L’été s’achève et la politique, avec son cortège de démagogie, reprend ses droits. Retour sur la période estivale qui, une fois de plus, nous a offert un mélange de tensions et de violences d’une part, et de légèreté et de moments suspendus de l’autre… Parce que c’est aussi ça, la vie.
Le petit chat est mort
En plein cœur du mois de juillet, les violences urbaines, principalement liées aux trafics de stupéfiants, resurgissent. Avec des drames de la vie de tous les jours parfois inattendus. Limoges, Nîmes et… Béziers. Chez nous, tout commence par un guet-apens tendu à nos policiers. Les voyous s’en donnent à cœur joie : de minuit à 4 heures du matin environ, nous assistons à un festival de tirs de mortier. Toutes leurs réserves y passent. Et comme ils tirent dans tous les sens, l’accident arrive : un feu d’artifice passe par une fenêtre ouverte et atterrit sur un canapé, mettant le feu au logement. L’appartement est dévasté. La famille qui y habite est heureusement sauvée par les pompiers et la Ville de Béziers pare au plus pressé en la relogeant à l’hôtel. Quelqu’un manque pourtant à l’appel : le chat de la maison, qui n’a pas eu le temps d’être sauvé. Le petit corps est récupéré et la famille, qui ne veut pas s’en séparer, exige de l’emporter avec elle. Problème, l’hôtel refuse. Un agent de l’office HLM accompagne alors la famille pour enterrer l’animal de compagnie en pleine nuit, dans un jardin avoisinant. La compassion jusqu’au bout…
Ennemis n°1
Après les incidents de la nuit, les médias rappliquent à Béziers. Un journaliste m’explique être allé interroger les habitants du quartier de La Devèze, où se sont passés les événements. Le résultat ne m’étonne guère. La plupart refusent de parler. Trop peur des représailles. Il a quand même réussi à mettre la main sur un des protagonistes de la nuit. Qui a un discours très clair : que la police municipale cesse de venir perturber leurs trafics et ils arrêteront les violences. Cela confirme notre analyse. Nos forces de police ont « tapé » très fort ces dernières semaines. Arrestations et saisies à répétition. En clair, une réaction à l’excellent travail de nos forces de police. Nous nous doutions que les dealers allaient réagir. En attendant, le ministère de l’Intérieur nous envoie des CRS. Retour au calme immédiat.
Sainte Vierge et fausses nonnes
L’été à Béziers, c’est bien sûr la féria. Comme chaque année, elle démarre avec la messe dans les arènes, accompagnée par les musiciens des bandas venues d’un peu partout en France pour l’événement. Un formidable succès puisque ce sont plus de 7 000 personnes qui assistent à l’office ce soir-là. Évidemment, les anticorridas sont là eux aussi, en la personne de deux fausses religieuses qui tentent de perturber la procession avec leur banderole. Heureusement vite neutralisées par les forces de police aux aguets, qui procèdent à une fouille en règle des deux militantes déguisées. Après la messe, c’est le défilé dans les rues de la ville, accompagné cette année de deux chars géants d’environ dix mètres de hauteur, à l’effigie du saint patron de la ville pour le premier – saint Aphrodise et son chameau – et de la Vierge Marie (15 août oblige) pour le second. De quoi faire râler les laïcards mais ça, on ne voudrait surtout pas s’en passer !
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Emmerdeurs
Un défilé qui se termine sur le parvis du théâtre, par un discours d’ouverture de la féria haut en couleur du maire de la ville, Robert Ménard. Lequel a eu la belle surprise d’être accueilli par une marée de bandanas rouges chantant la Marseillaise : impressionnant. L’occasion pour le maire de la ville de fustiger les éternels rabat-joie et autres pisse-froid de circonstance. Ceux « qui veulent toujours tout interdire ». Ceux qui « veulent nous empêcher de fumer sur la plage, […] nous empêcher de rouler au diesel, […] nous empêcher de chasser et, pourquoi pas, de pêcher. Et demain de ramasser des champignons tant qu’on y est ! Ils voudraient fermer nos arènes. Ils détestent le chant du coq le matin ou l’odeur du fumier. Ils sont insupportables ! […] Oui, la féria, c’est un bras d’honneur à tous ces emmerdeurs ! » Le ton était donné. La féria pouvait commencer.
Record battu
Un million deux cent mille personnes dans nos rues en cinq jours : record battu ! Une féria festive, familiale, bon enfant. Dans les artères de la ville, l’accueil réservé à Robert est incroyable ! Je n’arrive plus à compter le nombre de selfies ou les « Robert président ! » qui fusent à tout bout de champ. Seule ombre au tableau, aucun journaliste de Causeur présent… Mais où est la rédaction ?
Jean Pormanove
Torturé et humilié sur la plateforme de streaming Kick, Jean Pormanove est mort en direct. Qu’est devenue notre société pour faire de la maltraitance humaine et de son spectacle un véritable business ? Blaise Pascal disait : « Le cœur des hommes est creux et plein d’ordures. » Visionnaire…
Libération de Béziers
Le 21 août, Robert et moi avons eu le bonheur d’aller déjeuner chez Nahal, la femme de Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste disparu il y a quatre ans déjà. Nous parlons de tout et de rien, un peu de politique bien sûr, et aussi de la situation internationale. Nahal est iranienne et son témoignage est précieux. Un moment « hors du temps », loin des banalités et des violences gratuites de notre monde. Un moment d’émotion également lorsque, le lendemain soir, lors de la fête de la Libération de Béziers, nous retrouvons la voix de Jean-Claude qui accompagne le son et lumière, et se fait l’écho, comme tous les ans, des faits d’armes de nos résistants biterrois.
L’olivier d’Ilan Halimi
Un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Français juif séquestré et torturé à mort en 2006 par le « gang des barbares », a été abattu pour la troisième fois de façon malveillante. L’antisémitisme en marche… La Ville de Béziers, comme d’autres communes, a donc décidé de planter un arbre pour que, un peu partout en France, la mémoire du jeune homme et la tragédie qu’il a vécue demeurent… C’est Sylvain Tesson qui nous l’explique dans Les Piliers de la mer : « Les oliviers surveillent le temps. L’arbre écoute, comme un œil. Il accumule la mémoire dans l’écorce. » Requiescat in pace.






