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Haro sur Bolsonaro!

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Au Brésil, ils étaient des dizaines de milliers à battre le pavé dimanche pour défendre Jair Bolsonaro, à la veille d’un verdict explosif de la Cour suprême. L’ancien président (2019-2022), accusé d’avoir voulu jouer les Bonaparte trop pressés lors de la crise de 2022, risque jusqu’à quarante-trois ans derrière les barreaux… Depuis août, il purge déjà une sorte de préventive chic : l’assignation à résidence. Le sort judiciaire du «Trump des tropiques» agace Washington. Sur place, Driss Ghali raconte.


Il est difficile de parler du Brésil car les clichés ont la vie dure. Une grande partie du public a en effet décidé de croire que ce pays se résume à la plage, au foot et aux favelas.  Le fait que ce pays vive son pire moment politique depuis le retour de la démocratie en 1988 n’intéresse pas grand monde en France et dans le monde, à part un certain Donald Trump, président des Etats-Unis.

Ingérence américaine

Le nouveau locataire de la Maison Blanche a décidé de « Make Brazil Great Again » ! Il s’est immiscé de plain-pied dans les affaires internes du Brésil exigeant la fin de « la chasse aux sorcières » qui concernerait l’ancien président Bolsonaro. Celui-ci est en train d’être jugé actuellement pour des crimes aussi graves que fantaisistes dont « tentative de coup d’Etat ». Or, de coup d’État il n’y en a pas eu à Brasilia, soutiennent ses défenseurs. Tout au plus, y a-t-il eu du vandalisme le 8 janvier 2023 aux abords et au sein des bâtiments abritant le Congrès et la Cour Suprême. Bilan : zéro mort. Moyens employés : du rouge à lèvre pour écrire des slogans sur une statue (véridique) et des pierres ramassées dans la rue pour casser les vitres. Peu importe, des verdicts de prison ferme de 14 à 17 ans ont été distribués notamment à des mémés en chaise roulante ou à des coiffeuses, mères de famille. Et Bolsonaro, qui était en vacances en Floride ce jour-là, a été accusé d’avoir tout organisé.  Il risque 43 ans de prison. Verdict attendu entre le 10 et le 12 septembre.

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Trump a vécu une expérience similaire aux Etats-Unis. Après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, l’appareil judiciaire a été mobilisé contre lui et il a échappé de peu à la prison (pour cette affaire, et tant d’autres…) après avoir payé plus d’un milliard de dollars de frais d’avocat. M. Bolsonaro n’a pas les moyens de M. Trump et les tribunaux brésiliens sont certainement moins indépendants que ceux des États-Unis. Trump prend les choses personnellement et met tout son poids dans la balance : il soumet le Brésil à des droits d’importation de 50% jusqu’à ce que Bolsonaro soit affranchi. De surcroît, il a mis le principal persécuteur de Bolsonaro, le juge suprême Alexandre de Moraes, dans le viseur de la Loi Magnitsky, une législation américaine qui punit les personnes physiques et juridiques qui bafouent gravement les droits de l’homme. Depuis, ce juge n’a plus le droit de faire de transaction en USD, d’avoir de cartes de crédit (Visa et Mastercard sont américains), de voyager aux États-Unis etc. En résumé, aucune entreprise ou individu qui a des intérêts aux États-Unis n’a le droit d’être en affaires avec lui.

Bolsonaro assigné à résidence

Au lieu de mettre de l’eau dans son vin, le juge double la mise. Lors de l’ouverture du procès de Bolsonaro, le 2 septembre dernier, il a évoqué la souveraineté brésilienne qui ne saurait être soumise à des pressions extérieures. Bien plus, il a interdit tout simplement à Bolsonaro de quitter sa villa de Brasilia. Il est désormais en résidence surveillée pour éviter une supposée fuite à l’ambassade américaine. Aujourd’hui, des policiers montent la garde dans le jardin même de la villa, au cœur de la résidence de Bolsonaro.

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Et la droite brésilienne dans tout ça ?

Elle a manifesté dimanche dernier. De Rio de Janeiro à Belo Horizonte, le peuple de droite s’est mobilisé. À Sao Paulo, votre serviteur a couvert la manifestation (photos ci-dessous). Selon la presse, nous étions un peu plus de 40 000 à battre le pavé de l’avenue Paulista, la principale artère de la mégalopole économique brésilienne. Par expérience et pour avoir participé à d’autres manifestations au même endroit, je pense que ce chiffre doit être multiplié au moins par deux. Peu importe, le cœur n’y était pas. Il a manqué de l’enthousiasme et de l’espoir. Le chef est en « taule », personne n’a la stature suffisante pour prendre sa place, sa femme venue le représenter a pleuré pendant sa prise de parole, la voix saisie par le poids de « l’humiliation ».

En réalité, la droite brésilienne a déjà digéré Bolsonaro. Elle a en réserve trois ou quatre gouverneurs d’Etat prêts à se jeter dans la course à la présidentielle de l’an prochain (octobre 2026). Les mauvaises langues disent qu’aucun d’entre eux n’a intérêt à ce que M. Bolsonaro soit de retour dans la course. Il est donc question qu’une amnistie soit prononcée quelques jours après le verdict de la Cour suprême. Le projet est en discussion au parlement. Pour l’instant, il vise à rendre à Bolsonaro tous ses droits, notamment celui de participer à l’élection. Mais, au Brésil, tout se négocie et il est certain que les promoteurs de ce projet devront céder quelque chose à Lula et aux juges qui sont vent debout contre l’idée d’amnistie. Il est fort probable que la poire soit coupée en deux et que Bolsonaro soit pardonné mais qu’il demeure inéligible.

Cette perspective ne devrait pas réjouir la Maison-Blanche. Donald Trump semble avoir développé une sympathie très personnelle pour Bolsonaro. Ce dernier pourrait cela dit se contenter de voir sa femme ou un de ses fils concourir à l’élection présidentielle « en son nom ». En attendant, le climat est morne au Brésil, dans les rangs du peuple de droite. Hier en repartant de la manifestation, je n’ai même pas bu de caïpirinha…

Mon royaume pour une maison!

En ce moment, France 5 diffuse la saison 13 de l’excellente série documentaire « Une maison, un artiste » et nous invite à découvrir les refuges entre autres de Jeanne Moreau, Simone Veil, Michel Bouquet, Pierre Loti1 ou encore René Goscinny. Monsieur Nostalgie voit dans l’attachement à la maison individuelle, une manière de vivre pleinement sa citoyenneté


Durant l’agitation, quand la rue brûlera demain, dans les pétards et les mots d’ordre, le manifestant d’un jour pensera à un coin de paradis, rien qu’à lui, par la pensée il s’échappera de la tourmente du mal logement, il s’évadera de la masse ; il aura beau marcher dans la foule au milieu d’autres anonymes, son esprit ira se nicher ailleurs, dans un endroit secret, au fond de nos provinces, au pays de ses ancêtres ou dans un lieu découvert par hasard au gré d’un voyage, d’une lecture, d’une dérivation, quelque chose de modeste et de chaleureux où il pourra déposer son barda d’emmerdements. Enfin, respirer. S’extraire et se poser, sans que l’on vienne le juger, le tancer, le taxer, le chagriner, le soumettre à des plans indignes. La propriété privée n’est pas une atteinte à la citoyenneté, au contraire. N’est-ce pas un droit vital que d’aspirer au retrait et au foyer serein ? Tous les Hommes méritent de trouver leur escale permanente. On plaint sincèrement ceux qui errent sans point de fixation intellectuel et charnel. Le rêve de posséder une maison individuelle qui fut salement moqué par des disjoncteurs, des perturbateurs endoctrinés, traverse toutes les couches de notre société. Il est commun aux honnêtes gens. Peu importe le niveau des ressources, le besoin d’attacher le destin de sa famille à un morceau de terre est largement partagé dans notre pays. Posséder un toit à soi, dans un lieu librement choisi, avec un bout de jardin, un cèdre, une cheminée, une cuisine, quelques tommettes, un logis à soi où la vie ne semblerait ni vaine, ni bouchée, une vue sur un champ, un massif, une rue biscornue, un point d’eau, sur des tuiles ou des ardoises, c’est avoir déjà réussi sa vie. Un but atteint. S’être accompli en donnant aux siens un ancrage et une destinée. Quelle fierté pour des parents !

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L’adage populaire ne dit-il pas : mieux vaut un petit chez soi qu’un grand chez les autres ? Une maison est la première pierre d’une histoire longue. Ceux qui ne comprennent pas cet élan, qui détestent le confort « petit-bourgeois » des autres alors qu’eux-mêmes se gobergent dans la multipropriété, veulent empiler les humains verticalement, les indifférencier. Chez eux, l’Homme est une statistique froide, on le place, le déplace, le fait grimper de force dans une tour, lui octroyant royalement des sanitaires et une lucarne. L’Homme n’est pas qu’un figurant, qu’un opérateur macro-économique commandé à distance. Son émancipation passe par l’achat d’un pavillon de banlieue ou d’une longère à la campagne, il se révèle à lui-même en retapant une masure, en creusant son propre terrier. L’immobilier et le patrimoine sont des sujets sensibles en France. Mais une large partie de la population s’accorde au moins sur un point : habiter quelque part pour être dans ses murs. Même E.T. l’extraterrestre pointait de son doigt courbé sa lointaine maison et nous brisait le cœur. On est curieux des lieux de vie car ils disent tout de nous, de notre sensibilité, de notre fanfaronnerie, de nos joies et de nos tristesses. Nos maisons, celles que l’on a désirées follement, que l’on a héritées et pour lesquelles on s’est endettés, sont nos miroirs. Elles projettent l’image que l’on se fait de soi. Notre meilleur profil. On y met souvent nos peurs et nos envies.

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C’est pourquoi la série « Une maison, un artiste » diffusée sur France 5, actuellement dans sa 13ème saison (visible gratuitement sur le site France TV) est un rendez-vous charmant, hors du temps, une bulle de champagne dans la grisaille des programmes. En 26 minutes, nous découvrons le lieu préféré d’un Français « célèbre » disparu. Il y a une part de curiosité de connaître les intérieurs de nos personnalités. Ces maisons sont belles mais pas trop belles. Il ne s’agit pas d’un concours de demeures somptuaires quoique certaines aient un cachet certain. Elles peuvent être spacieuses comme la villa de Jeanne Moreau à la Garde-Freinet dans le Var, normande et douillette comme celle de Simone Veil à Cambremer, festive à l’image de l’inoubliable Jean-Marc Thibault à Marseille, panoramique comme l’appartement du XVIème arrondissement de René Goscinny avec vue sur la Tour Eiffel, l’amateur de paquebot transatlantique pouvait laisser voguer son imagination. Dans cette 13ème saison, j’ai un faible pour la maison de village de Michel Bouquet et surtout de sa Juliette (Carré) à Etais-la-Sauvin dans l’Yonne. Une bâtisse rurale, simple, propice à la compréhension des grands textes. Demain, chacun, manifestant ou pas, aura la vision de sa maison idéale dans le coin de sa tête, très loin des dissolutions et des votes de confiance.

  1. Retrouvez un article de deux pages de Julien San Frax sur la maison de Pierre Loti à Rochefort, dans le magazine Causeur du mois ↩︎

Cette gauche qui s’entend sur France inter

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Une vidéo compromettante circule et révèle une certaine connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand, Patrick Cohen et deux responsables socialistes.


Je l’avoue, la vidéo Legrand-Cohen m’a emplie d’une allégresse passablement mauvaise. Le camp du Bien pris en flag, ça fait du bien. Que les prêcheurs du Service public se prennent en boomerang leurs sermons déontologiques et leurs mines outragées au point d’obliger la direction de France Inter à réagir, ça n’arrive pas tous les jours. Rappelons leur jubilation à chaque fois qu’ils débusquent une mauvaise blague proférée par un homme de droite. Et imaginons que votre servante se fasse pincer en train de dire qu’elle rêve de tirer les cheveux de Sandrine Rousseau ou de faire rôtir la plante des pieds d’Ersilia Soudais, ce serait un déchaînement de « on vous l’avait bien dit que cette fille était dangereuse ! ». Cela dit, je ne me réjouis pas spécialement des déboires des confrères. Legrand est plutôt un bon gars, un vrai mec de gauche qui a mis ses enfants à l’école publique dans le 9-3 où il réside, tout en reconnaissant que c’est pas facile tous les jours. Son excuse pour le paquet d’âneries qu’il écrit, c’est qu’il croit vraiment lutter contre le fascisme qui vient. Legrand, c’est encore la gauche à l’ancienne, même pas woke sur les bords ni mélenchoniste. Ce n’est pas le plus sectaire, la preuve il a déjà pris un café avec Xavier Bertrand, ce qui devrait lui valoir un brevet de pluralisme. Cependant Legrand est beaucoup moins suspect de tendances droitières que l’insubmersible Patrick Cohen qui lui a succédé à l’édito politique et qui n’a pas la réputation d’être le meilleur camarade de travail du monde. En prime, Cohen a officié près de 20 ans dans des médias privés, autant dire l’antichambre du diable. N’empêche, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Patco, c’est le mètre-étalon de la bienpensance, le roi de la doxa macronienne débitée en tranches. Mais pour Mélenchon et autres furieux, comme Pierre Jacquemain, impayable patron de la revue Politis, Legrand et Cohen, c’est la même engeance : des sociaux-traitres vendus au grand capital. D’ailleurs, ce samedi, Libération publiait un article sur Giula Foïs. Remerciée par la direction, la papesse du gender fluid et du sexe sans pénétration (là j’invente un peu) s’offusque de la déwokisation de France Inter menée par Adèle Van Reeth. Elle sent une «reprise en main, un étau qui se resserre » et qui menacerait « toutes les thématiques progressistes ». Qu’elle se rassure, ça ne saute pas aux oreilles. Tout de même au moment où la patronne de France Inter fait de véritables efforts pour désidéologiser un brin sa chaîne, se faire choper à fricoter avec des socialistes, c’est ballot.

