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Le petit musée des horreurs d’Eugénie Bastié

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Notre consœur publie La dictature des ressentis (Plon), et y déplore la baisse de niveau du débat intellectuel français.


C’est à peu près deux ans de vie intellectuelle qu’Eugénie Bastié recense dans La dictature des ressentis (Plon). Cette compilation de textes reprend peu ou prou les chroniques du Figaro de la journaliste, mais augmentée parfois de quelques rebondissements, par exemple les péripéties qui ont suivi la sortie de l’entretien accordé par Michel Houellebecq dans Front Populaire, fin 2022, et qui l’ont conduit à renier plus de vingt ans d’islamophobie décomplexée.


« Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature »

Eugénie Bastié est née en 1991. Ses années de Sciences po lui semblent être les derniers moments où la discussion entre gens de gauche et gens de droite était encore possible, pourvu que l’on soit doté d’ « une bonne dose d’habileté, de sens social et de fantaisie ». Ça, c’était avant la déferlante woke et les apparitions de #MeeToo et Black lives matter. En fait, avant la complète américanisation mentale de la France. Avec les réseaux sociaux, on voit ce que sont devenus les anciens copains, et ce n’est pas toujours beau à voir. La journaliste en vient à regretter le temps de l’affaire Dreyfus, où la France était divisée en deux par le triste sort d’un capitaine israélite, où l’on se battait à coup de canne dans la rue, où les dîners bourgeois se terminaient en pugilat si jamais on avait eu le malheur d’en parler, mais où l’on pouvait se retrouver autour de deux grandes causes : la patrie et la littérature. « En témoigne l’amitié que porta Léon Blum à Maurice Barrès ou Drieu La Rochelle à Aragon. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui. Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature ». Quelle grande cause pourrait bien en effet rapprocher Geoffroy de Lagasnerie et Papacito ?

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La compagnie des vieux messieurs lettrés et des morts

L’ouvrage est divisé en trois temps : un premier, consacré à la déconstruction ; un deuxième, aux contemporains à contre-courant ; un dernier, aux écrivains. On commence par l’écume des choses, les émoji d’hommes enceints, les campagnes misandres de la Sécurité routière, le trouple de Geoffroy de Lagasnerie, les hommages d’Houria Bouteldja à Alain Soral, presque un musée des horreurs de l’époque. On termine par des chroniques consacrées à Georges Bernanos, Charles Péguy, Albert Camus, Philippe Muray, galerie qui constitue peut-être le panthéon personnel de la journaliste et que l’on ferait nôtre volontiers. On pourrait dire aussi que le livre s’ouvre sur les vivants, se termine par les morts, et entre les deux, se dresse une collection de mécontemporains. Pas toujours des petits jeunes qui débutent dans la vie : songeons au bal hommage rendu à Pierre Nora, pas encore 92 ans. Eugénie Bastié semble apprécier la compagnie des vieux messieurs lettrés : elle nous raconte comment le directeur de collections Gallimard la reçoit, dans son petit bureau, « table en Formica, canapé en cuir beige dont on imagine qu’il a dû accueillir les fesses des plus grands esprits ». Finalement, d’Alain Finkielkraut à Sylviane Agacinski, en passant par Michel Onfray, Hubert Védrine et même Michel Houellebecq (qui faisait dans l’Idiot international un éloge de Pif le chien communiste, au début des années 1990), les références de la journaliste du Figaro viennent plutôt de la gauche, en tout cas d’une gauche d’hier qui a fini par devenir la droite de demain sous l’effet du sinistrisme décrit par Albert Thibaudet. « Si vous êtes fidèle au logiciel de la gauche – le social, l’éducation, la nation, l’universel, la laïcité -, vous trouvez de la sympathie au Figaro mais vous vous faîtes mal voir dans Le Monde », observait Jacques Julliard, récemment décédé. Eugénie Bastié remarque le virage à droite d’une partie de l’intelligentsia, tandis que le mouvement inverse (des intellectuels de droite passés à gauche) ne s’observe guère.

On a quand même pu observer ce phénomène en politique, où un Jacques Toubon, porte-flingues réac du RPR d’autrefois, a pu devenir un défenseur tatillon des droits fondamentaux, et même, au crépuscule de sa carrière, « une icône de la gauche » ! Oui mais voilà ; la politique a des mystères que le monde des idées ne peut même pas concevoir, et permet des acrobaties encore plus grandes.

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A lire aussi, dans le Figaro, la recension du livre par Élisabeth Lévy : «La Dictature des ressentis, d’Eugénie Bastié, une petite lumière dans la nuit» NDLR •

Frères d’âme

Alain Juppé a osé se demander si l’islam était bien compatible avec notre République. À gauche, certains y voient de l’“islamophobie”, quand le commentateur woke Jean-Michel Apathie qualifie carrément l’ancien Premier ministre d’ « effrayant ». « Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire. Parce que si la réponse est non à cette question, cela veut dire qu’il y a 4 à 5 millions de Français musulmans qui n’ont pas la place chez nous. Et on ne peut pas l’accepter », avait déclaré Alain Juppé, dimanche, sur Radio J.


À la vigne, nous allons entrer ces jours-ci dans la période des vendanges tardives. Il semblerait que, prodige de l’année, on ait désormais à savourer un cru Juppé. L’ancien Premier ministre, reconverti en super sage du Conseil Constitutionnel, vient en effet de confesser au détour d’une interview qu’il lui arrivait à présent de se poser la question de savoir si l’islam était ou non compatible avec la République. Mieux vaut tard que jamais, se félicitera-t-on. Tout de même, on ne peut s’empêcher de penser que chez un personnage de ce calibre, ayant exercé les responsabilités locales, nationales au plus haut niveau et si longtemps, le commencement de la lucidité se sera fait attendre quelque chose comme une éternité. La maturation aura été lente, très lente. Vendanges tardives, vous disais-je. Mais le résultat est là. Celui qu’un autre haut dignitaire du sérail désignait comme «  le meilleur d’entre nous » en arrive, en bout de carrière, après – allez savoir ? – trois ou quatre décennies d’intense réflexion, à se poser enfin une bonne question, à regarder la réalité en face. Réjouissons-nous. Cependant, n’allons pas en déduire pour autant que le Juppé nouveau est arrivé. Bien vite le naturel revient au galop et à peine a-t-on esquissé les contours du problème qu’on s’empresse de se défiler quant à apporter la solution. On se hâte de refiler à d’autres la patate chaude. Selon Monsieur Juppé, l’initiative de la réponse à son questionnement lumineux incomberait aux institutions et aux représentants de ladite religion eux-mêmes. Ce sont eux qui devraient dire s’il y a compatibilité ou pas. On peut rêver. Monsieur Juppé ne s’en prive pas, apparemment. Nous risquons de devoir attendre longtemps, très longtemps qu’une esquisse de réponse nous parvienne. Une ou deux générations, trois peut-être. En espérant que la question soit encore d’actualité et que la République, ses valeurs, ses caciques à cerveau lent et les autres n’aient pas été précipités entre-temps dans les poubelles de l’histoire. Au lieu de cela, on aurait aimé que vienne à l’esprit si fin de Monsieur l’ancien Premier ministre une autre idée mirobolante. Il aurait pu en effet se mettre à penser et à parler en homme d’État, en homme d’État de bonne facture, en affirmant, par exemple, que compte tenu de ce que nous subissons de drames ces derniers temps, il revenait à l’État, et à son chef en premier lieu, non pas d’attendre mais d’exiger – oui exiger – que les instances de la religion concernée s’expriment sur le sujet. Les mettre au pied du mur. Comme l’a si bien fait un certain Napoléon avec les juifs en février 1807. Il convoqua et réunit durant un mois des personnalités juives représentatives désignées par les préfets et les grands rabbins en exigeant d’eux – nous disons bien en exigeant – des réponses, claires et départies de toute ambiguïté à une série de questions, elles aussi claires et sans ambiguïté. Parmi ces questions, celle-ci qui, me semble-t-il, pourrait être proposée aujourd’hui à l’identique, à la virgule près, aux tenants de l’Islam : « Les Juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie ? Ont-ils l’obligation de la défendre ? Sont-ils obligés d’obéir aux lois et de suivre les dispositions du Code Civil ?

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La réponse, unanime, précise, nette, et – oserais-je ajouter, magnifique ! – ne s’est pas fait attendre : « La France est notre patrie, les Français sont nos frères. Les Juifs sont prêts à défendre la France jusqu’à la mort. » Par ailleurs, il est précisé que le rôle du rabbin consiste à «  rappeler en toutes circonstances l’obéissance aux lois (françaises) notamment et en particulier celles relatives à la défense de la patrie. »

Il suffit de se reporter aux registres des Juifs morts pour la France lors des deux conflits mondiaux pour constater avec quelle dignité, quelle rigueur la parole donnée a été tenue.

Alors, ces jours-ci, il me semble essentiel, nécessaire, impératif même, de reprendre quelques mots de la réponse apportée et de les retourner. Il y est dit «  Les Français sont nos frères ». À nous, aujourd’hui – aujourd’hui plus que jamais – de clamer : « Les Juifs sont nos frères ». 

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Comment les «élites» ont créé deux France irréconciliables

Devant les manifestations de plus en plus déplaisantes du communautarisme musulman, exacerbé par la guerre d’Israël contre le Hamas, bien des yeux se dessillent dans le monde politique. Trop tard ?


« Sinon… ce sera la guerre sur notre sol » : l’alerte a été lancée, ce lundi matin sur Europe 1, par l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Si rien n’est fait pour contrer les Frères musulmans, qui visent à instaurer une société islamique mondiale (califat) en rassemblant la communauté des croyants (l’Oumma), la chercheuse prévient : « Ce qui s’est passé le 7 octobre (l’attaque du Hamas contre Israël) arrivera ici ». L’auteur de l’enquête sur Le frérisme et ses réseaux (Odile Jacob) n’est pas la première à sonner le tocsin. Mais la perspective d’une guerre civile se précise pour qui veut bien observer la fracture qui s’installe entre deux France, deux cultures, deux civilisations, deux modèles de société : une France laïque et démocratique, contre une France islamisée et totalitaire. Dimanche à Paris, place de la République, la France saluée par Jean–Luc Mélenchon brandissait des drapeaux palestiniens et hurlait : « Israël assassin ! », « Macron assassin ! ». Cette fois-ci, les « Allah Akbar ! », repris jeudi alors que la nation enterrait l’enseignant Dominique Bernard égorgé sous ces mots, ont été étouffés.

A relire, Elisabeth Lévy: A gauche, la défaite en chantant

Cependant Mélenchon a dévoilé l’antisémitisme d’atmosphère qui fédère l’islamisme qu’il cautionne en tweetant à l’adresse de la présidente de l’Assemblée nationale : « Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager les massacres. Pas au nom du peuple français !».


Le désastre d’une France éclatée et irréconciliable est accablant pour la classe politique qui a laissé faire. Pourtant, si le ministre belge de la Justice vient d’annoncer sa démission après une faute de son administration dans la non-expulsion du terroriste devenu tueur de deux Suédois le 17 octobre, il ne faut attendre aucune contrition semblable de la part des « élites » françaises.

