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Transition de genre: souffrance des enfants, détresse des parents

Les parents sont bien seuls face au mal-être existentiel, voire aux troubles psychologiques de leur enfant en transition de genre. Le système qui privilégie l’accompagnement des adolescents dans leur démarche ne fait qu’encourager leur « radicalisation » et les isole davantage de leur famille. Témoignages.


Coralie et Myriam[1] appartiennent à Ypomoni, une association regroupant des parents d’enfants en transition. Au-delà des difficultés liées à l’accompagnement d’un enfant – même adulte – vivant un processus complexe et douloureux, ces parents ont un autre combat à mener : maintenir le lien avec leurs enfants. Car ils se heurtent à une sorte de « radicalisation », tellement brutale qu’elle aboutit le plus souvent à une rupture, les enfants en transition rejetant leurs parents avec leur ancien genre.

Diagnostic très rapidement posé

Pour Coralie, le basculement s’est produit alors que son fils était mineur et entrait en première. Le fils de Myriam était quant à lui âgé d’une trentaine d’années lorsqu’il lui a annoncé sa transition. Toutes deux ont été étonnées de découvrir que leur histoire et celles des autres parents d’Ypomoni présentaient de singulières récurrences : brutalité de l’annonce, rapidité de la rupture familiale et similarité des profils de la grande majorité des enfants concernés. Plus intelligents que la moyenne mais aussi plus fragiles, leur transgenrisme est souvent accompagné d’interrogations au niveau de leur sexualité (cas d’homophobie intériorisé) et/ou de traits autistiques, de problèmes psychologiques, de tendance dépressive, voire de pathologies mentales.

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Coralie raconte ainsi qu’en trois mois, son fils, très complexé par son physique, a développé une fascination pour les drag-queens et s’est mis à porter perruques et talons. Elle lui a demandé s’il était homosexuel, en lui disant que cela ne posait pas de problème. Il n’a jamais répondu. Comme elle le trouvait mal dans sa peau, elle l’a amené consulter. Le diagnostic de transidentité a été très rapidement posé et toute idée de thérapie a été alors rejetée, puisque le seul problème du jeune homme se résumait à la transphobie de la société. Tout refus de céder à une exigence de l’enfant entraînait une crise et l’accusation tombait : transphobie ! Comme souvent, la communauté éducative ainsi que les professionnels de la santé mentale ont laissé cette mère seule, préférant « accompagner le choix » de l’adolescent, pourtant visiblement en détresse.

Achats compulsifs

Le dialogue rompu, Coralie a dû laisser la garde du jeune homme à son père. Lequel n’a pas réussi à cohabiter avec son fils, dont les symptômes de dépression s’accentuaient. Devenu majeur, ce dernier s’est installé loin de sa famille. Les photos de sa nouvelle vie postées sur les réseaux sociaux ont inquiété Coralie. Elle est allée le voir et l’a trouvé sale, sous-alimenté, isolé, vivant dans un appartement envahi de déchets où s’accumulaient des sacs entiers de vêtements, fruits d’achats compulsifs. Mais alors qu’elle tentait de renouer le contact, elle a été appelée au téléphone par un « ami » de son fils qui lui intimait de cesser son « harcèlement », la menaçant d’appeler la police. Depuis, le jeune homme a été placé en ALD (affection longue durée[2]) pour son transitionnement, a effectué une opération de chirurgie faciale pour se féminiser et se fournit en hormones sur internet. Une partie de la famille de Coralie, qui la rendait responsable de la rupture, s’est alors rendu compte que la transidentité ne se résumait pas à porter des couettes et à s’habiller en jupe. Aujourd’hui, Coralie s’inquiète des choix irréversibles de ce jeune homme en souffrance, qui croit trouver une nouvelle vie et la résolution de tout son mal-être dans la chirurgie et la prise d’hormones.

Discours stéréotypé, références identiques

Pour Myriam, la rupture a aussi été brutale. Après l’annonce de son fils, elle aussi a essayé de dialoguer, de se faire aider par des psychologues, de proposer une thérapie familiale. Elle évoque un fils aussi brillant que fragile, présentant des traits autistiques. Le décès tragique d’un frère, la révélation d’une maladie mentale du père, l’indisponibilité de sa mère accaparée par les difficultés familiales ont empêché le jeune homme de faire son deuil. Proche de sa mère, il nourrissait un profond ressentiment contre son père. C’est dans ce contexte difficile que la question de son identité a fait surface. Et là aussi, l’annonce de la transidentité s’est faite dans la violence et la rupture. De plus, ce jeune homme, terrorisé à l’idée d’hériter de la maladie mentale de son père, avait toujours refusé d’être condamné à prendre à vie des médicaments. Elle ne comprend pas qu’aujourd’hui il ingère si facilement des hormones.

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Chez les membres d’Ypomoni, ce schéma est très commun. Ces parents dénoncent une forme d’emprise qu’ils constatent sur leurs enfants : un discours stéréotypé, des références identiques. Le chantage au suicide comme moyen d’exiger un soutien total est rituel. Toute contrariété est prise pour une violence et la rupture familiale est souvent encouragée par l’intégration rapide à une « famille » militante. Myriam raconte qu’elle a ressenti de l’empathie pour ces parents, dont les enfants se sont radicalisés et ont rejoint la Syrie, car elle a le sentiment de vivre un processus similaire et d’être aussi impuissante qu’eux.

Nombre de familles ont le sentiment d’être désavouées par les pouvoirs publics. Ceux-ci paraissent considérer que la transidentité ne peut être qu’une démarche positive. Les inquiétudes des parents sont négligées, car vues comme une volonté de contrôler leur enfant. « J’aurais aimé que l’on reconnaisse davantage la transition comme un symptôme, ou une sorte d’effacement de soi ; un moyen de gérer les traumatismes et les difficultés de santé mentale, plutôt que comme un remède à ces dernières », explique une personne qui a choisi de détransitionner[3]. À entendre le témoignage de ces mères, on comprend que cette sage position est ignorée par les institutions et peu défendue par le corps médical, pour le plus grand malheur des adolescents les plus fragiles.

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[1] Les prénoms ont été changés.

[2] Dispositif concernant des personnes atteintes d’une maladie dont la gravité et/ou le caractère chronique nécessite un traitement prolongé et particulièrement coûteux.

[3] « La détransition de genre », post-trans.com.

La « génération attentats »

Par crainte du terrorisme, la génération Z préfère abandonner des acquis occidentaux, jusqu’à sacrifier une partie de l’art de vivre à la française. Cela traduit l’échec de notre modèle, et la difficulté de lutter contre l’islamisme international. Analyse.


En causant la mort de plus de 260 personnes en France depuis les attentats de Merah ou de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le terrorisme islamiste est le terrorisme le plus meurtrier depuis la guerre d’Algérie. Seulement, l’ampleur de cette terreur et la difficulté des pouvoirs publics à appréhender les menaces ont traumatisé une nouvelle génération née entre 1996 et 2010. En effet, la génération Z est plus encline à changer ses comportements à cause du terrorisme que les générations précédentes, au point de consentir à abandonner une partie de ses libertés. Cette « génération attentats » symbolise le déclin occidental qui a pourtant érigé la défense des libertés fondamentales comme un pilier de son modèle de société.

Le camion qui a foncé sur la foule à Nice, le 14 juillet 2016 (Photo : AFP VALERY HACHE)

Une guerre totale contre le terrorisme islamique 

La guerre contre le terrorisme islamiste est totale. D’une part, nous affrontons le totalitarisme islamique qui nous mène une guerre sur le plan culturel avec sa doctrine d’entrisme dans tous les domaines (vestimentaire, alimentaire, sportif, etc.) et sur le plan militaire, sur notre sol et dans le monde. D’autre part, les attentats et leurs objectifs se sont diversifiés depuis 2015. Charlie Hebdo et Samuel Paty sont des attaques stratégiques ciblées contre des valeurs françaises (liberté d’expression, laïcité). Les tueries de masse du 13 novembre 2015, au Bataclan et sur des terrasses de cafés parisiens, ou du 14 juillet 2016, sur la Promenade des Anglais à Nice, ont surtout vocation de semer la terreur au sein de toute la population. Enfin, les attaques isolées sur des cibles « aléatoires » sont plus fréquentes, comme à Annecy l’été dernier ou en Isère en 2020. Ces derniers attentats sont le symbole d’un risque terroriste qui touche désormais tout le territoire, notamment les villes moyennes et non plus seulement les grandes métropoles.

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Les ennemis de l’intérieur ont des profils plus diversifiés aujourd’hui. En 2015, il s’agissait de terroristes étrangers provenant de pays étrangers, ou de Français issus de l’immigration recrutés et formés, soit à distance via les réseaux sociaux, soit directement sur les théâtres d’opération du djihad en Syrie et en Irak par des groupes terroristes comme l’État islamique. Cela répondait davantage à une logique de réseau. En 2023, ce n’est plus toujours le cas. En effet, l’apparition d’individus isolés rend leur surveillance plus ardue. Identifier la cible, le motif exact ou encore le momentum du passage à l’acte diversifie la menace et crée un « djihadisme d’atmosphère » au sens de Gilles Kepel. 

Impossible de répondre comme en 2015

Ce « djihadisme d’atmosphère » rend le terrorisme islamiste impossible à appréhender comme en 2015. Après les événements du 13 novembre 2015 ayant fait 131 victimes, le président François Hollande avait décrété un état d’urgence donnant des moyens exceptionnels à l’administration pour museler les réseaux terroristes. La saisie d’armes lourdes, les perquisitions administratives pour se passer de la décision d’un juge, les assignations à résidence, ou les moyens de surveillance accrus étaient utiles pour appréhender des réseaux. Or, le glissement vers un terrorisme low cost, avec ses profils isolés dotés de moyens rudimentaires (couteaux ou véhicules) rend la menace plus difficile à anticiper. Ces individus sont à la marge de la société, déjà présents sur le sol européen et français, et ont leur propre logique de passage à l’acte qui peut reposer sur un événement national, international ou encore lié à leur situation personnelle, comme ce pourrait être le cas de l’assassinat de Dominique Bernard à Arras.

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De plus, les puissances islamistes ont changé depuis 2015. Avant, il a été possible, pour la France, de frapper l’État islamique – né en Irak des suites de l’intervention américaine de 2003 et en Syrie après le Printemps Arabe – qui était une puissance soutenant le djihad mondial. À ce titre, il s’était mis à dos toutes les puissances du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les tueries d’Orlando aux États-Unis, le Bataclan en France, les attentats de Londres au Royaume-Uni, le terrorisme dans le Caucase en Russie ou à travers les Ouighours en Chine les ont conduits à frapper le même ennemi. Seulement, la quasi-disparition de l’État islamique au Proche-Orient a reconfiguré le terrorisme islamiste. Il serait davantage soutenu par deux États intouchables : la Turquie, membre de l’OTAN et l’Iran allié de la Russie et de la Chine.

Une « génération attentats » 

La nouvelle génération préfère abandonner des acquis occidentaux par crainte du terrorisme. Selon une étude Elabe publiée le 18 octobre 2023, 81% des 18-24 ans se disent inquiets face à la menace terroriste en France tout comme le reste de la population (84%). Pourtant, ce sont les plus jeunes qui sont les plus susceptibles de changer leurs habitudes de vie. 52% des 18-24 ans le déclarent contre 43% en moyenne globale, soit 9 points de plus. Cela traduit l’échec de notre modèle, avec des jeunes qui assument de vivre avec cette menace depuis toujours, quitte à sacrifier une partie de l’art de vivre à la française.

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Le modèle occidental n’attire plus suffisamment. Comment expliquer que des jeunes Français puissent être enrôlés dans une idéologie qui tue leurs camarades d’école ? La liberté occidentale et l’originalité laïque du modèle français convainquent moins les jeunes générations de Français de confession musulmane. Selon une étude IFOP parue en 2020, 74% des jeunes Français de confession musulmane mettent les lois islamiques devant les lois de la République, contre 25% de leurs aînés. Ces fractures au sein des jeunesses françaises expliquent qu’il y ait 183 élèves qui n’ont pas respecté l’hommage à Dominique Bernard.

Loin des réponses apportées en 2015, la France s’habitue au terrorisme. Seulement, cela pose le risque qu’une « génération attentats » côtoie, voire vive face à une génération gagnée par l’entrisme, au détriment de la France du XXIe siècle.

Mike Johnson: le bosseur qui présidera la Chambre des représentants

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Qui est le nouveau président de la Chambre des représentants, Mike Johnson ? Quelles sont les convictions de cet homme qui a réussi à faire ce que d’autres ont échoué à faire : réunir une majorité ? Son secret réside dans sa capacité de travail sur des dossiers d’importance régalienne. Explications de Randy Yalloz, président de Republicans Overseas France.


Le mercredi 25 octobre, le conservateur social Mike Johnson a été élu 56ème président de la Chambre des représentants des États-Unis, à 220 voix contre 209. Ce verdict, qui a suivi « une période chaotique de vingt-deux jours sans chef de la Chambre »[1] (The Hill), propulse l’avocat louisianais au poste de deuxième personne dans l’ordre de succession présidentielle après la vice-présidente.

Méconnu du public français, Johnson « a fait ce que les trois candidats qui l’ont précédé n’ont pas pu faire »[2] (The New York Times) : rallier derrière sa candidature l’écrasante majorité de la droite américaine. Mais loin d’être un de ces pragmatiques sans doctrine qui font l’union sans convictions, Johnson est l’homme d’un système de pensée clair, qu’il appelle « Les sept principes fondamentaux du conservatisme »[3], système de pensée qui, selon lui, représente une forme de continuité dans la doctrine du Parti républicain, au-delà des conflits de personnes. Quels sont ces principes et comment Mike Johnson a-t-il cherché à les incarner sur le plan pratique ? (Les citations liminaires définissant chaque principe sont tirées d’une conférence en ligne donnée par Mike Johnson le 4 juillet 2023).

1) La liberté individuelle : persécution religieuse, fin de l’obligation vaccinale pour les soignants et omerta du renseignement

« En Amérique, nous proclamons les vérités évidentes que nous sommes tous créés égaux et que Dieu nous accorde les mêmes libertés inhérentes », affirme Johnson. « Le but du gouvernement est de garantir ces droits ».

En mars, Johnson a dénoncé « le ciblage récent des catholiques par le FBI », avec pour preuve un mémo interne dans lequel les adeptes de la messe en latin sont qualifiés de « catholiques radicaux-traditionalistes » et accusés d’« adhésion à une idéologie antisémite, anti-immigration et suprématiste blanche »[4] (The Post Millennial).

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Le 10 mai, Johnson enjoint le Département de la Santé et des Services sociaux à mettre immédiatement un terme à l’obligation vaccinale pour les professionnels de la santé, alors même que l’administration Biden projette « une pénurie de plus de 78 000 infirmières diplômées à temps plein d’ici 2025, une pénurie de 3 millions d’agents de santé essentiels à faible salaire au cours des 5 prochaines années et une pénurie prévue de près de 140 000 médecins dans 10 ans ».[5]

Le 18 du même mois, Johnson qualifie de « dégoûtant » le traitement par le FBI qui, de manière systématique, punit tous les lanceurs d’alerte qui dénoncent les abus perpétrés par cette agence fédérale.

2) Un État minimal : budget exorbitant bâclé, oppression du peuple par les pouvoirs publics et bureaucratie illégitime

« Pour défendre la liberté individuelle, le gouvernement doit être réduit » affirme Johnson. « Le fédéralisme, la décentralisation des pouvoirs et l’élimination des réglementations et de la bureaucratie inutiles contribuent à faire en sorte que le gouvernement soit au service du peuple, et non l’inverse ».

Le 25 décembre 2022, Johnson dénonce une loi de finances pour 1,7 billions de dollars « écrite à huis clos, publiée lundi soir et soumise à un vote avant que quiconque puisse le lire – et encore moins en débattre ou l’amender »[6] (The Post Millennial).

Le 24 janvier, Johnson reproche à l’administration Biden « d’avoir poussé les agences fédérales à « se retourner contre » les citoyens plutôt que d’assurer la sécurité des Américains ».[7] (The Shreveport Times).

Le 26 juillet, Johnson dénonce la doctrine dite de la « déférence Chevron », qui, suite à une décision de la Cour suprême de 1984, permet « à des bureaucrates non élus de subvertir l’autorité législative du Congrès et qui limite de manière anticonstitutionnelle le contrôle judiciaire »[8]. Bref, cette décision permet à des agences gouvernementales de faire leur propre interprétation de certains termes dans les textes votées par les élus – et sans que les tribunaux puisse les contrôler.

3) L’état de droit : surveillance illicite, interdiction des dernières drogues dures et contrôle efficace à la frontière

« Nous connaissons « un gouvernement de lois et non d’hommes » », affirme Johnson. « La transparence et la responsabilité sont les clés d’un bon gouvernement, et le Congrès doit s’acquitter fidèlement de sa responsabilité constitutionnelle de contrôle ».

Le 27 janvier 2022, Johnson exige du directeur du FBI qu’il fournisse « des détails sur les efforts visant à freiner l’utilisation par le bureau de mandats d’espionnage sur les citoyens américains approuvés par un tribunal fédéral secret »[9] (The Washington Times).

Le 16 mars de cette année, Johnson propose une loi « visant à classer de façon permanente le fentanyl illicite comme stupéfiant de catégorie I »[10] (Minden Press-Herald). Cette catégorie est celle des « produits sans usage médical actuellement accepté et présentant un risque élevé d’abus ».[11] Le fentanyl est jusqu’ici « approuvé par la Food and Drug Administration pour une utilisation comme analgésique et anesthésiant » (DEA)[12].

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Le 25 juillet, Johnson propose une loi « de bon sens pour sécuriser les frontières » qui supprimerait « les restrictions imposées aux agents des douanes et de la patrouille frontalière dans les zones « sauvages » désignées par le gouvernement fédéral le long de la frontière sud »[13].

4) La puissance au service de la paix : fin de l’obligation vaccinale pour les militaires, danger des drones et dépolitisation de l’armée

Selon Johnson, « La première obligation du gouvernement fédéral est de protéger notre territoire et nos intérêts stratégiques à l’étranger. Les États-Unis doivent maintenir des investissements adéquats dans leurs capacités militaires afin de dissuader toute agression. »

Le 8 décembre 2022, Johnson se réjouit d’un budget de « près de 300 millions de dollars pour des projets d’investissement militaires spécifiques en Louisiane » et applaudit « un amendement visant à abandonner l’obligation vaccinale pour les militaires »[14] (The Shreveport Times).