Ce ne sont donc pas les pires qui se sont faits attraper par la patrouille. Dans le genre plus islamo-gauchiste et plus gaza-fanatique, il y a l’embarras du choix chez les francintériens. Evidemment, le mot d’ordre c’est de défendre les valeureux camarades honteusement attaqués par la méchante extrême droite. Mais à l’intérieur de la forteresse assiégée on doit entendre une autre musique. Non contents d’être droitards ces deux malins sont malchanceux en diable. Ou imprudents. En tout cas, maintenant qu’ils ont fait éclater au grand jour une vérité de polichinelle, ça va être plus compliqué d’expliquer partout que le Service public est le phare de la vertu journalistique. Encore que le journaliste de gauche, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

On a donc eu droit aux grandes orgues de l’antifascisme dénonçant une méthode digne des années noires. Soyons honnête, le propos volé, ce n’est pas ma tasse de thé. Je ne me rappelle pas que les indignés aient protesté quand Mediapart a diffusé (et même fait admettre en justice) un enregistrement clandestin réalisé par le majordome de Madame Bettencourt, ou des propos volés (dans un café me semble-t-il) à un dirigeant du football français. Je ne sache pas qu’Adèle Van Reeth qui parle de « méthodes illégales et déloyales » ait interdit à ses troupes de citer et commenter les blagues de Depardieu captées et diffusées à son insu. Et pour finir, un internaute a déniché une vidéo où Cohen trouve parfaitement légitime que Laurent Wauquiez ait été enregistré en loucedé par un étudiant de son école de commerce. Je ne vais pas faire un concours de pureté : si un lecteur m’avait apporté cette vidéo, j’aurais évidemment trouvé des accommodements avec mes légères préventions morales pour le diffuser.

Notre jeune et hardie consœur Juliette Briens, auteur de ce scoop magistral, n’a pas engagé des limiers pour traquer le duo, elle a eu une sacrée chance. Un lecteur de l’Incorrect, attablé dans le même bistrot du 7ème arrondissement que les deux journalistes et leurs interlocuteurs socialistes, a entendu et enregistré leur conversation. Pour avoir su en capter toute la saveur, ledit lecteur doit être passablement au fait des manigances politico-médiatiques, peut-être même officie-t-il à l’Assemblée. Même dans les beaux quartiers parisiens, on n’est plus à l’abri des oreilles populistes, tout fout le camp. Ce n’est pas seulement une blague. Cohen et Legrand combattent le populisme, un ennemi sans visage dont ils n’imaginent pas qu’il puisse fréquenter les mêmes bistrots qu’eux. Ils sont habitués à ce qu’autour d’eux, tout le monde pense comme eux.

Reste à savoir ce que nous apprend cette conversation entre deux journalistes du Service public et deux hiérarques socialistes. Pas grand-chose. Des journalistes qui causent avec des politiques et se font engueuler pour leurs papiers, c’est banal. Seulement, si on remplit les blancs, on comprend que, pour se faire pardonner ses méchanteries sur Olivier Faure, Legrand plaide qu’à Paris lui et Cohen s’occupent de Dati (ce qui ne signifie pas qu’ils détiennent sa fille mais qu’ils s’emploient à la faire perdre). Le sous-texte, c’est que ce n’est pas leur pureté idéologique qui est en jeu, mais la personne et le positionnement de Faure. Avouer aussi clairement qu’on est en service commandé, c’est fâcheux. Pour le reste, on savait que les deux lascars n’étaient pas de droite et qu’ils n’aimaient pas Rachida Dati. Du reste, un éditorialiste est payé pour avoir des opinions. En l’occurrence, ce qui chiffonne c’est que, sur une chaîne financée par le contribuable, ils aient peu ou prou tous les mêmes. Cependant, convoquer Baron noir me semble un peu drama queen. En fait de complot, c’est du bavardage d’arrière-salle de gens qui réalisent qu’ils sont en train de perdre la main.

En réalité, le passage le plus croustillant et le plus embarrassant est celui où Legrand déroule sa théorie politique du « marais centre-droit centre-gauche» dont il prétend être le guide spirituel – « ces gens-là écoutent France Inter en masse », plastronne-t-il. Pour lui, le centre de gravité de cette nouvelle version de l’UMPS ne peut pas être Faure, trop mélenchonisé et pas assez ukrainien, mais Glucksmann, qu’il s’efforce de vendre à ses interlocuteurs comme le bon adversaire face au RN (ce qui laisse assez songeur quant à ses capacités d’analyste). Lui fera sa part du boulot en parlant à sa part de marché électorale. En réalité, il joue à l’important, se prend l’espace d’un instant pour le faiseur de roi qu’il n’est pas. Mais il a lâché le morceau : à France Inter, le journalisme c’est la poursuite de la politique par d’autres moyens. Notez, ça aussi, on l’avait compris.

Ce qui a transformé cette millième francintériade en affaire d’État, sur laquelle chacun se sent tenu de se prononcer, le fait réellement inédit, c’est qu’Adèle Van Reeth a lâché et annoncé illico la suspension à titre conservatoire de Thomas Legrand, qui n’a donc pas officié ce dimanche. Sans doute sert-il de paratonnerre. Le gros gibier, celui qu’il faut protéger à tout prix, c’est Cohen – à qui on ne peut reprocher aucun propos. N’empêche, cette fois, il n’a pas suffi de discréditer le messager en braillant « extrême droite » pour faire oublier le message. Il faut croire que l’hégémonie, ce n’est plus ce que c’était. 

Non, il n’y a pas trop de restaurants en France, il y a simplement trop de mauvais restaurants!

Restaurants: réguler leur nombre avec un numerus clausus est une idée aberrante.


Dans un pays où la gastronomie est élevée au rang de patrimoine mondial, voilà que des voix s’élèvent pour réclamer un numerus clausus sur les restaurants. France Info, fidèle à sa vocation de relayer les angoisses collectives, a récemment remis sur la table cette idée saugrenue : limiter le nombre d’établissements pour éviter une prétendue « sursaturation » du marché.

Une idée absurde

Avec plus de 407 000 restaurants recensés, certains hurlent au scandale, comme si la profusion était un mal en soi. Mais arrêtons les pleurnicheries : le vrai problème n’est pas la quantité, c’est la qualité. Et plutôt que de brandir le spectre d’une régulation étatique, il est temps de célébrer la liberté d’entreprendre, cette liberté libérale qui fait la grandeur de la France, quand on ne la bride pas.

Imaginez un instant : une bureaucratie toujours plus asphyxiante décidant, d’un coup de tampon, si votre quartier mérite un nouveau bistrot ou un énième kebab ou smash burger.

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C’est l’absurde proposition de Franck Chaumès, président de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), qui rêve d’interdire les ouvertures dans les zones « bien pourvues ». Provocation ? Non, pur délire interventionniste. La restauration est l’un des derniers bastions où la liberté d’entreprendre n’est pas étouffée par des diplômes obligatoires ou des autorisations kafkaïennes. Pas besoin de CAP ni de licence IV pour se lancer – et c’est tant mieux ! Cette accessibilité nourrit la diversité, l’audace, l’innovation. Elle permet à un chef autodidacte de bousculer les codes, à un immigré entreprenant de partager ses saveurs natales. Freiner cela au nom d’une « protection » ? C’est trahir l’esprit même de l’économie libérale.

Et parlons-en, de cet esprit libéral. Frédéric Bastiat, cet économiste français du XIXe siècle récemment réédité par les éditions Idem dans une version qui mériterait d’être sur toutes les tables de chevet, l’avait compris mieux que quiconque. Dans sa fameuse Pétition des fabricants de chandelles, Bastiat ridiculisait avec brio les protectionnistes qui réclamaient des lois pour bloquer la lumière du soleil, au profit de leurs bougies.

Appliquez cela à nos restaurants : limiter les ouvertures pour protéger les médiocres, c’est comme voiler les fenêtres pour sauver les chandelles. Bastiat nous rappelait que la concurrence n’est pas un ennemi, mais le moteur du progrès. « La liberté, c’est la concurrence ; la concurrence, c’est la liberté », écrivait-il. En France, où l’État adore jouer les nounous, il est temps de redécouvrir Bastiat : plus de libéralisme, pas de nouvelles normes, quotas ou taxes qui étouffent l’initiative.

Un marché sain

Ce que certains dépeignent comme une « dérégulation anarchique » est en réalité une liberté précieuse, qui s’autorégule d’elle-même. Les chiffres parlent : un tiers des restaurants ferment dans les deux premières années. Est-ce un échec ? Au contraire, c’est la preuve d’un marché sain, où la survie dépend de la compétence, de la gestion et de l’offre pertinente. Le consommateur, ce tyran exigeant, est devenu un arbitre sans pitié. Il traque le faux, le tiède, l’industriel déguisé en artisanal. Et il a raison ! Avec l’inflation galopante, la baisse du pouvoir d’achat et la peur de l’addition – comme le souligne le rapport KPMG Consumer Pulse (Été 2025), les Français ne tolèrent plus l’à-peu-près. Ils veulent du bon, du vrai, du chaleureux. Les établissements qui survivent ? Ceux qui innovent, qui fidélisent, qui résistent à l’explosion des charges, des loyers exorbitants, de l’énergie et des matières premières.

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Les rues envahies de kebabs, un autre sujet

On objectera qu’il existe des rues entières saturées de fast-foods ou de kebabs. Mais ce phénomène n’a rien à voir avec une prétendue « surpopulation » de restaurants : il traduit surtout l’évolution sociologique d’une clientèle plus jeune, souvent issue d’une culture « street » internationale, qui ne se reconnaît pas forcément dans les cartes traditionnelles françaises. À cela s’ajoutent parfois des pratiques opaques, certains établissements servant de paravent ou au blanchiment d’argent. Ce problème relève donc de la consommation et du contrôle de la provenance des fonds et des recettes, pas d’un numerus clausus qui sanctionnerait indistinctement tous les restaurateurs.

Stéphane Manigold, restaurateur engagé, a rappelé récemment sur RTL que la question centrale est celle de la définition même du restaurant. Il soulève un point essentiel : si chacun peut se prétendre restaurateur, où s’arrête la restauration et où commence la simple vente alimentaire ? C’est là que surgit un autre enjeu, bien plus concret que les kebabs : la concurrence des boulangeries. Car celles-ci ne se limitent plus au sandwich jambon-beurre ; elles proposent désormais des plats chauds et des formules complètes, sans pour autant se soumettre aux mêmes contraintes qu’un bistrot ou un restaurant. Autrement dit, elles deviennent parfois des restaurants qui ne disent pas leur nom.

Mais attention : si ce constat est juste, la tentation de vouloir légiférer davantage serait une erreur. Comme toujours, c’est le marché qui doit trancher. La clientèle choisira les établissements capables de répondre à ses attentes, qu’il s’agisse d’un boulanger audacieux, d’un chef excentrique ou d’un bistrotier traditionnel. Le rôle des pouvoirs publics n’est pas d’ajouter une couche de réglementation, mais de garantir des conditions de concurrence équitables.

Bien sûr, il y a des défis réels : les baux commerciaux usuraires, les charges sociales écrasantes, l’énergie qui flambe. Mais la solution n’est pas plus d’État, c’est moins ! Allégez les normes, baissez les taxes, les charges, le coût du travail : libérez les entrepreneurs. Encourageons la montée en compétence via des formations volontaires, pas obligatoires. Soutenons l’excellence, pas la médiocrité protégée.

