’une attaque de « Palestiniens » contre des « Israéliens », mais d’antisémites qui ont attaqué des Juifs. Le Président et le ministre des Affaires étrangères israéliensavaient averti à de nombreuses reprises le gouvernement Albanese de ce qui risquait d’arriver. La communauté juive a plaidé pendant deux ans pour des actions soient entreprises et, comme l’ont fait les Juifs français auprès de Macron, a souligné qu’Albanese récompensait le terrorisme en reconnaissant la Palestine juste après le pogrom du Hamas.
En effet, c’est ce qu’il faisait et il ne pouvait pas l’ignorer : il n’y a pas de raison qu’il ait été plus bête ou plus mal informé que les citoyens juifs de France ou d’Australie ! Quand c’est arrivé, Netanyahou l’a accusé d’avoir encouragé l’antisémitisme en reconnaissant la Palestine, dans une politique de « faiblesse et d’apaisement ». L’accusé a estimé qu’il n’existait aucun lien entre les deux. Anthony Albanese est certes « propalestinien » mais il a « oublié » de protéger les juifs.
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