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Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

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Chez nos voisins du nord, on aime aussi beaucoup comparer les juifs aux nazis, comme un certain comique de chez nous.


La gauche belge, qui n’échappe pas plus à l’antisémitisme que l’ensemble de la gauche européenne, ne se cache plus. Lors de l’attaque du Hamas, apte, par sa férocité, sa cruauté et sa bestialité, à révulser tout être humain, elle a voulu « contextualiser » les faits quand il ne s’agissait pas, purement et simplement, de renvoyer dos-à-dos agresseur et agressé. Certains voient dans cet antisémitisme le prix à payer à leur nouvel électorat, d’autres rappellent que la gauche, dans ses textes fondateurs, est ontologiquement antisémite. N’oublions pas que le capital est, comme chacun sait, entre les doigts – crochus – des Juifs en général et d’Israël en particulier !

Mais cet antisémitisme socialiste assumé a fini par faire revenir dans nos mémoires la seconde moitié des années trente allemandes. Les reductio ad Hitlerum sont le plus souvent sans objet et même franchement casse-pieds, mais force est reconnaître qu’en ce cas, il y avait un cousinage des plus malsains.

Inversions accusatoires

Dans ce cas, il existe pour se défendre une technique éprouvée : l’accusation inversée. Pour ceux qui ne connaîtraient cette étonnante stratégie, voici un bref explicatif. Vous cognez régulièrement votre femme et vous sentez une réelle désapprobation poindre dans votre entourage. Vous ne faites ni une, ni deux, vous accusez votre épouse d’être violente. Sur un malentendu, ça peut marcher, comme disaient les Bronzés.

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Deux leaders socialistes belges ont donc pensé qu’ils tenaient là la tactique idoine pour se dédouaner. Leur antisémitisme, rebaptisé antisionisme, évoque pour beaucoup une parenté avec le nazisme ? N’hésitons plus et accusons sans vergogne les Israéliens de nazisme !

Et il ne s’agit pas de troisièmes couteaux du Parti Socialiste ! Tout d’abord, André Flahaut, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Chambre, a jugé judicieux de tweeter que « Gaza aujourd’hui, c’est Varsovie hier », faisant référence au tristement célèbre ghetto de Varsovie, où des dizaines de milliers de Juifs arrêtés furent envoyés à Treblinka. Pour la petite histoire, l’actuelle présidente de la Chambre, Éliane Tillieux, socialiste elle aussi, a “aimé” la publication d’André Flahaut, puis s’est rétractée.

André Flahaut n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il adore comparer Israël au IIIème Reich, c’est son grand passe-temps. En 2008 déjà, lors d’une manifestation pro palestinienne, il avait établi une comparaison entre la politique d’Israël et le nazisme et fut d’ailleurs condamné pour cela à la suite d’une plainte du CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique).

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Le deuxième larron à tenter l’accusation inversée pour se dédouaner de sa puante compassion pour les terroristes gazaouis est Jean-Pascal Labille, ancien ministre fédéral. Le PS l’a recasé comme secrétaire général de Solidaris, la puissante mutualité socialiste. Et donc ce distingué Secrétaire général a posté sur les réseaux sociaux un visuel assez explicite où l’enclave palestinienne, dégoulinante de sang est mitraillée par Tsahal sous le regard bienveillant de l’UE et des États-Unis. Sur les murs de cette enclave est dessinée l’étoile de David mélangée à une croix gammée. Jean-Pascal Labille s’est depuis excusé parce qu’on l’avait mal compris. Ce qui est assez curieux, d’ailleurs. Moi, quand on me comprend mal, je ne m’excuse pas, je répète.

Aphrodisiaque

Et puisqu’à l’instar des LFI, les socialistes belges souhaitent à toute force établir des comparaisons avec l’Allemagne nazie, je leur proposerais plutôt de visionner les images de l’aéroport du Daguestan où des hordes de musulmans, ayant appris l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, se sont livrés à une chasse aux Juifs qui rappelle avec insistance les rafles chères aux Nazis et les pogroms qui suivirent.

Mais les socialistes partagent avec nos invités du désert une haine irrationnelle contre Israël, que beaucoup d’entre eux seraient incapables de situer sur une carte. Après tout, Hassan II n’affirmait-il pas que « le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque des pays arabes » ? Si ça se trouve, nos socialos ramollis ont simplement envie de bander !

Israël et la Palestine: deux États…

Une solution, vraiment?


Depuis 1993, la « bien-pensance » qui psalmodie l’antienne politiquement correcte de la solution dite « à deux États » est, de mon point de vue, dans le déni des réalités. N’osant pas dire les choses qui fâchent telles qu’elles sont, ses partisans les projettent telles qu’ils voudraient qu’elles fussent.

Le premier constat que je fais, c’est que le « peuple palestinien » n’a jamais existé à proprement parler.

Le généticien Michael Hammer de l’Université de l’Arizona a découvert que le chromosome Y des Arabes du Moyen-Orient est quasiment « impossible à distinguer de celui des Juifs ». L’équipe de la généticienne Ariella Oppenheim de l’Université de Jérusalem a entrepris une étude complémentaire à la précédente en se focalisant sur des Juifs ashkénazes et séfarades versus des Arabes israéliens et palestiniens ; la conclusion est que ces hommes ont « des ancêtres communs au cours des derniers milliers d’années ». Ces résultats correspondent aux récits historiques selon lesquels certains Arabes musulmans descendent de chrétiens et de juifs qui vivaient dans le sud du Levant, une région qui comprend Israël et le Sinaï. Ils seraient les descendants d’un noyau de population vivant dans la région depuis la préhistoire. Encore au début du XXème siècle, les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique, sont qualifiés de « Palestiniens ».

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À titre anecdotique, j’ai dans mon ADN autant de gènes asiatiques de l’ouest, caucasiens et turcs, que de gènes juifs misrahi irakiens et israéliens… Alors que je suis née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge !

Le deuxième problème, à mes yeux, c’est que le sentiment d’appartenance nationale n’existe que s’il est représenté par une histoire qui le structure et par des dirigeants qui le personnifient ; s’il reste une abstraction sémantique, il ne peut y avoir de vrai appartenance patriotique au-delà de l’exaltation du moment.

Or, qui « est » aujourd’hui « le peuple palestinien » ?

Objectivement, « le peuple palestinien » est une projection romantique du ressenti identitaire de ce que l’on appelle la « rue arabe » au Moyen-Orient, du lexique humanitaire des ONG… et de la propagande islamo-gauchiste verte et rouge du 9 cube dont la plupart des habitants n’ont jamais mis les pieds en « Palestine » !

Après la mort de Yasser Arafat, les positions molles et ambiguës de Mahmoud Abbas l’ont totalement démonétisé, lui et son parti, le Fatah. Aucun leader politique charismatique ne s’étant imposé, ce sont les religieux qui ont pris la main et en l’occurrence les terroristes islamistes de la branche armée du Hamas.

Qu’en vingt ans, pas un seul Palestinien dans le monde ne soit rentré au bercail pour incarner la « nation palestinienne » peut interroger… Alors même que la diaspora est riche de plusieurs millions de cerveaux brillants, de la Jordanie au Chili, en passant par la Syrie et le Liban ; sans oublier Londres, New-York et les principales places financières du monde, où l’on retrouve des « Palestiniens » dans les conseils d’administration de la plupart des multinationales ! À l’évidence, cette élite intellectuelle et économique, idéologiquement acquise à la création d’un État palestinien, a fait, depuis bien longtemps, sa vie et sa réussite sur les quatre continents. Et aucun de ces Palestiniens ne semble avoir eu la vocation d’incarner le Petit Père de la Nation palestinienne !

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Un dernier point qui me semble important à considérer, et qui n’est guère évoqué : l’État Palestine, ainsi créé, compterait aujourd’hui un peu plus de 5 millions d’habitants. L’un des plus petits pays du monde, dont les ressources, l’IDH (Indice de Développement Humain), le PIB national et le revenu par habitant n’auront rien à voir avec la situation économique de l’État d’Israël, son voisin, avec lequel il devra partager, entre autres, Jérusalem et le shekel…

Car, si la bien-pensance humaniste et progressiste accuse les Israéliens d’être les vils « colonisateurs » des Palestiniens et considère ces derniers comme des « résistants », cette même bien-pensance oublie que les juifs ont été les premiers « colons » sur la terre d’Israël. Que s’il existe un écart économique abyssal entre Israël et ses voisins « palestiniens », c’est grâce au travail titanesque accompli en 75 ans par les juifs pour faire de leur pays ce qu’il est aujourd’hui.

Alors, avant de ressortir du chapeau une fois de plus la solution miracle des deux États, on devrait se poser la question : s’il n’y a pas un seul juif qui vit et travaille dans les territoires « palestiniens » et qu’en revanche, on compte plus de 20% d’arabo-musulmans israéliens établis en Israël ; auxquels s’ajoutent ceux qui viennent y travailler tous les jours… Ce n’est sans doute pas sans raisons.

«Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

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Islamisme. Si Gabriel Attal a donné des consignes claires pour que les élèves ne rentrent plus dans nos établissements scolaires en abayas ou qamis, il laisse les « mamans voilées » s’afficher aux côtés des élèves lors des sorties scolaires.


Provocation, intimidation, menace et victimisation… Telle est la stratégie des islamistes et de leurs relais pour avancer leur idéologie dans la société française. Le maire de Francheville dans le Rhône est la dernière cible de cet islam politique en apparence inoffensif mais réellement conquérant. 

En effet, l’édile a refusé de se prendre en photo aux côtés d’une étudiante qui portait le voile lors d’une cérémonie de remise des prix pour les bacheliers. Cette séquence aura eu pour effet immédiat une véritable fatwa lancée sur les réseaux sociaux par une nuée d’intégristes et de fanatiques, dont le CCIE (ex CCIF), officine islamiste dissoute par le ministère de l’Intérieur en 2021 puis reconstituée. 

Être jeté en pâture pour avoir osé défendre nos principes républicains et nos valeurs, c’est ce que subissent bon nombre de professeurs, quotidiennement, au sein de leurs établissements scolaires, et même en dehors. Pour tenter de faire appliquer le principe de laïcité à l’école, la loi du 15 mars 2004 a instauré l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics. Quel est le bilan vingt ans plus tard ? Une explosion des atteintes à la laïcité (+150% sur l’année 2022), une recrudescence des revendications politico-religieuses, un débat de société sur les tenues islamiques, un professeur d’histoire-géographie décapité en 2020, un professeur de français égorgé en 2023. 

Non, l’islamisme ne recule pas. Il progresse et colonise inlassablement au rythme des reculades régulières de l’État régalien devenu peu à peu l’État régaRIEN. 

Plus de trente ans après l’affaire dite des « foulards de Creil », aucune offensive républicaine et laïque n’a été menée contre ceux qui nous haïssent et veulent remplacer nos lois et notre mode de vie. Pire, l’inaction voire le refus d’agir contre ces fossoyeurs de la République nous conduit aujourd’hui dans une impasse : l’assimilation a été abandonnée en rase campagne, l’intégration a montré l’étendue de ses échecs. Depuis des années, par lâcheté, clientélisme ou électoralisme, certains irresponsables ont même contribué à alimenter le carburant de l’islamisme et à laisser se propager cette idéologie totalitaire.

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L’école devait être un rempart infranchissable. Elle est aujourd’hui une proie facile. 

L’entrisme islamiste se combat au sein même de l’école de la République, mais doit être banni partout dans le cadre scolaire. Dès lors, comment peut-on accepter que des parents puissent manifester leur appartenance religieuse lors des sorties scolaires ? Comment tolérer que des jeunes filles portant l’uniforme islamiste puissent recevoir un prix ou un diplôme des mains du proviseur, du recteur ou du préfet ?

Récemment, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, s’est dit opposé à la lutte contre le prosélytisme religieux au « nom du droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires ». Derrière l’interdiction des abayas, le laxisme reste la marque de fabrique de ce gouvernement qui refuse d’agir concrètement préférant les coups de communication. D’autres invoquent des arguments absurdes, préférant nous expliquer que l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices signerait la fin des sorties scolaires, et ce, par manque d’accompagnateurs. Ce qu’il faut comprendre, en réalité, c’est que les femmes non-voilées dans certains quartiers français ne sont plus qu’une minorité.

Pour répondre aux défis et aux menaces de l’islamisme qui gangrène aujourd’hui l’école de la République, la législation actuelle donne libre cours à l’interprétation en ce qui concerne la neutralité religieuse relative aux activités organisées dans le cadre scolaire mais en dehors des établissements d’enseignement. Une incohérence sans nom, puisque le périmètre de la loi n’interdit pas le port de signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires, des voyages scolaires ou de tous les événements sportifs, festifs ou honorifiques en lien avec l’Éducation nationale.

Ainsi, une mère accompagnatrice peut porter son voile lorsqu’elle accompagne les élèves en sortie scolaire alors que ces dernières sont soumises à la loi du 15 mars 2004 quand elles franchissent le seuil de leur établissement. De même, une élève est en droit de se présenter vêtue d’un voile islamique ou en abaya à une cérémonie de remise des prix ou à une compétition sportive, pourtant étroitement liées à sa scolarité.

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Si un certain nombre d’accompagnatrices scolaires ou d’élèves profitent inconsciemment de ces incohérences réglementaires au nom de la liberté de culte, les failles de la loi de 2004 sont aussi exploitées par les promoteurs d’un islam politique qui vise à concurrencer la République dans l’espace public et notamment à l’école. Face à ces contradictions et parce qu’il y a urgence à s’opposer au communautarisme islamiste, j’ai déposé une proposition de loi avec mes collègues députés RN qui vise à interdire le port de signes ou de tenues manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse ou politique dans les sorties et les activités organisées dans le cadre scolaire.

Le voile n’est pas un couvre-chef anodin ; il est un symbole de soumission et de régression, un étendard islamiste qui, chaque jour, gagne du terrain. L’islamisme ne s’arrête, hélas, pas aux portes de l’école. Il gangrène et tue, impunément, là où la République française se trouve. Le combattre, c’est rejeter toute compromission et condamner la complaisance. Le combattre, c’est déjà interdire ses manifestations et ses symboles partout et tout le temps.

© Pascal Fayolle/SIPA

Le Hamas, ou le retour de l’archaïque à l’âge du digital

Le terrorisme islamique à l’heure de la Go-Pro


Le 7 octobre a vu le déchainement de la barbarie, à l’état pur. Une barbarie spontanée puisque les terroristes du Hamas sont passés à l’offensive sans avoir été provoqués. Une barbarie sans gloire puisqu’elle a visé les femmes, les enfants et les bébés. Une barbarie surprenante tout de même puisqu’elle a été filmée par Go-Pro et transmise en direct ou presque sur les réseaux sociaux.

Tel le metteur en scène d’un film d’horreur, le Hamas en a rajouté, revisitant tous les traumatismes possibles et imaginables chez l’être humain : le viol, le meurtre des bébés et des enfants, l’invasion du domicile, la prise d’otages et la déportation, l’humiliation en public, la disparition des autorités (police, armée) et l’effondrement subséquent de l’Etat de droit remplacé en quelques minutes par l’état de nature où on ne peut compter que sur soi pour rester en vie. L’intentionnalité est saisissante dans la violence du Hamas. Elle est assumée par ses auteurs qui se chargent d’en faire le commentaire de texte dans leurs communiqués de presse. Cette violence n’a rien de gratuit. Bien au contraire, elle est en soi un message politique en marche. Une espèce de programme maîtrisé, qui derrière le chaos des tirs et des pleurs, sait très bien où il veut en venir.

Au début, il y avait la peur

Israël possède la bombe nucléaire, les missiles à un million d’euros pièce, les drones guidés par satellite… Le Hamas, lui, est revenu 10 000 ans en arrière, 100 000 ans en arrière, à un âge où l’homme vivait constamment sous l’emprise de la peur. La peur de la mort violente assénée par un autre homme, la peur du rapt, la peur de devenir esclave au détour d’une bataille perdue. Les otages israéliens n’ont pas seulement été extraits d’Israël, ils ont été extraits de notre époque et renvoyés dans une temporalité différente où les règles du jeu sont archaïques. Ils ont voyagé dans le temps.