Il y aura toujours des millions de bouches à nourrir chaque jour en France. Laissons les bons restaurateurs les satisfaire, sans leur mettre des bâtons dans les roues. Et relisons Bastiat : la liberté n’est pas un risque, c’est une chance. Pour une France libérée, pas entravée.

L’Arlésienne référendaire

Le chef de l’État évoquait encore en mai dernier la possibilité d’un référendum en cas de blocage législatif


Depuis 2017, Emmanuel Macron cultive un art bien particulier : celui du référendum… virtuel ; start-up nation oblige sans doute. À chaque crise, promesse solennelle : « Les Français auront la parole. » En 2019, face aux gilets jaunes, il envisage un « RIC encadré » – encadré depuis dans les toilettes de l’Élysée. En 2023, il songe à « revitaliser la démocratie directe », sans se mouiller davantage – cette pensée complexe constituant en elle-même une première revitalisation. Puis viennent les vœux de 2025 suivis d’une piqûre de rappel en mai dernier : cette fois, c’est sûr, « dans les prochains mois », un grand moment citoyen arrive. Sur quelle thématique ? Peut-être, éventuellement, oui, la fin de vie, les écrans, la réforme des territoires… Rien sur les deux sujets sur lesquels les Français souhaitent répondre un non massif : la réforme des retraites (qu’ils souhaitent plutôt faire financer par les Martiens) et l’immigration, une chance qui les accable. Résultat : des annonces, des rumeurs, des « calendriers en réflexion », mais toujours aucun bulletin à glisser dans l’urne. Macron manie le référendum comme la queue de Mickey dans les manèges : on a failli l’avoir. Il s’en méfie et n’a pas tort. En Nouvelle-Calédonie, les différentes consultations n’ont apporté aucune solution durable. En Métropole, le président sait que la réponse sera non, quelle que soit la question (inintéressante) posée.

Abus de quatrième pouvoir?

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La connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen avec deux responsables socialistes, attablés dans un bistrot et manigançant contre Rachida Dati, semble évidente. Mais aussitôt, un récit de circonstance s’est imposé: deux journalistes talentueux seraient injustement traînés dans la boue par « qui vous savez »… Voilà une polémique comme on les aime tant.


Il est toujours amusant de voir s’agiter progressistes et défenseurs de l’audiovisuel public sur le rafiot du camp du Bien quand il prend l’eau. D’autres séquences rigolotes nous sont vraisemblablement promises dans les prochains jours, à mesure que le système politico-médiatique va tenter de réhabiliter les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen – qui ont été surpris en train de parler fort maladroitement de leur ministre Rachida Dati avec deux pontes du Parti socialiste dans une vidéo filmée à leur insu.

Alors, Thomas Legrand serait un éditorialiste de gauche ? Voilà un scoop ! Et France Inter un bastion progressiste où l’on roule pour la gauche ? Quelle révélation ! Sérieusement, qui pouvait encore l’ignorer ? On feint de s’indigner parce que la droite et le Rassemblement national ne cachent plus leur projet de privatiser un audiovisuel public qui coûte des milliards aux contribuables tout en étant systématiquement orienté contre eux ? Là encore, rien de bien nouveau.

Crise à France Inter

Dimanche matin, à 8h49, avant de lancer un disque, la journaliste Marion Lhour adopte un ton solennel : « Thomas Legrand n’est pas à l’antenne ce matin. La direction de France Inter a décidé de le suspendre à titre conservatoire. Des extraits vidéos et des propos rapportés d’un échange privé et informel (…) ont été publiés en ligne. Les propos tenus par Thomas Legrand peuvent porter à confusion ; la direction justifie cette décision par le choix de protéger l’antenne et le travail des journalistes de tout discrédit. » Un texte lu avec sérieux, mais sans grande conviction apparente.

La veille, Rachida Dati s’était insurgée sur X : « Des journalistes du service public et Libération affirment “faire ce qu’il faut” pour m’éliminer de l’élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités. »

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La Société des journalistes de Radio France, de son côté, a rapidement réagi. Fidèle à son rôle de bouclier corporatiste, elle a assuré en écriture inclusive son soutien inconditionnel à MM. Legrand et Cohen, et a pris ses distances avec la ministre honnie et cette direction qui a déjà osé écarter de l’antenne l’hilarant Guillaume Meurice ou la délicieuse Giulia Foïs : « La SDJ de Radio France s’indigne de l’instrumentalisation par un média d’extrême-droite de propos volés et complètement sortis de leur contexte. Nous déplorons que certain.e.s s’en servent déjà pour s’en prendre à l’audiovisuel public, sans attendre d’explications. Nous sommes solidaires de Thomas Legrand et Patrick Cohen face à toutes ces attaques ».

Manipulera bien qui manipulera le dernier…

On nous explique désormais que nous n’aurions pas réellement vu ce que nous avons vu. Les deux journalistes ne complotaient pas contre Mme Dati : ils discutaient simplement avec Luc Broussy et Pierre Jouvet, cadres du Parti socialiste, dans une brasserie parisienne. Et si Thomas Legrand a lâché cette phrase maladroite – « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi » – il faudrait la replacer dans son contexte, bien sûr. D’ailleurs, ils ne complotaient pas. Au contraire : on leur avait donné rendez-vous parce qu’ils ne récitaient pas comme il faut la bonne parole concernant le Secrétaire national un peu pâlot Olivier Faure !

Déjà, ceux qui diffusent cette vidéo se voient menacés de poursuites judiciaires pour atteinte à la vie privée. Partout, on martèle que l’émetteur du message est un « mensuel d’extrême droite », comme pour souligner à quel point se faire le relais de pareils quolibets contre de si éminents journalistes sent mauvais… Comme si les journalistes de gauche comme Elise Lucet ou « Quotidien » ne s’étaient pas également déjà fait une spécialité de la diffusion de propos volés.

Patrick Cohen dénonce de son côté un procédé manipulatoire : « On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire. » Soit. Mais le mal est fait, le public a bien entendu : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati »

Mais, on tente de minimiser l’affaire. Le journaliste Laurent Joffrin nous présente Mme Dati comme un « cas très particulier », prompte à l’invective et aux approximations, presque une Trump à la française. En revanche, Jean-Luc Mélenchon dénonce une « vidéo consternante » révélant « deux journalistes essentiels de l’officialité PS », tandis que Marine Le Pen rappelle que « le service public ne peut pas être la succursale du Parti socialiste » et relance l’idée de privatisation.

Peuvent-ils rester à l’antenne ?

Thomas Legrand est éditorialiste : il peut bien penser ce qu’il veut. Mais ne devrait-on pas désormais ranger ses chroniques dans la fameuse rubrique « En toute subjectivité » ? Et surtout repenser le pluralisme des voix sur une antenne qui se prétend neutre ?

S’il n’y a peut-être pas vraiment d’agenda caché ou de complot, la connivence politique entre les éditorialistes et les socialistes est en revanche flagrante dans la phrase prononcée par M. Legrand.

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La suspension de M. Legrand ressemble à un sacrifice destiné à sauver Patrick Cohen, plus central à l’antenne et beaucoup plus présent cette année, de France Inter le matin à France 5 en soirée en passant par la Chaîne parlementaire. On donne l’impression de protéger le navire en sacrifiant un rameur secondaire : M. Legrand n’a plus l’édito politique quotidien de France inter, repris par M. Cohen, et il peut continuer d’écrire ses chroniques dans Libération

Il arrive à tous les journalistes de rencontrer des personnalités de toute tendance pour des discussions sans filtre, se défend Thomas Legrand. Il a raison. Mais pourquoi cette indulgence quand il s’agit de discussions avec le PS, et tant de sévérité dans d’autres cas ? Lors de l’affaire du journaliste Jean-François Achilli, écarté de France info, par exemple, tout ce petit monde avait moins de scrupules à sanctionner semble-t-il. Et sérieusement, MM. Cohen et Legrand iront-ils vraiment demain boire des bières avec des responsables du RN en leur promettant de « s’occuper » des « mensonges » de Raphaël Glucksmann, par exemple ses dénégations quand on lui rappelle qu’il était candidat « Alternative libérale » en 2007 ? On peut en douter. Oui : tous les journalistes et tous les politiques peuvent avoir une idée derrière la tête – même M. Cohen et M. Legrand. La seule vraie faute de ce dernier, c’est peut-être de s’être fait pincer !

Le réel, fossoyeur du macronisme

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La chute de Bayrou, qui va engager la responsabilité du gouvernement sur la question de la dette, semble inéluctable. Sauf énorme surprise, le président Macron recevra la démission du Premier ministre en fin de journée. Mercredi, la gauche promet de bloquer le pays. La France s’enfonce dans la crise de régime


La politique ne survivra pas à son monde fictif. Depuis des décennies, elle navigue dans le virtuel, prend ses rêves pour des réalités, ignore les faits. Emmanuel Macron, enivré de ses seules certitudes, crut ainsi sortir vainqueur de sa dissolution irréfléchie de l’Assemblée en juin 2024. François Bayrou va tomber ce lundi pour ce même péché d’orgueil : le Premier ministre n’aura pas la confiance des députés, qu’il a cru pouvoir obtenir en prenant, le 25 août, cette option irréaliste. Son échec actera la fin du « bloc central » et du macronisme. Le système en apesanteur attise, sous les mêmes feux de l’égo présidentiel, une guerre contre la Russie que la vaillante Ukraine a déjà perdu. Mais le pouvoir n’est pas le seul à errer dans son métavers, cet univers mental fabriqué. Le PS ultra-minoritaire, acteur central dans l’effondrement du progressisme, s’imagine à Matignon ce soir. LFI, pour sa part, a décrété qu’un nouveau peuple issu de l’immigration arabe et africaine, avait remplacé les autochtones. La dernière publication de l’institut La Boétie, cercle de réflexion lié à Jean-Luc Mélenchon, s’intitule : Nouveau peuple, nouvelle gauche ; les « Français de souche », encore très largement majoritaires, sont priés de disparaître devant ces minorités conquérantes regroupées sous le drapeau palestinien. Quant à la droite de gouvernement, aimantée par le centrisme en faillite, elle se contorsionne dans la cacophonie entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Les Républicains s’imaginent utiles dans un régime déconnecté et agonisant. Ils redoutent d’en appeler au peuple, et même à la proportionnelle, de peur de faire gagner le RN. Ce monde faux, adepte de la pensée magique, vit ses derniers moments.

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La révolution du réel ne fera pas de cadeaux aux vendeurs d’utopies ni en leurs simulacres. Même le haut clergé médiatique, allié des faussaires et de leurs abus de confiance, est démasqué dans ses corruptions morales. Une conversation de bistrot, dont des extraits ont été publiés vendredi par L’Incorrect, confirme la connivence entre les éditocrates Thomas Legrand et Patrick Cohen, qui « informent » sur le service public de l’audiovisuel, et deux cadres du Parti socialiste. Les prêcheurs de vertu, qui aiment se donner en exemple, y assurent notamment de leur collaboration pour faire échouer Rachida Dati dans sa course à la mairie de Paris (Legrand : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi »).

La gauche crie au scandale dans la méthode. Elle compare cette écoute indiscrète aux pratiques de la Stasi. En l’occurrence, le complot anti-Dati des journalistes militants de France Inter a été exposé dans un lieu public parisien, à voix hautes et intelligibles. La presse de gauche reproche en réalité à celle de droite de s’être convertie à quelques-unes de ses méthodes d’ « investigations ». Reste l’illustration de l’entre-soi d’une caste.

Ce camp du Bien, minoritaire et sectaire, s’est plus généralement infiltré dans tous les rouages du pouvoir, jusqu’aux plus hautes juridictions. Mercredi, la gauche promet un pays « bloqué », après avoir détourné un mouvement issu de la droite en colère. Les Français dupés doivent se libérer des propagandistes, reliquats d’un monde vaincu par le réel.

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Nouveau peuple, nouvelle gauche

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Quelques mots pour François Bayrou…

François Bayrou, dont l’analyse des problèmes français s’avère pertinente, a cependant trop cultivé sa solitude, au détriment de négociations plus traditionnelles et de démarches politiques plus conventionnelles, analyse notre chroniqueur.


Premier ministre, il a été moqué, vilipendé, dès le premier jour. Parce qu’il savait que sa mission serait difficile, un Himalaya, on a pris pour de l’arrogance ce qui n’était que conscience de ce qui l’attendait – et dont les Français sous-estimaient sans doute la gravité.

Il a commis des erreurs tactiques, tenu des propos discutables. Mais la trajectoire rude, exigeante, nécessaire qu’il proposait était la bonne. Sur le fond de la politique, malgré une situation parlementaire bloquée, sa résolution de rigueur et d’intégrité était louable. Son constat implacable de justesse et de justice.