A lire aussi, Gabriel Robin: Au cœur des réseaux «anti-impérialistes» français: qui couvre le Hamas?

L’irresponsabilité est leur emblème. Dans L’Opinion  (20 octobre) l’européiste Jean-Louis Bourlanges constate : « Les situations nous échappent ». Mais le député ne s’arrête pas sur la responsabilité première de l’Europe ouverte et de ses juges non élus qui se sont appropriés « l’Etat de droit ». Sur Radio J, dimanche, Alain Juppé s’interrogeait, laissant percer un doute : « Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire ». Or c’est Juppé, apôtre multiculturaliste de « l’identité heureuse », qui n’a cessé depuis quinze ans de faire crédit à l’islam de ses seules vertus. C’est lui qui a prôné les « accommodements raisonnables » en défendant le port du voile (« Arrêtons de nous focaliser sur le foulard ! ») et en critiquant l’assimilation. C’est lui qui, à l’adresse de ses amis de l’UMP de l’époque, a dit : « L’islamophobie est un point de clivage ». Lui encore qui, ministre des Affaires étrangères, disait en 2011 des frères musulmans rencontrés : « Plusieurs d’entre eux m’ont fait part de leur vision d’un islam libéral et respectueux de la démocratie ». La France a été saccagée par des dirigeants aveugles et sourds. Qu’ils aient au moins, faute de s’excuser, la décence de se taire.

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La guerre des profs aura-t-elle lieu?

Dans le combat à mener contre les menées de l’islamisme à l’école, et contre la menace terroriste, les professeurs doivent avant tout se réarmer moralement. Ce n’est pas gagné.


Au soir du 16 octobre, les professeurs se sont vu décerner un brevet d’héroïsme, ou de victimisation expiatoire. Par leurs syndicats, bien sûr, mais plus étonnamment, dans ces colonnes mêmes: « Les profs une fois de plus en première ligne »[1]. Alors des héros, pourquoi pas ? Mais malgré eux, à la Giraudoux, des héros qui détalent[2]. Lors de la séance de thérapie collective qui a ouvert cette journée d’hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard (et valu à nos élèves une grasse matinée dont ils se souviendront, longtemps), le mot d’ordre était sans équivoque : « tous aux abris ! ».

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Dans mon petit établissement de banlieue, la cheffe nous a fait asseoir en rond, façon alcooliques anonymes, manière d’exprimer notre ressenti de victime, de scénariser nos traumas. Visage bouffi par les larmes, voix tremblotante, regard vide, elle a entonné l’air « On va tous mourir » pour mener ensuite le concert des jérémiades: on nous en demande beaucoup, je ne suis pas rentré dans l’Éducation nationale pour ça, ma famille n’en peut plus, que prévoit-on pour notre sécurité… Les quelques voix dissonantes ont aussitôt été réprimées. Saluer le courage de nos collègues du lycée Gambetta qui ont tenté d’arrêter le terroriste ? C’est stigmatiser ceux qui ne l’auraient pas eu. Inviter à ne pas donner à ses élèves le spectacle de la peur (« C’est laid, un homme qui a peur » lance la petite Antigone d’Anouilh à Créon) ? C’est se stigmatiser soi-même et la cheffe avec. Pour la minute de silence de l’après-midi, on nous invite à nous planquer dans nos classes. Enfin, on expliquera à nos élèves que, si Mohammed Mogouchkov en est arrivé là (on ne sait pas très bien où puisque les mots de terrorisme et d’islamisme n’ont pas été prononcés), c’est parce qu’il n’a pas eu la chance que vous avez d’aller à l’école. Qu’importe la vérité pourvu qu’on ait le narratif.

Alors côté sécurité, c’est sûr que je ne serais pas opposée à quelques cours de krav-maga, histoire de vendre chèrement ma carotide. Mais j’ai avant tout le sentiment que les profs ont un autre combat à mener qui nécessite un réarmement moral, spirituel et intellectuel. Un combat sur plusieurs fronts.

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Contre eux-mêmes, d’abord, contre l’idéologie et la pédagogie gauchistes, seconde nature qui les a coupés du réel : une fois de plus, ils sont abasourdis, atterrés, ils découvrent que l’islamisme peut frapper en France et ils retrouvent leurs réflexes pavloviens (pas d’amalgame ; tous des victimes ; l’école pour tous et surtout pour les allophones-discriminés ; la guerre, c’est la paix).

Le deuxième front, c’est l’Institution: les syndicats, jamais avares d’une petitesse ou d’un déshonneur, depuis la guerre-de-la-covid jusqu’au droit de retrait devant les punaises de lit et au couplet des moyens, fredonné sur la dépouille encore chaude de Dominique Bernard; une hiérarchie tantôt défaillante, tantôt collabo (silence sur les manquements à la laïcité, confusion entre abaya et kimono…) ; une inspection traquant les professeurs qui luttent encore contre l’affaissement du niveau scolaire.

Le ministre de l’Education Gabriel Attal, Paris, 14 octobre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Le dernier front, c’est la salle de classe où, libérés de leurs vieux démons et réconciliés avec le plus beau métier du monde, les profs pourront transmettre l’amour de la France, de sa culture, de sa langue. « France aimée, disais-je en mon enfance, redis-je en écrivant ces lignes, redis-je si près de ma mort […], toi qui m’as reconnu serviteur étranger de ta langue […], toi qui m’as donné ta langue, haut fleuron de l’humaine couronne, ta langue qui m’est chère et pays de mon âme, ta langue qui m’est aussi une patrie », écrivait Albert Cohen dont la famille avait quitté Corfou pour fuir les pogroms.[3] C’est sur ce front, en première ligne, dans le noble et fier exercice de leur fonction et de leurs responsabilités, qu’on aimerait voir les professeurs.

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[1] Article de Dominique Labarrière, Causeur.fr, 16 octobre 2023.

[2] « L’homme en temps de guerre s’appelle le héros. Il peut ne pas en être plus brave, et fuir à toutes jambes. Mais c’est du moins un héros qui détale. » La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux.

[3] Ô vous, frères humains, XXIII

Démographie: en Asie, la civilisation avant tout!

Le Japon, la Chine et la Corée du Sud connaissent un déclin démographique majeur mais renâclent à intégrer des étrangers qui pourraient compenser ce déséquilibre. Les peuples de la région placent la préservation de leur culture, leur cohésion sociale et ethnique au-dessus des calculs économiques.


Natalité en berne et immigration impossible, l’équation insoluble de l’Extrême-Orient

Japon, Chine, Corée du Sud, Taïwan font face à un déclin démographique majeur, mais ne veulent pas entendre parler d’immigration pour remplacer – pardon, compenser – les bébés manquants. Les chiffres sont impressionnants. Le Japon, aujourd’hui 122,4 millions d’habitants, a perdu 800 000 habitants en 2022 et passera sous la barre des 100 millions en 2056. Le taux de fécondité est tombé à 1,33 enfant par femme en 2022. Cette baisse dure déjà depuis quinze ans.

La Corée du Sud, 51 millions d’habitants, file également un mauvais coton. Le pays perd de la population depuis trois ans et la baisse devrait s’accélérer puisque le taux de fécondité coréen est aujourd’hui le plus bas du monde avec 0,78 enfant par femme.

Après avoir imposé la « politique de l’enfant unique » de 1979 à 2015, la Chine partage désormais le même problème que ses voisins avec un taux de fécondité de 1,14 enfant par femme. Sa population a baissé de 850 000 personnes. Une goutte d’eau pour une population de 1,4 milliard d’habitants, mais une tendance qui devrait durer.

Les politiques familiales sont un échec. Les femmes ne veulent plus avoir d’enfants et privilégient leur carrière. Les jeunes ne savent plus se rencontrer, ne veulent plus se marier, les couples mariés ne font plus l’amour… Bref, c’est la cata au niveau de la vie intime. Un mal similaire semble gagner la Chine avec le phénomène croissant des « jeunes couchés » et des (grands) enfants qui renoncent à fonder une famille et restent chez papa et maman.

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Le recours à l’immigration est débattu depuis longtemps au Japon et commence à l’être en Corée du Sud[1]. Le Premier ministre Fumio Kishida a estimé en janvier 2022 que le Japon était « à la limite de l’incapacité de pouvoir continuer à fonctionner en tant que société ». L’idée d’accueillir 10 millions de travailleurs étrangers, à condition qu’ils s’engagent à ne rester que trois ans, a été débattue, mais est restée sans suite.

L’installation d’étrangers : une question particulièrement délicate en Extrême-Orient

Historiquement, Japon, Chine, Corée ont toujours été méfiants vis-à-vis de l’influence étrangère, suspectée d’exercer une influence délétère sur la culture et le mode de vie traditionnels. L’histoire de chacun de ces pays est jalonnée de fermetures de ports, d’interdictions du territoire, d’expulsion et de massacre des étrangers, notamment des missionnaires. La culture occidentale ne s’est véritablement établie au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan qu’avec la victoire américaine en 1945 et l’installation des bases de l’armée américaine dans toute la région.

Les Asiatiques appliquent le droit du sang et ont une conception ethnique de la nation

On naît japonais ou chinois, on ne le devient pas. La nationalité s’acquiert par le sang et la lignée. Donner la nationalité à un étranger qui séjournerait cinq ou dix ans sur son territoire est une idée saugrenue, inconcevable en Asie du Nord-Est.

Une réponse inefficace à la chute démographique

Difficile avec de tels principes d’accueillir et d’intégrer une population étrangère afin de maintenir la population à l’équilibre. Immigration de peuplement ou remplacement (même tout petit) de population sont des chiffons rouges pour les peuples. Alors, à défaut d’une grande politique d’accueil assumée, on avance à petits pas.

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1/ Une immigration de travail gérée par des accords bilatéraux avec les pays exportateurs de main-d’œuvre (Philippines, Vietnam, Cambodge). Les ouvriers sont sélectionnés dans leur pays d’origine, signent des contrats à durée déterminée avec obligation de repartir dans leur pays à la fin du contrat. 1,8 million de travailleurs étrangers au Japon et 1,3 million en Corée du Sud travaillent dans les usines, exploitations agricoles, hôpitaux, maisons de retraite. On estime à 230 000 les travailleurs étrangers qui se sont évaporés au Japon à la fin de leur contrat et sont restés travailler au noir, sans aucune couverture sociale.

2/ De nouveaux contrats de travail longs ont été créés. Au Japon, un visa « compétence spéciale » a été créé en 2019 pour des secteurs où le manque de main-d’œuvre est criant : techniciens spécialisés, infirmières, puéricultrices par exemple. Durée : de trois à cinq ans, avec possibilité de regroupement familial.

3/ Les mariages arrangés. Depuis plus de vingt-cinq ans, des cohortes de Vietnamiennes ou de Philippines viennent remplacer les Japonaises, Coréennes, Taïwanaises qui refusent d’épouser des hommes vivant dans des régions reculées. Entraînant inévitablement des situations dramatiques pour des femmes déracinées, isolées, coincées par l’accord financier passé avec leur famille, et trop souvent maltraitées[2].