Le 29 juin, Johnson a proposé une loi pour « renforcer l’autorité accordée au ministère de la Sécurité intérieure et au ministère de la Justice en ce qui concerne les aéronefs sans pilote »[15], avançant qu’« à mesure que le marché des systèmes d’aéronefs sans pilote se développe, il est extrêmement important que nos forces de l’ordre soient équipées des outils nécessaires pour contrer toute menace potentielle »[16].

Le 14 juillet, Johnson « a salué l’adoption bipartite de la Loi sur l’autorisation de la défense nationale pour l’année fiscale 2024 (NDAA) », dont les provisions lui faisaient dire : « Nos soldats ne devraient pas être accablés par une politisation excessive de la part de l’administration Biden et par un endoctrinement d’extrême-gauche, et la NDAA de cette année garantit que nos forces armées auront un seul objectif : assurer notre défense nationale »[17].

5) La responsabilité fiscale : financement des secteurs clef, sauvegarde des réserves de pétrole et prévention de la banqueroute

« Parce que le gouvernement a refusé de vivre dans les limites de ses moyens, l’Amérique est confrontée à une crise de la dette et des dépenses sans précédent », affirme Johnson. « Le Congrès a le devoir de résoudre la crise et de rétablir l’ordre dans les processus budgétaires et d’affectation des crédits ».

Le 12 janvier 2022, Johnson annonce une subvention de 500 000 de dollars pour l’Université du Sud à Shreveport en Louisiane afin de stimuler les emplois dans l’aviation , estimant qu’il était « impératif que nous disposions d’une main-d’œuvre dynamique pour répondre aux demandes de notre économie en évolution rapide »[18].

Le 8 juillet 2022, Johnson dénonce l’exportation d’une partie de la Réserve Stratégique de Pétrole des États-Unis vers plusieurs pays et notamment la Chine, rappelant que « la Réserve Stratégique de Pétrole, bien sûr, est là pour protéger notre pays en cas d’événement imprévisible, comme un attentat terroriste, une catastrophe naturelle, etc. Ce n’est pas la caisse noire énergétique personnelle du président »[19] (Breitbart).

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Le 31 mai de cette année, Johnson déclare, lors du passage du Projet de loi sur la responsabilité fiscale : « J’ai voté ce soir en faveur de la loi sur la responsabilité budgétaire pour éviter la première banqueroute de l’histoire de notre pays. […] Les experts s’accordent à dire que la cote de crédit des États-Unis subirait une baisse douloureuse, que notre monnaie serait irrémédiablement endommagée, qu’une récession profonde et prolongée pourrait être déclenchée, que les taux d’intérêt augmenteraient, que les revenus diminueraient, que les comptes de retraite seraient drainés et que les familles qui travaillent dur et qui sont déjà en difficulté seraient gravement affectées ».[20]

6) Des marchés libres : Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), pas de devoir sans droit ni de droit sans devoir et intérêts énergétiques

« Le gouvernement est souvent le plus grand obstacle au progrès et à la prospérité des peuples libres », selon la doctrine johnsonienne. « Le système de la libre entreprise récompense le travail et le dévouement et constitue la base et le génie de l’économie américaine ».

Le 19 décembre 2019, Johnson salue la signature de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique qui, selon ses calculs, « ajoutera plus de 68 milliards de dollars à notre économie, créera 176 000 emplois et augmentera la quantité de produits « made-in-America » sur tout le continent ».[21]

Le 23 avril 2020, Johnson déclare à propos de la Loi sur la protection des salaires et l’amélioration du système de santé, qui est sur le point de passer : « Nous pouvons protéger des vies et des gagne-pains en même temps ; et même : nous le devons ».[22]

Le 27 janvier 2021, il dénonce la « guerre contre le pétrole et le gaz » du président Biden, estimant qu’« en supprimant unilatéralement l’oléoduc Keystone, en réengageant les États-Unis dans l’Accord de Paris bancal sur le changement climatique et en gelant désormais la production d’énergie sur nos terres fédérales […] le président Biden a déjà assuré qu’il augmenterait les prix de l’énergie, éliminerait les emplois liés à l’énergie et rendrait notre pays plus dépendant du pétrole étranger ».[23] (Houma Today)

7) La dignité humaine : idéologie de genre ponctuelle, défense des organisations pro-vie et dénonciation de l’idéologie de genre généralisée

Johnson croit que, « Parce que tous les hommes sont créés égaux et à l’image de Dieu, chaque vie humaine a une dignité et une valeur inestimables ». Par conséquent : « Chaque personne ne doit être jugée qu’à l’aune de son caractère ».

Le 19 octobre 2022, Johnson propose « une nouvelle loi qui interdirait l’utilisation de fonds fédéraux pour des programmes sexuellement explicites, telle que la vague de spectacles de drag shows et de lectures aux enfants par des drag queens qui a déferlé à travers le pays »[24] (Fox News).

Le 12 janvier 2023, Johnson propose une résolution pour condamner « les faits récents de vandalisme, de violence et de destruction contre des établissements pro-vie » et reconnaître « le caractère sacré de la vie et le rôle important que jouent les établissements, groupes et églises pro-vie dans le soutien aux femmes enceintes, aux nourrissons et aux familles ».[25] (Fox News)

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Le 27 juillet, en tant que président de la Commission judiciaire sur la Constitution et le Gouvernement limité, Johnson conduit une audience « sur les effets néfastes des « soins d’affirmation de genre » pour les enfants », au cours de laquelle il atteste que « nous voyons des adultes faire du mal à des enfants sans défense pour affirmer leur vision du monde : que le genre est fluide, que le sexe peut être modifié chirurgicalement et qu’il n’y a pas de conséquences durables des suites de ces procédures de transition de genre ». Il ajoute que « la portée des politiques radicales sur l’identité sexuelle ne se limite pas aux jeunes enfants. Nous constatons que cela s’étend aux jeunes adultes, surtout au niveau universitaire. […] Aujourd’hui, près d’un lycéen sur quatre s’identifie comme LGBTQ. Que ce soit par le scalpel ou par la coercition sociale des enseignants, des professeurs, des administrateurs et des médias de gauche, c’est une tentative de transformation de toute la jeunesse de notre pays. »[26]

On l’aura compris : c’est un conservateur entier qui prend la présidence de la Chambre des représentants. À l’approche des présidentielles, il est probable qu’un personnage de la carrure discrète mais complète de Mike Johnson joue un rôle structurant majeur dans la politique américaine pour le quadriennat à venir.

Mike Johnson interviendra le 10 novembre prochain à l’occasion de la première édition de la Worldwide Freedom Initiative, le dialogue transatlantique des leaders des droites d’Occident, ainsi que de nombreuses autres figures majeures des milieux conservateurs américain et européens.


[1] https://thehill.com/homenews/house/4274127-house-republicans-speaker-mike-johnson-live-coverage/

[2] https://www.nytimes.com/live/2023/10/25/us/house-speaker-vote-mike-johnson

[3] https://mikejohnson.house.gov/7-core-principles-of-conservatism/

[4] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1281

[5] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1237

[6] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1237

[7] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1267

[8] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1328

[9] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1033

[10] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1279

[11] https://www.dea.gov/drug-information/drug-scheduling

[12] https://www.dea.gov/sites/default/files/2020-06/Fentanyl-2020_0.pdf

[13] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1326

[14] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1226

[15] https://houlahan.house.gov/uploadedfiles/houlpa_counter-drone_legislation.pdf

[16] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1306

[17] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1311

[18] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1018

[19] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1162

[20] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1302

[21] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=657

[22] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=742

[23] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=75

[24] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1213

[25] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1255

[26] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1329

Quand Mouloud Achour tente de coincer le youtubeur Tibo InShape

Sous-culture. L’animateur préféré de la jeunesse woke aimerait que le Toulousain préféré des internautes s’adonne à la musculation sans faire de polémiques. Dans son émission, il a multiplié les sous-entendus concernant les convictions politiques du youtubeur…


« Clique » est l’une des émissions les plus populaires de Canal +. Alors que ses audiences TV sont plutôt faibles – elle ne réunissait que 42 000 spectateurs en moyenne sur sa dernière saison, selon Médiamétrie – sa bonne notoriété s’explique par sa présence sur internet. Avec plus d’1,6 million d’abonnés sur YouTube, plus de 900 000 followers sur Twitter et près de 650 000 sur Instagram, le talk-show que Mouloud Achour anime depuis dix ans est devenu assez emblématique pour les jeunes. L’émission est notamment celle que préfèrent les rappeurs. Son animateur connaît parfaitement cette culture urbaine et en possède tous les codes. Aux antipodes des animateurs blancs de plus de 50 ans, lesquels ne comprennent qu’un mot sur deux lorsqu’ils écoutent un rappeur et posent toujours les mêmes questions insipides… L’animateur quarantenaire, Franco-algérien et originaire de Seine-Saint-Denis, suscite naturellement la sympathie de ces artistes et des jeunes qui les suivent car ils se reconnaissent en lui. Cependant, « Clique » n’est pas qu’une émission culturelle, qui convie chanteurs, acteurs et humoristes. Elle a également une dimension politique, visible au choix des invités : Julia Cagé, Thomas Piketty, Christiane Taubira, Alain Damasio, Edgar Morin, Alain Badiou, Virginie Despentes, Geoffroy de Laganesrie, Édouard Louis ou Assa Traoré. Un beau cénacle qui a pour thèmes préférés : les violences policières, le racisme systémique, le féminisme (donc le patriarcat) et la dangerosité légendaire de la droite et de l’extrême droite. Le nom de certaines vidéos, sur YouTube, laisse peu de place au doute quant à l’idéologie véhiculée par l’émission. Des titres comme « Les impasses de la masculinité toxique avec Picky Blinders » ou « Moussa d’Alertes Infos, l’étudiant qui fait trembler l’extrême droite », pourraient faire pâlir d’envie AJ+. Il en va de même pour l’animateur, qui en plus d’épouser les thèses de ses invités, s’autorise quelques sorties politiques. Par exemple lorsqu’il invite, en septembre 2019, l’historien Gérard Noiriel[1]. Ce dernier était venu présenter son ouvrage Le Venin dans la plume, dans lequel il comparait Éric Zemmour à Édouard Drumont, démontrant que l’islamophobie du premier serait similaire à la haine antisémite du second. Mouloud Achour avait alors questionné son invité au sujet du grand remplacement : « Pourquoi prend-on cette théorie au sérieux dans les médias alors qu’on devrait en rire tellement c’est farfelu ? ». Question neutre !

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Intersectionnalité

« Clique » pourrait se résumer en un mot : intersectionnalité. Le désir de convergence des luttes saute aux yeux lorsque l’on regarde l’émission. Telle une équipe de foot bigarrée, chacun est à son poste. Chaque intervenant semble avoir son thème de prédilection, et joue merveilleusement sa partition. Les violences policières, le racisme et l’islamophobie aux rappeurs ; l’homophobie à Hoshi, Pomme ou Muriel Robin ; le féminisme à Florence Foresti, Marina Foïs et Yseult, bien aidées par les chroniqueuses qui se sont succédé dans l’émission : Camille Dauxert, Émilie Papatheodorou, Pauline Claviere et Charlotte Vautier. Un peu de fluidité des genres ne nuisant pas, on convie parfois Bilal Hassani, et on n’oublie pas une touche d’écologie, bien sûr, avec Jean Jouzel ou Camille Étienne. Les invités politiques de la gauche radicale, cités plus haut, viennent quant à eux présenter l’édifice conceptuel dans lequel s’incorporent toutes ces petites revendications.

Si la logique de l’intersectionnalité est bien connue, ses limites le sont aussi. Ces dernières auraient pu apparaître à plusieurs reprises dans « Clique », mais l’animateur et ses chroniqueurs ont toujours été vigilants pour que le réel ne se manifeste pas trop. Prenons deux exemples.

  • En septembre 2018, l’émission diffuse le témoignage d’Arnaud, 27 ans, qui dit avoir été victime d’une agression homophobe à Belleville. À la mi-septembre 2018, alors qu’il enlace son compagnon en sortant d’un théâtre, il se fait « alpaguer par un groupe de trois jeunes ». « Ils nous demandent de quitter la rue, de quitter le quartier, car pour eux, on est chez eux et il n’y a pas de PD dans leur quartier » raconte-t-il. Alors que le couple refuse de céder aux pressions de leurs agresseurs, le passage à tabac débute, et les victimes reçoivent des « coups de pieds dans le dos et des coups de casque de scooter dans la tête ». Après ce témoignage, Mouloud Achour questionne sa chroniqueuse, Émilie Papatheodorou, pour savoir comment on a bien pu en arriver là. « De plus en plus de politiques s’affichent ouvertement homophobes » avance la journaliste, allant jusqu’à citer le « candidat brésilien d’extrême-droite Jair Bolsonaro » (!), ajoutant qu’en France « les propos de la Manif pour tous ont quand même beaucoup infusé le discours des politiques »… Quel rapport entre le Brésil et une agression homophobe à Belleville ? Aucun, évidemment. Mais les opposants au mariage homosexuel permettent de faire opportunément diversion concernant le profil des agresseurs, qui, dans la majorité des cas, n’ont pas plus de lien avec Bolsonaro qu’avec la Manif pour tous. Pour sauver le soldat intersectionnalité il faut falsifier le réel, et désigner, par commodité et bêtise idéologique, l’extrême droite. Mais la blague ne s’arrête pas là. Joël Deumier, de SOS Homophobie, dont le témoignage était aussi diffusé ce jour-là, évoquait le « retour en Europe de la haine homophobe », accompagné d’une photo de Christine Boutin. Bah voyons !
  • En novembre 2019, le rappeur Niro[2] est invité pour présenter son dernier album. De son vrai nom Nourredine Bahri, le rappeur d’origine marocaine est encensé par Mouloud Achour, qui assure que nous sommes en présence « d’un artiste extrêmement pluridisciplinaire, auteur, compositeur, producteur, [qui] s’est mis récemment à la peinture, est également dans la mode, fait également de la philanthropie, (…) quelqu’un d’exceptionnel ». Quel talent ! Après cette présentation élogieuse, la chroniqueuse Camille Dauxert prend le relais dans la flatterie en insistant sur l’engagement associatif du rappeur. On aurait pourtant préféré que la journaliste, qui a « enquêté sur Niro » (dixit Mouloud Achour), interroge le rappeur sur ses textes. Dans la chanson « Bawemonami », qui date de 2015, le rappeur chante : « J’fais du rap hétéro, tous ces zemel veulent se pousser la merde, ils veulent tous se la mettre ». Pour ceux qui l’ignorent, « zemel » est un mot issu de l’arabe marocain qui signifie « homosexuel ». Il eût été intéressant que la chroniqueuse demande au rappeur de préciser ce qu’il entend par « rap hétéro ». Car s’il existe du « rap hétéro », quel est son opposé ? Probablement du rap de « PD », pour reprendre le vocabulaire de nos agresseurs cités plus haut. Émilie Papatheodorou, qui pense que l’extrême droite est responsable de la hausse de l’homophobie, présente sur le plateau, tout sourire devant le rappeur, n’a sans doute pas écouté les textes de Niro non plus, trop occupée à éplucher les derniers tweets de Christine Boutin… Dans une autre chanson, « VivaStreet », datant de 2014, le rappeur susurre les paroles suivantes : « Y a dix piges cette pute faisait la belle devant nous, maintenant elle suce tellement mon équipe qu’elle en a des croûtes sur les genoux »… Étonnamment, les chroniqueuses progressistes, jamais avares de moraline néo-féministe à deux balles, n’ont posé aucune question sur ces textes.
Le numéro 115 de Causeur

Quand c’est Michel Sardou y a du monde pour discutailler les paroles, mais pour les rappeurs y’a plus personne. On préfère se concentrer sur la « masculinité toxique » de Peaky Blinders, et si Achour serait bien capable d’inviter Édouard Louis et un rappeur sur le même plateau, il ne serait jamais assez idiot pour demander au rappeur ce qu’il pense des revendications LGBT en général ou de l’homosexualité en particulier. Probablement parce qu’il connaît la réponse. L’intersectionnalité, c’est un peu comme la Nupes, une alliance dans laquelle personne n’est d’accord avec personne, mais où on se dit que sur un malentendu, ça peut passer.

La France tu l’aimes ou tu la quittes

C’est donc dans cette émission qu’a été invité Tibo InShape le 13 octobre dernier. Avec 11 millions d’abonnés sur YouTube – un record – et plus de 5 millions sur Instagram, Thibaud Delapart, de son vrai nom, est, à 31 ans, l’un des influenceurs français les plus connus. Bien qu’il soit à l’origine un « influenceur fitness », le trentenaire a, depuis quelques temps, de moins en moins peur d’afficher sa sensibilité politique. Il le confiait, en août, lors d’un entretien accordé au média Le Crayon[3] : « Plus récemment, j’ai moins de mal à prendre parti ». Et lorsqu’on lui demandait s’il était un « youtubeur politisé », il répondait, avec un petit sourire, « non, et un peu ». Grâce à son succès sur les réseaux sociaux, le Toulousain a sa propre salle de sport, dans laquelle le drapeau tricolore est bien visible. Il n’en fallait pas plus pour que bien des imbéciles rappliquent dans les commentaires pour le traiter de « facho ». Il avait alors répondu à ces idiots en vidéo : « Il n’y a pas de honte à être fier d’être Français », ajoutant qu’il « faut être fier de notre langue, de notre histoire même si elle n’est pas parfaite, il faut être fier de sa culture, de ses paysages, de ses traditions », avant d’exhorter ses abonnés à faire « honneur à tous ces hommes qui se sont battus pour la France » et de conclure : « Pour tous ceux qui n’aiment pas la France, personne ne vous retient ». La France tu l’aimes ou tu la quittes ? L’animateur du Crayon rappelait alors à son invité qu’il n’avait pas pris la parole lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel. Et le youtubeur faisait alors une révélation : « Je me suis fait agresser quand j’avais 17 ans et les policiers sont intervenus et ont menotté les agresseurs. Grâce à ça ils ont été jugés, condamnés et ont fait un an de prison ». Ce qui explique les nombreuses vidéos du youtubeur avec la police, la gendarmerie et l’armée depuis. « Je voulais être militaire quand j’étais petit ». À propos des émeutes, Tibo InShape précisait laconiquement : « Je n’ai pas donné mon avis, mais je pense que les gens au fond d’eux le connaissent ».