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La violence est un vieux langage de l’humanité. Tout comme le sexe ou l’argent. La violence mobilise la peur, l’émotion de base en politique. Tout système politique, de la horde primitive à la démocratie libérale, répond à la peur que ressent l’individu et la collectivité par une promesse de protection. Nous avons tous peur, donc nous avons tous besoin de protection. Et le moyen le plus « simple » et rapide de nous convaincre de faire quelque chose que nous ne voulons pas faire est de nous faire peur.

Le Hamas a maximisé la seule zone où il pouvait opérer : l’archaïsme, n’ayant ni la maîtrise du ciel, ni de la mer ni de la terre. Il a occupé le terrain de l’inconscient, et du subliminal. Du symbolique avant tout. Il a commis des sacrilèges en série le 7 octobre, profanant des symboles primordiaux qui parlent immédiatement au psychisme de tout être humain, qu’il soit juif, musulman ou un Indien isolé en Amazonie. Il s’agit de la pureté et de la vulnérabilité de la femme, de l’innocence et de la faiblesse des enfants, de la force virile des hommes jeunes chargés de protéger la collectivité. Le 7 octobre, des femmes ont été violées, des bébés et des enfants assassinés, des soldats israéliens désarmés, déshabillés et couchés à terre. Pas besoin de sous-titre, de traduction ou de rappels historiques : le message a été transmis ou plutôt le coup a été porté au fin fond de l’âme des téléspectateurs de Madrid à Jakarta.

Le choc entre l’archaïsme et l’internet

La disgrâce publique des victimes du Hamas est frappante. Pas de visages floutés, aucune censure des images et des postures les plus dégradantes. Pas de place pour l’anonymat, pas la moindre envie de se cacher pour faire le Mal.

Le Hamas est bien le fils de son époque. Il nage comme un poisson dans l’eau dans une époque où la pornographie expose les corps déshabillés et au supplice. Il est en famille dans une humanité qui consomme des vidéos ultra-violentes du matin au soir : sur Netflix et sur la messagerie instantanée. L’humanité traverse une période historique où après des siècles de civilisation des mœurs (par le catholicisme, le bouddhisme etc.), la cruauté et la vulgarité redeviennent licites. L’homme ne s’empêche plus : il ne veut plus s’empêcher pour être exact, car il voit sur les écrans les violeurs et les tueurs triompher. Comme si le marquis de Sade avait élu secrétaire général de l’ONU (ou de l’UNESCO), tous les désirs, même les moins avouables sont stimulés.

Le sadisme est devenu « mainstream », le voyeurisme a acquis un caractère universel. Pire, à l’ère du digital ; n’importe qui peut produire une vidéo au contenu sexuel, filmer ou simuler un viol ou bien un acte de torture et les publier sur internet. C’est l’ère du « user-driven content » : tout le monde dispose d’un smartphone, à commencer par les brutes et les analphabètes. Alors, ils font n’importe quoi.

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La rencontre de l’internet et de la bêtise humaine est juste vertigineuse. Elle permet à la fois de banaliser l’abject et de le produire en série et à faible coût.

Je ne sais pas si les leaders du Hamas ont fait une analyse similaire à la mienne, mais en tout cas ils ont donné à l’humanité dégradée qui est la nôtre de quoi nourrir les démons que la technologie moderne a réveillés.

La cruelle sympathie des foules européennes pour le Hamas, en dépit de la monstruosité du 7 octobre, découle peut-être de cette corruption de l’âme. Sans s’en rendre compte, certains, et ils sont probablement des centaines de milliers sur le Vieux Continent, ont totalement inversé leurs valeurs. La victime, à leurs yeux, n’a ce qu’elle mérite et le bourreau a toujours raison. Comme dans un film X, la bergère a pour seul rôle de se faire violer par le loup. La victime n’a droit à aucune pitié, le bourreau lui bénéficie des circonstances atténuantes. La victime n’a aucune revendication à émettre, le bourreau doit être écouté avec attention et ses vœux exaucés. On ne lui demande rien, juste qu’il nous « offre » un « bon spectacle » qui dure le plus longtemps possible telle une bonne série Netflix.

Le Hamas n’a rien inventé. Les cartels mexicains, qui décapitent les policiers otages en direct sur Snapchat, trouvent, eux aussi, une opinion publique sadique et voyeuriste pour consommer leurs « productions ». Daesh bien sûr a fait de même il y a tout juste cinq ou six ans : souvenez-vous des prisonniers chrétiens habillés en orange et exécutés sur les rivages libyens.

La guerre des symboles

Face à cette pourriture morale, face à la corruption de nos synapses par la « culture » moderne, que peut faire Israël ?

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Au-delà de l’aspect purement militaire de la réponse, il y a le symbolique et le subliminal. Il convient de régresser à l’archaïque comme l’a fait le Hamas : c’est le seul terrain où Israël est attendu par son ennemi et par l’opinion publique internationale. Faire défiler des F16 dans le ciel de Gaza ou bien distribuer des bonbons aux Palestiniens ne forceront pas le respect de l’humanité.  Ni les armes high-tech ni l’excès de gentillesse n’ont vocation à agir sur le cerveau reptilien des gens.  Il s’agit bien au contraire de frapper sur le terrain des symboles. Profaner les symboles de l’ennemi, ruiner sa réputation, rendre publique sa disgrâce.

Il s’agit de faire quelque chose d’extraordinaire, d’inattendu, de spectaculaire. Interpeller les leaders du Hamas au lieu de les tuer par missile télécommandé. Car on ne venge pas l’honneur perdu par gadget interposé mais avec ses propres griffes. Une réponse efficace sur le plan symbolique consisterait à attraper les chefs du Hamas, à les présenter à la justice israélienne, enfermés dans une cage. Respecter leur intégrité physique afin de tracer une ligne claire entre la sauvagerie (eux) et les civilisés (nous).  Confier à des juges femmes, arabes israéliennes éventuellement, le soin de prononcer le verdict : cauchemar absolu pour le macho coincé qui forme l’essentiel des troupes du Hamas.

Il faut sortir des sentiers battus. Innover en somme.

Exercice difficile que personne n’enseigne dans les écoles de guerre et qu’il convient de mener en plongeant dans la partie la plus obscure (la plus féconde en temps de guerre ?) de notre âme.

Plus de réseaux, moins d’infos

Les internautes utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer.


Similarweb, une société qui mesure le trafic mondial des sites internet, publie une étude chiffrée sur la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux. D’où il ressort que le partage en ligne des articles de presse a nettement régressé depuis trois ans. Alors qu’en 2020, un internaute passait en moyenne près de deux heures par mois à regarder des posts Facebook rédigés par des journalistes, il n’a consacré en août 2023 que vingt minutes de son temps à ce type de lecture. Les experts donnent plusieurs explications à une telle dégringolade. Il y a bien sûr la défiance grandissante de nos contemporains envers les médias, et la quasi-disparition du Covid, laquelle a rendu les organes de presse « autorisés » moins nécessaires à la vie quotidienne. Mais c’est aussi une série de décisions prises au sein même de Facebook qui a accéléré le phénomène.

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Suite à l’émeute au Capitole, les dirigeants de la plateforme ont promis de cesser de mettre en avant les posts à caractère politique. Puis, voyant le chinois TikTok leur tailler des croupières grâce à des contenus plus divertissants voire débilisants, ils ont encore davantage rogné la part des contenus sérieux promus par leur algorithme. Enfin, ils ont entamé un bras de fer avec les éditeurs de presse, de plus en plus nombreux à leur demander une rémunération. Au Canada, l’affaire est allée très loin puisque la loi oblige désormais Facebook à payer les médias. Résultat, les liens vers les articles d’information sont purement et simplement bloqués depuis début août au pays de la feuille d’érable.

Faut-il se réjouir que Facebook devienne à terme un simple lieu de commerce, d’amusement, de commérages et de charlatanerie, comme les places de village autrefois ? On se rassurera en remarquant qu’en parallèle, les sites de presse écrite voient leurs audiences directes se redresser. Avec une prime aux titres les plus installés. Par exemple, le Times de Londres a vu ces trois dernières années la courbe de ses abonnés numériques payants s’envoler de plus de 50 %, tout comme Le Figaro à Paris ou le Corriere della Serra à Milan. L’air de rien, la parenthèse de l’information gratuite et de qualité est peut-être en train de se refermer.

Aux Palestiniens, de bons baisers de Beyrouth

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Le puissant chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a tenu un discours important ce vendredi. Il devait notamment dire au monde si sa formation, soutenue par l’Iran et alliée du Hamas palestinien, entrerait dans le conflit.


Finalement, l’Iran a décidé de lâcher Gaza

C’est un conflit palestinien et non pas un conflit régional, vient de déclarer Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, dans un discours très médiatisé cet après-midi. Autrement dit, l’Iran a décidé de lâcher Gaza. Le Hamas avait pourtant fait son boulot, il a semé le chaos et a ouvert devant les mollahs des opportunités pour retirer des dividendes géopolitiques. Mais, ce n’est pas une raison suffisante pour risquer les intérêts de la maison mère pour la petite franchise palestinienne.

Et non, Nasrallah n’est pas du tout fâché parce que le Hamas a décidé tout seul dans son coin d’attaquer Israël le 7 octobre. Les amis palestiniens en ont parfaitement le droit, mais à présent qu’ils se débrouillent. Nous sommes avec eux de tout cœur et chérissons leurs martyrs. Et par ailleurs, explique Nasrallah, ce que nous faisons actuellement à partir du sud du Liban est énorme, inouï, sans précédent depuis la guerre de 2006… Mais si vous ne voyez ni ne sentez rien, c’est normal : car ce que nous faisons à la frontière israélienne est tellement puissant qu’uniquement les gens qui habitent à côté et bien sûr nos combattants peuvent s’en apercevoir… La preuve ? Le Hezbollah aurait déjà perdu 57 combattants, sans compter ceux perdus par ses auxiliaires locaux. Et pourquoi on ne voit rien ? Bonne question ! En fait, explique le secrétaire général, c’est parce qu’il s’agirait d’une bataille d’un autre genre tant au niveau des moyens que des cibles… Et puis cette petite escalade au nord oblige déjà Israël à consacrer des moyens importants qui de fait ne seront plus disponibles pour la campagne contre Gaza.

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Même pas peur, mais allez-y en premier

Selon Nasrallah, ce sont évidemment les Etats-Unis les véritables responsables de la guerre à Gaza, Israël n’étant qu’un simple exécutant. Mais, ajoute-t-il, malgré les forces américaines considérables dépêchées dans la région, le Hezbollah n’a pas pris peur. Cela n’a aucun effet sur ses décisions.

Si Monsieur le secrétaire général avait accepté des questions, il aurait été quand même intéressant de lui demander si la décision d’abandonner le Hamas à son sort à Gaza faisait bien ou non partie de ces décisions prises sans prendre en compte la présence de deux porte-avions au large du Liban. Bref, pour l’Iran et le Hezbollah, le message pour le Hamas est simple : courage ! Armons-nous… et partez !

Retrouvez les dernières analyses de Gil Mihaely et de Jeremy Stubbs, de retour de Tel Aviv, sur la guerre entre Israël et le Hamas, dans le nouvel épisode de notre podcast NDLR •

L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

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L’Iran ne cache pas faire de ses relations avec les pays d’Amérique du Sud l’une de ses « priorités » diplomatiques, depuis plusieurs années. Sa rhétorique anti-occidentale y trouve malheureusement des oreilles attentives.


Les récentes prises de position anti-Israël en Amérique du sud sont le résultat à la fois d’une adhésion à l’idéologie décoloniale et d’une influence iranienne de longue date.

Paradoxalement, le retour à la démocratie dans la région a favorisé dans les années 90-2000, l’expansion de cette idéologie qui entremêle anti-impérialisme, anti-occidentalisme, théorie de la domination et du « privilège blanc », antisémitisme antisioniste et défense des musulmans nouveaux « damnés de la terre ». Tandis que les pays latino-américains ressemblaient de plus en plus aux États-Unis et à l’Europe, où cette idéologie se développait également, ils se tournaient de plus en plus vers les nouvelles puissances émergentes anti-occidentales, notamment les dictatures chinoise, russe et iranienne qui ont très vite saisi cette opportunité pour leurs intérêts économiques et géostratégiques.

Mélenchon, Maduro, même topo !

Que le président vénézuélien Nicolas Maduro ait accusé dès le 9 octobre dernier, Israël de « génocide » contre les Palestiniens, après l’annonce israélienne d’une offensive à venir sur de la bande de Gaza, ne pouvait surprendre quiconque est un peu au fait de la vulgate chaviste et des liens désormais anciens entre les régimes vénézuélien et iranien. Au Venezuela, l’emprise islamiste a notamment été favorisée par la nouvelle Tricontinentale anti-impérialiste que Chavez avait tenté de créer en nouant des liens étroits avec les pays arabes et/ou musulmans, producteurs ou non de pétrole, et tout particulièrement avec l’Iran des mollahs. Le ministre de l’Intérieur et (!) de la Justice de 2008 à 2012, Tarek El Aissami, d’origine syro-libanaise a été une pièce majeure du dispositif, fournissant par exemple des passeports vénézuéliens à de nombreux terroristes islamistes.

De même, le communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères considérant l’immense pogrom commis par le Hamas comme « une conséquence de 75 ans de violation permanente des droits inaliénables du peuple palestinien et de la politique agressive et expansionniste d’Israël », n’a rien d’étonnant étant donné la matrice idéologique de Cuba et sa dépendance économique à l’égard des trois totalitarismes anti-Israël (russe, chinois et iranien). En revanche, les mesures brutales d’autres pays de la région à l’encontre de l’État d’Israël sont plus inquiétants.

La Bolivie rompt ses relations avec Israël, les ambassadeurs chilien et colombiens rappelés

Ainsi, mardi 31 octobre 2023, le gouvernement bolivien annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Israël en raison de l’offensive dans la bande de Gaza consécutive aux attaques menées par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre. Le même jour, le Chili et la Colombie rappelaient leurs ambassadeurs en Israël en signe de protestation dans le même sens. Le président colombien Gustavo Petro étant allé précédemment jusqu’à utiliser le terme de « néonazis » pour désigner les personnes « prêchant la destruction du peuple palestinien », et il avait comparé Gaza au camp d’Auschwitz. 

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Non sans fondement, dans sa réaction, Israël a qualifié ces décisions de « capitulation face au terrorisme et au régime des ayatollahs en Iran », selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien dans un communiqué. Hormis la parenthèse du mandat de Mauricio Macri en Argentine (2015-2019) et l’exception uruguayenne, l’ensemble de la région latino-américaine connait en effet à bas bruit, une mise sous influence iranienne depuis de longues années.

L’Iran a conduit une politique étrangère offensive dans la région, notamment depuis 2007 lorsqu’il devint étrangement membre de l’ALBA, cette association politico-économique « bolivarienne ». Et en octobre 2021, l’Iran affirmait encore vouloir « faire des pays d’Amérique latine l’une des priorités » de ses relations commerciales. Par ailleurs, le Hezbollah est bien implanté dans la région. Il s’y est investi dans le narcotrafic et le blanchiment d’argent à travers un réseau de casinos notamment. Mais il se présente également à visage découvert, comme dans l’espace de « la Triple frontière » (au croisement de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay) où il bénéficie du soutien financier et moral de communautés syro-libanaises influentes, autant musulmanes que chrétiennes, implantées depuis plusieurs décennies (et parfois dès la grande vague migratoire transatlantique entre 1880 et 1914). Une mosquée à Foz do Iguaçu (Brésil) et deux à Ciudad del Este (Paraguay), ainsi que deux sheiks – un dans chacun des deux pays -, témoignent ainsi ce cette présence affichée.

L’islamo-gauchiste et le populisme néo-péroniste font bon ménage en Argentine

En Argentine, on sait que plusieurs groupes terroristes islamistes sont actifs depuis les attentats de 1992 contre l’ambassade d’Israël et 1994 contre la mutuelle juive AMIA. En 2007, d’ailleurs, 6 millions de dollars en provenance du Venezuela aurait principalement été distribués à ces groupes basés à Buenos Aires. Mais cette manne aurait également servi à donner un coup de pouce à la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La convergence idéologique islamo-gauchiste avec le populisme néo-péroniste est d’ailleurs très cohérente : reconverti à la dénonciation « décolonialiste », le kirchnérisme exprime désormais le vieux penchant péroniste historique à l’antisémitisme, dans un antisionisme typique du justicialisme du « privilège blanc » qui s’est développé à travers le monde depuis les années 2000 et dont les Juifs, figurés comme des colonisateurs exterminateurs, avides et fourbes, font également les frais.  