Mais ses remèdes n’étaient pas suffisamment audacieux pour paraître à la hauteur de la crise budgétaire et de l’état calamiteux de la France. Alors que d’aucuns les jugeaient trop durs !

Peut-être a-t-il trop privilégié sa solitude, au détriment de la mise en œuvre de tractations plus classiques, plus conventionnelles ?

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La double opposition, dont il a fustigé le caractère honteux et contradictoire, avec cette confiance qu’il a sollicitée alors que plus tard la censure n’aurait pas été certaine, auront raison de lui le 8 septembre.

On ne lui rendra pas justice, on continuera à le traiter avec dérision. On ne parlera pas de son courage mais de son entêtement, de sa personnalité qui, malgré des critiques venues de la droite sur certains de ses choix et de ses votes, a su faire preuve de fermeté, d’indépendance.

Il a annoncé à quelques amis qu’il ne serait pas de nouveau candidat en 2027. Qu’il ne devienne pas, en effet, comme un solliciteur permanent des suffrages du peuple. Être en retrait, c’est seulement changer de lumière…

Quoi qu’il fasse à partir du 9 septembre, pour le citoyen que je suis, il demeurera un homme à l’égard duquel j’aurai une nostalgie humaine et démocratique. De paix, d’entente et non pas de haine.

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Il y a une vie après l’Assemblée

L’été s’achève et la politique, avec son cortège de démagogie, reprend ses droits. Retour sur la période estivale qui, une fois de plus, nous a offert un mélange de tensions et de violences d’une part, et de légèreté et de moments suspendus de l’autre… Parce que c’est aussi ça, la vie.


Le petit chat est mort

En plein cœur du mois de juillet, les violences urbaines, principalement liées aux trafics de stupéfiants, resurgissent. Avec des drames de la vie de tous les jours parfois inattendus. Limoges, Nîmes et… Béziers. Chez nous, tout commence par un guet-apens tendu à nos policiers. Les voyous s’en donnent à cœur joie : de minuit à 4 heures du matin environ, nous assistons à un festival de tirs de mortier. Toutes leurs réserves y passent. Et comme ils tirent dans tous les sens, l’accident arrive : un feu d’artifice passe par une fenêtre ouverte et atterrit sur un canapé, mettant le feu au logement. L’appartement est dévasté. La famille qui y habite est heureusement sauvée par les pompiers et la Ville de Béziers pare au plus pressé en la relogeant à l’hôtel. Quelqu’un manque pourtant à l’appel : le chat de la maison, qui n’a pas eu le temps d’être sauvé. Le petit corps est récupéré et la famille, qui ne veut pas s’en séparer, exige de l’emporter avec elle. Problème, l’hôtel refuse. Un agent de l’office HLM accompagne alors la famille pour enterrer l’animal de compagnie en pleine nuit, dans un jardin avoisinant. La compassion jusqu’au bout…

Ennemis n°1

Après les incidents de la nuit, les médias rappliquent à Béziers. Un journaliste m’explique être allé interroger les habitants du quartier de La Devèze, où se sont passés les événements. Le résultat ne m’étonne guère. La plupart refusent de parler. Trop peur des représailles. Il a quand même réussi à mettre la main sur un des protagonistes de la nuit. Qui a un discours très clair : que la police municipale cesse de venir perturber leurs trafics et ils arrêteront les violences. Cela confirme notre analyse. Nos forces de police ont « tapé » très fort ces dernières semaines. Arrestations et saisies à répétition. En clair, une réaction à l’excellent travail de nos forces de police. Nous nous doutions que les dealers allaient réagir. En attendant, le ministère de l’Intérieur nous envoie des CRS. Retour au calme immédiat.

Sainte Vierge et fausses nonnes

L’été à Béziers, c’est bien sûr la féria. Comme chaque année, elle démarre avec la messe dans les arènes, accompagnée par les musiciens des bandas venues d’un peu partout en France pour l’événement. Un formidable succès puisque ce sont plus de 7 000 personnes qui assistent à l’office ce soir-là. Évidemment, les anticorridas sont là eux aussi, en la personne de deux fausses religieuses qui tentent de perturber la procession avec leur banderole. Heureusement vite neutralisées par les forces de police aux aguets, qui procèdent à une fouille en règle des deux militantes déguisées. Après la messe, c’est le défilé dans les rues de la ville, accompagné cette année de deux chars géants d’environ dix mètres de hauteur, à l’effigie du saint patron de la ville pour le premier – saint Aphrodise et son chameau – et de la Vierge Marie (15 août oblige) pour le second. De quoi faire râler les laïcards mais ça, on ne voudrait surtout pas s’en passer !

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Emmerdeurs

Un défilé qui se termine sur le parvis du théâtre, par un discours d’ouverture de la féria haut en couleur du maire de la ville, Robert Ménard. Lequel a eu la belle surprise d’être accueilli par une marée de bandanas rouges chantant la Marseillaise : impressionnant. L’occasion pour le maire de la ville de fustiger les éternels rabat-joie et autres pisse-froid de circonstance. Ceux « qui veulent toujours tout interdire ». Ceux qui « veulent nous empêcher de fumer sur la plage, […] nous empêcher de rouler au diesel, […] nous empêcher de chasser et, pourquoi pas, de pêcher. Et demain de ramasser des champignons tant qu’on y est ! Ils voudraient fermer nos arènes. Ils détestent le chant du coq le matin ou l’odeur du fumier. Ils sont insupportables ! […] Oui, la féria, c’est un bras d’honneur à tous ces emmerdeurs ! » Le ton était donné. La féria pouvait commencer.

Record battu

Un million deux cent mille personnes dans nos rues en cinq jours : record battu ! Une féria festive, familiale, bon enfant. Dans les artères de la ville, l’accueil réservé à Robert est incroyable ! Je n’arrive plus à compter le nombre de selfies ou les « Robert président ! » qui fusent à tout bout de champ. Seule ombre au tableau, aucun journaliste de Causeur présent… Mais où est la rédaction ?

Jean Pormanove

Torturé et humilié sur la plateforme de streaming Kick, Jean Pormanove est mort en direct. Qu’est devenue notre société pour faire de la maltraitance humaine et de son spectacle un véritable business ? Blaise Pascal disait : « Le cœur des hommes est creux et plein d’ordures. » Visionnaire…

Libération de Béziers

Le 21 août, Robert et moi avons eu le bonheur d’aller déjeuner chez Nahal, la femme de Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste disparu il y a quatre ans déjà. Nous parlons de tout et de rien, un peu de politique bien sûr, et aussi de la situation internationale. Nahal est iranienne et son témoignage est précieux. Un moment « hors du temps », loin des banalités et des violences gratuites de notre monde. Un moment d’émotion également lorsque, le lendemain soir, lors de la fête de la Libération de Béziers, nous retrouvons la voix de Jean-Claude qui accompagne le son et lumière, et se fait l’écho, comme tous les ans, des faits d’armes de nos résistants biterrois.

L’olivier d’Ilan Halimi

Un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Français juif séquestré et torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares », a été abattu pour la troisième fois de façon malveillante. L’antisémitisme en marche… La Ville de Béziers, comme d’autres communes, a donc décidé de planter un arbre pour que, un peu partout en France, la mémoire du jeune homme et la tragédie qu’il a vécue demeurent… C’est Sylvain Tesson qui nous l’explique dans Les Piliers de la mer : « Les oliviers surveillent le temps. L’arbre écoute, comme un œil. Il accumule la mémoire dans l’écorce. » Requiescat in pace.

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Un père et passe

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Christian Authier, le dernier hussard occitan, revient avec un roman d’une grande finesse psychologique aux éditions du Rocher qui retricote la figure d’un père rencontré sur le tard


Authier est un maître théier en décoction lente. Est-ce là, un effet de la ville rose sur sa plume à retardement ? Une forme de mélancolie avancée où ses personnages ont le temps de s’apprivoiser ou de se détester, de s’ignorer ou de s’enlacer. Qui l’emportera à la fin, l’amour filial ou la froide indifférence ? L’enfant triste ou le père absent ? Aucune brusquerie dans cette rencontre avec un inconnu, aucun emballement dans cette histoire de famille étouffée de secrets, une cuisson en papillote sous le soleil grimaçant du Midi, une écriture au plus près des sentiments, sans l’exagération coutumière des mauvais romanciers, sans esbroufe, pas de sensationnalisme ; Authier vinifie naturellement, il travaille sur les fruits sains ou gâtés, il s’approche à tâtons de ses faux héros, les laisse décanter, les laisse s’entrechoquer, comme si l’écrivain était lui-même curieux du résultat final. La fiction n’est pas une longue ligne droite. Tortueuse, elle est même capable de dérouter son propre créateur. C’est plus tard, en refermant Comme un père qui vient de paraître aux éditions du Rocher que le lecteur est heureux d’avoir assisté à cet alambic de sentiments contrastés. Heureux de retrouver dans cette rentrée littéraire de septembre, un roman de style en langue française, c’est-à dire avec des accents larbaldiens et une proximité de cœur avec Sagan, dans les méandres et le clair-obscur des bourgeoisies factices. Alexandre Berthet n’a jamais connu son père. Il n’en fait pas une maladie mais on ne raye pas un géniteur quel qu’il soit d’un trait vengeur. « Il aurait voulu le chasser de son esprit, mais l’on n’efface pas ainsi un père, même absent, même enfoui on ne sait où, peut-être décédé », écrit-il. La vie n’a pas épargné Alexandre ; très jeune, il a perdu sa mère, il a été ensuite confié aux bons soins d’une famille aimante. Si matériellement, il est à l’abri, il possède un bel appartement, il écrit des chroniques culturelles et prend des photos, on ne guérit jamais vraiment d’une enfance à trous. Elle rôde. Elle s’infiltre. Elle vient piquer l’intranquillité de l’être à intervalle régulier. Et puis, un jour, Patrick, ce père oublié, ce père ni fantasmé, ni détesté, refait surface à sa manière, désinvolte et empruntée, farceuse et agaçante, malhabile et inquiétante, grotesque et impossible. Une caricature des temps anciens, l’âge d’or des années 1980, hâbleur et décomplexé, un mirage dont il est bien difficile d’entrevoir une sincérité. « Depuis deux jours, il hébergeait un fantôme, un feu follet, un locataire, un inconnu », voilà comment Alexandre encaisse ce choc.

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Il observe les faits et gestes de cet homme. Il s’irrite de son comportement, de sa légèreté, parfois s’amuse de son côté pique-assiette ; très souvent, il ne comprend pas sa mécanique volatile. Sont-ils de la même lignée, du même sang ? Y-a-t-il quelque chose à comprendre avec les pères d’infortune qui débarquent à l’improviste quand minuit est déjà passé ? Ses tics de langage, son charme d’affairiste sur la paille, sa drague à l’ancienne dans les cafés, son inculture satisfaite, ses copains infréquentables et délicieux, tout ça le chagrine et l’aimante. Dans ses rêves les plus fous, il aurait voulu une explication franche, détaillée, argumentée sur son départ. Authier se méfie de la netteté, c’est un leurre qui crée une littérature sans jus, qui annihile les élans. Partons du constat que nous errons tous dans des sous-ensembles flous. Les hommes cheminent, cahin-caha, dans une existence brumeuse. Cette relation père-fils inexistante au départ peut-elle évoluer vers autre chose ? Le talent d’Authier n’est pas de clarifier, plutôt de teinter les zones d’ombre. Il excelle dans la description de ces cinquantenaires qui oscillent entre le ratage et la réussite, toujours sur le coup d’un contrat mirifique. Il érafle toutes les boursouflures progressistes, toutes les vaches sacrées des temps présents. Il égale Claude Sautet dans la mise en scène des déjeuners et des dîners. Chez Authier, on mange et on boit beaucoup. Son étude des caractères, notamment des bien-pensants, confinés dans leurs certitudes, lambrissés dans leur confort, est implacable. Jouissive. On voyage beaucoup de Sète à la Costa Brava en passant par le Lot. En filigrane, nos vieux amis, Déon, Blondin, Ronet et Patrick Sébastien prennent la pause dans cette aquarelle à la Marie Laurencin. Chez Authier, l’été indien dure et l’amour peut toquer au moment où l’on s’y attend le moins. La belle Mara jouera un grand rôle, elle est à la fois Romy et Lea Massari. Découvrez-la !

Comme un père de Christian Authier – éditions du Rocher 264 pages.

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Haro sur Bolsonaro!