Originaire de Toulouse, domicilié aujourd’hui à Albi, le vidéaste se rend régulièrement dans la capitale pour raisons professionnelles. Par chance, il filme presque tout, y compris son échange avec un chauffeur de taxi lorsqu’il découvre les charmes de Barbès[4]. Dans cette séquence, notre Candide demande à l’homme au volant si Barbès est « un quartier qui craint ». Ce dernier répond alors ce que tout le monde sait : « C’est blindé de clandestins. Tu peux te faire arracher ton sac en deux secondes ou te prendre un coup de couteau par un « gogol ». Devant la Société Générale, j’ai vu un mec se faire tuer devant moi ». « La police a du boulot ici… », constate alors Tibo. Le chauffeur abonde dans son sens : « ce n’est pas du boulot, c’est du ménage qu’ils doivent faire ». Rires un peu gênés. Après la France tu l’aimes ou tu la quittes, il nous fait le coup du karcher. La région parisienne, le taxi connaît par cœur, il y passe toutes ses journées. « Là, t’as la gare du Nord et faut pas y traîner, tu prends ton train et tu te casses, y a que des chacals. Ils sont sans foi ni loi, ils n’ont rien à perdre. Les mecs ont pris une barque pour venir en France, ils n’en ont rien foutre d’aller en prison. Le 18e et le 19e, ce n’est même pas la peine d’y traîner ». De son côté, sur le plateau de « Clique » en janvier 2020, alors qu’il interrogeait le rappeur Maes originaire de Sevran, Mouloud Achour observait qu’ « il n’y [avait] pas de territoires perdus de la République, [que] ça n’existe pas ». Vraiment ?

Fallait pas l’inviter

Elevé dans le catholicisme, aimant le drapeau tricolore, longtemps désireux de devenir militaire et a priori laudateur sur la police, il y a donc autant de chances de voir Tibo InShape voter Mélenchon que de l’entendre crier « Allah Akbar » place de la République. Mais alors, que faisait-il chez « Clique » ? Une émission qui est aux antipodes de ce qu’il est et de ce qu’il représente. Surtout, pourquoi a-t-il été invité, alors qu’il ne colle pas trop au ton de l’émission ? Eh bien, c’est précisément pour cela qu’il a été invité ! Mouloud Achour n’ignore pas la sensibilité politique de Tibo et, au cours de l’interview, a multiplié les allusions sur cette dernière, espérant coincer son invité et même, pourquoi pas, obtenir un mea culpa de sa part. L’animateur lui demande ainsi « s’il y a des choses que tu pardonnes mais que tu n’oublies pas ? ». Tibo évoque alors de nouveau l’agression qu’il a subie à 17 ans, rappelle qu’il était avec deux amis, non loin de Toulouse, quand deux voitures sont arrivées derrière eux, que plusieurs « jeunes » en sont sortis, dont un armé d’une batte de baseball. « Le fait d’avoir cette peur en toi, est-ce que ça peut créer des névroses ou des ressentiments ou stigmatiser des gens ? » Ah, on y vient enfin ! Ce qui semble préoccuper Mouloud Achour, ce n’est pas tant que des gens soient sauvagement agressés en France, mais que les agresseurs puissent être stigmatisés. « Je me baladais avec un poing américain dans la poche », confie ensuite Tibo, en se remémorant cette époque difficile où il avait peur pour sa sécurité après la condamnation de ses agresseurs. « Surtout qu’on a été recherchés par les petits frères » ! Envoyer les « petits frères » du quartier pour casser la gueule à un type, pas de doute, la Manif pour Tous a encore frappé !

À la fin de l’interview, Achour demande : « Pour qui est-ce que tu ne voteras jamais ? ». Réponse : « Il ne faut jamais dire jamais, on verra bien ». Perdu : il fallait répondre Le Pen, Zemmour, ou Marion Maréchal ! « Ça te dirait de faire de la politique ? » ose enfin l’animateur, qui cherche à pousser son invité à la faute. « Faut jamais dire non, on verra » répond alors Tibo, qui bien qu’il garde le sourire, aimerait visiblement qu’on passe à autre chose. « Je suis sûr que tu vas en faire », rétorque l’animateur. Mouloud Achour ne veut pas lâcher sa proie car il sait bien que si Tibo venait à s’engager politiquement ils ne seraient pas dans le même camp. Pas côte à côte, mais face à face pour reprendre une célèbre formule ? La fin de l’interview est à l’avenant, on ne peut plus tendue entre les deux hommes… « Je suis sûr qu’un jour tu feras de la politique » veut croire Achour. «Qu’est-ce qui te fais dire ça ? » répond l’invité sur un ton beaucoup plus doux que celui qui l’interroge. Réponse sèche : « Je le sens. » Fin de l’interrogatoire.


[1] Gérard Noiriel : Comment répondre à Éric Zemmour ? – Clique – CANAL+ – YouTube

[2] Niro : un artiste stupéfiant – Clique – CANAL+ – YouTube

[3] https://www.youtube.com/watch?v=vZd0vdrvCVc

[4] https://www.youtube.com/shorts/Ob9P0ASvU18

Coalition anti-Hamas: l’irréalisme de Macron

En visite exceptionnelle en Israël, le président Macron se soucie-t-il de la paix au Proche-Orient, ou est-il préoccupé par la paix civile en France ? L’initiative surprise du président français, étonne les observateurs et prend de cours le quai d’Orsay. Analyse.


Peut-on imaginer le monde arabe se liguer contre le Hamas ? En proposant mardi, devant Benyamin Netanyahou puis Mahmoud Abbas, une coalition contre le mouvement terroriste, Emmanuel Macron a laissé voir son orgueilleux irréalisme.

Passé à Jérusalem après Biden et von der Leyen, Macron chercherait-il à exister?

Soucieux de surprendre dans une diplomatie-spectacle, le chef de l’Etat s’est lancé dans une improvisation trop personnelle. Arrivé ce mercredi en Jordanie après une journée passée en Israël et en Cisjordanie, il a proposé « à nos partenaires internationaux de bâtir une coalition régionale et internationale » afin de « lutter contre les groupes terroristes qui nous menacent tous ».  Macron a pris pour exemple la coalition constituée en 2014 contre Daesh en Irak, qui a compté jusqu’à 86 pays dont, outre les nations occidentales, l’Arabie saoudite, la Turquie, ou le Qatar. Mais qui peut imaginer le Qatar, qui finance le Hamas et soutient les Frères musulmans, se retourner contre son protégé ? Qui peut même imaginer l’Autorité palestinienne, pourtant en conflit avec le Hamas, rejoindre la défense d’Israël alors qu’Abbas a accusé hier, devant Macron, l’Etat hébreu « colonisateur » d’être le responsable des violences et de pratiquer « l’apartheid » et « l’épuration ethnique » ?

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« Cette proposition n’a aucun sens », a commenté ce mercredi sur Europe 1 le criminologue Alain Bauer, qui a dénoncé un effet de « buzz »[1]. Le seul effet de cette coalition impossible pourrait être de forcer à clarifier les positions des pays arabes vis-à-vis du terrorisme islamiste. Toutefois, le flou et l’évitement semblent être les réponses choisies par le monde musulman pour une fois unifié.

Les points sur les i

Il faut reconnaître au président français, soucieux de préserver l’unité de la nation éclatée, de n’avoir pas fléchi pour autant dans sa solidarité avec Israël. Il n’a pas appelé au « cessez-le-feu », ce pacifisme munichois de l’islamo-gauchisme qui permettrait au Hamas de reprendre ses forces.

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Il n’a pas parlé non plus, hier, d’instituer une « trêve humanitaire », en laissant Tsahal maîtriser sa stratégie d’éradication du seul mouvement pogromiste. Pour autant, en rencontrant Mahmoud Abbas, c’est à la communauté musulmane française et à son empathie palestinienne qu’il s’est aussi adressé, non sans risque. En effet, Abbas est le symbole de « l’antisémitisme d’atmosphère » (expression que je propose en regard au « djihadisme d’atmosphère » décrit par Gilles Kepel) qui fédère le monde musulman. Comme le rappelle Michel Onfray dans le Figaro Magazine[2], le chef de l’Autorité palestinienne est l’auteur d’une thèse négationniste soutenue à Moscou en 1983 sur la non-existence des chambres à gaz. C’est lui qui a également déclaré, à Ramallah en août 2023 : « Hitler n’a pas tué les Juifs parce qu’ils étaient juifs (mais) parce qu’ils étaient usuriers et liés à l’argent », reprenant un cliché récurent de l’antisémitisme. Le monde arabe ne s’est pas désolidarisé du Hamas en dépit de sa violence inouïe. L’inapplicable proposition de coalition de Macron met au moins les points sur les i sur l’isolement de l’Occident.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=20piwWswwFk

[2] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/michel-onfray-l-islamo-gauchisme-est-un-fascisme-20231019

À l’ombre des écocideurs

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Vingt-huit éoliennes, réparties en quatre parcs, devaient être implantées dans un rayon de cinq kilomètres autour d’Illiers-Combray, en Eure-et-Loir. Problème : Marcel Proust y a passé dans sa jeunesse plusieurs étés. Saisi par des pétitionnaires hostiles au projet, le conseil d’État a jugé que le dispositif « portait une atteinte significative, notamment à l’intérêt paysager et patrimonial »1 du site que Proust a magnifiquement décrit dans Combray, la première partie du roman Du côté de chez Swann.

Les « lieux où soufflent l’esprit », que célébrait Maurice Barrès dans la Colline inspirée, sont aussi ceux où souffle le vent. Cocasserie : la colline de Sion, en Lorraine, qui inspira l’auteur, est depuis longtemps investie par les parapentistes qui profitent du site et de son exposition. La population des environs s’est opposée à l’installation de six éoliennes.

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Un projet de parc éolien, à la montagne Sainte-Victoire, peinte et repeinte par Paul Cézanne, avait déjà fait l’objet de plusieurs recours, avant de sortir de terre en 2021. Aujourd’hui, le vent du droit tourne ; les promoteurs de l’éolien craignent que la décision des sages fasse jurisprudence. Si les vacances du jeune Marcel font partie de notre patrimoine, alors le souvenir d’un peintre ou d’un écrivain pourra préserver le paysage de très nombreux autres sites.

Proust, écocideur malgré lui ? Son œuvre, il faut le reconnaître, passe un peu à côté des enjeux environnementaux. On le voit exhiber son confort bourgeois comme son bilan carbone, alourdi par de trop nombreux voyages : à Illiers-Combray d’abord, à Cabourg ensuite et même à Florence… Les descriptions de ces stations dans la Recherche auraient même, en les popularisant, lancé la mode du tourisme de masse. Lire la Recherche n’invitera non plus à délaisser son véhicule individuel pour les transports en commun ou le vélo électrique ; Proust était amoureux de son chauffeur personnel, Alfred Agostinelli, et s’amusait à brûler du CO2 pour le seul plaisir de sa compagnie ! Reste son genre de vie homosexuel : ultime recours de la décroissance démographique.


  1. https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/eure-et-loir/eoliennes-quand-marcel-proust-enterre-malgre-lui-un-projet-de-parc-eolien-2853515.html ↩︎

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Pression migratoire: copions les anglo-saxons!

Les pays anglo-saxons subissent la même pression migratoire que les européens. Mais parce qu’ils sont encore souverains, ils surveillent leurs frontières et choisissent ceux qui peuvent les franchir. Rien de plus normal lorsqu’on veut garder le contrôle de son avenir.


La crise migratoire n’a pas encore commencé : elle est devant nous, selon Nicolas Sarkozy. La situation à Lampedusa démontre en effet que les dirigeants européens sont débordés face à l’ampleur du défi alors que, selon le HCR, sur les 100 millions de migrants dans le monde en 2022, un tiers se dirigent vers l’Occident. Si les Européens ont perdu le contrôle de leur destin migratoire, d’autres pays ont identifié les ressorts d’une politique efficace pour défendre leur civilisation.

Une crise migratoire sans précédent

Les Européens verront dans les prochaines années des millions de migrants se presser à leurs portes. Un flux sans précédent alimenté par l’explosion démographique africaine. La population de ce continent devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre 2 milliards de personnes. Seulement, l’Afrique ne dispose pas des structures nécessaires pour dominer sa transition démographique comme l’Europe au XIXe siècle. Ces pays n’offrent ni travail (20 % des jeunes en moyenne sont au chômage), ni logements (20 à 25 % des Africains vivent dans un bidonville), ni nourriture (la guerre en Ukraine a perturbé les chaînes alimentaires dans de nombreux pays qui dépendent à plus de 50 % de la production céréalière russe ou ukrainienne).

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À ce chaos s’ajoute l’instabilité sécuritaire. La décennie qui s’ouvre est marquée par la multiplication des coups d’État (Niger, Mali, Burkina Faso), l’apparition de nouveaux conflits (Soudan) et le pourrissement de conflits antérieurs (Syrie, Irak, Yémen, Éthiopie, République démocratique du Congo, etc.). Autant de pays qui protègent moins bien, ou plus du tout, leurs frontières.

Les Anglo-Saxons choisissent leur immigration !

La pression migratoire ne concerne pas que l’Europe. L’accélération de la mondialisation à partir des années 1980 a démultiplié les flux de personnes, notamment à destination des pays anglo-saxons (États-Unis, Canada, Australie). En Amérique du Nord, il s’agit de trois flux : une immigration européenne qualifiée, une immigration est-asiatique qualifiée et une immigration sud-américaine peu ou pas qualifiée. En Australie, il s’agit d’une immigration peu qualifiée en provenance de l’Asie du Sud et de l’Est (Indonésie, Philippines, Malaisie).

Les pays anglo-saxons choisissent leur immigration. D’une part, les États-Unis, le Canada et l’Australie se sont pleinement engagés dans la guerre des cerveaux. Ils ont adapté leur doctrine migratoire aux impératifs de la course à l’innovation en soutenant une immigration haut de gamme. À titre d’exemple, 42 % des métiers de la science, de la technologie, du génie et des mathématiques (STGM) au Canada sont occupés par des étrangers, un chiffre qui monte à 48 % aux États-Unis. En Australie, 35 % des étrangers ont un diplôme universitaire contre 20 % en moyenne dans l’OCDE. D’autre part, les pays anglo-saxons n’acceptent que des migrants utiles au modèle productif de leur pays. Ainsi, le taux d’emploi des étrangers aux États-Unis (64,7 %) est supérieur à celui des nationaux (61 %). En Australie, la tendance est légèrement inversée : un taux d’emploi de 72,3 % pour les étrangers contre 75,7 % pour les nationaux.

Des mesures concrètes 

Les pays anglo-saxons sont souverains et décident de leur politique migratoire. Pour cela, ils garantissent une réelle protection de leurs frontières afin de lutter contre l’immigration illégale. L’Australie dispose ainsi de deux mesures emblématiques : la systématisation du refoulement des bateaux en haute mer par la marine australienne et la création de camps de réfugiés à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour traiter les demandes d’asile. Ces dispositifs sont soutenus par des moyens financiers accrus : le budget du département de l’Immigration et de la Citoyenneté a été multiplié par huit sur la période 2000-2020.

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Concernant l’immigration illégale, les États-Unis vont au-delà des seules mesures matérielles. En effet, toute personne entrant illégalement sur le sol américain ne pourra être ni régularisée ni naturalisée. Sur l’immigration légale, les critères de sélection pour obtenir la carte verte sont drastiques : avoir un talent extraordinaire, investir au moins 500 000 dollars pour créer au moins dix emplois ou justifier de cinq années d’expérience si l’on a un bac +5 avec une attente de deux à trois ans, un délai qui passe de huit à dix ans pour les travailleurs ayant un bac +3 ou moins.

Enfin, les pays anglo-saxons font de l’obtention de la nationalité une chance. En effet, la nationalité américaine, australienne ou canadienne est sanctuarisée et donc difficile à obtenir. D’une part, les immigrés éprouvent déjà des difficultés à obtenir la carte de résident. D’autre part, les conditions de naturalisation sont drastiques (et respectées) : cinq années de détention de la carte verte ou de la carte de résident, maîtrise totale de l’anglais, ne pas avoir été arrêté ou jugé coupable de faits graves ou criminels, et obtention d’un test de citoyenneté. Face à la crise migratoire, l’impuissance publique n’est pas une fatalité. La France et l’Europe doivent être au rendez-vous de l’Histoire. Les Anglo-Saxons ont réussi à concilier une attractivité forte pour gagner la guerre des cerveaux tout en refusant l’immigration non souhaitée. Ils ont simplement décidé de garder le contrôle de leur destin.

L’ombre du conflit soudanais

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2023 sera-t-elle l’année des catastrophes conjuguées ? Alors que la guerre d’Ukraine se prolonge et ne semble pas pouvoir se conclure rapidement, de nombreux conflits régionaux s’embrasent au Sahel, au Proche-Orient ou dans le Caucase… mais aussi au Soudan. Oubliée, la guerre civile soudanaise n’en reste pas moins un danger grave pour la région qui aura des répercussions sur l’équilibre arabe.


Depuis avril 2023, la guerre civile au Soudan entre l’armée régulière fidèle au président, de facto, Abdel Fattah al-Burhan et son ancien allié, Mohamed Hamdan Dogolo, chef des paramilitaires du FSR (forces de soutien rapide) a causé 9000 morts pour cinq millions de réfugiés et mis la société civile tout juste renaissante du pays à genoux. Alors que l’on pensait que la chute de la dictature d’Omar el Bechir, puis la période de transition instituée par Burhan et Dogolo allait conduire à un Soudan pacifié et pouvant enfin bénéficier de son potentiel considérable jamais exploité, la guerre civile a repris entre l’armée régulière et les milices armées, soutenues par différents États de la région dont aucun n’avait initialement vraiment intérêt à déclencher un conflit régional.