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Certes, la fibre populiste se retrouve dans plusieurs pays latino-américains avec ses différentes idiosyncrasies. Par ailleurs, la présence de population d’origine syro-libanaise, et tout particulièrement arabe de Palestine comme au Chili qui a accueilli une forte immigration palestinienne dans les années 50-60, pèse dans la balance en faveur de manifestations de soutien à « la cause palestinienne ». Mais la généralisation récente des discours politiques et des prises de positions gouvernementales anti-Israël à travers toute la région, cette affirmation d’une hostilité latino-américaine à l’égard d’Israël, marque une nouvelle étape dans la constitution d’un bloc anti-occidental de plus en plus puissant à l’échelle internationale.

L’Amérique latine refuse désormais sa dimension « d’extrême-occident » comme pouvait la qualifier avec justesse Alain Rouquier dans les années 80. Aussi la région a-t-elle été pleinement partie prenante du lancement du mouvement « décolonial » dès les années 90 autour notamment des universitaires militants Enrique Dussel et Ramón Grosfoguel. Ceux-ci ne participaient-ils pas avec enthousiasme à « l’École de la pensée critique décoloniale », coordination internationale para-universitaire qui se réunit tous les ans à Caracas depuis 2016 (dans laquelle s’illustre aussi notamment la propagandiste indigéniste Houria Boutelja) ?

Le lointain passé colonial espagnol et l’hypertrophie de l’influence mythifiée des États-Unis font de la région un ancrage de choix pour l’idéologie décoloniale. Le « néolibéralisme » est conçu dans ce discours, davantage comme un système global tendant à asservir les masses du Sud que comme une catégorie économiciste décrivant la modalité actuelle du « stade suprême du capitalisme ». S’y articule alors un antisémitisme justicialiste que l’on retrouve systématiquement dans les déclarations condamnant Israël depuis une bonne vingtaine d’années. Mais que les massacres, les crimes contre l’humanité perpétrés par le Hamas contre plus de 1400 Israéliens, aient pu encore susciter jusqu’en Amérique latine cette sinistre rhétorique des « Juifs qui ont bien mérité ce qui leur arrive », cela constitue un signal d’alarme majeur auquel les démocraties occidentales doivent répondre impérativement avec clairvoyance et courage. Et en premier lieu, en ne faiblissant pas dans leur soutien matériel et moral à l’État d’Israël malgré l’émergence préoccupante de ce « Sud global » vindicatif, autoritaire et belliqueux.

Ahed Tamimi: la haine dévoilée

Ahed Tamimi, « artiste pallywoodienne » selon des médias britanniques, a franchi le pas de trop, celui qui dévoile ce que cachaient ses boucles blondes : elle est une barbare comme les autres.


Toute jeune, déjà…

Les « Français innocents[1] » ne connaissent pas Ahed Tamimi, cette blondinette dont l’existence et la célébrité tiennent dans ses agressions contre des soldats israéliens, armés mais immobiles, que ses parents mettent en scène depuis qu’elle a 7 ans, pour des réalisations Pallywoodiennes cadrées aux petits oignons[2].

La photo ci-dessous fait partie de celles qui ont valu à la fillette, en 2012, le prix Handala du courage, que Recep Tayyip Erdogan lui a remis en main propre à Istanbul[3].

En réalité, ces postures ont été immortalisées par une horde de photographes d’agences de presse mandatés par les parents Tamimi. Ils ont suivi la jeune fille alors qu’elle s’approchait d’un soldat israélien après l’autre, dans l’espoir de provoquer une réaction digne d’une caméra (c’est-à-dire violente). Celle-ci n’a jamais eu lieu, mais ce n’est pas faute d’efforts des metteurs en scène.

Capture d’écran vidéo www.youtube.com/watch?v=uartJGBVHwU

En 2015, Ahed Tamimi n’était pas encore devenue la Greta Thunberg de la lutte contre le réchauffement pacifique entre Juifs et Arabes. La photo ci-dessous la montre en train de mordre sauvagement le bras d’un jeune appelé israélien immobilisé au sol par des harpies palestiniennes au milieu d’une foule hostile[4].

Quelques observateurs s’indignent de la manipulation éhontée des femmes et des filles, de la maltraitance des enfants en Palestine et de l’exploitation artificielle de l’opinion publique par le biais de provocations calculées, d’affrontements mis en scène et de photographes placés à des endroits stratégiques. Mais ils sont peu nombreux. Le narratif de la mini-Jeanne d’Arc est trop séduisant pour que la réalité s’interpose entre lui et son public.

Même son âge a été truqué : chaque média indiquait une date de naissance différente, quelque part entre  1999 et 2004[5]. C’est le prix de l’éternelle jeunesse d’une Gavrochette antisémitiquement correcte. L’administration pénitentiaire israélienne a tranché : elle est née en 2000. Elle a aujourd’hui 23 ans, un âge où l’on doit assumer ses responsabilités.

Ahed Tamimi est l’Assa Traoré palestinienne

Les deux jeunes femmes sont issues chacune d’un clan mafieux. Elles sont mises en scène comme militantes de la cause de racisés qui n’en sont pas. Traoré a  mieux réussi dans la mode que Tamimi, probablement parce qu’elle est plus intelligente. Ou seulement plus prudente.

Ahed Tamimi a tellement l’impression que les médias lui pardonneront toujours tout, qu’elle escalade l’échelle des provocations plus vite que l’ascenseur social.

Le village de 550 habitants de Nabi Saleh, où règne son clan, était un hameau d’à peine cinq maisons à la fin du XIXe siècle, lorsque les Turcs régnaient sur la région. Il s’est lentement développé sous l’occupation militaire jordanienne (1948), puis a décliné lorsqu’Israël a remplacé la Jordanie, en 1967, avant de croître et de prospérer au cours des deux dernières décennies, en particulier grâce à la célébrité des Tamimi comme tueurs de Juifs.

Pendant la « marche du retour », il a été le théâtre de manifestations hebdomadaires. D’après Wikipédia anglais, c’est un endroit où de pacifiques habitants innocents sont agressés sans raison apparente. Dans la version arabe de Wikipédia, Nabi Saleh est un lieu de « résistance populaire » qui se vante d’avoir joué un rôle de premier plan dans deux Intifada, subissant des « centaines d’arrestations » et «17 martyrs sur l’autel de la liberté »[6].

Ahed Tamimi a été bien élevée : dans sa famille, on trouve plusieurs assassins de Juifs[7]. Le tableau de chasse le plus impressionnant appartient à sa tante, Ahlam Tamimi. Elle a été l’instigatrice de l’attaque terroriste contre la pizzeria Sbarro, à Jérusalem, qui a fait 15 victimes dont 8 mineurs et 130 blessés, en 2001[8]. Ahlan est l’héroïne incontestée de Nabi Saleh. Son courage pour avoir posé une bombe humaine dans une pizzeria, dans l’estimable objectif de tuer un maximum d’enfants juifs est encore célébré aujourd’hui.

Reconnue coupable par un tribunal israélien en octobre 2003, elle a été condamnée à 16 peines de prison à vie consécutives. Le président du tribunal, l’ayant entendue revendiquer fièrement les meurtres et les mutilations, a ajouté qu’Ahlan Tamimi ne devrait « pas être éligible à la grâce du commandant militaire, ni à une libération conditionnelle anticipée par tout autre moyen ». Pourtant, elle a été l’un des 1027 criminels échangés en 2011 contre le franco-israélien Guilad Shalit. Pendant son incarcération, chaque mois, au titre de la loi « pay for slay » (payer pour tuer), financée par l’UE et les USA, elle touchait de l’Autorité palestinienne une rémunération représentant 5 fois le salaire minimum palestinien.[9]

Elle vit désormais en Jordanie, où elle a épousé un autre de ses cousins, terroriste de métier, lui aussi. L’événement a été retransmis en direct sur les principales chaînes de télévision jordaniennes. Son mari a été expulsé vers le Qatar en 2020[10]. De son côté, elle soigne sa célébrité, et pas qu’au Moyen-Orient : elle a sa propre émission hebdomadaire (dont le titre en français est « Brises de liberté »[11]), promue par le Hamas, diffusée le week-end par satellite et en vidéo en continu sur les télévisions des foyers arabophones de tous les continents. 

Huit ans auparavant, leur cousin Said Tamimi avait tué un Juif habitant une implantation proche de Ramallah, un « colon » en français, dont le meurtre avait été célébré par une distribution de bonbons jusque dans les banlieues françaises, bien qu’à l’époque, il fût interdit de le mentionner.

Le père d’Ahed, Bassem, qui envoyait des enfants jeter des pierres aux soldats tout en se prétendant adepte de la non-violence, a fini par être arrêté pour incitation à la violence. Cela a séduit Amnesty International qui a dépensé une bonne partie de son budget pour lui organiser, en 2013, une tournée triomphale dans des universités américaines[12].

Bassem Tamimi reçoit un salaire de l’Autorité palestinienne, qui est financée par l’UNRWA, l’agence de l’ONU consacrée exclusivement aux « réfugiés palestiniens » de pères en fils depuis 1950. Mais, comme des milliers d’autres Arabes palestiniens payés par cette administration, il a admis dans le New York Times Magazine[13] qu’il n’a presque jamais besoin de se présenter à son bureau ou de travailler, tout en rejetant la faute sur les Israéliens. Ce qui va sans dire va encore mieux en le geignant.

Petite incitatrice au meurtre deviendra grande

Ahed Tamimi a commencé par faire campagne pour que le monde entier frappe des soldats israéliens, « qu’ils aient fait quelque chose ou pas[14] » :

C’est alors qu’elle a été arrêtée et condamnée à 8 mois de prison, non parce qu’elle avait « giflé un soldat », comme le prétend le chœur des journalistes dont « le terrain » est le fil AFP, mais parce qu’elle a incité, une fois de trop, au nettoyage ethnique des Juifs du Moyen-Orient.

Elle ne tient plus la vedette depuis sa sortie de prison. Elle y a passé son temps à réviser son bac et à prendre des « cours de cuisine avec ses codétenues.[15] » Du coup, elle a pris 20 kilos en huit mois.

À peine sortie de prison et fêtée à Nabi Saleh comme Issa[16] sorti du caveau, elle est passée à l’incitation nominative. En mars 2019, elle a appelé à l’assassinat d’un député israélien, Yehuda Glick : « Mon âme est dégoûtée quand je comprends qu’il reste en vie. Ce serait mieux s’il était mort. Je le déteste. Yehuda Glick est la personne la plus dégoûtante de la planète. D’après la religion, il est halal de le tuer », a-t-elle Instagrammé le 3 mars 2019[17] :

Ahed Tamimi : icône ou e-conne ?

Après le 7 octobre 2023, il y a eu un changement dans les opinions publiques occidentales : les antisémites se sont radicalisés et les autres ont pris conscience que des amateurs de décapitations infantiles pouvaient surgir du jour au lendemain au milieu de civils. L’enthousiasme des seconds vis-à-vis des « icônes de la résistance » a notoirement baissé.

Bien que les médias continuent à l’appeler « activiste » ou « militante », Ahed Tamimi fait partie de la première catégorie. Le 31 octobre 2023, elle s’est lâchée :« Notre message à la meute de colons – nous vous attendons dans toutes les villes de la Cisjordanie, de Hébron à Jénine. Nous vous égorgerons et vous vous direz que ce que Hitler vous a fait était une plaisanterie. Nous boirons votre sang et mangerons vos crânes. Allez, on vous attend.[18] »

Prenant en compte le virement à droite de leurs publics, les médias occidentaux ont fait mine de s’offusquer et de découvrir ce qui ne pouvait plus être celé, au moins depuis 2019.

 Ahed Tamimi, c’est la joie de tuer à l’état brut, en rien différente de celle des barbares du 7 octobre. On est loin de la réflexion désabusée des parents d’une des victimes de sa tante, qui avait 14 ans quand elle a été assassinée à la Pizzeria Sbarro :

« Nous nous demandons combien de fois l’opinion publique sur les vies complexes et la guerre non désirée dans lesquelles nous et nos voisins vivons, est formée par des personnes qui ne parlent pas les langues locales et ne connaissent pas grand-chose de l’histoire ou de la géographie. N’ayant ni la capacité ni parfois la volonté d’approfondir la question, ils doivent se contenter de lire des récits romancés, des fresques peintes sur les murs, des analyses politiques élaborées par des spécialistes des relations publiques, des photographies mises en scène et d’autres images tendancieuses.[19] »


[1] Dixit Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic.

[2] www.youtube.com/watch?v=CbwTgJsJqS0

[3] www.aljazeera.com/news/2017/12/20/palestinian-ahed-tamimi-arrested-by-israeli-forces/

[4] www.focusonisrael.org/tag/ahed-tamimi-shirley-temper/

[5] https://thisongoingwar.blogspot.com/2017/12/28-dec-17-so-how-old-is-tamimi-girl.html

[6] https://web.archive.org/web/20130520104602/http://ar.wikipedia.org/wiki/ال

[7] https://thisongoingwar.blogspot.com/2016/07/24-jul-16-sociopaths-savagery-and.html

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahed_Tamimi#

[9] Grille des salaires visible ici : www.jewishvirtuallibrary.org/palestinian-authority-financing-of-terrorism

[10] www.newarab.com/news/jordan-deports-husband-us-wanted-palestinian-ahlam-al-tamimi

[11] https://thisongoingwar.blogspot.com/search/label/Breezes%20of%20the%20Free

[12] www.tabletmag.com/sections/news/articles/why-is-amnesty-international-sponsoring-a-u-s-tour-for-a-palestinian-promoter-of-the-blood-libel

[13] www.nytimes.com/2013/03/17/magazine/is-this-where-the-third-intifada-will-start.html

[14]www.youtube.com/watch?v=TjMii7H22Fk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.israellycool.com

[15] https://mabatim.info/2018/08/05/ahed-al-tamimi-la-leonarda-palestinienne/

[16] Yeshoua en V.O., Jésus en français.

[17] www.israellycool.com/2019/03/03/shirley-temper-ahed-tamimi-encourages-murder-of-israeli-mk-yehuda-glick/

[18] www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1698760135-l-activiste-ahed-tamimi-aux-juifs-des-implantations-nous-vous-egorgerons-et-boirons-votre-sange

[19] https://thisongoingwar.blogspot.com/2013/03/17-mar-13-little-village-in-hills-and.html

La France d’après arrive, et elle n’est pas belle à voir

Cette France où l’extrême centre se radicalise et où la jeunesse n’emmerde plus le Front national fait peur, et elle vous fera presque regretter cette « gauche Velib » qui avait voté Macron lors de sa première élection… Explications.


Et si Jérôme Fourquet était un peu le fils caché d’André Siegfried, pionnier de la sociologie électorale du début du XXème siècle, et d’Emmanuel Todd, l’homme qui avec des cartes et des données avait prédit la chute de l’URSS dès 1976 ?

Après l’Archipel français, le très médiatique sondeur continue d’ausculter La France d’après (Seuil), une France à deux vitesses au moins, celle qui boit du café en capsule et celle qui le boit en dosette.

Dans L’Argent, Charles Péguy situait en 1880 le moment où le pays est passé du monde ancien à la modernité. Pour Jérôme Fourquet, une autre grande bascule, ce fut 1992. 1992, c’est le moment où la France vote Maastricht (de peu). 1992, c’est aussi le moment où l’usine de Renault de Billancourt ferme. 1992, c’est enfin l’ouverture de Disneyland…


Avec ce nouvel ouvrage stimulant, Jérôme Fourquet montre à travers une série de monographies régionales et de données statistiques l’état des esprits dans la France de Macron ; le lecteur apprend à distinguer la France qui mange au kebab de celle qui danse le country ; celle qui lit les pages saumons du Figaro et celle qui lit les pages Débats ; la France acquise à la laïcité de longue date et la France catholique zombie, qui ne va plus forcément à la messe mais qui a finalement boudé le parti animaliste lors des Européennes de 2019.

