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La France à l’encan

Attrition de Francis Bécourt est un premier roman qui place son auteur d’emblée chez les antimodernes.


Frédéric Bécourt signe un premier roman qui le place dans ce qu’on appelle les antimodernes. Le titre est original: Attrition. Entendez usure. À l’image de notre société.

Il est écrit également que le mot attrition signifie « le regret d’avoir offensé Dieu ». C’est tous les jours qu’on offense Dieu. Durant la Semaine Sainte, les attaques politiques n’ont pas cessé. Même le dimanche de Pâques, il n’y a eu aucune trêve ! Les invectives ont fusé comme des balles de kalachnikovs. La société est fracturée, elle ne sait plus agiter le drapeau blanc. Nous sommes en 2017 dans le roman de Bécourt. Son personnage principal se nomme Vincent Sorgue. Sa vie sentimentale est en ruine. La dépression le guette, malgré l’agence de communication digitale qu’il dirige qui l’occupe. Il en a assez de la vie parisienne, de ces connections effrénées qui paradoxalement l’isolent et des violentes dérives de la société que ses contemporains refusent d’admettre malgré les coups de semonce du réel. Ils dansent au bord du gouffre. Vincent a ôté le bandeau.

On ne perd pas toutes les guerres depuis 40 sans conséquences

Le vertige le saisit. C’est qu’il y a eu les attentats contre l’école juive de Ozar Hatorah (Toulouse), Charlie Hebdo, le Bataclan, la décapitation d’un prof, l’égorgement d’un prêtre, l’assassinat de militaires et policiers, les incendies d’édifices religieux, les attaques au couteau, les bonbonnes de gaz, etc. Et malgré ces massacres à répétition, rien. L’aboulie d’un peuple apeuré. Bécourt : « En assurant la photosynthèse, c’est-à-dire en transformant les recettes fiscales en prestations sociales, l’État-providence garantissait simplement la persistance d’une forme de vie inconsciente. »

A lire aussi, du même auteur: FOG: de Charles de Gaulle à Eric Zemmour

Le héros de Bécourt, Vincent, car c’est d’une certaine manière un héros quand il formule l’informulable, constate : « Comment cette nation autrefois rebelle était-elle devenue aussi apathique, au point d’avoir peur d’elle-même ? Au point d’avoir honte de ses valeurs et de son histoire ? » C’est une nation, sans mémoire, inculte, défaite. On ne perd pas toutes les guerres depuis 1940 sans conséquences. L’horizontalité a fait son œuvre. Vincent ressemble à un personnage houellebecquien, ai-je pu lire. Pas certain, car Vincent ne se soumet pas. Il dépeint avec lucidité, ce qui devrait être le but de tout romancier en lutte contre le camp du Bien, l’essor effréné de la doctrine libérale et l’aggravation de ses effets, à savoir la dissolution de la France dans la mondialisation et l’acceptation des identités islamistes. Il se replie alors hors de Paris, certes, dans la Vallée de Chevreuse, où l’abbaye de Port-Royal des Champs accueillit Blaise Pascal et Jean Racine. Tout n’est pas perdu donc, il y a une lueur qui brille, et elle se nomme l’espérance.

La France, grand corps malade

L’islam politique et radical gagne du terrain et le communautarisme prospère dans les banlieues. Vincent se retrouve face à Yassine Benacer, homme de gauche, responsable de la communication à la mairie de Bobigny, pour un éventuel contrat avec son agence. Benacer est un homme de terrain, ses budgets sont conséquents, mais le système ne fonctionne plus. Né en 1978, à Bobigny, d’un père immigré marocain, son constat est sans appel. « Les nouveaux arrivants n’ont aucune intention de se mêler aux autres, de rejoindre une communauté nationale. Ils souhaitent simplement être considérés comme Français, mais sans forcément le devenir. » Le personnage de Benacer ajoute : « Ça fait longtemps qu’on n’est plus dans le mythe de l’intégration républicaine. » Plus loin, Vincent évoque la probable « échéance inéluctable d’une partition, voire d’une atomisation des territoires urbains ».

L’intrigue de ce premier roman est bien ficelée, du début à la fin. Le style est efficace et les mots sont précis. Le stylo de l’auteur est un scalpel. Le corps de la France est gravement malade. Il pue. Tout le monde tourne le regard et se bouche le nez. Encore un instant de bonheur pensent les boomers du haut de leur terrasse. Pas Bécourt.

Frédéric Bécourt, Attrition, AEthalidès.

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Bouquet final

Homme de théâtre qui a tout sacrifié à son art, Michel Bouquet a emporté avec lui une idée radicale de son métier. Une intransigeance de l’acteur qu’il s’est efforcé d’exercer comme un sacerdoce.


Michel Bouquet est mort, et c’est un monde qui meurt avec lui. Il emporte dans le tombeau une époque dont il était l’acteur, des auteurs dont il était l’interprète, des acteurs dont il était le partenaire. Les trois derniers grands acteurs étaient, selon moi, trois Michel : Serrault, Galabru, Bouquet. Trois clowns tragiques, trois maîtres de leur art, trois personnalités écrasantes, trois fous. Ils sont désormais tous partis et nous laissent dans un monde bien raisonnable dans lequel leur folie ne sera plus là pour nous tirer de notre petit confort à nous satisfaire de peu.

Les adieux de Bouquet à la scène eurent lieu au Théâtre de la Porte Saint-Martin, dans le costume d’Orgon dessiné par Christian Lacroix, aux côtés de Michel Fau qui jouait Tartuffe et signait la mise en scène. Il avait alors 91 ans et, chaque soir, se pliait à cet art si difficile, à ce sport de haut niveau, à cette discipline de fer qu’est le grand rôle en alexandrins. Je l’ai vu quatre fois. Il était, certains soirs, plus fatigué que d’autres, certes, mais soudain, le personnage et le rythme des douze pieds répétés infiniment l’emportaient. Il entrait alors dans une sorte de transe, de fureur parfois, le regard devenait tragique, la voix s’amplifiait et allait frapper les murs les plus lointains de la salle. Les dieux étaient là. Il était tel un vieux lion, un vieux roi, âgé, fatigué, mais toujours dangereux, toujours capable d’un magistral coup de griffe, toujours capable de tonner, de faire s’abattre la foudre sur les planches du théâtre.

Le théâtre, c’était mieux avant

Le corps était affaibli mais Bouquet, comme Serrault et Galabru, jusqu’à la fin restait un enfant. C’est d’ailleurs son regard d’enfant qui le tenait vivant, le regard qu’il porta adolescent sur la scène du Théâtre-Français, pendant la guerre, lorsque la grande tragédienne Madame Segond-Weber jouait le rôle d’Agrippine dans Britannicus, se tenant droite et immobile, déclamant les vers raciniens de sa voix chantante – c’étaient alors ses adieux. Ce souvenir ne quitta jamais Michel Bouquet. Ce fut pour lui la révélation d’un mystère : le théâtre. Jamais ensuite il ne verra plus grande actrice, plus grande maîtrise, plus haute incarnation de la tragédie. Cette chose mystérieuse qu’il avait vue de ses yeux ne cessa, sa vie entière, de l’interroger. Comment tant de présence, de prodige étaient-ils possibles ? Bouquet ne disait guère de mal de ses contemporains, mais l’écouter suffisait à comprendre son passéisme. Au théâtre, rien de notre époque ne le fascinait. Il disait qu’on ne pourrait jamais plus jouer Pirandello comme l’avait joué Charles Dullin. Qu’on ne pourrait jamais plus jouer L’École des femmes comme l’avait jouée Jouvet.

A lire aussi : Michel Bouquet, 1925-2022, l’homme-théâtre

Dans une interview datant de 2016, Philippe Bilger lui demandait si l’on pouvait dire, aujourd’hui, qu’il n’y avait plus de grands auteurs. Réponse de Bouquet : « Oh non… il y a beaucoup de grands auteurs actuellement, oh la la… Il y a Harold Pinter ! Il y a… Thomas Bernhard… Il y en a une quantité énorme ! » Même pour parler d’aujourd’hui, Bouquet parlait d’hier. Il était un acteur d’autrefois, et comme on faisait autrefois sur scène, il ne parlait pas mais chantait. Sa voix, son phrasé était reconnaissable entre tous. Qui pourrait imiter le jeu de Pierre Niney, de Philippe Torreton ou d’Isabelle Carré ? La chose ne serait pas aisée car rien ne les distingue, rien ne les caractérise si ce n’est le manque de personnalité. Bouquet, Galabru et Serrault s’apparentaient aux acteurs du passé, qui imposaient leur musique, leur poésie, qui inventaient une forme, qui jouaient « plus grand que la vie », tels Raimu, Fresnay, Jouvet et jusqu’aux seconds rôles comme Robert Le Vigan, Noël Roquevert, Julien Carette ou Saturnin Fabre.

Une façon de jouer a disparu à jamais

Qui ose le faire aujourd’hui ? Michel Fau, Fabrice Luchini… et c’est une lutte pour eux ! Et chez les plus jeunes ? Personne. Aujourd’hui, c’est le naturel que l’on recherche, le quotidien. « La vérité n’a rien à voir avec le naturel. Le naturel, c’est ce qui tue complètement l’art ! » disait Bouquet. Lorsqu’on lui demandait si ce ne serait pas désuet de jouer, de nos jours, comme Madame Segond-Weber le faisait en son temps, il répondait : « Oh non… mais non ! Madame Segond-Weber n’est pas désuète, c’est le public qui est désuet. » Qui, désormais, parlera de cette tragédienne et de son public qui, pendant la guerre, lui offrait à la sortie de la Comédie-Française des paniers de légumes en guise de remerciement – avant qu’elle remonte, seule, la rue de Richelieu chargée de ses paquets. Michel Bouquet emporte avec lui Madame Segond-Weber comme il emporte Anouilh, Maurice Escande, Grémillon, Pinter, Dullin, Jouvet et tant d’autres. Il emporte avec lui cette époque du théâtre et du cinéma dont la sincérité, le travail acharné, la passion folle sont aujourd’hui remplacés par l’embourgeoisement, le vedettariat le plus vulgaire et les bons sentiments.

A lire aussi : L’effroi lui allait si bien

Michel Bouquet, dans sa pureté, aura eu pour quête et obsession le mystère de l’art, de la grâce, du chef-d’œuvre. Par son travail quotidien, obsessionnel, acharné, et par son génie, il aura atteint le sommet de l’art de l’acteur. Mais pour une autre raison aussi. « Il y a un art de l’interprétation que l’acteur doit défendre, même contre le metteur en scène », affirmait-il. Il savait la nocivité de ce dernier, la place prépondérante et dictatoriale qu’il avait prise dans le monde du théâtre. Il en avait parfois fait les frais. Bouquet disait qu’il ne pouvait être que l’interprète du poète, pas celui du metteur en scène. Il décida un jour d’en finir avec ce dictat et prit la décision de choisir lui-même les metteurs en scène des pièces qu’il jouerait, afin que ceux-ci n’interfèrent pas entre le poète et lui. Bouquet est mort, sa voix raisonne encore. Vivant déjà, elle semblait sortir des cieux ou des enfers. Cet homme n’était pas un homme. C’était une mystérieuse créature envoyée sur terre par les dieux du théâtre pour proférer la parole des poètes. Bon voyage grand Bouquet, et à bientôt.

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« Sur les rives de Tibériade » de Rachel

Une grande voix des lettres hébraïques traduite en français aux éditions Arfuyen


Les éditions Arfuyen ont entrepris depuis 2006 de traduire en français les œuvres complètes de la poétesse Rachel (Rahel, en hébreu), dans une traduction de Bernard Grasset. Après Regain (2006) et De loin, suivi de Nébo (2013), c’est aujourd’hui le dernier recueil de son œuvre poétique qui paraît, en édition bilingue comme les précédents, sous le titre Sur les rives de Tibériade.

Chacun en Israël connaît les poèmes de Rahel, qui sont étudiés au lycée et dont beaucoup ont été adaptés par les plus grands artistes israéliens et sont devenus des chansons populaires.

Elle est à juste titre considérée comme une des grandes voix de la poésie hébraïque au vingtième siècle, et comme une des fondatrices de la littérature hébraïque moderne, aux côtés de S. J. Agnon ou de Yossef Haïm Brenner.

Morte à quarante ans

Son traducteur, Bernard Grasset, est issu d’une famille de paysans-vignerons et d’artisans vendéens. Dans la préface au livre, intitulée “Dans le jardin du cœur”, il expose les éléments essentiels de l’art poétique de Rahel, marqué par la lecture de la Bible, et ses thèmes favoris, comme ceux de l’espace et du temps, sa fascination pour la nature et son expérience de la souffrance.