Guerre de l’eau

Ainsi, on retrouve dans le camp du président Burhan notamment l’Égypte et la Turquie, les Émirats Arabes Unis et l’Éthiopie soutenant davantage Dagolo. En jeu, le différend entre l’Égypte et l’Éthiopie sur fond de projet de barrage qui menacerait l’approvisionnement d’eau dans la région. Nous sommes donc dans un conflit sanglant où personne n’a vraiment raison ou tort et où les protagonistes semblaient avoir commencé des pourparlers de paix, fortement poussés par les États-Unis.

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Or, le Wall Street Journal, dans un article de Benoit Faucon, Nicholas Bariyo et Summer Said, publié le 14 octobre[1], vient de révéler que très récemment, l’Égypte a procédé à la livraison de drones turcs Bayraktar en septembre dernier à l’armée régulière. Ces drones, qui ont gagné leur réputation lors du début du conflit ukrainien, ont contribué à empêcher les troupes russes d’envahir Kiev. Les pilotes de drones seraient quant à eux actuellement formés en Egypte.

Au terme d’âpres négociations, l’Égypte vient d’accepter d’ouvrir un « corridor humanitaire » via le passage de Rafah permettant de faire entrer de l’aide humanitaire, se gardant bien cependant d’accueillir des réfugiés gazaouis, il apparait paradoxal de les voir donner des moyens supplémentaires à la poursuite d’une guerre civile sur sa frontière sud. Cette alliance de facto entre l’Égypte et la Turquie, appuyée en creux par les États-Unis constitue également une forme de renversement d’alliance et montre également la perte d’influence des frères musulmans en Turquie.

Regards braqués ailleurs

Au-delà de ce constat, le Soudan ne doit pas être un conflit oublié, particulièrement au moment où les regards sont forcément braqués sur Israël. Depuis six mois, les Soudanais se retrouvent entre le marteau et l’enclume d’un conflit dont ils souhaiteraient surtout qu’il se termine au plus vite. Bien évidemment, les passions déclenchées dès qu’il est question de Gaza ont tendance à effacer un conflit dont on parlait déjà beaucoup trop peu, mais à l’heure où des livraisons d’armes se poursuivent, il serait grand temps de se focaliser davantage sur les espoirs d’une paix dont on sait bien qu’elle se négocie activement, sous l’égide américaine. Pour comprendre les implications de cette récente livraison, rappelons que récemment, une attaque de drone dans un marché ouvert a tué près de 40 personnes selon les associations de défense des droits de l’homme.

Le cauchemar soudanais peut se terminer enfin, mais pour cela il faudrait que les armes se taisent.


[1] https://www.wsj.com/world/africa/ignoring-u-s-calls-for-peace-egypt-delivered-drones-to-sudans-military-6f7fdcda

Viva Viotti !

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Sur scène, en disque ou aux Éditions de l’Aube, la chanteuse lyrique franco-suisse Marina Viotti a tous les talents


La mezzo-soprano vient de faire un tabac dans le rôle-titre de La Cenerentola, au Théâtre des Champs-Elysées[1]. Artiste lyrique de l’année aux Victoires de la musique classique 2023, Marina Viotti n’est pas seulement une chanteuse lyrique exceptionnelle, mais un personnage hors du commun. Dans Et si le monde était un opéra ?, un livre d’entretien avec la philosophe Gabrielle Halpern qui vient de paraître, elle revient sur son cheminement singulier : « Lorsque les gens apprennent qu’avant de chanter à l’opéra je faisais du metal, ils ne voient absolument pas le rapport et trouvent que cela n’a aucun sens ! Mais (…) l’opéra et le metal sont beaucoup plus proches qu’on ne le croit. » Et de disserter en connaisseuse sur les différents types de metal, du heavy metal au black metal, en passant par le metal progressif ou encore le death metal, « musique très savante, difficile à jouer, et qui demande des rythmes très précis ». « Le metal est un genre écrit, composé, avec des partitions », souligne-t-elle.  

Pas férue de cancel culture

C’est sous le signe de l’hybridation que cette fée Cendrillon aux baguettes multiples  –  fille de chef d’orchestre née au sein d’une vieille famille de musiciens, la Viotti a été khâgneuse, documentariste, flûtiste, jazziste, chanteuse de gospel et j’en passe… –  s’emploie à combattre avec acharnement ce « nouveau courant de pensée post-colonialiste qui nous vient de l’Amérique », et cette actuelle propension de certain(e)s à modifier « totalement l’histoire du livret pour lui donner une fin plus féministe, plus choquante ou plus politiquement correcte (…) au risque de nous faire tomber dans un puritanisme total où l’on est obligé de supprimer des œuvres du répertoire ».

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Elle qui compare volontiers son métier à celui d’un sportif de haut niveau n’hésite pas à se risquer dans le répertoire le plus éclectique : de Carmen, de Bizet aux Sept péchés capitaux, de Kurt Weil, en passant par La Chauve-souris, de Johan Strauss, et jusqu’à l’Olimpiade, de Vivaldi ! Chanter avec la même expressivité, la même intensité, la même stupéfiante présence scénique Verdi et Offenbach, Tchaïkovski et Haendel, Rossini et Gounod relève de la haute performance.

Trésors cachés

En parallèle, Marina Viotti en est même venue à explorer les trésors cachés de la musique française. En témoigne le CD A deux voix où, conjuguant son talent avec ceux de la soprano guatémaltèque Adriana González et du pianiste basque Iñaki Encina Oyón (également claveciniste, chef de chant, chef d’orchestre !), elle se produit avec une grâce infinie dans un florilège de mélodies en duo, d’une belle rareté : s’y marient, en effet, à des compositeurs depuis longtemps passés à la postérité (Fauré, Chausson, Massenet, Gounod, Lalo, Franck…) des noms beaucoup moins connus, voire carrément méconnus, tels Pauline Viardot (1821-1910), Cécile Chaminade (1857 -1944), Paul Puget (1848-1917), Emile Paladilhe (1844-1926), ou peu attendus dans ce registre, comme Charles-Marie Widor (1844-1937) dont l’œuvre pour orgue, must des messes de mariage, occulte hélas une grande part de son inspiration.  

Evoquons pour finir l’album sublime Porque existe otro querer, paru il y a quelques mois. Dans ce disque, Marina Viotti s’associe au guitariste Gabriel Bianco dans plus d’une vingtaine de morceaux, combinant Brel et Rossini, Massenet et Manuel de Falla, Gabriel Fauré et Carlos Eleta Almaran, Erik Satie et Isolina Carrillo. Un kaléidoscope esthétique téméraire, parfaitement assumé, et réalisé de façon si impeccable qu’on ne peut que s’exclamer : « Viva Viotti ! » devant tant de virtuosité.          


Au Théâtre des Champs-Elysées :

Carmen, de Bizet, le 22 octobre ; La Chauve-Souris, de Johann Strauss, le 13 décembre ; Les Sept Péchés capitaux, de Kurt Weill, le 10 janvier 2024 ; L’Olimpiade, de Vivaldi, du 20 au 29 juin 2024. Récital Haendel, le 28 juin 2024.

Albums CD : 

Porque existe otro querer, avec Gabriel Bianco (Aparté). 

Porque existe otro querer

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À deux voix, avec Adriana Gonzalez (Audax Records), sortie le 10 novembre 2023.

À Deux Voix

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A lire :

Et si le monde était un opéra ? Entretiens entre la philosophe Gabrielle Halpern et Marina Viotti. Éditions de l’Aube.


[1] Voir https://www.causeur.fr/cendrillon-dans-l-ascenseur-social-267775

Hamas delenda est!

Emmanuel Macron, en visite en Israël, assure que la France fera tout ce qu’elle pourra pour «restaurer la paix et la stabilité». Mais les Israéliens ne peuvent pas faire la paix avec un mouvement terroriste dont le sadisme et la cruauté sont du niveau des Einsatzgruppen. En Occident, on ne trouve aucun juif ou non-juif, même des plus en colère, qui accepterait que l’on fasse aux islamistes et à leurs familles ce que le Hamas a fait à ses victimes.


Une surenchère délibérée

Comme l’espéraient les terroristes et leurs soutiens, le 7 octobre a pratiquement disparu du débat public. On parle du conflit israélo-palestinien, de Gaza, des frappes aériennes, des démonstrations de force des islamistes un peu partout dans le monde, et de la haine antisémite islamique qui ne se cache plus, même en Europe. Mais le 7 octobre semble déjà presque oublié. Alors que c’est essentiel. Le 7 octobre 2023, le Hamas s’est livré à une surenchère délibérée, planifiée dans la cruauté, le sadisme et l’horreur qui n’est certes pas sans précédent, mais relève de ce que l’humanité a pu faire de pire. C’est de l’ordre des Einsatzgruppen. Des écorcheurs. Du culte de Moloch à Carthage. Des Khmers rouges. De l’Etat Islamique. Ce n’est pas un débordement, le soudain déchaînement de sauvagerie d’une armée hors de contrôle : c’était voulu. Froidement décidé. Ce n’est, à vrai dire, même pas du terrorisme. C’est bien pire. Nous avons tous vu le corps presque nu et désarticulé de Shani Louk, exhibée comme un trophée de chasse à l’arrière d’un pick-up. Nous avons vu les vidéos diffusées par le Hamas lui-même de ces jeunes filles enlevées, et nous avons tous compris pourquoi leurs pantalons étaient pleins de sang à l’entrecuisse. Nous avons vu cette famille capturée dans sa propre maison, ce garçon pleurant sa sœur exécutée sous ses yeux. Le Hamas voulait que nous sachions, il a revendiqué les humiliations, les crimes, les tortures, les viols. Il en a été fier. Nous avons tous vu ces images prises et transmises par les terroristes, et nous avons vu ceux qui se réjouissaient de ces exactions, qui applaudissaient la razzia, le pogrom, dès le premier jour, avant même la première riposte d’Israël. Et depuis, nous ne cessons de découvrir chaque jour un peu plus la barbarie. Les fous d’Allah ont arraché les yeux d’un homme, découpé les seins de sa femme, tranché la jambe de leur fille avant de les tuer. Brûlé vif des vieillards, des enfants, des bébés. Violé et torturé, partout où ils l’ont pu, des femmes devant leurs maris, des maris devant leurs femmes, des enfants devant leurs parents, des parents devant leurs enfants. Bien des religions ont imaginé les tourments de l’enfer. Le Hamas a fait pire, pire que le Tartare, pire que les descriptions de Dante : il a obligé des gens à regarder, impuissants, pendant qu’il infligeait l’enfer à ceux qu’ils aimaient, et à entendre leurs cris de détresse sans pouvoir rien faire, en sachant que d’autres tortures allaient venir, encore, et encore. Voilà ce qu’a fait le Hamas.

Il faut lire le communiqué de la Société Psychanalytique en Israël : « La cruauté, le sadisme dirigés contre des bébés, des enfants et de jeunes adolescents, beaucoup d’entre eux ont été mutilés à vif, violés et torturés après avoir été forcés d’assister à l’assassinat de leurs parents, et parfois de leur famille toute entière, relève de l’impensable. (….) Le fait de cibler de manière délibérée et sadique des bébés et des enfants pour les violer, les torturer et les assassiner est une manière de faire voler en éclats ce qu’il y a de plus fondamentalement humain en l’humain. (….) Ceci n’a rien à voir avec toute forme de revendication territoriale ou de conflit quel qu’il soit, mais a tout à voir avec une idéalisation perverse de la mort et de la torture. » Aucune cause ne peut justifier une telle abomination. Pas même une cause juste.

La paix n’est pas pour demain

Le 6 octobre, on pouvait encore, légitimement, débattre des droits des uns et des autres, des torts des uns et des autres, des fautes des uns et des autres. Le 6 octobre, on pouvait encore penser qu’il s’agissait d’un conflit douloureux mais tragiquement humain entre Etats, entre peuples, entre organisations, pour le contrôle d’un territoire. Le 6 octobre, on pouvait encore vouloir entendre et comprendre les deux camps, et malgré les drames, malgré les dommages collatéraux, œuvrer avant tout au pardon mutuel et à la paix des braves. Et c’était légitime. Mais le 7 octobre, tout a changé.

A lire aussi, Anne Mansouret: A chaque nouvelle attaque islamiste, je me rappelle ce que mon père m’a dit le lendemain du 11 Septembre

Le mal fait partie de l’être humain, nous le savons. Mais le Hamas a choisi de rejeter le conflit humain entre le bien et le mal pour n’embrasser que le mal, à l’état pur. La cause qu’il dit défendre importe peu, désormais. Le Hamas doit être anéanti. Toute critique faite à la politique israélienne, tout appel à la paix, toute demande de cessez-le-feu pour protéger les enfants de Gaza – les enfants que le Hamas et ses complices utilisent comme boucliers humains, alors qu’Israël a averti, alerté, laissé aux civils le temps d’évacuer – tout cela doit être précédé de cette exigence absolue : le Hamas doit être anéanti. Quiconque oublie ce prérequis aura beau se draper dans les plus belles intentions du monde, se réclamer des plus beaux principes, il ne fera que défendre l’une des pires abjections de l’histoire humaine. Le Hamas doit être anéanti, et tous ses membres – y compris ceux qui plastronnent bien à l’abri dans le luxe chez nos « amis » qataris – doivent être livrés à la justice israélienne, ou exécutés.

Mensonges

Et il faut, ici en France, refuser les mensonges, c’est le moins que nous puissions faire. Ce que nous avons vu place de la République, ce ne sont évidemment pas des manifestations pour la paix : des manifestations pour la paix auraient mis côte-à-côte des drapeaux israéliens et palestiniens, et condamné le Hamas avec lequel il ne peut y avoir de paix. Ce ne sont pas des manifestations pour la Palestine : des manifestations pour la Palestine auraient dénoncé le Hamas qui détourne à son seul profit l’aide internationale massivement déversée sur ce territoire (manifestement, en pure perte). Ce ne sont pas des manifestations pour les Gazaouis innocents (car il y en a) : des manifestations au profit de ceux qui ne soutiennent pas le Hamas auraient dénoncé fermement la brutalité avec laquelle ce groupe terroriste réprime toute opposition, utilise des innocents comme boucliers humains, et empêche les populations civiles de fuir des affrontements qu’il a, rappelons-le, lui-même provoqués et dont il porte l’entière responsabilité. Ce que nous avons vu place de la République, et un peu partout dans le monde, est donc autre chose. Ce sont des manifestations de soutien au Hamas et à sa cause, la conquête islamique du monde et le droit pour les adorateurs d’Allah de se déchaîner et d’infliger, partout, les mêmes supplices que ceux auxquels le Hamas s’est livré le 7 octobre. Ce sont des manifestations qui font délibérément écho à celle de Berlin où une synagogue a été incendiée, à celle de Londres qui a vu retentir des appels à l’anéantissement des Juifs et au jihad. Ce sont des manifestations qui ont choisi le camp ennemi dans un conflit désormais impossible à nier entre deux civilisations, que l’on ne peut en aucun cas renvoyer dos-à-dos. L’une, qui sait les dures nécessités de la guerre mais y fixe néanmoins des limites, juge les monstruosités du 7 octobre intolérables quels que soient les prétextes avancés par leurs auteurs, et les condamnerait également si elles étaient perpétrées contre ses ennemis. Parmi tous ceux qui défendent aujourd’hui Israël, parmi tous ceux qui sont attachés à la civilisation européenne, je n’en connais aucun, juif ou non-juif, même des plus en colère, qui accepterait que l’on fasse aux islamistes et à leurs familles ce que le Hamas a fait à ses victimes. L’autre, pour qui le terrorisme le plus abject est un mode d’action acceptable en faveur d’une guerre religieuse totale, et dont beaucoup de membres semblent n’avoir aucune véritable empathie pour quiconque n’appartient pas à leur communauté : voyez comme les autorités religieuses de l’islam, nombre de pays musulmans et la « rue arabe » ont soigneusement évité de condamner le Hamas, même en étant parfaitement conscients de ses crimes, quand ils ne l’ont pas ouvertement soutenu.

Et ces manifestations sont ponctuées des mêmes cris que les tortures sadiques du 7 octobre : « Allah akbar », ce qui n’a jamais voulu dire « Dieu est grand » mais, littéralement, « le dieu est plus grand », c’est-à-dire « le dieu de l’islam est plus grand que tout », plus grand que l’humanité de l’homme, plus grand que ce qui devrait empêcher un être humain d’ouvrir le ventre d’une femme enceinte pour en arracher son bébé et le décapiter sous ses yeux avant de la décapiter elle aussi. Souvenez-vous d’Ibn Hazm, qu’évoquait Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne : pour ce théologien musulman, « si Allah ordonnait de faire le mal et de croire des mensonges, il faudrait faire le mal et croire des mensonges. » Oui, Allah se proclame et se croit plus grand que tout, au-dessus de tout, de toute morale, de toute dignité, de toute décence. Comme le croient bien des monstres.

Le Hamas doit être anéanti. Ses soutiens doivent être poursuivis. Les idéologies qui tentent de justifier ce qui s’est passé le 7 octobre doivent être dénoncées, combattues, jetées à terre, qu’il s’agisse de l’islamisme ou des multiples gauchismes (déconstruction, décolonialisme, convergence des luttes, etc.) qui fantasment l’anéantissement d’Israël comme ils fantasment l’anéantissement de notre civilisation tout entière. L’Occident doit comprendre qu’il joue sa survie sur la prise de conscience collective d’une évidence : aucun « vivre-ensemble » n’est possible avec ceux qu’anime une telle haine contre Israël et contre les Juifs. Aucun « vivre-ensemble » n’est possible avec ceux qui choisissent le camp du Hamas plutôt que celui d’Israël. Tenter de se convaincre du contraire, c’est préparer des bains de sang.

Transition de genre: souffrance des enfants, détresse des parents

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La "Trans+Pride", Londres, 8 juillet 2023. ©SOPA Images/Sipa

Les parents sont bien seuls face au mal-être existentiel, voire aux troubles psychologiques de leur enfant en transition de genre. Le système qui privilégie l’accompagnement des adolescents dans leur démarche ne fait qu’encourager leur « radicalisation » et les isole davantage de leur famille. Témoignages.