La macronie a changé de groupe sanguin

La séquence électorale de 2022 est passée par là, donnant son lot de précisions et de confirmations des grandes tendances à l’œuvre. Elle a continué d’accélérer la chute des deux anciens partis de gouvernement, le PS et LR. Emmanuel Macron est parvenu à se qualifier une deuxième fois au second tour, non sans avoir changé une partie de son socle électoral. Exit l’électorat de l’Est parisien, qui constituait encore le gros des troupes du macronisme de gauche en 2017, ce que Jérôme Fourquet appelle la gauche « Vélib’ ». Déçue par la tournure du premier quinquennat, elle est venue renforcer la Nupes cinq ans plus tard. En fait, Macron a vu un quart de son électorat du premier tour de 2017 disparaître dans la nature. S’il fallait chercher un archétype de cet électorat, on pourrait citer Cédric Villani, élu député LREM il y a six ans qui a fini candidat Nupes en juin 2022. Sur le média Le Crayon, Villani réagissait récemment à la déclaration d’amour d’Emmanuel Macron à « la bagnole » (le 24 septembre dernier dans une énième intervention télévisée) en des mots peu tendres, dénonçant « le demi-siècle » de retard du président, à la manière d’une Greta Thunberg à barbe et scarabée.

Cédric Villani, mathématicien, février 2017. SIPA.

Délesté de son aile gauche, le candidat Macron a en revanche fait le plein de voix parmi l’électorat filloniste de 2017. 37% des électeurs de François Fillon ont choisi Macron au premier tour en 2022. En fait, la mutation avait commencé dès les Européennes, en 2019, quelques semaines après que l’Ouest parisien a vu défiler sous ses fenêtres les gilets jaunes ; la liste du malheureux François-Xavier Bellamy et ses inquiétudes de prof de philo catholique n’avaient pas fait le poids face au macronisme, soudainement érigé en parti de l’Ordre. Fourquet compare cette mutation de la composition du vote macroniste à un changement de groupe sanguin chez un individu, phénomène extrêmement rare mais qui peut arriver à la suite d’une greffe de moelle épinière.

Surtout, le vote Macron est celui des vainqueursde la mondialisation. Fourquet décortique les scores du candidat LREM dans le vignoble bourguignon, territoire qui exporte très bien ses vins et fait vivre tout un tas de professions qui gravitent autour de la vigne. Les scores du président Macron, élevés (43,6% au premier tour à Volnay, 41,3% à Pommard) sont presque corrélés à la qualité des crus ; on pourrait se rendre à la foire aux vins avec une carte électorale. Dans le bordelais, en revanche, où des groupes financiers ont mis la main sur beaucoup de châteaux et où la viticulture emploie principalement une main d’œuvre d’Europe de l’Est et du Maghreb, la rente du vin fait vivre moins de monde, et moins bien : au premier tour, Macron domine à Saint-Emilion mais Marine Le Pen l’emporte dans le Médoc. Quant à l’ancien Languedoc-Roussillon, malgré un effort de montée en gamme, le pays vit bien plus chichement et est un bastion du lepenisme.

Des îlots de prospérité en plein cœur de la France périphérique

Il y a également la France des stations balnéaires, des stations de ski, les frontières suisses et luxembourgeoises qui constituent des halos privilégiés en plein cœur de la France périphérique. Dans une très grande couronne encerclant l’Île-de-France (ce que Fourquet appelle « la marge francilienne »), comprenant l’Eure, la Somme, la Seine-et-Marne, l’Yonne et le Loiret, l’auteur détecte une sorte de no man’s land pavillonnaire, constituée d’une population perpétuellement sur la route, regardant le cours du gasoil à la pompe comme le peuple parisien regardait le cours du blé à la mi-juillet 1789. Des territoires qui ne sont pas encore Paris, plus tout à fait la Bourgogne, la Normandie ou la Picardie, où les habitants n’ont pas d’identité régionale forte, où l’on n’a pas de club de foot majeur à supporter. Ces territoires ont été le terreau de la révolte des gilets jaunes (quelques figures du mouvement en étaient issues) et ont aussi envoyé plusieurs députés RN en juin 2022 à l’Assemblée nationale. Au milieu de ces territoires acquis au RN, quelques communes font de la résistance et placent en tête le candidat Macron : Fontainebleau, Barbizon, Chantilly ou Giverny. La France des châteaux et des musées tient le choc, au même titre que certains territoires privilégiés comme le Luberon. Comme si France avait créé des gated communauties (ces quartiers résidentiels fermés qui existent en Amérique du Sud et du Nord) mais « à la française », sans clôture ou gardes armés, mais épargnés par la marginalisation grâce aux sites touristiques ou aux vignobles prestigieux qu’ils renferment. Dans la France archipélisée, des îlots de prospérité se distinguent, délimités par le limes entre votre RN et votre LREM.

Dans l’ensemble du pays, des conflits d’usage du territoire apparaissent un peu partout, opposant ceux qui doivent se déplacer ou ceux qui vivent ou vivaient d’une industrie polluante d’un côté, et les partisans d’une France bucolique et écolo de l’autre. Dans la Vologne, la nette amélioration de la qualité de l’eau, à la suite des fermetures d’usine, a permis d’accueillir certaines épreuves du championnat du monde de pêche à la truite ; ce qui n’a pas tellement calmé la grogne des anciens ouvriers du coin, définitivement acquis à Marine Le Pen. Ça nous renvoie au débat qui avait opposé Arnaud Montebourg, champion de la démondialisation, à Michel Houellebecq, favorable à une France des hôtels et des spas, au début des années 2010. En 2013, l’écrivain répondait ainsi au Point :

« Je ne tiens pas à en faire état excessivement, mais je suis issu d’un milieu pauvre, j’ai été élevé par mes grands-parents, qui étaient des prolétaires, et certains dans leur famille avaient effectivement travaillé dans les hauts-fourneaux. Leur témoignage était unanime : c’était l’enfer. Ils avaient quitté leurs campagnes poussés par une misère atroce et ils s’étaient retrouvés en enfer ; leur grande crainte, c’était de mourir avant d’avoir pu profiter de leur retraite, leur grande crainte était de se tuer à la tâche, et ce n’était pas une hyperbole. Ouvrier d’usine à la chaîne, c’est quand même une condition inhumaine et ignoble. Donc, moi, la nostalgie des hauts-fourneaux, je ne marche pas bien là-dedans. C’est un peu égoïste, mais, si les damnés de la terre sont maintenant des Indonésiens, ma première réaction n’est pas de m’en plaindre » 

L’extrême centre se radicalise

Fourquet dessine un bloc élitaire qui a renforcé sa conscience de classe et sa cohérence idéologique avec l’apparition d’Emmanuel Macron. Il est plus européiste qu’il ne l’était au moment de Maastricht. Les élites qui votaient jadis le PS, le RPR et l’UDF avaient chacune leurs valeurs propres. Avec la macronie, elles se sont fondues dans un même ensemble de valeurs. En quelque sorte, l’extrême centre, lui aussi, s’est radicalisé ; réuni dans la macronie, il peut désormais se passer du vote populaire, réparti entre le RN et LFI, durablement irréconciliables. Le bloc élitaire est plus international, plus mondialisé. L’Express serait son bulletin paroissial. Jadis sédentaires, les Français des winners de la mondialisation travaillent plus volontiers à l’étranger qu’au moment de Maastricht. Ils parlent aussi davantage l’anglais, aussi nécessaire pour s’intégrer dans la mondialisation que ne l’était le latin pour entrer dans le clergé au Moyen Âge. Malgré un déficit commercial qui s’est alourdi, la France exporte beaucoup plus de biens qu’en 1992 ; toute une population tire profit de la mondialisation et n’a pas du tout envie que les frontières se referment. Le Rassemblement national lui fait à peu près autant horreur que la France insoumise.

La jeunesse n’emmerde plus le Front National

Fourquet repère des constantes et surtout des ruptures. Les ruptures, c’est la disparition du communisme municipal en Seine-Saint-Denis, où les maires chaudronniers ont été remplacés par des édiles consultants en marketing. C’est la fin des Marie et des Maria en Corse, mais aussi des lucioles, les premières, victimes d’une déchristianisation récente mais massive, les secondes d’une bétonisation de l’Île de Beauté, à grand renfort de centres commerciaux et de parkings. Les jeunes corses boudent les processions villageoises, pour préférer les concerts de maître Gim’s même si le vote nationaliste corse se porte bien.

Fourquet observe aussi l’évolution des classes d’âge : les 18-24 ans de 2002, qui ne votaient Jean-Marie Le Pen qu’à hauteur de 7% au second tour, ont désormais entre 38 et 44 ans. En 2022, ils ont voté pour la fille de ce dernier à hauteur de… 47%. C’est comme si cette jeunesse, qui « emmerdait » jadis le Front National avec Bérurier Noir, avait depuis téléchargé les morceaux de Docteur Merlin ! Et puis, il y a aussi des étrangetés, presque imperceptibles depuis Paris. Les Bonnets rouges bretons, le vote régionaliste alsacien, le parti animaliste et surtout Jean Lassalle. Ce dernier, perçu au-dessus d’un axe La Rochelle-Oyonnax comme un poète félibre pas toujours compréhensible, fait de très beaux scores en dessous, non seulement dans ses Pyrénées natales, mais aussi dans les autres régions montagnardes, à commencer par la Corse. Fourquet propose même un graphique corrélant l’altitude de la commune et l’ampleur du vote Lassalle : entre 750 et 1 500 mètres d’altitude, Lassalle est à deux doigts de décrocher le maillot du meilleur grimpeur. Il s’essouffle en revanche quand on approche des stations de ski luxueuses.

A défaut de lire dans le marc de café, Jérôme Fourquet distingue la France qui le boit en capsule de celle qui le boit en dosette. A la fin, il propose toutefois une prospective au sujet des trois blocs électoraux : LREM, RN et LFI. Aujourd’hui, le Rassemblement national apparaît aux yeux de Fourquet comme le bloc le plus solide ; sa victoire en 2027 semble de moins en moins inenvisageable. Il y a en fait une course contre la montre entre l’ensauvagement du pays (l’auteur consacre de nombreuses pages à l’impressionnante montée de la violence dans la société) qui pousse une partie de l’électorat dans les bras de Marine Le Pen, et le raidissement du bloc élitaire qui ne veut surtout pas sortir de la mondialisation.

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Affaire Guillaume Meurice: aujourd’hui, on doit se contenter de peu!

Le comique de France inter Guillaume Meurice a été opportunément critiqué par sa directrice, Adèle Van Reeth (à droite, sur notre photo), suite à ses propos douteux, et c’est heureux. Il faut s’en contenter, alors que d’autres manifestations plus déplorables de la détestation d’Israël ou des juifs sont constatées dans le pays.


Ce billet ne va pas briller par l’optimisme ni respirer la joie de vivre mais dans ce monde fou, qui pourrait faire la fine bouche et, au prétexte que les enthousiasmes nous sont interdits, ne pas égrener quelques petites joies ? Dans un univers qui, en France comme ailleurs, porte plus au désespoir qu’à l’allégresse, on me pardonnera donc, au risque de cultiver le minimalisme, de me satisfaire de presque rien, de piécettes susceptibles de redonner un peu le moral. Kylian Mbappé a heureusement fait oublier ses bêtises angéliques sur la mort de Nahel avec son extrême et discrète générosité pour les enfants dont il est l’idole, notamment avec l’association Premiers de cordée. On peut discuter la pertinence de sa phrase – « Mes erreurs guident les jeunes autant que mes succès »[1] – mais on voit bien ce qu’il veut signifier.

Justification vaniteuse

À la suite de l’insulte antisémite proférée sur France Inter par Guillaume Meurice – Benyamin Netanyahou, « une sorte de nazi sans prépuce »[2] – et de sa justification vaniteuse selon laquelle il s’inscrirait dans la lignée de Georges Brassens, bien avant que la plainte portée contre lui aboutisse peut-être à une condamnation, il convient de saluer la critique formulée par la directrice de cette radio, Adèle Van Reeth. Elle a exprimé plus que son malaise face à cette ignominie verbale alors que le pogrom du 7 octobre était encore dans toutes les têtes, les douleurs et les mémoires. Il n’y aurait pas lieu de se féliciter de cette réaction directoriale si nous n’avions pas été habitués depuis des années à une totale passivité, sur ce plan, de la hiérarchie de Radio France et de France Inter. Je ne sais pas si Adèle Van Reeth, qui a déjà déplacé au dimanche soir la bande de Charline Vanhoenacker, ira jusqu’à une sanction disciplinaire mais peu importe au fond : quelque chose a bougé, pour une fois, dans la radio publique ; et c’est bon.

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Guillaume Meurice a refusé de s’excuser mais a heureusement trouvé le prétexte d’une dénonciation par un député RN[3] pour se retrouver sur un terrain qu’il affectionne mais qui n’a rien à voir avec la « saleté » qu’il a proférée : un parti créé « par les SS » n’aurait pas droit de critiquer son « une sorte de nazi sans prépuce ». Adèle Van Reeth a clos ce débat en ajoutant ceci qui est limpide : « pour beaucoup, une limite a été franchie: non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité ».

Une jeunesse inquiétante, Mélenchon contesté à gauche

Les propos antisémites tenus dans le métro par un groupe de tout jeunes, ont entraîné l’ouverture d’une enquête et scandalisé. Il s’agit moins à mon sens d’un « antisémitisme décomplexé » – qui, parmi eux, avait la moindre culture historique ? – que d’une provocation suprême cherchant à choquer par ce qui aujourd’hui est le péché capital : l’antisémitisme, le racisme et le nazisme. Moins un acte politique qu’une pochade collective très saumâtre !

En tout cas elle a été prise au tragique et c’est tant mieux. Avec, il est vrai, en plus, la multitude des propos et actes antisémites que l’horreur du 7 octobre, selon une logique odieuse et épouvantablement contagieuse, a engendrés. La barbarie plus comme excitant que tel un absolu repoussoir !

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En abordant un thème politique, il me semble que le citoyen que je suis, quoi qu’il pense par ailleurs, est fondé à se réjouir quand il constate le délitement de la Nupes et surtout que, les langues se déliant et la crainte se dissipant, Jean-Luc Mélenchon est de plus en plus contesté. Non pas seulement comme hier pour ses excès, ses fureurs et un pouvoir personnel longtemps indiscuté mais pour ce que, depuis quelque temps, il a de profondément négatif à l’égard de son propre camp. Comme s’il n’était animé que par une unique obsession : avoir tort contre tous et s’en faire une gloire. On n’a jamais attaché assez d’importance à la trajectoire jusqu’au-boutiste d’un Mélenchon acharné à faire oublier, par ses délires extrémistes, le traditionnel militant mitterrandien sénateur et secrétaire d’Etat qu’il a été. Le retour des gauches « irréconciliables » est une excellente nouvelle et comment ne pas apprécier à sa juste valeur cette affirmation de Pierre Jouvet, secrétaire national du PS en charge des élections : « Mélenchon apparaît comme une personnalité plus effrayante que Le Pen »[4].

J’ai conscience d’offrir peu de grain à moudre à ceux qui rêveraient de grands espaces et de belles exaltations mais acceptons qu’en cette période, ce soit déjà beaucoup que le moindre mal, à défaut d’un bien plus stimulant.


[1] https://www.leparisien.fr/sports/football/psg/les-confidences-de-mbappe-sur-son-role-avec-les-jeunes-mes-erreurs-les-guident-autant-que-mes-reussites-01-11-2023-MKQN34W5NRBE5MTVPJ6ISX7U2Q.php

[2] https://www.causeur.fr/guillaume-meurice-bal-de-la-quenelle-tragique-a-france-inter-un-porc-268897

[3] Thomas Ménagé NDLR

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/pierre-jouvet-ps-melenchon-apparait-comme-une-personnalite-plus-effrayante-que-le-pen-20231101

Hamas: pour la gauche belge, il faut avant toute chose «contextualiser»

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La socialiste Éliane Tillieux, présidente de la Chambre des représentants de Belgique, Image d'archive © Shutterstock/SIPA

Chez nos voisins du nord, on aime aussi beaucoup comparer les juifs aux nazis, comme un certain comique de chez nous.


La gauche belge, qui n’échappe pas plus à l’antisémitisme que l’ensemble de la gauche européenne, ne se cache plus. Lors de l’attaque du Hamas, apte, par sa férocité, sa cruauté et sa bestialité, à révulser tout être humain, elle a voulu « contextualiser » les faits quand il ne s’agissait pas, purement et simplement, de renvoyer dos-à-dos agresseur et agressé. Certains voient dans cet antisémitisme le prix à payer à leur nouvel électorat, d’autres rappellent que la gauche, dans ses textes fondateurs, est ontologiquement antisémite. N’oublions pas que le capital est, comme chacun sait, entre les doigts – crochus – des Juifs en général et d’Israël en particulier !