Grâce à toutes ces mesures, le nombre de résidents étrangers au Japon atteint désormais 3 millions et 2,5 millions en Corée. Mais on reste loin du compte pour des pays qui perdent 800 000 âmes par an. L’Asie va donc continuer de perdre de la population. Les personnes âgées vont travailler de plus en plus longtemps, les robots vont remplacer les humains pour les tâches du quotidien, la désertification des régions éloignées va s’aggraver.

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Un coût économique considérable, mais voilà, tout n’est pas qu’économique

Les peuples de la région placent la préservation de leur culture et de leur mode de vie, leur cohésion sociale et ethnique au-dessus des calculs économiques et sont manifestement prêts à vivre avec ce problème, aussi lourd soit-il.

Si l’on appliquait la grille de lecture de la gauche d’aujourd’hui, tous sans exception devraient être qualifiés d’extrême droite, tendance Zemmour. Heureusement, le désintérêt pour l’Asie de notre élite médiatico-politique, toujours aussi désespérément occidentalo-centrée, nous épargne un tel ridicule.


[1] En Chine, la masse de la population est telle que seul le vieillissement préoccupe les autorités.

[2] 42 % des épouses étrangères avaient déjà été victimes de violence domestique d’après une étude de 2017 du comité national coréen des droits de l’homme.

Ken Loach, cinéaste pourfendeur de moulins à vent

Son dernier film, The Old Oak, sort le 25 octobre.


Il est bien fini le temps où Ken Loach savait faire des films sociaux sans tomber dans la caricature de lui-même et un misérabilisme lacrymal de mauvais aloi. Désormais, de film en film, le cinéaste militant nous sert le même brouet.

Déplaisant

Cette fois, il porte son regard sur une ancienne ville minière frappée par le chômage qui a le mauvais goût de ne pas accueillir sans réticence des réfugiés syriens. Sans finesse, Loach stigmatise une population socialement à terre qui ne fait pas assez preuve d’empathie. On aimerait assurément plus de complexité dans un traitement presque unilatéral. On aimerait que le bon apôtre cinéaste fasse preuve d’un peu plus de compréhension et d’écoute. On en viendrait à croire qu’il a envie de changer le peuple dès lors que le peuple en question ne pense pas comme lui… Le film devient alors déplaisant dans sa façon d’instrumentaliser la réalité.

La rude question migratoire mérite mieux que ce procès en inhumanité intenté à une population en plein désarroi.

En salles demain.


Compositeur, une espèce menacée

Les compositeurs vivants sont les grands absents des programmations d’orchestres et d’opéras. Ces créateurs sont abandonnés, la politique culturelle préférant les illustres morts pour remplir les salles. Le compositeur et chef d’orchestre Laurent Couson tire la sonnette d’alarme.


Un requiem de Mozart, une symphonie de Beethoven, Carmen, Le Barbier de Séville, autant de valeurs sûres de la programmation pour remplir les salles de musique classique.

Les saisons offrent donc souvent en boucle les mêmes œuvres.

Quelle vision préside donc à cette politique culturelle qui ne permet pas aux créateurs nouveaux d’accéder au public ? Les compositeurs vivants, qui essayent de perpétuer l’écriture de partitions pour orchestre sont, de plus en plus, les grands absents des programmations des orchestres et des opéras. Si nos chers Mozart, Beethoven ou Verdi étaient vivants aujourd’hui, nous n’aurions pas le bonheur de les découvrir…

Indifférence

Les commandes d’œuvres originales ont peu à peu disparu des budgets publics alloués aux orchestres ou aux opéras. Il est incompréhensible que les structures classiques publiques ou subventionnées n’aient pas l’obligation dans leur cahier des charges de programmer au moins 30 % d’œuvres de compositeurs vivants. Ces maisons font vivre des musiciens, des chanteurs, des techniciens, des centaines de salariés administratifs, mais aucun compositeur. N’est-ce pas, pourtant, le métier le plus indispensable de cette chaîne de production ?

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Faute d’une politique culturelle tournée vers la découverte, la nouvelle musique pour orchestre s’est raréfiée. Il est vrai qu’après-guerre, le milieu de la musique classique s’est lui-même coupé du public en proposant des créations pour initiés, qui semblaient avoir pour objectif d’être le plus rébarbatives et le moins intelligibles possible.

Aujourd’hui, seule l’obsession de la féminisation crée parfois une brèche dans cette indifférence. Nous voulons tous plus de femmes compositrices et cheffes d’orchestre, mais comment accepter que, dans ce métier si exigeant, la qualité intrinsèque du travail ait moins de poids qu’une proposition dite « genrée » ?

De plus, la télévision a décrété que cette musique ennuyait les téléspectateurs. Dès lors, l’invitation d’un artiste classique sur un plateau n’est possible que si et seulement si il est accompagné d’un chanteur de musique actuelle. Il faut le variétiser, en sacrifiant l’essence de sa musique.

Le compositeur est devenu dispensable

Même « Le grand échiquier », autrefois émission classique de référence où l’on entendait jouer Rostropovitch, Perlman ou Maurice André, est désormais construite par l’assemblage de capsules « chansons » où l’orchestre joue des arrangements autour des vedettes en vogue. Le service public doit-il faire la promotion des artistes et musiques à la mode ou œuvrer à une élévation culturelle ?

Il en va de même pour les musiques de film : Où sont les Michel Legrand ou Georges Delerue aujourd’hui ? Autrefois, les réalisateurs concevaient la musique du film comme un élément essentiel du récit. Aujourd’hui, on a tous un ami qui bricole avec des logiciels à la portée de tous, la musique n’étant plus qu’un jeu de mikado à assembler. Le compositeur semble ne plus servir à rien. Bientôt, l’intelligence artificielle nous aura tous remplacés. C’est déjà le cas dans la musique pour la télévision et la pub, qui faisait vivre des centaines de compositeurs. Le bonheur se trouve maintenant dans les banques de données où l’algorithme remplace la composition autant que nos cœurs battants.

Les compositeurs, et tous les créateurs, sont des espèces en danger. Et avec eux, tout ce qui fait de nous des humains – l’exigence d’un langage écrit, l’acharnement de l’instrumentiste, l’effort d’un compositeur à sa table.

L’influenceur, le polémiste remplacent l’artiste dans l’espace public. Dans l’indifférence, voire avec la bénédiction du pouvoir et des partis politiques.

La musique vivante veut encore produire de l’émerveillement et révéler au monde les vibrations essentielles à nos vies.

Ne nous laissez pas disparaître, ne vous laissez pas mourir.

Les meilleurs ennemis du monde!

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Des récits sanglants des exactions du Hamas, venus jusqu’aux oreilles de notre chroniqueur, rendent très difficile la sympathie qu’on lui enjoint d’éprouver pour le peuple de Gaza.


Sur les chaînes d’info, en attendant de voir les chars israéliens entrer dans les rues de Gaza, j’entends des témoignages éprouvants sur les massacres et très instructifs sur leurs auteurs, mais surtout sur leurs soutiens, sur leur public et sur leurs supplétifs, comme dans le récit du journaliste Michaël Sadoun qui parle « d’une femme démembrée jetée à la foule en liesse ».

À lire aussi, Alain Destexhe: À Gaza, Médecins Sans Frontières participe, hélas, à la manipulation du Hamas

Ou dans celui d’une soldate, seule survivante de l’attaque d’un poste de surveillance, qui raconte « qu’aux combattants en tenue de commandos, s’étaient joints les paysans qu’on connaissait, qui étaient gentils et qui », dit-elle, « se sont jetés sur nous ». Le mot « combattant » étant inapproprié car comme l’écrivait Arthur Koestler : « Les Arabes font d’excellents émeutiers mais de piètres combattants ».

Fourbes et sanguinaires

Ou bien dans ce récit d’une femme rescapée d’un massacre dans un kibboutz qui relate que depuis son refuge, elle a entendu toutes sortes de gens qui s’étaient engouffrés dans les brèches derrière les membres du Hamas pour mener la même guerre sainte, se livrer, en plus des meurtres, aux pillages, aux saccages, aux vols, aux razzias, comme les villageois biélorusses des Disparus de Daniel Mendelssohn dans le sillage des Einsatzgruppen. Et « qu’il y avait parmi eux », ajoute-t-elle, « même des enfants ».

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Ou encore dans celui du porte-parole de Tsahal, Olivier Rafowicz, qui rapporte qu’au retour de leur expédition, les djihadistes, accompagnés de citoyens ordinaires qui « étaient partis faire leur marché en volant tout ce qu’ils avaient pu emporter et en kidnappant des hommes, des femmes ou des enfants », les guerriers de l’islam donc, comme jadis les Barbaresques en Méditerranée, avaient été accueillis par les Gazaouis « avec des bonbons et aux cris de Tuez-les juifs ».

À l’écoute de ces récits glaçants, me revient cette formule d’Ariel Sharon, qui a priori et même a postériori connaissait bien les Arabes, et qui, lors d’une réunion au sommet pour préparer des négociations de paix, avait dit à des diplomates américains sidérés : « Le problème avec les Palestiniens, c’est qu’ils sont fourbes et sanguinaires ».

Une chance folle

Sanguinaires, nous l’avons vu et l’Histoire nous enseigne que cela n’est pas nouveau. Et fourbes, nous le verrons si, comme leurs cousins du Hezbollah au Liban en 2006 à l’arrivée des soldats israéliens, les farouches « combattants » des films de propagande planquent leurs cagoules et leurs kalachnikovs, et redeviennent boulangers, garagistes, infirmiers ou simples bons à rien.

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Voilà pourquoi, quand j’observe le soin que prend l’armée israélienne pour prévenir les civils avant les bombardements en les invitant à s’éloigner des zones de combat, quand j’entends le porte-parole de Tsahal répéter qu’Israël est en guerre contre le Hamas et pas contre le peuple palestinien, quand je vois les Israéliens si soucieux de distinguer le terroriste du citoyen en pratiquant la frappe chirurgicale plutôt que la punition collective, je me dis que les Gazaouis ont une chance folle, après ce que certains d’entre eux ont fait aux Israéliens, de les avoir comme ennemis plutôt que d’autres Arabes. Une chance inappréciable d’avoir à craindre la colère des meilleurs ennemis du monde, plutôt que celle d’autres musulmans. Comme ceux, entre autres, qui manifestent leur réprobation d’Israël, dans les rues d’Amman, de Tunis, du Caire, de Londres ou de Paris.

L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur

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Au cœur des réseaux «anti-impérialistes» français: qui couvre le Hamas?

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Toute une partie de l’extrême gauche française ne veut pas voir du terrorisme dans les actions du Hamas, mais un groupe armé résistant à une occupation.


Les langues se délient. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur l’antenne de Sud Radio, la députée France Insoumise Danièle Obono a dévoilé le fond de sa pensée. Elle a ainsi refusé de déclarer que le Hamas était un groupe terroriste, préférant le définir comme un « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation » et qui œuvre à la « libération de la Palestine ».

Au-delà des réactions attendues des adversaires politiques de la France Insoumise, les propos de Madame Obono n’ont pas manqué de faire réagir dans les rangs même de son groupe parlementaire, la Nupes. Au bord de l’implosion, ce groupe de travail issu d’un consensus entre les principaux partis de gauche n’en finit plus de se déchirer, comme l’a encore démontré Benjamin Saint-Huile, député quant à lui appartenant au groupe LIOT : « Je crois que La France insoumise a décidé de faire du conflit israélo-palestinien le moment de la fragmentation dans la population. Je crois que ce n’est pas très responsable. […] Le Hamas est une organisation terroriste, nous le savons ».