Rahel, qui est “montée” en Israël en 1909 (elle se trouvait en voyage avec sa sœur et a décidé de ne pas retourner dans sa Russie natale), a en effet connu une existence brève et difficile. Atteinte de tuberculose pendant la Première Guerre mondiale, elle en mourra en 1931, à l’âge de quarante ans seulement. Sa vie marquée par l’expérience de la pauvreté, de la maladie et de la souffrance nourrit une poésie qui, note Grasset, “s’élève comme une prière”. Dès son premier poème, qui figure en ouverture du présent recueil, elle déclare :

Pourtant je ne me suis pas révoltée contre le destin,
J’irai avec joie à la rencontre de tout,
Pour tout je rendrai grâce !

Ce poème initial, écrit alors qu’elle est encore jeune fille à Odessa, donne – explique son traducteur – la clef ultime de son œuvre et de sa vie. Effectivement, Rahel a accepté son destin de femme et de poète, et a su écrire, en dépit de la solitude et de la maladie, des vers empreints d’une joie profonde, qui alterne avec la tristesse et avec un sentiment de gratitude.

Le recueil Sur les rives de Tibériade comporte également une série de lettres – dont plusieurs rédigées par Rahel alors qu’elle se trouvait à Toulouse, pour y étudier l’agronomie – et des articles de journal portant sur des sujets divers. Dans un article, Rahel répond à M. Beilinson, qui décrit la vie des pionniers de la Deuxième Alyah comme une existence “sans joie et sans fête…” Rahel, qui fait partie des membres de la Deuxième Alyah, rejette avec force cette description, écrivant notamment :“Se lever tôt le matin, non pour suivre un enseignement ou s’occuper de comptabilité – ce qui est de tradition chez un jeune Juif – mais pour aller dans les champs, au contact qui purifie, renouvelle, élève avec sa terre maternelle, semer et planter, être associé au Saint, Béni soit-Il, dans la création du monde, se reposer le jour du shabbat en compagnie de garçons et de filles épris comme toi de l’antique patrie, croire, rêver et espérer – appellera-t-on cela une vie banale ?

Tragique et espérance

Dans cette réponse pleine d’émotion, on découvre un visage de Rahel que les précédentes traductions de ses poèmes laissaient dans l’ombre, ou ne laissaient qu’entrevoir entre les lignes : celui de la pionnière et de la sioniste ardente, qui a fait le choix difficile et exigeant de l’alyah, de la montée en Israël et qui a donné sa vie au pays d’Israël. Ce n’est pas le moindre intérêt du livre que de compléter ainsi la lecture poétique par celle, plus théorique ou politique, des articles et lettres de Rahel qui permettent au lecteur de faire connaissance avec la femme qui se cache derrière la poétesse. Et quelle femme !

Dans les dernières lignes de sa préface, le traducteur écrit : “La poésie de Rachel est un chant tragique, elle est aussi un chant d’espérance”. Et il ajoute dans une Note sur la traduction : “J’aurais aimé rencontrer Rachel dans sa petite chambre face à la mer à Tel-Aviv, où elle recevait ses amis: qu’aurait-elle pensé de mes traductions, elle qui connaissait si bien le français, les aurait-elle aimées ?” Question à laquelle on ne peut évidemment répondre, mais on nous permettra malgré tout de dire : oui, Bernard Grasset, elle aurait aimé vos traductions et aurait apprécié d’être ainsi, grâce à vous, rendue accessible aux lecteurs de France, pays qu’elle avait connu et aimé, et vous en aurait été reconnaissante, tout comme nous le sommes.

Sur les rives de Tibériade de Rachel (Arfuyen)

Alexis Corbière veut mettre tout le monde «à la niche»

Sur Europe 1, le député mélenchoniste montre son vrai visage.


Taha Bouhafs est un journaliste militant qui n’a pas hésité, en 2018, à inventer un étudiant gravement blessé par la police devant la fac de Tolbiac, et qui a été condamné en 2021 pour injure publique en raison de l’origine envers Linda Kebbab, policière qu’il avait traitée d’« arabe de service » – M. Bouhafs a fait appel de cette condamnation. Sur Twitter, le 18 février 2019, ce charmant jeune homme s’adresse à Benoît Hamon : « Sale sioniste veut dire sale juif ? Sacré Benoit, c’est bientôt le dîner du CRIF, et t’as pas envie d’être privé de petits fours, je comprends. » Un peu plus tard, il tronque les propos du philosophe Henri Peña-Ruiz pour ne garder qu’un « on a le droit d’être islamophobe » polémique qu’il diffuse sur Twitter. Il fut également un des co-organisateurs de la marche contre « l’islamophobie » du 10 novembre 2019 qui vit tous les députés LFI, des députés communistes (Elsa Faucillon, Ian Brossat, Stéphane Peu) et Yannick Jadot, défiler aux côtés de Marwan Muhammad (ex-dirigeant du CCIF). Entre autres faits d’armes.

A lire aussi, Jean-paul Brighelli: Islamo-gauchisme: comment la société française en est arrivée là

Outrecuidant Pavlenko

Sur Europe 1, le journaliste Dimitri Pavlenko a eu l’outrecuidance de demander au député LFI Alexis Corbière ce qu’il pense de la potentielle investiture sous la bannière de la Nouvelle union populaire de Taha Bouhafs à Venissieux, rappelant au passage que LFI a soutenu la proposition de résolution de Fabien Roussel pour rendre inéligibles les coupables d’incitation à la haine raciale.

Après de gros soupirs d’exaspération, Alexis Corbière monte sur ses grands chevaux et l’entretien devient totalement délirant. Si Dimitri Pavlenko agite le chiffon Bouhafs, c’est qu’il est raciste : « Arrêtez le délit de faciès politique (sic) envers certaines personnes » […] « Vous vous acharnez contre des militants qui ont toujours le même profil, des militants de la jeunesse qui sont d’origine maghrébine. » On connaissait la reductio ad hitlerum, voici la reductio ad racismum. Immédiatement suivie de la reductio ad antijeunismum : « Il a 25 ans, 25 ans ! et vous êtes, vous, journaliste d’Europe 1, en train de me parler de ça ? »

Quand on a 25 ans et qu’on est issu des « quartiers », on a le droit de faire ce qu’on veut. À propos de la tête en carton de Marine Le Pen que le journaliste militant exhibait au bout d’une pique lors d’une manifestation, Alexis Corbière repique à la reductio ad racismum : « C’était métaphorique. […] Tout le monde a le droit de caricaturer sauf un. Et comme par hasard il s’appelle Monsieur Bouhafs ».

Pique métaphorique

Puis, Dimitri Pavlenko ne se laissant pas intimider, le naturel revient au triple galop et M. Corbière montre son vrai visage – le même que celui qu’il avait lorsqu’il avait injurié Stanislas Rigault (président de Génération Z) dans les coulisses de l’émission “Face à Baba” et que sa compagne, Rachel Garrido, avait reproché à ce dernier de « sucer la bite à son chef », geste à l’appui. Les traits se crispent, le geste devient sec et la bouche humide : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. […] Vos campagnes de calomnie minables – je m’adresse à vous et à travers vous, à ceux qui les mènent – ne nous font pas peur. »

À lire aussi, Elisabeth Lévy: La faucille et la burqa

Dimitri Pavlenko lui demande alors si cela aussi, le traiter de « petite hyène », c’est « métaphorique ». Le député, culotté, lui rétorque que ce n’est pas à lui qu’il parle… Puis, se rendant compte de son dérapage, il présente furtivement ses excuses au journaliste et se lance à nouveau dans un plaidoyer pour la défense d’un Taha Bouhafs accablé par des méchants « sur les réseaux sociaux » à cause de son âge, de son origine maghrébine, de son milieu social, de son engagement.

Deux poids, deux mesures

On reconnait là les manières de l’extrême-gauche. Mais on n’entend guère les médias s’offusquer de ces brusqueries. Imaginons un instant, au hasard, Marine Le Pen ou Éric Zemmour aboyant à un journaliste qui les bouscule : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. » Nous aurions eu droit alors à des cris d’orfraie, des pétitions, des tribunes d’indignation, des larmes – la démocratie aurait été en danger et le fascisme à nos portes. La presse en aurait fait des tonnes, décrivant les mises à mort des journalistes si l’extrême-droite avait gagné les élections. Bref, la moraline aurait coulé à torrents pendant des jours. Oui, mais… les représentants politiques de ce que les organes de presse les mieux-pensants appellent « la gauche de la gauche » ont le droit, eux, de cracher sur les journalistes. Et même de les menacer. L’extrême-gauche sectaire et vindicative jouit d’une immunité totale – il n’y a pas de « barrage contre l’extrême-gauche », quand bien même celle-ci façonne en ce moment une alliance monstrueuse qui n’est en réalité que la mise à disposition pour LFI d’une chair à canon électorale (NPA, PCF, PS, EELV) lui permettant de conforter son influence islamo-gauchiste. Rien n’y fait, la presse bien-pensante s’écrase. MM. Corbière et Coquerel et Mmes Obono, Autain et Garrido, pour ne nommer que les plus “Enragés” (1) de la bande mélenchoniste, ont trouvé la parade. L’islamophobie, le racisme ou l’anti-jeunisme supposés de leurs interlocuteurs (ou de certains Français) leur servent de réponses à toutes les objections – et refroidissent les journalistes les plus timorés qui ne veulent pas se retrouver taxés des pires tares. Pour les journalistes plus vaillants, comme Dimitri Pavlenko, la menace à peine camouflée est de rigueur. On sent l’esprit robespierriste et la froideur de l’acier flotter au-dessus des studios. Mais la guillotine n’étant plus d’usage, Corbière menace « de la niche » les récalcitrants !

Pour le moment, les potentiels protestataires qui auraient dû s’indigner de tels propos n’ont nul besoin d’être mis à la niche ; ils y sont déjà, enchaînés par des années de reculade et de compromission passive.

Le soir des élections, on entend, au loin, leurs faibles aboiements.

Rien qui puisse effrayer des députés d’extrême-gauche qui aboient plus fort qu’eux et qui, les victoires électorales aidant, finiront bien par les faire taire définitivement…

Gardienne de la paix et de la révolte

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(1) Ainsi étaient appelés certains révolutionnaires, parmi les plus radicaux, en 1793.

Les fausses notes de Claude Zidi Junior

Le fils du célèbre réalisateur Claude Zidi a choisi de réunir à l’écran l’actrice Michèle Laroque et le rappeur MB14 (de son vrai nom Mohamed Belkhir, révélé en 2016 par l’émission The Voice), dans l’objectif de rapprocher deux univers que tout oppose: le rap et l’opéra…


On passera charitablement sur l’étrange captation d’héritage paternel avec ce « Junior » très américain et un peu dérisoire…

Le premier film du « fils de… » ne restera malheureusement pas dans les mémoires ou alors dans celles du gentil nanar à la française.

Ténor lorgne avec application du côté des « films qui font du bien » devant lesquels on se dit qu’une petite dose d’intranquillité cinématographique ne peut en réalité pas faire de mal. Cette fois,  il s’agit de réconcilier l’opéra et le rap dans une vaste célébration du « tout se vaut » cher à Jack Lang. Déroulant son protocole bienveillant, le cinéaste enchaîne les scènes convenues de découvertes réciproques au cours desquelles les forcément blonds jeunes gens des beaux quartiers côtoient les cheveux bruns de leurs homologues banlieusards.

Ce simplisme social qui envahit tout ne peut que susciter une réaction de rejet de la part d’un spectateur lassé d’écouter le même sermon, sans que jamais, cette fiction télé sur grand écran ne se pose la moindre question formelle.


[Vidéo] Mansplaining #1: Génération trans, sauvons les enfants!

Jeremy Stubbs nous parle du nouveau numéro de Causeur, disponible à la vente.


Quelle est votre identité de genre? Vous êtes une femme? Vous êtes un homme? Une fille? Un garçon? 
Mauvaise réponse !!
Le concept de sexe biologique appartient au passé avec le système féodal, pauvres paysans ! Les lobbyistes du genre ont monté une campagne pour effacer le sexe biologique du droit et des mœurs au profit de l’identité de genre, qui est entièrement subjectif et fluide. 

Causeur propose un dossier spécial sur la question dans son magazine de mai 

Selon la doctrine fantaisiste de l’identité de genre, un individu peut se sentir masculin ou féminin, passer de l’un à l’autre (transgenre), être les deux à la fois (non binaire), ou n’avoir aucun genre (agenre). À l’école, les enfants seront encouragés à croire qu’ils peuvent choisir leur genre (ou l’absence de genre) et ensuite le modifier, selon leur caprice.

La science objective – finie
Les droits des femmes – finis
La protection des enfants – finie
Leur capacité, demain, à fonder une famille – en danger
Et des personnes dépendantes à vie de drogues dont les effets à long terme sont inconnus et dont les coûts sont pharaoniques…

Et tout cela se passe en douce, derrière notre dos. C’est pour cela que dans le numéro actuel de Causeur, nous poussons un cri d’alarme. Il faut sauver les enfants ! Vous pouvez y lire les témoignages de parents désemparés qui expriment leur détresse. Interviewé, le psychanalyste Jean-Pierre Winter attribue cette folie à l’effacement de l’autorité, surtout paternelle.