Coralie et Myriam[1] appartiennent à Ypomoni, une association regroupant des parents d’enfants en transition. Au-delà des difficultés liées à l’accompagnement d’un enfant – même adulte – vivant un processus complexe et douloureux, ces parents ont un autre combat à mener : maintenir le lien avec leurs enfants. Car ils se heurtent à une sorte de « radicalisation », tellement brutale qu’elle aboutit le plus souvent à une rupture, les enfants en transition rejetant leurs parents avec leur ancien genre.

Diagnostic très rapidement posé

Pour Coralie, le basculement s’est produit alors que son fils était mineur et entrait en première. Le fils de Myriam était quant à lui âgé d’une trentaine d’années lorsqu’il lui a annoncé sa transition. Toutes deux ont été étonnées de découvrir que leur histoire et celles des autres parents d’Ypomoni présentaient de singulières récurrences : brutalité de l’annonce, rapidité de la rupture familiale et similarité des profils de la grande majorité des enfants concernés. Plus intelligents que la moyenne mais aussi plus fragiles, leur transgenrisme est souvent accompagné d’interrogations au niveau de leur sexualité (cas d’homophobie intériorisé) et/ou de traits autistiques, de problèmes psychologiques, de tendance dépressive, voire de pathologies mentales.

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Coralie raconte ainsi qu’en trois mois, son fils, très complexé par son physique, a développé une fascination pour les drag-queens et s’est mis à porter perruques et talons. Elle lui a demandé s’il était homosexuel, en lui disant que cela ne posait pas de problème. Il n’a jamais répondu. Comme elle le trouvait mal dans sa peau, elle l’a amené consulter. Le diagnostic de transidentité a été très rapidement posé et toute idée de thérapie a été alors rejetée, puisque le seul problème du jeune homme se résumait à la transphobie de la société. Tout refus de céder à une exigence de l’enfant entraînait une crise et l’accusation tombait : transphobie ! Comme souvent, la communauté éducative ainsi que les professionnels de la santé mentale ont laissé cette mère seule, préférant « accompagner le choix » de l’adolescent, pourtant visiblement en détresse.

Achats compulsifs

Le dialogue rompu, Coralie a dû laisser la garde du jeune homme à son père. Lequel n’a pas réussi à cohabiter avec son fils, dont les symptômes de dépression s’accentuaient. Devenu majeur, ce dernier s’est installé loin de sa famille. Les photos de sa nouvelle vie postées sur les réseaux sociaux ont inquiété Coralie. Elle est allée le voir et l’a trouvé sale, sous-alimenté, isolé, vivant dans un appartement envahi de déchets où s’accumulaient des sacs entiers de vêtements, fruits d’achats compulsifs. Mais alors qu’elle tentait de renouer le contact, elle a été appelée au téléphone par un « ami » de son fils qui lui intimait de cesser son « harcèlement », la menaçant d’appeler la police. Depuis, le jeune homme a été placé en ALD (affection longue durée[2]) pour son transitionnement, a effectué une opération de chirurgie faciale pour se féminiser et se fournit en hormones sur internet. Une partie de la famille de Coralie, qui la rendait responsable de la rupture, s’est alors rendu compte que la transidentité ne se résumait pas à porter des couettes et à s’habiller en jupe. Aujourd’hui, Coralie s’inquiète des choix irréversibles de ce jeune homme en souffrance, qui croit trouver une nouvelle vie et la résolution de tout son mal-être dans la chirurgie et la prise d’hormones.

Discours stéréotypé, références identiques

Pour Myriam, la rupture a aussi été brutale. Après l’annonce de son fils, elle aussi a essayé de dialoguer, de se faire aider par des psychologues, de proposer une thérapie familiale. Elle évoque un fils aussi brillant que fragile, présentant des traits autistiques. Le décès tragique d’un frère, la révélation d’une maladie mentale du père, l’indisponibilité de sa mère accaparée par les difficultés familiales ont empêché le jeune homme de faire son deuil. Proche de sa mère, il nourrissait un profond ressentiment contre son père. C’est dans ce contexte difficile que la question de son identité a fait surface. Et là aussi, l’annonce de la transidentité s’est faite dans la violence et la rupture. De plus, ce jeune homme, terrorisé à l’idée d’hériter de la maladie mentale de son père, avait toujours refusé d’être condamné à prendre à vie des médicaments. Elle ne comprend pas qu’aujourd’hui il ingère si facilement des hormones.

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Chez les membres d’Ypomoni, ce schéma est très commun. Ces parents dénoncent une forme d’emprise qu’ils constatent sur leurs enfants : un discours stéréotypé, des références identiques. Le chantage au suicide comme moyen d’exiger un soutien total est rituel. Toute contrariété est prise pour une violence et la rupture familiale est souvent encouragée par l’intégration rapide à une « famille » militante. Myriam raconte qu’elle a ressenti de l’empathie pour ces parents, dont les enfants se sont radicalisés et ont rejoint la Syrie, car elle a le sentiment de vivre un processus similaire et d’être aussi impuissante qu’eux.

Nombre de familles ont le sentiment d’être désavouées par les pouvoirs publics. Ceux-ci paraissent considérer que la transidentité ne peut être qu’une démarche positive. Les inquiétudes des parents sont négligées, car vues comme une volonté de contrôler leur enfant. « J’aurais aimé que l’on reconnaisse davantage la transition comme un symptôme, ou une sorte d’effacement de soi ; un moyen de gérer les traumatismes et les difficultés de santé mentale, plutôt que comme un remède à ces dernières », explique une personne qui a choisi de détransitionner[3]. À entendre le témoignage de ces mères, on comprend que cette sage position est ignorée par les institutions et peu défendue par le corps médical, pour le plus grand malheur des adolescents les plus fragiles.

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[1] Les prénoms ont été changés.

[2] Dispositif concernant des personnes atteintes d’une maladie dont la gravité et/ou le caractère chronique nécessite un traitement prolongé et particulièrement coûteux.

[3] « La détransition de genre », post-trans.com.

La « génération attentats »

Bordeaux, minute de silence pour Dominique Bernard, 16 octobre 2023 © UGO AMEZ/SIPA

Par crainte du terrorisme, la génération Z préfère abandonner des acquis occidentaux, jusqu’à sacrifier une partie de l’art de vivre à la française. Cela traduit l’échec de notre modèle, et la difficulté de lutter contre l’islamisme international. Analyse.


En causant la mort de plus de 260 personnes en France depuis les attentats de Merah ou de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le terrorisme islamiste est le terrorisme le plus meurtrier depuis la guerre d’Algérie. Seulement, l’ampleur de cette terreur et la difficulté des pouvoirs publics à appréhender les menaces ont traumatisé une nouvelle génération née entre 1996 et 2010. En effet, la génération Z est plus encline à changer ses comportements à cause du terrorisme que les générations précédentes, au point de consentir à abandonner une partie de ses libertés. Cette « génération attentats » symbolise le déclin occidental qui a pourtant érigé la défense des libertés fondamentales comme un pilier de son modèle de société.

Le camion qui a foncé sur la foule à Nice, le 14 juillet 2016 (Photo : AFP VALERY HACHE)

Une guerre totale contre le terrorisme islamique 

La guerre contre le terrorisme islamiste est totale. D’une part, nous affrontons le totalitarisme islamique qui nous mène une guerre sur le plan culturel avec sa doctrine d’entrisme dans tous les domaines (vestimentaire, alimentaire, sportif, etc.) et sur le plan militaire, sur notre sol et dans le monde. D’autre part, les attentats et leurs objectifs se sont diversifiés depuis 2015. Charlie Hebdo et Samuel Paty sont des attaques stratégiques ciblées contre des valeurs françaises (liberté d’expression, laïcité). Les tueries de masse du 13 novembre 2015, au Bataclan et sur des terrasses de cafés parisiens, ou du 14 juillet 2016, sur la Promenade des Anglais à Nice, ont surtout vocation de semer la terreur au sein de toute la population. Enfin, les attaques isolées sur des cibles « aléatoires » sont plus fréquentes, comme à Annecy l’été dernier ou en Isère en 2020. Ces derniers attentats sont le symbole d’un risque terroriste qui touche désormais tout le territoire, notamment les villes moyennes et non plus seulement les grandes métropoles.

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Les ennemis de l’intérieur ont des profils plus diversifiés aujourd’hui. En 2015, il s’agissait de terroristes étrangers provenant de pays étrangers, ou de Français issus de l’immigration recrutés et formés, soit à distance via les réseaux sociaux, soit directement sur les théâtres d’opération du djihad en Syrie et en Irak par des groupes terroristes comme l’État islamique. Cela répondait davantage à une logique de réseau. En 2023, ce n’est plus toujours le cas. En effet, l’apparition d’individus isolés rend leur surveillance plus ardue. Identifier la cible, le motif exact ou encore le momentum du passage à l’acte diversifie la menace et crée un « djihadisme d’atmosphère » au sens de Gilles Kepel. 

Impossible de répondre comme en 2015

Ce « djihadisme d’atmosphère » rend le terrorisme islamiste impossible à appréhender comme en 2015. Après les événements du 13 novembre 2015 ayant fait 131 victimes, le président François Hollande avait décrété un état d’urgence donnant des moyens exceptionnels à l’administration pour museler les réseaux terroristes. La saisie d’armes lourdes, les perquisitions administratives pour se passer de la décision d’un juge, les assignations à résidence, ou les moyens de surveillance accrus étaient utiles pour appréhender des réseaux. Or, le glissement vers un terrorisme low cost, avec ses profils isolés dotés de moyens rudimentaires (couteaux ou véhicules) rend la menace plus difficile à anticiper. Ces individus sont à la marge de la société, déjà présents sur le sol européen et français, et ont leur propre logique de passage à l’acte qui peut reposer sur un événement national, international ou encore lié à leur situation personnelle, comme ce pourrait être le cas de l’assassinat de Dominique Bernard à Arras.

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De plus, les puissances islamistes ont changé depuis 2015. Avant, il a été possible, pour la France, de frapper l’État islamique – né en Irak des suites de l’intervention américaine de 2003 et en Syrie après le Printemps Arabe – qui était une puissance soutenant le djihad mondial. À ce titre, il s’était mis à dos toutes les puissances du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les tueries d’Orlando aux États-Unis, le Bataclan en France, les attentats de Londres au Royaume-Uni, le terrorisme dans le Caucase en Russie ou à travers les Ouighours en Chine les ont conduits à frapper le même ennemi. Seulement, la quasi-disparition de l’État islamique au Proche-Orient a reconfiguré le terrorisme islamiste. Il serait davantage soutenu par deux États intouchables : la Turquie, membre de l’OTAN et l’Iran allié de la Russie et de la Chine.

Une « génération attentats » 

La nouvelle génération préfère abandonner des acquis occidentaux par crainte du terrorisme. Selon une étude Elabe publiée le 18 octobre 2023, 81% des 18-24 ans se disent inquiets face à la menace terroriste en France tout comme le reste de la population (84%). Pourtant, ce sont les plus jeunes qui sont les plus susceptibles de changer leurs habitudes de vie. 52% des 18-24 ans le déclarent contre 43% en moyenne globale, soit 9 points de plus. Cela traduit l’échec de notre modèle, avec des jeunes qui assument de vivre avec cette menace depuis toujours, quitte à sacrifier une partie de l’art de vivre à la française.

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Le modèle occidental n’attire plus suffisamment. Comment expliquer que des jeunes Français puissent être enrôlés dans une idéologie qui tue leurs camarades d’école ? La liberté occidentale et l’originalité laïque du modèle français convainquent moins les jeunes générations de Français de confession musulmane. Selon une étude IFOP parue en 2020, 74% des jeunes Français de confession musulmane mettent les lois islamiques devant les lois de la République, contre 25% de leurs aînés. Ces fractures au sein des jeunesses françaises expliquent qu’il y ait 183 élèves qui n’ont pas respecté l’hommage à Dominique Bernard.

Loin des réponses apportées en 2015, la France s’habitue au terrorisme. Seulement, cela pose le risque qu’une « génération attentats » côtoie, voire vive face à une génération gagnée par l’entrisme, au détriment de la France du XXIe siècle.

Mike Johnson: le bosseur qui présidera la Chambre des représentants

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Mike Johnson, nouveau "speaker" du Congrès américain, le 25 octobre 2023. ©Shutterstock/SIPA

Qui est le nouveau président de la Chambre des représentants, Mike Johnson ? Quelles sont les convictions de cet homme qui a réussi à faire ce que d’autres ont échoué à faire : réunir une majorité ? Son secret réside dans sa capacité de travail sur des dossiers d’importance régalienne. Explications de Randy Yalloz, président de Republicans Overseas France.


Le mercredi 25 octobre, le conservateur social Mike Johnson a été élu 56ème président de la Chambre des représentants des États-Unis, à 220 voix contre 209. Ce verdict, qui a suivi « une période chaotique de vingt-deux jours sans chef de la Chambre »[1] (The Hill), propulse l’avocat louisianais au poste de deuxième personne dans l’ordre de succession présidentielle après la vice-présidente.

Méconnu du public français, Johnson « a fait ce que les trois candidats qui l’ont précédé n’ont pas pu faire »[2] (The New York Times) : rallier derrière sa candidature l’écrasante majorité de la droite américaine. Mais loin d’être un de ces pragmatiques sans doctrine qui font l’union sans convictions, Johnson est l’homme d’un système de pensée clair, qu’il appelle « Les sept principes fondamentaux du conservatisme »[3], système de pensée qui, selon lui, représente une forme de continuité dans la doctrine du Parti républicain, au-delà des conflits de personnes. Quels sont ces principes et comment Mike Johnson a-t-il cherché à les incarner sur le plan pratique ? (Les citations liminaires définissant chaque principe sont tirées d’une conférence en ligne donnée par Mike Johnson le 4 juillet 2023).

1) La liberté individuelle : persécution religieuse, fin de l’obligation vaccinale pour les soignants et omerta du renseignement

« En Amérique, nous proclamons les vérités évidentes que nous sommes tous créés égaux et que Dieu nous accorde les mêmes libertés inhérentes », affirme Johnson. « Le but du gouvernement est de garantir ces droits ».

En mars, Johnson a dénoncé « le ciblage récent des catholiques par le FBI », avec pour preuve un mémo interne dans lequel les adeptes de la messe en latin sont qualifiés de « catholiques radicaux-traditionalistes » et accusés d’« adhésion à une idéologie antisémite, anti-immigration et suprématiste blanche »[4] (The Post Millennial).

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Le 10 mai, Johnson enjoint le Département de la Santé et des Services sociaux à mettre immédiatement un terme à l’obligation vaccinale pour les professionnels de la santé, alors même que l’administration Biden projette « une pénurie de plus de 78 000 infirmières diplômées à temps plein d’ici 2025, une pénurie de 3 millions d’agents de santé essentiels à faible salaire au cours des 5 prochaines années et une pénurie prévue de près de 140 000 médecins dans 10 ans ».[5]

Le 18 du même mois, Johnson qualifie de « dégoûtant » le traitement par le FBI qui, de manière systématique, punit tous les lanceurs d’alerte qui dénoncent les abus perpétrés par cette agence fédérale.

2) Un État minimal : budget exorbitant bâclé, oppression du peuple par les pouvoirs publics et bureaucratie illégitime

« Pour défendre la liberté individuelle, le gouvernement doit être réduit » affirme Johnson. « Le fédéralisme, la décentralisation des pouvoirs et l’élimination des réglementations et de la bureaucratie inutiles contribuent à faire en sorte que le gouvernement soit au service du peuple, et non l’inverse ».

Le 25 décembre 2022, Johnson dénonce une loi de finances pour 1,7 billions de dollars « écrite à huis clos, publiée lundi soir et soumise à un vote avant que quiconque puisse le lire – et encore moins en débattre ou l’amender »[6] (The Post Millennial).

Le 24 janvier, Johnson reproche à l’administration Biden « d’avoir poussé les agences fédérales à « se retourner contre » les citoyens plutôt que d’assurer la sécurité des Américains ».[7] (The Shreveport Times).

Le 26 juillet, Johnson dénonce la doctrine dite de la « déférence Chevron », qui, suite à une décision de la Cour suprême de 1984, permet « à des bureaucrates non élus de subvertir l’autorité législative du Congrès et qui limite de manière anticonstitutionnelle le contrôle judiciaire »[8]. Bref, cette décision permet à des agences gouvernementales de faire leur propre interprétation de certains termes dans les textes votées par les élus – et sans que les tribunaux puisse les contrôler.

3) L’état de droit : surveillance illicite, interdiction des dernières drogues dures et contrôle efficace à la frontière

« Nous connaissons « un gouvernement de lois et non d’hommes » », affirme Johnson. « La transparence et la responsabilité sont les clés d’un bon gouvernement, et le Congrès doit s’acquitter fidèlement de sa responsabilité constitutionnelle de contrôle ».

Le 27 janvier 2022, Johnson exige du directeur du FBI qu’il fournisse « des détails sur les efforts visant à freiner l’utilisation par le bureau de mandats d’espionnage sur les citoyens américains approuvés par un tribunal fédéral secret »[9] (The Washington Times).

Le 16 mars de cette année, Johnson propose une loi « visant à classer de façon permanente le fentanyl illicite comme stupéfiant de catégorie I »[10] (Minden Press-Herald). Cette catégorie est celle des « produits sans usage médical actuellement accepté et présentant un risque élevé d’abus ».[11] Le fentanyl est jusqu’ici « approuvé par la Food and Drug Administration pour une utilisation comme analgésique et anesthésiant » (DEA)[12].

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Le 25 juillet, Johnson propose une loi « de bon sens pour sécuriser les frontières » qui supprimerait « les restrictions imposées aux agents des douanes et de la patrouille frontalière dans les zones « sauvages » désignées par le gouvernement fédéral le long de la frontière sud »[13].

4) La puissance au service de la paix : fin de l’obligation vaccinale pour les militaires, danger des drones et dépolitisation de l’armée

Selon Johnson, « La première obligation du gouvernement fédéral est de protéger notre territoire et nos intérêts stratégiques à l’étranger. Les États-Unis doivent maintenir des investissements adéquats dans leurs capacités militaires afin de dissuader toute agression. »

Le 8 décembre 2022, Johnson se réjouit d’un budget de « près de 300 millions de dollars pour des projets d’investissement militaires spécifiques en Louisiane » et applaudit « un amendement visant à abandonner l’obligation vaccinale pour les militaires »[14] (The Shreveport Times).