Mais cet antisémitisme socialiste assumé a fini par faire revenir dans nos mémoires la seconde moitié des années trente allemandes. Les reductio ad Hitlerum sont le plus souvent sans objet et même franchement casse-pieds, mais force est reconnaître qu’en ce cas, il y avait un cousinage des plus malsains.

Inversions accusatoires

Dans ce cas, il existe pour se défendre une technique éprouvée : l’accusation inversée. Pour ceux qui ne connaîtraient cette étonnante stratégie, voici un bref explicatif. Vous cognez régulièrement votre femme et vous sentez une réelle désapprobation poindre dans votre entourage. Vous ne faites ni une, ni deux, vous accusez votre épouse d’être violente. Sur un malentendu, ça peut marcher, comme disaient les Bronzés.

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Deux leaders socialistes belges ont donc pensé qu’ils tenaient là la tactique idoine pour se dédouaner. Leur antisémitisme, rebaptisé antisionisme, évoque pour beaucoup une parenté avec le nazisme ? N’hésitons plus et accusons sans vergogne les Israéliens de nazisme !

Et il ne s’agit pas de troisièmes couteaux du Parti Socialiste ! Tout d’abord, André Flahaut, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Chambre, a jugé judicieux de tweeter que « Gaza aujourd’hui, c’est Varsovie hier », faisant référence au tristement célèbre ghetto de Varsovie, où des dizaines de milliers de Juifs arrêtés furent envoyés à Treblinka. Pour la petite histoire, l’actuelle présidente de la Chambre, Éliane Tillieux, socialiste elle aussi, a “aimé” la publication d’André Flahaut, puis s’est rétractée.

André Flahaut n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il adore comparer Israël au IIIème Reich, c’est son grand passe-temps. En 2008 déjà, lors d’une manifestation pro palestinienne, il avait établi une comparaison entre la politique d’Israël et le nazisme et fut d’ailleurs condamné pour cela à la suite d’une plainte du CCOJB (Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique).

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Le deuxième larron à tenter l’accusation inversée pour se dédouaner de sa puante compassion pour les terroristes gazaouis est Jean-Pascal Labille, ancien ministre fédéral. Le PS l’a recasé comme secrétaire général de Solidaris, la puissante mutualité socialiste. Et donc ce distingué Secrétaire général a posté sur les réseaux sociaux un visuel assez explicite où l’enclave palestinienne, dégoulinante de sang est mitraillée par Tsahal sous le regard bienveillant de l’UE et des États-Unis. Sur les murs de cette enclave est dessinée l’étoile de David mélangée à une croix gammée. Jean-Pascal Labille s’est depuis excusé parce qu’on l’avait mal compris. Ce qui est assez curieux, d’ailleurs. Moi, quand on me comprend mal, je ne m’excuse pas, je répète.

Aphrodisiaque

Et puisqu’à l’instar des LFI, les socialistes belges souhaitent à toute force établir des comparaisons avec l’Allemagne nazie, je leur proposerais plutôt de visionner les images de l’aéroport du Daguestan où des hordes de musulmans, ayant appris l’atterrissage d’un avion en provenance d’Israël, se sont livrés à une chasse aux Juifs qui rappelle avec insistance les rafles chères aux Nazis et les pogroms qui suivirent.

Mais les socialistes partagent avec nos invités du désert une haine irrationnelle contre Israël, que beaucoup d’entre eux seraient incapables de situer sur une carte. Après tout, Hassan II n’affirmait-il pas que « le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque des pays arabes » ? Si ça se trouve, nos socialos ramollis ont simplement envie de bander !

Israël et la Palestine: deux États…

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Ramallah, 24 octobre 2023 © Christophe Ena-POOL/SIPA

Une solution, vraiment?


Depuis 1993, la « bien-pensance » qui psalmodie l’antienne politiquement correcte de la solution dite « à deux États » est, de mon point de vue, dans le déni des réalités. N’osant pas dire les choses qui fâchent telles qu’elles sont, ses partisans les projettent telles qu’ils voudraient qu’elles fussent.

Le premier constat que je fais, c’est que le « peuple palestinien » n’a jamais existé à proprement parler.

Le généticien Michael Hammer de l’Université de l’Arizona a découvert que le chromosome Y des Arabes du Moyen-Orient est quasiment « impossible à distinguer de celui des Juifs ». L’équipe de la généticienne Ariella Oppenheim de l’Université de Jérusalem a entrepris une étude complémentaire à la précédente en se focalisant sur des Juifs ashkénazes et séfarades versus des Arabes israéliens et palestiniens ; la conclusion est que ces hommes ont « des ancêtres communs au cours des derniers milliers d’années ». Ces résultats correspondent aux récits historiques selon lesquels certains Arabes musulmans descendent de chrétiens et de juifs qui vivaient dans le sud du Levant, une région qui comprend Israël et le Sinaï. Ils seraient les descendants d’un noyau de population vivant dans la région depuis la préhistoire. Encore au début du XXème siècle, les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique, sont qualifiés de « Palestiniens ».

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À titre anecdotique, j’ai dans mon ADN autant de gènes asiatiques de l’ouest, caucasiens et turcs, que de gènes juifs misrahi irakiens et israéliens… Alors que je suis née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge !

Le deuxième problème, à mes yeux, c’est que le sentiment d’appartenance nationale n’existe que s’il est représenté par une histoire qui le structure et par des dirigeants qui le personnifient ; s’il reste une abstraction sémantique, il ne peut y avoir de vrai appartenance patriotique au-delà de l’exaltation du moment.

Or, qui « est » aujourd’hui « le peuple palestinien » ?

Objectivement, « le peuple palestinien » est une projection romantique du ressenti identitaire de ce que l’on appelle la « rue arabe » au Moyen-Orient, du lexique humanitaire des ONG… et de la propagande islamo-gauchiste verte et rouge du 9 cube dont la plupart des habitants n’ont jamais mis les pieds en « Palestine » !

Après la mort de Yasser Arafat, les positions molles et ambiguës de Mahmoud Abbas l’ont totalement démonétisé, lui et son parti, le Fatah. Aucun leader politique charismatique ne s’étant imposé, ce sont les religieux qui ont pris la main et en l’occurrence les terroristes islamistes de la branche armée du Hamas.

Qu’en vingt ans, pas un seul Palestinien dans le monde ne soit rentré au bercail pour incarner la « nation palestinienne » peut interroger… Alors même que la diaspora est riche de plusieurs millions de cerveaux brillants, de la Jordanie au Chili, en passant par la Syrie et le Liban ; sans oublier Londres, New-York et les principales places financières du monde, où l’on retrouve des « Palestiniens » dans les conseils d’administration de la plupart des multinationales ! À l’évidence, cette élite intellectuelle et économique, idéologiquement acquise à la création d’un État palestinien, a fait, depuis bien longtemps, sa vie et sa réussite sur les quatre continents. Et aucun de ces Palestiniens ne semble avoir eu la vocation d’incarner le Petit Père de la Nation palestinienne !

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Un dernier point qui me semble important à considérer, et qui n’est guère évoqué : l’État Palestine, ainsi créé, compterait aujourd’hui un peu plus de 5 millions d’habitants. L’un des plus petits pays du monde, dont les ressources, l’IDH (Indice de Développement Humain), le PIB national et le revenu par habitant n’auront rien à voir avec la situation économique de l’État d’Israël, son voisin, avec lequel il devra partager, entre autres, Jérusalem et le shekel…

Car, si la bien-pensance humaniste et progressiste accuse les Israéliens d’être les vils « colonisateurs » des Palestiniens et considère ces derniers comme des « résistants », cette même bien-pensance oublie que les juifs ont été les premiers « colons » sur la terre d’Israël. Que s’il existe un écart économique abyssal entre Israël et ses voisins « palestiniens », c’est grâce au travail titanesque accompli en 75 ans par les juifs pour faire de leur pays ce qu’il est aujourd’hui.

Alors, avant de ressortir du chapeau une fois de plus la solution miracle des deux États, on devrait se poser la question : s’il n’y a pas un seul juif qui vit et travaille dans les territoires « palestiniens » et qu’en revanche, on compte plus de 20% d’arabo-musulmans israéliens établis en Israël ; auxquels s’ajoutent ceux qui viennent y travailler tous les jours… Ce n’est sans doute pas sans raisons.

«Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

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Julien Odoul (RN), député de la 3ème circonscription de l'Yonne. D.R.

Islamisme. Si Gabriel Attal a donné des consignes claires pour que les élèves ne rentrent plus dans nos établissements scolaires en abayas ou qamis, il laisse les « mamans voilées » s’afficher aux côtés des élèves lors des sorties scolaires.


Provocation, intimidation, menace et victimisation… Telle est la stratégie des islamistes et de leurs relais pour avancer leur idéologie dans la société française. Le maire de Francheville dans le Rhône est la dernière cible de cet islam politique en apparence inoffensif mais réellement conquérant. 

En effet, l’édile a refusé de se prendre en photo aux côtés d’une étudiante qui portait le voile lors d’une cérémonie de remise des prix pour les bacheliers. Cette séquence aura eu pour effet immédiat une véritable fatwa lancée sur les réseaux sociaux par une nuée d’intégristes et de fanatiques, dont le CCIE (ex CCIF), officine islamiste dissoute par le ministère de l’Intérieur en 2021 puis reconstituée. 

Être jeté en pâture pour avoir osé défendre nos principes républicains et nos valeurs, c’est ce que subissent bon nombre de professeurs, quotidiennement, au sein de leurs établissements scolaires, et même en dehors. Pour tenter de faire appliquer le principe de laïcité à l’école, la loi du 15 mars 2004 a instauré l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics. Quel est le bilan vingt ans plus tard ? Une explosion des atteintes à la laïcité (+150% sur l’année 2022), une recrudescence des revendications politico-religieuses, un débat de société sur les tenues islamiques, un professeur d’histoire-géographie décapité en 2020, un professeur de français égorgé en 2023. 

Non, l’islamisme ne recule pas. Il progresse et colonise inlassablement au rythme des reculades régulières de l’État régalien devenu peu à peu l’État régaRIEN. 

Plus de trente ans après l’affaire dite des « foulards de Creil », aucune offensive républicaine et laïque n’a été menée contre ceux qui nous haïssent et veulent remplacer nos lois et notre mode de vie. Pire, l’inaction voire le refus d’agir contre ces fossoyeurs de la République nous conduit aujourd’hui dans une impasse : l’assimilation a été abandonnée en rase campagne, l’intégration a montré l’étendue de ses échecs. Depuis des années, par lâcheté, clientélisme ou électoralisme, certains irresponsables ont même contribué à alimenter le carburant de l’islamisme et à laisser se propager cette idéologie totalitaire.

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L’école devait être un rempart infranchissable. Elle est aujourd’hui une proie facile. 

L’entrisme islamiste se combat au sein même de l’école de la République, mais doit être banni partout dans le cadre scolaire. Dès lors, comment peut-on accepter que des parents puissent manifester leur appartenance religieuse lors des sorties scolaires ? Comment tolérer que des jeunes filles portant l’uniforme islamiste puissent recevoir un prix ou un diplôme des mains du proviseur, du recteur ou du préfet ?

Récemment, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, s’est dit opposé à la lutte contre le prosélytisme religieux au « nom du droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires ». Derrière l’interdiction des abayas, le laxisme reste la marque de fabrique de ce gouvernement qui refuse d’agir concrètement préférant les coups de communication. D’autres invoquent des arguments absurdes, préférant nous expliquer que l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices signerait la fin des sorties scolaires, et ce, par manque d’accompagnateurs. Ce qu’il faut comprendre, en réalité, c’est que les femmes non-voilées dans certains quartiers français ne sont plus qu’une minorité.

Pour répondre aux défis et aux menaces de l’islamisme qui gangrène aujourd’hui l’école de la République, la législation actuelle donne libre cours à l’interprétation en ce qui concerne la neutralité religieuse relative aux activités organisées dans le cadre scolaire mais en dehors des établissements d’enseignement. Une incohérence sans nom, puisque le périmètre de la loi n’interdit pas le port de signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires, des voyages scolaires ou de tous les événements sportifs, festifs ou honorifiques en lien avec l’Éducation nationale.

Ainsi, une mère accompagnatrice peut porter son voile lorsqu’elle accompagne les élèves en sortie scolaire alors que ces dernières sont soumises à la loi du 15 mars 2004 quand elles franchissent le seuil de leur établissement. De même, une élève est en droit de se présenter vêtue d’un voile islamique ou en abaya à une cérémonie de remise des prix ou à une compétition sportive, pourtant étroitement liées à sa scolarité.

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Si un certain nombre d’accompagnatrices scolaires ou d’élèves profitent inconsciemment de ces incohérences réglementaires au nom de la liberté de culte, les failles de la loi de 2004 sont aussi exploitées par les promoteurs d’un islam politique qui vise à concurrencer la République dans l’espace public et notamment à l’école. Face à ces contradictions et parce qu’il y a urgence à s’opposer au communautarisme islamiste, j’ai déposé une proposition de loi avec mes collègues députés RN qui vise à interdire le port de signes ou de tenues manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse ou politique dans les sorties et les activités organisées dans le cadre scolaire.

Le voile n’est pas un couvre-chef anodin ; il est un symbole de soumission et de régression, un étendard islamiste qui, chaque jour, gagne du terrain. L’islamisme ne s’arrête, hélas, pas aux portes de l’école. Il gangrène et tue, impunément, là où la République française se trouve. Le combattre, c’est rejeter toute compromission et condamner la complaisance. Le combattre, c’est déjà interdire ses manifestations et ses symboles partout et tout le temps.

© Pascal Fayolle/SIPA

Le Hamas, ou le retour de l’archaïque à l’âge du digital

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Palestiniens, Khan Younès, bande de Gaza, 7 octobre 2023 © Apaimages/SIPA

Le terrorisme islamique à l’heure de la Go-Pro


Le 7 octobre a vu le déchainement de la barbarie, à l’état pur. Une barbarie spontanée puisque les terroristes du Hamas sont passés à l’offensive sans avoir été provoqués. Une barbarie sans gloire puisqu’elle a visé les femmes, les enfants et les bébés. Une barbarie surprenante tout de même puisqu’elle a été filmée par Go-Pro et transmise en direct ou presque sur les réseaux sociaux.

Tel le metteur en scène d’un film d’horreur, le Hamas en a rajouté, revisitant tous les traumatismes possibles et imaginables chez l’être humain : le viol, le meurtre des bébés et des enfants, l’invasion du domicile, la prise d’otages et la déportation, l’humiliation en public, la disparition des autorités (police, armée) et l’effondrement subséquent de l’Etat de droit remplacé en quelques minutes par l’état de nature où on ne peut compter que sur soi pour rester en vie. L’intentionnalité est saisissante dans la violence du Hamas. Elle est assumée par ses auteurs qui se chargent d’en faire le commentaire de texte dans leurs communiqués de presse. Cette violence n’a rien de gratuit. Bien au contraire, elle est en soi un message politique en marche. Une espèce de programme maîtrisé, qui derrière le chaos des tirs et des pleurs, sait très bien où il veut en venir.

Au début, il y avait la peur

Israël possède la bombe nucléaire, les missiles à un million d’euros pièce, les drones guidés par satellite… Le Hamas, lui, est revenu 10 000 ans en arrière, 100 000 ans en arrière, à un âge où l’homme vivait constamment sous l’emprise de la peur. La peur de la mort violente assénée par un autre homme, la peur du rapt, la peur de devenir esclave au détour d’une bataille perdue. Les otages israéliens n’ont pas seulement été extraits d’Israël, ils ont été extraits de notre époque et renvoyés dans une temporalité différente où les règles du jeu sont archaïques. Ils ont voyagé dans le temps.

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La violence est un vieux langage de l’humanité. Tout comme le sexe ou l’argent. La violence mobilise la peur, l’émotion de base en politique. Tout système politique, de la horde primitive à la démocratie libérale, répond à la peur que ressent l’individu et la collectivité par une promesse de protection. Nous avons tous peur, donc nous avons tous besoin de protection. Et le moyen le plus « simple » et rapide de nous convaincre de faire quelque chose que nous ne voulons pas faire est de nous faire peur.