Notre numéro 101 est disponible sur le kiosque numérique dans la boutique en ligne, et demain en vente chez le marchand de journaux !

Et je mets à nu tout un système d’ONG, de cabinets d’avocats, d’organismes publics, d’universités, d’hôpitaux, d’entreprises, de politiques et de people au service de ce bouleversement – système financé par un petit nombre de milliardaires. Allons-nous nous laisser faire? Aux États-Unis, des instituteurs essaient déjà d’initier leurs petits élèves à la doctrine du genre. En anglais, on appelle ça « grooming », un mot qui désigne normalement le pédopiègeage. L’hyperbole est forte, mais ils veulent empoisonner les jeunes esprits avant d’empoisonner leur corps.  Allez-vous laisser faire ça? 

Causeur parle aussi de la réélection d’Emmanuel Macron qui, avec bienveillance, veut organiser une réconciliation nationale. Tous les citoyens sont invités au grand dialogue, même ceux qui ont voté Mélenchon – mais pas les pauvres diables qui ont voté Le Pen ou Zemmour…


IVG, une saga américaine

Une fuite publiée sur le site de Politico laisse croire que la Cour suprême des Etats-Unis se prépare à revenir sur sa décision du 22 janvier 1973 dans la célèbre affaire Roe VS Wade.


En 1968, âgée de 21 ans, Norma McCorvey tombe enceinte. C’est la troisième grossesse de cette jeune Texane depuis ses 16 ans et elle a déjà donné naissance à deux enfants qu’elle a fini par donner en adoption. Des amis lui conseillent de prétendre – de façon tout à fait mensongère – qu’elle a été violée par un groupe de Noirs afin d’obtenir une IVG légale (on ne sait jamais, des fois que la loi du Texas prévoie une telle exception…). Ce plan foireux ne marche pas, la police n’étant pas dupe. Après avoir tenté sans succès de faire une IVG illégale, son médecin lui suggère de consulter un avocat spécialisé dans l’adoption à Dallas qui l’oriente à son tour vers Linda Coffee et Sarah Weddington, deux avocates à la recherche de femmes enceintes souhaitant avorter.

Row v. Wade

Ainsi débute affaire Roe v. Wade (« Jane Roe » était le pseudo de McCorvey et Henry Wade était le procureur du district à Dallas). Il a fallu trois ans de procès avant que l’affaire n’arrive devant la Cour suprême des États-Unis. McCorvey a entretemps accouché et, de nouveau, renoncé à sa maternité. Jusqu’à sa mort, elle est en revanche restée la « mère » de l’une de décisions de justice les plus importantes de l’histoire américaine.

Le 22 janvier 1973, après avoir étudié son cas, la Cour suprême décide (à sept voix contre deux) de juger inconstitutionnelle la loi de l’Etat du Texas qui interdisait l’interruption volontaire de grossesse (IVG), sauf lorsqu’elle est nécessaire pour sauver la vie de la mère.

Les grandes lignes de cette décision de la majorité des juges sont très claires. Le droit à la vie privée, bien qu’il ne soit pas explicitement mentionné dans la Constitution, est protégé par la clause de procédure légale régulière (« due process ») du quatorzième amendement. Voici le texte (section 1 du quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis, voté le 9 juillet 1868) : « Toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyen des États-Unis et de l’État dans lequel elle réside. Aucun État ne fera ou n’appliquera de lois qui restreindraient les privilèges ou les immunités des citoyens des États-Unis ; ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ; ni ne refusera à quiconque relevant de sa juridiction, l’égale protection des lois ».

Selon la majorité des juges de la Cour suprême, ce droit est suffisamment large pour englober la décision d’une femme d’interrompre ou non sa grossesse. En conséquence, toute loi pénale sur l’IVG qui ne prendrait pas en compte le stade de la grossesse et des intérêts autres que la seule vie de la mère est jugée comme une violation de la procédure régulière et donc du quatorzième amendement.

Ce droit à l’IVG est dès lors considéré comme « fondamental » et ne peut donc être réglementé que sur la base d’un intérêt « impérieux » d’un Etat. Et la Cour reconnait aux Etats deux intérêts « importants et légitimes » : le premier étant de protéger la santé de la mère, le second de protéger la vie (ou la vie potentielle) du fœtus.

La grossesse des femmes divisée en trois périodes

Cependant, ni l’un ni l’autre ne peut être considéré comme « impérieux » pendant toute la durée de la grossesse, car chacun évolue avec l’enfant à naître. Ces intérêts sont séparés et distincts et prennent de l’ampleur à mesure que le terme de la grossesse approche. A certains moments donnés au cours de la grossesse, chacun de ces intérêts devient impérieux de manière à justifier l’intervention de l’Etat. La Cour suprême a ainsi divisé la grossesse en trois périodes.     

Au cours du premier trimestre de la grossesse, aucun des deux intérêts n’est suffisamment impérieux pour justifier une interférence quelconque avec la décision de la femme et de son médecin. Les appelants ont renvoyé la Cour à des données médicales indiquant que les taux de mortalité des femmes subissant des IVG précoces, là où l’IVG est légale, « semblent être aussi bas ou plus bas que les taux pour un accouchement normal ». Ainsi, l’intérêt de l’Etat à protéger la santé de la mère (très faiblement menacée) n’est pas impérieux pendant le premier trimestre. Puisque l’intérêt de protéger le fœtus n’est pas non plus impérieux, pendant le premier trimestre, l’Etat ne peut ni interdire une IVG ni réglementer les conditions dans lesquelles il est pratiqué.

Lorsqu’on entre dans le deuxième trimestre, l’intérêt de protéger le fœtus reste toujours moins qu’impérieux. Cependant, à ce stade, les risques que représente l’IVG pour la santé de la mère commencent à dépasser ceux de l’accouchement. Il s’ensuit qu’à partir de ce moment, un Etat peut réglementer la procédure d’IVG dans la mesure où la réglementation est raisonnablement liée à la préservation et à la protection de la santé maternelle, sans pour autant l’interdire.

Enfin, pendant le troisième trimestre, au moment où le fœtus devient « viable », le protéger devient impérieux. À partir de ce moment, un Etat peut interdire les IVG sauf lorsqu’ils sont nécessaires pour protéger la vie ou la santé de la mère.

Invariants américains

En introduisant la logique « semestrielle » et les intérêts de la mère et de son embryon-fœtus, la Cour suprême a ainsi donné la « clé » de son raisonnement. Les critiques sur ce raisonnement n’ont pas tardé. Pour ce qui concerne la pertinence du quatorzième amendement, il a été rappelé que des lois réglementant l’interruption volontaire de grossesse existaient dans certains états de l’Union depuis les années 1820 sans que l’adoption du quatorzième amendement ne les rende inconstitutionnelles pendant plus d’un siècle (entre 1868 et 1973). Et, bien entendu, la question la plus épineuse de toutes reste celle du moment exact où la vie commence.  

Cependant, aujourd’hui comme en 1972-1973, la question de l’IVG aux Etats-Unis est politique tout autant que morale ou juridique. La décision de 1973 est considérée comme un évènement important dans l’évolution de l’activisme judiciaire, une vision plutôt maximaliste de la fonction du juge constitutionnel, le mettant en conflit encore plus direct avec le législateur car il s’agit de le remplacer, d’aller là où il ne voulait ou ne pouvait pas aller, et non plus se satisfaire de le compléter ou l’interpréter selon ses intentions présumées.

Il est également intéressant de noter que les nouveaux droits accordés par la Cour suprême (comme la contraception et les droits des homosexuels, qui sont aussi fondés sur ce même socle constitutionnel) émanent de ce quatorzième amendement. Avec sa son aîné, le treizième amendement, et sa cadette le quinzième amendement, adoptés entre 1865 et 1870, ce sont « les amendements de la Reconstruction » ou de la guerre civile, destinés à garantir la liberté des anciens esclaves, à leur accorder certains droits civils et à les protéger de la discrimination (et avec eux, tous les citoyens des États-Unis).

Cependant, ces amendements ont été brimés et érodés par les lois des etats et les décisions successives des tribunaux fédéraux tout au long dès les années 1880-1960. Quant à la Civil Rights Act votée en 1964, c’est une véritable révolution judiciaire et législative qui, comme nous venons le voir, a ouvert la voie à bien d’autres évolutions. Et qui fracture la société américaine sur des lignes intéressantes. Selon un sondage de la Pew Institute de mars 2021, 34% des Américains affirment que dans la plupart des cas – mais pas tous – l’IVG devrait être légale et 25% pensent qu’elle devrait être légale dans tous les cas. 26% pensent que dans la plupart des cas elle devrait être illégale et 13% qu’elle doit être toujours illégale. Mais, à y regarder de plus près, environ trois quarts des évangéliques blancs (77%) pensent que l’IVG devrait être illégal dans tous ou la plupart des cas. Et ils sont les plus nombreux dans les Etats emblématique de la Confédération (1861-1865) et le Sud profond (Georgie, Kentucky, Tennessee, Alabama, Mississipi, Virginie. Les causes évoluent mais les lignes de fractures changent peu.

Quant à Norma McCorvey, disparue en 2017, elle n’a cessé jusqu’à sa dernière heure, de changer de version et d’opinion. On ne saura probablement jamais ce qu’elle a vraiment pensé de toute cette affaire. Dans le fond, cela n’a pas grande importance. Et il parait même juste que cette décision de justice célèbre ne porte pas son vrai nom.

« Épidémie » d’obèses, la France en première ligne

Selon l’OMS, près du 1/4 des Européens sont en surpoids. En vue des législatives, pour s’attirer les voix de la communauté des gros, en forte augmentation, Emmanuel Macron pourrait “envoyer un message” en nommant un obèse à Matignon.


Ils obstruent les allées des supermarchés et prennent près de deux places dans le bus. Ils vous acculent à ralentir quand vous pressez le pas dans la rue, vous rappelant que la patience est mère de toutes les vertus. Souvent humbles, parfois forts en gueule – voire organisés en minorité active – les gros sont aujourd’hui partout, et ils sont de plus en plus nombreux. 

Confinement + Kinder = Surprise !

Une étude de l’OMS sonne le tocsin. Désormais en Europe, près d’un quart des adultes sont obèses, ce qui serait à l’origine de plus de 1,2 million de décès par an, soit plus de 13% des morts en Europe. Et l’OMS de suspecter les confinements successifs comme fautifs, confinements qu’elle avait jadis tant encouragés dans le monde voire sanctifiés, et qui auraient « entraîné une augmentation de l’exposition à certains facteurs de risque, qui influencent la probabilité qu’une personne souffre d’obésité ou de surpoids », écrit l’organisation dans un rapport en anglais. Sans blague ?

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Et maintenant ? Il suffit de voir nos adolescents se ruer sur les échoppes de kebab ou de « tacos » sans porc dégoulinants de sauce samouraï, ou de voir nos enfants se gaver de Kinder Surprise, Kinder Bueno ou autres chocolats industriels gorgés de graisses saturées et d’huile de palme, ou bien ces mères de famille au RSA emplissant leurs caddies de sodas et de bonbons pour leurs marmots pour comprendre que nos rues ressemblent de plus en plus à celles des États-Unis d’Amérique ou du Mexique, les traditionnels champions de l’obésité dans le monde, ou plutôt à celles d’Égypte et de Turquie – autres champions en la matière. 

Une nouvelle communauté, à choyer avant les élections ?

L’obésité est en cause dans au moins treize types de cancers différents, nous prévient l’OMS, et pourrait être directement responsable d’au moins 200 000 nouveaux cas de cancers par an. Au rythme où notre société s’achemine vers toujours plus d’atomisation, toujours plus de sédentarisation, toujours plus de télétravail, d’école à distance et de livraisons de plats Uber à la maison, on peut craindre qu’il y ait de bonnes grappes d’obèses parmi les adultes, demain en France. 

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Jetons un œil à la page 24 du fameux rapport – de corpulence solide mais pas obèse, lui, puisqu’il pèse 220 pages. Ce ne sont ni la Suisse, ni la Suède, ni la Pologne, ni la Lituanie, ni la Bosnie et ni même la Belgique qui figurent en haut du classement – ils sont en bas – de l’obésité chez les enfants de 10 à 19 ans, mais la Grèce, Malte, Andorre, l’Italie, l’Espagne, Chypre, le Royaume Uni, le Portugal, l’Irlande puis la France. On connaît désormais le bellicisme du gouvernement face aux punaises de lit… Face à l’obésité, sera-t-il aussi guerrier ? Selon une étude de la Ligue contre l’obésité, un adulte sur six était obèse en 2021 en France, et un sur trois était en situation de « surpoids ». Une manne électorale non négligeable, que l’on considère seulement les obèses ou l’ensemble des « gros ». Les élections législatives approchant à grands pas et Emmanuel Macron aimant caresser les minorités dans le sens du poil, il ne prendra sûrement pas le risque de se voir accuser de « grossophobie ».