La gauche française dépassée

Cette fragmentation était observable dans la manifestation de soutien au peuple palestinien qui s’est tenue jeudi 19 octobre à Paris. On a pu notamment entendre une foule scander le takbir, ce qui a fait dire à un internaute nommé Fouad Raoui : «  Mes parents musulmans quand ils prient murmurent « Allah Akhbar » chez eux car c’est dans leur cœur et un lien entre eux et Dieu. Jamais il ne leur viendrait à l’esprit de le scander dans l’espace public, a fortiori le jour des obsèques d’un professeur assassiné par un djihadiste ». C’est là toute la différence entre la foi du cœur et la foi politique d’une extrême-gauche devenue l’idiote utile d’un projet politique qui la dépasse, le Hamas étant d’ailleurs l’oppresseur du peuple palestinien.

Le sujet a été peu évoqué ces derniers jours, même après l’attaque terroriste du 7 octobre, mais le Hamas, au-delà de précipiter son propre peuple vers la guerre, n’hésite pas à brutalement le réprimer. En 2014, Amnesty International avait publié un rapport intitulé « Enlèvements, tortures et exécutions sommaires de Palestiniens par le Hamas durant le conflit israélo-gazaoui de 2014 », dans lequel était détaillée une série de violations, incluant notamment les exécutions extrajudiciaires de 23 Palestiniens. Certains d’entre eux étaient des membres du parti rival Fatah, le Hamas ayant profité du chaos pour éliminer des rivaux : « Dans le chaos du conflit, le gouvernement de facto du Hamas a donné carte blanche à ses forces de sécurité pour commettre de terribles abus, notamment contre des détenus se trouvant sous sa responsabilité. Ces agissements, dont certains constituent des crimes de guerre, avaient pour but d’obtenir vengeance et de répandre la peur à travers la bande de Gaza. »

Ces violences, comme toutes celles ayant cours entre musulmans ou par des musulmans sur les chrétiens, le petit monde « décolonialiste » n’en a à vrai dire pas vraiment cure. Il se fait beaucoup plus discret, passant sous silence ces actes pour privilégier ses axes de communication habituels. Il y a une nuance entre la défense des intérêts du peuple palestinien et l’aveuglement sur les dirigeants de la bande de Gaza, qui ont certes été parfois privilégiés comme « meilleurs ennemis » par certains gouvernants israéliens qui se sont autant fourvoyés que mis en danger, mais qui sont d’abord et avant tout des terroristes fanatiques qui plongent désormais dans le chaos tout le Proche et le Moyen-Orient.

À la recherche de l’islamo-gauchisme

Les dirigeants arabes responsables ne s’y trompent d’ailleurs pas, à l’image des Émiratis et des Saoudiens qui doivent jouer une complexe partition d’équilibristes, mais qui ne sont pas dupes des menées de l’Iran qui compte à la fois sur ses proxys chiites tels que le Hezbollah et les Houthis yéménites et sur ses proxys sunnites comme le Hamas, inspiré de l’idéologie des Frères musulmans. Est-ce à dire qu’il y aurait un lien direct entre l’extrême gauche française et le frérisme ? Un islamogauchisme chimiquement pur qui trouverait sa traduction chez nous dans une partie des rangs des Insoumis ou de sa périphérie, à l’image d’Houria Bouteldja ? Si l’expression reste problématique, l’islamisme n’ayant pas besoin du gauchisme pour exister, il n’en reste pas moins qu’elle recouvre une part de réalité.

On peut notamment citer dans cette nébuleuse, outre les premiers nommés, une personnalité comme celle de l’avocat lyonnais Gilles Devers, compagnon de route de nombre de ces activistes. Avocat notamment de l’imam Mohammed Tlaghi de la mosquée de Torcy, qui avait légitimé le djihad avant d’être expulsé vers le Maroc, ou encore de BDS France, Gilles Devers a déposé en compagnie de sept autres avocats internationaux en juin 2023 un dossier devant la Cour Internationale de Justice de La Haye contre l’État d’Israël pour le compte du Conseil législatif palestinien. Cette plainte a toutes les chances d’avoir été en réalité déposée au profit du Hamas, puisque le Conseil législatif palestinien n’existe plus depuis 2007, date de la séparation officielle du Fatah avec l’organisation terroriste.

On le voit, cette toile d’influence en France s’étend jusque dans notre champ politique et métapolitique. Dans un article daté du 7 octobre[1], Le Monde indique d’ailleurs qu’une plainte concernant la colonisation cisjordanienne et les transferts forcés de populations, qui devait être déposée le lundi 9 octobre, a été retirée, Gilles Devers ajoutant un commentaire qui en dit long : « La branche armée du mouvement a décidé que c’était le moment d’agir et on a donc décidé de reporter le dépôt de la plainte ». L’expression « branche armée », également utilisée par Mathilde Panot, est d’ailleurs au cœur de sa rhétorique, puisqu’il appelle les sympathisants de la cause palestinienne à ne plus laisser dire que « la résistance armée c’est le terrorisme »


Nonobstant ce qu’on peut penser des politiques menées par l’État d’Israël ces dernières années, largement critiquables, et du sort des Palestiniens, variable d’ajustement de tous les acteurs régionaux, à commencer par leurs propres représentants, il est inquiétant de voir que nous importons ce conflit chez nous sans aucun recul ni connaissance profonde du dossier. Les infaux se multiplient d’ailleurs, notamment à propos des votes français à l’ONU.

Un autre avocat plus médiatique, le célèbre Juan Branco, a notamment déclaré que la France se moquait du sort des civils gazaouis et avait rejeté le cynique vote russe proposant un « cessez-le-feu humanitaire ». Le vote russe ne proposait pas un « cessez-le-feu humanitaire », mais un cessez-le-feu tout court exonérant le Hamas et empêchant toute riposte. La France a en revanche voté favorablement la résolution brésilienne qui, elle, proposait en même temps une condamnation du Hamas et un véritable cessez-le-feu humanitaire face au véto américain et à l’abstention russe.

Comme d’habitude, personne n’a corrigé cette intox qui pourtant place la France dans l’œil du cyclone des foules protestataires du monde arabe, avec des conséquences directes pour nos ambassades, alors même que nous tentons de trouver une position juste et équilibrée, permettant à Israël de faire usage de la force pour éliminer cette menace terroriste mais d’y allier la volonté de protéger les civils en coordination avec les membres de la Ligue Arabe. Rappelons d’ailleurs que l’un des chefs du Hamas interrogé à la télévision américaine dressait un parallèle entre le mouvement Black Lives Matter et le sien… Il y a bien là un faisceau anti-occidental radical. Prenons-en la mesure. Il ne faut pas jouer avec le feu.


[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/07/l-attaque-du-hamas-contre-israel-un-seisme-politico-securitaire_6193023_3210.html

Guerre au Moyen-Orient: le dangereux amateurisme de «Libération»

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Après avoir publié involontairement une illustration trompeuse sur le conflit entre le Hamas et Israël, Libération a cru pouvoir s’en tirer avec des semi-excuses en catimini, qui trahissent un inquiétant rapport avec la vérité.


Ainsi donc cet enfant n’a jamais existé. Jeudi 19 octobre, Libération consacrait sa couverture à une manifestation anti-israélienne ayant eu lieu la veille au Caire. L’illustration choisie, une photo prise par un reporter de l’agence AP, est doublement impressionnante. On y voit un homme dans une rue de la capitale égyptienne, ivre de colère, qui brandit la photo d’un bébé, l’air épouvanté et en pleurs. Tout laisse penser que cet enfant est un petit Gazaoui effrayé par les bombes, puisque Libération indique : « Après une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs pays de la région. »

Problème: cet enfant n’existe pas. Il s’agit en fait d’une image de synthèse ultra-réaliste, obtenue grâce à un logiciel d’intelligence artificielle. Autrement dit, ce bébé est un pur matériel de propagande déguisé en information. Évidemment, quand le journaliste d’AP a immortalisé la scène, il ignorait cette escroquerie. De même, on ne saurait soupçonner Libération d’avoir décidé de publier l’image en sachant qu’elle recelait un leurre et en le cachant à ses lecteurs. Tout comme il serait absurde d’accuser le quotidien préféré des bobos d’avoir, au cours des jours précédant ladite publication, relayé en connaissance de cause un autre mensonge, fabriqué par le Hamas celui-là, sur la responsabilité de Tsahal dans l’explosion à l’hôpital de Gaza. Espérons seulement qu’à l’avenir le journal comprenne enfin combien il est anti-professionnel de donner foi aux sources islamistes avec si peu de précautions.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza: une bavure médiatique

Dès le jour de la parution de la photo du manifestant en colère et de l’enfant en pleurs mis en abîme, plusieurs internautes ont montré, grâce à une simple recherche sur Google, que ce dernier était en réalité une créature virtuelle. Libération a rapidement reconnu les faits… mais ne s’en est pas exactement amendé. « C’est regrettable » a juste concédé Dov Alfon, le directeur de la publication, au détour de la rubrique “Checknews”, en précisant : « Beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre étaient en effet générées par IA, qui devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupées ou squelettes. » Étrange raisonnement ! Avancer qu’une photo truquée s’apparente à un pantin de carnaval, c’est prétendre qu’il serait tout aussi facile de déceler, d’un simple regard, l’inauthenticité de l’une que de l’autre. Qui peut gober une chose pareille ? Comment Dov Alfon s’imagine-t-il faire accepter un tel sophisme à son public ?

Un jour peut-être, cette couverture de Libération sera étudiée en classe par des collégiens ou des lycéens, à qui le professeur essaiera d’apprendre le décryptage de l’actualité. Celui-ci leur demandera sans doute de dire ce qu’ils voient sur la page: le bandeau, la manchette, la titraille, l’illustration. Seulement, faute d’une légende mentionnant la présence d’une fake news dans le champ, les élèves auront la même interprétation que les lecteurs de Libération en 2023 : ils croiront que l’image du bébé est vraie. On peut supposer que l’enseignant leur rétorquera qu’il faut se méfier des apparences, et qu’il leur racontera l’histoire du « socle artistique de protestation généré par IA », dont Dov Alfon aura jugé qu’il ne méritait pas un correctif en lieu et place. Qui empêchera alors un élève de lever le doigt et de dire : « Mais qu’est-ce qui nous dit que l’Egyptien en colère n’est pas non plus une image truquée ? »

Le petit musée des horreurs d’Eugénie Bastié

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La journaliste et essayiste Eugénie Bastié © Hannah Assouline

Notre consœur publie La dictature des ressentis (Plon), et y déplore la baisse de niveau du débat intellectuel français.


C’est à peu près deux ans de vie intellectuelle qu’Eugénie Bastié recense dans La dictature des ressentis (Plon). Cette compilation de textes reprend peu ou prou les chroniques du Figaro de la journaliste, mais augmentée parfois de quelques rebondissements, par exemple les péripéties qui ont suivi la sortie de l’entretien accordé par Michel Houellebecq dans Front Populaire, fin 2022, et qui l’ont conduit à renier plus de vingt ans d’islamophobie décomplexée.


« Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature »

Eugénie Bastié est née en 1991. Ses années de Sciences po lui semblent être les derniers moments où la discussion entre gens de gauche et gens de droite était encore possible, pourvu que l’on soit doté d’ « une bonne dose d’habileté, de sens social et de fantaisie ». Ça, c’était avant la déferlante woke et les apparitions de #MeeToo et Black lives matter. En fait, avant la complète américanisation mentale de la France. Avec les réseaux sociaux, on voit ce que sont devenus les anciens copains, et ce n’est pas toujours beau à voir. La journaliste en vient à regretter le temps de l’affaire Dreyfus, où la France était divisée en deux par le triste sort d’un capitaine israélite, où l’on se battait à coup de canne dans la rue, où les dîners bourgeois se terminaient en pugilat si jamais on avait eu le malheur d’en parler, mais où l’on pouvait se retrouver autour de deux grandes causes : la patrie et la littérature. « En témoigne l’amitié que porta Léon Blum à Maurice Barrès ou Drieu La Rochelle à Aragon. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui. Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature ». Quelle grande cause pourrait bien en effet rapprocher Geoffroy de Lagasnerie et Papacito ?

A lire aussi, Jonathan Siksou: Les fossoyeurs du français, et les autres

La compagnie des vieux messieurs lettrés et des morts

L’ouvrage est divisé en trois temps : un premier, consacré à la déconstruction ; un deuxième, aux contemporains à contre-courant ; un dernier, aux écrivains. On commence par l’écume des choses, les émoji d’hommes enceints, les campagnes misandres de la Sécurité routière, le trouple de Geoffroy de Lagasnerie, les hommages d’Houria Bouteldja à Alain Soral, presque un musée des horreurs de l’époque. On termine par des chroniques consacrées à Georges Bernanos, Charles Péguy, Albert Camus, Philippe Muray, galerie qui constitue peut-être le panthéon personnel de la journaliste et que l’on ferait nôtre volontiers. On pourrait dire aussi que le livre s’ouvre sur les vivants, se termine par les morts, et entre les deux, se dresse une collection de mécontemporains. Pas toujours des petits jeunes qui débutent dans la vie : songeons au bal hommage rendu à Pierre Nora, pas encore 92 ans. Eugénie Bastié semble apprécier la compagnie des vieux messieurs lettrés : elle nous raconte comment le directeur de collections Gallimard la reçoit, dans son petit bureau, « table en Formica, canapé en cuir beige dont on imagine qu’il a dû accueillir les fesses des plus grands esprits ». Finalement, d’Alain Finkielkraut à Sylviane Agacinski, en passant par Michel Onfray, Hubert Védrine et même Michel Houellebecq (qui faisait dans l’Idiot international un éloge de Pif le chien communiste, au début des années 1990), les références de la journaliste du Figaro viennent plutôt de la gauche, en tout cas d’une gauche d’hier qui a fini par devenir la droite de demain sous l’effet du sinistrisme décrit par Albert Thibaudet. « Si vous êtes fidèle au logiciel de la gauche – le social, l’éducation, la nation, l’universel, la laïcité -, vous trouvez de la sympathie au Figaro mais vous vous faîtes mal voir dans Le Monde », observait Jacques Julliard, récemment décédé. Eugénie Bastié remarque le virage à droite d’une partie de l’intelligentsia, tandis que le mouvement inverse (des intellectuels de droite passés à gauche) ne s’observe guère.

On a quand même pu observer ce phénomène en politique, où un Jacques Toubon, porte-flingues réac du RPR d’autrefois, a pu devenir un défenseur tatillon des droits fondamentaux, et même, au crépuscule de sa carrière, « une icône de la gauche » ! Oui mais voilà ; la politique a des mystères que le monde des idées ne peut même pas concevoir, et permet des acrobaties encore plus grandes.

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A lire aussi, dans le Figaro, la recension du livre par Élisabeth Lévy : «La Dictature des ressentis, d’Eugénie Bastié, une petite lumière dans la nuit» NDLR •

Frères d’âme

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Alain Juppé. D.R.

Alain Juppé a osé se demander si l’islam était bien compatible avec notre République. À gauche, certains y voient de l’“islamophobie”, quand le commentateur woke Jean-Michel Apathie qualifie carrément l’ancien Premier ministre d’ « effrayant ». « Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire. Parce que si la réponse est non à cette question, cela veut dire qu’il y a 4 à 5 millions de Français musulmans qui n’ont pas la place chez nous. Et on ne peut pas l’accepter », avait déclaré Alain Juppé, dimanche, sur Radio J.


À la vigne, nous allons entrer ces jours-ci dans la période des vendanges tardives. Il semblerait que, prodige de l’année, on ait désormais à savourer un cru Juppé. L’ancien Premier ministre, reconverti en super sage du Conseil Constitutionnel, vient en effet de confesser au détour d’une interview qu’il lui arrivait à présent de se poser la question de savoir si l’islam était ou non compatible avec la République. Mieux vaut tard que jamais, se félicitera-t-on. Tout de même, on ne peut s’empêcher de penser que chez un personnage de ce calibre, ayant exercé les responsabilités locales, nationales au plus haut niveau et si longtemps, le commencement de la lucidité se sera fait attendre quelque chose comme une éternité. La maturation aura été lente, très lente. Vendanges tardives, vous disais-je. Mais le résultat est là. Celui qu’un autre haut dignitaire du sérail désignait comme «  le meilleur d’entre nous » en arrive, en bout de carrière, après – allez savoir ? – trois ou quatre décennies d’intense réflexion, à se poser enfin une bonne question, à regarder la réalité en face. Réjouissons-nous. Cependant, n’allons pas en déduire pour autant que le Juppé nouveau est arrivé. Bien vite le naturel revient au galop et à peine a-t-on esquissé les contours du problème qu’on s’empresse de se défiler quant à apporter la solution. On se hâte de refiler à d’autres la patate chaude. Selon Monsieur Juppé, l’initiative de la réponse à son questionnement lumineux incomberait aux institutions et aux représentants de ladite religion eux-mêmes. Ce sont eux qui devraient dire s’il y a compatibilité ou pas. On peut rêver. Monsieur Juppé ne s’en prive pas, apparemment. Nous risquons de devoir attendre longtemps, très longtemps qu’une esquisse de réponse nous parvienne. Une ou deux générations, trois peut-être. En espérant que la question soit encore d’actualité et que la République, ses valeurs, ses caciques à cerveau lent et les autres n’aient pas été précipités entre-temps dans les poubelles de l’histoire. Au lieu de cela, on aurait aimé que vienne à l’esprit si fin de Monsieur l’ancien Premier ministre une autre idée mirobolante. Il aurait pu en effet se mettre à penser et à parler en homme d’État, en homme d’État de bonne facture, en affirmant, par exemple, que compte tenu de ce que nous subissons de drames ces derniers temps, il revenait à l’État, et à son chef en premier lieu, non pas d’attendre mais d’exiger – oui exiger – que les instances de la religion concernée s’expriment sur le sujet. Les mettre au pied du mur. Comme l’a si bien fait un certain Napoléon avec les juifs en février 1807. Il convoqua et réunit durant un mois des personnalités juives représentatives désignées par les préfets et les grands rabbins en exigeant d’eux – nous disons bien en exigeant – des réponses, claires et départies de toute ambiguïté à une série de questions, elles aussi claires et sans ambiguïté. Parmi ces questions, celle-ci qui, me semble-t-il, pourrait être proposée aujourd’hui à l’identique, à la virgule près, aux tenants de l’Islam : « Les Juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie ? Ont-ils l’obligation de la défendre ? Sont-ils obligés d’obéir aux lois et de suivre les dispositions du Code Civil ?

A lire aussi, Cyril Bennasar: Les meilleurs ennemis du monde!

La réponse, unanime, précise, nette, et – oserais-je ajouter, magnifique ! – ne s’est pas fait attendre : « La France est notre patrie, les Français sont nos frères. Les Juifs sont prêts à défendre la France jusqu’à la mort. » Par ailleurs, il est précisé que le rôle du rabbin consiste à «  rappeler en toutes circonstances l’obéissance aux lois (françaises) notamment et en particulier celles relatives à la défense de la patrie. »

Il suffit de se reporter aux registres des Juifs morts pour la France lors des deux conflits mondiaux pour constater avec quelle dignité, quelle rigueur la parole donnée a été tenue.

Alors, ces jours-ci, il me semble essentiel, nécessaire, impératif même, de reprendre quelques mots de la réponse apportée et de les retourner. Il y est dit «  Les Français sont nos frères ». À nous, aujourd’hui – aujourd’hui plus que jamais – de clamer : « Les Juifs sont nos frères ». 

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Comment les «élites» ont créé deux France irréconciliables

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La chercheuse du CNRS Florence Bergeaud-Blackler. Image : Capture YouTube.

Devant les manifestations de plus en plus déplaisantes du communautarisme musulman, exacerbé par la guerre d’Israël contre le Hamas, bien des yeux se dessillent dans le monde politique. Trop tard ?


« Sinon… ce sera la guerre sur notre sol » : l’alerte a été lancée, ce lundi matin sur Europe 1, par l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Si rien n’est fait pour contrer les Frères musulmans, qui visent à instaurer une société islamique mondiale (califat) en rassemblant la communauté des croyants (l’Oumma), la chercheuse prévient : « Ce qui s’est passé le 7 octobre (l’attaque du Hamas contre Israël) arrivera ici ». L’auteur de l’enquête sur Le frérisme et ses réseaux (Odile Jacob) n’est pas la première à sonner le tocsin. Mais la perspective d’une guerre civile se précise pour qui veut bien observer la fracture qui s’installe entre deux France, deux cultures, deux civilisations, deux modèles de société : une France laïque et démocratique, contre une France islamisée et totalitaire. Dimanche à Paris, place de la République, la France saluée par Jean–Luc Mélenchon brandissait des drapeaux palestiniens et hurlait : « Israël assassin ! », « Macron assassin ! ». Cette fois-ci, les « Allah Akbar ! », repris jeudi alors que la nation enterrait l’enseignant Dominique Bernard égorgé sous ces mots, ont été étouffés.

A relire, Elisabeth Lévy: A gauche, la défaite en chantant

Cependant Mélenchon a dévoilé l’antisémitisme d’atmosphère qui fédère l’islamisme qu’il cautionne en tweetant à l’adresse de la présidente de l’Assemblée nationale : « Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager les massacres. Pas au nom du peuple français !».


Le désastre d’une France éclatée et irréconciliable est accablant pour la classe politique qui a laissé faire. Pourtant, si le ministre belge de la Justice vient d’annoncer sa démission après une faute de son administration dans la non-expulsion du terroriste devenu tueur de deux Suédois le 17 octobre, il ne faut attendre aucune contrition semblable de la part des « élites » françaises.

A lire aussi, Gabriel Robin: Au cœur des réseaux «anti-impérialistes» français: qui couvre le Hamas?