Le 29 juin, Johnson a proposé une loi pour « renforcer l’autorité accordée au ministère de la Sécurité intérieure et au ministère de la Justice en ce qui concerne les aéronefs sans pilote »[15], avançant qu’« à mesure que le marché des systèmes d’aéronefs sans pilote se développe, il est extrêmement important que nos forces de l’ordre soient équipées des outils nécessaires pour contrer toute menace potentielle »[16].

Le 14 juillet, Johnson « a salué l’adoption bipartite de la Loi sur l’autorisation de la défense nationale pour l’année fiscale 2024 (NDAA) », dont les provisions lui faisaient dire : « Nos soldats ne devraient pas être accablés par une politisation excessive de la part de l’administration Biden et par un endoctrinement d’extrême-gauche, et la NDAA de cette année garantit que nos forces armées auront un seul objectif : assurer notre défense nationale »[17].

5) La responsabilité fiscale : financement des secteurs clef, sauvegarde des réserves de pétrole et prévention de la banqueroute

« Parce que le gouvernement a refusé de vivre dans les limites de ses moyens, l’Amérique est confrontée à une crise de la dette et des dépenses sans précédent », affirme Johnson. « Le Congrès a le devoir de résoudre la crise et de rétablir l’ordre dans les processus budgétaires et d’affectation des crédits ».

Le 12 janvier 2022, Johnson annonce une subvention de 500 000 de dollars pour l’Université du Sud à Shreveport en Louisiane afin de stimuler les emplois dans l’aviation , estimant qu’il était « impératif que nous disposions d’une main-d’œuvre dynamique pour répondre aux demandes de notre économie en évolution rapide »[18].

Le 8 juillet 2022, Johnson dénonce l’exportation d’une partie de la Réserve Stratégique de Pétrole des États-Unis vers plusieurs pays et notamment la Chine, rappelant que « la Réserve Stratégique de Pétrole, bien sûr, est là pour protéger notre pays en cas d’événement imprévisible, comme un attentat terroriste, une catastrophe naturelle, etc. Ce n’est pas la caisse noire énergétique personnelle du président »[19] (Breitbart).

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Le 31 mai de cette année, Johnson déclare, lors du passage du Projet de loi sur la responsabilité fiscale : « J’ai voté ce soir en faveur de la loi sur la responsabilité budgétaire pour éviter la première banqueroute de l’histoire de notre pays. […] Les experts s’accordent à dire que la cote de crédit des États-Unis subirait une baisse douloureuse, que notre monnaie serait irrémédiablement endommagée, qu’une récession profonde et prolongée pourrait être déclenchée, que les taux d’intérêt augmenteraient, que les revenus diminueraient, que les comptes de retraite seraient drainés et que les familles qui travaillent dur et qui sont déjà en difficulté seraient gravement affectées ».[20]

6) Des marchés libres : Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), pas de devoir sans droit ni de droit sans devoir et intérêts énergétiques

« Le gouvernement est souvent le plus grand obstacle au progrès et à la prospérité des peuples libres », selon la doctrine johnsonienne. « Le système de la libre entreprise récompense le travail et le dévouement et constitue la base et le génie de l’économie américaine ».

Le 19 décembre 2019, Johnson salue la signature de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique qui, selon ses calculs, « ajoutera plus de 68 milliards de dollars à notre économie, créera 176 000 emplois et augmentera la quantité de produits « made-in-America » sur tout le continent ».[21]

Le 23 avril 2020, Johnson déclare à propos de la Loi sur la protection des salaires et l’amélioration du système de santé, qui est sur le point de passer : « Nous pouvons protéger des vies et des gagne-pains en même temps ; et même : nous le devons ».[22]

Le 27 janvier 2021, il dénonce la « guerre contre le pétrole et le gaz » du président Biden, estimant qu’« en supprimant unilatéralement l’oléoduc Keystone, en réengageant les États-Unis dans l’Accord de Paris bancal sur le changement climatique et en gelant désormais la production d’énergie sur nos terres fédérales […] le président Biden a déjà assuré qu’il augmenterait les prix de l’énergie, éliminerait les emplois liés à l’énergie et rendrait notre pays plus dépendant du pétrole étranger ».[23] (Houma Today)

7) La dignité humaine : idéologie de genre ponctuelle, défense des organisations pro-vie et dénonciation de l’idéologie de genre généralisée

Johnson croit que, « Parce que tous les hommes sont créés égaux et à l’image de Dieu, chaque vie humaine a une dignité et une valeur inestimables ». Par conséquent : « Chaque personne ne doit être jugée qu’à l’aune de son caractère ».

Le 19 octobre 2022, Johnson propose « une nouvelle loi qui interdirait l’utilisation de fonds fédéraux pour des programmes sexuellement explicites, telle que la vague de spectacles de drag shows et de lectures aux enfants par des drag queens qui a déferlé à travers le pays »[24] (Fox News).

Le 12 janvier 2023, Johnson propose une résolution pour condamner « les faits récents de vandalisme, de violence et de destruction contre des établissements pro-vie » et reconnaître « le caractère sacré de la vie et le rôle important que jouent les établissements, groupes et églises pro-vie dans le soutien aux femmes enceintes, aux nourrissons et aux familles ».[25] (Fox News)

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Le 27 juillet, en tant que président de la Commission judiciaire sur la Constitution et le Gouvernement limité, Johnson conduit une audience « sur les effets néfastes des « soins d’affirmation de genre » pour les enfants », au cours de laquelle il atteste que « nous voyons des adultes faire du mal à des enfants sans défense pour affirmer leur vision du monde : que le genre est fluide, que le sexe peut être modifié chirurgicalement et qu’il n’y a pas de conséquences durables des suites de ces procédures de transition de genre ». Il ajoute que « la portée des politiques radicales sur l’identité sexuelle ne se limite pas aux jeunes enfants. Nous constatons que cela s’étend aux jeunes adultes, surtout au niveau universitaire. […] Aujourd’hui, près d’un lycéen sur quatre s’identifie comme LGBTQ. Que ce soit par le scalpel ou par la coercition sociale des enseignants, des professeurs, des administrateurs et des médias de gauche, c’est une tentative de transformation de toute la jeunesse de notre pays. »[26]

On l’aura compris : c’est un conservateur entier qui prend la présidence de la Chambre des représentants. À l’approche des présidentielles, il est probable qu’un personnage de la carrure discrète mais complète de Mike Johnson joue un rôle structurant majeur dans la politique américaine pour le quadriennat à venir.

Mike Johnson interviendra le 10 novembre prochain à l’occasion de la première édition de la Worldwide Freedom Initiative, le dialogue transatlantique des leaders des droites d’Occident, ainsi que de nombreuses autres figures majeures des milieux conservateurs américain et européens.


[1] https://thehill.com/homenews/house/4274127-house-republicans-speaker-mike-johnson-live-coverage/

[2] https://www.nytimes.com/live/2023/10/25/us/house-speaker-vote-mike-johnson

[3] https://mikejohnson.house.gov/7-core-principles-of-conservatism/

[4] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1281

[5] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1237

[6] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1237

[7] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1267

[8] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1328

[9] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1033

[10] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1279

[11] https://www.dea.gov/drug-information/drug-scheduling

[12] https://www.dea.gov/sites/default/files/2020-06/Fentanyl-2020_0.pdf

[13] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1326

[14] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1226

[15] https://houlahan.house.gov/uploadedfiles/houlpa_counter-drone_legislation.pdf

[16] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1306

[17] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1311

[18] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1018

[19] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1162

[20] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1302

[21] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=657

[22] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=742

[23] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=75

[24] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1213

[25] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1255

[26] https://mikejohnson.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=1329

Quand Mouloud Achour tente de coincer le youtubeur Tibo InShape

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Le journaliste Mouloud Achour et l'influenceur Thibaud Delapart, dit Tibo InShape. Image : YouTube

Sous-culture. L’animateur préféré de la jeunesse woke aimerait que le Toulousain préféré des internautes s’adonne à la musculation sans faire de polémiques. Dans son émission, il a multiplié les sous-entendus concernant les convictions politiques du youtubeur…


« Clique » est l’une des émissions les plus populaires de Canal +. Alors que ses audiences TV sont plutôt faibles – elle ne réunissait que 42 000 spectateurs en moyenne sur sa dernière saison, selon Médiamétrie – sa bonne notoriété s’explique par sa présence sur internet. Avec plus d’1,6 million d’abonnés sur YouTube, plus de 900 000 followers sur Twitter et près de 650 000 sur Instagram, le talk-show que Mouloud Achour anime depuis dix ans est devenu assez emblématique pour les jeunes. L’émission est notamment celle que préfèrent les rappeurs. Son animateur connaît parfaitement cette culture urbaine et en possède tous les codes. Aux antipodes des animateurs blancs de plus de 50 ans, lesquels ne comprennent qu’un mot sur deux lorsqu’ils écoutent un rappeur et posent toujours les mêmes questions insipides… L’animateur quarantenaire, Franco-algérien et originaire de Seine-Saint-Denis, suscite naturellement la sympathie de ces artistes et des jeunes qui les suivent car ils se reconnaissent en lui. Cependant, « Clique » n’est pas qu’une émission culturelle, qui convie chanteurs, acteurs et humoristes. Elle a également une dimension politique, visible au choix des invités : Julia Cagé, Thomas Piketty, Christiane Taubira, Alain Damasio, Edgar Morin, Alain Badiou, Virginie Despentes, Geoffroy de Laganesrie, Édouard Louis ou Assa Traoré. Un beau cénacle qui a pour thèmes préférés : les violences policières, le racisme systémique, le féminisme (donc le patriarcat) et la dangerosité légendaire de la droite et de l’extrême droite. Le nom de certaines vidéos, sur YouTube, laisse peu de place au doute quant à l’idéologie véhiculée par l’émission. Des titres comme « Les impasses de la masculinité toxique avec Picky Blinders » ou « Moussa d’Alertes Infos, l’étudiant qui fait trembler l’extrême droite », pourraient faire pâlir d’envie AJ+. Il en va de même pour l’animateur, qui en plus d’épouser les thèses de ses invités, s’autorise quelques sorties politiques. Par exemple lorsqu’il invite, en septembre 2019, l’historien Gérard Noiriel[1]. Ce dernier était venu présenter son ouvrage Le Venin dans la plume, dans lequel il comparait Éric Zemmour à Édouard Drumont, démontrant que l’islamophobie du premier serait similaire à la haine antisémite du second. Mouloud Achour avait alors questionné son invité au sujet du grand remplacement : « Pourquoi prend-on cette théorie au sérieux dans les médias alors qu’on devrait en rire tellement c’est farfelu ? ». Question neutre !

Capture YouTube

Intersectionnalité

« Clique » pourrait se résumer en un mot : intersectionnalité. Le désir de convergence des luttes saute aux yeux lorsque l’on regarde l’émission. Telle une équipe de foot bigarrée, chacun est à son poste. Chaque intervenant semble avoir son thème de prédilection, et joue merveilleusement sa partition. Les violences policières, le racisme et l’islamophobie aux rappeurs ; l’homophobie à Hoshi, Pomme ou Muriel Robin ; le féminisme à Florence Foresti, Marina Foïs et Yseult, bien aidées par les chroniqueuses qui se sont succédé dans l’émission : Camille Dauxert, Émilie Papatheodorou, Pauline Claviere et Charlotte Vautier. Un peu de fluidité des genres ne nuisant pas, on convie parfois Bilal Hassani, et on n’oublie pas une touche d’écologie, bien sûr, avec Jean Jouzel ou Camille Étienne. Les invités politiques de la gauche radicale, cités plus haut, viennent quant à eux présenter l’édifice conceptuel dans lequel s’incorporent toutes ces petites revendications.

Si la logique de l’intersectionnalité est bien connue, ses limites le sont aussi. Ces dernières auraient pu apparaître à plusieurs reprises dans « Clique », mais l’animateur et ses chroniqueurs ont toujours été vigilants pour que le réel ne se manifeste pas trop. Prenons deux exemples.

  • En septembre 2018, l’émission diffuse le témoignage d’Arnaud, 27 ans, qui dit avoir été victime d’une agression homophobe à Belleville. À la mi-septembre 2018, alors qu’il enlace son compagnon en sortant d’un théâtre, il se fait « alpaguer par un groupe de trois jeunes ». « Ils nous demandent de quitter la rue, de quitter le quartier, car pour eux, on est chez eux et il n’y a pas de PD dans leur quartier » raconte-t-il. Alors que le couple refuse de céder aux pressions de leurs agresseurs, le passage à tabac débute, et les victimes reçoivent des « coups de pieds dans le dos et des coups de casque de scooter dans la tête ». Après ce témoignage, Mouloud Achour questionne sa chroniqueuse, Émilie Papatheodorou, pour savoir comment on a bien pu en arriver là. « De plus en plus de politiques s’affichent ouvertement homophobes » avance la journaliste, allant jusqu’à citer le « candidat brésilien d’extrême-droite Jair Bolsonaro » (!), ajoutant qu’en France « les propos de la Manif pour tous ont quand même beaucoup infusé le discours des politiques »… Quel rapport entre le Brésil et une agression homophobe à Belleville ? Aucun, évidemment. Mais les opposants au mariage homosexuel permettent de faire opportunément diversion concernant le profil des agresseurs, qui, dans la majorité des cas, n’ont pas plus de lien avec Bolsonaro qu’avec la Manif pour tous. Pour sauver le soldat intersectionnalité il faut falsifier le réel, et désigner, par commodité et bêtise idéologique, l’extrême droite. Mais la blague ne s’arrête pas là. Joël Deumier, de SOS Homophobie, dont le témoignage était aussi diffusé ce jour-là, évoquait le « retour en Europe de la haine homophobe », accompagné d’une photo de Christine Boutin. Bah voyons !
  • En novembre 2019, le rappeur Niro[2] est invité pour présenter son dernier album. De son vrai nom Nourredine Bahri, le rappeur d’origine marocaine est encensé par Mouloud Achour, qui assure que nous sommes en présence « d’un artiste extrêmement pluridisciplinaire, auteur, compositeur, producteur, [qui] s’est mis récemment à la peinture, est également dans la mode, fait également de la philanthropie, (…) quelqu’un d’exceptionnel ». Quel talent ! Après cette présentation élogieuse, la chroniqueuse Camille Dauxert prend le relais dans la flatterie en insistant sur l’engagement associatif du rappeur. On aurait pourtant préféré que la journaliste, qui a « enquêté sur Niro » (dixit Mouloud Achour), interroge le rappeur sur ses textes. Dans la chanson « Bawemonami », qui date de 2015, le rappeur chante : « J’fais du rap hétéro, tous ces zemel veulent se pousser la merde, ils veulent tous se la mettre ». Pour ceux qui l’ignorent, « zemel » est un mot issu de l’arabe marocain qui signifie « homosexuel ». Il eût été intéressant que la chroniqueuse demande au rappeur de préciser ce qu’il entend par « rap hétéro ». Car s’il existe du « rap hétéro », quel est son opposé ? Probablement du rap de « PD », pour reprendre le vocabulaire de nos agresseurs cités plus haut. Émilie Papatheodorou, qui pense que l’extrême droite est responsable de la hausse de l’homophobie, présente sur le plateau, tout sourire devant le rappeur, n’a sans doute pas écouté les textes de Niro non plus, trop occupée à éplucher les derniers tweets de Christine Boutin… Dans une autre chanson, « VivaStreet », datant de 2014, le rappeur susurre les paroles suivantes : « Y a dix piges cette pute faisait la belle devant nous, maintenant elle suce tellement mon équipe qu’elle en a des croûtes sur les genoux »… Étonnamment, les chroniqueuses progressistes, jamais avares de moraline néo-féministe à deux balles, n’ont posé aucune question sur ces textes.
Le numéro 115 de Causeur

Quand c’est Michel Sardou y a du monde pour discutailler les paroles, mais pour les rappeurs y’a plus personne. On préfère se concentrer sur la « masculinité toxique » de Peaky Blinders, et si Achour serait bien capable d’inviter Édouard Louis et un rappeur sur le même plateau, il ne serait jamais assez idiot pour demander au rappeur ce qu’il pense des revendications LGBT en général ou de l’homosexualité en particulier. Probablement parce qu’il connaît la réponse. L’intersectionnalité, c’est un peu comme la Nupes, une alliance dans laquelle personne n’est d’accord avec personne, mais où on se dit que sur un malentendu, ça peut passer.

La France tu l’aimes ou tu la quittes

C’est donc dans cette émission qu’a été invité Tibo InShape le 13 octobre dernier. Avec 11 millions d’abonnés sur YouTube – un record – et plus de 5 millions sur Instagram, Thibaud Delapart, de son vrai nom, est, à 31 ans, l’un des influenceurs français les plus connus. Bien qu’il soit à l’origine un « influenceur fitness », le trentenaire a, depuis quelques temps, de moins en moins peur d’afficher sa sensibilité politique. Il le confiait, en août, lors d’un entretien accordé au média Le Crayon[3] : « Plus récemment, j’ai moins de mal à prendre parti ». Et lorsqu’on lui demandait s’il était un « youtubeur politisé », il répondait, avec un petit sourire, « non, et un peu ». Grâce à son succès sur les réseaux sociaux, le Toulousain a sa propre salle de sport, dans laquelle le drapeau tricolore est bien visible. Il n’en fallait pas plus pour que bien des imbéciles rappliquent dans les commentaires pour le traiter de « facho ». Il avait alors répondu à ces idiots en vidéo : « Il n’y a pas de honte à être fier d’être Français », ajoutant qu’il « faut être fier de notre langue, de notre histoire même si elle n’est pas parfaite, il faut être fier de sa culture, de ses paysages, de ses traditions », avant d’exhorter ses abonnés à faire « honneur à tous ces hommes qui se sont battus pour la France » et de conclure : « Pour tous ceux qui n’aiment pas la France, personne ne vous retient ». La France tu l’aimes ou tu la quittes ? L’animateur du Crayon rappelait alors à son invité qu’il n’avait pas pris la parole lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel. Et le youtubeur faisait alors une révélation : « Je me suis fait agresser quand j’avais 17 ans et les policiers sont intervenus et ont menotté les agresseurs. Grâce à ça ils ont été jugés, condamnés et ont fait un an de prison ». Ce qui explique les nombreuses vidéos du youtubeur avec la police, la gendarmerie et l’armée depuis. « Je voulais être militaire quand j’étais petit ». À propos des émeutes, Tibo InShape précisait laconiquement : « Je n’ai pas donné mon avis, mais je pense que les gens au fond d’eux le connaissent ».