D’ailleurs, ne pourrait-il pas aller plus loin ? Afin de concrétiser, enfin, le rêve d’un gouvernement « inclusif », ne pourrait-il pas prendre un Premier ministre qui soit une femme, musulmane pourquoi pas, aussi pansexuelle, comme on dit désormais, mais surtout… obèse ? Ce serait un symbole fort d’ouverture à une « communauté » avec laquelle il va falloir, assurément, compter.

L’illusion du « toujours moins répressif »


J’ai choisi ce titre en totale contradiction avec celui d’un éditorial du Monde [1] : « L’illusion du « toujours plus » carcéral ». En effet cette rengaine s’enivrant de son humanisme déconnecté devient lassante à force de ne savoir que déplorer la surpopulation pénitentiaire – indiscutable avec 71 000 détenus. Il faut pourtant expliquer qu’au regard de l’augmentation des crimes et des délits graves contre les personnes, elle n’aurait rien de choquant, si les promesses d’Emmanuel Macron sur la construction de nouvelles places de prison avaient été totalement tenues. C’est loin d’être le cas. Seulement 2 500 de 2017 à 2022. 15 000 ont été promises sur les deux quinquennats.

La surpopulation ne vient pas d’un excès de répression mais d’un manque au niveau de l’enfermement.

Il faut cesser de faire croire que tout pourrait être substitué à la sauvegarde sociale qu’apporte l’incarcération, pour les infractions n’imposant qu’elle. À supposer aussi – grande faiblesse française – que l’exécution des sanctions ait été efficiente.

Une législation qui n’est pas assez appliquée

Entonner sans cesse le refrain des peines alternatives a aussi peu de sens que de réclamer mécaniquement un durcissement des peines. Ce genre de proposition n’est qu’une fuite en avant qui évite de s’attaquer au problème central. Notre arsenal législatif est bien suffisant et n’a pas besoin d’être amplifié mais pourquoi est-on incapable de faire respecter les jugements que l’autorité judiciaire a édictés ?

Parce que, d’abord, tout est fait pour qu’ils ne le soient pas. Une sophistication extrême de l’État de droit rend en définitive beaucoup plus malaisée la répression nécessaire que le laxisme périlleux pour la société.

Des principes à revoir

Ensuite, le principe de l’individualisation poussé à l’extrême aboutit à des dénis de justice, avec une importance démesurée attachée aux subjectivités alors qu’en réalité se fonder sur l’objectivation des actes, selon leur gravité intrinsèque au regard de leurs modalités particulières et de leur impact social, aboutirait à une appréhension plus fine et plus réaliste des transgressions.

La manière dont la personnalisation est invoquée apparaît trop souvent comme la volonté de réduire à rien le poids des délits pour échapper à la mauvaise conscience de condamner le prévenu ; quand il ne s’agit pas en cour d’assises de s’apitoyer sur le criminel au lieu de fustiger sévèrement le crime…

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Il me semble que si on revenait sur cette pente apparemment généreuse mais au fond créatrice de beaucoup d’inégalités pénales, les décisions seraient mieux comprises, notamment sur un plan qui choque beaucoup les citoyens : la disparité des sanctions pour des faits globalement à peu près de même nature. Au préjudice par exemple d’une même catégorie : celle des pompiers et du service public qu’ils assurent. Il est scandaleux qu’ils soient mis dans l’impossibilité, dans certains lieux ou au cours de manifestations, d’oeuvrer sereinement pour accomplir leur mission d’intérêt général.

Des sanctions qui doivent être immédiates

Ainsi, à Nîmes, un tribunal correctionnel a condamné à 16 mois dont 8 d’emprisonnement et 8 avec sursis probatoire, avec maintien en détention, l’auteur d’une agression contre trois sapeurs-pompiers qui étaient venus à son secours. Mais en revanche une militante d’extrême gauche, Hager Ameur, déjà signalée pour violences judiciaires et « street medic », filmée en train d’attaquer un pompier à Paris le 1er mai, est passée en comparution immédiate. Une expertise médico-psychologique a été ordonnée et l’affaire renvoyée au 1er juin, Hager Ameur est en attendant placée sous contrôle judiciaire avec notamment une interdiction de manifester.

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Comparant Nîmes avec Paris, comment ne pas s’étonner de l’extrême mansuétude parisienne comme si, malgré les réquisitions contraires du parquet pour le maintien en détention, le tribunal avait cédé à la démagogie, considérant que le plus urgent était de différer et de ne pas sanctionner d’emblée un comportement pourtant doublement répréhensible à cause de la qualité de la victime et de celle de l’auteur ? Convenait-il de questionner l’état psychologique pour trouver un prétexte, avec en plus un contrôle judiciaire la laissant libre, afin de ne pas sévir tout de suite comme il aurait fallu et probablement tirer des conclusions indulgentes le 1er juin ? Tout a été fait pour effacer l’immédiateté gravissime de l’acte au profit d’un atermoiement dont on est sûr qu’il ne marquera pas le moindre coup d’arrêt pour les tentations du même type à venir.

Partant d’un éditorial du Monde pour rejoindre un épisode judiciaire, je n’ai pas quitté au fond le thème sur « l’illusion du toujours moins répressif ». Qu’il soit difficile pour le progressisme élégant et pour une certaine magistrature de recevoir de plein fouet l’enseignement d’une réalité dérangeante, je l’admets bien volontiers.

Mais ils ne sont pas seuls au monde. Pendant qu’ils se mirent dans leur belle mansuétude, une société se désespère. Je comprends celle-ci.


[1] L’illusion du « toujours plus » carcéral, Le Monde, 3 mai 2022.

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Revue royaliste: une restauration

Dynastie, un magazine de qualité qui parle des familles royales à travers l’histoire et le monde, vient de voir le jour. Elle prend la suite d’un titre qui a fleuri dans les années 80 avec Stéphane Bern comme rédacteur en chef. Cette revue historique et culturelle frappe fort en consacrant son premier dossier à une monarque toujours en pleine activité, la Reine Elizabeth.


Si vous aimez les têtes couronnées, vous aimerez Dynastie. Cette revue est à la fois nouvelle et ancienne, puisque c’est sous ce titre qu’ont paru 67 numéros, de 1985 à 1987, consacrés aux différentes maisons royales dans le monde. Stéphane Bern en était le rédacteur en chef. Or, elle vient de renaître sous la houlette d’un homme qui participa à la première aventure de la revue, Philippe Delorme. Pour souligner une continuité à peine ébranlée par l’interruption de 35 ans (avec la royauté, on est dans le temps long), Stéphane Bern figure parmi les contributeurs à ce premier numéro : il a permis à la rédaction de venir chez lui pour interviewer Son Altesse Royale la Grande-Duchesse de Luxembourg. La publication sera trimestrielle, le papier est de qualité et l’iconographie est abondante. Le prix, 10€ le numéro, n’est pas exactement princier mais implique un lectorat composé d’honnêtes gens. Il y a un site web, revuedynastie.fr, dont le rédacteur en chef n’est autre que notre ami, Frederic de Natal, un contributeur de longue date à Causeur.

Le premier numéro de Dynastie met en couverture la Reine Elisabeth II

La transmission à l’honneur

Le sous-titre de la revue étant « Les familles qui font l’histoire », on pourrait supposer qu’il s’agit d’un magazine people, d’une sorte de Closer focalisé sur le Gotha plutôt que sur Hollywood. Mais on aurait grand tort. Dynastie est infiniment plus érudit et plus respectueux de ses sujets (qui, pour la plupart, ne sont pas des sujets). La profession de foi de la revue parle de « redonner à ses lecteurs le goût de l’histoire dont ils héritent ». Ce qui compte ici, ce ne sont pas des potins sur tel ou tel descendant d’une famille noble, mais le patrimoine culturel de l’humanité. Fidèle à sa mission, la revue étale sur ses 112 pages toute la richesse des traditions royales à travers le temps et l’espace, de l’antiquité à nos jours, de la Serbie à la Birmanie.

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L’éclecticisme va jusqu’à embrasser la descendance de Joachim Murat, installé par Napoléon sur le trône de Naples. Cela n’est pas pour plaire à la maison de Bourbon-Deux Siciles, mais la revue est bien plus dans l’enthousiasme pour tout ce qui, de près ou de loin, semble royal que dans la résolution des luttes dynastiques.

Une des raisons d’être des rois et des reines a toujours été de promouvoir les sciences et les arts. Il y a un bel hommage aux frères Bogdanov, descendants d’une princesse austro-bohémienne, qui, pour ceux qui les ont connus personnellement, faisaient toujours preuve d’une générosité et d’une courtoisie dignes de leur lignée. Dans le même registre, la Grande-Duchesse Maria-Teresa remarque que le travail humanitaire représente une « nouvelle chevalerie ». On pourrait même dire qu’il prolonge ce qu’il y a de meilleur dans l’ancienne.

Hommage à la reine d’Angleterre, Elizabeth II

En effet, Dynastie embrasse tout ce qui incarne une tradition défiant le temps. On y trouve un article sur Jordi Savall, le grand champion de la musique ancienne, à qui on ne reprochera pas l’anti-monarchisme de certains de ses compatriotes catalans ; un entretien avec Emmanuel Bréguet, de la famille des horlogers ; ou une interview avec l’académicien, Jean-Marie Rouart. On apprend aussi des faits curieux. Aux Etats-Unis, un descendant de Napoléon a créé l’organisation précurseur du FBI. Quand l’empereur Hirohito a annoncé à la radio la reddition du Japon le 15 août 1945, c’était la première fois que ses sujets avaient entendu sa voix, et sa langue était si archaïque qu’ils n’ont pas compris ce qu’il disait.

Pourtant, là où la nouvelle/ancienne revue frappe très fort, c’est en consacrant son premier dossier à la doyenne des monarques de notre temps, la reine Elizabeth, qui célèbre son jubilé de platine cette année. Côté pédagogie, les néophytes peuvent découvrir sa généalogie, la composition du Commonwealth ou l’explication du blason personnel de Sa Majesté. Le plus précieux ici, c’est le regard des historiens français sur la monarchie britannique qu’ils sont capables de situer dans le contexte des familles royales de l’Europe et d’au-delà. Pour les Britanniques eux-mêmes, l’existence d’une monarchie fait partie de la routine quotidienne et ils ignorent avec trop de superbe l’existence d’autres têtes couronnées. Dans une fine analyse, Franck Ferrand rend hommage à « cette femme d’exception » qui « a tout surmonté bravement, noblement ». Les derniers malheurs qu’elle a dû supporter sont la perte de son époux, le prince Philip, et les âneries de son petit-fils, Harry, manipulé par une opportuniste wokiste. L’évêque anglican de Truro, en Cornouailles, est interrogé sur la fonction ecclésiastique de la Reine, et l’écolo, Yann Arthus-Bertrand, sur le prince Charles, cet agronome épris d’architecture et de philosophie assez new age. Quand il succédera un jour à sa mère, il sera bien avisé d’imiter son exemple et d’éviter toute forme d’ingérence dans le domaine politique.

Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ?

Si nous sommes loin ici de la presse people, il est néanmoins vrai qu’une grande partie du public est fascinée autant par les images et anecdotes des familles nobles que par celles des vedettes du monde du divertissement. La fascination royale a précédé et préparé notre actuelle société du spectacle. Ce fait apparemment banal soulève une question profonde à propos de la royauté. Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ? La réponse à cette question, qui est si cruciale – même aujourd’hui – pour comprendre le phénomène de la royauté, ne peut être que d’ordre anthropologique. La réponse ne peut être trouvée que du côté du sacré, des préoccupations humaines concernant la vie, la mort et la survie. Comme le suggère la référence aux « familles » dans le sous-titre de Dynastie, l’obsession aristocratique avec la généalogie traduit un besoin humain fondamental de continuité, de lien avec des origines et d’organisation du processus biologique par lequel les nouvelles générations viennent au monde. La question de la royauté appelle des plongées profondes dans le psyché humain.

A cet égard, nous avons l’exemple des travaux de l’anthropologue belge, Luc de Heusch (1927-2012), auteur, entre autres, d’Écrits sur la royauté sacrée (1987). Des chercheurs contemporains continuent à se pencher sur le sujet. Vous me direz que de telles élucubrations n’ont pas leur place dans une revue « grand public ». Pourtant, l’exemple des Bern et des Ferrand montre tout ce qui peut être fait par la vulgarisation historique au sens le plus noble du terme. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une vulgarisation anthropologique. C’est d’autant plus urgent à l’heure où l’identité de genre, la GPA et le transhumanisme menacent la reproduction de l’espèce humaine telle que nous la comprenons. La nouvelle revue royaliste relèvera-t-elle le défi de cette vulgarisation anthropologique ? Un preux chevalier ne saurait refuser un défi…

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La France à l’encan

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D.R.

Attrition de Francis Bécourt est un premier roman qui place son auteur d’emblée chez les antimodernes.


Frédéric Bécourt signe un premier roman qui le place dans ce qu’on appelle les antimodernes. Le titre est original: Attrition. Entendez usure. À l’image de notre société.

