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Quelques mots pour François Bayrou…

Le billet politique de Philippe Bilger


Quelques mots pour François Bayrou…
François Bayrou en entretien sur les chaînes d'information en continu, le 31 août 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

François Bayrou, dont l’analyse des problèmes français s’avère pertinente, a cependant trop cultivé sa solitude, au détriment de négociations plus traditionnelles et de démarches politiques plus conventionnelles, analyse notre chroniqueur.


Premier ministre, il a été moqué, vilipendé, dès le premier jour. Parce qu’il savait que sa mission serait difficile, un Himalaya, on a pris pour de l’arrogance ce qui n’était que conscience de ce qui l’attendait – et dont les Français sous-estimaient sans doute la gravité.

Il a commis des erreurs tactiques, tenu des propos discutables. Mais la trajectoire rude, exigeante, nécessaire qu’il proposait était la bonne. Sur le fond de la politique, malgré une situation parlementaire bloquée, sa résolution de rigueur et d’intégrité était louable. Son constat implacable de justesse et de justice.

Mais ses remèdes n’étaient pas suffisamment audacieux pour paraître à la hauteur de la crise budgétaire et de l’état calamiteux de la France. Alors que d’aucuns les jugeaient trop durs !

Peut-être a-t-il trop privilégié sa solitude, au détriment de la mise en œuvre de tractations plus classiques, plus conventionnelles ?

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La double opposition, dont il a fustigé le caractère honteux et contradictoire, avec cette confiance qu’il a sollicitée alors que plus tard la censure n’aurait pas été certaine, auront raison de lui le 8 septembre.

On ne lui rendra pas justice, on continuera à le traiter avec dérision. On ne parlera pas de son courage mais de son entêtement, de sa personnalité qui, malgré des critiques venues de la droite sur certains de ses choix et de ses votes, a su faire preuve de fermeté, d’indépendance.

Il a annoncé à quelques amis qu’il ne serait pas de nouveau candidat en 2027. Qu’il ne devienne pas, en effet, comme un solliciteur permanent des suffrages du peuple. Être en retrait, c’est seulement changer de lumière…

Quoi qu’il fasse à partir du 9 septembre, pour le citoyen que je suis, il demeurera un homme à l’égard duquel j’aurai une nostalgie humaine et démocratique. De paix, d’entente et non pas de haine.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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