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Revue royaliste: une restauration

Découvrez la revue "Dynastie", de retour en kiosques


Revue royaliste: une restauration
Portrait d'Elizabeth II par Rob Munday pour marquer le jubilé de platine de la Reine, exposé au public le 4 mai 2022 Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA AP22676517_000006

Dynastie, un magazine de qualité qui parle des familles royales à travers l’histoire et le monde, vient de voir le jour. Elle prend la suite d’un titre qui a fleuri dans les années 80 avec Stéphane Bern comme rédacteur en chef. Cette revue historique et culturelle frappe fort en consacrant son premier dossier à une monarque toujours en pleine activité, la Reine Elizabeth.


Si vous aimez les têtes couronnées, vous aimerez Dynastie. Cette revue est à la fois nouvelle et ancienne, puisque c’est sous ce titre qu’ont paru 67 numéros, de 1985 à 1987, consacrés aux différentes maisons royales dans le monde. Stéphane Bern en était le rédacteur en chef. Or, elle vient de renaître sous la houlette d’un homme qui participa à la première aventure de la revue, Philippe Delorme. Pour souligner une continuité à peine ébranlée par l’interruption de 35 ans (avec la royauté, on est dans le temps long), Stéphane Bern figure parmi les contributeurs à ce premier numéro : il a permis à la rédaction de venir chez lui pour interviewer Son Altesse Royale la Grande-Duchesse de Luxembourg. La publication sera trimestrielle, le papier est de qualité et l’iconographie est abondante. Le prix, 10€ le numéro, n’est pas exactement princier mais implique un lectorat composé d’honnêtes gens. Il y a un site web, revuedynastie.fr, dont le rédacteur en chef n’est autre que notre ami, Frederic de Natal, un contributeur de longue date à Causeur.

Le premier numéro de Dynastie met en couverture la Reine Elisabeth II

La transmission à l’honneur

Le sous-titre de la revue étant « Les familles qui font l’histoire », on pourrait supposer qu’il s’agit d’un magazine people, d’une sorte de Closer focalisé sur le Gotha plutôt que sur Hollywood. Mais on aurait grand tort. Dynastie est infiniment plus érudit et plus respectueux de ses sujets (qui, pour la plupart, ne sont pas des sujets). La profession de foi de la revue parle de « redonner à ses lecteurs le goût de l’histoire dont ils héritent ». Ce qui compte ici, ce ne sont pas des potins sur tel ou tel descendant d’une famille noble, mais le patrimoine culturel de l’humanité. Fidèle à sa mission, la revue étale sur ses 112 pages toute la richesse des traditions royales à travers le temps et l’espace, de l’antiquité à nos jours, de la Serbie à la Birmanie.

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L’éclecticisme va jusqu’à embrasser la descendance de Joachim Murat, installé par Napoléon sur le trône de Naples. Cela n’est pas pour plaire à la maison de Bourbon-Deux Siciles, mais la revue est bien plus dans l’enthousiasme pour tout ce qui, de près ou de loin, semble royal que dans la résolution des luttes dynastiques.

Une des raisons d’être des rois et des reines a toujours été de promouvoir les sciences et les arts. Il y a un bel hommage aux frères Bogdanov, descendants d’une princesse austro-bohémienne, qui, pour ceux qui les ont connus personnellement, faisaient toujours preuve d’une générosité et d’une courtoisie dignes de leur lignée. Dans le même registre, la Grande-Duchesse Maria-Teresa remarque que le travail humanitaire représente une « nouvelle chevalerie ». On pourrait même dire qu’il prolonge ce qu’il y a de meilleur dans l’ancienne.