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Michelle Bolsonaro participe à une manifestation de soutien à son mari Jair Bolsonaro à Belém (nord du Brésil), dimanche 7 septembre 2025 © Fotoarena/Sipa USA/SIPA

Au Brésil, ils étaient des dizaines de milliers à battre le pavé dimanche pour défendre Jair Bolsonaro, à la veille d’un verdict explosif de la Cour suprême. L’ancien président (2019-2022), accusé d’avoir voulu jouer les Bonaparte trop pressés lors de la crise de 2022, risque jusqu’à quarante-trois ans derrière les barreaux… Depuis août, il purge déjà une sorte de préventive chic : l’assignation à résidence. Le sort judiciaire du «Trump des tropiques» agace Washington. Sur place, Driss Ghali raconte.


Il est difficile de parler du Brésil car les clichés ont la vie dure. Une grande partie du public a en effet décidé de croire que ce pays se résume à la plage, au foot et aux favelas.  Le fait que ce pays vive son pire moment politique depuis le retour de la démocratie en 1988 n’intéresse pas grand monde en France et dans le monde, à part un certain Donald Trump, président des Etats-Unis.

Ingérence américaine

Le nouveau locataire de la Maison Blanche a décidé de « Make Brazil Great Again » ! Il s’est immiscé de plain-pied dans les affaires internes du Brésil exigeant la fin de « la chasse aux sorcières » qui concernerait l’ancien président Bolsonaro. Celui-ci est en train d’être jugé actuellement pour des crimes aussi graves que fantaisistes dont « tentative de coup d’Etat ». Or, de coup d’État il n’y en a pas eu à Brasilia, soutiennent ses défenseurs. Tout au plus, y a-t-il eu du vandalisme le 8 janvier 2023 aux abords et au sein des bâtiments abritant le Congrès et la Cour Suprême. Bilan : zéro mort. Moyens employés : du rouge à lèvre pour écrire des slogans sur une statue (véridique) et des pierres ramassées dans la rue pour casser les vitres. Peu importe, des verdicts de prison ferme de 14 à 17 ans ont été distribués notamment à des mémés en chaise roulante ou à des coiffeuses, mères de famille. Et Bolsonaro, qui était en vacances en Floride ce jour-là, a été accusé d’avoir tout organisé.  Il risque 43 ans de prison. Verdict attendu entre le 10 et le 12 septembre.

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Trump a vécu une expérience similaire aux Etats-Unis. Après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, l’appareil judiciaire a été mobilisé contre lui et il a échappé de peu à la prison (pour cette affaire, et tant d’autres…) après avoir payé plus d’un milliard de dollars de frais d’avocat. M. Bolsonaro n’a pas les moyens de M. Trump et les tribunaux brésiliens sont certainement moins indépendants que ceux des États-Unis. Trump prend les choses personnellement et met tout son poids dans la balance : il soumet le Brésil à des droits d’importation de 50% jusqu’à ce que Bolsonaro soit affranchi. De surcroît, il a mis le principal persécuteur de Bolsonaro, le juge suprême Alexandre de Moraes, dans le viseur de la Loi Magnitsky, une législation américaine qui punit les personnes physiques et juridiques qui bafouent gravement les droits de l’homme. Depuis, ce juge n’a plus le droit de faire de transaction en USD, d’avoir de cartes de crédit (Visa et Mastercard sont américains), de voyager aux États-Unis etc. En résumé, aucune entreprise ou individu qui a des intérêts aux États-Unis n’a le droit d’être en affaires avec lui.

Bolsonaro assigné à résidence

Au lieu de mettre de l’eau dans son vin, le juge double la mise. Lors de l’ouverture du procès de Bolsonaro, le 2 septembre dernier, il a évoqué la souveraineté brésilienne qui ne saurait être soumise à des pressions extérieures. Bien plus, il a interdit tout simplement à Bolsonaro de quitter sa villa de Brasilia. Il est désormais en résidence surveillée pour éviter une supposée fuite à l’ambassade américaine. Aujourd’hui, des policiers montent la garde dans le jardin même de la villa, au cœur de la résidence de Bolsonaro.

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Et la droite brésilienne dans tout ça ?

Elle a manifesté dimanche dernier. De Rio de Janeiro à Belo Horizonte, le peuple de droite s’est mobilisé. À Sao Paulo, votre serviteur a couvert la manifestation (photos ci-dessous). Selon la presse, nous étions un peu plus de 40 000 à battre le pavé de l’avenue Paulista, la principale artère de la mégalopole économique brésilienne. Par expérience et pour avoir participé à d’autres manifestations au même endroit, je pense que ce chiffre doit être multiplié au moins par deux. Peu importe, le cœur n’y était pas. Il a manqué de l’enthousiasme et de l’espoir. Le chef est en « taule », personne n’a la stature suffisante pour prendre sa place, sa femme venue le représenter a pleuré pendant sa prise de parole, la voix saisie par le poids de « l’humiliation ».

En réalité, la droite brésilienne a déjà digéré Bolsonaro. Elle a en réserve trois ou quatre gouverneurs d’Etat prêts à se jeter dans la course à la présidentielle de l’an prochain (octobre 2026). Les mauvaises langues disent qu’aucun d’entre eux n’a intérêt à ce que M. Bolsonaro soit de retour dans la course. Il est donc question qu’une amnistie soit prononcée quelques jours après le verdict de la Cour suprême. Le projet est en discussion au parlement. Pour l’instant, il vise à rendre à Bolsonaro tous ses droits, notamment celui de participer à l’élection. Mais, au Brésil, tout se négocie et il est certain que les promoteurs de ce projet devront céder quelque chose à Lula et aux juges qui sont vent debout contre l’idée d’amnistie. Il est fort probable que la poire soit coupée en deux et que Bolsonaro soit pardonné mais qu’il demeure inéligible.

Cette perspective ne devrait pas réjouir la Maison-Blanche. Donald Trump semble avoir développé une sympathie très personnelle pour Bolsonaro. Ce dernier pourrait cela dit se contenter de voir sa femme ou un de ses fils concourir à l’élection présidentielle « en son nom ». En attendant, le climat est morne au Brésil, dans les rangs du peuple de droite. Hier en repartant de la manifestation, je n’ai même pas bu de caïpirinha…

Mon royaume pour une maison!

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La maison de Michel Bouquet à Etais-la-Sauvin (89) sur France 5 © Dorothée Poivre d'Arvor

En ce moment, France 5 diffuse la saison 13 de l’excellente série documentaire « Une maison, un artiste » et nous invite à découvrir les refuges entre autres de Jeanne Moreau, Simone Veil, Michel Bouquet, Pierre Loti1 ou encore René Goscinny. Monsieur Nostalgie voit dans l’attachement à la maison individuelle, une manière de vivre pleinement sa citoyenneté


Durant l’agitation, quand la rue brûlera demain, dans les pétards et les mots d’ordre, le manifestant d’un jour pensera à un coin de paradis, rien qu’à lui, par la pensée il s’échappera de la tourmente du mal logement, il s’évadera de la masse ; il aura beau marcher dans la foule au milieu d’autres anonymes, son esprit ira se nicher ailleurs, dans un endroit secret, au fond de nos provinces, au pays de ses ancêtres ou dans un lieu découvert par hasard au gré d’un voyage, d’une lecture, d’une dérivation, quelque chose de modeste et de chaleureux où il pourra déposer son barda d’emmerdements. Enfin, respirer. S’extraire et se poser, sans que l’on vienne le juger, le tancer, le taxer, le chagriner, le soumettre à des plans indignes. La propriété privée n’est pas une atteinte à la citoyenneté, au contraire. N’est-ce pas un droit vital que d’aspirer au retrait et au foyer serein ? Tous les Hommes méritent de trouver leur escale permanente. On plaint sincèrement ceux qui errent sans point de fixation intellectuel et charnel. Le rêve de posséder une maison individuelle qui fut salement moqué par des disjoncteurs, des perturbateurs endoctrinés, traverse toutes les couches de notre société. Il est commun aux honnêtes gens. Peu importe le niveau des ressources, le besoin d’attacher le destin de sa famille à un morceau de terre est largement partagé dans notre pays. Posséder un toit à soi, dans un lieu librement choisi, avec un bout de jardin, un cèdre, une cheminée, une cuisine, quelques tommettes, un logis à soi où la vie ne semblerait ni vaine, ni bouchée, une vue sur un champ, un massif, une rue biscornue, un point d’eau, sur des tuiles ou des ardoises, c’est avoir déjà réussi sa vie. Un but atteint. S’être accompli en donnant aux siens un ancrage et une destinée. Quelle fierté pour des parents !

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L’adage populaire ne dit-il pas : mieux vaut un petit chez soi qu’un grand chez les autres ? Une maison est la première pierre d’une histoire longue. Ceux qui ne comprennent pas cet élan, qui détestent le confort « petit-bourgeois » des autres alors qu’eux-mêmes se gobergent dans la multipropriété, veulent empiler les humains verticalement, les indifférencier. Chez eux, l’Homme est une statistique froide, on le place, le déplace, le fait grimper de force dans une tour, lui octroyant royalement des sanitaires et une lucarne. L’Homme n’est pas qu’un figurant, qu’un opérateur macro-économique commandé à distance. Son émancipation passe par l’achat d’un pavillon de banlieue ou d’une longère à la campagne, il se révèle à lui-même en retapant une masure, en creusant son propre terrier. L’immobilier et le patrimoine sont des sujets sensibles en France. Mais une large partie de la population s’accorde au moins sur un point : habiter quelque part pour être dans ses murs. Même E.T. l’extraterrestre pointait de son doigt courbé sa lointaine maison et nous brisait le cœur. On est curieux des lieux de vie car ils disent tout de nous, de notre sensibilité, de notre fanfaronnerie, de nos joies et de nos tristesses. Nos maisons, celles que l’on a désirées follement, que l’on a héritées et pour lesquelles on s’est endettés, sont nos miroirs. Elles projettent l’image que l’on se fait de soi. Notre meilleur profil. On y met souvent nos peurs et nos envies.

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C’est pourquoi la série « Une maison, un artiste » diffusée sur France 5, actuellement dans sa 13ème saison (visible gratuitement sur le site France TV) est un rendez-vous charmant, hors du temps, une bulle de champagne dans la grisaille des programmes. En 26 minutes, nous découvrons le lieu préféré d’un Français « célèbre » disparu. Il y a une part de curiosité de connaître les intérieurs de nos personnalités. Ces maisons sont belles mais pas trop belles. Il ne s’agit pas d’un concours de demeures somptuaires quoique certaines aient un cachet certain. Elles peuvent être spacieuses comme la villa de Jeanne Moreau à la Garde-Freinet dans le Var, normande et douillette comme celle de Simone Veil à Cambremer, festive à l’image de l’inoubliable Jean-Marc Thibault à Marseille, panoramique comme l’appartement du XVIème arrondissement de René Goscinny avec vue sur la Tour Eiffel, l’amateur de paquebot transatlantique pouvait laisser voguer son imagination. Dans cette 13ème saison, j’ai un faible pour la maison de village de Michel Bouquet et surtout de sa Juliette (Carré) à Etais-la-Sauvin dans l’Yonne. Une bâtisse rurale, simple, propice à la compréhension des grands textes. Demain, chacun, manifestant ou pas, aura la vision de sa maison idéale dans le coin de sa tête, très loin des dissolutions et des votes de confiance.

Tendre est la province

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  1. Retrouvez un article de deux pages de Julien San Frax sur la maison de Pierre Loti à Rochefort, dans le magazine Causeur du mois ↩︎

Cette gauche qui s’entend sur France inter

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Le journaliste Thomas Legrand photographié en 2024 © Chang Martin/SIPA

Une vidéo compromettante circule et révèle une certaine connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand, Patrick Cohen et deux responsables socialistes.