Il est écrit également que le mot attrition signifie « le regret d’avoir offensé Dieu ». C’est tous les jours qu’on offense Dieu. Durant la Semaine Sainte, les attaques politiques n’ont pas cessé. Même le dimanche de Pâques, il n’y a eu aucune trêve ! Les invectives ont fusé comme des balles de kalachnikovs. La société est fracturée, elle ne sait plus agiter le drapeau blanc. Nous sommes en 2017 dans le roman de Bécourt. Son personnage principal se nomme Vincent Sorgue. Sa vie sentimentale est en ruine. La dépression le guette, malgré l’agence de communication digitale qu’il dirige qui l’occupe. Il en a assez de la vie parisienne, de ces connections effrénées qui paradoxalement l’isolent et des violentes dérives de la société que ses contemporains refusent d’admettre malgré les coups de semonce du réel. Ils dansent au bord du gouffre. Vincent a ôté le bandeau.

On ne perd pas toutes les guerres depuis 40 sans conséquences

Le vertige le saisit. C’est qu’il y a eu les attentats contre l’école juive de Ozar Hatorah (Toulouse), Charlie Hebdo, le Bataclan, la décapitation d’un prof, l’égorgement d’un prêtre, l’assassinat de militaires et policiers, les incendies d’édifices religieux, les attaques au couteau, les bonbonnes de gaz, etc. Et malgré ces massacres à répétition, rien. L’aboulie d’un peuple apeuré. Bécourt : « En assurant la photosynthèse, c’est-à-dire en transformant les recettes fiscales en prestations sociales, l’État-providence garantissait simplement la persistance d’une forme de vie inconsciente. »

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Le héros de Bécourt, Vincent, car c’est d’une certaine manière un héros quand il formule l’informulable, constate : « Comment cette nation autrefois rebelle était-elle devenue aussi apathique, au point d’avoir peur d’elle-même ? Au point d’avoir honte de ses valeurs et de son histoire ? » C’est une nation, sans mémoire, inculte, défaite. On ne perd pas toutes les guerres depuis 1940 sans conséquences. L’horizontalité a fait son œuvre. Vincent ressemble à un personnage houellebecquien, ai-je pu lire. Pas certain, car Vincent ne se soumet pas. Il dépeint avec lucidité, ce qui devrait être le but de tout romancier en lutte contre le camp du Bien, l’essor effréné de la doctrine libérale et l’aggravation de ses effets, à savoir la dissolution de la France dans la mondialisation et l’acceptation des identités islamistes. Il se replie alors hors de Paris, certes, dans la Vallée de Chevreuse, où l’abbaye de Port-Royal des Champs accueillit Blaise Pascal et Jean Racine. Tout n’est pas perdu donc, il y a une lueur qui brille, et elle se nomme l’espérance.

La France, grand corps malade

L’islam politique et radical gagne du terrain et le communautarisme prospère dans les banlieues. Vincent se retrouve face à Yassine Benacer, homme de gauche, responsable de la communication à la mairie de Bobigny, pour un éventuel contrat avec son agence. Benacer est un homme de terrain, ses budgets sont conséquents, mais le système ne fonctionne plus. Né en 1978, à Bobigny, d’un père immigré marocain, son constat est sans appel. « Les nouveaux arrivants n’ont aucune intention de se mêler aux autres, de rejoindre une communauté nationale. Ils souhaitent simplement être considérés comme Français, mais sans forcément le devenir. » Le personnage de Benacer ajoute : « Ça fait longtemps qu’on n’est plus dans le mythe de l’intégration républicaine. » Plus loin, Vincent évoque la probable « échéance inéluctable d’une partition, voire d’une atomisation des territoires urbains ».

L’intrigue de ce premier roman est bien ficelée, du début à la fin. Le style est efficace et les mots sont précis. Le stylo de l’auteur est un scalpel. Le corps de la France est gravement malade. Il pue. Tout le monde tourne le regard et se bouche le nez. Encore un instant de bonheur pensent les boomers du haut de leur terrasse. Pas Bécourt.

Frédéric Bécourt, Attrition, AEthalidès.

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Bouquet final

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Michel Bouquet en Robespierre dans la pièce de Jean Anouilh, Pauvre Bitos, sur la scène du Théâtre de Paris, octobre 1967 © Georges Hernad / Ina via AFP

Homme de théâtre qui a tout sacrifié à son art, Michel Bouquet a emporté avec lui une idée radicale de son métier. Une intransigeance de l’acteur qu’il s’est efforcé d’exercer comme un sacerdoce.


Michel Bouquet est mort, et c’est un monde qui meurt avec lui. Il emporte dans le tombeau une époque dont il était l’acteur, des auteurs dont il était l’interprète, des acteurs dont il était le partenaire. Les trois derniers grands acteurs étaient, selon moi, trois Michel : Serrault, Galabru, Bouquet. Trois clowns tragiques, trois maîtres de leur art, trois personnalités écrasantes, trois fous. Ils sont désormais tous partis et nous laissent dans un monde bien raisonnable dans lequel leur folie ne sera plus là pour nous tirer de notre petit confort à nous satisfaire de peu.

Les adieux de Bouquet à la scène eurent lieu au Théâtre de la Porte Saint-Martin, dans le costume d’Orgon dessiné par Christian Lacroix, aux côtés de Michel Fau qui jouait Tartuffe et signait la mise en scène. Il avait alors 91 ans et, chaque soir, se pliait à cet art si difficile, à ce sport de haut niveau, à cette discipline de fer qu’est le grand rôle en alexandrins. Je l’ai vu quatre fois. Il était, certains soirs, plus fatigué que d’autres, certes, mais soudain, le personnage et le rythme des douze pieds répétés infiniment l’emportaient. Il entrait alors dans une sorte de transe, de fureur parfois, le regard devenait tragique, la voix s’amplifiait et allait frapper les murs les plus lointains de la salle. Les dieux étaient là. Il était tel un vieux lion, un vieux roi, âgé, fatigué, mais toujours dangereux, toujours capable d’un magistral coup de griffe, toujours capable de tonner, de faire s’abattre la foudre sur les planches du théâtre.

Le théâtre, c’était mieux avant

Le corps était affaibli mais Bouquet, comme Serrault et Galabru, jusqu’à la fin restait un enfant. C’est d’ailleurs son regard d’enfant qui le tenait vivant, le regard qu’il porta adolescent sur la scène du Théâtre-Français, pendant la guerre, lorsque la grande tragédienne Madame Segond-Weber jouait le rôle d’Agrippine dans Britannicus, se tenant droite et immobile, déclamant les vers raciniens de sa voix chantante – c’étaient alors ses adieux. Ce souvenir ne quitta jamais Michel Bouquet. Ce fut pour lui la révélation d’un mystère : le théâtre. Jamais ensuite il ne verra plus grande actrice, plus grande maîtrise, plus haute incarnation de la tragédie. Cette chose mystérieuse qu’il avait vue de ses yeux ne cessa, sa vie entière, de l’interroger. Comment tant de présence, de prodige étaient-ils possibles ? Bouquet ne disait guère de mal de ses contemporains, mais l’écouter suffisait à comprendre son passéisme. Au théâtre, rien de notre époque ne le fascinait. Il disait qu’on ne pourrait jamais plus jouer Pirandello comme l’avait joué Charles Dullin. Qu’on ne pourrait jamais plus jouer L’École des femmes comme l’avait jouée Jouvet.

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Dans une interview datant de 2016, Philippe Bilger lui demandait si l’on pouvait dire, aujourd’hui, qu’il n’y avait plus de grands auteurs. Réponse de Bouquet : « Oh non… il y a beaucoup de grands auteurs actuellement, oh la la… Il y a Harold Pinter ! Il y a… Thomas Bernhard… Il y en a une quantité énorme ! » Même pour parler d’aujourd’hui, Bouquet parlait d’hier. Il était un acteur d’autrefois, et comme on faisait autrefois sur scène, il ne parlait pas mais chantait. Sa voix, son phrasé était reconnaissable entre tous. Qui pourrait imiter le jeu de Pierre Niney, de Philippe Torreton ou d’Isabelle Carré ? La chose ne serait pas aisée car rien ne les distingue, rien ne les caractérise si ce n’est le manque de personnalité. Bouquet, Galabru et Serrault s’apparentaient aux acteurs du passé, qui imposaient leur musique, leur poésie, qui inventaient une forme, qui jouaient « plus grand que la vie », tels Raimu, Fresnay, Jouvet et jusqu’aux seconds rôles comme Robert Le Vigan, Noël Roquevert, Julien Carette ou Saturnin Fabre.

Une façon de jouer a disparu à jamais

Qui ose le faire aujourd’hui ? Michel Fau, Fabrice Luchini… et c’est une lutte pour eux ! Et chez les plus jeunes ? Personne. Aujourd’hui, c’est le naturel que l’on recherche, le quotidien. « La vérité n’a rien à voir avec le naturel. Le naturel, c’est ce qui tue complètement l’art ! » disait Bouquet. Lorsqu’on lui demandait si ce ne serait pas désuet de jouer, de nos jours, comme Madame Segond-Weber le faisait en son temps, il répondait : « Oh non… mais non ! Madame Segond-Weber n’est pas désuète, c’est le public qui est désuet. » Qui, désormais, parlera de cette tragédienne et de son public qui, pendant la guerre, lui offrait à la sortie de la Comédie-Française des paniers de légumes en guise de remerciement – avant qu’elle remonte, seule, la rue de Richelieu chargée de ses paquets. Michel Bouquet emporte avec lui Madame Segond-Weber comme il emporte Anouilh, Maurice Escande, Grémillon, Pinter, Dullin, Jouvet et tant d’autres. Il emporte avec lui cette époque du théâtre et du cinéma dont la sincérité, le travail acharné, la passion folle sont aujourd’hui remplacés par l’embourgeoisement, le vedettariat le plus vulgaire et les bons sentiments.

A lire aussi : L’effroi lui allait si bien

Michel Bouquet, dans sa pureté, aura eu pour quête et obsession le mystère de l’art, de la grâce, du chef-d’œuvre. Par son travail quotidien, obsessionnel, acharné, et par son génie, il aura atteint le sommet de l’art de l’acteur. Mais pour une autre raison aussi. « Il y a un art de l’interprétation que l’acteur doit défendre, même contre le metteur en scène », affirmait-il. Il savait la nocivité de ce dernier, la place prépondérante et dictatoriale qu’il avait prise dans le monde du théâtre. Il en avait parfois fait les frais. Bouquet disait qu’il ne pouvait être que l’interprète du poète, pas celui du metteur en scène. Il décida un jour d’en finir avec ce dictat et prit la décision de choisir lui-même les metteurs en scène des pièces qu’il jouerait, afin que ceux-ci n’interfèrent pas entre le poète et lui. Bouquet est mort, sa voix raisonne encore. Vivant déjà, elle semblait sortir des cieux ou des enfers. Cet homme n’était pas un homme. C’était une mystérieuse créature envoyée sur terre par les dieux du théâtre pour proférer la parole des poètes. Bon voyage grand Bouquet, et à bientôt.

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« Sur les rives de Tibériade » de Rachel

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D.R.

Une grande voix des lettres hébraïques traduite en français aux éditions Arfuyen


Les éditions Arfuyen ont entrepris depuis 2006 de traduire en français les œuvres complètes de la poétesse Rachel (Rahel, en hébreu), dans une traduction de Bernard Grasset. Après Regain (2006) et De loin, suivi de Nébo (2013), c’est aujourd’hui le dernier recueil de son œuvre poétique qui paraît, en édition bilingue comme les précédents, sous le titre Sur les rives de Tibériade.

Chacun en Israël connaît les poèmes de Rahel, qui sont étudiés au lycée et dont beaucoup ont été adaptés par les plus grands artistes israéliens et sont devenus des chansons populaires.

Elle est à juste titre considérée comme une des grandes voix de la poésie hébraïque au vingtième siècle, et comme une des fondatrices de la littérature hébraïque moderne, aux côtés de S. J. Agnon ou de Yossef Haïm Brenner.

Morte à quarante ans

Son traducteur, Bernard Grasset, est issu d’une famille de paysans-vignerons et d’artisans vendéens. Dans la préface au livre, intitulée “Dans le jardin du cœur”, il expose les éléments essentiels de l’art poétique de Rahel, marqué par la lecture de la Bible, et ses thèmes favoris, comme ceux de l’espace et du temps, sa fascination pour la nature et son expérience de la souffrance.

Rahel, qui est “montée” en Israël en 1909 (elle se trouvait en voyage avec sa sœur et a décidé de ne pas retourner dans sa Russie natale), a en effet connu une existence brève et difficile. Atteinte de tuberculose pendant la Première Guerre mondiale, elle en mourra en 1931, à l’âge de quarante ans seulement. Sa vie marquée par l’expérience de la pauvreté, de la maladie et de la souffrance nourrit une poésie qui, note Grasset, “s’élève comme une prière”. Dès son premier poème, qui figure en ouverture du présent recueil, elle déclare :

Pourtant je ne me suis pas révoltée contre le destin,
J’irai avec joie à la rencontre de tout,
Pour tout je rendrai grâce !