Le Hamas a maximisé la seule zone où il pouvait opérer : l’archaïsme, n’ayant ni la maîtrise du ciel, ni de la mer ni de la terre. Il a occupé le terrain de l’inconscient, et du subliminal. Du symbolique avant tout. Il a commis des sacrilèges en série le 7 octobre, profanant des symboles primordiaux qui parlent immédiatement au psychisme de tout être humain, qu’il soit juif, musulman ou un Indien isolé en Amazonie. Il s’agit de la pureté et de la vulnérabilité de la femme, de l’innocence et de la faiblesse des enfants, de la force virile des hommes jeunes chargés de protéger la collectivité. Le 7 octobre, des femmes ont été violées, des bébés et des enfants assassinés, des soldats israéliens désarmés, déshabillés et couchés à terre. Pas besoin de sous-titre, de traduction ou de rappels historiques : le message a été transmis ou plutôt le coup a été porté au fin fond de l’âme des téléspectateurs de Madrid à Jakarta.

Le choc entre l’archaïsme et l’internet

La disgrâce publique des victimes du Hamas est frappante. Pas de visages floutés, aucune censure des images et des postures les plus dégradantes. Pas de place pour l’anonymat, pas la moindre envie de se cacher pour faire le Mal.

Le Hamas est bien le fils de son époque. Il nage comme un poisson dans l’eau dans une époque où la pornographie expose les corps déshabillés et au supplice. Il est en famille dans une humanité qui consomme des vidéos ultra-violentes du matin au soir : sur Netflix et sur la messagerie instantanée. L’humanité traverse une période historique où après des siècles de civilisation des mœurs (par le catholicisme, le bouddhisme etc.), la cruauté et la vulgarité redeviennent licites. L’homme ne s’empêche plus : il ne veut plus s’empêcher pour être exact, car il voit sur les écrans les violeurs et les tueurs triompher. Comme si le marquis de Sade avait élu secrétaire général de l’ONU (ou de l’UNESCO), tous les désirs, même les moins avouables sont stimulés.

Le sadisme est devenu « mainstream », le voyeurisme a acquis un caractère universel. Pire, à l’ère du digital ; n’importe qui peut produire une vidéo au contenu sexuel, filmer ou simuler un viol ou bien un acte de torture et les publier sur internet. C’est l’ère du « user-driven content » : tout le monde dispose d’un smartphone, à commencer par les brutes et les analphabètes. Alors, ils font n’importe quoi.

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La rencontre de l’internet et de la bêtise humaine est juste vertigineuse. Elle permet à la fois de banaliser l’abject et de le produire en série et à faible coût.

Je ne sais pas si les leaders du Hamas ont fait une analyse similaire à la mienne, mais en tout cas ils ont donné à l’humanité dégradée qui est la nôtre de quoi nourrir les démons que la technologie moderne a réveillés.

La cruelle sympathie des foules européennes pour le Hamas, en dépit de la monstruosité du 7 octobre, découle peut-être de cette corruption de l’âme. Sans s’en rendre compte, certains, et ils sont probablement des centaines de milliers sur le Vieux Continent, ont totalement inversé leurs valeurs. La victime, à leurs yeux, n’a ce qu’elle mérite et le bourreau a toujours raison. Comme dans un film X, la bergère a pour seul rôle de se faire violer par le loup. La victime n’a droit à aucune pitié, le bourreau lui bénéficie des circonstances atténuantes. La victime n’a aucune revendication à émettre, le bourreau doit être écouté avec attention et ses vœux exaucés. On ne lui demande rien, juste qu’il nous « offre » un « bon spectacle » qui dure le plus longtemps possible telle une bonne série Netflix.

Le Hamas n’a rien inventé. Les cartels mexicains, qui décapitent les policiers otages en direct sur Snapchat, trouvent, eux aussi, une opinion publique sadique et voyeuriste pour consommer leurs « productions ». Daesh bien sûr a fait de même il y a tout juste cinq ou six ans : souvenez-vous des prisonniers chrétiens habillés en orange et exécutés sur les rivages libyens.

La guerre des symboles

Face à cette pourriture morale, face à la corruption de nos synapses par la « culture » moderne, que peut faire Israël ?

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Au-delà de l’aspect purement militaire de la réponse, il y a le symbolique et le subliminal. Il convient de régresser à l’archaïque comme l’a fait le Hamas : c’est le seul terrain où Israël est attendu par son ennemi et par l’opinion publique internationale. Faire défiler des F16 dans le ciel de Gaza ou bien distribuer des bonbons aux Palestiniens ne forceront pas le respect de l’humanité.  Ni les armes high-tech ni l’excès de gentillesse n’ont vocation à agir sur le cerveau reptilien des gens.  Il s’agit bien au contraire de frapper sur le terrain des symboles. Profaner les symboles de l’ennemi, ruiner sa réputation, rendre publique sa disgrâce.

Il s’agit de faire quelque chose d’extraordinaire, d’inattendu, de spectaculaire. Interpeller les leaders du Hamas au lieu de les tuer par missile télécommandé. Car on ne venge pas l’honneur perdu par gadget interposé mais avec ses propres griffes. Une réponse efficace sur le plan symbolique consisterait à attraper les chefs du Hamas, à les présenter à la justice israélienne, enfermés dans une cage. Respecter leur intégrité physique afin de tracer une ligne claire entre la sauvagerie (eux) et les civilisés (nous).  Confier à des juges femmes, arabes israéliennes éventuellement, le soin de prononcer le verdict : cauchemar absolu pour le macho coincé qui forme l’essentiel des troupes du Hamas.

Il faut sortir des sentiers battus. Innover en somme.

Exercice difficile que personne n’enseigne dans les écoles de guerre et qu’il convient de mener en plongeant dans la partie la plus obscure (la plus féconde en temps de guerre ?) de notre âme.

Plus de réseaux, moins d’infos

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D.R

Les internautes utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer.


Similarweb, une société qui mesure le trafic mondial des sites internet, publie une étude chiffrée sur la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux. D’où il ressort que le partage en ligne des articles de presse a nettement régressé depuis trois ans. Alors qu’en 2020, un internaute passait en moyenne près de deux heures par mois à regarder des posts Facebook rédigés par des journalistes, il n’a consacré en août 2023 que vingt minutes de son temps à ce type de lecture. Les experts donnent plusieurs explications à une telle dégringolade. Il y a bien sûr la défiance grandissante de nos contemporains envers les médias, et la quasi-disparition du Covid, laquelle a rendu les organes de presse « autorisés » moins nécessaires à la vie quotidienne. Mais c’est aussi une série de décisions prises au sein même de Facebook qui a accéléré le phénomène.

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Suite à l’émeute au Capitole, les dirigeants de la plateforme ont promis de cesser de mettre en avant les posts à caractère politique. Puis, voyant le chinois TikTok leur tailler des croupières grâce à des contenus plus divertissants voire débilisants, ils ont encore davantage rogné la part des contenus sérieux promus par leur algorithme. Enfin, ils ont entamé un bras de fer avec les éditeurs de presse, de plus en plus nombreux à leur demander une rémunération. Au Canada, l’affaire est allée très loin puisque la loi oblige désormais Facebook à payer les médias. Résultat, les liens vers les articles d’information sont purement et simplement bloqués depuis début août au pays de la feuille d’érable.

Faut-il se réjouir que Facebook devienne à terme un simple lieu de commerce, d’amusement, de commérages et de charlatanerie, comme les places de village autrefois ? On se rassurera en remarquant qu’en parallèle, les sites de presse écrite voient leurs audiences directes se redresser. Avec une prime aux titres les plus installés. Par exemple, le Times de Londres a vu ces trois dernières années la courbe de ses abonnés numériques payants s’envoler de plus de 50 %, tout comme Le Figaro à Paris ou le Corriere della Serra à Milan. L’air de rien, la parenthèse de l’information gratuite et de qualité est peut-être en train de se refermer.

Aux Palestiniens, de bons baisers de Beyrouth

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Des supporters du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, attendent son discours, Beyrouth, Liban, 3 novembre 2023 © Hussein Malla/AP/SIPA

Le puissant chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a tenu un discours important ce vendredi. Il devait notamment dire au monde si sa formation, soutenue par l’Iran et alliée du Hamas palestinien, entrerait dans le conflit.


Finalement, l’Iran a décidé de lâcher Gaza

C’est un conflit palestinien et non pas un conflit régional, vient de déclarer Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, dans un discours très médiatisé cet après-midi. Autrement dit, l’Iran a décidé de lâcher Gaza. Le Hamas avait pourtant fait son boulot, il a semé le chaos et a ouvert devant les mollahs des opportunités pour retirer des dividendes géopolitiques. Mais, ce n’est pas une raison suffisante pour risquer les intérêts de la maison mère pour la petite franchise palestinienne.

Et non, Nasrallah n’est pas du tout fâché parce que le Hamas a décidé tout seul dans son coin d’attaquer Israël le 7 octobre. Les amis palestiniens en ont parfaitement le droit, mais à présent qu’ils se débrouillent. Nous sommes avec eux de tout cœur et chérissons leurs martyrs. Et par ailleurs, explique Nasrallah, ce que nous faisons actuellement à partir du sud du Liban est énorme, inouï, sans précédent depuis la guerre de 2006… Mais si vous ne voyez ni ne sentez rien, c’est normal : car ce que nous faisons à la frontière israélienne est tellement puissant qu’uniquement les gens qui habitent à côté et bien sûr nos combattants peuvent s’en apercevoir… La preuve ? Le Hezbollah aurait déjà perdu 57 combattants, sans compter ceux perdus par ses auxiliaires locaux. Et pourquoi on ne voit rien ? Bonne question ! En fait, explique le secrétaire général, c’est parce qu’il s’agirait d’une bataille d’un autre genre tant au niveau des moyens que des cibles… Et puis cette petite escalade au nord oblige déjà Israël à consacrer des moyens importants qui de fait ne seront plus disponibles pour la campagne contre Gaza.

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Même pas peur, mais allez-y en premier

Selon Nasrallah, ce sont évidemment les Etats-Unis les véritables responsables de la guerre à Gaza, Israël n’étant qu’un simple exécutant. Mais, ajoute-t-il, malgré les forces américaines considérables dépêchées dans la région, le Hezbollah n’a pas pris peur. Cela n’a aucun effet sur ses décisions.

Si Monsieur le secrétaire général avait accepté des questions, il aurait été quand même intéressant de lui demander si la décision d’abandonner le Hamas à son sort à Gaza faisait bien ou non partie de ces décisions prises sans prendre en compte la présence de deux porte-avions au large du Liban. Bref, pour l’Iran et le Hezbollah, le message pour le Hamas est simple : courage ! Armons-nous… et partez !

Retrouvez les dernières analyses de Gil Mihaely et de Jeremy Stubbs, de retour de Tel Aviv, sur la guerre entre Israël et le Hamas, dans le nouvel épisode de notre podcast NDLR •

L’Amérique latine du «Sud global» contre Israël

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Des manifestants réclament "justice" à Buenos Aires, Argentine, dans l'affaire de l'attentat de l'Amia de 1994 18 juillet 2014 © Natacha Pisarenko/AP/SIPA

L’Iran ne cache pas faire de ses relations avec les pays d’Amérique du Sud l’une de ses « priorités » diplomatiques, depuis plusieurs années. Sa rhétorique anti-occidentale y trouve malheureusement des oreilles attentives.


Les récentes prises de position anti-Israël en Amérique du sud sont le résultat à la fois d’une adhésion à l’idéologie décoloniale et d’une influence iranienne de longue date.

Paradoxalement, le retour à la démocratie dans la région a favorisé dans les années 90-2000, l’expansion de cette idéologie qui entremêle anti-impérialisme, anti-occidentalisme, théorie de la domination et du « privilège blanc », antisémitisme antisioniste et défense des musulmans nouveaux « damnés de la terre ». Tandis que les pays latino-américains ressemblaient de plus en plus aux États-Unis et à l’Europe, où cette idéologie se développait également, ils se tournaient de plus en plus vers les nouvelles puissances émergentes anti-occidentales, notamment les dictatures chinoise, russe et iranienne qui ont très vite saisi cette opportunité pour leurs intérêts économiques et géostratégiques.

Mélenchon, Maduro, même topo !

Que le président vénézuélien Nicolas Maduro ait accusé dès le 9 octobre dernier, Israël de « génocide » contre les Palestiniens, après l’annonce israélienne d’une offensive à venir sur de la bande de Gaza, ne pouvait surprendre quiconque est un peu au fait de la vulgate chaviste et des liens désormais anciens entre les régimes vénézuélien et iranien. Au Venezuela, l’emprise islamiste a notamment été favorisée par la nouvelle Tricontinentale anti-impérialiste que Chavez avait tenté de créer en nouant des liens étroits avec les pays arabes et/ou musulmans, producteurs ou non de pétrole, et tout particulièrement avec l’Iran des mollahs. Le ministre de l’Intérieur et (!) de la Justice de 2008 à 2012, Tarek El Aissami, d’origine syro-libanaise a été une pièce majeure du dispositif, fournissant par exemple des passeports vénézuéliens à de nombreux terroristes islamistes.

De même, le communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères considérant l’immense pogrom commis par le Hamas comme « une conséquence de 75 ans de violation permanente des droits inaliénables du peuple palestinien et de la politique agressive et expansionniste d’Israël », n’a rien d’étonnant étant donné la matrice idéologique de Cuba et sa dépendance économique à l’égard des trois totalitarismes anti-Israël (russe, chinois et iranien). En revanche, les mesures brutales d’autres pays de la région à l’encontre de l’État d’Israël sont plus inquiétants.

La Bolivie rompt ses relations avec Israël, les ambassadeurs chilien et colombiens rappelés

Ainsi, mardi 31 octobre 2023, le gouvernement bolivien annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Israël en raison de l’offensive dans la bande de Gaza consécutive aux attaques menées par le groupe terroriste du Hamas le 7 octobre. Le même jour, le Chili et la Colombie rappelaient leurs ambassadeurs en Israël en signe de protestation dans le même sens. Le président colombien Gustavo Petro étant allé précédemment jusqu’à utiliser le terme de « néonazis » pour désigner les personnes « prêchant la destruction du peuple palestinien », et il avait comparé Gaza au camp d’Auschwitz. 

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Non sans fondement, dans sa réaction, Israël a qualifié ces décisions de « capitulation face au terrorisme et au régime des ayatollahs en Iran », selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien dans un communiqué. Hormis la parenthèse du mandat de Mauricio Macri en Argentine (2015-2019) et l’exception uruguayenne, l’ensemble de la région latino-américaine connait en effet à bas bruit, une mise sous influence iranienne depuis de longues années.

L’Iran a conduit une politique étrangère offensive dans la région, notamment depuis 2007 lorsqu’il devint étrangement membre de l’ALBA, cette association politico-économique « bolivarienne ». Et en octobre 2021, l’Iran affirmait encore vouloir « faire des pays d’Amérique latine l’une des priorités » de ses relations commerciales. Par ailleurs, le Hezbollah est bien implanté dans la région. Il s’y est investi dans le narcotrafic et le blanchiment d’argent à travers un réseau de casinos notamment. Mais il se présente également à visage découvert, comme dans l’espace de « la Triple frontière » (au croisement de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay) où il bénéficie du soutien financier et moral de communautés syro-libanaises influentes, autant musulmanes que chrétiennes, implantées depuis plusieurs décennies (et parfois dès la grande vague migratoire transatlantique entre 1880 et 1914). Une mosquée à Foz do Iguaçu (Brésil) et deux à Ciudad del Este (Paraguay), ainsi que deux sheiks – un dans chacun des deux pays -, témoignent ainsi ce cette présence affichée.