Originaire de Toulouse, domicilié aujourd’hui à Albi, le vidéaste se rend régulièrement dans la capitale pour raisons professionnelles. Par chance, il filme presque tout, y compris son échange avec un chauffeur de taxi lorsqu’il découvre les charmes de Barbès[4]. Dans cette séquence, notre Candide demande à l’homme au volant si Barbès est « un quartier qui craint ». Ce dernier répond alors ce que tout le monde sait : « C’est blindé de clandestins. Tu peux te faire arracher ton sac en deux secondes ou te prendre un coup de couteau par un « gogol ». Devant la Société Générale, j’ai vu un mec se faire tuer devant moi ». « La police a du boulot ici… », constate alors Tibo. Le chauffeur abonde dans son sens : « ce n’est pas du boulot, c’est du ménage qu’ils doivent faire ». Rires un peu gênés. Après la France tu l’aimes ou tu la quittes, il nous fait le coup du karcher. La région parisienne, le taxi connaît par cœur, il y passe toutes ses journées. « Là, t’as la gare du Nord et faut pas y traîner, tu prends ton train et tu te casses, y a que des chacals. Ils sont sans foi ni loi, ils n’ont rien à perdre. Les mecs ont pris une barque pour venir en France, ils n’en ont rien foutre d’aller en prison. Le 18e et le 19e, ce n’est même pas la peine d’y traîner ». De son côté, sur le plateau de « Clique » en janvier 2020, alors qu’il interrogeait le rappeur Maes originaire de Sevran, Mouloud Achour observait qu’ « il n’y [avait] pas de territoires perdus de la République, [que] ça n’existe pas ». Vraiment ?

Fallait pas l’inviter

Elevé dans le catholicisme, aimant le drapeau tricolore, longtemps désireux de devenir militaire et a priori laudateur sur la police, il y a donc autant de chances de voir Tibo InShape voter Mélenchon que de l’entendre crier « Allah Akbar » place de la République. Mais alors, que faisait-il chez « Clique » ? Une émission qui est aux antipodes de ce qu’il est et de ce qu’il représente. Surtout, pourquoi a-t-il été invité, alors qu’il ne colle pas trop au ton de l’émission ? Eh bien, c’est précisément pour cela qu’il a été invité ! Mouloud Achour n’ignore pas la sensibilité politique de Tibo et, au cours de l’interview, a multiplié les allusions sur cette dernière, espérant coincer son invité et même, pourquoi pas, obtenir un mea culpa de sa part. L’animateur lui demande ainsi « s’il y a des choses que tu pardonnes mais que tu n’oublies pas ? ». Tibo évoque alors de nouveau l’agression qu’il a subie à 17 ans, rappelle qu’il était avec deux amis, non loin de Toulouse, quand deux voitures sont arrivées derrière eux, que plusieurs « jeunes » en sont sortis, dont un armé d’une batte de baseball. « Le fait d’avoir cette peur en toi, est-ce que ça peut créer des névroses ou des ressentiments ou stigmatiser des gens ? » Ah, on y vient enfin ! Ce qui semble préoccuper Mouloud Achour, ce n’est pas tant que des gens soient sauvagement agressés en France, mais que les agresseurs puissent être stigmatisés. « Je me baladais avec un poing américain dans la poche », confie ensuite Tibo, en se remémorant cette époque difficile où il avait peur pour sa sécurité après la condamnation de ses agresseurs. « Surtout qu’on a été recherchés par les petits frères » ! Envoyer les « petits frères » du quartier pour casser la gueule à un type, pas de doute, la Manif pour Tous a encore frappé !

À la fin de l’interview, Achour demande : « Pour qui est-ce que tu ne voteras jamais ? ». Réponse : « Il ne faut jamais dire jamais, on verra bien ». Perdu : il fallait répondre Le Pen, Zemmour, ou Marion Maréchal ! « Ça te dirait de faire de la politique ? » ose enfin l’animateur, qui cherche à pousser son invité à la faute. « Faut jamais dire non, on verra » répond alors Tibo, qui bien qu’il garde le sourire, aimerait visiblement qu’on passe à autre chose. « Je suis sûr que tu vas en faire », rétorque l’animateur. Mouloud Achour ne veut pas lâcher sa proie car il sait bien que si Tibo venait à s’engager politiquement ils ne seraient pas dans le même camp. Pas côte à côte, mais face à face pour reprendre une célèbre formule ? La fin de l’interview est à l’avenant, on ne peut plus tendue entre les deux hommes… « Je suis sûr qu’un jour tu feras de la politique » veut croire Achour. «Qu’est-ce qui te fais dire ça ? » répond l’invité sur un ton beaucoup plus doux que celui qui l’interroge. Réponse sèche : « Je le sens. » Fin de l’interrogatoire.


[1] Gérard Noiriel : Comment répondre à Éric Zemmour ? – Clique – CANAL+ – YouTube

[2] Niro : un artiste stupéfiant – Clique – CANAL+ – YouTube

[3] https://www.youtube.com/watch?v=vZd0vdrvCVc

[4] https://www.youtube.com/shorts/Ob9P0ASvU18

Coalition anti-Hamas: l’irréalisme de Macron

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Benjamin Netanyahu et Emmanuel Macron, Jérusalem, 24 octobre 2023 © CHRISTOPHE ENA-POOL/SIPA

En visite exceptionnelle en Israël, le président Macron se soucie-t-il de la paix au Proche-Orient, ou est-il préoccupé par la paix civile en France ? L’initiative surprise du président français, étonne les observateurs et prend de cours le quai d’Orsay. Analyse.


Peut-on imaginer le monde arabe se liguer contre le Hamas ? En proposant mardi, devant Benyamin Netanyahou puis Mahmoud Abbas, une coalition contre le mouvement terroriste, Emmanuel Macron a laissé voir son orgueilleux irréalisme.

Passé à Jérusalem après Biden et von der Leyen, Macron chercherait-il à exister?

Soucieux de surprendre dans une diplomatie-spectacle, le chef de l’Etat s’est lancé dans une improvisation trop personnelle. Arrivé ce mercredi en Jordanie après une journée passée en Israël et en Cisjordanie, il a proposé « à nos partenaires internationaux de bâtir une coalition régionale et internationale » afin de « lutter contre les groupes terroristes qui nous menacent tous ».  Macron a pris pour exemple la coalition constituée en 2014 contre Daesh en Irak, qui a compté jusqu’à 86 pays dont, outre les nations occidentales, l’Arabie saoudite, la Turquie, ou le Qatar. Mais qui peut imaginer le Qatar, qui finance le Hamas et soutient les Frères musulmans, se retourner contre son protégé ? Qui peut même imaginer l’Autorité palestinienne, pourtant en conflit avec le Hamas, rejoindre la défense d’Israël alors qu’Abbas a accusé hier, devant Macron, l’Etat hébreu « colonisateur » d’être le responsable des violences et de pratiquer « l’apartheid » et « l’épuration ethnique » ?

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« Cette proposition n’a aucun sens », a commenté ce mercredi sur Europe 1 le criminologue Alain Bauer, qui a dénoncé un effet de « buzz »[1]. Le seul effet de cette coalition impossible pourrait être de forcer à clarifier les positions des pays arabes vis-à-vis du terrorisme islamiste. Toutefois, le flou et l’évitement semblent être les réponses choisies par le monde musulman pour une fois unifié.

Les points sur les i

Il faut reconnaître au président français, soucieux de préserver l’unité de la nation éclatée, de n’avoir pas fléchi pour autant dans sa solidarité avec Israël. Il n’a pas appelé au « cessez-le-feu », ce pacifisme munichois de l’islamo-gauchisme qui permettrait au Hamas de reprendre ses forces.

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Il n’a pas parlé non plus, hier, d’instituer une « trêve humanitaire », en laissant Tsahal maîtriser sa stratégie d’éradication du seul mouvement pogromiste. Pour autant, en rencontrant Mahmoud Abbas, c’est à la communauté musulmane française et à son empathie palestinienne qu’il s’est aussi adressé, non sans risque. En effet, Abbas est le symbole de « l’antisémitisme d’atmosphère » (expression que je propose en regard au « djihadisme d’atmosphère » décrit par Gilles Kepel) qui fédère le monde musulman. Comme le rappelle Michel Onfray dans le Figaro Magazine[2], le chef de l’Autorité palestinienne est l’auteur d’une thèse négationniste soutenue à Moscou en 1983 sur la non-existence des chambres à gaz. C’est lui qui a également déclaré, à Ramallah en août 2023 : « Hitler n’a pas tué les Juifs parce qu’ils étaient juifs (mais) parce qu’ils étaient usuriers et liés à l’argent », reprenant un cliché récurent de l’antisémitisme. Le monde arabe ne s’est pas désolidarisé du Hamas en dépit de sa violence inouïe. L’inapplicable proposition de coalition de Macron met au moins les points sur les i sur l’isolement de l’Occident.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=20piwWswwFk

[2] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/michel-onfray-l-islamo-gauchisme-est-un-fascisme-20231019

À l’ombre des écocideurs

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Image d'illustration

Vingt-huit éoliennes, réparties en quatre parcs, devaient être implantées dans un rayon de cinq kilomètres autour d’Illiers-Combray, en Eure-et-Loir. Problème : Marcel Proust y a passé dans sa jeunesse plusieurs étés. Saisi par des pétitionnaires hostiles au projet, le conseil d’État a jugé que le dispositif « portait une atteinte significative, notamment à l’intérêt paysager et patrimonial »1 du site que Proust a magnifiquement décrit dans Combray, la première partie du roman Du côté de chez Swann.

Les « lieux où soufflent l’esprit », que célébrait Maurice Barrès dans la Colline inspirée, sont aussi ceux où souffle le vent. Cocasserie : la colline de Sion, en Lorraine, qui inspira l’auteur, est depuis longtemps investie par les parapentistes qui profitent du site et de son exposition. La population des environs s’est opposée à l’installation de six éoliennes.

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Un projet de parc éolien, à la montagne Sainte-Victoire, peinte et repeinte par Paul Cézanne, avait déjà fait l’objet de plusieurs recours, avant de sortir de terre en 2021. Aujourd’hui, le vent du droit tourne ; les promoteurs de l’éolien craignent que la décision des sages fasse jurisprudence. Si les vacances du jeune Marcel font partie de notre patrimoine, alors le souvenir d’un peintre ou d’un écrivain pourra préserver le paysage de très nombreux autres sites.

Proust, écocideur malgré lui ? Son œuvre, il faut le reconnaître, passe un peu à côté des enjeux environnementaux. On le voit exhiber son confort bourgeois comme son bilan carbone, alourdi par de trop nombreux voyages : à Illiers-Combray d’abord, à Cabourg ensuite et même à Florence… Les descriptions de ces stations dans la Recherche auraient même, en les popularisant, lancé la mode du tourisme de masse. Lire la Recherche n’invitera non plus à délaisser son véhicule individuel pour les transports en commun ou le vélo électrique ; Proust était amoureux de son chauffeur personnel, Alfred Agostinelli, et s’amusait à brûler du CO2 pour le seul plaisir de sa compagnie ! Reste son genre de vie homosexuel : ultime recours de la décroissance démographique.


  1. https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/eure-et-loir/eoliennes-quand-marcel-proust-enterre-malgre-lui-un-projet-de-parc-eolien-2853515.html ↩︎

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Pression migratoire: copions les anglo-saxons!

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Le président Joe Biden à El Paso, au Texas, devant la clôture délimitant la frontière entre le Mexique et les États-Unis, 8 janvier 2023. © AP Photo/ Andrew Harnik/Sipa

Les pays anglo-saxons subissent la même pression migratoire que les européens. Mais parce qu’ils sont encore souverains, ils surveillent leurs frontières et choisissent ceux qui peuvent les franchir. Rien de plus normal lorsqu’on veut garder le contrôle de son avenir.


La crise migratoire n’a pas encore commencé : elle est devant nous, selon Nicolas Sarkozy. La situation à Lampedusa démontre en effet que les dirigeants européens sont débordés face à l’ampleur du défi alors que, selon le HCR, sur les 100 millions de migrants dans le monde en 2022, un tiers se dirigent vers l’Occident. Si les Européens ont perdu le contrôle de leur destin migratoire, d’autres pays ont identifié les ressorts d’une politique efficace pour défendre leur civilisation.

Une crise migratoire sans précédent

Les Européens verront dans les prochaines années des millions de migrants se presser à leurs portes. Un flux sans précédent alimenté par l’explosion démographique africaine. La population de ce continent devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre 2 milliards de personnes. Seulement, l’Afrique ne dispose pas des structures nécessaires pour dominer sa transition démographique comme l’Europe au XIXe siècle. Ces pays n’offrent ni travail (20 % des jeunes en moyenne sont au chômage), ni logements (20 à 25 % des Africains vivent dans un bidonville), ni nourriture (la guerre en Ukraine a perturbé les chaînes alimentaires dans de nombreux pays qui dépendent à plus de 50 % de la production céréalière russe ou ukrainienne).

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À ce chaos s’ajoute l’instabilité sécuritaire. La décennie qui s’ouvre est marquée par la multiplication des coups d’État (Niger, Mali, Burkina Faso), l’apparition de nouveaux conflits (Soudan) et le pourrissement de conflits antérieurs (Syrie, Irak, Yémen, Éthiopie, République démocratique du Congo, etc.). Autant de pays qui protègent moins bien, ou plus du tout, leurs frontières.

Les Anglo-Saxons choisissent leur immigration !

La pression migratoire ne concerne pas que l’Europe. L’accélération de la mondialisation à partir des années 1980 a démultiplié les flux de personnes, notamment à destination des pays anglo-saxons (États-Unis, Canada, Australie). En Amérique du Nord, il s’agit de trois flux : une immigration européenne qualifiée, une immigration est-asiatique qualifiée et une immigration sud-américaine peu ou pas qualifiée. En Australie, il s’agit d’une immigration peu qualifiée en provenance de l’Asie du Sud et de l’Est (Indonésie, Philippines, Malaisie).

Les pays anglo-saxons choisissent leur immigration. D’une part, les États-Unis, le Canada et l’Australie se sont pleinement engagés dans la guerre des cerveaux. Ils ont adapté leur doctrine migratoire aux impératifs de la course à l’innovation en soutenant une immigration haut de gamme. À titre d’exemple, 42 % des métiers de la science, de la technologie, du génie et des mathématiques (STGM) au Canada sont occupés par des étrangers, un chiffre qui monte à 48 % aux États-Unis. En Australie, 35 % des étrangers ont un diplôme universitaire contre 20 % en moyenne dans l’OCDE. D’autre part, les pays anglo-saxons n’acceptent que des migrants utiles au modèle productif de leur pays. Ainsi, le taux d’emploi des étrangers aux États-Unis (64,7 %) est supérieur à celui des nationaux (61 %). En Australie, la tendance est légèrement inversée : un taux d’emploi de 72,3 % pour les étrangers contre 75,7 % pour les nationaux.

Des mesures concrètes 

Les pays anglo-saxons sont souverains et décident de leur politique migratoire. Pour cela, ils garantissent une réelle protection de leurs frontières afin de lutter contre l’immigration illégale. L’Australie dispose ainsi de deux mesures emblématiques : la systématisation du refoulement des bateaux en haute mer par la marine australienne et la création de camps de réfugiés à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour traiter les demandes d’asile. Ces dispositifs sont soutenus par des moyens financiers accrus : le budget du département de l’Immigration et de la Citoyenneté a été multiplié par huit sur la période 2000-2020.

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Concernant l’immigration illégale, les États-Unis vont au-delà des seules mesures matérielles. En effet, toute personne entrant illégalement sur le sol américain ne pourra être ni régularisée ni naturalisée. Sur l’immigration légale, les critères de sélection pour obtenir la carte verte sont drastiques : avoir un talent extraordinaire, investir au moins 500 000 dollars pour créer au moins dix emplois ou justifier de cinq années d’expérience si l’on a un bac +5 avec une attente de deux à trois ans, un délai qui passe de huit à dix ans pour les travailleurs ayant un bac +3 ou moins.

Enfin, les pays anglo-saxons font de l’obtention de la nationalité une chance. En effet, la nationalité américaine, australienne ou canadienne est sanctuarisée et donc difficile à obtenir. D’une part, les immigrés éprouvent déjà des difficultés à obtenir la carte de résident. D’autre part, les conditions de naturalisation sont drastiques (et respectées) : cinq années de détention de la carte verte ou de la carte de résident, maîtrise totale de l’anglais, ne pas avoir été arrêté ou jugé coupable de faits graves ou criminels, et obtention d’un test de citoyenneté. Face à la crise migratoire, l’impuissance publique n’est pas une fatalité. La France et l’Europe doivent être au rendez-vous de l’Histoire. Les Anglo-Saxons ont réussi à concilier une attractivité forte pour gagner la guerre des cerveaux tout en refusant l’immigration non souhaitée. Ils ont simplement décidé de garder le contrôle de leur destin.

L’ombre du conflit soudanais

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Président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan Abdel Fattah al-Burhan aux Nations Unies, 21 septembre 2023 (c) Craig Ruttle/AP/SIPA

2023 sera-t-elle l’année des catastrophes conjuguées ? Alors que la guerre d’Ukraine se prolonge et ne semble pas pouvoir se conclure rapidement, de nombreux conflits régionaux s’embrasent au Sahel, au Proche-Orient ou dans le Caucase… mais aussi au Soudan. Oubliée, la guerre civile soudanaise n’en reste pas moins un danger grave pour la région qui aura des répercussions sur l’équilibre arabe.