Ce poème initial, écrit alors qu’elle est encore jeune fille à Odessa, donne – explique son traducteur – la clef ultime de son œuvre et de sa vie. Effectivement, Rahel a accepté son destin de femme et de poète, et a su écrire, en dépit de la solitude et de la maladie, des vers empreints d’une joie profonde, qui alterne avec la tristesse et avec un sentiment de gratitude.

Le recueil Sur les rives de Tibériade comporte également une série de lettres – dont plusieurs rédigées par Rahel alors qu’elle se trouvait à Toulouse, pour y étudier l’agronomie – et des articles de journal portant sur des sujets divers. Dans un article, Rahel répond à M. Beilinson, qui décrit la vie des pionniers de la Deuxième Alyah comme une existence “sans joie et sans fête…” Rahel, qui fait partie des membres de la Deuxième Alyah, rejette avec force cette description, écrivant notamment :“Se lever tôt le matin, non pour suivre un enseignement ou s’occuper de comptabilité – ce qui est de tradition chez un jeune Juif – mais pour aller dans les champs, au contact qui purifie, renouvelle, élève avec sa terre maternelle, semer et planter, être associé au Saint, Béni soit-Il, dans la création du monde, se reposer le jour du shabbat en compagnie de garçons et de filles épris comme toi de l’antique patrie, croire, rêver et espérer – appellera-t-on cela une vie banale ?

Tragique et espérance

Dans cette réponse pleine d’émotion, on découvre un visage de Rahel que les précédentes traductions de ses poèmes laissaient dans l’ombre, ou ne laissaient qu’entrevoir entre les lignes : celui de la pionnière et de la sioniste ardente, qui a fait le choix difficile et exigeant de l’alyah, de la montée en Israël et qui a donné sa vie au pays d’Israël. Ce n’est pas le moindre intérêt du livre que de compléter ainsi la lecture poétique par celle, plus théorique ou politique, des articles et lettres de Rahel qui permettent au lecteur de faire connaissance avec la femme qui se cache derrière la poétesse. Et quelle femme !

Dans les dernières lignes de sa préface, le traducteur écrit : “La poésie de Rachel est un chant tragique, elle est aussi un chant d’espérance”. Et il ajoute dans une Note sur la traduction : “J’aurais aimé rencontrer Rachel dans sa petite chambre face à la mer à Tel-Aviv, où elle recevait ses amis: qu’aurait-elle pensé de mes traductions, elle qui connaissait si bien le français, les aurait-elle aimées ?” Question à laquelle on ne peut évidemment répondre, mais on nous permettra malgré tout de dire : oui, Bernard Grasset, elle aurait aimé vos traductions et aurait apprécié d’être ainsi, grâce à vous, rendue accessible aux lecteurs de France, pays qu’elle avait connu et aimé, et vous en aurait été reconnaissante, tout comme nous le sommes.

Sur les rives de Tibériade de Rachel (Arfuyen)

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Alexis Corbière veut mettre tout le monde «à la niche»

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Le député Alexis Corbière sur Europe 1, 29 avril 2022. D.R.

Sur Europe 1, le député mélenchoniste montre son vrai visage.


Taha Bouhafs est un journaliste militant qui n’a pas hésité, en 2018, à inventer un étudiant gravement blessé par la police devant la fac de Tolbiac, et qui a été condamné en 2021 pour injure publique en raison de l’origine envers Linda Kebbab, policière qu’il avait traitée d’« arabe de service » – M. Bouhafs a fait appel de cette condamnation. Sur Twitter, le 18 février 2019, ce charmant jeune homme s’adresse à Benoît Hamon : « Sale sioniste veut dire sale juif ? Sacré Benoit, c’est bientôt le dîner du CRIF, et t’as pas envie d’être privé de petits fours, je comprends. » Un peu plus tard, il tronque les propos du philosophe Henri Peña-Ruiz pour ne garder qu’un « on a le droit d’être islamophobe » polémique qu’il diffuse sur Twitter. Il fut également un des co-organisateurs de la marche contre « l’islamophobie » du 10 novembre 2019 qui vit tous les députés LFI, des députés communistes (Elsa Faucillon, Ian Brossat, Stéphane Peu) et Yannick Jadot, défiler aux côtés de Marwan Muhammad (ex-dirigeant du CCIF). Entre autres faits d’armes.

A lire aussi, Jean-paul Brighelli: Islamo-gauchisme: comment la société française en est arrivée là

Outrecuidant Pavlenko

Sur Europe 1, le journaliste Dimitri Pavlenko a eu l’outrecuidance de demander au député LFI Alexis Corbière ce qu’il pense de la potentielle investiture sous la bannière de la Nouvelle union populaire de Taha Bouhafs à Venissieux, rappelant au passage que LFI a soutenu la proposition de résolution de Fabien Roussel pour rendre inéligibles les coupables d’incitation à la haine raciale.

Après de gros soupirs d’exaspération, Alexis Corbière monte sur ses grands chevaux et l’entretien devient totalement délirant. Si Dimitri Pavlenko agite le chiffon Bouhafs, c’est qu’il est raciste : « Arrêtez le délit de faciès politique (sic) envers certaines personnes » […] « Vous vous acharnez contre des militants qui ont toujours le même profil, des militants de la jeunesse qui sont d’origine maghrébine. » On connaissait la reductio ad hitlerum, voici la reductio ad racismum. Immédiatement suivie de la reductio ad antijeunismum : « Il a 25 ans, 25 ans ! et vous êtes, vous, journaliste d’Europe 1, en train de me parler de ça ? »

Quand on a 25 ans et qu’on est issu des « quartiers », on a le droit de faire ce qu’on veut. À propos de la tête en carton de Marine Le Pen que le journaliste militant exhibait au bout d’une pique lors d’une manifestation, Alexis Corbière repique à la reductio ad racismum : « C’était métaphorique. […] Tout le monde a le droit de caricaturer sauf un. Et comme par hasard il s’appelle Monsieur Bouhafs ».

Pique métaphorique

Puis, Dimitri Pavlenko ne se laissant pas intimider, le naturel revient au triple galop et M. Corbière montre son vrai visage – le même que celui qu’il avait lorsqu’il avait injurié Stanislas Rigault (président de Génération Z) dans les coulisses de l’émission “Face à Baba” et que sa compagne, Rachel Garrido, avait reproché à ce dernier de « sucer la bite à son chef », geste à l’appui. Les traits se crispent, le geste devient sec et la bouche humide : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. […] Vos campagnes de calomnie minables – je m’adresse à vous et à travers vous, à ceux qui les mènent – ne nous font pas peur. »

À lire aussi, Elisabeth Lévy: La faucille et la burqa

Dimitri Pavlenko lui demande alors si cela aussi, le traiter de « petite hyène », c’est « métaphorique ». Le député, culotté, lui rétorque que ce n’est pas à lui qu’il parle… Puis, se rendant compte de son dérapage, il présente furtivement ses excuses au journaliste et se lance à nouveau dans un plaidoyer pour la défense d’un Taha Bouhafs accablé par des méchants « sur les réseaux sociaux » à cause de son âge, de son origine maghrébine, de son milieu social, de son engagement.

Deux poids, deux mesures

On reconnait là les manières de l’extrême-gauche. Mais on n’entend guère les médias s’offusquer de ces brusqueries. Imaginons un instant, au hasard, Marine Le Pen ou Éric Zemmour aboyant à un journaliste qui les bouscule : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. » Nous aurions eu droit alors à des cris d’orfraie, des pétitions, des tribunes d’indignation, des larmes – la démocratie aurait été en danger et le fascisme à nos portes. La presse en aurait fait des tonnes, décrivant les mises à mort des journalistes si l’extrême-droite avait gagné les élections. Bref, la moraline aurait coulé à torrents pendant des jours. Oui, mais… les représentants politiques de ce que les organes de presse les mieux-pensants appellent « la gauche de la gauche » ont le droit, eux, de cracher sur les journalistes. Et même de les menacer. L’extrême-gauche sectaire et vindicative jouit d’une immunité totale – il n’y a pas de « barrage contre l’extrême-gauche », quand bien même celle-ci façonne en ce moment une alliance monstrueuse qui n’est en réalité que la mise à disposition pour LFI d’une chair à canon électorale (NPA, PCF, PS, EELV) lui permettant de conforter son influence islamo-gauchiste. Rien n’y fait, la presse bien-pensante s’écrase. MM. Corbière et Coquerel et Mmes Obono, Autain et Garrido, pour ne nommer que les plus “Enragés” (1) de la bande mélenchoniste, ont trouvé la parade. L’islamophobie, le racisme ou l’anti-jeunisme supposés de leurs interlocuteurs (ou de certains Français) leur servent de réponses à toutes les objections – et refroidissent les journalistes les plus timorés qui ne veulent pas se retrouver taxés des pires tares. Pour les journalistes plus vaillants, comme Dimitri Pavlenko, la menace à peine camouflée est de rigueur. On sent l’esprit robespierriste et la froideur de l’acier flotter au-dessus des studios. Mais la guillotine n’étant plus d’usage, Corbière menace « de la niche » les récalcitrants !

Pour le moment, les potentiels protestataires qui auraient dû s’indigner de tels propos n’ont nul besoin d’être mis à la niche ; ils y sont déjà, enchaînés par des années de reculade et de compromission passive.

Le soir des élections, on entend, au loin, leurs faibles aboiements.

Rien qui puisse effrayer des députés d’extrême-gauche qui aboient plus fort qu’eux et qui, les victoires électorales aidant, finiront bien par les faire taire définitivement…

Gardienne de la paix et de la révolte

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(1) Ainsi étaient appelés certains révolutionnaires, parmi les plus radicaux, en 1793.

Les fausses notes de Claude Zidi Junior

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Mohamed Belkhir (MB14) © Studio Canal

Le fils du célèbre réalisateur Claude Zidi a choisi de réunir à l’écran l’actrice Michèle Laroque et le rappeur MB14 (de son vrai nom Mohamed Belkhir, révélé en 2016 par l’émission The Voice), dans l’objectif de rapprocher deux univers que tout oppose: le rap et l’opéra…


On passera charitablement sur l’étrange captation d’héritage paternel avec ce « Junior » très américain et un peu dérisoire…

Le premier film du « fils de… » ne restera malheureusement pas dans les mémoires ou alors dans celles du gentil nanar à la française.

Ténor lorgne avec application du côté des « films qui font du bien » devant lesquels on se dit qu’une petite dose d’intranquillité cinématographique ne peut en réalité pas faire de mal. Cette fois,  il s’agit de réconcilier l’opéra et le rap dans une vaste célébration du « tout se vaut » cher à Jack Lang. Déroulant son protocole bienveillant, le cinéaste enchaîne les scènes convenues de découvertes réciproques au cours desquelles les forcément blonds jeunes gens des beaux quartiers côtoient les cheveux bruns de leurs homologues banlieusards.

Ce simplisme social qui envahit tout ne peut que susciter une réaction de rejet de la part d’un spectateur lassé d’écouter le même sermon, sans que jamais, cette fiction télé sur grand écran ne se pose la moindre question formelle.


[Vidéo] Mansplaining #1: Génération trans, sauvons les enfants!

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Jeremy Stubbs nous parle du nouveau numéro de Causeur, disponible à la vente.


Quelle est votre identité de genre? Vous êtes une femme? Vous êtes un homme? Une fille? Un garçon? 
Mauvaise réponse !!
Le concept de sexe biologique appartient au passé avec le système féodal, pauvres paysans ! Les lobbyistes du genre ont monté une campagne pour effacer le sexe biologique du droit et des mœurs au profit de l’identité de genre, qui est entièrement subjectif et fluide. 

Causeur propose un dossier spécial sur la question dans son magazine de mai 

Selon la doctrine fantaisiste de l’identité de genre, un individu peut se sentir masculin ou féminin, passer de l’un à l’autre (transgenre), être les deux à la fois (non binaire), ou n’avoir aucun genre (agenre). À l’école, les enfants seront encouragés à croire qu’ils peuvent choisir leur genre (ou l’absence de genre) et ensuite le modifier, selon leur caprice.

La science objective – finie
Les droits des femmes – finis
La protection des enfants – finie
Leur capacité, demain, à fonder une famille – en danger
Et des personnes dépendantes à vie de drogues dont les effets à long terme sont inconnus et dont les coûts sont pharaoniques…

Et tout cela se passe en douce, derrière notre dos. C’est pour cela que dans le numéro actuel de Causeur, nous poussons un cri d’alarme. Il faut sauver les enfants ! Vous pouvez y lire les témoignages de parents désemparés qui expriment leur détresse. Interviewé, le psychanalyste Jean-Pierre Winter attribue cette folie à l’effacement de l’autorité, surtout paternelle.

Notre numéro 101 est disponible sur le kiosque numérique dans la boutique en ligne, et demain en vente chez le marchand de journaux !