L’islamo-gauchiste et le populisme néo-péroniste font bon ménage en Argentine

En Argentine, on sait que plusieurs groupes terroristes islamistes sont actifs depuis les attentats de 1992 contre l’ambassade d’Israël et 1994 contre la mutuelle juive AMIA. En 2007, d’ailleurs, 6 millions de dollars en provenance du Venezuela aurait principalement été distribués à ces groupes basés à Buenos Aires. Mais cette manne aurait également servi à donner un coup de pouce à la campagne présidentielle de Cristina Kirchner. La convergence idéologique islamo-gauchiste avec le populisme néo-péroniste est d’ailleurs très cohérente : reconverti à la dénonciation « décolonialiste », le kirchnérisme exprime désormais le vieux penchant péroniste historique à l’antisémitisme, dans un antisionisme typique du justicialisme du « privilège blanc » qui s’est développé à travers le monde depuis les années 2000 et dont les Juifs, figurés comme des colonisateurs exterminateurs, avides et fourbes, font également les frais.  

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Certes, la fibre populiste se retrouve dans plusieurs pays latino-américains avec ses différentes idiosyncrasies. Par ailleurs, la présence de population d’origine syro-libanaise, et tout particulièrement arabe de Palestine comme au Chili qui a accueilli une forte immigration palestinienne dans les années 50-60, pèse dans la balance en faveur de manifestations de soutien à « la cause palestinienne ». Mais la généralisation récente des discours politiques et des prises de positions gouvernementales anti-Israël à travers toute la région, cette affirmation d’une hostilité latino-américaine à l’égard d’Israël, marque une nouvelle étape dans la constitution d’un bloc anti-occidental de plus en plus puissant à l’échelle internationale.

L’Amérique latine refuse désormais sa dimension « d’extrême-occident » comme pouvait la qualifier avec justesse Alain Rouquier dans les années 80. Aussi la région a-t-elle été pleinement partie prenante du lancement du mouvement « décolonial » dès les années 90 autour notamment des universitaires militants Enrique Dussel et Ramón Grosfoguel. Ceux-ci ne participaient-ils pas avec enthousiasme à « l’École de la pensée critique décoloniale », coordination internationale para-universitaire qui se réunit tous les ans à Caracas depuis 2016 (dans laquelle s’illustre aussi notamment la propagandiste indigéniste Houria Boutelja) ?

Le lointain passé colonial espagnol et l’hypertrophie de l’influence mythifiée des États-Unis font de la région un ancrage de choix pour l’idéologie décoloniale. Le « néolibéralisme » est conçu dans ce discours, davantage comme un système global tendant à asservir les masses du Sud que comme une catégorie économiciste décrivant la modalité actuelle du « stade suprême du capitalisme ». S’y articule alors un antisémitisme justicialiste que l’on retrouve systématiquement dans les déclarations condamnant Israël depuis une bonne vingtaine d’années. Mais que les massacres, les crimes contre l’humanité perpétrés par le Hamas contre plus de 1400 Israéliens, aient pu encore susciter jusqu’en Amérique latine cette sinistre rhétorique des « Juifs qui ont bien mérité ce qui leur arrive », cela constitue un signal d’alarme majeur auquel les démocraties occidentales doivent répondre impérativement avec clairvoyance et courage. Et en premier lieu, en ne faiblissant pas dans leur soutien matériel et moral à l’État d’Israël malgré l’émergence préoccupante de ce « Sud global » vindicatif, autoritaire et belliqueux.

Ahed Tamimi: la haine dévoilée

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La militante Ahed Tamimi photographiée en 2018 © Heidi Levine/SIPA

Ahed Tamimi, « artiste pallywoodienne » selon des médias britanniques, a franchi le pas de trop, celui qui dévoile ce que cachaient ses boucles blondes : elle est une barbare comme les autres.


Toute jeune, déjà…

Les « Français innocents[1] » ne connaissent pas Ahed Tamimi, cette blondinette dont l’existence et la célébrité tiennent dans ses agressions contre des soldats israéliens, armés mais immobiles, que ses parents mettent en scène depuis qu’elle a 7 ans, pour des réalisations Pallywoodiennes cadrées aux petits oignons[2].

La photo ci-dessous fait partie de celles qui ont valu à la fillette, en 2012, le prix Handala du courage, que Recep Tayyip Erdogan lui a remis en main propre à Istanbul[3].

En réalité, ces postures ont été immortalisées par une horde de photographes d’agences de presse mandatés par les parents Tamimi. Ils ont suivi la jeune fille alors qu’elle s’approchait d’un soldat israélien après l’autre, dans l’espoir de provoquer une réaction digne d’une caméra (c’est-à-dire violente). Celle-ci n’a jamais eu lieu, mais ce n’est pas faute d’efforts des metteurs en scène.

Capture d’écran vidéo www.youtube.com/watch?v=uartJGBVHwU

En 2015, Ahed Tamimi n’était pas encore devenue la Greta Thunberg de la lutte contre le réchauffement pacifique entre Juifs et Arabes. La photo ci-dessous la montre en train de mordre sauvagement le bras d’un jeune appelé israélien immobilisé au sol par des harpies palestiniennes au milieu d’une foule hostile[4].

Quelques observateurs s’indignent de la manipulation éhontée des femmes et des filles, de la maltraitance des enfants en Palestine et de l’exploitation artificielle de l’opinion publique par le biais de provocations calculées, d’affrontements mis en scène et de photographes placés à des endroits stratégiques. Mais ils sont peu nombreux. Le narratif de la mini-Jeanne d’Arc est trop séduisant pour que la réalité s’interpose entre lui et son public.

Même son âge a été truqué : chaque média indiquait une date de naissance différente, quelque part entre  1999 et 2004[5]. C’est le prix de l’éternelle jeunesse d’une Gavrochette antisémitiquement correcte. L’administration pénitentiaire israélienne a tranché : elle est née en 2000. Elle a aujourd’hui 23 ans, un âge où l’on doit assumer ses responsabilités.

Ahed Tamimi est l’Assa Traoré palestinienne

Les deux jeunes femmes sont issues chacune d’un clan mafieux. Elles sont mises en scène comme militantes de la cause de racisés qui n’en sont pas. Traoré a  mieux réussi dans la mode que Tamimi, probablement parce qu’elle est plus intelligente. Ou seulement plus prudente.

Ahed Tamimi a tellement l’impression que les médias lui pardonneront toujours tout, qu’elle escalade l’échelle des provocations plus vite que l’ascenseur social.

Le village de 550 habitants de Nabi Saleh, où règne son clan, était un hameau d’à peine cinq maisons à la fin du XIXe siècle, lorsque les Turcs régnaient sur la région. Il s’est lentement développé sous l’occupation militaire jordanienne (1948), puis a décliné lorsqu’Israël a remplacé la Jordanie, en 1967, avant de croître et de prospérer au cours des deux dernières décennies, en particulier grâce à la célébrité des Tamimi comme tueurs de Juifs.

Pendant la « marche du retour », il a été le théâtre de manifestations hebdomadaires. D’après Wikipédia anglais, c’est un endroit où de pacifiques habitants innocents sont agressés sans raison apparente. Dans la version arabe de Wikipédia, Nabi Saleh est un lieu de « résistance populaire » qui se vante d’avoir joué un rôle de premier plan dans deux Intifada, subissant des « centaines d’arrestations » et «17 martyrs sur l’autel de la liberté »[6].

Ahed Tamimi a été bien élevée : dans sa famille, on trouve plusieurs assassins de Juifs[7]. Le tableau de chasse le plus impressionnant appartient à sa tante, Ahlam Tamimi. Elle a été l’instigatrice de l’attaque terroriste contre la pizzeria Sbarro, à Jérusalem, qui a fait 15 victimes dont 8 mineurs et 130 blessés, en 2001[8]. Ahlan est l’héroïne incontestée de Nabi Saleh. Son courage pour avoir posé une bombe humaine dans une pizzeria, dans l’estimable objectif de tuer un maximum d’enfants juifs est encore célébré aujourd’hui.

Reconnue coupable par un tribunal israélien en octobre 2003, elle a été condamnée à 16 peines de prison à vie consécutives. Le président du tribunal, l’ayant entendue revendiquer fièrement les meurtres et les mutilations, a ajouté qu’Ahlan Tamimi ne devrait « pas être éligible à la grâce du commandant militaire, ni à une libération conditionnelle anticipée par tout autre moyen ». Pourtant, elle a été l’un des 1027 criminels échangés en 2011 contre le franco-israélien Guilad Shalit. Pendant son incarcération, chaque mois, au titre de la loi « pay for slay » (payer pour tuer), financée par l’UE et les USA, elle touchait de l’Autorité palestinienne une rémunération représentant 5 fois le salaire minimum palestinien.[9]

Elle vit désormais en Jordanie, où elle a épousé un autre de ses cousins, terroriste de métier, lui aussi. L’événement a été retransmis en direct sur les principales chaînes de télévision jordaniennes. Son mari a été expulsé vers le Qatar en 2020[10]. De son côté, elle soigne sa célébrité, et pas qu’au Moyen-Orient : elle a sa propre émission hebdomadaire (dont le titre en français est « Brises de liberté »[11]), promue par le Hamas, diffusée le week-end par satellite et en vidéo en continu sur les télévisions des foyers arabophones de tous les continents. 

Huit ans auparavant, leur cousin Said Tamimi avait tué un Juif habitant une implantation proche de Ramallah, un « colon » en français, dont le meurtre avait été célébré par une distribution de bonbons jusque dans les banlieues françaises, bien qu’à l’époque, il fût interdit de le mentionner.

Le père d’Ahed, Bassem, qui envoyait des enfants jeter des pierres aux soldats tout en se prétendant adepte de la non-violence, a fini par être arrêté pour incitation à la violence. Cela a séduit Amnesty International qui a dépensé une bonne partie de son budget pour lui organiser, en 2013, une tournée triomphale dans des universités américaines[12].

Bassem Tamimi reçoit un salaire de l’Autorité palestinienne, qui est financée par l’UNRWA, l’agence de l’ONU consacrée exclusivement aux « réfugiés palestiniens » de pères en fils depuis 1950. Mais, comme des milliers d’autres Arabes palestiniens payés par cette administration, il a admis dans le New York Times Magazine[13] qu’il n’a presque jamais besoin de se présenter à son bureau ou de travailler, tout en rejetant la faute sur les Israéliens. Ce qui va sans dire va encore mieux en le geignant.

Petite incitatrice au meurtre deviendra grande

Ahed Tamimi a commencé par faire campagne pour que le monde entier frappe des soldats israéliens, « qu’ils aient fait quelque chose ou pas[14] » :

C’est alors qu’elle a été arrêtée et condamnée à 8 mois de prison, non parce qu’elle avait « giflé un soldat », comme le prétend le chœur des journalistes dont « le terrain » est le fil AFP, mais parce qu’elle a incité, une fois de trop, au nettoyage ethnique des Juifs du Moyen-Orient.

Elle ne tient plus la vedette depuis sa sortie de prison. Elle y a passé son temps à réviser son bac et à prendre des « cours de cuisine avec ses codétenues.[15] » Du coup, elle a pris 20 kilos en huit mois.

À peine sortie de prison et fêtée à Nabi Saleh comme Issa[16] sorti du caveau, elle est passée à l’incitation nominative. En mars 2019, elle a appelé à l’assassinat d’un député israélien, Yehuda Glick : « Mon âme est dégoûtée quand je comprends qu’il reste en vie. Ce serait mieux s’il était mort. Je le déteste. Yehuda Glick est la personne la plus dégoûtante de la planète. D’après la religion, il est halal de le tuer », a-t-elle Instagrammé le 3 mars 2019[17] :

Ahed Tamimi : icône ou e-conne ?

Après le 7 octobre 2023, il y a eu un changement dans les opinions publiques occidentales : les antisémites se sont radicalisés et les autres ont pris conscience que des amateurs de décapitations infantiles pouvaient surgir du jour au lendemain au milieu de civils. L’enthousiasme des seconds vis-à-vis des « icônes de la résistance » a notoirement baissé.

Bien que les médias continuent à l’appeler « activiste » ou « militante », Ahed Tamimi fait partie de la première catégorie. Le 31 octobre 2023, elle s’est lâchée :« Notre message à la meute de colons – nous vous attendons dans toutes les villes de la Cisjordanie, de Hébron à Jénine. Nous vous égorgerons et vous vous direz que ce que Hitler vous a fait était une plaisanterie. Nous boirons votre sang et mangerons vos crânes. Allez, on vous attend.[18] »

Prenant en compte le virement à droite de leurs publics, les médias occidentaux ont fait mine de s’offusquer et de découvrir ce qui ne pouvait plus être celé, au moins depuis 2019.

 Ahed Tamimi, c’est la joie de tuer à l’état brut, en rien différente de celle des barbares du 7 octobre. On est loin de la réflexion désabusée des parents d’une des victimes de sa tante, qui avait 14 ans quand elle a été assassinée à la Pizzeria Sbarro :

« Nous nous demandons combien de fois l’opinion publique sur les vies complexes et la guerre non désirée dans lesquelles nous et nos voisins vivons, est formée par des personnes qui ne parlent pas les langues locales et ne connaissent pas grand-chose de l’histoire ou de la géographie. N’ayant ni la capacité ni parfois la volonté d’approfondir la question, ils doivent se contenter de lire des récits romancés, des fresques peintes sur les murs, des analyses politiques élaborées par des spécialistes des relations publiques, des photographies mises en scène et d’autres images tendancieuses.[19] »


[1] Dixit Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic.

[2] www.youtube.com/watch?v=CbwTgJsJqS0

[3] www.aljazeera.com/news/2017/12/20/palestinian-ahed-tamimi-arrested-by-israeli-forces/

[4] www.focusonisrael.org/tag/ahed-tamimi-shirley-temper/

[5] https://thisongoingwar.blogspot.com/2017/12/28-dec-17-so-how-old-is-tamimi-girl.html

[6] https://web.archive.org/web/20130520104602/http://ar.wikipedia.org/wiki/ال

[7] https://thisongoingwar.blogspot.com/2016/07/24-jul-16-sociopaths-savagery-and.html

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahed_Tamimi#

[9] Grille des salaires visible ici : www.jewishvirtuallibrary.org/palestinian-authority-financing-of-terrorism

[10] www.newarab.com/news/jordan-deports-husband-us-wanted-palestinian-ahlam-al-tamimi

[11] https://thisongoingwar.blogspot.com/search/label/Breezes%20of%20the%20Free

[12] www.tabletmag.com/sections/news/articles/why-is-amnesty-international-sponsoring-a-u-s-tour-for-a-palestinian-promoter-of-the-blood-libel

[13] www.nytimes.com/2013/03/17/magazine/is-this-where-the-third-intifada-will-start.html

[14]www.youtube.com/watch?v=TjMii7H22Fk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.israellycool.com

[15] https://mabatim.info/2018/08/05/ahed-al-tamimi-la-leonarda-palestinienne/

[16] Yeshoua en V.O., Jésus en français.

[17] www.israellycool.com/2019/03/03/shirley-temper-ahed-tamimi-encourages-murder-of-israeli-mk-yehuda-glick/

[18] www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1698760135-l-activiste-ahed-tamimi-aux-juifs-des-implantations-nous-vous-egorgerons-et-boirons-votre-sange

[19] https://thisongoingwar.blogspot.com/2013/03/17-mar-13-little-village-in-hills-and.html

La France d’après arrive, et elle n’est pas belle à voir

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Jérôme Fourquet. Photo : Hannah Assouline.

Cette France où l’extrême centre se radicalise et où la jeunesse n’emmerde plus le Front national fait peur, et elle vous fera presque regretter cette « gauche Velib » qui avait voté Macron lors de sa première élection… Explications.


Et si Jérôme Fourquet était un peu le fils caché d’André Siegfried, pionnier de la sociologie électorale du début du XXème siècle, et d’Emmanuel Todd, l’homme qui avec des cartes et des données avait prédit la chute de l’URSS dès 1976 ?

Après l’Archipel français, le très médiatique sondeur continue d’ausculter La France d’après (Seuil), une France à deux vitesses au moins, celle qui boit du café en capsule et celle qui le boit en dosette.

Dans L’Argent, Charles Péguy situait en 1880 le moment où le pays est passé du monde ancien à la modernité. Pour Jérôme Fourquet, une autre grande bascule, ce fut 1992. 1992, c’est le moment où la France vote Maastricht (de peu). 1992, c’est aussi le moment où l’usine de Renault de Billancourt ferme. 1992, c’est enfin l’ouverture de Disneyland…


Avec ce nouvel ouvrage stimulant, Jérôme Fourquet montre à travers une série de monographies régionales et de données statistiques l’état des esprits dans la France de Macron ; le lecteur apprend à distinguer la France qui mange au kebab de celle qui danse le country ; celle qui lit les pages saumons du Figaro et celle qui lit les pages Débats ; la France acquise à la laïcité de longue date et la France catholique zombie, qui ne va plus forcément à la messe mais qui a finalement boudé le parti animaliste lors des Européennes de 2019.