Je l’avoue, la vidéo Legrand-Cohen m’a emplie d’une allégresse passablement mauvaise. Le camp du Bien pris en flag, ça fait du bien. Que les prêcheurs du Service public se prennent en boomerang leurs sermons déontologiques et leurs mines outragées au point d’obliger la direction de France Inter à réagir, ça n’arrive pas tous les jours. Rappelons leur jubilation à chaque fois qu’ils débusquent une mauvaise blague proférée par un homme de droite. Et imaginons que votre servante se fasse pincer en train de dire qu’elle rêve de tirer les cheveux de Sandrine Rousseau ou de faire rôtir la plante des pieds d’Ersilia Soudais, ce serait un déchaînement de « on vous l’avait bien dit que cette fille était dangereuse ! ». Cela dit, je ne me réjouis pas spécialement des déboires des confrères. Legrand est plutôt un bon gars, un vrai mec de gauche qui a mis ses enfants à l’école publique dans le 9-3 où il réside, tout en reconnaissant que c’est pas facile tous les jours. Son excuse pour le paquet d’âneries qu’il écrit, c’est qu’il croit vraiment lutter contre le fascisme qui vient. Legrand, c’est encore la gauche à l’ancienne, même pas woke sur les bords ni mélenchoniste. Ce n’est pas le plus sectaire, la preuve il a déjà pris un café avec Xavier Bertrand, ce qui devrait lui valoir un brevet de pluralisme. Cependant Legrand est beaucoup moins suspect de tendances droitières que l’insubmersible Patrick Cohen qui lui a succédé à l’édito politique et qui n’a pas la réputation d’être le meilleur camarade de travail du monde. En prime, Cohen a officié près de 20 ans dans des médias privés, autant dire l’antichambre du diable. N’empêche, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Patco, c’est le mètre-étalon de la bienpensance, le roi de la doxa macronienne débitée en tranches. Mais pour Mélenchon et autres furieux, comme Pierre Jacquemain, impayable patron de la revue Politis, Legrand et Cohen, c’est la même engeance : des sociaux-traitres vendus au grand capital. D’ailleurs, ce samedi, Libération publiait un article sur Giula Foïs. Remerciée par la direction, la papesse du gender fluid et du sexe sans pénétration (là j’invente un peu) s’offusque de la déwokisation de France Inter menée par Adèle Van Reeth. Elle sent une «reprise en main, un étau qui se resserre » et qui menacerait « toutes les thématiques progressistes ». Qu’elle se rassure, ça ne saute pas aux oreilles. Tout de même au moment où la patronne de France Inter fait de véritables efforts pour désidéologiser un brin sa chaîne, se faire choper à fricoter avec des socialistes, c’est ballot.

Ce ne sont donc pas les pires qui se sont faits attraper par la patrouille. Dans le genre plus islamo-gauchiste et plus gaza-fanatique, il y a l’embarras du choix chez les francintériens. Evidemment, le mot d’ordre c’est de défendre les valeureux camarades honteusement attaqués par la méchante extrême droite. Mais à l’intérieur de la forteresse assiégée on doit entendre une autre musique. Non contents d’être droitards ces deux malins sont malchanceux en diable. Ou imprudents. En tout cas, maintenant qu’ils ont fait éclater au grand jour une vérité de polichinelle, ça va être plus compliqué d’expliquer partout que le Service public est le phare de la vertu journalistique. Encore que le journaliste de gauche, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

On a donc eu droit aux grandes orgues de l’antifascisme dénonçant une méthode digne des années noires. Soyons honnête, le propos volé, ce n’est pas ma tasse de thé. Je ne me rappelle pas que les indignés aient protesté quand Mediapart a diffusé (et même fait admettre en justice) un enregistrement clandestin réalisé par le majordome de Madame Bettencourt, ou des propos volés (dans un café me semble-t-il) à un dirigeant du football français. Je ne sache pas qu’Adèle Van Reeth qui parle de « méthodes illégales et déloyales » ait interdit à ses troupes de citer et commenter les blagues de Depardieu captées et diffusées à son insu. Et pour finir, un internaute a déniché une vidéo où Cohen trouve parfaitement légitime que Laurent Wauquiez ait été enregistré en loucedé par un étudiant de son école de commerce. Je ne vais pas faire un concours de pureté : si un lecteur m’avait apporté cette vidéo, j’aurais évidemment trouvé des accommodements avec mes légères préventions morales pour le diffuser.

Notre jeune et hardie consœur Juliette Briens, auteur de ce scoop magistral, n’a pas engagé des limiers pour traquer le duo, elle a eu une sacrée chance. Un lecteur de l’Incorrect, attablé dans le même bistrot du 7ème arrondissement que les deux journalistes et leurs interlocuteurs socialistes, a entendu et enregistré leur conversation. Pour avoir su en capter toute la saveur, ledit lecteur doit être passablement au fait des manigances politico-médiatiques, peut-être même officie-t-il à l’Assemblée. Même dans les beaux quartiers parisiens, on n’est plus à l’abri des oreilles populistes, tout fout le camp. Ce n’est pas seulement une blague. Cohen et Legrand combattent le populisme, un ennemi sans visage dont ils n’imaginent pas qu’il puisse fréquenter les mêmes bistrots qu’eux. Ils sont habitués à ce qu’autour d’eux, tout le monde pense comme eux.

Reste à savoir ce que nous apprend cette conversation entre deux journalistes du Service public et deux hiérarques socialistes. Pas grand-chose. Des journalistes qui causent avec des politiques et se font engueuler pour leurs papiers, c’est banal. Seulement, si on remplit les blancs, on comprend que, pour se faire pardonner ses méchanteries sur Olivier Faure, Legrand plaide qu’à Paris lui et Cohen s’occupent de Dati (ce qui ne signifie pas qu’ils détiennent sa fille mais qu’ils s’emploient à la faire perdre). Le sous-texte, c’est que ce n’est pas leur pureté idéologique qui est en jeu, mais la personne et le positionnement de Faure. Avouer aussi clairement qu’on est en service commandé, c’est fâcheux. Pour le reste, on savait que les deux lascars n’étaient pas de droite et qu’ils n’aimaient pas Rachida Dati. Du reste, un éditorialiste est payé pour avoir des opinions. En l’occurrence, ce qui chiffonne c’est que, sur une chaîne financée par le contribuable, ils aient peu ou prou tous les mêmes. Cependant, convoquer Baron noir me semble un peu drama queen. En fait de complot, c’est du bavardage d’arrière-salle de gens qui réalisent qu’ils sont en train de perdre la main.

En réalité, le passage le plus croustillant et le plus embarrassant est celui où Legrand déroule sa théorie politique du « marais centre-droit centre-gauche» dont il prétend être le guide spirituel – « ces gens-là écoutent France Inter en masse », plastronne-t-il. Pour lui, le centre de gravité de cette nouvelle version de l’UMPS ne peut pas être Faure, trop mélenchonisé et pas assez ukrainien, mais Glucksmann, qu’il s’efforce de vendre à ses interlocuteurs comme le bon adversaire face au RN (ce qui laisse assez songeur quant à ses capacités d’analyste). Lui fera sa part du boulot en parlant à sa part de marché électorale. En réalité, il joue à l’important, se prend l’espace d’un instant pour le faiseur de roi qu’il n’est pas. Mais il a lâché le morceau : à France Inter, le journalisme c’est la poursuite de la politique par d’autres moyens. Notez, ça aussi, on l’avait compris.

Ce qui a transformé cette millième francintériade en affaire d’État, sur laquelle chacun se sent tenu de se prononcer, le fait réellement inédit, c’est qu’Adèle Van Reeth a lâché et annoncé illico la suspension à titre conservatoire de Thomas Legrand, qui n’a donc pas officié ce dimanche. Sans doute sert-il de paratonnerre. Le gros gibier, celui qu’il faut protéger à tout prix, c’est Cohen – à qui on ne peut reprocher aucun propos. N’empêche, cette fois, il n’a pas suffi de discréditer le messager en braillant « extrême droite » pour faire oublier le message. Il faut croire que l’hégémonie, ce n’est plus ce que c’était. 

Non, il n’y a pas trop de restaurants en France, il y a simplement trop de mauvais restaurants!

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DR.

Restaurants: réguler leur nombre avec un numerus clausus est une idée aberrante.


Dans un pays où la gastronomie est élevée au rang de patrimoine mondial, voilà que des voix s’élèvent pour réclamer un numerus clausus sur les restaurants. France Info, fidèle à sa vocation de relayer les angoisses collectives, a récemment remis sur la table cette idée saugrenue : limiter le nombre d’établissements pour éviter une prétendue « sursaturation » du marché.

Une idée absurde

Avec plus de 407 000 restaurants recensés, certains hurlent au scandale, comme si la profusion était un mal en soi. Mais arrêtons les pleurnicheries : le vrai problème n’est pas la quantité, c’est la qualité. Et plutôt que de brandir le spectre d’une régulation étatique, il est temps de célébrer la liberté d’entreprendre, cette liberté libérale qui fait la grandeur de la France, quand on ne la bride pas.

Imaginez un instant : une bureaucratie toujours plus asphyxiante décidant, d’un coup de tampon, si votre quartier mérite un nouveau bistrot ou un énième kebab ou smash burger.

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C’est l’absurde proposition de Franck Chaumès, président de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), qui rêve d’interdire les ouvertures dans les zones « bien pourvues ». Provocation ? Non, pur délire interventionniste. La restauration est l’un des derniers bastions où la liberté d’entreprendre n’est pas étouffée par des diplômes obligatoires ou des autorisations kafkaïennes. Pas besoin de CAP ni de licence IV pour se lancer – et c’est tant mieux ! Cette accessibilité nourrit la diversité, l’audace, l’innovation. Elle permet à un chef autodidacte de bousculer les codes, à un immigré entreprenant de partager ses saveurs natales. Freiner cela au nom d’une « protection » ? C’est trahir l’esprit même de l’économie libérale.

Et parlons-en, de cet esprit libéral. Frédéric Bastiat, cet économiste français du XIXe siècle récemment réédité par les éditions Idem dans une version qui mériterait d’être sur toutes les tables de chevet, l’avait compris mieux que quiconque. Dans sa fameuse Pétition des fabricants de chandelles, Bastiat ridiculisait avec brio les protectionnistes qui réclamaient des lois pour bloquer la lumière du soleil, au profit de leurs bougies.

Appliquez cela à nos restaurants : limiter les ouvertures pour protéger les médiocres, c’est comme voiler les fenêtres pour sauver les chandelles. Bastiat nous rappelait que la concurrence n’est pas un ennemi, mais le moteur du progrès. « La liberté, c’est la concurrence ; la concurrence, c’est la liberté », écrivait-il. En France, où l’État adore jouer les nounous, il est temps de redécouvrir Bastiat : plus de libéralisme, pas de nouvelles normes, quotas ou taxes qui étouffent l’initiative.

Un marché sain

Ce que certains dépeignent comme une « dérégulation anarchique » est en réalité une liberté précieuse, qui s’autorégule d’elle-même. Les chiffres parlent : un tiers des restaurants ferment dans les deux premières années. Est-ce un échec ? Au contraire, c’est la preuve d’un marché sain, où la survie dépend de la compétence, de la gestion et de l’offre pertinente. Le consommateur, ce tyran exigeant, est devenu un arbitre sans pitié. Il traque le faux, le tiède, l’industriel déguisé en artisanal. Et il a raison ! Avec l’inflation galopante, la baisse du pouvoir d’achat et la peur de l’addition – comme le souligne le rapport KPMG Consumer Pulse (Été 2025), les Français ne tolèrent plus l’à-peu-près. Ils veulent du bon, du vrai, du chaleureux. Les établissements qui survivent ? Ceux qui innovent, qui fidélisent, qui résistent à l’explosion des charges, des loyers exorbitants, de l’énergie et des matières premières.

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Les rues envahies de kebabs, un autre sujet

On objectera qu’il existe des rues entières saturées de fast-foods ou de kebabs. Mais ce phénomène n’a rien à voir avec une prétendue « surpopulation » de restaurants : il traduit surtout l’évolution sociologique d’une clientèle plus jeune, souvent issue d’une culture « street » internationale, qui ne se reconnaît pas forcément dans les cartes traditionnelles françaises. À cela s’ajoutent parfois des pratiques opaques, certains établissements servant de paravent ou au blanchiment d’argent. Ce problème relève donc de la consommation et du contrôle de la provenance des fonds et des recettes, pas d’un numerus clausus qui sanctionnerait indistinctement tous les restaurateurs.

Stéphane Manigold, restaurateur engagé, a rappelé récemment sur RTL que la question centrale est celle de la définition même du restaurant. Il soulève un point essentiel : si chacun peut se prétendre restaurateur, où s’arrête la restauration et où commence la simple vente alimentaire ? C’est là que surgit un autre enjeu, bien plus concret que les kebabs : la concurrence des boulangeries. Car celles-ci ne se limitent plus au sandwich jambon-beurre ; elles proposent désormais des plats chauds et des formules complètes, sans pour autant se soumettre aux mêmes contraintes qu’un bistrot ou un restaurant. Autrement dit, elles deviennent parfois des restaurants qui ne disent pas leur nom.

Mais attention : si ce constat est juste, la tentation de vouloir légiférer davantage serait une erreur. Comme toujours, c’est le marché qui doit trancher. La clientèle choisira les établissements capables de répondre à ses attentes, qu’il s’agisse d’un boulanger audacieux, d’un chef excentrique ou d’un bistrotier traditionnel. Le rôle des pouvoirs publics n’est pas d’ajouter une couche de réglementation, mais de garantir des conditions de concurrence équitables.

Bien sûr, il y a des défis réels : les baux commerciaux usuraires, les charges sociales écrasantes, l’énergie qui flambe. Mais la solution n’est pas plus d’État, c’est moins ! Allégez les normes, baissez les taxes, les charges, le coût du travail : libérez les entrepreneurs. Encourageons la montée en compétence via des formations volontaires, pas obligatoires. Soutenons l’excellence, pas la médiocrité protégée.