L’irresponsabilité est leur emblème. Dans L’Opinion  (20 octobre) l’européiste Jean-Louis Bourlanges constate : « Les situations nous échappent ». Mais le député ne s’arrête pas sur la responsabilité première de l’Europe ouverte et de ses juges non élus qui se sont appropriés « l’Etat de droit ». Sur Radio J, dimanche, Alain Juppé s’interrogeait, laissant percer un doute : « Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire ». Or c’est Juppé, apôtre multiculturaliste de « l’identité heureuse », qui n’a cessé depuis quinze ans de faire crédit à l’islam de ses seules vertus. C’est lui qui a prôné les « accommodements raisonnables » en défendant le port du voile (« Arrêtons de nous focaliser sur le foulard ! ») et en critiquant l’assimilation. C’est lui qui, à l’adresse de ses amis de l’UMP de l’époque, a dit : « L’islamophobie est un point de clivage ». Lui encore qui, ministre des Affaires étrangères, disait en 2011 des frères musulmans rencontrés : « Plusieurs d’entre eux m’ont fait part de leur vision d’un islam libéral et respectueux de la démocratie ». La France a été saccagée par des dirigeants aveugles et sourds. Qu’ils aient au moins, faute de s’excuser, la décence de se taire.

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La guerre des profs aura-t-elle lieu?

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Manifestation à Paris, 16 octobre 2023 © Sevgi/SIPA

Dans le combat à mener contre les menées de l’islamisme à l’école, et contre la menace terroriste, les professeurs doivent avant tout se réarmer moralement. Ce n’est pas gagné.


Au soir du 16 octobre, les professeurs se sont vu décerner un brevet d’héroïsme, ou de victimisation expiatoire. Par leurs syndicats, bien sûr, mais plus étonnamment, dans ces colonnes mêmes: « Les profs une fois de plus en première ligne »[1]. Alors des héros, pourquoi pas ? Mais malgré eux, à la Giraudoux, des héros qui détalent[2]. Lors de la séance de thérapie collective qui a ouvert cette journée d’hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard (et valu à nos élèves une grasse matinée dont ils se souviendront, longtemps), le mot d’ordre était sans équivoque : « tous aux abris ! ».

À lire aussi, Ivan Rioufol: Comment les «élites» ont créé deux France irréconciliables

Dans mon petit établissement de banlieue, la cheffe nous a fait asseoir en rond, façon alcooliques anonymes, manière d’exprimer notre ressenti de victime, de scénariser nos traumas. Visage bouffi par les larmes, voix tremblotante, regard vide, elle a entonné l’air « On va tous mourir » pour mener ensuite le concert des jérémiades: on nous en demande beaucoup, je ne suis pas rentré dans l’Éducation nationale pour ça, ma famille n’en peut plus, que prévoit-on pour notre sécurité… Les quelques voix dissonantes ont aussitôt été réprimées. Saluer le courage de nos collègues du lycée Gambetta qui ont tenté d’arrêter le terroriste ? C’est stigmatiser ceux qui ne l’auraient pas eu. Inviter à ne pas donner à ses élèves le spectacle de la peur (« C’est laid, un homme qui a peur » lance la petite Antigone d’Anouilh à Créon) ? C’est se stigmatiser soi-même et la cheffe avec. Pour la minute de silence de l’après-midi, on nous invite à nous planquer dans nos classes. Enfin, on expliquera à nos élèves que, si Mohammed Mogouchkov en est arrivé là (on ne sait pas très bien où puisque les mots de terrorisme et d’islamisme n’ont pas été prononcés), c’est parce qu’il n’a pas eu la chance que vous avez d’aller à l’école. Qu’importe la vérité pourvu qu’on ait le narratif.

Alors côté sécurité, c’est sûr que je ne serais pas opposée à quelques cours de krav-maga, histoire de vendre chèrement ma carotide. Mais j’ai avant tout le sentiment que les profs ont un autre combat à mener qui nécessite un réarmement moral, spirituel et intellectuel. Un combat sur plusieurs fronts.

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Contre eux-mêmes, d’abord, contre l’idéologie et la pédagogie gauchistes, seconde nature qui les a coupés du réel : une fois de plus, ils sont abasourdis, atterrés, ils découvrent que l’islamisme peut frapper en France et ils retrouvent leurs réflexes pavloviens (pas d’amalgame ; tous des victimes ; l’école pour tous et surtout pour les allophones-discriminés ; la guerre, c’est la paix).

Le deuxième front, c’est l’Institution: les syndicats, jamais avares d’une petitesse ou d’un déshonneur, depuis la guerre-de-la-covid jusqu’au droit de retrait devant les punaises de lit et au couplet des moyens, fredonné sur la dépouille encore chaude de Dominique Bernard; une hiérarchie tantôt défaillante, tantôt collabo (silence sur les manquements à la laïcité, confusion entre abaya et kimono…) ; une inspection traquant les professeurs qui luttent encore contre l’affaissement du niveau scolaire.

Le ministre de l’Education Gabriel Attal, Paris, 14 octobre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Le dernier front, c’est la salle de classe où, libérés de leurs vieux démons et réconciliés avec le plus beau métier du monde, les profs pourront transmettre l’amour de la France, de sa culture, de sa langue. « France aimée, disais-je en mon enfance, redis-je en écrivant ces lignes, redis-je si près de ma mort […], toi qui m’as reconnu serviteur étranger de ta langue […], toi qui m’as donné ta langue, haut fleuron de l’humaine couronne, ta langue qui m’est chère et pays de mon âme, ta langue qui m’est aussi une patrie », écrivait Albert Cohen dont la famille avait quitté Corfou pour fuir les pogroms.[3] C’est sur ce front, en première ligne, dans le noble et fier exercice de leur fonction et de leurs responsabilités, qu’on aimerait voir les professeurs.

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[1] Article de Dominique Labarrière, Causeur.fr, 16 octobre 2023.

[2] « L’homme en temps de guerre s’appelle le héros. Il peut ne pas en être plus brave, et fuir à toutes jambes. Mais c’est du moins un héros qui détale. » La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux.

[3] Ô vous, frères humains, XXIII

Démographie: en Asie, la civilisation avant tout!

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Des ouvriers agricoles laotiens en partance par la Corée du Sud, Vientiane, mai 2022. Les travailleurs étrangers signent des contrats à durée déterminée avec obligation de repartir dans leur pays à la fin du contrat. D.R

Le Japon, la Chine et la Corée du Sud connaissent un déclin démographique majeur mais renâclent à intégrer des étrangers qui pourraient compenser ce déséquilibre. Les peuples de la région placent la préservation de leur culture, leur cohésion sociale et ethnique au-dessus des calculs économiques.


Natalité en berne et immigration impossible, l’équation insoluble de l’Extrême-Orient

Japon, Chine, Corée du Sud, Taïwan font face à un déclin démographique majeur, mais ne veulent pas entendre parler d’immigration pour remplacer – pardon, compenser – les bébés manquants. Les chiffres sont impressionnants. Le Japon, aujourd’hui 122,4 millions d’habitants, a perdu 800 000 habitants en 2022 et passera sous la barre des 100 millions en 2056. Le taux de fécondité est tombé à 1,33 enfant par femme en 2022. Cette baisse dure déjà depuis quinze ans.

La Corée du Sud, 51 millions d’habitants, file également un mauvais coton. Le pays perd de la population depuis trois ans et la baisse devrait s’accélérer puisque le taux de fécondité coréen est aujourd’hui le plus bas du monde avec 0,78 enfant par femme.

Après avoir imposé la « politique de l’enfant unique » de 1979 à 2015, la Chine partage désormais le même problème que ses voisins avec un taux de fécondité de 1,14 enfant par femme. Sa population a baissé de 850 000 personnes. Une goutte d’eau pour une population de 1,4 milliard d’habitants, mais une tendance qui devrait durer.

Les politiques familiales sont un échec. Les femmes ne veulent plus avoir d’enfants et privilégient leur carrière. Les jeunes ne savent plus se rencontrer, ne veulent plus se marier, les couples mariés ne font plus l’amour… Bref, c’est la cata au niveau de la vie intime. Un mal similaire semble gagner la Chine avec le phénomène croissant des « jeunes couchés » et des (grands) enfants qui renoncent à fonder une famille et restent chez papa et maman.

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Le recours à l’immigration est débattu depuis longtemps au Japon et commence à l’être en Corée du Sud[1]. Le Premier ministre Fumio Kishida a estimé en janvier 2022 que le Japon était « à la limite de l’incapacité de pouvoir continuer à fonctionner en tant que société ». L’idée d’accueillir 10 millions de travailleurs étrangers, à condition qu’ils s’engagent à ne rester que trois ans, a été débattue, mais est restée sans suite.

L’installation d’étrangers : une question particulièrement délicate en Extrême-Orient

Historiquement, Japon, Chine, Corée ont toujours été méfiants vis-à-vis de l’influence étrangère, suspectée d’exercer une influence délétère sur la culture et le mode de vie traditionnels. L’histoire de chacun de ces pays est jalonnée de fermetures de ports, d’interdictions du territoire, d’expulsion et de massacre des étrangers, notamment des missionnaires. La culture occidentale ne s’est véritablement établie au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan qu’avec la victoire américaine en 1945 et l’installation des bases de l’armée américaine dans toute la région.

Les Asiatiques appliquent le droit du sang et ont une conception ethnique de la nation

On naît japonais ou chinois, on ne le devient pas. La nationalité s’acquiert par le sang et la lignée. Donner la nationalité à un étranger qui séjournerait cinq ou dix ans sur son territoire est une idée saugrenue, inconcevable en Asie du Nord-Est.

Une réponse inefficace à la chute démographique

Difficile avec de tels principes d’accueillir et d’intégrer une population étrangère afin de maintenir la population à l’équilibre. Immigration de peuplement ou remplacement (même tout petit) de population sont des chiffons rouges pour les peuples. Alors, à défaut d’une grande politique d’accueil assumée, on avance à petits pas.

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1/ Une immigration de travail gérée par des accords bilatéraux avec les pays exportateurs de main-d’œuvre (Philippines, Vietnam, Cambodge). Les ouvriers sont sélectionnés dans leur pays d’origine, signent des contrats à durée déterminée avec obligation de repartir dans leur pays à la fin du contrat. 1,8 million de travailleurs étrangers au Japon et 1,3 million en Corée du Sud travaillent dans les usines, exploitations agricoles, hôpitaux, maisons de retraite. On estime à 230 000 les travailleurs étrangers qui se sont évaporés au Japon à la fin de leur contrat et sont restés travailler au noir, sans aucune couverture sociale.

2/ De nouveaux contrats de travail longs ont été créés. Au Japon, un visa « compétence spéciale » a été créé en 2019 pour des secteurs où le manque de main-d’œuvre est criant : techniciens spécialisés, infirmières, puéricultrices par exemple. Durée : de trois à cinq ans, avec possibilité de regroupement familial.

3/ Les mariages arrangés. Depuis plus de vingt-cinq ans, des cohortes de Vietnamiennes ou de Philippines viennent remplacer les Japonaises, Coréennes, Taïwanaises qui refusent d’épouser des hommes vivant dans des régions reculées. Entraînant inévitablement des situations dramatiques pour des femmes déracinées, isolées, coincées par l’accord financier passé avec leur famille, et trop souvent maltraitées[2].

