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Alexis Corbière veut mettre tout le monde «à la niche»

Selon lui, ceux qui critiquent le militant Taha Bouhafs sont des hyènes


Alexis Corbière veut mettre tout le monde «à la niche»
Le député Alexis Corbière sur Europe 1, 29 avril 2022. D.R.

Sur Europe 1, le député mélenchoniste montre son vrai visage.


Taha Bouhafs est un journaliste militant qui n’a pas hésité, en 2018, à inventer un étudiant gravement blessé par la police devant la fac de Tolbiac, et qui a été condamné en 2021 pour injure publique en raison de l’origine envers Linda Kebbab, policière qu’il avait traitée d’« arabe de service » – M. Bouhafs a fait appel de cette condamnation. Sur Twitter, le 18 février 2019, ce charmant jeune homme s’adresse à Benoît Hamon : « Sale sioniste veut dire sale juif ? Sacré Benoit, c’est bientôt le dîner du CRIF, et t’as pas envie d’être privé de petits fours, je comprends. » Un peu plus tard, il tronque les propos du philosophe Henri Peña-Ruiz pour ne garder qu’un « on a le droit d’être islamophobe » polémique qu’il diffuse sur Twitter. Il fut également un des co-organisateurs de la marche contre « l’islamophobie » du 10 novembre 2019 qui vit tous les députés LFI, des députés communistes (Elsa Faucillon, Ian Brossat, Stéphane Peu) et Yannick Jadot, défiler aux côtés de Marwan Muhammad (ex-dirigeant du CCIF). Entre autres faits d’armes.

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Outrecuidant Pavlenko

Sur Europe 1, le journaliste Dimitri Pavlenko a eu l’outrecuidance de demander au député LFI Alexis Corbière ce qu’il pense de la potentielle investiture sous la bannière de la Nouvelle union populaire de Taha Bouhafs à Venissieux, rappelant au passage que LFI a soutenu la proposition de résolution de Fabien Roussel pour rendre inéligibles les coupables d’incitation à la haine raciale.

Après de gros soupirs d’exaspération, Alexis Corbière monte sur ses grands chevaux et l’entretien devient totalement délirant. Si Dimitri Pavlenko agite le chiffon Bouhafs, c’est qu’il est raciste : « Arrêtez le délit de faciès politique (sic) envers certaines personnes » […] « Vous vous acharnez contre des militants qui ont toujours le même profil, des militants de la jeunesse qui sont d’origine maghrébine. » On connaissait la reductio ad hitlerum, voici la reductio ad racismum. Immédiatement suivie de la reductio ad antijeunismum : « Il a 25 ans, 25 ans ! et vous êtes, vous, journaliste d’Europe 1, en train de me parler de ça ? »

Quand on a 25 ans et qu’on est issu des « quartiers », on a le droit de faire ce qu’on veut. À propos de la tête en carton de Marine Le Pen que le journaliste militant exhibait au bout d’une pique lors d’une manifestation, Alexis Corbière repique à la reductio ad racismum : « C’était métaphorique. […] Tout le monde a le droit de caricaturer sauf un. Et comme par hasard il s’appelle Monsieur Bouhafs ».

Pique métaphorique

Puis, Dimitri Pavlenko ne se laissant pas intimider, le naturel revient au triple galop et M. Corbière montre son vrai visage – le même que celui qu’il avait lorsqu’il avait injurié Stanislas Rigault (président de Génération Z) dans les coulisses de l’émission “Face à Baba” et que sa compagne, Rachel Garrido, avait reproché à ce dernier de « sucer la bite à son chef », geste à l’appui. Les traits se crispent, le geste devient sec et la bouche humide : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. […] Vos campagnes de calomnie minables – je m’adresse à vous et à travers vous, à ceux qui les mènent – ne nous font pas peur. »

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Dimitri Pavlenko lui demande alors si cela aussi, le traiter de « petite hyène », c’est « métaphorique ». Le député, culotté, lui rétorque que ce n’est pas à lui qu’il parle… Puis, se rendant compte de son dérapage, il présente furtivement ses excuses au journaliste et se lance à nouveau dans un plaidoyer pour la défense d’un Taha Bouhafs accablé par des méchants « sur les réseaux sociaux » à cause de son âge, de son origine maghrébine, de son milieu social, de son engagement.

Deux poids, deux mesures

On reconnait là les manières de l’extrême-gauche. Mais on n’entend guère les médias s’offusquer de ces brusqueries. Imaginons un instant, au hasard, Marine Le Pen ou Éric Zemmour aboyant à un journaliste qui les bouscule : « Et je dis à toutes les petites hyènes qui sont de sortie, rentrez dans la niche. » Nous aurions eu droit alors à des cris d’orfraie, des pétitions, des tribunes d’indignation, des larmes – la démocratie aurait été en danger et le fascisme à nos portes. La presse en aurait fait des tonnes, décrivant les mises à mort des journalistes si l’extrême-droite avait gagné les élections. Bref, la moraline aurait coulé à torrents pendant des jours. Oui, mais… les représentants politiques de ce que les organes de presse les mieux-pensants appellent « la gauche de la gauche » ont le droit, eux, de cracher sur les journalistes. Et même de les menacer. L’extrême-gauche sectaire et vindicative jouit d’une immunité totale – il n’y a pas de « barrage contre l’extrême-gauche », quand bien même celle-ci façonne en ce moment une alliance monstrueuse qui n’est en réalité que la mise à disposition pour LFI d’une chair à canon électorale (NPA, PCF, PS, EELV) lui permettant de conforter son influence islamo-gauchiste. Rien n’y fait, la presse bien-pensante s’écrase. MM. Corbière et Coquerel et Mmes Obono, Autain et Garrido, pour ne nommer que les plus “Enragés” (1) de la bande mélenchoniste, ont trouvé la parade. L’islamophobie, le racisme ou l’anti-jeunisme supposés de leurs interlocuteurs (ou de certains Français) leur servent de réponses à toutes les objections – et refroidissent les journalistes les plus timorés qui ne veulent pas se retrouver taxés des pires tares. Pour les journalistes plus vaillants, comme Dimitri Pavlenko, la menace à peine camouflée est de rigueur. On sent l’esprit robespierriste et la froideur de l’acier flotter au-dessus des studios. Mais la guillotine n’étant plus d’usage, Corbière menace « de la niche » les récalcitrants !

Pour le moment, les potentiels protestataires qui auraient dû s’indigner de tels propos n’ont nul besoin d’être mis à la niche ; ils y sont déjà, enchaînés par des années de reculade et de compromission passive.

Le soir des élections, on entend, au loin, leurs faibles aboiements.

Rien qui puisse effrayer des députés d’extrême-gauche qui aboient plus fort qu’eux et qui, les victoires électorales aidant, finiront bien par les faire taire définitivement…

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(1) Ainsi étaient appelés certains révolutionnaires, parmi les plus radicaux, en 1793.



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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