Et je mets à nu tout un système d’ONG, de cabinets d’avocats, d’organismes publics, d’universités, d’hôpitaux, d’entreprises, de politiques et de people au service de ce bouleversement – système financé par un petit nombre de milliardaires. Allons-nous nous laisser faire? Aux États-Unis, des instituteurs essaient déjà d’initier leurs petits élèves à la doctrine du genre. En anglais, on appelle ça « grooming », un mot qui désigne normalement le pédopiègeage. L’hyperbole est forte, mais ils veulent empoisonner les jeunes esprits avant d’empoisonner leur corps.  Allez-vous laisser faire ça? 

Causeur parle aussi de la réélection d’Emmanuel Macron qui, avec bienveillance, veut organiser une réconciliation nationale. Tous les citoyens sont invités au grand dialogue, même ceux qui ont voté Mélenchon – mais pas les pauvres diables qui ont voté Le Pen ou Zemmour…


IVG, une saga américaine

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Une fuite publiée sur le site de Politico laisse croire que la Cour suprême des Etats-Unis se prépare à revenir sur sa décision du 22 janvier 1973 dans la célèbre affaire Roe VS Wade.


En 1968, âgée de 21 ans, Norma McCorvey tombe enceinte. C’est la troisième grossesse de cette jeune Texane depuis ses 16 ans et elle a déjà donné naissance à deux enfants qu’elle a fini par donner en adoption. Des amis lui conseillent de prétendre – de façon tout à fait mensongère – qu’elle a été violée par un groupe de Noirs afin d’obtenir une IVG légale (on ne sait jamais, des fois que la loi du Texas prévoie une telle exception…). Ce plan foireux ne marche pas, la police n’étant pas dupe. Après avoir tenté sans succès de faire une IVG illégale, son médecin lui suggère de consulter un avocat spécialisé dans l’adoption à Dallas qui l’oriente à son tour vers Linda Coffee et Sarah Weddington, deux avocates à la recherche de femmes enceintes souhaitant avorter.

Row v. Wade

Ainsi débute affaire Roe v. Wade (« Jane Roe » était le pseudo de McCorvey et Henry Wade était le procureur du district à Dallas). Il a fallu trois ans de procès avant que l’affaire n’arrive devant la Cour suprême des États-Unis. McCorvey a entretemps accouché et, de nouveau, renoncé à sa maternité. Jusqu’à sa mort, elle est en revanche restée la « mère » de l’une de décisions de justice les plus importantes de l’histoire américaine.

Le 22 janvier 1973, après avoir étudié son cas, la Cour suprême décide (à sept voix contre deux) de juger inconstitutionnelle la loi de l’Etat du Texas qui interdisait l’interruption volontaire de grossesse (IVG), sauf lorsqu’elle est nécessaire pour sauver la vie de la mère.

Les grandes lignes de cette décision de la majorité des juges sont très claires. Le droit à la vie privée, bien qu’il ne soit pas explicitement mentionné dans la Constitution, est protégé par la clause de procédure légale régulière (« due process ») du quatorzième amendement. Voici le texte (section 1 du quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis, voté le 9 juillet 1868) : « Toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyen des États-Unis et de l’État dans lequel elle réside. Aucun État ne fera ou n’appliquera de lois qui restreindraient les privilèges ou les immunités des citoyens des États-Unis ; ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ; ni ne refusera à quiconque relevant de sa juridiction, l’égale protection des lois ».

Selon la majorité des juges de la Cour suprême, ce droit est suffisamment large pour englober la décision d’une femme d’interrompre ou non sa grossesse. En conséquence, toute loi pénale sur l’IVG qui ne prendrait pas en compte le stade de la grossesse et des intérêts autres que la seule vie de la mère est jugée comme une violation de la procédure régulière et donc du quatorzième amendement.

Ce droit à l’IVG est dès lors considéré comme « fondamental » et ne peut donc être réglementé que sur la base d’un intérêt « impérieux » d’un Etat. Et la Cour reconnait aux Etats deux intérêts « importants et légitimes » : le premier étant de protéger la santé de la mère, le second de protéger la vie (ou la vie potentielle) du fœtus.

La grossesse des femmes divisée en trois périodes

Cependant, ni l’un ni l’autre ne peut être considéré comme « impérieux » pendant toute la durée de la grossesse, car chacun évolue avec l’enfant à naître. Ces intérêts sont séparés et distincts et prennent de l’ampleur à mesure que le terme de la grossesse approche. A certains moments donnés au cours de la grossesse, chacun de ces intérêts devient impérieux de manière à justifier l’intervention de l’Etat. La Cour suprême a ainsi divisé la grossesse en trois périodes.     

Au cours du premier trimestre de la grossesse, aucun des deux intérêts n’est suffisamment impérieux pour justifier une interférence quelconque avec la décision de la femme et de son médecin. Les appelants ont renvoyé la Cour à des données médicales indiquant que les taux de mortalité des femmes subissant des IVG précoces, là où l’IVG est légale, « semblent être aussi bas ou plus bas que les taux pour un accouchement normal ». Ainsi, l’intérêt de l’Etat à protéger la santé de la mère (très faiblement menacée) n’est pas impérieux pendant le premier trimestre. Puisque l’intérêt de protéger le fœtus n’est pas non plus impérieux, pendant le premier trimestre, l’Etat ne peut ni interdire une IVG ni réglementer les conditions dans lesquelles il est pratiqué.

Lorsqu’on entre dans le deuxième trimestre, l’intérêt de protéger le fœtus reste toujours moins qu’impérieux. Cependant, à ce stade, les risques que représente l’IVG pour la santé de la mère commencent à dépasser ceux de l’accouchement. Il s’ensuit qu’à partir de ce moment, un Etat peut réglementer la procédure d’IVG dans la mesure où la réglementation est raisonnablement liée à la préservation et à la protection de la santé maternelle, sans pour autant l’interdire.

Enfin, pendant le troisième trimestre, au moment où le fœtus devient « viable », le protéger devient impérieux. À partir de ce moment, un Etat peut interdire les IVG sauf lorsqu’ils sont nécessaires pour protéger la vie ou la santé de la mère.

Invariants américains

En introduisant la logique « semestrielle » et les intérêts de la mère et de son embryon-fœtus, la Cour suprême a ainsi donné la « clé » de son raisonnement. Les critiques sur ce raisonnement n’ont pas tardé. Pour ce qui concerne la pertinence du quatorzième amendement, il a été rappelé que des lois réglementant l’interruption volontaire de grossesse existaient dans certains états de l’Union depuis les années 1820 sans que l’adoption du quatorzième amendement ne les rende inconstitutionnelles pendant plus d’un siècle (entre 1868 et 1973). Et, bien entendu, la question la plus épineuse de toutes reste celle du moment exact où la vie commence.  

Cependant, aujourd’hui comme en 1972-1973, la question de l’IVG aux Etats-Unis est politique tout autant que morale ou juridique. La décision de 1973 est considérée comme un évènement important dans l’évolution de l’activisme judiciaire, une vision plutôt maximaliste de la fonction du juge constitutionnel, le mettant en conflit encore plus direct avec le législateur car il s’agit de le remplacer, d’aller là où il ne voulait ou ne pouvait pas aller, et non plus se satisfaire de le compléter ou l’interpréter selon ses intentions présumées.

Il est également intéressant de noter que les nouveaux droits accordés par la Cour suprême (comme la contraception et les droits des homosexuels, qui sont aussi fondés sur ce même socle constitutionnel) émanent de ce quatorzième amendement. Avec sa son aîné, le treizième amendement, et sa cadette le quinzième amendement, adoptés entre 1865 et 1870, ce sont « les amendements de la Reconstruction » ou de la guerre civile, destinés à garantir la liberté des anciens esclaves, à leur accorder certains droits civils et à les protéger de la discrimination (et avec eux, tous les citoyens des États-Unis).

Cependant, ces amendements ont été brimés et érodés par les lois des etats et les décisions successives des tribunaux fédéraux tout au long dès les années 1880-1960. Quant à la Civil Rights Act votée en 1964, c’est une véritable révolution judiciaire et législative qui, comme nous venons le voir, a ouvert la voie à bien d’autres évolutions. Et qui fracture la société américaine sur des lignes intéressantes. Selon un sondage de la Pew Institute de mars 2021, 34% des Américains affirment que dans la plupart des cas – mais pas tous – l’IVG devrait être légale et 25% pensent qu’elle devrait être légale dans tous les cas. 26% pensent que dans la plupart des cas elle devrait être illégale et 13% qu’elle doit être toujours illégale. Mais, à y regarder de plus près, environ trois quarts des évangéliques blancs (77%) pensent que l’IVG devrait être illégal dans tous ou la plupart des cas. Et ils sont les plus nombreux dans les Etats emblématique de la Confédération (1861-1865) et le Sud profond (Georgie, Kentucky, Tennessee, Alabama, Mississipi, Virginie. Les causes évoluent mais les lignes de fractures changent peu.

Quant à Norma McCorvey, disparue en 2017, elle n’a cessé jusqu’à sa dernière heure, de changer de version et d’opinion. On ne saura probablement jamais ce qu’elle a vraiment pensé de toute cette affaire. Dans le fond, cela n’a pas grande importance. Et il parait même juste que cette décision de justice célèbre ne porte pas son vrai nom.

« Épidémie » d’obèses, la France en première ligne

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Image d'illustration Unsplash

Selon l’OMS, près du 1/4 des Européens sont en surpoids. En vue des législatives, pour s’attirer les voix de la communauté des gros, en forte augmentation, Emmanuel Macron pourrait “envoyer un message” en nommant un obèse à Matignon.


Ils obstruent les allées des supermarchés et prennent près de deux places dans le bus. Ils vous acculent à ralentir quand vous pressez le pas dans la rue, vous rappelant que la patience est mère de toutes les vertus. Souvent humbles, parfois forts en gueule – voire organisés en minorité active – les gros sont aujourd’hui partout, et ils sont de plus en plus nombreux. 

Confinement + Kinder = Surprise !

Une étude de l’OMS sonne le tocsin. Désormais en Europe, près d’un quart des adultes sont obèses, ce qui serait à l’origine de plus de 1,2 million de décès par an, soit plus de 13% des morts en Europe. Et l’OMS de suspecter les confinements successifs comme fautifs, confinements qu’elle avait jadis tant encouragés dans le monde voire sanctifiés, et qui auraient « entraîné une augmentation de l’exposition à certains facteurs de risque, qui influencent la probabilité qu’une personne souffre d’obésité ou de surpoids », écrit l’organisation dans un rapport en anglais. Sans blague ?

A lire aussi: Amsterdam: vers la préférence nationale pour les fumeurs de pétards

Et maintenant ? Il suffit de voir nos adolescents se ruer sur les échoppes de kebab ou de « tacos » sans porc dégoulinants de sauce samouraï, ou de voir nos enfants se gaver de Kinder Surprise, Kinder Bueno ou autres chocolats industriels gorgés de graisses saturées et d’huile de palme, ou bien ces mères de famille au RSA emplissant leurs caddies de sodas et de bonbons pour leurs marmots pour comprendre que nos rues ressemblent de plus en plus à celles des États-Unis d’Amérique ou du Mexique, les traditionnels champions de l’obésité dans le monde, ou plutôt à celles d’Égypte et de Turquie – autres champions en la matière. 

Une nouvelle communauté, à choyer avant les élections ?

L’obésité est en cause dans au moins treize types de cancers différents, nous prévient l’OMS, et pourrait être directement responsable d’au moins 200 000 nouveaux cas de cancers par an. Au rythme où notre société s’achemine vers toujours plus d’atomisation, toujours plus de sédentarisation, toujours plus de télétravail, d’école à distance et de livraisons de plats Uber à la maison, on peut craindre qu’il y ait de bonnes grappes d’obèses parmi les adultes, demain en France. 

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Jetons un œil à la page 24 du fameux rapport – de corpulence solide mais pas obèse, lui, puisqu’il pèse 220 pages. Ce ne sont ni la Suisse, ni la Suède, ni la Pologne, ni la Lituanie, ni la Bosnie et ni même la Belgique qui figurent en haut du classement – ils sont en bas – de l’obésité chez les enfants de 10 à 19 ans, mais la Grèce, Malte, Andorre, l’Italie, l’Espagne, Chypre, le Royaume Uni, le Portugal, l’Irlande puis la France. On connaît désormais le bellicisme du gouvernement face aux punaises de lit… Face à l’obésité, sera-t-il aussi guerrier ? Selon une étude de la Ligue contre l’obésité, un adulte sur six était obèse en 2021 en France, et un sur trois était en situation de « surpoids ». Une manne électorale non négligeable, que l’on considère seulement les obèses ou l’ensemble des « gros ». Les élections législatives approchant à grands pas et Emmanuel Macron aimant caresser les minorités dans le sens du poil, il ne prendra sûrement pas le risque de se voir accuser de « grossophobie ».