Grâce à toutes ces mesures, le nombre de résidents étrangers au Japon atteint désormais 3 millions et 2,5 millions en Corée. Mais on reste loin du compte pour des pays qui perdent 800 000 âmes par an. L’Asie va donc continuer de perdre de la population. Les personnes âgées vont travailler de plus en plus longtemps, les robots vont remplacer les humains pour les tâches du quotidien, la désertification des régions éloignées va s’aggraver.

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Un coût économique considérable, mais voilà, tout n’est pas qu’économique

Les peuples de la région placent la préservation de leur culture et de leur mode de vie, leur cohésion sociale et ethnique au-dessus des calculs économiques et sont manifestement prêts à vivre avec ce problème, aussi lourd soit-il.

Si l’on appliquait la grille de lecture de la gauche d’aujourd’hui, tous sans exception devraient être qualifiés d’extrême droite, tendance Zemmour. Heureusement, le désintérêt pour l’Asie de notre élite médiatico-politique, toujours aussi désespérément occidentalo-centrée, nous épargne un tel ridicule.


[1] En Chine, la masse de la population est telle que seul le vieillissement préoccupe les autorités.

[2] 42 % des épouses étrangères avaient déjà été victimes de violence domestique d’après une étude de 2017 du comité national coréen des droits de l’homme.

Ken Loach, cinéaste pourfendeur de moulins à vent

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© Wild Bunch Germany 2023.

Son dernier film, The Old Oak, sort le 25 octobre.


Il est bien fini le temps où Ken Loach savait faire des films sociaux sans tomber dans la caricature de lui-même et un misérabilisme lacrymal de mauvais aloi. Désormais, de film en film, le cinéaste militant nous sert le même brouet.

Déplaisant

Cette fois, il porte son regard sur une ancienne ville minière frappée par le chômage qui a le mauvais goût de ne pas accueillir sans réticence des réfugiés syriens. Sans finesse, Loach stigmatise une population socialement à terre qui ne fait pas assez preuve d’empathie. On aimerait assurément plus de complexité dans un traitement presque unilatéral. On aimerait que le bon apôtre cinéaste fasse preuve d’un peu plus de compréhension et d’écoute. On en viendrait à croire qu’il a envie de changer le peuple dès lors que le peuple en question ne pense pas comme lui… Le film devient alors déplaisant dans sa façon d’instrumentaliser la réalité.

La rude question migratoire mérite mieux que ce procès en inhumanité intenté à une population en plein désarroi.

En salles demain.


Compositeur, une espèce menacée

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Laurent Couson, au théâtre de la Gaité, en 2010. ©DELALANDE RAYMOND/SIPA

Les compositeurs vivants sont les grands absents des programmations d’orchestres et d’opéras. Ces créateurs sont abandonnés, la politique culturelle préférant les illustres morts pour remplir les salles. Le compositeur et chef d’orchestre Laurent Couson tire la sonnette d’alarme.


Un requiem de Mozart, une symphonie de Beethoven, Carmen, Le Barbier de Séville, autant de valeurs sûres de la programmation pour remplir les salles de musique classique.

Les saisons offrent donc souvent en boucle les mêmes œuvres.

Quelle vision préside donc à cette politique culturelle qui ne permet pas aux créateurs nouveaux d’accéder au public ? Les compositeurs vivants, qui essayent de perpétuer l’écriture de partitions pour orchestre sont, de plus en plus, les grands absents des programmations des orchestres et des opéras. Si nos chers Mozart, Beethoven ou Verdi étaient vivants aujourd’hui, nous n’aurions pas le bonheur de les découvrir…

Indifférence

Les commandes d’œuvres originales ont peu à peu disparu des budgets publics alloués aux orchestres ou aux opéras. Il est incompréhensible que les structures classiques publiques ou subventionnées n’aient pas l’obligation dans leur cahier des charges de programmer au moins 30 % d’œuvres de compositeurs vivants. Ces maisons font vivre des musiciens, des chanteurs, des techniciens, des centaines de salariés administratifs, mais aucun compositeur. N’est-ce pas, pourtant, le métier le plus indispensable de cette chaîne de production ?

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Faute d’une politique culturelle tournée vers la découverte, la nouvelle musique pour orchestre s’est raréfiée. Il est vrai qu’après-guerre, le milieu de la musique classique s’est lui-même coupé du public en proposant des créations pour initiés, qui semblaient avoir pour objectif d’être le plus rébarbatives et le moins intelligibles possible.

Aujourd’hui, seule l’obsession de la féminisation crée parfois une brèche dans cette indifférence. Nous voulons tous plus de femmes compositrices et cheffes d’orchestre, mais comment accepter que, dans ce métier si exigeant, la qualité intrinsèque du travail ait moins de poids qu’une proposition dite « genrée » ?

De plus, la télévision a décrété que cette musique ennuyait les téléspectateurs. Dès lors, l’invitation d’un artiste classique sur un plateau n’est possible que si et seulement si il est accompagné d’un chanteur de musique actuelle. Il faut le variétiser, en sacrifiant l’essence de sa musique.

Le compositeur est devenu dispensable

Même « Le grand échiquier », autrefois émission classique de référence où l’on entendait jouer Rostropovitch, Perlman ou Maurice André, est désormais construite par l’assemblage de capsules « chansons » où l’orchestre joue des arrangements autour des vedettes en vogue. Le service public doit-il faire la promotion des artistes et musiques à la mode ou œuvrer à une élévation culturelle ?

Il en va de même pour les musiques de film : Où sont les Michel Legrand ou Georges Delerue aujourd’hui ? Autrefois, les réalisateurs concevaient la musique du film comme un élément essentiel du récit. Aujourd’hui, on a tous un ami qui bricole avec des logiciels à la portée de tous, la musique n’étant plus qu’un jeu de mikado à assembler. Le compositeur semble ne plus servir à rien. Bientôt, l’intelligence artificielle nous aura tous remplacés. C’est déjà le cas dans la musique pour la télévision et la pub, qui faisait vivre des centaines de compositeurs. Le bonheur se trouve maintenant dans les banques de données où l’algorithme remplace la composition autant que nos cœurs battants.

Les compositeurs, et tous les créateurs, sont des espèces en danger. Et avec eux, tout ce qui fait de nous des humains – l’exigence d’un langage écrit, l’acharnement de l’instrumentiste, l’effort d’un compositeur à sa table.

L’influenceur, le polémiste remplacent l’artiste dans l’espace public. Dans l’indifférence, voire avec la bénédiction du pouvoir et des partis politiques.

La musique vivante veut encore produire de l’émerveillement et révéler au monde les vibrations essentielles à nos vies.

Ne nous laissez pas disparaître, ne vous laissez pas mourir.

Les meilleurs ennemis du monde!

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Soldats israéliens, frontière avec la bande de Gaza, Israël, 20 octobre 2023 © UPI/Newscom/SIPA

Des récits sanglants des exactions du Hamas, venus jusqu’aux oreilles de notre chroniqueur, rendent très difficile la sympathie qu’on lui enjoint d’éprouver pour le peuple de Gaza.


Sur les chaînes d’info, en attendant de voir les chars israéliens entrer dans les rues de Gaza, j’entends des témoignages éprouvants sur les massacres et très instructifs sur leurs auteurs, mais surtout sur leurs soutiens, sur leur public et sur leurs supplétifs, comme dans le récit du journaliste Michaël Sadoun qui parle « d’une femme démembrée jetée à la foule en liesse ».

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Ou dans celui d’une soldate, seule survivante de l’attaque d’un poste de surveillance, qui raconte « qu’aux combattants en tenue de commandos, s’étaient joints les paysans qu’on connaissait, qui étaient gentils et qui », dit-elle, « se sont jetés sur nous ». Le mot « combattant » étant inapproprié car comme l’écrivait Arthur Koestler : « Les Arabes font d’excellents émeutiers mais de piètres combattants ».

Fourbes et sanguinaires

Ou bien dans ce récit d’une femme rescapée d’un massacre dans un kibboutz qui relate que depuis son refuge, elle a entendu toutes sortes de gens qui s’étaient engouffrés dans les brèches derrière les membres du Hamas pour mener la même guerre sainte, se livrer, en plus des meurtres, aux pillages, aux saccages, aux vols, aux razzias, comme les villageois biélorusses des Disparus de Daniel Mendelssohn dans le sillage des Einsatzgruppen. Et « qu’il y avait parmi eux », ajoute-t-elle, « même des enfants ».

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Ou encore dans celui du porte-parole de Tsahal, Olivier Rafowicz, qui rapporte qu’au retour de leur expédition, les djihadistes, accompagnés de citoyens ordinaires qui « étaient partis faire leur marché en volant tout ce qu’ils avaient pu emporter et en kidnappant des hommes, des femmes ou des enfants », les guerriers de l’islam donc, comme jadis les Barbaresques en Méditerranée, avaient été accueillis par les Gazaouis « avec des bonbons et aux cris de Tuez-les juifs ».

À l’écoute de ces récits glaçants, me revient cette formule d’Ariel Sharon, qui a priori et même a postériori connaissait bien les Arabes, et qui, lors d’une réunion au sommet pour préparer des négociations de paix, avait dit à des diplomates américains sidérés : « Le problème avec les Palestiniens, c’est qu’ils sont fourbes et sanguinaires ».

Une chance folle

Sanguinaires, nous l’avons vu et l’Histoire nous enseigne que cela n’est pas nouveau. Et fourbes, nous le verrons si, comme leurs cousins du Hezbollah au Liban en 2006 à l’arrivée des soldats israéliens, les farouches « combattants » des films de propagande planquent leurs cagoules et leurs kalachnikovs, et redeviennent boulangers, garagistes, infirmiers ou simples bons à rien.

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Voilà pourquoi, quand j’observe le soin que prend l’armée israélienne pour prévenir les civils avant les bombardements en les invitant à s’éloigner des zones de combat, quand j’entends le porte-parole de Tsahal répéter qu’Israël est en guerre contre le Hamas et pas contre le peuple palestinien, quand je vois les Israéliens si soucieux de distinguer le terroriste du citoyen en pratiquant la frappe chirurgicale plutôt que la punition collective, je me dis que les Gazaouis ont une chance folle, après ce que certains d’entre eux ont fait aux Israéliens, de les avoir comme ennemis plutôt que d’autres Arabes. Une chance inappréciable d’avoir à craindre la colère des meilleurs ennemis du monde, plutôt que celle d’autres musulmans. Comme ceux, entre autres, qui manifestent leur réprobation d’Israël, dans les rues d’Amman, de Tunis, du Caire, de Londres ou de Paris.

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Au cœur des réseaux «anti-impérialistes» français: qui couvre le Hamas?

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Paris, 22 octobre 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Toute une partie de l’extrême gauche française ne veut pas voir du terrorisme dans les actions du Hamas, mais un groupe armé résistant à une occupation.


Les langues se délient. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur l’antenne de Sud Radio, la députée France Insoumise Danièle Obono a dévoilé le fond de sa pensée. Elle a ainsi refusé de déclarer que le Hamas était un groupe terroriste, préférant le définir comme un « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation » et qui œuvre à la « libération de la Palestine ».