La macronie a changé de groupe sanguin

La séquence électorale de 2022 est passée par là, donnant son lot de précisions et de confirmations des grandes tendances à l’œuvre. Elle a continué d’accélérer la chute des deux anciens partis de gouvernement, le PS et LR. Emmanuel Macron est parvenu à se qualifier une deuxième fois au second tour, non sans avoir changé une partie de son socle électoral. Exit l’électorat de l’Est parisien, qui constituait encore le gros des troupes du macronisme de gauche en 2017, ce que Jérôme Fourquet appelle la gauche « Vélib’ ». Déçue par la tournure du premier quinquennat, elle est venue renforcer la Nupes cinq ans plus tard. En fait, Macron a vu un quart de son électorat du premier tour de 2017 disparaître dans la nature. S’il fallait chercher un archétype de cet électorat, on pourrait citer Cédric Villani, élu député LREM il y a six ans qui a fini candidat Nupes en juin 2022. Sur le média Le Crayon, Villani réagissait récemment à la déclaration d’amour d’Emmanuel Macron à « la bagnole » (le 24 septembre dernier dans une énième intervention télévisée) en des mots peu tendres, dénonçant « le demi-siècle » de retard du président, à la manière d’une Greta Thunberg à barbe et scarabée.

Cédric Villani, mathématicien, février 2017. SIPA.

Délesté de son aile gauche, le candidat Macron a en revanche fait le plein de voix parmi l’électorat filloniste de 2017. 37% des électeurs de François Fillon ont choisi Macron au premier tour en 2022. En fait, la mutation avait commencé dès les Européennes, en 2019, quelques semaines après que l’Ouest parisien a vu défiler sous ses fenêtres les gilets jaunes ; la liste du malheureux François-Xavier Bellamy et ses inquiétudes de prof de philo catholique n’avaient pas fait le poids face au macronisme, soudainement érigé en parti de l’Ordre. Fourquet compare cette mutation de la composition du vote macroniste à un changement de groupe sanguin chez un individu, phénomène extrêmement rare mais qui peut arriver à la suite d’une greffe de moelle épinière.

Surtout, le vote Macron est celui des vainqueursde la mondialisation. Fourquet décortique les scores du candidat LREM dans le vignoble bourguignon, territoire qui exporte très bien ses vins et fait vivre tout un tas de professions qui gravitent autour de la vigne. Les scores du président Macron, élevés (43,6% au premier tour à Volnay, 41,3% à Pommard) sont presque corrélés à la qualité des crus ; on pourrait se rendre à la foire aux vins avec une carte électorale. Dans le bordelais, en revanche, où des groupes financiers ont mis la main sur beaucoup de châteaux et où la viticulture emploie principalement une main d’œuvre d’Europe de l’Est et du Maghreb, la rente du vin fait vivre moins de monde, et moins bien : au premier tour, Macron domine à Saint-Emilion mais Marine Le Pen l’emporte dans le Médoc. Quant à l’ancien Languedoc-Roussillon, malgré un effort de montée en gamme, le pays vit bien plus chichement et est un bastion du lepenisme.

Des îlots de prospérité en plein cœur de la France périphérique

Il y a également la France des stations balnéaires, des stations de ski, les frontières suisses et luxembourgeoises qui constituent des halos privilégiés en plein cœur de la France périphérique. Dans une très grande couronne encerclant l’Île-de-France (ce que Fourquet appelle « la marge francilienne »), comprenant l’Eure, la Somme, la Seine-et-Marne, l’Yonne et le Loiret, l’auteur détecte une sorte de no man’s land pavillonnaire, constituée d’une population perpétuellement sur la route, regardant le cours du gasoil à la pompe comme le peuple parisien regardait le cours du blé à la mi-juillet 1789. Des territoires qui ne sont pas encore Paris, plus tout à fait la Bourgogne, la Normandie ou la Picardie, où les habitants n’ont pas d’identité régionale forte, où l’on n’a pas de club de foot majeur à supporter. Ces territoires ont été le terreau de la révolte des gilets jaunes (quelques figures du mouvement en étaient issues) et ont aussi envoyé plusieurs députés RN en juin 2022 à l’Assemblée nationale. Au milieu de ces territoires acquis au RN, quelques communes font de la résistance et placent en tête le candidat Macron : Fontainebleau, Barbizon, Chantilly ou Giverny. La France des châteaux et des musées tient le choc, au même titre que certains territoires privilégiés comme le Luberon. Comme si France avait créé des gated communauties (ces quartiers résidentiels fermés qui existent en Amérique du Sud et du Nord) mais « à la française », sans clôture ou gardes armés, mais épargnés par la marginalisation grâce aux sites touristiques ou aux vignobles prestigieux qu’ils renferment. Dans la France archipélisée, des îlots de prospérité se distinguent, délimités par le limes entre votre RN et votre LREM.

Dans l’ensemble du pays, des conflits d’usage du territoire apparaissent un peu partout, opposant ceux qui doivent se déplacer ou ceux qui vivent ou vivaient d’une industrie polluante d’un côté, et les partisans d’une France bucolique et écolo de l’autre. Dans la Vologne, la nette amélioration de la qualité de l’eau, à la suite des fermetures d’usine, a permis d’accueillir certaines épreuves du championnat du monde de pêche à la truite ; ce qui n’a pas tellement calmé la grogne des anciens ouvriers du coin, définitivement acquis à Marine Le Pen. Ça nous renvoie au débat qui avait opposé Arnaud Montebourg, champion de la démondialisation, à Michel Houellebecq, favorable à une France des hôtels et des spas, au début des années 2010. En 2013, l’écrivain répondait ainsi au Point :

« Je ne tiens pas à en faire état excessivement, mais je suis issu d’un milieu pauvre, j’ai été élevé par mes grands-parents, qui étaient des prolétaires, et certains dans leur famille avaient effectivement travaillé dans les hauts-fourneaux. Leur témoignage était unanime : c’était l’enfer. Ils avaient quitté leurs campagnes poussés par une misère atroce et ils s’étaient retrouvés en enfer ; leur grande crainte, c’était de mourir avant d’avoir pu profiter de leur retraite, leur grande crainte était de se tuer à la tâche, et ce n’était pas une hyperbole. Ouvrier d’usine à la chaîne, c’est quand même une condition inhumaine et ignoble. Donc, moi, la nostalgie des hauts-fourneaux, je ne marche pas bien là-dedans. C’est un peu égoïste, mais, si les damnés de la terre sont maintenant des Indonésiens, ma première réaction n’est pas de m’en plaindre » 

L’extrême centre se radicalise

Fourquet dessine un bloc élitaire qui a renforcé sa conscience de classe et sa cohérence idéologique avec l’apparition d’Emmanuel Macron. Il est plus européiste qu’il ne l’était au moment de Maastricht. Les élites qui votaient jadis le PS, le RPR et l’UDF avaient chacune leurs valeurs propres. Avec la macronie, elles se sont fondues dans un même ensemble de valeurs. En quelque sorte, l’extrême centre, lui aussi, s’est radicalisé ; réuni dans la macronie, il peut désormais se passer du vote populaire, réparti entre le RN et LFI, durablement irréconciliables. Le bloc élitaire est plus international, plus mondialisé. L’Express serait son bulletin paroissial. Jadis sédentaires, les Français des winners de la mondialisation travaillent plus volontiers à l’étranger qu’au moment de Maastricht. Ils parlent aussi davantage l’anglais, aussi nécessaire pour s’intégrer dans la mondialisation que ne l’était le latin pour entrer dans le clergé au Moyen Âge. Malgré un déficit commercial qui s’est alourdi, la France exporte beaucoup plus de biens qu’en 1992 ; toute une population tire profit de la mondialisation et n’a pas du tout envie que les frontières se referment. Le Rassemblement national lui fait à peu près autant horreur que la France insoumise.

La jeunesse n’emmerde plus le Front National

Fourquet repère des constantes et surtout des ruptures. Les ruptures, c’est la disparition du communisme municipal en Seine-Saint-Denis, où les maires chaudronniers ont été remplacés par des édiles consultants en marketing. C’est la fin des Marie et des Maria en Corse, mais aussi des lucioles, les premières, victimes d’une déchristianisation récente mais massive, les secondes d’une bétonisation de l’Île de Beauté, à grand renfort de centres commerciaux et de parkings. Les jeunes corses boudent les processions villageoises, pour préférer les concerts de maître Gim’s même si le vote nationaliste corse se porte bien.

Fourquet observe aussi l’évolution des classes d’âge : les 18-24 ans de 2002, qui ne votaient Jean-Marie Le Pen qu’à hauteur de 7% au second tour, ont désormais entre 38 et 44 ans. En 2022, ils ont voté pour la fille de ce dernier à hauteur de… 47%. C’est comme si cette jeunesse, qui « emmerdait » jadis le Front National avec Bérurier Noir, avait depuis téléchargé les morceaux de Docteur Merlin ! Et puis, il y a aussi des étrangetés, presque imperceptibles depuis Paris. Les Bonnets rouges bretons, le vote régionaliste alsacien, le parti animaliste et surtout Jean Lassalle. Ce dernier, perçu au-dessus d’un axe La Rochelle-Oyonnax comme un poète félibre pas toujours compréhensible, fait de très beaux scores en dessous, non seulement dans ses Pyrénées natales, mais aussi dans les autres régions montagnardes, à commencer par la Corse. Fourquet propose même un graphique corrélant l’altitude de la commune et l’ampleur du vote Lassalle : entre 750 et 1 500 mètres d’altitude, Lassalle est à deux doigts de décrocher le maillot du meilleur grimpeur. Il s’essouffle en revanche quand on approche des stations de ski luxueuses.

A défaut de lire dans le marc de café, Jérôme Fourquet distingue la France qui le boit en capsule de celle qui le boit en dosette. A la fin, il propose toutefois une prospective au sujet des trois blocs électoraux : LREM, RN et LFI. Aujourd’hui, le Rassemblement national apparaît aux yeux de Fourquet comme le bloc le plus solide ; sa victoire en 2027 semble de moins en moins inenvisageable. Il y a en fait une course contre la montre entre l’ensauvagement du pays (l’auteur consacre de nombreuses pages à l’impressionnante montée de la violence dans la société) qui pousse une partie de l’électorat dans les bras de Marine Le Pen, et le raidissement du bloc élitaire qui ne veut surtout pas sortir de la mondialisation.

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Affaire Guillaume Meurice: aujourd’hui, on doit se contenter de peu!

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La présidente de Radio France Sibyle Veil et la directrice de France inter Adèle Van Reeth, Paris, 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Le comique de France inter Guillaume Meurice a été opportunément critiqué par sa directrice, Adèle Van Reeth (à droite, sur notre photo), suite à ses propos douteux, et c’est heureux. Il faut s’en contenter, alors que d’autres manifestations plus déplorables de la détestation d’Israël ou des juifs sont constatées dans le pays.


Ce billet ne va pas briller par l’optimisme ni respirer la joie de vivre mais dans ce monde fou, qui pourrait faire la fine bouche et, au prétexte que les enthousiasmes nous sont interdits, ne pas égrener quelques petites joies ? Dans un univers qui, en France comme ailleurs, porte plus au désespoir qu’à l’allégresse, on me pardonnera donc, au risque de cultiver le minimalisme, de me satisfaire de presque rien, de piécettes susceptibles de redonner un peu le moral. Kylian Mbappé a heureusement fait oublier ses bêtises angéliques sur la mort de Nahel avec son extrême et discrète générosité pour les enfants dont il est l’idole, notamment avec l’association Premiers de cordée. On peut discuter la pertinence de sa phrase – « Mes erreurs guident les jeunes autant que mes succès »[1] – mais on voit bien ce qu’il veut signifier.

Justification vaniteuse

À la suite de l’insulte antisémite proférée sur France Inter par Guillaume Meurice – Benyamin Netanyahou, « une sorte de nazi sans prépuce »[2] – et de sa justification vaniteuse selon laquelle il s’inscrirait dans la lignée de Georges Brassens, bien avant que la plainte portée contre lui aboutisse peut-être à une condamnation, il convient de saluer la critique formulée par la directrice de cette radio, Adèle Van Reeth. Elle a exprimé plus que son malaise face à cette ignominie verbale alors que le pogrom du 7 octobre était encore dans toutes les têtes, les douleurs et les mémoires. Il n’y aurait pas lieu de se féliciter de cette réaction directoriale si nous n’avions pas été habitués depuis des années à une totale passivité, sur ce plan, de la hiérarchie de Radio France et de France Inter. Je ne sais pas si Adèle Van Reeth, qui a déjà déplacé au dimanche soir la bande de Charline Vanhoenacker, ira jusqu’à une sanction disciplinaire mais peu importe au fond : quelque chose a bougé, pour une fois, dans la radio publique ; et c’est bon.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Bal de la quenelle tragique à France Inter: un porc

Guillaume Meurice a refusé de s’excuser mais a heureusement trouvé le prétexte d’une dénonciation par un député RN[3] pour se retrouver sur un terrain qu’il affectionne mais qui n’a rien à voir avec la « saleté » qu’il a proférée : un parti créé « par les SS » n’aurait pas droit de critiquer son « une sorte de nazi sans prépuce ». Adèle Van Reeth a clos ce débat en ajoutant ceci qui est limpide : « pour beaucoup, une limite a été franchie: non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité ».

Une jeunesse inquiétante, Mélenchon contesté à gauche

Les propos antisémites tenus dans le métro par un groupe de tout jeunes, ont entraîné l’ouverture d’une enquête et scandalisé. Il s’agit moins à mon sens d’un « antisémitisme décomplexé » – qui, parmi eux, avait la moindre culture historique ? – que d’une provocation suprême cherchant à choquer par ce qui aujourd’hui est le péché capital : l’antisémitisme, le racisme et le nazisme. Moins un acte politique qu’une pochade collective très saumâtre !

En tout cas elle a été prise au tragique et c’est tant mieux. Avec, il est vrai, en plus, la multitude des propos et actes antisémites que l’horreur du 7 octobre, selon une logique odieuse et épouvantablement contagieuse, a engendrés. La barbarie plus comme excitant que tel un absolu repoussoir !

A lire aussi, du même auteur: Le français est pour tout le monde…

En abordant un thème politique, il me semble que le citoyen que je suis, quoi qu’il pense par ailleurs, est fondé à se réjouir quand il constate le délitement de la Nupes et surtout que, les langues se déliant et la crainte se dissipant, Jean-Luc Mélenchon est de plus en plus contesté. Non pas seulement comme hier pour ses excès, ses fureurs et un pouvoir personnel longtemps indiscuté mais pour ce que, depuis quelque temps, il a de profondément négatif à l’égard de son propre camp. Comme s’il n’était animé que par une unique obsession : avoir tort contre tous et s’en faire une gloire. On n’a jamais attaché assez d’importance à la trajectoire jusqu’au-boutiste d’un Mélenchon acharné à faire oublier, par ses délires extrémistes, le traditionnel militant mitterrandien sénateur et secrétaire d’Etat qu’il a été. Le retour des gauches « irréconciliables » est une excellente nouvelle et comment ne pas apprécier à sa juste valeur cette affirmation de Pierre Jouvet, secrétaire national du PS en charge des élections : « Mélenchon apparaît comme une personnalité plus effrayante que Le Pen »[4].

J’ai conscience d’offrir peu de grain à moudre à ceux qui rêveraient de grands espaces et de belles exaltations mais acceptons qu’en cette période, ce soit déjà beaucoup que le moindre mal, à défaut d’un bien plus stimulant.


[1] https://www.leparisien.fr/sports/football/psg/les-confidences-de-mbappe-sur-son-role-avec-les-jeunes-mes-erreurs-les-guident-autant-que-mes-reussites-01-11-2023-MKQN34W5NRBE5MTVPJ6ISX7U2Q.php

[2] https://www.causeur.fr/guillaume-meurice-bal-de-la-quenelle-tragique-a-france-inter-un-porc-268897

[3] Thomas Ménagé NDLR

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/pierre-jouvet-ps-melenchon-apparait-comme-une-personnalite-plus-effrayante-que-le-pen-20231101