D’ailleurs, ne pourrait-il pas aller plus loin ? Afin de concrétiser, enfin, le rêve d’un gouvernement « inclusif », ne pourrait-il pas prendre un Premier ministre qui soit une femme, musulmane pourquoi pas, aussi pansexuelle, comme on dit désormais, mais surtout… obèse ? Ce serait un symbole fort d’ouverture à une « communauté » avec laquelle il va falloir, assurément, compter.

L’illusion du « toujours moins répressif »

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Lors de la traditionnelle manifestation du 1er mai, à l'occasion de la fête du travail, une femme a agressé un pompier pour l'empêcher d'éteindre un incendie © Gabrielle CEZARD/SIPA

J’ai choisi ce titre en totale contradiction avec celui d’un éditorial du Monde [1] : « L’illusion du « toujours plus » carcéral ». En effet cette rengaine s’enivrant de son humanisme déconnecté devient lassante à force de ne savoir que déplorer la surpopulation pénitentiaire – indiscutable avec 71 000 détenus. Il faut pourtant expliquer qu’au regard de l’augmentation des crimes et des délits graves contre les personnes, elle n’aurait rien de choquant, si les promesses d’Emmanuel Macron sur la construction de nouvelles places de prison avaient été totalement tenues. C’est loin d’être le cas. Seulement 2 500 de 2017 à 2022. 15 000 ont été promises sur les deux quinquennats.

La surpopulation ne vient pas d’un excès de répression mais d’un manque au niveau de l’enfermement.

Il faut cesser de faire croire que tout pourrait être substitué à la sauvegarde sociale qu’apporte l’incarcération, pour les infractions n’imposant qu’elle. À supposer aussi – grande faiblesse française – que l’exécution des sanctions ait été efficiente.

Une législation qui n’est pas assez appliquée

Entonner sans cesse le refrain des peines alternatives a aussi peu de sens que de réclamer mécaniquement un durcissement des peines. Ce genre de proposition n’est qu’une fuite en avant qui évite de s’attaquer au problème central. Notre arsenal législatif est bien suffisant et n’a pas besoin d’être amplifié mais pourquoi est-on incapable de faire respecter les jugements que l’autorité judiciaire a édictés ?

Parce que, d’abord, tout est fait pour qu’ils ne le soient pas. Une sophistication extrême de l’État de droit rend en définitive beaucoup plus malaisée la répression nécessaire que le laxisme périlleux pour la société.

Des principes à revoir

Ensuite, le principe de l’individualisation poussé à l’extrême aboutit à des dénis de justice, avec une importance démesurée attachée aux subjectivités alors qu’en réalité se fonder sur l’objectivation des actes, selon leur gravité intrinsèque au regard de leurs modalités particulières et de leur impact social, aboutirait à une appréhension plus fine et plus réaliste des transgressions.

La manière dont la personnalisation est invoquée apparaît trop souvent comme la volonté de réduire à rien le poids des délits pour échapper à la mauvaise conscience de condamner le prévenu ; quand il ne s’agit pas en cour d’assises de s’apitoyer sur le criminel au lieu de fustiger sévèrement le crime…

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Il me semble que si on revenait sur cette pente apparemment généreuse mais au fond créatrice de beaucoup d’inégalités pénales, les décisions seraient mieux comprises, notamment sur un plan qui choque beaucoup les citoyens : la disparité des sanctions pour des faits globalement à peu près de même nature. Au préjudice par exemple d’une même catégorie : celle des pompiers et du service public qu’ils assurent. Il est scandaleux qu’ils soient mis dans l’impossibilité, dans certains lieux ou au cours de manifestations, d’oeuvrer sereinement pour accomplir leur mission d’intérêt général.

Des sanctions qui doivent être immédiates

Ainsi, à Nîmes, un tribunal correctionnel a condamné à 16 mois dont 8 d’emprisonnement et 8 avec sursis probatoire, avec maintien en détention, l’auteur d’une agression contre trois sapeurs-pompiers qui étaient venus à son secours. Mais en revanche une militante d’extrême gauche, Hager Ameur, déjà signalée pour violences judiciaires et « street medic », filmée en train d’attaquer un pompier à Paris le 1er mai, est passée en comparution immédiate. Une expertise médico-psychologique a été ordonnée et l’affaire renvoyée au 1er juin, Hager Ameur est en attendant placée sous contrôle judiciaire avec notamment une interdiction de manifester.

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Comparant Nîmes avec Paris, comment ne pas s’étonner de l’extrême mansuétude parisienne comme si, malgré les réquisitions contraires du parquet pour le maintien en détention, le tribunal avait cédé à la démagogie, considérant que le plus urgent était de différer et de ne pas sanctionner d’emblée un comportement pourtant doublement répréhensible à cause de la qualité de la victime et de celle de l’auteur ? Convenait-il de questionner l’état psychologique pour trouver un prétexte, avec en plus un contrôle judiciaire la laissant libre, afin de ne pas sévir tout de suite comme il aurait fallu et probablement tirer des conclusions indulgentes le 1er juin ? Tout a été fait pour effacer l’immédiateté gravissime de l’acte au profit d’un atermoiement dont on est sûr qu’il ne marquera pas le moindre coup d’arrêt pour les tentations du même type à venir.

Partant d’un éditorial du Monde pour rejoindre un épisode judiciaire, je n’ai pas quitté au fond le thème sur « l’illusion du toujours moins répressif ». Qu’il soit difficile pour le progressisme élégant et pour une certaine magistrature de recevoir de plein fouet l’enseignement d’une réalité dérangeante, je l’admets bien volontiers.

Mais ils ne sont pas seuls au monde. Pendant qu’ils se mirent dans leur belle mansuétude, une société se désespère. Je comprends celle-ci.


[1] L’illusion du « toujours plus » carcéral, Le Monde, 3 mai 2022.

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Revue royaliste: une restauration

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Portrait d'Elizabeth II par Rob Munday pour marquer le jubilé de platine de la Reine, exposé au public le 4 mai 2022 Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA AP22676517_000006

Dynastie, un magazine de qualité qui parle des familles royales à travers l’histoire et le monde, vient de voir le jour. Elle prend la suite d’un titre qui a fleuri dans les années 80 avec Stéphane Bern comme rédacteur en chef. Cette revue historique et culturelle frappe fort en consacrant son premier dossier à une monarque toujours en pleine activité, la Reine Elizabeth.


Si vous aimez les têtes couronnées, vous aimerez Dynastie. Cette revue est à la fois nouvelle et ancienne, puisque c’est sous ce titre qu’ont paru 67 numéros, de 1985 à 1987, consacrés aux différentes maisons royales dans le monde. Stéphane Bern en était le rédacteur en chef. Or, elle vient de renaître sous la houlette d’un homme qui participa à la première aventure de la revue, Philippe Delorme. Pour souligner une continuité à peine ébranlée par l’interruption de 35 ans (avec la royauté, on est dans le temps long), Stéphane Bern figure parmi les contributeurs à ce premier numéro : il a permis à la rédaction de venir chez lui pour interviewer Son Altesse Royale la Grande-Duchesse de Luxembourg. La publication sera trimestrielle, le papier est de qualité et l’iconographie est abondante. Le prix, 10€ le numéro, n’est pas exactement princier mais implique un lectorat composé d’honnêtes gens. Il y a un site web, revuedynastie.fr, dont le rédacteur en chef n’est autre que notre ami, Frederic de Natal, un contributeur de longue date à Causeur.

Le premier numéro de Dynastie met en couverture la Reine Elisabeth II

La transmission à l’honneur

Le sous-titre de la revue étant « Les familles qui font l’histoire », on pourrait supposer qu’il s’agit d’un magazine people, d’une sorte de Closer focalisé sur le Gotha plutôt que sur Hollywood. Mais on aurait grand tort. Dynastie est infiniment plus érudit et plus respectueux de ses sujets (qui, pour la plupart, ne sont pas des sujets). La profession de foi de la revue parle de « redonner à ses lecteurs le goût de l’histoire dont ils héritent ». Ce qui compte ici, ce ne sont pas des potins sur tel ou tel descendant d’une famille noble, mais le patrimoine culturel de l’humanité. Fidèle à sa mission, la revue étale sur ses 112 pages toute la richesse des traditions royales à travers le temps et l’espace, de l’antiquité à nos jours, de la Serbie à la Birmanie.

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L’éclecticisme va jusqu’à embrasser la descendance de Joachim Murat, installé par Napoléon sur le trône de Naples. Cela n’est pas pour plaire à la maison de Bourbon-Deux Siciles, mais la revue est bien plus dans l’enthousiasme pour tout ce qui, de près ou de loin, semble royal que dans la résolution des luttes dynastiques.

Une des raisons d’être des rois et des reines a toujours été de promouvoir les sciences et les arts. Il y a un bel hommage aux frères Bogdanov, descendants d’une princesse austro-bohémienne, qui, pour ceux qui les ont connus personnellement, faisaient toujours preuve d’une générosité et d’une courtoisie dignes de leur lignée. Dans le même registre, la Grande-Duchesse Maria-Teresa remarque que le travail humanitaire représente une « nouvelle chevalerie ». On pourrait même dire qu’il prolonge ce qu’il y a de meilleur dans l’ancienne.

Hommage à la reine d’Angleterre, Elizabeth II

En effet, Dynastie embrasse tout ce qui incarne une tradition défiant le temps. On y trouve un article sur Jordi Savall, le grand champion de la musique ancienne, à qui on ne reprochera pas l’anti-monarchisme de certains de ses compatriotes catalans ; un entretien avec Emmanuel Bréguet, de la famille des horlogers ; ou une interview avec l’académicien, Jean-Marie Rouart. On apprend aussi des faits curieux. Aux Etats-Unis, un descendant de Napoléon a créé l’organisation précurseur du FBI. Quand l’empereur Hirohito a annoncé à la radio la reddition du Japon le 15 août 1945, c’était la première fois que ses sujets avaient entendu sa voix, et sa langue était si archaïque qu’ils n’ont pas compris ce qu’il disait.

Pourtant, là où la nouvelle/ancienne revue frappe très fort, c’est en consacrant son premier dossier à la doyenne des monarques de notre temps, la reine Elizabeth, qui célèbre son jubilé de platine cette année. Côté pédagogie, les néophytes peuvent découvrir sa généalogie, la composition du Commonwealth ou l’explication du blason personnel de Sa Majesté. Le plus précieux ici, c’est le regard des historiens français sur la monarchie britannique qu’ils sont capables de situer dans le contexte des familles royales de l’Europe et d’au-delà. Pour les Britanniques eux-mêmes, l’existence d’une monarchie fait partie de la routine quotidienne et ils ignorent avec trop de superbe l’existence d’autres têtes couronnées. Dans une fine analyse, Franck Ferrand rend hommage à « cette femme d’exception » qui « a tout surmonté bravement, noblement ». Les derniers malheurs qu’elle a dû supporter sont la perte de son époux, le prince Philip, et les âneries de son petit-fils, Harry, manipulé par une opportuniste wokiste. L’évêque anglican de Truro, en Cornouailles, est interrogé sur la fonction ecclésiastique de la Reine, et l’écolo, Yann Arthus-Bertrand, sur le prince Charles, cet agronome épris d’architecture et de philosophie assez new age. Quand il succédera un jour à sa mère, il sera bien avisé d’imiter son exemple et d’éviter toute forme d’ingérence dans le domaine politique.

Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ?

Si nous sommes loin ici de la presse people, il est néanmoins vrai qu’une grande partie du public est fascinée autant par les images et anecdotes des familles nobles que par celles des vedettes du monde du divertissement. La fascination royale a précédé et préparé notre actuelle société du spectacle. Ce fait apparemment banal soulève une question profonde à propos de la royauté. Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ? La réponse à cette question, qui est si cruciale – même aujourd’hui – pour comprendre le phénomène de la royauté, ne peut être que d’ordre anthropologique. La réponse ne peut être trouvée que du côté du sacré, des préoccupations humaines concernant la vie, la mort et la survie. Comme le suggère la référence aux « familles » dans le sous-titre de Dynastie, l’obsession aristocratique avec la généalogie traduit un besoin humain fondamental de continuité, de lien avec des origines et d’organisation du processus biologique par lequel les nouvelles générations viennent au monde. La question de la royauté appelle des plongées profondes dans le psyché humain.

A cet égard, nous avons l’exemple des travaux de l’anthropologue belge, Luc de Heusch (1927-2012), auteur, entre autres, d’Écrits sur la royauté sacrée (1987). Des chercheurs contemporains continuent à se pencher sur le sujet. Vous me direz que de telles élucubrations n’ont pas leur place dans une revue « grand public ». Pourtant, l’exemple des Bern et des Ferrand montre tout ce qui peut être fait par la vulgarisation historique au sens le plus noble du terme. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une vulgarisation anthropologique. C’est d’autant plus urgent à l’heure où l’identité de genre, la GPA et le transhumanisme menacent la reproduction de l’espèce humaine telle que nous la comprenons. La nouvelle revue royaliste relèvera-t-elle le défi de cette vulgarisation anthropologique ? Un preux chevalier ne saurait refuser un défi…

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