Au-delà des réactions attendues des adversaires politiques de la France Insoumise, les propos de Madame Obono n’ont pas manqué de faire réagir dans les rangs même de son groupe parlementaire, la Nupes. Au bord de l’implosion, ce groupe de travail issu d’un consensus entre les principaux partis de gauche n’en finit plus de se déchirer, comme l’a encore démontré Benjamin Saint-Huile, député quant à lui appartenant au groupe LIOT : « Je crois que La France insoumise a décidé de faire du conflit israélo-palestinien le moment de la fragmentation dans la population. Je crois que ce n’est pas très responsable. […] Le Hamas est une organisation terroriste, nous le savons ».

La gauche française dépassée

Cette fragmentation était observable dans la manifestation de soutien au peuple palestinien qui s’est tenue jeudi 19 octobre à Paris. On a pu notamment entendre une foule scander le takbir, ce qui a fait dire à un internaute nommé Fouad Raoui : «  Mes parents musulmans quand ils prient murmurent « Allah Akhbar » chez eux car c’est dans leur cœur et un lien entre eux et Dieu. Jamais il ne leur viendrait à l’esprit de le scander dans l’espace public, a fortiori le jour des obsèques d’un professeur assassiné par un djihadiste ». C’est là toute la différence entre la foi du cœur et la foi politique d’une extrême-gauche devenue l’idiote utile d’un projet politique qui la dépasse, le Hamas étant d’ailleurs l’oppresseur du peuple palestinien.

Le sujet a été peu évoqué ces derniers jours, même après l’attaque terroriste du 7 octobre, mais le Hamas, au-delà de précipiter son propre peuple vers la guerre, n’hésite pas à brutalement le réprimer. En 2014, Amnesty International avait publié un rapport intitulé « Enlèvements, tortures et exécutions sommaires de Palestiniens par le Hamas durant le conflit israélo-gazaoui de 2014 », dans lequel était détaillée une série de violations, incluant notamment les exécutions extrajudiciaires de 23 Palestiniens. Certains d’entre eux étaient des membres du parti rival Fatah, le Hamas ayant profité du chaos pour éliminer des rivaux : « Dans le chaos du conflit, le gouvernement de facto du Hamas a donné carte blanche à ses forces de sécurité pour commettre de terribles abus, notamment contre des détenus se trouvant sous sa responsabilité. Ces agissements, dont certains constituent des crimes de guerre, avaient pour but d’obtenir vengeance et de répandre la peur à travers la bande de Gaza. »

Ces violences, comme toutes celles ayant cours entre musulmans ou par des musulmans sur les chrétiens, le petit monde « décolonialiste » n’en a à vrai dire pas vraiment cure. Il se fait beaucoup plus discret, passant sous silence ces actes pour privilégier ses axes de communication habituels. Il y a une nuance entre la défense des intérêts du peuple palestinien et l’aveuglement sur les dirigeants de la bande de Gaza, qui ont certes été parfois privilégiés comme « meilleurs ennemis » par certains gouvernants israéliens qui se sont autant fourvoyés que mis en danger, mais qui sont d’abord et avant tout des terroristes fanatiques qui plongent désormais dans le chaos tout le Proche et le Moyen-Orient.

À la recherche de l’islamo-gauchisme

Les dirigeants arabes responsables ne s’y trompent d’ailleurs pas, à l’image des Émiratis et des Saoudiens qui doivent jouer une complexe partition d’équilibristes, mais qui ne sont pas dupes des menées de l’Iran qui compte à la fois sur ses proxys chiites tels que le Hezbollah et les Houthis yéménites et sur ses proxys sunnites comme le Hamas, inspiré de l’idéologie des Frères musulmans. Est-ce à dire qu’il y aurait un lien direct entre l’extrême gauche française et le frérisme ? Un islamogauchisme chimiquement pur qui trouverait sa traduction chez nous dans une partie des rangs des Insoumis ou de sa périphérie, à l’image d’Houria Bouteldja ? Si l’expression reste problématique, l’islamisme n’ayant pas besoin du gauchisme pour exister, il n’en reste pas moins qu’elle recouvre une part de réalité.

On peut notamment citer dans cette nébuleuse, outre les premiers nommés, une personnalité comme celle de l’avocat lyonnais Gilles Devers, compagnon de route de nombre de ces activistes. Avocat notamment de l’imam Mohammed Tlaghi de la mosquée de Torcy, qui avait légitimé le djihad avant d’être expulsé vers le Maroc, ou encore de BDS France, Gilles Devers a déposé en compagnie de sept autres avocats internationaux en juin 2023 un dossier devant la Cour Internationale de Justice de La Haye contre l’État d’Israël pour le compte du Conseil législatif palestinien. Cette plainte a toutes les chances d’avoir été en réalité déposée au profit du Hamas, puisque le Conseil législatif palestinien n’existe plus depuis 2007, date de la séparation officielle du Fatah avec l’organisation terroriste.

On le voit, cette toile d’influence en France s’étend jusque dans notre champ politique et métapolitique. Dans un article daté du 7 octobre[1], Le Monde indique d’ailleurs qu’une plainte concernant la colonisation cisjordanienne et les transferts forcés de populations, qui devait être déposée le lundi 9 octobre, a été retirée, Gilles Devers ajoutant un commentaire qui en dit long : « La branche armée du mouvement a décidé que c’était le moment d’agir et on a donc décidé de reporter le dépôt de la plainte ». L’expression « branche armée », également utilisée par Mathilde Panot, est d’ailleurs au cœur de sa rhétorique, puisqu’il appelle les sympathisants de la cause palestinienne à ne plus laisser dire que « la résistance armée c’est le terrorisme »


Nonobstant ce qu’on peut penser des politiques menées par l’État d’Israël ces dernières années, largement critiquables, et du sort des Palestiniens, variable d’ajustement de tous les acteurs régionaux, à commencer par leurs propres représentants, il est inquiétant de voir que nous importons ce conflit chez nous sans aucun recul ni connaissance profonde du dossier. Les infaux se multiplient d’ailleurs, notamment à propos des votes français à l’ONU.

Un autre avocat plus médiatique, le célèbre Juan Branco, a notamment déclaré que la France se moquait du sort des civils gazaouis et avait rejeté le cynique vote russe proposant un « cessez-le-feu humanitaire ». Le vote russe ne proposait pas un « cessez-le-feu humanitaire », mais un cessez-le-feu tout court exonérant le Hamas et empêchant toute riposte. La France a en revanche voté favorablement la résolution brésilienne qui, elle, proposait en même temps une condamnation du Hamas et un véritable cessez-le-feu humanitaire face au véto américain et à l’abstention russe.

Comme d’habitude, personne n’a corrigé cette intox qui pourtant place la France dans l’œil du cyclone des foules protestataires du monde arabe, avec des conséquences directes pour nos ambassades, alors même que nous tentons de trouver une position juste et équilibrée, permettant à Israël de faire usage de la force pour éliminer cette menace terroriste mais d’y allier la volonté de protéger les civils en coordination avec les membres de la Ligue Arabe. Rappelons d’ailleurs que l’un des chefs du Hamas interrogé à la télévision américaine dressait un parallèle entre le mouvement Black Lives Matter et le sien… Il y a bien là un faisceau anti-occidental radical. Prenons-en la mesure. Il ne faut pas jouer avec le feu.


[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/07/l-attaque-du-hamas-contre-israel-un-seisme-politico-securitaire_6193023_3210.html

Guerre au Moyen-Orient: le dangereux amateurisme de «Libération»

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La Une du quotidien français "Libération" du 19 octobre est accusée de colporter une "fake news". DR.

Après avoir publié involontairement une illustration trompeuse sur le conflit entre le Hamas et Israël, Libération a cru pouvoir s’en tirer avec des semi-excuses en catimini, qui trahissent un inquiétant rapport avec la vérité.


Ainsi donc cet enfant n’a jamais existé. Jeudi 19 octobre, Libération consacrait sa couverture à une manifestation anti-israélienne ayant eu lieu la veille au Caire. L’illustration choisie, une photo prise par un reporter de l’agence AP, est doublement impressionnante. On y voit un homme dans une rue de la capitale égyptienne, ivre de colère, qui brandit la photo d’un bébé, l’air épouvanté et en pleurs. Tout laisse penser que cet enfant est un petit Gazaoui effrayé par les bombes, puisque Libération indique : « Après une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs pays de la région. »

Problème: cet enfant n’existe pas. Il s’agit en fait d’une image de synthèse ultra-réaliste, obtenue grâce à un logiciel d’intelligence artificielle. Autrement dit, ce bébé est un pur matériel de propagande déguisé en information. Évidemment, quand le journaliste d’AP a immortalisé la scène, il ignorait cette escroquerie. De même, on ne saurait soupçonner Libération d’avoir décidé de publier l’image en sachant qu’elle recelait un leurre et en le cachant à ses lecteurs. Tout comme il serait absurde d’accuser le quotidien préféré des bobos d’avoir, au cours des jours précédant ladite publication, relayé en connaissance de cause un autre mensonge, fabriqué par le Hamas celui-là, sur la responsabilité de Tsahal dans l’explosion à l’hôpital de Gaza. Espérons seulement qu’à l’avenir le journal comprenne enfin combien il est anti-professionnel de donner foi aux sources islamistes avec si peu de précautions.

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Dès le jour de la parution de la photo du manifestant en colère et de l’enfant en pleurs mis en abîme, plusieurs internautes ont montré, grâce à une simple recherche sur Google, que ce dernier était en réalité une créature virtuelle. Libération a rapidement reconnu les faits… mais ne s’en est pas exactement amendé. « C’est regrettable » a juste concédé Dov Alfon, le directeur de la publication, au détour de la rubrique “Checknews”, en précisant : « Beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre étaient en effet générées par IA, qui devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupées ou squelettes. » Étrange raisonnement ! Avancer qu’une photo truquée s’apparente à un pantin de carnaval, c’est prétendre qu’il serait tout aussi facile de déceler, d’un simple regard, l’inauthenticité de l’une que de l’autre. Qui peut gober une chose pareille ? Comment Dov Alfon s’imagine-t-il faire accepter un tel sophisme à son public ?

Un jour peut-être, cette couverture de Libération sera étudiée en classe par des collégiens ou des lycéens, à qui le professeur essaiera d’apprendre le décryptage de l’actualité. Celui-ci leur demandera sans doute de dire ce qu’ils voient sur la page: le bandeau, la manchette, la titraille, l’illustration. Seulement, faute d’une légende mentionnant la présence d’une fake news dans le champ, les élèves auront la même interprétation que les lecteurs de Libération en 2023 : ils croiront que l’image du bébé est vraie. On peut supposer que l’enseignant leur rétorquera qu’il faut se méfier des apparences, et qu’il leur racontera l’histoire du « socle artistique de protestation généré par IA », dont Dov Alfon aura jugé qu’il ne méritait pas un correctif en lieu et place. Qui empêchera alors un élève de lever le doigt et de dire : « Mais qu’est-ce qui nous dit que l’Egyptien en colère n’est pas non plus une image truquée ? »