Il y aura toujours des millions de bouches à nourrir chaque jour en France. Laissons les bons restaurateurs les satisfaire, sans leur mettre des bâtons dans les roues. Et relisons Bastiat : la liberté n’est pas un risque, c’est une chance. Pour une France libérée, pas entravée.

L’Arlésienne référendaire

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DR.

Le chef de l’État évoquait encore en mai dernier la possibilité d’un référendum en cas de blocage législatif


Depuis 2017, Emmanuel Macron cultive un art bien particulier : celui du référendum… virtuel ; start-up nation oblige sans doute. À chaque crise, promesse solennelle : « Les Français auront la parole. » En 2019, face aux gilets jaunes, il envisage un « RIC encadré » – encadré depuis dans les toilettes de l’Élysée. En 2023, il songe à « revitaliser la démocratie directe », sans se mouiller davantage – cette pensée complexe constituant en elle-même une première revitalisation. Puis viennent les vœux de 2025 suivis d’une piqûre de rappel en mai dernier : cette fois, c’est sûr, « dans les prochains mois », un grand moment citoyen arrive. Sur quelle thématique ? Peut-être, éventuellement, oui, la fin de vie, les écrans, la réforme des territoires… Rien sur les deux sujets sur lesquels les Français souhaitent répondre un non massif : la réforme des retraites (qu’ils souhaitent plutôt faire financer par les Martiens) et l’immigration, une chance qui les accable. Résultat : des annonces, des rumeurs, des « calendriers en réflexion », mais toujours aucun bulletin à glisser dans l’urne. Macron manie le référendum comme la queue de Mickey dans les manèges : on a failli l’avoir. Il s’en méfie et n’a pas tort. En Nouvelle-Calédonie, les différentes consultations n’ont apporté aucune solution durable. En Métropole, le président sait que la réponse sera non, quelle que soit la question (inintéressante) posée.

Abus de quatrième pouvoir?

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De gauche à droite, la ministre de la Culture Rachida Dati, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen © Christian Liewig-POOL/SIPA

La connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen avec deux responsables socialistes, attablés dans un bistrot et manigançant contre Rachida Dati, semble évidente. Mais aussitôt, un récit de circonstance s’est imposé: deux journalistes talentueux seraient injustement traînés dans la boue par « qui vous savez »… Voilà une polémique comme on les aime tant.


Il est toujours amusant de voir s’agiter progressistes et défenseurs de l’audiovisuel public sur le rafiot du camp du Bien quand il prend l’eau. D’autres séquences rigolotes nous sont vraisemblablement promises dans les prochains jours, à mesure que le système politico-médiatique va tenter de réhabiliter les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen – qui ont été surpris en train de parler fort maladroitement de leur ministre Rachida Dati avec deux pontes du Parti socialiste dans une vidéo filmée à leur insu.

Alors, Thomas Legrand serait un éditorialiste de gauche ? Voilà un scoop ! Et France Inter un bastion progressiste où l’on roule pour la gauche ? Quelle révélation ! Sérieusement, qui pouvait encore l’ignorer ? On feint de s’indigner parce que la droite et le Rassemblement national ne cachent plus leur projet de privatiser un audiovisuel public qui coûte des milliards aux contribuables tout en étant systématiquement orienté contre eux ? Là encore, rien de bien nouveau.

Crise à France Inter

Dimanche matin, à 8h49, avant de lancer un disque, la journaliste Marion Lhour adopte un ton solennel : « Thomas Legrand n’est pas à l’antenne ce matin. La direction de France Inter a décidé de le suspendre à titre conservatoire. Des extraits vidéos et des propos rapportés d’un échange privé et informel (…) ont été publiés en ligne. Les propos tenus par Thomas Legrand peuvent porter à confusion ; la direction justifie cette décision par le choix de protéger l’antenne et le travail des journalistes de tout discrédit. » Un texte lu avec sérieux, mais sans grande conviction apparente.

La veille, Rachida Dati s’était insurgée sur X : « Des journalistes du service public et Libération affirment “faire ce qu’il faut” pour m’éliminer de l’élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités. »

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La Société des journalistes de Radio France, de son côté, a rapidement réagi. Fidèle à son rôle de bouclier corporatiste, elle a assuré en écriture inclusive son soutien inconditionnel à MM. Legrand et Cohen, et a pris ses distances avec la ministre honnie et cette direction qui a déjà osé écarter de l’antenne l’hilarant Guillaume Meurice ou la délicieuse Giulia Foïs : « La SDJ de Radio France s’indigne de l’instrumentalisation par un média d’extrême-droite de propos volés et complètement sortis de leur contexte. Nous déplorons que certain.e.s s’en servent déjà pour s’en prendre à l’audiovisuel public, sans attendre d’explications. Nous sommes solidaires de Thomas Legrand et Patrick Cohen face à toutes ces attaques ».

Manipulera bien qui manipulera le dernier…

On nous explique désormais que nous n’aurions pas réellement vu ce que nous avons vu. Les deux journalistes ne complotaient pas contre Mme Dati : ils discutaient simplement avec Luc Broussy et Pierre Jouvet, cadres du Parti socialiste, dans une brasserie parisienne. Et si Thomas Legrand a lâché cette phrase maladroite – « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi » – il faudrait la replacer dans son contexte, bien sûr. D’ailleurs, ils ne complotaient pas. Au contraire : on leur avait donné rendez-vous parce qu’ils ne récitaient pas comme il faut la bonne parole concernant le Secrétaire national un peu pâlot Olivier Faure !

Déjà, ceux qui diffusent cette vidéo se voient menacés de poursuites judiciaires pour atteinte à la vie privée. Partout, on martèle que l’émetteur du message est un « mensuel d’extrême droite », comme pour souligner à quel point se faire le relais de pareils quolibets contre de si éminents journalistes sent mauvais… Comme si les journalistes de gauche comme Elise Lucet ou « Quotidien » ne s’étaient pas également déjà fait une spécialité de la diffusion de propos volés.

Patrick Cohen dénonce de son côté un procédé manipulatoire : « On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire. » Soit. Mais le mal est fait, le public a bien entendu : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati »

Mais, on tente de minimiser l’affaire. Le journaliste Laurent Joffrin nous présente Mme Dati comme un « cas très particulier », prompte à l’invective et aux approximations, presque une Trump à la française. En revanche, Jean-Luc Mélenchon dénonce une « vidéo consternante » révélant « deux journalistes essentiels de l’officialité PS », tandis que Marine Le Pen rappelle que « le service public ne peut pas être la succursale du Parti socialiste » et relance l’idée de privatisation.

Peuvent-ils rester à l’antenne ?

Thomas Legrand est éditorialiste : il peut bien penser ce qu’il veut. Mais ne devrait-on pas désormais ranger ses chroniques dans la fameuse rubrique « En toute subjectivité » ? Et surtout repenser le pluralisme des voix sur une antenne qui se prétend neutre ?

S’il n’y a peut-être pas vraiment d’agenda caché ou de complot, la connivence politique entre les éditorialistes et les socialistes est en revanche flagrante dans la phrase prononcée par M. Legrand.

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La suspension de M. Legrand ressemble à un sacrifice destiné à sauver Patrick Cohen, plus central à l’antenne et beaucoup plus présent cette année, de France Inter le matin à France 5 en soirée en passant par la Chaîne parlementaire. On donne l’impression de protéger le navire en sacrifiant un rameur secondaire : M. Legrand n’a plus l’édito politique quotidien de France inter, repris par M. Cohen, et il peut continuer d’écrire ses chroniques dans Libération

Il arrive à tous les journalistes de rencontrer des personnalités de toute tendance pour des discussions sans filtre, se défend Thomas Legrand. Il a raison. Mais pourquoi cette indulgence quand il s’agit de discussions avec le PS, et tant de sévérité dans d’autres cas ? Lors de l’affaire du journaliste Jean-François Achilli, écarté de France info, par exemple, tout ce petit monde avait moins de scrupules à sanctionner semble-t-il. Et sérieusement, MM. Cohen et Legrand iront-ils vraiment demain boire des bières avec des responsables du RN en leur promettant de « s’occuper » des « mensonges » de Raphaël Glucksmann, par exemple ses dénégations quand on lui rappelle qu’il était candidat « Alternative libérale » en 2007 ? On peut en douter. Oui : tous les journalistes et tous les politiques peuvent avoir une idée derrière la tête – même M. Cohen et M. Legrand. La seule vraie faute de ce dernier, c’est peut-être de s’être fait pincer !

Le réel, fossoyeur du macronisme

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© Gerard Bottino / SOPA/SIPA

La chute de Bayrou, qui va engager la responsabilité du gouvernement sur la question de la dette, semble inéluctable. Sauf énorme surprise, le président Macron recevra la démission du Premier ministre en fin de journée. Mercredi, la gauche promet de bloquer le pays. La France s’enfonce dans la crise de régime


La politique ne survivra pas à son monde fictif. Depuis des décennies, elle navigue dans le virtuel, prend ses rêves pour des réalités, ignore les faits. Emmanuel Macron, enivré de ses seules certitudes, crut ainsi sortir vainqueur de sa dissolution irréfléchie de l’Assemblée en juin 2024. François Bayrou va tomber ce lundi pour ce même péché d’orgueil : le Premier ministre n’aura pas la confiance des députés, qu’il a cru pouvoir obtenir en prenant, le 25 août, cette option irréaliste. Son échec actera la fin du « bloc central » et du macronisme. Le système en apesanteur attise, sous les mêmes feux de l’égo présidentiel, une guerre contre la Russie que la vaillante Ukraine a déjà perdu. Mais le pouvoir n’est pas le seul à errer dans son métavers, cet univers mental fabriqué. Le PS ultra-minoritaire, acteur central dans l’effondrement du progressisme, s’imagine à Matignon ce soir. LFI, pour sa part, a décrété qu’un nouveau peuple issu de l’immigration arabe et africaine, avait remplacé les autochtones. La dernière publication de l’institut La Boétie, cercle de réflexion lié à Jean-Luc Mélenchon, s’intitule : Nouveau peuple, nouvelle gauche ; les « Français de souche », encore très largement majoritaires, sont priés de disparaître devant ces minorités conquérantes regroupées sous le drapeau palestinien. Quant à la droite de gouvernement, aimantée par le centrisme en faillite, elle se contorsionne dans la cacophonie entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Les Républicains s’imaginent utiles dans un régime déconnecté et agonisant. Ils redoutent d’en appeler au peuple, et même à la proportionnelle, de peur de faire gagner le RN. Ce monde faux, adepte de la pensée magique, vit ses derniers moments.

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La révolution du réel ne fera pas de cadeaux aux vendeurs d’utopies ni en leurs simulacres. Même le haut clergé médiatique, allié des faussaires et de leurs abus de confiance, est démasqué dans ses corruptions morales. Une conversation de bistrot, dont des extraits ont été publiés vendredi par L’Incorrect, confirme la connivence entre les éditocrates Thomas Legrand et Patrick Cohen, qui « informent » sur le service public de l’audiovisuel, et deux cadres du Parti socialiste. Les prêcheurs de vertu, qui aiment se donner en exemple, y assurent notamment de leur collaboration pour faire échouer Rachida Dati dans sa course à la mairie de Paris (Legrand : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi »).

La gauche crie au scandale dans la méthode. Elle compare cette écoute indiscrète aux pratiques de la Stasi. En l’occurrence, le complot anti-Dati des journalistes militants de France Inter a été exposé dans un lieu public parisien, à voix hautes et intelligibles. La presse de gauche reproche en réalité à celle de droite de s’être convertie à quelques-unes de ses méthodes d’ « investigations ». Reste l’illustration de l’entre-soi d’une caste.

Ce camp du Bien, minoritaire et sectaire, s’est plus généralement infiltré dans tous les rouages du pouvoir, jusqu’aux plus hautes juridictions. Mercredi, la gauche promet un pays « bloqué », après avoir détourné un mouvement issu de la droite en colère. Les Français dupés doivent se libérer des propagandistes, reliquats d’un monde vaincu par le réel.

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Quelques mots pour François Bayrou…

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François Bayrou en entretien sur les chaînes d'information en continu, le 31 août 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

François Bayrou, dont l’analyse des problèmes français s’avère pertinente, a cependant trop cultivé sa solitude, au détriment de négociations plus traditionnelles et de démarches politiques plus conventionnelles, analyse notre chroniqueur.


Premier ministre, il a été moqué, vilipendé, dès le premier jour. Parce qu’il savait que sa mission serait difficile, un Himalaya, on a pris pour de l’arrogance ce qui n’était que conscience de ce qui l’attendait – et dont les Français sous-estimaient sans doute la gravité.