Hommage à la reine d’Angleterre, Elizabeth II

En effet, Dynastie embrasse tout ce qui incarne une tradition défiant le temps. On y trouve un article sur Jordi Savall, le grand champion de la musique ancienne, à qui on ne reprochera pas l’anti-monarchisme de certains de ses compatriotes catalans ; un entretien avec Emmanuel Bréguet, de la famille des horlogers ; ou une interview avec l’académicien, Jean-Marie Rouart. On apprend aussi des faits curieux. Aux Etats-Unis, un descendant de Napoléon a créé l’organisation précurseur du FBI. Quand l’empereur Hirohito a annoncé à la radio la reddition du Japon le 15 août 1945, c’était la première fois que ses sujets avaient entendu sa voix, et sa langue était si archaïque qu’ils n’ont pas compris ce qu’il disait.

Pourtant, là où la nouvelle/ancienne revue frappe très fort, c’est en consacrant son premier dossier à la doyenne des monarques de notre temps, la reine Elizabeth, qui célèbre son jubilé de platine cette année. Côté pédagogie, les néophytes peuvent découvrir sa généalogie, la composition du Commonwealth ou l’explication du blason personnel de Sa Majesté. Le plus précieux ici, c’est le regard des historiens français sur la monarchie britannique qu’ils sont capables de situer dans le contexte des familles royales de l’Europe et d’au-delà. Pour les Britanniques eux-mêmes, l’existence d’une monarchie fait partie de la routine quotidienne et ils ignorent avec trop de superbe l’existence d’autres têtes couronnées. Dans une fine analyse, Franck Ferrand rend hommage à « cette femme d’exception » qui « a tout surmonté bravement, noblement ». Les derniers malheurs qu’elle a dû supporter sont la perte de son époux, le prince Philip, et les âneries de son petit-fils, Harry, manipulé par une opportuniste wokiste. L’évêque anglican de Truro, en Cornouailles, est interrogé sur la fonction ecclésiastique de la Reine, et l’écolo, Yann Arthus-Bertrand, sur le prince Charles, cet agronome épris d’architecture et de philosophie assez new age. Quand il succédera un jour à sa mère, il sera bien avisé d’imiter son exemple et d’éviter toute forme d’ingérence dans le domaine politique.

Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ?

Si nous sommes loin ici de la presse people, il est néanmoins vrai qu’une grande partie du public est fascinée autant par les images et anecdotes des familles nobles que par celles des vedettes du monde du divertissement. La fascination royale a précédé et préparé notre actuelle société du spectacle. Ce fait apparemment banal soulève une question profonde à propos de la royauté. Pourquoi les communautés humaines ont-elles si souvent eu non seulement des chefs, mais des chefs royaux ? La réponse à cette question, qui est si cruciale – même aujourd’hui – pour comprendre le phénomène de la royauté, ne peut être que d’ordre anthropologique. La réponse ne peut être trouvée que du côté du sacré, des préoccupations humaines concernant la vie, la mort et la survie. Comme le suggère la référence aux « familles » dans le sous-titre de Dynastie, l’obsession aristocratique avec la généalogie traduit un besoin humain fondamental de continuité, de lien avec des origines et d’organisation du processus biologique par lequel les nouvelles générations viennent au monde. La question de la royauté appelle des plongées profondes dans le psyché humain.

A cet égard, nous avons l’exemple des travaux de l’anthropologue belge, Luc de Heusch (1927-2012), auteur, entre autres, d’Écrits sur la royauté sacrée (1987). Des chercheurs contemporains continuent à se pencher sur le sujet. Vous me direz que de telles élucubrations n’ont pas leur place dans une revue « grand public ». Pourtant, l’exemple des Bern et des Ferrand montre tout ce qui peut être fait par la vulgarisation historique au sens le plus noble du terme. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une vulgarisation anthropologique. C’est d’autant plus urgent à l’heure où l’identité de genre, la GPA et le transhumanisme menacent la reproduction de l’espèce humaine telle que nous la comprenons. La nouvelle revue royaliste relèvera-t-elle le défi de cette vulgarisation anthropologique ? Un preux chevalier ne saurait refuser un défi…

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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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