Depuis avril 2023, la guerre civile au Soudan entre l’armée régulière fidèle au président, de facto, Abdel Fattah al-Burhan et son ancien allié, Mohamed Hamdan Dogolo, chef des paramilitaires du FSR (forces de soutien rapide) a causé 9000 morts pour cinq millions de réfugiés et mis la société civile tout juste renaissante du pays à genoux. Alors que l’on pensait que la chute de la dictature d’Omar el Bechir, puis la période de transition instituée par Burhan et Dogolo allait conduire à un Soudan pacifié et pouvant enfin bénéficier de son potentiel considérable jamais exploité, la guerre civile a repris entre l’armée régulière et les milices armées, soutenues par différents États de la région dont aucun n’avait initialement vraiment intérêt à déclencher un conflit régional.

Guerre de l’eau

Ainsi, on retrouve dans le camp du président Burhan notamment l’Égypte et la Turquie, les Émirats Arabes Unis et l’Éthiopie soutenant davantage Dagolo. En jeu, le différend entre l’Égypte et l’Éthiopie sur fond de projet de barrage qui menacerait l’approvisionnement d’eau dans la région. Nous sommes donc dans un conflit sanglant où personne n’a vraiment raison ou tort et où les protagonistes semblaient avoir commencé des pourparlers de paix, fortement poussés par les États-Unis.

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Or, le Wall Street Journal, dans un article de Benoit Faucon, Nicholas Bariyo et Summer Said, publié le 14 octobre[1], vient de révéler que très récemment, l’Égypte a procédé à la livraison de drones turcs Bayraktar en septembre dernier à l’armée régulière. Ces drones, qui ont gagné leur réputation lors du début du conflit ukrainien, ont contribué à empêcher les troupes russes d’envahir Kiev. Les pilotes de drones seraient quant à eux actuellement formés en Egypte.

Au terme d’âpres négociations, l’Égypte vient d’accepter d’ouvrir un « corridor humanitaire » via le passage de Rafah permettant de faire entrer de l’aide humanitaire, se gardant bien cependant d’accueillir des réfugiés gazaouis, il apparait paradoxal de les voir donner des moyens supplémentaires à la poursuite d’une guerre civile sur sa frontière sud. Cette alliance de facto entre l’Égypte et la Turquie, appuyée en creux par les États-Unis constitue également une forme de renversement d’alliance et montre également la perte d’influence des frères musulmans en Turquie.

Regards braqués ailleurs

Au-delà de ce constat, le Soudan ne doit pas être un conflit oublié, particulièrement au moment où les regards sont forcément braqués sur Israël. Depuis six mois, les Soudanais se retrouvent entre le marteau et l’enclume d’un conflit dont ils souhaiteraient surtout qu’il se termine au plus vite. Bien évidemment, les passions déclenchées dès qu’il est question de Gaza ont tendance à effacer un conflit dont on parlait déjà beaucoup trop peu, mais à l’heure où des livraisons d’armes se poursuivent, il serait grand temps de se focaliser davantage sur les espoirs d’une paix dont on sait bien qu’elle se négocie activement, sous l’égide américaine. Pour comprendre les implications de cette récente livraison, rappelons que récemment, une attaque de drone dans un marché ouvert a tué près de 40 personnes selon les associations de défense des droits de l’homme.

Le cauchemar soudanais peut se terminer enfin, mais pour cela il faudrait que les armes se taisent.


[1] https://www.wsj.com/world/africa/ignoring-u-s-calls-for-peace-egypt-delivered-drones-to-sudans-military-6f7fdcda

Viva Viotti !

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© Vincent Pontet

Sur scène, en disque ou aux Éditions de l’Aube, la chanteuse lyrique franco-suisse Marina Viotti a tous les talents


La mezzo-soprano vient de faire un tabac dans le rôle-titre de La Cenerentola, au Théâtre des Champs-Elysées[1]. Artiste lyrique de l’année aux Victoires de la musique classique 2023, Marina Viotti n’est pas seulement une chanteuse lyrique exceptionnelle, mais un personnage hors du commun. Dans Et si le monde était un opéra ?, un livre d’entretien avec la philosophe Gabrielle Halpern qui vient de paraître, elle revient sur son cheminement singulier : « Lorsque les gens apprennent qu’avant de chanter à l’opéra je faisais du metal, ils ne voient absolument pas le rapport et trouvent que cela n’a aucun sens ! Mais (…) l’opéra et le metal sont beaucoup plus proches qu’on ne le croit. » Et de disserter en connaisseuse sur les différents types de metal, du heavy metal au black metal, en passant par le metal progressif ou encore le death metal, « musique très savante, difficile à jouer, et qui demande des rythmes très précis ». « Le metal est un genre écrit, composé, avec des partitions », souligne-t-elle.  

Pas férue de cancel culture

C’est sous le signe de l’hybridation que cette fée Cendrillon aux baguettes multiples  –  fille de chef d’orchestre née au sein d’une vieille famille de musiciens, la Viotti a été khâgneuse, documentariste, flûtiste, jazziste, chanteuse de gospel et j’en passe… –  s’emploie à combattre avec acharnement ce « nouveau courant de pensée post-colonialiste qui nous vient de l’Amérique », et cette actuelle propension de certain(e)s à modifier « totalement l’histoire du livret pour lui donner une fin plus féministe, plus choquante ou plus politiquement correcte (…) au risque de nous faire tomber dans un puritanisme total où l’on est obligé de supprimer des œuvres du répertoire ».

A lire aussi, du même auteur: Nicolae Ceausescu, architecte comique

Elle qui compare volontiers son métier à celui d’un sportif de haut niveau n’hésite pas à se risquer dans le répertoire le plus éclectique : de Carmen, de Bizet aux Sept péchés capitaux, de Kurt Weil, en passant par La Chauve-souris, de Johan Strauss, et jusqu’à l’Olimpiade, de Vivaldi ! Chanter avec la même expressivité, la même intensité, la même stupéfiante présence scénique Verdi et Offenbach, Tchaïkovski et Haendel, Rossini et Gounod relève de la haute performance.

Trésors cachés

En parallèle, Marina Viotti en est même venue à explorer les trésors cachés de la musique française. En témoigne le CD A deux voix où, conjuguant son talent avec ceux de la soprano guatémaltèque Adriana González et du pianiste basque Iñaki Encina Oyón (également claveciniste, chef de chant, chef d’orchestre !), elle se produit avec une grâce infinie dans un florilège de mélodies en duo, d’une belle rareté : s’y marient, en effet, à des compositeurs depuis longtemps passés à la postérité (Fauré, Chausson, Massenet, Gounod, Lalo, Franck…) des noms beaucoup moins connus, voire carrément méconnus, tels Pauline Viardot (1821-1910), Cécile Chaminade (1857 -1944), Paul Puget (1848-1917), Emile Paladilhe (1844-1926), ou peu attendus dans ce registre, comme Charles-Marie Widor (1844-1937) dont l’œuvre pour orgue, must des messes de mariage, occulte hélas une grande part de son inspiration.  

Evoquons pour finir l’album sublime Porque existe otro querer, paru il y a quelques mois. Dans ce disque, Marina Viotti s’associe au guitariste Gabriel Bianco dans plus d’une vingtaine de morceaux, combinant Brel et Rossini, Massenet et Manuel de Falla, Gabriel Fauré et Carlos Eleta Almaran, Erik Satie et Isolina Carrillo. Un kaléidoscope esthétique téméraire, parfaitement assumé, et réalisé de façon si impeccable qu’on ne peut que s’exclamer : « Viva Viotti ! » devant tant de virtuosité.          


Au Théâtre des Champs-Elysées :

Carmen, de Bizet, le 22 octobre ; La Chauve-Souris, de Johann Strauss, le 13 décembre ; Les Sept Péchés capitaux, de Kurt Weill, le 10 janvier 2024 ; L’Olimpiade, de Vivaldi, du 20 au 29 juin 2024. Récital Haendel, le 28 juin 2024.

Albums CD : 

Porque existe otro querer, avec Gabriel Bianco (Aparté). 

Porque existe otro querer

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À deux voix, avec Adriana Gonzalez (Audax Records), sortie le 10 novembre 2023.

À Deux Voix

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A lire :

Et si le monde était un opéra ? Entretiens entre la philosophe Gabrielle Halpern et Marina Viotti. Éditions de l’Aube.

Et si le monde était un opéra ?: La chanteuse et la philosophe

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[1] Voir https://www.causeur.fr/cendrillon-dans-l-ascenseur-social-267775

Hamas delenda est!

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Jérusalem, 24 octobre 2023 © CHRISTOPHE ENA-POOL/SIPA

Emmanuel Macron, en visite en Israël, assure que la France fera tout ce qu’elle pourra pour «restaurer la paix et la stabilité». Mais les Israéliens ne peuvent pas faire la paix avec un mouvement terroriste dont le sadisme et la cruauté sont du niveau des Einsatzgruppen. En Occident, on ne trouve aucun juif ou non-juif, même des plus en colère, qui accepterait que l’on fasse aux islamistes et à leurs familles ce que le Hamas a fait à ses victimes.


Une surenchère délibérée

Comme l’espéraient les terroristes et leurs soutiens, le 7 octobre a pratiquement disparu du débat public. On parle du conflit israélo-palestinien, de Gaza, des frappes aériennes, des démonstrations de force des islamistes un peu partout dans le monde, et de la haine antisémite islamique qui ne se cache plus, même en Europe. Mais le 7 octobre semble déjà presque oublié. Alors que c’est essentiel. Le 7 octobre 2023, le Hamas s’est livré à une surenchère délibérée, planifiée dans la cruauté, le sadisme et l’horreur qui n’est certes pas sans précédent, mais relève de ce que l’humanité a pu faire de pire. C’est de l’ordre des Einsatzgruppen. Des écorcheurs. Du culte de Moloch à Carthage. Des Khmers rouges. De l’Etat Islamique. Ce n’est pas un débordement, le soudain déchaînement de sauvagerie d’une armée hors de contrôle : c’était voulu. Froidement décidé. Ce n’est, à vrai dire, même pas du terrorisme. C’est bien pire. Nous avons tous vu le corps presque nu et désarticulé de Shani Louk, exhibée comme un trophée de chasse à l’arrière d’un pick-up. Nous avons vu les vidéos diffusées par le Hamas lui-même de ces jeunes filles enlevées, et nous avons tous compris pourquoi leurs pantalons étaient pleins de sang à l’entrecuisse. Nous avons vu cette famille capturée dans sa propre maison, ce garçon pleurant sa sœur exécutée sous ses yeux. Le Hamas voulait que nous sachions, il a revendiqué les humiliations, les crimes, les tortures, les viols. Il en a été fier. Nous avons tous vu ces images prises et transmises par les terroristes, et nous avons vu ceux qui se réjouissaient de ces exactions, qui applaudissaient la razzia, le pogrom, dès le premier jour, avant même la première riposte d’Israël. Et depuis, nous ne cessons de découvrir chaque jour un peu plus la barbarie. Les fous d’Allah ont arraché les yeux d’un homme, découpé les seins de sa femme, tranché la jambe de leur fille avant de les tuer. Brûlé vif des vieillards, des enfants, des bébés. Violé et torturé, partout où ils l’ont pu, des femmes devant leurs maris, des maris devant leurs femmes, des enfants devant leurs parents, des parents devant leurs enfants. Bien des religions ont imaginé les tourments de l’enfer. Le Hamas a fait pire, pire que le Tartare, pire que les descriptions de Dante : il a obligé des gens à regarder, impuissants, pendant qu’il infligeait l’enfer à ceux qu’ils aimaient, et à entendre leurs cris de détresse sans pouvoir rien faire, en sachant que d’autres tortures allaient venir, encore, et encore. Voilà ce qu’a fait le Hamas.

Il faut lire le communiqué de la Société Psychanalytique en Israël : « La cruauté, le sadisme dirigés contre des bébés, des enfants et de jeunes adolescents, beaucoup d’entre eux ont été mutilés à vif, violés et torturés après avoir été forcés d’assister à l’assassinat de leurs parents, et parfois de leur famille toute entière, relève de l’impensable. (….) Le fait de cibler de manière délibérée et sadique des bébés et des enfants pour les violer, les torturer et les assassiner est une manière de faire voler en éclats ce qu’il y a de plus fondamentalement humain en l’humain. (….) Ceci n’a rien à voir avec toute forme de revendication territoriale ou de conflit quel qu’il soit, mais a tout à voir avec une idéalisation perverse de la mort et de la torture. » Aucune cause ne peut justifier une telle abomination. Pas même une cause juste.

La paix n’est pas pour demain

Le 6 octobre, on pouvait encore, légitimement, débattre des droits des uns et des autres, des torts des uns et des autres, des fautes des uns et des autres. Le 6 octobre, on pouvait encore penser qu’il s’agissait d’un conflit douloureux mais tragiquement humain entre Etats, entre peuples, entre organisations, pour le contrôle d’un territoire. Le 6 octobre, on pouvait encore vouloir entendre et comprendre les deux camps, et malgré les drames, malgré les dommages collatéraux, œuvrer avant tout au pardon mutuel et à la paix des braves. Et c’était légitime. Mais le 7 octobre, tout a changé.

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Le mal fait partie de l’être humain, nous le savons. Mais le Hamas a choisi de rejeter le conflit humain entre le bien et le mal pour n’embrasser que le mal, à l’état pur. La cause qu’il dit défendre importe peu, désormais. Le Hamas doit être anéanti. Toute critique faite à la politique israélienne, tout appel à la paix, toute demande de cessez-le-feu pour protéger les enfants de Gaza – les enfants que le Hamas et ses complices utilisent comme boucliers humains, alors qu’Israël a averti, alerté, laissé aux civils le temps d’évacuer – tout cela doit être précédé de cette exigence absolue : le Hamas doit être anéanti. Quiconque oublie ce prérequis aura beau se draper dans les plus belles intentions du monde, se réclamer des plus beaux principes, il ne fera que défendre l’une des pires abjections de l’histoire humaine. Le Hamas doit être anéanti, et tous ses membres – y compris ceux qui plastronnent bien à l’abri dans le luxe chez nos « amis » qataris – doivent être livrés à la justice israélienne, ou exécutés.

Mensonges

Et il faut, ici en France, refuser les mensonges, c’est le moins que nous puissions faire. Ce que nous avons vu place de la République, ce ne sont évidemment pas des manifestations pour la paix : des manifestations pour la paix auraient mis côte-à-côte des drapeaux israéliens et palestiniens, et condamné le Hamas avec lequel il ne peut y avoir de paix. Ce ne sont pas des manifestations pour la Palestine : des manifestations pour la Palestine auraient dénoncé le Hamas qui détourne à son seul profit l’aide internationale massivement déversée sur ce territoire (manifestement, en pure perte). Ce ne sont pas des manifestations pour les Gazaouis innocents (car il y en a) : des manifestations au profit de ceux qui ne soutiennent pas le Hamas auraient dénoncé fermement la brutalité avec laquelle ce groupe terroriste réprime toute opposition, utilise des innocents comme boucliers humains, et empêche les populations civiles de fuir des affrontements qu’il a, rappelons-le, lui-même provoqués et dont il porte l’entière responsabilité. Ce que nous avons vu place de la République, et un peu partout dans le monde, est donc autre chose. Ce sont des manifestations de soutien au Hamas et à sa cause, la conquête islamique du monde et le droit pour les adorateurs d’Allah de se déchaîner et d’infliger, partout, les mêmes supplices que ceux auxquels le Hamas s’est livré le 7 octobre. Ce sont des manifestations qui font délibérément écho à celle de Berlin où une synagogue a été incendiée, à celle de Londres qui a vu retentir des appels à l’anéantissement des Juifs et au jihad. Ce sont des manifestations qui ont choisi le camp ennemi dans un conflit désormais impossible à nier entre deux civilisations, que l’on ne peut en aucun cas renvoyer dos-à-dos. L’une, qui sait les dures nécessités de la guerre mais y fixe néanmoins des limites, juge les monstruosités du 7 octobre intolérables quels que soient les prétextes avancés par leurs auteurs, et les condamnerait également si elles étaient perpétrées contre ses ennemis. Parmi tous ceux qui défendent aujourd’hui Israël, parmi tous ceux qui sont attachés à la civilisation européenne, je n’en connais aucun, juif ou non-juif, même des plus en colère, qui accepterait que l’on fasse aux islamistes et à leurs familles ce que le Hamas a fait à ses victimes. L’autre, pour qui le terrorisme le plus abject est un mode d’action acceptable en faveur d’une guerre religieuse totale, et dont beaucoup de membres semblent n’avoir aucune véritable empathie pour quiconque n’appartient pas à leur communauté : voyez comme les autorités religieuses de l’islam, nombre de pays musulmans et la « rue arabe » ont soigneusement évité de condamner le Hamas, même en étant parfaitement conscients de ses crimes, quand ils ne l’ont pas ouvertement soutenu.

Et ces manifestations sont ponctuées des mêmes cris que les tortures sadiques du 7 octobre : « Allah akbar », ce qui n’a jamais voulu dire « Dieu est grand » mais, littéralement, « le dieu est plus grand », c’est-à-dire « le dieu de l’islam est plus grand que tout », plus grand que l’humanité de l’homme, plus grand que ce qui devrait empêcher un être humain d’ouvrir le ventre d’une femme enceinte pour en arracher son bébé et le décapiter sous ses yeux avant de la décapiter elle aussi. Souvenez-vous d’Ibn Hazm, qu’évoquait Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne : pour ce théologien musulman, « si Allah ordonnait de faire le mal et de croire des mensonges, il faudrait faire le mal et croire des mensonges. » Oui, Allah se proclame et se croit plus grand que tout, au-dessus de tout, de toute morale, de toute dignité, de toute décence. Comme le croient bien des monstres.

Le Hamas doit être anéanti. Ses soutiens doivent être poursuivis. Les idéologies qui tentent de justifier ce qui s’est passé le 7 octobre doivent être dénoncées, combattues, jetées à terre, qu’il s’agisse de l’islamisme ou des multiples gauchismes (déconstruction, décolonialisme, convergence des luttes, etc.) qui fantasment l’anéantissement d’Israël comme ils fantasment l’anéantissement de notre civilisation tout entière. L’Occident doit comprendre qu’il joue sa survie sur la prise de conscience collective d’une évidence : aucun « vivre-ensemble » n’est possible avec ceux qu’anime une telle haine contre Israël et contre les Juifs. Aucun « vivre-ensemble » n’est possible avec ceux qui choisissent le camp du Hamas plutôt que celui d’Israël. Tenter de se convaincre du contraire, c’est préparer des bains de sang.