Il a commis des erreurs tactiques, tenu des propos discutables. Mais la trajectoire rude, exigeante, nécessaire qu’il proposait était la bonne. Sur le fond de la politique, malgré une situation parlementaire bloquée, sa résolution de rigueur et d’intégrité était louable. Son constat implacable de justesse et de justice.

Mais ses remèdes n’étaient pas suffisamment audacieux pour paraître à la hauteur de la crise budgétaire et de l’état calamiteux de la France. Alors que d’aucuns les jugeaient trop durs !

Peut-être a-t-il trop privilégié sa solitude, au détriment de la mise en œuvre de tractations plus classiques, plus conventionnelles ?

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La double opposition, dont il a fustigé le caractère honteux et contradictoire, avec cette confiance qu’il a sollicitée alors que plus tard la censure n’aurait pas été certaine, auront raison de lui le 8 septembre.

On ne lui rendra pas justice, on continuera à le traiter avec dérision. On ne parlera pas de son courage mais de son entêtement, de sa personnalité qui, malgré des critiques venues de la droite sur certains de ses choix et de ses votes, a su faire preuve de fermeté, d’indépendance.

Il a annoncé à quelques amis qu’il ne serait pas de nouveau candidat en 2027. Qu’il ne devienne pas, en effet, comme un solliciteur permanent des suffrages du peuple. Être en retrait, c’est seulement changer de lumière…

Quoi qu’il fasse à partir du 9 septembre, pour le citoyen que je suis, il demeurera un homme à l’égard duquel j’aurai une nostalgie humaine et démocratique. De paix, d’entente et non pas de haine.

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Il y a une vie après l’Assemblée

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© Alain ROBERT/SIPA

L’été s’achève et la politique, avec son cortège de démagogie, reprend ses droits. Retour sur la période estivale qui, une fois de plus, nous a offert un mélange de tensions et de violences d’une part, et de légèreté et de moments suspendus de l’autre… Parce que c’est aussi ça, la vie.


Le petit chat est mort

En plein cœur du mois de juillet, les violences urbaines, principalement liées aux trafics de stupéfiants, resurgissent. Avec des drames de la vie de tous les jours parfois inattendus. Limoges, Nîmes et… Béziers. Chez nous, tout commence par un guet-apens tendu à nos policiers. Les voyous s’en donnent à cœur joie : de minuit à 4 heures du matin environ, nous assistons à un festival de tirs de mortier. Toutes leurs réserves y passent. Et comme ils tirent dans tous les sens, l’accident arrive : un feu d’artifice passe par une fenêtre ouverte et atterrit sur un canapé, mettant le feu au logement. L’appartement est dévasté. La famille qui y habite est heureusement sauvée par les pompiers et la Ville de Béziers pare au plus pressé en la relogeant à l’hôtel. Quelqu’un manque pourtant à l’appel : le chat de la maison, qui n’a pas eu le temps d’être sauvé. Le petit corps est récupéré et la famille, qui ne veut pas s’en séparer, exige de l’emporter avec elle. Problème, l’hôtel refuse. Un agent de l’office HLM accompagne alors la famille pour enterrer l’animal de compagnie en pleine nuit, dans un jardin avoisinant. La compassion jusqu’au bout…

Ennemis n°1

Après les incidents de la nuit, les médias rappliquent à Béziers. Un journaliste m’explique être allé interroger les habitants du quartier de La Devèze, où se sont passés les événements. Le résultat ne m’étonne guère. La plupart refusent de parler. Trop peur des représailles. Il a quand même réussi à mettre la main sur un des protagonistes de la nuit. Qui a un discours très clair : que la police municipale cesse de venir perturber leurs trafics et ils arrêteront les violences. Cela confirme notre analyse. Nos forces de police ont « tapé » très fort ces dernières semaines. Arrestations et saisies à répétition. En clair, une réaction à l’excellent travail de nos forces de police. Nous nous doutions que les dealers allaient réagir. En attendant, le ministère de l’Intérieur nous envoie des CRS. Retour au calme immédiat.

Sainte Vierge et fausses nonnes

L’été à Béziers, c’est bien sûr la féria. Comme chaque année, elle démarre avec la messe dans les arènes, accompagnée par les musiciens des bandas venues d’un peu partout en France pour l’événement. Un formidable succès puisque ce sont plus de 7 000 personnes qui assistent à l’office ce soir-là. Évidemment, les anticorridas sont là eux aussi, en la personne de deux fausses religieuses qui tentent de perturber la procession avec leur banderole. Heureusement vite neutralisées par les forces de police aux aguets, qui procèdent à une fouille en règle des deux militantes déguisées. Après la messe, c’est le défilé dans les rues de la ville, accompagné cette année de deux chars géants d’environ dix mètres de hauteur, à l’effigie du saint patron de la ville pour le premier – saint Aphrodise et son chameau – et de la Vierge Marie (15 août oblige) pour le second. De quoi faire râler les laïcards mais ça, on ne voudrait surtout pas s’en passer !

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Emmerdeurs

Un défilé qui se termine sur le parvis du théâtre, par un discours d’ouverture de la féria haut en couleur du maire de la ville, Robert Ménard. Lequel a eu la belle surprise d’être accueilli par une marée de bandanas rouges chantant la Marseillaise : impressionnant. L’occasion pour le maire de la ville de fustiger les éternels rabat-joie et autres pisse-froid de circonstance. Ceux « qui veulent toujours tout interdire ». Ceux qui « veulent nous empêcher de fumer sur la plage, […] nous empêcher de rouler au diesel, […] nous empêcher de chasser et, pourquoi pas, de pêcher. Et demain de ramasser des champignons tant qu’on y est ! Ils voudraient fermer nos arènes. Ils détestent le chant du coq le matin ou l’odeur du fumier. Ils sont insupportables ! […] Oui, la féria, c’est un bras d’honneur à tous ces emmerdeurs ! » Le ton était donné. La féria pouvait commencer.

Record battu

Un million deux cent mille personnes dans nos rues en cinq jours : record battu ! Une féria festive, familiale, bon enfant. Dans les artères de la ville, l’accueil réservé à Robert est incroyable ! Je n’arrive plus à compter le nombre de selfies ou les « Robert président ! » qui fusent à tout bout de champ. Seule ombre au tableau, aucun journaliste de Causeur présent… Mais où est la rédaction ?

Jean Pormanove

Torturé et humilié sur la plateforme de streaming Kick, Jean Pormanove est mort en direct. Qu’est devenue notre société pour faire de la maltraitance humaine et de son spectacle un véritable business ? Blaise Pascal disait : « Le cœur des hommes est creux et plein d’ordures. » Visionnaire…

Libération de Béziers

Le 21 août, Robert et moi avons eu le bonheur d’aller déjeuner chez Nahal, la femme de Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste disparu il y a quatre ans déjà. Nous parlons de tout et de rien, un peu de politique bien sûr, et aussi de la situation internationale. Nahal est iranienne et son témoignage est précieux. Un moment « hors du temps », loin des banalités et des violences gratuites de notre monde. Un moment d’émotion également lorsque, le lendemain soir, lors de la fête de la Libération de Béziers, nous retrouvons la voix de Jean-Claude qui accompagne le son et lumière, et se fait l’écho, comme tous les ans, des faits d’armes de nos résistants biterrois.

L’olivier d’Ilan Halimi

Un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Français juif séquestré et torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares », a été abattu pour la troisième fois de façon malveillante. L’antisémitisme en marche… La Ville de Béziers, comme d’autres communes, a donc décidé de planter un arbre pour que, un peu partout en France, la mémoire du jeune homme et la tragédie qu’il a vécue demeurent… C’est Sylvain Tesson qui nous l’explique dans Les Piliers de la mer : « Les oliviers surveillent le temps. L’arbre écoute, comme un œil. Il accumule la mémoire dans l’écorce. » Requiescat in pace.

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Un père et passe

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L'écrivain Christian Authier © Quentin Crestinu

Christian Authier, le dernier hussard occitan, revient avec un roman d’une grande finesse psychologique aux éditions du Rocher qui retricote la figure d’un père rencontré sur le tard


Authier est un maître théier en décoction lente. Est-ce là, un effet de la ville rose sur sa plume à retardement ? Une forme de mélancolie avancée où ses personnages ont le temps de s’apprivoiser ou de se détester, de s’ignorer ou de s’enlacer. Qui l’emportera à la fin, l’amour filial ou la froide indifférence ? L’enfant triste ou le père absent ? Aucune brusquerie dans cette rencontre avec un inconnu, aucun emballement dans cette histoire de famille étouffée de secrets, une cuisson en papillote sous le soleil grimaçant du Midi, une écriture au plus près des sentiments, sans l’exagération coutumière des mauvais romanciers, sans esbroufe, pas de sensationnalisme ; Authier vinifie naturellement, il travaille sur les fruits sains ou gâtés, il s’approche à tâtons de ses faux héros, les laisse décanter, les laisse s’entrechoquer, comme si l’écrivain était lui-même curieux du résultat final. La fiction n’est pas une longue ligne droite. Tortueuse, elle est même capable de dérouter son propre créateur. C’est plus tard, en refermant Comme un père qui vient de paraître aux éditions du Rocher que le lecteur est heureux d’avoir assisté à cet alambic de sentiments contrastés. Heureux de retrouver dans cette rentrée littéraire de septembre, un roman de style en langue française, c’est-à dire avec des accents larbaldiens et une proximité de cœur avec Sagan, dans les méandres et le clair-obscur des bourgeoisies factices. Alexandre Berthet n’a jamais connu son père. Il n’en fait pas une maladie mais on ne raye pas un géniteur quel qu’il soit d’un trait vengeur. « Il aurait voulu le chasser de son esprit, mais l’on n’efface pas ainsi un père, même absent, même enfoui on ne sait où, peut-être décédé », écrit-il. La vie n’a pas épargné Alexandre ; très jeune, il a perdu sa mère, il a été ensuite confié aux bons soins d’une famille aimante. Si matériellement, il est à l’abri, il possède un bel appartement, il écrit des chroniques culturelles et prend des photos, on ne guérit jamais vraiment d’une enfance à trous. Elle rôde. Elle s’infiltre. Elle vient piquer l’intranquillité de l’être à intervalle régulier. Et puis, un jour, Patrick, ce père oublié, ce père ni fantasmé, ni détesté, refait surface à sa manière, désinvolte et empruntée, farceuse et agaçante, malhabile et inquiétante, grotesque et impossible. Une caricature des temps anciens, l’âge d’or des années 1980, hâbleur et décomplexé, un mirage dont il est bien difficile d’entrevoir une sincérité. « Depuis deux jours, il hébergeait un fantôme, un feu follet, un locataire, un inconnu », voilà comment Alexandre encaisse ce choc.

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Il observe les faits et gestes de cet homme. Il s’irrite de son comportement, de sa légèreté, parfois s’amuse de son côté pique-assiette ; très souvent, il ne comprend pas sa mécanique volatile. Sont-ils de la même lignée, du même sang ? Y-a-t-il quelque chose à comprendre avec les pères d’infortune qui débarquent à l’improviste quand minuit est déjà passé ? Ses tics de langage, son charme d’affairiste sur la paille, sa drague à l’ancienne dans les cafés, son inculture satisfaite, ses copains infréquentables et délicieux, tout ça le chagrine et l’aimante. Dans ses rêves les plus fous, il aurait voulu une explication franche, détaillée, argumentée sur son départ. Authier se méfie de la netteté, c’est un leurre qui crée une littérature sans jus, qui annihile les élans. Partons du constat que nous errons tous dans des sous-ensembles flous. Les hommes cheminent, cahin-caha, dans une existence brumeuse. Cette relation père-fils inexistante au départ peut-elle évoluer vers autre chose ? Le talent d’Authier n’est pas de clarifier, plutôt de teinter les zones d’ombre. Il excelle dans la description de ces cinquantenaires qui oscillent entre le ratage et la réussite, toujours sur le coup d’un contrat mirifique. Il érafle toutes les boursouflures progressistes, toutes les vaches sacrées des temps présents. Il égale Claude Sautet dans la mise en scène des déjeuners et des dîners. Chez Authier, on mange et on boit beaucoup. Son étude des caractères, notamment des bien-pensants, confinés dans leurs certitudes, lambrissés dans leur confort, est implacable. Jouissive. On voyage beaucoup de Sète à la Costa Brava en passant par le Lot. En filigrane, nos vieux amis, Déon, Blondin, Ronet et Patrick Sébastien prennent la pause dans cette aquarelle à la Marie Laurencin. Chez Authier, l’été indien dure et l’amour peut toquer au moment où l’on s’y attend le moins. La belle Mara jouera un grand rôle, elle est à la fois Romy et Lea Massari. Découvrez-la !

Comme un père de Christian Authier – éditions du Rocher 264 pages.

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